Last posts on saint-rémy2024-03-28T10:09:56+01:00All Rights Reserved blogSpirithttps://www.hautetfort.com/https://www.hautetfort.com/explore/posts/tag/saint-rémy/atom.xmlAlainhttp://www.httpsilartetaitconte.com/about.htmlMa propre musiquetag:www.httpsilartetaitconte.com,2017-01-09:58962772017-01-09T08:27:00+01:002017-01-09T08:27:00+01:00 VAN GOGH Vincent – Le semeur (d’après Jean-François Millet,...
<p> </p><p align="center"><span style="font-size: 24pt; font-family: 'Monotype Corsiva'; color: #333399;"><span style="font-family: georgia, palatino, serif;">VAN GOGH Vincent </span>– <span style="font-family: verdana, geneva, sans-serif; font-size: 18pt;">Le semeur (d’après Jean-François Millet, 1850), 1889, collection privée </span></span></p><p align="center"> </p><p align="center"> </p><p align="center"> </p><p style="text-align: justify;" align="center"><span style="font-family: 'times new roman', times, serif; font-size: 14pt; color: #800080;"><em> En cette fin du mois d’août 1889, Vincent Van Gogh ne va pas bien…</em></span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: 'times new roman', times, serif; font-size: 14pt; color: #800080;"><em> Depuis de nombreux mois, il est enfermé à l’hospice de Saint-Rémy-de-Provence, dans ce Midi où il est arrivé il y a seulement un et demi. Il veut repartir vers le Nord. Le soleil ne lui réussit pas… Il ne le sait pas encore, dans huit mois, en mai 1890, il reprendra le train pour Auvers-sur-Oise, une commune de la région parisienne, où il retrouvera le docteur Gachet qui sera chargé par son frère Théo de s’occuper de lui.</em></span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: 'times new roman', times, serif; font-size: 14pt; color: #800080;"><em> Vincent manque de confiance dans ses capacités physiques pour entreprendre un voyage : « </em><em><span style="background: white;">Je suis étonné qu’avec les idées modernes que j’ai, moi si ardent admirateur de Zola, de Goncourt et des choses artistiques que je sens tellement, j’aie des crises comme en aurait un superstitieux et qu’il me vient des idées religieuses embrouillées et atroces telles que jamais je n’en ai eu dans ma tête dans le nord. »</span></em></span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: 'times new roman', times, serif; font-size: 14pt; color: #800080;"><em> Pour le moment, l’artiste vient de sortir d’une longue et violente crise. Ne pouvant sortir, il travaille d’arrache-pied dans sa chambre : « Je laboure comme un vrai possédé. J’ai une fureur sourde de travail plus que jamais. Et je crois que ça contribuera à me guérir. Peut-être m’arrivera-t-il une chose comme celle dont parle Eugène Delacroix : « J’ai trouvé la peinture lorsque je n’avais plus ni dents ni souffle ». </em></span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: 'times new roman', times, serif; font-size: 14pt; color: #800080;"><em> N’ayant pas de modèles, il demande à son frère Théo de lui envoyer des gravures de ses peintres préférés. Parmi ces gravures, il entreprend de copier les travaux des champs, dont « Le semeur », de Jean-François Millet. Il ne veut pas faire de simple copie des toiles du peintre mais souhaite en faire une interprétation personnelle : sa propre musique…</em></span></p><p style="text-align: justify;"> </p><p style="text-align: justify;"> </p><p><span style="font-size: 18pt; color: #000000;"><strong><span style="font-family: 'Times New Roman';">Lettre à Théo – vers le 20 septembre 1889</span></strong></span></p><p><span style="font-family: 'Times New Roman';"> </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: 'Times New Roman'; font-size: 14pt; color: #000000;">« J’ai à présent 7 copies sur les dix des « travaux des champs » de Millet. </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: 'Times New Roman'; font-size: 14pt; color: #000000;">Je peux t’assurer que cela m’intéresse énormément de faire des copies et que n’ayant pour le moment pas de modèles cela fera que pourtant je ne perdrai pas de vue la figure.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: 'Times New Roman'; font-size: 14pt; color: #000000;">En outre cela me fera une décoration d’atelier pour moi ou un autre.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: 'Times New Roman'; font-size: 14pt; color: #000000;">Ce que je cherche là-dedans et pourquoi il me semble bon de les copier, je vais tâcher de te le dire. On nous demande à nous autres peintres toujours de <em>composer</em> nous-mêmes et de<em> n’être</em> <em>que compositeurs</em>.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: 'Times New Roman'; font-size: 14pt; color: #000000;">Soit – mais dans la musique il n’en est pas ainsi et si telle personne jouera du Beethoven elle y ajoutera son interprétation personnelle – en musique et alors surtout pour le chant <em>l’interprétation</em> d’un compositeur est quelque chose, et il n’est pas de rigueur qu’il n’y a que le compositeur qui joue ses propres compositions.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: 'Times New Roman'; font-size: 14pt; color: #000000;">Bon – moi, surtout à présent étant malade, je cherche à faire quelque chose pour me consoler, pour mon propre plaisir.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: 'Times New Roman'; font-size: 14pt; color: #000000;">Je pose le blanc et noir de Delacroix ou de Millet, ou d’après eux, devant moi comme motif. </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: 'Times New Roman'; font-size: 14pt; color: #000000;">Et puis j’improvise de la couleur là-dessus, mais bien entendu pas tout à fait étant moi, mais cherchant des souvenirs de <em>leurs</em> tableaux - mais le souvenir, la vague consonance de couleurs qui sont dans le sentiment sinon justes - ça c’est une interprétation à moi.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: 'Times New Roman'; font-size: 14pt; color: #000000;">Un tas de gens ne copient pas, un tas d’autres copient – moi je m’y suis mis par hasard et je trouve que cela apprend et surtout parfois console. </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: 'Times New Roman'; font-size: 14pt; color: #000000;">Aussi alors mon pinceau va entre mes doigts comme serait un archet sur le violon et absolument pour mon plaisir. »</span></p><p style="text-align: justify;"> </p><p style="text-align: justify;"> </p><p style="text-align: left;"><img id="media-5541238" style="margin-top: 0.7em; margin-bottom: 0.7em;" title="" src="http://www.httpsilartetaitconte.com/media/01/02/3567772822.jpg" alt="peinture, Millet, Saint-Rémy, semeur" width="479" height="590" /></p><p style="text-align: left;"><span style="font-family: 'Monotype Corsiva'; color: #3366ff;">J<span style="font-size: 12pt;">ean-François Millet – Le semeur, 1850, Museum of Fine Arts, Boston</span></span></p><p> </p><p style="text-align: right;"><img id="media-5541247" style="margin-top: 0.7em; margin-bottom: 0.7em;" title="" src="http://www.httpsilartetaitconte.com/media/00/00/3487105635.jpg" alt="peinture, Van Gogh, Saint-Rémy, semeur" width="495" height="628" /></p><p style="text-align: right;" align="center"><span style="font-family: 'Monotype Corsiva'; color: #3366ff; font-size: 12pt;">Vincent Van Gogh – Le semeur (d’après Jean-François Millet 1850), 1889, Collection privée</span></p><p style="text-align: right;"> </p><p style="text-align: right;"> </p><p><span style="font-family: 'times new roman', times, serif; font-size: 14pt; color: #800080;"><em> En 1891, l’écrivain Octave Mirbeau, dans « L’écho de Paris », ne pouvait faire une plus belle analyse du travail de l’artiste :</em></span></p><p> </p><p><span style="font-family: 'times new roman', times, serif; font-size: 18pt; color: #000000;"><strong>Octave Mirbeau </strong>– L’écho de Paris, 31 mars 1891</span></p><p><span style="font-family: 'Times New Roman';"> </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: 'times new roman', times, serif; font-size: 14pt; color: #000000;">« Dans « Le semeur », de Millet, rendu si surhumainement beau par Van Gogh, le mouvement s'accentue, la vision s'élargit, la ligne s'amplifie jusqu'à la signification du symbole. Ce qu'il y a de Millet demeure dans la copie ; mais Vincent Van Gogh y a introduit quelque chose à lui, et le tableau prend bientôt un aspect de grandeur nouvelle. <span style="background: white;">Il est bien certain qu’il apportait devant la nature, les mêmes habitudes mentales, les mêmes dons supérieurs de création que devant les chefs-d’œuvre de l’art. Il ne pouvait pas oublier sa personnalité, ni la contenir devant n’importe quel spectacle et n’importe quel rêve extérieur. Elle débordait de lui en illuminations ardentes sur tout ce qu’il voyait, tout ce qu’il, touchait, tout ce qu’il sentait. Aussi ne s’était-il pas absorbé dans la nature. Il avait absorbé la nature en lui ; il l’avait forcée à s’assouplir, à se mouler aux formes de sa pensée, à le suivre dans ses envolées, à subir même ses déformations si caractéristiques. Van Gogh a eu, à un degré rare, ce par quoi un homme se différencie d’un autre : le style. Dans une foule de tableaux, mêlés les uns aux autres, l’œil, d’un seul clin, sûrement, reconnaît ceux de Vincent Van Gogh, comme il reconnaît ceux de Corot, de Manet, de Degas, de Monet, de Monticelli, parce qu’ils ont un génie propre qui ne peut être autre, et qui est le style, c’est-à-dire l’affirmation de la personnalité. Et tout, sous le pinceau de ce créateur étrange et puissant, s’anime d’une vie étrange, indépendante de celle des choses, qu’il peint, et qui est en lui et qui est lui. »</span></span></p><p style="text-align: justify;"><span style="color: #000000;"> </span></p><p style="text-align: justify;"> </p><p style="text-align: justify;"><span style="text-align: right; font-family: 'times new roman', times, serif; font-size: 14pt;"> </span></p>
daniel cuninhttp://flandres-hollande.hautetfort.com/about.htmlUn poème, un livre – Guy Vaestag:flandres-hollande.hautetfort.com,2014-04-02:53376972014-04-02T00:13:00+02:002014-04-02T00:13:00+02:00 AMSTERDAM ...
<p class="MsoNormal" style="margin-bottom: .0001pt;"><span style="font-family: Verdana;"> </span></p><p class="MsoNormal" style="margin-bottom: .0001pt;"><span style="font-family: Verdana;"> </span><span style="font-size: medium;"><span style="font-family: Verdana;"> </span></span></p><p class="MsoNormal" style="margin-bottom: 0.0001pt; text-align: center;"><span style="font-family: georgia, palatino, serif; font-size: 14pt;"><span style="color: #993300;"><strong>AMSTERDAM</strong></span></span></p><p class="MsoNormal" style="margin-bottom: .0001pt;"><span style="font-family: Verdana; font-size: medium;"> </span></p><p style="text-align: center;"><img id="media-4505560" style="margin: 0.7em 0;" title="" src="http://flandres-hollande.hautetfort.com/media/00/02/3843125366.png" alt="couvGuyVaes.png" /></p><p class="MsoNormal" style="margin-bottom: .0001pt;"> </p><p class="MsoNormal" style="margin-bottom: .0001pt;"><span style="font-family: Verdana; font-size: medium;"> </span></p><p class="MsoNormal" style="margin-bottom: 0.0001pt; text-align: justify;"><span style="font-family: Verdana; font-size: medium; color: #000000;">« <a href="http://textyles.revues.org/273" target="_blank"><span style="color: #000000;">Guy Vaes</span></a> (1927-2012) fut longtemps l’auteur d’un livre, qui se nimba bientôt d’une aura mythique : <em style="mso-bidi-font-style: normal;">Octobre, long dimanche</em>. Il parut en 1956, l’auteur avait trente ans. Il y avait été préparé par une enfance et une jeunesse dans le milieu des intellectuels francophones d’Anvers […] Très lettré, <a href="http://caira.over-blog.com/article-guy-vaes-decede-100325714.html" target="_blank"><span style="color: #000000;">Vaes</span></a> était collaborateur de la revue <em style="mso-bidi-font-style: normal;">Lumière</em> dirigée par son beau-frère <a href="http://www.avant-scene-theatre.com/ficheAuteur.php?auteurID=64" target="_blank"><span style="color: #000000;">Roger Avermaete</span></a>. Le fils de ce dernier, devenu sous le nom d’<a href="http://www.lekti-ecriture.com/editeurs/Le-fou-rire-de-la-Joconde.html" target="_blank"><span style="color: #000000;">Alain Germoz</span></a> homme de lettres et journaliste, deviendra l’ami et complice de toujours de son cousin. […] L’exode, puis l’occupation, sont une nouvelle occasion de se gaver de lectures : Kafka, Woolf, Melville, Faulkner, qui fourniront plus tard la matière d’analyse d’un superbe essai sur le temps, <em style="mso-bidi-font-style: normal;">La flèche de Zénon</em>. Une certaine conception d’un présent absolu s’y précise, que l’on suit comme un fil d'Ariane dans les romans.</span></p><p class="MsoNormal" style="margin-bottom: 0.0001pt; text-align: justify;"><span style="font-family: Verdana; font-size: medium; color: #000000;"><img id="media-4505561" style="float: right; margin: 0.2em 0 1.4em 0.7em;" title="" src="http://flandres-hollande.hautetfort.com/media/00/02/1405345726.png" alt="GuyVaes1.png" />[…] Les besognes alimentaires, en l’occurrence journalistiques, l’empêchant de se consacrer en suffisance à l’écriture, la photographie va, durant plus de vingt ans, compenser le manque. Londres en est le point focal : un livre de méditation urbaine, <a href="http://mededelingen.over-blog.com/article-henri-floris-jespers-maandblad-lire-londen-en-guy-vaes-74291513.html" target="_blank"><span style="color: #000000;"><em style="mso-bidi-font-style: normal;">Londres ou le labyrinthe brisé</em></span></a> va être complété par un album où textes et clichés alternent, <a href="http://textyles.revues.org/2348" target="_blank"><span style="color: #000000;"><em style="mso-bidi-font-style: normal;">Les cimetières de Londres</em></span></a>.</span></p><p class="MsoNormal" style="margin-bottom: 0.0001pt; text-align: justify;"><span style="font-family: Verdana; font-size: medium; color: #000000;">En 1983 paraît enfin le deuxième roman, <a href="http://doctorat.ubbcluj.ro/sustinerea_publica/rezumate/2010/filologie/Romosan_Adina_Irina_FR.pdf" target="_blank"><span style="color: #000000;"><em style="mso-bidi-font-style: normal;">L’Envers</em></span></a>, et le flux fictionnel repart pour de bon avec ce livre qui sera couronné la même année par le prix Rossel. […] Le tempo de parution des romans, dès lors, s’accélère relativement. <em style="mso-bidi-font-style: normal;">L’Usurpateur</em> paraît en 1993 avec une préface de l’auteur flamand <a href="http://flandres-hollande.hautetfort.com/archive/2011/03/16/hubert-lampo-par-xavier-hanotte.html" target="_blank"><span style="color: #000000;">Hubert Lampo</span></a>, qui suggère de qualifier le réalisme pratiqué par <a href="http://www.espacenord.com/publications-de-Vaes-Guy--148.htm" target="_blank"><span style="color: #000000;">Vaes</span></a> non pas de magique, comme on le fait d’ordinaire, mais plutôt de mythique : le roman de s’inspire-t-il pas du labyrinthe et de son Minotaure ? » (source : <a href="http://www.arllfb.be/composition/membres/vaes.html" target="_blank"><span style="color: #000000;">arllfb</span></a>)</span></p><p class="MsoNormal" style="margin-bottom: 0.0001pt; text-align: justify;"><span style="font-family: Verdana; font-size: medium; color: #000000;"><img id="media-4505563" style="float: left; margin: 0.2em 1.4em 0.7em 0;" title="" src="http://flandres-hollande.hautetfort.com/media/01/02/342074734.png" alt="GuyVaes2.png" />Le poème « Amsterdam » reproduit ci-dessous est emprunté au recueil <em style="mso-bidi-font-style: normal;">Échanges poétiques</em>, Anvers, Librairie des Arts, 1962 – Prix Auguste Michot 1963 –, qui réunit des vers d’<a href="http://caira.over-blog.com/article-alain-germoz-decede-118779350.html" target="_blank"><span style="color: #000000;">Alain Germoz</span></a> (1920-2013), <a href="http://www.aml-cfwb.be/catalogues/general/auteurs/34523" target="_blank"><span style="color: #000000;">Robert Havenith</span></a>,<a href="http://caira.over-blog.com/article-henri-chopin-paul-neuhuys-poete-de-portee-internationale-109304342.html" target="_blank"><span style="color: #000000;"> Paul Neuhuys</span></a>, <a href="http://gemengdeberichten.blogspot.com/2008/12/saint-rmy-zou-95-zijn-geworden.html" target="_blank"><span style="color: #000000;">Saint-Rémy</span></a>, <a href="http://www.gierik-nvt.be/node/1611" target="_blank"><span style="color: #000000;">Étienne Schoonhoven</span></a> et <a href="http://www.promotiondeslettres.cfwb.be/index.php?id=lesstrategesvaes" target="_blank"><span style="color: #000000;">Guy Vaes</span></a> – autrement dit un recueil d’Anversois d’expres- sion française. L’ensemble est préfacé par <a href="http://vercorsecrivain.pagesperso-orange.fr/regardscroises/L.html" target="_blank"><span style="color: #000000;">Pierre de Lescure</span></a> et rehaussé d’un dessin à l’encre de Chine de <a href="http://flandres-hollande.hautetfort.com/archive/2009/07/20/rick-wouters-peintre-flamand.html" target="_blank"><span style="color: #000000;">Rik Wouters</span></a>, <em style="mso-bidi-font-style: normal;">L’Artiste et sa compagne</em>. Écoutons des bribes du salut de Pierre de Lescure, auteur entre autres d’un <a href="http://www.edenlivres.fr/o/42/p/3571/excerpt" target="_blank"><span style="color: #000000;"><em style="mso-bidi-font-style: normal;">Souviens-toi d’une auberge </em></span></a>(1937), roman des Flandres (l’éditeur a exercé une critique constructive sur la prose de <a href="http://www.lettrevolee.com/spip.php?article1114" target="_blank"><span style="color: #000000;">Vaes</span></a> dans les années cinquante ; c’est lui qui, chez Plon, a publié <em style="mso-bidi-font-style: normal;">Octobre, long dimanche</em>) : « Ma Flamande, c’est une ville où je suis arrivé, souvent, pour y chercher, sans bien le savoir, le printemps qui viendrait. Parfois, en plein hiver, quand il pleut sur l’Escaut et que le ciel reste cendré. Où que je sois, même à l’intérieur d’une maison, je reconnais le souffle du printemps. Comment appeler autrement le petit bonheur qui, à Anvers, me saisit en toutes saisons ? […] C’est une ville de Flandre pleine de tout le Nord qui existe en moi. Mais Anvers, ai-je connu son espace <img id="media-4505569" style="float: right; margin: 0.2em 0 1.4em 0.7em;" title="" src="http://flandres-hollande.hautetfort.com/media/02/00/2602782926.png" alt="GuyVaes4.png" />invisible, sa musique illimitée, lorsqu’un matin de septembre, je l’ai regardée, et, là, vivaient cette fraîcheur d’aube embrumée, ce parfum des jeunes troncs lisses chargés sur les péniches, l’inexprimable mystère d’une ville faite de pierres et d’eau, et que j’appelle, aujourd’hui, la venue d’un printemps ? Ce printemps, ce perpétuel commencement anversois, cette déchirure de la nuit, cette vibration blonde d’une femme se reflètent-ils dans le miroir des poèmes de ce recueil ? »</span></p><p class="MsoNormal" style="margin-bottom: .0001pt;"><span style="font-family: Verdana; font-size: medium;"> </span></p><p class="MsoNormal" style="margin-bottom: .0001pt;"><span style="font-family: Verdana; font-size: medium;"> </span></p><p class="MsoNormal" style="margin-bottom: 0.0001pt; text-align: center;"><strong><span style="font-family: Verdana; font-size: medium; color: #993300;">AMSTERDAM</span></strong></p><p class="MsoNormal" style="margin-bottom: 0.0001pt; text-align: center;"><span style="font-family: Verdana; font-size: medium; color: #993300;"> </span><span style="font-family: Verdana; font-size: medium; color: #993300;"> </span></p><p class="MsoNormal" style="margin-bottom: 0.0001pt; text-align: center;"><strong><em><span style="font-family: Verdana; font-size: medium;"><span style="color: #993300;">à Robert</span></span></em></strong></p><p class="MsoNormal" style="margin-bottom: 0.0001pt; text-align: center;"><span style="font-family: Verdana; font-size: medium;"> </span></p><p class="MsoNormal" style="margin-bottom: 0.0001pt; text-align: center;"><span style="font-family: Verdana; font-size: medium;"> </span></p><p class="MsoNormal" style="margin-bottom: 0.0001pt; text-align: center;"><span style="font-family: Verdana; font-size: medium;"> </span></p><p class="MsoNormal" style="margin-bottom: 0.0001pt; text-align: center;"><span style="font-family: Verdana; font-size: medium; color: #000000;">Ville craquelée de canaux</span></p><p class="MsoNormal" style="margin-bottom: 0.0001pt; text-align: center;"><span style="font-family: Verdana; font-size: medium; color: #000000;">Tel un miroir tombé par terre</span></p><p class="MsoNormal" style="margin-bottom: 0.0001pt; text-align: center;"><span style="font-family: Verdana; font-size: medium; color: #000000;">Réfléchis donc mon vrai visage</span></p><p class="MsoNormal" style="margin-bottom: 0.0001pt; text-align: center;"><span style="font-family: Verdana; font-size: medium; color: #000000;">Aussi nombreux que tes morceaux</span></p><p class="MsoNormal" style="margin-bottom: 0.0001pt; text-align: center;"><span style="font-family: Verdana; font-size: medium; color: #000000;"> </span></p><p class="MsoNormal" style="margin-bottom: 0.0001pt; text-align: center;"><span style="font-family: Verdana; font-size: medium; color: #000000;">Un bronze de cinq siècles brise</span></p><p class="MsoNormal" style="margin-bottom: 0.0001pt; text-align: center;"><span style="font-family: Verdana; font-size: medium; color: #000000;">Le jour en vingt-quatre épisodes</span></p><p class="MsoNormal" style="margin-bottom: 0.0001pt; text-align: center;"><span style="font-family: Verdana; font-size: medium; color: #000000;">En autant d’hommes il me divise</span></p><p class="MsoNormal" style="margin-bottom: 0.0001pt; text-align: center;"><span style="font-family: Verdana; font-size: medium; color: #000000;">Et chacun d’eux mourra d’exil</span></p><p class="MsoNormal" style="margin-bottom: 0.0001pt; text-align: center;"><span style="font-family: Verdana; font-size: medium; color: #000000;"> </span></p><p class="MsoNormal" style="margin-bottom: 0.0001pt; text-align: center;"><span style="font-family: Verdana; font-size: medium; color: #000000;">Orient défait en porcelaines</span></p><p class="MsoNormal" style="margin-bottom: 0.0001pt; text-align: center;"><span style="font-family: Verdana; font-size: medium; color: #000000;">Pignons plus roses que du fard</span></p><p class="MsoNormal" style="margin-bottom: 0.0001pt; text-align: center;"><span style="font-family: Verdana; font-size: medium; color: #000000;">Aucun passé ne serait nôtre</span></p><p class="MsoNormal" style="margin-bottom: 0.0001pt; text-align: center;"><span style="font-family: Verdana; font-size: medium; color: #000000;">Sans vos impondérables dards</span></p><p class="MsoNormal" style="margin-bottom: 0.0001pt; text-align: center;"><span style="font-family: Verdana; font-size: medium; color: #000000;"> </span></p><p class="MsoNormal" style="margin-bottom: 0.0001pt; text-align: center;"><span style="font-family: Verdana; font-size: medium; color: #000000;">Aucun passé s’il n’est d’eau lisse</span></p><p class="MsoNormal" style="margin-bottom: 0.0001pt; text-align: center;"><span style="font-family: Verdana; font-size: medium; color: #000000;">(Car le marbre saisit les rois)</span></p><p class="MsoNormal" style="margin-bottom: 0.0001pt; text-align: center;"><span style="font-family: Verdana; font-size: medium; color: #000000;">Aucun passé puisque n’existe</span></p><p class="MsoNormal" style="margin-bottom: 0.0001pt; text-align: center;"><span style="font-family: Verdana; font-size: medium; color: #000000;">Cet homme en éclats ni les rois</span></p><p class="MsoNormal" style="margin-bottom: 0.0001pt; text-align: center;"><span style="font-family: Verdana; font-size: medium; color: #000000;"> </span></p><p class="MsoNormal" style="margin-bottom: 0.0001pt; text-align: center;"><span style="font-family: Verdana; font-size: medium; color: #000000;">Mais sous un signe luthérien</span></p><p class="MsoNormal" style="margin-bottom: 0.0001pt; text-align: center;"><span style="font-family: Verdana; font-size: medium; color: #000000;">Qu’émeut du Nord le long départ</span></p><p class="MsoNormal" style="margin-bottom: 0.0001pt; text-align: center;"><span style="font-family: Verdana; font-size: medium; color: #000000;">Sous des silences patriciens</span></p><p class="MsoNormal" style="margin-bottom: 0.0001pt; text-align: center;"><span style="font-family: Verdana; font-size: medium; color: #000000;">Chambrés en l’humide des siècles</span></p><p class="MsoNormal" style="margin-bottom: 0.0001pt; text-align: center;"><span style="font-family: Verdana; font-size: medium; color: #000000;"> </span></p><p class="MsoNormal" style="margin-bottom: 0.0001pt; text-align: center;"><span style="font-family: Verdana; font-size: medium; color: #000000;">– Comme l’heure je me fais tard</span></p><p class="MsoNormal" style="margin-bottom: .0001pt;"><span style="font-family: Verdana; font-size: medium;"> </span></p><p class="MsoNormal" style="margin-bottom: 0.0001pt; text-align: right;"><strong><a href="http://rodin.uca.es/xmlui/bitstream/handle/10498/8176/13475241.pdf?sequence=1" target="_blank"><span style="font-family: Verdana; font-size: medium; color: #808000;">Guy Vaes</span></a></strong></p><p class="MsoNormal" style="margin-bottom: .0001pt;"><span style="font-family: Verdana; font-size: medium;"> </span></p><p class="MsoNormal" style="margin-bottom: .0001pt;"> </p><p style="text-align: center;"><img id="media-4505596" style="margin: 0.7em 0;" title="" src="http://flandres-hollande.hautetfort.com/media/01/02/2942609326.png" alt="GuyVaesAutographe.png" /></p><p class="MsoNormal" style="margin-bottom: 0.0001pt; text-align: center;"><span style="font-family: Verdana; font-size: medium; color: #808000;">dédicace autographe de G. Vaes</span></p><p class="MsoNormal" style="margin-bottom: 0.0001pt; text-align: center;"><span style="font-family: Verdana; font-size: medium; color: #808000;">sur un exemplaire de <em>Les apparences</em>, <a href="http://www.wilquin.com/2001/02/guy-vaes-les-apparences/" target="_blank"><span style="color: #808000;">Luce Wilquin</span></a>, 2001</span></p><p class="MsoNormal" style="margin-bottom: .0001pt;"><span style="font-family: Verdana; font-size: medium;"> </span></p><p class="MsoNormal" style="margin-bottom: .0001pt;"> </p><p class="MsoNormal" style="margin-bottom: 0.0001pt; text-align: center;"><span style="font-family: tahoma, arial, helvetica, sans-serif; color: #993300; font-size: medium;">Vidéo : <a href="http://www.sonuma.be/archive/l-héritage-fantastique" target="_blank"><span style="color: #993300;">Guy Vaes parle du fantastique</span></a></span></p><p class="MsoNormal" style="margin-bottom: 0.0001pt; text-align: center;"><span style="font-family: tahoma, arial, helvetica, sans-serif; color: #993300; font-size: medium;"> </span></p><p class="MsoNormal" style="margin-bottom: 0.0001pt; text-align: center;"><span style="font-family: tahoma, arial, helvetica, sans-serif; color: #993300; font-size: medium;"><a href="http://www.dmnet.be/voix/main/fr/pgatfr/autfr24.html" target="_blank"><span style="color: #993300;">La voix</span></a> de Guy Vaes<br /></span></p><p class="MsoNormal" style="margin-bottom: 0.0001pt; text-align: center;"><span style="font-family: tahoma, arial, helvetica, sans-serif; color: #993300; font-size: medium;"> </span></p><p class="MsoNormal" style="margin-bottom: 0.0001pt; text-align: center;"><span style="font-family: tahoma, arial, helvetica, sans-serif; color: #993300; font-size: medium;">Jacques De Decker, « <a href="http://www.espace-livres.be/Guy-Vaes-en-chemin-vers-le-mythe?rtr=y" target="_blank"><span style="color: #993300;">Guy Vaes en chemin vers le mythe</span></a> »</span></p><p class="MsoNormal" style="margin-bottom: 0.0001pt; text-align: center;"><span style="font-family: tahoma, arial, helvetica, sans-serif; color: #993300; font-size: medium;"><img src="http://static.hautetfort.com/backend/graphics/insert-multimedia.jpg" alt="http://www.espace-livres.be/IMG/mp3/ESPR2012_La_marge_Vaes_longue_finale_mp3.mp3" /><br /><br /></span></p><p class="MsoNormal" style="margin-bottom: 0.0001pt; text-align: center;"><span style="font-family: tahoma, arial, helvetica, sans-serif; font-size: medium;"><span style="color: #993300;">Guy Vaes par son traducteur Bart Vonck (en néerlandais) :</span></span></p><p class="MsoNormal" style="margin-bottom: 0.0001pt; text-align: center;"><span style="font-family: tahoma, arial, helvetica, sans-serif; font-size: medium;"><span style="color: #993300;">«<a href="http://www.gierik-nvt.be/sites/default/files/articles/894/Gierik_NVT__Verdwenen_uit_mijn_naam___Guy_Vaes_en_de_zijnen_2002_75_p_36_42.pdf" target="_blank"><span style="color: #993300;"> Guy Vaes en de zijnen</span></a> »</span></span></p><p class="MsoNormal" style="margin-bottom: .0001pt;"> </p><p class="MsoNormal" style="margin-bottom: .0001pt;"> </p><p style="text-align: center;"><img id="media-4505613" style="margin: 0.7em 0;" title="" src="http://flandres-hollande.hautetfort.com/media/02/00/940939370.png" alt="GuyVaesRik.png" /></p><p class="MsoNormal" style="margin-bottom: 0.0001pt; text-align: center;"><span style="font-size: 12pt; color: #808000;">Rik Wouters, <em>L'Artiste et sa compagne</em></span></p><p class="MsoNormal" style="margin-bottom: .0001pt;"> </p><p class="MsoNormal" style="margin-bottom: .0001pt;"> </p><p class="MsoNor
Alainhttp://www.httpsilartetaitconte.com/about.htmlVan Gogh écrivain : St-Rémy - 6. 1 mars/13 mai 1890tag:www.httpsilartetaitconte.com,2013-06-21:51022152013-06-21T07:59:00+02:002013-06-21T07:59:00+02:00 CORRESPONDANCE - EXTRAITS CHOISIS Vincent Van Gogh –...
<p style="text-align: center;"> </p><p style="text-align: center;"><span style="font-family: times new roman,times; font-size: medium;">CORRESPONDANCE - EXTRAITS CHOISIS</span></p><p style="text-align: center;"> </p><p style="text-align: center;"><img id="media-4152214" style="margin: 0.7em 0;" title="" src="http://www.httpsilartetaitconte.com/media/02/02/3676691372.2.jpg" alt="peinture,van gogh,saint-rémy,midi" /></p><p style="text-align: center;"><em><span style="font-family: 'Monotype Corsiva'; color: #3366ff; font-size: 11pt; mso-bidi-font-style: normal;">Vincent Van Gogh – Vieil homme triste, mai 1890, Kröller-Müller Museum, Otterlo</span></em></p><p style="text-align: center;"> </p><p class="NormalWeb6"><span style="font-size: medium;"><em><span style="font-family: Times New Roman;"> Lucien exultait.</span></em></span></p><p class="NormalWeb6"><span style="font-size: medium;"><em><span style="font-family: Times New Roman;"> – Eh bien, voilà ! C’est de l'art, mon petit... l'art c'est ça !... Des visions ?... </span></em></span></p><p class="NormalWeb6"><span style="font-size: medium;"><em><span style="font-family: Times New Roman;"> Un paysage, c'est un état de ton esprit, comme la colère, comme l'amour, comme le désespoir... Et la preuve c'est que, si tu peins le même paysage, un jour de gaieté, et un jour de tristesse, ils ne se ressemblent pas du tout. La nature, la nature !... Parbleu ! Je crois bien la nature !... Elle est admirable, la nature... admirable en ceci – écoute moi bien – qu'elle n'existe pas, qu'elle n'est qu'une combinaison idéale et multiforme de ton cerveau, une émotion intérieure de ton âme !...</span></em></span></p><p class="NormalWeb6"><span style="font-size: medium;"><em><span style="font-family: Times New Roman;"> </span></em></span></p><p class="NormalWeb6"><span style="font-size: medium;"><span style="font-family: Times New Roman;"><strong> Octave Mirbeau</strong><em> – Dans le ciel, Roman, chapitre 15 et 16, 1893</em></span></span></p><p align="center"><span style="font-size: medium;"><em> </em></span></p><p style="text-align: center;"><span style="font-size: medium;"> </span></p><p style="text-align: left;"><span style="font-size: small;"><span style="font-family: Times New Roman;"><span style="font-family: verdana,geneva; color: #008080;"><em> Cet article est le dernier que je consacre aux extraits de la correspondance de Vincent Van Gogh à Saint-Rémy-de-Provence. Il sera plus long que les précédents. </em></span></span></span></p><p><span style="font-size: small;"><span style="font-family: Times New Roman;"><span style="font-family: verdana,geneva; color: #008080;"><em> Avant d’entamer la lecture, je conseille aux lecteurs de s’accompagner d’une tasse de café (ou plusieurs) et quelques biscuits… pour pouvoir espérer terminer cette lecture dans de bonnes conditions… </em></span></span></span></p><p> <span style="font-family: verdana,geneva; color: #008080;"><em><span style="font-size: small;"> Je montre quelques-unes des toutes dernières toiles de cette période du Midi qui s’achève. Toutes les œuvres produites dans le Sud par le peintre démontrent que le climat, le soleil, la lumière, et les couleurs de cette région, auront métamorphosé sa peinture.</span></em></span></p><p> </p><p><span style="font-family: verdana,geneva;"><em><span style="font-size: small;"> </span></em></span> </p><p><span style="font-family: verdana,geneva; font-size: small;"><em> </em><span style="color: #800080;"><em>Le 24 février, le docteur Peyron écrit à Théo que son frère vient d’avoir une attaque après avoir passé deux jours à Arles. Elle va durer longtemps. </em></span></span></p><p> <span style="font-family: verdana,geneva; color: #800080; font-size: small;"><em> Le 17 mars, Vincent envoie une courte lettre à Théo : « </em><em>Et voilà je désespère presque ou tout à fait de moi. Peut-être, peut-être je guérirais en effet à la campagne pour un temps. » Le 19 mars, Théo lui répond : « Ne te fatigue pas trop. Comme j’aurais été content si tu avais été là à l’exposition des indépendants. J’y étais avec Jo. Il y en a beaucoup qui sont venus pour me prier de te faire leurs compliments. Gauguin disait que tes tableaux sont le clou de l’exposition. J’ai reçu de Bruxelles l’argent du tableau que tu as vendu. » </em></span></p><p> <span style="font-family: verdana,geneva; color: #800080;"><em><span style="font-size: small;"> Sans nouvelles de Vincent, Jo et Théo lui écrivent le 29 mars, pour sa fête : « Est ce que ce sera une fête pour toi ou est ce que tu es toujours dans un état où tu te trouves malheureux. Mon cher frère, comme c’est triste d’être si loin l’un de l’autre et de savoir si peu ce que l’autre fait. C’est pourquoi je suis très heureux de pouvoir te dire que j’ai rencontré le D<sup>r</sup> Gachet, ce médecin dont Pissarro m’avait parlé. Il a l’air d’un homme qui comprend bien les choses. Il te ressemble un peu comme physique. Quand tu viendras ici, nous irons le voir ; il vient consulter à Paris plusieurs fois dans la semaine. Il me disait, quand je lui racontais comment se produisaient tes crises, qu’il ne croyait pas que cela avait quelque chose à faire avec la folie et que si c’était ce qu’il croyait, il répondait qu’il te guérirait.</span></em></span></p><p> <span style="font-family: verdana,geneva; color: #800080;"><em><span style="font-size: small;"> Le 23 avril, Théo s’inquiète vivement : « Ton silence nous prouve que tu souffres toujours et j’ai besoin de te dire, mon cher frère, que Jo et moi nous souffrons aussi te sachant toujours malade. Oh ! nous serions si heureux si nous pouvions faire quelque chose pour toi qui puisse te soulager. Le D<sup>r</sup> Peyron nous écrit qu’il ne faut pas s’inquiéter et que cette crise, quoique plus longue que les autres, passera aussi.</span><span style="font-size: small;"> Tes tableaux à l’exposition ont beaucoup de succès. Monet a dit que ceux-ci étaient les meilleurs de l’exposition. Beaucoup d’autres artistes m’en ont parlé. » </span></em></span></p><p> <span style="font-family: verdana,geneva; color: #800080;"><em><span style="font-size: small;"> </span></em></span></p><p><span style="font-family: verdana,geneva; font-size: small;"><strong>Lettre à Théo – vers le 29 avril 1890</strong></span></p><p> </p><p><span style="font-family: verdana,geneva; font-size: small;">Jusqu’à présent je n’ai pu t’écrire, mais de ces jours ci allant un peu mieux, je n’ai pas voulu tarder pour te souhaiter une heureuse année puisque c’est ta fête, à toi, à ta femme, et à ton enfant. En même temps je te prie d’accepter les divers tableaux que je t’envoie avec mes remerciements pour toutes les bontés que tu as pour moi, car sans toi je serais bien malheureux.</span></p><p> </p><p style="text-align: center;"><img id="media-4152241" style="margin: 0.7em 0;" title="" src="http://silartetaitconte.hautetfort.com/media/00/02/2056529527.jpg" alt="peinture,van gogh,saint-rémy,midi" /></p><p style="text-align: center;"><em><span style="font-family: 'Monotype Corsiva'; color: #3366ff; font-size: 11pt; mso-bidi-font-style: normal;">Vincent Van Gogh –<span style="mso-spacerun: yes;"> </span>les trois grands platanes, nov. 1889, la collection Phillips, Washington</span></em></p><p style="text-align: left;"><span style="font-family: verdana,geneva; font-size: small;">[…]</span></p><p><span style="font-family: verdana,geneva; font-size: small;">Que te dire de ces deux mois passés, cela va pas bien du tout, je suis triste et embêté plus que je ne saurais t’exprimer et je ne sais plus où j’en suis.</span></p><p><span style="font-family: verdana,geneva; font-size: small;"> […]</span></p><p><span style="font-family: verdana,geneva; font-size: small;">Etant malade j’ai bien encore fait quelques petites toiles de tête que tu verras plus tard, <img id="media-4152254" style="float: left; margin: 0.2em 1.4em 0.7em 0;" title="" src="http://silartetaitconte.hautetfort.com/media/01/01/2106219377.jpg" alt="peinture,van gogh,saint-rémy,midi" />des souvenirs du nord, </span></p><p style="text-align: center;"> </p><p style="text-align: center;"> </p><p> </p><p> </p><p> </p><p> </p><p> </p><p> </p><p> </p><p> </p><p> </p><p> </p><p> </p><p> </p><p><em><span style="font-family: 'Monotype Corsiva'; color: #3366ff; font-size: 11pt; mso-bidi-font-style: normal;">Vincent Van Gogh – Chaumières au lever du soleil : Réminiscence du Nord, février 1890, The Barnes Fondation, Mérion</span></em></p><p> </p><p><span style="font-family: verdana,geneva; font-size: small;">et à présent je viens de terminer un coin de prairie ensoleillée, que je crois plus ou moins vigoureux.</span></p><p><span style="font-family: verdana,geneva;"> </span></p><p style="text-align: center;"><img id="media-4152256" style="margin: 0.7em 0;" title="" src="http://silartetaitconte.hautetfort.com/media/01/01/2367572238.jpg" alt="peinture,van gogh,saint-rémy,midi" /></p><p style="text-align: center;"><em><span style="font-family: 'Monotype Corsiva'; color: #3366ff; font-size: 11pt; mso-bidi-font-style: normal;">Vincent Van Gogh –<span style="mso-spacerun: yes;"> </span>Pins et pissenlits dans le jardin de l’asile Saint-Paul, avril 1890, Kröller-Müller Museum, Otterlo</span></em></p><p><span style="font-family: verdana,geneva; font-size: small;">[…]</span></p><p><span style="font-family: verdana,geneva; font-size: small;">Veuillez prier M. Laurier<span style="color: #993366;"><em> *</em></span> de ne plus écrire des articles sur ma peinture, dites le lui avec instance, que d’abord il se trompe sur mon compte, puis que réellement je me sens trop abîmé de chagrin pour pouvoir faire face à de la publicité. Faire des tableaux me distrait, mais si j’en entends parler, cela me fait plus de peine qu’il ne le sait.</span></p><p><span style="font-family: verdana,geneva; color: #993366;"><em><span style="font-size: small;">* Journaliste ayant écrit un article élogieux sur Vincent dans « Le modernisme illustré. »</span></em></span></p><p><span style="font-family: verdana,geneva;"><em><span style="font-size: small;"> </span></em></span></p><p><span style="font-family: verdana,geneva; font-size: small;"><strong>Lettre à Théo – vers le 1<sup>er</sup> mai 1890</strong></span></p><p><span style="font-family: verdana,geneva; font-size: small;"> </span></p><p><span style="font-family: verdana,geneva; font-size: small;">Maintenant tu le proposes et je l’accepte de revenir plutôt dans le nord.</span></p><p><span style="font-family: verdana,geneva; font-size: small;">J’ai eu la vie trop dure pour en crever ou pour perdre la puissance de travailler.</span></p><p><span style="font-family: verdana,geneva; font-size: small;">[…]</span></p><p><span style="font-family: verdana,geneva; font-size: small;">Ah, si j’avais pu travailler sans cette sacré maladie ! – que de choses j’aurais faites, isolé des autres, selon que le pays m’en dirait. Mais oui, c’est bien fini ce voyage ci. - Enfin ce qui me console, c’est le grand, le très grand désir que j’ai de te revoir, toi, ta femme et ton enfant, et tant d’amis qui se sont souvenus de moi dans le malheur, comme d’ailleurs moi aussi je ne cesse pas de penser à eux.</span></p><p><span style="font-family: verdana,geneva; font-size: small;">Je suis presque persuadé que dans le Nord je guérirai vite, au moins pour assez longtemps, tout en appréhendant une rechute dans quelques années, mais pas tout de suite. Voila ce que je m’imagine après avoir observé les autres malades ici, qui en partie sont considérablement plus âgés que moi.</span></p><p><span style="font-family: verdana,geneva; font-size: small;">[…]</span></p><p><span style="font-family: verdana,geneva; font-size: small;"><em>Si tu le trouves bien et si tu indiques une date pour quand tu m’attends là-bas à Paris, je me ferais accompagner un bout de chemin, soit jusqu’à Tarascon soit jusqu’à Lyon, par quelqu’un d’ici. Puis tu m’attendrais ou me ferais attendre à la gare à Paris. </em><em>Fais comme cela te semblera le mieux.</em></span></p><p><span style="font-family: verdana,geneva; font-size: small;">[...]</span></p><p><span style="font-family: verdana,geneva; font-size: small;">Je considère cela comme un naufrage, ce voyage ci.</span></p><p><span style="font-family: verdana,geneva; font-size: small;"> </span></p><p><span style="font-family: verdana,geneva; font-size: small;"> </span></p><p><span style="font-family: verdana,geneva;"><em><span style="font-size: small;"> <span style="color: #800080;"> Le 3 mai, Théo se réjouit que Vincent ait pu recommencer à lui écrire régulièrement. Il regrette que sa maladie l’ait fait manqué la saison des arbres en fleur, et admire les copies de Millet comme étant ce qu’il à fait de plus beau.</span></span></em></span></p><p><span style="font-family: verdana,geneva; color: #800080;"><em><span style="font-size: small;"> Il lui parle de sa venue prochaine à Paris : « Il faut absolument te faire accompagner durant tout le trajet par quelqu’un en qui tu as confiance. Si possible, j’aimerais tant t’avoir avec nous au moins pendant quelque temps et si tu fais tout pour te ménager, il est très probable que tout marchera bien. »</span></em></span></p><p><span style="font-family: verdana,geneva;"><em><span style="font-size: small;"> </span></em></span></p><p><span style="font-family: verdana,geneva; font-size: small;"> </span></p><p><span style="font-family: verdana,geneva; font-size: small;"><strong>Lettre à Théo – vers le 2 mai 1890</strong></span></p><p><span style="font-family: verdana,geneva; font-size: small;"> </span></p><p><span style="font-family: verdana,geneva; font-size: small;">Je crois que le mieux sera que j’aille moi-même voir ce médecin à la campagne le plus tôt possible ; alors on pourra bientôt décider si c’est chez lui ou provisoirement à l’auberge que j’irai loger ; et ainsi on évitera un séjour trop prolongé à Paris, chose que je redouterais.</span></p><p><span style="font-family: verdana,geneva; font-size: small;">[…]</span></p><p><span style="font-family: verdana,geneva; font-size: small;">Je me fais fort de prouver à ce médecin duquel tu parles, que je sais encore travailler logiquement, et lui me traitera en conséquence, et puisqu’il aime la peinture, il y a assez de chance qu’il en résulte une amitié solide.</span></p><p><span style="font-family: verdana,geneva; font-size: small;">[…]</span></p><p><span style="font-family: verdana,geneva; font-size: small;"><img id="media-4152264" style="float: left; margin: 0.2em 1.4em 0.7em 0;" title="" src="http://silartetaitconte.hautetfort.com/media/00/01/4286045493.2.jpg" alt="peinture,van gogh,saint-rémy,midi" />J’ai aussi essayé une copie du <em>Bon Samaritain de Delacroix</em>.</span></p><p><span style="font-family: verdana,geneva; font-size: small;"> </span></p><p><span style="font-family: verdana,geneva; font-size: small;"> </span></p><p> </p><p> </p><p> </p><p> </p><p> </p><p> </p><p> </p><p> </p><p> </p><p> </p><p><span style="font-family: verdana,geneva; font-size: small;"><em><span style="font-family: 'Monotype Corsiva'; color: #3366ff; font-size: 11pt; mso-bidi-font-style: normal;">Vincent Van Gogh –<span style="mso-spacerun: yes;"> </span>Le bon samaritain (d’après Delacroix), mai 1890, Kröller-Müller Museum, Otterlo</span></em></span></p><p> </p><p><span style="font-family: verdana,geneva; font-size: small;"><strong>Lettre à Théo – vers le 4 mai 1890</strong></span></p><p><span style="font-family: verdana,geneva; font-size: small;"> </span></p><p><span style="font-family: verdana,geneva; font-size: small;">Il y a une chance réellement que le changement me fasse du bien. […] Je serai là-bas dehors. Je suis sûr que l’envie de travailler me dévorera et me rendra insensible à tout le reste, et de bonne humeur. Et je m’y laisserai aller non pas sans réflexion, mais sans m’appesantir sur des regrets de choses qui auraient pu être.</span></p><p><span style="font-family: verdana,geneva; font-size: small;">Ils disent que dans la peinture il ne faut rien chercher, ni espérer, qu’un bon tableau et une bonne causerie et un bon dîner comme maximum de bonheur, sans compter les parenthèses moins brillantes. C’est peut-être vrai et pourquoi refuser de prendre le possible, surtout si ainsi faisant on donne le change à la maladie.</span></p><p><span style="font-family: verdana,geneva; font-size: small;"> </span></p><p><span style="font-family: verdana,geneva; font-size: small;"> </span></p><p><span style="font-family: verdana,geneva; font-size: small;"><em> <span style="color: #800080;">Théo s’est mis en relation avec le docteur Gachet et prépare l’installation de Vincent à Auvers. Il lui écrit : « Est ce que enfin tu pourras trouver un endroit un peu au calme sans qu’il y ait autour de toi des gens et des choses qui te tracassent. Je l’espère de tout mon coeur et il est possible qu’en tous cas ceci soit une amélioration, mais les gens sont partout à peu près les mêmes et quand les choses d’art vous préoccupent on trouve bien peu de gens qui vous comprennent. C’est du latin pour eux et ils n’y voient qu’un passe-temps qu’il ne faut pas prendre au sérieux.</span></em></span></p><p><span style="font-family: verdana,geneva; color: #800080; font-size: small;"><em> Je n’ai pas encore été au Salon qui doit être bien médiocre dit-on, mais il y a une exposition de dessins et crépons japonais, que tu verras quand tu viendras, qui est superbe. Je voudrais que tu fusses déjà ici. N’oublie pas de me télégraphier. »</em></span></p><p><span style="font-family: verdana,geneva; color: #800080; font-size: small;"><em> </em></span></p><p><span style="font-family: verdana,geneva; color: #800080; font-size: small;"> </span></p><p><span style="font-family: verdana,geneva; color: #000000; font-size: small;"><strong>Lettre à Théo – vers le 11 mai 1890</strong></span></p><p><span style="font-family: verdana,geneva; color: #000000; font-size: small;"><em> </em></span></p><p><span style="font-family: verdana,geneva; color: #000000; font-size: small;">Toute l’horrible crise a disparu comme un orage et je travaille pour donner un dernier coup de brosse ici avec une ardeur calme et continue. J’ai en train une toile de roses sur fond vert clair,</span></p><p><span style="font-family: verdana,geneva; color: #000000; font-size: small;"> </span></p><p style="text-align: center;"><img id="media-4152278" style="margin: 0.7em 0;" title="" src="http://silartetaitconte.hautetfort.com/media/01/02/738253014.jpg" alt="peinture,van gogh,saint-rémy,midi" /></p><p style="text-align: center;"><em><span lang="EN-GB" style="font-family: 'Monotype Corsiva'; color: #3366ff; font-size: 11pt; mso-bidi-font-style: normal; mso-ansi-language: EN-GB;">Vincent Van Gogh – Vase avec roses, mai 1890, National Gallery of Art, Washington</span></em></p><p style="text-align: center;"> </p><p><span style="font-family: verdana,geneva; font-size: small;">et deux toiles représentant de grands bouquets de fleurs d’Iris violets, l’une contre un<img id="media-4152287" style="float: right; margin: 0.2em 0 1.4em 0.7em;" title="" src="http://silartetaitconte.hautetfort.com/media/01/00/2514507180.2.jpg" alt="peinture,van gogh,saint-rémy,midi" /> fond rose où l’effet est harmonieux et doux par la combinaison des verts, roses, violets.</span></p><p> </p><p> </p><p> </p><p> </p><p> </p><p> </p><p> </p><p> </p><p> </p><p> </p><p> </p><p class="MsoNormal" style="text-align: right; margin: 0cm 0cm 6pt 51.05pt;"><em><span lang="EN-GB" style="font-family: 'Monotype Corsiva'; color: #3366ff; font-size: 11pt; mso-bidi-font-style: normal; mso-ansi-language: EN-GB;">Vincent Van Gogh – Vase avec iris, mai 1890, The Metropolitan Museum of Art, New York</span></em></p><p> </p><p><span style="font-family: verdana,geneva; font-size: small;">Je compte partir cette semaine le plus tôt possible et je commence aujourd’hui à faire ma malle. </span></p><p><span style="font-family: verdana,geneva; font-size: small;">Je t’enverrai de Tarascon une dépêche. Oui, à moi aussi il me semble qu’il y a une époque très longue entre le jour où nous avons pris congé à la gare et ces jours ci. Pour mon travail, mon cher frère, je me sens plus d’aplomb qu’en partant, et il serait ingrat de ma part de médire du Midi, et j’avoue que c’est avec un gros chagrin que je m’en retourne.</span></p><p><span style="font-family: verdana,geneva; font-size: small;">Comme je désire te revoir et faire la connaissance de Jo et du bébé.</span></p><p><span style="font-family: verdana,geneva; font-size: small;"> </span></p><p><span style="font-family: verdana,geneva; font
Alainhttp://www.httpsilartetaitconte.com/about.htmlVan Gogh écrivain : St-Rémy - 5. janv./févr. 1890tag:www.httpsilartetaitconte.com,2013-06-10:50939032013-06-10T15:15:00+02:002013-06-10T15:15:00+02:00 CORRESPONDANCE - EXTRAITS CHOISIS Vincent Van Gogh –...
<p style="text-align: center;"> </p><p style="text-align: center;"><span style="font-family: times new roman,times; font-size: medium;">CORRESPONDANCE - EXTRAITS CHOISIS</span></p><p style="text-align: center;"> </p><p style="text-align: center;"><img id="media-4139002" style="margin: 0.7em 0;" title="" src="http://www.httpsilartetaitconte.com/media/00/01/854822518.jpg" alt="peinture, van gogh, saint-rémy" width="540" height="435" /></p><p style="text-align: center;"><em><span style="font-family: 'Monotype Corsiva'; color: #3366ff; font-size: 11pt; mso-bidi-font-style: normal;">Vincent Van Gogh –<span style="mso-spacerun: yes;"> </span>Oliviers, ciel orangé, nov. 1889, Goteborgs Konstmuseum</span></em></p><p style="text-align: center;"> </p><p style="text-align: left;"> <span style="font-size: medium;"><em><span style="font-family: Times New Roman;"> Son art me troublait, par son audace et par sa violence. Il m'impressionnait, me donnait de la terreur, presque, comme la vue d'un fou. Et je crois bien qu'il y avait de la folie éparse en ses toiles. C'étaient des arbres, dans le soleil couchant, avec des branches tordues et rouges comme des flammes ; ou bien d'étranges nuits, des plaines invisibles, des silhouettes échevelées et vagabondes, sous des tournoiements d'étoiles, les danses de lune ivre et blafarde qui faisaient ressembler le ciel aux salles en clameurs d'un bastringue.</span></em></span></p><p class="NormalWeb6"><span style="font-size: medium;"><em><span style="font-family: Times New Roman;"> </span></em></span></p><p class="NormalWeb6"><span style="font-size: medium;"><span style="font-family: Times New Roman;"><strong> Octave Mirbeau</strong><em> – Dans le ciel, Roman, chapitre 15, 1893</em></span></span></p><p align="center"><em> </em></p><p><span style="font-size: small;"><span style="font-family: Times New Roman;"><em><span style="font-family: verdana,geneva; color: #800080;"> </span></em><span style="font-family: verdana,geneva; color: #800080;"><em>Le 22 décembre1889, Théo avait écrit à Vincent : « </em><em>Pissarro n’a jusqu’à présent pas vu ce M<sup>r</sup> d’Auvers <span style="color: #000000;">*</span> ; au moins il n’écrit rien à ce sujet. Ce qu’il y aura de mieux sera que tu viennes chez nous au printemps et que tu ailles toi-même voir si à la campagne tu puisses trouver une pension qui te convient. Nous devons toujours être content que, depuis l’année dernière à cette époque, tu ailles beaucoup mieux. Je craignais alors que tu ne guérirais pas ».</em></span></span></span></p><p> <span style="font-family: verdana,geneva; color: #000000;"><em><span style="font-size: small;">* le docteur Gachet</span></em></span></p><p> <span style="font-family: verdana,geneva; color: #800080;"><em><span style="font-size: small;"> Cet optimisme n’était pas justifié puisque, à l’époque où cette lettre parvenait à Vincent, celui-ci avait eu une nouvelle crise, moins grave cependant que celle subit durant l’été. </span></em></span></p><p> </p><p><span style="font-family: verdana,geneva; font-size: small;"><strong>Lettre à Théo – vers le 1<sup>er</sup> janvier 1890</strong></span></p><p> </p><p><span style="font-family: verdana,geneva; font-size: small;">Mon cher frère,</span></p><p><span style="font-family: verdana,geneva; font-size: small;">D’abord je te souhaite à toi et à Jo une heureuse année et regrette de t’avoir peut-être, bien involontairement néanmoins, causé de l’inquiétude, car M. Peyron a dû t’écrire, que j’ai encore une fois eu la tête bien dérangée. </span></p><p><span style="font-family: verdana,geneva; font-size: small;">[…]</span></p><p><span style="font-family: verdana,geneva; font-size: small;">Drôle que j’avais travaillé avec un calme parfait à des toiles que tu verras bientôt et que tout à coup, sans raison aucune, l’égarement m’a encore repris.</span></p><p><span style="font-family: verdana,geneva; font-size: small;">[…]</span></p><p><span style="font-family: verdana,geneva; font-size: small;">Je ne sais ce que va me conseiller M. Peyron, mais tout en tenant compte de ce qu’il me dira, je crois que lui, moins que jamais, osera se prononcer sur la possibilité pour moi de vivre comme auparavant. Il est à craindre que ces crises reviendront. </span></p><p><span style="font-family: verdana,geneva; font-size: small;">Mais ce n’est pas du tout une raison pour ne pas essayer un peu de se distraire. Car l’entassement de tous ces aliénés dans ce vieux cloître, cela devient je crois une chose dangereuse où l’on risque de perdre tout ce qu’on pourrait encore avoir gardé de bon sens. Non pas que j’y tienne à ceci ou à cela de préférence, je me suis habitué à l’existence ici, mais faudra pas oublier d’essayer un peu le contraire. Quoi qu’il en soit tu vois que je t’écris avec un calme relatif.</span></p><p><span style="font-family: verdana,geneva; font-size: small;">[…]</span></p><p><span style="font-family: verdana,geneva; font-size: small;">Ah, pendant que j’étais malade il tombait de la neige humide et fondante, je me suis levé la nuit pour regarder le paysage. Jamais la nature ne m’a paru si touchante et si sensitive.</span></p><p><span style="font-family: verdana,geneva; font-size: small;">Les idées relativement superstitieuses qu’on a ici sur la peinture, me rendent mélancolique plus que je ne saurais te dire parfois, parce que c’est toujours au fond un peu vrai qu’un peintre comme homme est trop absorbé par ce que voient ses yeux et ne maîtrise pas assez le reste de sa vie.</span></p><p> </p><p><span style="font-family: verdana,geneva; font-size: small;"><strong>Lettre à Willemien – vers le 20 janvier 1890</strong></span></p><p> </p><p><span style="font-family: verdana,geneva; font-size: small;">A présent, mieux que dans le commencement, je vois la vraie campagne de Provence, et c’est tellement, tellement la même chose que chez nous dans les gens alors que cela se manifeste tout autrement, alors que la culture et les travaux des champs sont pas les mêmes que dans nos bruyères et champs du nord. Je pense beaucoup à la Hollande et à notre jeunesse d’autrefois – précisément parce que ici je me sens bien en pleine campagne. Pourtant je me fais vieux, tu sais, et la vie me parait passer plus vite, et plus sérieuses les responsabilités, plus critique la question de travailler pour rattraper le temps perdu, la journée plus difficile à faire et l’avenir plus mystérieux et ma foi encore un peu plus sombre.</span></p><p> </p><p> <img id="media-4139039" style="margin: 0.7em auto; display: block;" title="" src="http://silartetaitconte.hautetfort.com/media/00/02/3019323943.jpg" alt="peinture,van gogh,saint-rémy" width="550" height="440" /></p><p style="text-align: center;"> <em><span lang="EN-GB" style="font-family: 'Monotype Corsiva'; color: #3366ff; font-size: 11pt; mso-bidi-font-style: normal; mso-ansi-language: EN-GB;">Vincent Van Gogh –<span style="mso-spacerun: yes;"> </span>Oliviers, déc. 1889, Van Gogh Museum, Amsterdam</span></em></p><p style="text-align: center;"> </p><p style="text-align: center;"> </p><p><span style="font-size: small;"><span style="font-family: Times New Roman;"><em> </em><span style="font-family: verdana,geneva; color: #993366;"><em>En janvier, avec de nombreux peintres avant-gardistes, Vincent participe à l’exposition des Vingt à Bruxelles. </em></span></span></span></p><p><span style="font-size: small;"><span style="font-family: Times New Roman;"><span style="color: #993366;"><span style="color: #000000;"> </span></span><span style="color: #000000;"><em><span style="font-family: verdana,geneva;"> </span></em></span><span style="color: #993366;"><em><span style="font-family: verdana,geneva;">Le 22 janvier, Théo écrit à Vincent : « </span></em><em><span style="font-family: verdana,geneva;">Dans un journal je lisais que les toiles qui excitent le plus la curiosité sont : les études de plein air de Cézanne, les paysage de Sisley, les symphonies de Van Gogh et les oeuvres de Renoir. Je crois que nous pouvons attendre avec patience jusqu’à ce que le succès vienne : tu le verras sûrement. Il faut se faire connaître sans vouloir s’imposer et cela viendra tout seul par tes beaux travaux. "</span></em></span></span></span><span style="font-family: verdana,geneva; color: #993366; font-size: small;"><em> </em></span></p><p><span style="font-family: verdana,geneva; color: #993366; font-size: small;"><em> Le 31 janvier, Vincent reçoit la grande nouvelle : «</em><em> </em><em>Mon cher frère, le mauvais moment pour Jo est passé. Elle a mis au monde un beau garçon qui crie beaucoup, mais qui a l’air d’être bien portant. Comme nous te l’avions dit nous l’appèlerons comme toi et je fais le voeux qu’il puisse être aussi persévérant et aussi courageux que toi. </em><em> </em></span></p><p> </p><p><span style="font-family: verdana,geneva; font-size: small;"><strong>Lettre à Jo – vers le 31 janvier 1890</strong></span></p><p><span style="font-family: verdana,geneva;"><strong> </strong></span></p><p><span style="font-family: verdana,geneva; font-size: small;">Je suis très touché que vous m’écriviez, et si calmement, si maîtresse de vous, pendant une de vos nuits pénibles. Combien je suis désireux d’apprendre que vous êtes sortie de là saine et sauve, et que votre enfant est vivant. Comme Théo sera heureux, lui aussi, quant il vous verra rétablie. Ce sera comme si un petit soleil se levait en lui.</span></p><p> </p><p><span style="font-family: verdana,geneva; font-size: small;"><strong>Lettre à Théo – vers le 1<sup>er</sup> février 1890</strong></span></p><p><span style="font-family: verdana,geneva; font-size: small;"> </span></p><p><span style="font-family: verdana,geneva; font-size: small;">J’ai été extrêmement surpris de l’article sur mes tableaux que tu m’as envoyé. <span style="color: #993366;"><em>*</em> </span>Pas besoin de te dire que j’espère continuer à penser que je ne peins pas comme cela, mais j’y vois plutôt comment je devrais peindre. Car l’article est fort juste dans ce sens qu’il indique la lacune à remplir, et je crois qu’au fond l’écrivain l’écrit plutôt pour nous guider, non seulement moi mais les autres impressionnistes également, et même plutôt à faire la brèche au bon endroit. Il propose donc un moi collectif, idéal aux autres tout autant qu’à moi, il me dit simplement que ça et là il y a du bon, si tu veux, aussi dans mon travail, si imparfait, et là est le côté consolant que j’apprécie.</span></p><p><span style="font-family: verdana,geneva; font-size: small;">[…]</span></p><p><span style="font-family: verdana,geneva; font-size: small;">Mais volontiers je suis fort reconnaissant de l’article ou plutôt « le coeur à l’aise » comme dans la chanson de la Revue, puisque on peut en avoir besoin comme on peut avoir vraiment besoin d’une médaille. Puis un article comme cela a son mérite propre d’oeuvre d’art critique, comme quoi je le trouve à respecter, et l’écrivain <em>doit</em> monter les tons, synthétiser ses conclusions, etc.</span></p><p><span style="font-family: verdana,geneva; font-size: small;">Puisse Jo demeurer longtemps pour nous tous ce qu’elle est. Maintenant pour le petit, pourquoi donc ne l’appelez-vous pas Théo en mémoire de notre père, à moi certes cela me ferait tant de plaisir.</span></p><p><span style="font-family: verdana,geneva;"> </span><span style="font-family: verdana,geneva; color: #993366; font-size: small;"><em>* Article élogieux d’Albert Aurier dans </em>Le Mercure de France<em> de janvier 1890 : « Les isolés : Vincent Van Gogh »</em></span></p><p> </p><p style="text-align: center;"><img id="media-4139152" style="margin: 0.7em 0;" title="" src="http://silartetaitconte.hautetfort.com/media/00/00/3530245127.jpg" alt="peinture,van gogh,saint-rémy" width="562" height="453" /></p><p style="text-align: center;"><em><span style="font-family: 'Monotype Corsiva'; color: #3366ff; font-size: 11pt; mso-bidi-font-style: normal;">Vincent Van Gogh –<span style="mso-spacerun: yes;"> </span>Repos après le travail (d’après Millet), janv. 1890, Musée d’Orsay, Paris</span></em></p><p> </p><p><span style="font-family: verdana,geneva; font-size: small;"><strong>Lettre à Albert Aurier – vers le 10 février 1890</strong></span></p><p style="text-align: center;"> </p><p><span style="font-family: verdana,geneva; font-size: small;"> </span><span style="font-family: verdana,geneva; font-size: small;"><em> <span style="color: #993366;">Vincent répond à Albert Aurier pour le remercier du long article qu’il lui a consacré dans </span></em><span style="color: #993366;">Le Mercure de France<em> :</em></span></span></p><p style="text-align: center;"> </p><p><span style="font-family: verdana,geneva; font-size: small;">Cher Monsieur Aurier,</span></p><p><span style="font-family: verdana,geneva; font-size: small;">Merci beaucoup de votre article dans le <em>Mercure de France</em>, lequel m’a beaucoup surpris. Je l’aime beaucoup comme oeuvre d’art en soi, je trouve que vous faites de la couleur avec vos paroles ; enfin dans votre article je retrouve mes toiles mais meilleures qu’elles ne le sont en réalité, plus riches, plus significatives. Pourtant je me sens mal à l’aise lorsque je songe que plutôt qu’à moi ce que vous dites reviendrait à d’autres. Par exemple à Monticelli surtout. [...] Ensuite je dois beaucoup à Paul Gauguin avec lequel j’ai travaillé durant quelques mois à Arles et que d’ailleurs je connaissais déjà à Paris.</span></p><p><span style="font-family: verdana,geneva; font-size: small;">[…]</span></p><p><span style="font-family: verdana,geneva; font-size: small;">Au prochain envoi que je ferai à mon frère j’ajouterai une étude de cyprès pour vous si <img id="media-4139167" style="float: left; margin: 0.2em 1.4em 0.7em 0;" title="" src="http://silartetaitconte.hautetfort.com/media/02/02/2634848176.jpg" alt="peinture,van gogh,saint-rémy" />vous voulez bien me faire le plaisir de l’accepter en souvenir de votre article. J’y travaille encore dans ce moment, désirant y mettre une figurine.</span></p><p><span style="font-family: verdana,geneva; font-size: small;">Le cyprès est si caractéristique au paysage de Provence. Jusqu’à présent je n’ai pas pu les faire comme je le sens ; les émotions qui me prennent devant la nature vont chez moi jusqu’à l’évanouissement et alors il en résulte une quinzaine de jours pendant lesquels je suis incapable de travailler. Pourtant, avant de partir d’ici, je compte encore une fois revenir à la charge pour attaquer les cyprès. L’étude que je vous ai destinée en représente un groupe au coin d’un champ de blé par une journée de mistral d’été. C’est donc la note d’un certain noir enveloppé dans du bleu mouvant par le grand air qui circule, et, opposition faite à la note noire, le vermillon des coquelicots.</span></p><p> </p><p> </p><p> </p><p> </p><p> </p><p><span style="font-family: verdana,geneva; font-size: small;"><em><span style="font-family: 'Monotype Corsiva'; color: #3366ff; font-size: 11pt; mso-bidi-font-style: normal;">Vincent Van Gogh – Cyprès avec deux figures de femmes, juin 1889, Kröller-Müller Museum, Otterlo</span></em></span></p><p> </p><p><span style="font-family: verdana,geneva; font-size: small;"><strong>Lettre à sa mère Anna – vers le 19 février 1890</strong></span></p><p><span style="font-family: verdana,geneva;"><em><span style="font-size: small;"> </span></em></span></p><p><span style="font-family: verdana,geneva; font-size: small;">J’aurais bien préféré que Théo est donné à son fils le nom de Pa, à qui j’ai tant pensé ces jours-ci, plutôt que le mien. Mais enfin maintenant que c’est fait, je me suis mis tout de suite à faire un tableau pour lui, une toile à suspendre dans leur chambre à coucher : quelques grosses branches fleuries d’amandier blanc sur un fond de ciel bleu. Les amandiers commencent partout à fleurir.</span></p><p><span style="font-family: verdana,geneva; font-size: small;">J’ai encore été très surpris de lire cet article qu’on a écrit sur moi. J’ai été peiné quand je l’ai lu ; c’est tellement exagéré.</span></p><p><span style="font-family: verdana,geneva; font-size: small;">Je dois avouer toutefois, que, plus tard, quand ma surprise fut un peu dissipée, je me suis senti par moments tout réconforté ; à cela est venu s’ajouter que Théo m’a annoncé hier qu’on a vendu une de mes toiles à Bruxelles, pour 400 francs.<span style="color: #993366;"><em>*</em></span></span></p><p><span style="font-family: verdana,geneva; color: #993366; font-size: small;"><em>* </em>La Vigne rouge<em>, le seul tableau vendu par Van Gogh</em></span></p><p style="text-align: center;"><img id="media-4139172" style="margin: 0.7em 0;" title="" src="http://silartetaitconte.hautetfort.com/media/00/01/3010252902.jpg" alt="peinture,van gogh,saint-rémy" width="540" height="428" /></p><p style="text-align: center;"><em><span style="font-family: 'Monotype Corsiva'; color: #3366ff; font-size: 11pt; mso-bidi-font-style: normal;">Vincent Van Gogh – Amandier fleuri, février 1890, Van Gogh Museum, Amsterdam</span></em></p><p style="text-align: center;"> </p><p><span style="font-family: verdana,geneva; font-size: small;"><strong>Lettre à Willemien – vers le 19 février 1890</strong></span></p><p><span style="font-family: verdana,geneva; font-size: small;"> </span></p><p><span style="font-family: verdana,geneva; font-size: small;">Quand j’ai lu l’article d’Aurier j’en devenais presque triste juste en pensant : faudrait être comme cela et je me sens si inférieur. Et l’orgueil grise comme la boisson, quand on est loué et qu’on a bu on devient triste.</span></p><p><span style="font-family: verdana,geneva; font-size: small;">Ah Millet ! Millet! Celui-là comme il a peint l’humanité et le « quelque chose là-haut » <img id="media-4139174" style="float: left; margin: 0.2em 1.4em 0.7em 0;" title="" src="http://silartetaitconte.hautetfort.com/media/02/01/1539917222.jpg" alt="peinture,van gogh,saint-rémy" width="427" height="334" />familier et pourtant solennel.</span></p><p> </p><p> </p><p> </p><p> </p><p> </p><p> </p><p> </p><p> </p><p> </p><p> </p><p> </p><p> <span style="font-family: verdana,geneva; font-size: small;"><em><span style="font-family: 'Monotype Corsiva'; color: #3366ff; font-size: 11pt; mso-bidi-font-style: normal;">Vincent Van Gogh – La charrue et la herse (d’après Millet), janv. 1890, Van Gogh Museum, Amsterdam</span></em></span></p><p> </p><p><span style="font-family: verdana,geneva; font-size: small;">Se dire de nos jours que celui là s’est mis à peindre en pleurant, que Giotto, qu’Angelico peignaient à genoux, Delacroix si navré, si ému.... <em>presqu</em><em>e</em> en souriant. Qui sommes nous impressionnistes pour faire déjà comme eux, salis dans la lutte pour la vie : « qui rendra à l’âme ce qu’en ont enlevé le souffle des révolutions », voila le cri d’un poète de l’autre génération qui sembla pressentir nos faiblesses, nos maladies, nos égarements actuels. Et je le dis souvent, sommes nous aussi neufs que le vieux Belge Henri Conscience : Ah c’est pourquoi j’étais content du succès de Bruxelles à cause de cette Campine d’Anvers <span style="color: #993366;"><em>* </em></span>que je cherche parfois encore à rappeler dans les sillons calmes des champs, tout en m’en sentant devenir un enfant bien dégénéré. </span></p><p><span style="font-family: verdana,geneva; font-size: small;">Songeant ainsi, mais bien lointain, me vient le désir de me refaire et de chercher à me faire excuser de ce que mes tableaux sont pourtant presque un cri d’angoisse, tout en symbolisant dans le rustique tournesol la gratitude. </span></p><p><span style="font-family: verdana,geneva; font-size: small;">Tu vois que je ne raisonne pas encore bien – il vaut mieux savoir calculer ce que vaut une livre de pain et un quart de café comme le savent les paysans. – Et nous y revoilà. Millet donnait l’exemple en vivant dans une chaumière, en restant bien avec les gens sans nos écarts d’orgueil, d’excentricité.</span></p><p><span style="font-family: verdana,geneva; color: #993366; font-size: small;"><em>* « la Campine » est une région du nord de la Belgique</em></span></p><p> </p><p> </p><p style="text-align: center;"><img id="media-4139179" style="margin: 0.7em 0;" title="" src="http://silartetaitconte.hautetfort.com/media/01/01/673919489.jpg" alt="peinture,écriture,van gogh,saint-rémy" width="542" height="430" /></p><p style="text-align: center;"><em
Alainhttp://www.httpsilartetaitconte.com/about.htmlVan Gogh écrivain : St-Rémy - 4. nov./déc. 1889tag:www.httpsilartetaitconte.com,2013-05-17:50718442013-05-17T09:12:00+02:002013-05-17T09:12:00+02:00 CORRESPONDANCE - EXTRAITS CHOISIS Vincent...
<p style="text-align: center;"> </p><p style="text-align: center;"><span style="font-family: times new roman,times; font-size: medium;"><span style="font-size: medium;">CORRESPONDANCE - EXTRAITS CHOISIS</span></span></p><p style="text-align: center;"> </p><p style="text-align: center;"> <img id="media-4103682" style="margin: 0.7em 0;" title="" src="http://www.httpsilartetaitconte.com/media/00/02/1826789327.jpg" alt="peinture,van gogh,saint-rémy" width="527" height="450" /></p><p style="text-align: center;"><em><span lang="EN-GB" style="font-family: 'Monotype Corsiva'; color: #3366ff; font-size: 11pt; mso-bidi-font-style: normal; mso-ansi-language: EN-GB;">Vincent Van Gogh –<span style="mso-spacerun: yes;"> </span>cueillettes d’olives, déc. 1889, The Metropolitan Museum of Art, New York</span></em></p><p style="text-align: center;"> </p><p class="NormalWeb6" style="text-align: justify;"><span style="font-family: times new roman,times; font-size: medium;"><em> L'art, mon garçon, ce n'est pas de recommencer ce que les autres ont fait... c'est de faire ce qu'on a vu avec ses yeux, senti avec ses sens, compris avec son cerveau... Voir, sentir et comprendre, tout est là !... Et puis exprimer aussi, diable !... Mais que veux-tu exprimer, si tu n'as rien vu, et si ce que tu as vu, tu ne l'as pas compris !...</em></span></p><p class="NormalWeb6" style="text-align: justify;"><span style="font-family: times new roman,times; font-size: medium;"><em> « Voir, sentir, comprendre », ces trois mots, il les répétait à chaque instant. Cela résumait toute son esthétique parlée. Lucien n'était pas éloquent. Et les phrases commencées, il les achevait souvent dans un geste, qu'accompagnait toujours, en manière de conclusion, cette trinité de verbes : « Voir, sentir et comprendre ! »</em></span></p><p class="NormalWeb6" style="text-align: justify;"><span style="font-family: times new roman,times; font-size: medium;"><strong> Octave Mirbeau</strong><em> – Dans le ciel, Roman, chapitre 15, 1893</em></span></p><p class="NormalWeb6" style="text-align: justify;"> </p><p><span style="font-family: verdana,geneva; font-size: small;"><strong>Lettre au peintre Emile Bernard – vers le 26 novembre 1889</strong></span></p><p><span style="font-family: verdana,geneva; font-size: small;"><em> </em></span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: verdana,geneva; font-size: small;"><em> </em><span style="color: #993366;"><em>Dans un courrier à sa sœur Willemien, Van Gogh lui parle de son ami le peintre Emile Bernard : « C</em><em>’est un peintre jeune – il a vingt ans tout au plus - très original. Il cherche à faire des figures modernes élégantes comme des antiques grecques ou égyptiennes, une grâce dans les mouvements expressifs, un charme par la couleur hardie. Il vient de m’envoyer 6 photographies d’après des tableaux de lui de cette année et par contraste ce sont des sujets bibliques bizarres et fort critiquables, mais tu vois par là que c’est un curieux, un chercheur qui essaie de tout. C’est comme des tapisseries moyen-âge, des figures raides et très colorées. Mais je n’admire cela que médiocrement parce que les Préraphaélistes anglais ont fait ces choses-là avec plus de sérieux et de conscience et de savoir et de logique. »</em></span></span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: verdana,geneva; color: #993366; font-size: small;"><em> </em></span><span style="font-family: verdana,geneva; color: #993366; font-size: small;"><em> </em><em>Le 26 novembre, Vincent adresse une longue lettre à Emile Bernard. Ayant toujours eu un langage très libre avec son jeune ami, il le critique amicalement, mais fortement, au sujet des tableaux que celui-ci a peints en Bretagne auprès de Gauguin. </em></span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: verdana,geneva; color: #993366; font-size: small;"><em> Ce long courrier m’a paru très intéressant et je le reproduis, ci-dessous, dans sa presque intégralité :</em></span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: verdana,geneva; font-size: small;"><em> </em></span></p><p style="text-align: justify;"> </p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: verdana,geneva; font-size: small;">Mon cher ami Bernard,</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: verdana,geneva;"><em><span style="font-size: small;"> </span></em></span> </p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: verdana,geneva; font-size: small;">Tenez, dans « L’adoration des bergers », le paysage me charme trop pour oser critiquer, et, néanmoins, c’est trop fort comme impossibilité de supposer un enfantement comme ça, sur la route même, la mère qui se met à prier au lieu de donner à téter, les grosses grenouilles ecclésiastiques agenouillées comme dans une crise d’épilepsie sont là, Dieu sait comment, et pourquoi ! Mais je ne trouve pas ça sain, moi.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: verdana,geneva; font-size: small;">Parce que moi j’adore le vrai, le possible, si toutefois je suis capable d’un élan spirituel, et alors je m’incline devant cette étude, forte à faire trembler, du père Millet, les paysans qui portent à la ferme un veau né dans les champs. Or, mon ami, cela depuis la France jusqu’en Amérique, les gens l’ont senti. Apres cela viendrez-vous nous renouveler les tapisseries moyen-âge ? Vraiment, est ce une conviction sincère ? non ! Vous savez mieux faire que ça et vous le savez qu’il faut chercher le possible, le logique, le vrai, dussiez vous un peu oublier les choses parisiennes à la Baudelaire. Comme je préfère Daumier à ce monsieur-là !</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: verdana,geneva; font-size: small;">Une « Annonciation », de quoi ? Je vois des figures d’anges - ma foi élégantes - une terrasse avec deux cyprès, que j’aime beaucoup ; il y a là énormément d’air, de clarté… mais, enfin, cette première impression passée, je me demande si c’est une mystification, et ces figurants ne me disent plus rien.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: verdana,geneva; font-size: small;">Mais suffit pour que tu comprennes que je soupirerais de revoir de toi des choses comme le tableau qu’a de toi Gauguin, cette promenade de Bretonnes dans une prairie d’une si belle ordonnance, d’une couleur si naïvement distinguée. Et tu échanges cela contre du – faut-il dire le mot – du factice, de l’affectation !</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: verdana,geneva; font-size: small;">L’année passée vous faisiez un tableau - d’après ce que me disait Gauguin - à peu près, je suppose, ainsi : sur un avant plan d’herbe une figure de jeune fille en robe bleue ou blanche, étendue tout de son long, un second plan, lisière de bois de hêtre, le sol couvert de feuilles rouges tombées, les troncs vert de grisés le barrant verticalement. La chevelure je la suppose une note colorée du ton nécessité comme complémentaire de la robe blanche, noire si le vêtement était blanc, orangée si le vêtement était bleu. Mais enfin, je me disais, quel motif simple et comme il sait faire de l’élégance avec rien.</span></p><p style="text-align: justify;"><img id="media-4105171" style="margin: 0.7em 0;" title="" src="http://silartetaitconte.hautetfort.com/media/01/00/3429230137.jpg" alt="peinture,van gogh,saint-rémy, bernard" /></p><p style="text-align: justify;"><em><span style="font-family: 'Monotype Corsiva'; color: #3366ff; font-size: 11pt; mso-bidi-font-style: normal;">Emile Bernard – Madeleine au bois d’amour, 1888, musée d’Orsay, Paris</span></em></p><p style="text-align: justify;"> </p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: verdana,geneva; font-size: small;">Et lorsque je compare cela à ce cauchemar d’un « Christ au jardin des oliviers », ma foi je m’en sens triste, et te redemande par la présente, à hauts cris et t’engueulant ferme de toute la force de mes poumons, de vouloir bien un peu redevenir toi.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: verdana,geneva; font-size: small;">« Le christ portant sa croix » est atroce. Sont elles harmonieuses les tâches de couleur là-dedans ? Je ne te fais pas grâce cependant d’un <em>poncif</em> – tiens poncif – dans la composition.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: verdana,geneva; font-size: small;">Lorsque Gauguin était à Arles, comme tu le sais, une ou deux fois je me suis laissé aller à une abstraction, dans « La berceuse », une « Liseuse de romans » ; et alors l’abstraction me paraissait une voie charmante. Mais c’est terrain enchanté ça, mon bon ! et vite on se trouve devant un mur. Je ne dis pas, après toute une vie mâle de recherches, de lutte avec la nature corps à corps, on peut s’y risquer ; mais quant à moi, je ne veux pas me creuser la tête avec ces choses-là. </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: verdana,geneva; font-size: small;">Toute l’année j’ai tripoté d’après nature, ne songeant guère à l’impressionnisme, ni à ceci, ni à cela. Cependant encore une fois je me laisse aller à faire des étoiles trop grandes et - nouvel échec - j’en ai assez. Donc actuellement je travaille dans les oliviers. Va, ça m’intéresse davantage que les abstractions ci-dessus nommées.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: verdana,geneva; font-size: small;">Si je n’ai pas écrit depuis longtemps, c’est qu’ayant à lutter contre ma maladie et à calmer ma tête, je ne me sentais guère envie de discuter, et trouvais du danger à ces abstractions. En travaillant tout tranquillement les beaux sujets viendront tout seuls. Il s’agit vraiment surtout de bien se retremper dans la réalité, sans plan conçu d’avance, sans parti pris parisien. Suis, d’ailleurs, fort mécontent de cette année ; mais peut-être prouvera-t-elle un fondement solide pour la prochaine. Je me suis bien laissé pénétrer par l’air des petites montagnes et des vergers ; avec ça je verrai. Mon ambition se borne bien à quelques mottes de terre, du blé qui germe, un verger d’oliviers, un cyprès - ce dernier, par exemple, pas commode à faire.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: verdana,geneva; font-size: small;">[…]</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: verdana,geneva; font-size: small;">Voici description d’une toile que j’ai devant moi dans ce moment : une vue du parc de la maison de santé où je suis. Un rayon de soleil, le dernier reflet, exalte jusqu’à l’orangé, l’ocre sombre. Des figurines noires rôdent çà et là entre les troncs. Tu comprendras que cette combinaison d’ocre rouge, de vert attristé de gris, de traits noirs qui cernent les contours, cela produit un peu la sensation d’angoisse dont souffrent souvent certains de mes compagnons d’infortune, qu’on appelle “voir rouge”. Et d’ailleurs le motif du grand arbre frappé par l’éclair, le sourire maladif vert-rose de la dernière fleur d’automne, viennent confirmer cette idée.</span></p><p style="text-align: justify;"> </p><p style="text-align: justify;"><img id="media-4105169" style="margin: 0.7em 0;" title="" src="http://silartetaitconte.hautetfort.com/media/01/01/1503414056.jpg" alt="peinture,van gogh,saint-rémy" /></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: verdana,geneva; font-size: small;"><em><span style="font-family: 'Monotype Corsiva'; color: #3366ff; font-size: 11pt; mso-bidi-font-style: normal;">Vincent Van Gogh –<span style="mso-spacerun: yes;"> </span>Le jardin de l’hospice Saint-Paul, déc. 1889, Van Gogh Museum, Amsterdam</span></em></span></p><p style="text-align: justify;"> </p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: verdana,geneva; font-size: small;">[…]</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: verdana,geneva;"><span style="font-size: small;">Je te parle de cette toile pour te rappeler que pour donner une impression d’angoisse, on peut chercher à le faire sans viser droit au jardin de Gethsémani historique, que pour donner un motif consolant et doux il n’est pas nécessaire de représenter les personnages du Sermon sur la montagne</span><span style="font-size: small;">.</span></span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: verdana,geneva; font-size: small;">[…]</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: verdana,geneva; font-size: small;">La Bible ! La Bible ! Millet dès son enfance étant éduqué là-dedans, ne faisait que lire ce livre-là ! Et pourtant jamais, ou presque jamais, il ne fit de tableaux bibliques. Corot a fait un « Jardin des oliviers », avec le Christ et l’étoile du berger, sublime. Dans son oeuvre on sent Homère, Eschyle, Sophocle, aussi parfois comme l’évangile ; mais combien discret, et prépondérant toujours les sensations modernes possibles communes à nous tous. Mais, diras-tu, Delacroix ? Oui ! Delacroix – mais alors tu aurais encore tout autrement à <em>étudier</em>, oui <em>étudier</em> l’histoire avant de mettre les choses à leur place comme ça.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: verdana,geneva; font-size: small;">Donc, c’est un échec, mon brave, tes tableaux bibliques ; mais.... il y en a peu qui se trompent comme ça, et c’est une erreur ; mais le retour de cela sera, j’ose croire, épatant ! C’est en se trompant qu’on trouve parfois le chemin. Va, revenge-t’en en peignant ton jardin tel qu’il est ou ce que tu voudras. En tout cas, c’est bon de chercher du distingué, de la noblesse dans les figures, et tes études représentent un effort fait, donc autre chose que du temps perdu.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: verdana,geneva; font-size: small;">Savoir diviser une toile ainsi en grands plans enchevêtrés, trouver des lignes, des formes faisant contraste, c’est de la technique, des trucs, si tu veux de la cuisine, mais enfin c’est signe que tu approfondis ton métier, et cela c’est bien. Quelque haïssable que soit la peinture, et encombrante au temps où nous sommes, celui qui a choisi ce métier, s’il l’exerce quand même avec zèle, est homme de devoir et solide et fidèle. La société nous rend parfois l’existence bien pénible, et de là aussi vient notre impuissance et l’imparfait de nos travaux.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: verdana,geneva; font-size: small;">[…]</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: verdana,geneva; font-size: small;">Moi je souffre de ce que je manque de modèles absolument. Par contre, il y a des beaux sites ici. Viens de faire 5 toiles de 30 des oliviers. Et si je reste ici encore c’est que ma santé se refait beaucoup. Ce que je fais est dur, sec, mais c’est que je cherche à me retremper par du travail un peu rude et je craindrais que les abstractions ramollissent.</span></p><p style="text-align: justify;"> </p><p style="text-align: justify;"><img id="media-4105177" style="margin: 0.7em 0;" title="" src="http://silartetaitconte.hautetfort.com/media/00/01/3065936114.jpg" alt="peinture,van gogh,saint-rémy" /></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: verdana,geneva;"><em><span style="font-family: 'Monotype Corsiva'; color: #3366ff; font-size: 11pt; mso-bidi-font-style: normal;">Vincent Van Gogh –<span style="mso-spacerun: yes;"> </span>Cueilleurs d’olives, nov. 1889, Kröller-Müller Museum, Otterlo</span></em></span></p><p style="text-align: justify;"> </p><p style="text-align: justify;"> </p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;"><span style="font-family: Times New Roman;"><em><span style="font-family: verdana,geneva;"><span style="font-family: Times New Roman;"> <span style="color: #993366;"> </span></span><span style="color: #993366;">Le 8 décembre, Théo écrit à Vincent : « Un</span></span></em><span style="font-family: verdana,geneva; color: #993366;"><em> ami de Bernard nommé Aurier est venu Rue Lepic. Il s’intéresse beaucoup à ce que tu fais et m’a montré un petit journal qu’il a dirigé « Le modernisme illustré » où il a parlé de la boutique de Tanguy et où il cite aussi tes tableaux ». </em></span></span></span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: verdana,geneva;"><span style="color: #993366; font-size: small;"><em> Dans le courant de l’été, Emile Bernard a préparé un court article concernant Van Gogh et l’a envoyé à Aurier pour le faire paraître dans le même magazine.</em></span></span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: verdana,geneva; font-size: small;"> </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: verdana,geneva; font-size: small;"> </span><span style="font-family: verdana,geneva; font-size: small;"><strong>Lettre à Théo – vers le 19 décembre 1889</strong></span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: verdana,geneva;"><strong> </strong></span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: verdana,geneva;"><span style="font-size: small;">Tu le verras peut-être aussi dans la toile pour les Vingtistes, que j’ai expédiée hier : « Le champ de blé au soleil levant</span><span style="font-size: small;"> ».</span><span style="font-size: small;"> Je suis curieux de savoir ce que tu diras du champ de blé, il faudra le regarder pendant quelque temps peut-être.</span></span></p><p style="text-align: justify;"><img id="media-4105184" style="margin: 0.7em 0;" title="" src="http://silartetaitconte.hautetfort.com/media/00/00/617295634.jpg" alt="peinture,van gogh,saint-rémy" /></p><p style="text-align: justify;"><em><span style="font-family: 'Monotype Corsiva'; color: #3366ff; font-size: 11pt; mso-bidi-font-style: normal;">Vincent Van Gogh –<span style="mso-spacerun: yes;"> </span>Champ de blé au soleil levant, déc. 1889, collection privée</span></em></p><p class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 6pt 51.05pt; text-align: justify;"> </p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: verdana,geneva; font-size: small;">Je te serre bien la main en pensée, je vais encore travailler un peu dehors ; il fait du mistral. Vers le moment du coucher du soleil cela se calme un peu d’habitude, alors il y a des effets superbes de ciels citron pâle et les pins désolés détachent leurs silhouettes là contre avec des effets de dentelle noire exquise.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: verdana,geneva; font-size: small;">D’autres fois le ciel est rouge, d’autres fois d’un ton extrêmement fin, neutre, de citron pâle encore mais neutralisé par du lilas fin.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: verdana,geneva; font-size: small;"> </span></p><p style="text-align: justify;"> </p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: verdana,geneva;"> </span></p>
Alainhttp://www.httpsilartetaitconte.com/about.htmlVan Gogh écrivain : St-Rémy - 3. 19 sept./3 nov. 1889tag:www.httpsilartetaitconte.com,2013-05-05:50622922013-05-05T10:00:00+02:002013-05-05T10:00:00+02:00 CORRESPONDANCE - EXTRAITS CHOISIS Vincent Van Gogh –...
<p style="text-align: center;"> <span style="font-family: times new roman,times; font-size: medium;"><span style="font-size: medium;">CORRESPONDANCE - EXTRAITS CHOISIS</span></span></p><p style="text-align: center;"> </p><p style="text-align: center;"><img id="media-4087121" style="margin: 0.7em 0;" title="" src="http://www.httpsilartetaitconte.com/media/01/02/3695699754.jpg" alt="peinture, van gogh, saint-rémy, st paul moselée" width="507" height="412" /></p><p style="text-align: center;"><em><span style="font-family: 'Monotype Corsiva'; color: #3366ff; font-size: 11pt; mso-bidi-font-style: normal;">Vincent Van Gogh –<span style="mso-spacerun: yes;"> </span>Demi-silhouette d’un ange (d’après Rembrandt), sept. 1889, collection privée</span></em></p><p style="text-align: center;"> </p><p style="text-align: justify;"><em><span style="font-family: times new roman,times; font-size: medium;">Ah ! Comme il a compris l'âme exquise des fleurs ! Comme sa main, qui promène les torches terribles dans les noirs firmaments, se fait délicate pour en lier les gerbes parfumées et si frêles ! Et quelles caresses ne trouve-t-il pas pour en exprimer l'inexprimable fraîcheur et les grâces infinies ? </span></em></p><p style="text-align: justify;"><em><span style="font-family: times new roman,times; font-size: medium;"><strong>Et comme il a compris aussi ce qu'il y a de triste, d'inconnu et de divin dans l'œil des pauvres fous et des malades fraternels !</strong> </span></em></p><p style="text-align: justify;"><em> </em><span style="font-size: small;"><strong> </strong></span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: medium;"><span style="font-size: small;"><strong>Octave Mirbeau</strong>, <em>L'Écho de Paris</em>, 31 mars 1891</span></span></p><p style="text-align: justify;"> </p><p> </p><p> </p><p style="text-align: justify;"><em><span style="font-size: small;"><span style="font-family: Times New Roman;"> <span style="font-family: verdana,geneva; color: #993366;">La santé de Vincent s’est améliorée, mais il souffre d’être entouré de malades atteints de graves troubles psychologiques. Il souhaiterait se rapprocher de Paris. Le 18 septembre, Théo l’approuve, mais l’installation éventuelle chez les peintres Pissarro ou Jouve ne lui paraît pas réalisable car son frère doit être sous la surveillance d’un médecin. Il lui conseille de travailler avec plus de modération : « J’ai peur quand tu travailles comme cela avec rage car forcément tu t’épuises. Je comprends que l’oisiveté te pèse surtout quand tu n’as pas de société à ton goût. » </span></span></span></em></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: verdana,geneva; color: #993366; font-size: small;"><em> Faute de modèles, sortant peu dans la campagne environnante, l’artiste va copier des toiles de ses peintres préférés.</em></span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: verdana,geneva; color: #993366;"><em><span style="font-size: small;">« De la façon de sentir de Van Gogh, nous avons une indication très précieuse : ce sont les copies qu’il exécute d’après divers tableaux de Rembrandt, de Delacroix, de Millet. Elles sont admirables. Mais ce ne sont pas, à proprement parler, des copies, ces exubérantes et grandioses restitutions. Ce sont plutôt des interprétations, par lesquelles le peintre arrive à recréer l’oeuvre des autres, à la faire sienne, tout en lui conservant son esprit original et son spécial caractère - <strong>Octave Mirbeau</strong> » </span></em></span></p><p style="text-align: justify;"> </p><p style="text-align: justify;"> </p><p style="text-align: justify;"> <span style="font-family: verdana,geneva; font-size: small;"><strong>Lettre à Théo – vers le 20 septembre 1889</strong></span></p><p style="text-align: justify;"> <span style="font-family: verdana,geneva; font-size: small;"><strong> </strong></span></p><p style="text-align: justify;"> <span style="font-family: verdana,geneva; font-size: small;">C’est drôle, juste au moment où je faisais cette copie de « La pietà » de Delacroix, j’ai <img id="media-4087180" style="float: left; margin: 0.2em 1.4em 0.7em 0;" title="" src="http://silartetaitconte.hautetfort.com/media/02/02/3091087748.jpg" alt="peinture,van gogh,saint-rémy,st paul moselée, delacroix" width="321" height="391" />trouvé où est passée cette toile.</span></p><p style="text-align: justify;"> <span style="font-family: verdana,geneva; font-size: small;">Elle appartient à une reine de Hongrie ou d’un autre pays par là qui a écrit des poésies sous le nom de Carmen Sylva. L’article qui parlait d’elle et du tableau était de Pierre Loti, qui faisait sentir que cette Carmen Sylva était comme personne encore plus touchante que ce qu’elle écrit – et elle écrit pourtant des choses comme ça : une femme sans enfant est comme une cloche sans battant ; le son de l’airain serait peut-être fort beau, mais on ne l’entendra point.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: verdana,geneva; font-size: small;"> </span></p><p style="text-align: justify;"> </p><p style="text-align: justify;"><em><span style="font-family: 'Monotype Corsiva'; color: #3366ff; font-size: 11pt; mso-bidi-font-style: normal;">Vincent Van Gogh –<span style="mso-spacerun: yes;"> </span>La Pietà (d’après Delacroix), sept. 1889, Van Gogh Museum, Amsterdam</span></em></p><p style="text-align: justify;"> </p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: verdana,geneva; font-size: small;">J’ai à présent 7 copies sur les dix des « travaux des champs » de Millet. </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: verdana,geneva; font-size: small;">Je peux t’assurer que cela m’intéresse énormément de faire des copies et que n’ayant pour le moment pas de modèles cela fera que pourtant je ne perdrai pas de vue la figure.<img id="media-4087196" style="float: right; margin: 0.2em 0 1.4em 0.7em;" title="" src="http://silartetaitconte.hautetfort.com/media/02/01/3031816642.jpg" alt="peinture,van gogh,saint-rémy,st paul moselée, millet" width="274" height="499" /></span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: verdana,geneva; font-size: small;">En outre cela me fera une décoration d’atelier pour moi ou un autre.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: verdana,geneva; font-size: small;">Je désirerais copier aussi le « semeur » et les « bêcheurs ».</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: verdana,geneva; font-size: small;">C’est une étude dont j’ai besoin car je veux <em>apprendre</em>. </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: verdana,geneva; font-size: small;">Tu seras surpris quel effet prennent les travaux des champs par la couleur, c’est une série bien intime de lui. <span style="color: #993366;"><em>(Van Gogh copie d’après des gravures de tableaux en noir et blanc qu'il s'est procuré)</em></span></span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: verdana,geneva;"> </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: verdana,geneva;"> </span></p><p style="text-align: justify;"> </p><p style="text-align: justify;"> </p><p style="text-align: justify;"> </p><p style="text-align: justify;"> </p><p style="text-align: justify;"> </p><p style="text-align: justify;"> </p><p style="text-align: right;"><span style="font-family: verdana,geneva;"><em><span style="font-family: 'Monotype Corsiva'; color: #3366ff; font-size: 11pt; mso-bidi-font-style: normal;">Vincent Va</span></em><em><span style="font-family: 'Monotype Corsiva'; color: #3366ff; font-size: 11pt; mso-bidi-font-style: normal;">n Gogh –<span style="mso-spacerun: yes;"> </span>Le faucheur (d’après Millet), sept. 1889, Van Gogh Museum, Amsterdam</span></em></span></p><p style="text-align: justify;"> </p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: verdana,geneva; font-size: small;">Ce que je cherche là-dedans et pourquoi il me semble bon de les copier, je vais tâcher <img id="media-4087202" style="float: left; margin: 0.2em 1.4em 0.7em 0;" title="" src="http://silartetaitconte.hautetfort.com/media/00/02/4228065304.jpg" alt="peinture,van gogh,saint-rémy,st paul moselée, millet" width="330" height="441" />de te le dire. On nous demande à nous autres peintres toujours de <em>composer</em> nous-mêmes et de<em> n’être</em> <em>que compositeurs</em>.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: verdana,geneva;"> <span style="font-size: small;">Soit – mais dans la musique il n’en est pas ainsi et si telle personne jouera du Beethoven elle y ajoutera son interprétation personnelle – en musique et alors surtout pour le chant <em>l’interprétation</em> d’un compositeur est quelque chose, et il n’est pas de rigueur qu’il n’y a que le compositeur qui joue ses propres compositions.</span></span></p><p style="text-align: justify;"> <span style="font-family: verdana,geneva; font-size: small;">Bon – moi, surtout à présent étant malade, je cherche à faire quelque chose pour me consoler, pour mon propre plaisir.</span></p><p style="text-align: justify;"> </p><p style="text-align: justify;"> </p><p style="text-align: justify;"><em><span style="font-family: 'Monotype Corsiva'; color: #3366ff; font-size: 11pt; mso-bidi-font-style: normal;">Vincent Van Gogh –<span style="mso-spacerun: yes;"> </span>Paysanne liant des gerbes (d’après Millet), sept. 1889, Van Gogh Museum, Amsterdam</span></em></p><p style="text-align: justify;"> </p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: verdana,geneva; font-size: small;">Je pose le blanc et noir de Delacroix ou de Millet, ou d’aprè<img id="media-4087205" style="float: right; margin: 0.2em 0 1.4em 0.7em;" title="" src="http://silartetaitconte.hautetfort.com/media/01/01/4275608090.jpg" alt="peinture,van gogh,saint-rémy,st paul moselée, millet" />s eux, devant moi comme motif. Et puis j’improvise de la couleur là-dessus, mais bien entendu pas tout à fait étant moi, mais cherchant des souvenirs de <em>leurs</em> tableaux. Mais le souvenir, la vague consonance de couleurs qui sont dans le sentiment sinon justes, ça c’est une interprétation à moi.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: verdana,geneva;"> </span></p><p style="text-align: justify;"> </p><p style="text-align: justify;"> </p><p style="text-align: justify;"> </p><p style="text-align: justify;"> </p><p style="text-align: justify;"> </p><p style="text-align: justify;"> </p><p style="text-align: justify;"> </p><p style="text-align: justify;"> </p><p style="text-align: justify;"> </p><p style="text-align: justify;"> </p><p style="text-align: right;"><em><span style="font-family: 'Monotype Corsiva'; color: #3366ff; font-size: 11pt; mso-bidi-font-style: normal;">Vincent Van Gogh –<span style="mso-spacerun: yes;"> </span>Le moissonneur avec faucille (d’après Millet), sept. 1889, Van Gogh Museum, Amsterdam</span></em></p><p style="text-align: justify;"> </p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: verdana,geneva; font-size: small;">Un tas de gens ne copient pas, un tas d’autres copient – moi je m’y suis mis par hasard et je trouve que cela apprend et surtout parfois console. Aussi alors mon pinceau va entre mes doigts comme serait un archet sur le violon et absolument pour mon plaisir. </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: verdana,geneva; font-size: small;">Aujourd’hui j’ai essayé « la tondeuse de moutons » dans une gamme allant du lilas au <img id="media-4087212" style="float: left; margin: 0.2em 1.4em 0.7em 0;" title="" src="http://silartetaitconte.hautetfort.com/media/00/02/3785748599.jpg" alt="peinture,van gogh,saint-rémy,st paul moselée, millet" />jaune.</span></p><p style="text-align: justify;"> </p><p style="text-align: justify;"> </p><p style="text-align: justify;"> </p><p style="text-align: justify;"> </p><p style="text-align: justify;"> </p><p style="text-align: justify;"> </p><p style="text-align: justify;"> </p><p style="text-align: justify;"> </p><p style="text-align: justify;"> </p><p style="text-align: justify;"> </p><p style="text-align: justify;"> </p><p style="text-align: justify;"> </p><p style="text-align: justify;"> </p><p style="text-align: justify;"> </p><p style="text-align: justify;"> </p><p style="text-align: justify;"> </p><p style="text-align: justify;"><em><span style="font-family: 'Monotype Corsiva'; color: #3366ff; font-size: 11pt; mso-bidi-font-style: normal;">Vincent Van Gogh –<span style="mso-spacerun: yes;"> </span>La tondeuse de moutons (d’après Millet), sept. 1889, Van Gogh Museum, Amsterdam</span></em></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: verdana,geneva;"><em><span style="font-size: small;">[…]</span></em></span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: verdana,geneva; font-size: small;">Bernard et Gauguin ne demanderont pas du tout la forme juste d’un arbre, mais ils veulent absolument qu’on dise si la forme est ronde ou carrée – et ma foi, ils ont raison, exaspérés par la perfection photographique et niaise de certains. Ils ne demanderont pas le ton juste des montagnes, mais ils diront : nom de Dieu les montagnes étaient-elles bleues, alors foutez-y du bleu et n’allez pas me dire que c’était un bleu un peu comme-ci comme-ça, c’était bleu n’est-ce pas ? Bon – faites les bleues et c’est assez ! Gauguin est quelquefois génial lorsqu’il explique cela mais le <em>génie</em> qu’a Gauguin, il est bien timide de le montrer et c’est touchant comme il aime à dire une chose vraiment utile à des jeunes. Quel drôle d’être tout de même.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: verdana,geneva;"><em><span style="font-size: small;">[…]</span></em></span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: verdana,geneva; font-size: small;">Je sens tellement que l’histoire des gens est comme l’histoire du blé, si on n’est pas semé en terre pour y germer, qu’est-ce que ça fait, on est moulu pour devenir du pain.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: verdana,geneva; font-size: small;">La différence du bonheur et du malheur ! Tous les deux sont nécessaires et utiles et la mort ou la disparition... c’est tellement relatif – et la vie également.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: verdana,geneva;"><em><span style="font-size: small;">[…]</span></em></span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: verdana,geneva; font-size: small;">Je voudrais bien voir des reproductions de Millet dans les écoles, je crois qu’il y aurait des enfants qui deviendraient des peintres si seulement ils voyaient des bonnes choses.</span></p><p style="text-align: center;"><img id="media-4087215" style="margin: 0.7em 0;" title="" src="http://silartetaitconte.hautetfort.com/media/01/01/48250868.jpg" alt="peinture,van gogh,saint-rémy,st paul moselée, millet" /></p><p style="text-align: center;"><em><span style="font-family: 'Monotype Corsiva'; color: #3366ff; font-size: 11pt; mso-bidi-font-style: normal;">Vincent Van Gogh –<span style="mso-spacerun: yes;"> </span>Le batteur de blé (d’après Millet), sept. 1889, Van Gogh Museum, Amsterdam</span></em></p><p> </p><p> </p><p style="text-align: justify;"><em><span style="font-size: small;"><span style="font-family: Times New Roman;"> <span style="font-family: verdana,geneva; color: #993366;"> Le 4 octobre, Théo annonce à Vincent qu’il a eu la visite du docteur Peyron. Il dit : « Ton voyage à Arles ayant provoqué une crise récemment, il faudrait voir avant de changer de demeure, si tu peux maintenant supporter les changements. Si tu supportes bien ces épreuves, il n’y voit pas d’inconvénient que tu le quittes. Pissarro m’a dit que, chez lui, ce n’était pas possible mais qu’il connaît quelqu’un à Auvers qui est médecin et qui fait de la peinture dans ses moments perdus. Il me dit que c’est un homme qui a été en rapport avec les impressionnistes. Il croit que chez celui-là tu pourrais probablement rester. Il doit aller le voir et lui parlera de l’affaire ». Le 22 octobre, Théo écrit : « Pissarro doit s’occuper de ce brave homme à Auvers. J’espère qu’il réussira et qu’au printemps prochain, sinon plus tôt, tu viennes nous voir ».</span></span></span></em></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: verdana,geneva; color: #993366;"> </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: verdana,geneva; font-size: small;"><strong>Lettre à Willemien – vers le 21 octobre 1889</strong></span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: verdana,geneva;"><em><span style="font-size: small;"> </span></em></span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: verdana,geneva; font-size: small;">Ne te gènes pas pour accrocher mes toiles dans un corridor, dans la cuisine, dans un escalier. Ma peinture est faite pour être vue surtout sur un fond simple. Je cherche à peindre de façon que cela fasse bien dans une cuisine, alors parfois je m’aperçois que cela fait bien dans un salon aussi, mais de cela je ne me préoccupe jamais.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: verdana,geneva; font-size: small;">[…] surtout aussi je voudrais que Margot Begemann eût un tableau de moi.<em><span style="color: #993366;">*</span> </em>Mais le lui faire parvenir par ton intermédiaire est plus discret que le lui envoyer directement.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: verdana,geneva;"><em><span style="font-size: small;"> </span></em></span><em><span style="font-family: verdana,geneva; color: #993366;"><span style="font-size: small;">* En 1884, lorsque Vincent habite chez ses parents à Nuenen, Margot Begemann, plus âgée que lui, s’attache à lui et une liaison commence discrètement. Il est attendri par la jeune femme. Elle le fait penser à « un violon de Crémone qui aurait été abîmé par des réparateurs incapables ». La famille de Margot s’oppose à leur mariage. Lors d’une promenade avec Vincent, elle s’évanouit. Elle avouera que, désespérée, elle avait tenté de se suicider avec des médicaments. Vincent regrettera cette affection : « Je demeurerai son ami : nous nous sommes peut-être trop attachés l'un à l'autre ». </span></span></em></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: verdana,geneva; font-size: small;"> […]</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: verdana,geneva; font-size: small;">J’ai encore lu une pensée de Carmen Sylva qui est bien juste : Lorsque vous souffrez beaucoup – vous voyez tout le monde à une grande distance et comme au bout d’une immense arène – les voix mêmes paraissent venir de loin.– J’ai éprouvé cela dans ces crises à tel point que tous les gens que je vois alors me paraissent, <em>même si je les reconnais</em> – ce qui n’est pas toujours le cas – arriver de très loin et être <em>tout différents</em> de ce qu’ils sont en réalité, tant il me semble y voir alors des ressemblances agréables ou désagréables avec des personnes que j’ai connues autrefois et ailleurs.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: verdana,geneva; font-size: small;"> </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: verdana,geneva; font-size: small;"><strong>Lettre à Théo – vers le 25 octobre 1889</strong></span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: verdana,geneva;"><strong> </strong></span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: verdana,geneva; font-size: small;">La mélancolie me prend fort souvent avec une grande force, et plus d’ailleurs la santé revient au normal, plus j’ai la tête capable à raisonner très froidement, plus faire de la peinture qui nous coûte tant et ne rapporte rien, même pas le prix de revient, me semble comme une folie, une chose tout à fait contre la raison. Alors je me sens tout triste et le mal est qu’il est à mon âge bigrement difficile de recommencer autre chose.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: verdana,geneva; font-size: small;">J’ai commencé ce matin « les bêcheurs » sur une toile de 30. Sais tu que cela pourrait être intéressant de chercher à faire les dessins de Millet en peinture, ce serait une collection de copies toute spéciale. Peut-être moi je serais plus utile en faisant cela, que par ma propre peinture.</span></p><p style="text-align: center;"><img id="me