Last posts on wittgenstein2024-03-28T12:27:02+01:00All Rights Reserved blogSpirithttps://www.hautetfort.com/https://www.hautetfort.com/explore/posts/tag/wittgenstein/atom.xmlJacques-Emile Mirielhttp://jemiriel.hautetfort.com/about.htmlUn vieil article inédit sur Thomas Bernhardtag:jemiriel.hautetfort.com,2021-02-11:62967712021-02-11T07:42:00+01:002021-02-11T07:42:00+01:00 Ce 9 février, le grand écrivain autrichien Thomas Bernhard,...
<p style="text-align: justify;"><span style="font-family: helvetica, arial, sans-serif; font-size: 12pt;"> <em>Ce 9 février, le grand écrivain autrichien Thomas Bernhard, aurait eu 90 ans, s'il n'était mort prématurément il y a déjà trente-deux ans. C'est un écrivain qui a beaucoup compté pour moi. J'ai gardé tous ses livres dans ma bibliothèque, j'en relis certains de temps à autre. En 1988, alors que Bernhard était en pleine créativité, j'avais consacré un article à son roman </em>Maîtres anciens, <em>qui venait de paraître en France. Cette recension était destinée à une nouvelle revue, créée par de jeunes diplômés aux ambitions européennes. Ils étaient très gentils, mais je me demandais quand même ce que je faisais parmi eux. Je pris le premier prétexte venu pour partir, et, donc, mon article ne parut jamais. Je me rappelle aussi l'avoir fait lire à l'historien monarchiste Éric Vatré, avec qui alors je déjeunais quelquefois sur l'île Saint-Louis. Vatré avait apprécié le texte, mais moins les explications que je lui donnais sur les révoltes intimes de Thomas Bernhard. De là date ma brouille tacite avec lui. Chaque lecture d'un roman de Bernhard évoque pour moi tout un pan de ma vie. Cet auteur m'a construit, et je dois dire qu'aujourd'hui je m'en félicite toujours autant. Voici donc ce petit article sans prétention sur</em> Maîtres anciens<em>, "Comédie", que j'exhume d'une chemise portant la date suivante : 30-9-1988. Le titre en était "Un artiste de la survie", et il s'ouvrait sur une phrase de Wittgenstein : "Parfois </em>on pense, parce que cela a fait ses preuves.<em>"</em> </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: helvetica, arial, sans-serif; font-size: 12pt;"> </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: helvetica, arial, sans-serif; font-size: 12pt;"> Le nouveau livre de Thomas Bernhard, avec Peter Handke l'un des écrivains autrichiens – et même européens ! – les plus réputés, porte en sous-titre : "Comédie", et nous constatons en effet que dans ce livre, comme dans les précédents (qui ont eu une si grande influence sur nous), Bernhard ne parle que de la comédie de la vie, de ses aspects burlesques et comiques, mais tragiquement burlesques et tragiquement comiques. Ce moraliste d'aujourd'hui ne nous épargne aucune vérité, ni sur l'État, ni sur l'Autriche, ou bien encore l'éducation, et même Heidegger ("ce ridicule petit-bourgeois national-socialiste en culotte de golf") par Reger interposé.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: helvetica, arial, sans-serif; font-size: 12pt;"> Reger, personnage central du livre, Autrichien critique musical au <em>Times</em>, se définit lui-même comme <em>un véritable détestateur du monde</em> : rien ne résiste à son dénigrement universel, particulièrement violent : "Mais même Mozart, dit Reger, n'a pas échappé au kitsch, surtout dans les opéras il y a tant de kitsch, dans la musique de ces opéras superficiels la taquinerie et l'affairement se bousculent souvent aussi, de manière insupportable." Reger en un long soliloque (c'est aussi un artiste de la parole) enfonce le clou sans se lasser. Il énonce ceci : "notre vie est intéressante dans l'exacte mesure où nous avons pu développer notre art de la parole comme notre art du silence".</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: helvetica, arial, sans-serif; font-size: 12pt;"> En contrepoint, dans le cours (musical) de ce soliloque mouvant mais admirablement composé par Bernhard, Reger déploie un point de vue parallèle – le silence – qui, s'il part encore de l'art, rejoint néanmoins la vie en plein. L'art pour l'art est banal, relégué, chez Reger, spécialiste de l'art. Sa femme venait de mourir. Pour surmonter cette épreuve, il a l'idée de recourir encore une fois à l'art. Mais l'art est impuissant. Reger dit : "tout l'art, quel qu'il soit, n'est rien comparé à ce seul et unique être aimé" qu'il vient de perdre. Cette révélation modifie considérablement sa philosophie de l'art. Il retournera à l'art en l'utilisant comme moyen de survie, "art de survie", dit-il. Et c'est tout. Il semble avoir cerné les limites de l'art (de la vie), à force de philosophie, et n'attend plus que la mort, tranquillement (il a quatre-vingt-deux ans).</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: helvetica, arial, sans-serif; font-size: 12pt;"> Reger est, pendant tout le livre, assis devant <em>L'homme à la barbe</em> <em>blanche </em>de Tintoret : c'est lui-même qu'il contemple, ce faisant, sa vieillesse, son désespoir et sa solitude.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: helvetica, arial, sans-serif; font-size: 12pt;"> <em>Art de la survie</em>, a dit Reger pour avoir éprouvé cette vérité jusqu'au désespoir. Un art <em>précis</em>, enfin utilisable, intelligent dans son imperfection même, l'imperfection de l'art (toujours selon Reger) est la condition <em>sine qua non </em>de sa précision admirable. Cela nous sauve. Selon ce que dit encore Reger, survivre est la grande affaire. Après la mort de sa femme il ne s'est pas suicidé : "Si nous ne nous suicidons pas <em>tout de suite</em>, nous ne nous suicidons pas, c'est cela qui est affreux, a-t-il dit." Il constate que c'est Schopenhauer qui l'a sauvé, non pas la peinture, ni la musique. Il s'est <em>esquivé </em>dans Schopenhauer, pour fuir la vie synonyme de malheur : ainsi supporte-t-il cette vie même, car par Schopenhauer il ne fait rien d'autre que de renouer avec cette vie qu'il voulait abandonner.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: helvetica, arial, sans-serif; font-size: 12pt;"> Ce raisonnement semble être l'aboutissement d'une spéculation sur le suicide, que Thomas Bernhard avait engagée depuis longtemps, et à laquelle il apporte maintenant cette réponse <em>acceptable</em>, c'est-à-dire une réponse dénuée, si possible, d'hypocrisie et d'idéalisme stupide, car même lorsqu'il affirme la supériorité de la vie (ou de l'amour), il reste un nihiliste. Bernhard nous dit que la vie peut être une expérience merveilleuse, mais pas à n'importe quel prix ! Fondamentalement pessimiste (antihumaniste comme Pascal, son maître), Bernhard pense cependant, malgré tout, que la vie mérite d'être vécue, mais pas n'importe comment ! Être vigilant !...</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: helvetica, arial, sans-serif; font-size: 12pt;"> La lecture de <em>Maîtres anciens </em>est évidemment une fête pour l'esprit. On doit ressentir cette voix qui nous parle directement à l'oreille, c'est une voix proche, vivante, simple, d'où naît une sensation de <em>réalité</em>. Le frémissement de la vie passe de façon prodigieuse, grâce à ce procédé des monologues qui tissent ce livre. Les personnages, nous les <em>voyons</em>. Rien de préfabriqué, ici. Les personnages sont simplement disposés sur l'échiquier théâtral (le Musée d'art ancien de la ville de Vienne). Ils sont immobiles. Et ils parlent, surtout Reger qui a dit aussi : "Ce que je pense est exténuant, destructeur, a-t-il dit, d'autre part cela m'exténue déjà depuis si longtemps que je n'ai plus besoin d'avoir peur."</span></p><p style="text-align: justify;"> </p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: helvetica, arial, sans-serif; font-size: 12pt;"><span style="font-size: 10pt;">Thomas Bernhard, <em>Maîtres anciens</em>. Comédie. Traduit de l'allemand (Autriche) par Gilberte Lambrichs. Éd. Gallimard, 1988. Disponible dans la coll. "Folio", 8,60 €. Prix Médicis étranger 1988. – À noter, la publication récente (fin janvier 2021) d'un remarquable <em>Cahier de L'Herne </em>consacré à Thomas Bernard (33 €), dont j'ai rendu compte dans un article paru sur le site <em>Causeur.</em></span> </span></p>
Café philosophique de Montargishttp://cafephilosophique-montargis.hautetfort.com/about.htmlCompte-rendu du débat: ”Jusqu'où peut-on se mettre à la place des autres?”tag:cafephilosophique-montargis.hautetfort.com,2019-06-06:61566392019-06-06T19:11:00+02:002019-06-06T19:11:00+02:00 Le vendredi 24 mai 2019, le café philosophique de Montargis se réunissait...
<p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">Le vendredi 24 mai 2019, le café philosophique de Montargis se réunissait pour discuter autour de cette question: "<em>Jusqu’où peut-on se mettre à la place des autres ?"</em></span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">Pour commencer le sujet, une <a href="https://youtu.be/iD3EuzP0baU" target="_blank" rel="noopener">vidéo</a> qui nous met à la place d'une personne schizophrène grâce à l’intelligence artificielle est projetée. Elle illustre un moyen de se mettre à la place d’autrui.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">Une première personne considère qu’il est impossible de se mettre à la place des autres, ne serait-ce que parce que nous ne traversons pas les mêmes étapes de la vie, les mêmes épreuves.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">Par rapport à la question, quelque part il y a un début de réponse : "<em>Jusqu’où peut-on se mettre à la place des autres ?</em>" augure que l’on peut en partie le faire. Cela sous-entendrait, dit une participante qu’il y aurait une limite au-delà de laquelle on ne peut accéder à la compréhension totale d’autrui. Or, il y a aujourd’hui un "<em>outil merveilleux</em>", l’empathie, qui, si on en est doté, peut permettre de se rapprocher de l’autre pour pouvoir l’aider par exemple dans sa souffrance. On ne peut certes pas mesurer la souffrance, mais on peut écouter un parcours et cheminer avec autrui.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">Les mots nous servent à communiquer mais ils peuvent constituer un obstacle entre la réalité et nous. Savoir comment l’autre va recevoir mon message reste un mystère. : cette compréhension reste donc limitée ("<em>Ce dont on ne peut parler, il faut le taire</em>" écrivait Ludwig Wittgenstein).</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">Pour un autre intervenant, on peut très facilement se poser à la place des autres, lorsque ces autres mènent une vie formidable que l’on envie et que l’on veut copier. Mais cette empathie n’est pas la qualité la mieux partagée. </span><br /><span style="font-size: 10pt;">Il y aurait quelque chose dans nos gènes, est-il dit, qui tendrait à penser que nous sommes fondamentalement égoïstes et à l’empathie moindre et éphémère. Or, on pourrait se demander, s’agissant de l’empathie, si au contraire nous ne tendons pas naturellement vers l’empathie et si ce n’est pas la civilisation qui fait en sorte que nous avons perdu ce contact primaire avec autrui. Il y aurait une tendance à se tourner vers l’autre, disait en Jean-Jacques Rousseau, dans une sorte de pitié naturelle ("<em>Je parle de la pitié, disposition convenable à des êtres aussi faibles, et sujets à autant de maux que nous le sommes ; vertu d'autant plus universelle et d'autant plus utile à l'homme qu'elle précède en lui l'usage de toute réflexion, et si naturelle que les bêtes mêmes en donnent quelquefois des signes sensibles</em>"). La civilisation l’aurait par la suite dénaturée en rendant l’être humain égoïste.</span><br /><span style="font-size: 10pt;">Une participante du public fait remarquer que l’autre est indispensable, ne serait-ce pour le développement chez le jeune enfant, voire chez l’adulte plus tard pour compenser les carences affectives. Autrui est obligatoire dans notre développement.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">Une question se pose : qui est l’autre ? Un parent, un ami, un proche ou alors est-ce plus général ? L’alter ego est littéralement "l’autre moi", celui qui est mon semblable mais qui n’est pas moi : "<em>L'autre est indispensable à mon existence, aussi bien d'ailleurs qu'à la connaissance que j'ai de moi</em>" (Jean-Paul Sartre). </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">On a besoin des autres, dit une personne du public, "<em>mais pas tous les autres</em>." L’on serait amené à choisir "<em>ses</em>" autres, ces semblables pour qui l’on veut avoir de l’empathie. Jusqu’où, donc ? La limite pour être la connaissance. Aristote disait que l’on ne connaissait pas tout du chien. Une fois que l’on a la connaissance, alors sans doute peut-on agir. Seule la mort est inéluctable, par contre tout ce qui peut se changer peut l’être, et ce l’on ne peut changer que ce que l’on comprend réellement, avec toutes les difficultés que cela induit. Comprendre les autres c’est aussi se comprendre soi-même et avoir la volonté d’aller vers l’autre : <em>"La connaissance de soi est un plaisir qui n’est pas possible sans la présence de quelqu’un d’autre qui soit notre ami ; l’homme qui se suffit à soi-même aurait donc besoin d’amitié pour apprendre à se connaître soi-même</em>" (Aristote).</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">L’homme aurait besoin d’empathie, ce qui illustrerait notre intérêt pour la vie des grands personnages, des biographies ou des biopics. Dans le même cas de figure, certains romanciers étaient capables de se mettre à la place de leurs personnages : Balzac ou Maigret, tout comme certains biographes comme<a href="http://www.bla-bla-blog.com/archive/2019/05/30/louons-maintenant-james-agee-6155194.html" target="_blank" rel="noopener"> Rodolphe Barry dans son essai sur le journaliste et scénariste James Agee</a>. </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">Mais pouvons-nous ressentir ce que l’autre ressent ? Par ailleurs, pour comprendre l’autre, il faut certes se comprendre soi-même. Là est sans doute la grande difficulté : jusqu’à ce que nous nous comprenions, pouvons-nous vraiment connaître l’autre ? "<em>L'autre est indispensable à mon existence, aussi bien d'ailleurs qu'à la connaissance que j'ai de moi</em>" disait Jean-Paul Sartre.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">Un autre intervenant parle de Sartre justement, en reprenant sa célèbre citation "<em>L’enfer c’est les autres</em>" : en tant qu’être humain nous pouvons être portés à aller vers les autres dans un mouvement naturel, ou au contraire craindre les autres pour se mettre sur la défensive, dans un mouvement instinctif ("<em>Est-ce que c’est bon pour moi, ou est-ce que ce n’est pas bon pour moi ?</em>").</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">Nous serions sans doute inscrits dans une société qui guide nos comportements et nos vécus, et la représentation de la douleur comme l’empathie sont différentes selon les cultures et à géométrie variable. Il y a sans doute aussi des mécanismes de défense parce que l’on ne se sent pas capable d’aider la personne que l’on voudrait pourtant aider. </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">L’envie de se mettre à la place de l’autre n’est pas forcément liée à l’empathie, dit une autre personne du public. Il peut y avoir une "<em>envie envieuse</em>", une jalousie ou bien ce mouvement naturel qui nous ferait dire que si je viens aider une personne blessée c’est aussi que je voudrais moi-même être aidé de la même manière si j’étais à sa place. L’envie et l’empathie ne serait sans doute pas à mettre dans le même niveau. Dans l’empathie, on serait dans un système de compréhension. Nous ne serions pas dans une forme d’égoïsme et ce serait même plutôt l’inverse. Rainer Maria Rilke parlait de "<em>deux solitudes se protégeant, se complétant, se limitant, et s’inclinant l’une devant l’autre.</em>" Dans l’empathie, il y a une notion de gratuité et de comprendre, et qui se rapprochait de la compassion, de <em>"souffrir avec</em>".</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">Mais à vouloir trop être avec l’autre et pour l’autre, n’y a-t-il pas le risque de s’oublier soi-même ? Certains sont hypersensibles à certaines douleurs humaines. À trop aider et trop comprendre peut m’affecter moi-même en profondeur. Il y aurait sans doute nécessité de se recentrer. Il y a aussi l’exemple des sosies de célébrités qui peuvent se dépersonnaliser.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">L’empathie pourrait se prolonger avec la force de proposition, pour aider l’autre à se reconstruire en cas de douleur extrême (deuils, maladies, etc.) : "<em>L'homme ne se forme jamais par l'expérience solitaire</em>" écrivait à ce sujet Alain. Dans le film Seul au Monde, le personnage joué par Tom Hanks, ce nouveau Robinson se créé un ami imaginaire, un compagnon, un ballon qu’il appelle Wilson. L’empathie peut être spontané, et presque de superficiel. Il peut y avoir un mouvement naturel d’aller vers les autres, comme un apprentissage pour les professionnels qui doivent mettre en place pour les besoins de leur profession "<em>la juste distance</em>". De là, une autre question se pose : à quoi cela sert-il de se mettre à la place des autres ?</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">Il est abordé aussi l’exemple des jeux en réseau, dans lesquels un joueur se met à la place d’un personnage pour vivre son aventure, mais sans prendre de risque. Or, dans ce cas, et contrairement aux exemples sur l’empathie évoqués, il y a un médiateur entre le joueur et cet autre moi virtuel : une machine.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">Jusqu’où peut-on se mettre à la place des autres ? Quelle est la limite ? Nous sommes sans doute inéquitablement répartis et nous pouvons nous comporter différemment devant la souffrance de l’autre. Une autre personne du public prend l’exemple de Vincent Humbert et de la question de l’arrêt des soins : les avis sont partagés entre ceux qui se mettent à la place du malade, et ceux qui se mettent à la place des parents. </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">Il y a sans doute aussi une question politique derrière le sujet. Peut-être la bonne personne politique est-elle celle qui a cultivé la bonne distance et qui a pris du recul par rapport à se mettre à la place des autres pour avoir du sang-froid – même si "<em>ce sang froid est trop froid</em>." Spinoza disait "<em>Ni rire, ni pleurer mais comprendre</em>" : un bon médecin peut mettre à l’écart son propre ressenti afin de bien travailler. </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">Le dialogue aussi peut permettre de se mettre à la place des autres. Se mettre à la place des autres n’est certes pas évident, et il y aura toujours un décalage. Cependant, même, dans la vie courante, fondamentalement, nous nous mettons très souvent à la place des autres. Lorsque je discute avec quelqu’un que je connais et que je dois faire une prévision sur son comportement, j’essaie de me mettre dans sa peau pour anticiper sa réaction, et la plupart du temps je tombe juste. Oui, il peut y avoir des grands décalages, qui peuvent être dus à ma perception différente d’autrui, aux barrières du langage ou à des douleurs indicibles. Pour autant, nous ne faisons sans doute, toute notre vie, que nous mettre à la place des autres, ne serait-ce que dans notre comportement sur la route (les fameux neurones miroirs). Concernant le langage et le dialogue, il y a effectivement certaines nuances que je ne peux parfois pas saisir entièrement. Ma perception peut très bien ne pas être altérée et je peux très bien comprendre la souffrance de l’autre, par exemple, mais il y aurait sans doute la question de savoir ce que j’en fais. </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">Est-ce que l’on cherche chez les autres ce qui est identique à soi ? se demande un participant. Dans la communication avec autrui, peut-être chercherions-nous ce qui a de commun avec autrui. Et ce n’est que lorsqu’il y a des différences que les problèmes arrivent – cela peut être le cas dans la relation amoureuse ! Sans doute que se mettre à la place des autres c’est faire un acte social, en aimant les qualités de l’autre et en haïssant ses défauts : "<em>Autrui joue toujours dans la vie de l'individu le rôle d'un modèle, d'un objet, d'un associé ou d'un adversaire</em>" disait Sigmund Freud. Un intervenant considère d’ailleurs que la société en se basant sur le profit et une collaboration fructueuse plutôt que sur une fraternité gratuite. Nous serions amenés à voir face à nous la même personne que nous, à l’exemple de cette émission de télé-réalité qui "marie au premier regard" grâce à des goûts communs. Mais ces goûts communs ne sont-elles pas des obstacles au dialogue et à la construction de soi ? "<em>Dans l’expérience du dialogue, il se constitue entre autrui et moi un terrain commun, ma pensée et la sienne ne font qu’un seul tissu"</em> disait Maurice Merleau-Ponty. Deux mailles différentes se complètent pour former un tissu. Pour reprendre la citation de Freud, on cherche chez l’autre un modèle, on cherche chez l’autre un objet, on cherche chez l’autre un associé, un ami (la sympathie) ou alors un adversaire (l’antipathie). Tout le problème est ai niveau de l’ego et de la peur. Pourquoi va-t-on vers cet alter-ego qui nous ressemble ? Parce que l’on a peur. Parce que je m’aime, parce que j’ai raison et que, quelque part, je suis parfait, tout comme cet alter-ego qui me ressemble : "<em>Ce qui est vrai de moi vaut, aussi, pour tous les autres hommes que je trouve présents dans mon environnement. Par expérience que j’ai d’eux en tant qu’hommes, je les comprends et je les accueille comme des sujets personnels au même titre que moi-même, et rapportés à leur environnement naturel</em>" disait Edmund Husserl.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">Dans les religions comme les partis politiques, il existe cette même injonction à rejeter une partie du groupe qui considèrent les personnes extérieures comme des corps étrangers. Certains récits sacrés disent également que les autres doivent susciter la méfiance. Les groupes sociaux, pour se définir, auraient besoin de rejeter la population, à l’exemple des "barbares" décrits comme tels par les grecs (le barbare est celui qui fait "<em>ba-ba</em>", qui parle avec un langage que l’on ne comprend pas). Un exemple nous est donné avec Claude Lévi-Strauss : "<em>L'humanité cesse aux frontières de la tribu, du groupe linguistique, parfois même du village ; à tel point qu'un grand nombre de populations dites primitives se désignent elles-mêmes d'un nom qui signifie les « hommes » (…) impliquant ainsi que les autres tribus, groupes ou villages ne participent pas des vertus ou même de la nature humaine.</em>"</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">Dans le début de <em>Race et Histoire</em>, l’anthropologue dit bien que quelqu’un qui a une forme humaine mais n’appartient pas à la tribu, on ne peut radicalement pas se mettre à sa place car il ne partage pas la même humanité que nous. C’est un être radicalement différent. Et le fait qu’il faut avoir une tête, deux bras et deux jambes pour partager la même humanité, c’est déjà un fait culturel récent et fondamental dans l’histoire des idées. L’ennemi pourrait être cet être différent, afin également d’être plus fort dans son groupe. Savons-nous finalement quel est notre logiciel culturel et quel est celui de l’autre ? se demande un animateur. </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">L’autre devient, comme dit Freud, un objet ou un modèle car il me permet d’avancer dans ma propre connaissance. On a parlé de l’empathie, de la sympathie, de la compassion, mais il y a aussi l’amour, l’amitié (l’agapè), afin de permettre de connaître l’autre et de sortir de nos peurs et de notre ego et lâcher prise. Peut-être que le stade ultime serait de devenir l’autre, et être l’instrument de mon alter-ego qui rebondit, tel un gong qui retentit pour un autre. Octavio Paz disait : "<em>La solitude est le fond ultime de la condition humaine. L'homme est l'unique être qui se sente seul et qui cherche l'autre.</em>"</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">Le débat de ce soir se clôt par la question de savoir au nom de quoi il faut se mettre à la place des autres. Serait-ce un bien a priori ou alors quelque chose de nuisible. La question est ouverte. </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">Le rendez-vous suivant, le dernier de la saison, sera proposée le <strong>14 juin 2019</strong> au Belman. Trois sujets sont mis au vote : "<em>Y a-t-il lieu de craindre l’État ?", "Les hommes ont-ils besoin d’être gouvernés ?" </em>et <em>"Peut-on faire le bonheur des autres malgré eux ?"</em>Deux sujets arrivent à ex-æquo : <em>"Les hommes ont-ils besoin d’être gouvernés ?" </em>et <em>"Peut-on faire le bonheur des autres malgré eux ?"</em> C’est le sujet <strong><em>"Les hommes ont-ils besoin d’être gouvernés ?"</em></strong> qui est choisi au second tour pour la séance du 14 juin.</span></p>
Jacques-Emile Mirielhttp://jemiriel.hautetfort.com/about.htmlNécessité de Kierkegaardtag:jemiriel.hautetfort.com,2018-06-26:60624822018-06-26T15:17:00+02:002018-06-26T15:17:00+02:00 L'entrée de Kierkegaard (1813-1855) dans la collection de la...
<p style="text-align: justify;"><span style="font-family: helvetica, arial, sans-serif; font-size: 12pt;"> L'entrée de Kierkegaard (1813-1855) dans la collection de la Pléiade est un événement fort de la vie intellectuelle. Il en est ainsi, d'abord parce qu'il s'agit de traductions nouvelles, pour un choix d'œuvres qui couvrent toute la vie du philosophe. Ensuite, parce que, comme souvent dans la Pléiade, l'édition est excellente (préface, notices et notes) ; on la doit à un grand spécialiste de la littérature scandinave, Régis Boyer, qui y a travaillé jusqu'à sa mort. Il est faux de dire par exemple que les lecteurs ne lisent, dans une Pléiade, que la préface, et que son seul intérêt serait bibliophilique. Une Pléiade comme celle-ci se déguste au contraire in extenso, et pour avoir les deux volumes de Kierkegaard entre les mains, je peux assurer que le jeu en vaut la chandelle. S'il faut partir cet été avec deux livres en vacances, ce seront ceux-ci.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: helvetica, arial, sans-serif; font-size: 12pt;"> On connaît grosso modo la pensée de Kierkegaard, son existence dans le petit Danemark, sa silhouette de dandy, et surtout son influence considérable sur la littérature et la philosophie du XXe siècle. Le père de l'existentialisme sartrien, c'est lui, sans parler de tout ce qu'ont pu y puiser un Heidegger, un Wittgenstein, et, bien sûr, un Kafka. "Car Kierkegaard ne cesse de provoquer et d'inspirer, prévient Régis Boyer. La diffusion de cette œuvre dans le monde est impressionnante et continue de surprendre." À en relire aujourd'hui les grandes étapes, on se dit qu'elle a toujours quelque chose de neuf et d'essentiel à nous dire.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: helvetica, arial, sans-serif; font-size: 12pt;"> Un des grands attraits de Kierkegaard est, me semble-t-il, qu'il n'est pas titulaire d'un genre précis. Ses études de théologie, dans sa jeunesse, l'ont amené à sortir des sentiers battus de la philosophie et à s'intéresser aux questions universelles. Régis Boyer écrit ainsi, pour tenter de le définir : "on le croit philosophe, il se dit non philosophe, auteur religieux plutôt ou même poète du religieux. Toujours, en tout cas, à la limite de la philosophie et de ce qui n'est pas elle." </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: helvetica, arial, sans-serif; font-size: 12pt;"> La grande découverte de Kierkegaard, qui en fait un auteur tellement aimé, réside dans le fait d'avoir donné "la préséance à la subjectivité saisie en son sens le plus radical". Après l'époque précédente des systèmes philosophiques clos sur eux-mêmes, comme chez Hegel, ce retour vers le sujet humain était une sorte de respiration grandiose dans la pensée. Kierkegaard pouvait ainsi asséner sa conviction première : "Seule, la vérité qui édifie est vérité pour soi." On imagine tout ce qu'une telle conviction put entraîner comme conséquences fortes, notamment à propos de la grande question de la liberté qui habite ou non l'homme. Pour Kierkegaard, à chaque fois que l'homme décide d'une chose, dans un déferlement de contingence infinie, il opère comme <em>un saut dans le vide</em>. Ce n'est pas sans raison que Kierkegaard sera, avant tout, le penseur de l'angoisse existentielle. "L'angoisse est le vertige de la liberté", dira-t-il dans <em>Le Concept d'angoisse</em>.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: helvetica, arial, sans-serif; font-size: 12pt;"> Ces deux volumes de la Bibliothèque de la Pléiade permettent un parcours passionnant dans l'œuvre du Danois (il y manque seulement, faute de place, un jalon pourtant important, le <em>Post-scriptum aux miettes philosophiques </em>de 1846). Les différents registres de l'écrivain sont présents, de <em>Ou bien... Ou bien</em>, en passant par <em>La Reprise</em>, jusqu'à des écrits plus proprement religieux et qu'on lisait moins. C'était dommage, car on y retrouve le style unique et subversif du dernier Kierkegaard, le pamphlétaire qui ferrailla durement avec l'Église de son temps jusqu'à s'en exclure irrémédiablement. Pour avoir voulu, à la fin de sa courte vie, "rétablir le christianisme dans la chrétienté", ainsi qu'il l'exprimait lui-même dans une formule volontairement provocatrice, Kierkegaard est mort dans la solitude et le quasi-dénuement. Tel est souvent le prix de la probité et du génie.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: helvetica, arial, sans-serif; font-size: 10pt;">Kierkegaard, <em>Œuvres</em>, tomes I & II. Textes traduits, présentés et annotés par Régis Boyer, avec la collaboration de Michel Forget. Éd. Gallimard, Bibliothèque de la Pléiade, 62 & 63 €.</span><span style="font-family: helvetica, arial, sans-serif; font-size: 12pt;"> </span></p>
GregDamonhttp://gregoiredamon.hautetfort.com/about.htmlSammy Sapin publietag:gregoiredamon.hautetfort.com,2016-11-27:58789392016-11-27T17:00:00+01:002016-11-27T17:00:00+01:00 Sammy Sapin, c'est mon camarade de REALPOETIK. Alors il...
<p style="text-align: center;"><a href="http://gregoiredamon.hautetfort.com/media/02/02/355277212.jpeg" target="_blank"><img id="media-5510455" style="margin: 0.7em 0;" title="" src="http://gregoiredamon.hautetfort.com/media/02/02/219676714.jpeg" alt="15181540_347303375633182_5177050511515053800_n.jpeg" /></a></p><p style="text-align: left;"> </p><p style="text-align: left;"><span style="font-size: 14pt;">Sammy Sapin, c'est mon camarade de REALPOETIK.</span></p><p style="text-align: left;"><span style="font-size: 14pt;">Alors il publie un livre.</span></p><p style="text-align: left;"><span style="font-size: 14pt;">C'est l'histoire de Wittgenstein et de Bukowski.</span></p><p style="text-align: left;"><span style="font-size: 14pt;">Et c'est vachement bien. Me demandez pas pourquoi.</span></p><p style="text-align: left;"><span style="font-size: 14pt;">Pour l'acheter avant cinquante ans et ainsi pas rater votre vie, ou pour rattraper le coup si vous avez dépassé, toutes les infos sont <a href="http://sammysapin.blogspot.fr/2016/11/le-bouquin-de-mezigue-est-disponible.html" target="_blank">sur le site de Sapin</a>. </span></p><p style="text-align: left;"> </p>
Carmen SERGHIE LOPEZhttp://www.cefro.pro/about.htmlLes technosciences et l'homme améliorétag:www.cefro.pro,2016-05-13:58007882016-05-13T16:24:00+02:002016-05-13T16:24:00+02:00 (Photo Nice: Le grand tilleul) La révolution technologique que nous...
<p><span style="font-family: verdana, geneva, sans-serif; font-size: 10pt;"><img id="media-5368830" style="float: left; margin: 0.2em 1.4em 0.7em 0;" title="" src="http://www.cefro.pro/media/02/02/2674067271.JPG" alt="transhumanisme,idéologie,technosciences,gafa,wittgenstein,émotion,art" /><em>(Photo Nice: Le grand tilleul)</em></span></p><p><span style="font-family: verdana, geneva, sans-serif; font-size: 10pt;">La révolution technologique que nous sommes en train de vivre consiste aussi à poser à la société des questions sur la condition biologique et sociale de l’homme, et à permettre des transformations dont le but serait d’améliorer ou d’augmenter l’humain. Le transhumanisme est une nouvelle idéologie née aux Etats-Unis. Elle est soutenue par les quatre entreprises géantes Google, Apple, Facebook, Amazon (les GAFA) qui investissent des fortunes colossales dans des projets plus ou moins futuristes. « <em>Ceux qui décident de rester humains et refusent de s’améliorer auront un sérieux handicap. Ils constitueront une sous-espèce et formeront les chimpanzés du futur </em>», remarque le professeur de cybernétique <strong>Kevin Warwick</strong>. Lors d’une conférence à Vancouver en 2014, le chef de file du mouvement transhumaniste, <strong>Raymond Kurzweil</strong>, affirmait que l’homme pourra télécharger son cerveau dans un ordinateur environ en 2030. Il sera donc possible d’augmenter les capacités de l’homme et de le faire vivre le plus longtemps possible en bonne santé, avec l’aide des nouvelles technologies, des prothèses, des organes artificiels, de la thérapie génique. Telle une autre évangélisation, le transhumanisme se propage –en France il existe depuis peu (octobre 2015) <a href="http://transhumanistes.com/presentation">une association (AFT-Technoprog)</a> et un <a href="http://www.philomag.com/lepoque/breves/luniversite-de-la-singularite-arrive-en-france-11947">partenariat </a>entre l’Université de la singularité, le Télécom Paris Tech et le Crédit Agricole dont l’objectif est de recruter l’élite et de la former aux nouvelles technologies (après la France, l’Afrique francophone). </span></p><div id="yiv8965417907yui_3_16_0_ym19_1_1462971013368_22875"> </div><div id="yiv8965417907yui_3_16_0_ym19_1_1462971013368_22881"><span style="font-family: verdana, geneva, sans-serif; font-size: 10pt;">Les révolutions économiques, scientifiques et médicales qui se déroulent sous nos yeux s’accompagnent de bouleversements spirituels, éthiques, métaphysiques, et le débat devient passionnant et passionné. Le livre <a href="http://www.newspress.fr/Communique_FR_294992_4800.aspx"><em>Les premières victimes du transhumanisme</em> </a> attire l'attention sur <em>le business de l’eugénisme</em>. </span><span style="font-family: verdana, geneva, sans-serif; font-size: 10pt;">Le livre de <strong>Luc Ferry <span style="color: #003366;"><em>La révolution transhumaniste</em></span></strong> (qui <a href="https://www.amazon.fr/r%C3%A9volution-transhumaniste-Luc-Ferry/dp/2259249159">peut être feuilleté en Edition format Kindle</a>) cherche à faire comprendre les perspectives ouvertes par les innovations technoscientifiques, dont certaines « <em>sont enthousiasmantes, d’autres effrayantes </em>», et « <em>à réhabiliter l’idéal philosophique de la régulation, une notion désormais vitale, tant du côté de la médecine que de l’économie </em>». </span></div><div id="yiv8965417907yui_3_16_0_ym19_1_1462971013368_22887" dir="ltr"><span style="font-family: verdana, geneva, sans-serif; font-size: 10pt;">La recherche génétique ouvre des perspectives que l’on n’imaginait pas. On a découvert, depuis quelques années, les racines de la violence et des comportements psychopathes dans la déficience d’un enzyme sur « <em>le gène du guerrier</em> ». On sait aujourd'hui que, tout comme la maladie mentale, l’alcoolisme a des causes à plus de 50% d'origine génétique. Les gènes influencent le comportement, mais ils ne le gouvernent pas et ne le déterminent pas. Le gène qui augmente le risque d’alcoolisme est une condition associée à la faiblesse de caractère. Les facteurs environnementaux -société, économie, éducation- restent la plus importante prédiction <a href="http://www.popsci.com/can-your-genes-make-you-kill">des pathologies de comportement</a> à l’âge adulte. La thérapie génique promet le rajeunissement. Certains chercheurs affirment que <a href="https://www.inverse.com/article/14614-gene-therapy-makes-bioviva-ceo-elizabeth-parrish-younger-blunter-and-resolute">le vieillissement est une maladie</a>, et non un processus naturel. Les cellules du corps ressemblent à un ordinateur, et celui-ci peut être endommagé à toute étape de la vie. Des causes génétiques, donc de programmation, mènent à des symptômes de vieillissement et nous tuent. Le secret consisterait à rallonger les télomères. Il paraît que la méditation aussi peut avoir cet effet.. </span></div><div dir="ltr"> </div><div dir="ltr"><span style="font-family: verdana, geneva, sans-serif; font-size: 10pt;">Il est difficile de croire à la suprématie absolue de l’intelligence artificielle, en tout cas, le projet qui porte sur la longévité en bonne santé est une ambition humaine honorable. A condition que tous les garde-fous nécessaires - éthique, justice sociale, etc. - soient là, afin d’éviter tout dérapage.. Les remarques de <strong>Wittgenstein</strong> sur les machines qui pensent garderont toujours leur vérité simple et profonde. « <em>…</em><span style="color: #003366;">cela n’a pas de sens d’attribuer de la volonté ou de la passion, du désir et de la souffrance à une machine. Ce sont des aptitudes propres aux êtres animés, aux êtres qui ont un corps -mais les machines n’ont pas de corps ; aux êtres qui n’ont pas de fin intrinsèque mais adoptent des fins qui leur sont propres ; aux êtres qui, à l’inverse des machines, s’assignent leurs propres buts, ont des préférences, aiment ou n’aiment pas, sont heureux d’atteindre leur but ou tristes d’échouer. Ce sont là des capacités propres aux êtres qui ont un bien en vue, qui peuvent s’épanouir ou se flétrir, qui connaissent le bien-être. Les événements peuvent affecter l’état d’une machine, être bons ou mauvais <em>pour elle</em>; mais ils ne peuvent affecter le bien-être de la machine, car elle n’en a pas. Ce qui est animé ne peut être bien ni faire bien. Ce qui n’est pas vivant ne connaît pas le bien-être. Penser est un phénomène de la vie. On en trouve des manifestations infinies dans diverses sortes de comportements tout au long de la vie. Ses formes sont les aspects que prend une forme de vie, une culture. Nous ne devons pas craindre que nos machines nous dépossèdent de la pensée –mais peut-être avoir peur qu’elles ne nous incitent à cesser de penser par nous-mêmes. Ce qui leur manque, ce n’est pas la puissance de calcul, c’est l’animalité. Le désir et la souffrance, l’espoir et la frustration sont les racines de la pensée, pas le calcul mécanique.</span> » (Wittgenstein, Edition du Seuil, 2000)</span></div><div id="yiv8965417907yui_3_16_0_ym19_1_1462971013368_22889" dir="ltr"><p id="yui_3_16_0_ym19_1_1463048009255_2669" dir="ltr" data-setdir="false"><span style="font-family: verdana, geneva, sans-serif; font-size: 10pt;">Les émotions, comme dit <strong>Wittgenstein</strong>, et l’art, comme explique le musicien <strong>Sergiu Celibidache</strong> (<a href="https://youtu.be/SthKs40ClCY">dans un bref entretien en français, sous-titré en anglais</a>) sont l’expression de l’éternelle quête humaine de liberté et de vérité. </span></p></div>
Bruno Chironhttp://www.bla-bla-blog.com/about.htmlLogique comicstag:www.bla-bla-blog.com,2016-04-27:57938812016-04-27T00:00:00+02:002016-04-27T00:00:00+02:00 La logique et les mathématiques : tel est l'objet de Logicomix, une...
<p><img src="http://www.bla-bla-blog.com/media/02/00/3217161619.jpg" id="media-6288196" alt="" /></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">La logique et les mathématiques : tel est l'objet de <em>Logicomix,</em> une des toutes meilleures bandes dessinées de ces dix dernières années. Le personnage principal ? Rien de moins que Bertrand Russell (1892-1970), philosophe connu pour son <em>Histoire de la Philosophe occidentale</em> (1945), pacifiste, mathématicien et logicien.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">Lorsque <em>Logicomix</em> débute, les auteurs de la bande dessinées, qui se sont eux-mêmes mis en scène et en image, s'interrogent sur la ligne à suivre pour leur ouvrage. Ils choisissent de le faire démarrer en septembre 1939, lorsque Bertrand Russell est sollicité par des isolationnistes de l'Université de Princeton. Dans une atmosphère fiévreuse, le mathématicien et pacifiste depuis la première guerre mondiale, raconte son existence devant des étudiants tour à tour électrisés, passionnés, dubitatifs et conquis.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">Bertrand Russell ne cache rien des cinquante premières années de sa vie : son enfance d'orphelin dans le manoir inquiétant de Penbroke Lodge, sa découverte des mathématiques,son initiation à la logique grâce à George Edward Moore, son ambition de donner une base solide aux sciences et aux mathématiques. Le cœur de <em>Logicomix</em> réside dans les travaux et l'écriture, avec Alfred North Whitehead, des <em>Principia Mathematica</em>, ainsi que la vie amoureuse de Russell depuis sa rencontre et sa relation ambiguë avec Alys Whitebread.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">Grâce à son scénario brillant, qui s'étale sur presque 350 pages, ce roman graphique englobe une masse incroyable de savoirs : mathématiques, logique, philosophie, mythologie, art et littérature. Il est question des ambitions et des doutes de Bertrand Russell mais aussi de ses homologues mathématiciens et logiciens, souvent connus uniquement pour leurs travaux : Georg Cantor, Gottlob Frege, Kurt Gödel, David Hilbert, Henri Poincaré, Alan Turing, John Von Neumann ou Ludwig Wittgenstein. Des notes explicatives en fin de livre éclairent un peu plus les parcours de ces scientifiques.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">Avec un sens de la vulgarisation remarquable, les auteurs de <em>Logicomix,</em> Apóstolos K. Doxiàdis, Christos Papadimitriou, Alecos Papadatos et Annie Di Donna, parviennent à dévoiler au plus néophyte des lecteurs quelques notions de mathématiques et de logique : l'algorithme, la théorie des ensembles (plus complexe qu'il n'y paraît), le théorème d'incomplétude, le paradoxe de Russell ou l'auto-référence. L'auto-référence est d'ailleurs au cœur du concept artistique de <em>Logicomix.</em></span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">On peut trouver la facture graphique de <em>Logicomix</em> – très ligne claire – assez peu révolutionnaire. Il n'empêche que ce roman graphique est une réussite prodigieuse, au point d'avoir été salué comme une des meilleurs bandes dessinées de ces dix dernières années et comme l'un des ouvrages majeurs de l'année 2009.</span></p><p style="text-align: right;"><strong><span style="font-size: 10pt;">Apóstolos K. Doxiàdis, Christos Papadimitriou, Alecos Papadatos et Annie Di Donna,<br /><em>Logicomix,</em> éd. Vuibert, 2009, 348 p.</span></strong></p><p><iframe width="420" height="315" style="display: block; margin-left: auto; margin-right: auto;" src="https://www.youtube.com/embed/XebglmXrgEc" frameborder="0" allowfullscreen="allowfullscreen"></iframe></p>
GregDamonhttp://gregoiredamon.hautetfort.com/about.htmlHaute philosophietag:gregoiredamon.hautetfort.com,2016-01-12:57436732016-01-12T12:18:17+01:002016-01-12T12:18:17+01:00 ... pis si y en a qui se demandent encore ce que ça fait quand on met...
<p><span style="font-size: 14pt;">... pis si y en a qui se demandent encore</span></p><p><span style="font-size: 14pt;">ce que ça fait quand on met Bukowski et Wittgenstein sur un bateau</span></p><p><span style="font-size: 14pt;">peuvent lire <a href="http://www.dechargelarevue.com/I-D-no-611-Bukowski-et.html">ici </a>un mot de Claude Vercey</span></p><p><span style="font-size: 14pt;">avec des vrais bouts de mon pote Sammy Sapin dedans</span></p><p><span style="font-size: 14pt;">comme quoi que la haute philosophie est pas morte en France !</span></p><p> </p>
Café philosophique de Montargishttp://cafephilosophique-montargis.hautetfort.com/about.htmlCompte-rendu de la 50e séance : ”la philosophie a-t-elle une quelconque utilité?”tag:cafephilosophique-montargis.hautetfort.com,2015-08-02:56655422015-08-02T07:59:00+02:002015-08-02T07:59:00+02:00 Thème du débat : "La philosophie a-t-elle une quelconque utilité...
<p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;"><strong>Thème du débat : <span style="color: #ffff00;">"La philosophie a-t-elle une quelconque utilité ?" </span></strong></span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;"><strong>Date : <span style="color: #ffff00;">19 juin 2015 à la Brasserie du centre commercial de la Chaussée</span></strong></span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;">Le vendredi 19 juin 2015, le café philosophique de Montargis se réunissait à la Brasserie du Centre commercial de la Chaussée pour sa 50e séance, et aussi la dernière de sa saison 6. À cette occasion, le débat proposé, et choisi par les participants de la séance précédente, portait sur cette question: "La philosophie a-t-elle une quelconque utilité ?"</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;">Au préalable, Bruno rappelle la genèse et les grands événements qui ont marqué les six années et les 50 séances du café philo. Il insiste sur la naissance mouvementée de l'animation de la Chaussée, ses débuts difficiles, les sujets polémiques qui ont émaillé son histoire (<a href="http://cafephilosophique-montargis.hautetfort.com/religion-opium-du-peuple/" target="_blank" rel="noopener">Dieu</a>, <a href="http://cafephilosophique-montargis.hautetfort.com/debat-a-t-on-le-droit-de-mourir/" target="_blank" rel="noopener">la mort</a> ou... <a href="http://cafephilosophique-montargis.hautetfort.com/le-pere-noel-est-il-un-imposteur/" target="_blank" rel="noopener">le Père Noël</a>), la fierté des animateurs et médiateurs de voir l'engouement autour du café philo mais aussi les émissions de radio <a href="http://cafephilosophique-montargis.hautetfort.com/la-philosophie-au-comptoir/" target="_blank" rel="noopener">"<em>La Philosophie au Comptoir</em>"</a> (en 2014) qui ont marqué le café philosophique de Montargis. </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;">Pour lancer le débat, outre le sujet du débat de ce soir, "La philosophie a-t-elle une quelconque utilité ?" Bruno pose aux participants deux autres questions : "<em>Fait-on de la philosophie lors d'un café philo ?</em>" et "<em>Que venez-vous faire ici, au café philo ?</em>"</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;">Un premier intervenant réagit en citant <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Michel_de_Montaigne" target="_blank" rel="noopener">Michel de Montaigne</a> pour justifier l'utilité de la philosophie : "<em>Philosopher c'est apprendre à mourir</em>". Pour lui, alors que le débat sur la la fin de vie fait des remous, la philosophie semble avoir une très grande utilité. Claire rebondit sur cette intervention. Il y a une distinction entre utilité et nécessité, dit-elle, car, souvent, on a tendance à commettre un abus de langage : on considère comme utile ce qui est nécessaire, or ce n'est pas le cas. L'utilité vise "<em>l'outil</em>". La question peut donc se poser ainsi : est-ce que la philosophie mène à quelque chose ? Et si la philosophie est un outil, quelle est sa finalité ? </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;">Pour un autre intervenant, la philosophie a une utilité indéniable ; encore faut-il savoir de quelle philosophie l'on parle : il peut y avoir autant des courants de pensées hermétiques peu appréciés que des pratiques philosophiques, plus terre-à-terre, pragmatiques et qui peuvent intéresser tout un chacun. Finalement, cette dernière intervention pose cette question : la philosophie est un moyen pour faire quoi ? La philosophie, qui est étymologiquement l'amour de la sagesse, trouve sa finalité dans l'apprentissage de la mort et dans l'orientation de ses actions pratiques afin de réfléchir à certains sujets pour ensuite les vivre, et vivre mieux ("<em>Nous vivre mieux</em>") . L'amour de la sagesse n'est pas l'amour du savoir. Le sage n'est pas celui qui sait tout mais plutôt "<em>celui qui ne sait rien</em>" (<a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Socrate" target="_blank" rel="noopener">Socrate</a>). Dès lors, philosopher c'est sans doute commencer à s'interroger et remettre en question ce qui fait notre existence et notre identité. Au sein du café philo, chacun réfléchit à comment agir, avec la morale, à l'orientation pratique de notre vie, de nos actions, ici et maintenant.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;">Au sein du café philo, la question est bien de savoir si dans le cadre des débats on est dans un moyen d'atteindre ces objectifs philosophiques. <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Michel_Onfray" target="_blank" rel="noopener">Michel Onfray</a> refuse par exemple d'admettre que l'on philosophe au sein d'un café philosophique. Une intervenante réagit en regrettant la durée des séances : souvent, un deuxième débat pourrait être utile, remarque-t-elle, tant les questions appellent d'autres questions et aussi des demandes d'approfondissements. Bruno ajoute toutefois que les animateurs sont là pour susciter des questions et pas d'apporter des réponses comme le feraient des gourous de sectes ! Philosopher, comme le dit une participante, "<em>c'est exploiter la capacité que l'humain a de se poser des questions auxquelles il ne peut pas répondre</em>". C'est aussi un échappatoire à l'uniformité des discussions triviales, afin d'éviter "<em>la stagnation de l'esprit</em>".</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;">La philosophie ne consiste pas à apporter des solutions abouties à des questions posées, réagit un participant. Pour Claire, les philosophes dits "<em>systématiques</em>" ont pour rôle de répondre à des questions. Le café philo, dans ce sens, est "<em>non-philosophique</em>", dans le sens où le café philo n'apporte pas des éléments pour répondre à des questions. Pour autant, nous pourrions dire qu'au sein du café philo nous pratiquons un "<em>philosopher</em>", dans le sens où le café philo sert à cheminer dans une pensée. Certaines interventions nous renvoient d'autres pensées. "<em>La pratiques collective</em>" de la réflexion est en effet un élément capital, réagit une autre personne du public car cela peut peut permettre d'approfondir des sujets. Par toutes nos expériences, réagit une autre participante, par nos différences, "<em>mettre en commun nos idées, les confronter à l'exemple de la maïeutique (<a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Platon" target="_blank" rel="noopener">Platon</a>), ce n'est pas nous permettre d'avoir tous la même mais d'avoir tous la nôtre.</em>"</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;">Une participante s'exprime ainsi : <em>"La philo n'est ni dans l'action ni dans la morale mais <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Jean-Paul_Sartre" target="_blank" rel="noopener">Jean-Paul Sartre</a> a dit qu'elle nous apprenait à être libre et responsable de nos actes</em>". La philosophie a bien une utilité, affirme un intervenant : même si elle n'est pas poussée, elle nous permet de côtoyer des gens différents, de s'exprimer, d'échanger dans le respect, de se frotter à la réalité et d'affiner ses opinions au contact des autres. La philosophie antique, dans l'agora, est, quelque part, ressuscitée au sein des cafés philos – qui pourraient aussi bien se passer dans d'autres lieux publics. </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;">La réflexion collective permettrait de passer de l'opinion, qui est de l'ordre de la représentation individuelle, à l'idée, qui est collective. L'idée est forte de justification et l'altérité, en apportant la contradiction à notre opinion, permet d'asseoir notre jugement grâce aux arguments et presque en savoir. Claire rappelle que la différence entre le croire et le savoir n'est pas tant la véracité de la représentation mais c'est dans le fait que le croire est une représentation qui est tenue pour vraie sans capacité de la justifier alors que le savoir implique qu'une représentation est tenue pour vraie car il existe des justifications, des raisons d'être. On peut se sentir un peu plus fort de ses principes si un philosophe vient à notre rescousse ("<em><a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Ren%C3%A9_Descartes" target="_blank" rel="noopener">Descartes </a>l'a dit...</em>") ou si la confrontation avec les idées collectives et les opinions d'autrui viennent appuyer ce que je peux penser. "L<em>es débats philosophiques permettent de s'enrichir au niveau de l'être.</em>" </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;">L'utilité cathartique du café philo est également avérée : prendre la parole, s'approprier un micro ("<em>un bâton de parole</em>") et confronter ses idées avec celles des autres est au cœur de nos débats. Le café philo peut être aussi une pratique de la démocratie, dans un cercle de citoyens différents, de tous âges. <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Jean-Pierre_Vernant" target="_blank" rel="noopener">Jean-Pierre Vernant</a> affirme d'ailleurs que la raison naît dans le cadre de la naissance de la première cité démocratique grecque. Or, dans cette société, deux groupes de pensées s'opposent : les "<em>instituteurs de la République</em>" – les <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Sophiste" target="_blank" rel="noopener">sophistes</a> – qui visent à apprendre aux citoyens à parler et qui visent l'utilisation d'un langage pour s'exprimer. Dès lors, l'objectif pour ces sophistes est d'apprendre à parler bien plutôt que de parler vrai. Or, contre eux, les philosophes vont s'insurger, et parmi eux, </span><a style="font-size: small;" href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Socrate" target="_blank" rel="noopener">Socrate</a><span style="font-size: small;">. Pour ces philosophes, parler bien c'est utiliser le langage en l'enlevant de sa sa valeur. Celui qui ne chercher que la communication et la beauté le rend caduc car l'homme doué de langage se doit de chercher la vérité. Le philosophe ne va pas chercher de réponse mais il va s'interroger sans cesse pour nuancer et s'approcher de la réalité et de la vérité. </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;">Un participant nuance ces propos : est-ce que pour parler vrai il ne faut pas parler bien ? Cette question fait aussi référence à un précédent débat : "Le langage trahit-il la pensée ?" Pour </span><a style="font-size: small;" href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Michel_Onfray" target="_blank" rel="noopener">Michel Onfray</a><span style="font-size: small;">, justement, dans la philosophie il y a une forme d'académisme et d'exigence. </span><a style="font-size: small;" href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Michel_Onfray" target="_blank" rel="noopener">Michel Onfray</a><span style="font-size: small;"> ne dénie pas l'utilité démocratique des cafés mais ils sont pour lui plus "<em>citoyens</em>" que "<em>philosophiques</em>". Philosopher implique des bases, des lectures, des connaissances, l'acquisition de lettres de noblesse (parler correctement). Certains philosophes inaccessibles peuvent du reste se targuer d'être inaccessibles. Certains auteurs peuvent être lisibles et claires (<a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Albert_Camus" target="_blank" rel="noopener">Albert Camus</a>) ; d'autres hermétiques (<em>Critique de la Raison Pure</em> de <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Georg_Wilhelm_Friedrich_Hegel" target="_blank" rel="noopener">Hegel</a> ou <em>L'Être et le Néant</em> de </span><span style="font-size: small;"><a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Jean-Paul_Sartre" target="_blank" rel="noopener">Sartre</a></span><span style="font-size: small;">). Ces problèmes de compréhension apparaissent comme susceptible de dénaturer la pensée philosophique affirme <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Ludwig_Wittgenstein" target="_blank" rel="noopener">Ludwig Wittgenstein</a> ("<em>Ce dont on ne peut pas parler, il faut le taire</em>"). Il y a aussi cette idée que la philosophie touche aux hautes sphères de l'intellect (la métaphysique par exemple) et peut donc faire fuir une grande partie de la population. Le café philosophique de Montargis a, par contre, eut très vite pour ambition d'amener la philosophie dans la Cité et de la rendre accessible </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;">Un participant rappelle l'étymologie de "<em>philosophie</em>", qui est "<em>l'amour de la vérité</em>". On est philosophe non pas quand on détient la vérité mais lorsqu'on la recherche. Au sein, Un café philosophique qui a pour objectif de rechercher – avec curiosité – la vérité fait donc, n'en déplaise à <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Michel_Onfray" target="_blank" rel="noopener">Michel Onfray</a>, de la philosophie. </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;">Claire conclut cet échange par deux citations. La première est de <em><a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Platon" target="_blank" rel="noopener">Platon</a> </em>: "<em>Sans raisonnement, tu mèneras l'existence non pas d'un homme mais d'une éponge ou de ces êtres marins qui habitent dans des coquillages</em>" (<em>Philète</em>). <em><a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Ren%C3%A9_Descartes" target="_blank" rel="noopener">Descartes</a></em>, lui, affirmait dans <em>Principes de la Philosophie</em> (Préface) : "<em>C'est précisément avoir les yeux fermés, sans jamais tâcher de les ouvrir, que de vivre sans philosopher.</em>" </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;">La seconde partie de ce 50e café philosophique est consacré à un blind-test, un jeu proposé à l'assistance que le café philo avait proposé par le passé :</span></p><blockquote><p style="text-align: justify; padding-left: 30px;"><span style="font-size: small;">- Qu'est-ce que la maïeutique ? Réponse : l'art d'accoucher les esprits, les âmes (<a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Socrate" target="_blank" rel="noopener">Socrate</a>)</span></p><p style="text-align: justify; padding-left: 30px;"><span style="font-size: small;">- Qui a écrit le <em>Tractatus logico-philosophicus</em> ? Réponse : </span><a style="font-size: small;" href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Ludwig_Wittgenstein" target="_blank" rel="noopener">Ludwig Wittgenstein</a></p><p style="text-align: justify; padding-left: 30px;"><span style="font-size: small;">- Pourquoi appelle-t-on les disciples d'Aristote les Péripatéticiens ? Réponse : parce que dans le <em>peripatos</em> grec, le "<em>promenoir</em>" littéralement, les philosophes du Lycée d'<a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Aristote" target="_blank" rel="noopener">Aristote</a> philosophaient en marchant. On les appelait donc les péripatéticiens.</span></p><p style="text-align: justify; padding-left: 30px;"><span style="font-size: small;">- Qui a parlé de l'homme comme d'"une invention récente" ? Réponse : <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Michel_Foucault" target="_blank" rel="noopener">Michel Foucault</a></span></p><p style="text-align: justify; padding-left: 30px;"><span style="font-size: small;">- Quand on traite de la philosophie, on dit que l'une des formules principales du philosopher est "<em>gnoti seauton</em>". Qu'est-ce que ça signifie ? Réponse : "<em>Connais-toi toi-même</em>" </span></p><p style="text-align: justify; padding-left: 30px;"><span style="font-size: small;">- Qui est le concepteur de la dialectique du maître et de l'esclave ? Réponse : </span><a style="font-size: small;" href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Georg_Wilhelm_Friedrich_Hegel" target="_blank" rel="noopener">Hegel</a><span style="font-size: small;"><br /></span></p><p style="text-align: justify; padding-left: 30px;"><span style="font-size: small;">- Qu'est-ce qu'une tautologie ? Réponse : "<em>Dire deux fois la même chose</em>", la répétition de deux expressions signifiant une chose identique</span></p><p style="text-align: justify; padding-left: 30px;"><span style="font-size: small;">- La philosophe <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Hannah_Arendt" target="_blank" rel="noopener">Hannah Arendt</a> a été la maîtresse d'un philosophe controversé. Qui est-il? Réponse : <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Martin_Heidegger" target="_blank" rel="noopener">Martin Heidegger</a> </span></p><p style="text-align: justify; padding-left: 30px;"><span style="font-size: small;">- Qu'est ce que <em>l'ataraxie.</em> Réponse : "<em>La paix de l'âme</em>"</span></p><p style="text-align: justify; padding-left: 30px;"><span style="font-size: small;">- Quel philosophe anglais est l'auteur de La Nouvelle Atlantide, roman sur l'île utopique Bensalem ? Réponse : <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Francis_Bacon_(philosophe)" target="_blank" rel="noopener">Francis Bacon</a></span></p><p style="text-align: justify; padding-left: 30px;"><span style="font-size: small;">- De quel philosophe anglais se sont inspirés les auteurs de la série <em>Lost</em> pour la création de l'un de leur personnage ? Réponse : <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/John_Locke" target="_blank" rel="noopener">John Locke</a></span></p><p style="text-align: justify; padding-left: 30px;"><span style="font-size: small;">- Qui a parlé de la religion comme d'une "névrose obsessionnelle de l'Humanité ?" Réponse : <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Sigmund_Freud" target="_blank" rel="noopener">Sigmund Freud</a></span></p><p style="text-align: justify; padding-left: 30px;"><span style="font-size: small;">- Quel philosophe est tourné en dérision dans Les Nuées ? Réponse : </span><a style="font-size: small;" href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Socrate" target="_blank" rel="noopener">Socrate</a></p><p style="text-align: justify; padding-left: 30px;"><span style="font-size: small;">- Qui a dit : "<em>Les hommes se trompent en ce qu'ils se pensent être libres ?</em>" Réponse : <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Baruch_Spinoza" target="_blank" rel="noopener">Baruch Spinoza</a></span></p><p style="text-align: justify; padding-left: 30px;"><span style="font-size: small;">- Qui est l'auteur de la <em>Lettre à Newcastle</em> ? Réponse : </span><em style="font-size: small;"><a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Ren%C3%A9_Descartes" target="_blank" rel="noopener">Descartes</a></em></p><p style="text-align: justify; padding-left: 30px;"><span style="font-size: small;">- Que signifie "<em>Sapere aude</em>" ? Réponse : "<em>Aie le courage de te servir de ton propre entendement</em>"</span></p><p style="text-align: justify; padding-left: 30px;"><span style="font-size: small;">- Avec quel compositeur et ami <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Friedrich_Nietzsche" target="_blank" rel="noopener">Friedrich Nietzsche</a> s'est-il brouillé dans les dernières années de sa vie ? Réponse : Richard Wagner</span></p><p style="text-align: justify; padding-left: 30px;"><span style="font-size: small;">- Quel philosophe français, romancier et homme politique révolutionnaire est l'auteur de l'ouvrage "<em>Français, encore un effort !si vous voulez être Républicains</em>" ? Réponse : <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Donatien_Alphonse_Fran%C3%A7ois_de_Sade" target="_blank" rel="noopener">Le Marquis de Sade</a></span></p><p style="text-align: justify; padding-left: 30px;"><span style="font-s
Café philosophique de Montargishttp://cafephilosophique-montargis.hautetfort.com/about.htmlCOMPTE-RENDU DE LA SÉANCE : ”LE LANGAGE TRAHIT-IL LA PENSÉE ?”tag:cafephilosophique-montargis.hautetfort.com,2015-03-17:55846652015-03-17T19:12:00+01:002015-03-17T19:12:00+01:00 Thème du débat : "Le langage trahit-il la pensée ?" Date...
<p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;"><strong>Thème du débat : <span style="color: #ffff00;">"Le langage trahit-il la pensée ?" </span></strong></span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;"><strong>Date : <span style="color: #ffff00;">30 janvier 2015 à la Brasserie du centre commercial de la Chaussée</span></strong></span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;">Le vendredi 30 janvier 2015, le café philosophique de Montargis se réunissait pour un débat intitulé "Le langage trahit-il la pensée ?"</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;">Un premier participant s'interroge au préalable sur l'intitulé de ce sujet : parle-t-on du langage des mots ou bien cela inclut-il d'autres langages (des matériaux, des signes, des arts, etc.) ? Claire répond que par définition le langage désigne un ensemble de signes ou de symboles, "<em>socialement institués et stables</em>". Le langage artistique, par exemple, peut entrer dans ce cadre si l'on peut entrer en relation au travers de ces signes ou symboles. Encore faut-il,ajoute Claire, qu'ils puissent traduire et non pas trahir notre pensée. <a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Ren%C3%A9_Descartes" target="_blank" rel="noopener">Descartes</a> dit que ce qui distingue l'automate ou l'animal de l'être humain c'est le langage car, <em>a contrario</em> d'un perroquet, l'homme est capable d'utiliser des mots, des signes, des symboles ou autres pour dire quelque chose de lui-même qui pourra être traduit par l'autre et échangé. On ne se contente pas de répéter des choses : on leur donne du sens. Or, la question est de savoir si ce sens, comme il est conformé autour d'un certains nombre de symboles, est fidèle à la réalité qu'il désigne. Quant on parle, par exemple, est-on fidèle à ce que l'on veut dire ? N'y a-t-il pas trahison dans la compréhension de ce que je peux dire ? Ne dit-on, pas dans le langage courant, "<em>je te donne ma parole</em>" pour désigner un serment solide ?</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;">Pour un autre participant, la question autour de ce sujet porte sur la notion de "pensée". Quand je pense, je serais sans doute dans une "<em>sorte de nuage, d'un rêve indéterminé, avec des formes, des couleurs...</em>" Il y a une sorte d'abstraction du langage, à l'image de l'abstraction de la pensée. Claire rebondit sur cette intervention : dès la naissance de la philosophie, il y a cette question de la définition de la pensée. Peut-on appeler une pensée un mot, un sens, etc. Une pensée pourrait être caractérisée par un ensemble de flux intérieurs qui peut aussi désigner des sentiments, confus, dispersés. On peut réellement parler d'affrontement : beaucoup de philosophes, dont <a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Georg_Wilhelm_Friedrich_Hegel" target="_blank" rel="noopener">Hegel</a> ou <a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Ludwig_Wittgenstein" target="_blank" rel="noopener">Wittgenstein</a>, disent que ce qui se conçoit bien s'énonce clairement : toute pensée qui n'arrive pas à se dire est une pensée obscure. Au contraire, le langage viendrait officialiser et encadrer quelque chose qu'on n'arriverait pas correctement à signifier.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;">Encore faudrait-il, ajoute quelqu'un de l'assistance, que je puisse disposer d'un vocabulaire et d'une syntaxe suffisamment riche pour refléter mes pensées, si encore je peux trouver des mots adéquats. Une question pourrait se poser : peut-il y avoir une pensée sans langage ? D'emblée, Claire distingue le langage de la langue. C'est Montaigne qui dit que l'on habite une nation et que l'on appartient à un peuple lorsque l'on sait s'exprimer dans la langue de ce pays. La langue, avec toutes ses imperfections, nous informe comme nous forme de ce sens. D'ailleurs, au sujet de cette formation, Bruno souligne que l'enfant, cet être encore en devenir est, par définition l'<em>infans</em>, en latin, c'est à dire "<em>celui qui ne parle pas.</em>" Pour l'auteur des Essais, le langage n'est rien ; pourtant, il n'y a rien d'autre qui compte davantage, y compris dans nos relations à autrui, pour le meilleur et pour le pire – donner sa parole à autrui ou lui mentir ! </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;">Est-ce que la réalité est sensée au départ ? Le langage est-il capable de vérité ? L'épistémologie s'interroge sur ces questions. Claire la repose lors de cette séance. Un participant répond que le langage, "<em>assurément</em>", trahit la pensée. En effet, une personne, un "<em>émetteur</em>", qui encode sa pensée grâce au langage, transmis à un récepteur, qui doit, ensuite décoder le langage, le comprendre, et manifester un feed-back, via un ré encodage qui sera ensuite codé à nouveau. Il y a donc "<em>de la perte en, ligne</em>", en sachant qu'il n'y pas un encodage identique à 100 %, chaque mot pouvant être différent d'une personne à une autre (en raison de la culture, du passé de chacun, etc.). L'actualité, même récente, nous apprend les malentendus quotidiennement. À ce sujet, Claire évoque <a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Ludwig_Wittgenstein" target="_blank" rel="noopener">Ludwig Wittgenstein</a>, qui s'interrogeait sur la restitution fidèle d'une langue. Le philosophe essayait, dans son <em>Tractatus logico-philosophicus</em> de parvenir à une vérité universelle mais il avouait, à la fin de son ouvrage, n'y être pas parvenu. Il énonçait, en conclusion, cette pensée : "<em>Ce dont on ne peut parler, il faut le taire</em>." </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;">Le langage, selon une participante, serait une interprétation du monde, à l'exemple du langage scientifique. Ce dernier tente d'approcher la vérité universelle. Au contraire, le langage poétique aurait d'autres fins. N'y aurait-il pas plusieurs strates dans le langage, selon les besoins ? Claire évoque à ce sujet <a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Henri_Bergson" target="_blank" rel="noopener">Henri Bergson</a> qui dit qu'à côté de la science et de la philosophie, il y a la vie. On utilise nos différents médias selon ce que nous faisons : nous nous bornons à lire les étiquettes collés sur les choses ; par contre, un philosophe ou un scientifique tente d"<em>intuitionner</em>" la réalité, c'est-à dire enlever le filtre du langage, qui vient déformer cette réalité. <a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/H%C3%A9raclite" target="_blank" rel="noopener">Héraclite </a>disait que l'on ne se baigne jamais dans le même fleuve ; pour autant, il faut bien l'appeler ainsi, ce fleuve-là ! Dans la vie, dit Bergson, on conforme la réalité dans des cadres de pensées, des normes, des concepts, au risque d'être à la surface de ceux-ci. </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;">Pour un participant, il y a deux sens dans le concept de "<em>trahison de la pensée</em>" : la trahison comme comme impossibilité et impuissance à exprimer la pensée (le fameux "<em>traduire c'est trahir</em>") et la trahison, souvent non-verbale (gestuelle, mimiques, onomatopées, lapsus, actes manqués, etc.), qui survient sans que je l'aie désirée. Claire précise d'ailleurs à ce sujet que toute la cure psychanalytique est fondée sur cela. <a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Sigmund_Freud" target="_blank" rel="noopener">Freud </a>montre bien toute la richesse et la densité des rêves : une scène d'un rêve désigne littéralement un roman. </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;">Le langage, même imparfaitement, même avec ses limites, est au centre de mes tentatives d'énoncer mes pensées, au risque de laisser se dresser une barrière entre moi et l'humanité et les autres : "<em>Mon jardin secret est une prison</em>" disait <a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Peter_L._Berger" target="_blank" rel="noopener">Peter L. Berger</a>. Un participant s'interroge au sujet de cette trahison non désirée, en rapport avec un inconscient qui nous dépasserait : peut-on dans ce cas parler de trahison puisque cet inconscient, justement, ne m'est pas accessible ? Un acte manqué ne serait pas à proprement parlé une trahison. D'autant plus que penser, ajoute une autre personne, est un acte réfléchi : "<em>Penser est un verbe d'action</em>", au contraire de la réflexion. Tel un homme face à un miroir, la réflexion me rend plus passif, alors que dans la pensée, je dois mâcher et digérer des choses pour en faire quelque chose d'unique : on pense contre, on se frotte au monde. </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;">Une autre intervenante se demande si le langage des signes ne trahit pas la pensée, ce langage étant une identité propre. Une personne de l'assistante, pratiquant cette langue, répond que le langage des signes est un de ces langages qui "trahit le moins la pensée" : il s'agit d'un langage très concis et très précis, tout en étant capable d'abstraction. </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;">Qui dit langage, dit une autre personne, dit aussi disposition à accueillir le langage de tel ou tel autre ou bien une œuvre d'art – qui peut nous parler tel ou tel jour, alors que ce n'était pas le cas quelques temps plus tôt. Le problème du langage, ajoute un autre intervenant, a remué les courants artistiques au XXe siècle : le surgissement du conceptuel a pu avoir lieu pour appréhender de manière plus objective la réalité. Cette idée se retrouve en philosophie, ajoute Claire : pourquoi nombre de philosophes sont grecs ou allemands ? Cette question n'est ni anodine ni provocatrice : la langue allemande permet d'exprimer facilement des concepts, alors que les néologismes français ont très vite leurs limites. Et en grec, le mot <em>logos</em> a vingt sens différents (le langage, la raison, le fait de coucher, de rassembler, etc.). Chaque mot est polysémique. On considère le mot comme une richesse et les différents tons que l'on peut lui donner permet d'aller vers la nuance, ce que font les poètes et les écrivains. Cite l'exemple de la pièce <em>Un Mot pour un Autre</em> de <a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Jean_Tardieu" target="_blank" rel="noopener">Jean Tardieu</a>, avec des dialogues et des polylogues dans lesquels les mots sont utilisés à la place d'autres, sans que le texte soit incompréhensible, <a href="http://cafephilosophique-montargis.hautetfort.com/archive/2015/02/01/tardieu-un-mot-pour-un-autre-5549431.html" target="_blank" rel="noopener"><em>cf. cet extrait</em></a>. </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;">De quoi parle-t-on ? Et pourquoi parle-t-on ? Peut-être pour se différencier des animaux qui ne vivent que pour se nourrir et pour chasser. Notre humanité est en jeu dans ce langage comme reflet de notre pensée. La pensée et le langage sont intimement liés, dit une autre participante. Ils se nourrissent l'un l'autre, est-il également dit. Au point que l'on peut se poser cette question : est-ce que l'on pense mal si l'on parle mal ? Si qui ne se dirait pas n'aurait pas de consistance. Ce dont il est question est la pauvreté du vocabulaire qui est un frein à l'expression de la pensée ("<em>Si vous saviez comme ça tourne là-haut ! Si vous saviez comme j'ai envie de dire ce que j'ai dans la tête... mais je n'y arrive pas !</em>"). La communication est d'ailleurs au centre de notre société, notamment chez les adolescents d'aujourd'hui, via les réseaux sociaux et le besoin de s'exprimer n'est pas amoindri. Et sans doute, dit un participant, que la jeunesse d'aujourd'hui est en train de nous faire grandir : "<em>les enfants parlent mieux en l'absence de leurs parents", même s'il peut y avoir "perte d'informations</em>" ! Il est dit que le langage n'est pas une question d'âge, mais plutôt de culture ; par ailleurs, le langage ne peut être considéré comme un outil pouvant mesurer l'intelligence d'une personne (par exemple, certains autistes). </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;">La rhétorique permet d'enrichir le langage, dit un autre participant, au risque de trahir la pensée. Claire évoque cette question de la rhétorique, à l'origine du premier grand conflit entre philosophes grecs. Il y a d'un côté <a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Platon" target="_blank" rel="noopener">Platon </a>qui dit qu'il faut utiliser le langage pour faire comprendre aux Athéniens la richesse de la pensée ; et de l'autre côté, il y a les sophistes, des "<em>instituteurs de la République</em>", mandatés pour faire apprendre aux citoyens grecs un langage unique afin qu'ils se comprennent et communiquent entre eux. Pour Platon, les sophistes inculquent aux citoyens athéniens la manière de parler "<em>bellement</em>" de choses "<em>laides</em>". Les sophistes d'aujourd'hui sont sans nul doute les avocats et les hommes politiques – hommes politiques qui sont d'ailleurs souvent des avocats ! La langue peut être maniée afin d'amener l'assentiment général. <em>A contrario</em>, celui qui n'arriverait pas à s'exprimer correctement – que ce soit avec des mots ou avec des signes – ne pourrait pas amener une pensée remplie de sens. </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;"><a href="http://www.hautetfort.com/admin/posts/Jean%20Berko%20Gleason" target="_blank" rel="noopener">Jean Berko Gleason</a> et <a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Noam_Chomsky" target="_blank" rel="noopener">Noam Chomsky</a> disent à ce sujet que dans les langues, par exemple dans les langages africains, le découpage de la langue découpe aussi la réalité. Le botaniste s'arrache les cheveux dans ces pays lorsqu'il est question de définir telle ou telle couleur.. Pour le coup, derrière le mot, il y a la réalité, même si F<a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Ferdinand_de_Saussure" target="_blank" rel="noopener">erdinand de Saussure</a> assure que ce n'est pas le mot qui compte mais la structure du langage. Mais derrière la langage et sa structure, on compartimente et on informe de la réalité. Des textes d'épistémologies parlent de ces étudiants en médecine qui découvrent pour la première fois la radiographie. Au départ, ces jeunes gens jugent leur professeur comme un "<em>fou dingue</em>" bâtissant "<em>tout un roman</em>" à partir de quelque chose qui n'existe pas – du noir. Sauf qu'en interprétant ce noir, et en "nommant" les choses, un nouveau monde surgit, fascinant. La réalité semblerait donc exister à partir du moment où elle est arrêtée par un signe.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;">D'après un participant, il y a une réelle difficulté dans le passage de la pensée à l'écriture. Cette dernière est non seulement plus lente mais aussi moins fidèle que la pensée. Par ailleurs, si je sais que l'autre va être témoin, il peut y avoir blocage parce qu'appréhension du jugement d'autrui. La facilité de l'écriture est une réelle richesse mais elle n'est pas généralisée : coucher sur le papier ou parler lorsque tout le monde nous regarde n'est pas évident. La richesse du langage est décrite par cet intervenant comme la manifestation d'une synergie entre la pensée et le langage : "<em>quand on veut être précis dans son langage, quand on veut chercher le mot adéquat, forcément on est en contact de sa pensée. On est en train de la vivre. Et quand on est en train de la vivre, on n'est plus réel et du coup on arrive à mieux transcrire sa pensée. Et on s'oblige à le faire... Il y a une synergie, il y a quelque chose qui se créée qui fait que je pense encore plus parce que je je dois m'exprimer mieux.</em>" Ce participant ajoute que l'expression est un exutoire par la parole (tel un citron que l'on presse) et s'il n'y a pas cet exutoire oral, comment la pensée va-t-elle pouvoir sortir et se densifier ? La parole, même si elle n'est pas fidèle à la pensée, améliore en tout cas la pensée : pour preuve, ces formateurs en entreprise qui, de retour à leur poste de travail après avoir transmis leurs connaissances, s'en trouvent changés : ils ont la rhétorique pour eux et en eux.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;">Dans communiquer, il y a deux sens : faire passer un message et être en relation, telles deux pièces qui communiquent l'une à l'autre. Faire passer un message est capital et donc, la forme du langage est importante pour rester à l'écoute. Ainsi, la provocation peut être utile pour des gens qui se connaissent mais elle peut aussi être dangereuse. Cela n'exclut pas, dit Claire, que le langage puisse évoluer, s'enrichir, se différencier, via par exemple de nouvelles expressions, des néologismes, etc. S'exprimer, s'affirmer, c'est aussi afficher sa singularité et aussi s'engager. Dès lors, lorsque l'on est exposé, on peut davantage recevoir des coups, que ce soit verbaux ou autres. N'oublions pas, précise un intervenant, que dans l'Histoire, le barbare est, par définition, celui qui s'exprime en faisant "<em>ba ba</em>", c'est-à-dire celui que l'on ne comprend pas. </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;">Bruno conclut ce débat par deux citations : Alain qui disait : "</span><em style="font-size: small;">La langue est un instrument à penser</em><span style="font-size: small;">" et Roland Barthes qui affirmait ceci : "</span><em style="font-size: small;">Le langage est une peau : je frotte mon langage contre l’autre.</em><span style="font-size: small;">"</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;">En fin de séance, trois sujets sont proposés pour la séance suivante, fixée </span><span style="color: #ffff00;"><strong style="font-size: small;">le vendredi 20 mars 2015</strong></span><span style="font-size: small;"> (et non pas le 13 comme annoncé à l'origine) : "Vox populi, vox dei ?", "Y a-t-il une morale politique ?" et "</span><strong style="font-size: small;">Autrui, antidote à la solitude ?</strong><span style="font-size: small;">" C'est ce dernier sujet qui est élu par les participants.</span></p>
Carmen SERGHIE LOPEZhttp://www.cefro.pro/about.htmlPossibilités de l'intelligencetag:www.cefro.pro,2014-07-17:54118182014-07-17T08:00:00+02:002014-07-17T08:00:00+02:00 Aujourd'hui, l'intelligence artificielle est capable de remplacer tout à...
<div id="yiv8134605369yui_3_16_0_5_1403722641705_4" style="font-family: HelveticaNeue, 'Helvetica Neue', Helvetica, Arial, 'Lucida Grande', sans-serif; font-size: 10pt;"><span id="yui_3_16_0_1_1405529256339_8848"><img id="media-4630618" style="float: left; margin: 0.2em 1.4em 0.7em 0;" title="" src="http://www.cefro.pro/media/00/01/2722893140.jpg" alt="intelligence, intelligence artificielle, émotions, Wittgenstein, Bergson, langage, réflexion " />Aujourd'hui, <em>l'intelligence artificielle</em> est capable de remplacer tout à fait l'humain dans bien des domaines, y compris dans celui de la rédaction de contenus. A partir de mots-clés, un robot dernière génération peut vous offrir un texte parfaitement rédigé: une description, une publicité, et pourquoi pas un article d'information, à la place du journaliste. <span style="color: #333300;"><strong>Wittgenstein</strong></span> observait quel serait le vrai danger de ce progrès: <span style="color: #003366;"><em>"Nous ne devons pas craindre que nos machines nous dépossèdent de la pensée -mais peut-être avoir peur qu'elles ne nous incitent à cesser de penser par nous-mêmes. Ce qui leur manque, ce n'est pas la puissance de calcul, mais l'animalité. Le désir et la souffrance, l'espoir et la frustration sont les racines de la pensée, pas le calcul mécanique."</em> </span>(<strong><em>Wittgenstein</em></strong>, Editions du Seuil, 2000). Il faudra rappeler que ces considérations sont liées à une conception de <em>l'éthique</em> (retrouver éventuellement, <a href="http://elargissement-ro.hautetfort.com/archive/2013/03/20/de-l-ethique.html">une note sur l'autre blog</a>).</span></div><div id="yiv8134605369yui_3_16_0_5_1403722641705_4" style="font-family: HelveticaNeue, 'Helvetica Neue', Helvetica, Arial, 'Lucida Grande', sans-serif; font-size: 13.63636302947998px; background-color: transparent;"><span id="yui_3_16_0_6_1405529256339_13">Voici un très beau texte de <span style="color: #333300;"><strong>Bergson</strong></span> qui décrit <span style="color: #333300;"><em>l'intelligence</em></span>, en tant que résultat de l'évolution créatrice, à savoir du <span style="color: #333300;"><em>langage</em></span> dans son rapport aux choses, et <span style="color: #333300;"><em>à soi-même</em></span>. </span></div><div id="yiv8134605369yui_3_16_0_5_1403722641705_4" style="font-family: HelveticaNeue, 'Helvetica Neue', Helvetica, Arial, 'Lucida Grande', sans-serif; font-size: 13.63636302947998px; background-color: transparent;"><span id="yui_3_16_0_6_1405529256339_18"> </span></div><div id="yiv8134605369yui_3_16_0_5_1403722641705_4" style="font-family: HelveticaNeue, 'Helvetica Neue', Helvetica, Arial, 'Lucida Grande', sans-serif; font-size: 13.63636302947998px; background-color: transparent;"><span id="yiv8134605369yui_3_16_0_5_1403722641705_29"><span style="color: #003366;"><em>"Une intelligence qui réfléchit est une intelligence qui avait, en dehors de l'effort pratiquement utile, un surplus de force à dépenser. C'est une conscience qui s'est déjà, virtuellement, reconquise sur elle-même. Mais encore faut-il que la virtualité passe à l'acte. Il est présumable que, sans le langage, l'intelligence aurait été rivée aux objets matériels qu'elle avait intérêt à considérer. Elle eût vécu dans un état de somnambulisme, extérieurement à elle-même, hypnotisée sur son travail. Le langage a beaucoup contribué à la libérer. Le mot fait pour aller d'une chose à une autre, est, en effet, essentiellement, déplaçable et libre. Il pourra donc s'étendre, non seulement d'une chose perçue à une autre chose perçue, mais encore de la chose perçue au souvenir de cette chose, du souvenir précis à une image plus fuyante, d'une image fuyante, mais pourtant représentée encore, à la représentation de l'acte par lequel on se la représente, c'est-à-dire à l'idée. Ainsi va s'ouvrir aux yeux de l'intelligence, qui regardait dehors, tout un monde intérieur, le spectacle de ses propres opérations. Elle n'attendait d'ailleurs que cette occasion. Elle profite de ce que le mot est lui-même une chose pour pénétrer, portée par lui, à l'intérieur de son propre travail. Son premier métier avait beau être fabriquer des instruments; cette fabrication n'est possible que par l'emploi de certains moyens qui ne sont pas taillés à la mesure exacte de leur objet, qui le dépassent, et qui permettent ainsi à l'intelligence un travail supplémentaire, c'est-à-dire désintéressé. Du jour où l'intelligence, réfléchissant sur ses démarches, s'aperçoit elle-même comme créatrice d'idées, comme faculté de représentation en général, il n'y a pas d'objet dont elle ne veuille avoir l'idée, fût-il sans rapport direct avec l'action pratique"</em></span>. (extrait de <strong><span style="color: #333300;">Henri Bergson</span></strong>, <strong><span style="color: #333300;"><em>L'évolution créatrice</em></span></strong>, dans <em><strong>Mémoire et vie</strong>, Textes choisis par Gilles Deleuze</em>)</span></div><div id="yiv8134605369yui_3_16_0_5_1403722641705_4" style="font-family: HelveticaNeue, 'Helvetica Neue', Helvetica, Arial, 'Lucida Grande', sans-serif; font-size: 13.63636302947998px; background-color: transparent;"><span> </span></div>
Littérature de partouthttp://litteraturedepartout.hautetfort.com/about.htmlThalia Field, L'amateur d'oiseaux, côté jardintag:litteraturedepartout.hautetfort.com,2013-03-26:50264352013-03-26T05:00:00+01:002013-03-26T05:00:00+01:00 Ce crime porte un nom ...
<p> </p><p style="text-align: center;"><img id="media-4031520" style="margin: 0.7em 0;" title="" src="http://litteraturedepartout.hautetfort.com/media/01/02/1401910647.28.jpeg" alt="thalia field,l'amateur d'oiseaux,côté jardin,mémoire,wittgenstein,les espèes" /></p><p class="MsoNormal" style="margin-left: 3.0cm; text-align: justify;"><span style="font-size: 14.0pt; mso-bidi-font-size: 12.0pt; font-family: Baskerville;"><span style="color: #0000ff;">Ce crime porte un nom</span></span></p><p class="MsoNormal" style="margin-left: 3.0cm; text-align: justify;"><span style="font-size: 14.0pt; mso-bidi-font-size: 12.0pt; font-family: Baskerville;"> </span></p><p class="MsoNormal" style="margin-left: 3.0cm;"><span style="font-size: 14.0pt; mso-bidi-font-size: 12.0pt; font-family: Baskerville;"> </span><span style="font-size: 13.0pt; mso-bidi-font-size: 12.0pt; font-family: Baskerville;">Si on me disait qu'une pieuvre parle anglais, par exemple, ou ruse, je prendrais cela comme une qui m'intéresse, c'est ce dont elle parle.</span></p><p class="MsoNormal" style="margin-left: 3.0cm;"><span style="font-size: 13.0pt; mso-bidi-font-size: 12.0pt; font-family: Baskerville;"> (Markus Turovski)</span></p><p class="MsoNormal" style="margin-left: 3.0cm;"><span style="font-size: 13.0pt; mso-bidi-font-size: 12.0pt; font-family: Baskerville;"> </span></p><p class="MsoNormal" style="margin-left: 3.0cm; text-align: justify;"><span style="font-size: 13.0pt; mso-bidi-font-size: 12.0pt; font-family: Baskerville;"> Je n'ai aucune envie d'écrire ceci, ni en anglais, ni dans aucune autre langue, et puis de toute façon cela a déjà été écrit. Plus tard ce sera matière à discussion et d'autres appelleront ça un monologue ou un soliloque. Quelle différence ? Ils n'auront pas la moindre idée, voilà la différence. C'est maintenant que je dois noircir des pages, avant qu'il soit trop tard. La pression d'une désuétude calculée, de mon inactivité dans ma sémiosphère, la pression de l'abstraction (un numéro inscrit sur la bague à ma cheville : 1011-41278) — c'est l'<em>Umwelt</em> de qui d'abord ? Voilà de quoi se consoler un instant à peine.</span></p><p class="MsoNormal" style="margin-left: 3.0cm; text-align: justify;"><span style="font-size: 13.0pt; mso-bidi-font-size: 12.0pt; font-family: Baskerville;"> </span></p><p class="MsoNormal" style="margin-left: 3.0cm; text-align: justify;"><span style="font-size: 13.0pt; mso-bidi-font-size: 12.0pt; font-family: Baskerville;"> Prenez Tennyson : « Si attentive au type, si dédaigneuse d'une vie. »</span></p><p class="MsoNormal" style="margin-left: 3.0cm; text-align: justify;"><span style="font-size: 13.0pt; mso-bidi-font-size: 12.0pt; font-family: Baskerville;"> </span></p><p class="MsoNormal" style="margin-left: 3.0cm; text-align: justify;"><span style="font-size: 13.0pt; mso-bidi-font-size: 12.0pt; font-family: Baskerville;"> Ce que je veux dire, c'est que personne ne peut comprendre ce que je raconte, même si j'écris dans une langue correcte et que le titre de mon article, « Entre l'air et l'espace », me trotte dans la tête depuis plusieurs années. Une conversation franche entre organismes représente peut-être une valeur ajoutée pour le locuteur ou le destinataire, mais peu d'oiseaux écrivent des articles. Suis-je un cas particulier ? Un oiseau-mémoire qui est mort et a continué de vivre, explosant en plein vol, un puis plusieurs.</span></p><p class="MsoNormal" style="margin-left: 3.0cm; text-align: justify;"><span style="font-size: 13.0pt; mso-bidi-font-size: 12.0pt; font-family: Baskerville;"> </span></p><p class="MsoNormal" style="margin-left: 3.0cm; text-align: justify;"><span style="font-size: 13.0pt; mso-bidi-font-size: 12.0pt; font-family: Baskerville;"> Je me souviens de Wittgenstein qui disait que même si un lion savait parler, nous ne le comprendrions pas. Je ne comprends pas, mais je crois que c'est juste.</span></p><p class="MsoNormal" style="margin-left: 3.0cm;"><span style="font-size: 13.0pt; mso-bidi-font-size: 12.0pt; font-family: Baskerville;"> </span></p><p class="MsoNormal" style="margin-left: 3.0cm; text-align: justify;"><span style="font-size: 13.0pt; mso-bidi-font-size: 12.0pt; font-family: Baskerville;"> Parler des espèces est plus difficile que de parler de soi. Certains avancent que les espèces sont des genres naturels avec des qualités essentielles. D'autres disant que les espèces ne sont que de l'ADN, une généalogie décodée. D'autres encore pensent que les espèces sont de simples flux, ou des individus, ou une question de contexte, ou une simple commodité. On a même qualifié les espèces d'investisseurs financiers qui maximisent les bénéfices en spéculant sur l'autoproduction. Vous dites espèces, moi je dis illusion, présent-passé, accident, karma, absurdité, ou simplement je ne dis rien.</span></p><p class="MsoNormal" style="margin-left: 3.0cm; text-align: justify;"><span style="font-size: 13.0pt; mso-bidi-font-size: 12.0pt; font-family: Baskerville;">[...] </span></p><p class="MsoNormal" style="margin-left: 3.0cm; text-align: justify;"><span style="font-size: 13.0pt; mso-bidi-font-size: 12.0pt; font-family: Baskerville;"><span style="color: #0000ff;">Thalia Field, <em>L'amateur d'oiseaux, côté jardin</em>, traduit de l'anglais par Vincent Broca, Olivier Brossard et Abigail Lang, Les presses du réel, 2013, p. 61-62.</span></span></p><p class="MsoNormal" style="margin-left: 3.0cm; text-align: justify;"><span style="font-size: 13.0pt; mso-bidi-font-size: 12.0pt; font-family: Baskerville;"> </span></p><p class="MsoNormal" style="margin-left: 3.0cm; text-align: justify;"><span style="font-size: 13.0pt; mso-bidi-font-size: 12.0pt; font-family: Baskerville;"> </span></p><p class="MsoNormal" style="margin-left: 3.0cm;"><span style="font-size: 13.0pt; mso-bidi-font-size: 12.0pt; font-family: Baskerville;"> </span></p><p class="MsoNormal" style="margin-left: 3.0cm;"><span style="font-size: 13.0pt; mso-bidi-font-size: 12.0pt; font-family: Baskerville;"> </span></p><p class="MsoNormal" style="margin-left: 3.0cm;"><span style="font-size: 13.0pt; mso-bidi-font-size: 12.0pt; font-family: Baskerville;"> </span></p><p class="MsoNormal" style="margin-left: 3.0cm;"><span style="font-size: 14.0pt; mso-bidi-font-size: 12.0pt; font-family: Baskerville;"> </span></p>
Carmen SERGHIE LOPEZhttp://elargissement-ro.hautetfort.com/about.htmlDe l'éthiquetag:elargissement-ro.hautetfort.com,2013-03-20:50209952013-03-20T23:08:00+01:002013-03-20T23:08:00+01:00 Update 31 . Joyeuses Pâques! Happy Easter! Le 5 mai,...
<p><span style="font-family: 'times new roman', 'new york', times, serif; font-size: 16px; color: #000080;"><span id="yui_3_7_2_16_1364586782046_77"><em><strong> <img id="media-4038428" style="float: left; margin: 0.2em 1.4em 0.7em 0;" title="" src="http://elargissement-ro.hautetfort.com/media/00/01/1095399205.JPG" alt="éthique,wittgenstein,littérature,philosophie,politique,affaires,freudien" />Update 31</strong></em>.<strong><em> Joyeuses Pâques! Happy Easter! </em></strong></span><em><span id="yui_3_7_2_16_1364586782046_87" style="font-size: 12pt;">Le 5 mai, je re-fêterai Pâques avec le monde oriental.</span></em></span></p><p><span style="font-family: 'times new roman', 'new york', times, serif; font-size: 16px; color: #000080;"><em><span style="font-size: 12pt;"><br /></span></em></span></p><p><span style="font-family: 'times new roman', 'new york', times, serif; font-size: 16px;">Premier jour du printemps astronomique, mais il pleut et il fait frais (même sur la Côte d'Azur). Je me plonge dans une lecture plutôt adéquate, la </span><span id="yui_3_7_2_34_1363776901731_120" style="font-family: 'times new roman', 'new york', times, serif; font-size: 16px; font-style: italic;">Conférence sur l'éthique</span><span style="font-family: 'times new roman', 'new york', times, serif; font-size: 16px;"> que Wittgenstein avait présentée devant un public de non-philosophes. Selon lui, l'éthique se pense toujours dans un contexte et dans des pratiques déterminées, elle ne saurait être une théorie, mais aurait un caractère intrinsèquement personnel. L'analyse détaillée des aspects physiques et psychologiques de nos actions ne nous révélera jamais ce qui les lie à l'éthique, mais c'est notre attitude vis-à-vis de ces actions qui les rend éthiques, plus exactement la manière dont nous arrivons à nous extraire des faits pour les contempler comme d'un point de vue extérieur. Il dit, par exemple, que lorsque quelqu'un face à une décision importante se demande "Que dois-je faire?", le sérieux de cette question est "éthique" parce qu'il se distingue d'autres types de choix. Donc, l'éthique est dans <em>l'attitude du sujet</em> qui expérimente et qui éprouve. Le monde de l'homme heureux n'est pas le même que le monde de l'homme malheureux, bien que les faits qui le constituent soient identiques, c'est le regard qui change, la volonté à l'égard de ce monde qui est différente, mais pas le monde lui-même. En voulant exprimer l'inexprimable (tout comme la religion ou l'esthétique), l'éthique se confronte aux limites du langage, elle ne peut pas s'énoncer sous la forme de propositions douées de sens, mais <em>elle peut se montrer à travers des expériences</em> qui la révèlent dans son authenticité. </span></p><p><span style="font-family: 'times new roman', 'new york', times, serif; font-size: 16px;">Encore une fois, c'est une histoire de</span><span id="yui_3_7_2_34_1363776901731_104" style="font-family: 'times new roman', 'new york', times, serif; font-size: 16px; font-style: italic;"> sujet </span><span style="font-family: 'times new roman', 'new york', times, serif; font-size: 16px;">(</span><span style="font-family: 'times new roman', 'new york', times, serif; font-size: 16px;">je dirais de</span><span id="yui_3_7_2_34_1363776901731_108" style="font-family: 'times new roman', 'new york', times, serif; font-size: 16px; font-style: italic;"> sujet singulier).</span><span style="font-family: 'times new roman', 'new york', times, serif; font-size: 16px;"> Bon, nous avons quelques normes, quand même.. La lecture de Wittgenstein vient de me procurer la bonne humeur dont j'avais besoin. Surtout que lui, il ne méprise pas cette littérature "mineure" (les polars), où il dit trouver des exemples d'expériences éthiques souvent plus profondes que celles présentes dans les ouvrages de philosophie. D'ailleurs, c'est bien le dernier polar intelligent que je viens de finir, qui m'a fait faire un détour du côté de chez Wittgenstein...Pure coïncidence avec les derniers événements économico-politiques (soit Chypre, paradis fiscaux, Suisse, affaires, ministres, etc.). </span></p><p><span style="font-size: small;"><em><strong>P-S. </strong></em></span><span style="font-family: 'times new roman', times; font-size: medium;">Je n'ai vu qu'un quart d'heure du documentaire diffusé sur France3, <em>DSK, l'homme qui voulait tout</em>,</span><span style="font-family: 'times new roman', times; font-size: medium;"> réalisé par un psychanalyste très médiatique, dont l'intention affirmée était de proposer un regard freudien. Pour moi, un regard freudien signifie quelque chose d'implacable et de sentencieux, et qui rend triste, invariablement. Donc, je ne m'attendais pas que le documentaire soit joyeux, en plus, la démarche allait subtilement dans le sens d'une justification finalement logique (et que j'ai trouvée assez politique). C'est toujours Wittgenstein qui écrit, à une époque où il n'admirait plus la psychanalyse, que "les pseudo-explications fantastiques de Freud (justement parce qu'elles sont pleines d'esprit) ont rendu un mauvais service, n'importe quel âne disposant maintenant de ces images freudiennes pour "expliquer" avec leur aide des symptômes pathologiques" (dans <em>Remarques mêlées</em>)<em>.</em></span></p><p><span style="font-family: 'times new roman', 'new york', times, serif; font-size: 16px;"><em><strong>P.P-S</strong></em>. Dans la colonne de gauche, on peut utiliser la rubrique <em><strong>Rechercher</strong></em></span><span style="font-family: 'times new roman', 'new york', times, serif; font-size: 16px;"> pour tomber sur des notes bien antérieures, en tapant des mots-clés (je l'ai fait avec "States", "entreprendre", corruption", fonds"). Il faudra peut-être relier certaines notes au site de Cefro, et donc refaire ce site-là qui ne correspond plus vraiment (je suis en train de voir cela). Parce que, inutile de le dire, je m'accroche à CEFRO (qui aurait besoin d'un contrat, d'une collaboration, d'un projet retenu, d'une subvention). Bien sûr, je pourrais tout laisser tomber, mais impossible, ma petite vie ne l'entend pas de cette oreille.. Elle est au stade éthique</span><span style="font-family: 'times new roman', 'new york', times, serif; font-size: 16px;">, sans jamais être passée par le stade esthétique.</span><span style="font-family: 'times new roman', 'new york', times, serif; font-size: 16px;"> Alors, même si j'agis toujours, j'attends Godot.. </span></p>
Raymond ALCOVEREhttp://raymondalcovere.hautetfort.com/about.htmlCe n'est pas commenttag:raymondalcovere.hautetfort.com,2010-01-15:25589572010-01-15T03:02:58+01:002010-01-15T03:02:58+01:00 « Ce n'est pas comment est le monde qui est le Mystique, mais qu'il...
<p style="text-align: left;"><span style="font-size: medium;"><span style="color: #ffffff;">« Ce n'est pas <i>comment</i> est le monde qui est le Mystique, mais <i>qu'il soit</i>. » (Wittgenstein)</span></span></p>
Xavier JASSUhttp://lapinos.hautetfort.com/about.htmlTotalitarisme et jansénismetag:lapinos.hautetfort.com,2009-09-11:23575392009-09-11T09:40:00+02:002009-09-11T09:40:00+02:00 Trait caractéristique d'un régime totalitaire et par quoi on peut le cerner...
<p style="text-align: justify;">Trait caractéristique d'un régime totalitaire et par quoi on peut le cerner : le refus de ses clercs de justifier la morale en vigueur. L. Wittgenstein, sinistre fonctionnaire, emploie ainsi une formule du genre : <i>"Il est impossible de trouver un fondement à la morale"</i> - signifiant par là une volonté non pas de creuser, mais d'enterrer.</p> <p style="text-align: justify;">L'occultisme dans le domaine moral, c'est aussi l'existentialisme en général, proche de la philologie, qu'on peut définir comme une idolâtrie du langage, caractéristique du régime totalitaire. Le total ne s'opère jamais qu'avec des signes et la peinture stalinienne de Kandinsky forme bien un total, un "nombre d'or" comme dit l'architecte.</p> <p style="text-align: justify;">L'occultisme de Wittgenstein est à rapprocher de l'hostilité qu'il manifesta vis-à-vis du Prix Nobel Bertrand Russell lorsque celui-ci prétendit sur le tard revenir en arrière sur le néo-pythagorisme qui avait été le sien. L'attitude de Wittgenstein en cette occasion prouve qu'il savait ou devinait le rôle des mathématiques de la secte pythagoricienne dans le nivellement moral (non pas actif, mais un rôle de "couverture"). A contrario l'attitude de "maître" Albert Einstein paraît celle du pur béotien qui énonce une théorie morale (théorie de la relativité) en croyant qu'elle a une signification physique, faisant ainsi imploser la doctrine de la loi naturelle par l'absurde... sans même s'en rendre compte ! Zénon d'Elée, lui, au contraire d'Einstein, maîtrise parfaitement le mode opératoire algébrique et le "schuss" sémantique. Tous les philologues boches d'aujourd'hui auraient été recalés au concours d'entrée de l'école de Parménide.</p> <p style="text-align: center;">*</p> <p style="text-align: justify;">On note que, bien que trop pusillanime, Voltaire s'attaque dès le XVIIIe siècle à la thèse "judéo-chrétienne" de Leibnitz, dont la théodicée revêt déjà toutes les caractéristiques du totalitarisme, en particulier le fait d'être guidé par un ténébreux destin. La critique de Voltaire anticipe bien sûr celle, beaucoup plus radicale, de Marx à l'encontre du national-socialisme de Hegel au siècle suivant. L'erreur de tous les mathématiciens du XIXe siècle, leur infériorité par rapport aux Grecs tient à ce qu'ils croient que le cercle est engendré par la droite, et la droite par un point ; les Grecs savent eux que le signe primitif n'est pas le point mais le cercle, qui contient tout l'attirail anthropologique/mathématique.</p> <p style="text-align: justify;">Grâce à la formule de Pangloss-Leibnitz que le capitalisme a recyclée : <i>"Tout va pour le mieux dans le meilleur des mondes possibles"</i>, on comprend aisément l'intérêt qu'un régime totalitaire peut trouver dans l'occultation des origines de la morale derrière des théories dérivées du principe de la "loi naturelle". C'est le meilleur moyen de protéger la politique de la critique et de la sacraliser, de noyer le poisson - politique encore une fois conçue dans le totalitarisme comme une sphère (Il faut reconnaître que la scène du "Dictateur" de Chaplin, dictateur qui joue avec une mappemonde, est bien "vue".)</p> <p style="text-align: justify;">Sondons la morale "ad infinitum" pour mieux protéger le tabernacle de la politique. L'existentialisme de Sartre, qui a pu paraître "voltairien" à certains, découle bien plutôt en réalité de la morale nullibiste janséniste et du cartésianisme. Le moins qu'on puisse dire c'est que l'existentialisme n'a pas inventé le néant ni le hasard - ni même le culte des mots.</p> <p style="text-align: center;">*</p> <p style="text-align: justify;">Il importe aussi de comprendre, non seulement que le totalitarisme est une version plus sournoise de la théocratie, mais qu'il n'est ni d'inspiration juive, ni d'inspiration chrétienne, mais un produit typiquement "judéo-chrétien". Sous couvert d'honorer l'Ancien Testament et le Nouveau, le "judéo-christianisme" quel qu'il soit : musulman, chrétien ou laïc, bafoue le judaïsme comme le christianisme. Le judéo-christianisme n'a certes pas inventé la théocratie "apollinienne", mais on ne peut concevoir sans lui la formule totalitaire "dionysiaque" qui de "l'attentat contre le réel" (Marx) - cinématique, juridique, musical, religieux - a fait litière.</p> <p style="text-align: justify;">- Le peuple hébreu tient en effet sa loi directement de Dieu, via Moïse. Dieu et ses lévites en sont garants. Même s'il existe sans doute un "naturalisme juif", une sorte d'assimilation de Moïse au dieu Pan (cf. <i>"La Sagesse des Anciens"</i> de F. Bacon), et que l'on peut trouver la légitimation juive de la loi archaïque ou limitée, du moins les Juifs n'éprouvent-ils pas le besoin de passer par le trucage de la "loi naturelle" pour fonder leur morale ;</p> <p style="text-align: justify;">- Le christianisme, quant à lui, est en quelque sorte "par-delà bien et mal" (rien à voir avec Nitche "au-dessous de la ceinture", cherchant l'entrée du con de sa mère comme Proust, victime de l'inceste) : par-delà bien et mal en tant qu'antithèse du judaïsme et de par son potentiel trinitaire. Même le plus moralisateur des théologiens, saint Augustin, est obligé de l'admettre : <i>"La Loi ne justifie pas" ;</i> et le figuier qui ne donne plus de fruits, il faut le couper, comme le Messie lui-même l'indique (figuier qui est le symbole de la science naturelle aussi bien que de la morale qui en découle, comme le lait du tronc du figuier incisé).</p> <p style="text-align: justify;">La dynamique trinitaire chrétienne, quant à elle, est historique, apocalyptique, et donc étrangère à un processus de justification marqué par le raisonnement anthropologique païen ("Ce qui est bon pour Dieu est bon pour la Cité, et réciproquement." Un paganisme romain plutôt que grec.), et par l'avertissement solennel du Messie contre la tentation d'établir un Royaume de Dieu sur la terre.</p> <p style="text-align: justify;">Quand j'entends l'expression d'"anthropologie chrétienne", je sors mon épée, et chaque chrétien devrait en faire autant car ce terme évoque immédiatement la putain de l'Apocalypse. Il n'y a jamais de mariage heureux entre le christianisme et la science païenne que dans la mesure où celle-ci n'a pas l'anthropologie pour gouvernail ; non seulement la théorie de la partition freudienne de l'âme n'est pas très sérieuse sur le plan scientifique, mais elle est antichrétienne.</p> <p style="text-align: justify;">Si les docteurs catholiques du moyen âge, précédant Marx ou Bacon, ont pris appui sur Aristote jusqu'à la Contre-Réforme, c'est indubitablement parce qu'ils ont rencontré pour les meilleurs chez le Stagirite cette opposition à la "loi naturelle", en dehors même de la question de savoir jusqu'à quel point la religion grecque et ses mythes incorporent des éléments de l'Ancien Testament. Impossible en effet pour Aristote de faire coïncider des lois morales discontinues, relatives, biologiques, avec la physique continue et dépourvue de "juste milieu" (A noter que l'analyse d'Aristote des mathématiques, la notion d'incommensurabilité de la diagonale au côté entre autres, contient plus de deux mille ans avant A. Einstein ou H. Poincaré une théorie "éclairée" de la relativité.)</p>
...http://www.pierrecourcelle.fr/about.htmlVariations infinies de la vietag:www.pierrecourcelle.fr,2009-08-01:58828282009-08-01T21:11:00+02:002009-08-01T21:11:00+02:00 "Telle phrase musicale est pour moi un geste. Elle s'insinue dans ma vie. Je...
<p>"Telle phrase musicale est pour moi un geste. Elle s'insinue dans ma vie. Je me l'approprie.</p><p>Les variations infinies de la vie sont essentielles à la nôtre. Essentielles par conséquent aussi au train habituel de la vie. <strong>L'expression <em>consiste</em> pour nous dans l'imprévisibilité.</strong> Si je savais exactement quelle grimace un tel portera sur le visage, quel mouvement il fera, alors il n'y aurait ni expression du visage, ni geste. - Mais cela est-il juste? - Je puis pourtant bien écouter sans cesse à nouveau un morceau de musique que je sais (entièrement) par coeur; et il pourrait même être joué sur un carillon. Les gestes qui sont les siens restent pour moi des gestes, bien que je sache toujours ce qui va arriver. Et même je peux bel et bien en être surpris à nouveau chaque fois. (En un certain sens.)"</p><p>Ludwig Wittgenstein, <em>Remarques mêlées</em>, Flammarion, Paris, 2002.</p>
Jean-Pierre WILLEMShttp://willemsconsultants.hautetfort.com/about.htmlPour voir, il faut se tairetag:willemsconsultants.hautetfort.com,2008-04-08:15533722008-04-08T00:46:00+02:002008-04-08T00:46:00+02:00 L'exercice fait toujours recette : l'animateur sort un oeuf de sa poche (ce...
<p>L'exercice fait toujours recette : l'animateur sort un oeuf de sa poche (ce n'est jamais sans risque, mais ainsi va la vie du consultant), le montre aux participants et leur demande ce qu'ils voient. Bien que pressentant le piège, il est trop difficile de résister et l'on entend toujours un, deux, trois ou plus crier : "un oeuf !".</p> <div style="text-align: center"><img src="http://willemsconsultants.hautetfort.com/media/02/00/29231957.jpg" id="media-947128" alt="29231957.jpg" style="border-width: 0pt; margin: 0.7em 0pt" /></div> <div> </div> <div>"Si vous voyez un oeuf, vous n'avez pas vu mais reconnu, si vous aviez simplement vu, vous m'auriez dit : je vois un objet de forme ovoïde qui a l'air dur et qui ne peut tenir en équilibre".</div> <div> </div> <div>Wittgenstein le dit plus directement : "Quand je vois un objet, je ne peux pas me le représenter. Quand nous nous représentons quelque chose nous n'observons pas". Et si l'on veut plus concis encore, convoquons Tchouang-Tseu : "Quand on perçoit on ne parle pas, quand on parle on ne perçoit pas".</div> <div> </div> <div>Tout responsable ressources humaines qui veut faire un diagnostic avant d'agir peut utilement se souvenir que le temps du diagnostic n'est pas encore celui de l'analyse ni du commentaire et que l'observation nécessite silence et écoute véritables sans projection hâtive.</div> <div> </div> <div> </div> <p> </p>
Pascal Adamhttp://theatrummundi.hautetfort.com/about.htmlJe singe (fiction spéculative)tag:theatrummundi.hautetfort.com,2008-02-09:14534532008-02-09T00:10:00+01:002008-02-09T00:10:00+01:00 « Le libre-arbitre consiste en ce que nous ne pouvons connaître...
<p align="justify"><strong><font size="3"><font face="Times New Roman">« Le libre-arbitre consiste en ce que nous ne pouvons connaître maintenant les actions futures. »</font></font> <font size="3"><font face="Times New Roman">Ludwig Wittgenstein<i>, Tractatus logico-philosophicus</i> (traduction française de Gilles-Gaston Granger)</font></font></strong></p> <p style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-indent: 9pt" class="MsoNormal"> </p> <p style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-indent: 9pt" class="MsoNormal"><font size="3" face="Times New Roman">Je n’ai pas un goût prononcé pour la science-fiction.</font></p> <p style="text-justify: inter-ideograph; margin: 0cm 0cm 0pt; text-indent: 9pt; text-align: justify" class="MsoNormal"><font size="3" face="Times New Roman">Certaines œuvres pourtant, livres ou films, me plaisent beaucoup ; nonobstant quoi je conserve à l’égard de ce genre une réticence profonde, capable de parfois carrément virer à répugnance.</font></p> <p style="text-justify: inter-ideograph; margin: 0cm 0cm 0pt; text-indent: 9pt; text-align: justify" class="MsoNormal"><font size="3" face="Times New Roman">Peu importe, après tout.</font></p> <p style="text-justify: inter-ideograph; margin: 0cm 0cm 0pt; text-indent: 9pt; text-align: justify" class="MsoNormal"> </p> <p style="text-justify: inter-ideograph; margin: 0cm 0cm 0pt; text-indent: 9pt; text-align: justify" class="MsoNormal"><font size="3" face="Times New Roman">Je dois noter que le sous-genre – quel rangement de bureaucrate, ou de magasinier, selon les options et folies – parfois nommé <i>speculative fiction</i> est celui, de loin, qui m’intéresse le plus (en attendant leur hypothétique advenue dans la réalité, les bastons d’empires cosmonautiques m’emmerdent…) : James Graham Ballard, par exemple. Ou George Orwell.</font></p> <p style="text-justify: inter-ideograph; margin: 0cm 0cm 0pt; text-indent: 9pt; text-align: justify" class="MsoNormal"> </p> <p style="text-justify: inter-ideograph; margin: 0cm 0cm 0pt; text-indent: 9pt; text-align: justify" class="MsoNormal"><font size="3" face="Times New Roman">Je dois également avouer être un garçon prosaïque, presque exclusivement intéressé par la réalité : rien ne m’intéresse autant que les rapports spéculaires, mimétiques qu’entretient avec son époque la littérature.</font></p> <p style="text-justify: inter-ideograph; margin: 0cm 0cm 0pt; text-indent: 9pt; text-align: justify" class="MsoNormal"><font size="3" face="Times New Roman">La science-fiction m’apparaît donc, très souvent, comme le lieu où la métaphysique, le manichéisme ou l’eschatologie s’affranchissent facilement de la réalité – puis-je dire qu’ils s’en excipent ?<span> </span> –, en quelque sorte et littéralement : s’en décomplexent, se réduisent à outrance.</font></p> <p style="text-justify: inter-ideograph; margin: 0cm 0cm 0pt; text-indent: 9pt; text-align: justify" class="MsoNormal"><font size="3" face="Times New Roman">Avec son réalisme forcené, finalement, <i>Madame Bovary</i> me pose davantage de questions métaphysiques, manichéennes ou eschatologiques que, pour prendre un exemple qui ne soit pas ridicule, <i>Le Seigneur des anneaux</i>. (Néanmoins, la succession des romans de Flaubert, leur réalisme, pose la question de savoir ce qu’est exactement <i>La Tentation de saint Antoine</i>…)</font></p> <p style="text-justify: inter-ideograph; margin: 0cm 0cm 0pt; text-indent: 9pt; text-align: justify" class="MsoNormal"><font size="3" face="Times New Roman">En somme, je préfère au mythe le roman.</font></p> <p style="text-justify: inter-ideograph; margin: 0cm 0cm 0pt; text-indent: 9pt; text-align: justify" class="MsoNormal"> </p> <p style="text-justify: inter-ideograph; margin: 0cm 0cm 0pt; text-indent: 9pt; text-align: justify" class="MsoNormal"><font size="3" face="Times New Roman">J’approche donc ce genre : la science-fiction, ce sous-genre : la <i>speculative fiction</i> (que l’on pourrait tout de même faire l’effort minime de traduire, non ?) en le mimant, non pas très sérieusement mais ironiquement, et en le réduisant à outrance (je n’ai tout de même pas que ça à faire).</font></p> <p style="text-justify: inter-ideograph; margin: 0cm 0cm 0pt; text-indent: 9pt; text-align: justify" class="MsoNormal"><font size="3" face="Times New Roman">Je singe.</font></p> <p style="text-justify: inter-ideograph; margin: 0cm 0cm 0pt; text-indent: 9pt; text-align: justify" class="MsoNormal"><font size="3" face="Times New Roman">Et voilà ce que ça donne, par exemple :</font></p> <p style="text-justify: inter-ideograph; margin: 0cm 0cm 0pt; text-indent: 9pt; text-align: justify" class="MsoNormal"> </p> <p style="text-justify: inter-ideograph; margin: 0cm 0cm 0pt; text-indent: 9pt; text-align: justify" class="MsoNormal"><font size="3" face="Times New Roman"><strong>Les imbéciles (1980 et sqq) formèrent des crétins.</strong></font></p> <p style="text-justify: inter-ideograph; margin: 0cm 0cm 0pt; text-indent: 9pt; text-align: justify" class="MsoNormal"><font size="3" face="Times New Roman"><strong>Les crétins (2000 et sqq) forment des abrutis.</strong></font></p> <p style="text-justify: inter-ideograph; margin: 0cm 0cm 0pt; text-indent: 9pt; text-align: justify" class="MsoNormal"><font size="3" face="Times New Roman"><strong>Les abrutis (2020 et sqq) formeront des animaux.</strong></font></p> <p style="text-justify: inter-ideograph; margin: 0cm 0cm 0pt; text-indent: 9pt; text-align: justify" class="MsoNormal"><font size="3" face="Times New Roman"><strong>Les animaux (sans date) se reproduiront (peut-être).</strong></font></p> <p style="text-justify: inter-ideograph; margin: 0cm 0cm 0pt; text-indent: 9pt; text-align: justify" class="MsoNormal"> </p> <p style="text-justify: inter-ideograph; margin: 0cm 0cm 0pt; text-indent: 9pt; text-align: justify" class="MsoNormal"><font size="3" face="Times New Roman">Avoir tort ou raison, évidemment, ne m’intéresse pas.</font></p> <p style="text-justify: inter-ideograph; margin: 0cm 0cm 0pt; text-indent: 9pt; text-align: justify" class="MsoNormal"><font size="3" face="Times New Roman">En revanche, se demander à quel moment, bien avant que je cesse de l’employer, l’emploi (justement) du verbe former est devenu impropre ; se demander s’il n’a pas été, même, chaque fois improprement employé, est un problème passionnant.</font></p> <p style="text-justify: inter-ideograph; margin: 0cm 0cm 0pt; text-indent: 9pt; text-align: justify" class="MsoNormal"> </p> <p style="text-justify: inter-ideograph; margin: 0cm 0cm 0pt; text-indent: 9pt; text-align: justify" class="MsoNormal"><font size="3" face="Times New Roman">Je suis un garçon qui s’intéresse à la réalité ; j’ai des problèmes de vocabulaire.</font></p>