Last posts on sen2024-03-29T03:08:17+01:00All Rights Reserved blogSpirithttps://www.hautetfort.com/https://www.hautetfort.com/explore/posts/tag/sen/atom.xmlL'Hérétiquehttp://heresie.hautetfort.com/about.htmlCrise catallactique dans le capitalisme financiertag:heresie.hautetfort.com,2009-02-08:20381112009-02-08T00:43:00+01:002009-02-08T00:43:00+01:00 J'entends partout dénoncer le capitalisme financier comme source unique et...
<p>J'entends partout dénoncer le capitalisme financier comme source unique et certaine de la crise économique qui frappe le monde, et j'avoue que cette antienne scandée jusqu'à l'écoeurement finit par m'agacer.</p> <p>Il y a deux moteurs véritables à la crise : l'avidité humaine, et pas uniquement celle des banquiers, ce serait trop facile, mais de tous ceux qui espèrent des profits monumentaux à court terme, mais surtout et principalement l'absence d'informations fiables. Combien d'individus auraient acheté des titres comportant des subprimes s'ils avaient su ce qu'il y avait exactement dedans ?</p> <p>Il y donc un problème de traçabilité, et par là, évidemment, de confiance, car ce qui génère la confiance, dans une économie de marché, a fortiori pour la bourse dont les cours ne s'établissent que par des anticipations, c'est la fiabilité.</p> <p>Ce que j'en déduis, c'est que le but prioritaire, dans la réforme du système financier, ce n'est pas la régulation dont on nous serine sur tous les airs connus l'absolue nécessité, mais, la garantie d'une INFORMATION fiable et impartiale. Voilà le véritable enjeu. Et, corollairement, il est absolument nécessaire de garantir la liberté des médias !</p> <p>L'école autrichienne d'économie, et au premier rang Kizner, considère le marché (et c'est a fortiori pertinent pour la Bourse) comme l'expression en actes de la somme de toutes les informations qui le concernent. Mais comme aucun individu ne peut totalement appréhender ces informations, la fixation de prix est toujours le fruit d'une ignorance. Conséquemment, le marché ne produit que des prix de déséquilibres.</p> <p>Je lance une piste de réflexion que je n'ai pas les moyens techniques, tant en économie qu'en finance et en mathématiques de faire aboutir mais qui mérite, à mon avis, d'être explorée : si l'on admet corrects les prédicats autrichiens à propos du marché, on doit conclure que plus l'on réduit l'ignorance, plus les prix tendront à atteindre un certain équilibre. Et, par suite, il semble bien qu'il y ait un lien direct entre l'ampleur des crises et la faible teneur des informations dont disposent les acteurs. En fait, moins les acteurs disposent d'informations, et là, je tiens un raisonnement personnel, plus la correction qui s'ensuit est violente.</p> <p>Il me semble donc que tout l'effort de la gouvernance mondiale devrait porter sur la nécessité de donner l'information aux acteurs des marchés, surtout des marchés qui fonctionnent par anticipation.</p> <p><a href="http://heresie.hautetfort.com/archive/2008/03/18/capitalisme-financier-system-failure-operating-system-doesn.html">Ce n'est pas la première fois que je me pose la question</a>, mais, je n'avais pas eu de réponses la fois précédente. <a href="http://heresie.hautetfort.com/archive/2008/10/01/au-coeur-des-marches-financiers.html">J'ai relancé le débat en octobre dernier</a>. Troisième couche aujourd'hui ! Mais comme entre-temps, j'ai rejoint <a href="http://reseau-lhc.blogspot.com/">LHC</a>, peut-être puis-je espérer un avis ou un éclairage de mes amis libéraux qui liront ce billet...</p> <p>En somme, est-il possible de penser <a href="http://heresie.hautetfort.com/archive/2007/12/26/ecole-autrichienne-problematique-de-la-monnaie-et-des-marche.html">une nouvelle forme de catallaxie</a> ?</p> <p>Il se trouve que j'ai trouvé sur le site du <a href="http://crief.labo.univ-poitiers.fr/spip.php?article56">Centre de Recherche sur l'Intégration Économique et Financière</a> (celui-là je vais le mettre dans ma blogroll, super-découverte), <a href="http://sceco.univ-poitiers.fr/recherpubli/doctravail/T2003-11.pdf">un document intéressant datant de 2003 d'Olivier Grosse</a>. Il y évoque notamment l'analyse de Richardson : il intègre dans la définition habituelle du marché par les Autrichiens une dimension supplémentaire liée à l'inévitable inter-connexion entre les productions des entreprises dans un même secteur. Et là, je cite un extrait du document que je viens de lire pour mieux me faire comprendre :</p> <p><span style="color: #000080;">« Les marchés cessent d’être considérés exclusivement comme des lieux d’une exploitation d’une division du travail a priori mais représentent des lieux sur lesquels les firmes élaborent une division des tâches »(Dulbecco et Garrouste [2000], p.97). Pour sa part, la coopération inter-firmes permet de faire appel à des compétences hétérogènes, nécessitant d’être étroitement coordonnées, sans lesquelles la réalisation d’un produit ou d’un procédé technique serait impossible à obtenir. Néanmoins, le marché reste un mécanisme de coordination déterminant en ce sens que seul l’échange marchand, par la confrontation de l’offre et de la demande, juge la création de valeur ajoutée et, par là-même et de manière indirecte, les compétences des firmes.<br /> Une telle représentation démultiplie les modalités de coordination des agents et par conséquent élargit le champ des défauts de coordination si l’on considère la coordination hors marché comme n’étant ni donnée, ni parfaitement connue ex ante. En effet, si la spécialisation des agents n’est pas connue d’autrui avec certitude, cela en conséquence des caractères subjectif et dispersé de la connaissance des agents économiques, alors chaque mécanisme prenant part à la coordination globale des acteurs intervient également au travers de l’existence des défauts de coordination associés aux situations de déséquilibre, et cela, eu égard aux types d’activités économiques que ces mécanismes sont censés permettre respectivement de coordonner efficacement. Autrement dit, l’ensemble des mécanismes de coordination est confronté au problème de la « division de la connaissance », que la coordination d’activités économiques qu’ils permettent respectivement de réaliser ait lieu sur<br /> les marchés ou hors marché.</span></p> <p>Cela n'illustre pas exactement ce que je dis ici, mais plutôt <a href="http://heresie.hautetfort.com/archive/2008/10/01/au-coeur-des-marches-financiers.html">ma note du 10 octobre dernier</a> : il me semble que les différents métiers de la finance sont dans la situation qu'évoque Richardson, et que la division formidable de la connaissance qui s'ensuit génère une complexité croissante que les acteurs financiers ne parviennent plus à maîtriser.</p> <p>Je voudrais conclure en disant que ce n'est pas le capitalisme en tant que tel qui pose problème, et encore moins la liberté d'entreprendre qui est à tort associé à l'égoïsme. Il ne faut pas bloquer la liberté d'entreprendre pour réguler les flux financiers. Il faut au contraire, à mon avis, garantir à tous la possibilité d'entreprendre.</p> <p>Amartya Sen ferait peut-être une syncope s'il voyait comment je me réapproprie ses raisonnements. Il écrit dans <i>L'économie est une science morale</i> qu'il importe, en termes de liberté et de droits, de considérer concrètement et non pas formellement ce que peuvent ou non faire les individus. De là l'idée qu'il existe des individus plus démunis que d'autres envers lesquels les États et les sociétés ont une responsabilité sociale. Eh bien moi j'en dis autant à propos de l'information que je décrète <i>bien supérieur</i> au même titre que la santé, la culture et l'éducation. Ce devrait être LA cause des économistes et des entrepreneurs. Je dis qu'il faut créer un droit des entrepreneurs à l'information et que ce droit ne peut s'exercer que par une certaine forme de traçabilité des marchandises et des flux financiers. Non pour punir les méchants capitalistes (on va leur faire la peau à ses sales Koulaks ! Parce que <i>nos vies valent plus que leurs profits</i>, hein ?) mais pour rétablir la confiance sur laquelle repose la dynamique structurellement stable des marchés et faire en sorte que chaque individu puisse devenir entrepreneur, que ce soit dans la sphère économique ou non.</p> <p>J'ajoute une dernière chose : les crises alimentaires procèdent de la même faille. L'alimentation bio se porte très bien en France, alors que nous sommes en temps de crise, parce qu'elle génère de la confiance. La confiance ne doit pas être réduite à l'éthique et à la morale en économie mais doit pouvoir être établie de manière systémique.</p>
claudeguillemainhttp://almozambique.hautetfort.com/about.htmlEgalité, capabilité, Sentag:almozambique.hautetfort.com,2008-06-15:16639632008-06-15T16:43:00+02:002008-06-15T16:43:00+02:00 // Chers amis Amartya...
<h1 id="message_view_subject"></h1> <div style="clear: both"></div> <div class="vcard"> <div class="row"> <div class="label"></div> <div class="label"><script type="text/javascript"> //<![CDATA[ hideAddress('addrExpand_to'); //]]> </script></div> </div> <div class="clearFloat"></div> </div> <div id="message1372757302" class="undoreset clearfix"> <div id="yiv1905293529"> <div> <p style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify"><font size="2" face="Arial"><font size="3" face="Times New Roman">Chers amis</font></font></p> <p style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify"> </p> <p style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify"><font size="3" face="Times New Roman">Amartya Sen, dans <i>Repenser l’inégalité,</i> considère que l’inégalité est en partie liée à des différences de capabilité. La définition qu’il donne de la capabilité est la possibilité pour un individu de réaliser ses buts, de choisir la vie qu’il veut mener.</font></p> <p style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify"><font size="3" face="Times New Roman">Or la nature fait que les capabilités sont inégales suivant l’endroit où nous naissons, notre sexe, notre hérédité, nos aptitudes et handicaps, notre environnement, etc. Ces inégalités s’ajoutent aux inégalités de ressources, ce qu’Amartya Sen qualifie d’inégalités en biens premiers (attention sa définition en est différente de celle de Rawls), en conséquence une égalité de revenu ne nous permet pas pour autant d’avoir les mêmes capacités d’atteindre nos objectifs.</font></p> <p style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify"><font size="3" face="Times New Roman">Ainsi même à revenu égal, un handicapé n’aura pas les mêmes capacités qu’un valide ; une femme dans certaines sociétés aura des possibilités de se réaliser inférieure à celle d’un homme. Ou encore une personne vivant dans un environnement culturellement pauvre ne réalisera pas ses fins aussi facilement qu’une personne se développant dans un milieu lettré.</font></p> <p style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify"> </p> <p style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify"><font size="3" face="Times New Roman">La liberté de ceux qui sont désavantagés en terme de capabilité est donc amoindrie selon Sen. Il faudrait donc que chaque société établisse les capabilités minimales qu’elle garantit à ses citoyens.</font></p> <p style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify"><font size="3" face="Times New Roman">Par exemple le droit formel de voter aux Etats-Unis n’est pas un droit réel tant que la société ne permet pas aux plus défavorisés d’être éduqués et même transportés jusqu’au bureau de vote pour pouvoir réellement apprécier ce droit et l’exercer. On en revient ici à la distinction entre libertés réelles et libertés formelles des marxistes.</font></p> <p style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify"> </p> <p style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify"><font size="3" face="Times New Roman">Sen considère donc qu’une plus grande égalité des capabilités passe par l’octroi de libertés positives c’est à dire de droits-créances (un droit à) auprès de la société.</font></p> <p style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify"> </p> <p style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify"><font size="3" face="Times New Roman">Le sens commun donne pourtant un tout autre sens au terme liberté : celui de liberté négative, c’est-à-dire une liberté que l’on possède et à laquelle la société ne peut porter atteinte. Est une liberté, en ce sens, le droit de propriété – défini comme la prohibition du vol - ; le droit de vivre – défini comme l’interdiction du meurtre -.<span> </span> Alors que la liberté de Sen c’est plutôt le droit à percevoir un revenu, un logement, une instruction.</font></p> <p style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify"> </p> <p style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify"><font size="3" face="Times New Roman">La critique de cette vision qui permet l’égale capabilité a déjà été fournie au milieu du XIXème siècle par Frédéric Bastiat dans <i>La Loi</i> :</font></p> <p style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify"> </p> <p style="margin-left: 36pt; margin-right: 36pt; text-align: justify"><font size="3" face="Times New Roman">« Et ce n'est point là une distinction vaine: le sens en est profond, les conséquences en sont immenses. Car dès qu'on admet qu'il faut à l'homme, pour être vraiment libre, le <b>Pouvoir</b> d'exercer et de développer ses facultés, il en résulte que la société doit à chacun de ses membres l'instruction convenable, sans laquelle l'esprit humain ne <em>peut</em> se déployer, et les instruments de travail, sans lesquels l'activité humaine ne <em>peut</em> se donner carrière. Or, par l'intervention de qui la société donnera-t-elle à chacun de ses membres l'instruction convenable et les instruments de travail nécessaires, si ce n'est par l'intervention de l'État? </font></p> <p style="margin-left: 36pt; margin-right: 36pt; text-align: justify"><font size="3" face="Times New Roman">Ainsi la liberté, c'est le pouvoir. — En quoi consiste ce <b>Pouvoir</b>? — À posséder l'instruction et les instruments de travail. — Qui <em>donnera</em> l'instruction et les instruments de travail? — La société, <em>qui les doit</em>. — Par l'intervention de qui la société donnera-t-elle des instruments de travail à ceux qui n'en ont pas? — Par <em>l'intervention de l'État</em>. — À qui l'État les prendra-t-il? C'est au lecteur de faire la réponse et de voir où tout ceci aboutit. »</font></p> <span style="font-size: 12pt; font-family: 'Times New Roman'">L’État Nounou bien sûr et la négation du pouvoir de résilience (une capabilité plus faible résulte en une volonté de réussite plus forte qui contrebalance ce premier handicap).</span> <span style="font-size: 8.5pt; font-family: Arial"><br /> <br /></span></div> </div> </div>