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Christian COTTET-EMARD
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Interlude mucical
tag:cottetemard.hautetfort.com,2021-04-28:6312411
2021-04-28T00:00:00+02:00
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Francis Poulenc (1899-1963) : Sextuor pour flûte, hautbois,...
<p><span style="font-family: 'times new roman', times, serif; font-size: 12pt;">Francis <a href="https://www.google.fr/search?q=francis+poulenc&sxsrf=ALeKk00V6EVoKcpybyM7VIw4UtvZlYUZgA:1619560119347&source=lnms&tbm=isch&sa=X&ved=2ahUKEwjan-zMs5_wAhV05OAKHbhMCIEQ_AUoAnoECAEQBA&biw=1280&bih=628">Poulenc</a> (1899-1963) : </span></p><p><span style="font-family: 'times new roman', times, serif; font-size: 12pt;"><a href="https://www.youtube.com/watch?v=ER2ky69q5kc">Sextuor pour </a></span><span style="font-size: 12pt;"><span style="font-family: 'times new roman', times, serif;"><a href="https://www.youtube.com/watch?v=ER2ky69q5kc">flûte, hautbois, clarinette, cor, basson et piano</a> </span></span><span style="font-family: 'times new roman', times, serif; font-size: 12pt;">(allegro vivace).</span></p><p> </p><p><span style="font-family: 'times new roman', times, serif; font-size: 12pt;"><a href="https://www.youtube.com/watch?v=hMdc0ubLIpE&list=RDhMdc0ubLIpE&index=1">Francis Poulenc parle</a> du groupe des six.</span></p><p> </p><p> </p><p><a title="WebAnalytics" href="http://www.xiti.com/xiti.asp?s=563914" target="_top"><script type="text/javascript"><!--Xt_param = 's=563914&p=page_ du_ jour';try {Xt_r = top.document.referrer;}catch(e) {Xt_r = document.referrer; }Xt_h = new Date();Xt_i = '<img width="39" height="25" border="0" alt="" ';Xt_i += 'src="http://logv4.xiti.com/hit.xiti?'+Xt_param;Xt_i += '&hl='+Xt_h.getHours()+'x'+Xt_h.getMinutes()+'x'+Xt_h.getSeconds();if(parseFloat(navigator.appVersion)>=4){Xt_s=screen;Xt_i+='&r='+Xt_s.width+'x'+Xt_s.height+'x'+Xt_s.pixelDepth+'x'+Xt_s.colorDepth;}document.write(Xt_i+'&ref='+Xt_r.replace(/[<>"]/g, '').replace(/&/g, '$')+'" title="Internet Audience">');//--></script><noscript>Mesure d'audience ROI statistique webanalytics par <img width="39" height="25" src="http://logv4.xiti.com/hit.xiti?s=563914&p=page_du_jour" alt="WebAnalytics" /></noscript></a></p>
Christian COTTET-EMARD
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Le jour des blouses grises
tag:cottetemard.hautetfort.com,2020-08-31:6260447
2020-08-31T22:12:00+02:00
2020-08-31T22:12:00+02:00
Quand j’étais encore concerné, la rentrée des classes marquait pour...
<p><span class="Apple-style-span"><img id="media-5145631" style="display: block; margin-left: auto; margin-right: auto;" title="" src="http://cottetemard.hautetfort.com/media/00/01/1895852522.JPG" alt="carnet,note,journal,autobiographie,écriture de soi,prairie journal,variations symphoniques,blog littéraire de christian cottet-emard,littérature,évocation,souvenir,rentrée scolaire,grandes vacances,rentrée des classes,école primaire,maître d'école,instituteur,blouse grise,baguette,salle de classe,estrade,glas,église saint léger,oyonnax,fête foraine,maréchal ferrant,pasage étienne Dolet,école jeanne d'arc,grande ourse,pierre et le loup,prokofiev,épicéa,fugue,christian cottet-emard,cm1,CP,cours préparatoire,enseignement privé,je vous salue marie,notre père,prière,retenue,colle,récit,enfance,mémoire" /></span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: 'times new roman', times, serif; font-size: 12pt;">Quand j’étais encore concerné, la rentrée des classes marquait pour moi le jour le plus noir de l’année, surtout à l’école primaire. À cette époque, au début des années soixante du vingtième siècle, les vacances d’été commençaient le 27 juin et se terminaient le 15 septembre, ce qui en faisait véritablement, selon l’expression consacrée, les grandes vacances.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: 'times new roman', times, serif; font-size: 12pt;">Le jour de la rentrée, l’odeur des goûters que les élèves transportaient en plus du cartable dans une petite besace de plastique tressée me révulsait plus que de coutume avec son mélange d’effluves de chocolat et d’orange. Cette odeur se répandait dans le couloir obscur qui servait de hall d’entrée à l’école et qui se prolongeait par un vaste escalier donnant accès aux étages et aux salles de classe. Sur le palier du premier étage, une porte ouverte donnait sur le préau et la cour de récréation, celle-ci constituant déjà plus à mes yeux une arène qu’un lieu de détente dans cet univers masculin. Il fallait attendre l’entrée en sixième au collège situé quelques rues plus bas pour retrouver la mixité dont nous étions subitement privés après la maternelle dès l’entrée à l’école primaire. </span></p><p style="text-align: justify;"><span class="Apple-style-span" style="font-family: 'times new roman', times, serif; font-size: 12pt;">J’avais trois rues à traverser pour aller du domicile de mes parents jusqu’à l’école. Le trajet s’égayait deux fois par an avec l’installation de la fête foraine aux abords de l’église. En attendant de scintiller et de tourbillonner, les manèges dormaient sous leurs bâches dans le matin brumeux. En bas des marches d’un étroit passage entre des maisons et des ateliers, le dernier maréchal-ferrant faisait tinter son marteau. À la sortie du passage, l’immeuble de l’école s’élançait dans le ciel gris. Lorsque j'arrivais (assez rarement) en retard, je levais les yeux vers la lourde porte à deux battants fermée et je restais quelques instants immobile pendant que me saisissait l’idée de la fugue en direction de la forêt distante d’à peine quelques centaines de mètres au bout d’une petite route en pente. Je me demandais alors comment j’allais pouvoir manger, boire et dormir une fois les hautes silhouettes des épicéas englouties par l’énorme nuit de l’automne. J’avais souvent entendu parler de la Grande Ourse sans bien comprendre de quoi il s’agissait dans le ciel et j’écoutais en boucle mon disque de Pierre et le loup de Prokofiev, ce qui ne m’encourageait guère dans mes projets de désertion. </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: 'times new roman', times, serif; font-size: 12pt;">J’entrouvrais donc ce que j’allais appeler des décennies plus tard dans un poème <a href="http://cottetemard.hautetfort.com/archive/2007/03/28/la-grande-porte-de-la-fugue.html">la grande porte de la fugue</a> et je me faufilais dans le hall sombre pour rejoindre les gamins les moins pressés d’obéir à l’ordre de se mettre en rang. J’avais alors vue sur les nuques et les oreilles de tous ces marmots de mon âge, à peu près tous tondus par le même coiffeur auquel nous confiaient nos mères lorsque nos têtes se hérissaient d’un excès d’épis et de mèches rebelles. Nous gardions ainsi la posture tant que le silence n’était pas obtenu puis chaque cortège montait pesamment l’escalier pour rejoindre sa salle de classe respective sous l’œil suspicieux des maîtres. </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: 'times new roman', times, serif; font-size: 12pt;">Le regard le plus noir, jaillissant du visage assombri d’un collier de barbe, appartenait au maître du cours préparatoire, un grand type aux épaules légèrement voûtées qui portait souvent ses vestons anthracite sans enfiler les manches, ce qui lui donnait l’allure évanescente d’un spectre à quatre bras. Cet homme très brun aux sourcils épais et noirs et au teint gris, jeune et taciturne, n’avait jamais besoin d’élever sa voix sourde pour donner des ordres. Ses larges mains recouvertes d’une peau blafarde pouvaient à tout moment s’envoler en direction de notre figure pour y atterrir en un claquement sec. Contrairement à son collègue tonnant du CM1, le maître du CP n’avait pas besoin de théâtraliser ses colères parce qu’il semblait tout entier habité par une colère permanente, froide et silencieuse qui me glaçait le sang. Ses annotations à l’encre rouge dans les marges de nos exercices exprimaient en une impeccable calligraphie l’ironie amère et le réfrigérant dédain que lui inspiraient nos fautes d’orthographe et nos erreurs de calcul.</span></p><p><span style="font-family: 'times new roman', times, serif; font-size: 12pt;"><img id="media-5145632" style="display: block; margin-left: auto; margin-right: auto;" title="" src="http://cottetemard.hautetfort.com/media/00/00/3801453872.2.JPG" alt="carnet,note,journal,autobiographie,écriture de soi,prairie journal,variations symphoniques,blog littéraire de christian cottet-emard,littérature,évocation,souvenir,rentrée scolaire,grandes vacances,rentrée des classes,école primaire,maître d'école,instituteur,blouse grise,baguette,salle de classe,estrade,glas,église saint léger,oyonnax,fête foraine,maréchal ferrant,pasage étienne Dolet,école jeanne d'arc,grande ourse,pierre et le loup,prokofiev,épicéa,fugue,christian cottet-emard,cm1,CP,cours préparatoire,enseignement privé,je vous salue marie,notre père,prière,retenue,colle,récit,enfance,mémoire" /></span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: 'times new roman', times, serif; font-size: 12pt;">J’admire encore aujourd’hui le dessin harmonieux et les parfaits pleins et déliés dont il gratifiait chaque lettre du mot <em>imbécile</em> délicatement déposé au porte-plume sur le mauvais papier de mes cahiers du jour. Étrangement, ce personnage effrayant détenait l’étonnant pouvoir de nous enchanter quand il racontait une histoire qu’il illustrait d’un tour de main en recouvrant le tableau noir (plus exactement vert très sombre) de somptueuses fresques foisonnantes d’animaux et de paysages composées aux craies de couleur. Cet homme cuvait-il dans l'enseignement l’amertume récurrente d’une vocation d’artiste contrariée ? C’est la question que je me pose aujourd’hui en revoyant son regard aussi ténébreux que l’eau profonde d’un lac glaciaire... À moins qu’il ne souffrît en ces années lointaines d’un vieux chagrin d’amour fossilisé qui le pétrifiait de l’intérieur.</span></p><p style="text-align: justify;"><span class="Apple-style-span" style="font-family: 'times new roman', times, serif; font-size: 12pt;">Une fois en classe, nous devions attendre le signal du maître pour nous asseoir, non sans avoir auparavant récité collectivement le Notre Père ou le Je vous salue Marie. J’avais pour ma part une préférence pour cette Marie pleine de grâce dont l’évocation me souriait plus, dans cette poche de tristesse et d’inquiétude qu’était la classe, que l’image intimidante de ce Père énigmatique et si haut dans les Cieux. Mes prières n’en étaient pas moins sincères mais tournées vers de bien prosaïques soucis : Sainte Marie pleine de Grâce, faites que je ne sois pas interrogé au tableau, Notre Père qui êtes aux Cieux, délivrez-moi du calcul mental et faites que je ne sois pas collé jeudi.</span></p><p style="text-align: justify;"><span class="Apple-style-span" style="font-family: 'times new roman', times, serif; font-size: 12pt;">Le reste de la matinée coulait alors au rythme du glas qui tombait du clocher tout proche de la bien mal nommée église Saint-Léger. L’après-midi était du même tonneau mais j’avais la chance de rentrer chez moi pour le déjeuner. Je sais gré à mes parents de ne m’avoir jamais imposé une seule fois de manger à la cantine. En voyant vivre les enfants aujourd’hui, j'ai conscience du luxe qui m’a été donné de connaître une enfance sans nounou, sans cantine scolaire et sans étude du soir.</span></p><p><span style="font-family: 'times new roman', times, serif; font-size: 12pt;"><img id="media-5145633" style="display: block; margin-left: auto; margin-right: auto;" title="" src="http://cottetemard.hautetfort.com/media/02/01/1266396980.jpg" alt="carnet,note,journal,autobiographie,écriture de soi,prairie journal,variations symphoniques,blog littéraire de christian cottet-emard,littérature,évocation,souvenir,rentrée scolaire,grandes vacances,rentrée des classes,école primaire,maître d'école,instituteur,blouse grise,baguette,salle de classe,estrade,glas,église saint léger,oyonnax,fête foraine,maréchal ferrant,pasage étienne Dolet,école jeanne d'arc,grande ourse,pierre et le loup,prokofiev,épicéa,fugue,christian cottet-emard,cm1,CP,cours préparatoire,enseignement privé,je vous salue marie,notre père,prière,retenue,colle,récit,enfance,mémoire" /></span></p><p style="text-align: justify;"><span class="Apple-style-span" style="font-family: 'times new roman', times, serif; font-size: 12pt;">Il faut dire que mon aversion définitive pour toute forme de vie en collectivité, pour toute activité sportive et pour tout engagement associatif est née dans la cour de récréation où la seule forme de loisir admise (à part une brève partie de billes) était le jeu de ballon obligatoire auquel s’ajoutait la séance d’éducation physique, activités qui m’ont inspiré mépris et dégoût dès mon plus jeune âge.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: 'times new roman', times, serif; font-size: 12pt;">Lorsque je repense à ces rentrées scolaires déprimantes avec leurs relents de gymnase et leurs instituteurs en blouses grises pointant leurs baguettes du haut de leurs estrades, je mesure à quel point elles ont pu déterminer quelques aspects de mes débuts dans le monde et ma vision de la vie humaine tout en sachant qu’elles m’ont aussi ouvert une autre grande porte de la fugue, non pas celle qui me donnait envie de détaler en direction d’une sombre forêt mais celle, autrement imposante, qui m’indiquait l’étrange chemin vers les horizons du récit.</span></p><p style="text-align: justify;"> </p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: 'times new roman', times, serif; font-size: 12pt;"><em>Extrait de mon livre <a href="https://germesdebarbarie.blogspot.com/2017/12/prairie-journal-par-christian-cottet.html">Prairie Journal</a> </em><em>© Éditions Orage-Lagune-Express. Droits réservés.</em></span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: 'times new roman', times, serif; font-size: 12pt;"><em>Pour les oyonnaxiens, ce livre est disponible en prêt à la médiathèque municipale au centre culturel Aragon</em></span><span style="font-family: 'times new roman', times, serif; font-size: 12pt;"><em>.</em></span></p><p style="text-align: justify;"> </p><p><a title="WebAnalytics" href="http://www.xiti.com/xiti.asp?s=563914" target="_top"><script type="text/javascript"><!--Xt_param = 's=563914&p=page_ du_ jour';try {Xt_r = top.document.referrer;}catch(e) {Xt_r = document.referrer; }Xt_h = new Date();Xt_i = '<img width="39" height="25" border="0" alt="" ';Xt_i += 'src="http://logv4.xiti.com/hit.xiti?'+Xt_param;Xt_i += '&hl='+Xt_h.getHours()+'x'+Xt_h.getMinutes()+'x'+Xt_h.getSeconds();if(parseFloat(navigator.appVersion)>=4){Xt_s=screen;Xt_i+='&r='+Xt_s.width+'x'+Xt_s.height+'x'+Xt_s.pixelDepth+'x'+Xt_s.colorDepth;}document.write(Xt_i+'&ref='+Xt_r.replace(/[<>"]/g, '').replace(/&/g, '$')+'" title="Internet Audience">');//--></script><noscript>Mesure d'audience ROI statistique webanalytics par <img width="39" height="25" src="http://logv4.xiti.com/hit.xiti?s=563914&p=page_du_jour" alt="WebAnalytics" /></noscript></a></p>
Christian COTTET-EMARD
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Carnet / Dans un pli du temps
tag:cottetemard.hautetfort.com,2020-06-06:6243923
2020-06-06T01:49:00+02:00
2020-06-06T01:49:00+02:00
À cette heure fébrile de la nuit, lorsque le jour me manque le plus, en...
<p style="text-align: center;"><img id="media-6141938" style="margin: 0.7em 0;" title="" src="http://cottetemard.hautetfort.com/media/02/00/2498050130.JPG" alt="carnet,note,journal,souvenir,évocation,moment à poème,instant de grâce,voyage,lisbonne,portugal,place des restauradores,Praça dos Restauradores,rossio,Lisbonne, Porto, Venise, Lyon, Rome, Florence,Madrid, Cagliari, Séville,tourisme,vacances,promenade,vinho tinto,blog littéraire de christian cottet-emard,flânerie,christian cottet-emard,villes européennes,capitales européennes,occident,art de vivre,humidor,sagres,carnet de voyage©éditions orage lagune express,dépôt électronique n°,office notarial M,archives ce" /></p><p class="p1" style="text-align: justify;"><span class="s1" style="font-family: 'times new roman', times, serif; font-size: 12pt;">À cette heure fébrile de la nuit, lorsque le jour me manque le plus, en particulier en ces temps encore incertains où je me demande quand il sera possible de recommencer à se promener normalement dans les grandes villes d’Europe que je préfère, Lisbonne, Porto, Venise, Lyon, Rome, Florence, et dans celles que je souhaite découvrir, Madrid, Cagliari, Séville, je repense à un de ces moments vagues, difficiles à décrire, qu’on nomme parfois des instants de grâce et que j’ai quant à moi coutume d’appeler des moments à poèmes. </span></p><p class="p1" style="text-align: justify;"><span class="s1" style="font-family: 'times new roman', times, serif; font-size: 12pt;">Il ne s’agit pas à proprement parler d’épisodes pendant lesquels un poème se fixe sur une page de carnet mais plutôt de variations dans le rythme du temps, comme si celui-ci, en s’écoulant, formait une onde ou un pli propices pour la conscience à de plus fines perceptions qu’à l’ordinaire. </span></p><p class="p1" style="text-align: justify;"><span class="s1" style="font-family: 'times new roman', times, serif; font-size: 12pt;">Je crois que nous partageons tous ce genre d’expérience mais que nous sommes moins nombreux à tenter de les transcrire dans un langage ou une dans une forme qui nous conviennent. Parfois, à la faveur d’un détail ténu, par exemple d’une infime oscillation dans l’équilibre entre une personne et sa posture, il est possible de détecter chez les autres un tel événement. On peut parler d’épiphanies même si le terme peut sembler excessif au regard de l’apparente banalité de l’épisode vécu.</span></p><p class="p1" style="text-align: justify;"><span class="s1" style="font-family: 'times new roman', times, serif; font-size: 12pt;">Le moment à poème qui me revient maintenant à l’esprit est survenu à Lisbonne près du quartier du Rossio voici quelques années. </span></p><p class="p1" style="text-align: justify;"><span style="font-family: 'times new roman', times, serif; font-size: 12pt;"><span class="s1">Non loin de l’hôtel Avenida Palace, peu avant dix-huit heures, je prenais l’apéritif, Praça dos Restauradores,</span> <span class="s1">à la terrasse d’un de ces établissements dont nous n’avons hélas pas l’équivalent en France et qui sont un heureux et fort convivial mélange de café, restaurant, pâtisserie et salon de thé où l’on peut manger salé ou sucré à n’importe quelle heure du jour ou du soir. On y trouve une agréable variété de petite restauration pas chère à consommer sur place ou à emporter. Les plats garnis sont de la cuisine maison, en particulier la soupe dont un bol vous est servi pour une somme dérisoire. </span></span></p><p class="p1" style="text-align: justify;"><span class="s1" style="font-family: 'times new roman', times, serif; font-size: 12pt;">Ces endroits sont fréquentés par une clientèle très variée elle aussi, qu’il s’agisse d’habitués, de touristes en pause café, de routards en pause sandwich, de lycéens et d’étudiants en pause sucrée, de dames à l’heure du thé, d’anglais en pause porto ou, comme moi, de français en pause vinho tinto. </span></p><p class="p1" style="text-align: justify;"><span class="s1" style="font-family: 'times new roman', times, serif; font-size: 12pt;">Je faisais durer mon verre en ces instants où l’on comprend ce qu’est l’âme atlantique lorsque mon regard s’arrêta je ne sais pourquoi sur un homme entre deux âge qui occupait seul un petit guéridon. Il fumait un de ces cigares bon marché qu’on reconnaît à l’odeur un peu âcre, un cigare sec qu’il n’est point besoin de conserver en humidor. Le serveur venait de lui apporter une Sagres et un de ces sandwichs généreux composés de toutes sortes de charcuteries comme en trouve au Portugal. </span></p><p class="p1" style="text-align: justify;"><span class="s1" style="font-family: 'times new roman', times, serif; font-size: 12pt;">Cet homme assez massif à la tenue et au maintien des plus ordinaires avait quelque chose d’un ironique et secret triomphe dans les yeux. Avait-il remporté une immense ou une minuscule victoire ? Se laissait-il tout simplement bercer par la douceur du début de soirée ? Venait-il de décider une bonne fois pour toutes de ne vivre que le moment présent ? Avait-il surmonté un vieux tourment ? S’était-il enfin rendu à la conclusion que tout est tragique mais que rien n’est sérieux ? </span></p><p class="p1" style="text-align: justify;"><span class="s1" style="font-family: 'times new roman', times, serif; font-size: 12pt;">Tout cela se concentrait dans le regard qu’il portait au loin sur je ne sais quelle distraction qu’offrait la place animée et paisible mais ce n’était peut-être rien d’autre que son expression habituelle. Rien d’autre que l’un de ces rares instants modestes et précieux où l’on se sent provisoirement invulnérable parce que dans l’air doux d’une terrasse de Lisbonne, un serveur en veste blanche vient de servir l’apéritif.</span></p><p class="p1" style="text-align: justify;"> </p><p class="p1" style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;"><em><span class="s1" style="font-family: 'times new roman', times, serif;">Extrait de mes carnets de voyage</span></em></span></p><p class="p1" style="text-align: justify;"><em><span class="s1" style="font-family: 'times new roman', times, serif; font-size: 8pt;">© Éditions Orage Lagune Express. Tous droits réservés.</span></em></p><p class="p1" style="text-align: justify;"><em><span class="s1" style="font-family: 'times new roman', times, serif; font-size: 8pt;">Photo Ch. Cottet-Emard</span></em></p><p class="p1" style="text-align: justify;"> </p><p class="p1" style="text-align: justify;"> </p><p><a title="WebAnalytics" href="http://www.xiti.com/xiti.asp?s=563914" target="_top"><script type="text/javascript"><!--Xt_param = 's=563914&p=page_ du_ jour';try {Xt_r = top.document.referrer;}catch(e) {Xt_r = document.referrer; }Xt_h = new Date();Xt_i = '<img width="39" height="25" border="0" alt="" ';Xt_i += 'src="http://logv4.xiti.com/hit.xiti?'+Xt_param;Xt_i += '&hl='+Xt_h.getHours()+'x'+Xt_h.getMinutes()+'x'+Xt_h.getSeconds();if(parseFloat(navigator.appVersion)>=4){Xt_s=screen;Xt_i+='&r='+Xt_s.width+'x'+Xt_s.height+'x'+Xt_s.pixelDepth+'x'+Xt_s.colorDepth;}document.write(Xt_i+'&ref='+Xt_r.replace(/[<>"]/g, '').replace(/&/g, '$')+'" title="Internet Audience">');//--></script><noscript>Mesure d'audience ROI statistique webanalytics par <img width="39" height="25" src="http://logv4.xiti.com/hit.xiti?s=563914&p=page_du_jour" alt="WebAnalytics" /></noscript></a></p>
Christian COTTET-EMARD
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Carnet / Le jour des blouses grises
tag:cottetemard.hautetfort.com,2019-09-02:6173401
2019-09-02T13:35:00+02:00
2019-09-02T13:35:00+02:00
Quand j’étais encore concerné, la rentrée des classes...
<h3 id="p1"> </h3><div class="posttext"><div class="posttext-decorator1"><div class="posttext-decorator2"><p><span class="Apple-style-span"><img id="media-5145631" style="display: block; margin-left: auto; margin-right: auto;" title="" src="http://cottetemard.hautetfort.com/media/00/01/1895852522.JPG" alt="carnet,note,journal,autobiographie,écriture de soi,prairie journal,variations symphoniques,blog littéraire de christian cottet-emard,littérature,évocation,souvenir,rentrée scolaire,grandes vacances,rentrée des classes,école primaire,maître d'école,instituteur,blouse grise,baguette,salle de classe,estrade,glas,église saint léger,oyonnax,fête foraine,maréchal ferrant,pasage étienne Dolet,école jeanne d'arc,grande ourse,pierre et le loup,prokofiev,épicéa,fugue,christian cottet-emard,cm1,CP,cours préparatoire,enseignement privé,je vous salue marie,notre père,prière,retenue,colle,récit,enfance,mémoire" /></span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: 'times new roman', times, serif; font-size: 12pt;">Quand j’étais encore concerné, la rentrée des classes marquait pour moi le jour le plus noir de l’année, surtout à l’école primaire. À cette époque, au début des années soixante du vingtième siècle, les vacances d’été commençaient le 27 juin et se terminaient le 15 septembre, ce qui en faisait véritablement, selon l’expression consacrée, les grandes vacances.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: 'times new roman', times, serif; font-size: 12pt;">Le jour de la rentrée, l’odeur des goûters que les élèves transportaient en plus du cartable dans une petite besace de plastique tressée me révulsait plus que de coutume avec son mélange d’effluves de chocolat et d’orange. Cette odeur se répandait dans le couloir obscur qui servait de hall d’entrée à l’école et qui se prolongeait par un vaste escalier donnant accès aux étages et aux salles de classe. Sur le palier du premier étage, une porte ouverte donnait sur le préau et la cour de récréation, celle-ci constituant déjà plus à mes yeux une arène qu’un lieu de détente dans cet univers masculin. Il fallait attendre l’entrée en sixième au collège situé quelques rues plus bas pour retrouver la mixité dont nous étions subitement privés après la maternelle dès l’entrée à l’école primaire. </span></p><p style="text-align: justify;"><span class="Apple-style-span" style="font-family: 'times new roman', times, serif; font-size: 12pt;">J’avais trois rues à traverser pour aller du domicile de mes parents jusqu’à l’école. Le trajet s’égayait deux fois par an avec l’installation de la fête foraine aux abords de l’église. En attendant de scintiller et de tourbillonner, les manèges dormaient sous leurs bâches dans le matin brumeux. En bas des marches d’un étroit passage entre des maisons et des ateliers, le dernier maréchal-ferrant faisait tinter son marteau. À la sortie du passage, l’immeuble de l’école s’élançait dans le ciel gris. Lorsque j'arrivais (assez rarement) en retard, je levais les yeux vers la lourde porte à deux battants fermée et je restais quelques instants immobile pendant que me saisissait l’idée de la fugue en direction de la forêt distante d’à peine quelques centaines de mètres au bout d’une petite route en pente. Je me demandais alors comment j’allais pouvoir manger, boire et dormir une fois les hautes silhouettes des épicéas englouties par l’énorme nuit de l’automne. J’avais souvent entendu parler de la Grande Ourse sans bien comprendre de quoi il s’agissait dans le ciel et j’écoutais en boucle mon disque de Pierre et le loup de Prokofiev, ce qui ne m’encourageait guère dans mes projets de désertion. </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: 'times new roman', times, serif; font-size: 12pt;">J’entrouvrais donc ce que j’allais appeler des décennies plus tard dans un poème <a href="http://cottetemard.hautetfort.com/archive/2007/03/28/la-grande-porte-de-la-fugue.html">la grande porte de la fugue</a> et je me faufilais dans le hall sombre pour rejoindre les gamins les moins pressés d’obéir à l’ordre de se mettre en rang. J’avais alors vue sur les nuques et les oreilles de tous ces marmots de mon âge, à peu près tous tondus par le même coiffeur auquel nous confiaient nos mères lorsque nos têtes se hérissait d’un excès d’épis et de mèches rebelles. Nous gardions ainsi la posture tant que le silence n’était pas obtenu puis chaque cortège montait pesamment l’escalier pour rejoindre sa salle de classe respective sous l’œil suspicieux des maîtres. </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: 'times new roman', times, serif; font-size: 12pt;">Le regard le plus noir, jaillissant du visage assombri d’un collier de barbe, appartenait au maître du cours préparatoire, un grand type aux épaules légèrement voûtées qui portait souvent ses vestons anthracite sans enfiler les manches, ce qui lui donnait l’allure évanescente d’un spectre à quatre bras. Cet homme très brun aux sourcils épais et noirs et au teint gris, jeune et taciturne, n’avait jamais besoin d’élever sa voix sourde pour donner des ordres. Ses larges mains recouvertes d’une peau blafarde pouvaient à tout moment s’envoler en direction de notre figure pour y atterrir en un claquement sec. Contrairement à son collègue tonnant du CM1, le maître du CP n’avait pas besoin de théâtraliser ses colères parce qu’il semblait tout entier habité par une colère permanente, froide et silencieuse qui me glaçait le sang. Ses annotations à l’encre rouge dans les marges de nos exercices exprimaient en une impeccable calligraphie l’ironie amère et le réfrigérant dédain que lui inspiraient nos fautes d’orthographe et nos erreurs de calcul.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: 'times new roman', times, serif; font-size: 12pt;"><img id="media-5145632" style="display: block; margin-left: auto; margin-right: auto;" title="" src="http://cottetemard.hautetfort.com/media/00/00/3801453872.2.JPG" alt="carnet,note,journal,autobiographie,écriture de soi,prairie journal,variations symphoniques,blog littéraire de christian cottet-emard,littérature,évocation,souvenir,rentrée scolaire,grandes vacances,rentrée des classes,école primaire,maître d'école,instituteur,blouse grise,baguette,salle de classe,estrade,glas,église saint léger,oyonnax,fête foraine,maréchal ferrant,pasage étienne Dolet,école jeanne d'arc,grande ourse,pierre et le loup,prokofiev,épicéa,fugue,christian cottet-emard,cm1,CP,cours préparatoire,enseignement privé,je vous salue marie,notre père,prière,retenue,colle,récit,enfance,mémoire" />J’admire encore aujourd’hui le dessin harmonieux et les parfaits pleins et déliés dont il gratifiait chaque lettre du mot <em>imbécile</em> délicatement déposé au porte-plume sur le mauvais papier de mes cahiers du jour. Étrangement, ce personnage effrayant détenait l’étonnant pouvoir de nous enchanter quand il racontait une histoire qu’il illustrait d’un tour de main en recouvrant le tableau noir (plus exactement vert très sombre) de somptueuses fresques foisonnantes d’animaux et de paysages composées aux craies de couleur. Cet homme cuvait-il dans l'enseignement l’amertume récurrente d’une vocation d’artiste contrariée ? C’est la question que je me pose aujourd’hui en revoyant son regard aussi ténébreux que l’eau profonde d’un lac glaciaire... À moins qu’il ne souffrît en ces années lointaines d’un vieux chagrin d’amour fossilisé qui le pétrifiait de l’intérieur.</span></p><p style="text-align: justify;"><span class="Apple-style-span" style="font-family: 'times new roman', times, serif; font-size: 12pt;">Une fois en classe, nous devions attendre le signal du maître pour nous asseoir, non sans avoir auparavant récité collectivement le Notre Père ou le Je vous salue Marie. J’avais pour ma part une préférence pour cette Marie pleine de grâce dont l’évocation me souriait plus, dans cette poche de tristesse et d’inquiétude qu’était la classe, que l’image intimidante de ce Père énigmatique et si haut dans les Cieux. Mes prières n’en étaient pas moins sincères mais tournées vers de bien prosaïques soucis : Sainte Marie pleine de Grâce, faites que je ne sois pas interrogé au tableau, Notre Père qui êtes aux Cieux, délivrez-moi du calcul mental et faites que je ne sois pas collé jeudi.</span></p><p style="text-align: justify;"><span class="Apple-style-span" style="font-family: 'times new roman', times, serif; font-size: 12pt;">Le reste de la matinée coulait alors au rythme du glas qui tombait du clocher tout proche de la bien mal nommée église Saint-Léger. L’après-midi était du même tonneau mais j’avais la chance de rentrer chez moi pour le déjeuner. Je sais gré à mes parents de ne m’avoir jamais imposé une seule fois de manger à la cantine. En voyant vivre les enfants aujourd’hui, j'ai conscience du luxe qui m’a été donné de connaître une enfance sans nounou, sans cantine scolaire et sans étude du soir.</span></p><p><span style="font-family: 'times new roman', times, serif; font-size: 12pt;"><img id="media-5145633" style="display: block; margin-left: auto; margin-right: auto;" title="" src="http://cottetemard.hautetfort.com/media/02/01/1266396980.jpg" alt="carnet,note,journal,autobiographie,écriture de soi,prairie journal,variations symphoniques,blog littéraire de christian cottet-emard,littérature,évocation,souvenir,rentrée scolaire,grandes vacances,rentrée des classes,école primaire,maître d'école,instituteur,blouse grise,baguette,salle de classe,estrade,glas,église saint léger,oyonnax,fête foraine,maréchal ferrant,pasage étienne Dolet,école jeanne d'arc,grande ourse,pierre et le loup,prokofiev,épicéa,fugue,christian cottet-emard,cm1,CP,cours préparatoire,enseignement privé,je vous salue marie,notre père,prière,retenue,colle,récit,enfance,mémoire" /></span></p><p style="text-align: justify;"><span class="Apple-style-span" style="font-family: 'times new roman', times, serif; font-size: 12pt;">Il faut dire que mon aversion définitive pour toute forme de vie en collectivité, pour toute activité sportive et pour tout engagement associatif est née dans la cour de récréation où la seule forme de loisir admise (à part une brève partie de billes) était le jeu de ballon obligatoire auquel s’ajoutait la séance d’éducation physique, activités qui m’ont inspiré mépris et dégoût dès mon plus jeune âge.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: 'times new roman', times, serif; font-size: 12pt;">Lorsque je repense à ces rentrées scolaires déprimantes avec leurs relents de gymnase et leurs instituteurs en blouses grises pointant leurs baguettes du haut de leurs estrades, je mesure à quel point elles ont pu déterminer quelques aspects de mes débuts dans le monde et ma vision de la vie humaine tout en sachant qu’elles m’ont aussi ouvert une autre grande porte de la fugue, non pas celle qui me donnait envie de détaler en direction d’une sombre forêt mais celle, autrement imposante, qui m’indiquait l’étrange chemin vers les horizons du récit.</span></p><p style="text-align: justify;"> </p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: 'times new roman', times, serif; font-size: 12pt;"><em>Extrait de mon livre <a href="https://germesdebarbarie.blogspot.com/2017/12/prairie-journal-par-christian-cottet.html">Prairie Journal</a> </em></span><span style="font-family: 'times new roman', times, serif; font-size: 10pt;"><em>© Éditions Orage-Lagune-Express. Droits réservés.</em></span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: 'times new roman', times, serif; font-size: 10pt;"><em>Pour les oyonnaxiens, ce livre est disponible en prêt à la médiathèque municipale.</em></span></p></div></div></div><p><a title="WebAnalytics" href="http://www.xiti.com/xiti.asp?s=563914" target="_top"><script type="text/javascript"><!--Xt_param = 's=563914&p=page_ du_ jour';try {Xt_r = top.document.referrer;}catch(e) {Xt_r = document.referrer; }Xt_h = new Date();Xt_i = '<img width="39" height="25" border="0" alt="" ';Xt_i += 'src="http://logv4.xiti.com/hit.xiti?'+Xt_param;Xt_i += '&hl='+Xt_h.getHours()+'x'+Xt_h.getMinutes()+'x'+Xt_h.getSeconds();if(parseFloat(navigator.appVersion)>=4){Xt_s=screen;Xt_i+='&r='+Xt_s.width+'x'+Xt_s.height+'x'+Xt_s.pixelDepth+'x'+Xt_s.colorDepth;}document.write(Xt_i+'&ref='+Xt_r.replace(/[<>"]/g, '').replace(/&/g, '$')+'" title="Internet Audience">');//--></script><noscript>Mesure d'audience ROI statistique webanalytics par <img width="39" height="25" src="http://logv4.xiti.com/hit.xiti?s=563914&p=page_du_jour" alt="WebAnalytics" /></noscript></a></p>
Christian COTTET-EMARD
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La bonne étoile
tag:cottetemard.hautetfort.com,2018-11-11:6104159
2018-11-11T00:43:00+01:00
2018-11-11T00:43:00+01:00
Tu regardes toujours à la fenêtre avant de te coucher car ce que tu vois...
<p style="text-align: center;"><img id="media-5913073" style="margin: 0.7em 0;" title="" src="http://cottetemard.hautetfort.com/media/01/00/3448573536.JPG" alt="poèmes du bois de chauffage,la lune du matin,et autres récits de l'homme invisible,christian cottet-emard,éditions germes de barbarie,littérature,récits,poèmes,11 novembre,évocation,tranchées,guerre de 14-18,grande guerre,première guerre mondiale" /></p><p align="LEFT"><span style="font-family: 'times new roman', times, serif; font-size: 12pt;">Tu regardes toujours à la fenêtre avant de te coucher car ce que tu vois dehors dans le halo du dernier réverbère est ta vie</span></p><p align="LEFT"> </p><p align="LEFT"><span style="font-family: 'times new roman', times, serif; font-size: 12pt;">Dans ce tableau nocturne le pré quelques buissons l’orme les frênes le chat la route où trotte parfois presque tranquille le renard</span></p><p align="LEFT"> </p><p align="LEFT"><span style="color: #000000;"><span style="font-family: 'Times New Roman', serif;"><span style="font-size: medium;">Pas grand-chose en somme mais tout ce dont pouvait sans doute rêver le pauvre gars dans les tranchées </span></span></span></p><p align="LEFT"> </p><p align="LEFT"><span style="font-family: 'times new roman', times, serif; font-size: 12pt;">Quelle chance fut la tienne de n’être pas ce pauvre gars</span></p><p align="LEFT"> </p><p align="LEFT"><span style="font-family: 'times new roman', times, serif; font-size: 12pt;">Ce clair de lune encadré par la fenêtre quel luxe </span></p><p align="LEFT"> </p><p align="LEFT"><span style="font-family: 'times new roman', times, serif; font-size: 12pt;">Cette fenêtre entre toi et le monde quelle chance</span></p><p align="LEFT"> </p><p align="LEFT"><span style="font-family: 'times new roman', times, serif; font-size: 10pt;"><img id="media-5913075" style="float: left; margin: 0.2em 1.4em 0.7em 0;" title="" src="http://cottetemard.hautetfort.com/media/02/00/2269918612.jpg" alt="poèmes du bois de chauffage,la lune du matin,et autres récits de l'homme invisible,christian cottet-emard,éditions germes de barbarie,littérature,récits,poèmes,11 novembre,évocation,tranchées,guerre de 14-18,grande guerre,première guerre mondiale" />(Extrait de mon dernier livre, <strong><em>Poèmes du bois de chauffage</em></strong>, section <strong><em>La Lune du matin et autres récits de l'homme invisible</em></strong>, <a href="https://germesdebarbarie.blogspot.com/2018/09/poemes-du-bois-de-chauffage-et-autres.html">éditions Germes de barbarie</a>.) Pour Oyonnax et sa région, livre disponible à la <a href="http://www.lainpact.fr/article-mille-feuilles-sylvie-allombert-blanc-oyonnax,23957.htm?fbclid=IwAR35CTdX5olnL2YCHO9VMRql-wNB2JlKVHDcAGGUXveYHVOAkkLeX4ixj1g">librairie maison de presse Mille Feuilles</a>, rue Anatole France.</span></p><p align="LEFT"><strong> </strong><em><strong>Photo :</strong> Depuis ma fenêtre (photo CC-E)</em></p><p align="LEFT"> </p><p><a title="WebAnalytics" href="http://www.xiti.com/xiti.asp?s=563914" target="_top"><script type="text/javascript">// <![CDATA[Xt_param = 's=563914&p=page_ du_ jour';try {Xt_r = top.document.referrer;}catch(e) {Xt_r = document.referrer; }Xt_h = new Date();Xt_i = '<img width="39" height="25" border="0" alt="" ';Xt_i += 'src="http://logv4.xiti.com/hit.xiti?'+Xt_param;Xt_i += '&hl='+Xt_h.getHours()+'x'+Xt_h.getMinutes()+'x'+Xt_h.getSeconds();if(parseFloat(navigator.appVersion)>=4){Xt_s=screen;Xt_i+='&r='+Xt_s.width+'x'+Xt_s.height+'x'+Xt_s.pixelDepth+'x'+Xt_s.colorDepth;}document.write(Xt_i+'&ref='+Xt_r.replace(/[<>"]/g, '').replace(/&/g, '$')+'" title="Internet Audience">');// ]]></script><noscript>Mesure d'audience ROI statistique webanalytics par <img width="39" height="25" src="http://logv4.xiti.com/hit.xiti?s=563914&p=page_du_jour" alt="WebAnalytics" /></noscript></a></p>
Christian COTTET-EMARD
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Les derniers temps de la vapeur
tag:cottetemard.hautetfort.com,2018-07-09:6065451
2018-07-09T22:21:00+02:00
2018-07-09T22:21:00+02:00
Tout au fond du jardin, un mur recouvert de tuiles séparait les...
<p style="text-align: center;"><img id="media-5840185" style="margin: 0.7em 0;" title="" src="http://cottetemard.hautetfort.com/media/01/02/1722995754.jpg" alt="nouvelle,littérature,évocation,souvenir d'enfance,manège,fête foraine,locomotive à vapeur,les derniers temps de la vapeur,auto 403,auto4CV,autorail picasso,blog littéraire de christian cottet-emard,club littéraire des amateurs de cigares,droits réservés,© Club,boulevard,oyonnax,gare sncf,groseilliers,jardin,famille,enfance,boulevard dupuy" /></p><p class="p1" style="text-align: justify;"><span style="font-family: 'times new roman', times, serif; font-size: 12pt;">Tout au fond du jardin, un mur recouvert de tuiles séparait les groseilliers de la voie ferrée. Louis se gavait des grappes translucides lorsque le sol se mit à vibrer. Cette fois-ci, Louis se promit de ne pas bouger et de regarder la locomotive à vapeur jusqu’à la fin de la manœuvre mais comme d’habitude, la panique le saisit dès que la masse noire approcha et étendit sur lui son ombre et son souffle. La bouche encore pleine de groseilles, il courut jusqu’à la maison où on le cherchait pour le dîner. </span></p><p class="p1" style="text-align: justify;"><span style="font-family: 'times new roman', times, serif; font-size: 12pt;">Sa mère le gronda sans conviction pour avoir pris le dessert avant la soupe et son arrière-grand-mère prédit des coliques. Malgré son air soucieux, le grand-père lança une plaisanterie sur le thème des coliques, la grand-mère fit remarquer que le moment était bien choisi et le père de Louis détourna la conversation sur le thème de la mise en service des nouvelles motrices diesel. </span></p><p class="p1" style="text-align: justify;"><span style="font-family: 'times new roman', times, serif; font-size: 12pt;">Le soir était doux et Louis reçut l’autorisation de retourner jouer dehors à condition de goûter à tous les plats du dîner. Dans la cour, le tilleul filtrait les rayons du couchant. Louis aperçut la pipistrelle qui s’envolait du grenier. Comme tous les soirs, Boby, le chien des voisins, profita du portail ouvert pour quémander des restes en un bref aboiement. Le grand-père vint à sa rencontre et lui donna des couennes de jambon. </span></p><p class="p1" style="text-align: justify;"><span style="font-family: 'times new roman', times, serif; font-size: 12pt;">Au loin, on entendait la rumeur de la fête foraine qui s’était installée au centre-ville. J’aimerais bien y aller maintenant, risqua Louis persuadé d’un refus. Le grand-père à la mine toujours aussi soucieuse regarda se perdre le dernier rayon de soleil dans le feuillage du tilleul et haussa les épaules. Il rentra dans la maison et ressortit quelques instants plus tard vêtu de son costume de la semaine et coiffé de son béret. Il survint alors quelque chose de stupéfiant. </span></p><p class="p1" style="text-align: justify;"><span style="font-family: 'times new roman', times, serif; font-size: 12pt;">Louis sentit sa main s’accrocher à celle de son grand-père tandis qu’ils prenaient tous deux la direction du centre-ville. Le long du boulevard, les vieux platanes crépitaient de hannetons. Dans l’ombre des haies de buis qui clôturaient les autres propriétés, les parfums des pivoines et des iris débordaient sur le trottoir au goudron soulevé par les racines des arbres. Louis avait remarqué qu’à la faveur de l’éclairage public, on distinguait beaucoup mieux les petits trous percés dans le goudron par les talons pointus des femmes. Il trouvait bizarre cette manie de marcher avec de pareilles chaussures qui marquaient aussi les planchers. Un jour, le grand-père avait rouspété après le passage d’une dame élégante qui avait piqueté le parquet de la salle à manger. Le grand-père rouspétait souvent mais aujourd’hui, il restait silencieux et marchait d’un pas alerte sous les feuillages odorants du boulevard. </span></p><p class="p1" style="text-align: justify;"><span style="font-family: 'times new roman', times, serif; font-size: 12pt;">Louis put courir à sa guise sur le trottoir mais le grand-père reprit sa main lorsqu’une 403 noire recula pour entrer dans le garage d’une grosse maison blottie derrière le plus vieux saule pleureur du quartier. Cette demeure était la dernière avant la place de la gare qu’ils traversèrent d’un pas rapide. Lorsqu’ils franchirent les rails brillants du passage à niveau, Louis jeta un coup d’œil aux trois cèdres qui se penchaient comme des géants indiscrets sur le ballast. Dans l’avenue qui conduisait au centre-ville, ils ne rencontrèrent qu’une 4cv et une dauphine borgne. Un petit groupe d’hommes sortit d’un bar mal éclairé et leurs ombres s’évanouirent sous le halo d’un lampadaire. L’un deux entra dans une vespasienne. </span></p><p class="p1" style="text-align: justify;"><span style="font-family: 'times new roman', times, serif; font-size: 12pt;">Le grand-père reprit de nouveau la main de Louis quand, brusquement, la nuit s’anima de reflets multicolores et de rythmes désordonnés. Des odeurs de sucre et de friture tournoyaient dans l’air chauffé par les moteurs des manèges. Les autos tamponneuses étaient installées sur l’esplanade de la porte monumentale. Leurs carrosseries et leurs phares flamboyaient. Le patron, un colosse à la trogne barrée d’une épaisse moustache, faisait tonner sa grosse voix dans un micro. Un peu plus haut, les avions tournaient, décollaient et atterrissaient sans relâche. C’était le manège préféré de Louis malgré les claquements du compresseur qui l’effrayaient. À l’inverse des autres pilotes qui actionnaient sans cesse le levier de décollage et d’atterrissage, Louis maintenait son avion en vol pendant toute la durée du tour pour le plaisir de se hisser au-dessus des sept platanes bordant l’église entre lesquels les attractions foraines battaient leur plein. En bas, il voyait son grand-père dans son costume sombre zébré des reflets jaunes, rouges, bleus et violets des néons. On entendait des chansons de la radio que le grand-père trouvait habituellement stupides mais qui ne semblaient pas le déranger en ce moment précis. Lorsque Louis fermait les yeux, il avait l’impression que le manège tournait plus vite mais ce n’était qu’une illusion due à l’accélération du rythme musical. </span></p><p class="p1" style="text-align: justify;"><span style="font-family: 'times new roman', times, serif; font-size: 12pt;">Maintenant, il faisait tout à fait nuit et l’on pouvait voir les étoiles malgré les lumières clinquantes de la fête. Louis et son grand-père s’arrêtèrent devant le confiseur. Ils commandèrent un gros berlingot rouge et blanc et une portion de frites. C’est le monde à l’envers ! dit le grand-père en léchant le berlingot tandis que Louis croquait les frites. Au tir à la carabine, le grand-père creva tous les ballons mais Louis en manqua un. Pour le consoler, le grand-père lui donna un franc. Louis glissa la pièce dans une boîte à sous et ouvrit le tiroir qui contenait un pistolet miniature à ressort avec son chargeur de balles en plastique. </span></p><p class="p1" style="text-align: justify;"><span style="font-family: 'times new roman', times, serif; font-size: 12pt;">Sur le chemin du retour, Louis se sentit comme un aventurier de la nuit. La pendule de la gare brillait comme une deuxième lune et l’autorail, avec ses gros yeux, attendait l’aube dans la fraîcheur des trois cèdres. Au lieu de revenir par le boulevard, le grand-père décida de longer la voie ferrée et de rentrer à la maison en passant par le portillon rouillé du jardin, ce qui était formellement interdit à Louis. Leurs pas crissaient sur du sable et du mâchefer. </span></p><p class="p1" style="text-align: justify;"><span style="font-family: 'times new roman', times, serif; font-size: 12pt;">Les jardins des grandes propriétés voisines exhalaient le fort parfum nocturne du buis. Le grand-père ouvrit le portillon qui donnait sur une petite terrasse où Louis venait se percher dans la journée pour surveiller son territoire. Pour descendre dans l’allée des groseilliers, il fallait chercher d’un pied une barre d’appui en métal scellée dans le mur recouvert de tuiles et poser l’autre pied sur une marche en tôle. Un petit saut et on était au fond du jardin. Sous la lune, le potager luisait et embaumait. Louis traîna les pieds, grappilla des groseilles et demanda : est-ce que la locomotive reviendra demain ?</span></p><p class="p1" style="text-align: justify;"><span class="s1" style="font-family: 'times new roman', times, serif; font-size: 12pt;">La silhouette massive du grand-père s’engouffra sous les feuillages denses des vieux pommiers. Sa voix semblait se perdre dans un autre monde. Non, répondit-il sans se retourner, la dernière a manœuvré aujourd’hui. Elle ne reviendra plus.</span></p><p class="p1" style="text-align: justify;"> </p><p class="p1" style="text-align: justify;"><span style="font-size: 8pt;"><em><span class="s1" style="font-family: 'times new roman', times, serif;">© Club (pour la version 2018)</span></em></span></p><p class="p1" style="text-align: justify;"> </p><p><a title="WebAnalytics" href="http://www.xiti.com/xiti.asp?s=563914" target="_top"><script type="text/javascript">// <![CDATA[Xt_param = 's=563914&p=page_ du_ jour';try {Xt_r = top.document.referrer;}catch(e) {Xt_r = document.referrer; }Xt_h = new Date();Xt_i = '<img width="39" height="25" border="0" alt="" ';Xt_i += 'src="http://logv4.xiti.com/hit.xiti?'+Xt_param;Xt_i += '&hl='+Xt_h.getHours()+'x'+Xt_h.getMinutes()+'x'+Xt_h.getSeconds();if(parseFloat(navigator.appVersion)>=4){Xt_s=screen;Xt_i+='&r='+Xt_s.width+'x'+Xt_s.height+'x'+Xt_s.pixelDepth+'x'+Xt_s.colorDepth;}document.write(Xt_i+'&ref='+Xt_r.replace(/[<>"]/g, '').replace(/&/g, '$')+'" title="Internet Audience">');// ]]></script><noscript>Mesure d'audience ROI statistique webanalytics par <img width="39" height="25" src="http://logv4.xiti.com/hit.xiti?s=563914&p=page_du_jour" alt="WebAnalytics" /></noscript></a></p>
Christian COTTET-EMARD
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Mauvais esprits, nous m’dame ?
tag:cottetemard.hautetfort.com,2018-05-05:6048826
2018-05-05T00:40:04+02:00
2018-05-05T00:40:04+02:00
En complément de mon billet sur la statue de Voltaire installée à...
<p class="p1" style="text-align: justify;"><span style="font-family: 'times new roman', times, serif; font-size: 12pt;"><em><img id="media-5809929" style="float: left; margin: 0.2em 1.4em 0.7em 0;" title="" src="http://cottetemard.hautetfort.com/media/00/00/1348940778.JPG" alt="mes collaborations presse,revue le croquant 16,voltaire,blog littéraire de christian cottet-emard,littérature,humour,évocation,souvenir,lycée,préfabriqués,préfas,candide,micromegas,contes et romans de voltaire,enseignement,prof,lycéen,christian cottet-emard,françois-marie arouet,philosophie,cacambo,chanel n°5,mauvais esprit,statue de voltaire oyonnax,ain,rhône-alpes,haut-bugey,france,europe,web" />En complément de <a href="http://cottetemard.hautetfort.com/archive/2018/05/03/pourquoi-je-trouve-judicieux-le-choix-d-une-statue-de-voltai-6048446.html">mon billet sur la statue de Voltaire</a> installée à Oyonnax, je mets en ligne ce texte que j'avais donné à la revue Le Croquant n°16 (automne - hiver 1994). Et en plus, une petite <a href="https://www.youtube.com/watch?v=6ZPF5mPIpXU">référence musicale à Candide</a> qui a inspiré <a href="http://cottetemard.hautetfort.com/archive/2006/11/13/aaron-et-lenny.html">Leonard Bernstein</a>.</em></span></p><p class="p1" style="text-align: justify;"><span style="font-family: 'times new roman', times, serif; font-size: 12pt;"><br /><span style="font-size: 18pt;">A</span>utour du lycée, les <em>préfas</em> poussent comme des verrues sur un visage obèse qui peut tout aussi bien être celui du proviseur. Convoqué dans le bureau de cet homme sans cou ni taille, en raison de mon absence permanente au cours de gymnastique, j’ai failli m’asseoir sur son chapeau déposé là par quelque haineux subalterne.</span></p><p class="p3" style="text-align: justify;"><span class="s1" style="font-family: 'times new roman', times, serif; font-size: 12pt;">Vraiment fort le proviseur : Voltaire dans un sermon, il fallait oser. Le chapeau sur la chaise, à côté, c’est l’harmonie, la logique, l’équilibre... La grâce ? Tout de même, n’exagérons rien.</span></p><p class="p3" style="text-align: justify;"><span class="s1" style="font-family: 'times new roman', times, serif; font-size: 12pt;">La grâce, c’est plutôt le rayon de la prof de français, joli brin de fille épanoui entre les lézardes des <em>préfas</em> aux quatre vents mutins des affectations. Une fleur de décombres en quelque sorte, une belle plante rudérale... Dans la bouche du proviseur, Voltaire cité en rafales automatiques siffle mépris et reproches et sent l’aigre des digestions approximatives. Entre les lèvres de la prof de français, Voltaire gazouille tel l’oiseau de la pluie dans l’effluve d’un Chanel au numéro inférieur ou égal à ma moyenne en maths.</span></p><p class="p3" style="text-align: justify;"><span class="s1" style="font-family: 'times new roman', times, serif; font-size: 12pt;">Cette appétissante oiselle a ses pudeurs. Elle nous fait <em>travailler Voltaire</em> dans une édition de classiques à deux sous vierge de tout épisode égrillard, notamment expurgée d’une bonne partie du chapitre seizième de <em>Candide</em>. Voltaire y prend plaisir à relater <em>les clameurs qui partaient de deux filles toutes nues qui couraient légèrement au bord de la prairie, tandis que deux singes les suivaient en leur mordant les fesses.</em></span></p><p class="p3" style="text-align: justify;"><span class="s1" style="font-family: 'times new roman', times, serif; font-size: 12pt;">Nous sommes deux dans la classe à posséder les romans et les contes de Voltaire dans une édition de poche récente qui donne le texte intégral, selon la formule consacrée, ce qui nous conduit à demander l’autorisation de lire le passage manquant où Candide <em>prend son fusil espagnol à deux coups, tire et tue les deux singes. Dieu soit loué, mon cher Cacambo ! J’ai délivré d’un grand péril ces deux pauvres créatures : si j’ai commis un péché en tuant un inquisiteur et un jésuite, je l’ai bien réparé en sauvant la vie à deux filles...</em></span></p><p class="p3" style="text-align: justify;"><span class="s1" style="font-family: 'times new roman', times, serif; font-size: 12pt;">À la vue du rictus qui commence à tortiller le minois de la petite prof, nous comprenons que cette adepte de <em>Voltaire allégé </em>regrette aussitôt de nous avoir donné la parole. Pourtant, le plus dur est à venir. Candide continue de se féliciter de sa bonne action <em>mais sa langue devint percluse quand il vit ces deux filles fondre en larmes sur leurs corps, et remplir l’air des cris les plus douloureux. Je ne m’attendais pas à tant de bonté d’âme </em>dit-il enfin à Cacambo ; lequel lui répliqua : <em>vous avez fait là un beau chef-d’œuvre, mon maître ; vous avez tué les deux amants de ces demoiselles.</em></span></p><p class="p3" style="text-align: justify;"><span class="s1" style="font-family: 'times new roman', times, serif; font-size: 12pt;">Cette fois, le rictus libère une sorte de coassement. Le visage de notre juvénile enseignante vient de prendre quinze ans en deux secondes, et tout cela à cause de nous, adolescents vulgaires travaillés par nos hormones.</span></p><p class="p3" style="text-align: justify;"><span class="s1" style="font-family: 'times new roman', times, serif; font-size: 12pt;">— Excusez-nous m’dame. Pour nous faire pardonner, on va vous lire un autre passage extrait de <em>Micromegas </em>et qui manque aussi à votre édition : <em>son Excellence se coucha de tout son long car s’il se fût tenu debout, sa tête eût été trop haut au-dessus des nuages. Nos philosophes lui plantèrent un grand arbre dans un endroit que le docteur Swift nommerait, mais que je me garderai bien d’appeler par son nom, à cause de mon respect pour les dames...</em></span></p><p class="p3" style="text-align: justify;"><span class="s1" style="font-family: 'times new roman', times, serif; font-size: 12pt;">— Mauvais esprits, nous m’dame ? Eh ben, si on peut même plus participer...</span></p><p style="text-align: center;"><img id="media-5809932" style="margin: 0.7em 0;" title="" src="http://cottetemard.hautetfort.com/media/01/00/2242442990.JPG" alt="mes collaborations presse,revue le croquant 16,voltaire,blog littéraire de christian cottet-emard,littérature,humour,évocation,souvenir,lycée,préfabriqués,préfas,candide,micromegas,contes et romans de voltaire,enseignement,prof,lycéen,christian cottet-emard,françois-marie arouet,philosophie,cacambo,chanel n°5,mauvais esprit,statue de voltaire oyonnax,ain,rhône-alpes,haut-bugey,france,europe,web" /></p><p style="text-align: center;"><span style="font-size: 10pt;"><em><span style="font-family: 'times new roman', times, serif;"><strong>Illustrations :</strong> détail de la statue de Voltaire installée à Oyonnax et 4ème de couverture de la revue Le Croquant n°16</span></em></span></p><p style="text-align: center;"> </p><p class="p3" style="text-align: center;"><span class="s1" style="font-family: 'times new roman', times, serif; font-size: 12pt;"> </span></p><p><a title="WebAnalytics" href="http://www.xiti.com/xiti.asp?s=563914" target="_top"><script type="text/javascript">// <![CDATA[Xt_param = 's=563914&p=page_ du_ jour';try {Xt_r = top.document.referrer;}catch(e) {Xt_r = document.referrer; }Xt_h = new Date();Xt_i = '<img width="39" height="25" border="0" alt="" ';Xt_i += 'src="http://logv4.xiti.com/hit.xiti?'+Xt_param;Xt_i += '&hl='+Xt_h.getHours()+'x'+Xt_h.getMinutes()+'x'+Xt_h.getSeconds();if(parseFloat(navigator.appVersion)>=4){Xt_s=screen;Xt_i+='&r='+Xt_s.width+'x'+Xt_s.height+'x'+Xt_s.pixelDepth+'x'+Xt_s.colorDepth;}document.write(Xt_i+'&ref='+Xt_r.replace(/[<>"]/g, '').replace(/&/g, '$')+'" title="Internet Audience">');// ]]></script><noscript>Mesure d'audience ROI statistique webanalytics par <img width="39" height="25" src="http://logv4.xiti.com/hit.xiti?s=563914&p=page_du_jour" alt="WebAnalytics" /></noscript></a></p>
Christian COTTET-EMARD
http://cottetemard.hautetfort.com/about.html
Carnet / Mai 68 : du bateau ivre à la galère
tag:cottetemard.hautetfort.com,2018-05-01:6047737
2018-05-01T02:19:00+02:00
2018-05-01T02:19:00+02:00
En 1968 j’avais neuf ans et j’étais à l’école privée Jeanne d’Arc à...
<p class="p1" style="text-align: justify;"><span style="font-family: 'times new roman', times, serif; font-size: 12pt;"><img id="media-5808182" style="float: left; margin: 0.2em 1.4em 0.7em 0;" title="" src="http://cottetemard.hautetfort.com/media/01/02/321121276.jpg" alt="mai 68,blog littéraire de christian cottet-emard,évocation,souvenir,carnet,note,journal,christian cottet-emard,prairie journal,politique,galère,bateau ivre,révolution,crise des missiles de cuba,concile vatican 2,vingtième siècle,oyonnax,haut bugey,ain,rhône alpes,france,école jeanne d'arc" />En 1968 j’avais neuf ans et j’étais à l’école privée Jeanne d’Arc à Oyonnax dans l’Ain, une petite ville du Haut-Bugey. Chez moi, j’entendais bien sûr les adultes commenter les événements de mai, notamment au cours des repas de famille qui avaient lieu boulevard Dupuy dans la maison où vivaient mes grands-parents et mon arrière-grand-mère. Parfois, le dessert était gâché par une querelle politique. Je me souviens de celle qui avait opposé mon père (gaulliste) à l’un de ses frères qui défendait l’idée d’une révolution. Ils s’affrontaient sur le thème des violences révolutionnaires. Mon père piqua ce jour-là une grosse colère contre mon oncle qui lui déclara à propos des victimes innocentes des révolutions : <em>on ne fait pas d’omelette sans casser des œufs</em>. <em>— Eh bien j’espère que lorsque ta révolution éclatera, aucun de nous, aucune de nos familles et aucun de nos amis ne feront partie des œufs !</em> avait tonné mon père. Mon grand-père qui craignait par dessus tout les communistes et une invasion des Russes qu’il appelait les <em>Popov</em> montait lui aussi assez vite en température... Quant à ma jeune tante étudiante qui me faisait la lecture, m’emmenait au cinéma et m’offrait des cadeaux, je la voyais moins en ce mois de mai car elle était sur les barricades à Lyon.</span></p><p class="p2" style="text-align: justify;"> </p><p class="p1" style="text-align: justify;"><span class="s1" style="font-family: 'times new roman', times, serif; font-size: 12pt;">Dans ma vie provinciale d’enfant choyé et bien protégé, le tumulte et le désordre de la politique ne me parvenaient que très atténués, comme assourdis par l’enclavement d’Oyonnax blottie au milieu de sa vallée qu’on n’avait pas encore eu l’idée ridicule d’appeler la <em>Plastic vallée</em>. J’avais en revanche bien compris que les enfants scolarisés dans l’enseignement public n’allaient pas en cours en raison des grèves alors que nous autres, dans le privé, ne pouvions bénéficier de ces vacances extraordinaires. À l’école Jeanne d’Arc, maîtres et maîtresses n’évoquaient évidemment pas les événements de mai dans leurs classes. <img id="media-5808181" style="float: left; margin: 0.2em 1.4em 0.7em 0;" title="" src="http://cottetemard.hautetfort.com/media/00/02/1959740835.jpg" alt="mai 68,blog littéraire de christian cottet-emard,évocation,souvenir,carnet,note,journal,christian cottet-emard,prairie journal,politique,galère,bateau ivre,révolution,crise des missiles de cuba,concile vatican 2,vingtième siècle,oyonnax,haut bugey,ain,rhône alpes,france,école jeanne d'arc" />Ils devaient probablement se contenter d’en parler au moment<span class="Apple-converted-space"> </span>des récréations pendant que nous étions occupés à nous bagarrer, à nous disputer nos billes d’agate ou de terre colorées ou à participer au concours de celui qui pisse le plus loin ou le plus haut. Ce concours perdit les faveurs des concurrents le jour où le champion du jet en hauteur fut disqualifié non pas par un compétiteur qui lui eût ravi son titre mais par une brise malicieuse qui lui doucha durablement son honneur, son prestige et sa blouse d’écolier. Lorsque je pense à mai 68, j’avoue que ce souvenir cocasse est plus présent dans mon esprit que le contexte politique de l’époque. Évidemment, les jeunes des grandes classes et surtout ceux qui étaient au collège ont sans doute vécu plus en conscience ces événements. </span></p><p class="p2" style="text-align: justify;"> </p><p class="p1" style="text-align: justify;"><span class="s1" style="font-family: 'times new roman', times, serif; font-size: 12pt;">Lorsque je discute aujourd’hui de mai 68 avec des personnes qui ont dix ans de plus que moi, voire plus, je mesure l’écart de perception, surtout quand je relativise le bilan de ce coup de fièvre, ce qui déclenche de vives réactions, notamment de la part de celles et ceux qui sont nés à la fin de la seconde guerre mondiale et qui étaient personnellement investis dans le mouvement. Ils ont connu l’ancien monde dont les gens comme moi, nés à la fin des années cinquante, n’ont vu que les derniers vestiges. L’ambiance dans la société avait déjà changé même s’il fallait encore attendre que sautent les derniers verrous ainsi que cela se produisit en mai 68. Avant cette insurrection, deux autres événements avaient déjà modifié le contexte : le dénouement positif de la crise des missiles de Cuba (1962) et le concile Vatican II (commencé en 1962 et terminé en 1965). J’ai écrit dans mon livre <em><a href="https://germesdebarbarie.blogspot.fr/2017/12/prairie-journal-par-christian-cottet.html">Prairie journal</a></em> que je me considérais comme <a href="http://cottetemard.hautetfort.com/archive/2012/12/18/enfant-de-vatican-ii-de-la-crise-des-missiles-nucleaires-de.html">le rejeton de Vatican II, de la crise des missiles et de mai 68</a>, les trois épisodes qui ont en commun de s’être déroulés pendant mes années d’écoles maternelle et primaire dans la décennie 1960. Lorsque j’ai pris conscience de cet héritage et que je l’ai étudié en entrant dans l’âge adulte, je me suis aperçu qu’en classant ces événements par ordre d’importance, mai 68 n’arrivait à mes yeux qu’en troisième position. L’explication est simple : premièrement, j’ai vécu dans la crainte de la guerre nucléaire une grande partie de ma jeunesse ; deuxièmement, je me suis toujours senti proche de la culture chrétienne bien que n’ayant pas la foi. En revanche, je n’ai jamais éprouvé de grand intérêt pour la politique, ce qui fait qu’aujourd’hui encore, je ne peux parler de mai 68 qu’avec beaucoup de distance critique. Je n’en mésestime et sous-estime pas pour autant la portée et l’influence, je pense simplement que la crise des missiles, Vatican II et mai 68 sont à mettre en relation pour analyser et comprendre le mode de pensée et le rapport au monde qui prévalait jusqu’à nos jours dans les grandes démocraties occidentales. Je crois aussi qu’une page est en train de se tourner, notamment avec le recul du niveau de culture générale de base, la fragmentation du rapport à la spiritualité et surtout, hélas, le retour du religieux dans sa forme la plus archaïque, obscurantiste et violente du fait de l’influence active et pernicieuse d’une religion radicalement étrangère et hostile à la pensée et au mode de vie de l’Occident. Ceci dit, pour rester au plus près du thème de mai 68, je crois utile de préciser quelques points afin de bien montrer que je ne suis pas de ceux qui prétendent en liquider l’héritage puisque ce dernier, dans ses aspects négatifs, a tendance à se liquider tout seul. Je préfère pour l’instant prendre en considération les effets positifs en rappelant le contexte de l’époque.</span></p><p class="p2" style="text-align: justify;"> </p><p class="p1" style="text-align: justify;"><span class="s1" style="font-family: 'times new roman', times, serif; font-size: 12pt;">Avant mai 68, il faut reconnaître que la société était bloquée à bien des égards, notamment pour les jeunes. Filles et garçons vivaient dans une atmosphère encore empreinte de rigidité sociale et de puritanisme qui ne leur laissait guère de perspectives malgré la formidable élévation du niveau de vie et de connaissance. Peu écoutés et peu pris au sérieux, les jeunes passaient directement du statut de gamin au statut d’adulte le jour où ils étaient admis à voter (à 21 ans), à travailler et à fonder une famille. Pour les jeunes femmes, y compris celles qui intégraient le monde du travail dans un contexte d’inégalité, notamment salariale, l’horizon se limitait au mariage et à la maternité qui consacraient l’entrée officielle dans l’âge adulte. Pour les jeunes hommes, ce passage était encore retardé par le service militaire obligatoire. Pas moyen d’être considéré comme un adulte avant d’avoir sacrifié à ce rite d’un autre âge. Pour les grands adolescents qui étaient déjà de jeunes adultes sans être considérés comme tels, le slogan <em>Sois jeune et tais-toi</em> résumait bien la vision que la société aveugle et sourde à leurs aspirations nouvelles leur renvoyait d’eux-mêmes, ce qui ne pouvait que créer un cocktail de frustrations explosif, une bonne affaire pour certaines forces politiques d’opposition qui n’étaient pas toutes bien intentionnées sur le plan démocratique. </span></p><p class="p2" style="text-align: justify;"> </p><p class="p1" style="text-align: justify;"><span class="s1" style="font-family: 'times new roman', times, serif; font-size: 12pt;">Aujourd’hui, cinquante après, la patine du temps s’est déposée sur un mouvement insurrectionnel qu’il était encore tout récemment question de commémorer de manière officielle (!) ce qui indique que l’esprit <em>ancien combattant</em> va parfois se nicher là où on ne l’attendait guère ! Les médias qui évoquent actuellement mai 68 adoptent souvent un angle qui privilégie une vision nostalgique voire pittoresque plus ou moins fondue dans l’imagerie de la jeunesse turbulente de l’époque avec ses chansons, sa musique, ses slogans et sa littérature. Il faut pourtant se rappeler que mai 68 n’était pas qu’un monôme d’étudiants. Parmi les courants politiques qui traversaient le mouvement, certains étaient très violents et volontiers partisans d’instaurer des régimes soi-disant révolutionnaires sous lesquels il ne ferait pas bon vivre aujourd’hui. Rien que dans ma petite ville éloignée de tout, certains meneurs de groupuscules d’extrême gauche heureusement minoritaires se vantaient d’avoir établi des listes noires de personnes à éliminer localement en cas de <em>Grand Soir</em>. Lorsque j’aborde ce point avec des amis poètes et écrivains plus âgés que moi et qui furent engagés à des degrés divers, non seulement dans les défilés mais encore dans les émeutes, j’ai bien du mal à garder mon calme lorsque je les écoute évoquer certains épisodes en arborant le genre de sourire attendri qu’on affiche lorsqu’on parle du bon vieux temps. Je pense notamment à un ami auteur qui me décrivait comment, avec son groupe, ils s’étaient discrètement postés à l’entrée d’un cantonnement de CRS pour attendre leur retour des manifestations afin de les caillasser à coup de lance-pierres dont les munitions étaient de gros boulons de métal. Parmi ces gens qui sont désormais de paisibles retraités pas si mal traités que cela par un État qu’ils jugeaient jadis policier mais qui, en pleines Trente Glorieuses, leur permit tout de même de mener d’assez bonnes carrières professionnelles, j’en connais encore beaucoup qui ont du mal à s’émouvoir aujourd’hui à la vue de policiers qui reçoivent des cocktails molotov dans leurs voitures, qui se font lâchement attaquer par des bandes de voyous en embuscades et agresser à leur domicile. Lorsqu’on parle à ces mêmes personnes de la casse lors des émeutes, des arbres coupés, des voitures détruites et de l’ampleur des dégâts matériels, on s’entend répondre qu’il ne s’agissait justement que de matériel. Peu leur importe que les bagnoles incendiées n’étaient pas celles des grands bourgeois capitalistes bien à l’abri dans leurs vastes demeures mais celles du populo qui ne possédait pas de garage ! Eh oui, le détail est mesquin mais la Révolution a ses trivialités... <span class="Apple-converted-space"> </span></span></p><p class="p2" style="text-align: justify;"> </p><p class="p1" style="text-align: justify;"><span class="s1" style="font-family: 'times new roman', times, serif; font-size: 12pt;">Nous pouvons tous aujourd’hui dresser un bilan de mai 68 à l’aune de nos opinions politiques, de nos utopies et de notre vision du monde personnelle. La mienne admet volontiers que les sociétés démocratiques ne peuvent le rester qu’à la condition d’un rapport de forces admissible entre pouvoirs et contre-pouvoirs. L’un des aspects positifs de mai 68 fut à mon avis d’entériner de fait ce modèle de rapport de forces qui permet un fonctionnement relativement équilibré des démocraties, aussi imparfaites soient-elles. </span></p><p class="p2" style="text-align: justify;"> </p><p class="p1" style="text-align: justify;"><span class="s1" style="font-family: 'times new roman', times, serif; font-size: 12pt;">Le bilan n’est pas pour autant mirobolant. Mai 68 n’a pas libéré que des énergies positives. Dans son essence et sa théorie, le mouvement s’adressait à l’intelligence, à la créativité, au désir d’épanouissement individuel et collectif, à l’aspiration à une vie moins bornée, moins étriquée, à la foi en ce que l’humanité peut donner de meilleur. Beaucoup n’ont hélas pas compris le message et l’ont interprété comme la liberté de dire et de faire n’importe quoi. En chaque utopie somnole le chaos. En cinquante ans de pensée soixante-huitarde, nombre d’utopies ont rapidement fané en formant lentement un terreau favorable aux prémices du chaos vers lequel la société occidentale se jettera si elle ne réaffirme pas ses fondamentaux et si elle continue à se dénigrer elle-même. Les problèmes que nous connaissons aujourd’hui et que nous désignons par le terme de <em>crise</em> (crise économique, crise environnementale, crise identitaire, crise migratoire, crise des banlieues, société en crise) trouvent tous à divers degrés leur origine dans les dérives d’une pensée soixante-huitarde détournée, récupérée, dévoyée. L’un des exemples le plus frappant et le plus précoce de ce dévoiement fut la fulgurante capacité du capitalisme le plus dérégulé à se saisir de cette pensée qui lui était pourtant hostile afin de la détourner à son profit avec une redoutable efficacité. Un tel paradoxe fut rendu possible en raison de la fragilité d’une pensée et d’une vision du monde à la fois immatures et dogmatiques. C’est ainsi que les grandes entreprises se sont dotées d’opulents services de communication dirigés par d’anciens soixante-huitards rameutant les vieux tubes pop et rock contestataires de leur jeunesse enfuie au service de luxueux spots publicitaires pour des produits d’énergie, de finance et d’équipement. Ils se sont non seulement embourgeoisés, ce qu’on ne saurait leur reprocher, mais encore transformés en promoteurs efficaces de ce qu’ils vomissaient dans leurs jeunes années. Ils contestaient violemment un système qui n’a eu aucun mal à les recycler parce que leurs aspirations politiques ne reposaient que sur des illusions et des rêves de surcroît plutôt conventionnels, une ressource dont notre monde marchand est friand et dont il sait très bien se servir. </span></p><p class="p2" style="text-align: justify;"> </p><p class="p1" style="text-align: justify;"><span class="s1" style="font-family: 'times new roman', times, serif; font-size: 12pt;">Cette ironie du sort ne doit cependant pas masquer les effets positifs de mai 68. Il faut reconnaître que le meilleur bilan du mouvement apparaît dans le domaine social. Sur ce plan, les progrès sont incontestables. Il est bon que les employeurs dont la pente naturelle est d’exploiter les employés au maximum soient réfrénés dans leurs ardeurs par une résistance organisée et par une opinion publique puissante comme il est également bon que les contestataires soient conscients de la nécessité de ne pas tomber dans l’émeute aveugle et le chaos. C’est une affaire de limites à ne pas franchir dans les deux camps, ce que j’aime appeler un équilibre de la peur. </span></p><p class="p2" style="text-align: justify;"> </p><p class="p1" style="text-align: justify;"><span class="s1" style="font-family: 'times new roman', times, serif; font-size: 12pt;">Poursuivons avec le bilan, bien moins positif sur le plan culturel. L’énergie et la spontanéité créatives libérées par mai 68 dans le domaine des arts et des lettres furent rapidement récupérées voire canalisées par la politique. La gauche fit de la culture son pré carré et, une fois au pouvoir, ouvrit les vannes du tout culturel d’où émergea le multiculturel dont les funestes effets se mesurent clairement aujourd’hui. En ce domaine aussi, l’enfer est toujours pavé de bonnes intentions mais il y a plus préoccupant. Aujourd’hui, le secteur culturel baigne toujours dans l’héritage de mai 68 dont il est l’un des derniers bastions. Les postes clés dans les arcanes de ce système assez opaque pour le grand public sont encore majoritairement tenus par des soixante-huitards figés dans leur vision d’un monde qui ne se décide toujours pas à évoluer dans la direction qu’ils souhaitent. Nombre d’entre eux sont issus d’une bourgeoisie et d’une culture classique occidentale qu’ils renient et avec laquelle ils n’ont toujours pas réglé leurs comptes, ce qui les conduit à user de leur influence et de leur pouvoir de décision pour promouvoir tout ce qu’ils jugent et croient conforme à leurs illusions révolutionnaires perdues. C’est ce processus qui mène aujourd’hui du niveau national au plus modeste échelon local à la promotion de nombreux sous-produits de divertissement de masse hissés au rang de créations artistiques. Pour ne donner qu’un exemple de la forme la plus caricaturale de ce que l’industrie du tout culturel et du multiculturel parvient à vendre au grand public comme de la création artistique subversive alors qu’il ne s’agit de rien d’autre que de marchandises de grande consommation aux dates de péremption déjà dépassées depuis longtemps, on peut citer entre autres le rap. Limités aux aléas du divertissement populaire, ces phénomènes de déclassement culturel seraient négligeables s’ils ne s’accompagnaient pas de leur dimension idéologique et c’est ici que nous retrouvons maintenant les effets des dérives de la pensée soixante-huitarde dans ses ultimes soubresauts.</span></p><p class="p2" style="text-align: justify;"> </p><p class="p1" style="text-align: justify;"><span class="s1" style="font-family: 'times new roman', times, serif; font-size: 12pt;">Frustrés de leur <em>Grand Soir</em> jamais advenu, parfois culpabilisés par leur embourgeoisement et constatant à grand peine que la mayonnaise de leurs idées les plus extrêmes et les plus fumeuses ne pouvaient pas prendre dans une société encore bien ancrée (y compris les classes populaires) dans la stabilité des bonnes vieilles habitudes matérialistes et individualistes, les soixante-huitards et surtout leurs pâles rejetons (Nuit debout et compagnie) ont cherché d’autres causes nettement moins estimables à défendre que celles des ouvriers et du petit peuple, classes sociales plus préoccupées à juste titre par une amélioration jamais évidente de leurs conditions de vie et de pouvoir d’achat que par les horizons aussi radieux qu’improbables d’une
Littérature de partout
http://litteraturedepartout.hautetfort.com/about.html
Ted Hughes, Birthday Letters, traduction Sophie Doizelet
tag:litteraturedepartout.hautetfort.com,2015-09-21:5687757
2015-09-21T05:00:00+02:00
2015-09-21T05:00:00+02:00
...
<p style="text-align: center;"><img id="media-5162156" style="margin: 0.7em 0;" title="" src="http://litteraturedepartout.hautetfort.com/media/01/02/1589291556.jpg" alt="ted-hughes_2076817c.jpg" /></p><p></p><p class="MsoNormal" style="margin-left: 3.0cm; text-align: justify;"><span style="font-size: 14.0pt; mso-bidi-font-size: 12.0pt; font-family: Baskerville; color: blue;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>Wuthering Heights</span></p><p class="MsoNormal" style="margin-left: 3.0cm; text-align: justify;"><span style="font-size: 14.0pt; mso-bidi-font-size: 12.0pt; font-family: Baskerville;"> </span></p><p class="MsoNormal" style="margin-left: 3.0cm; text-align: justify;"><span style="font-size: 14.0pt; mso-bidi-font-size: 12.0pt; font-family: Baskerville;">Walter était le guide. Le cousin de sa mère</span></p><p class="MsoNormal" style="margin-left: 3.0cm; text-align: justify;"><span style="font-size: 14.0pt; mso-bidi-font-size: 12.0pt; font-family: Baskerville;">Avait hérité de quelques assiettes à soupe des Brontë.</span></p><p class="MsoNormal" style="margin-left: 3.0cm; text-align: justify;"><span style="font-size: 14.0pt; mso-bidi-font-size: 12.0pt; font-family: Baskerville;">Il se sentait désolé pour elles. Les écrivains</span></p><p class="MsoNormal" style="margin-left: 3.0cm; text-align: justify;"><span style="font-size: 14.0pt; mso-bidi-font-size: 12.0pt; font-family: Baskerville;">Sont des gens pitoyables. Ils se cachent de la réalité,</span></p><p class="MsoNormal" style="margin-left: 3.0cm; text-align: justify;"><span style="font-size: 14.0pt; mso-bidi-font-size: 12.0pt; font-family: Baskerville;">La déguisent. Mais ton euphorie transatlantique</span></p><p class="MsoNormal" style="margin-left: 3.0cm; text-align: justify;"><span style="font-size: 14.0pt; mso-bidi-font-size: 12.0pt; font-family: Baskerville;">L’a rendu euphorique. Il est entré en effervescence</span></p><p class="MsoNormal" style="margin-left: 3.0cm; text-align: justify;"><span style="font-size: 14.0pt; mso-bidi-font-size: 12.0pt; font-family: Baskerville;">Comme son vin de rhubarbe gardé trop longtemps :</span></p><p class="MsoNormal" style="margin-left: 3.0cm; text-align: justify;"><span style="font-size: 14.0pt; mso-bidi-font-size: 12.0pt; font-family: Baskerville;">Une récolte de légendes et de racontars</span></p><p class="MsoNormal" style="margin-left: 3.0cm; text-align: justify;"><span style="font-size: 14.0pt; mso-bidi-font-size: 12.0pt; font-family: Baskerville;">Au sujet de ces pauvres filles. Puis,</span></p><p class="MsoNormal" style="margin-left: 3.0cm; text-align: justify;"><span style="font-size: 14.0pt; mso-bidi-font-size: 12.0pt; font-family: Baskerville;">Après le presbytère, après la <em style="mso-bidi-font-style: normal;">chaise longue</em></span></p><p class="MsoNormal" style="margin-left: 3.0cm; text-align: justify;"><span style="font-size: 14.0pt; mso-bidi-font-size: 12.0pt; font-family: Baskerville;">Où était morte Emily, les minuscules livres faits main,</span></p><p class="MsoNormal" style="margin-left: 3.0cm; text-align: justify;"><span style="font-size: 14.0pt; mso-bidi-font-size: 12.0pt; font-family: Baskerville;">Les dentelles délicates, les chaussures pour petites fées,</span></p><p class="MsoNormal" style="margin-left: 3.0cm; text-align: justify;"><span style="font-size: 14.0pt; mso-bidi-font-size: 12.0pt; font-family: Baskerville;">Ce fut le chemin tracé depuis Stanbury. L’ascension,</span></p><p class="MsoNormal" style="margin-left: 3.0cm; text-align: justify;"><span style="font-size: 14.0pt; mso-bidi-font-size: 12.0pt; font-family: Baskerville;">Un mile toujours plus loin, plus haut, menant</span></p><p class="MsoNormal" style="margin-left: 3.0cm; text-align: justify;"><span style="font-size: 14.0pt; mso-bidi-font-size: 12.0pt; font-family: Baskerville;">À l’Éden privé d’Emily. C’était pour toi à présent</span></p><p class="MsoNormal" style="margin-left: 3.0cm; text-align: justify;"><span style="font-size: 14.0pt; mso-bidi-font-size: 12.0pt; font-family: Baskerville;">Que la lande se soulevait, déployait</span></p><p class="MsoNormal" style="margin-left: 3.0cm; text-align: justify;"><span style="font-size: 14.0pt; mso-bidi-font-size: 12.0pt; font-family: Baskerville;">Ses fleurs sombres. C’était bien.</span></p><p class="MsoNormal" style="margin-left: 3.0cm; text-align: justify;"><span style="font-size: 14.0pt; mso-bidi-font-size: 12.0pt; font-family: Baskerville;">Plus sauvage, peut-être, qu’Emily ne l’avait jamais vu.</span></p><p class="MsoNormal" style="margin-left: 3.0cm; text-align: justify;"><span style="font-size: 14.0pt; mso-bidi-font-size: 12.0pt; font-family: Baskerville;">Les pieds mouillés, la tête nue,</span></p><p class="MsoNormal" style="margin-left: 3.0cm; text-align: justify;"><span style="font-size: 14.0pt; mso-bidi-font-size: 12.0pt; font-family: Baskerville;">Elle montait péniblement cette colline pour rejoindre ses seuls amis —</span></p><p class="MsoNormal" style="margin-left: 3.0cm; text-align: justify;"><span style="font-size: 14.0pt; mso-bidi-font-size: 12.0pt; font-family: Baskerville;">On peut l’imaginer. Une forteresse obscure.</span></p><p class="MsoNormal" style="margin-left: 3.0cm; text-align: justify;"><span style="font-size: 14.0pt; mso-bidi-font-size: 12.0pt; font-family: Baskerville;">[...]</span></p><p class="MsoNormal" style="margin-left: 3.0cm; text-align: justify;"><span style="font-size: 14.0pt; mso-bidi-font-size: 12.0pt; font-family: Baskerville;"> </span></p><p class="MsoNormal" style="margin-left: 3.0cm; text-align: justify;"><span style="font-size: 14.0pt; mso-bidi-font-size: 12.0pt; font-family: Baskerville; color: blue;">Ted Hughes, <em style="mso-bidi-font-style: normal;">Birthday Letters</em>, traduit de l’anglais et présenté par</span></p><p class="MsoNormal" style="margin-left: 3.0cm; text-align: justify;"><span style="font-size: 14.0pt; mso-bidi-font-size: 12.0pt; font-family: Baskerville; color: blue;">Sophie Doizelet, Poésie / Gallimard, 2015, p. 83.</span></p>
MILIQUE
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JE M'ACCUSE 37
tag:aumagmapresentdelecriture.hautetfort.com,2014-02-17:5238688
2014-02-17T09:17:00+01:00
2014-02-17T09:17:00+01:00
JE M'ACCUSE 37 Je m'accuse D'encore...
<p style="text-align: center;"><img id="media-3069417" style="margin: 0.7em 0pt;" title="" src="http://aumagmapresentdelecriture.hautetfort.com/media/00/01/2935823739.jpg" alt="JE M'ACCUSE.jpg" /></p><p style="text-align: center;"> </p><p style="text-align: center;"><span style="color: #008000; font-family: arial black,avant garde; font-size: x-large;"><strong>JE M'ACCUSE</strong></span></p><p style="text-align: center;"><span style="color: #008000; font-family: arial black,avant garde; font-size: x-large;"><strong>37</strong></span></p><p style="text-align: center;"> </p><p style="text-align: center;"><strong><span style="font-size: x-large; font-family: arial black,avant garde; color: #0000ff;">Je m'accuse</span></strong></p><p style="text-align: center;"><strong><span style="font-size: x-large; font-family: arial black,avant garde; color: #0000ff;"> D'encore m'étonner </span></strong></p><p style="text-align: center;"><strong><span style="font-size: x-large; font-family: arial black,avant garde; color: #0000ff;">Que la maladie </span></strong></p><p style="text-align: center;"><strong><span style="font-size: x-large; font-family: arial black,avant garde; color: #0000ff;">Fasse le tri des gens</span></strong></p><p style="text-align: center;"><strong><span style="font-size: x-large; font-family: arial black,avant garde; color: #0000ff;"> Autour de moi alors même </span></strong></p><p style="text-align: center;"><strong><span style="font-size: x-large; font-family: arial black,avant garde; color: #0000ff;">Que le membre absent</span></strong></p><p style="text-align: center;"><strong><span style="font-size: x-large; font-family: arial black,avant garde; color: #0000ff;"> Se rappelle sans cesse </span></strong></p><p style="text-align: center;"><strong><span style="font-size: x-large; font-family: arial black,avant garde; color: #0000ff;">A leur souvenir gêné.</span></strong></p>
MILIQUE
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JE M'ACCUSE 2
tag:aumagmapresentdelecriture.hautetfort.com,2013-11-25:3670130
2013-11-25T00:42:00+01:00
2013-11-25T00:42:00+01:00
Je m'accuse d'incapacité permanente A évoquer...
<p style="text-align: center;"><img id="media-3069417" style="margin: 0.7em 0pt;" title="" src="http://aumagmapresentdelecriture.hautetfort.com/media/00/01/2935823739.jpg" alt="JE M'ACCUSE.jpg" /></p><p style="text-align: center;"> </p><p style="text-align: center;"><span style="font-size: x-large;"><strong><span style="font-family: arial black,avant garde; color: #000080;">Je m'accuse d'incapacité permanente</span></strong></span></p><p style="text-align: center;"><span style="font-size: x-large;"><strong><span style="font-family: arial black,avant garde; color: #000080;">A évoquer l'irrésistible intensité de mes émotions</span></strong></span></p><p style="text-align: center;"><span style="font-size: x-large; font-family: arial black,avant garde; color: #000080;"><strong>Autrement qu'à l'aune de mon regard mesquin et partisan.</strong><br /></span></p><p style="text-align: center;"> </p>
Kraly
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Chemins escarpés... (24)
tag:lessongesdunenuit.hautetfort.com,2013-09-29:5183454
2013-09-29T05:00:00+02:00
2013-09-29T05:00:00+02:00
Tout est question de transes pour se projeter dans l’au-delà. Nos...
<p class="MsoNormal" style="text-align: justify; mso-pagination: none; tab-stops: 28.0pt 56.0pt 84.0pt 112.0pt 140.0pt 168.0pt 196.0pt 224.0pt 252.0pt 280.0pt 308.0pt 336.0pt; mso-layout-grid-align: none; text-autospace: none;"><span style="font-family: 'book antiqua', palatino; color: #00ced1;"><!--[if !supportEmptyParas]--> <img id="media-4266866" style="float: left; margin: 0.2em 1.4em 0.7em 0;" title="" src="http://lessongesdunenuit.hautetfort.com/media/01/01/4105864202.8.jpeg" alt="images-2.jpeg" /><span style="font-size: 11.0pt;">Tout est question de transes pour se projeter dans l’au-delà. Nos consciences, ainsi, vont dans le sens même de la création. Tout s’explore par la reconnaissance, de notre propre regard sur nous ;<span style="mso-spacerun: yes;"> </span>de ces effervescences jaillissantes toujours dans le rythme et l’impulsion à exister en dehors de soi-même. C’est l’unique force conjuguée au recueillement méditatif que nous faisons à l’intérieur de soi, ici commence la visualisation de tous les rituels que fabrique notre imagination. L’importante phase initiale et tellement exigeante de concentration de nous et de ceux qui pratiquent cette transe secrète et essentielle. C’est la renaissance qui s’évapore lorsque le corps le demande de s’extirper toute cette accumulation profonde et motivante. Nourriture d’une recherche intime avec soi, tu dois en connaître la saveur extrême et pouvoir l’expliquer à ta conscience. Nul doute que cela sera persuasif à ton être, car elle saura à l’origine d’une métamorphose intelligente de ton esprit ouvert. Ne cherche pas à la comprendre, laisse là te guider instinctivement dans les pulsions qu’elle veut bien te donner. Les influences que tu vivras auront des effets bénéfiques à ton intelligence, car ce mysticisme en favorisera la personnification narcissique, tu t’en trouveras tristement exclu, mais sache que cette transe sera le feu qui t’anime.</span></span></p><p class="MsoNormal" style="text-align: justify; mso-pagination: none; tab-stops: 28.0pt 56.0pt 84.0pt 112.0pt 140.0pt 168.0pt 196.0pt 224.0pt 252.0pt 280.0pt 308.0pt 336.0pt; mso-layout-grid-align: none; text-autospace: none;"><span style="font-size: 11pt; font-family: 'book antiqua', palatino; color: #00ced1;"><!--[if !supportEmptyParas]--> </span></p><p class="MsoNormal" style="text-align: justify; mso-pagination: none; tab-stops: 28.0pt 56.0pt 84.0pt 112.0pt 140.0pt 168.0pt 196.0pt 224.0pt 252.0pt 280.0pt 308.0pt 336.0pt; mso-layout-grid-align: none; text-autospace: none;"><em><span style="font-size: 11pt; font-family: 'book antiqua', palatino; color: #ff0000;">(Pensée philosophique et spirituelle inédite de Pôl Kraly in "Chemins escarpés" - à paraître)</span></em></p><p class="MsoNormal" style="text-align: justify; mso-pagination: none; tab-stops: 28.0pt 56.0pt 84.0pt 112.0pt 140.0pt 168.0pt 196.0pt 224.0pt 252.0pt 280.0pt 308.0pt 336.0pt; mso-layout-grid-align: none; text-autospace: none;"><em><span style="font-size: 11pt; font-family: 'book antiqua', palatino; color: #ff0000;"><br /></span></em></p><p class="MsoNormal" style="text-align: justify; mso-pagination: none; tab-stops: 28.0pt 56.0pt 84.0pt 112.0pt 140.0pt 168.0pt 196.0pt 224.0pt 252.0pt 280.0pt 308.0pt 336.0pt; mso-layout-grid-align: none; text-autospace: none;"><em><span style="font-size: 11pt; font-family: 'book antiqua', palatino; color: #ff0000;">à suivre...</span></em></p><p class="MsoNormal" style="text-align: justify; mso-pagination: none; tab-stops: 28.0pt 56.0pt 84.0pt 112.0pt 140.0pt 168.0pt 196.0pt 224.0pt 252.0pt 280.0pt 308.0pt 336.0pt; mso-layout-grid-align: none; text-autospace: none;"><span style="font-size: 11.0pt;"><!--[if !supportEmptyParas]--> <!--[endif]--></span></p><p class="MsoNormal" style="text-align: justify; mso-pagination: none; tab-stops: 28.0pt 56.0pt 84.0pt 112.0pt 140.0pt 168.0pt 196.0pt 224.0pt 252.0pt 280.0pt 308.0pt 336.0pt; mso-layout-grid-align: none; text-autospace: none;"><span style="font-size: 11.0pt;"><!--[if !supportEmptyParas]--> <!--[endif]--></span></p>
MILIQUE
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BAKARY SANGARE LIT AIME CESAIRE: ”AFRIQUES”
tag:aumagmapresentdelecriture.hautetfort.com,2013-07-22:5119335
2013-07-22T05:10:00+02:00
2013-07-22T05:10:00+02:00
BAKARY SANGARE LIT AIME CESAIRE...
<p style="text-align: center;"><span style="font-family: arial black,avant garde; font-size: large;"><strong><iframe width="481" height="139" src="http://www.franceculture.fr/player/export-reecouter?content=4495219" frameborder="0" scrolling="no"></iframe></strong></span></p><p style="text-align: center;"> </p><p style="text-align: center;"><span style="font-family: arial black,avant garde; font-size: large; color: #0000ff;"><strong>BAKARY SANGARE </strong></span></p><p style="text-align: center;"><span style="font-family: arial black,avant garde; font-size: large;"><strong>LIT </strong></span></p><p style="text-align: center;"><span style="font-family: arial black,avant garde; font-size: large; color: #0000ff;"><strong>AIME CESAIRE</strong></span></p><p style="text-align: center;"><span style="font-family: arial black,avant garde; font-size: large; color: #008000;"><strong> "AFRIQUES" </strong></span></p><p style="text-align: center;"><span style="font-family: arial black,avant garde; font-size: large;"><strong>extrait du <span style="color: #008000;">Cahier d’un retour au pays natal </span></strong></span></p><p style="text-align: center;"><span style="font-family: arial black,avant garde; font-size: large;"><strong>suivi d’un extrait du poème </strong></span></p><p style="text-align: center;"><span style="font-family: arial black,avant garde; font-size: large; color: #008000;"><strong>"A l'Afrique"éric villenfin,</strong></span></p><p style="text-align: center;"> </p><p style="text-align: center;"><span style="font-family: arial black,avant garde; font-size: large; color: #993300;"><strong>"<em>Le choix de ces poèmes vient de ce que l’écriture d’Aimé Césaire évoque pour Bakary Sangaré : le combat perpétuel pour la quête de la liberté, la vigilance permanente pour maintenir cette Terre fragile, le don de sa voix, de sa plume, de son savoir pour ceux qui souffrent sans distinction de couleur, pour le bénéfice de la seule race humaine, la fin universelle.</em>" <span style="color: #0000ff;">Bakary Sangaré</span></strong></span></p><p style="text-align: center;"> </p><p style="text-align: center;"><span style="font-family: arial black,avant garde; font-size: large;"><strong>Prise de son, montage : <span style="color: #0000ff;">Eric Villenfin,</span> <span style="color: #0000ff;">Bastien Varigault, </span></strong></span></p><p style="text-align: center;"><span style="font-family: arial black,avant garde; font-size: large;"><strong>Assistante à la réalisation : <span style="color: #0000ff;">Chloé Mauduy</span></strong></span></p><p style="text-align: center;"><span style="font-family: arial black,avant garde; font-size: large;"><strong>Réalisation : <span style="color: #0000ff;">Catherine Lemire </span></strong></span></p><p style="text-align: center;"><span style="font-family: arial black,avant garde; font-size: large;"><strong>Poèmes choisis dans <span style="color: #008000;"><em>Cent poèmes d’Aimé Césaire</em>,</span> éditions Omnibus</strong></span></p>
MILIQUE
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TARY OWEN EVOQUE LES DEBUTS DE LA CHANTEUSE ...
tag:aumagmapresentdelecriture.hautetfort.com,2013-02-08:4981589
2013-02-08T23:54:00+01:00
2013-02-08T23:54:00+01:00
TARY OWEN EVOQUE LES DEBUTS DE LA CHANTEUSE ......
<p style="text-align: center;"><iframe width="425" height="319" frameborder="0" marginheight="0" marginwidth="0" scrolling="no" src="http://www.ina.fr/video/embed/P13010467/1019544/f6d4ef1e5d2a7f5359b350d693da3394/425/319/0"></iframe></p><p style="text-align: center;"> </p><p style="text-align: center;"> </p><h2 class="titre-propre" style="text-align: center;"><span style="font-family: arial black,avant garde; font-size: x-large;"><strong>TARY OWEN EVOQUE LES DEBUTS DE LA CHANTEUSE ...</strong></span></h2><p style="text-align: center;"><span style="color: #0000ff; font-family: arial black,avant garde; font-size: x-large;"><strong>Nocturne </strong></span></p><p style="text-align: center;"><span style="color: #000000; font-family: arial black,avant garde; font-size: medium;"><strong>28/08/1995 - 01min49s</strong></span></p><p style="text-align: center;"> </p><p style="text-align: center;"><span style="color: #339966; font-family: arial black,avant garde; font-size: large;"><strong>Interview de Tary OWEN, musicien et ami d'enfance de Janis JOPLIN, sur les débuts de la chanteuse. Sa puissance vocale et son timbre. Une révélation pour elle-même et son entourage.</strong></span></p><p style="text-align: center;"> </p><h3 class="titre-propre" style="text-align: center;"><span style="color: #000000; font-family: arial black,avant garde; font-size: medium;"><strong>Générique</strong></span></h3><fieldset><span style="color: #000000; font-family: arial black,avant garde; font-size: medium;"><strong><label>participant:</label></strong></span><div><span style="color: #000000; font-family: arial black,avant garde; font-size: medium;"><strong> Owen, Tary </strong></span></div></fieldset><fieldset class="dernier"><span style="color: #000000; font-family: arial black,avant garde; font-size: medium;"><strong><label>présentateur:</label></strong></span><div style="text-align: center;"><span style="color: #000000; font-family: arial black,avant garde; font-size: medium;"><strong> Vacher, Jeanne Martine </strong></span></div></fieldset><div class="bas"> </div>
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COUNTRY JOE MAC DONALD PARLE DE JANIS JOPLIN
tag:aumagmapresentdelecriture.hautetfort.com,2013-01-28:4970429
2013-01-28T19:24:00+01:00
2013-01-28T19:24:00+01:00
COUNTRY JOE MAC DONALD PARLE DE JANIS JOPLIN...
<p style="text-align: center;"><iframe width="425" height="319" frameborder="0" marginheight="0" marginwidth="0" scrolling="no" src="http://www.ina.fr/video/embed/P13010470/1019544/f6d4ef1e5d2a7f5359b350d693da3394/425/319/0"></iframe></p><p style="text-align: center;"> </p><h2 class="titre-propre" style="text-align: center;"><span style="font-family: arial black,avant garde; font-size: x-large;"><strong><span style="color: #0000ff;">COUNTRY JOE MAC DONALD</span> </strong></span></h2><h2 class="titre-propre" style="text-align: center;"><span style="font-family: arial black,avant garde; font-size: x-large;"><strong>PARLE DE </strong></span></h2><h2 class="titre-propre" style="text-align: center;"><span style="font-family: arial black,avant garde; font-size: x-large; color: #0000ff;"><strong>JANIS JOPLIN</strong></span></h2><h2 class="titre-propre" style="text-align: center;"><span style="font-family: arial black,avant garde; font-size: x-large;"><strong> 1</strong></span></h2><p style="text-align: center;"><span style="color: #000000; font-family: arial black,avant garde; font-size: large;"><strong>Nocturne</strong></span></p><p style="text-align: center;"><span style="font-family: arial black,avant garde; font-size: medium;"><strong>30/08/1995 - 01min35s</strong></span></p><p style="text-align: center;"> </p><p style="text-align: center;"><span style="color: #339966; font-family: arial black,avant garde; font-size: large;"><strong>Interview du chanteur rock Country Joe MC DONALD au sujet de Janis JOPLIN. Il évoque leur rencontre en 1966 à Berkeley, leur brève relation amoureuse, l'adéquation parfaite de Janis JOPLIN avec le groupe Big Brother and the Holding Company du point de vue musical. Son bonheur de vivre à cette époque dans l'ambiance psychédélique de la côte Ouest américaine. La créativité de Big Brother.</strong></span></p><p style="text-align: center;"> </p><h3 class="titre-propre" style="text-align: center;"><span style="color: #000000; font-family: arial black,avant garde; font-size: medium;"><strong>Générique</strong></span></h3><fieldset><span style="color: #000000; font-family: arial black,avant garde; font-size: medium;"><strong><label>participant:</label></strong></span><div><span style="color: #000000; font-family: arial black,avant garde; font-size: medium;"><strong> Mac Donald, Joe </strong></span></div></fieldset><fieldset class="dernier"><span style="color: #000000; font-family: arial black,avant garde; font-size: medium;"><strong><label>présentateur:</label></strong></span><div style="text-align: center;"><span style="color: #000000; font-family: arial black,avant garde; font-size: medium;"><strong> Vacher, Jeanne Martine </strong></span></div></fieldset>
MILIQUE
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Interview de Charlie CHAPLIN : son succès en France
tag:aumagmapresentdelecriture.hautetfort.com,2012-06-21:4750665
2012-06-21T15:55:00+02:00
2012-06-21T15:55:00+02:00
Interview de Charlie CHAPLIN : son succès en France 03min18 s...
<p style="text-align: center;"><iframe width="425" height="319" frameborder="0" marginheight="0" marginwidth="0" scrolling="no" src="http://www.ina.fr/video/embed/PHD86050398/1019544/f6d4ef1e5d2a7f5359b350d693da3394/425/319/0"></iframe></p><h2 class="titre-propre" style="text-align: center;"><span style="font-family: arial black,avant garde; font-size: x-large;"><strong>Interview de Charlie CHAPLIN : son succès en France</strong></span></h2><p style="text-align: center;"><span style="font-family: arial black,avant garde; font-size: small;"><strong>03min18</strong>s</span></p><p style="text-align: center;"><span style="font-family: arial black,avant garde; font-size: small;"><br /></span></p><p style="text-align: center;"><span style="color: #008000; font-family: arial black,avant garde; font-size: medium;"><strong>Enregistrement du discours de Charlie CHAPLIN venu présenter "Les lumières de la ville" (Limelight), dont la première projection européenne eut lieu à Paris. Charlie CHAPLIN évoque tout d'abord son succès en France. Il rappelle être venu à Paris il y a vingt et un ans. Il remercie tous ceux qui sont venus le rencontrer à l'aéroport, puis s'excuse de ne pas être plus drôle, se sachant traduit. Il voit là un problème que risque de poser son film : ce film, qui n'est pas muet, n'est peut être pas universel, mais il espère qu'il plaira. Il s'excuse encore de ne pas être plus drôle, puis remercie l'assistance.</strong></span></p><div class="bas"> </div>
MILIQUE
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Max BONNET à propos de Georges MELIES
tag:aumagmapresentdelecriture.hautetfort.com,2012-06-05:4740438
2012-06-05T16:14:00+02:00
2012-06-05T16:14:00+02:00
Max BONNET à propos de Georges MELIES Max Bonnet,...
<p style="text-align: center;"><iframe width="425" height="319" frameborder="0" marginheight="0" marginwidth="0" scrolling="no" src="http://www.ina.fr/video/embed/P12018152/1019544/f6d4ef1e5d2a7f5359b350d693da3394/425/319/0"></iframe> </p><h1 style="text-align: center;">Max BONNET à propos de Georges MELIES</h1><p> </p><p style="text-align: center;"><span style="color: #008000; font-family: arial black,avant garde; font-size: medium;"><strong>Max Bonnet, collaborateur de Georges Méliès, est interviewé par Nicole Dubreuilh. Il évoque les conditions de travail, les trucs du cinéaste pour adapter la vitesse de tournage, la préparation des décors.</strong></span></p>
Simone Alexandre
http://www.theatrauteurs.com/about.html
A quelques pas d'elle de et par Michèle Nguyen
tag:www.theatrauteurs.com,2008-09-18:1805645
2008-09-18T16:14:00+02:00
2008-09-18T16:14:00+02:00
LE TARMAC de la Villette Parc de la Villette, 221 av. Jean Jaurès...
<p><b>LE TARMAC</b> de la Villette</p> <p><a href="http://www.theatrauteurs.com/media/01/02/929509711.jpg" target="_blank"><img src="http://www.theatrauteurs.com/media/01/02/133715201.jpg" id="media-1284436" alt="Tarmac.jpg" style="border-width: 0; float: left; margin: 0.2em 1.4em 0.7em 0;" name="media-1284436" /></a></p> <p>Parc de la Villette, 221 av. Jean Jaurès 75019 PARIS</p> <p>Métro : Porte de Pantin</p> <p>loc. <b>01 40 03 93 95</b></p> <p>Tarifs : 16 & 12€</p> <p>www.letarmac.fr contact@letarmac.fr</p> <p><b>du 9 au 27 septembre 2008</b></p> <p>du mardi au vendredi à 20h.</p> <p>samedi à 16 et 20h.</p> <p>(relâche exceptionnelle,</p> <p>les 19 & 20 septembre.</p> <p> </p> <p>mise en scène : Alberto Garcia Sanchez</p> <p>prise de son : Didier Mélon & Michèle Nguyen.</p> <p><i>Seule en scène sur un plateau nu, d'une voix douce et mesurée Michèle Nguyen nous raconte sa quête de racines paternelles. Pour seul support, une bande son prise sur le vif, entendez sur place à Hanoï. Les bruits de la ville parviennent à nous tandis que l'odeur de l'encens et le fumet de la soupe aux nouilles font presque frémir nos narines ... Miracle de l'évocation !<br /> Pieds nus, elle touche à peine le sol quand elle avance et ses mains sont deux oiseaux graciles. Née en Algérie, ayant grandi en Belgique (patrie de sa mère) elle s'est rendue au Vietnam à deux reprises afin d'y puiser l'inspiration de ce spectacle qu'elle a écrit et qu'elle interprète sous nos yeux.<br /> Aucun pathos excessif, aucune tentative de récupération du spectateur, elle est là, tout simplement et il nous appartient de l'écouter avec le même potentiel d'attention et de réceptivité qu'elle avait quand elle se trouvait sur les lieux de sa narration.</i><br /> <br /> Simone Alexandre<br /> www.theatrauteurs.com</p>