Last posts on érasme2024-03-29T11:20:46+01:00All Rights Reserved blogSpirithttps://www.hautetfort.com/https://www.hautetfort.com/explore/posts/tag/érasme/atom.xmlXavier JASSUhttp://lapinos.hautetfort.com/about.htmlShakespeare et la Musiquetag:lapinos.hautetfort.com,2023-03-03:64312922023-03-03T23:51:00+01:002023-03-03T23:51:00+01:00 Je donne ci-dessous des extraits d'une étude d'une vingtaine de pages sur...
<p style="text-align: justify;"><strong><span style="font-size: 10pt;">Je donne ci-dessous des extraits d'une étude d'une vingtaine de pages sur SHAESPEARE & LA MUSIQUE à paraître prochainement dans une nouvelle revue littéraire ("La Revue Z" - pour + d'infos écrire à zebralefanzine@gmail.com).</span></strong></p><p style="text-align: justify;"><strong><span style="font-size: 10pt;">L'omniprésence de la musique dans le théâtre de Shakespeare (surtout les comédies) a valu au dramaturge anglais le surnom de "barde" ; nous montrons dans cette étude que Shakespeare développe un point de vue philosophique complet sur la musique, et qu'il ne s'est pas contenté de la mettre au service de sa dramaturgie.</span></strong></p><p style="text-align: justify;"><strong><span style="font-size: 10pt;">Intro</span></strong></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">Le retard de la France à traduire Shakespeare se double d’un retard à admettre le dramaturge anglais comme un philosophe à part entière ; m</span><span style="font-size: 10pt;">ais avant de nous pencher sur la place de la musique dans la philosophie de Shakespeare - philosophie qui recourt au procédé de la fable -, voyons d’abord pourquoi et comment Sh. incorpore la musique à sa dramaturgie.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">Les études savantes déclenchées par la présence -pour ne pas dire l’omniprésence de la musique dans le théâtre de Sh-, mentionnent d’emblée l’expansion de la musique au cours du règne d’Elisabeth I<sup>re</sup> ; cette expansion coïncide avec celle du théâtre en Angleterre. Dès le début du XVI<sup>e </sup>siècle, l’Angleterre a la réputation, entre toutes les nations d’Europe, de s’adonner à la musique avec un enthousiasme exceptionnel. On estime que la Renaissance anglaise est avant tout littéraire et musicale.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">Un érudit a dénombré mille références à la musique dans les pièces de Sh., dont une centaine de chansons ou ballades, tantôt inventées par l’auteur, tantôt puisées par lui dans le répertoire populaire de son temps.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">On ne s'attardera pas ici sur ce qui a été déjà exposé en détail par des spécialistes dans de nombreux articles dédiés à la musique au temps de Sh. ; nous en avons dit le minimum en préambule pour nous attacher à l’usage original de la musique par Sh., en tant que dramaturge, puis à son propos sur la musique en tant que métaphysique ; la musique eût en effet ce statut élevé dans l’Antiquité (les pièces de Sh. situées dans l’Antiquité y font plusieurs fois référence), mais aussi au Moyen-âge et à la Renaissance, du fait de l’appropriation par la culture occidentale de la culture antique.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">La musique dans le théâtre de Shakespeare n’est pas seulement ornementale ou destinée à le rendre plus attractif et populaire. Les moyens du théâtre public commercial, qui étaient ceux de Shakespeare, ne lui permettaient pas de rivaliser avec le théâtre de cour, beaucoup plus richement doté en musiciens et chanteurs qualifiés. Seule une poignée de musiciens et acteurs-chanteurs était employée par le théâtre du « Globe ».</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">Sh. met la musique au service de sa mise en scène, précédant ainsi l’usage par les metteurs en scène de cinéma d’accompagnements musicaux pour « créer une atmosphère » ou stimuler les sens du spectateur ; de surcroît les chansons qui émaillent les pièces (dont les mélodies se sont envolées avec le temps) jouent un rôle de révélateur des personnages, qui s’expriment ainsi sur un autre registre, moins conscient.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;"><strong>Plan de l'étude :</strong></span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;"><strong>- Une Comédie parfaite </strong></span><span style="font-size: 10pt;">(Etude de l’intrigue dédoublée et des personnages de « La Nuit des Rois ».)</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;"><strong>- Eloge de la Folie </strong></span><span style="font-size: 10pt;">(De l'importance de comprendre Erasme pour comprendre Shakespeare.)</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;"><strong>- La Musique démystifiée </strong></span><span style="font-size: 10pt;">(Sh. et la musique comme métaphysique.)</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;"><strong>- Miroir, mon beau miroir… </strong>(Sur les limites de l'anthropologie.)</span></p><p style="text-align: center;"><img id="media-6429697" style="margin: 0.7em 0;" title="" src="http://lapinos.hautetfort.com/media/02/02/3086122486.jpg" alt="revue z,shakespeare,érasme,métaphysique,musique,extrait,littéraire" /></p><p style="text-align: justify;"> </p>
Frédéric Tisonhttp://leslettresblanches.hautetfort.com/about.htmlLe médaillontag:leslettresblanches.hautetfort.com,2019-11-08:61879662019-11-08T05:05:00+01:002019-11-08T05:05:00+01:00 Hans Holbein le Jeune (vers...
<p> </p><p> </p><p> </p><p> </p><p style="text-align: center;"><img id="media-6052759" style="margin: 0.7em 0;" title="" src="http://leslettresblanches.hautetfort.com/media/00/02/3349576258.jpg" alt="SAM_4100 b.jpg" /></p><p> </p><p style="text-align: center;"><em><span style="font-size: 10pt; font-family: book antiqua, palatino, serif;">Hans Holbein le Jeune (vers 1497-1543), </span></em><span style="font-size: 10pt; font-family: book antiqua, palatino, serif;">Portrait d'Érasme de Rotterdam en médaillon <em>(vers 1532)</em></span><em><span style="font-size: 10pt; font-family: book antiqua, palatino, serif;">, <br />au musée des beaux-arts de Bâle, en Suisse,<br />photographie : octobre 2018.</span></em></p><p> </p><p> </p><p> </p><p> </p>
Frédéric Tisonhttp://leslettresblanches.hautetfort.com/about.htmlPortrait du Maître écrivanttag:leslettresblanches.hautetfort.com,2019-11-07:61871132019-11-07T05:21:00+01:002019-11-07T05:21:00+01:00 Hans Holbein le Jeune (vers 1497-1543),...
<p> </p><p> </p><p> </p><p style="text-align: center;"><img id="media-6051503" style="margin: 0.7em 0;" title="" src="http://leslettresblanches.hautetfort.com/media/01/00/171264932.jpg" alt="SAM_4097 b.jpg" /></p><p style="text-align: center;"> </p><p style="text-align: center;"><em><span style="font-size: 10pt; font-family: book antiqua, palatino, serif;">Hans Holbein le Jeune (vers 1497-1543), </span></em><span style="font-size: 10pt; font-family: book antiqua, palatino, serif;">Portrait d'Érasme de Rotterdam écrivant <em>(1523)</em></span><em><span style="font-size: 10pt; font-family: book antiqua, palatino, serif;"><br />(avec le reflet du photographe),<br />au musée des beaux-arts de Bâle, en Suisse,<br />photographie : octobre 2018.</span></em></p><p> </p><p> </p><p> </p><p> </p>
Frédéric Tisonhttp://leslettresblanches.hautetfort.com/about.htmlLivres amistag:leslettresblanches.hautetfort.com,2014-11-16:54911982014-11-16T19:11:00+01:002014-11-16T19:11:00+01:00 Tout récemment ont paru deux ouvrages, en...
<p> </p><p style="text-align: justify;"> </p><p style="text-align: justify;"> </p><p style="text-align: justify;"> </p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: book antiqua,palatino; font-size: medium;">Tout récemment ont paru deux ouvrages, en forme de "bilan", par deux de nos rares, et réels, <em>profonds</em> érudits contemporains : <em>Et dans l'éternité je ne m'ennuierai pas (Souvenirs),</em> de Paul Veyne, et <em>Un long samedi (Entretiens avec Laure Adler),</em> de George Steiner. Comme nous sommes loin, les lisant, des prétendus "débats d'actualité" ! La hauteur de leurs vues, leur universalité, leur intelligence et leur <em>bonté</em> tranchent largement avec la bêtise contente et l'animadversion revendiquée, hélas inévitables, de ce que nous entendons et lisons provenant de cénacles plus égoïstes ou indifférents les uns que les autres, et ennemis.</span></p><p style="text-align: justify;"> </p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: book antiqua,palatino; font-size: medium;">Mon Lecteur sait mon <a href="http://leslettresblanches.hautetfort.com/archive/2013/12/12/temp-905d4952b71db331c6f8678b207f92e0-5245285.html" target="_blank"><span style="text-decoration: underline;">admiration</span></a> pour <a href="http://leslettresblanches.hautetfort.com/archive/2013/12/14/l-erasme-d-holbein-5246481.html" target="_blank"><span style="text-decoration: underline;">Érasme</span></a>. Sans nécessairement comparer nos deux hommes à l'humaniste de Rotterdam et de Bâle, j'aime à penser que sa <a href="http://leslettresblanches.hautetfort.com/archive/2013/12/13/temp-ef9367fbb30b7c0df35d7b561ac547bf-5246047.html" target="_blank"><span style="text-decoration: underline;">pensée</span></a> se retrouve là, traversant les temps, et qu'il n'y a pas lieu d'être tout à fait pessimiste quant à la poursuite de l'<em>esprit</em>. </span></p><p style="text-align: justify;"> </p><p> </p><p> </p>
Frédéric Tisonhttp://leslettresblanches.hautetfort.com/about.htmlCes « nuages sur une paroi »tag:leslettresblanches.hautetfort.com,2013-12-27:52491772013-12-27T09:29:13+01:002013-12-27T09:29:13+01:00 Dans une lettre qu'il adresse à son fils (d'adoption ?)...
<p style="text-align: justify; padding-left: 30px;"><span style="font-family: book antiqua,palatino; font-size: small;"><span style="font-size: medium;"><br /></span></span></p><p style="text-align: justify; padding-left: 30px;"><span style="font-family: book antiqua,palatino; font-size: small;"><span style="font-size: medium;"><br /><br /></span></span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: book antiqua,palatino; font-size: small;"><span style="font-size: medium;">Dans une lettre qu'il adresse à son fils (d'adoption ?) Grégoire vers 390, le poète Ausone use d'une formule qui sera reprise par Érasme dans son <em>Adage 1338</em> (II., IV., 38) « Nebulae in pariete », et <a href="http://leslettresblanches.hautetfort.com/archive/2013/12/13/temp-ef9367fbb30b7c0df35d7b561ac547bf-5246047.html" target="_blank"><span style="text-decoration: underline;">dans son éloge de Dürer</span></a> : <br /></span></span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: book antiqua,palatino; font-size: small;"><span style="font-size: medium;"><br /></span></span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: book antiqua,palatino; font-size: small;"><span style="font-size: medium;">« As-tu jamais vu la nuée peinte sur la muraille [<em>nebulam pictam in pariete</em>] </span><span style="font-size: medium;">? Oui, tu l’as vue, et tu t’en souviens. C’est à Trèves, dans la salle d’Éole </span><span style="font-size: medium;">; c’est là qu’une peinture représente Cupidon mis en croix par des femmes amoureuses, non de celles de notre âge, qui pèchent sans regret, mais par des Héroïdes qui veulent se justifier, et punissent le dieu. Notre Virgile en a compté quelques-unes dans le champ des Pleurs</span><span style="font-size: medium;">. Le sujet et l’exécution de ce tableau me ravirent d’étonnement*».<br /><br /><br /></span><span style="font-size: medium;">Ces « nuages sur une paroi », traduction figurant dans les </span></span><span style="font-family: book antiqua,palatino; font-size: medium;"><em>Œuvres </em>de l'humaniste due à la collection "Bouquins", désigneraient des « choses insignifiantes, aussi impalpables que des songes »**. Jacques Chomarat, dans son édition des <span style="font-family: book antiqua,palatino; font-size: medium;"><em>Œuvres choisies, </em>renchérit et parle de « chose de rien, semblable à un songe »***.</span></span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: book antiqua,palatino; font-size: medium;"><br /></span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: book antiqua,palatino; font-size: medium;">Il me semble cependant que décrire comme une <em>chose insignifiante</em>, une <em>chose de rien</em>, cette atmosphère étrange, vague, qui se dégage des plus beaux tableaux, est faire peu de cas de l'art du peintre : si ce dernier a su déposer sur du bois, de la toile ou du papier quelque <em>air</em> indicible, « impalpable » certes, mais hautement perceptible par le spectateur, c'est qu'une sorte de grâce l'a accompagné dans son geste, et que l'œuvre vibre, de manière inexplicable : ceci est très loin d'être insignifiant. C'est au contraire la raison pour laquelle une œuvre nous touche, et demeure vivante (<em>signifiante</em>) à jamais. </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: book antiqua,palatino; font-size: medium;"><br /></span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: book antiqua,palatino; font-size: medium;">Reste le passage de la lettre d'Ausone, à propos de cette peinture perdue (je ne sais rien de plus fascinant que les descriptions de ces peintures englouties, par Philostrate de Lemnos dans ses <em>Images </em>ou par Pline dans le Livre XXXV de son <em>Histoire naturelle</em>), sur cette « nuée peinte sur la muraille » : nous savons qu'elle représente Cupidon crucifié par des femmes (motif inspiré par Ovide et Virgile, mettant en scène des femmes qui, abandonnées par l'être aimé, se vengent ainsi du dieu de l'Amour), mais qu'est-ce au juste que ces nuages, que cette paroi sur laquelle ils sont peints ? Il semble bien que l'expression doit être prise au pied de la lettre et qu'avant de désigner, chez Érasme, le détail vague ou l'atmosphère d'un tableau, elle fait référence à la représentation de nuages sur un mur. Ausone ne nous en dit pas plus. Cependant, il commence sa laconique description du tableau par cette mention : s'agissait-il de nuages particulièrement remarquables, des nuages à la <a href="http://frederictison.over-blog.com/article-la-nostalgie-dans-le-paysage-40159890.html" target="_blank"><span style="text-decoration: underline;">Ruysdael</span></a>, à la <a href="http://leslettresblanches.hautetfort.com/archive/2013/11/12/temp-1e5a7e79efee1c85605b6700938716d9-5219691.html" target="_blank"><span style="text-decoration: underline;">Georges Michel</span></a> ? Mais pourquoi ces nuages se reflétaient-ils sur une paroi ? S'agissait-il d'ombres de nuages, la paroi était-elle transparente ? Mais non, Ausone parle d'une muraille... S'agit-il d'une fresque ? Ou bien, ou bien ?... Aussi bien ne puis-je me représenter clairement ces nuages, de même que m'échappent les <a href="http://bible.evangiles.free.fr/bible%20illustrations%20dore/ezechiel%20prophetisant.htm" target="_blank"><span style="text-decoration: underline;">Quatre Vivants selon Ézéchiel</span></a>... Ce que la peinture échoue à représenter parfaitement selon l'écrit, c'est peut-être dans ces « nuages sur une paroi » qu'elle y parvient par un autre chemin, celui de la suggestion, de l'évocation lointaine, chemin qui est aussi celui de la peinture qu'on nomme, trop rapidement,<em> abstraite</em>. <br /></span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: book antiqua,palatino; font-size: medium;"><br /></span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: book antiqua,palatino; font-size: medium;"><br /></span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: book antiqua,palatino; font-size: medium;">_______________________<br /></span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: book antiqua,palatino; font-size: small;">* <a href="http://remacle.org/bloodwolf/historiens/ausone/table.htm" target="_blank">Traduction d'Étienne-François Corpet</a>, 1843. </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: book antiqua,palatino; font-size: medium;"><span style="font-size: small;">** Note 3 de la page 413 de ce volume.</span></span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: book antiqua,palatino; font-size: medium;"><span style="font-size: small;">*** Livre de poche, 1996, p. 919.</span></span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: book antiqua,palatino; font-size: medium;"><br /></span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: book antiqua,palatino; font-size: medium;"><br /></span></p>
Frédéric Tisonhttp://leslettresblanches.hautetfort.com/about.htmlPeindre la voixtag:leslettresblanches.hautetfort.com,2013-12-15:52460472013-12-15T11:38:40+01:002013-12-15T11:38:40+01:00 La lecture des ouvrages d'Érasme, excepté celle de L'Éloge...
<p style="text-align: justify;"> </p><p style="text-align: justify;"> </p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: book antiqua,palatino; font-size: medium;">La lecture des ouvrages d'Érasme, excepté celle de <em>L'Éloge de la Folie</em>, est assez austère, mais on trouve, dans ses <em>Adages</em> et ses <em>Colloques</em> notamment, de vrais trésors favorables au rêve et à la recherche. Dans le dialogue <em>De recta Latini Graecique sermonis pronuntiatione</em> (1528), dont le titre est peu engageant il est vrai, deux amis, Leo et Ursus, évoquent les œuvres d'Albert Dürer : <br /><br /></span></p><p style="text-align: justify; padding-left: 30px;"><span style="font-family: book antiqua,palatino; font-size: medium;">« [U<span style="font-size: small;">RSUS</span>.- :] Quant à Dürer, même si l'on doit l'admirer aussi dans d'autres domaines, que n'exprime-t-il pas dans le monochromatisme, je veux dire avec des lignes noires ! Ombres, lumières, éclats, reliefs et dépressions. En outre, grâce à son art de les agencer, ce n'est pas un aspect unique qu'il présente au regard des spectateurs. Il veille scrupuleusement aux proportions exactes et harmonieuses. Que dis-je ? Il peint même ce qui ne se laisse pas peindre, comme le feu, des rayons, des coups de tonnerre, des éclairs, ou même, comme on dit, des "nuages sur une paroi", des sensations et toutes sortes de passions, bref toute l'âme humaine, telle que la reflète l'apparence physique, et jusqu'à la voix même ! » *</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: book antiqua,palatino; font-size: medium;"><br /></span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: book antiqua,palatino; font-size: medium;">Ah ! Il me faudra revenir sur ces "nuages sur une paroi". Pour le moment me retient cette <em>peinture de la voix</em>, belle formule qui sous la plume d'Érasme est l'hommage d'un homme de lettres à l'image qui suggère : l'humaniste, afin de diffuser son message, avait eu recours, comme tous les hommes fameux de son temps, au portrait ; voilà ses portraits, celui qu'a laissé le pinceau d'Holbein, <a href="http://leslettresblanches.hautetfort.com/archive/2013/12/14/l-erasme-d-holbein-5246481.html" target="_blank"><span style="text-decoration: underline;">qu'on voit au Louvre</span></a>, ou <a href="http://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/b/b6/Quentin_Massys-_Erasmus_of_Rotterdam.JPG" target="_self">celui de Metsys</a>, qui est à Rome : ils demeurent gravés (ou devraient l'être) dans notre mémoire. On y reconnaît l'homme attentif, bienveillant, et tout en intériorité de ses livres ; on en contemple l'<em>aura</em>. Peut-être Érasme lui-même, contemplant les images que ses amis avaient fait de sa figure, reconnut-il que les peintres, à l'instar de Dürer, avaient su retenir la voix de leur modèle.<br /></span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: book antiqua,palatino; font-size: medium;"><br /></span></p><p style="text-align: justify;"> </p><p style="text-align: justify;">_________________________</p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: book antiqua,palatino; font-size: small;">* Érasme, [<em>Œuvres : </em>] <em>Éloge de la folie. Adages. Colloques. Réflexions sur l’art, l’éducation, la religion, la guerre, la philosophie. Correspondance.</em> Édition établie par Claude Blum, André Godin, Jean-Claude Margolin et Daniel Ménager. Paris : Robert Laffont, 1992, pp. 412-413. (coll. Bouquins)</span></p><p style="text-align: justify;"> </p><p style="text-align: justify;"> </p><p style="text-align: justify;"> </p>
Frédéric Tisonhttp://leslettresblanches.hautetfort.com/about.htmlL'Érasme d'Holbeintag:leslettresblanches.hautetfort.com,2013-12-15:52464812013-12-15T11:37:45+01:002013-12-15T11:37:45+01:00 Hans Holbein dit le Jeune...
<p style="text-align: center;"> </p><p style="text-align: center;"> </p><p style="text-align: center;"><img id="media-4365776" style="margin: 0.7em 0;" title="" src="http://leslettresblanches.hautetfort.com/media/02/02/2148344489.jpg" alt="frédéric tison,photographie,érasme,holbein" /> </p><p> </p><p style="text-align: center;"><em><span style="font-family: book antiqua,palatino; font-size: small;">Hans Holbein dit le Jeune (1497-1543), </span></em><span style="font-family: book antiqua,palatino; font-size: small;">Portrait d'Érasme</span><em><span style="font-family: book antiqua,palatino; font-size: small;"> (1523), </span></em><br /><em><span style="font-family: book antiqua,palatino; font-size: small;">Musée du Louvre, photographie : décembre 2013.</span></em></p><p> </p><p> </p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: book antiqua,palatino; font-size: small;">(La mauvaise qualité de ma photographie s'explique par le fait qu'il est très difficile de prendre la toile en photographie, celle-ci étant située dans un petit cabinet sombre, face à une fenêtre, et protégée par une vitre qui la laisse mal voir. Le photographe-amateur est souvent mis à l'épreuve, devant tant d'adversité !)</span></p><p style="text-align: justify;"> </p>
Frédéric Tisonhttp://leslettresblanches.hautetfort.com/about.htmlGloire d'Érasmetag:leslettresblanches.hautetfort.com,2013-12-12:52452852013-12-12T20:51:00+01:002013-12-12T20:51:00+01:00 Georges Minois, dans son excellente Histoire de la...
<p style="text-align: justify;"> </p><p style="text-align: justify;"> </p><p style="text-align: justify;"> </p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: book antiqua,palatino; font-size: medium;">Georges Minois, dans son excellente<em> Histoire de la célébrité</em> (excellente, comme tous ses livres ; c'est avec Paul Veyne, Maurice Lever et Michel Pastoureau, l'un des meilleurs historiens de notre temps), écrit que le personnage d'Érasme mériterait d'accéder à la célébrité contemporaine, si nous devions élire une figure incarnant l'idée belle de l'Europe, si celle-ci, renchérirai-je, avait un vrai visage, une vraie grandeur, si elle proposait à notre cœur et à nos regards autre chose que des décrets et des lois blêmes et mécaniques détachés de tout idéal, si elle était humaine en somme, si elle savait d'où elle vient. <br /></span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: book antiqua,palatino; font-size: medium;">L'historien, à ce propos, se demande qui connaît encore le grand humaniste. Mon Dieu, serait-ce vrai que peu de monde se souvienne de son nom ? Cela m'est étrange. Qu'Érasme, cet homme immense, l'un des hommes d'influence les plus bienveillants, honnêtes et lucides qui fussent en Europe, soit négligé de nos jours, est sans doute une catastrophe véritable, bien plus grave que tous les maux que décrivent à l'envi les contempteurs contemporains de notre modernité, ces politiciens, écrivains, philosophes, bien plus préoccupés, dans leur intérêt personnel ou en raison de leur propre impéritie, d'alimenter l'inquiétude médiocre des uns, ou d'entretenir l'identité vacillante des autres, que de renouveler l'esprit de l'Europe, lequel meurt aussi devant tant de défauts. </span></p><p style="text-align: justify;"> </p><p style="text-align: justify;"> </p><p style="text-align: justify;"> </p><p style="text-align: justify;"> </p>
Ratatoskhttp://euro-synergies.hautetfort.com/about.htmlL'IRONIE CONTRE LA “POLITICAL CORRECTNESS”tag:euro-synergies.hautetfort.com,2013-09-14:51613092013-09-14T00:05:00+02:002013-09-14T00:05:00+02:00 Robert Steuckers : L'IRONIE CONTRE LA “POLITICAL...
<p style="text-align: center;"><img id="media-4245115" style="margin: 0.7em 0;" title="" src="http://euro-synergies.hautetfort.com/media/01/02/976010817.jpg" alt="wandtattoo-humorvoll-ironie.jpg" /></p><p class="MsoNormal" style="text-align: left;"><span style="font-family: arial black,avant garde; font-size: large;"><strong><span style="color: #c0c0c0;"><span lang="FR">Robert Steuckers</span><span lang="FR">:<br /></span></span></strong></span></p><p class="MsoNormal" style="text-align: left;"><span style="font-family: arial black,avant garde; font-size: xx-large; color: #ff6600;"><strong><span lang="FR">L'IRONIE CONTRE LA “POLITICAL CORRECTNESS”</span></strong></span></p><p class="MsoNormal" style="text-align: left;"><span style="font-family: arial black,avant garde; font-size: large;"><strong><span style="color: #c0c0c0;"><span lang="FR">Université d'été de "Synergies Européennes", lundi 28 juillet 1997</span></span></strong></span></p><p class="MsoNormal" style="text-align: left;"><strong><span style="font-size: small; font-family: arial,helvetica,sans-serif; color: #c0c0c0;"><span lang="FR"><span style="font-family: arial black,avant garde; font-size: large;">Cercle Proudhon, Genève, décembre 1997</span><br /></span></span></strong></p><p class="MsoNormal" style="text-align: left;"><strong><span style="font-size: small; font-family: arial,helvetica,sans-serif; color: #c0c0c0;" lang="FR">Organiser un atelier de l'Université d'été sur l'ironie comme “arme” contre la “political correctness” est politiquement et métapolitiquement justifié.</span></strong></p><p class="MsoNormal" style="text-align: left;"><strong><span style="font-size: small; font-family: arial,helvetica,sans-serif; color: #c0c0c0;" lang="FR">En effet, quelle est l'origine de la “political correctness” (dorénavant en abrégé: PC)?</span></strong></p><p class="MsoNormal" style="text-align: left;"><strong><span style="font-size: small; font-family: arial,helvetica,sans-serif; color: #c0c0c0;" lang="FR">Aux Etats-Unis, dès la fin des années 70, le relativisme, la ruine des idéaux et des ressorts communautaires provoquent une réaction qui prend forme dans le livre de John Rawls, <em style="mso-bidi-font-style: normal;">A Theory of Justice</em> (1979). </span></strong></p><p class="MsoNormal" style="text-align: left;"><strong><span style="font-size: small; font-family: arial,helvetica,sans-serif; color: #c0c0c0;" lang="FR">Pour atteindre l'idéal de la justice, pour le concrétiser, il faut, entre autres choses:</span></strong></p><p class="MsoNormal" style="text-align: left;"><strong><span style="font-size: small; font-family: arial,helvetica,sans-serif; color: #c0c0c0;" lang="FR">- une philosophie normative</span></strong></p><p class="MsoNormal" style="text-align: left;"><strong><span style="font-size: small; font-family: arial,helvetica,sans-serif; color: #c0c0c0;" lang="FR">- des normes capables de revigorer les ressorts coopératifs et communautaires de la société.</span></strong></p><p class="MsoNormal" style="text-align: left;"><strong><span style="font-size: small; font-family: arial,helvetica,sans-serif; color: #c0c0c0;" lang="FR">- Or, la tendance générale de la philosophie anglo-saxonne avait été de dire que les normes n'avaient pas de sens.</span></strong></p><p class="MsoNormal" style="text-align: left;"><strong><span style="font-size: small; font-family: arial,helvetica,sans-serif; color: #c0c0c0;" lang="FR">Donc, à la veille de l'accession de Reagan à la présidence des Etats-Unis, on dit: «Il faut des normes».</span></strong></p><p class="MsoNormal" style="text-align: left;"><strong><span style="font-size: small; font-family: arial,helvetica,sans-serif; color: #c0c0c0;" lang="FR">Pour avoir des normes, deux solutions:</span></strong></p><p class="MsoNormal" style="text-align: left;"><strong><span style="font-size: small; font-family: arial,helvetica,sans-serif; color: #c0c0c0;" lang="FR">1. Adopter les idées de Rawls, et ainsi promouvoir la justice, la coopération, la communauté. Mais c'est incompatible avec le programme néo-libéral de Reagan.</span></strong></p><p class="MsoNormal" style="text-align: left;"><strong><span style="font-size: small; font-family: arial,helvetica,sans-serif; color: #c0c0c0;" lang="FR">2. Déclarer indépassables, les “valeurs” du libéralisme telles qu'elles avaient été fixées par Locke à la fin du 17ième siècle. C'est Nozick qui offre cette option dans son livre <em style="mso-bidi-font-style: normal;">Anarchy, State, Utopia</em> (1974). Pour Nozick, l'Etat doit protéger ces valeurs libérales anglo-saxonnes contre toutes les autres. </span></strong></p><p class="MsoNormal" style="text-align: left;"><strong><span style="font-size: small; font-family: arial,helvetica,sans-serif; color: #c0c0c0;" lang="FR">Toutes les autres? Cela fait beaucoup de choses! Beaucoup de choses à rejeter!</span></strong></p><p class="MsoNormal" style="text-align: left;"><strong><span style="font-size: small; font-family: arial,helvetica,sans-serif; color: #c0c0c0;" lang="FR">Avec Hobbes, la philosophie politique anglaise avait rejeté hors de son champs les controverses religieuses parce qu'elles menaient à la guerre civile (ère des neutralisations disait Carl Schmitt). </span></strong></p><p class="MsoNormal" style="text-align: left;"><strong><span style="font-size: small; font-family: arial,helvetica,sans-serif; color: #c0c0c0;" lang="FR">Avec les déistes (Charles Blount, John Toland, Matthew Tindal, Thomas Woolston), la raison doit oblitérer les parts obscures de la religion, pour qu'elles ne deviennent pas subitement incontrôlables. </span></strong></p><p class="MsoNormal" style="text-align: left;"><strong><span style="font-size: small; font-family: arial,helvetica,sans-serif; color: #c0c0c0;" lang="FR">Comme on est en Europe, les déistes acceptent le christianisme par commoditié (sans y croire), mais ce christianisme signifie:</span></strong></p><p class="MsoNormal" style="text-align: left;"><strong><span style="font-size: small; font-family: arial,helvetica,sans-serif; color: #c0c0c0;" lang="FR">- un christianisme raisonnable (sans excès, sans fanatisme, etc.);</span></strong></p><p class="MsoNormal" style="text-align: left;"><strong><span style="font-size: small; font-family: arial,helvetica,sans-serif; color: #c0c0c0;" lang="FR">- le déisme a pour objectif de "raisonnabiliser" le christianisme (et toute la sphère religieuse);</span></strong></p><p class="MsoNormal" style="text-align: left;"><strong><span style="font-size: small; font-family: arial,helvetica,sans-serif; color: #c0c0c0;" lang="FR">- religion et "bon sens" doivent coïncider;</span></strong></p><p class="MsoNormal" style="text-align: left;"><strong><span style="font-size: small; font-family: arial,helvetica,sans-serif; color: #c0c0c0;" lang="FR">- il ne peut pas y avoir d'opposition entre religion et “bon sens "; </span></strong></p><p class="MsoNormal" style="text-align: left;"><strong><span style="font-size: small; font-family: arial,helvetica,sans-serif; color: #c0c0c0;" lang="FR">- il faut évacuer les mystères, car ils sont incontrôlables.</span></strong></p><p class="MsoNormal" style="text-align: left;"><strong><span style="font-size: small; font-family: arial,helvetica,sans-serif; color: #c0c0c0;" lang="FR">- les institutions religieuses doivent être "tranquilles”;</span></strong></p><p class="MsoNormal" style="text-align: left;"><strong><span style="font-size: small; font-family: arial,helvetica,sans-serif; color: #c0c0c0;" lang="FR">- miracles et autres "absurdités" du Nouveau Testament sont purement "symboliques".</span></strong></p><p class="MsoNormal" style="text-align: left;"><strong><span style="font-size: small; font-family: arial,helvetica,sans-serif; color: #c0c0c0;" lang="FR">John Butler, issu du filon aristotélo-thomiste médiéval répond à l'époque aux déistes:</span></strong></p><p class="MsoNormal" style="text-align: left;"><strong><span style="font-size: small; font-family: arial,helvetica,sans-serif; color: #c0c0c0;" lang="FR">- l'homme est un "être insuffisant", "imparfait", il présente donc ontologiquement des lacunes, il est quelques fois ontologiquement "absurde";</span></strong></p><p class="MsoNormal" style="text-align: left;"><strong><span style="font-size: small; font-family: arial,helvetica,sans-serif; color: #c0c0c0;" lang="FR">- l'homme a besoin de béquilles culturelles, dont, surtout, un système de normes, de fins. Ce système doit certes être logique, mais pas complètement accessible à notre raison. </span></strong></p><p class="MsoNormal" style="text-align: left;"><strong><span style="font-size: small; font-family: arial,helvetica,sans-serif; color: #c0c0c0;" lang="FR">C'est dans le contexte de cette <em style="mso-bidi-font-style: normal;">disputatio</em> entre les déistes et Butler qu'il faut replacer deux grands maîtres de l'ironie:</span></strong></p><p class="MsoNormal" style="text-align: left;"><strong><span style="font-size: small; font-family: arial,helvetica,sans-serif; color: #c0c0c0;" lang="FR">- John Arbuthnot (1667-1735) et</span></strong></p><p class="MsoNormal" style="text-align: left;"><strong><span style="font-size: small; font-family: arial,helvetica,sans-serif; color: #c0c0c0;" lang="FR">- Jonathan Swift (1667-1745).</span></strong></p><p class="MsoNormal" style="text-align: left;"><strong><span style="font-size: small; font-family: arial,helvetica,sans-serif; color: #c0c0c0;" lang="FR">John Arbuthnot, ami et inspirateur de Swift est médecin et mathématicien. Il n'écrira pas de livre qui fera date, sauf peut-être son <em style="mso-bidi-font-style: normal;">Martinus Scliberus, </em>satire exagérant les défauts des hommes réels. Qui souligne l'inadéquation entre la théorie idéale de l'homme et l'homme de chair, de sang, de vice et de stupre. </span></strong></p><p class="MsoNormal" style="text-align: left;"><strong><span style="font-size: small; font-family: arial,helvetica,sans-serif; color: #c0c0c0;" lang="FR">L'ironie d'Arbuthnot se retrouvera dans le maître-ouvrage de Swift: <em style="mso-bidi-font-style: normal;">Gulliver's Travels</em> (= Les voyages de Gulliver). </span></strong></p><p class="MsoNormal" style="text-align: left;"><strong><span style="font-size: small; font-family: arial,helvetica,sans-serif; color: #c0c0c0;" lang="FR">Première remarque sur les “Voyages de Gulliver": on croit que c'est un livre pour les enfants; effectivement une masse de versions édulcorées de ce livre existent à l'usage des enfants. Mais faisons nôtre cette remarque de Maurice Bouvier-Ajam: «Que d'éditions abêties, mutilées, trahies pour "plaire" au jeune lecteur! Et de quelles joies cette mutilation de l'œuvre ne prive-t-elle pas l'adulte, trompé et blasé prématurément... et frauduleusement...».</span></strong></p><p class="MsoNormal" style="text-align: left;"><strong><span style="font-size: small; font-family: arial,helvetica,sans-serif; color: #c0c0c0;" lang="FR">D'Arbuthnot, Swift reprend:</span></strong></p><p class="MsoNormal" style="text-align: left;"><strong><span style="font-size: small; font-family: arial,helvetica,sans-serif; color: #c0c0c0;" lang="FR">- la pratique de la physiognomie, c'est-à-dire un mode d'arraisonnement du réel et plus particulièrement du grotesque qui lui est inhérent (à mettre en parallèle avec les “Caractères” de La Bruyère et avec le "regard physiognomique" de Jünger);</span></strong></p><p class="MsoNormal" style="text-align: left;"><strong><span style="font-size: small; font-family: arial,helvetica,sans-serif; color: #c0c0c0;" lang="FR">- la pratique de l'humour et du sarcasme;</span></strong></p><p class="MsoNormal" style="text-align: left;"><strong><span style="font-size: small; font-family: arial,helvetica,sans-serif; color: #c0c0c0;" lang="FR">- un point de vue physique (physiologique au sens nietzschéen, participant de la “révolte des corps" et de la <em style="mso-bidi-font-style: normal;">Leiblichkeit). </em></span></strong></p><p class="MsoNormal" style="text-align: left;"><strong><span style="font-size: small; font-family: arial,helvetica,sans-serif; color: #c0c0c0;" lang="FR">- un rationalisme moqueur et non constructiviste, moralisateur, pédant;</span></strong></p><p class="MsoNormal" style="text-align: left;"><strong><span style="font-size: small; font-family: arial,helvetica,sans-serif; color: #c0c0c0;" lang="FR">- l'idée d'un rationalisme comme "humilité de l'intelligence". </span></strong></p><p class="MsoNormal" style="text-align: left;"> </p><p style="text-align: center;"><img id="media-4245120" style="margin: 0.7em 0;" title="" src="http://euro-synergies.hautetfort.com/media/02/01/3966273208.jpg" alt="Jonathan-Swift.jpg" /></p><p class="MsoNormal"><strong><span style="font-size: small; font-family: arial,helvetica,sans-serif; color: #c0c0c0;" lang="FR">Souvent, la "raison", dans le contexte de la modernité européenne, est "révolutionnaire" parce qu'elle abat les irrationalités stabilisantes de la société en place, pour les remplacer par de nouveaux édifices raisonnables mais rigides (querelle des déistes). </span></strong></p><p class="MsoNormal" style="text-align: left;"><strong><span style="font-size: small; font-family: arial,helvetica,sans-serif; color: #c0c0c0;" lang="FR">Face à cette rationalité moderne, la rationalité de Swift:</span></strong></p><p class="MsoNormal" style="text-align: left;"><strong><span style="font-size: small; font-family: arial,helvetica,sans-serif; color: #c0c0c0;" lang="FR">- n'est pas un irrationalisme conservateur articulé pour répondre aux déistes ou aux rationalistes</span></strong></p><p class="MsoNormal" style="text-align: left;"><strong><span style="font-size: small; font-family: arial,helvetica,sans-serif; color: #c0c0c0;" lang="FR">- mais une moquerie qui fragilise toutes les conventions, y compris anticipativement, celles des rationalistes.</span></strong></p><p class="MsoNormal" style="text-align: left;"><strong><span style="font-size: small; font-family: arial,helvetica,sans-serif; color: #c0c0c0;" lang="FR">Swift:</span></strong></p><p class="MsoNormal" style="text-align: left;"><strong><span style="font-size: small; font-family: arial,helvetica,sans-serif; color: #c0c0c0;" lang="FR">- raille les fanatismes des catholiques et des sectes protestantes "non conformistes";</span></strong></p><p class="MsoNormal" style="text-align: left;"><strong><span style="font-size: small; font-family: arial,helvetica,sans-serif; color: #c0c0c0;" lang="FR">- se révolte contre les ambitions constructivistes des déistes;</span></strong></p><p class="MsoNormal" style="text-align: left;"><strong><span style="font-size: small; font-family: arial,helvetica,sans-serif; color: #c0c0c0;" lang="FR">- dresse une pathologie des "Etats mystiques", qui ne camouflent, derrière leurs discours sublimes, que des turpitudes, des désirs inavoués de stupre ou de richesse.</span></strong></p><p class="MsoNormal" style="text-align: left;"><strong><span style="font-size: small; font-family: arial,helvetica,sans-serif; color: #c0c0c0;" lang="FR">- démontre que les discours des sectes protestantes (Quakers, Rauters, Huguenots extrémistes) sont des "convulsions", des "fermentations troubles de l'animalité" (Cf. <em style="mso-bidi-font-style: normal;">A Tale of a Tub. Discourse Concerning the Mechanical Operation of the Spirit). </em></span></strong></p><p class="MsoNormal" style="text-align: left;"><strong><span style="font-size: small; font-family: arial,helvetica,sans-serif; color: #c0c0c0;" lang="FR">Dans <em style="mso-bidi-font-style: normal;">The Battle of Books,</em> on trouve une critique acerbe du rationalisme car celui-ci est:</span></strong></p><p class="MsoNormal" style="text-align: left;"><strong><span style="font-size: small; font-family: arial,helvetica,sans-serif; color: #c0c0c0;" lang="FR">- ambitieux;</span></strong></p><p class="MsoNormal" style="text-align: left;"><strong><span style="font-size: small; font-family: arial,helvetica,sans-serif; color: #c0c0c0;" lang="FR">- insolent;</span></strong></p><p class="MsoNormal" style="text-align: left;"><strong><span style="font-size: small; font-family: arial,helvetica,sans-serif; color: #c0c0c0;" lang="FR">- inacceptablement hostile à l'égard de la "gloire des Anciens";</span></strong></p><p class="MsoNormal" style="text-align: left;"><strong><span style="font-size: small; font-family: arial,helvetica,sans-serif; color: #c0c0c0;" lang="FR">- une activité théorique stérile (Cf. le Royaume de Laputa). </span></strong></p><p class="MsoNormal" style="text-align: left;"><strong><span style="font-size: small; font-family: arial,helvetica,sans-serif; color: #c0c0c0;" lang="FR">Swift prévoit déjà: «La fièvre de la spéculation, de l'enquête rationnelle, et, déjà, du progrès mécanique, que la société qui lui est contemporaine exhibe déjà; il la présente comme l'ardeur agitée de cerveaux surchauffés, dans lesquels se bousculent toutes sortes de "projets" et d'inventions, autant de chimères sans queue ni tête» (Legouis/Cazamian, p. 762). </span></strong></p><p class="MsoNormal" style="text-align: left;"><strong><span style="font-size: small; font-family: arial,helvetica,sans-serif; color: #c0c0c0;" lang="FR">L'homme est par essence vil et corrompu. Pour y remédier:</span></strong></p><p class="MsoNormal" style="text-align: left;"><strong><span style="font-size: small; font-family: arial,helvetica,sans-serif; color: #c0c0c0;" lang="FR">- Hobbes avait prévu un contrat et l'érection du Léviathan;</span></strong></p><p class="MsoNormal" style="text-align: left;"><strong><span style="font-size: small; font-family: arial,helvetica,sans-serif; color: #c0c0c0;" lang="FR">- Locke avait forgé l'idée du contrat démocratique moderne et préconisé, à la suite des déistes, d'"expurger les mystères";</span></strong></p><p class="MsoNormal" style="text-align: left;"><strong><span style="font-size: small; font-family: arial,helvetica,sans-serif; color: #c0c0c0;" lang="FR">- Swift reste un pessimiste fondamental:</span></strong></p><p class="MsoNormal" style="text-align: left;"><strong><span style="font-size: small; font-family: arial,helvetica,sans-serif; color: #c0c0c0;" lang="FR">- le contrat ne changera pas la nature humaine;</span></strong></p><p class="MsoNormal" style="text-align: left;"><strong><span style="font-size: small; font-family: arial,helvetica,sans-serif; color: #c0c0c0;" lang="FR">- le contrat ne sera toujours que provisoire;</span></strong></p><p class="MsoNormal" style="text-align: left;"><strong><span style="font-size: small; font-family: arial,helvetica,sans-serif; color: #c0c0c0;" lang="FR">- ni mystères de la religion ni noirceurs de l'âme humaine ne sont éradicables.</span></strong></p><p class="MsoNormal" style="text-align: left;"><strong><span style="font-size: small; font-family: arial,helvetica,sans-serif; color: #c0c0c0;" lang="FR">Chez Swift, nous découvrons un rejet de toutes les affirmations générales [qui prendra ultérieurement des formes très diverses: chez Herder, chez les Romantiques allemands, chez Jünger (cf. sa définition du "nationalisme" comme révolte du particulier contre le général), dans la révolte diffuse depuis Foucault contre les affirmations générales actuelles].</span></strong></p><p class="MsoNormal" style="text-align: left;"><strong><span style="font-size: small; font-family: arial,helvetica,sans-serif; color: #c0c0c0;" lang="FR">Avec Swift démarre aussi la tradition littéraire anglaise de la "contre-utopie”.</span></strong></p><p class="MsoNormal" style="text-align: left;"><strong><span style="font-size:
Solkohttp://solko.hautetfort.com/about.htmlA cheval & en latintag:solko.hautetfort.com,2009-09-24:23774982009-09-24T06:28:00+02:002009-09-24T06:28:00+02:00 Le 9 juin 1508, Erasme rédige une lettre à son vieux pote Thomas More,...
<p class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;"><span style="color: #000000;"><span style="font-family: "Cambria","serif"; font-size: 12pt;"><span style="font-family: "Cambria","serif"; font-size: 12pt;">Le 9 juin 1508, Erasme rédige une lettre à son vieux pote Thomas More, pour lui signifier qu’il vient d’écrire, <b style="mso-bidi-font-weight: normal;"><i style="mso-bidi-font-style: normal;">à cheval et en latin</i></b> un texte à propos « des études qui leur sont communes », J’eus, dit-il, l’idée de «composer par jeu un éloge de la Folie ». L’idée, plus vaillante et originale encore, fut de confier son propre éloge à Folie elle-même. Ce que souligne l’incipit en majuscules : C’EST LA FOLIE QUI PARLE.</span></span></span></p> <p class="MsoNormal" style="text-align: justify; margin: 0cm 0cm 0pt;"><span style="color: #000000;"> </span></p> <p class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;"><span style="color: #000000;"><span style="font-family: "Cambria","serif"; font-size: 12pt;"><span style="color: #000000;">Folie qui se déclare, dès le chapitre VII, fille de Plutus, « <i style="mso-bidi-font-style: normal;">géniteur unique des hommes et des dieux, n’en déplaise à Homère et à Hésiode</i> » et de la nymphe Hébé (la Jeunesse), entre ainsi dans le Panthéon des Humanistes. A partir de 1511, son éloge connait notamment plusieurs éditions à Lyon chez Sébastien Gryphe. Quelques années plus tard (1555), Jean de Tournes publie le <i>Débat de Folie & d'Amour</i> d'une lectrice attentive d'Erasme, Louise Labé.</span></span></span></p> <p class="MsoNormal" style="text-align: justify; margin: 0cm 0cm 0pt;"><span style="color: #000000;"> </span></p> <p class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;"><span style="color: #000000;"><span style="font-family: "Cambria","serif"; font-size: 12pt;"><span style="color: #000000;">Il s’agit d’un ouvrage d'imitation néo-platonicien, conte mythologique plaisant traitant sous la forme d’un procès entre <i style="mso-bidi-font-style: normal;">Amour</i> et <i style="mso-bidi-font-style: normal;">Folie</i> (dont les avocats respectifs sont Apollon et Mercure) des aspects conflictuels de la passion et du désir. Le conte met par ailleurs en scène de façon allégorique et fort originale la sociabilité lyonnaise de l'époque.</span></span></span></p> <p class="MsoNormal" style="text-align: justify; margin: 0cm 0cm 0pt;"><span style="color: #000000;"> </span></p> <p class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;"><span style="color: #000000;"><span style="font-family: "Cambria","serif"; font-size: 12pt;"><span style="color: #000000;">Avec cette imitation, voici donc désormais Folie admise au banquet des dieux. Et l'on connait le jugement de Jupiter, suite au différend que la dame a eu avec Amour : « <i>Et guidera Folie l'aveugle Amour, et le conduira par tout ou bon lui semblera</i> ». Jugement ambigu puisque la référence du pronom <i style="mso-bidi-font-style: normal;">lui</i> (Amour ou Folie ?) demeure floue : d’elle ou de lui, quel est celui qui devra conduire l’autre ?</span></span></span></p> <p class="MsoNormal" style="text-align: justify; margin: 0cm 0cm 0pt;"><span style="color: #000000;"> </span></p> <p class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;"><span style="color: #000000;"><span style="font-family: "Cambria","serif"; font-size: 12pt;"><span style="color: #000000;">Cet <i style="mso-bidi-font-style: normal;">Eloge de la Folie</i> aura donc été l’un des plus gros succès de librairie, l’une des meilleures « ventes » du XVIème siècle, l’une des fatrasies les plus appréciées et les plus imitées du lectorat de l'époque. Bref : ce qu'on nomme à présent <i>best-seller</i>.</span></span></span></p> <p class="MsoNormal" style="text-align: justify; margin: 0cm 0cm 0pt;"><span style="color: #000000;"> </span></p> <p class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;"><span style="color: #000000;"><span style="font-family: "Cambria","serif"; font-size: 12pt;"><span style="color: #000000;">C’est l’un des petits privilèges de ce métier curieux que j’exerce d’être, par la nécessité de « préparer des cours » conduit régulièrement à la (re)lecture des ouvrages du passé.</span></span></span></p> <p class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;"><span style="color: #000000;"><span style="font-family: "Cambria","serif"; font-size: 12pt;">Ainsi, tandis que les « critiques littéraires » doivent se farcir les stars de la rentrée éditoriale, les Beigbeder, NDiaye, Chalandon, Toussaint ou Mauvignier, c’est en compagnie de Rabelais, Marguerite de Navarre, More, Montaigne et Erasme que je fais ma rentrée automnale</span><span style="font-family: "Verdana","sans-serif"; font-size: 8.5pt;">.</span> <b style="mso-bidi-font-weight: normal;"><i style="mso-bidi-font-style: normal;"><span style="font-family: "Cambria","serif"; font-size: 12pt;">A cheval</span></i></b><span style="font-family: "Cambria","serif"; font-size: 12pt;">, le plus souvent, je dois le dire, tant ces (re)lectures tiennent plus du papillonnage que de l’immersion absolue. Et <b style="mso-bidi-font-weight: normal;"><i style="mso-bidi-font-style: normal;">en latin</i></b>, tant on ne cesse de s’étonner à quel point les grands textes littéraires sont, pour le lectorat contemporain – et pas seulement les adolescents il faut en convenir – devenus lettres mortes.</span></span></p> <p class="MsoNormal" style="text-align: justify; margin: 0cm 0cm 0pt;"><span style="color: #000000;"> </span></p> <p class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;"><span style="color: #000000;"><i style="mso-bidi-font-style: normal;"><span style="font-family: "Cambria","serif"; font-size: 12pt;">A cheval</span></i><span style="font-family: "Cambria","serif"; font-size: 12pt;">. Et <i style="mso-bidi-font-style: normal;">en latin</i> : L’attelage n’est certes plus trop au goût du jour ; c’est tant mieux. Me demande bien de quel œil sarcastique et distant Erasme et sa redoutable Folie observeraient la rentrée si communément marchande qui amène chez les libraires des piles d’ouvrages déjà programmés pour finir leur vie en cartons de pizzas. L’une des vertus de cette satire étant de nous faire aimer ce qu’elle tourne en dérision, à savoir la folie des hommes, nul doute qu’en son plat farci, chacun en son assiette trouverait à déguster pour son compte.</span></span></p> <p class="MsoNormal" style="text-align: justify; margin: 0cm 0cm 0pt;"><span style="color: #000000;"> </span></p> <p class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;"><span style="color: #000000;"><span style="font-family: "Cambria","serif"; font-size: 12pt;">A propos de tous les écrivains Folie ne déclare-t-elle pas, au chapitre L de son propre éloge : « <i style="mso-bidi-font-style: normal;">Tous me doivent énormément, surtout ceux qui griffonnent sur le papier de pures balivernes.</i> » ?</span> <b style="mso-bidi-font-weight: normal;"><i><span style="font-family: "Cambria","serif"; font-size: 12pt;">Goncourt, Renaudot, Femina</span></i></b><span style="font-family: "Cambria","serif"; font-size: 12pt;">… à l’heure des premières sélections, et tandis qu'on ne sait quel éditeur et quel auteur emporteront cette année le pactole, saluons une fois encore, et indiscutablement, <i style="mso-bidi-font-style: normal;">Folie</i> notre mère à toutes et à tous, qui règne sans partage sur la grande foire d’empoigne et le grand marché aux vanités :</span></span></p> <p> </p> <div style="text-align: center"><span style="font-family: "Cambria","serif"; font-size: 12pt; mso-ascii-theme-font: major-latin; mso-hansi-theme-font: major-latin;"><img src="http://solko.hautetfort.com/media/01/01/684926515.jpg" alt="erasme.jpg" name="media-1987765" id="media-1987765" style="border-width: 0; margin: 0.7em 0;" /></span></div> <div style="text-align: center"></div> <div style="text-align: justify;"> <p class="MsoNormal" style="text-align: justify; margin: 0cm 0cm 0pt;"> </p> <p class="MsoNormal" style="text-align: justify; margin: 0cm 0cm 0pt;"><span style="font-family: "Cambria","serif"; font-size: 12pt; mso-ascii-theme-font: major-latin; mso-hansi-theme-font: major-latin;"><span style="font-family: "Cambria","serif"; font-size: 12pt; mso-ascii-theme-font: major-latin; mso-hansi-theme-font: major-latin; mso-fareast-font-family: 'Times New Roman'; mso-bidi-font-family: 'Times New Roman';"><span style="color: #993300;"><b>« <i style="mso-bidi-font-style: normal;">Voyez-les plastronner sous les éloges, et montrés du doigt par la foule : Le voilà, cet homme fameux ! Les libraires les exposent en belle place ; au titre de leurs ouvrages se lisent trois noms, le plus souvent étrangers ou cabalistiques. (…) Le fin du fin est de s’accabler d’éloges réciproques en épitres et pièces de vers. C’est la glorification du fou par le fou, de l’ignorant par l’ignorant. Celui qui vous dit supérieur à Cicéron, vous le déclarez plus savant que Platon. On se cherche parfois un adversaire pour grandir sa réputation par une bataille. Deux parties contraires se forgent dans le public ; les deux chefs combattent à merveille, sont tous deux vainqueurs et célèbrent leur victoire. Les sages se moquent à bon droit de cette extrême folie. Je ne la nie pas. Mais en attendant, j’ai fait des heureux qui ne changeraient pas leur triomphe pour ceux des Scipions</i>. »</b></span></span></span></p> <p align="right" class="MsoNormal" style="text-align: right; margin: 0cm 0cm 0pt;"><span style="font-family: "Cambria","serif"; mso-ascii-theme-font: major-latin; mso-hansi-theme-font: major-latin; mso-fareast-font-family: 'Times New Roman'; mso-bidi-font-family: 'Times New Roman';"><span style="color: #800000;"><b>Erasme, <i style="mso-bidi-font-style: normal;">Eloge de la Folie</i> (L)</b></span></span></p> </div>