Last posts on sénèque
2024-03-29T11:21:28+01:00
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Café philosophique de Montargis
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Ils ou elles ont dit au sujet du voyage
tag:cafephilosophique-montargis.hautetfort.com,2022-10-23:6407834
2022-10-23T17:44:00+02:00
2022-10-23T17:44:00+02:00
"Un bon voyageur n’a ni plans établis ni destination." [Lao Tseu]...
<p><img src="http://cafephilosophique-montargis.hautetfort.com/media/01/00/1549697835.jpg" id="media-6396220" alt="" /></p><blockquote><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">"Un bon voyageur n’a ni plans établis ni destination." [Lao Tseu]</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">"Un voyage de mille lieues commence toujours par un premier pas." [Lao Tseu]</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">"Plus on voyage au loin, moins on se connaît." [Lao Tseu]</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">"La foule ne sait pas que sans cette revue universelle, sans ce vagabondage, il est impossible de rencontrer la vérité […]. Moi aussi, au souvenir du passé, je me sens saisi de crainte et me demande comment il me faudra traverser à la nage un si rude et si vaste océan de discours. [Platon]</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">"L’aventure en vaut la peine." [Aristote]</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">"Toute la vie n'est qu'un voyage vers la mort." [Sénèque]</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">"Le monde est un livre et ceux qui ne voyagent pas n’en ont lu qu’une page." [s. Augustin]</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">"Le voyage est donc une double rencontre, celle d'autres que moi et celle de moi-même, comme un autre aux yeux des autres." [Montaigne]</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">"Heureux qui, comme Ulysse, a fait un beau voyage." [Joachim Du Bellay] </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">"Il faut voyager pour frotter et limer sa cervelle contre celle d'autrui." [Montaigne]</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">"Le voyage à l'étranger est une invitation à devenir soi-même un étranger pour les autres." [Montaigne]</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">"Avec le temps, la passion des grands voyages s'éteint, à moins qu'on n'ait voyagé assez longtemps pour devenir étranger à sa patrie." [Gérard de Nerval]</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">"Voyager est fatal aux préjugés, à l’intolérance et à l’étroitesse d’esprit." [Mark Twain]</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">"En vérité, je ne voyage pas, moi, pour atteindre un endroit précis, mais pour marcher : simple plaisir de voyager." [Robert Louis Stevenson]</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">"Rien ne développe l’intelligence comme les voyages." [Émile Zola]</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">"Si vous ne savez pas où vous allez, n’importe quel chemin vous y mènera." [Lewis Carroll]</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">"Le véritable voyage de découverte ne consiste pas à chercher de nouveaux paysages, mais à avoir de nouveaux yeux." [Marcel Proust]</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">"Le voyage pour moi, ce n'est pas arriver, c'est partir. C’est l'imprévu de la prochaine escale, c'est le désir jamais comblé de connaître sans cesse autre chose, c'est demain, éternellement demain." [Roland Dorgelès]</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">"Le voyage n'est nécessaire qu'aux imaginations courtes." [Colette]</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">"Il faut que la pensée voyage et contemple, si l'on veut que le corps soit bien." [Alain]</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">"Tous ceux qui errent ne sont pas perdus." [JRR Tolkien]</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">"Rien ne vaut la recherche lorsqu’on veut trouver quelque chose." [JRR Tolkien]</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">"Une destination n’est jamais un lieu, mais une nouvelle façon de voir les choses." [Henry Miller]</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">"Je ne hais pas les voyages, je hais les conditions, pour un pauvre intellectuel, de voyager. Peut-être que si je voyageais autrement, j’adorerais les voyages." [Gilles Deleuze]</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">"Un voyage s'inscrit simultanément dans l'espace, dans le temps, et dans la hiérarchie sociale." [Claude Lévi-Strauss]</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">"N’hésitez jamais à partir loin, au-delà de toutes les mers, toutes les frontières, tous les pays, toutes les croyances." [Amin Maalouf]</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">"Certains pensent qu'ils font un voyage, en fait, c'est le voyage qui vous fait ou vous défait." [Nicolas Bouvier]</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">"Le plus beau voyage, c'est celui qu'on n’a pas encore fait." [Loïck Peyron]</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">"Un voyage, c’est une folie qui nous obsède, nous emporte dans le mythe." [Sylvain Tesson]</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">"Le voyage est une fuite contre la routine, la monotonie, la familiarité, la soumission à la régulation du gouvernement collectif." [Sylvain Tesson]</span></p><p style="text-align: right;"><em><span style="font-size: 8pt;">Photo : Pexels - Andrea Piacquadio</span></em></p></blockquote>
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Sénèque : Éloge de l'oisiveté
tag:cafephilosophique-montargis.hautetfort.com,2022-05-31:6234131
2022-05-31T08:44:18+02:00
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Or, ne songer qu'à obtenir encore, c'est oublier ce qu'on a obtenu ; et de...
<blockquote><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">Or, ne songer qu'à obtenir encore, c'est oublier ce qu'on a obtenu ; et de tous les vices, la cupidité est le plus grand, c'est qu'elle est ingrate. Ajoutons que de tous ces hommes qui ont des fonctions dans l'Etat nul ne considère qui il surpasse, mais par qui il est surpassé ; ils sont moins flattés de laisser mille rivaux derrière eux que rongés d'en voir un seul qui les précède. C'est le vice de toute ambition de ne point regarder derrière elle. Et ce n'est pas l'ambition seule qui ne s'arrête jamais. Toute passion fait de même : elle part toujours du point d'arrivée.</span></p><p style="text-align: right;"><span style="font-size: 10pt;"><a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/S%C3%A9n%C3%A8que" target="_blank" rel="noopener">Sénèque</a>, <em>Éloge de l'oisiveté</em> (Ier s. ap. JC)</span></p></blockquote>
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Sénèque : ”Il y a loin du vrai repos à l'apathie”
tag:cafephilosophique-montargis.hautetfort.com,2022-05-31:6228877
2022-05-31T08:40:12+02:00
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Il y a loin du vrai repos à l'apathie. Pour moi, du vivant de Vatia, je ne...
<blockquote><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">Il y a loin du vrai repos à l'apathie. Pour moi, du vivant de Vatia, je ne passais jamais devant sa demeure sans me dire : "Ci-gît Vatia." Mais tel est ô Lucilius, le caractère vénérable et saint de la philosophie, qu'au moindre trait qui la rappelle le faux-semblant nous séduit. Car dans l'oisif le vulgaire voit un homme retiré de tout, libre de crainte, qui se suffit et vit pour lui-même, tous privilèges qui ne sont réservés qu'au sage. C'est le sage qui, sans ombre de sollicitude, sait vivre pour lui ; car il possède la première des sciences de la vie. Mais fuir les affaires et les hommes parce nos prétentions échouées nous ont décidées à la retraite, ou que nous n'avons pu souffrir de voir le bonheur des autres ; mais, de même qu'un animal timide et sans énergie se cache par peur, c'est vivre, non pour soi, mais de la plus honteuse vie : pour son ventre, pour le sommeil, pour la luxure. Il ne s'ensuit pas qu'on vive pour soi de ce qu'on ne vit pour personne. Au reste, c'est une si belle chose d'être constant et ferme dans ses résolutions, que même la persévérance dans le rien faire nous impose.</span></p><p style="text-align: right;"><span style="font-size: 10pt;"><a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/S%C3%A9n%C3%A8que" target="_blank" rel="noopener">Sénèque</a>, <em>Lettres à Lucilius</em> (Ier s. ap. JC)</span></p></blockquote>
Jean-Luc ROMERO-Michel
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Pensée de Sénèque pour ceux qui espèrent toujours de lendemains qui chantent...
tag:www.romero-blog.fr,2020-08-11:6256175
2020-08-11T00:05:00+02:00
2020-08-11T00:05:00+02:00
Pensée de Sénèque pour celles et ceux qui espèrent toujours de lendemains...
<div style="text-align: justify;">Pensée de Sénèque pour celles et ceux qui espèrent toujours de lendemains qui chantent...</div><div style="text-align: justify;">« Hâte-toi de bien vivre et songe que chaque jour est à lui seul une vie. »</div><div style="text-align: justify;">Vivre le moment présent... </div><div style="text-align: justify;">#RendreChrisFier ...<p style="text-align: center;"><a href="http://www.romero-blog.fr/media/01/00/394642945.jpg" target="_blank" rel="noopener"><img id="media-6159798" style="margin: 0.7em 0;" title="" src="http://www.romero-blog.fr/media/01/00/402572547.jpg" alt="90FBCE38-FD5A-4F83-8180-A30ABEED5B4B.jpg" /></a></p></div>
Jacques-Emile Miriel
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Littérature et gastronomie
tag:jemiriel.hautetfort.com,2020-05-26:6241415
2020-05-26T15:13:00+02:00
2020-05-26T15:13:00+02:00
L'exemple de Sénèque Le confinement a cloué les...
<p style="text-align: justify;"> </p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;"><em><strong>L'exemple de Sénèque</strong></em></span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 12pt;"> Le confinement a cloué les Français chez eux, ne leur laissant presque pour seule occupation ludique que la cuisine. Nous n'avons pas souffert d'une pénurie de ravitaillement, et nous avions encore la liberté d'aller chez nos fournisseurs habituels faire nos courses. C'était le minimum vital, et beaucoup en ont profité pour approfondir, à leur façon, l'art culinaire. Bref, nous avons pris du poids, et avec le déconfinement est arrivé tout naturellement l'heure de la diète, afin de perdre les kilos superflus que deux mois d'inactivité nous avaient légués.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 12pt;"> Dans une de ses <em>Lettres à Lucilius</em>, Sénèque se moque gentiment de son correspondant à propos de l'importance trop grande qu'il accorde à la nourriture. Au moment de mourir, c'est-à-dire, puisqu'il s'agit de Sénèque, au moment de se suicider, il ne faudra rien regretter, y compris les banquets quotidiens, source sans doute d'un plaisir très vif pour Lucilius. Sénèque a en quelque sorte percé son ami à jour, et lui fait cette ironique leçon de morale : "Avoue-le, écrit Sénèque, ce n'est pas la haute politique, ce ne sont pas les affaires, ce n'est pas l'observation même de la nature qui t'inspirent du regret, te rendent si lent à mourir : tu t'en vas le cœur gros du marché aux vivres, que tu as vidé." Pour apprécier ce trait, il faut lire la note du traducteur qui nous apprend que, dans la bonne société romaine, les gourmets allaient eux-mêmes faire leurs emplettes. En somme, Sénèque insinue que Lucilius aura non seulement "dévalisé", comme on dit, les boutiques pour pouvoir consommer des mets raffinés, tel un illustre gourmand, mais qu'il aura préféré cette passion à la sagesse stoïcienne – et donc au suicide, évoqué par Sénèque dans ces pages. </span></p><p style="text-align: justify;"> </p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;"><em><strong>Ryoko Sekiguchi</strong></em></span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 12pt;"> Je ne lis pas souvent des livres sur la gastronomie, mais je suis, dans la vie quotidienne, plutôt comme Lucilius : j'aime manger de bonnes choses. Lorsque, dans un roman, l'auteur évoque la nourriture, je suis toujours intéressé. Aussi, ai-je été récemment tenté par la lecture d'un court essai de l'écrivain japonaise francophone Ryoko Sekiguchi, paru dans la collection "Folio". Le titre ne me disait rien, <em>Nagori</em>, mais le sous-titre, très japonais, était plus explicite : "La nostalgie de la saison qui vient de nous quitter". On sent tout de suite que l'auteur va nous faire prendre un chemin où littérature et gastronomie seront étroitement liées. </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 12pt;"> Fille d'une cuisinière japonaise, Ryoko Sekiguchi est née à Tokyo en 1970. Lors de ses études, elle est amenée à choisir le français par amour pour l'art culinaire de notre pays. Elle a étudié à la Sorbonne l'histoire de l'art, et la plupart de ses livres ont été directement écrits en français. En février dernier, elle publiait chez Bayard <em>La Terre est une marmite</em>, au titre évocateur. <em>Nagori</em>, quant à lui, date de 2018. Lors de cette première parution, beaucoup de critiques avaient salué la performance, dont le célèbre François Simon, journaliste gastronomique dont on ne voit jamais le visage dans les médias.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 12pt;"> Le mot "nagori" désigne en japonais une saison qui est passée, et dont quelques rares traces demeurent, comme un souvenir évanescent. Ce thème, d'une grande richesse, permet à Ryoko Sekiguchi d'entrelacer diverses considérations sur ce que nous mangeons à telle ou telle période de l'année, mais aussi de filer la métaphore sur la nostalgie et le regret. Se nourrir redevient avec elle une expérience de l'intime, qui ouvre sur des sensations ou des sentiments oubliés, perdus. Comment arrive-t-on à se rapprocher de ce qui s'enfuit ? "Nagori" est la dernière saison, qui ne reviendra plus, du moins le croit-on. </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 12pt;"> Lorsque nous savourons un plat complexe, manger peut être ressenti comme une quête spirituelle, ainsi que le montre l'auteur, par exemple dans cet extrait : "Parfois, c'est l'imagination d'un goût inconnu qui fait le détour par un ingrédient, ou qui initie une aventure odysséenne avec un produit fermenté. Faire se rencontrer une vie et une autre, c'est les promettre toutes deux à une vie nouvelle. Deux vies qui ont connu des temporalités, des âges et des saisons différentes se retrouvent sur un même plan, et deviennent capables de vivre une autre vie, une fois assimilés."</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 12pt;"> Le petit livre de Ryoko Sekiguchi est rempli de ce genre de pépite. À lire délicatement et délicieusement...</span></p><p style="text-align: justify;"> </p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">Ryoko Sekiguchi, <em>Nagori</em>, "La nostalgie de la saison qui vient de nous quitter". Éd. Gallimard, collection "Folio". – Sénèque, <em>Lettres à Lucilius</em>. Lettre n° 77. Éd. Laffont, collection "Bouquins". </span></p>
...
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Le nombre des rameurs d'Ulysse
tag:www.pierrecourcelle.fr,2020-03-22:6222599
2020-03-22T16:06:00+01:00
2020-03-22T16:06:00+01:00
00:04:02 Nous ne vivons que la moindre partie du temps de notre vie, car...
<p><em>00:04:02</em><br />Nous ne vivons que la moindre partie du temps de notre vie, car tout le reste de sa durée n'est point de la vie, mais du temps.</p><p><em>00:20:52</em><br />Je n'ai pas le temps de vivre ! Pourquoi donc ? Parce que tous ceux qui vous attirent à eux vous enlèvent à vous-même.</p><p><em>00:36:10</em><br />Il est des hommes dont le loisir même est affairé.</p><p><em>00:42:03</em><br />Personne ne doute que ceux qui s'appliquent à d'inutiles études littéraires ne se donnent beaucoup de peine pour ne rien faire. Le nombre en est déjà assez grand, chez nous autres Romains. C'était la maladie des Grecs, de chercher quel était le nombre des rameurs d'Ulysse.</p><p>00:47:54<br />Aucun siècle ne nous est interdit : tous nous sont ouverts ; et si la grandeur de notre esprit nous porte à sortir des entraves de la faiblesse humaine, grand est l'espace de temps que nous pouvons parcourir. Je puis discuter avec Socrate, douter avec Carnéade, jouir du repos avec Épicure ; avec les stoïciens, vaincre la nature humaine ; avec les cyniques, dépasser sa portée ; enfin, marcher d'un pas égal avec la nature elle-même, être contemporain de tous les siècles. Pourquoi, de cet intervalle de temps si court, si incertain, ne m'élancerais-je pas vers ces espaces immenses, éternels, qui me mettraient en communauté avec les meilleurs des hommes ?</p><p>00:51:29<br />On dit souvent qu'il n'a pas été en notre pouvoir de choisir nos parents ; que le sort nous les a donnés. Il est pourtant une naissance qui dépend de nous. Il existe plusieurs familles d'illustres génies ; choisissez celle où vous désirez être admis, vous y serez adopté, non seulement pour en prendre le nom, mais les biens, et vous ne serez point tenu de les conserver en homme avare et sordide ; ils s'augmenteront au fur et à mesure que vous en ferez part à plus de monde.</p><p>01:06:39<br />Turannius, vieillard d'une activité et d'une exactitude rares, était chargé de l'approvisionnement de Rome. Ayant à l'âge de quatre-vingt-dix ans, reçu de Gaius César, sans l'avoir offerte, la démission de sa charge, il se mit au lit, et ordonna à ses esclaves rassemblés autour de lui, de le pleurer comme mort. Toute la maison s'affligeait du loisir de son maître ; et les lamentations ne cessèrent que lorsqu'il fut rendu à ses fonctions. Est-il donc si doux de mourir occupé ?</p><p>La plupart des hommes ont le même désir ; la manie du travail survit en eux au pouvoir de travailler ; ils luttent contre la faiblesse du corps, et la vieillesse ne leur paraît fâcheuse, que parce qu'elle les éloigne des affaires. La loi dispense à cinquante ans de porter les armes, à soixante d'assister aux assemblées du sénat ; les hommes ont plus de peine à obtenir le repos d'eux-mêmes que de la loi.</p><p>Cependant, qu'ils sont entraînés et entraînent les autres, que l'un trouble la paix de l'autre, qu'ils se rendent réciproquement malheureux, la vie passe sans fruit, sans plaisir, sans aucun profit pour l'âme ; nul ne voit la mort en perspective, chacun porte au loin ses espérances. Quelques-uns même règlent, pour un temps où ils ne seront plus, la construction de vastes mausolées, la dédicace de monuments publics, les jeux qui se célébreront auprès de leur bûcher, enfin tout l'attirail d'orgueilleuses obsèques, de magnifiques pompes funèbres. Mais, en vérité, les funérailles de ces gens-là devraient, comme s'ils avaient très peu vécu, se faire à la lueur des torches et des flambeaux.</p><p><iframe width="480" height="270" src="https://www.youtube.com/embed/yzLxoLnwuyY?feature=oembed" frameborder="0" allow="accelerometer; autoplay; encrypted-media; gyroscope; picture-in-picture" allowfullscreen="allowfullscreen"></iframe></p>
Ratatosk
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Sénèque et la mondialisation malheureuse
tag:euro-synergies.hautetfort.com,2019-03-16:6136496
2019-03-16T16:04:17+01:00
2019-03-16T16:04:17+01:00
Sénèque et la mondialisation malheureuse par Nicolas Bonnal...
<p style="text-align: center;"><img id="media-5965799" style="margin: 0.7em 0;" title="" src="http://euro-synergies.hautetfort.com/media/00/01/2993457433.jpg" alt="senecaprofil.jpg" /></p><p><span style="font-size: 24pt; font-family: arial black, sans-serif; color: #ff6600;"><strong>Sénèque et la mondialisation malheureuse</strong></span></p><p><span style="font-size: 18pt; font-family: arial black, sans-serif;"><strong><span style="color: #999999;">par Nicolas Bonnal</span></strong></span></p><p><span style="font-size: 18pt; font-family: arial black, sans-serif;"><strong><span style="color: #999999;">Ex: https://nicolasbonnal.wordpress.com</span></strong></span></p><p><span style="font-size: 12pt;"><strong><span style="font-family: arial, helvetica, sans-serif; color: #999999;">Le monde moderne n’est qu’un monde usé jusqu’à la corde, et qui se croit nouveau parce qu’il a tout oublié.</span></strong></span></p><p><span style="font-size: 12pt;"><strong><span style="font-family: arial, helvetica, sans-serif; color: #999999;">L’actualité de Sénèque est toujours extraordinaire, jusques et y compris dans le domaine de la médecine (lettre XCV, voyez ce qu’en dit De Maistre) ou de la géographie ; son théâtre ignoré fourmille aussi de traits de génie et c’est dans sa tragédie Médée que Sénèque médite les limites de la science, de la navigation…et de la mondialisation, deux mille ans avant les rédacteurs fatigués de <span class="skimlinks-unlinked">Zerohedge.com</span>…</span></strong></span></p><p><span style="font-size: 12pt;"><strong><span style="font-family: arial, helvetica, sans-serif; color: #999999;">On écoute l’universitaire Jean-Noël Michaud sur ce monologue du chœur de Médée :</span></strong></span></p><p><span style="font-size: 12pt;"><strong><span style="font-family: arial, helvetica, sans-serif; color: #999999;">« Les vers 374-379 sont célèbres car on y a vu l’annonce de la découverte du Nouveau Monde. Et en fait on a eu raison : depuis que la science grecque et les savants d’Alexandrie ont établi que la terre était ronde et que le monde connu des Grecs et des Romains ne représentait tout au plus qu’un quart de la surface terrestre, l’Océan a cessé, dans la pensée des savants, d’être <em>uinculum rerum,</em> on a supposé qu’au-delà de l’Océan, comme au sud de l’équateur, il y avait d’autres terres, <em>nouos orbes.</em> »</span></strong></span></p><p><span style="font-size: 12pt;"><strong><span style="font-family: arial, helvetica, sans-serif; color: #999999;">Michaud ajoute :</span></strong></span></p><p><span style="font-size: 12pt;"><strong><span style="font-family: arial, helvetica, sans-serif; color: #999999;">« L’Amérique existait donc, dans la pensée des astronomes et des gens cultivés qui connaissaient leurs travaux, 1500 ans avant qu’on ne la découvre. »</span></strong></span></p><p><span style="font-size: 12pt;"><strong><span style="font-family: arial, helvetica, sans-serif; color: #999999;">Ce monde techniquement et géographiquement maîtrisé est spirituellement rétréci. Michaud :</span></strong></span></p><p><span style="font-size: 12pt;"><strong><span style="font-family: arial, helvetica, sans-serif; color: #999999;">« Naviguer n’est plus une entreprise héroïque qui requiert l’aide des dieux et un équipage de princes, n’importe qui peut sillonner la mer, sans l’aide d’un vaisseau magique. On construit des villes partout, l’univers s’ouvre à toutes les routes, on voit des Perses au bord de l’Elbe et des Indiens au bord de l’Araxe. La terre est le village planétaire de nos modernes internautes. Comme il nous est difficile aujourd’hui de ne pas donner à ces vers un sens positif, puisque même les adversaires de la mondialisation nous expliquent qu’en réalité ils sont pour ! »</span></strong></span></p><p><span style="font-size: 12pt;"><strong><span style="font-family: arial, helvetica, sans-serif; color: #999999;">Car l’empire romain est une mondialisation, est une matrice très consciente :</span></strong></span></p><p><span style="font-size: 12pt;"><strong><span style="font-family: arial, helvetica, sans-serif; color: #999999;">« Ce que disent ces vers, c’est bien ce que l’empire est en train de réaliser à l’échelle de l’orbis Romanus : assurer la permanence des relations maritimes, civiliser des régions sauvages en y établissant des villes, envoyer sur le Rhin des auxiliaires syriens et sur l’Euphrate des Espagnols. »</span></strong></span></p><p><span style="font-size: 12pt;"><strong><span style="font-family: arial, helvetica, sans-serif; color: #999999;">Et c’est la fin de la poésie dans le monde (je sais, on va nous traiter de ringards, de retardataires…) :</span></strong></span></p><p><span style="font-size: 12pt;"><strong><span style="font-family: arial, helvetica, sans-serif; color: #999999;"><img id="media-5965803" style="float: right; margin: 0.2em 0 1.4em 0.7em;" title="" src="http://euro-synergies.hautetfort.com/media/00/01/3626638964.jpg" alt="jasonbateau.jpg" />« Les Argonautes ont fait tomber la première barrière et ce premier écroulement a provoqué de proche en proche la chute de toutes les barrières qui séparaient les peuples les uns des autres, le monde civilisé du monde barbare, le cosmos de tous les au-delà, merveilleux ou épouvantables. »</span></strong></span></p><p><span style="font-size: 12pt;"><strong><span style="font-family: arial, helvetica, sans-serif; color: #999999;">Très belle envolée de l’universitaire sur le vieillissement du monde (si visible aujourd’hui mais pensez au grand remplacement de la démographie romaine…) :</span></strong></span></p><p><span style="font-size: 12pt;"><strong><span style="font-family: arial, helvetica, sans-serif; color: #999999;">« Peut-être Sénèque se souvient-il de la version hésiodique de la fin des temps : quand aux derniers temps de la cinquième race, la race de fer, tout sera vieux, les enfants viendront au monde avec des tempes blanches. On a l’impression que le chœur annonce aussi que le cosmos finira par s’éteindre dans la sénilité. »</span></strong></span></p><p><span style="font-size: 12pt;"><strong><span style="font-family: arial, helvetica, sans-serif; color: #999999;">La quête de la toison d’or précipite la fin d’un monde qui sera vieux et médiocre :</span></strong></span></p><p><span style="font-size: 12pt;"><strong><span style="font-family: arial, helvetica, sans-serif; color: #999999;">« En allant la chercher dans un espace où l’homme n’a pas sa place, Jason a libéré dans le monde des hommes les forces déchaînées d’un monde qu’un dieu ne domine plus. Le choeur Audax nimium donne à Médée sa dimension cosmique mais la réalisation de sa vengeance marquera aussi l’épuisement du cosmos et la fin du tragique. »</span></strong></span></p><p><span style="font-size: 12pt;"><strong><span style="font-family: arial, helvetica, sans-serif; color: #999999;">Un peu de Sénèque maintenant, inspiré auteur de théâtre :</span></strong></span></p><p><span style="font-size: 12pt;"><strong><span style="font-family: arial, helvetica, sans-serif; color: #999999;">« Il fut hardi, le premier navigateur qui osa fendre les flots perfides sur un fragile vaisseau, et laisser derrière lui sa terre natale, confier sa vie au souffle capricieux des vents, et poursuivre sur les mers sa course aventureuse, n’ayant pour barrière entre la vie et la mort que l’épaisseur d’un bois mince et léger ! On ne connaissait point alors le cours des astres, et l’on ne savait point encore se régler sur la position des étoiles qui brillent dans l’espace. »</span></strong></span></p><p><span style="font-size: 12pt;"><strong><span style="font-family: arial, helvetica, sans-serif; color: #999999;">Comme Hésiode, Rousseau ou Kierkegaard, Sénèque célèbre l’innocence ignorante de nos pères :</span></strong></span></p><p><span style="font-size: 12pt;"><strong><span style="font-family: arial, helvetica, sans-serif; color: #999999;">« Nos pères vivaient dans des siècles d’innocence et de pureté. Chacun alors demeurait tranquille sur le rivage qui l’avait vu naître, et vieillissait sur la terre de ses aïeux, riche de peu, ne connaissant de trésors que ceux du pays natal. »</span></strong></span></p><p><span style="font-size: 12pt;"><strong><span style="font-family: arial, helvetica, sans-serif; color: #999999;">Ensuite le vaisseau de Thessalie met fin aux enchantements des origines (les lucifériens bien sûr préfèreront ce qu’ils croient un progrès) ; et il y a un prix à payer (le réchauffement climatique ?) :</span></strong></span></p><p><span style="font-size: 12pt;"><strong><span style="font-family: arial, helvetica, sans-serif; color: #999999;">« Le vaisseau de Thessalie rapprocha les mondes que la nature avait sagement séparés, soumit la mer au mouvement des raines, et joignit à nos misères les périls d’un élément étranger. Ce malheureux navire paya chèrement son audace par cette longue suite de dangers qu’il lui fallut courir, entre les deux montagnes qui ferment rentrée de l’Euxin, et qui se heurtaient l’une contre l’autre, avec le retentissement de la foudre, tandis que la mer, prise lançait jusqu’aux nues ses vagues écumantes. »</span></strong></span></p><p style="text-align: center;"><img id="media-5965805" style="margin: 0.7em 0;" title="" src="http://euro-synergies.hautetfort.com/media/02/02/2679583627.jpg" alt="Jason_Golden_Fleece_Altemps_Inv8647.jpg" /></p><p><span style="font-size: 12pt;"><strong><span style="font-family: arial, helvetica, sans-serif; color: #999999;">Le prix à payer ? Sénèque en parle tel quel – c’est la fin des limites (mais dans un monde devenu petit, cela sonne comme une cour de prison abandonnée pour prisonniers…) :</span></strong></span></p><p><span style="font-size: 12pt;"><strong><span style="font-family: arial, helvetica, sans-serif; color: #999999;">« Quel fut le prix de ce hardi voyage ? Une toison d’or, et Médée plus cruelle que les flots mêmes, digne récompense des premiers navigateurs. Maintenant la mer est soumise, et se courbe sous nos lois : plus n’est besoin d’un navire construit par Minerve, et monté par des rois ; la moindre barque peut s’aventurer sur les flots : les bornes antiques sont renversées, et les peuples vont bâtir les villes sur des terres nouvelles. »</span></strong></span></p><p><span style="font-size: 12pt;"><strong><span style="font-family: arial, helvetica, sans-serif; color: #999999;"> Les derniers vers sont fantastiques :</span></strong></span></p><p><span style="font-size: 12pt;"><strong><span style="font-family: arial, helvetica, sans-serif; color: #999999;">« Le monde est ouvert en tout sens, et rien plus n’est à sa place…L’Indien boit l’eau glacée de l’Araxe, le Perse boit celle de l’Elbe et du Rhin. Un temps viendra, dans le cours des siècles, où l’Océan élargira la ceinture du globe, pour découvrir à l’homme une terre immense et inconnue ; la mer nous révélera de nouveaux mondes, et Thulé ne sera plus la borne de l’univers. »</span></strong></span></p><p><span style="font-size: 12pt; color: #ff6600;"><strong><span style="font-family: arial, helvetica, sans-serif;">Sources</span></strong></span></p><p><span style="font-size: 12pt;"><strong><span style="font-family: arial, helvetica, sans-serif; color: #999999;">Sénèque, Médée Traduit par Eugène Greslou, 1834</span></strong></span></p><p><span style="font-size: 12pt;"><strong><span style="font-family: arial, helvetica, sans-serif; color: #999999;">Jean-Noël Michaud <em>Le chœur Audax nimium</em> (Sénèque, Médée, 301-379) (Persée, via latina)</span></strong></span></p>
Zed
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Savoir vivre au pied d'un volcan...
tag:metapoinfos.hautetfort.com,2019-01-10:6118638
2019-01-10T16:00:00+01:00
2019-01-10T16:00:00+01:00
Les éditions Albin Michel viennent de publier un essai de Michel Onfray...
<p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">Les éditions Albin Michel viennent de publier un essai de <strong>Michel Onfray</strong> intitulé <em><strong>Sagesse</strong></em>. Philosophe populaire, tenant d'un socialisme libertaire, Michef Onfray a publié de nombreux ouvrages, dont dernièrement <em><strong>Cosmos</strong></em> (Flammarion, 2015) et <em><strong>Décadence</strong></em> (Flammarion, 2017).</span></p><p style="text-align: center;"><img id="media-5935639" style="margin: 0.7em 0;" title="" src="http://metapoinfos.hautetfort.com/media/00/02/950937094.jpg" alt="Onfray_Sagesse.jpg" /></p><blockquote><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">" Comment se comporter dans une civilisation qui menace de s’effondrer ? En lisant les Romains dont la philosophie s’appuie sur des exemples à suivre et non sur des théories fumeuses.</span><br /><span style="font-size: 10pt;"><em>Sagesse</em> est un genre de péplum philosophique dans lequel on assiste à la mort de Pline l’Ancien et à des combats de gladiatrices, à des suicides grandioses et à des banquets de philosophes ridicules, à des amitiés sublimes et à des assassinats qui changent le cours de l’histoire. On y croise des personnages hauts en couleur : Mucius Scaevola et son charbon ardent, Regulus et ses paupières cousues, Cincinnatus et sa charrue, Lucrèce et son poignard. Mais aussi Sénèque et Cicéron, Épictète et Marc Aurèle.</span><br /><span style="font-size: 10pt;">Ce livre répond à des questions très concrètes : quel usage faire de son temps ? Comment être ferme dans la douleur ? Est-il possible de bien vieillir ? De quelle façon apprivoiser la mort ? Doit-on faire des enfants ? Qu’est-ce que tenir parole ? Qu’est-ce qu’aimer d’amour ou d’amitié ? Peut-on posséder sans être possédé ? Faut-il s’occuper de politique ? Que nous apprend la nature ? À quoi ressemble une morale de l’honneur ?</span><br /><span style="font-size: 10pt;">Dans l’attente de la catastrophe, on peut toujours vivre en Romain : c’est-à-dire droit et debout. "</span></p></blockquote>
Ratatosk
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Stoic Spiritual Hygiene with Regard to Normies
tag:euro-synergies.hautetfort.com,2018-01-17:6018138
2018-01-17T17:02:48+01:00
2018-01-17T17:02:48+01:00
Stoic Spiritual Hygiene with Regard to Normies By Guillaume...
<header class="entry-header"><p style="text-align: center;"><img id="media-5755070" style="margin: 0.7em 0px;" title="" src="http://euro-synergies.hautetfort.com/media/00/00/232805202.jpg" alt="MA-future.jpg" /></p><h1 class="entry-title"><span style="font-size: 24pt; color: #ff6600;"><strong><span style="font-family: arial, helvetica, sans-serif;">Stoic Spiritual Hygiene with Regard to Normies</span></strong></span></h1><span style="font-size: 18pt;"><strong><span class="entry-date" style="font-family: arial, helvetica, sans-serif; color: #999999;"> By <cite>Guillaume Durocher</cite> <br /></span></strong></span></header><header class="entry-header"></header><header class="entry-header"><span style="font-size: 12pt;"><strong><span class="entry-date" style="font-family: arial, helvetica, sans-serif; color: #999999;">Ex: http://www.counter-currents.com </span></strong></span></header><div class="entry-content"><p><span style="font-size: 12pt;"><strong><span style="font-family: arial, helvetica, sans-serif; color: #999999;">Ancient philosophy, as Pierre Hadot has argued, was not merely a set of ideas but meant to include something far more practical: the leading of a good life in the pursuit of truth. In the case of Stoicism, as with Cynicism, the notion of leading a philosophical way of life is particularly explicit and central.<a style="color: #999999;" href="https://www.counter-currents.com/2018/01/stoic-spiritual-hygiene-with-regard-to-normies/print/#_ftn1" rel="external">[1]</a> <sup>[2]</sup></span></strong></span></p><p><span style="font-size: 12pt;"><strong><span style="font-family: arial, helvetica, sans-serif; color: #999999;">The philosopher is interested in living a life according to purpose and principle, as opposed to the frivolous or the popular. This necessarily can make him seem a bit of a kill-joy and can make interacting with what we call “normies” problematic. This is not a new problem. Here is Epictetus’ advice on avoiding gossip, chit-chat about the ball-game, and other small talk:</span></strong></span></p><p style="padding-left: 30px;"><span style="font-size: 12pt;"><strong><span style="font-family: arial, helvetica, sans-serif; color: #999999;">Lay down from this moment a certain character and pattern of behavior for yourself, which you are to preserve both when you’re alone and when you’re with others.</span></strong></span></p><p style="padding-left: 30px;"><span style="font-size: 12pt;"><strong><span style="font-family: arial, helvetica, sans-serif; color: #999999;">Remain silent for the most part, or say only what is essential, and in few words. Very infrequently, however, when the occasion demands, do speak, but not about any of the usual topics, not about gladiators, not about horse-races, not about athletes, not about food and drink, the subjects of everyday talk; but above all, don’t talk abut people, either to praise or criticize them, or to compare them. If you’re able to so, then, through the manner of your own conversation bring that of your companions round to what is fit and proper. But if you happen to find yourself alone among strangers, keep silent. (<em>Handbook</em>, 33)</span></strong></span></p><p><span style="font-size: 12pt;"><strong><span style="font-family: arial, helvetica, sans-serif; color: #999999;"><img id="media-5755069" style="float: right; margin: 0.2em 0px 1.4em 0.7em;" title="" src="http://euro-synergies.hautetfort.com/media/02/01/117305663.jpg" alt="stoique.jpg" />“Show, don’t tell,” besides being good writing advice, is then an important Stoic principle concerning philosophy. One will always be tempted to make a philosophical and political point in order to show off or best another in argument, which of course defeats the whole purpose. Epictetus reiterates the point:</span></strong></span></p><p style="padding-left: 30px;"><span style="font-size: 12pt;"><strong><span style="font-family: arial, helvetica, sans-serif; color: #999999;">Never call yourself a philosopher, and don’t talk among laymen for the most part about philosophical principles, but act in accordance with those principles. At a banquet, for example, don’t talk about how one ought to eat, but eat as one ought. . . . And accordingly, if any talk should arise among laymen about some philosophical principle, keep silent for the most part, for there is great danger that you’ll simply vomit up what you haven’t properly digested. (<em>Handbook</em>, 46)</span></strong></span></p><p><span style="font-size: 12pt;"><strong><span style="font-family: arial, helvetica, sans-serif; color: #999999;">Epictetus is quite explicit that adoption of the Stoic way of life means a radical change, perhaps analogous to religious conversion. The change is so radical that one must be careful who one associates with. Obviously, one’s own spiritual practice will be all the greater insofar as one associates with like-minded people. Conversely, this also means one may have to abandon boorish old friends:</span></strong></span></p><p style="padding-left: 30px;"><span style="font-size: 12pt;"><strong><span style="font-family: arial, helvetica, sans-serif; color: #999999;">This is a point to which you should attend before all others, that you should never become so intimately associated with any of your former friends and acquaintances that you sink down to the same level as them; for otherwise, you’ll destroy yourself. But if this thought worms its way into your mind, that “I’ll seem churlish to him, and he won’t be as friendly to me as before,” remember that nothing is gained without cost, and that it is impossible for someone to remain the same as he was if he is no longer acting the same way. Choose, then, which you prefer: to be held in the same affection as before by your former friends by remaining as you used to be, or else become better than you were and no longer meet with the same affect . . . if you’re caught between two paths, you’ll incur a double penalty, since you’ll neither make progress as you ought nor acquire the things that you used to enjoy. (<em>Discourses</em>, 4.2.1-5).</span></strong></span></p><p><span style="font-size: 12pt;"><strong><span style="font-family: arial, helvetica, sans-serif; color: #999999;"><img id="media-5755071" style="float: left; margin: 0.2em 1.4em 0.7em 0px;" title="" src="http://euro-synergies.hautetfort.com/media/01/00/3314278912.jpg" alt="Epictetus_Enchiridion_1683_page1.jpg" />The message is clear: the low spiritual and intellectual condition of “normies” is highly contagious, one must exercise the utmost caution. No doubt this bad condition has been severely aggravated and magnified by television and pop culture.</span></strong></span></p><p><span style="font-size: 12pt;"><strong><span style="font-family: arial, helvetica, sans-serif; color: #999999;">By these metrics, I observe that the modern university experience is something of an anti-education: the stupidities of youth are exaggerated and made fashionable, rather than curtailed. The soul grows obese with pleasure and pride, rather than being moderated and cultivated. (I note in passing that Plato would no doubt be surprised, to not say worse, to learn that “academia” would grant degrees to 40 percent of the population.)</span></strong></span></p><p><span style="font-size: 12pt;"><strong><span style="font-family: arial, helvetica, sans-serif; color: #999999;">The Stoic will manage his social relations with moderation. He will economically support himself, honor his parents, and find a wife and raise of family of his own. Nonetheless, to the extent possible within the web of relations implied by his social role, he will live a philosophical life, and raise his peers by his example. In this, I should think, a shared spiritual practice with the wife and other immediate family is a great aid, to not say fundamental: by prayer, meditation, readings, song, and other rituals in common, one can lift up souls away from the sensuous and the frivolous, and towards principle.</span></strong></span></p><p style="text-align: center;"><span style="font-size: 12pt;"><strong><span style="font-family: arial, helvetica, sans-serif; color: #999999;">References</span></strong></span></p><p><span style="font-size: 12pt;"><strong><span style="font-family: arial, helvetica, sans-serif; color: #999999;">Epictetus, <em>Discourses, Fragments, Handbook</em>, trans. Robin Hard (Oxford: Oxford University Press, 2014).</span></strong></span></p><p><span style="font-size: 12pt;"><strong><span style="font-family: arial, helvetica, sans-serif; color: #999999;"><a style="color: #999999;" href="https://www.counter-currents.com/2018/01/stoic-spiritual-hygiene-with-regard-to-normies/print/#_ftnref1" rel="external">[1]</a> <sup>[3]</sup> Epictetus scolds those who adopt the name Stoic but prefer to talk about philosophical principles than live them:</span></strong></span></p><p style="padding-left: 30px;"><span style="font-size: 12pt;"><strong><span style="font-family: arial, helvetica, sans-serif; color: #999999;">What difference does it make, in fact, whether you expound these teachings or those of another school? Sit down and give a technical account of the teachings of Epicurus, and perhaps you’ll give a better account than Epicurus himself! Why call yourself a Stoic, then; why mislead the crowd; why act the part of a Jew when you’re Greek? Don’t you know why it is that a person is called a Jew, Syrian, or Egyptian? And when we see someone hesitating between two creeds, we’re accustomed to say, “He is no Jew, but is merely acting the part.” But when he assumes the frame of mind of one who has been baptized and has made his choice, then he really is a Jew, and is called by that name. And so we too are baptized in name alone, while in fact being someone quite different, since we’re not in sympathy with our own doctrines, and are far from making any practical application of the principles we express, even though we take pride in knowing them. (<em>Discourses</em>, 2.9.19-22)</span></strong></span></p><p><span style="font-size: 12pt;"><strong><span style="font-family: arial, helvetica, sans-serif; color: #999999;">Epictetus repeatedly contrasts Middle-Eastern “Jews, Syrians, and Egyptians” with “Romans,” as culturally and perhaps ethnically others.</span></strong></span></p></div><div class="comments"><span style="font-size: 12pt;"><strong><span style="font-family: arial, helvetica, sans-serif; color: #999999;"> </span></strong></span></div><footer class="footer"><p><span style="font-size: 12pt;"><strong><span style="font-family: arial, helvetica, sans-serif; color: #999999;">Article printed from Counter-Currents Publishing: https://www.counter-currents.com </span></strong></span></p><p><span style="font-size: 12pt;"><strong><span style="font-family: arial, helvetica, sans-serif; color: #999999;">URL to article: https://www.counter-currents.com/2018/01/stoic-spiritual-hygiene-with-regard-to-normies/ </span></strong></span></p><p><span style="font-size: 12pt;"><strong><span style="font-family: arial, helvetica, sans-serif; color: #999999;">URLs in this post:</span></strong></span></p><p style="margin: 2px 0px;"><span style="font-size: 12pt;"><strong><span style="font-family: arial, helvetica, sans-serif; color: #999999;">[1] Image: <span dir="ltr">https://www.counter-currents.com/wp-content/uploads/2018/01/epictetus.jpg</span></span></strong></span></p><p style="margin: 2px 0px;"><span style="font-size: 12pt;"><strong><span style="font-family: arial, helvetica, sans-serif; color: #999999;">[2] [1]: <span dir="ltr">#_ftn1</span></span></strong></span></p><p style="margin: 2px 0px;"><span style="font-size: 12pt;"><strong><span style="font-family: arial, helvetica, sans-serif; color: #999999;">[3] [1]: <span dir="ltr">#_ftnref1</span></span></strong></span></p><p><span style="font-size: 12pt;"><strong><span style="font-family: arial, helvetica, sans-serif; color: #999999;"> </span></strong></span></p><p id="print-link" style="text-align: right;"> </p></footer>
Ratatosk
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Baudelaire et la conspiration géographique
tag:euro-synergies.hautetfort.com,2017-05-26:5947495
2017-05-26T00:25:00+02:00
2017-05-26T00:25:00+02:00
Baudelaire et la conspiration géographique par Nicolas Bonnal...
<p style="text-align: center;"><img id="media-5632232" style="margin: 0.7em 0;" title="" src="http://euro-synergies.hautetfort.com/media/00/01/2643912485.jpg" alt="baudelairesyneru.jpg" /></p><h2 class="titleset_b.deepgreen"><span style="font-size: 24pt; font-family: 'arial black', sans-serif; color: #ff6600;"><strong>Baudelaire et la conspiration géographique</strong></span></h2><p><span style="font-size: 18pt; font-family: 'arial black', sans-serif;"><strong><span style="color: #999999;">par Nicolas Bonnal</span></strong></span></p><p><strong><span style="font-size: 12pt; font-family: arial, helvetica, sans-serif; color: #999999;"><span style="font-size: 18pt; font-family: 'arial black', sans-serif;">Ex: http://www.dedefensa.org</span> </span></strong></p><p><strong><span style="font-size: 12pt; font-family: arial, helvetica, sans-serif; color: #999999;">Lisons les Fleurs de Baudelaire moins bêtement qu’à l’école. Et cela donne :</span></strong></p><p><span style="color: #99cc00;"><strong><span style="font-size: 12pt; font-family: arial, helvetica, sans-serif;"><em>Le vieux Paris n’est plus (la forme d’une ville</em></span></strong></span></p><p><span style="color: #99cc00;"><strong><span style="font-size: 12pt; font-family: arial, helvetica, sans-serif;"><em>Change plus vite, hélas ! que le cœur d’un mortel)…</em></span></strong></span></p><p><strong><span style="font-size: 12pt; font-family: arial, helvetica, sans-serif; color: #999999;">On est dans les années 1850, au début du remplacement haussmannien de Paris. Baudelaire comprend ici l’essence du pouvoir proto-fasciste bonapartiste si bien décrit par son contemporain Maurice Joly ou par Karl Marx dans le dix-huit brumaire. Et cette société expérimentale s’est étendue à la terre entière. C’est la société du spectacle de Guy Debord, celle ou l’Etat profond et les oligarques se mêlent de tout, en particulier de notre « environnement ». C’est ce que je nomme la conspiration géographique.</span></strong></p><p><strong><span style="font-size: 12pt; font-family: arial, helvetica, sans-serif; color: #999999;">La conspiration géographique est la plus grave de toutes. On n’y pense pas assez, mais elle est terrifiante. Je l’ai évoqué dans mon roman les territoires protocolaires. Elle a accompagné la sous-culture télévisuelle moderne et elle a créé dans l’ordre :</span></strong></p><p><strong><span style="font-size: 12pt; font-family: arial, helvetica, sans-serif; color: #999999;">• Les banlieues modernes et les villes nouvelles pour isoler les pauvres.</span></strong></p><p><strong><span style="font-size: 12pt; font-family: arial, helvetica, sans-serif; color: #999999;">• Les ghettos ethniques pour isoler les immigrés.</span></strong></p><p><strong><span style="font-size: 12pt; font-family: arial, helvetica, sans-serif; color: #999999;">• La prolifération cancéreuse de supermarchés puis des centres commerciaux. En France les responsabilités du gaullisme sont immenses.</span></strong></p><p><strong><span style="font-size: 12pt; font-family: arial, helvetica, sans-serif; color: #999999;">• La hideur extensive des banlieues recouvertes d’immondices commerciaux ou « grands ensembles » conçus mathématiquement.</span></strong></p><p><strong><span style="font-size: 12pt; font-family: arial, helvetica, sans-serif; color: #999999;">• La tyrannie américaine et nazie de la bagnole pour tous ; le monde des interstates copiés des autobahns nazies qui liquident et recouvrent l’espace millénaire et paysan du monde.</span></strong></p><p><strong><span style="font-size: 12pt; font-family: arial, helvetica, sans-serif; color: #999999;">• La séparation spatiale, qui met fin au trend révolutionnaire ou rebelle des hommes modernes depuis 1789.</span></strong></p><p><strong><span style="font-size: 12pt; font-family: arial, helvetica, sans-serif; color: #999999;">• La décrépitude et l’extermination de vieilles cités (voyez Auxerre) au profit des zones péri-urbaines, toujours plus monstrueuses.</span></strong></p><p><strong><span style="font-size: 12pt; font-family: arial, helvetica, sans-serif; color: #999999;">• La crétinisation du public et sa déformation physique (le docteur Plantey dans ses conférences parle d’un basculement morphologique) : ce néo-planton est en voiture la moitié de son temps à écouter la radio.</span></strong></p><p><strong><span style="font-size: 12pt; font-family: arial, helvetica, sans-serif; color: #999999;">• La fin de la conversation : Daniel Boorstyn explique dans les Américains que la circulation devient le sujet de conversation numéro un à Los Angeles dans les années cinquante.</span></strong></p><p><strong><span style="font-size: 12pt; font-family: arial, helvetica, sans-serif; color: #999999;">Dans Slate.fr, un expert inspiré, Franck Gintrand, dénonce l’horreur de l’aménagement urbain en France. Et il attaque courageusement la notion creuse et arnaqueuse de smart city, la destruction des centres villes et même des villes moyennes, les responsabilités criminelles de notre administration. Cela donne dans un de ses derniers textes (<em>la France devient moche</em>) :</span></strong></p><p><strong><span style="font-size: 12pt; font-family: arial, helvetica, sans-serif; color: #999999;">« En France, cela fait longtemps que la survie du commerce de proximité ne pèse pas lourd aux yeux du puissant ministère de l’Economie. Il faut dire qu’après avoir inventé les hypermarchés, notre pays est devenu champion d’Europe des centres commerciaux. Et des centres commerciaux, ça a quand même beaucoup plus de gueule que des petits boutiquiers… Le concept nous vient des États-Unis, le pays des «<em>malls</em>», ces gigantesques espaces dédiés au shopping et implantés en banlieue, hermétiquement clos et climatisé. »</span></strong></p><p><strong><span style="font-size: 12pt; font-family: arial, helvetica, sans-serif; color: #999999;">Il poursuit sur l’historique de cet univers totalitaire (pensez à Blade runner, aux décors de THX 1138) qui est alors reflété dans des films dystopiques prétendant décrire dans le futur ce qui se passait dans le présent.</span></strong></p><p><strong><span style="font-size: 12pt; font-family: arial, helvetica, sans-serif; color: #999999;">La France fut ainsi recouverte de ces hangars et autres déchetteries architecturales. Godard disait que la télé aussi recouvrait le monde. Gintrand poursuit à propos des années soixante:</span></strong></p><p><strong><span style="font-size: 12pt; font-family: arial, helvetica, sans-serif; color: #999999;">« Pas de centres commerciaux et multiples zones de périphérie dans <a style="color: #999999;" href="http://www.ina.fr/emissions/la-france-defiguree/" target="_blank">«La France défigurée»</a>, célèbre émission des années 70. Et pour cause: notre pays ne connaissait à cette époque que le développement des hypermarchés (le premier Carrefour ouvre en 1963). On pouvait regretter l'absence totale d'esthétique de ces hangars de l'alimentaire. »</span></strong></p><p><strong><span style="font-size: 12pt; font-family: arial, helvetica, sans-serif; color: #999999;">Le mouvement est alors ouest-européen, lié à la domination des trusts US, à la soumission des administrations européennes, à la fascination pour une fausse croissance basée sur des leurres (bagnole/inflation immobilière/pseudo-vacances) et encensée par des sociologues crétins comme Fourastié (les Trente Glorieuses). Dans les années cinquante, le grand écrivain communiste Italo Calvino publie un premier roman nommé la Spéculation immobilière. Ici aussi la liquidation de l’Italie est en marche, avec l’exploitation touristique que dénonce peu après Pasolini, dans ses si clairvoyants écrits corsaires.</span></strong></p><p><strong><span style="font-size: 12pt; font-family: arial, helvetica, sans-serif; color: #999999;">En 1967, marqué par la lecture de Boorstyn et Mumford, Guy Debord écrit, dans le plus efficace chapitre de sa Société du Spectacle :</span></strong></p><p><strong><span style="font-size: 12pt; font-family: arial, helvetica, sans-serif; color: #999999;">« Le moment présent est déjà celui de l’autodestruction du milieu urbain. L’éclatement des villes sur les campagnes recouvertes de « masses informes de résidus urbains » (Lewis Mumford) est, d’une façon immédiate, présidé par les impératifs de la consommation. La dictature de l’automobile, produit-pilote de la première phase de l’abondance marchande, s’est inscrite dans le terrain avec la domination de l’autoroute, qui disloque les centres anciens et commande une dispersion toujours plus poussée».</span></strong></p><p><strong><span style="font-size: 12pt; font-family: arial, helvetica, sans-serif; color: #999999;">Kunstler a très bien parlé de cette géographie du nulle part, et de cette liquidation physique des américains rendu obèses et inertes par ce style de vie mortifère et mécanique. Les films américains récents (ceux du discret Alexander Payne notamment) donnent la sensation qu’il n’y a plus d’espace libre aux Etats-Unis. Tout a été recouvert de banlieues, de sprawlings, de centres commerciaux, de parkings (c’est la maladie de parking-son !), d’aéroports, de grands ensembles, de brico machins, de centrales thermiques, de parcs thématiques, de bitume et de bitume encore. Voyez <em>Fast Food</em> nation du très bon Richard Linklater.</span></strong></p><p><strong><span style="font-size: 12pt; font-family: arial, helvetica, sans-serif; color: #999999;">Je poursuis sur Debord car en parlant de fastfood :</span></strong></p><p><strong><span style="font-size: 12pt; font-family: arial, helvetica, sans-serif; color: #999999;">« Mais l’organisation technique de la consommation n’est qu’au premier plan de la dissolution générale qui a conduit ainsi la ville à se consommer elle-même. »</span></strong></p><p><strong><span style="font-size: 12pt; font-family: arial, helvetica, sans-serif; color: #999999;">On parle d’empire chez les antisystèmes, et on a raison. Ne dit-on pas empirer ?</span></strong></p><p><strong><span style="font-size: 12pt; font-family: arial, helvetica, sans-serif; color: #999999;">Je rappelle ceci dans mon livre noir de la décadence romaine.</span></strong></p><p><strong><span style="font-size: 12pt; font-family: arial, helvetica, sans-serif; color: #999999;">« Pétrone voit déjà les dégâts de cette mondialisation à l’antique qui a tout homogénéisé au premier siècle de notre ère de la Syrie à la Bretagne :</span></strong></p><p><strong><span style="font-size: 12pt; font-family: arial, helvetica, sans-serif; color: #999999;"><em>« Vois, partout le luxe nourri par le pillage, la fortune s'acharnant à sa perte. C'est avec de l'or qu'ils bâtissent et ils élèvent leurs demeures jusqu'aux cieux. Ici les amas de pierre chassent les eaux, là naît la mer au milieu des champs. En changeant l'état normal des choses, ils se révoltent contre la nature. »</em></span></strong></p><p><strong><span style="font-size: 12pt; font-family: arial, helvetica, sans-serif; color: #999999;">Plus loin j’ajoute :</span></strong></p><p><strong><span style="font-size: 12pt; font-family: arial, helvetica, sans-serif; color: #999999;">Sur le tourisme de masse et les croisières, Sénèque remarque :</span></strong></p><p><strong><span style="font-size: 12pt; font-family: arial, helvetica, sans-serif; color: #999999;"><em>« On entreprend des voyages sans but; on parcourt les rivages; un jour sur mer, le lendemain, partout on manifeste la même instabilité, le même dégoût du présent. »</em></span></strong></p><p><strong><span style="font-size: 12pt; font-family: arial, helvetica, sans-serif; color: #999999;">Extraordinaire, cette allusion au délire immobilier (déjà vu chez Suétone ou Pétrone) qui a détruit le monde et son épargne :</span></strong></p><p><strong><span style="font-size: 12pt; font-family: arial, helvetica, sans-serif; color: #999999;"><em>« Nous entreprendrons alors de construire des maisons, d'en démolir d'autres, de reculer les rives de la mer, d'amener l'eau malgré les difficultés du terrain… »</em></span></strong></p><p style="text-align: center;"><img id="media-5632233" style="margin: 0.7em 0;" title="" src="http://euro-synergies.hautetfort.com/media/00/01/4125995389.jpg" alt="mumford.jpg" /></p><p><strong><span style="font-size: 12pt; font-family: arial, helvetica, sans-serif; color: #999999;">Je laisse Mumford conclure.</span></strong></p><p><strong><span style="font-size: 12pt; font-family: arial, helvetica, sans-serif; color: #999999;">« Le grand historien Mumford, parlant de ces grands rois de l’antiquité, parle d’une « paranoïa constructrice, émanant d’un pouvoir qui veut se montrer à la fois démon et dieu, destructeur et bâtisseur ».</span></strong></p><h3 class="subtitleset_c.deepgreen"><span style="color: #ff6600;"><strong><span style="font-size: 12pt; font-family: arial, helvetica, sans-serif;"><em>Bibliographie</em></span></strong></span></h3><p><strong><span style="font-size: 12pt; font-family: arial, helvetica, sans-serif; color: #999999;">Bonnal – Les territoires protocolaires ; le livre noir de la décadence romaine ; les maîtres carrés</span></strong></p><p><strong><span style="font-size: 12pt; font-family: arial, helvetica, sans-serif; color: #999999;">Debord – La société du spectacle</span></strong></p><p><strong><span style="font-size: 12pt; font-family: arial, helvetica, sans-serif; color: #999999;">Kunstler – The long emergency</span></strong></p><p><strong><span style="font-size: 12pt; font-family: arial, helvetica, sans-serif; color: #999999;">Mumford – La cité dans l’histoire (à découvrir absolument)</span></strong></p>
Café philosophique de Montargis
http://cafephilosophique-montargis.hautetfort.com/about.html
Compte-rendu du café philo ”L'ennui : vice ou vertu?”
tag:cafephilosophique-montargis.hautetfort.com,2016-06-16:5816004
2016-06-16T21:48:00+02:00
2016-06-16T21:48:00+02:00
Thème du débat : "L'ennui : Vice ou vertu ?" Date :...
<p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;"><strong><span style="font-size: small;">Thème du débat : </span><span style="color: #ffff00; font-size: small;">"L'ennui : Vice ou vertu ?" </span></strong></span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;"><strong>Date : <span style="color: #ffff00;">27 mai 2016 à la Brasserie du centre commercial de la Chaussée</span></strong></span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">Le 27 mai 2016, le café philosophique de Montargis se réunissait pour une séance portant sur cette question : "Ennui : vice ou vertu ?"</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">Un premier participant considère que l’ennui serait plutôt un vice, facteur de mal être et pourvoyeur de maladies psychosomatiques. Certes, on peut échapper à l’ennui grâce au travail à haute dose. L’idéal serait plutôt d’échapper à l’ennui mortifère par des activités moins aliénantes en se tournant vers la culture, la réflexion et la curiosité, qui n’est pas la qualité la mieux partagée au monde.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">Pour un autre intervenant, l’ennui – à ne pas confondre avec l’oisiveté – pourrait au contraire être considéré comme une <em>"vertu",</em> à tel point que les pédopsychiatres encouragent les parents à ne pas assommer leurs enfants d’activités mais à les laisser s’ennuyer (<em><a href="https://www.cairn.info/revue-enfances-et-psy-2001-3-page-50.htm" target="_blank" rel="noopener">cf. lien</a></em>). Cet ennui permettrait de revenir vers soi, de réfléchir. L’oisiveté, elle, serait une non-activité désirée.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">L’ennui, d’après une autre personne du public serait "<em>de n’avoir aucune perspective</em>". Elle considère que le temps libre, et son corollaire l’ennui, pourrait être considéré comme un luxe dans une vie dédiée au travail et lorsque ce temps libre surviendrait, l’ennui peut subvenir parce que l’on ne s’est pas préparé à dédier ce temps sans contrainte à telle ou telle activité. "<em>Ne jamais voir passer le temps est-il si avantageux que cela ?</em>" se demande un autre participant.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">Un autre intervenant considère que l’ennui a à voir avec un état psychologique et une volonté, en dehors de tout aspect social. La curiosité serait un frein à ce mal, à ce temps libre qui peut être mortifère.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">Le terme de oisiveté est prononcé au cours du débat. L’oisiveté, dit Bruno, a été considéré pendant des siècles par un péché, d’où le titre de ce débat et les notions de vice et de vertu. C’est en tout cas, une posture condamnée par la société, y compris dans les couches sociales a priori les plus ouvertes. Or, <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/S%C3%B8ren_Kierkegaard" target="_blank" rel="noopener">Søren Kierkegaard</a> considère que l’oisiveté n’est pas un mal parce que cela permet de se rapprocher de soi-même, d’être en dehors du monde. L’ennui, comme le rappelle un participant, est bien différent de l’oisiveté car il s’apparente à une maladie de l’âme au contraire de l’oisiveté qui est voulue. <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/S%C3%B8ren_Kierkegaard" target="_blank" rel="noopener">Kierkegaard</a> affirmait d’ailleurs ceci : "<em>L'oisiveté, en tant qu’oisiveté, est la mère de tous les maux, au contraire, c’est une vie vraiment divine lorqu’elle ne s’accompagne pas d’ennui.</em>"</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">La notion d’ennui aurait une connotation négative. Si je m’ennuie, a priori je ne me destine pas à aller dans la contemplation ou la méditation. L’ennui est, de la même manière, la conséquence d’une absence de désir. Par ailleurs, l’ennui peut aussi être considéré comme un privilège de privilégié, souvent identifié aux classes sociales dans les œuvres de Proust ou chez les romanciers classiques russes. Le travail ouvrier ne serait pas un univers propice à l’ennui.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">Est-il certain que le travail serait un remède à l’ennui comme il a été dit ? Il semblerait que dans nos sociétés modernes, 30 % des personnes qui travaillent s’ennuient. L’activité professionnelle, parce qu’elle est déqualifiée par rapport aux aptitudes, devient aliénante et, au final, source d’ennui. Un participant souligne que l’ennui peut également être organisé par la société, pour punir, par exemple dans les prisons ou dans l’armée. </span><br /><br /><span style="font-size: 10pt;">Claude revient sur l’étymologie de l’ennui, qui permet de revenir sur la connotation morale de l’ennui. Le mot ennui vient du latin "<em>odio</em>" et de son ablatif <em>"odium"</em> ("haine"), à savoir " <em>in odio esse</em>", qui veut dire "<em>être un objet de haine</em>". Dans l’ennui, il y a cette notion de "<em>dégoût de la vie</em>", le <em>taedium</em> de <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/S%C3%A9n%C3%A8que" target="_blank" rel="noopener">Sénèque</a>. Il est aussi question du mal de vivre propre au XIXe siècle avec <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Fran%C3%A7ois-Ren%C3%A9_de_Chateaubriand" target="_blank" rel="noopener">Chateaubriand </a>ou <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Alfred_de_Musset" target="_blank" rel="noopener">Musset </a>(<em>Confessions d’un Enfant du Siècle</em>). Le mot "ennui" s’est ensuite affaibli pour exprimer une certaine lassitude, un manque de goût qu’on prend aux choses. Et cela s’est encore affadi avec les expressions du genre "<em>avoir des ennuis</em>" ou bien "<em>l’ennui c’est que...</em>" Finalement, l’intitulé moral du sujet, la référence au vice et à la vertu, est assez approprié, tant l’ennui évoque le dégoût que les philosophes stoïciens puis chrétiens réprouvaient : "<em>De là cet ennui, ce mécontentement de soi, ce va-et-vient d’une âme qui ne se fixe nulle part, cette résignation triste et maussade à l’inaction… cette oisiveté mécontente</em>" disait <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/S%C3%A9n%C3%A8que" target="_blank" rel="noopener">Sénèque</a>. Claude souligne aussi que l’ennui pourrait être considéré, comme l’affirmait une participante, comme "un luxe de riches", que ne peuvent s’offrir les gens pauvres. Par ailleurs, l’ennui serait une incapacité, dans laquelle on se complaît, à s’occuper, éloignée de l’"<em>odium</em>", cette oisiveté disponible aux autres et à soi-même, "une oisiveté que l’on arrive à remplir".</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">Bruno parle de l’ennui au XIXe siècle comme le mal du siècle, un mal qui fait immédiatement référence à <em>Madame Bovary</em> de <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Gustave_Flaubert" target="_blank" rel="noopener">Flaubert </a>ou au spleen de <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Charles_Baudelaire" target="_blank" rel="noopener">Charles Baudelaire</a>. L’ennui, pendant cette période, est une conséquence de l’effervescence sociale et politique de la Révolution française puis de l’Empire napoléonien. La guerre semblerait être pour certains un fabuleux pourvoyeur d’activités empêchant l’ennui ! Gilles évoque à ce sujet <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Andr%C3%A9_Malraux" target="_blank" rel="noopener">André Malraux</a> : dans les paramètres qui ont poussé l’intellectuel à s’engager dans la Guerre d’Espagne, n’y avait-il pas, pas pour cet enfant issu d’une bonne famille, l’envie de se sortir de l’ennui ? Claude revient sur le XIXe siècle et sur le phénomène socio-historique de l’ennui. Après les guerres napoléoniennes est venu le temps d’un certain vide pour les jeunes populations symbolisés par ces anciens soldats, ces demi-soldes sans travail et sans statut, tel le héros de <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Honor%C3%A9_de_Balzac" target="_blank" rel="noopener">Balzac</a>, le colonel Chabert. Une génération de jeunes gens ayant baigné dans le mythe de Napoléon se retrouvent sous la Restauration puis la Monarchie de Juillet sevrés de leurs idées libérales : "<em>Trois éléments partageaient donc la vie qui s’offrait alors aux jeunes gens. Derrière eux, un passé à jamais détruit, s’agitant encore sous ses ruines avec tous les fossiles des siècles de l’absolutisme. Devant eux, l’aurore d’un immense horizon, les premières clartés de l’avenir. Et entre ces deux mondes, quelque chose de semblable à l’océan qui sépare le vieux continent de la jeune Amérique, je ne sais quoi de vague et de flottant. Le siècle présent, en un mot, qui sépare le passé de l’avenir, qui n’est ni l’un ni l’autre et qui ressemble à tous deux à la fois et l’on ne sait tout. Voilà dans quel chaos il fallut choisir à la fois. Voilà ce qui se présentait à des enfants plein de forces et d’audaces, fils de l’Empire et petits-fils de la Révolution. Il leur restait donc le présent, l’esprit du siècle, ange du crépuscule qui n’est ni la nuit ni le jour. Un sentiment de malaise inexprimable commença donc à fermenter dans tous les jeunes cœurs, condamnés au repos par les souverains du monde, livrés aux cuistres de tout espèce, à l’oisiveté et à l’ennui. Les jeunes gens voyaient se retirer d’eux les vagues écumantes contre lesquelles ils avaient préparé leurs bras. Tous ces gladiateurs frottés d’huiles se sentaient au fond de l’âme une misère insupportable</em>" (<em>Confessions d’un Enfant du Siècle,</em> 1836). </span><br /><br /><span style="font-size: 10pt;">Une participante revient sur l’étymologie latine et l’aspect péjoratif de l’ennui. Une obligation morale de l’Église a imposé pendant des siècles que l’ennui soit absolument combattu. Même aujourd’hui, le statut social se fait essentiellement grâce au travail. L’ennui viendrait d’une absence de sens lorsque l’on ne se situe plus par rapport au travail. Il viendrait également de la recherche d’un plaisir immédiat et durable dans l’activité à laquelle on se livre. C’est l’exemple de l’école et de l’ennui croissant des élèves. Il est dit à ce sujet que cet ennui a à voir avec une forme de paresse et de refus de l’effort. Le fait de laisser son esprit aller d’une pensée à une autre – zapper – encourage la "<em>paresse</em>". On peut préférer des activités ludiques, au détriment du savoir, de l’apprentissage et de l’effort. L’ennui, pour rester dans l’exemple scolaire, peut être une difficulté à se projeter et à comprendre que ce qui ne les intéresse pas peut être formateur.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">Pour Claire, la question posée pourrait être celle-ci : est-ce que la disposition à s’ennuyer ou à jouir de l’existence entraîne un vice ou une vertu ? De nature, est-ce que des êtres sont plus disposés à être curieux? Et d’autres personnes sont-ils condamnés à subir un ennui existentiel, un mal profond ? Est-ce que l’ennui peut être un vice ou un vertu s’il n’est pas volontaire ? De l’oisiveté, il est dit qu’en découlerait l’inactivité et le vice, mais l’oisiveté ne découle pas de l’ennui mais de la disposition à s’ennuyer. Est-ce que l’on est responsable de l’ennui que l’on ressent ?</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">L’ennui peut peser, en effet, déclare une personne du public, alors que l’inactivité peut être positive dans le sens où elle peut permettre de méditer et de se tourner sur soi. L’ennui viendrait d’ailleurs, et nous serait imposé par autrui. La conscience de l’ennui, qu’il soit vice ou vertu, serait un premier pas pour s’en extraire, par la curiosité et les passions, qu’elles soient intellectuelles ou non. L’ennui serait une maladie de l’âme, parfois difficilement curable comme le montre l’exemple des maladies psychosomatiques chez des personnes se trouvant du jour au lendemain sans activité.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">À ce sujet, l’ennui semblerait être un état transitoire. Contrairement à l’oisiveté qui est plus ou moins voulue et aspire à se prolonger, l’ennui est quelque part provisoire : c’est par exemple l’enfant qui s’ennuie chez lui et qui attendent de ses parents qu’ils lui trouvent des jeux ou une activité. Cet état flou, transitoire, peut expliquer pourquoi l’ennui est si difficilement définissable. Cet "objet de haine" nous reste insaisissable d’autant plus qu’il n’est pas appelé à perdurer : l’élève qui s’ennuie en classe demande que le professeur lui donne une activité qui ne l’ennuie pas. Dans <em>l’Enfer</em> de <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Dante" target="_blank" rel="noopener">Dante</a>, il est question des indolents, ces être qui, après leur mort, ne sont pas condamnés à l’enfer, ni au paradis, mais ils doivent errer dans un vestibule – dans un monde entre-deux. Sans doute est-ce cela l’ennui : un no man’s land, une zone floue.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">Pour un autre intervenant, lorsque l’on est dans l’ennui, on tombe dans un abîme, dans lequel on tombe sur soi-même. L’ennui nous contraint à regarder à l’intérieur de nous, dans une introspection parfois difficile. On est dans une souffrance "<em>psychiatrique</em>", un vice dont on essaie de se sortir par une sorte" <em>d’automédication</em>. La vertu, qui est ce courage de s’en sortir, permet par contre de faire face au monde.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">Pour un participant, la question de la corrélation entre l’oisiveté (qui est désiré) et l’argent ne va pas de soi. Une intervenante répond que cette corrélation est réelle dans la littérature, l’ennui étant vu comme un privilège réservé aux gens aisés. Le concept d’ennui est bien lié, selon elle, à l’oisiveté. L’ennui, en tant qu’absence de désir, peut être assimilé à un néant intellectuel avec une intensité qui a été développée notamment par<a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Tristan_Garcia" target="_blank" rel="noopener"> Tristan Garcia</a>.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">L’ennui, considère Claude, est un manque d’être et la propension à l’ennui est plus importante chez les personnes aisées. Chez les stoïciens comme chez <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Blaise_Pascal" target="_blank" rel="noopener">Pascal</a>, l’ennui est le luxe des riches que l’on pourrait croire heureux. Alain critique cette complaisance par exemple lorsqu’il parle de cette "<em>passion triste</em>" : c’est pour lui "<em>la peur des commencements</em>", l’appréhension sur quoi cette nouvelle activité va déboucher et le manque d’aventurisme et d’audace. <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Schopenhauer" target="_blank" rel="noopener">Schopenhauer</a>, dit Claire, était très pessimiste et, selon lui, la souffrance était inhérente à l’humanité. Mais il y avait deux degrés de souffrances : la souffrance liée au désir d’obtenir quelque chose ; la deuxième, la pire, était celui d’assouvir ses désirs et ne plus rien vouloir. En cela, l’ennui peut être lié à l’argent.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">Comment combattre l’ennui ? La solution passerait par résoudre le problème de la solitude et de l’enfermement sur soi. Les activités numériques et les réseaux sociaux peuvent être considérés comme un enfermement sur soi-même, une conscience de soi cruelle et un révélateur de notre condition. Or, l’enfermement sur soi est valorisé par des philosophes, les stoïciens par exemple, au point que certains considèrent que l’ennui est à rechercher. <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Nietzsche" target="_blank" rel="noopener">Nietzsche </a>est également cité : <em>"Celui qui ne dispose pas des deux tiers de sa journée pour lui-même est un esclave, qu’il soit d’ailleurs ce qu’il veut : politique, marchand, fonctionnaire, érudit</em>". </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;"><a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Blaise_Pascal" target="_blank" rel="noopener">Blaise Pascal</a>, lui, parle non de l’ennui mais au contraire du divertissement. Pour lui, le divertissement est ce qui nous "<em>détourne</em>" (<em>divertere</em>) de la voie de la contemplation, d’une réflexion sur nous-même, de notre condition d’homme et aussi de la mort. Auteur pessimiste et chrétien, <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Blaise_Pascal" target="_blank" rel="noopener">Pascal</a> considère que l’ennui est cette capacité à se recueillir sur soi-même non dans un repli frileux mais dans une sorte de conscience de soi. Renversant la perspective traditionnelle, il dénonce le divertissement comme moyen de lutte contre un ennui considéré comme vice : "<em>Quand je m’y suis mis quelquefois à considérer les diverses agitations des hommes et les périls et les peines où ils s’exposent dans la Cour, dans la guerre, d’où naissent tant de querelles, de passions, d’entreprises hardies et souvent mauvaises, j’ai dit souvent que tout le malheur des hommes vient d’une seule chose, qui est de ne savoir pas demeurer en repos dans une chambre. Un homme qui a assez de biens pour vivre, s’il savait demeurer chez soi avec plaisir n’en sortirait pas pour aller sur la mer ou au siège d’une place. Mais quand j’y pense de plus près, j’ai trouvé qu’il y a une cause bien effective qui consiste dans le malheur naturel de nitre condition faible et mortelle, si misérable que rien en peut nous consoler lorsque nous y pensons de près.</em>" Pour <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Blaise_Pascal" target="_blank" rel="noopener">Pascal</a>, le divertissement serait cette activité frénétique où l’on se perd complètement, dans le jeu, la guerre, la chasse. Et finalement, on aime mieux "<em>la chasse que la prise</em>" : notre intérêt c’est la quête et non le résultat, si bien que lorsque l’on a eu ce que l’on désirait on est dans l’insatisfaction. "<em>Ainsi s’écoule toute la vie. On cherche le repos en combattant quelques obstacles. Si on les a surmontés, le repos devient insurmontable car ou l’on pense aux misères qu’on a ou à celles qui nous menacent. Et quand on se verrait même assez à l’abri de toute part, l’ennui de son autorité privée ne laisserait pas de sortir au fond du cœur ou il a des racines naturelles, et de remplir l’esprit de son venin. Ainsi, l’homme est si malheureux qu’il s’ennuierait même sans aucune cause d’ennui, par l’état propre de sa complexion. Et il est si vain qu’étant plein de mille causes essentielles d’ennui, la moindre chose, comme un billard et une balle qu’il pousse, suffisent pour le divertir, D’où vient que cet homme qui a perdu depuis peu de mois son fils unique et qui, accablé de procès et de querelles, était ce matin si troublé, n’y pense plus maintenant. Ne vous en étonnez pas : il est tout occupé à voir par où passe
Frédéric Tison
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Sénèque selon Rubens
tag:leslettresblanches.hautetfort.com,2015-12-06:5725974
2015-12-06T06:09:00+01:00
2015-12-06T06:09:00+01:00
Pierre Paul Rubens, Portrait...
<p> </p><p> </p><p> </p><p> </p><p style="text-align: center;"><img id="media-5232090" style="margin: 0.7em 0;" title="" src="http://leslettresblanches.hautetfort.com/media/02/01/1049723677.jpg" alt="SAM_1303 b.jpg" /></p><p> </p><p style="text-align: center;"><span style="font-family: book antiqua,palatino,serif; font-size: 10pt;"><em>Pierre Paul Rubens, </em>Portrait de Sénèque<em> (1614-1615),<br /> au Stattliche Kunsthalle Karlsruhe,<br />musée d'état des beaux-arts de Karlsruhe,<br />dans le Bade-Wurtemberg, </em></span><span style="font-family: book antiqua,palatino,serif; font-size: 10pt;"><em><br /></em></span><span style="font-family: book antiqua,palatino,serif; font-size: 10pt;"><em>photographie : juillet 2015.</em></span></p><p style="text-align: center;"> </p><p> </p><p> </p>
Ratatosk
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Stoic indifference is a personal power
tag:euro-synergies.hautetfort.com,2015-11-08:5711522
2015-11-08T00:05:00+01:00
2015-11-08T00:05:00+01:00
Stoic indifference is a personal power Ashley Bailey...
<div id="printfriendly" class="pf-12"><div id="pf-print-area"><p style="text-align: center;"><img id="media-5204698" style="margin: 0.7em 0px;" title="" src="http://euro-synergies.hautetfort.com/media/01/00/3642551923.jpeg" alt="seneca1.jpeg" /></p><h1 id="pf-title" style="direction: ltr;"><span style="font-size: 36pt; font-family: arial black,sans-serif; color: #ff6600;"><strong>Stoic indifference is a personal power</strong></span></h1><span style="font-size: 14pt; font-family: arial black,sans-serif;"><strong><span style="color: #999999;"><span id="pf_author">Ashley Bailey</span><span id="pf-date"></span></span></strong></span><br /><div id="pf-content" style="direction: ltr;"><div class="pf-content"><div class="article-image to-right"><p><span style="font-size: 14pt; font-family: arial black,sans-serif;"><strong><span class="tiny" style="color: #999999;"><span class="text-node">© Raymond Depardon/Magnum</span></span></strong></span></p><p><span style="font-size: 14pt; font-family: arial black,sans-serif;"><strong><span style="color: #999999;"><span class="tiny"><span class="text-node">Ex: http://www.therussophile.org </span></span> </span></strong></span></p></div><p><span style="font-size: 14pt; color: #99cc00;"><strong><span style="font-family: arial,helvetica,sans-serif;"><em><span class="text-node">A</span></em><em><span class="text-node">s legions of warriors and prisoners can attest, Stoicism is not grim resolve but a way to wrest happiness from adversity</span></em></span></strong></span></p><p><strong><span style="font-size: 12pt; font-family: arial,helvetica,sans-serif; color: #999999;">We do this to our philosophies. We redraft their contours based on projected shadows, or give them a cartoonish shape like a caricaturist emphasising all the wrong features. This is how Buddhism becomes, in the popular imagination, a doctrine of passivity and even laziness, while Existentialism becomes synonymous with apathy and futile despair. Something similar has happened to Stoicism, which is considered – when considered at all – a philosophy of grim endurance, of carrying on rather than getting over, of tolerating rather than transcending life’s agonies and adversities.</span></strong></p><p><strong><span style="font-size: 12pt; font-family: arial,helvetica,sans-serif; color: #999999;">No wonder it’s not more popular. No wonder the Stoic sage, in Western culture, has never obtained the popularity of the Zen master. Even though Stoicism is far more accessible, not only does it lack the exotic mystique of Eastern practice; it’s also regarded as a philosophy of merely breaking even while remaining determinedly impassive. <span class="text-node">What this attitude ignores is the promise proffered by Stoicism of lasting transcendence and imperturbable tranquility.</span></span></strong></p><p><strong><span style="font-size: 12pt; font-family: arial,helvetica,sans-serif; color: #999999;"><span class="text-node">It ignores gratitude, too. This is part of the tranquility, because it’s what makes the tranquility possible. Stoicism is, as much as anything, a philosophy of gratitude – and a gratitude, moreover, rugged enough to endure anything.</span> Philosophers who pine for supreme psychological liberation have often failed to realise that they belong to a confederacy that includes the Stoics. ‘According to nature you want to live?’ Friedrich Nietzsche taunts the Stoics in <em><span class="text-node">Beyond Good and Evil</span></em> (1886):</span></strong></p><blockquote><p><strong><span style="font-size: 12pt; font-family: arial,helvetica,sans-serif; color: #999999;">O you noble Stoics, what deceptive words these are! Imagine a being like nature, wasteful beyond measure, indifferent beyond measure, without purposes and consideration, without mercy and justice, fertile and desolate and uncertain at the same time; imagine indifference itself as a power – how could you live according to this indifference? Living – is that not precisely wanting to be other than this nature? Is not living – estimating, preferring, being unjust, being limited, wanting to be different? And supposing your imperative ‘live according to nature’ meant at bottom as much as ‘live according to life’ – how could you not do that? Why make a principle of what you yourself are and must be?</span></strong></p></blockquote><p><strong><span style="font-size: 12pt; font-family: arial,helvetica,sans-serif; color: #999999;"><img id="media-5204699" style="float: right; margin: 0.2em 0px 1.4em 0.7em;" title="" src="http://euro-synergies.hautetfort.com/media/02/00/831147503.jpg" alt="senecaFUJR6XH4W_1.jpg" />This is pretty good, as denunciations of Stoicism go, seductive in its articulateness and energy, and therefore effective, however uninformed.</span></strong></p><p><strong><span style="font-size: 12pt; font-family: arial,helvetica,sans-serif; color: #999999;">Which is why it’s so disheartening to see Nietzsche fly off the rails of sanity in the next two paragraphs, accusing the Stoics of trying to ‘impose’ their ‘morality… on nature’, of being ‘no longer able to see [nature] differently’ because of an ‘arrogant’ determination to ‘tyrannise’ nature as the Stoic has tyrannised himself. Then (in some of the least subtle psychological projection you’re ever likely to see, given what we know of Nietzsche’s mad drive for psychological supremacy), he accuses all of philosophy as being a ‘tyrannical drive’, ‘the most spiritual will to power’, to the ‘creation of the world’.</span></strong></p><p><strong><span style="font-size: 12pt; font-family: arial,helvetica,sans-serif; color: #999999;">The truth is, indifference really is a power, selectively applied, and living in such a way is not only eminently possible, with a conscious adoption of certain attitudes, but facilitates a freer, more expansive, more adventurous mode of living. Joy and grief are still there, along with all the other emotions, but they are tempered – and, in their temperance, they are less tyrannical.</span></strong></p><p><strong><span style="font-size: 12pt; font-family: arial,helvetica,sans-serif; color: #999999;">If we can’t always go to our philosophers for an understanding of Stoicism, then where can we go? One place to start is the Urban Dictionary. Check out what this crowd-sourced online reference to slang gives as the definition of a ‘stoic’:</span></strong></p><blockquote><p><strong><span style="font-size: 12pt; font-family: arial,helvetica,sans-serif; color: #999999;"><span class="text-node">stoic</span></span></strong><br /><strong><span style="font-size: 12pt; font-family: arial,helvetica,sans-serif; color: #999999;">Someone who does not give a shit about the stupid things in this world that most people care so much about. Stoics do have emotions, but only for the things in this world that really matter. They are the most real people alive.</span></strong><br /><strong><span style="font-size: 12pt; font-family: arial,helvetica,sans-serif; color: #999999;"><em><span class="text-node">Group of kids are sitting on a porch. Stoic walks by.</span></em></span></strong><br /><strong><span style="font-size: 12pt; font-family: arial,helvetica,sans-serif; color: #999999;"><em><span class="text-node">Kid – ‘Hey man, yur a f**kin f****t an you s**k c**k!’</span></em></span></strong><br /><strong><span style="font-size: 12pt; font-family: arial,helvetica,sans-serif; color: #999999;"><em><span class="text-node">Stoic – ‘Good for you.’</span></em></span></strong><br /><strong><span style="font-size: 12pt; font-family: arial,helvetica,sans-serif; color: #999999;"><em><span class="text-node">Keeps going.</span></em></span></strong></p></blockquote><p><strong><span style="font-size: 12pt; font-family: arial,helvetica,sans-serif; color: #999999;">You’ve gotta love the way the author manages to make mention of a porch in there, because Stoicism has its root in the word stoa, which is the Greek name for what today we would call a porch. Actually, we’re more likely to call it a portico, but the ancient Stoics used it as a kind of porch, where they would hang out and talk about enlightenment and stuff. The Greek scholar Zeno is the founder, and the Roman emperor Marcus Aurelius the most famous practitioner, while the Roman statesman Seneca is probably the most eloquent and entertaining. But the real hero of Stoicism, most Stoics agree, is the Greek philosopher Epictetus.</span></strong></p><p><strong><span style="font-size: 12pt; font-family: arial,helvetica,sans-serif; color: #999999;">He’d been a slave, which gives his words a credibility that the other Stoics, for all the hardships they endured, can’t quite match. He spoke to his pupils, who later wrote down his words. These are the only words we know today as Epictetus’, consisting of two short works, the <em><span class="text-node">Enchiridion</span></em> and the <em><span class="text-node">Discourses</span></em>, along with some fragments. Among those whom Epictetus taught directly is Marcus Aurelius (another Stoic philosopher who did not necessarily expect to be read; his Meditations were written expressly for private benefit, as a kind of self-instruction).</span></strong></p><p><strong><span style="font-size: 12pt; font-family: arial,helvetica,sans-serif; color: #999999;">Among those Epictetus has taught indirectly is a whole cast of the distinguished, in all fields of endeavour. One of these is the late US Navy Admiral James Stockdale. A prisoner of war in Vietnam for seven years during that conflict, he endured broken bones, starvation, solitary confinement, and all other manner of torture. His psychological companion through it all were the teachings of Epictetus, with which he had familiarised himself after graduating from college and joining the Navy, studying philosophy at Stanford University on the side. He kept those teachings close by in Vietnam, never letting them leave his mind even when things were at their most dire. Especially then. He knew what they were about, those lessons, and he came to know their application much better than anyone should have to.</span></strong></p><p><strong><span style="font-size: 12pt; font-family: arial,helvetica,sans-serif; color: #999999;">Stockdale wrote a lot about Epictetus, in speeches and memoirs and essays, but if you want to travel light (and, really, what Stoic doesn’t?), the best thing you could take with you is a speech he gave at King’s College London in 1993, published as <em><span class="text-node">Courage Under Fire: Testing Epictetus’s Doctrines in a Laboratory of Human Behavior</span></em> (1993). That subtitle is important. Epictetus once compared the philosopher’s lecture room to a hospital, from which the student should walk out in a little bit of pain. ‘If Epictetus’s lecture room was a hospital,’ Stockdale writes, ‘my prison was a laboratory – a laboratory of human behaviour. I chose to test his postulates against the demanding real-life challenges of my laboratory. And as you can tell, I think he passed with flying colours.</span></strong></p><p><strong><span style="font-size: 12pt; font-family: arial,helvetica,sans-serif; color: #999999;">Stockdale rejected the false optimism proffered by Christianity, because he knew, from direct observation, that false hope is how you went insane in that prison. The Stoics themselves believed in gods, but ultimately those resistant to religious belief can take their Stoicism the way they take their Buddhism, even if they can’t buy into such concepts as karma or reincarnation<span class="text-node">. What the whole thing comes down to, distilled to its briefest essence, is making the choice that choice is really all we have, and that all else is not worth considering.</span> ‘<span class="text-node">Who […] is the invincible human being?’ Epictetus once asked, before answering the question himself: </span><span class="BoldRed"><span class="text-node">‘One who can be disconcerted by nothing that lies outside the sphere of choice.’</span></span></span></strong></p><p><strong><span style="font-size: 12pt; font-family: arial,helvetica,sans-serif; color: #999999;">Any misfortune ‘that lies outside the sphere of choice’ should be considered an opportunity to strengthen our resolve, not an excuse to weaken it. <span class="text-node">This is one of the truly great mind-hacks ever devised, this willingness to convert adversity to opportunity,</span> and it’s part of what Seneca was extolling when he wrote what he would say to one whose spirit has never been tempered or tested by hardship: ‘You are unfortunate in my judgment, for you have never been unfortunate. You have passed through life with no antagonist to face you; no one will know what you were capable of, not even you yourself.’ We do ourselves an immense favour when we consider adversity an opportunity to make this discovery – and, in the discovery, to enhance what we find there.</span></strong></p><p><strong><span style="font-size: 12pt; font-family: arial,helvetica,sans-serif; color: #999999;">How did we let something so eminently understandable become so grotesquely misunderstood? How did we forget that that dark passage is really the portal to transcendence?</span></strong></p><p><strong><span style="font-size: 12pt; font-family: arial,helvetica,sans-serif; color: #999999;"><span class="text-node">Many will recognise in these principles the general shape and texture of cognitive-behavioral therapy (CBT).</span> Indeed, Stoicism has been identified as a kind of proto-CBT. Albert Ellis, the US psychologist who founded an early form of CBT known as Rational Emotive Behaviour Therapy (REBT) in 1955, had read the Stoics in his youth and used to prescribe to his patients Epictetus’s maxim that <span class="text-node">‘People are disturbed not by things but by their view of things.’ ‘That’s actually the “cognitive model of emotion” in a nutshell,’</span> Donald Robertson tells me, and he should certainly know, as a therapist who in 2010 wrote a book on CBT with the subtitle ‘Stoic Philosophy as Rational and Cognitive Psychotherapy’.</span></strong></p><p><strong><span style="font-size: 12pt; font-family: arial,helvetica,sans-serif; color: #999999;">This simplicity and accessibility ensure that Stoicism will never be properly embraced by those who prefer the abstracted and esoteric in their philosophies. In the novel <em><span class="text-node">A Man in Full</span></em> (1998), Tom Wolfe gives Stoicism, with perfect plausibility, to a semi-literate prison inmate. This monologue of Conrad Hensley’s may be stilted, but there’s nothing at all suspect about the sentiment behind it. When asked if he is a Stoic, Conrad replies: ‘I’m just reading about it, but I wish there was somebody around today, somebody you could go to, the way students went to Epictetus. Today people think of Stoics – like, you know, like they’re people who grit their teeth and tolerate pain and suffering. What they are is, they’re serene and confident in the face of anything you can throw at them.’</span></strong></p><p><strong><span style="font-size: 12pt; font-family: arial,helvetica,sans-serif; color: #999999;">Which leads us naturally to ask just what it was that was thrown at them. We’ve already noted that Epictetus had the whole slavery thing going on, so he checks out. So does Seneca, in spite of what many have asserted – most recently the UK classicist Mary Beard in an essay for the <em><span class="text-node">New York Review of Books</span></em> that asks: ‘How Stoical Was Seneca?’ before providing a none-too-approving answer. What Beard’s well-informed and otherwise cogent essay fails to allow for is just how tough it must have been for Seneca – tubercular, exiled, and under the control of a sadistically murderous dictator – no matter what access he sometimes had to life’s luxuries. It was Seneca himself who said that ‘no one has condemned wisdom to poverty’, and only an Ancient Greek Cynic would try to deny this. Besides, Seneca would have been the first to tell you, as he told a correspondent in one of his letters: ‘I am not so shameless as to undertake to cure my fellow-men when I am ill myself. I am, however, discussing with you troubles which concern us both, and sharing the remedy with you, just as if we were lying ill in the same hospital.’</span></strong></p><p style="text-align: center;"><strong><span style="font-size: 12pt; font-family: arial,helvetica,sans-serif; color: #999999;"><img id="media-5204701" style="margin: 0.7em 0px;" title="" src="http://euro-synergies.hautetfort.com/media/02/02/210563616.jpg" alt="Marc-Aurèle-700x400.jpg" /></span></strong></p><p><strong><span style="font-size: 12pt; font-family: arial,helvetica,sans-serif; color: #999999;">Marcus Aurelius lay ill in that hospital, too. As beneficiary of the privileges of emperor, he also endured the struggles and stresses of that very same position, plus a few more besides. I know better than to try to improve on the following accounting, provided in Irvine’s <em><span class="text-node">A Guide to the Good Life</span></em>:</span></strong><br /><strong><span style="font-size: 12pt; font-family: arial,helvetica,sans-serif; color: #999999;">He was sick, possibly with an ulcer. His family life was a source of distress: his wife appears to have been unfaithful to him, and of the at least 14 children she bore him, only six survived. Added to this were the stresses that came with ruling an empire. During his reign, there were numerous frontier uprisings, and Marcus often went personally to oversee campaigns against upstart tribes. His own officials – most notably, Avidius Cassius, the governor of Syria – rebelled against him. His subordinates were insolent to him, which insolence he bore with ‘an unruffled temper’. Citizens told jokes at his expense and were not punished for doing so. During his reign, the empire also experienced plague, famine, and natural disasters such as the earthquake at Smyrna.</span></strong></p><p><strong><span style="font-size: 12pt; font-family: arial,helvetica,sans-serif; color: #999999;">Ever the strategist, Marcus employed a trusty technique in confronting the days that comprised such a life, making a point to tell himself at the start of each one of them: ‘I shall meet with meddling, ungrateful, violent, treacherous, envious, and unsociable people.’ He could have been different about it – he could have pretended things were just hunky-dory, especially on those days when they really were, or seemed to be. But how, then, would he have been prepared to angle both into the wind and away from it – adapting, always, to fate’s violently vexing vicissitudes? Where would that have left him when the weather changed?</span></strong></p><p><span style="color: #ffcc99;"><strong><span style="font-size: 12pt; font-family: arial,helvetica,sans-serif;"><em><span class="text-node">Lary Wallace</span></em> <em><span class="text-node">is features editor of</span></em> Bangkok Post: The Magazine<em><span class="text-node">. He has written for the</span></em> Los Angeles Review of Books, The Paris Review Daily, The Library of America Reader’s Almanac<em><span class="text-node">, and others.</span></em></span></strong></span></p></div></div></div></div>
Ratatosk
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Pourquoi il faut se remettre à Sénèque (et aussi au latin !)
tag:euro-synergies.hautetfort.com,2015-05-06:5614402
2015-05-06T00:05:00+02:00
2015-05-06T00:05:00+02:00
Pourquoi il faut se remettre à Sénèque (et aussi au latin !)...
<div id="xma30004000" class="xhstitre" style="text-align: left;"><p style="text-align: center;"><img id="media-5025898" style="margin: 0.7em 0;" title="" src="http://euro-synergies.hautetfort.com/media/01/02/3736883134.jpg" alt="Lucio_Anneo_Seneca_101.jpg_1306973099.jpg" /></p><span style="font-family: arial black,avant garde; font-size: xx-large; color: #ff6600;"><strong>Pourquoi il faut se remettre à Sénèque (et aussi au latin !) </strong></span></div><div class="xhsillu" style="text-align: left;"> </div><div id="xmt30" class="xhschapo" style="text-align: left;"><span style="font-family: arial,helvetica,sans-serif; font-size: large; color: #99cc00;"><strong><span style="font-size: medium;"> Précepteur de Néron, Sénèque fut bien placé pour savoir que les bons conseils n'ont pas de bons suiveurs.</span> </strong></span></div><div class="xsauteurcol" style="text-align: left;"><div class="auteurboxavatar"> </div><div class="xauteurboxlabel"><span style="font-family: arial black,avant garde; font-size: large;"><strong><span style="color: #c0c0c0;"> <a title="Articles par Nicolas Bonnal" href="http://www.bvoltaire.fr/auteur/nicolasbonnal" rel="author"><span style="color: #c0c0c0;">Nicolas Bonnal</span></a> </span></strong></span></div><div class="xauteurboxjob"><span style="font-family: arial black,avant garde; font-size: large;"><strong><span style="color: #c0c0c0;"> Ecrivain </span></strong></span></div><div class="xauteurboxjob"><span style="font-family: arial black,avant garde; font-size: large;"><strong><span style="color: #c0c0c0;">Ex: http://www.bvoltaire.fr </span></strong></span></div><div class="auteurboxacheter"><strong><span style="font-size: small; font-family: arial,helvetica,sans-serif; color: #c0c0c0;"><img style="border: none !important; margin: 0px !important;" src="http://www.assoc-amazon.fr/e/ir?t=boulevard-voltaire-21&l=as2&o=8&a=208067949X" alt="" width="1" height="1" border="0" /></span></strong></div><div class="xpub120600"><div id="beacon_15786b07d7" style="position: absolute; left: 0px; top: 0px; visibility: hidden;"><strong><span style="font-size: small; font-family: arial,helvetica,sans-serif; color: #c0c0c0;"><img src="http://cat.nl.eu.criteo.com/delivery/lg.php?cppv=1&cpp=hzq2IXwyQXVoQjVkOHk3NFpYcXdYdW5FcTRQNU1PbjVUT1QxdE5wTUFZZW1xTmlHbmY0UFJsZGlEREZDRjJCRGxJUjVVRHlIMTRwSnhRY3BrSm9adFY5UFU1RjZvVmNpVUZGMmNaUk1QNDl0aUp4WDc3YUpBUys1eDRLYjhDYUc0UDFmTWRpV0UreU42a3MyV3lObzVjMGFnR2ltd2V5ZHFERGNDMElSOTRrVklTUHZYZitoMnlQSEpaRE12WFl5QVRzOFhKV0oyK2x3OVdIVEJwU0FETmd1YUl3PT18" alt="" width="0" height="0" /></span></strong></div></div></div><div class="pf-content" style="text-align: left;"><p><strong><span style="font-size: small; font-family: arial,helvetica,sans-serif; color: #c0c0c0;">Il est inepte et socialiste de se remettre au latin sans savoir pourquoi. Le latin, langue de Pétrone, de Virgile et d’une poignée de grands génies politiquement incorrects…</span></strong></p><p><strong><span style="font-size: small; font-family: arial,helvetica,sans-serif; color: #c0c0c0;">Précepteur de Néron, Sénèque fut bien placé pour savoir que les bons conseils n’ont pas de bons suiveurs. Pourtant, à vingt siècles de là, et dans les temps postmodernes désastreux et désabusés où nous vivons, nous ne pouvons que nous émerveiller de la justesse de ses analyses, comme si Sénèque faisait partie de ces penseurs qui cogitent dans ce que Debord appelait le présent éternel.</span></strong></p><p><strong><span style="font-size: small; font-family: arial,helvetica,sans-serif; color: #c0c0c0;">Et je lui laisse écrire à Lucilius :</span></strong></p><p><strong><span style="font-size: small; font-family: arial,helvetica,sans-serif; color: #c0c0c0;">Sur le quidam obsédé par l’argent et par la consommation : « Les riches sont plus malheureux que les mendiants ; car les mendiants ont peu de besoins, tandis que les riches en ont beaucoup. »</span></strong></p><p><strong><span style="font-size: small; font-family: arial,helvetica,sans-serif; color: #c0c0c0;">Sur l’obsession des comiques et de la dérision, si sensible depuis les années Coluche : « Certains maîtres achètent de jeunes esclaves effrontés et aiguisent leur impudence, afin de leur faire proférer bien à propos des paroles injurieuses que nous n’appelons pas insultes, mais bons mots. »</span></strong></p><p><strong><span style="font-size: small; font-family: arial,helvetica,sans-serif; color: #c0c0c0;">Sur la dépression, ou ce mal de vivre mis à la mode par les romantiques, Sénèque écrit ces lignes : « De là cet ennui, ce mécontentement de soi, ce va-et-vient d’une âme qui ne se fixe nulle part, cette résignation triste et maussade à l’inaction…, cette oisiveté mécontente. » </span></strong></p><p><strong><span style="font-size: small; font-family: arial,helvetica,sans-serif; color: #c0c0c0;">Sur le tourisme de masse et les croisières, Sénèque remarque : « On entreprend des voyages sans but ; on parcourt les rivages ; un jour sur mer, le lendemain, partout on manifeste la même instabilité, le même dégoût du présent. »</span></strong></p><p><strong><span style="font-size: small; font-family: arial,helvetica,sans-serif; color: #c0c0c0;">Extraordinaire, aussi, cette allusion au délire immobilier qui a détruit la terre : « Nous entreprendrons alors de construire des maisons, d’en démolir d’autres, de reculer les rives de la mer, d’amener l’eau malgré les difficultés du terrain… »</span></strong></p><p><strong><span style="font-size: small; font-family: arial,helvetica,sans-serif; color: #c0c0c0;">Une société comme la nôtre ne manque pas d’esquinter les gens, de les réduire à un état légumineux. Sénèque le sait, à son époque de pain et de jeux, de cirque et de sang : « Curius Dentatus disait qu’il aimerait mieux être mort que vivre mort » (<em>Curius Dentatus aiebat malle esse se mortuum quam uiuere</em>).</span></strong></p><p><strong><span style="font-size: small; font-family: arial,helvetica,sans-serif; color: #c0c0c0;">L’obsession du « people », amplifiée par Internet et ses milliers de portails imbéciles (parfois un million de commentaires par clip de Lady Gaga), est aussi décrite par le penseur stoïcien : « De la curiosité provient un vice affreux : celui d’écouter tout ce qui se raconte, de s’enquérir indiscrètement des petites nouvelles, tant intimes que publiques, et d’être toujours plein d’histoires (<em>auscultatio et publicorum secretorumque inquisitio</em>).</span></strong></p><p><strong><span style="font-size: small; font-family: arial,helvetica,sans-serif; color: #c0c0c0;">Je terminerai par l’obsession humanitaire de nos temps étiolés, dont Chesterton disait qu’ils étaient marqués par les idées chrétiennes devenues folles, voire idiotes : « C’est une torture sans fin que de se laisser tourmenter des maux d’autrui » (<em>nam alienis malis torqueri aeterna miseria est</em>).</span></strong></p><p><strong><span style="font-size: small; font-family: arial,helvetica,sans-serif; color: #c0c0c0;">Fort heureusement, on peut se remettre aux classiques grecs et romains grâce à <em>remacle.org</em>.</span></strong></p></div><div class="signature" style="text-align: left;"><strong><span style="font-size: small; font-family: arial,helvetica,sans-serif; color: #c0c0c0;"> <a title="Articles par Nicolas Bonnal" href="http://www.bvoltaire.fr/auteur/nicolasbonnal" rel="author"><span style="color: #c0c0c0;">Nicolas Bonnal</span></a> </span></strong></div>
marieF
http://esca-litt-hist.hautetfort.com/about.html
Sénèque, un stoïcien qui a toujours gardé son indépendance
tag:esca-litt-hist.hautetfort.com,2014-09-25:5454951
2014-09-25T15:40:00+02:00
2014-09-25T15:40:00+02:00
Dans la dernière phrase de mon précédent article, j’avais écrit à...
<p style="margin: 0cm 0cm 10pt; text-align: justify;"><span style="line-height: 115%; font-family: 'Verdana','sans-serif'; font-size: 10pt;">Dans la dernière phrase de mon précédent article, j’avais écrit à propos de Sénèque : « Tacite avait bien raison de dire de lui qu’il donnait des grâces à la sagesse ». Mais qu’était-ce donc que cette sagesse qu’il parait de tellement d’arguments ? Elle consistait à « appeler uniquement bien ce qui est honnête, mal ce qui est honteux, et ne comptait la puissance, la noblesse, et tout ce qui est hors de l’âme, au nombre ni des biens, ni des maux ». C’est la morale stoïcienne. Mais il faut remarquer que Sénèque a toujours voulu garder son indépendance : « Je ne me suis pas fait une loi de ne rien hasarder contre le dire de Zénon et de Chrysippe ». Si bien que les leçons de l’école prennent chez lui un tour nouveau parfois et ont toujours un accent personnel. « Quelle que soit la valeur de mes lettres, je vous prie de les lire comme venant d’un homme qui cherche opiniâtrement la vérité qu’il n’a point encore trouvée ; car je ne suis assujetti à personne et je ne m’autorise du nom de personne ».</span></p><p style="margin: 0cm 0cm 10pt; text-align: justify;"><span style="line-height: 115%; font-family: 'Verdana','sans-serif'; font-size: 10pt;">Sénèque n’a jamais eu d’idée bien ferme sur la nature de Dieu. Quelquefois il le conçoit à la façon des stoïciens, c’est-à-dire qu’il le confond avec la nature même : « Voulez-vous l’appeler nature ? Le mot sera juste, il est le souffle qui nous anime. Voulez-vous voir en lui le monde lui-même , vous n’aurez pas tort ; il est tout ce que vous voyez ». Mais, parfois aussi, il se le figure comme un être personnel, exerçant une action bienfaisante sur chacun de nous : « Semblables à de bons pères qui sourient aux colères de leurs petits-enfants, les dieux ne cessent pas d’accumuler leurs bienfaits sur ceux qui doutent de l’auteur des bienfaits ; d’une main toujours égale, ils répartissent les dons sur tous les peuples, n’ayant reçu en partage que le pouvoir de faire le bien ».</span></p><p style="margin: 0cm 0cm 10pt; text-align: justify;"><span style="line-height: 115%; font-family: 'Verdana','sans-serif'; font-size: 10pt;">A noter que Sénèque ne songe point à faire de la croyance à la divinité le fondement même de la morale : il est si loin de voir en Dieu (Sénèque n’était pas polythéiste même s’il écrivait ou disait les dieux), comme les modernes, le souverain juge qui récompense le bien et punit le mal, celui en qui la justice idéale trouve sa sanction. A ses yeux l’homme de bien ne relève que de sa conscience. D’ailleurs lui-même affirme « qu’il n’est pas le serviteur de Dieu, il s’associe à ses desseins ». Aussi Sénèque ne veut pas qu’on prie la divinité ni qu’on lui rende un culte : « Abolissons cette coutume d’aller saluer les images des dieux au matin et de s’asseoir aux portes de leurs temples…On honore Dieu en le connaissant…Le premier culte des dieux, c’est de croire qu’il y a des dieux. Voulez-vous avoir les dieux propices ? Soyez homme de bien ; c’est les honorer que les imiter ».</span></p><p style="margin: 0cm 0cm 10pt; text-align: justify;"><span style="line-height: 115%; font-family: 'Verdana','sans-serif'; font-size: 10pt;">Tout préoccupé de morale pratique, Sénèque, on le voit, n’a point approfondi la philosophie religieuse. Pourtant c’est sur la croyance en Dieu qu’il fonde le principe le plus important de sa morale, celui d’où il tirera tous les préceptes applicables aux rapports des hommes entre eux : je veux dire le principe de l’égalité originelle, d’où découlent les devoirs de justice et de fraternité : « Ce monde, qui enferme les choses humaines et les choses divines, n’est qu’un. Nous sommes les membres de ce vaste corps. La nature (c’est ici le nom que Sénèque donne à Dieu) nous a rendus tous parents en nous engendrant d’une même manière et pour une même loi…C’est elle qui a établi la justice et l’équité ; selon ses constitutions, c’est un plus grand mal de faire une injustice que d’en recevoir ; c’est par son ordre que les mains doivent<span style="mso-spacerun: yes;"> </span>être toujours prêtes à porter secours ».</span></p><p style="margin: 0cm 0cm 10pt; text-align: justify;"><span style="line-height: 115%; font-family: 'Verdana','sans-serif'; font-size: 10pt;">C’est ainsi qu’il est amené à répudier l’esprit exclusif, qui avait animé les sociétés antiques et multiplié les guerres de nation à nation, de cité à cité. Plus de frontières : « Comme l’homme est mesquin avec ses frontières ! Le Dace ne franchira pas l’Ister ; le Strymon servira de limite à la Thrace ; l’Euphrate sera une barrière contre les Parthes…Si l’on donnait aux fourmis l’intelligence de l’homme, ne partageraient-elles pas ainsi un carré de jardin en cent provinces » ? Plus de castes ! « Nous avons tous un nombre égal de prédécesseurs, et il n’y a personne aujourd’hui dont l’origine ne soit hors de toute mémoire. Platon dit qu’il n’y a point de roi qui ne soit sorti d’un esclave, ni d’esclave qui ne soit issu d’un roi…Qu’est-ce qu’un chevalier romain ? Qu’est-ce qu’un affranchi et un esclave ? Ce sont des noms que l’injustice a introduits dans le monde ». </span></p><p style="margin: 0cm 0cm 10pt; text-align: justify;"><span style="line-height: 115%; font-family: 'Verdana','sans-serif'; font-size: 10pt;">La vie de l’homme doit être sacrée à l’homme, donc plus de batailles, et dans son <em>Traité de la Colère</em>, Sénèque trace un tableau émouvant des horreurs que la guerre déchaîne. Surtout, plus de ces jeux sanglants où de malheureux gladiateurs s’égorgent pour le plaisir d’une foule brutale : « Mais, dit-on, ces combattants sont des criminels. Celui-ci est un bandit. Eh bien ! Il a mérité d’être pendu. Celui-là, un assassin. Qu’on le tue. Mais toi, qui es assis sur ces gradins, qu’as-tu fait pour être condamné à un pareil spectacle ?» Le sage réprouve nécessairement toutes ces violences. La pensée toujours présente à son esprit, c’est que partout où il y a un homme, il y a place pour un bienfait. « Il essuiera les larmes de celui qui pleure…Il offrira la main au naufragé ; à l’exilé, l’hospitalité ; à l’indigent, l’aumône; non cette aumône humiliante que la plupart de ceux qui veulent passer pour compatissants jettent avec dédain aux malheureux qu’ils secourent, et dont le contact les dégoûte ; mais il donnera comme un homme à un homme sur le patrimoine commun. Il rendra le fils aux larmes d’une mère, il fera tomber les chaînes de l’esclave, il retirera de l’arène le gladiateur, il ensevelira même le criminel ». Bien plus, ce n’est pas assez d’être bon pour les malheureux, il faut être indulgent avec les coupables : « Pourquoi haïr ceux qui font mal, puisque c’est l’erreur qui les entraîne ? » En effet, il n’est pas possible à un homme sage de haïr ceux qui s’égarent, et il y a bien plus d’humanité à témoigner à ceux qui pèchent des sentiments doux et paternels, à les ramener, non à les poursuivre. Quel est le médecin qui se fâche contre ses malades ?</span></p><p style="margin: 0cm 0cm 10pt; text-align: justify;"><span style="line-height: 115%; font-family: 'Verdana','sans-serif'; font-size: 10pt;">On est étonné, après tant de belles paroles, si pleines d’humanité, d’entendre Sénèque déclarer que « si le sage doit être secourable, il ne doit pas être compatissant…qu’il doit faire le bien dans le calme de son cœur et d’un visage inaltérable ». Nous sommes ici dans une forme de prétention qui faisait de l’insensibilité un idéal et voulait, ne distinguant pas entre les passions généreuses ou basses, que l’homme ne dépendit d’aucune d’elles. Nous éprouvons aussi de la surprise à voir un philosophe qui prescrit aux hommes le respect de la vie d’autrui, demander que chacun fasse si bon marché de sa propre existence. Partout dans ses traités et dans ses lettres reviennent des encouragements passionnés à nous détacher de la vie. Mais ce n’est point comme un disciple fanatique que Sénèque accueille ces exagérations de la doctrine stoïcienne, car il reste pratique et ne répète pas une leçon apprise dans les livres des maîtres, donnant des conseils utiles pour l’époque où il vit. Face à la servitude imposée par les Césars, ne fallait-il pas inspirer un amour ardent et exclusif<span style="mso-spacerun: yes;"> </span>de la liberté intérieure ?</span></p><p style="margin: 0cm 0cm 10pt; text-align: justify;"><span style="line-height: 115%; font-family: 'Verdana','sans-serif'; font-size: 10pt;">N’y avait-il pas une âpre consolation pour les hommes qui, au temps de Néron, vivaient, comme dit Sénèque, « le cou sous la hache », à penser que l’empereur étaient moins qu’eux-mêmes maître de leur existence ? En fait Sénèque « a fait une philosophie pour ces longues agonies auxquelles les tyrans condamnent quelquefois les nations », pour parler comme le philosophe Garat, lequel vécut à l’époque de la Terreur sous la Révolution…ce qui donne à cette pensée tout son poids. Plus généralement, nous dirons que Sénèque a su s’accommoder à son temps.</span></p><p style="margin: 0cm 0cm 10pt; text-align: justify;"><span style="line-height: 115%; font-family: 'Verdana','sans-serif'; font-size: 10pt;">Michel Escatafal</span></p>
Debbie Gaines
http://soundsystem.hautetfort.com/about.html
La vie heureuse
tag:soundsystem.hautetfort.com,2014-08-25:5433008
2014-08-25T09:36:00+02:00
2014-08-25T09:36:00+02:00
...
<p><iframe width="100%" height="600" scrolling="no" frameborder="no" src="https://w.soundcloud.com/player/?url=https%3A//api.soundcloud.com/users/25469078&auto_play=false&hide_related=false&show_comments=true&show_user=true&show_reposts=false&visual=true"></iframe></p><p><iframe width="100%" height="450" scrolling="no" frameborder="no" src="https://w.soundcloud.com/player/?url=https%3A//api.soundcloud.com/playlists/2569604&color=fff000&auto_play=true&hide_related=false&show_comments=true&show_user=true&show_reposts=false"></iframe></p><p><iframe width="100%" height="20" scrolling="no" frameborder="no" src="https://w.soundcloud.com/player/?url=https%3A//api.soundcloud.com/tracks/62237752&color=f8ff00&inverse=true&auto_play=false&show_user=true"></iframe></p><p><iframe width="100%" height="20" scrolling="no" frameborder="no" 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marieF
http://esca-litt-hist.hautetfort.com/about.html
A propos du caractère de Sénèque et de son enseignement
tag:esca-litt-hist.hautetfort.com,2014-08-02:5421530
2014-08-02T07:27:50+02:00
2014-08-02T07:27:50+02:00
Il y a dans la vie de Sénèque des actes que rien n’excuse, mais que tout...
<p style="margin: 0cm 0cm 10pt; text-align: justify;"><span style="line-height: 115%; font-size: 11pt;"><span style="font-family: Times New Roman;">Il y a dans la vie de Sénèque des actes que rien n’excuse, mais que tout explique. Il ne pouvait empêcher ni l’assassinat de Britannicus, ni celui d’Agrippine. Néanmoins, en mourant, il pouvait se dispenser d’avoir à louer le parricide.<span style="mso-spacerun: yes;"> </span>Il eut le tort de vivre quelques années de trop, non par lâcheté sans doute, mais parce qu’il pensa pouvoir encore faire quelque bien et prévenir de nouveaux crimes. L’illusion était grande et on est libre de la lui reprocher. Mais il ne faut pas en abuser contre un homme qui fut dupe et victime autant que complice. Il ne faut pas surtout reprendre contre lui les accusations des délateurs de son temps, refuser toute autorité, toute dignité à son caractère et dire comme Saint-Evremond : « Il est ridicule qu’un homme qui vivait dans l’abondance et se conservait avec tant de soin, ne prêchât que la pauvreté et la mort ». </span></span></p><p style="margin: 0cm 0cm 10pt; text-align: justify;"><span style="line-height: 115%; font-size: 11pt;"><span style="font-family: Times New Roman;">Entre les mœurs et les écrits de Sénèque, il n’y a point de contradiction. Sans doute il posséda d’immenses richesses, mais il les posséda un peu à son corps défendant et en fit bon usage : sa bienfaisance était proverbiale, comme en a témoigné Juvénal. Quand il le fallut, il se priva sans peine des jouissances de la fortune et, gaiement, vécut comme un pauvre : « Mon matelas est à terre et moi sur mon matelas. De deux manteaux l’un sert de couverture et l’autre de courtepointe. Il n’y a rien à retrancher de notre dîner, car il est prêt en moins d’une heure. Mais, comme je ne suis jamais sans figues, non plus que sans tablettes, elles me servent de viande quand j’ai du pain, et de pain quand je n’ai point de viande ».<span style="mso-spacerun: yes;"> </span></span></span></p><p style="margin: 0cm 0cm 10pt; text-align: justify;"><span style="line-height: 115%; font-size: 11pt;"><span style="font-family: Times New Roman;">Par la façon dont il mourut, il montra bien qu’il n’était point esclave de l’amour de la vie et, ainsi, sa conduite appuie les paroles par lesquelles il se défendait contre les reproches de ses ennemis : « Je n’aime pas les richesses, mais je les préfère…je ne rejette pas celles que je possède, mais je les domine. Je veux qu’une matière plus ample soit fournie à ma vertu…En quelque moment que la nature rappelle mon âme, ou que ma raison la délivre, je m’en irai en prouvant que j’aimais les belles études et la bonne conscience ». Il est d’ailleurs bien étonnant qu’on ait si vivement attaqué un homme qui n’eut point d’arrogance, qui ne prétendit jamais avoir atteint la perfection et au contraire confessa volontiers sa faiblesse. « C’est bien tard, nous dit-il, après m’être lassé à courir de tous côtés, que j’ai connu le droit chemin…J’ai reconnu les effets des préceptes salutaires par l’application que j’en ai faite sur mon propre mal. Il n’est pas tout à fait guéri, mais du moins ne s’aggrave plus ».</span></span></p><p style="margin: 0cm 0cm 10pt; text-align: justify;"><span style="line-height: 115%; font-size: 11pt;"><span style="font-family: Times New Roman;">Sénèque pensait que nul ne saurait donner efficacement un enseignement moral, s’il ne le fortifie par ses exemples : « Platon et Aristote, et tous les philosophes qui se sont partagées en diverses sectes, ont plus appris des mœurs que de la doctrine de Socrate ». Il lui parut, comme il nous paraît, que sa vie ne lui interdisait pas d’être un maître de sagesse. Et de fait ses leçons furent précieuses à bien des titres, souvent par le tact et le bon sens, plus souvent par l’ingéniosité et l’éloquence, toujours par la bonne volonté et l’ardeur qu’il y apporte. Il avait vraiment la vocation de l’enseignement, comme en témoigne ces deux phrases : « Je ne prends plaisir à apprendre quelque chose que pour l’enseigner aux autres. Je refuserais même la sagesse, si elle m’était offerte à condition de la tenir cachée et de ne la communiquer à personne ».<span style="mso-spacerun: yes;"> </span>Avec de pareilles dispositions, il devait naturellement chercher par tous les moyens à agir fortement sur ceux à qui il s’adressait. Aussi son premier soin fut-il de restreindre le nombre de ses disciples pour pouvoir bien les connaître. Avec une attentive pénétration il les observe, tient compte de leur âge, de leur condition, surprend les secrets de leur cœur, entre dans les replis de leur conscience, et alors, approprie ses conseils à leur nature et à leur fortune.</span></span></p><p style="margin: 0cm 0cm 10pt; text-align: justify;"><span style="line-height: 115%; font-size: 11pt;"><span style="font-family: Times New Roman;">A un jeune homme comme Sérénus, affecté de langueurs sans cause, de tristesses sans motif, qui s’ennuie et ne sait quoi faire de son existence, il prescrira la vie politique qui occupera son âme. Un autre jour, sans doute parce qu’il avait affaire alors à quelque ambitieux ardent, il vantera la retraite, l’abstention politique (<em style="mso-bidi-font-style: normal;">De la brièveté de la vie</em>). Il n’y a d’utile que ce qui est possible, ce qui signifie qu’il faut se garder d’avoir trop d’exigences. Lucius est procurateur en Sicile, et il jouit d’une trop grande opulence. Sénèque en célébrant la pauvreté, n’ira point lui demander de se dépouiller de ses richesses. « Oh, que celui-là est grand, lui dit-il, qui se sert de sa vaisselle de terre comme si c’était de la vaisselle d’argent ! Mais celui-ci n’est pas moindre, qui se sert de vaisselle d’argent comme si c’était de la vaisselle de terre. En vérité c’est une imbécilité d’esprit de ne pouvoir supporter les richesses ». </span></span></p><p style="margin: 0cm 0cm 10pt; text-align: justify;"><span style="line-height: 115%; font-size: 11pt;"><span style="font-family: Times New Roman;">Rien d’absolu, comme nous pouvons le constater, dans cet enseignement. Il tient compte des personnes plus que des abstractions et Sénèque applique, en morale, ce que pourrait dire un médecin de notre époque : « Il n’y a pas de maladies ; il y a des malades ». Pas de préceptes généraux, mais beaucoup de maximes pratiques fréquemment répétées sous des formes diverses. « Ce qui nous est salutaire doit souvent être manié et retourné, afin que cela nous soit familier, que nous l’ayons sous la main ». En même temps, persuadé qu’on enseigne mal, lorsqu’on ennuie, Sénèque se met en grande dépense d’esprit pour intéresser à ce qu’il dit. Il est tout plein de comparaisons ingénieuses : veut-il montrer comme nous sommes aveugles sur nos défauts ? « La folle de ma femme, nous dit-il, a perdu subitement la vue…Elle ne sait pas qu’elle est aveugle, elle croit que c’est la maison qui est obscure, et prie son gouverneur de l’en déloger. Or sachez que ce défaut qui nous fait rire nous est commun avec cette folle ». Il place de piquants tableaux de mœurs, au point que certains ont écrit que plusieurs de ces tableaux appelait la comparaison avec La Bruyère. Enfin, sa riche mémoire lui fournit en abondance les anecdotes qui délassent et renouvellent l’attention, et qu’il sait conter à merveille. Tacite avait bien raison de dire de lui qu’il « donnait des grâces à la sagesse ».</span></span></p><p style="margin: 0cm 0cm 10pt; text-align: justify;"><span style="line-height: 115%; font-size: 11pt;"><span style="font-family: Times New Roman;">Michel Escatafal</span></span></p>
marieF
http://esca-litt-hist.hautetfort.com/about.html
Sénèque, à la fois historien, philosophe, scientifique et moraliste
tag:esca-litt-hist.hautetfort.com,2014-05-04:5361736
2014-05-04T12:09:00+02:00
2014-05-04T12:09:00+02:00
Né à Cordoue tout à la fin du premier siècle avant notre ère, le Sénèque...
<p style="margin: 0cm 0cm 10pt; text-align: justify;"><span style="line-height: 115%; font-size: 11pt;"><span style="font-family: Times New Roman;"><img id="media-4544106" style="float: left; margin: 0.2em 1.4em 0.7em 0;" title="" src="http://esca-litt-hist.hautetfort.com/media/01/00/736791476.jpg" alt="sénèque,empire romain,néron,caligula,pison,empereur claude" />Né à Cordoue tout à la fin du premier siècle avant notre ère, le Sénèque que nous connaissons le mieux était le second fils de Sénèque le rhéteur. Il fut, nous dit-il, apporté à Rome dans les bras de sa tante, sœur d’Helvia, sa mère, et élevé par cette femme de grand mérite. Son père aurait voulu faire de lui un orateur, c’est-à-dire un rhéteur, mais Sénèque avait un goût déjà très vif pour la philosophie. Il suivit avec enthousiasme les leçons de Fabianus, du pythagoricien Sotion, et se laissa si bien prendre par l’enseignement de ce dernier maître, qu’il s’abstint de toute nourriture animale pendant quelque temps. Cependant l’ambition de son père le poussait au barreau, et il y fit des débuts si éclatants que Caligula, qui n’aimait pas les gens supérieurs au niveau intellectuel, songeait à le faire périr. Il ne le fit pas, parce qu’on fit comprendre à Caligula que Sénèque était fort chétif, et qu’il ne valait pas un arrêt de mort. </span></span></p><p style="margin: 0cm 0cm 10pt; text-align: justify;"><span style="line-height: 115%; font-size: 11pt;"><span style="font-family: Times New Roman;">Grâce à cette faiblesse physique, la philosophie romaine allait garder celui que la postérité considère souvent comme le plus brillant et le plus actif des philosophes de son siècle. Cela ne l’empêcha pas d’avoir des ennemis une bonne partie de sa vie. Ainsi, au début de règne de Claude (empereur de 41 à 54), nous le voyons exilé en Corse par une intrigue de cour. Il resta longtemps dans cette île, alors à moitié sauvage, résigné d’abord, comme il en témoigne dans l’ouvrage qu’il adressa à sa mère, puis lassé, ennuyé jusqu’à s’abaisser platement devant un certain Polybe, affranchi et favori de Claude (<em>Consolation à Polybe</em>). Au bout de huit ans, Sénèque est enfin rappelé à Rome et il songe à partir pour Athènes, quand Agrippine, qui a discerné son mérite et sait qu’il peut donner quelque popularité au nouveau prince, le fait nommer prêteur et lui confie l’éducation de Néron. Ce sera <span style="mso-spacerun: yes;"> </span>l’époque la moins honorable de la vie de Sénèque.</span></span></p><p style="margin: 0cm 0cm 10pt; text-align: justify;"><span style="line-height: 115%; font-size: 11pt;"><span style="font-family: Times New Roman;">Tandis qu’il compose pour l’empereur l’éloge officiel du César défunt, il satisfait ses rancunes personnelles en écrivant l’<em style="mso-bidi-font-style: normal;">Apocolocynthose</em> (métamorphose de Claude en citrouille), pamphlet très spirituel, pas assez pourtant pour faire oublier que l’auteur<span style="mso-spacerun: yes;"> </span>commettait une mauvaise action. Durant cinq ans il fit tout pour « emmuseler la bête féroce » qu’il y avait en Néron, sans toutefois quitter la cour à temps, sans doute parce qu’il s’était trop engagé pour le pouvoir. Ainsi, il n’empêcha ni le meurtre de Britannicus, ni celui d’Agrippine, faisant en plus l’apologie du parricide. Néanmoins il finit par vouloir partir, offrant à l’empereur de lui rendre tous ses biens qui étaient immenses. Néron refusa, craignant que Sénèque, en se dépouillant de sa fortune, ne se rendit modeste et donc moins docile. En fait il ne se fera jamais réellement oublier, et quand la conspiration de Pison éclata, on le dénonça comme un des complices, bien qu’il soit douteux qu’il eût trempé dans le complot, et il dut mourir. </span></span></p><p style="margin: 0cm 0cm 10pt; text-align: justify;"><span style="line-height: 115%; font-size: 11pt;"><span style="font-family: Times New Roman;">Il était alors près de Rome. Quand le centurion lui notifia la sentence fatale, « il demande son testament, sans se troubler, et, sur le refus du centurion, il se tourne vers ses amis et déclare que, puisqu’on le réduit à l’impuissance de reconnaître leurs services, il leur laisse le seul bien qui lui reste, l’image de sa vie ». Puis il s’ouvre les veines, appelle ses secrétaires, leur dicte un long discours, et, comme la mort tardait, il se fait porter dans un bain, et en y entrant il répand de l’eau sur les esclaves qui l’entouraient : « J’offre cette libation, dit-il, à Jupiter libérateur ». Il avait soixante-cinq ans. Sa jeune femme Pauline voulut mourir avec lui, s’ouvrant aussi les veines. Elle était prête à expirer quand Néron, par crainte de l’odieux, ordonna qu’on lui bandât les bras et qu’on arrêtât son sang. On la sauva finalement, mais toute sa vie elle garda sur son visage une pâleur mortelle et, dit Tacite, conserva une honorable fidélité à la mémoire de son mari.</span></span></p><p style="margin: 0cm 0cm 10pt; text-align: justify;"><span style="line-height: 115%; font-size: 11pt;"><span style="font-family: Times New Roman;">Malgré l’agitation de sa vie, Sénèque a beaucoup écrit, et dans des genres très divers. Les anciens avaient de lui des ouvrages, aujourd’hui perdus, sur l’histoire (<em style="mso-bidi-font-style: normal;">Biographie de son père</em>), sur la philosophie (<em style="mso-bidi-font-style: normal;">Exhortations, des devoirs, sur la superstition, sur le mariage, sur l’amitié, sur la pauvreté</em>), sur les sciences naturelles (<em style="mso-bidi-font-style: normal;">Sur le mouvement de la terre, sur la forme du monde, sur les pierres, sur les poissons, sur la géographie de l’Inde, sur la géographie et la religion de l’Egypte</em>). En dehors de son livre des <em style="mso-bidi-font-style: normal;">Questions naturelles</em>, il ne nous reste aujourd’hui que des traités de morale. </span></span></p><p style="margin: 0cm 0cm 10pt; text-align: justify;"><span style="line-height: 115%; font-size: 11pt;"><span style="font-family: Times New Roman;">Sous Caligula, il composa la <em style="mso-bidi-font-style: normal;">Consolation à Marcia</em>. Fille de l’historien Crémutius Cordus, persécuté par Tibère pour ses sentiments républicains, Marcia avait perdu un fils. Sénèque lui rappelle comment la philosophie a consolé Octavie, Livie, de pertes semblables. Il lui montre ainsi l’inutilité de la douleur, l’incertitude des évènements, la nécessité qui lie la vie à la mort, les dangers qu’eût courus son fils s’il eût vécu. Il lui affirme enfin que le jeune homme a été reçu au ciel par son aïeul Crémutius Cordus dans l’immortalité. En outre, de son exil, il adressa aussi une <em style="mso-bidi-font-style: normal;">Consolation</em> à sa mère Helvia pour l’engager à ne pas souffrir d’un sort auquel il se résigne, et à trouver un soulagement à sa peine dans la sagesse et aussi dans l’affection de ses enfants<span style="mso-spacerun: yes;"> </span>qui restent auprès d’elle.</span></span></p><p style="margin: 0cm 0cm 10pt; text-align: justify;"><span style="line-height: 115%; font-size: 11pt;"><span style="font-family: Times New Roman;">Des années qui suivirent son rappel de Corse, et pendant lesquelles il fut précepteur de Néron, datent les traités <em style="mso-bidi-font-style: normal;">sur la Tranquillité de l’âme, sur la Colère, sur la Brièveté de la vie</em>. Le premier de ces ouvrages est adressé à un jeune courtisan, Sérénus, qui souffre d’un ennui vague, qui « sans être malade, ne se porte pas bien ». Sénèque essaie de l’arracher au spleen antique, qu’on appelle de nos jours dépression. Avec lui il recherche ce qu’est la tranquillité de l’âme, comment on la perd, comment on peut la recouvrer. Dans l’éloquent traité <em style="mso-bidi-font-style: normal;">de la Colère</em>, on voit une peinture de cette passion, une étude des causes qui la déchaînent, de ses conséquences et de ses effets. Les considérations morales y sont relevées par une foule d’anecdotes sur les contemporains de Tibère et de Caligula. C’est l’emploi et le prix du temps que nous enseigne l’opuscule sur la <em style="mso-bidi-font-style: normal;">Brièveté de la vie</em>.<span style="mso-spacerun: yes;"> </span>Il peut se résumer en ces lignes : « Nous n’avons pas trop peu de temps ; nous en perdons trop… La vie serait assez longue et suffirait pour les plus grandes entreprises, si nous savions en bien placer les instants ». </span></span></p><p style="margin: 0cm 0cm 10pt; text-align: justify;"><span style="line-height: 115%; font-size: 11pt;"><span style="font-family: Times New Roman;">Pendant qu’il dirigeait les affaires de l’empire, l’activité philosophique de Sénèque ne fut point interrompue. Il donna alors le livre <em style="mso-bidi-font-style: normal;">sur la Clémence</em>, dédié à Néron. C’était une haute leçon offerte à un prince qui n’en profita guère. Dans ce livre l’empereur aurait pu apprendre ce qu’est la clémence, ses motifs, son utilité pour tous les hommes, sa nécessité pour les souverains. C’est là qu’on lit le beau récit où l’on voit Auguste pardonner à Cinna sa conspiration : Sénèque a fourni à notre Corneille la donnée d’un de ses chefs-d’œuvre. Très attaqué par les envieux, le ministre philosophe présente une sorte d’apologie de sa conduite dans le traité de la <em style="mso-bidi-font-style: normal;">Vie heureuse</em>. Dans les <em style="mso-bidi-font-style: normal;">Bienfaits</em>, il enseigne comment il faut savoir accorder et recevoir les services, ce que sont la reconnaissance et l’ingratitude. Très étendu, cet ouvrage est surtout riche en récits et en exemples. Les calomnies dont on harcelait Sénèque furent sans doute l’occasion des pages qu’il écrivit sur la <em style="mso-bidi-font-style: normal;">Fermeté du sage</em> : injure, outrage, vengeance, violence, le sage doit s’attendre et se résigner à tout. « Quel médecin se met en colère contre un frénétique ? Le sage est dans les mêmes dispositions envers tous, que le médecin envers les malades… et la même indifférence qu’il oppose aux hommages, il l’oppose aux insultes ». C’est aussi sans doute à ce moment de sa vie que Sénèque composa ses <em style="mso-bidi-font-style: normal;">Tragédies</em>.</span></span></p><p style="margin: 0cm 0cm 10pt; text-align: justify;"><span style="line-height: 115%; font-size: 11pt;"><span style="font-family: Times New Roman;">Quand l’heure de la disgrâce eût sonné et qu’il vécut dans la solitude, son ardeur intellectuelle ne se ralentit pas. Il entretenait alors Sérénus de <em style="mso-bidi-font-style: normal;">la Retraite du philosophe</em>. Zénon voulait que le sage prenne part aux affaires publiques, à moins d’en être empêché par quelque obstacle. Ces obstacles, Sénèque les énumère longuement et semble conclure en faveur de l’abstention politique. « Si je veux passer tous les gouvernements en revue, je n’en trouverai aucun qui puisse tolèrer le sage ou que le sage puisse tolérer… qu’un homme dise qu’il est fort bon de naviguer, et ensuite nie qu’il faille naviguer sur cette mer où l’on voit tant de naufrages… cet homme, je crois, me défend de lever l’ancre bien qu’il me prône la navigation ». Le traité de la <em style="mso-bidi-font-style: normal;">Providence</em> porte aussi la marque des préoccupations personnelles de Sénèque à cette heure de sa vie : il y a une Providence, les désordres de la nature, les vices de l’âme ne prouvent rien contre elle. Si le mal nous fait trop souffrir, la religion nous a donné le suprême remède. « Regardez, mortels, et vous verrez combien est courte et facile la voie qui conduit à la liberté… La mort est sous la main, et toutes les routes sont ouvertes… Eh quoi ! Balancez-vous ? Craindrez-vous si longtemps ce qui dure si peu ? » Dans ses dernières années, en même temps que Sénèque revenait aux études de sa jeunesse sur la nature (<em style="mso-bidi-font-style: normal;">Questions naturelles</em>) il écrivait pour son ami Lucilius ses admirables <em style="mso-bidi-font-style: normal;">Epîtres</em> qui restent son chef d’œuvre, où il a mis toute sa science, tout son esprit, toute son âme, et dont on s’est beaucoup servi surtout pour faire connaître son caractère et son enseignement.<span style="mso-spacerun: yes;"> </span></span></span></p><p style="margin: 0cm 0cm 10pt; text-align: justify;"><span style="line-height: 115%; font-size: 11pt;"><span style="font-family: Times New Roman;"><span style="mso-spacerun: yes;">Michel Escatafal</span></span></span></p>
marieF
http://esca-litt-hist.hautetfort.com/about.html
L’étude de la philosophie ne fut pas un goût romain
tag:esca-litt-hist.hautetfort.com,2014-03-06:5315758
2014-03-06T18:09:28+01:00
2014-03-06T18:09:28+01:00
Les Romains ont eu pour particularité de n’avoir jamais manifesté un goût...
<p style="text-align: justify;">Les Romains ont eu pour particularité de n’avoir jamais manifesté un goût particulier pour l’étude de la philosophie, y compris à l’époque de Cicéron ou de Sénèque. Malgré tout son talent, Cicéron n'a jamais pu la rendre populaire. Ainsi quand il parle du succès de ses ouvrages philosophiques, il entend l’approbation qu’ils reçurent dans le monde des lettres et dans la société distinguée. Encore, quand il s’occupait des grands problèmes, avait-il soin de les traiter avec des préoccupations pratiques, car en elles mêmes les hautes questions n’intéressaient guère les Romains. Ils étaient assurément fort religieux, mais s’attachaient surtout aux formules du culte et, la cérémonie faite, ne sentaient guère d’aspirations curieuses.</p><p style="text-align: justify;">En revanche ils étaient forts soucieux de tout ce qui touchait à la conduite de la vie. Ainsi, après les grands bouleversements de la fin de la République qui entraînèrent la mort de la tradition des mœurs antiques, la religion ne se trouvant pas prête à prendre la direction morale des âmes, la philosophie s’empara de ce rôle. Elle renonça résolument à toute ambition spéculative, et se confina dans la morale restreinte à la morale pratique. « Pour avoir une âme saine, disait Sénèque, il ne faut guère d’étude; en toute chose, et même en philosophant, nous nous dépensons en superfluités; nous portons notre intempérance générale jusque dans les travaux de l’esprit et nous n’étudions pas pour devenir des hommes, mais pour rester des écoliers ».</p><p style="text-align: justify;">Les philosophes, qui ont vécu au commencement de l’empire, sous Auguste et les premiers Césars, n’ont donc point tant songé à satisfaire l’intelligence, qu’ils ont voulu agir sur les âmes. Plus de recherche scientifique, mais une application constante à trouver des moyens pour guider les mœurs. Ils étudieront l’éloquence, parce qu’elle aide à persuader le bien, et deviendront parfois de véritables prédicateurs. Ils pénètreront les mouvements secrets du cœur, non par curiosité de connaître les passions, mais par désir de les combattre avec tous les avantages. Ils se feront directeurs de conscience : tels furent les deux Sextius, Fabianus au temps d’Auguste, et, plus tard, sous Néron, ce Cornutus que Perse aima tant.</p><p style="text-align: justify;">Dans ce mouvement, les grandes écoles philosophiques du passé disparaissent sans laisser d’héritiers : « Les branches de la grande famille philosophique meurent, dit Sénèque, et ne poussent plus de rejetons. Les deux académies, l’ancienne et la nouvelle, n’ont plus de pontife. Chez qui puiser la tradition de la doctrine pyrrhonienne relative au pyrrhonisme (doctrine de Pyrrhon caractérisée par un pur scepticisme) ? L’illustre école de Pythagore n’a point trouvé de représentant. Celle des Sextius, qui la renouvelait avec une vigueur toute romaine, suivie à sa naissance avec enthousiasme, est déjà morte ».</p><p style="text-align: justify;">Au milieu de ces ruines, seule une secte subsiste, et attire à elle une foule d’adhérents : le stoïcisme. Non pas le stoïcisme de Zénon et Cléanthe, qui prétendait fournir une explication du monde, mais une doctrine purement morale qui, comme disait Diderot, « détache de la vie, de la fortune, de la gloire, de tous ces biens au milieu desquels on peut être malheureux, qui inspire le mépris de la mort et donne à l’homme et la résignation qui accepte l’adversité et la force qui la supporte ». De cette école le représentant sinon le plus rigoureux et le plus pur, du moins le plus brillant et le plus actif, a été Sénèque, que j’ai souvent évoqué sur ce site.</p><p style="text-align: justify;">Michel Escatafal</p>
Café philosophique de Montargis
http://cafephilosophique-montargis.hautetfort.com/about.html
”NOTRE MONDE INTÉRIEUR EST UN MONDE BIEN PLUS RICHE, PLUS VASTE”
tag:cafephilosophique-montargis.hautetfort.com,2014-02-10:5294884
2014-02-10T20:53:36+01:00
2014-02-10T20:53:36+01:00
Qu’il soit enfant, adolescent, adulte, qu’il / qu’elle, soit conteur /...
<p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;"><a href="http://cafephilosophique-montargis.hautetfort.com/media/00/00/357150735.jpg" target="_blank"><img id="media-4437074" style="float: left; margin: 0.2em 1.4em 0.7em 0;" title="" src="http://cafephilosophique-montargis.hautetfort.com/media/00/00/137713119.jpg" alt="350.jpg" /></a>Qu’il soit enfant, adolescent, adulte, qu’il / qu’elle, soit conteur / conteuse, ou bien philosophe, l’individu emprunte parfois les sentiers de la rêverie, ces chemins innombrables et sans balises, que l’on nomme aussi son monde intérieur. "<em>Il est perdu dans ses pensées</em>", "<em>Il rêvasse</em>", "<em>Il est ailleurs</em>", "<em>Il est dans la lune</em>", "<em>Elle est dans les nuages</em>", "<em>Il est aux oiseaux</em>", peut-on entendre. Tous, nous laissons quitter leurs branches à ces oiseaux que sont nos idées ; et là, dans un autre espace-temps, nous échafaudons des scénarios, des scénarios où pour toute logique président nos souhaits intimes, révélés ou non.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;">Comme lorsque nous étions enfants, nous sommes dans des jeux de rôle. Un instant la bride est lâchée, nous voilà dans la déambulation de l’imagination, nous voilà sortis du quotidien. "<em>Notre monde intérieur est un monde bien plus riche, bien plus vaste</em>", écrit <a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Friedrich_Nietzsche" target="_blank">Nietzsche </a>évoquant <a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Gottfried_Wilhelm_Leibniz" target="_blank">Leibniz</a>.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;">Dans cette divagation, l’être intelligible cède la place à l’être sensible. Ainsi, cette faculté de notre esprit à s’embarquer vers des lieux qui n’existent pas, semble montrer qu’une part de nous reste irréductible aux règles de la logique, de cette logique qui devrait guider notre vie. C’est comme une sorte de manifestation d’indépendance en nous-mêmes ; nous sortons du programme. C’est une façon de se retrouver, d’être en soi et à soi, comme le préconisaient déjà les philosophes <a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/%C3%89picure" target="_blank">Épicure </a>et <a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/S%C3%A9n%C3%A8que" target="_blank">Sénèque </a>: "C’est surtout lorsque tu es contraint d’être au milieu de la foule, que tu dois te retirer en toi-même". Ou encore, pour le dire à la façon de <a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Montaigne" target="_blank">Montaigne </a>: "<em>Il se faut réserver une arrière-boutique toute nôtre, toute franche</em>".</span></p><p style="text-align: right;"><span style="font-size: small;"><em>Guy-Louis Pannetier</em></span></p><p style="text-align: right;"><a href="http://cafes-philo.org" target="_blank"><span style="font-size: small;"><em>Café philo de Chevilly-Larue et L'Haÿ-les-Roses</em></span></a></p><p style="text-align: justify;"> </p>
Note
http://almasoror.hautetfort.com/about.html
Ignis Fatuus
tag:almasoror.hautetfort.com,2014-01-20:5270807
2014-01-20T22:32:00+01:00
2014-01-20T22:32:00+01:00
à Jean Bouchenoire Qu'écrire ? L'inspiration qui nous jette devant...
<p style="text-align: justify;"><em>à Jean Bouchenoire</em></p><p style="text-align: justify;">Qu'écrire ? L'inspiration qui nous jette devant un clavier n'est pas toujours là. Pondre de longs articles documentés, argumentés, exige une grande concentration : assez de calme et de patience pour se documenter, pour travailler sans cesse la formulation afin qu'elle se rapproche de l'exactitude.</p><p style="text-align: justify;">Parmi les éléments essentiels dans l'écriture d'un billet de blog, d'un roman, d'un article de réflexion, prédominent, d'abord la beauté, parce que l'esthétique est un des fondements de l'éthique, et puis l'intemporalité, qui permet au texte de conserver son pouvoir d'attraction et d'inspiration, des décennies et même des siècles après avoir été écrit.</p><p style="text-align: justify;">Démunie face à ces exigences inaccessibles, je t'ai conjuré de me donner des conseils. Tu me l'as d'abord cruellement refusé, au motif que rien ne saurait s'apprendre qui ne monte pas du tréfonds de notre être. Et puis, grâce à mes insistances, tu m'as confié certaines choses. Pour toi, la beauté d'une phrase éclate lorsqu'au lieu d'être purement fonctionnelle - informative -, elle marie la forme et le fond de façon harmonieuse et inventive. Quant à l'inscription de la phrase dans le temps, tu crois pouvoir l'obtenir en élevant ton style au-dessus des modes de langage, au-dessus des pensées à la mode. Tu dis que tu te dépouilles des détails inhérents à l'époque qui abrite ta vie, pour toucher aux aspects universels du sujet. Tu renonces aux ellipses, même élégantes, dès lors que tu n'es pas certain que l'homme de demain comprendra le contexte auquel tu allusionnes. Un texte bardé de références à des choses de l'éphémère présent, ne pourra garder la même force aux yeux des générations de l'avenir, forcément incapables deviner ce que cachent ces évocations. Même les exégètes les plus motivés devront fouiller le passé avec l'opiniâtreté d'une taupe, pour recomposer le contexte dans lequel fut écrit le texte, tandis que le grand nombre des lecteurs qui ne cherchent qu'à goûter une œuvre ou se distraire laissera tomber.</p><p style="text-align: justify;">Je t'ai posé deux questions auxquelles tu n'as pas répondu.</p><p style="text-align: justify;">Tout a-t-il déjà été écrit ? Relire les Anciens, se rendre compte qu'ils avaient tout pensé, malgré l'ignorance dans laquelle ils étaient de l'évolution du monde après leur disparition, donne un vertige affreux. Qu'écrire, après Homère, Aristote, Thucydide, Épictète, les évangélistes, Sénèque, Sophocle et Virgile ? Qu'écrire qui puisse prendre sa place dans la civilisation écrite universelle, et comment l'écrire ? Autrement dit, l'écriture a-t-elle un avenir ou nous a-t-elle déjà offert tous ses joyaux ?</p><p style="text-align: justify;">Comment faire pour se connecter à une source d'inspiration inépuisable ? L'expérience de la lecture amène à trouver que l'élaboration d'un texte puissant, à un moment de la vie d'un écrivain, ne garantit nullement à l'auteur la capacité d'atteindre une nouvelle fois ce niveau de beauté, de pertinence qui rend l’œuvre évidente et universelle.</p><p style="text-align: justify;">Voilà à quoi je songe très loin de toi, maintenant que j'ai déménagé, que je vis loin de ta ville et que nous ne discuterons plus le soir au croisement de la rue du Château et du passage des Trois Alouettes, dans ton coin d'Île-de-France encore inviolé où les ruisseaux de boue longent les vieilles fermes.</p><p style="text-align: justify;">Et songeant à ceci, j'entends la musique qu'écoute une personne de l'immeuble, de ce nouvel immeuble où j'habite, au bord de l'océan - et je reconnais la <em>Lamentation de la nymphe</em> de Monteverdi. Sublime duo amoureux qui m'émeut et m'invite à prier les muses. Vous qui faites et défaites les esprits créateurs, accordez-moi quelques parcelles de ce feu follet qui frappe sans prévenir l'esprit accablé le long d'un cimetière, au bord d'un marais, et lui donne la force de croire qu'il a quelque chose à nous dire.</p><p style="text-align: justify;"><em>Mais toi qui n'as pas répondu à toutes mes questions, tu m'as offert la connaissance d'un poète entre-deux-eaux : Oscar-Venceslas de Lubicz-Milosz :</em></p><p style="text-align: justify;"> </p><p>Tous les morts sont ivres de pluie vieille et sale<br />Au cimetière étrange de Lofoten.<br />L’horloge du dégel tictaque lointaine<br />Au cœur des cercueils pauvres de Lofoten.</p><p>Et grâce aux trous creusés par le noir printemps<br />Les corbeaux sont gras de froide chair humaine ;<br />Et grâce au maigre vent à la voix d’enfant<br />Le sommeil est doux aux morts de Lofoten.</p><p>Je ne verrai très probablement jamais<br />Ni la mer ni les tombes de Lofoten<br />Et pourtant c’est en moi comme si j’aimais<br />Ce lointain coin de terre et toute sa peine.</p><p>Vous disparus, vous suicidés, vous lointaines<br />Au cimetière étranger de Lofoten<br />-Le nom sonne à mon oreille étrange et doux,<br />vraiment, dites-moi, dormez-vous, dormez-vous ?</p><p>-Tu pourrais me conter des choses plus drôles<br />Beau claret dont ma coupe d’argent est pleine<br />Des histoires plus charmantes ou moins folles ;<br />Laisse-moi tranquille avec ton Lofoten.</p><p>Il fait bon. Dans le foyer doucement traîne<br />La voix du plus mélancolique des mois.<br />-Ah ! Les morts, y compris ceux de Lofoten -<br />Les morts, les morts sont au fond moins morts que moi.</p><p>OV de Lubicz-Milosz</p><p> </p><p><em>(à l'époque où nous devisions si souvent le jeudi soir, <a href="http://almasoror.hautetfort.com/archive/2012/06/21/poeme-de-milosz.html" target="_blank">AlmaSoror avait mentionné déjà l'étrange Franco-Lituanien</a>).</em></p>
Xavier JASSU
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Le Dieu hasard
tag:lapinos.hautetfort.com,2013-11-25:5229892
2013-11-25T00:06:56+01:00
2013-11-25T00:06:56+01:00
"Nécessairement, le hasard a beaucoup de pouvoir sur nous, puisque c'est...
<p style="text-align: justify;"><strong><em>"Nécessairement, le hasard a beaucoup de pouvoir sur nous, puisque c'est par hasard que nous vivons."</em> Sénèque</strong></p><p style="text-align: justify;"><strong><em>"Le hasard est le dieu des imbéciles."</em> Bernanos ; celui-ci aurait pu ajouter aux imbéciles, les foetus, les statisticiens et les vieillards.</strong></p><p style="text-align: justify;"><strong>Le monde moderne insinue une idée de la liberté proche du hasard, admettant ainsi l'ignorance au rang du savoir, et la barbarie au rang de l'humanisme.</strong></p>
Do
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Les dimanches en photo (48)
tag:laplumeetlapage.hautetfort.com,2013-09-15:5166212
2013-09-15T08:00:00+02:00
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Sénèque Buste en marbre réalisé au XVIIe siècle Oeuvre exposée au...
<p style="text-align: center;"><img id="media-4249912" style="margin: 0.7em 0;" title="" src="http://laplumeetlapage.hautetfort.com/media/00/00/881652025.jpg" alt="photographies, arts, musée du louvre, sénèque, actu, actualité" /></p><p style="text-align: center;"><span style="font-size: small;">Sénèque</span></p><p style="text-align: center;"><span style="font-size: small;">Buste en marbre réalisé au XVIIe siècle</span></p><p style="text-align: center;"><span style="font-size: small;">Oeuvre exposée au musée du Louvre à Lens</span></p>
Zed
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Déconnectez-vous !...
tag:metapoinfos.hautetfort.com,2013-03-20:5019610
2013-03-20T16:05:00+01:00
2013-03-20T16:05:00+01:00
Les éditions Arléa viennent de publier Déconnectez-vous ! , un essai de...
<p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;">Les éditions Arléa viennent de publier <strong><em>Déconnectez-vous !</em></strong> , un essai de <strong>Rémy Oudghiri</strong>. Spécialiste de la prospective, l'auteur , qui travaille au sein de l'institut IPSOS, nous livre là un essai assez emblématique de la société dans laquelle nous vivons.</span></p><p> </p><p style="text-align: center;"><img id="media-4021348" style="margin: 0.7em 0;" title="" src="http://metapoinfos.hautetfort.com/media/02/02/512449531.jpg" alt="Déconnectez-vous.jpg" /></p><blockquote><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: verdana, arial, helvetica, sans-serif; font-size: small; text-align: start;">" Aujourd’hui, internet nous accompagne toujours et partout. Où que nous soyons, grâce à nos téléphones portables, nous pouvons nous connecter à tout moment. Conséquence : nous ne savons plus nous déconnecter. D’où une addiction maladive aux messages, un oubli de la présence de l’autre, un état de distraction chronique, voire un manque d’efficacité et de présence au monde… Pour certains, la connexion est un réflexe mécanique : elle a perdu toute signification. On se connecte… sans même savoir pourquoi ! Le temps est venu d’apprendre à vivre avec les nouvelles technologies. Un mouvement en faveur de la « déconnexion » est en train d’émerger dans nos sociétés. Ici et là, des individus commencent à ralentir le rythme. Ils n’hésitent plus à « débrancher » temporairement leurs appareils électroniques. Leur objectif ? Reprendre le contrôle de leur vie. S’appuyant sur ses lectures, de Sénèque à Sylvain Tesson, en passant par Thoreau et tant d’autres, Rémy Oudghiri pense que cette déconnexion salutaire est une possibilité de se retrouver soi-même et de remettre les livres et l’esprit au coeur de notre vie."</span></p></blockquote>
Café philosophique de Montargis
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COMPTE-RENDU DE LA SÉANCE ”CATASTROPHE ! LA FIN DU MONDE ? LA PEUR PEUT-ELLE ÊTRE BONNE CONSEILLÈRE ?”
tag:cafephilosophique-montargis.hautetfort.com,2013-01-19:4961926
2013-01-19T15:59:00+01:00
2013-01-19T15:59:00+01:00
Thème du débat : " Catastrophe ! La fin du monde ? La peur peut-elle...
<p style="text-align: justify;"><strong style="font-size: small;">Thème du débat : "<span style="color: #ffff00;">Catastrophe ! La fin du monde ? La peur peut-elle être bonne conseillère ?" </span></strong></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;"><strong>Date : <span style="color: #ffff00;">21 décembre 2012 à la Brasserie du Centre commercial de la Chaussée.</span></strong></span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;">Pour cette dernière séance de l’année 2012, veille de départ en vacances, environ 50 personnes étaient présentes pour un débat intitulé : "Catastrophe ! La fin du monde ? La peur peut-elle être bonne conseillère ?" </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;">Bruno explique qu’en préparant les séances de cette saison, Claire et lui-même se sont rendus compte que ce rendez-vous de décembre tombait précisément le jour au cours duquel une fin du monde, prévue par les Mayas (<a href="http://cafephilosophique-montargis.hautetfort.com/archive/2012/12/13/fin-du-monde-le-21-decembre-2012-au-fait-que-disent-reelleme.html" target="_blank" rel="noopener">pour en savoir plus sur cette prédiction, rendez-vous sur ce lien</a>), devait advenir – du moins, à en croire plusieurs mouvements apocalyptiques ! L’occasion était trop belle : organiser un débat philosophique, non pas tant sur la fin du monde que sur la peur, avait tout son sens. Comme souvent, c’est à partir d’une expression populaire ("La peur est mauvaise conseillère") que le débat philosophique s’oriente.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;">Un premier participant réagit à cette expression par deux types de réactions que l’on peut avoir face à la peur. Le marin ne part-il pas en haute mer avec une dose de peur certaine ? Cette peur peut être certes tétanisante lorsqu’un coup dur survient ; mais que cette peur disparaisse et le marin, par manque de vigilance, sera surpris par un événement dont il n’aura su ou pu se méfier. Sur ce simple exemple est concentré toute l’ambivalence de la peur, bonne ou mauvaise conseillère selon les cas de figure.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;">Un deuxième participant souhaite réhabiliter la peur qui a bien mauvaise presse. Oui, la peur fait intrinsèquement partie de l’homme ! Elle nous suit et peut nous aider à faire les bons choix. "Seuls les fous n’ont pas peur !" ajoute-t-il. Rebondissant sur cette remarque, quelqu’un émet la remarque que la folie est un terme psychiatrique difficile à manier. Il affirme par ailleurs que la peur, plutôt que d’être simplement prise comme une fatalité, doit être au contraire domptée et vaincue. Cette domestication de ce réflexe primaire n’a rien d’irréaliste. Il existe même des procédés thérapeutiques et comportementaux <em>ad hoc</em>. Est-ce encore possible ? Car, après tout, dit Bruno, on a d’abord peur de ce que l’on ne connaît pas : qu’est-ce qui nous effraie dans la mort sinon la peur de l’inconnue après elle ? </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;">Un nouvel intervenant, Jean-Dominique Paoli, <a href="http://cafephilosophique-montargis.hautetfort.com/memoire-memoire/" target="_blank" rel="noopener">co-animateur de la séance précédente sur la mémoire</a>, souhaite faire un éclaircissement sur la manière dont le cerveau réagit dans une situation de peur. Que se passe-t-il face à un événement anxiogène ? Le cerveau a deux attitudes. Dans un premier temps, il a un réflexe de défense. Le corps se tétanise un court laps de temps afin de mieux se protéger par la suite. Dans un second temps, une autre partie du cerveau s’active afin d’analyser la situation et interpréter cet éventuel danger et comment y échapper. C’est dans ce deuxième temps simplement que la peur se manifeste.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;">Considéré de cette manière, la peur apparaît comme un mécanisme primaire de défense, qui ne distinguerait pas l’homme de l’animal. La peur, en tant que phénomène de défense, tétanise, on l’a dit. Des régimes totalitaires l’ont bien compris qui l’utilisent à seule fin d’annihiler la résistance des populations. Il y aurait a priori, dit Claire, une sorte d’universalité dans ce sentiment commun à tous. Chacun peut même lister ces peurs <em>communes</em> capables de nous tétaniser et nous hérisser les poils : peur des araignées, des souris, des serpents, du vide, etc. La peur est-elle donc si universelle que cela ?</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;">Non, répond un nouvel intervenant, pour qui la peur, loin d'être commune à tous, est avant tout un phénomène culturel. Ces exemples considérés comme universels (reptiles, rats, serpents, etc.) ne sont que des phobies très occidentales. Il ajoute que dans le pays d’où il est originaire – la Centrafrique – ces facteurs de peurs n’existent pas. Craindre une souris a, dans son pays d'origine, moins de sens que sursauter au son d’une cuillère tombée sur le sol. Par contre, il est extrêmement fréquent qu’un bruit soudain, une sirène, une voiture assourdissante ou même un uniforme de policier apeurent un habitant de ce pays, que ce soit là-bas ou ici.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;">Cette fameuse fin du monde rabattue <em>ad nauseam</em> dans les médias ne participe-t-elle pas d’un semblable mouvement culturel ? Pourquoi y croire et pourquoi ne pas y croire ? La fin de notre monde (et non pas la fin du monde) surviendra, assurément, dans un laps de temps plus ou moins (très) long, poursuit ce participant. Il y a eu des fins de mondes par le passé – entendons des grandes extinctions massives, comme celles des dinosaures (<a href="http://cafephilosophique-montargis.hautetfort.com/archive/2012/12/09/vraies-extinctions-massives-et-fausses-fin-du-monde-une-peti.html" target="_blank" rel="noopener">cf. ce lien</a>). Celle de notre monde humain n’y échappera sans doute pas, même si ce terme se calcule en milliers voire millions d’années. Il y a même fort à parier que nous n’en serons pas les témoins. Cette prévision apocalyptique n’est pas la première : elle a été précédée de quelque 180 annonces similaires depuis l’époque romaine ! Elle s’inscrit dans une sorte de culture eschatologique que ne partagent pas la totalité de la population mondiale. Ce qui n’empêche pas, affirme Claire, que l’annonce d’une apocalypse le 21 décembre 2012 suscite un engouement extraordinaire pour un petit village de l’Aude, <a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Bugarach" target="_blank" rel="noopener">Bugarach</a>, considéré par certains comme une base extra-terrestre.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;">"Comment vaincre notre peur ?" demande une dame, qui ne cache pas s’être fait violence en affrontant sa propre peur de réagir en public. Finalement, au cœur de cette question se trouve notre capacité en tant qu’homme à reconnaître ce sentiment et à le comprendre pour mieux l’affronter et le dépasser.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;">Là, sans doute, se trouve la clé d’une peur bénéfique. Claire ne cache pas avoir été surprise, en préparant cette séance, de voir tout le bienfait accordé par les pédopsychiatres à ces contes terrifiants pour enfants (<a href="http://cafephilosophique-montargis.hautetfort.com/archive/2012/12/14/pourquoi-les-enfants-aiment-avoir-peur.html" target="_blank" rel="noopener">plus d'informations sur cet article</a>). La peur est utilisée à des fins pédagogiques pour les plus petits. Les héros de notre enfance affrontent, pour notre plus grand bienfait, des situations épouvantables, voire sanglantes. Le jeune lecteur vit et accompagne cette situation par procuration jusqu’à la clôture de l’histoire : la peur était bien là mais elle a été dépassée. Tout cela n’était qu’imagination, sans risque malgré l’histoire apeurante ! Ce sentiment est sans doute similaire au ressenti des adolescents – et aussi des moins jeunes ! – à la vision d’un film d’horreur…</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;">Affronter sa peur c’est sans doute en comprendre les ressorts. S’éduquer grâce à la peur, on le voit avec les exemples précédents, c’est affronter ses propres démons, se dépasser, grandir, s’endurcir et entrer dans le monde des adultes. Les terreurs nocturnes ne sont-elles pas avant tout l’apanage de l’enfant ou de l’adolescent, se demande Claire ? Ces peurs irrationnelles doivent être dépassées pour permettre sa construction personnelle.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;">Un participant évoque un autre aspect bénéfique de cette peur : celle des adeptes de sports extrêmes (<a href="http://www.cvm.qc.ca/encephi/Syllabus/Histoire/Passecompose/sportsx.htm" target="_blank" rel="noopener">pour aller plus loin, rendez-vous sur cette page</a>) capables et surtout friands de dépasser leur peur pour réaliser des exploits hors norme. Récemment, le milieu sportif a été endeuillé par la mort de <a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Patrick_Edlinger" target="_blank" rel="noopener">Patrick Edlinger</a>. Cet alpiniste de l’extrême spécialiste de l’escalade à mains nus, avait fait du risque et de la peur son quotidien. Depuis plusieurs années cependant, ce sportif célèbre ne pratiquait quasiment plus suite à un accident qui avait failli lui coûter la vie. N’est-il pas poignant de constater qu’après avoir risqué la mort, Patrick Edlinger s’était contraint à abandonner peu à peu sa passion. En abandonnant sa passion, en choisissant de ne plus risquer sa vie et de ne plus affronter sa peur, n’est-il pas mort une première fois ? </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;">Au terme de ce café philosophique, il a été dessiné un panorama de la peur, sentiment complexe à géométrie variable, largement évoquée et utilisée dans le cadre de cette fin du monde annoncée - et qui, finalement, n’a pas eu lieu ! <br /></span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;"><strong><span style="color: #ff00ff;">Blind-test</span></strong></span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;">La séance se termine par un <a href="http://cafephilosophique-montargis.hautetfort.com/les-blind-tests-du-cafe-philo/" target="_blank" rel="noopener">blind-test</a> – le premier de cette saison – consacré à la peur:</span></p><blockquote><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;">- Combien d’inscriptions mayas ont prédit la fin du monde ? <span style="color: #ff00ff;">Réponse</span>: <span style="color: #ffff00;"><strong>0</strong></span></span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;">- Qui a dit : "N’ayez pas peur ! De quoi faut-il ne pas avoir peur ? Avant tout de faire la vérité sur nous-mêmes." <span style="color: #ff00ff;">Réponse</span>: <span style="color: #ffff00;"><strong>Jean-Paul II</strong></span></span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;">- Lars Von Trier est l’auteur d’un film récent et remarqué sur la fin du monde. Quel est ce film? </span><span style="font-size: small; color: #ff00ff;">Réponse</span><span style="font-size: small;"> </span><span style="font-size: small;">: <strong><span style="color: #ffff00;"><em>Melancholia</em></span></strong></span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;">- Quel romancier français a dit : "La vraie peur, c’est quelque chose comme une réminiscence des terreurs fantastiques d’autrefois"? </span><span style="font-size: small; color: #ff00ff;">Réponse</span><span style="font-size: small;"> </span><span style="font-size: small;">: <strong><span style="color: #ffff00;">Maupassant</span></strong></span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;">- Quel homme d’État et médecin français est l’auteur des Prophéties ? </span><span style="font-size: small; color: #ff00ff;">Réponse </span><span style="font-size: small;">: <span style="color: #ffff00;"><strong>Nostradamus</strong></span></span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;">- Sous quel nom français est connu le film d’épouvante <em>Jaws</em>? </span><span style="font-size: small; color: #ff00ff;">Réponse</span><span style="font-size: small;"> </span><span style="font-size: small;">: <span style="color: #ffff00;"><strong><em>Les Dents de la Mer</em></strong></span></span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;">- Qui a dit : « "Que de fois nous mourons de notre peur de mourir." </span><span style="font-size: small; color: #ff00ff;">Réponse</span><span style="font-size: small;"> </span><span style="font-size: small;">: <strong><span style="color: #ffff00;">Sénèque</span></strong></span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;">- Baudelaire a traduit en français les nouvelles de cet écrivain américain spécialiste de l’épouvante. Qui est-il ? </span><span style="font-size: small; color: #ff00ff;">Réponse</span><span style="font-size: small;"> </span><span style="font-size: small;">: <span style="color: #ffff00;"><strong>Edgar Allan Poe</strong></span></span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;">- En 1938, ce réalisateur américain a créé une panique monstrueuse aux USA en adaptant pour la radio <em>La Guerre des Mondes</em>. Qui est-il? </span><span style="font-size: small; color: #ff00ff;">Réponse</span><span style="font-size: small;"> </span><span style="font-size: small;">: <strong><span style="color: #ffff00;">Orson Welles</span></strong></span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;">- Qui a dit : "La fin du monde n'est pas encore pour demain." </span><span style="font-size: small; color: #ff00ff;">Réponse</span><span style="font-size: small;"> </span><span style="font-size: small;">: <strong><span style="color: #ffff00;">Tite-Live</span></strong></span></p></blockquote><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;">La gagnante repart avec le dernier livre de Michel Onfray, <em>Rendre la Raison populaire</em>. Félicitations à elle.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;">La prochaine séance du café philosophique aura lieu le <strong><span style="color: #ffff00;">1er février 2013</span></strong> (même lieu, même heure) au lieu du 25 janvier comme prévu initialement (ce changement de date ayant été décidé afin de ne pas léser l’association des <a href="http://www.cramesdelabobine.org/" target="_blank" rel="noopener">Cramés de la Bobine</a> qui tient son assemblée générale le dernier vendredi de janvier). Le sujet de la séance du 1er février sera consacré à la gentillesse : "<a href="http://cafephilosophique-montargis.hautetfort.com/la-gentillesse/" target="_blank" rel="noopener"><span style="color: #ffff00;"><strong>Oser la gentillesse : est-ce encore possible ?</strong></span></a>"</span></p>
Kraly
http://lessongesdunenuit.hautetfort.com/about.html
Sénèque - De la brièveté de la vie...
tag:lessongesdunenuit.hautetfort.com,2011-12-16:3981449
2011-12-16T04:05:00+01:00
2011-12-16T04:05:00+01:00
<p><iframe width="420" height="315" src="http://www.youtube.com/embed/6sI6R9GVnfo" frameborder="0" allowfullscreen=""></iframe></p>
Café philosophique de Montargis
http://cafephilosophique-montargis.hautetfort.com/about.html
SUJETS DU BAC DE PHILOSOPHIE CETTE ANNÉE
tag:cafephilosophique-montargis.hautetfort.com,2011-06-16:3680477
2011-06-16T13:42:00+02:00
2011-06-16T13:42:00+02:00
Voici les sujets proposées aux épreuves de philosophie, au bac, cette...
<p class="MsoNormal" style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;">Voici les sujets proposées aux épreuves de philosophie, au bac, cette année. Hélas, aucun sujet sur le bonheur, thème de notre séance "<a title="Le café philo passe le bac" href="http://cafephilosophique-montargis.hautetfort.com/le-cafe-philo-passe-le-bac-2011/" target="_blank">Le café philo passe le bac</a>" mais plusieurs sujets sur l'art, sujet sur lequel nous avons débattu en début d'année (<a title="L'art" href="http://cafephilosophique-montargis.hautetfort.com/l-art-a-quoi-ca-sert/" target="_blank">lien ici</a>). </span></p><p class="MsoNormal" style="text-align: justify;"><span style="color: #ffff00; font-size: small;"><strong>En filière L</strong></span></p><p class="MsoNormal" style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;"><strong>1er sujet</strong> : Peut-on prouver une hypothèse scientifique? </span></p><p class="MsoNormal" style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;"><strong>2ème sujet</strong> : L'homme est-il condamné à se faire des illusions sur lui-même? </span></p><p class="MsoNormal" style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;"><strong>3ème sujet</strong> : Expliquer le texte suivant: </span></p><blockquote><p class="MsoNormal" style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;">"Nous disons bonnes les vertus d'un homme, non pas à cause des résultats qu'elles peuvent avoir pour lui, mais à cause des résultats qu'elles peuvent avoir pour nous et pour la société: dans l'éloge de la vertu on n'a jamais été bien "désintéressé", on n'a jamais été bien "altruiste"! On aurait remarqué, sans cela, que les vertus (comme l'application, l'obéissance, la chasteté, la piété, la justice) sont généralement nuisibles à celui qui les possède, parce que ce sont des instincts qui règnent en lui trop violemment, trop avidement, et ne veulent à aucun prix se laisser contrebalancer raisonnablement par les autres. Quand on possède une vertu, une vraie vertu, une vertu complète (non une petite tendance à l'avoir), on est victime de cette vertu! Et c'est précisément pourquoi le voisin en fait la louange! On loue l'homme zélé bien que son zèle gâte sa vue, qu'il use la spontanéité et la fraîcheur de son esprit: on vante, on plaint le jeune homme qui s'est "tué à la tâche" parce qu'on pense: "Pour l'ensemble social, perdre la meilleure unité n'est encore qu'un petit sacrifice! Il est fâcheux que ce sacrifice soit nécessaire! Mais il serait bien plus fâcheux que l'individu pensât différemment, qu'il attachât plus d'importance à se conserver et à se développer qu'à travailler au service de tous!" On ne plaint donc pas ce jeune homme à cause de lui-même, mais parce que sa mort a fait perdre à la société un instrument soumis, sans égards pour lui-même, bref un "brave homme", comme on dit." </span></p><p class="MsoNormal" style="text-align: right;"><span style="font-size: small;">Nietzsche, <em>Le Gai Savoir</em></span></p></blockquote><p class="MsoNormal" style="text-align: justify;"><strong><span style="font-size: small; color: #ffff00;">La filière S</span></strong></p><p class="MsoNormal" style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;"><strong>1er sujet</strong> : La culture dénature-t-elle l'homme? </span></p><p class="MsoNormal" style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;"><strong>2ème sujet</strong> : Peut-on avoir raison contre les faits? </span></p><p class="MsoNormal" style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;"><strong>3ème sujet</strong> : Expliquer le texte suivant: </span></p><blockquote><p class="MsoNormal" style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;">"Chaque degré de bonne fortune qui nous élève dans le monde nous éloigne davantage de la vérité, parce qu'on appréhende plus de blesser ceux dont l'affection est plus utile et l'aversion plus dangereuse. Un prince sera la fable de toute l'Europe, et lui seul n'en saura rien. Je ne m'en étonne pas : dire la vérité est utile à celui à qui on la dit, mais désavantageux à ceux qui la disent, parce qu'ils se font haïr. Or, ceux qui vivent avec les princes aiment mieux leurs intérêts que celui du prince qu'ils servent; et ainsi, ils n'ont garde de lui procurer un avantage en se nuisant à eux-mêmes. Ce malheur est sans doute plus grand et plus ordinaire dans les plus grandes fortunes; mais les moindres n'en sont pas exemptes, parce qu'il y a toujours quelque intérêt à se faire aimer des hommes. Ainsi la vie humaine n'est qu'une illusion perpétuelle ; on ne fait que s'entre-tromper et s'entre-flatter. Personne ne parle de nous en notre présence comme il en parle en notre absence. L'union qui est entre les hommes n'est fondée que sur cette mutuelle tromperie ; et peu d'amitiés subsisteraient, si chacun savait ce que son ami dit de lui lorsqu'il n'y est pas, quoiqu’il en parle alors sincèrement et sans passion. L'homme n'est donc que déguisement, que mensonge et hypocrisie, et en soi-même et à l'égard des autres. Il ne veut donc pas qu'on lui dise la vérité. Il évite de la dire aux autres ; et toutes ces dispositions, si éloignées de la justice et de la raison, ont une racine naturelle dans son cœur." </span></p><p class="MsoNormal" style="text-align: right;"><span style="font-size: small;">Pascal, <em>Pensées </em></span></p></blockquote><p class="MsoNormal" style="text-align: justify;"><span style="color: #ffff00;"><strong><span style="font-size: small;">La filière ES</span></strong></span></p><p class="MsoNormal" style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;"><strong>1er sujet</strong> : La liberté est-elle menacée par l'égalité? </span></p><p class="MsoNormal" style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;"><strong>2ème sujet</strong> : L'art est-il moins nécessaire que la science? </span></p><p class="MsoNormal" style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;"><strong>3ème sujet</strong> : Expliquez le texte suivant: </span></p><blockquote><p class="MsoNormal" style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;">"Si c'est l'intérêt et un vil calcul qui me rendent généreux, si je ne suis jamais serviable que pour obtenir en échange un service, je ne ferai pas de bien à celui qui part pour des pays situés sous d'autres cieux, éloignés du mien, qui s'absente pour toujours ; je ne donnerai pas à celui dont la santé est compromise au point qu'il ne lui reste aucun espoir de guérison ; je ne donnerai pas, si moi-même je sens décliner mes forces, car je n'ai plus le temps de rentrer dans mes avances. Et pourtant (ceci pour te prouver que la bienfaisance est une pratique désirable en soi) l'étranger qui tout à l'heure s'en est venu atterrir dans notre port et qui doit tout de suite repartir reçoit notre assistance; à l'inconnu qui a fait naufrage nous donnons, pour qu'il soit rapatrié, un navire tout équipé. Il part, connaissant à peine l'auteur de son salut; comme il ne doit jamais plus revenir à portée de nos regards il transfère sa dette aux dieux mêmes et il leur demande dans sa prière de reconnaître à sa place notre bienfait; en attendant nous trouvons du charme au sentiment d'avoir fait un peu de bien dont nous ne recueillerons pas le fruit. Et lorsque nous sommes arrivés au terme de la vie, que nous réglons nos dispositions testamentaires, n'est-il pas vrai que nous répartissons des bienfaits dont il ne nous reviendra aucun profit? Combien d'heures l'on y passe! Que de temps on discute, seul avec soi-même, pour savoir combien donner et à qui! Qu’importe, en vérité, de savoir à qui l'on veut donner puisqu'il ne nous en reviendra rien en aucun cas ? Pourtant, jamais nous ne donnons plus méticuleusement; jamais nos choix ne sont soumis à un contrôle plus rigoureux qu'à l'heure où, l'intérêt n'existant plus, seule l'idée du bien se dresse devant notre regard. </span></p><p class="MsoNormal" style="text-align: right;"><span style="font-size: small;">Sénèque, <em>Les Bienfaits </em></span></p></blockquote><p class="MsoNormal" style="text-align: justify;"><span style="color: #ffff00;"><strong><span style="font-size: small;">Les filières techniques de la musique et de la danse</span></strong></span></p><p class="MsoNormal" style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;"><strong>Sujet 1</strong> : La maîtrise de soi dépend-elle de la connaissance de soi? </span></p><p class="MsoNormal" style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;"><strong>Sujet 2</strong> : Ressentir l'injustice m'apprend-il ce qui est juste? </span></p><p class="MsoNormal" style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;"><strong>Sujet 3</strong>: </span></p><blockquote><p class="MsoNormal" style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;">"Les artistes ont quelque intérêt à ce que l'on croie à leurs intuitions subites, à leurs prétendues inspirations; comme si l'idée de l'œuvre d'art, du poème, la pensée fondamentale d'une philosophie tombaient du ciel tel un rayon de la grâce*. En vérité, l'imagination du bon artiste, ou penseur, ne cesse pas de produire, du bon, du médiocre et du mauvais, mais son jugement, extrêmement aiguisé et exercé, rejette, choisit, combine ; on voit ainsi aujourd'hui, par les Carnets de Beethoven**, qu'il a composé ses plus magnifiques mélodies petit à petit, les tirant pour ainsi dire d'esquisses multiples. Quant à celui qui est moins sévère dans son choix et s'en remet volontiers à sa mémoire reproductrice, il pourra le cas échéant devenir un grand improvisateur; mais c'est un bas niveau que celui de l'improvisation artistique au regard de l'idée choisie avec peine et sérieux pour une œuvre. Tous les grands hommes étaient de grands travailleurs, infatigables quand il s'agissait d'inventer, mais aussi de rejeter, de trier, de remanier, d'arranger." </span></p><p class="MsoNormal" style="text-align: right;"><span style="font-size: small;">Nietzsche, </span><span style="font-size: small;"><em>Humain, trop humain</em>, §. 155</span></p><p class="MsoNormal" style="text-align: right;"><em><span style="font-size: small;">*un rayon de la grâce: une intervention divine. </span></em></p><p class="MsoNormal" style="text-align: right;"><em><span style="font-size: small;">**Beethoven : compositeur allemand (1770-1827) </span></em></p></blockquote><p class="MsoNormal" style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;">Pour expliquer ce texte, vous répondrez aux questions suivantes, qui sont destinées principalement à guider votre rédaction. Elles ne sont pas indépendantes les unes des autres et demandent que le texte soit d'abord étudié dans son ensemble. </span></p><p class="MsoNormal" style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;">1. Formulez la thèse de ce texte et montrez comment elle est établie. </span></p><p class="MsoNormal" style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;">2. Expliquez: </span></p><p class="MsoNormal" style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;">a. "l'imagination du bon artiste [...] ne cesse pas de produire, du bon, du médiocre et du mauvais, mais son jugement, extrêmement aiguisé et exercé, rejette, choisit, combine"; </span></p><p class="MsoNormal" style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;">b. "c'est un bas niveau que celui de l'improvisation artistique au regard de l'idée choisie avec peine et sérieux pour une œuvre". </span></p><p class="MsoNormal" style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;">3. La création artistique repose-t-elle sur le jugement plutôt que sur l'inspiration? </span></p><p class="MsoNormal" style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;"><br /></span></p>
Hornuss
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Mars 2011
tag:lame-son.hautetfort.com,2011-04-11:3185495
2011-04-11T16:00:00+02:00
2011-04-11T16:00:00+02:00
Dans la profusion des sorties mensuelles, ne retenons que quelques...
<h3 id="p2"><span style="color: #000000; font-size: x-small;">Dans la profusion des sorties mensuelles, ne retenons que quelques chansons...</span></h3><p><strong><img id="media-2981238" style="float: left; margin: 0.2em 1.4em 0.7em 0pt;" title="" src="http://lame-son.hautetfort.com/media/01/01/1739659961.jpg" alt="ThiéfaineSupplmensonge.jpg" />Hubert-Félix Thiéfaine, <em>Suppléments de mensonge</em> (Columbia)</strong><br /><br />Un seizième album limpide et une biographe captivante remettent en lumière le chanteur qui a connu une récente descente aux enfers. Rencontre avec un survivant de 62 ans</p><p> </p><p>Après le gouffre, la renaissance. <em>Suppléments de mensonge</em> , seizième album studio du chanteur français, sonne comme une délivrance. Tant Hubert-Félix Thiéfaine, HFT pour ses fans et intimes, est parvenu à conjurer divinement ses démons avec ce disque dont les brises pop atténuent les braises textuelles.<br /><br />En confiant les arrangements aux orfèvres Edith Fambuena et Jean-Louis Piérot du tandem Les Valentins (Daho, Bashung ou Birkin), le Jurassien s’est octroyé des orchestrations amples et aérées. Quelques compositeurs en vue (Arman Méliès, JP Nataf ou Ludéal) lui permettent également de poursuivre l’ouverture mélodique pratiquée sur <em>Scandale mélancolique</em> (2005).<br /><br />La confrontation d’un fond abrupte à ces lignes musicales claires offre encore à l’électron libre Thiéfaine de cultiver les bipolarités qu’il chérit tant depuis près de trente-cinq ans. Grâce à un répertoire aussi érudit que maudit et onirique, où il aime à remuer les plaies de l’enfance, à mettre en relief l’absurdité humaine ou ses fêlures intimes et ses noires colères. Rebelle à sa manière, «qui aime Ferré, Dylan, les Rolling Stones, la littérature américaine, les alcools blancs, les piments rouges et le silence des forêts» sans oublier les auteurs classiques (Plutarque, Sénèque, Cicéron, etc.) et nihilistes, Thiéfaine planque pourtant sous le vernis de <em>Suppléments de mensonge</em> quelques vérités funestes.<br /><br />A l’image de ce charnière «Je rêve tellement d’avoir été que je vais finir par tomber» activé au cœur de «Petit matin 4:10 heure d’été». La chute a en effet été brutale dans le cas de l’auteur du populaire «La fille du coupeur de joints». Elle remonte à l’été 2008: «C’est une chanson documentaire qui traite de tout ce qui se passe dans la tête d’un suicidaire au moment où il va passer à l’exécution de sa décision. Je m’y fais simple reporter de ma douleur. Je comprends qu’on puisse y attacher davantage d’importance: le suicide en soi, hormis chez quelques punks, a rarement été abordé et développé en chanson». Pour souligner la thématique, Thiéfaine a placé en exergue dans le livret la citation de l’écrivain suédois suicidé Stig Dagerman: «Vivre signifie seulement repousser son suicide de jour en jour.» Et a daté la chanson au 28/08/2008.<br /><br />Le décor et l’ampleur des troubles ont le mérite d’être posés. Victime d’un sérieux burn-out aux conséquences presque funestes, Thiéfaine s’est lentement remis en selle. «Je ne suis pas du genre à exploiter ce genre d’accident mais il est bien d’en parler. J’ai été hospitalisé trois mois et demi avant une longue convalescence, et ce repos forcé a évidemment influencé l’écriture apaisée de Suppléments de mensonge. Mes précédents disques étaient plus énervés et réalisés dans une vie stressée, dingue et pleine d’excès.»<br /><br />Afin d’être «plus en adéquation avec ce nouveau souffle et cette énergie inédite», le sexagénaire requinqué a même jeté un album achevé entier à la poubelle (baptisé Itinéraire d’un naufragé) dont il n’a ici exhumé que deux chansons: «Petit matin 4:10 heure d’été» et «Garbo XW machine». <em>Jours d’orage</em>, exemplaire biographie réactualisée et signée Jean Théfaine, permet d’ailleurs de mieux appréhender les origines de ce crash qui a conduit HFT à faire table rase d’un passé tumultueux et doloriste.<br /><br />Chétivité et soucis de santé, repli précoce dans son monde pour cause d’humiliations répétées, éducation catholique au sein d’une famille ouvrière à Dole mais école laïque d’abord avant de rejoindre un séminaire catholique puis les Jésuites, révolte ensuite «contre les rigidités d’un système d’éducation où ses rêves se sont fracassés» mais «en admiration aussi devant la qualité d’un bagage scolaire acquis à force de travail encadré», Thiéfaine finit par cultiver les paradoxes. Et de citer en guise de justification, lui qui a expérimenté autant le mutisme, le caniveau que les fièvres littéraires et philosophiques, un chef sioux et chaman: «Il faut absolument faire un tour de l’homme à 360 degrés pour saisir l’expérience humaine. C’est-à-dire éprouver à la fois la sagesse et le dévergondage.»<br /><br />Dans le cas de Thiéfaine, les vertiges de l’empathie passent par l’enseignement du grec et du latin, l’alcoolisation précoce, l’apprentissage de la guitare en autodidacte, le mal-être et le mutisme mêlé aux jouissances de la lecture, des dérives parisiennes en compagnie des «fantômes de Rimbaud, Verlaine et Baudelaire» au mitan des années 1970 et par la naissance sur le pavé de ses trois premiers albums. A côtoyer de si près l’autodestruction, la folie et les grands auteurs, le loup solitaire se refait pourtant peu à peu une santé de fer. Et «le caillou catatonique» qui s’est réfugié dans l’écriture avant d’apprivoiser à nouveau la parole à 35 ans de se forger un style inimitable.<br /><br />Sa longue psychanalyse versifiée, truffée de néologisme et de mythologie, aura fonctionné comme l’unique échappatoire aux spectres du passé. Le récent hoquet de son histoire a bien failli lui être fatal. Mais permet de mieux mesurer à quel point ce<em> Suppléments de mensonge</em>, dont l’expression emprunte au Gai Savoir de Nietzsche, compte dans le parcours du miraculé Thiéfaine.<br /><br /><strong>Biographie:<em> Hubert-Félix Thiéfaine: Jours d’orage</em>, par Jean Théfaine (Fayard)<img id="media-2981243" style="float: right; margin: 0.2em 0pt 1.4em 0.7em;" title="" src="http://lame-son.hautetfort.com/media/01/00/3083709747.jpg" alt="BioThiéfaine.jpg" /></strong><br /><a title="Site du Temps" href="http://www.letemps.ch" target="_blank"><br /><strong></strong><strong>Cet article est aussi paru dans le Quotidien <em>Le Temps </em>du 26 mars 2011</strong><strong></strong></a></p>
Kraly
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Pensée du Jour...
tag:lessongesdunenuit.hautetfort.com,2011-02-17:3109333
2011-02-17T07:31:03+01:00
2011-02-17T07:31:03+01:00
La vie ressemble à un conte ; ce qui importe, ce n'est pas...
<p style="text-align: left;"> </p><p style="text-align: left;"><span style="font-family: 'book antiqua', palatino; font-size: medium; color: #ff00ff;"><img id="media-2896595" style="float: left; margin: 0.2em 1.4em 0.7em 0;" src="http://lessongesdunenuit.hautetfort.com/media/02/01/3342091311.7.jpeg" alt="Unknown.jpeg" />La vie ressemble à un conte ;</span></p><p style="text-align: left;"><span style="font-family: 'book antiqua', palatino; font-size: medium; color: #ff00ff;">ce qui importe, ce n'est pas</span></p><p style="text-align: left;"><span style="font-family: 'book antiqua', palatino; font-size: medium; color: #ff00ff;">sa longueur, mais sa valeur.</span></p><p style="text-align: left;"> </p><p style="text-align: left;"><span style="color: #ffff00;"><em>(Sénèque - philosophe latin)</em></span></p>
Kraly
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Pensée du Jour...
tag:lessongesdunenuit.hautetfort.com,2010-12-22:3037081
2010-12-22T07:29:00+01:00
2010-12-22T07:29:00+01:00
Ce n'est pas parce que les choses sont difficiles que nous...
<p style="text-align: left;"> </p><p style="text-align: left;"><span style="font-size: medium; font-family: 'book antiqua', palatino; color: #7b5ca3; background-color: #ffffff;"><img id="media-2810341" style="float: left; margin: 0.2em 1.4em 0.7em 0;" src="http://lessongesdunenuit.hautetfort.com/media/02/00/3342091311.2.jpeg" alt="Unknown.jpeg" /><span style="background-color: #000000;">Ce n'est pas parce que</span></span></p><p style="text-align: left;"><span style="font-size: medium; font-family: 'book antiqua', palatino; color: #7b5ca3; background-color: #000000;">les choses sont difficiles</span></p><p style="text-align: left;"><span style="font-size: medium; font-family: 'book antiqua', palatino; color: #7b5ca3; background-color: #000000;">que nous n'osons pas,</span></p><p style="text-align: left;"><span style="font-size: medium; font-family: 'book antiqua', palatino; color: #7b5ca3; background-color: #000000;">c'est parce que</span></p><p style="text-align: left;"><span style="font-size: medium; font-family: 'book antiqua', palatino; color: #7b5ca3; background-color: #000000;">nous n'osons pas</span></p><p style="text-align: left;"><span style="font-size: medium; font-family: 'book antiqua', palatino; color: #7b5ca3; background-color: #000000;">qu'elles sont difficiles.</span></p><p style="text-align: left;"> </p><p style="text-align: left;"><span style="font-size: medium; font-family: 'book antiqua', palatino; color: #7b5ca3; background-color: #000000;">(Sénèque - Philosophe latin).</span></p>
Salmigondis
http://salmigondis.hautetfort.com/about.html
Oser
tag:salmigondis.hautetfort.com,2010-05-10:2739111
2010-05-10T08:08:00+02:00
2010-05-10T08:08:00+02:00
"Ce n'est pas parce que les choses sont difficiles que nous n'osons...
<p style="text-align: center;"><img id="media-2450285" style="border-width: 0pt; margin: 0.2em 1.4em 0.7em 0pt;" src="http://salmigondis.hautetfort.com/media/01/00/1925930006.jpg" alt="Berinka_4.jpg" width="398" height="398" /></p><p style="text-align: center;"><span style="font-size: small;"><span style="font-family: trebuchet ms,geneva;"><strong>"Ce n'est pas parce que les choses sont difficiles que nous n'osons pas, c'est parce que nous n'osons pas qu'elles sont difficiles"</strong></span></span></p><p style="text-align: center;"><span style="font-family: trebuchet ms,geneva;"><em>Sénèque</em></span></p><p style="text-align: center;"><span style="font-family: trebuchet ms,geneva;"><em>(photo de Berenika)<br /></em></span></p>
Solko
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Sénèque et le salon du livre
tag:solko.hautetfort.com,2009-11-08:2457748
2009-11-08T16:32:00+01:00
2009-11-08T16:32:00+01:00
Quae patria, quae gens mobile eduxit caput ? Edissere....
<p class="MsoNoSpacing" style="margin: 0cm 0cm 0pt;"><i style="mso-bidi-font-style: normal;"><span style="font-family: "Cambria","serif"; font-size: 12pt; mso-ascii-theme-font: major-latin; mso-hansi-theme-font: major-latin;"><span style="color: #000000;">Quae patria, quae gens mobile eduxit caput ?</span></span></i></p> <p class="MsoNoSpacing" style="margin: 0cm 0cm 0pt;"><i style="mso-bidi-font-style: normal;"><span xml:lang="EN-US" lang="EN-US" style="font-family: "Cambria","serif"; font-size: 12pt; mso-ascii-theme-font: major-latin; mso-hansi-theme-font: major-latin; mso-ansi-language: EN-US;"><span style="color: #000000;">Edissere. Equidem regna tergemini petens</span></span></i></p> <p class="MsoNoSpacing" style="margin: 0cm 0cm 0pt;"><i style="mso-bidi-font-style: normal;"><span xml:lang="EN-US" lang="EN-US" style="font-family: "Cambria","serif"; font-size: 12pt; mso-ascii-theme-font: major-latin; mso-hansi-theme-font: major-latin; mso-ansi-language: EN-US;"><span style="color: #000000;">Longinqua regis, unde ab Hesperio mari</span></span></i></p> <p class="MsoNoSpacing" style="margin: 0cm 0cm 0pt;"><i style="mso-bidi-font-style: normal;"><span xml:lang="EN-US" lang="EN-US" style="font-family: "Cambria","serif"; font-size: 12pt; mso-ascii-theme-font: major-latin; mso-hansi-theme-font: major-latin; mso-ansi-language: EN-US;"><span style="color: #000000;">Inachiam ad urbem nobile advexi pecus</span></span></i></p> <p class="MsoNoSpacing" style="margin: 0cm 0cm 0pt;"><i style="mso-bidi-font-style: normal;"><span style="font-family: "Cambria","serif"; font-size: 12pt; mso-ascii-theme-font: major-latin; mso-hansi-theme-font: major-latin;"><span style="color: #000000;">Vidi duobus imminens fluviis iugum,</span></span></i></p> <p class="MsoNoSpacing" style="margin: 0cm 0cm 0pt;"><i style="mso-bidi-font-style: normal;"><span style="font-family: "Cambria","serif"; font-size: 12pt; mso-ascii-theme-font: major-latin; mso-hansi-theme-font: major-latin;"><span style="color: #000000;">Quod Phoebus ortu semper obervo videt,</span></span></i></p> <p class="MsoNoSpacing" style="margin: 0cm 0cm 0pt;"><i style="mso-bidi-font-style: normal;"><span style="font-family: "Cambria","serif"; font-size: 12pt; mso-ascii-theme-font: major-latin; mso-hansi-theme-font: major-latin;"><span style="color: #000000;">Ubi Rhodanus ingens amne praerapido fluit</span></span></i></p> <p class="MsoNoSpacing" style="margin: 0cm 0cm 0pt;"><i style="mso-bidi-font-style: normal;"><span style="font-family: "Cambria","serif"; font-size: 12pt; mso-ascii-theme-font: major-latin; mso-hansi-theme-font: major-latin;"><span style="color: #000000;">Ararque dubitans quo suos cursus agat,</span></span></i></p> <p class="MsoNoSpacing" style="margin: 0cm 0cm 0pt;"><i style="mso-bidi-font-style: normal;"><span style="font-family: "Cambria","serif"; font-size: 12pt; mso-ascii-theme-font: major-latin; mso-hansi-theme-font: major-latin;"><span style="color: #000000;">Tacitus quietis adluit ripas vadis :</span></span></i></p> <p class="MsoNoSpacing" style="margin: 0cm 0cm 0pt;"><span style="color: #000000;"><i style="mso-bidi-font-style: normal;"><span style="font-family: "Cambria","serif"; font-size: 12pt; mso-ascii-theme-font: major-latin; mso-hansi-theme-font: major-latin;">Estne illa tellus spiritus altrix tui</span></i><span style="font-family: "Cambria","serif"; font-size: 12pt; mso-ascii-theme-font: major-latin; mso-hansi-theme-font: major-latin;"> ?</span></span></p> <p class="MsoNoSpacing" style="margin: 0cm 0cm 0pt;"><span style="font-family: "Cambria","serif"; font-size: 12pt; mso-ascii-theme-font: major-latin; mso-hansi-theme-font: major-latin;"> </span></p><p class="MsoNoSpacing" style="text-align: justify; margin: 0cm 0cm 0pt;"><span style="font-family: 'Cambria','serif'; font-size: 12pt; mso-ascii-theme-font: major-latin; mso-hansi-theme-font: major-latin;"><span style="font-family: 'Cambria','serif'; font-size: 12pt; mso-ascii-theme-font: major-latin; mso-hansi-theme-font: major-latin;"><span style="color: #000000;">Ce passage en vieille langue clôt mon passage en coup de vent au salon du livre cet après-midi à Bellecour, ainsi qu’une douce promenade dans un Lyon presque désert, froid et ensoleillé, qui s’en suivit.</span></span></span></p> <p class="MsoNoSpacing" style="margin: 0cm 0cm 0pt;"><span style="font-family: 'Cambria','serif'; font-size: 12pt; mso-ascii-theme-font: major-latin; mso-hansi-theme-font: major-latin;"><span style="color: #000000;"><em> </em></span></span></p> <p class="MsoNoSpacing" style="margin: 0cm 0cm 0pt;"><span style="font-family: 'Cambria','serif'; font-size: 12pt; mso-ascii-theme-font: major-latin; mso-hansi-theme-font: major-latin;"><span style="color: #000000;"><em>Quelle patrie quel peuple a produit cette tête branlante ?</em></span></span></p> <p class="MsoNoSpacing" style="margin: 0cm 0cm 0pt;"><span style="font-family: 'Cambria','serif'; font-size: 12pt; mso-ascii-theme-font: major-latin; mso-hansi-theme-font: major-latin;"><span style="color: #000000;"><em>Explique-toi. Quand je me dirigeais vers le lointain royaume</em></span></span></p> <p class="MsoNoSpacing" style="margin: 0cm 0cm 0pt;"><span style="font-family: 'Cambria','serif'; font-size: 12pt; mso-ascii-theme-font: major-latin; mso-hansi-theme-font: major-latin;"><span style="color: #000000;"><em>Du roi au triple corps, lieux voisins de la mer d’Hespérie</em></span></span></p> <p class="MsoNoSpacing" style="margin: 0cm 0cm 0pt;"><span style="font-family: 'Cambria','serif'; font-size: 12pt; mso-ascii-theme-font: major-latin; mso-hansi-theme-font: major-latin;"><span style="color: #000000;"><em>D’où je ramenai ses illustres troupeaux vers la ville d’Inachus,</em></span></span></p> <p class="MsoNoSpacing" style="margin: 0cm 0cm 0pt;"><span style="font-family: 'Cambria','serif'; font-size: 12pt; mso-ascii-theme-font: major-latin; mso-hansi-theme-font: major-latin;"><span style="color: #000000;"><em>Je vis, dominant deux fleuves, un sommet</em></span></span></p> <p class="MsoNoSpacing" style="margin: 0cm 0cm 0pt;"><span style="font-family: 'Cambria','serif'; font-size: 12pt; mso-ascii-theme-font: major-latin; mso-hansi-theme-font: major-latin;"><span style="color: #000000;"><em>Que chaque jour Phébus regarde à son lever,</em></span></span></p> <p class="MsoNoSpacing" style="margin: 0cm 0cm 0pt;"><span style="font-family: 'Cambria','serif'; font-size: 12pt; mso-ascii-theme-font: major-latin; mso-hansi-theme-font: major-latin;"><span style="color: #000000;"><em>Là où le Rhône immense précipite son flot,</em></span></span></p> <p class="MsoNoSpacing" style="margin: 0cm 0cm 0pt;"><span style="font-family: 'Cambria','serif'; font-size: 12pt; mso-ascii-theme-font: major-latin; mso-hansi-theme-font: major-latin;"><span style="color: #000000;"><em>Et où la Saône, hésitant sur le sens de son cours,</em></span></span></p> <p class="MsoNoSpacing" style="margin: 0cm 0cm 0pt;"><span style="font-family: 'Cambria','serif'; font-size: 12pt; mso-ascii-theme-font: major-latin; mso-hansi-theme-font: major-latin;"><span style="color: #000000;"><em>Sans bruit baigne ses rives d’une onde tranquille.</em></span></span></p> <p class="MsoNoSpacing" style="margin: 0cm 0cm 0pt;"><span style="font-family: 'Cambria','serif'; font-size: 12pt; mso-ascii-theme-font: major-latin; mso-hansi-theme-font: major-latin;"><span style="color: #000000;"><em>Est-ce cette contrée qui fut nourrice de ta vie ? (1)</em></span></span></p> <p class="MsoNoSpacing" style="margin: 0cm 0cm 0pt;"><span style="font-family: 'Cambria','serif'; font-size: 12pt; mso-ascii-theme-font: major-latin; mso-hansi-theme-font: major-latin;"><em> </em></span></p> <p class="MsoNoSpacing" style="margin: 0cm 0cm 0pt;"><span style="font-family: 'Cambria','serif'; font-size: 12pt; mso-ascii-theme-font: major-latin; mso-hansi-theme-font: major-latin;"><span style="color: #ff0000;">Sénèque <em>– Apocoloquintose</em></span></span></p> <p class="MsoNoSpacing" style="margin: 0cm 0cm 0pt;"><span style="color: #000000;">(1) Dans cet extrait, c'est Hercule qui parle et s'adresse à l'empereur Claude</span></p>
CZ EVENTS
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La citation du jour
tag:czevents.hautetfort.com,2009-03-23:2114853
2009-03-23T18:15:00+01:00
2009-03-23T18:15:00+01:00
" Ce n'est pas parce que c'est difficile que nous n'osons pas , c'est...
<p><span style="color: #ff6600;"><b>" Ce n'est pas parce que c'est difficile que nous n'osons pas , c'est parce que nous n'osons pas que c'est difficile"</b></span></p> <p><span style="color: #ff6600;"><b>Sénèque</b></span></p>
hoplite
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Tranquillité, poulettes et espérance
tag:hoplite.hautetfort.com,2009-02-25:2067129
2009-02-25T09:30:00+01:00
2009-02-25T09:30:00+01:00
" Solitude et société doivent se composer et se succéder. La solitude nous...
<p>"<em>Solitude et société doivent se composer et se succéder. La solitude nous donnera le désir de fréquenter les hommes, la société, celui de nous fréquenter nous-mêmes, et chacune sera l'antidote de l'autre, la solitude nous guérissant de l'horreur de la foule, et la foule, de l'ennui de la solitude."</em></p> <p>Sénèque, De la tranquillité de l'âme. 48 apr. JC.</p> <p>"<em>Il y a dans toute vie un certain nombre de choses que l'homme ne confie pas même à l'être le plus proche. Elles sont semblables à ces pierres que l'on trouve dans l'estomac des poules; la sympathie n'aide pas à les faire digérer."</em></p> <p>Ernst Jünger, Premier journal parisien, 2 octobre 1942.</p> <p> </p> <p>Prométhée: "<em>J'ai oté aux mortels de prévoir leur trép</em>as."</p> <p>Le coryphée: "<em>Quel remède as-tu trouvé qui les en guérisse</em>?"</p> <p>Prométhée: "<em>J'ai établi en eux d'aveugles espérances</em>."</p> <p>Eschyle, Prométhée enchaîné.</p>
Pascal Adam
http://theatrummundi.hautetfort.com/about.html
Délicatesse
tag:theatrummundi.hautetfort.com,2009-01-27:2016876
2009-01-27T00:16:00+01:00
2009-01-27T00:16:00+01:00
Il y a un épisode qui concerne la mort de Savinio. Savinio et sa femme...
<p style="text-justify: inter-ideograph; margin: 0cm 0cm 0pt; text-indent: 9pt; text-align: justify;" class="MsoNormal"><b><span style="font-size: small;"><span style="font-family: Times New Roman;"><span style="font-size: medium;">Il y a un épisode qui concerne la mort de Savinio. Savinio et sa femme faisaient chambre à part. Il était gravement malade, il souffrait du cœur ; aussi laissait-il la porte ouverte entre eux deux. Un matin sa femme, en se levant, trouve cette porte fermée, et derrière, Savinio, mort : il s’était levé, il était allé fermer la porte, pour que sa femme ne l’entende pas mourir.</span></span></span></b></p> <p style="text-justify: inter-ideograph; margin: 0cm 0cm 0pt; text-indent: 9pt; text-align: justify;" class="MsoNormal"><b><span style="font-size: small;"><span style="font-family: Times New Roman;"><span style="font-size: medium;">Leonardo Sciascia, <i>De la Sicile et de la vie en général (Conversations avec Domenico Porzio),</i> ed. Liana Levi</span></span></span></b></p> <p style="text-justify: inter-ideograph; margin: 0cm 0cm 0pt; text-indent: 9pt; text-align: justify;" class="MsoNormal"><span style="font-family: Times New Roman;"><span style="font-size: medium;"> </span></span></p> <p style="text-justify: inter-ideograph; margin: 0cm 0cm 0pt; text-indent: 9pt; text-align: justify;" class="MsoNormal"><span style="font-size: small;"><span style="font-family: Times New Roman;"><span style="font-size: medium;">Tombé là-dessus, en feuilletant ce beau livre d’entretiens, au moment où Sciascia, évoquant la vertu, passe de Sénèque à Diderot, et de Diderot à ce Savinio dont je ne connais ainsi rien d’autre que l’histoire de sa mort.</span></span></span></p> <p style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-indent: 9pt;" class="MsoNormal"><span style="font-family: Times New Roman;"><span style="font-size: medium;"> </span></span></p>
Frasby
http://certainsjours.hautetfort.com/about.html
La fête est finie ou presque...
tag:certainsjours.hautetfort.com,2009-01-03:1976308
2009-01-03T05:16:00+01:00
2009-01-03T05:16:00+01:00
J'espère que le lecteur (adoré ;-) me pardonnera de plomber un petit peu...
<p>J'espère que le lecteur (adoré ;-) me pardonnera de plomber un petit peu l'ambiance, de gâcher l'enthousiasme, les plaisirs qui augurent tout début d'année mais bon, la vie est courte et ça commence à savoir, alors autant le dire en face desfois que nous n'aurions pas été (assez) prévenus...</p> <p><img src="http://certainsjours.hautetfort.com/media/01/01/1991927181.JPG" id="media-1488132" alt="PA280311.JPG" style="border-width: 0; float: left; margin: 0.2em 1.4em 0.7em 0;" name="media-1488132" /></p> <p><b>"Chaque fois je m'étonne, lorsque je vois des gens prier qu'on leur consacre du temps, et ceux qu'on prie accorder ce temps sans difficulté; l'un et l'autre considérant le <i>motif</i> pour lequel du temps est demandé, le <i>temps en lui même</i>, personne: comme si l'on ne demandait presque rien, ni n'accordait presque rien. La chose la plus précieuse de toutes, on s'en moque; l'on s'y trompe aussi, parce que c'est une chose immatérielle, parce qu'elle ne vient pas sous les yeux et à ce titre on l'estime de très faible valeur, pis: d'un prix à peu près nul (...) Personne n'apprécie le temps à sa véritable valeur; chacun en use avec lui sans retenue, comme s'il était presque gratuit (...) Si, pourtant, l'on pouvait faire connaître à chacun le nombre, à l'instar de celui des ans qu'il a déjà vécus, des ans qui lui restent à vivre, comme trembleraient ceux qui verraient le peu de temps qu'il leur reste, et comme ils géreraient ces années avec parcimonie (...) Personne ne te restaurera tes années, personne ne te rendra une seconde fois à toi même. Ton âge poursuivra son cours comme il a commencé, sans retour en arrière ni pause; sans nul remue-ménage, sans rien pour signaler sa rapidité : il avancera en silence. Ni l'autorité d'un roi ni la faveur d'un peuple ne rallongeront sa course selon l'élan du premier jour, elle glissera sans jamais dévier, sans jamais ralentir.</b></p> <p><b>Que se passera t-il ?"</b></p> <p>SENEQUE . Extr. <a target="_blank" href="http://sami.is.free.fr/Oeuvres/seneque_de_brevitae_vitae.htm">"Sur la brieveté de la vie"</a> traduction du latin et postface par Xavier BORDES. Editions Mille et une nuits. Janvier 1994.</p> <p>Photo: Deux impressions d'aiguilles sur la sève figée. L' horloge <a target="_blank" href="http://www.larousse.fr/ref/nom-commun-nom/conifere_36232.htm">conifère</a> marque à jamais 15H50. Vue au lieu-dit "clôt boteret", quelquepart dans le Brionnais, tout à côté de la très secrète "villa Alceste", en bordure d'un chemin de terre, juste à l'entrée de la forêt. Décembre 2008.Frb©.</p>
Kris
http://krisdeblog.hautetfort.com/about.html
Fais-le !
tag:krisdeblog.hautetfort.com,2008-06-01:1642813
2008-06-01T17:44:00+02:00
2008-06-01T17:44:00+02:00
Tirons notre courage de notre désespoir même....
<p style="margin: 0cm 0cm 0pt" class="MsoNormal"><span style="font-size: 9pt; color: black; font-family: Arial"><a target="_blank" href="http://krisdeblog.hautetfort.com/media/02/00/1799507275.jpg"><img name="media-1045619" src="http://krisdeblog.hautetfort.com/media/02/00/2136462661.jpg" alt="1799507275.jpg" style="float: left; margin: 0.2em 1.4em 0.7em 0px; border-width: 0px" id="media-1045619" /></a></span></p> <p align="right" style="margin: 0cm 0cm 0pt" class="MsoNormal"> </p> <p align="right" style="margin: 0cm 0cm 0pt" class="MsoNormal"> </p> <p align="right" style="margin: 0cm 0cm 0pt" class="MsoNormal"><span style="font-size: 9pt; color: black; font-family: Arial"><font color="#FF6600">Tirons notre courage de notre désespoir même.<br /> <em>Sénèque</em></font> </span></p> <p style="margin: 0cm 0cm 0pt" class="MsoNormal"> </p> <p style="margin: 0cm 0cm 0pt" class="MsoNormal"> </p> <p style="margin: 0cm 0cm 0pt" class="MsoNormal"><span style="font-size: 9pt; color: black; font-family: Arial"> </span><span style="font-size: 9pt; color: black; font-family: Arial"><em><strong>Les enfants étaient seuls</strong></em></span><br /> <span style="font-size: 9pt; color: black; font-family: Arial"> </span></p> <p align="justify"><span style="font-size: 9pt; color: black; font-family: Arial">Leur mère était partie de bon matin et elle les avait confiés à la garde de Marina, une jeune fille de 18 ans qu’elle engageait parfois quelques heures pour les garder, en échange de menus gages.</span><br /> <span style="font-size: 9pt; color: black; font-family: Arial">Depuis la mort du père, les temps étaient devenus trop durs pour risquer de perdre son travail chaque fois que la grand-mère tombait malade ou s’absentait de la ville.</span><br /> <span style="font-size: 9pt; color: black; font-family: Arial">Lorsque le petit ami de la jeune fille appela Marina pour l’inviter à faire une promenade dans sa voiture toute neuve, elle n’hésita pas longtemps. Après tout, les enfants dormaient, comme tous les après-midi, et il ne se réveilleraient pas avant 5 h.</span><br /> <span style="font-size: 9pt; color: black; font-family: Arial">Dès qu’elle entendit le klaxon, elle attrapa son sac et décrocha le téléphone. Elle prit la précaution de fermer la porte de la chambre et mit la clé dans sa poche. Elle ne voulait pas prendre le risque que Pancho se réveille et descende l’escalier à sa recherche : il n’avait que 6 ans, dans un moment d’inattention, il pourrait tomber et se blesser. De plus, pensa t-elle, si cela arrivait, comment expliquerait-elle à sa mère que l’enfant ne l’avait pas trouvée ?<br /></span><span style="font-size: 9pt; color: black; font-family: Arial">Ce fut peut-être un court-circuit dans le téléviseur allumé ou dans une lampe du salon, ou alors une étincelle dans la cheminée ; toujours est-il que lorsque les rideaux commencèrent à brûler, le feu atteignit rapidement l’escalier de bois qui conduisait aux chambres.</span><br /> <span style="font-size: 9pt; color: black; font-family: Arial">La toux du bébé, causée par la fumée qui s’infiltrait sous la porte, le réveilla. Sans réfléchir, Pancho sauta du lit et se débattit avec la poignée pour ouvrir la porte,<span> </span> mais il n’y parvint pas.</span><br /> <span style="font-size: 9pt; color: black; font-family: Arial">De toute façon, s’il y était arrivé, lui et son petit frère de quelques mois auraient été dévorés en quelques minutes par les flammes.</span><br /> <span style="font-size: 9pt; color: black; font-family: Arial">Pancho cria, appelant Marina, mais personne ne répondit à ses appels au secours. Aussi courut-il vers le téléphone qui était dans la chambre (il savait comment composé le numéro de sa mère), mais la ligne était occupée.</span><br /> <span style="font-size: 9pt; color: black; font-family: Arial">Pancho comprit qu’il devait sortir son petit frère de là. Il essaya d’ouvrir la fenêtre qui donnait sur la corniche, mais il était impossible à ses petites mains de dégager le loquet de sécurité et, même s’il y était arrivé, il y aurait encore fallu détacher le grillage que ses parents avaient installé en guise de protection.</span><br /> <span style="font-size: 9pt; color: black; font-family: Arial">Lorsque les pompiers finirent d’éteindre l’incendie, le sujet de conversation de tous était le même :</span><br /> <span style="font-size: 9pt; color: black; font-family: Arial">Comment cet enfant si jeune avait-il pu briser la vitre, puis faire sauter le grillage avec le porte manteau ?</span><br /> <span style="font-size: 9pt; color: black; font-family: Arial">Comment avait-il pu porter le bébé dans un sac à dos ?</span><br /> <span style="font-size: 9pt; color: black; font-family: Arial">Comment avait-il pu marcher sur la corniche avec un tel poids et se laisser glisser le long de l’arbre ?</span><br /> <span style="font-size: 9pt; color: black; font-family: Arial">Comment avait-il pu sauver sa vie et celle de son frère ?</span></p> <p align="justify"><span style="font-size: 9pt; color: black; font-family: Arial">Le vieux capitaine des pompiers, homme sage et respecté, leur donna la réponse :</span><br /> <span style="font-size: 9pt; color: black; font-family: Arial">« Pancho était seul… il n’y avait personne pour lui dire qu’il n’y arriverait jamais. »</span></p> <p align="center"><strong><span style="font-size: 9pt; color: black; font-family: Arial"><font color="#FF6600">Jorge Bucay</font></span><br /> <span style="font-size: 9pt; color: black; font-family: Arial"><font color="#FF6600">« Je suis né aujourd’hui au lever du jour »</font></span></strong></p>
KALLYVASCO
http://leonmazzella.hautetfort.com/about.html
Oblatif, oblada, life goes on...
tag:leonmazzella.hautetfort.com,2008-05-19:1623678
2008-05-19T17:36:00+02:00
2008-05-19T17:36:00+02:00
Doit-on opposer le fameux Carpe diem d'Horace (et sa suite chrétienne :...
<p align="justify"><font color="#FF0000"><b>Doit-on opposer le fameux <i>Carpe diem</i> d'Horace (et sa suite chrétienne : <i>e memento mori</i>) : cueille le jour et souviens-toi que tu es mortel, à la pensée de Spinoza : <i>L'homme libre ne pense pas à la mort, sa sagesse n'est pas méditation de la mort, mais méditation de la vie</i>. Qu'il faille constamment chercher l'ataraxie, la paix de l'âme, en considérant que cette quête est recevable uniquement dans la vie, me semble certain (à condition de ne pas croire en un au-delà). Et qu'il faille avoir le souci (socratique) des autres, jusqu'au presqu'oubli de soi,</b></font> <font color="#FF0000"><b>aussi</b></font><font color="#FF0000"><b>. Sénèque : <i>Vis pour autrui, si tu veux vivre pour toi.</i> L'Evangile -que je ne fréquente guère- dit pourtant, en substance, que la bonté suppose le désintéressement total. Elle doit être en quelque sorte spontanée et irréfléchie, sans le moindre calcul, sans la moindre complaisance en soi-même. Pure théorie, c'est vrai... Selon le philosophe Pierre Hadot, seul Marc-Aurèle a atteint ce sommet. Relisons Marc-Aurèle...</b></font></p>
L'Hérétique
http://heresie.hautetfort.com/about.html
Euthanasie ou suicide ?
tag:heresie.hautetfort.com,2008-03-12:1511139
2008-03-12T19:00:00+01:00
2008-03-12T19:00:00+01:00
Je viens de lire un article dans le Figaro à propos d'une femme qui...
<p>Je viens de lire un <a href="http://www.lefigaro.fr/actualites/2008/03/12/01001-20080312ARTFIG00538-une-femme-demande-a-la-justice-le-droit-de-mourir.php">article dans le Figaro</a> à propos d'une femme qui demande à mourir. Elle est atteinte d'une tumeur rarissime qui la défigure et provoque des souffrances insupportables. Une sorte de tumeur au sinus qui interdit du coup toute opération chirurgicale d'envergure.</p> <p>Elle a écrit une <a href="http://leblogdeladmd.hautetfort.com/media/02/02/870372081.pdf">lettre à Nicolas Sarkozy</a> pour lui demander le droit de mourir dignement. J'avais entendu son témoignage sur France Info il y a quelques semaines. C'est le genre de choses qui me glace le sang.</p> <p>D'un côté, on ne peut pas interdire à quelqu'un d'en finir avec la souffrance. Mais de l'autre comment imaginer cette situation horrible où vous accompagnez quelqu'un en sachant que dans une heure, tout au plus, elle va mourir.</p> <p>C'est quelque chose contre lequel mon esprit se révolte, mais je crois que c'est parce que la mort est toujours plus difficile pour ceux qui restent. Plus difficile pour ceux qui ont envie de vivre.</p> <p>La question de fond, finalement, c'est de de déterminer si l'euthanasie est un suicide ou non. L'église catholique, par exemple, s'oppose à l'euthanasie, parce qu'elle estime que c'est un suicide. Mais moi, je ne sais pas si c'est un suicide ou non. En mon for intérieur, je tends à penser que non. Pas un suicide, mais une voie sans issue, une impasse de la vie. </p> <p>L'euthanasie nous renvoie à nos échecs, et aussi à notre impuissance. En grec ancien, εὐθανασία signifie "mort douce et facile".On pourrait aussi penser que la tumeur maligne qui atteint cette malheureuse femme est aussi une sorte de longue agonie.</p> <p><b>Agonie, son étymologie est assez horrible</b> : <u>ἀγων en grec, cela signifie le combat</u>. Mais lorsque l'on agonise, on combat contre quoi ? <b>Contre la mort qui vient, ou contre la vie qui reste ?</b> </p> <p>L'avocat de Chantal Sébire utilise pour les commodités de son exposé le terme de suicide pour évoquer et justifier la requête de sa cliente. Moi, je crois qu'il ne le faut pas. Il ne faut pas lier euthanasie et suicide. Parce que justement, pour légitimer l'euthanasie, il faut justement démontrer que ce n'est pas un suicide. Or, manifestement, cet avocat a choisi de s'appuyer sur les articles 2 et 5 de la convention européenne qui disent que tout individu a droit à la vie et que donc la vie n'est pas une obligation. Ce qui n'est pas une obligation, ce n'est pas la vie, mais plutôt la souffrance. Il faut, je le crois dégager une bonne fois pour toutes l'euthanasie du champs sémantique du suicide pour le laisser uniquement dans celui de la souffrance et de la mort.</p> <p>Actuellement, ce qui est proposé à Chantal Sébire, c'est un coma artificiel qui reviendrait à garantir la cessation de ses fonctions vitales au bout de 10 à 15 jours. 10 à 15 jours d'agonie ? de combat ? Cela ne me semble en effet pas raisonnable, et l'avocat de Madame Sébire repousse cette solution. </p> <p>Dans la 4ème <b>lettre à Lucilius</b>, le philosophe Sénèque évoque la mort, et surtout la peur de la mort : « Mors ad te venit: timenda erat si tecum esse posset: necesse est aut non perveniat aut transeat. »</p> <p><font color="#0000FF">« La mort vient à toi: tu devrais la craindre, si elle pouvait séjourner avec toi; mais de deux choses l'une: ou elle ne t'atteint point ou elle < te touche et > passe. »</font></p> <p>Je pense en effet, que ce sont nos projections qui sont terrfiantes, et pas la mort elle-même. Sénèque a bien compris cela. Juste avant, Sénèque précise : «Profice modo: intelleges quaedam ideo minus timenda, quia multum metus afferunt. <b>Nullum malum magnum quod extremum est</b>.»</p> <p><font color="#0000FF">« Avance d'un pas et tu comprendras cette vérité; la terreur qu'éveillent certains objets doit précisément diminuer nos appréhensions à leur endroit. Un mal n'est jamais grand, qui marque la fin de tous les autres.» </font></p> <p>Oui, c'et sans doute vrai : aucun mal n'est grand s'il est le dernier. C'est en ce sens, sans doute, qu'il faudrait reconsidérer l'euthanasie. Il resterait encore à définir précisément les maux, mais il me semble que Sénèque a certainement ouvert la voie. </p>
L'Hérétique
http://heresie.hautetfort.com/about.html
Martinon, non, non, non...et Néron !
tag:heresie.hautetfort.com,2008-02-12:1460707
2008-02-12T09:10:00+01:00
2008-02-12T09:10:00+01:00
Ce n'est pas de moi, ce slogan, c'est de l'UMP local à Neuilly :-) Il faut...
<p>Ce n'est pas de moi, ce slogan, c'est de l'UMP local à Neuilly :-) Il faut dire que ce pauvre Martinon rime étrangement avec paillasson depuis un moment. Après avoir été traité en public devant des dizaines de millions de téléspectateurs d'imbécile par son "maître" en octobre dernier, le voilà non moins publiquement désavoué pour cause de mauvais sondage à un peu plus d'un mois du premier tour de scrutin.</p> <p>Dommage, pour une fois, il y aurait eu deux tours de scrutin, et, qui sait ? Martinon aurait pu demander au facteur de la LCR de le soutenir au nom de Guy Môcquet...</p> <p>Il aurait présenté sa démission à Nicolas Sarkozy, mais elle aurait été refusée. Le problème, voyez-vous, c'est qu'il y a <b>des précédents de ce type assez funestes</b> : <u>Sénèque</u> le philosophe, sentant son impérial disciple tourner de plus en plus mal, voulut quitter sa cour, mais <u>Néron</u> lui interdit de s'exiler et l'engagea à rester à ses côtés. Quelques termps plus tard, Sénèque dut <b>choisir entre les jeux du cirque avec les lions ou le suicide</b>...</p> <p>J'espère qu'à la lueur de cet exmeple, "l'imbécile de Neuilly" a bien compris ce qui l'attend...Je ne vous parle évidemment pas des affaires de famille de l'empereur, car je ne doute pas que l'on trouve des Agripine et des Poppée qui conviendraient pour jouer le rôle... </p> <p>Eh, au fait, il y a un candidat MoDem, à Neuilly : <a href="http://www.harmand2008.fr/blog.php">Alexandre Harmand</a>. </p>