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Jean-Marie Thévoz
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”C'est ici la maison de Dieu, la porte du ciel !”
tag:clamans.hautetfort.com,2023-05-14:6441110
2023-05-14T08:53:00+02:00
2023-05-14T08:53:00+02:00
(12.6.2005) Genèse 28 "C'est ici la maison de Dieu, la porte du ciel !"...
<p>(12.6.2005)</p><p>Genèse 28</p><p>"C'est ici la maison de Dieu, la porte du ciel !"</p><p>Genèse 28:10-19. Matthieu 21 : 12-15</p><p>télécharger le texte <a id="media-6443835" href="http://clamans.hautetfort.com/media/00/00/2352864422.pdf">P-2005-06-12.pdf</a></p><p style="text-indent: 0.99cm; margin-top: 0.42cm; margin-bottom: 0cm;"><span style="font-family: Geneva, serif;"><span style="font-size: small;">Chères paroissiennes, chers paroissiens, chers habitants de Villars-Ste-Croix, </span></span></p><p style="text-indent: 0.99cm; margin-top: 0.42cm; margin-bottom: 0cm;"><span style="font-family: Geneva, serif;"><span style="font-size: small;">Nous fêtons cette année les 30 ans de l'inauguration de cette Chapelle de Villars, et nous nous réjouissons de votre participation à ce culte aujourd'hui et de voir cette chapelle remplie pour cette fête. Nous pouvons être reconnaissants envers la génération qui — il y a 56 ans — a eu le désir d'ériger cette chapelle. Génération qui a transformé ce désir en construction et cette construction en lieu de culte !</span></span></p><p style="text-indent: 0.99cm; margin-top: 0.42cm; margin-bottom: 0cm;"><span style="font-family: Geneva, serif;"><span style="font-size: small;">Qu'est-ce qu'une chapelle, qu'est-ce qu'une église ? Je trouve qu'il n'y a pas de meilleure définition que celle que donne Jacob lorsqu'il découvre la présence de Dieu sur le lieu de son campement : "Ce lieu est la maison de Dieu, la porte du ciel !" (Gn 28:17)</span></span></p><p style="text-indent: 0.99cm; margin-top: 0.42cm; margin-bottom: 0cm;"><span style="font-family: Geneva, serif;"><span style="font-size: small;">Je sais que vous aimez votre Chapelle et que les personnes qui viennent ici pour un baptême ou un mariage s'y sentent bien. La charpente en bois lui donne un caractère chaleureux. Une chose cependant m'a frappée : il n'y a pas de fenêtres, pas de fenêtre sur l'extérieur ! Comme j'ai la manie de chercher des significations partout, je me suis demandé pourquoi ? </span></span></p><p style="text-indent: 0.99cm; margin-top: 0.42cm; margin-bottom: 0cm;"><span style="font-family: Geneva, serif;"><span style="font-size: small;">Est-ce un signe de fermeture ou plutôt une aide, un soutien au recueillement, à la méditation ? Jusqu'à ce que je m'aperçoive qu'il y a une ouverture sur la lumière extérieure, là, vers le clocher. La fenêtre de la Chapelle donne vers le ciel, vers le haut, comme pour conduire notre prière, pour élever notre âme, pour élever nos yeux au-dessus du quotidien, de la routine, du terre-à-terre, pour nous attirer vers une nouvelle dimension, une nouvelle réalité. </span></span></p><p style="text-indent: 0.99cm; margin-top: 0.42cm; margin-bottom: 0cm;"><span style="font-family: Geneva, serif;"><span style="font-size: small;">C'est exactement l'expérience que fait Jacob. C'est aussi ce que Jésus fait en chassant le matériel du Temple pour lui redonner sa vocation spirituelle — mais revenons à Jacob. Jacob est en voyage (de Bersheva à Haran, 1'000 km !). En fait, Jacob est en fuite, il fuit Esaü, son frère. Après la tromperie de Jacob sur le droit d'aînesse, Esaü a des envies de meurtre. Jacob fuit. A la tombée de la nuit, Jacob s'arrête là où il se trouve. Ce n'est pas un endroit choisi, il ne peut simplement pas aller plus loin à cause de l'obscurité. Il choisit une pierre pour oreiller, ce n'est pas le confort. </span></span></p><p style="text-indent: 0.99cm; margin-top: 0.42cm; margin-bottom: 0cm;"><span style="font-family: Geneva, serif;"><span style="font-size: small;">L'obscurité, la pierre, la fuite, la solitude, c'est la couleur de la vie de Jacob à ce moment-là. Dans ces circonstances, dans cette situation précaire, Jacob rêve. Il pourrait tout aussi bien faire un cauchemar ! Non, il rêve, c'est une manifestation de sa vie intérieure, c'est la vie au cœur de la nuit, c'est l'expression de l'univers intérieur, de l'univers en nous. </span></span></p><p style="text-indent: 0.99cm; margin-top: 0.42cm; margin-bottom: 0cm;"><span style="font-family: Geneva, serif;"><span style="font-size: small;">Jacob rêve d'une échelle qui relie la terre et le ciel, ou le ciel et la terre, puisque des messagers montent et descendent. Jacob rêve d'un lien, d'une communication intense entre terre et ciel, bas et haut, tangible et inaccessible, matériel et subtil, réalités et aspirations, pesanteur et respiration.</span></span></p><p style="text-indent: 0.99cm; margin-top: 0.42cm; margin-bottom: 0cm;"><span style="font-family: Geneva, serif;"><span style="font-size: small;">Dans sa solitude, dans son exil, Jacob découvre qu'il est relié à l'infini, à Dieu. Et voilà qu'il découvre que Dieu se tient à son côté et que Dieu lui promet une terre, une descendance, une bénédiction destinée à tous et surtout un accompagnement, une présence continue auprès de lui. Dans ce lieu anonyme, que Jacob n'a pas choisi, Dieu est là ! "C'est ici la maison de Dieu, la porte du ciel ! " découvre Jacob. Et il est bouleversé. </span></span></p><p style="text-indent: 0.99cm; margin-top: 0.42cm; margin-bottom: 0cm;"><span style="font-family: Geneva, serif;"><span style="font-size: small;">Il découvre une dimension jusque-là inconnue dans sa vie. Lui le rusé, le trompeur, celui qui ne peut s'empêcher d'agir en volant l'autre pour faire avancer ses projets, il découvre quelqu'un qui lui fait confiance, quelqu'un qui lui donne, avant de savoir ce que Jacob peut faire en retour. Il découvre que Dieu n'est pas calculateur, donnant-donnant. Il découvre que le monde, les relations peuvent se fonder sur autre chose que les lois de l'échange économique. Pour gagner, je n'ai pas besoin que l'autre perde !</span></span></p><p style="text-indent: 0.99cm; margin-top: 0.42cm; margin-bottom: 0cm;"><span style="font-family: Geneva, serif;"><span style="font-size: small;">Jésus chassait les marchands du Temple pour montrer qu'il est indispensable de maintenir des espaces libres de toute marchandisation, de toute chosification. Non l'être humain n'est pas une chose, un instrument, un outil de travail. La vie relationnelle, la vie sociale doit être préservée de cette chosification envahissante. La vie spirituelle, c'est un espace de liberté, de résistance, à la déshumanisation qui grandit si vite dans notre société actuelle. </span></span></p><p style="text-indent: 0.99cm; margin-top: 0.42cm; margin-bottom: 0cm;"><span style="font-family: Geneva, serif;"><span style="font-size: small;">Jacob réalise tout cela lorsqu'il reçoit promesse et bénédiction. Cette expérience, cette découverte, cette ouverture spirituelle, Jacob la reçoit comme un cadeau et veut marquer ce lieu d'un signe. Il dresse une pierre, il crée un sanctuaire qui sera longtemps un rival du Temple de Jérusalem.</span></span></p><p style="text-indent: 0.99cm; margin-top: 0.42cm; margin-bottom: 0cm;"><span style="font-family: Geneva, serif;"><span style="font-size: small;">Aujourd'hui, cette Chapelle est aussi une porte du ciel, un signe que l'expérience de la rencontre de Dieu est possible et actuelle, est remplie de promesses et de bénédictions. Nous commémorons 30 ans d'usage de cette chapelle. J'espère que ce n'est pas pour vous la commémoration d'un passé glorieux… mais perdu. </span></span></p><p style="text-indent: 0.99cm; margin-top: 0.42cm; margin-bottom: 0cm;"><span style="font-family: Geneva, serif;"><span style="font-size: small;">Paradoxalement, aujourd'hui, la menace qui pèse sur les lieux de culte, ce n'est pas — comme au temps de Jésus — d'en faire des centres commerciaux, c'est d'en faire des musées de la foi. Un lieu tourné vers autrefois, vers une autre époque, vers le passé où l'on revient par nostalgie, mais comme vers une chose morte.</span></span></p><p style="text-indent: 0.99cm; margin-top: 0.42cm; margin-bottom: 0cm;"><span style="font-family: Geneva, serif;"><span style="font-size: small;">Il nous appartient, il vous appartient de faire de cette commémoration de votre Chapelle autre chose qu'un musée de la foi, d'en faire une porte du ciel, d'où descendent les promesses et les bénédictions, un lieu de vie et de ressourcement.</span></span></p><p style="text-indent: 0.99cm; margin-top: 0.42cm; margin-bottom: 0cm;"><span style="font-family: Geneva, serif;"><span style="font-size: small;">Il vous appartient d'en faire un lieu de halte quand l'obscurité nous entoure et qu'une pierre remplace l'épaule sur laquelle nous voudrions faire reposer notre tête.</span></span></p><p style="text-indent: 0.99cm; margin-top: 0.42cm; margin-bottom: 0cm;"><span style="font-family: Geneva, serif;"><span style="font-size: small;">Il vous appartient d'en faire un lieu où le rêve d'une communication avec Dieu devient réalité.</span></span></p><p style="text-indent: 0.99cm; margin-top: 0.42cm; margin-bottom: 0cm;"><span style="font-family: Geneva, serif;"><span style="font-size: small;">Il vous appartient d'en faire une fenêtre ouverte sur le ciel, la maison de Dieu, porte du ciel. </span></span></p><p style="text-indent: 0.99cm; margin-top: 0.42cm; margin-bottom: 0cm;"><span style="font-family: Geneva, serif;"><span style="font-size: small;">Amen</span></span></p><p style="margin-left: 0.99cm; margin-right: 1.47cm; margin-bottom: 0cm;">© Jean-Marie Thévoz, 2023</p><p style="margin-bottom: 0cm;"> </p>
Jean-Marie Thévoz
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1 Pierre 2. Bâtir sur les valeurs de justice, de compassion et de service.
tag:clamans.hautetfort.com,2015-06-10:5637441
2015-06-10T09:58:00+02:00
2015-06-10T09:58:00+02:00
1 Pierre 2 7.6.2015 Bâtir sur les valeurs de justice, de compassion et de...
<p>1 Pierre 2<br />7.6.2015<br />Bâtir sur les valeurs de justice, de compassion et de service.<br /><br />Ps 118 : 19-24 1 Pierre 2 : 4-10 Matthieu 18 : 1-5<br /><br />Télécharger le texte : <a id="media-5069178" href="http://clamans.hautetfort.com/media/02/01/337955868.pdf">P-2015-06-07.pdf</a></p><p><br />Chères paroissiennes, chers paroissiens, <br />Pour fêter ensemble ces 40 ans de la construction de la Chapelle, J’ai choisi ce texte de la première lettre de Pierre qui parle justement de construction, d’édification, de matériaux à choisir ou à laisser de côté. Quand on construit, c’est évidemment essentiel de choisir les bons matériaux, les bonnes pièces qui feront que l’édifice tient debout, brave le temps et les intempéries.<br />L’auteur de la lettre parle de construction et de pierre, mais c’est dans un sens symbolique, métaphorique. L’auteur ne parle pas de bâtiment, mais de communauté ou de société humaine. Lorsqu’il parle de cette pierre angulaire, il l’emploie comme une image, une image des valeurs que nous privilégions pour fonder notre vie ou la vie de notre société. Très vite on voit surgir une opposition, même un conflit, parce que cette pierre capitale est soit rejetée soit choisie et considérée comme précieuse. <br />« La pierre que les bâtisseurs avaient rejetée, est devenue la pierre principale. » (Ps 118 :22) Cette phrase, tirée du Psaume 118, illustre le conflit ou le dilemme, la question : qu’est-ce qui a de la valeur ?Tout bâtiment a besoin d’une pierre angulaire. Ici dans cette Chapelle on peut penser aux blocs de béton, bien visibles à l’extérieur de la Chapelle, sur lesquels repose la charpente du toit, ces poutres qui s’entrecroisent au-dessus de nos têtes. <br />Toute société a besoin de ces fondements, de ces appuis — qu’on peut appeler valeurs — pour tenir. Et voilà que notre texte nous dit que les valeurs que les bâtisseurs avaient rejetées, sont justement celles que Dieu a choisies et qu’il estime précieuses. <br />« La pierre que les bâtisseurs avaient rejetée, est devenue la pierre principale. » (Ps 118 :22) Cette phrase, tirée du Psaume 118, illustre le conflit ou le dilemme, la question : qu’est-ce qui a de la valeur ?Tout bâtiment a besoin d’une pierre angulaire. Ici dans cette Chapelle on peut penser aux blocs de béton, bien visibles à l’extérieur de la Chapelle, sur lesquels repose la charpente du toit, ces poutres qui s’entrecroisent au-dessus de nos têtes. <br />Toute société a besoin de ces fondements, de ces appuis — qu’on peut appeler valeurs — pour tenir. Et voilà que notre texte nous dit que les valeurs que les bâtisseurs avaient rejetées, sont justement celles que Dieu a choisies et qu’il estime précieuses. <br />Ce choix et ce rejet sont illustrés par l’histoire de Jésus, racontée dans les Évangiles. Ce Jésus que Dieu a choisi pour se faire connaître, il a été rejeté par les hommes de son temps, au point qu’il a été crucifié. Mais Dieu l’a réhabilité en l’élevant à lui, en le déclarant juste malgré les diffamations à son égard. Dieu l’a choisi comme la pierre principale, comme la tête de son peuple, de son Eglise. Jésus incarne ces valeurs que Dieu souhaite voir adoptées par l’humanité. Mais l’humanité rejette ses valeurs : de justice, de compassion, de service. Cette histoire de Jésus est comme un signal qui montre les dangers que court notre société quand elle rejette ces valeurs, quand elle se construit sur l’injustice, la haine et le profit à tout prix. Dans quelle société voulons-nous vivre ? Quelle société voulons nous construire ? Quelles valeurs choisissons nous comme fondement pour notre société ?<br />Clairement, Dieu marque son opposition à une société qui exploite, qui oppresse, qui détruit pour l’avantage des quelques-uns. Clairement, Dieu marque son opposition à un système économique qui rejette et abandonne sur le bord du chemin ceux qui ne sont pas au top de la performance. Dieu, au contraire, veut revaloriser chacun, tel qu’il est, même s’il est blessé par la vie, même s’il est porteur de handicap ou de faiblesse. <br />J’aimerais prendre encore une autre image. Il y a une nouvelle cuisine qui devient à la mode, c’est la cuisine sans restes et sans déchets. Une cuisine qui recherche la valorisation de tout. Pas de rebut, pas de rejet des légumes qui ne sont pas standards, qui comportent des taches ou des formes bizarres. Tout est bon. Eh bien, je crois que Dieu fait cela avec l’humanité. Pour Dieu il n’y a personne « de reste ». Pour Dieu il n’y a pas de rebut de la société. Pour Dieu il n’y a personne qui ne vaille pas la peine qu’on s’occupe et se préoccupe de lui. <br />Lorsque la société, des entreprises ou des groupes trouvent qu’il ne vaut pas la peine de s’occuper de certaines personnes, ce n’est pas l’avis de Dieu. Tout le monde compte pour lui, il n’y a pas de déchets, pas de rebut. Il n’y a que des êtres humains à part entière, des personne dignes d’intérêt, dignes d’avoir une place, dignes d’avoir un logement ou un travail. Nous ne pouvons accepter que les gens soient considérés comme des Kleenex que l’on jette après emploi. <br />Jésus est cette pierre vivante rejetée par les hommes, mais choisie par Dieu, et — nous dit le texte — cette pierre devient un refuge pour les uns (un sanctuaire) et une pierre qui fait trébucher, qui fait tomber les autres. Cette ambivalence est bien présente dans le message du Christ. Il est bien refuge, accueil, soutien pour ceux qui se sentent exclus, mis en marge par la société. Ces petits sont ceux qui sont accueillis par le Christ et ceux qui deviennent figures du Christ quand on leur donne à boire, à manger, lorsqu’on leur rend visite ou qu’on leur donne un vêtement (Mt 25). Mais le Christ est aussi pierre d’achoppement, jugement pour ceux qui exploitent et détruisent. Leurs valeurs d’accaparement et de destruction sont clairement condamnées par Dieu. <br />Ainsi le Christ nous invite à créer une société qui soit basée sur ces valeurs de justice, de compassion et de service. Et la communauté de l’Eglise devrait en être le premier exemple, une communauté qui se bat pour de plus de justice, une communauté ouverte et accueillante pour tous, sans exclusion, une communauté qui se place au service de la société et des plus faibles. <br />C’est cette communauté, les personnes porteuses de ces valeurs que j’aimerais voir réunies ici semaine après semaine, pour s’encourager à cette mission d’humanisation de la société. C’est à cela que doit servir cette Chapelle pour toutes les années qui s’ouvrent devant nous. <br />Amen<br />© Jean-Marie Thévoz 2015</p>