Last posts on épicure2024-03-28T23:32:14+01:00All Rights Reserved blogSpirithttps://www.hautetfort.com/https://www.hautetfort.com/explore/posts/tag/épicure/atom.xmlCafé philosophique de Montargishttp://cafephilosophique-montargis.hautetfort.com/about.htmlEpicure : Certain désirs sont naturels...tag:cafephilosophique-montargis.hautetfort.com,2023-05-21:64429752023-05-21T00:00:00+02:002023-05-21T00:00:00+02:00 Il est également à considérer que certains d'entre les désirs sont...
<p><img src="http://cafephilosophique-montargis.hautetfort.com/media/02/00/3344819692.jpg" id="media-6446843" alt="" /></p><blockquote><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">Il est également à considérer que certains d'entre les désirs sont naturels, d'autres vains, et si certains des désirs naturels sont contraignants, d'autres ne sont... que naturels. Parmi les désirs contraignants, certains sont nécessaires au bonheur, d'autres à la tranquillité durable du corps, d'autres à la vie même. Or, une réflexion irréprochable à ce propos sait rapporter tout choix et rejet à la santé du corps et à la sérénité de l'âme, puisque tel est le but de la vie bienheureuse. C'est sous son influence que nous faisons toute chose, dans la perspective d'éviter la souffrance et l'angoisse. Quand une bonne fois cette influence a établi sur nous son empire, toute tempête de l'âme se dissipe, le vivant n'ayant plus à courir comme après l'objet d'un manque ni à rechercher cet autre par quoi le bien de l'âme et du corps serait comblé. C'est alors que nous avons besoin de plaisir : quand le plaisir nous torture par sa non-présence. Autrement, nous ne sommes plus sous la dépendance du plaisir.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">Voilà pourquoi nous disons que le plaisir est le principe et le but de la vie bienheureuse. C'est lui que nous avons reconnu comme bien premier, né avec la vie. C'est de lui que nous recevons le signal de tout choix et rejet. C'est à lui que nous aboutissons comme règle, en jugeant tout bien d'après son impact sur notre sensibilité. Justement parce qu'il est le bien premier et né avec notre nature, nous ne bondissons pas sur n'importe quel plaisir : il existe beaucoup de plaisirs auxquels nous ne nous arrêtons pas, lorsqu'ils impliquent pour nous une avalanche de difficultés. Nous considérons bien des douleurs comme préférables à des plaisirs, dès lors qu'un plaisir pour nous plus grand doit suivre des souffrances longtemps endurées. Ainsi tout plaisir, par nature, a le bien pour intime parent, sans pour autant devoir être cueilli. Symétriquement, toute espèce de douleur est un mal, sans que toutes les douleurs soient à fuir obligatoirement.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">C'est à travers la confrontation et l'analyse des avantages et désavantages qu'il convient de se décider à ce propos. Provisoirement, nous réagissons au bien selon les cas comme à un mal, ou inversement au mal comme à un bien.</span></p><p style="text-align: right;"><span style="font-size: 10pt;"> Épicure, <em>Lettre à Ménécée </em>(IVe s. av. JC)</span></p><p style="text-align: right;"><span style="font-size: 8pt;"><em>Photo : Pexels - Bruna Gabrielle Félix</em></span></p></blockquote>
Ratatoskhttp://euro-synergies.hautetfort.com/about.htmlL'hédonisme autarcique de l'école cyrénaïquetag:euro-synergies.hautetfort.com,2022-02-05:63622122022-02-05T14:37:46+01:002022-02-05T14:37:46+01:00 L'hédonisme autarcique de l'école cyrénaïque Écrit par...
<p style="text-align: center;"><span style="color: #999999;"><strong><span style="font-size: 12pt; font-family: arial, helvetica, sans-serif;"><img id="media-6331478" style="margin: 0.7em 0px;" title="" src="http://euro-synergies.hautetfort.com/media/01/01/3362794159.jpg" alt="antisthene.jpg" width="467" height="467" /></span></strong></span></p><p><span style="color: #ff6600; font-size: 24pt; font-family: 'arial black', sans-serif;"><strong>L'hédonisme autarcique de l'école cyrénaïque</strong></span></p><p><span style="color: #999999; font-size: 18pt; font-family: 'arial black', sans-serif;"><strong>Écrit par "Noorglo" <br /></strong></span></p><p><span style="color: #999999;"><strong><span style="font-size: 12pt; font-family: arial, helvetica, sans-serif;"><span style="font-family: 'arial black', sans-serif;">Ex: https://www.liberecomunita.org/index.php/filosofia/243-l-edonismo-autarchico-della-scuola-cirenaica </span> </span></strong></span></p><p><span style="color: #999999;"><strong><span style="font-size: 12pt; font-family: arial, helvetica, sans-serif;">L'école cyrénaïque s'est développée à Cyrène, une ville grecque d'Afrique du Nord, dans la première moitié du IVe siècle av. J.C. L'école s'est formée quelques décennies après la mort de son initiateur Aristippe, un Cyrénéen qui avait émigré à Athènes, étudié avec Socrate et Protagoras, puis était retourné dans sa patrie pour diffuser sa pensée. Plus qu'une véritable école, on devrait parler d'une direction philosophique variée et non unique.</span></strong></span></p><p style="text-align: center;"><img id="media-6331479" style="margin: 0.7em 0;" title="" src="http://euro-synergies.hautetfort.com/media/01/01/357633547.png" alt="2_36_orig.png" /></p><p style="text-align: center;"><img id="media-6331482" style="margin: 0.7em 0;" title="" src="http://euro-synergies.hautetfort.com/media/02/00/2184104486.jpeg" alt="etaf_0768-2352_1987_mon_2_1.jpeg" /></p><p><span style="color: #999999;"><strong><span style="font-size: 12pt; font-family: arial, helvetica, sans-serif;">L'histoire de l'école cyrénaïque commence avec Aristippe de Cyrène, né vers 435 av. Il est venu à Athènes à un jeune âge et est devenu un disciple de Socrate. Nous disposons de peu d'informations sur ses déplacements après l'exécution de son maître en 399 avant J.-C., bien qu'il ait vécu un certain temps à la cour de Dionysius Ier de Syracuse. On ne sait pas exactement quelles doctrines philosophiques attribuées à l'école cyrénéenne ont été formulées par Aristippe. Diogène Laertius, à la suite de Diction le Péripatéticien et de Panetios, propose une longue liste de livres attribués à Aristippe, bien qu'il rapporte également que Sosicrate a déclaré qu'il n'avait rien écrit.</span></strong></span></p><p><span style="color: #999999;"><strong><span style="font-size: 12pt; font-family: arial, helvetica, sans-serif;">Parmi ses élèves, il y avait sa fille Arete, qui a transmis ses enseignements à son fils, Aristippe le Jeune. C'est lui, selon Aristocle de Messène, qui transforma les enseignements de son grand-père en un système complet, bien qu'il soit encore possible de dire que les bases de la philosophie cyrénaïque furent posées par Aristippe l'Ancien.<br /></span></strong></span></p><p><span style="color: #999999;"><strong><span style="font-size: 12pt; font-family: arial, helvetica, sans-serif;">Plus tard, l'école se scinde en différentes factions, représentées par Annicéris de Cyrène, Hégésias de Cyrène, Théodore l'athée, qui développent des interprétations opposées de la philosophie cyrénaïque, dont beaucoup sont une réponse au nouveau système hédoniste posé par Épicure. Au milieu du IIIe siècle avant J.-C., l'école cyrénaïque était devenue obsolète ; l'épicurisme avait dépassé ses rivaux cyrénaïques en offrant un système plus sophistiqué.</span></strong></span></p><p><span style="color: #999999;"><strong><span style="font-size: 12pt; font-family: arial, helvetica, sans-serif;">L'école de philosophie cyrénaïque a donc été fondée par Aristippe, qui a fait du plaisir le but premier de l'existence. École non homogène, l'école cyrénaïque devait s'articuler intérieurement en diverses nuances éthiques et ne se retrouver que plus tard et en partie dans l'épicurisme. Épicure, en effet, a doté sa doctrine hédoniste d'un fondement ontologique et gnoséologique absent chez les Cyrénaïques, développant leur pensée exclusivement sur le terrain d'une éthique de la vie quotidienne, pragmatique et loin des principes théoriques. Aristippe caractérise cette orientation philosophique sur la base de l'anthropocentrisme, du sensualisme absolu, de la recherche du plaisir corporel et de l'autosuffisance individualiste.</span></strong></span></p><p><span style="color: #999999;"><strong><span style="font-size: 12pt; font-family: arial, helvetica, sans-serif;">Ce dernier point, qui caractérise l'hédonisme d'Aristippe, se traduit par l'énonciation d'un individualisme extrême et d'une autosuffisance non loin du cynisme, avec un certain mépris des conventions sociales et de toute tradition. Le plaisir immédiat et dynamique va de pair avec l'individualisme de la recherche du plaisir, embrassant chaque moment de l'existence qui peut l'offrir et sous quelque forme que ce soit. Seuls les faits humains sont dignes d'intérêt et les phénomènes naturels ne sont dignes d'intérêt que s'ils produisent du plaisir.</span></strong></span></p><p style="text-align: center;"><img id="media-6331481" style="margin: 0.7em 0;" title="" src="http://euro-synergies.hautetfort.com/media/00/01/4292891500.jpg" alt="61Sic8u2y9L.jpg" /></p><p><span style="color: #999999;"><strong><span style="font-size: 12pt; font-family: arial, helvetica, sans-serif;">Mais l'autosuffisance, cet important principe aristippéen, concerne aussi le plaisir, qu'il faut poursuivre sans en devenir dépendant, car s'il est toujours bon, donc à poursuivre en toute situation et circonstance, s'il devient possédé, il doit être abandonné car l'autosuffisance et l'autonomie individuelle sont au-dessus de tout.</span></strong></span></p><p><span style="color: #999999;"><strong><span style="font-size: 12pt; font-family: arial, helvetica, sans-serif;">Le vrai plaisir est toujours et dans tous les cas dynamique (et non pas l'<em>aponeia</em> épicurienne = "absence de douleur") et constitue le véritable moteur positif de l'existence d'une personne, qui est une succession discontinue d'instants et qui doit être vécue uniquement dans le présent, en ignorant le passé et le futur : c'est une formulation <em>ante</em> <em>litteram </em>du soi-disant <em>carpe diem</em>, un message qui trouvera des adeptes et des interprètes surtout parmi de nombreux intellectuels du monde latin. Enfin, le phénoménalisme d'Aristippe est absolu, puisqu'il soutient que seul ce qui est perçu est réel: ce réductionnisme sensoriel et individualiste révèle également chez Aristippe des références indubitables à la philosophie sophistique.</span></strong></span></p><p style="text-align: center;"><img id="media-6331483" style="margin: 0.7em 0;" title="" src="http://euro-synergies.hautetfort.com/media/00/00/28656549.jpg" alt="Head_of_a_Woman_(the_other_side_is_head_of_a_man_-_double_portrait),_Neues_Museum_Berlin.jpg" /></p><p><span style="color: #999999;"><strong><span style="font-size: 12pt; font-family: arial, helvetica, sans-serif;">Plusieurs chercheurs ont tendance à déplacer la théorisation de l'hédonisme cyrénaïque d'Aristippe (l'Ancien) à son petit-fils Aristippe le Métrodacte (également appelé Aristippe le Jeune) par l'intermédiaire de sa fille Arete (buste, ci-dessus), qui était une femme cultivée et sensible à la philosophie de son père. En d'autres termes, Aristippe l'Ancien se serait limité à orienter son comportement dans une direction hédoniste (mais tout de même avec une certaine mesure) et vers un certain détachement ironique aristocratique qui favorisait plutôt les éléments d'autonomie existentielle et d'autosuffisance. Selon cette interprétation, il se serait tenu à l'écart de l'hédonisme grossier dont l'école cyrénaïque fut souvent accusée par la suite.</span></strong></span></p><p><span style="color: #999999;"><strong><span style="font-size: 12pt; font-family: arial, helvetica, sans-serif;">Il serait resté fondamentalement un socratique, qui aurait conservé un certain détachement du plaisir, non sans réserves, exprimé dans l'aphorisme bien connu : "posséder le plaisir, mais ne pas être possédé par lui" (traduit en latin par <em>habere non</em> <em>haberi).</em> Il semble qu'il s'agissait d'une réponse à une critique concernant sa fréquentation d'une hétérosexuelle appelée Laide: "Je la possède, je ne suis pas possédé par elle" était sa réponse, ainsi que "il vaut mieux gagner et ne pas être esclave des plaisirs que de ne pas en profiter du tout".</span></strong></span></p><p><span style="color: #999999;"><strong><span style="font-size: 12pt; font-family: arial, helvetica, sans-serif;">Bien que, par conséquent, il ne recherchait pas seulement le plaisir catastématique "négatif" comme les épicuriens, mais surtout <span style="color: #ffcc99;">le plaisir cinétique et actif,</span> Aristippe proposait la "mesure", contrairement à certains de ses élèves qui ont été définis comme proto-Libertins pour cette raison.</span></strong></span></p><p><span style="color: #999999;"><strong><span style="font-size: 12pt; font-family: arial, helvetica, sans-serif;">Après la mort du fondateur, l'école a d'abord été dirigée par sa fille Arete et son petit-fils Aristippe le Jeune. Les disciples d'Aristippe, comme nous l'avons déjà mentionné, ne constitueront jamais une école véritablement homogène, mais développent son hédonisme dans différentes directions. Cela peut être considéré comme une confirmation du manque de théorisation de sa philosophie, puisqu'il s'est limité à indiquer une direction éthique, qui à son tour peut être interprétée de diverses manières.</span></strong></span></p><p><span style="color: #999999;"><strong><span style="font-size: 12pt; font-family: arial, helvetica, sans-serif;">En dehors d'Aristippe le Jeune, dont nous avons parlé et auquel certains attribuent une intention de radicalisation dans le même cadre hédoniste, émergent comme successeurs ultérieurs trois personnages d'une profondeur notable, même s'ils ne sont pas très bien documentés, tous trois vivant entre la seconde moitié du IVe et la première moitié du IIIe siècle avant J.-C. (donc contemporains ou légèrement plus jeunes que le IIIe siècle avant J.-C.). (donc contemporains ou légèrement plus jeunes qu'Épicure) : Hégésippe, Annicéris (ou Annicerides) et Théodore l'athée.</span></strong></span></p><p><span style="color: #ff6600;"><strong><span style="font-size: 12pt; font-family: arial, helvetica, sans-serif;">Vision philosophique</span></strong></span></p><p><span style="color: #999999;"><strong><span style="font-size: 12pt; font-family: arial, helvetica, sans-serif;">Les Cyrénaïques étaient des hédonistes et croyaient que le plaisir, surtout le plaisir physique, était le bien suprême de la vie. Ils considéraient le type de plaisir physique comme plus intense et plus désirable que les plaisirs mentaux. Le plaisir était pour les Cyrénaïques le seul bien de la vie et la douleur le seul mal. Socrate avait considéré la vertu comme le seul bien humain, mais il avait également accepté un rôle limité pour son côté utilitaire, permettant au bonheur d'être un objectif secondaire de l'action morale. Aristippe et ses partisans en ont tiré parti et ont élevé le bonheur au rang de facteur primordial de l'existence, niant que la vertu ait une quelconque valeur intrinsèque.</span></strong></span></p><p style="text-align: center;"><img id="media-6331484" style="margin: 0.7em 0;" title="" src="http://euro-synergies.hautetfort.com/media/00/00/228465007.jpg" alt="display-313.jpg" /></p><p><span style="color: #ff6600;"><strong><span style="font-size: 12pt; font-family: arial, helvetica, sans-serif;">Épistémologie</span></strong></span></p><p><span style="color: #999999;"><strong><span style="font-size: 12pt; font-family: arial, helvetica, sans-serif;">Les Cyrénaïques étaient connus pour leur théorie sceptique de la connaissance. Ils ont réduit la logique à une doctrine concernant le critère de la vérité. Selon eux, nous pouvons connaître avec certitude nos expériences sensorielles immédiates, mais nous ne pouvons rien savoir de la nature des objets qui provoquent ces sensations.</span></strong></span></p><p><span style="color: #999999;"><strong><span style="font-size: 12pt; font-family: arial, helvetica, sans-serif;">Toute connaissance est une sensation immédiate. Ces sensations sont des mouvements purement subjectifs, et sont douloureuses, indifférentes ou agréables, selon qu'elles sont violentes, tranquilles ou douces. En outre, elles sont entièrement individuelles et ne peuvent en aucun cas être décrites comme quelque chose qui constitue une connaissance objective absolue. La sensation est donc le seul critère possible de connaissance et de conduite. Les manières dont nous sommes affectés sont les seules que l'on puisse connaître, donc le seul but pour chacun doit être le plaisir.</span></strong></span><br /><span style="color: #999999;"><strong><span style="font-size: 12pt; font-family: arial, helvetica, sans-serif;">Éthique </span></strong></span></p><p><span style="color: #999999;"><strong><span style="font-size: 12pt; font-family: arial, helvetica, sans-serif;">L'école cyrénaïque déduit un but unique et universel pour tous les hommes, à savoir le plaisir. Il s'ensuit que les plaisirs passés et futurs n'ont pas d'existence réelle pour nous, et que parmi les plaisirs présents il n'y a pas de distinction de genre. Socrate avait parlé des plaisirs supérieurs de l'intellect ; les cyrénaïques niaient la validité de cette distinction et affirmaient que les plaisirs du corps, plus simples et plus intenses, devaient être préférés. Le plaisir momentané, de préférence physique, est donc le seul bien pour les hommes.</span></strong></span></p><p style="text-align: center;"><img id="media-6331487" style="margin: 0.7em 0;" title="" src="http://euro-synergies.hautetfort.com/media/02/00/1339445660.jpg" alt="1200px-Cyrene8.jpg" /></p><p><span style="color: #999999;"><strong><span style="font-size: 12pt; font-family: arial, helvetica, sans-serif;">Selon les Cyrénaïques, le sage doit avoir le contrôle des plaisirs plutôt que d'en être l'esclave, sinon il éprouvera de la douleur ; cela exige du jugement pour évaluer les différents plaisirs de la vie. Selon la doctrine cyrénaïque, les lois et les coutumes doivent être prises en compte, car bien qu'elles n'aient aucune valeur intrinsèque, leur violation entraînera des sanctions désagréables imposées par d'autres. De même, l'amitié et la justice sont utiles pour le plaisir qu'elles procurent.</span></strong></span></p><p><span style="color: #ff6600;"><strong><span style="font-size: 12pt; font-family: arial, helvetica, sans-serif;">Les derniers Cyrénaïques</span></strong></span></p><p><span style="color: #999999;"><strong><span style="font-size: 12pt; font-family: arial, helvetica, sans-serif;">Les cyrénaïques postérieurs, Annicéris de Cyrène, Hégésias de Cyrène, Théodore l'athée, ont tous développé des variantes de la doctrine cyrénaïque. Selon Annicéris, le plaisir est obtenu par des actes individuels de gratification, recherchés pour le plaisir qu'ils produisent ; Annicéris a beaucoup insisté sur l'amour de la famille, de la patrie, de l'amitié et de la gratitude, qui procurent du plaisir même lorsqu'ils exigent des sacrifices.</span></strong></span></p><p style="text-align: center;"><img id="media-6331488" style="margin: 0.7em 0;" title="" src="http://euro-synergies.hautetfort.com/media/00/01/389519131.jpg" alt="9782253943235-T.jpg" /></p><p><span style="color: #999999;"><strong><span style="font-size: 12pt; font-family: arial, helvetica, sans-serif;">Hégésippide pense que le bonheur est impossible à atteindre et que, par conséquent, le but de la vie est d'échapper à la douleur et à la tristesse. Les valeurs traditionnelles telles que la richesse, la pauvreté, la liberté et l'esclavage sont toutes indifférentes et ne produisent pas plus de plaisir que de douleur. Selon le philosophe, l'hédonisme cyrénaïque était la façon la moins irrationnelle de gérer les peines de la vie.</span></strong></span></p><p><span style="color: #999999;"><strong><span style="font-size: 12pt; font-family: arial, helvetica, sans-serif;">Pour Théodore, en revanche, le but de la vie est le plaisir mental, et non le plaisir physique, et il s'attarde davantage sur la nécessité de la modération et de la justice. Dans une certaine mesure, tous ces philosophes tentaient de répondre au défi posé par l'épicurisme.</span></strong></span></p>
Ratatoskhttp://euro-synergies.hautetfort.com/about.htmlRadiographie de l'homme dissolutag:euro-synergies.hautetfort.com,2022-01-29:63625982022-01-29T13:46:49+01:002022-01-29T13:46:49+01:00 Radiographie de l'homme dissolu Le vieil Epicure, le...
<p style="text-align: center;"><img id="media-6329542" style="margin: 0.7em 0;" title="" src="http://euro-synergies.hautetfort.com/media/01/02/1785403685.jpg" alt="838_gettyimages-593278436.jpg" width="463" height="687" /></p><p><span style="font-size: 24pt; font-family: 'arial black', sans-serif; color: #ff6600;"><strong>Radiographie de l'homme dissolu</strong></span></p><p><span style="font-size: 18pt; font-family: 'arial black', sans-serif; color: #99cc00;"><strong>Le vieil Epicure, le tetrapharmakos et l'hédoniste contemporain</strong></span></p><p><span style="font-size: 18pt; font-family: 'arial black', sans-serif;"><strong><span style="color: #999999;">Diego Chiaramoni</span></strong></span></p><p><span style="font-family: 'arial black', sans-serif;"><strong><span style="font-size: 12pt; color: #999999;">Ex: https://www.geopolitica.ru/es/article/radiografia-del-hombre-disoluto</span></strong></span></p><p><strong><span style="font-size: 12pt; font-family: arial, helvetica, sans-serif; color: #999999;">"Personne parce qu'il est jeune n'hésite à philosopher, ni parce qu'il est vieux à philosopher ne devient blasé. Personne </span></strong><strong><span style="font-size: 12pt; font-family: arial, helvetica, sans-serif; color: #999999;">est jeune ou vieux pour la santé de son âme" <em>Lettre à Ménécée, </em>122. </span></strong></p><p><strong><span style="font-size: 12pt; font-family: arial, helvetica, sans-serif; color: #999999;">Les processus conjoncturels de l'histoire ont toujours invité certains hommes à la noble tâche de penser. La décadence, dont la loi spirituelle intime est de ne pas trouver de fond, c'est-à-dire qu'on peut toujours être plus décadent, a fait émerger certaines balises dans les nuits sombres de l'histoire. Le Danois Kierkegaard, par exemple, écrivait dans son journal : "Il y a un oiseau (le <em>falco osiphraga</em> ou <em>halieto</em> au Mexique) qui est appelé le précurseur de la pluie. Je le suis aussi. Lorsque la tempête commence à se former sur une génération, les individualités de mon espèce apparaissent" (1). Lorsque la communauté se désagrège, lorsque le "nous" qui galvanise les liens humains se fracture, des tentatives d'auto-préservation apparaissent toujours. Cela s'est produit hier et cela se produit aujourd'hui, bien qu'avec des nuances très différentes. </span></strong></p><p style="text-align: center;"><img id="media-6329543" style="margin: 0.7em 0;" title="" src="http://euro-synergies.hautetfort.com/media/01/00/1070518286.jpg" alt="001341338.jpg" width="388" height="645" /></p><p><strong><span style="font-size: 12pt; font-family: arial, helvetica, sans-serif; color: #999999;">Épicure, né à Samos (Grèce) vers 341 avant J.-C., s'inscrit dans cette tradition qui tente de faire de la philosophie une médecine de l'âme. La crise des cités-États grecques, l'effondrement des traditions, le lent déclin de la Polis, ont incité certaines consciences à tenter de trouver des réponses à l'un des grands drames de l'homme : celui d'habiter un monde désenchanté. Platon et Aristote avaient défendu avec lucidité et autorité la Polis comme cadre de référence pour l'épanouissement du potentiel humain. L'homme isolé doit être une bête ou un dieu, mais jamais un homme. </span></strong></p><p><strong><span style="font-size: 12pt; font-family: arial, helvetica, sans-serif; color: #999999;">Épicure va tenter de retrouver, désormais au sein de la vie intrapersonnelle, la sécurité que procurait autrefois la communauté civique. Ce nouveau support sur lequel l'homme doit trouver son bonheur est l'<em>autarkia</em>, c'est-à-dire le pouvoir sur lui-même, l'autosuffisance. En ce sens, le but de l'œuvre d'Épicure est donc de devenir une ascèse du plaisir qui, à son tour, doit nécessairement être interprétée comme un repli de l'individu dans la seule sphère du cosmos où il peut encore trouver sécurité et sens, la sphère intrapersonnelle. Comme on peut le constater, la politique avait été laissée trop loin derrière. Cette expérience d'impuissance, ce sentiment de vivre dans un monde pour lequel ma propre présence ne compte pas, engendre comme réaction la culture de l'indifférence (<em>ataraxie</em>). </span></strong></p><p><strong><span style="font-size: 12pt; font-family: arial, helvetica, sans-serif; color: #999999;">Pour Épicure, vivre n'est alors plus, comme le voulait Platon, "une préparation à la mort", mais une adaptation à la vie. Ceci n'est pas accidentel, mais s'enracine également dans le fond ontologique de sa philosophie, qui est essentiellement sensualiste et tend donc à se désengager des questions spéculatives. Pour Épicure et son école, la philosophie devient une tâche stérile si elle n'est pas orientée vers l'atteinte du bonheur. </span></strong></p><p><strong><span style="font-size: 12pt; font-family: arial, helvetica, sans-serif; color: #999999;">Après avoir exposé ces lignes propédeutiques, analysons ensuite la proposition épicurienne connue sous le nom de "tétrapharmachus" (τετραφάρμακος). Quatre sont les grandes peurs humaines que le philosophe de Samos développe entre autres dans sa célèbre <em>Lettre à Ménécée,</em> l'une des rares œuvres conservées au fil du temps et qui résume sa conception éthique. Ces peurs sont: des dieux, de la mort, de la douleur et de l'échec (qui concerne sans doute l'avenir). Epicure s'est inspiré d'un ancien médicament utilisé par les Grecs, fabriqué à partir d'un mélange de quatre éléments naturels: cire jaune, résine de pin, colophane et suif de bélier. Les propriétés médicinales de cette pommade étaient la purification et l'analgésie. Épicure donne alors forme à une pharmacologie des peurs. Voyons ce qu'il nous dit :</span></strong></p><p><strong><span style="font-size: 12pt; font-family: arial, helvetica, sans-serif; color: #999999;">"N'est pas impie celui qui rejette les dieux du vulgaire, mais celui qui impute aux dieux les opinions du vulgaire. Car les affirmations du vulgaire sur les dieux ne sont pas des prénotions, mais de fausses suppositions" [2]. Les dieux ne sont pas à craindre car ce sont des êtres divins, d'une nature différente de la nature humaine. Par conséquent, la colère ou le courroux sont des projections anthropologiques qui sont imposées aux dieux. En tout cas, s'ils existent, les dieux devraient être un modèle à imiter".</span></strong><br /><strong><span style="font-size: 12pt; font-family: arial, helvetica, sans-serif; color: #999999;"> </span></strong><br /><strong><span style="font-size: 12pt; font-family: arial, helvetica, sans-serif; color: #999999;">"Habituez-vous à considérer que la mort n'est rien par rapport à nous. Car tout bien et tout mal est dans la sensation ; or la mort est la privation de la sensation. Il s'ensuit que la juste connaissance que la mort n'est rien par rapport à nous rend joyeuse la condition mortelle de la vie" [3]. </span></strong></p><p><strong><span style="font-size: 12pt; font-family: arial, helvetica, sans-serif; color: #999999;">Épicure montre sans équivoque sa conception sensualiste de l'existence. Tout est dans la sensation et, par conséquent, "le plus terrifiant des maux, la mort, n'est rien par rapport à nous, car, quand nous sommes, la mort n'est pas présente, et quand la mort est présente, nous ne sommes plus" [4].</span></strong></p><p style="text-align: center;"><img id="media-6329544" style="margin: 0.7em 0;" title="" src="http://euro-synergies.hautetfort.com/media/02/01/505611643.jpg" alt="61bE5tKT5kL.jpg" /></p><p><strong><span style="font-size: 12pt; font-family: arial, helvetica, sans-serif; color: #999999;">La peur de la douleur, qu'Épicure développe en termes de tension avec le plaisir, est pour le philosophe de Samos une peur infondée, car toute douleur est en réalité facilement supportable. S'il s'agit d'une douleur intense, sa durée sera courte, alors que, si la douleur est légère, malgré sa possible longue durée, elle sera facile à supporter. Ce principe est appelé "catastrophique" et concerne précisément l'évitement de la douleur. </span></strong><br /><strong><span style="font-size: 12pt; font-family: arial, helvetica, sans-serif; color: #999999;"> </span></strong><br /><strong><span style="font-size: 12pt; font-family: arial, helvetica, sans-serif; color: #999999;">"Il faut se rappeler que l'avenir n'est ni tout à fait à nous, ni tout à fait pas à nous, de sorte que nous ne l'attendons pas avec une certitude totale comme s'il devait être, ni ne le désespérons comme s'il ne devait pas être du tout" [5]. Dans ce cadre situationnel, il n'y a pas lieu de craindre l'avenir ou l'échec, puisque ce qui se passe dans le futur ne nous concerne pas directement, et que nous ne pourrions donc guère le changer.</span></strong></p><p><strong><span style="font-size: 12pt; font-family: arial, helvetica, sans-serif; color: #999999;">Voilà pour Épicure et sa pharmacologie face aux grandes et éternelles peurs de l'homme. A ce stade, et comme promis dans le titre de cet article, la question suivante se pose : cette conception épicurienne peut-elle être mise en relation avec l'hédonisme contemporain ? Le premier point d'ancrage d'une réponse possible se trouve chez le philosophe de Samos lui-même, qui, semble-t-il, avec un zèle responsable envers sa doctrine, nous met en garde contre les déformations possibles de celle-ci. Épicure écrit :</span></strong></p><p><strong><span style="font-size: 12pt; font-family: arial, helvetica, sans-serif; color: #999999;">" (...) Quand nous disons que le plaisir est la fin, nous ne parlons pas des plaisirs des dissolus ni à ceux qui résident dans la jouissance douée, comme le croient certains ignorants ou en désaccord ou qui interprètent mal la doctrine, mais du fait de ne pas souffrir de douleur dans le corps ou de trouble dans l'âme" [6].</span></strong></p><p style="text-align: center;"><img id="media-6329547" style="margin: 0.7em 0;" title="" src="http://euro-synergies.hautetfort.com/media/01/02/3305915794.jpg" alt="lettres_sur_le_bonheur-1224748-264-432.jpg" width="314" height="514" /></p><p><strong><span style="font-size: 12pt; font-family: arial, helvetica, sans-serif; color: #999999;">Nous pensons que le terme "dissolu" est une définition exacte de l'homme contemporain. Un dissolu, selon son étymologie latine <em>dissolutus</em>, est celui dont la nature répond à la dissipation, celui qui dissout l'essentiel des choses. Un dissolu est un être dégradé dans son humanité profonde. L'hédoniste contemporain répond à un impératif catégorique: "tu <em>dois</em> jouir". Cette exigence de jouissance, liée à l'empire de la consommation et à la réification de l'autre, ternit la vie et les relations humaines avec l'encre visqueuse d'une fausse autosatisfaction. À cet égard, nous retrouvons les mots de Byung-Chul Han qui, dans son ouvrage <em>L'agonie d'Eros,</em> note avec lucidité :</span></strong></p><p><strong><span style="font-size: 12pt; font-family: arial, helvetica, sans-serif; color: #999999;">"Le corps, avec sa valeur d'exposition, est assimilé à une marchandise. L'autre est sexualisé comme un objet excitant. On ne peut pas aimer l'autre dépouillé de son altérité, on ne peut que le consommer" [7]. L'hédoniste contemporain ne veut pas être une marchandise.</span></strong></p><p style="text-align: center;"><img id="media-6329548" style="margin: 0.7em 0;" title="" src="http://euro-synergies.hautetfort.com/media/01/02/2777636387.jpg" alt="picture.jpg" /></p><p><strong><span style="font-size: 12pt; font-family: arial, helvetica, sans-serif; color: #999999;">L'hédoniste contemporain ne craint pas les dieux, mais vénère des idoles. Comme le disait le grand Dostoïevski, la nature humaine ne peut vivre sans génuflexion et si elle ne s'agenouille pas devant Dieu, elle s'agenouille devant d'autres choses, car à proprement parler il n'y a pas d'athées mais des idolâtres. Le monde, sans charme ni transcendance, ne vaut pas le temps de la contemplation. </span></strong></p><p><strong><span style="font-size: 12pt; font-family: arial, helvetica, sans-serif; color: #999999;">L'hédoniste contemporain ne craint pas la mort parce qu'elle est superficielle et improductive, ou peut-être la craint-il, ou même plus, il en a une terreur évitante, et pour cette raison, non seulement il a transformé les cimetières en prairies artificielles, mais il a vidé le culte des morts de son contenu pour imposer la procédure administrative de crémation soudaine et de pulvérisation des cendres.</span></strong></p><p><strong><span style="font-size: 12pt; font-family: arial, helvetica, sans-serif; color: #999999;">L'hédoniste contemporain, lui aussi, ne regarde pas la douleur en face, car la souffrance n'a pas de sens et ne possède même pas la valeur d'offrande ou de purification. Même les nouvelles pseudo-religions ont inventé un slogan dans l'air du temps : "Arrêtez de souffrir".</span></strong></p><p><strong><span style="font-size: 12pt; font-family: arial, helvetica, sans-serif; color: #999999;">Enfin, l'hédoniste contemporain ne craint pas l'avenir, non pas parce que "aujourd'hui son affliction lui suffit" comme l'écho de l'Évangile, mais parce que l'hédoniste d'aujourd'hui est un court-termiste. Son "carpe diem" ne fait pas référence à un profond <em>carpir </em>dans le verger du jour pour en saisir l'écho d'éternité, mais à presser la seule orange qu'il peut voir dans le tiroir. </span></strong></p><p><strong><span style="font-size: 12pt; font-family: arial, helvetica, sans-serif; color: #999999;">Parmi nous, Argentins, le philosophe Silvio Maresca a consacré de fructueuses heures d'étude à la subjectivité moderne et à son écho dans la société contemporaine. Dans sa pratique pédagogique, il répétait sans cesse que le sujet moderne naît vide, est pensé de la pensée et, par conséquent, au cours des siècles, augmentera son besoin de compléter ce qu'il n'a pas. Ce caractère illimité du désir entraîne à son tour une illusion de plénitude. C'est la clé de voûte de l'hédonisme contemporain, que le lucide Schopenhauer observait aussi d'un œil clinique : à l'instant de plaisir succède l'ennui. </span></strong></p><p><strong><span style="font-size: 12pt; font-family: arial, helvetica, sans-serif; color: #999999;">L'ennui est le noyau latent de l'hédoniste contemporain, de l'homme dissolu, car qu'est-ce que l'ennui sinon une tristesse sans amour ?</span></strong></p><p><strong><span style="font-size: 12pt; font-family: arial, helvetica, sans-serif; color: #ff6600;">Notes:</span></strong></p><p><strong><span style="font-size: 12pt; font-family: arial, helvetica, sans-serif; color: #999999;">[1] Kierkegaard. S. Journal intime. Santiago Rueda, Buenos Aires, 1955 : p. 141.</span></strong></p><p><strong><span style="font-size: 12pt; font-family: arial, helvetica, sans-serif; color: #999999;">[2] Épicure. Lettre à Ménécée, 123-124. Traduction de Pablo Oyarzún (Université catholique du Chili). </span></strong></p><p><strong><span style="font-size: 12pt; font-family: arial, helvetica, sans-serif; color: #999999;">[3] Ibidem, 124.</span></strong></p><p><strong><span style="font-size: 12pt; font-family: arial, helvetica, sans-serif; color: #999999;">[4] Ibidem, 125.</span></strong></p><p><strong><span style="font-size: 12pt; font-family: arial, helvetica, sans-serif; color: #999999;">[5] Ibidem, 127.</span></strong></p><p><strong><span style="font-size: 12pt; font-family: arial, helvetica, sans-serif; color: #999999;">[6] Ibidem, 131.</span></strong></p><p><strong><span style="font-size: 12pt; font-family: arial, helvetica, sans-serif; color: #999999;">[7] Byung-Chul Han. <em>L'agonie d'Eros.</em> Ed. Herder, Barcelone, 2014 : p. 23.</span></strong></p><p> </p>
pygrre35http://theartedarts.hautetfort.com/about.htmlépicure Ö pentagramme Karl-Marx Ä l'ËÄÜtag:theartedarts.hautetfort.com,2020-05-08:62367172020-05-08T09:42:41+02:002020-05-08T09:42:41+02:00 la #chirologie la langue des main d'#épicure Du 7Vénus Ä pythagore...
<a href="http://theartedarts.hautetfort.com/media/02/00/2298856268.jpeg" target="_blank"><img src="http://theartedarts.hautetfort.com/media/02/00/4227631419.jpeg" id="media-6130111" title="" alt="chirologie, pentagramme, épicure, KARL_MARX," style="float: left; margin: 0.2em 1.4em 0.7em 0;" /></a> la #chirologie la langue des main d'#épicure Du 7Vénus Ä pythagore #Electromagnetologie ö pentagramme gaugrais social'karl'marx #épicurepentagramme Ä la #GréceËÄÜ #KarlMarxPentagrmme Du #7Vénus de #pythagoreVénus #electromagnetologiepentagramme gaugrais #socialkarlmarx #épicurismemarxiste du #theatredartspentagramme de #pierremaryBesnard du #druidegaulois Ö #triptyquevalknut #marteauÖdÏn Ö #ZorroMacron #épicurisme #marxiste du theatredarts ö pentagramme de pierre mary besnard du druide gaulois Ö triptyque du #valknut d'ÖdÏn Ö #ZorroMacron Ä la philosophie hegel a main medium chamanique Ä l'ËÄÜ de Yule solstice de décembre Ä l'ËÄÜ de imbolc bélénos la pleine lune de mai Ä l'ËÄÜ du solstice de juin le feu liTha Ä l'ËÄÜ 7 chakra neurologie du systéme nerveux central pentagramme magnétite karl Marx<br />#socialkarlmarx #épicurisme #marxiste du #theatredarts ö #pentagrammepierremarybesnard du #druidegaulois Ö #triptyquevalknut #ËÄÜÖdÏn Ö #ZorroMacron Ä la #philosophieHegel #mediumchamanique de #Yulesolstice de #décembresolstice de #imbolcbélénos #ËÄÜSolstice #feuliThaJUIN <a href="http://theartedarts.hautetfort.com/media/00/02/3303790783.jpeg" target="_blank"><img src="http://theartedarts.hautetfort.com/media/00/02/1022945047.jpeg" id="media-6130112" title="" alt="chirologie, pentagramme, épicure, KARL_MARX," style="float: right; margin: 0.2em 0 1.4em 0.7em;" /></a> de karl Marx Ö alchimie de l'anthropocéne ö géologie2020 du pentagramme Ö chakra vénus de pythagore Ä karl Marx ö chaman de la gnose zenithale quand l'ombre donne l'heure cosmique ou l’homme Ä fait entré pour nos enfant demain la terre Ä son alchimie sacré de l'anthropocéne ö géologie2020 #karlMarxpentagramme<br />le systéme nerveux central pomme de pin des chakra ö neurone de la neurologie de l'ËÄU Ä l'aire du plastique Ö pentagramme-2020 Ä #karlMarxËÜGÏÄ Ö #pentagrammeépicure<br />#électromagnétologie ä l'esprit du coeur pour sa respiration Ö chakra de la neurologie Ä sa synergie sans peur corid19 du bonheur valknut<br />Ö chaman de la gnose <br />l'ere du plastique ö fossile du futur particules de la chaine alimentaire océanique aprés l'aire de l'amiante chmapignon pour l'ËÄÜ du coronavirus le #pentagrammevénus #NotreDamenestpaschrétienne<br />karl marx marteau d'odin la faucille du pentagramme mondologie<br />Ä la plume de la glose Ä l’ËÄÜ pentagramme ä l'#ëürëkä marxiste de l'ëäü <br />voyelle de rimbaud I=rouge Ä KarlMarx Ä la faucille du paysan ö marteau d'odin le pentagramme vénus de pythagore Ä démocrate Ä la plume épicure Ä l'arithmologie platon Ä la neuropédagogie hippie païen Ö caÏrn du gnomon<br />electromagnétologie de l'ëäü harmonie d'une philosophie karl marx Ö pentagramme -08/05/2020 - #pygrre35 - #pitamecho - https://www.youtube.com/watch?v=cOPk7Hn-apQé
Café philosophique de Montargishttp://cafephilosophique-montargis.hautetfort.com/about.htmlEpicure : ”C'est un grand bien, croyons-nous, que le contentement”tag:cafephilosophique-montargis.hautetfort.com,2019-12-16:61989612019-12-16T13:18:00+01:002019-12-16T13:18:00+01:00 C'est un grand bien, croyons-nous, que le contentement, non pas qu'il...
<blockquote><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">C'est un grand bien, croyons-nous, que le contentement, non pas qu'il faille toujours vivre de peu en général, mais parce que si nous n'avons pas l'abondance, nous saurons être contents de peu, bien convaincus que ceux-là jouissent le mieux de l'opulence, qui en ont le moins besoin. Tout ce qui est fondé en nature s'acquiert aisément, malaisément ce qui ne l'est pas. Les saveurs ordinaires réjouissent à l'égal de la magnificence dès lors que la douleur venue du manque est supprimée. Le pain et l'eau rendent fort vif le plaisir, quand on en fut privé. Ainsi l'habitude d'une nourriture simple et non somptueuse porte à la plénitude de la santé, elle fait l'homme intrépide dans ses occupations, elle renforce grâce à l'intermittence de frugalité et de magnificence, elle apaise devant les coups de la fortune.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">Partant, quand nous disons que le plaisir est le but de la vie, il ne s'agit pas des plaisirs déréglés ni des jouissances luxurieuses ainsi que le prétendent ceux qui ne nous connaissent pas, nous comprennent mal ou s'opposent à nous. Par plaisir, c'est bien l'absence de douleur dans le corps et de trouble dans l'âme qu'il faut entendre. Car la vie de plaisir ne se trouve point dans d'incessants banquets et fêtes, ni dans la fréquentation de jeunes garçons et de femmes, ni dans la saveur des poissons et des autres plats qui ornent les tables magnifiques, elle est dans la tempérance, lorsqu'on poursuit avec vigilance un raisonnement, cherchant les causes pour le choix et le refus, délaissant l'opinion, qui avant tout fait le désordre de l'âme.</span><br /><span style="font-size: 10pt;">Au principe de tout cela se trouve le plus grand des biens : la prudence. La philosophie acquiert par elle une dignité supérieure, les autres vertus procèdent d'elle naturellement car elle enseigne qu'une vie sans prudence ni bonté ni justice ne saurait être heureuse et que ce bonheur ne saurait être sans plaisir. De fait les vertus se trouvent naturellement liées dans la vie heureuse, de même que la vie heureuse ne se sépare point de ces vertus.</span></p><p style="text-align: right;"><span style="font-size: 10pt;"><a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/%C3%89picure" target="_blank" rel="noopener">Epicure</a>, <em>Lettre à Ménécée</em> (IVe s. av. JC)</span></p></blockquote>
Café philosophique de Montargishttp://cafephilosophique-montargis.hautetfort.com/about.htmlCompte-rendu du débat: ”Faut-il vivre comme si nous ne devions jamais mourir?”tag:cafephilosophique-montargis.hautetfort.com,2018-05-12:60510282018-05-12T16:25:00+02:002018-05-12T16:25:00+02:00 Le vendredi 13 avril, le café philosophique de Montargis se délocalisait...
<p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">Le vendredi 13 avril, le café philosophique de Montargis se délocalisait exceptionnellement à la Médiathèque de Montargis pour un nouveau débat qui avait pour thème : "<em>Faut-il vivre comme si nous ne devions jamais mourir ?</em>" L’équipe de la médiathèque avait mis les petits plats dans les grands pour accueillir un public d’une soixantaine de personnes venus débattre.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">Ce sujet est capital en philosophie, comme le disait en substance Albert Camus. Pour un premier participant, la question du débat semblerait poser problème dans sa formulation. Deux autres intervenants abordent le sujet de ce soir comme un appel à avoir en finalité notre mort future, sans perdre de vue pour autant cette vie qui nous est donnée et dont nous devons tirer profit. Si "<em>philosopher c’est apprendre à mourir</em>" comme le disait Montaigne, cela ne doit pas être une obsession ni nous empêcher d’agir – dans la mesure de nos moyens – choisir nos actions à entreprendre, avec le minimum d’impacts sur notre planète.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">La question du débat de ce soir interpelle une autre personne du public. "<em>Faut-il vivre comme si nous ne devions jamais mourir ?</em>" : le "<em>comme</em> <em>si</em>" interpelle. C’est un "<em>comme</em> <em>si</em>" qui implique une forme de mensonge ou d’illusion puisque de toute manière nous mourrons tous un jour.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">Par ailleurs, pour une autre personne du public, la question ne se pose pas au conditionnel : quand on naît, on vit et il y a par la suite un instinct de vie qui nous fait avancer lorsque nous sommes enfants. La pensée de la mort viendrait après – et en tout cas pas.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">Finalement, est-il encore dit, dans la question de ce soir, "<em>Faut-il vivre comme si nous ne devions jamais mourir ?</em>", chacun de ces termes pose problème, et, mis bout à bout, nous serions hors-sujet. La proposition de ce soir, intervient un animateur du café philo, est aussi celle que nous propose la société de consommation dans laquelle nous sommes. Dans des temps plus anciens, la mort était par contre plus présente qu’aujourd’hui, ne serait-ce que parce que les guerres étaient plus présentes.</span></p><p><img src="http://cafephilosophique-montargis.hautetfort.com/media/01/02/74347532.png" id="media-5813821" alt="" /></p><p><span style="font-size: 10pt;"><a href="http://cafephilosophique-montargis.hautetfort.com/media/02/01/3200537954.jpg" target="_blank" rel="noopener noreferrer"><img id="media-5813824" style="float: left; margin: 0.2em 1.4em 0.7em 0;" title="" src="http://cafephilosophique-montargis.hautetfort.com/media/02/01/1604280613.jpg" alt="camus,montaigne,platon,descartes,leibniz,hegel,heidegger,épicure,foucault,descartes,jankélévitch,sartre,pascal,cyrulnik" /></a>Pour revenir au sujet, des termes poseraient en effet question. Derrière le "<em>faut-il</em>" il y aurait une injonction – même si un participant estime qu’il ne s’agit que d’une "<em>proposition</em>". Le mot "<em>vivre</em>" mériterait également d’être interrogé. Qu’est-ce qu’on entend par "<em>vivre</em>", puisque nous vivons à partir du moment où nous naissons, sans que nous l’ayons voulu ? Il y a bien évidemment autre chose derrière ce "<em>vivre</em>." Qui peut m’imposer de vivre dans "<em>cette grande vie</em>" qu’est le monde ? Durant le débat, plusieurs participants estiment qu’une vie éternelle ôterait tout sens à la vie, avec l’ennui comme frein et la crainte, peut-être, de perdre ce précieux cadeau. Ne parle-t-on pas "<em>d’espérance de vie</em>" ? Le "<em>comme</em> <em>si</em>" rappelle cette illusion imagée par Platon dans le <a href="http://cafephilosophique-montargis.hautetfort.com/archive/2014/04/23/platon-la-caverne-5354042.html" target="_blank" rel="noopener noreferrer">mythe de la caverne</a>. Et il y a bien entendu la notion de mort – que je pourrais d’ailleurs envie de choisir. C’est un sujet tiroir avec beaucoup de notions, un sujet complexe, central, et d’ailleurs souvent débattu lors des épreuves du bac philo. Il y a deux impératifs catégoriques dans une seule phrase ("<em>Faut-il… Nous devions</em>"), réagit un autre participant : "<em>ça fait beaucoup…</em>" Or, nous pourrions tout aussi bien émettre un seul impératif catégorique : est-ce que je devrais vraiment vivre cette vie que l’on m’a tracé ou est-ce que je devrais vivre la mienne ? Un intervenant propose une autre reformulation à cette question : "<em>Est-ce que la certitude de la mort ne nous impose pas de donner un sens à notre vie ?</em>"</span></p><p><span style="font-size: 10pt;">Une autre personne fait référence aux stoïciens : ne faut-il pas vivre chaque jour comme si c’était le dernier ? Il semblerait qu’il y ait deux camps : ceux qui sont d’avis d’écarter l’idée de la mort afin que la vie s’épanouisse pleinement ; et un autre camp qui est d’avis d’avoir cette fin en ligne de mire afin de donner pleinement son sens à la vie. Et puis il pourrait y avoir le camp de ceux qui pensent que la vie pourraient avoir un grand avenir, tels ceux qui croient au transhumanisme ou à la science capable de prolonger indéfiniment notre vie. Sans oublier la place des religions qui mettent en avant un autre critère : celui de la vie après la mort, voire des réincarnations. Les religions peuvent être une forme de soulagement en ce qu’elles nous persuadent que la mort n’est pas la fin (<a href="http://cafephilosophique-montargis.hautetfort.com/archive/2018/04/08/death-is-not-the-end-6041599.html" target="_blank" rel="noopener noreferrer"><em>Death is not the end</em></a>) et qu’elles nous ôtent un peu de cette peur de la mort. Mais les religions peuvent être consolatrices mais aussi désinhibitrices. Une participante parle de l’importance du pari de Pascal. </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;"><a href="http://cafephilosophique-montargis.hautetfort.com/media/01/02/2177167774.jpg" target="_blank" rel="noopener noreferrer"><img id="media-5813825" style="float: left; margin: 0.2em 1.4em 0.7em 0;" title="" src="http://cafephilosophique-montargis.hautetfort.com/media/01/02/926902444.jpg" alt="camus,montaigne,platon,descartes,leibniz,hegel,heidegger,épicure,foucault,descartes,jankélévitch,sartre,pascal,cyrulnik" /></a>Sauf que c’est très souvent la peur et la souffrance qui nous rendent difficiles l’appréhension de la mort. Comme le chantait Jacques Brel : "<a href="https://www.youtube.com/watch?v=waxdDV11cHw" target="_blank" rel="noopener noreferrer"><em>Mourir cela n’est rien, mourir la belle affaire, mais vieillir...</em></a>" Une intervenante insiste sur la notion de santé. Là est cette notion absurde de la mort : pourquoi partir alors que nous sommes en bonne santé et que de belles années nous attendent ? <a href="http://cafephilosophique-montargis.hautetfort.com/archive/2018/04/06/ionesco-le-roi-se-meurt-6041173.html" target="_blank" rel="noopener noreferrer">Une absurdité théâtralisée par Ionesco.</a> L’éternité, dit un autre participant, est séduisant et c’est aussi "être dieu". Sauf que c’est potentiellement mettre notre planète en péril (et elle n’a pas besoin de cela!) mais aussi, quelque- part, empêcher les jeunes générations de venir. </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">Il est question de cette mort physique et de la marque nous avons laissé (une œuvre, des enfants, une famille, des idées, etc.). La mort ne serait donc par forcément définitive. C’est en substance ce que disait Leibniz : "<em>La mort n’est pas une cessation de toutes les fonctions, mais seulement une suspension de certaines fonctions plus remarquables.</em>" Derrière la mort, il y a cette notion de biologie mais aussi quelque chose de plus métaphysique. C’est le "<em>Je pense donc je suis</em>" de Descartes. Et puis, il y a le concept de mort, un concept beaucoup plus nébuleux et eschatologique : derrière la mort des kamikazes du Bataclan se joue peut-être le néant une sorte d’apocalypse : "La mort, le maître absolu" disait Hegel. Une intervenante parle des autres morts : ces personnes qui n’ont rien dans leur vie, qui n’ont ni passion, ni envies... </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">Qu’est-ce qu’être mort ? Nous sommes tous mortels, réagit un intervenant, et être mort c’est ne plus exister. "<em>Je me reste</em>" disait Descartes. L’expression "<em>être</em>" mort n’aurait aucun sens : "<em>Mourir dormir rien de plus. Rêver peut-être</em>" disait Hamlet. On a du mal à imaginer que l’on puisse ne plus exister, et ce serait la raison pour laquelle "<em>on imagine d’autres vies.</em>" Finalement, dire qu’il y a une vie après la mort c’est dire qu’il n’y a pas de mort. À moins qu’il ne soit question de cette "<em>petite mort</em>," pour rester chez "<em>Shakespeare – une "petite mort</em>" ou un "<em>rêve</em>." A telle enseigne que la question de ce soir pourrait aussi se formuler ainsi : "<em>Faut-il vivre comme si nous rêvions ?</em>" ou bien "F<em>aut-il vivre un rêve plutôt que la réalité ?</em>"</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;"><a href="http://cafephilosophique-montargis.hautetfort.com/media/00/01/1905188872.jpg" target="_blank" rel="noopener noreferrer"><img id="media-5813826" style="float: left; margin: 0.2em 1.4em 0.7em 0;" title="" src="http://cafephilosophique-montargis.hautetfort.com/media/00/01/1783403277.2.jpg" alt="camus,montaigne,platon,descartes,leibniz,hegel,heidegger,épicure,foucault,descartes,jankélévitch,sartre,pascal,cyrulnik" /></a>Finalement, qu’entend-on par vivre dans cette idée de la mort ? <a href="http://cafephilosophique-montargis.hautetfort.com/archive/2018/04/10/compte-rendu-du-debat-tout-doit-il-etre-fait-par-passion-6042414.html" target="_blank" rel="noopener noreferrer">On a parlé de passions lors d’un café philo précédent</a>, mais certaines personnes n’en ont pas et se sentent pourtant parfaitement en vie, telles ces parents de famille heureux qui trouvent leur plaisir dans la simplicité comme dans la spécificité d’un domaine qu’ils aiment, que ce soit dans les arts, dans le sport ou dans les sciences : "<em>Tant qu’on a de l’appétit on mange et ce n’est pas du tout désagréable</em>," réagit un participant. Le fait de vivre, disait en substance Montaigne, est déjà un privilège, même si on a l’impression de n’avoir rien fait. Comment penser la mort et notre mort ? </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">Parler de la mort ne serait-elle pas vaine puisque la mort est toujours celle des autres, même s’ils sont proches ? La mort des autres, la mort spectacle, la mort fictionnée voire ludique (dans les jeux vidéos) ne sont finalement que des façades. Penser notre mort ne semble pas être notre préoccupation car elle nous terrifie : "<em>Ivan Illitch voyait qu’il mourait et il en était désespéré. Dans le fond de son âme, il savait bien qu’il mourait ; mais non seulement il ne parvenait pas à s’habituer à cette pensée, il ne la comprenait même pas, il était incapable de la comprendre</em>" écrivait Léon Tolstoï. Nous n’avons pas connaissance de notre propre mort, ni de notre propre vie. La mort est de l’ordre du savoir et de la séparation. Mais a-t-on vraiment conscience de la vie ?</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">Il peut être question d’instinct de vie, une expression faisant de l’homme un animal comme un autre ("Seul l'homme meurt, l'animal périt" disait Heidegger). Un intervenant cite Jean Moréas : "<em>Goûtez tous les plaisirs et souffrez tous les maux ; et dites : c’est beaucoup et c’est l’ombre d’un rêve.</em>"</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;"><a href="http://cafephilosophique-montargis.hautetfort.com/media/02/01/885929489.jpg" target="_blank" rel="noopener noreferrer"><img id="media-5813827" style="float: left; margin: 0.2em 1.4em 0.7em 0;" title="" src="http://cafephilosophique-montargis.hautetfort.com/media/02/01/1066666280.jpg" alt="camus,montaigne,platon,descartes,leibniz,hegel,heidegger,épicure,foucault,descartes,jankélévitch,sartre,pascal,cyrulnik" /></a>Il est question de cette conscience de la mort, l’illusion de la mort qui ne devrait pas exister et qui pourtant devient un spectacle. Cette mort qui nous frôle peut être un aiguillon, ou du moins un e impulsion, pour reprendre en main son destin et choisir sa vie, à tout âge ! La peur de la mort serait une nécessité car elle nous pousse à faire les choses plutôt que de vivre par procuration ou dans une forme de procrastination : "<em>C'est parfois la peur de la mort qui pousse les hommes à la mort</em>" écrivait Épicure. </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">Au cours du débat, une participante regrette que l’on parle plus de mourir que de vivre. Vivre seul et aussi avec autrui car c’est sans doute la mort des autres qui fait le plus peur. Boris Cyrulnik parlait à ce sujet de niche affective : ces sept ou huit proches et amis capables de vous permettre de vivre le plus pleinement possible, ces points de repère affectifs qui adoucissent l’existence et vous permettent de vous sentir moins seuls. Michel Foucault disait également que "<em>la philosophie antique nous apprenait à accepter notre mort. La philosophie moderne, la mort des autres.</em>" </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">Vladimir Jankélévitch parlait du "<em>pouvoir limité par la mort et l'infinité du devoir moral.</em>" Notre vie est limitée par la mort, indéniablement. Entre notre naissance et notre mort, il y a une impossibilité de nous accomplir. On est dans un aspect proche du stoïcisme. Nous avons notre propre liberté de vivre entre ces deux contraintes que sont la naissance et la mort. Le droit moral, quelque part, s’inscrit dans quelque chose d’infini, à l’opposé de la mort – et du fini. Cette citation nous ramène bien entendu à l’existentialisme conceptualisé par Sartre : "<em>Si, en effet, l'existence précède l'essence, on ne pourra jamais rien expliquer par référence à une nature humaine donnée et figée; autrement dit, il n'y a pas de déterminisme, l'homme est libre, l'homme est liberté.</em>" Notre nature humaine n’est pas donnée et figée, contrairement à ce que pensaient les intellectuels chrétiens, mais c’est en dépit de notre mort, et pleinement conscients de celle-ci, que nous devons être dans notre vie, et ne pas faire comme si nous ne devions jamais mourir. </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">L’équipe du café philo termine la séance en remerciant les personnes de la médiathèque pour leur accueil et l’aide qu’ils ont apportés à la réussite de ce débat. Une réussite qui en appelle d’autres à coup sûr. L’équipe du café philo rappelle son prochain rendez-vous, le <strong>vendredi 18 mai au café Le Belman</strong>, pour un sujet choisi par le public lors de la séance de mars : "<strong><em>Qu’est-ce qu’être normal ?</em></strong>"</span></p>
Café philosophique de Montargishttp://cafephilosophique-montargis.hautetfort.com/about.htmlCompte-rendu du café philo : ”la pauvreté est-elle le mal absolu ?”tag:cafephilosophique-montargis.hautetfort.com,2016-01-16:57456042016-01-16T15:28:00+01:002016-01-16T15:28:00+01:00 Thème du débat : "La pauvreté est-elle le mal absolu ?" ...
<p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;"><strong><span style="font-size: small;">Thème du débat : </span><span style="color: #ffff00; font-size: small;">"La pauvreté est-elle le mal absolu ?" </span></strong></span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;"><strong>Date : <span style="color: #ffff00;">4 décembre 2015 à la Brasserie du centre commercial de la Chaussée</span></strong></span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">Le vendredi 4 décembre 2015, le café philosophique de Montargis se réunissait pour un débat qui avait pour thème : "<em>La pauvreté est-elle le mal absolu ?</em>" Une soixantaine de personnes étaient présentes pour cette 53e séance.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">À cette question, "<em>La pauvreté est-elle le mal absolu ?</em>" une participante réagit par une autre question : "<em>Est-ce que c'est la pauvreté qui est le mal absolu ou est-ce que ce sont les causes qui l'engendre ?</em>" Une autre participante s'interroge : "<em>Qu'est-ce que la pauvreté ?</em>" Pour un troisième intervenant, la pauvreté serait sans doute un mal relatif. Il s'en réfère à l'Histoire et à cette vision que l'on a pu avoir de la pauvreté dans des périodes reculées, voire très reculées. Aujourd'hui le capitalisme libéral tendrait à nous montrer un miroir affreux de la pauvreté qui serait injuste : il rappelle que 67 personnes détiennent autant de richesses et de patrimoine que 3,5 milliards d'êtres humains sur terre ! Il y a une forme de différence et de comparaison et c'est cette différence qui ferait le problème. À cela s'ajoute le fait que non seulement le riche accapare la richesse universelle mais renvoie en plus ses déchets au détriment de ses contemporains. Le problème de la pauvreté tiendrait à l'écart entre deux extrêmes, un écart considéré comme inacceptable.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">Gilles souhaite s'arrêter sur des notions économiques afin de définir ce qu'est la pauvreté. Il convient d'abord, dit-il, de revenir sur la notion de revenu médian, qui était en 2012 de 1645 euros. Est pauvre la personne qui gagne moins de 60 % de ce revenu médian, soit, en 2012, de 987 euros. Il y avait huit millions de Français dans cette catégorie. La grande pauvreté est fixée à 50 % de cette valeur, soit 843 euros en 2012 et l'extrême pauvreté 760 euros, soit 1,6 millions de personnes dont beaucoup de familles monoparentales. Le seuil de la pauvreté internationale est définie par l'économiste <a href="https://en.wikipedia.org/wiki/Martin_Ravallion" target="_blank" rel="noopener">Martin Ravallion</a> qui parle du seuil de pauvreté monétaire "nécessaire à la survie de l'individu". En 1992, elle était de 1,25 dollars par jour. Elle est de 1,90 dollars en 2015. En France, le RSA est de 524,16 euros pour une personne seule (786 euros pour une personne avec un enfant). L'allocation de solidarité des personnes âgées (le minimum vieillesse) est de 800 euros par mois pour une personne seule et de 1 242 euros par mois pour un couple.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">Une participante réagit en critiquant cette notion de calcul de la pauvreté en fonction du revenu et du calcul selon le revenu médian. Il conviendrait de s'interroger sur la somme dont une personne a besoin pour vivre correctement, se loger, se nourrir. D'ailleurs, dans certaines tribus, la notion de pauvreté n'a pas de sens à partir du moment où chacun parvient à vivre correctement.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">Derrière ces chiffres, dit Bruno, il y a la réalité, y compris une réalité morale. Un économiste peut calculer de manière froide ce qu'est la pauvreté mais, derrière, il y a le vécu de tel ou tel. La question du débat de ce soit, "<em>La pauvreté est-elle le mal absolu ?</em>", peut interpeller. Il semblerait qu'aujourd'hui, le pauvre n'existe plus, ou du moins qu'il n'a plus droit de cité. On ne parle aujourd'hui plus de "<em>pauvre</em>". Non pas que la pauvreté ait disparu mais force est de constater que le vocabulaire contourne cette notion. On parle plus volontiers de gens modestes, indigents, démunis, précaires, de ménages ne pouvant joindre les deux bouts, de SDF, de fins de droit. À la limite, en terme d'économie, la notion de pauvreté est encore présente (seuil de pauvreté, travailleurs pauvres, etc.) mais la pauvreté serait considérée comme un mal tel que nous refusons jusqu'à nommer "<em>pauvre</em>" un pauvre. La pauvreté, pour une intervenante, est "<em>le mal absolu de la société</em>", "<em>son talon d’Achille</em>". Il faut la cacher aux yeux de tous car c'est une honte.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">La pauvreté peut également être vue, dit un participant, sous un angle moral, intellectuel, toutes ces pauvretés semblant être liés. Ne parle-t-on pas de misère "<em>affective</em>" ou de misère "<em>intellectuelle</em>" ? L'auteur post-moderne <a href="http://www.houellebecq.info/" target="_blank" rel="noopener">Michel Houellebecq </a>parle "<em>d'extension du domaine de la lutte</em>" en parlant de cette inégalité entre riches et pauvres étendue au domaine affectif et sexuel. La difficulté affective, intellectuelle et sociale est abordée par une autre intervenante. Cette pauvreté recouvrerait la difficulté qu'ont les gens à dire ce qu'ils sont réellement. Gilles cite<a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Karl_Marx" target="_blank" rel="noopener"> Karl Marx</a> "<em>La pauvreté est le lien passif qui fait que l’homme éprouve le besoin de la plus grande des richesses : autrui.</em>" Parler de la pauvreté ne saurait se limiter à "<em>l'avoir</em>" que l'on a que l'on n'a pas. Ce serait aussi, insiste une personne de l'assistance, une question "<em>d'être</em>". Être pauvre serait aussi être mal !</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">Pour en revenir à cette notion de pauvreté matérielle, la pauvreté serait causée, dit Claire, par "<em>la malédiction de la rareté</em>", selon laquelle il y n'y aurait pas assez de ressources sur terre pour satisfaire tous les besoins. Donc, la solution serait d'agir soit sur les ressources soit sur les besoins. Mais étant ancrés dans une civilisation essentiellement hédoniste, nous sommes à mille lieues de changer notre vision des besoins. <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/%C3%89picure" target="_blank" rel="noopener">Épicure </a>disait : comment devenir riche ? Il ne faut pas augmenter nos biens mais diminuer nos besoins ("<em>La belle chose, que le contentement dans la pauvreté !</em>"). C'est un grand défi de nos civilisations modernes qui ont longtemps voulu rendre abondant ce qui était rare. Or, cela ne fait que créer une sous-couche de pauvreté (<em>sous-prolétariat</em>), frustrée d'être mise à l'écart de cette abondance. Bruno ajoute que la notion de pauvreté qui a évolué avec le temps. <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Platon" target="_blank" rel="noopener">Platon </a>estimait ainsi que la pauvreté était un danger pour la Cité ("<em>Si un État veut éviter la désintégration civile, il ne faut pas permettre à la pauvreté et à la richesse extrême de se développer dans aucune partie du corps civil</em>", <em><a href="http://cafephilosophique-montargis.hautetfort.com/archive/2015/11/07/platon-la-pauvrete-desastre-civique-5712757.html" target="_blank" rel="noopener">voir ce lien</a></em>). Puis, à partir du Moyen Âge, est venu le concept de la pauvreté évangélique, une pauvreté acceptée voire revendiquée, avec la charité comme action vertueuse. Nous y reviendrons. Les Révolutions industrielles au XIXe siècle et la remise en cause du paradigme chrétien a été un retour de balancier : la lutte contre la pauvreté est devenue centrale et cette lutte est encore présente aujourd'hui. La question est aussi de savoir si notre objectif social est de devenir plus riche ou de consommer moins (décroissance). Une participante ajoute que pendant des millénaires la norme était que toute personne était pauvre et que seule une minorité pouvait prétendre à la richesse. Or, aujourd'hui, dans nos civilisations dites "<em>avancées</em>" être pauvre est anormal et "<em>mal</em>", justement parce que la richesse intrinsèque des nations modernes est importante "<em>et que chacun voudrait avoir sa part du gâteau</em>".</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">Qu'est-ce que la pauvreté et en quoi est-elle un mal absolu ? Se demande un intervenant. S'agit-il de la pauvreté relative définie par des notions économiques ou bien de la pauvreté absolue, cette pauvreté "<em>mère de tous les maux</em>" - délinquance, maladie, dénuement complet ? Ne pas pouvoir avoir accès à la santé, à la culture, à la sociabilisation, à la nourriture et au logement sont de véritables fléaux. Claire à ce sujet fait la distinction entre pauvreté et misère. <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Thomas_d%27Aquin" target="_blank" rel="noopener">Thomas d'Aquin</a> a conjecturé que la pauvreté était un manque de superflu et la misère un manque de nécessaire. Pour <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Adam_Smith" target="_blank" rel="noopener">Adam Smith</a>, la pauvreté est la privation des nécessités de la vie quotidienne. C'est en soi une notion large et floue. Si la pauvreté est-elle le mal absolu, de quelle pauvreté parlons-nous ? Parle-t-on des gens affamés ou bien de cette vie frugale prêchée par beaucoup de philosophes. Ces derniers font l'éloge d'une vie pauvre, simple et essentielle mais ils ne font absolument pas l'éloge de la misère. La pauvreté peut créer une atmosphère d'entraide et d'humanité : "<em>Passer de l'appauvrissement à la pauvreté, comme on va de l'humiliation à l'humilité</em>" disait <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Blaise_Pascal" target="_blank" rel="noopener">Blaise Pascal</a>. La misère, elle, est un point de non-retour. Un intervenant s'interroge : qui aujourd'hui serait prêt à choisir la pauvreté ou la sobriété – pour prendre un terme plus doux ?</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">Un participant considère en effet que la pauvreté est un mal relatif et non absolu. La lutte contre la pauvreté serait dans les cordes de l'humanité, mais c'est une question de volonté. La pauvreté, dit encore une intervenante, est dans le vécu. Vivre modestement, voire chichement, ne saurait être une entrave au bonheur. <a href="http://www.pierrerabhi.org/" target="_blank" rel="noopener">Pierre Rabhi</a> parle même de "<em>sobriété heureuse</em>" ajoute une autre personne du public. A-t-on besoin du superflu ? Il semblerait que non, malgré la pression sociale pour avoir la dernière voiture, le dernier téléphone portable. Ce combat quotidien peut au contraire conduire au malheur voire au désespoir, comme le remarquait <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/S%C5%93ur_Emmanuelle" target="_blank" rel="noopener">Sœur Emmanuelle </a>qui comparait la société française avec les chiffonniers du Caire.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">Parler de la pauvreté c'est aussi parler de la comparaison avec mon voisin que j'estime plus riche que moi, avec une plus grosse voiture, une plus belle maison, de meilleurs revenus. Il s'agit d'une sorte d'affrontement et de défiance, avec la richesse et la pauvreté comme éléments clés. Ce que je n'ai pas m'enfoncer bien plus que ce que je possède. Le rassasiement pourrait ne jamais venir, même pour les personnes les plus fortunées.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">La sobriété semblerait être le pendant bénéfique d'une pauvreté/dénuement. Ce serait une lutte assumée contre l'abondance, avec comme notion centrale la liberté et la raison. À ce sujet, ajoute une participante, <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Victor_Hugo" target="_blank" rel="noopener">Victor Hugo</a> disait : "<em>Qui n'est pas capable d'être pauvre, n'est pas capable d'être riche.</em>" <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Lao_Tseu" target="_blank" rel="noopener">Lao Tseu</a>, lui, écrivait : "<em>Celui qui a bien compris le sens du mot "assez" aura toujours suffisamment</em>". La pauvreté viendrait de notre attachement au bien matériel et plus on en a et plus en a besoin, et moins on est libre. Un intervenant n'est pas d'accord : la vraie pauvreté lui semble être une réalité rarement choisie, a fortiori dans des États riches. Pour une autre intervenante, en effet, le point de cristallisation est le choix, dans une société abondante permettant d'aller à l'opéra, de choisir de beaux vêtements et de vivre plus confortablement.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">Gilles revient sur la pauvreté monétaire théorisé dans les années 50 par <a href="https://en.wikipedia.org/wiki/Martin_Ravallion" target="_blank" rel="noopener">Martin Ravallion</a>. Un autre économiste, l'Indien <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Amartya_Sen" target="_blank" rel="noopener">Amartya Sen</a>, Prix Nobel d'économie en 1998, a travaillé sur les famines (<em>Poverty and famin</em>, 1981). Il parle de "<em>capabilité</em>" (<em>capability</em>) : les pauvres ne possèdent pas ces capacités à être ou à faire compte tenu de leurs capacités personnelles et des circonstances extérieures.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">La pauvreté peut-elle être éradiquée ? Demande une participante. Gilles répond que <a href="http://www.joseph-wresinski.org/Pere-Joseph-Wresinski.html" target="_blank" rel="noopener">Joseph Wresinski</a> a travaillé sur la grande pauvreté en fondant ATD Quart Monde. Il a posé cette question de l'éradication de la grande pauvreté et de la précarité économique, notamment dans un rapport en 1987. Il disait ceci : "<em>L'humiliation des pauvres n'est pas seulement injuste à nos yeux. Elle est la négation de l'honneur des pauvres. Elle est une atteinte fondamentale à leur dignité. Elle fait un type d'homme tel que Dieu et l'histoire des hommes l'ont créé</em>". En 1987, rappelle Gilles, se posait l'éradication de la grande pauvreté qui augmentait sans cesse, après une quasi-disparition durant les Trente Glorieuses en raison de l'industrialisation. Cette éradication pourrait être possible mais, d'après un intervenant elle n'est pas forcément souhaitée par une petite oligarchie qui pourrait profiter de cette pauvreté pour s'enrichir (<em><a href="http://cafephilosophique-montargis.hautetfort.com/les-riches-le-meritent-ils/" target="_blank" rel="noopener">Voir un précédent débat du café philosophique de Montargis, "Les riches le méritent-ils ?"</a></em>). Or, cette richesse semblerait être souhaitée par nombre de personnes qui ne refuseraient pas d'entrer dans cette oligarchie. En retour, cette classe soudée par la fortune ne serait pas fermée aux nouveaux entrants, dans la mesure où ces derniers sont riches : "<em>Ne dites pas du mal des riches, ça pourrait vous arriver</em>".</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">L'éradication de la pauvreté paraîtrait selon une participante en effet difficile à atteindre. Limiter ses besoins apparaîtrait pour beaucoup insurmontable. Par ailleurs, les aides reçues pourraient être des freins à l'imagination et à l'inventivité, au risque d'une compétitivité entre pauvres pour s'en sortir, comme le rajoute une participante.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">La pauvreté étant relative considère une autre personne, l'éradication de la pauvreté pourrait advenir lorsque tout le monde sera pauvre : alors, personne ne pourra comparer ses richesses avec celles de son voisin puisque chacun sera logé à la même enseigne ! Alors, il n'y aura plus de pauvre ! Derrière cette affirmation provocatrice, ajoute cette intervenante, la question est de savoir si chacun de nous est prêt à laisser les biens qui nous sont chers. À ce sujet, il existe un texte des Évangiles prônant la pauvreté :"<em>Il est bien plus difficile à un riche d'entrer dans le Royaume de Dieu qu'un chameau d'entrer dans le chat d'une aiguille</em>" (<em><a href="http://cafephilosophique-montargis.hautetfort.com/archive/2015/11/11/marc-de-la-difficulte-d-etre-pauvre-5714382.html" target="_blank" rel="noopener">voir le texte en ligne</a></em>). Bruno revient sur cette notion de pauvreté évangélique qui a marqué l'histoire de nos sociétés. Le Sermon sur la Montagne, qui contient la citation célèbre "<em>Heureux les pauvres...</em>", semblerait avoir été détourné de son sens. Le "Heureux les pauvres" aurait une connotation révolutionnaire que les théologiens de la Libération ont rappelé : "<em>Heureux les pauvres : grâce à moi ils ne seront plus pauvres</em>". On le voit, Jésus ne serait pas ce prêcheur consolant les pauvres mais celui qui leur promettrait la richesse ici et maintenant. On le voit la pauvreté évangélique ne semblerait pas être acquise, y compris au sein de la sphère religieuse, comme le montre <a href="http://cafephilosophique-montargis.hautetfort.com/archive/2015/12/03/eco-dispute-au-sujet-de-la-pauvrete-le-nom-de-la-rose-5726036.html" target="_blank" rel="noopener">un extrait du <em>Nom de la Rose</em> d'Umberto Eco </a>où Franciscains et proches du pape se chamaillent et s'insultent au sujet de la pauvreté évangélique.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">À ce point du débat, une intervenante s'interroge sur l'image qui se dessine du pauvre. Deviendrait-il un personnage à part entière, miséreux et caricatural. Or, qui n'est pas pauvre ? Beaucoup d'entre nous viennent de familles pauvres, sans pour autant que cela nous ait frappé. Pourquoi ? Parce que cette pauvreté n'est pas vécue ainsi, parce que l'éducation, l'échange et la culture l'emportent sur tout autre aspect économique. On peut avoir la sensation de vivre modestement, "<em>de devoir faire attention</em>", d'être "<em>dans la dèche</em>" mais pas de vivre dans une pauvreté.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">Claire rappelle qu'est miséreux celui qui n'arrive pas à subvenir à ses besoins fondamentaux, à survivre. Est pauvre celui qui l'est au regard d'autrui, "<em>qui se l'entend dire</em>", "<em>qui reçoit une frustration existentielle et corrosive parce qu'il est dépossédé de bien qu'on lui fait croire indispensables</em>".</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">Bruno conclut ce débat par une citation de <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Dominique_Lapierre" target="_blank" rel="noopener">Dominique Lapierre</a>, l'auteur de<em> La Cité de la Joie</em> : "<em>Il est facile à tout homme de reconnaître et de glorifier les richesses du monde, mais seul un pauvre peut connaître la richesse qu'est la pauvreté.</em>"</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">La soirée se conclue par le vote du sujet de la séance suivante, prévue le vendredi 29 janvier 2016. Trois sujets sont mis au vote : "L'homme est-il un loup pour l'homme ?", "Y a-t-il des guerres justes ?" et "<span style="color: #ffff00;">
Café philosophique de Montargishttp://cafephilosophique-montargis.hautetfort.com/about.htmlCompte-rendu du café philosophique de Montargis : ”De quoi sommes-nous responsables ?”tag:cafephilosophique-montargis.hautetfort.com,2015-10-30:57081382015-10-30T21:46:00+01:002015-10-30T21:46:00+01:00 Thème du débat : "De quoi sommes-nous responsables?" ...
<p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;"><strong>Thème du débat : <span style="color: #ffff00;">"De quoi sommes-nous responsables?" </span></strong></span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;"><strong>Date : <span style="color: #ffff00;">2 octobre 2015 à la Brasserie du centre commercial de la Chaussée</span></strong></span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;">Bruno </span><span style="font-size: small;">commence cette soirée et cette 51e séance par présenter aux 80 personnes présentes la nouvelle équipe qui s'est constituée après le départ de Claire Durand pour raisons personnelles. Bruno présente les deux animateurs qui vont l'accompagner pour cette première séance : d'abord, Gilles Poirier, un des plus fidèles du café philo, qui a suivi les séances depuis sa création. L'autre personne qui animera le premier débat de cette septième saison est Claire Bailly, qui a découvert récemment l'animation de la Chaussée et s'est lancée dans cette aventure. Pascal Weber, toujours fidèle au café philo, complète l'équipe de ce soir.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;">Pour lancer le débat, un premier participant parle du titre de la séance "De quoi sommes-nous responsables ?" Cette question en appelle d'autres : "<em>Comment philosopher et comment relativiser ? Comment définir la philosophie que l'on emprunte ? Comment définir le champ d'idée ?</em>" Pour aller plus loin, un autre intervenant souhaite poser la question de la responsabilité d'un individu vis-à-vis d'une société avec ses lois ou vis-à-vis de son éthique propre.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;">A ce sujet, Claire souhaite faire une distinction entre responsabilité civile et responsabilité morale. La responsabilité civile a ses limites, vis-à-vis de la loi : ce qui est légal et ce qui ne l'est pas. Il s'agit d'une responsabilité unique. La responsabilité morale est une notion abstraite car elle est propre à chaque individu. Elle déborde sur le champ de la conscience : quelqu'un va se sentir responsable d'un acte alors qu'une autre personne face à un même acte, ne se sentira pas responsable car elle n'a ni la même conscience, ni les mêmes valeurs.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;">Gilles souhaite s'arrêter sur les définitions de la responsabilité (<em>Le Robert</em>) : "<em>Qui doit réparer les dommages qu'il a causés par sa faute... Qui doit subir le châtiment par la loi</em>". Responsable est à la fois un substantif et un adjectif. La deuxième acception est : "<em>Qui doit rendre des comptes de ses actes ou de ceux d'autrui en vertu de la morale admise</em>" La troisième signification est :"<em>Qui est auteur, qui est la cause volontaire de quelque chose et en porte la responsabilité morale</em>." La quatrième variante : celui qui est "<em>chargé de</em>", celui qui prend les décisions dans une organisation. La cinquième acception : "<em>Qui est la cause et la raison suffisante de quelque chose</em>". Et la sixième, qui est plus récente, est issue du terme anglais <em>"responsible",</em> à savoir <em>"raisonnable", "réfléchi,</em> "<em>qui mesure les conséquences de ses actes, qui a une attitude raisonnable.</em>"</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;">Dans la notion de responsabilité il pourrait également être question d'instinct. Mes comportements pourraient être conditionnés par ces instincts qui mettent d'emblée la question de la responsabilité en questionnement. </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;">Nous pourrions être responsables de tout ce que nous entreprenons, est-il encore dit. Nous sommes à 100 % responsables de ce que nous entreprenons si nous entreprenons à 100 % cette chose. Je peux être responsable d'un examen que je passe mais je ne suis pas à 100 % responsable de son résultat. Certains critères m'échappent qui sont de la responsabilité d'une tierce personne. Un autre exemple est pris : celui des accidents de la route qui peuvent être autant dû à des négligences et une forme d'irresponsabilité qu'à des facteurs autres qui me dédouaneraient, ou bien me donneraient quelques circonstances atténuantes. Pour cet intervenant, "<em>tout le malheur du monde est le manque d'auto-responsabilité</em>", à force de toujours chercher "<em>les limites vis-à-vis d'autrui</em>". Le contournement de la loi et le judiciaire utilisé à mauvais escient aurait tendance à permettre à tel ou tel de se déresponsabiliser vis-à-vis de la loi commune à tous.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;">À travers ces interventions, dit Bruno, il apparaît que la notion de responsabilité est une notion vaste et sinueuse qui nous amène dans beaucoup de directions différentes : responsabilités vis-à-vis des autres, vis-à-vis de soi-même. Bruno revient au cœur de la question posée ce soir. La phrase "<em>De quoi sommes-nous responsables ?</em>" nous met en accusation. C'est une notion injonctive : la responsabilité a beaucoup à voir avec le pénal, alors que la responsabilité est beaucoup plus vaste. Bruno cite l'exemple d'une œuvre marquante de la littérature : <em>Le Procès</em> de <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Franz_Kafka" target="_blank" rel="noopener">Franz Kafka</a>, dans lequel le personnage principal, Joseph K. (que l'on peut du reste identifier à l'auteur) est accusé de quelque chose dont le lecteur ne saura rien (<a href="http://cafephilosophique-montargis.hautetfort.com/archive/2015/09/01/kafka-de-quoi-suis-je-coupable-5678503.html" target="_blank" rel="noopener"><em>voir cet extrait</em></a>). Désigné responsable (puis coupable), un procès se déroule dans une ambiance mystérieuse, procès qui aboutira à une fin tragique. La responsabilité est là : c'est une notion forte et écrasante. Or, il apparaît qu'aujourd'hui nous sommes responsables de tout et de rien. La responsabilité est très vaste, illimitée, mais en même temps, nous pouvons nous sentir à maints égards irresponsables de ce qui peut nous arriver. Un participant cite l'exemple de la famille qui induit une responsabilité à l'égard de ses enfants, de ses proches, de ses parents. La responsabilité est engagée dès lors qu'il y a un conflit. Les enjeux sociaux nous engagent, jusqu'au conflit : "<em>Nous avons la responsabilité d'être un être humain</em>". Mais être responsable, dans l'acception courate, c'est assumer sa liberté même si cela peut être difficile voire <em>"chiant"</em> ! Être responsable, ce serait <em>"répondre"</em> en conscience – plutôt que <em>"réagir"</em> – à une situation, fruit certainement d'un héritage plus ou moins imposant. </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;">La responsabilité a souvent avoir, dit une intervenante, avec la notion de responsabilité civile et la notion de culpabilité. Or, être responsable ce n'est pas forcément être coupable (<a href="http://www.ina.fr/video/I09167742" target="_blank" rel="noopener"><em>voir ce lien</em></a>). Cela pervertit même le sens de responsabilité, qui doit contenir une acception "civilisatrice", tel le Petit Prince qui doit être responsable de sa rose car il l'a apprivoisée (<a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Antoine_de_Saint-Exup%C3%A9ry" target="_blank" rel="noopener">Saint-Exupéry</a>). Dans l'étymologie, le mot responsabilité vient de l'expression "<em>répondre à</em>" : on répond de nos choix plutôt qu'on les assume. C'est une philosophie personnelle qui nous engage face aux autres. </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;">Encore faut-il que nous soyons de fait en état d'être responsables. Bruno évoque à ce sujet la psychanalyse. L'inconscient peut nous dicter via des lapsus, des actes manqués, des vérités qui nous dépassent. La psychanalyse tend depuis <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Sigmund_Freud" target="_blank" rel="noopener">Freud</a> à baliser le champ de cet inconscient qui nous contraint ("<em>Le Moi n'est plus maître dans sa propre maison</em>"). </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;">L'homme a une conscience réfléchie, dit une autre intervenante, et la notion de choix est capitale pour comprendre celle de responsabilité. Il n'y a pas de responsabilité s'il n'y a pas de liberté et de choix. Claire fait un point étymologique sur le mot <em>"responsabilité"</em> qui vient du latin <em>"respondere"</em> qui veut dire "<em>se porter garant de</em>" et du mot <em>"sponsio"</em> qui veut dire <em>"promesse".</em> Donc, au final, la responsabilité est littéralement "<em>assumer ses choix</em>". Pour qu'il y ait responsabilité, il faut qu'il y ait deux fondements : la liberté et la conscience. Je dois donc me poser cette double question : est-ce que je suis libre de mon choix et est-ce que je suis conscient de mon choix ? Claire prend l'exemple de l'ivrogne et du somnambule. L'un et l'autre sont dans la rue, l'un est endormi et l'autre est ivre. Or, chacun fait tomber par inadvertance une personne dans l'eau qui se noie. La question à se poser est : sont-ils responsables ? Les deux personnes sont toutes les deux inconscientes, l'un à cause du sommeil, l'autre à cause de l'alcool. Or, c'est là que la notion de liberté prend son sens : l'ivrogne avait le choix de cette inconscience alors que le somnambule ne l'était pas. Parler de liberté nous renvoie à <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Jean-Paul_Sartre" target="_blank" rel="noopener">Sartre</a> : L'homme est "<em>condamné à être libre</em>". Cette phrase apparaît de manière négative. La liberté n'est pas si douce. Elle est une angoisse d'avoir des choix constants à faire et de ne pas être acteurs des événements qui nous contraignent. N'être pas passifs nous impose. Nous sommes libres de faire nos choix. On ne naît pas libre, réagit une personne du public, mais nous avons la possibilité de le devenir. </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;">Un intervenant intervient sur cette notion de responsabilité qui peut être à la fois enivrante (être responsable d'une entreprise, par exemple) et parfois vaine ("<em>on n'est responsables de rien</em>"), tant le déterminisme nous contraint. Nous agissons face à, la nécessité (<a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Baruch_Spinoza" target="_blank" rel="noopener">Spinoza</a>), en accord avec la mouvance sociale autour de nous, de notre passé et de notre héritage, d'autrui également. La responsabilité est une question dialectique.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;">Bruno cite <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/%C3%89pict%C3%A8te" target="_blank" rel="noopener">Épictète</a> : "<em>Il y a ce qui dépend de nous, il y a ce qui ne dépend pas de nous. Dépendent de nous l’opinion, la tendance, le désir, l’aversion, en un mot toutes nos œuvres propres ; ne dépendent pas de nous le corps, la richesse, les témoignages de considération, les hautes charges, en un mot toutes les choses qui ne sont pas nos œuvres propres.</em>" Bruno revient sur la notion de responsabilité juridique, déjà débattue : un tribunal civil ou pénal punit un acte commis, plutôt que putatif, comme le disait <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Hans_Jonas" target="_blank" rel="noopener">Hans Jonas</a> : un acte doit être exécuté pour être puni.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;">Pour un autre intervenant, l'histoire impose que la notion de responsabilité ait évolué avec te temps, en plus d'être tributaire de cultures différentes : on a pu parler de responsabilité imposée par le cosmos, puis sous l'angle des religions, avant d'apporter la conscience et la connaissance humaine avec la démocratie et le droit positif. Un intervenant parle de la notion d'héritage. Il se pourrait aussi que nous devions répondre de nos actions devant deux sortes de tribunaux : le civil (mais quelle est la légitimité d'un village mettant en accusant tel ou tel, comme dans le film <em><a href="https://www.youtube.com/watch?v=hzkdqtSiOUw" target="_blank" rel="noopener">Coup de Chaud</a> </em>?) et notre conscience morale, si tant est que celle-ci n'a pas été "<em>dégénérée</em>", à l'exemple de ces marchands d'arme continuant leurs affaires sans état d'âme.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;">Aux propos d'une dame parlant de la notion de responsabilité historique de la seconde guerre mondiale pesant sur les épaules des jeunes générations allemandes, Bruno pose la question de savoir si on peut différencier responsabilité individuelle et responsabilité collective. Pour un intervenant, les deux termes sont en interaction entre le je et le tu ou entre le nous et le vous. Cette notion de culpabilité collective, voire de péché originel, semblerait peser lourdement dans les consciences, comme si la culpabilité de nos aïeux devait être portée par les générations suivantes. Bruno cite le film <a href="https://www.youtube.com/watch?v=8ku_n5T6oXs" target="_blank" rel="noopener"><em>Amnesia</em></a>, qui raconte l'histoire d'une femme allemande qui refuse son passé, sa langue et sa culture, en raison de cette responsabilité collective insupportable. Or, cette notion semblerait inadéquate. <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Hannah_Arendt" target="_blank" rel="noopener">Hannah Arendt</a>, qui a suivi le procès d'Adolf Eichmann, établit que la responsabilité collective n'a aucun sens, et en tout cas elle n'est pas moralement établie si je n'ai pas accompli d'actes : "<em>Deux conditions doivent être présentes pour qu'il y ait responsabilité collective : je dois être tenu pour responsable de quelque chose que je n'ai pas fait et la raison expliquant ma responsabilité doit être ma participation à un groupe (un collectif) qu'aucun acte volontaire de ma part ne peut dissoudre, c'est-à-dire une participation qui n'a rien à voir avec un partenariat commercial, que je peux dissoudre à volonté. La question de la "faute en groupe par complicité" doit être laissée en suspens parce que toute participation est déjà non déléguée. Cette forme de responsabilité est selon moi toujours politique, qu'elle prenne la forme ancienne où toute une communauté se juge responsable de ce que l'un de ses membres a fait ou bien si une communauté est tenue pour responsable de ce qui a été fait en son nom.</em>" </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;">Claire revient sur la responsabilité civile qui a pour principe de mettre une limite à nos actes afin de maintenir une certaine cohésion sociale, avec le risque de se déresponsabiliser en pointant du doigt autrui ou un groupe. </span><a style="font-size: small;" href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Jean-Paul_Sartre" target="_blank" rel="noopener">Sartre</a><span style="font-size: small;"> </span><span style="font-size: small;">disait ceci : "<em>L'homme qui se croit déterminé se masque sa responsabilité</em>". Comment alors, se demande Bruno, être responsable dans un monde complexe, multi-connecté avec beaucoup de choses qui nous échappent ? Pour une participante, le degré de responsabilisation n'est pas uniforme d'un individu à un autre, surtout dans un monde de plus en plus vaste, et avec des élites de plus en plus puissantes et souvent impunies. La contrainte sociale semblerait nous déresponsabiliser : "<em>Soyez le changement que vous voudriez voir dans le monde</em>" invitait <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Gandhi" target="_blank" rel="noopener">Gandhi</a> pour une prise de conscience générale. Seulement, "<em>comment aimer un monde qui n'est pas aimable</em>" et comment imposer sa responsabilité dans des sociétés où l'individu a du mal à se faire entendre ?</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;">De là, Gilles évoque le danger d'une déresponsabilisation sociale due à un amoncellement de lois. Le philosophe, sociologue et historien <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Cornelius_Castoriadis" target="_blank" rel="noopener">Cornelius Castoriadis</a> (<a href="http://www.monde-diplomatique.fr/1998/08/CASTORIADIS/3964" target="_blank" rel="noopener"><em>voir aussi ce lien</em></a>) ne dit pas autre chose lorsqu'il stigmatise ce déficit en responsabilisation : "<em>Il y a donc une contre-éducation politique. Alors que les gens devraient s’habituer à exercer toutes sortes de responsabilités et à prendre des initiatives, ils s’habituent à suivre ou à voter pour des options que d’autres leur présentent. Et comme les gens sont loin d’être idiots, le résultat, c’est qu’ils y croient de moins en moins et qu’ils deviennent cyniques.</em>" Le cynisme semblerait être un aboutissement à cette déresponsabilisation. Bruno rappelle que le cynisme vient du grec <em>kunikos,</em> chien : "<em>ceux qui déchiquettent les opinions</em>", qui se mettent à l'écart de la société - tel <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Diog%C3%A8ne" target="_blank" rel="noopener">Diogène</a> - par déception, indignation et apathie. </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;">En tout état de cause, avance un autre intervenant, il semblerait que ce soit la responsabilité qui structure l'être humain, avec une obligation morale d'assumer ses actes. À ce sujet, un proverbe portugais dit ceci : "<em>Nos malheurs entrent toujours par des portes que nous ouvrons</em>". La notion de liberté et de choix est toujours présente. Cependant, penser que tous nos actes nous engagent et engagent la vie peut vite "<em>rendre la vie impossible</em>", et cela pourrait nous tétaniser. La philosophie pratique ne devrait-elle pas nous imposer une ataraxie, à la manière d’<a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/%C3%89picure" target="_blank" rel="noopener">Épicure</a> ? Sans doute, faudrait-il plutôt tenter de ne pas créer de malheur. "<em>Un homme ça s'empêche</em>" disait <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Albert_Camus" target="_blank" rel="noopener">Albert Camus</a> : pourquoi ne chercherions-nous pas, modestement, "<em>à éviter de faire plutôt qu'à chercher à faire</em>" ? </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;">Une personne du public revient sur l'acception religieuse de la responsabilité, en rappelant qu'il a été un moment question de péché originel. Elle fait référence à l'encyclique <em>Laudato Si </em>du pape <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Fran%C3%A7ois_(pape)" target="_blank" rel="noopener">François</a> sur l'environnement et sur les conséquences de nos actions, et de celles des entreprises prévaricatrices du milieu naturel - non sans notre complicité. L'homme n'a pas à être un pion irresponsable, dit-elle encore, mais un "<em>maillon intégré dans le système</em>" pour évaluer le bout de la chaîne, qui sont les milliards d'êtres humains qui n'ont ni eau, ni nourriture, ni électricité. Ces propos, dit Bruno, font écho au philosophe </span><a style="font-size: small;" href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Hans_Jonas" target="_blank" rel="noopener">Hans Jonas</a><span style="font-size: small;"> qui a écrit un ouvrage de référence, <em>Le Principe Responsabilité (<a href="http://cafephilosophique-montargis.hautetfort.com/archive/2015/09/27/jonas-le-principe-responsabilite-2-5691223.html"
Café philosophique de Montargishttp://cafephilosophique-montargis.hautetfort.com/about.htmlCOMPTE-RENDU DE LA SÉANCE : ”FAUT-IL TOUT FAIRE POUR ÊTRE HEUREUX ?”tag:cafephilosophique-montargis.hautetfort.com,2015-01-25:55432812015-01-25T12:55:00+01:002015-01-25T12:55:00+01:00 Thème du débat : "Faut-il tout faire pour être heureux ?" ...
<p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;"><strong>Thème du débat : <span style="color: #ffff00;">"Faut-il tout faire pour être heureux ?" </span></strong></span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;"><strong>Date : <span style="color: #ffff00;">12 décembre 2014 à la Brasserie du centre commercial de la Chaussée</span></strong></span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;">Le café philosophique de Montargis se réunissait le 12 décembre 2014 pour un débat portant sur cette question : "Doit-on tout faire pour être heureux ?" Une centaine de personnes était présente pour cette 45e séance. </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;">Claire commence par préciser qu'il s'agissait d'un sujet proposé, en juin 2014, pour l'épreuve de philosophie du baccalauréat (section Littéraire). </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;">Un premier participant problématise cette question : est-il question d'une obligation ? Qu'est-ce qu'être heureux (biens matériels, comportements, etc.) ? Quel est le rapport entre la notion de bonheur et celle de plaisir ("<em>la récompense</em>") ? Le "<em>tout faire</em>" pourrait impliquer que ce chemin vers le bonheur se ferait "<em>au détriment des autres</em>". La répartition des biens et des richesses en est une illustration, ajoute ce participant. La cupidité et la rapacité se font au détriment d'une immense majorité de personnes pauvres ou modestes (il est cité l'exemple des notaires – "<em>pas forcément dans le besoin</em>" – manifestant cette semaine pour conserver leur niveau de vie...). À l'inverse, certaines personnes altruistes sont heureuses lorsqu'elles apportent un peu de bien aux autres. Bruno rebondit en citant l'exemple de <a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Fritz_Zorn" target="_blank" rel="noopener">Fritz Zorn</a>, <em>Mars</em> : le narrateur, issu d'un milieu bourgeois et aisé, trouve son salut – et une forme de bonheur – grâce à la maladie qui l'accable.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;"><br />Pour un autre intervenant : "<em>Il faut tout faire pour être heureux, parce que la vie est courte (... ), mais dans la limite du raisonnable</em>". La question soulevée par une participante est celle de quantifier le bonheur : quand est-on heureux ? La réponse peut être dans une forme de comparaison. Une intervenante se demande si le bonheur ne résiderait pas dans l'absence de malheur, une optique dans laquelle s'engouffre le domaine pharmaceutique et les mises à disposition de psychotropes. Lorsque tout va bien, dit Claire, nous pouvons être dans un état d'allégresse, de joie, de spontanéité qui n'est sans doute pas à proprement parlé du bonheur. Par contre, c'est sans doute dans le malheur et dans les témoignages d'amour et de soutien que l'on pourrait retrouver la trace de ce bonheur. </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;">Pour une participante, le bonheur est une exigence autant qu'un état personnel, lié à l'éducation, avec certainement une part génétique voire neurologique. Aux notions de bien et de mal, peut s'ajouter les notions de "<em>bien vivre" et de "mal vivre</em>". Tout faire pour être heureux semblerait ne pas vraiment avoir de sens, dit encore cette participante, car le bonheur semblerait être un état naturel ("<em>On ne peut pas se forcer à être heureux : on l'est ou on l'est pas</em>"). Par contre</span><span style="font-size: small;">, ajoute-t-elle</span><span style="font-size: small;">, certaines personnes, peuvent rendre malheureux les autres. </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;">Pour une autre intervenante, le bonheur est souvent associé à quelque chose d'extérieur à soi que que l'on posséderait : la santé, l'amour, une famille, les biens matériels, etc. "<em>Une récompense</em>", est-il encore dit au cours de la soirée. L'autre remarque de cette intervenante réside autour de cette question : "<em>Est-ce qu'il est obligatoire de faire quelque chose pour être heureux ?</em>" Ne pourrait-on pas être heureux dans la quiétude épicurienne évoquée par Claire : accepter et ne rien faire. En un mot : le lâcher prise ?</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;">Tout faire pour être heureux pose la question de l'âge : la jeunesse, remarque une personne de l'assistance, recherche le bonheur dans l'action, alors qu'avec l'âge cet état résiderait plutôt dans l'évitement de la douleur : l'ataraxie. </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;">Claire revient sur cette notion de bonheur et d'obligation, évoquées plus haut : "<em>Il y a la notion d'obligation mais aussi la notion de devoir</em>". Le "<em>tout faire</em>" et le "<em>doit-on</em>" peuvent se regrouper autour de la notion de devoir. Autrement dit, je pourrais pratiquer un <a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/H%C3%A9donisme" target="_blank" rel="noopener">hédonisme</a> tel que, par définition, je me devrais, pour être un homme, d'être heureux envers et contre tous. Du coup, peut-on et comment arriver à l'état de plénitude – qui est l'état du bonheur ? Car il s'agit bien de cela, ajoute Claire : le bonheur est cet état de plénitude, sans manque ni désir. On est heureux lorsque l'on satisfait ses désirs. Le bonheur résiderait dans l'avoir et la possession, l'assouvissement de ses désirs et donc, quelque part, dans l'accomplissement de soi. </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;">La notion de devoir est importante, ajoute Claire, dans le sens où cela sous-entend une une forme d'exigence. Car, <em>a contrario</em>, si la finalité de la vie humaine n'est pas le bonheur, quelle est-elle ? La vérité ? La santé ? Autre chose ? Si l'on abandonne l'exigence du bonheur, peut-on mener une existence pertinente ? Pour une participante, la réponse est positive : on peut se contenter d'un "semi-bonheur" car, suite à ce semi-bonheur, "<em>le reste arrivera</em>" sans doute...</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;">Est-ce que le bonheur ne résiderait pas plutôt dans l'ataraxie, l'absence de troubles de l'âme ? À ce sujet, <a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/%C3%89picure" target="_blank" rel="noopener">Épicure</a> dit que le plaisir est le commencement et la fin de toute vie heureuse. Mais dans sa <em>Lettre à Ménécée</em>, il précise que tous les plaisirs ne sont pas à rechercher ni toutes les douleurs à éviter. Par là, l'épicurisme n'est pas cette doctrine philosophique souvent caricaturée d'une invitation à "<em>brûler la vie par les deux bouts</em>" : </span><a style="font-size: small;" href="http://fr.wikipedia.org/wiki/%C3%89picure" target="_blank" rel="noopener">Épicure</a> <span style="font-size: small;">recherche plutôt l'ataraxie, la quiétude, la sérénité. On peut penser qu'un bonheur ne peut s'atteindre si l'on est en conflit avec autrui. Mais donc ce cas, peut-on être heureux tout seul ? Et peut-on être heureux si l'on est malgré tout dans "<em>l'attentat</em>" envers son proche et son prochain ? </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;">Claire réagit en précisant qu'étymologiquement, le "<em>bon heur</em>" est la <em>"chance".</em> Par exemple, les <a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Eud%C3%A9monisme" target="_blank" rel="noopener">eudémonistes</a>, qui sont ces philosophes qui cherchent à comprendre le bonheur et les moyens d'y accéder, ne parlent pas de "<em>bon heur</em>", tant cette notion de chance et de fortune <em>(fortuna)</em> nous échappe. Mais par contre, ils parlent du Souverain Bien (<a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Aristote" target="_blank" rel="noopener">Aristote</a> ou <a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/%C3%89picure" target="_blank" rel="noopener">Épicure</a>). Nous ne sommes plus alors dans l'action mais plutôt dans le délaissement. On va à l'essentiel et à ce qui nous caractérise singulièrement, ce qui fait que nous sommes nous-même et pas un autre, y compris dans le corps politique (<em>polis</em>). Le bonheur se situe dans le respect de soi-même et de l'autre. Nous sommes alors dans la dimension éthique du Souverain Bien. </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;">Une participante remarque que ce débat sur le bonheur semble être très occidental, même si cette notion reste universelle. La France, pays développé et riche, fait partie de ces contrées dont les habitants sont les plus insatisfaits et les plus "<em>malheureux</em>" au monde. C'est aussi là, précise un autre intervenant, que se consomme le plus de psychotropes (du "<em>bonheur de substitution</em>"). Cette notion de bonheur est très relative et peut être mise en relief avec d'autres cultures, par exemple le Bouthan qui a remplacé le PNB (Produit National Brut) par le BNB (<a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Bonheur_national_brut" target="_blank" rel="noopener">Bonheur National Brut</a>). Un intervenant relativise cette posture : le BNB interdisait l'alcool, interdiction qui, par la suite a été levée, ce qui amis un sérieux coup de canif dans l'idéal de ce BNB !</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;">Un autre intervenant parle de techniques modernes pour accéder au bonheur (la méditation de pleine conscience de <a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Christophe_Andr%C3%A9" target="_blank" rel="noopener">Christophe André</a>), de notions psychologiques ou psychiatriques (la résilience de <a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Boris_Cyrulnik" target="_blank" rel="noopener">Boris Cyrulnik</a>) qui tendent à nous emmener vers une forme de bonheur immatériel : être en paix avec soi-même. <a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Paul_Watzlawick" target="_blank" rel="noopener">Paul Watzlawick</a>, de l'école de Palo Alto, dans l'ouvrage <em>Faites-vous même votre Malheur,</em> démontre comment certaines personnes s'enfoncent dans leur malheur, le ruminent et n'ont simplement jamais conscience de se sentir bien. </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;">Un nouveau participant reprend la question d'origine : "</span><em style="font-size: small;">Doit-on tout faire pour être heureux ?</em><span style="font-size: small;">" Si l'on répond par la négative, on se place d'emblée dans le camp de ceux pour qui bonheur ou malheur laisse indifférent. Je me place en position de désintérêt par rapport à la vie et à ma propre existence, - voire, ajoute-t-il, dans un "</span><em style="font-size: small;">état suicidaire</em><span style="font-size: small;">". La recherche du bonheur (même s'il s'agit, comme dit plus haut d'un "</span><em style="font-size: small;">demi bonheur</em><span style="font-size: small;">"), est, selon lui, une nécessité absolue, tout en sachant qu'il sera difficilement accessible, notamment pour les personnes vivant dans le dénuement et le désœuvrement le plus total. Pour une autre personne du public, le bonheur peut s'organiser (il cite l'importance des vacances ou de sorties en groupes) : "</span><em style="font-size: small;">Il faut se battre pour être heureux !</em><span style="font-size: small;">" autant que donner. Mais tout en gardant en tête, ajoute une intervenante, l'impératif de la morale : "</span><em style="font-size: small;">Pas de bonheur sans morale !</em><span style="font-size: small;">" Et pas de bonheur sans autrui, est-il également dit au cours de ce débat.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;">Pour un autre intervenant, la condition fondamentale du bonheur est celle de la liberté. L'accès au bonheur semblerait bien être l'objectif que tout un chacun souhaite atteindre. Seulement, présenté par les </span><a style="font-size: small;" href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Eud%C3%A9monisme" target="_blank" rel="noopener">eudémonistes</a> <span style="font-size: small;">comme le Souverain Bien, il s'agit d'un idéal et en tant qu'idéal il est inatteignable : "<em>Le concept du bonheur est un concept si indéterminé, que, malgré le désir qu’a tout homme d’arriver à être heureux, personne ne peut jamais dire en termes précis et cohérents ce que véritablement il désire et il veut</em>", écrivait Emmanuel Kant. Jean Anouilh disait, de son côté : "<em>Il ne faut pas croire exagérément au bonheur.</em>"</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;">Pour Claire, il y a une nette distinction entre l'injonction "</span><em style="font-size: small;">Je dois tout faire pour être heureux</em><span style="font-size: small;">" par l'action d'une part et le travail sur soi afin d'acquérir une forme de sérénité d'autre part. Il est sans doute important de faire en sorte de donner un sens à sa vie (</span><a style="font-size: small;" href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Jean-Paul_Sartre" target="_blank" rel="noopener">Sartre</a><span style="font-size: small;">) ; a contrario, pour beaucoup de philosophes, si le bonheur se situe dans un état de projection, on perd tout car, par définition, s'évertuer à dire que l'on est heureux c'est oublier qu'on l'est déjà ! </span><span style="font-size: small;">La philosophie <a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Sto%C3%AFcisme" target="_blank" rel="noopener">stoïcienne</a> dit par exemple qu'il y a ce qui dépend de moi et ce qui n'en dépend pas ; tout ce qui ne dépend pas de moi, je dois m'en détacher et tout ce qui dépend de moi, je dois l'apprécier. Pour <a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Blaise_Pascal" target="_blank" rel="noopener">Blaise Pascal</a>, l'homme sera d'autant plus heureux lorsqu'il arrêtera de chercher à se divertir, le divertissement n'étant rien d'autre que la projection vers un bonheur illusoire, au risque d'oublier l'instant présent : la méditation et la contemplation, là, maintenant, serait préférable à la nostalgie comme à une recherche vaine vers un bonheur futur et hypothétique. Un participant cite à ce sujet <a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Bouddha" target="_blank" rel="noopener">Bouddha</a> : "<em>La joie se cueille, le plaisir se ramasse et le bonheur se cultive.</em>" Ce sont les petits bonheurs et les petits malheurs qui permettent d'accueillir la vie : "<em>Goûtez tous les plaisirs et souffrez tous les maux / Et dites : c'est beaucoup et c'est l'ombre d'un rêve</em>" (<a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Jean_Mor%C3%A9as" target="_blank" rel="noopener">Jean Moréas</a>), cite un participant.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;">Pour aller plus loin, la morale devrait-elle toujours prévaloir dans cette "<em>construction du bonheur</em>". </span><a style="font-size: small;" href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Blaise_Pascal" target="_blank" rel="noopener">Pascal</a> <span style="font-size: small;">dit : "<em>Tous les hommes recherchent d’être heureux. Cela est sans exception, quelques différents moyens qu’ils y emploient. Ils tendent tous à ce but</em>" (<em>Pensée 138</em>). Mais à le rechercher sans relâche, on oublie de vivre de manière pertinente, on s'oublie soi-même, si bien que "<em>le présent ne nous satisfaisant jamais, l’espérance nous séduit, et, de malheur en malheur, nous mène jusqu’à la mort, qui en est le comble éternel</em>". Une telle posture pose une question morale : s'accomplir soi-même vient en contradiction avec nos impératifs sociaux. Nous ne sommes sans doute jamais à notre place dans notre vie, la recherche du bonheur venant se heurter à une vie qui nous oblige. Le "<em>connais-toi toi-même</em>" <a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Socrate" target="_blank" rel="noopener">socratique </a>nous interpelle : est-ce que je suis à ma place ? Tout cela est une histoire d'appropriation.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;">Le bonheur, dit une autre intervenante, pourrait n'être qu'un fantasme. Un fantasme que de grandes idéologies du XXe siècle ont utilisé à des fins politiques, à décréter. Le bonheur ne serait pas à prendre d'un bloc mais comme une accumulation de petits événements ou de micro comportements à goûter ("<em>Le bonheur est dans le pré ; cours-y vite </em></span><em style="font-size: small;">cours-y vite </em><em style="font-size: small;">; le bonheur est dans le pré ; Cours y vite il va filer</em><span style="font-size: small;">" dit une comptine célèbre). Bruno rebondit sur cette question de "</span><em style="font-size: small;">bonheur collectif</em><span style="font-size: small;">". Un bonheur collectif qui, depuis la fin du XXe siècle, n'existe plus et a été remplacé par le concept de bonheur individuel (thérapies de groupe, cours de sophrologie, etc.).</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;">Parler du bonheur implique la nécessité et la capacité à le reconnaître lorsqu'il se présente à nous, réagit une nouvelle participante. Or, parfois, cette capacité nous ne l'avons pas. Le bonheur est aussi le fait d'appréhender le monde d'une certaine façon afin de <em>"le</em> <em>rendre heureux</em>". Lors d'une introspection, lors de mauvaises expériences, nous pouvons en tirer des conclusions et des leçons bénéfiques ("<em>positiver les choses</em>"). </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;">Ce qui est également en jeu à travers la question du bonheur est celle de la mort et de notre rapport à elle. Une intervenante cite l'Inde. Dans ce pays, la mort n'est pas taboue. Elle est présente de manière moins tragique que dans nos sociétés occidentales. Claire met en avant notre rapport moderne à la mort. Aucune mort n'est naturelle et tout décès est hasardeux, "<em>alors que</em>, dit Claire, <em>la mort n'est pas un hasard ; c'est la vie qui en est un</em>". Dans nos sociétés modernes, la mort, la vieillesse et le passé sont mises de côté. Seuls comptent le présent et le futur. On est dans la création. Le bonheur semblerait avoir un lien avec l'idée de sens : quelle orientation dois-je choisir de donner à ma vie.? Or, n'est-il par perdu d'avance de chercher à se construire dans un avenir hypothétique ? "<em>L'homme avide est borné</em>" disait <a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Jean-Jacques_Rousseau" target="_blank" rel="noopener">Jean-Jacques Rousseau</a>.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;">Dans le doit-on tout faire pour être heureux, peut-on choisir son malheur, quitte à faire souffrir aujourd'hui ? Ou bien mon bonheur ne devra-t-il passer que par l'acceptation d'autrui ? Ce qui se pose ici est celle d'une morale qui viendrait borner notre recherche du bonheur. </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;">"<em>Il y a une intelligence du bonheur</em>", juge également un membre du public : certaines personnes ont plus d'aptitudes au bonheur que d'autres. Partant de cela, réagit un autre participant, "c<em>eux qui n'en ont pas doivent aller chercher des astuces</em>" pour être meilleur et heureux. Mais une telle considération sur "<em>l'intelligence du bonheur</em>" n'est-elle pas contredite par l'expression populaire "<em>Espèce d'imbécile heureux !</em>" ? Être trop intelligent ne serait-ce pas un frein à ce bonheur tant désiré
Xavier JASSUhttp://lapinos.hautetfort.com/about.htmlDe l'Impiététag:lapinos.hautetfort.com,2014-08-26:54348882014-08-26T23:07:10+02:002014-08-26T23:07:10+02:00 "L'impiété n'est pas de nier les dieux du vulgaire, mais de prêter aux...
<p style="text-align: justify;"><em><strong>"L'impiété n'est pas de nier les dieux du vulgaire, mais de prêter aux Dieux les sentiments du vulgaire."</strong></em></p><p style="text-align: justify;"><strong>Epicure</strong></p>
Café philosophique de Montargishttp://cafephilosophique-montargis.hautetfort.com/about.html”NOTRE MONDE INTÉRIEUR EST UN MONDE BIEN PLUS RICHE, PLUS VASTE”tag:cafephilosophique-montargis.hautetfort.com,2014-02-10:52948842014-02-10T20:53:36+01:002014-02-10T20:53:36+01:00 Qu’il soit enfant, adolescent, adulte, qu’il / qu’elle, soit conteur /...
<p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;"><a href="http://cafephilosophique-montargis.hautetfort.com/media/00/00/357150735.jpg" target="_blank"><img id="media-4437074" style="float: left; margin: 0.2em 1.4em 0.7em 0;" title="" src="http://cafephilosophique-montargis.hautetfort.com/media/00/00/137713119.jpg" alt="350.jpg" /></a>Qu’il soit enfant, adolescent, adulte, qu’il / qu’elle, soit conteur / conteuse, ou bien philosophe, l’individu emprunte parfois les sentiers de la rêverie, ces chemins innombrables et sans balises, que l’on nomme aussi son monde intérieur. "<em>Il est perdu dans ses pensées</em>", "<em>Il rêvasse</em>", "<em>Il est ailleurs</em>", "<em>Il est dans la lune</em>", "<em>Elle est dans les nuages</em>", "<em>Il est aux oiseaux</em>", peut-on entendre. Tous, nous laissons quitter leurs branches à ces oiseaux que sont nos idées ; et là, dans un autre espace-temps, nous échafaudons des scénarios, des scénarios où pour toute logique président nos souhaits intimes, révélés ou non.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;">Comme lorsque nous étions enfants, nous sommes dans des jeux de rôle. Un instant la bride est lâchée, nous voilà dans la déambulation de l’imagination, nous voilà sortis du quotidien. "<em>Notre monde intérieur est un monde bien plus riche, bien plus vaste</em>", écrit <a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Friedrich_Nietzsche" target="_blank">Nietzsche </a>évoquant <a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Gottfried_Wilhelm_Leibniz" target="_blank">Leibniz</a>.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;">Dans cette divagation, l’être intelligible cède la place à l’être sensible. Ainsi, cette faculté de notre esprit à s’embarquer vers des lieux qui n’existent pas, semble montrer qu’une part de nous reste irréductible aux règles de la logique, de cette logique qui devrait guider notre vie. C’est comme une sorte de manifestation d’indépendance en nous-mêmes ; nous sortons du programme. C’est une façon de se retrouver, d’être en soi et à soi, comme le préconisaient déjà les philosophes <a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/%C3%89picure" target="_blank">Épicure </a>et <a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/S%C3%A9n%C3%A8que" target="_blank">Sénèque </a>: "C’est surtout lorsque tu es contraint d’être au milieu de la foule, que tu dois te retirer en toi-même". Ou encore, pour le dire à la façon de <a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Montaigne" target="_blank">Montaigne </a>: "<em>Il se faut réserver une arrière-boutique toute nôtre, toute franche</em>".</span></p><p style="text-align: right;"><span style="font-size: small;"><em>Guy-Louis Pannetier</em></span></p><p style="text-align: right;"><a href="http://cafes-philo.org" target="_blank"><span style="font-size: small;"><em>Café philo de Chevilly-Larue et L'Haÿ-les-Roses</em></span></a></p><p style="text-align: justify;"> </p>
Jacques-Emile Mirielhttp://jemiriel.hautetfort.com/about.htmlPhilosophertag:jemiriel.hautetfort.com,2014-02-05:52910762014-02-05T17:59:00+01:002014-02-05T17:59:00+01:00 La philosophie est à mon sens un art du discours. Lorsqu'on...
<p style="text-align: left;"><img id="media-4430603" style="margin: 0.7em 0;" title="" src="http://jemiriel.hautetfort.com/media/01/02/2559567062.jpg" alt="Wittgenstein1.jpg" /></p><p style="text-align: left;"> La philosophie est à mon sens un art du discours. Lorsqu'on critique la rhétorique, comme Platon dans le <em>Gorgias</em>, on n'en utilise pas moins une pensée discursive. L'antirhétorique est elle-même une rhétorique, certes d'un niveau fort supérieur. Les grands philosophes m'ont toujours semblé écrire dans une langue très belle, très <em>littéraire.</em> C'est au fond une langue qu'il faut apprendre, et s'approprier, si l'on veut comprendre comment s'agence le discours philosophique. La pensée moderne, plus qu'une autre, consiste dans cet art de dire : non pour prouver quoi que ce soit, peut-être, mais pour déployer un raisonnement au terme duquel aucune vérité n'émergera. La seule vérité, ou <em>les</em> vérités, plutôt, se trouvent potentiellement dans l'espace du discours. Il a fallu des siècles pour pressentir cette richesse dans l'<em>immobilité</em> de la pensée, même si la dette envers les auteurs anciens doit être constamment reconnue. Cette immobilité était déjà en germe chez Epicure (qui n'a pas voulu faire <em>œuvre</em>, comme on sait) et combien d'autres. Quand j'avais lu par exemple les <em>Leçons sur la liberté de la volonté</em> de Wittgenstein, j'avais constaté avec délectation que Wittgenstein ne proposait aucune doctrine sur le libre arbitre. Dans ses leçons, tout simplement, le but n'était pas de conclure. Voilà en fait ce qu'il fallait comprendre !</p>
Café philosophique de Montargishttp://cafephilosophique-montargis.hautetfort.com/about.htmlLES PHILOSOPHES ET LA PASSIONtag:cafephilosophique-montargis.hautetfort.com,2011-10-12:38207362011-10-12T19:11:00+02:002011-10-12T19:11:00+02:00 Les philosophes grecs ont traité la passion, avec les passions, les...
<p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;">Les philosophes grecs ont traité la passion, avec les passions, les englobant dans les émotions. <a title="Platon" href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Platon" target="_blank">Platon </a>met en garde contre la passion et particulièrement contre la passion envers la Femme. C’est lui qui préconise "<em>une Femme pour l’esthétique, un melon pour le délice, un jeune garçon pour le plaisir</em>", Platon nous laissera "l’amour platonique" ! <a title="Epicure" href="http://fr.wikipedia.org/wiki/%C3%89picure" target="_blank">Épicure</a> lui, recommande les passions non destructrices, surtout celle envers la Femme qu’il appelle "le plaisir d’Aphrodite".</span></p><p style="text-align: justify;"><a href="http://cafephilosophique-montargis.hautetfort.com/media/02/02/2312791753.jpg" target="_blank"><img id="media-3240713" style="float: left; margin: 0.2em 1.4em 0.7em 0pt;" title="" src="http://cafephilosophique-montargis.hautetfort.com/media/02/02/3095707063.jpg" alt="café philosophique de montargis, philo, philosophie, montargis" /></a><span style="font-size: small;">Précurseurs en matière de développement personnel les Stoïciens nous disent: "<em>C’est parce vous ne maîtrisez ni vos émotions, ni vos passions, que vous ne pouvez dominer votre vie</em>". Le sage, dit le stoïcien <a title="Diogène Laërce" href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Diog%C3%A8ne_La%C3%ABrce" target="_blank">Diogè</a></span><span style="font-size: small;"><a title="Diogène Laërce" href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Diog%C3%A8ne_La%C3%ABrce" target="_blank">ne Laërce</a>, <em>"est sans passion, il ne se laisse pas entraîner…, tous les sages sont sévères</em>" ; pour lui la passion est, "<em>maladie de l’âme</em>". </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;">Néanmoins nous voyons la passion dans la mythologie, de la passion dans les tragédies d’Euripide, de la passion dans la poésie épique d’<a title="Homère" href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Hom%C3%A8re" target="_blank">Homère</a> avec l’<em>Iliade</em> et l’<em>Odyssée</em>. Puis au moyen âge la philosophie scholastique des Pères de l’Eglise maintient les passions dans le domaine des maladies de l’âme. </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;">Le bouleversement culturel de la Renaissance, l’influence des philosophes Libertins, vont commencer à faire évoluer le concept. Les dernières grandes critiques de la passion, et des passions, viendront de <a title="Kant" href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Emmanuel_Kant" target="_blank">Kant</a>, pour qui : "<em>les passions sont les gangrènes de la raison pure</em>", que : "<em>L’homme qui cède à la passion est un prisonnier qui soupire sous ses chaînes", pour lui, une fois que le plaisir a été satisfait par la possession, la jouissance, la passion pour la personne désirée cesse… La passion ne dure que tant qu’il y a résistance. Pour Pascal la passion est "dépossession de soi</em>". <a title="Descartes" href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Ren%C3%A9_Descartes" target="_blank">Descartes</a> sera moins catégorique, et nous dit "<em>que des passions dépend tout le mal, et d’elles dépend tout le bien</em>". </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;">Avec la Révolution, c’est un toute autre approche qui se dessine ; Pour <a title="Voltaire" href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Voltaire" target="_blank">Voltaire</a>, "<em>La passion est le moteur principal de la marche du progrès</em>", c’est ce qui produit le social, c’est le passionnel de l’altruisme. Pour <a title="Rousseau" href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Jean-Jacques_Rousseau" target="_blank">Rousseau</a>, "<em>La passion est la condition du devenir de l’homme, la condition pour naître à son humanité</em>", et enfin <a title="Diderot" href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Denis_Diderot" target="_blank">Diderot</a> nous dira : "<em>On déclame sans cesse contre les passions, on leur impute toutes les peines de l’homme, et l’on oublie qu’elles sont aussi la source de tous les plaisirs. Il n’y a que les passions, les grandes passions qui puissent élever aux grandes choses, sans elles plus de sublime, soit dans les mœurs, soit dans les ouvrages</em>" ; "<em>les passions sobres</em>" dira t-il, "<em>font les hommes communs</em>".</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;">Aujourd’hui l’approche que nous avons de la passion est grandement due à l’héritage du Romantisme, omniprésent dans notre culture. La conception que nous avons de la passion est peut être essentiellement liée à notre tempérament latin...</span></p><p style="text-align: right;"><a href="mailto:guy.l.pannetier@hotmail.fr"><em><span style="font-size: small;">Guy-Louis Pannetier</span></em></a></p><p style="text-align: justify;"> </p>
Zedhttp://metapoinfos.hautetfort.com/about.htmlAux sources de la décroissance...tag:metapoinfos.hautetfort.com,2011-05-18:34503672011-05-18T17:09:00+02:002011-05-18T17:09:00+02:00 Les éditions Parangon/Vs viennent de publier le dixième numéro d' Entropia...
<p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;">Les éditions Parangon/Vs viennent de publier le dixième numéro d'<strong><em>Entropia</em></strong>, la revue d'étude théorique et politique de la décroissance. Cette revue semestrielle, animée par <strong>Serge Latouche</strong>, s'intéresse cette fois-ci aux sources intellectuelles de la décroissance.</span></p><p> </p><p style="text-align: center;"><img id="media-3035392" style="margin: 0.7em 0pt;" title="" src="http://metapoinfos.hautetfort.com/media/00/00/2671719136.png" alt="Entropia 10.png" /></p><p style="text-align: justify;"> </p><div class="surlignable"><div class="texte entry-content"><blockquote><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;">L’intérêt croissant qui semble se manifester dans l’opinion pour l’idée de décroissance n’est pas dénué d’ambiguïtés, de contresens ou de mauvaise foi. C’est pourquoi il est nécessaire de revenir aux sources de cette idée dont les premiers germes parcourent les siècles, d’Épicure à François d’Assise et Thoreau. Toutefois, les textes rassemblés ici ne prétendent certainement pas à l’exhaustivité. Ils portent essentiellement sur un choix de dissidences, de dissonances et de ruptures advenues dans la pensée depuis la naissance de la civilisation thermo-industrielle. Par rapport aux diverses formes prises par l’idéologie dominante mythifiant le progrès et les bienfaits du « confort », une petite minorité de penseurs engagés contre une évolution suicidaire de la modernité n’a cessé de se manifester. Revisiter les sources de la décroissance, c’est aussi rendre hommage aux pionniers qui nous permettent aujourd’hui de poursuivre cette interminable quête du sens à donner à l’aventure humaine, décidément irréductible à l’extension sans limites de ses prédations.</span></p></blockquote></div><blockquote><div class="texte entry-content"><h3 class="spip"> </h3><h3 class="spip" style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;">Sommaire</span></h3><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;">Avis. <em>Jean-Claude Besson-Girard</em> ... 3 (<a class="spip_in" href="http://www.entropia-la-revue.org/spip.php?article89">lire en ligne</a>) </span><br /><span style="font-size: small;">La métaphore des sources. <em>Jean-Claude Besson-Girard</em> ... 5</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;"><strong>Dissidences ...</strong> 13 </span><br /><span style="font-size: small;">Le luddisme et ses avatars. <em>François Jarrige</em> ... 15 </span><br /><span style="font-size: small;">William Morris,ou l’utopie réalisée. <em>Serge Latouche</em> ... 25 </span><br /><span style="font-size: small;">Le droit à la paresse contre le droit au travail. <em>Arnaud du Crest</em> ... 37 </span><br /><span style="font-size: small;">Socialismes et utopies, ressources de la décroissance. <em>Michel Lepesant</em> ... 45</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;"><strong>Dissonances</strong> ... 57 </span><br /><span style="font-size: small;">Une subversion jubilatoire. <em>Aurélien Cohen</em> ... 59 </span><br /><span style="font-size: small;">Tombeau de Ludwig Boltzmann. <em>Michel Guet</em> ... 69 </span><br /><span style="font-size: small;">Le malentendu Giono. <em>Édouard Schalchli</em> ... 79 </span><br /><span style="font-size: small;">Au sortir de l’asphyxie des Trente glorieuses. <em>Simon Charbonneau</em> ... 92</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;"><strong>Ruptures</strong> ... 99 </span><br /><span style="font-size: small;">De Günther Anders à l’obsolescence de la décroissance. <em>Philippe Gruca</em> ... 101 </span><br /><span style="font-size: small;">De Meadows à Mansholt : L’invention du « zégisme ». <em>Timothée Duverger</em> ... 114 </span><br /><span style="font-size: small;">Survivre… et Vivre ! : une critique de la science aux origines de l’écologie. <em>Céline Pessis</em> ... 124 </span><br /><span style="font-size: small;">Nicholas Georgescu-Roegen et le « message terrestre » de la décroissance. <em>Jacques Grinevald</em> ... 135</span></p><p><span style="font-size: small;"><strong>Hors champ</strong> ... 155 </span><br /><span style="font-size: small;">La précaution est-elle notre avenir ? <em>Geneviève Decrop</em> ... 157 </span><br /><span style="font-size: small;">Une fausse solution. <em>Frédéric Durand</em> ... 172 </span><br /><span style="font-size: small;">Réhabiliter la peur. <em>Chantal Guillaume</em> ... 188 </span><br /><span style="font-size: small;">Relocalisation : non suffisante, mais nécessaire. <em>Jean Monestier</em> ... 199 </span><br /><span style="font-size: small;">Une heure de plus dans le train. <em>Yann Raison du Cleuziou</em> ... 208</span></p><p><span style="font-size: small;"><strong>Notes de lecture</strong> ... 217</span></p></div></blockquote></div><blockquote><p style="text-align: justify;"> </p></blockquote>
L'Hérétiquehttp://heresie.hautetfort.com/about.htmlDépend-il de nous d'être heureux ? (sujet de philo 2010)tag:heresie.hautetfort.com,2010-06-17:27943822010-06-17T12:43:00+02:002010-06-17T12:43:00+02:00 Je viens de prendre connaissance des sujets du bac de philosophie pour...
<p>Je viens de prendre connaissance des sujets du bac de philosophie pour l'année 2010. On trouve par exemple en série scientifique «dépend-il de nous d'être heureux». Typiquement le genre de questions qui m'intéressent.</p> <p>Il y a dans ce sujet une alternative : soit le bonheur dépend de quelque chose (par exemple de nous) et, dans ce cas, il n'est pas accidentel, mais s'inscrit dans un engrenage de cause à effet, soit il ne dépend de rien, et dans ce cas, nous n'avons aucun pouvoir dessus car il est le fruit du hasard.</p> <p>S'il dépend de quelque chose, il dépend soit de nous, soit d'une cause extérieure. S'il dépend de nous, il renvoie aux sagesse pratiques en particulier. Je pense à celle des Stoïciens ou des Épicuriens. Pour les premiers, l'homme de bien demeure imperturbable face à l'adversité, tandis que les seconds proposent de s'abstenir de toute peine. Or, la peine résidant dans le défaut ou dans l'excès, il faut alors s'abstenir de l'un et de l'autre. Il y a bien sûr une dimension joyeuse dans l'épicurisme : s'abstenir de ce qui fait souffrir, mais s'ouvrir aussi à la joie. Ainsi, Épicure, dans sa lettre à Idoménée, en dépit des souffrances infligées par sa maladie, se réjouit de voir ses amis et des souvenirs heureux et communs qu'il a avec eux.</p> <p>Difficile de border l'envie dévorante qui alimente un consumérisme toujours renouvelé <a href="http://heresie.hautetfort.com/archive/2010/06/14/le-culte-de-l-ephemere.html">dans nos sociétés modernes</a>. Difficile également d'éviter les contingences absolues du corps. Avoir faim, froid, soif, sont des barrières presqu'infranchissables si le chemin qui mène au bonheur est un parcours d'obstacles.</p> <p>L'idée que le bonheur dépend de nous cache aussi un autre pré-supposé : qu'il ne dépende pas des autres. Tentation autarcique s'il en est. C'est celle de l'ermite qui se retire du monde, de l'ascète qui se prive de tout ce qui nourrit ses envies et ses désirs. Mais si notre bonheur est en autrui, ou, tout du moins, dans la relation à autrui, il ne dépend pas entièrement de nous. Il nous appartient, dans ce cas, de nourrir cette relation et de poser sur elle un regard favorable, amical et débonnaire.</p> <p>Je ne pourrais pas achever cette note sans me demander tout de même ce qu'est le bonheur : est-ce une sorte de tranquillité de l'âme, une forme de sérénité, ou au contraire, une extase absolue telle que seuls la grâce ou l'idéal peuvent offrir, ainsi la contemplation des idées chères à Platon ?</p> <p>Je n'avais pas le désir, en rédigeant cette note, de proposer un corrigé aux étudiants qui viendraient à passer, à faire oeuvre scolaire, en somme, mais simplement à poser sur l'écran les quelques réflexions qu'un tel thème de réflexion m'inspirait. Ma note, très loin d'être exhaustive, demeure ouverte à qui désire s'en emparer et rebondir.</p>
Café philosophique de Montargishttp://cafephilosophique-montargis.hautetfort.com/about.htmlCOMPTE RENDU DE LA DERNIÈRE SÉANCEtag:cafephilosophique-montargis.hautetfort.com,2010-02-25:26259842010-02-25T17:52:00+01:002010-02-25T17:52:00+01:00 Thème du débat : "Y a-t-il encore un humanisme aujourd'hui ?"...
<p style="text-align: justify;"><strong><span style="font-size: small;">Thème du débat :</span></strong> <span style="color: #ffff00;"><strong><span style="font-size: small;">"Y a-t-il encore un humanisme aujourd'hui ?"</span></strong></span></p><p style="text-align: justify;"><strong><span style="font-size: small;">Date : 16 janvier 2010 à la Brasserie de la Chaussée.</span></strong></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;"><strong>Il s'agit de la 4ème séance du Café Philosophique de Montargis.</strong><br /></span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;">Une quinzaine de personnes sont présentes pour ce nouveau débat du café philosophique de Montargis.</span> <span style="font-size: small;">Le nombre de participants est en baisse par rapport à la séance précédente. Par contre, l'assistance plus clairsemée a permis un débat intéressant, sans doute le meilleur débat depuis la création du café philo.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;">Ce café philosophique est un <a title="AME" href="http://www.agglo-montargoise.fr/spectacles/les-supplement-ame.php" target="_blank" rel="noopener">supplément d'AME</a> (spectacles de l'Agglomération Montargoise Et rives du Loing) et vient en écho aux représentations du <em>Neveu de Rameau</em> de <a title="Biographie de Diderot" href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Denis_Diderot" target="_blank" rel="noopener">Diderot</a> qui ont eu lieu à Pannes les 21 et 22 janvier. Stéphane Aucante, directeur de programmation des spectacles de l'AME, vient présenter cette pièce.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;">La présentation de cette 4ème séance et des objectifs du café philo par Bruno (« ce n'est pas un cours de philo mais un lieu de débat citoyen ») a été l'occasion pour Claire de préciser que le café philosophique est encore un jeune projet, que nous sommes en période de rodage et que toute proposition d'amélioration est la bienvenue, les critiques étant acceptées sans problème dans la mesure où elles sont constructives... D'autre part, la présence d'animateurs venant épauler Claire et Bruno est non seulement possible mais aussi bienvenue.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;">Bruno a énuméré ensuite la liste des sujets proposés au vote en fin de séance :</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;">- Pourquoi travaille-t-on ?</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;">- L'inconscient existe-t-il ?</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;">- L'éducation à la non-violence est-elle garante de la paix ?</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;">Ce dernier sujet étant proposé par M. Roussel, très investi dans ce domaine, il est entendu que si ce débat est accepté, M. Roussel participe au débat.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;">Claire entame cette séance pa</span><span style="font-size: small;">r une nouveauté : l</span><span style="font-size: small;">'utilisation d'un tableau permettant de travailler à la problématisation du sujet du débat. Le public lui-même définit les différents aspects de l'humanisme et, ensemble, les participants essaient de problématiser le sujet.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;">L'humanisme, dit Claire, impose au XVIème siècle de revenir aux sources littéraires, de relire et de comprendre, c'est-à-dire de saisir, la pensée antique. Celle qui précède immédiatement ne semble pas définir l'homme ou plutôt la nature humaine. Qui a-t-il de commun entre un <a title="Biographie de Socrate" href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Socrate" target="_blank" rel="noopener">Socrate</a>, inventeur de la dialectique dialogique, un <a title="Biographie de Platon" href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Platon" target="_blank" rel="noopener">Platon</a> dont la dialectique ascendante souligne l'importance seule des Idées nous gouvernant, un <a title="Biographie d'Aristote" href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Aristote" target="_blank" rel="noopener">Aristote</a> inventeur de la logique qui affirme que l'homme est mortel et politique, ou encore un <a title="Biographie d'Epicure" href="http://fr.wikipedia.org/wiki/%C3%89picure" target="_blank" rel="noopener">Epicure</a> pour qui seul l'<em>ataraxie</em> est fin de l'homme ? Peut-être l'idée que sage et sagesse vont de pair, ou que l'homme, parce qu'il possède une âme, se place à part dans ce qui sera nommé bien plus tard « l'échelle des êtres ». En effet ce qu'on appelle âme aujourd'hui rejoint la psyché grecque. Néanmoins, ce qu'<a title="Biographie d'Aristote" href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Aristote" target="_blank" rel="noopener">Aristote</a> ou <a title="Biographie d'Epicure" href="http://fr.wikipedia.org/wiki/%C3%89picure" target="_blank" rel="noopener">Epicure</a> nomment ainsi semble davantage se rapprocher du terme d'<em>anima</em>. Le <em>De Anima</em> du <a title="Aristote" href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Aristote" target="_blank" rel="noopener">Stagirite</a> qui ouvre ses traités de biologie ne parle presque qu'exclusivement de cette âme qui est forme du corps, c'est-à-dire « structure structurante », « informatrice informante ». L'âme c'est le souffle de vie, c'est ce qui anime l'être vivant, et selon ses facultés, ce qui le définit. L'homme, par exemple, possède la plus « haute » âme dans le sens où il se meut, se reproduit, tels les autres animaux, mais aussi peut penser, et agir en conséquence ou en accord avec cette pensée. C'est parce que l'homme peut penser et dire le juste et l'injuste, distinctement des animaux qui ne peuvent qu'exprimer l'agréable et son contraire, qu'il est un animal politique, parce que seul il peut définir, à la lueur de son rapport avec son semblable, ce qui est légitime ou non. De la même façon, l'âme est analysée à plusieurs reprises chez <a title="Biographie d'Epicure" href="http://fr.wikipedia.org/wiki/%C3%89picure" target="_blank" rel="noopener">Epicure</a> ou <a title="Biographie de Platon" href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Platon" target="_blank" rel="noopener">Platon</a> . Centre d'attention atomiste pour son équilibre nécessaire chez le premier, elle est, chez le second, fondement et finalité (ce qui est très bien décrit dans le <em>Phèdre</em> notamment).</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;">On peut penser que l'humanisme rénove les lettres et la pensée antiques (qu'elles soient d'ailleurs grecques ou latines) notamment en vertu de la place qu'elles donnent à l'homme. Parce que l'humanisme situe ce dernier de façon très imposante. Imposante quant à la place qu'il lui accorde dans sa spécificité de culture et de douceur que l'<em>humanitas</em> décrit. Mais aussi dans la responsabilité qu'il lui suppose : la confiance dans l'homme va de pair avec la civilisation qu'il construit.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;">Ainsi, l'humanisme affirme l'effet civilisateur, et donc moralisateur, de l'homme, qui par nature peut savoir ce qui est bon ou non. <a title="Biographie de Diderot" href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Denis_Diderot" target="_blank" rel="noopener">Diderot</a>, et l'ensemble des philosophes des Lumières, même s'ils diffèrent en certains points de ce mouvement de pensée, vont pour beaucoup d'autres le renforcer. Les Lumières affirment en effet leur confiance dans l'homme, et soulignent que, parce qu'il possède la raison (théorique et pratique pour <a title="Biographie de Kant" href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Emmanuel_Kant" target="_blank" rel="noopener">Kant</a>), il est signe de progrès et ne peut que progresser. (<strong><a title="Texte de Kant" href="http://classiques.uqac.ca/classiques/kant_emmanuel/idee_histoire_univ/Idee_histoire_univ.pdf" target="_blank" rel="noopener">Texte de Kant sur le progrès de la raison dans l'histoire, <em>Idée d'une histoire universelle du point de vue cosmopolitique</em>, propositions 4 et 8</a></strong>). La Raison est donc avec les Lumières ce qui fonde la nature humaine (question ouverte et devenue le centre de la pensée humaniste). En ce sens elle est déclarée rempart à la sauvagerie (absence de normes sociales) mais aussi à la barbarie (transgression de ces normes). Le XVIII ° est en effet siècle de la révolution française, des Critique de <a title="Biographie de Kant" href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Emmanuel_Kant" target="_blank" rel="noopener">Kant</a>... siècle d'affirmation que l'homme ne peut être mouton, siècle du célèbre <em>sapere aude</em>. Peu de temps après, en France, naîtra le code civil...</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;">Et pourtant, après avoir traversé un XXe siècle catastrophique, et pour vivre dans le XXIe de la crise et des suicides dont nous avons déjà parlé, peut-on avoir foi en l'homme, en nous ? Les législateurs sont-ils humanistes ? La censure et les dévots sont-ils au pouvoir ? Y a-t-il encore des actes désintéressés ?</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;">Les premières interventions laissent apercevoir un grand pessimisme au sujet de l'humanisme qui apparaît en perte de vitesse : l'égoïsme et la cupidité dirigent notre monde. Claire nuance cette sévérité en prenant pour exemple l'élan de solidarité suite au séisme en Haïti. Ne serait-ce pas la marque d'une grande compassion que l'on pensait avoir disparue ? Monique répond que cette vague de solidarité reste éphémère : une fois la générosité médiatique plus discrète, la solidarité aura elle aussi disparue et tout redeviendra comme avant.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;">Claire s'interroge ensuite sur la place de l'humanisme dans l'éducation des enfants. Son expérience lui fait dire que l'école est un lieu où l'humanisme devrait être présent. Au sens fort, les humanistes affirmaient la nécessité d'une éducation de l'homme pour un progrès vers plus de morale et d'élévation. Un membre de l'assistance, présent avec un enfant, est interrogé par Bruno : en tant que père, considère-t-il que l'école joue pleinement son rôle dans l'apprentissage des notions d'humanisme. Ce participant répond que l'école ne joue certainement pas son rôle de divulgateur d'humanisme. Pour lui, l'humanisme à l'école doit aussi être le lieu des « humanités ». Cet intervenant souligne le rôle fondamental des parents dans cette éducation au respect de l'homme et d'autrui.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;">Bruno prend la parole pour poser une question provocatrice : l'individualisme est-il un humanisme ? A cette question, pas si anodine que cela et à laquelle on serait tenté de répondre par la négative, le sociologue <a title="Au sujet de cette notion..." href="http://www.ac-limoges.fr/ses/spip.php?article863" target="_blank" rel="noopener">François de Singly</a> a répondu, dans un de ses ouvrages, au contraire par l'affirmative. Il est l'un des rares intellectuels à mettre en avant les aspects positifs des changements sociaux que nous vivons. Les réactions des débatteurs du Café Philo sont nuancées..</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;">Il est remarquable de voir que la notion d'humanisme est à entendre également sous l'angle de l'écologie (ou « écologisme ? »). Protéger la nature serait faire preuve d'altruisme à l'égard de nos semblables et donc d'humanisme. Or, Bruno, une nouvelle fois, se fait l'avocat du diable : il s'interroge sur cette vision humaniste de l'écologie en rapportant les réactions d'un homme public à un documentaire animalier vantant la coexistence pacifique entre des animaux sauvages et des hommes : « Il ne s'agit pas d'humanisme ». L'humanisme, selon cet homme public, serait ce qui met l'homme et la civilisation humaine au centre de nos préoccupations. Les débatteurs du Café Philo sont en désaccord avec les propos de Bruno : la défense des ressources naturelles participe d'une forme d'humanisme.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;">Le serveur de la brasserie émet cette réflexion : finalement, le modernisme à outrance pourrait être un frein à une philosophie tournée vers l'homme.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;">Claire conclue le débat en évoquant la philosophie existentialiste (athée) de Sartre, selon laquelle l'homme n'a qu'une seule nature, celle d'être libre. Pour le reste, il le construit et en est responsable. Ainsi, nous nous accordons à affirmer que l'humanisme n'est pas mais devient. Qu'il est notre projet et notre résultat. La seule humanité que l'homme possède est celle dont il fait part. Dès lors, il faut faire de l'humanisme non pas une possibilité mais un devoir, dans le sens où la seule morale qui existe est celle que nous transpirons dans nos actes. Gilles affirme enfin que même si seuls de petits actes désintéressés sont accomplis, ceux-ci comptent autant que les autres et que l'avenir doit être espoir plutôt qu'angoisse existentielle.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;">Le café philo se termine une nouvelle fois par les sujets de la prochaine séance. Sur proposition d'un débattant, il est décidé que les trois sujets seront débattus pour les fois prochaines, à savoir :</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="color: #ffff00;"><span style="font-size: small;">- 6 mars : L'éducation à la non-violence est-elle garante de la paix ?<br /></span></span></p><p style="text-align: justify;"><span style="color: #ffff00;"><span style="font-size: small;">- Avril : Pourquoi travaille-t-on ?</span></span></p><p style="text-align: justify;"><span style="color: #ffff00;"><span style="font-size: small;">- Mai : l'inconscient existe-t-il ?</span></span></p><p style="text-align: justify;"><strong><span style="font-size: small;">Cette séance a également été commentée <a href="http://www.weblettres.net/blogs/article.php?w=Elevation&e_id=25813" target="_blank" rel="noopener">sur le site Internet d'Elèv/ation</a>.<br /></span></strong></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;"> </span></p>
Café philosophique de Montargishttp://cafephilosophique-montargis.hautetfort.com/about.htmlCOMPTE RENDU DE LA DERNIÈRE SÉANCEtag:cafephilosophique-montargis.hautetfort.com,2009-12-30:25354302009-12-30T17:20:00+01:002009-12-30T17:20:00+01:00 Résumé de ce qui a été dit, ou entendu, lors du dernier débat à Montargis,...
<p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;"><span style="color: #ffff00;">Résumé de ce qui a été dit, ou entendu, lors du dernier débat à Montargis, le samedi 5 décembre.<br /></span><strong><br />A-t-on le droit de mourir ?</strong><br /><br />Il ne s'agit pas de se demander si l'on peut mourir ; j'en suis tout à fait capable physiquement. Là se trouve d'ailleurs un des paradoxes humains mis en exergue par <a title="Biographie de Blaise Pascal" href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Blaise_Pascal" target="_blank" rel="noopener">Blaise Pascal</a> dans ses <em>Pensées</em>. L'homme n'est qu'un roseau « le plus faible de la nature, mais c'est un roseau pensant ». Dès lors l'univers aura tôt fait de l'anéantir, l'être humain sera toujours plus noble que lui, dans la conscience qu'il a de sa mort.<br /><br />Nous pouvons mourir, facilement, n'étant que des roseaux, faibles, tellement faibles... Cette fragilité, cette mort, omniprésente dans notre condition, fait de nous des êtres faibles, éphémères, mortels. [On retrouve cette mise en exergue de la faiblesse de l'homme, de se faiblesse originelle, dès l'antiquité. Ainsi, Protagoras raconte à Socrate que, lorsque l'homme advient sur Terre, ce dernier est « nu sans chaussures, sans couverture, sans armes ».]<br /><br />Selon</span> <span style="font-size: small;"><a title="Biographie de Blaise Pascal" href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Blaise_Pascal" target="_blank" rel="noopener">Blaise Pascal</a></span> <span style="font-size: small;">nous sommes « duales » : faibles parce que mortels...tout autant que nobles par la conscience que nous avons de cette condition, de cette mort imminente, immuable et non négociable.<br /><br /><strong>Mais cette conscience nous en autorise-t-elle le choix ?</strong><br /><br />Elle le permet, elle en est la condition de possibilité. En effet, savoir que la mort existe, que je peux mourir, par exemple en m'en prenant à mon corps, c'est permettre de décider entre la vie et son contraire. En ce sens, la conscience de la mort est un critère nécessaire au droit à la mort, mais est-il pour autant suffisant ?<br /><br />Pouvons-nous légitimement et légalement prétendre la mort, le néant, le rien, plutôt que la vie, le tout ?<br /><br />A première vue, force est d'avouer que je n'ai pas vraiment, à proprement parler, le droit de mourir ; j'y suis contraint. La mort n'est même pas une obligation (i. e. une détermination que l'on se fait à nous-mêmes). Elle ne dépend pas de nous... elle fait, paradoxalement, partie intégrante de la vie.<br /><br />Et oui, la vie suppose son contraire, sa fin, sa négation, son rien, sa mort ! C'est <a title="Biographie de FX Bichat" href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Marie_Fran%C3%A7ois_Xavier_Bichat" target="_blank" rel="noopener">F.X. Bichat</a> qui l'énonce brillamment dans ses <em>Recherches physiologiques sur la Vie et la Mort</em> « la vie est l'ensemble des fonctions qui résiste à la mort ».<br /><br />[Ce que je suis est donc résistance, combat contre le temps, le vieillissement, le dépérissement de moi-même, ma fin, je suis fuite en avant.]<br /><br />Dès lors que je vis et je meurs. Parce que je suis homme, je serai un jour simple mort. Je suis mortel. La vie est mortelle, elle porte en elle son opposé, sa destruction.<br /><br />Sitôt que je vis, je meurs... le compte à rebours a déjà commencé.<br /><br />A proprement parler donc, si je possède un droit, c'est celui de vivre. Mais celui-ci est nécessairement éphémère. On nait par hasard et la mort, elle, n'est pas contingence.<br /><br />Si vivre peut être un verbe d’action, peut-on en dire de même pour le verbe "mourir" ?<br /><br />Dans cette continuité, et parce que le légal doit se confondre avec le légitime, il est tout à fait légal, voire banal, de mourir. Ainsi, on trouve un bureau des décès comme un des mariages ou des naissances. La collectivité entretient indistinctement ses maternités et ses cimetières, ses écoles et ses hospices.<br /><br />« La population augmente par ses naissances et diminue par ses décès : nul mystère à cela » avoue <a title="Biographie de Jankélévitch" href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Vladimir_Jank%C3%A9l%C3%A9vitch" target="_blank" rel="noopener">V. Jankélévitch</a>.<br /><br />La mort semble donc inscrite dans nos vies, voire assumée comme l'immuable, ou l'indéniable.<br /><br />La mort est fait banal. Fait que l'on ne choisit pas pour soi, mais qui semble assumé pour les autres, consistant dans la définition de l'homme.<br /><br />Néanmoins, j'aimerais voir la mort comme un droit, un choix et en user lorsque bon me semble, voire jamais... La vie peut être si belle, si riche, que la mort est impensable. D'ailleurs, l'est-elle seulement, pensable ?<br /><strong><br />Peut-on penser sa mort ?</strong><br /><br />Si nous essayons ensemble de fermer les yeux un instant et de se concentrer sur la mort, telle qu'elle est définie stricto sensu comme l'arrêt exhaustif et définitif de toute vie en nous, force est de constater qu'elle n'est rien pour moi (comme <a title="Biographie d'Epicure" href="http://fr.wikipedia.org/wiki/%C3%89picure" target="_blank" rel="noopener">Epicure</a> se plaît à l'écrire à Ménécée). En effet, je ne peux penser que je suis néant, puisque de facto la pensée que je pense que je suis néant me rattrape aussitôt. La mort n'est rien, ou plutôt est néant et donc n'est rien. Je n'ai donc paradoxalement conscience que de la mort des autres !<br /><br />D'ailleurs je ne peux penser à la mienne que devant la peine de ma vie. Et oui, parfois celle-ci se fait difficile, voire impossible à souffrir. Dans cette mesure, ma mort, la seule qui me concerne (dans le sens où c'est la seule que je peux « vivre »), n'est pensée qu'en rapport à ma vie, lorsque cette dernière se fait impossible. Saluons ici le génie de <a title="Biographie de Shakespeare" href="http://fr.wikipedia.org/wiki/William_Shakespeare" target="_blank" rel="noopener">Shakespeare</a> lorsqu'il décrit brillamment cette situation. La mort est choix lorsqu'elle est sortie d'un contexte aporétique. Le chap de douleurs que peut devenir ma vie. Et pourtant, Hamlet a tôt fait de nous faire reculer devant ce choix. « Dormir, dormir » tout un chacun a déjà voulu se reposer, quitter pour un instant cette difficile liberté .... Mais la mort n'est pas une sieste, un oubli momentané. Et l'être humain qui, comme Hamlet, prend conscience de cette ténuité, tout autant que de cette tragédie, qu'est la vie, non seulement rebrousse chemin, mais surtout est pris d'une angoisse terrassante. La mort n'est pas l'issue d'une vie difficile voire impossible à souffrir, puisqu'elle n'est rien de positif, ne permet rien, n'est rien.<br /><br />La mort n'est pas issue mais fin. Elle n'offre rien de neuf mais fait tout cesser, s'arrêter le tout.<br /><br />Si elle est fin irréversible et exhaustive, peut-elle être dite finalité ?<br /><br />Choisir la mort est-ce nécessairement choisir la facilité ?<br /><br />Oui puisqu'il la vie impossible à mener ne sera plus, mais soi non plus, alors à quoi bon ?<br /><br />D'un autre côté si on me presse sans cesse, si on m'invite à réussir ma vie, n'ai-je pas droit de réussir ma sortie tout autant que mon entrée ?<br /><br /><strong>Peut-on parler d'une auto-censure de sa mortalité ?<br /></strong><br />A première vue, il semblerait que l'on s'interdise la mort face au néant qu'elle impose et suppose.<br /><br />En effet, la mort fait peur, terrifie. Elle me paralyse dans le sens où elle signe la fin de « moi », de ce que je suis, de ma perception du monde etc... En fait elle signe la fin de tout. En mourant je vous quitte tous, je quitte tout ce qui fait ce monde etc. Penser ma mort revient exactement à penser la fin du monde. Finalement se demander ce que l'on ferait si la fin du monde était annoncée, c'est tout simplement essayer de penser ma mort (par un moyen détourné).<br /><br />Nous venons de dire que notre mort ne pouvait pas être vécue ou simulée pour être mieux appréhendée. Si je ne peux la vivre sans mourir moi-même, je ne fais qu'assister à celle des autres (nous verrons tout à l'heure qu'il faut se demander si j'assiste celle des autres.) La mort, ma mort, ne me renvoie-t-elle pas en cela à ma solitude voire au solipsisme qui me qualifie ?<br /><br /><a title="Biographie de Sartre" href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Jean-Paul_Sartre" target="_blank" rel="noopener">Sartre</a> l'affirme sans concession : la pensée de sa mort est angoisse, par définition intenable. Cette angoisse est, selon Sartre, saisie immédiate (i. e. sans médiat), compréhension de sa solitude (désespérante d'ailleurs). Dans ce sens la pensée de ma mort en tant que telle c'est-à-dire comme fin de mon être, est enfer car elle me contraint à cesser ma vie ! En ce sens je ne me donne pas le droit de mourir si je sais ce que ma mort signifie.<br /><br />Qu'est-ce à dire ? Selon le philosophe français la pensée de ma mort signe l'enfer, car elle suppose la cessation de toute activité visant à la construction de mon sens, de ma définition. Donner un sens à sa vie c'est exister. Pour cela il me faut en effet donner une direction à mes actes (elle est temporelle mais aussi symbolique : finalité) et une signification : un jour je serai « quelqu'un ».<br /><br />En cela, la mort est toujours brutale. Scandaleuse faucheuse, pourquoi viens-tu me chercher ?<br /><br />La mort est cessation de sens. Ma vie n'a plus aucune direction ni aucune signification. Elle n'est plus qu'un laps de temps que l'on décrit au passé. Ne se conjuguera plus jamais au présent. Plus de sens à donner. Absurdité même.<br /><br />Je ne peux penser ma mort et même lorsque j'y fais face il semblerait que je ne puisse que l'échapper (peut-être volontairement)...<br /><br />Néanmoins dans cette saisie terrifiante,</span> <span style="font-size: small;"><a title="Biographie de Sartre" href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Jean-Paul_Sartre" target="_blank" rel="noopener">Sartre</a></span> <span style="font-size: small;">affirme que nous nous saisissons nous-même. La mort est fin de vie tout autant que début de ma définition éternelle. De cette manière il rejoint un peu Pascal en affirmant que dans la pensée certes viciée, déformée, et surtout fuyante de ma mort, en fait je saisis le sens de ma vie, j'existe. En cela penser à ma mort est réellement foudroyant : terrassant tout autant qu'éclairant. Car celui qui ne pense pas à sa mort ne saisit pas ce qu'il est. Vit-on réellement sa vie, lui donne-t-on un sens si on n'a pas conscience de sa fin plus ou moins imminente ?<br /><br />Si je ne peux que m'opposer à ma mort en vivant, que faire de la mort de mon autre, alter ego ?<br /><br />Si je ne peux que très difficilement penser et saisir ma mort, celle-ci est toutefois présente dans ma vie. Il nous arrive tous, malheureusement, de perdre des êtres auxquels nous étions fortement attachés ou même que nous connaissions simplement.<br /><br />Force est d'avouer que la première réaction que nous avons est celle de nier ce décès. Pourquoi ?<br /><br />La mort de l'autre est gênante parce qu'elle me ramène à ma condition. Dans ce cas elle ne s'adresse pas à ma mort en tant qu'individu singulier mais à la mortalité même de l'humanité.<br /><br />L'être humain, depuis toujours, s'occupe de ses cadavres. A cela plusieurs raisons : hygiénique, mais aussi et surtout « sociétale ». Il s'agit en effet d'accompagner le sien jusqu'au bout (dans « l'autre monde » à l'aide de rites religieux pour certains). Assumer, porter le mort, et donc la mort, jusqu'à la mise en terre (ou autre) semble donc avoir un rapport avec la dignité de celui qui vient de décéder.<br /><br />On pense d'ailleurs aux images presque insoutenables des différents charniers découverts dans les années 50. Qu'est-ce qu'un corps sans vie ? Un corps sur lequel tout un chacun a main mise, auquel on peut tout infliger, sans que celui-ci ne fasse valoir son droit, sa dignité... Le mort semble ainsi, en perdant la vie, perdre également humanité et dignité. Si on va plus loin en effet, ce dernier ne voit pas ce qu'on fait de lui et on pourrait bien dire ou faire ce que bon nous semble. Pourquoi alors le traiter avec autant de cérémonie et de solennité (on ne se moque pas des morts..) ? On peut penser que le mort nous renvoie à nous-mêmes. Non pas égoïstement à notre mort intime mais à bien plus. Lorsque je me trouve face à un cadavre, ce dernier m'expose notre fragilité. Dans un enterrement ou dans le respect de nos morts se joue finalement la notion d'humain. Je ne suis noble que dans le respect que j'ai de lui puisqu'à ce moment précis il n'est que cela, il est totalement dépendant de cette vision de la mort et du mort que je possède.<br /><br />C'est dans ce contexte que doit se poser la question de la dignité du vivant... Nous sommes bien d'accord pour affirmer que respecter ses morts c'est se respecter en tant qu'homme et par là accéder à l'humanité, mais qu'en est-il de nos maisons de retraite ou de nos hôpitaux ?<br /><br />On traite la mort comme objet de combat (comme si on pouvait la combattre ! ) et n'est-ce pas acte de totale présomption, nouveau pêché originel, que de chercher à trainer nos vivants au delà de la mort ?<br /></span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;"><strong>A partir de quand la vie ne vaut-elle plus la peine ?<br /></strong><br />Il ne s'agit pas de prétendre à notre tour posséder quelconque réponse arrêtée (et donc présomptueuse), mais n'est-il pas du moins de notre rôle de nous poser la question de savoir ce que nous faisons de nos vivants ?<br /><br />On aide les naissances, pas les décès. Le médecin nous sauve, mais pas de l'intolérable. Et lorsque l'on choisit sa mort, on passe devant les tribunaux. On est loin de nous décerner la légion d'honneur. La mort est donc toujours sociale. Ce qui peut sembler contradictoire sachant qu'on laisse souvent seul un homme qui va mourir, voire plutôt qu'un mourant demande la solitude ("les oiseaux se cachent pour mourir").<br /><br />Ce n'est jamais de la mienne qu'il s'agit mais de ses conséquences sur les miens.<br /><br />Je peux dédier, donner ma vie (à la patrie par exemple) : alors ma mort sera récompensée.<br /><br />Par contre décider que ma vie n'est plus tolérable, que je ne suis plus humain et donc qu'elle doit cesser : cela est contre la loi, presque anti-naturel .... alors non seulement ma mort n'est pas récompensée mais sans doute que ceux qui m'ont autrefois aidé, aimé, me banniront.<br /><br />Dès lors on fait ce qu'on veut de notre vie, dans toute la responsabilité qui nous incombe, mais on ne peut choisir la mort.<br /></span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;">Avec le suicide on trouve le non-droit. Non pas tant l'illégal, mais le non légal, le non réfléchi.<br /><br />Il est interdit par l'Église et condamné, quoi qu'on dise, par la société. Acte de lâcheté pour les uns, abandon pour les autres. Il est souvent symbole d'une faiblesse extrême, faiblesse que tout le monde (ou du moins la plupart d'entre nous) décide de ne pas assumer pour lui. Dans le choix de sa mort donc, on prend en même temps (semblerait-il) le choix d'assumer tout le reste, i. e. ce que les autres assument dans une mort subie. Le suicide est souvent compris comme un ensemble de vies gâchées. En fait il est souvent incompris. Pourquoi, pourrait-on objecter ?<br /><br />Le choix de sa mort sans qu'il soit contrainte pose réellement un problème social et éthique.<br /><br />En réalité, lorsqu'il s'agit de sa mort ou de la mort, tout un chacun est d'accord pour aider l'être à vivre, le mieux possible, pour lui rendre sa dignité, mais jamais pour lui donner la mort. Légalement, et légitimement il est suspect voire condamnable que de (se) donner la mort.<br /><br />Une enquête est menée lors d'un suicide (donc = mort suspecte) et les suicides assistés mènent voire souvent aux tribunaux.<br /><br />N'est-ce pas parce que la mort désigne : 1/ l'impensable et 2/ l'indignité ?<br /><br />Qu'est-ce qu'un homme qui refuse son humanité ? Qui refuse de vivre ?<br /><br />Car en choisissant de mourir on laisse sa vie, non pas à quelqu'un d'autre, non par pour autre chose, une autre cause, mais pour rien. On la détruit voilà tout !<br /><br /><strong>Est-on forcés de vivre ?<br /></strong><br />Condamner, ou plutôt ne pas comprendre et légitimer suicide et euthanasie est-ce pour autant nous forcer à vivre, coûte que coûte ?<br /><br />On ne choisit pas, originellement, de vivre. Nos parents font ce choix pour nous. Cette vie nous détermine, certainement, tout du moins dans une réelle mesure. La vie d'un enfant congolais aujourd'hui ne propose pas le même avenir que celle d'un petit français. Y en a-t-il une qui vaille plus la peine d'être vécue que l'autre ?<br /><br />Si oui, pourquoi ne pas supprimer l'un des deux peuples ? Pour quoi eux-mêmes l'un des deux ne se suicident pas collectivement ?<br /><br />Paradoxalement, les conditions de vie les plus « favorables » (tiens tiens terme intéressant...) se retrouvent davantage en France. Et pourtant, sans doute que l'on pense plus au suicide en France ou à l'euthanasie, qu'au Congo.<br /><br />Pour changer d'exemple <a title="Biographie de Soeur Emmanuelle" href="http://fr.wikipedia.org/wiki/S%C5%93ur_Emmanuelle" target="_blank" rel="noopener">Soeur Emmanuelle</a> affirmait qu'elle riait le plus, et entendait le plus de rire chez les chiffonniers. Dès lors, personne ne nous force à vire, mais nous devons ensemble faire en sorte de choisir d'exister.<br /><br />On a tous le droit de mourir. Ce droit nous incombe, et est sans doute l'un des droits fondamentaux de l'être humain. Pourquoi n'est-il pas inscrit dans la Déclaration des droits de l'homme et du citoyen ? Parce qu'il est la seconde face de notre droit à la vie. Et qu'en tant que tel il n'est rien.<br /><br />La mort n'est rien de positif, rien de constructif. Elle ne résout aucun problème. N'est pas une issue.<br /><br />C'est dans cette conscience du droit à la mort que l'homme construit sa noblesse d'âme, qu'il construit sa vie.<br /><br />En s'occupant d'abord des vivants il leur laisse leur humanité, leur permet d'avoir un sens.<br /><br />Donner la mort c'est accepter l'inhumanité, la facilité, l'indignité. C'est enfermer l'autre. Finalement donner la mort c'est forcer, alors que la vie est contingence, hasard, et LIBERTE.<br /><br />Tout cela, l'homme le comprend lorsqu'il se trouve face à la mort. Le cadavre n'est un corps que par homonymie dit Aristote.<br /><br />Reste qu'en tant qu'homme je me dois de ne pas me contenter d'assister à la mort de l'autre mais d'assister la mort de l'autre. Si notre noblesse dépend de notre conscience la mort, en faire un tabou c'est nous cantonner à l'ignorance pure et simple. Nous mourons tous mais j'espère dignement. Et si parfois certains d'entre nous n'ont plus la force, sans doute que nous ne pouvons prendre ce droit à sa place mais seulement l'aider à comprendre sa noblesse...</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;"> </span></p>
L'Hérétiquehttp://heresie.hautetfort.com/about.htmlAfghanistan, il faut manger d'abord !tag:heresie.hautetfort.com,2009-02-18:20557092009-02-18T10:15:00+01:002009-02-18T10:15:00+01:00 Le MoDem de Boulogne-Billancourt a rendu compte d'une conférence fort...
<p><a href="http://udfboulogne-billancourt.hautetfort.com/archive/2009/02/17/il-faut-aller-tres-vite-vers-une-afghanisation-sur-tous-les.html">Le MoDem de Boulogne-Billancourt a rendu compte d'une conférence fort intéressante sur l'Afghanistan</a> organisée par l'ADLE (Alliance des Démocrates et des Libéraux en Europe). Il y avait là de nombreux invités, dont le Général Morillon, mais, j'ai retenu en particulier ce qu'ont dit les représentants d'un think tank basé à Kaboul, que je cite :</p> <p><span style="color: #000080;">Hekmat KARZAÏ, président du Centre for Conflict and Peace Studies (CAPS), un think tank basé à Kaboul, a déploré que "<b>L'UE, comme beaucoup d'autres donateurs, ne se concentre pas sur l'aide économique, notamment l'agriculture</b>. Ainsi on construit beaucoup d'écoles chez nous. Cela part d'un bon sentiment, mais nonobstant le fait que cela créé des tensions dans les villages avec les Talibans, nous n'avons de toute manière pas d'argent pour payer des instituteurs! Mieux vaut nous laissez décider comment utiliser l'argent et apprendre de nos propres erreurs"</span>.</p> <p>C'est très intéressant, parce que cette réflexion montre bien comment l'Enfer peut être pavé de bonnes intentions. Pour nous autres Européens, qui vivont dans l'abondance, le plus important, c'est l'Éducation. Nous lui donnons la primauté, et, en Afghanistan, nous poursuivons ainsi un objectif politique et philosophique qui est de lutter contre la fanatisme.</p> <p>Mais pour les Afghans qui vivent dans la misère, le bien le plus précieux, c'est la nourriture. Et le secteur qui organise et produit la nourriture c'est l'agriculture. Accessoirement, là où ne sont pas cultivés des produits alimentaires, on trouve du pavot en masse pour fournir les besoins de paradis artificiels d'un Occident trop repu.</p> <p>Dans l'histoire économique et industrielle des différents pays de la planète, il est très rarement arrivé qu'un décollage économique se produise sans commencer par une réforme agraire (incluant généralement une distribution des terres, puis, au fil du temps, une concentration en unités de production plus rentables).</p> <p>Nous serions très bien inspirés d'écouter Hekmat Karzaï. En Europe, les biens supérieurs, ce sont l'Éducation, la santé, la culture, mais en Afghanistan, c'est l'agriculture, la nourriture. C'est à mon avis à cette aune que nous devrions repenser notre aide. Un ventre repu est plus à son aise pour écouter des conseils qu'un estomac qui crie famine.</p> <p><a href="http://pagesperso-orange.fr/le.parthenon/epicure.htm">Épicure</a> estimait que l'âme ne pouvait trouver la paix qu'en mettant fin à toutes les agitations et les torsions qui pouvaient la troubler. Ainsi, il distinguait l'apaisement de la faim de la recherche de mets raffinés et lourds, qui, au contraire, maintenait le corps et donc l'âme dans une dynamique de désirs insatisfaits. En ce sens, il s'inscrivait dans la droite ligne de la philosophie atomiste qui postulait que tout ce qui est doit exister dans la plénitude de son être à condition que rien ne vienne la perturber; si rien ne fait défaut au corps, qu'il a tout ce qui lui est nécessaire, il peut alors profiter d'un plaisir stable, (ce que les philosophes atomistes appellent plaisir catastèmatique, c'est à dire l'expression de l'équilibre des atomes qui composent le corps).</p>
L'Hérétiquehttp://heresie.hautetfort.com/about.htmlSoeur Emmanuelle : des trois ordres de Pascal à Epicuretag:heresie.hautetfort.com,2008-10-21:18557772008-10-21T16:59:00+02:002008-10-21T16:59:00+02:00 Soeur Emmmanuelle et François Bayrou sont deux individus pour lesquels j'ai...
<p>Soeur Emmmanuelle et François Bayrou sont deux individus pour lesquels j'ai beaucoup d'affection, pour des raisons d'ailleurs très différentes. Le décès de Soeur Emmmanuelle m'a donc personnellement beaucoup remué. Je l'écoutais sur France Info hier, et, à un moment, elle a exprimé lumineusement comment seul l'amour restait, in fine, parce que la matière était périssable. Et elle a évoqué les trois ordres de Pascal. Or, François Bayrou <a href="http://heresie.hautetfort.com/archive/2007/12/26/francois-bayrou-et-les-trois-ordres-de-pascal.html">les avait lui aussi évoqués</a> en décembre dernier.</p> <p>Dans les trois ordres de Pascal, corps, esprit et coeur (charité) il ne fait nul doute que c'est le troisième et le plus haut que Soeur Emmanuelle a choisi de mettre en avant dans son existence.</p> <p>« L’ordre des corps, l’ordre des esprits, l’ordre de la charité<br /> La distance infinie des corps aux esprits figure la distance infiniment plus infinie des esprits à la charité ; car elle est surnaturelle.<br /> Tout l'éclat des grandeurs n'a point de lustre pour les gens qui sont dans les recherches de l'esprit.<br /> La grandeur des gens d'esprit est invisible aux rois, aux riches, aux capitaines, à tous ces grands de chair.<br /> La grandeur de la sagesse, qui n’est nulle sinon de Dieu, est invisible aux charnels et aux gens d'esprit.</p> <p>Ce sont trois ordres différents de genre.»</p> <p>Dans ses derniers jours, Soeur Emmanuelle qui était sous assistance respiratoire consolait son entourage par ces paroles :</p> <p>«<b>Bien sûr, je ne peux plus voyager comme avant, je suis forcée de rester dans ma chambre. Maintenant, j'ai beaucoup de temps pour prier</b>». Ce dernier trait extraordinaire n'est pas sans me rappeler <a href="http://heresie.hautetfort.com/archive/2007/08/05/vaincre-la-peur-de-la-mort.html">la très grande force d'âme d'Epicure dans ses derniers instants</a>.</p> <p>Epicure, sur son lit de mort, se réjouissait de ce que ses amis étaient présents, et des moments heureux passés avec eux. Soeur Emmanuelle a confié à plusieurs reprises qu'elle jugeait sa vie passionnante. Je trouve qu'il y a une très grande similitude entre ces deux êtres exceptionnels.</p>