Last posts on roudinesco2024-03-29T02:15:45+01:00All Rights Reserved blogSpirithttps://www.hautetfort.com/https://www.hautetfort.com/explore/posts/tag/roudinesco/atom.xmlylepapehttp://lactualitedessocialistes.hautetfort.com/about.htmlElisabeth Roudinesco : ”Parler de racisés, c'est s'assigner la position de victime du racisme”tag:lactualitedessocialistes.hautetfort.com,2021-03-08:63020272021-03-08T00:05:00+01:002021-03-08T00:05:00+01:00 Elisabeth Roudinesco, historienne, est l'invitée d'Eric Delvaux et...
<p><iframe width="560" height="315" src="https://www.youtube.com/embed/4RkV7UiH4qA" frameborder="0" allow="accelerometer; autoplay; clipboard-write; encrypted-media; gyroscope; picture-in-picture" allowfullscreen="allowfullscreen"></iframe></p><p><span class="style-scope yt-formatted-string" dir="auto">Elisabeth Roudinesco, historienne, est l'invitée d'Eric Delvaux et Patricia Martin. Elle publie, aux éditions du Seuil, un essai qui évoque les questions de genre et d'identité en France : "Soi-même comme un roi".</span></p>
ylepapehttp://lactualitedessocialistes.hautetfort.com/about.htmlSélection été : Le Vent se lève - La « troisième voie » européenne ? Sur la conférence prononcée par Elizabeth Roudinesctag:lactualitedessocialistes.hautetfort.com,2018-07-13:60630362018-07-13T20:50:00+02:002018-07-13T20:50:00+02:00 Sur la conférence prononcée par Elisabeth Roudinesco le 22 mars à l’École...
<p style="text-align: justify;"><strong><em>Sur la conférence prononcée par Elisabeth Roudinesco le 22 mars à l’École normale supérieure de la rue d’Ulm, dans le cadre du cycle « </em>Une certaine idée de l’Europe<em> », proposé par le Groupe d’études géopolitiques.</em></strong></p><hr /><p style="text-align: justify;">« Un bonheur tragique » – c’est par cette formule, à trop aisément qualifier d’oxymore, qu’Elisabeth Roudinesco résumait son « idée de l’Europe » le 22 mars à l’ENS. Lors de la deuxième conférence du cycle « <em>Une certaine idée de l’Europe </em>», l’historienne de la psychanalyse tenta d’extraire l’essence d’un inconscient européen, par lequel bien des choses ont enfanté leur contraire. A propos, elle parla de bonheur et de tragédie. Le bonheur comme révolution de l’intime, phénomène urbain du 19<sup>ème</sup> siècle européen. La tragédie comme art et comme pulsion, de destruction et de mort. Deux « états » qui, liés fatalement, inscrivent une continuité dans l’histoire récente du continent. Comme si la recherche d’un bonheur collectif européen était chaque fois vouée à l’<em>hubris</em>. On songe à la phrase d’Albert Camus : « <em>Bonheur tragique. Et quand il cesse d’être tragique c’est autre chose et l’être se jette à nouveau à la recherche du tragique ». </em>Prise en étau entre « le cauchemar de Bruxelles » et le populisme identitaire, l’Europe d’aujourd’hui doit s’extirper d’un péril qui allie nostalgies de l’hier et angoisses de demain. Le chemin peut être celui d’une « troisième voie », touchant un équilibre entre le désir d’affirmation des États nations et l’idée commune qu’ils se feront de l’Europe.</p><p style="text-align: justify;"><a href="http://lvsl.fr/la-troisieme-voie-europeenne-elizabeth-roudinesco"><strong>Lire la suite</strong></a><br />__________________<br />__________________</p>
ylepapehttp://lactualitedessocialistes.hautetfort.com/about.htmlLe Vent se lève - La « troisième voie » européenne ? Sur la conférence prononcée par Elizabeth Roudinesco à l’ENStag:lactualitedessocialistes.hautetfort.com,2018-04-18:60441762018-04-18T22:30:00+02:002018-04-18T22:30:00+02:00 Sur la conférence prononcée par Elisabeth Roudinesco le 22 mars à l’École...
<p style="text-align: justify;"><strong><em>Sur la conférence prononcée par Elisabeth Roudinesco le 22 mars à l’École normale supérieure de la rue d’Ulm, dans le cadre du cycle « </em>Une certaine idée de l’Europe<em> », proposé par le Groupe d’études géopolitiques.</em></strong></p><hr /><p style="text-align: justify;">« Un bonheur tragique » – c’est par cette formule, à trop aisément qualifier d’oxymore, qu’Elisabeth Roudinesco résumait son « idée de l’Europe » le 22 mars à l’ENS. Lors de la deuxième conférence du cycle « <em>Une certaine idée de l’Europe </em>», l’historienne de la psychanalyse tenta d’extraire l’essence d’un inconscient européen, par lequel bien des choses ont enfanté leur contraire. A propos, elle parla de bonheur et de tragédie. Le bonheur comme révolution de l’intime, phénomène urbain du 19<sup>ème</sup> siècle européen. La tragédie comme art et comme pulsion, de destruction et de mort. Deux « états » qui, liés fatalement, inscrivent une continuité dans l’histoire récente du continent. Comme si la recherche d’un bonheur collectif européen était chaque fois vouée à l’<em>hubris</em>.</p><p style="text-align: justify;"><a href="http://lvsl.fr/la-troisieme-voie-europeenne-elizabeth-roudinesco"><strong>Lire la suite</strong></a><br />___________________<br />___________________</p>
ylepapehttp://lactualitedessocialistes.hautetfort.com/about.htmlLe Monde - L’héritage de la pensée de 68 est-il épuisé ?tag:lactualitedessocialistes.hautetfort.com,2015-08-20:56701532015-08-20T00:05:00+02:002015-08-20T00:05:00+02:00 Aux Controverses du Monde, dans le cadre du Festival d’Avignon, la...
<div class="copy-paste-block"><span style="font-size: small;">Aux Controverses du Monde, dans le cadre du Festival d’Avignon, la psychanalyste Elisabeth Roudinesco et l’historien Marcel Gauchet débattent de la pertinence du recours aux idées de Mai 68 pour comprendre le monde d’aujourd’hui et inventer celui de demain.<br /><br /></span></div><div class="copy-paste-block"><span><a href="http://www.lemonde.fr/idees/article/2015/07/28/l-heritage-de-la-pensee-de-68-est-il-epuise_4702049_3232.html"><strong><span style="font-size: small;">Lire la suite</span></strong></a><br />_____________________<br />_____________________</span></div>
horatio in lovehttp://horatio.hautetfort.com/about.htmlLettre à Elisabeth Roudinescotag:horatio.hautetfort.com,2013-07-14:51211472013-07-14T11:26:00+02:002013-07-14T11:26:00+02:00Melun, le 13 juillet 2013 Madame, J’ai lu avec attention votre article «...
Melun, le 13 juillet 2013<br /><br /><br />Madame, <br /><br />J’ai lu avec attention votre article « Lacan et la leçon d’Hamlet » paru dans le journal Le monde du 12 juin 2013, suite à la parution du livre 6 du Séminaire du psychanalyste français Jacques Lacan. <br /><br />Je me suis moi-même intéressé à ce Séminaire publié dans la revue Ornicar ? Votre article résume bien les difficultés que j’ai rencontré avec la psychanalyse. Vous dites que Lacan fait du désir « l’expression d’un appétit qui tend à se satisfaire dans l’absolu, sans le support d’un objet réel et en dehors de toute réalisation d’un souhait. » Le désir lacanien renvoie ainsi à une dialectique de la lutte à mort. Il n’est ni une demande, ni un besoin, ni l’accomplissement d’un vœux inconscient, mais une quête de reconnaissance qui porte sur un fantasme. <br /><br />Le Sujet Lacanien – Hamlet – se confronte à un « père mort » ainsi qu’à deux facettes de la féminité : la mère incestueuse (Gertrude) et la vierge folle (Ophélie). Ainsi, il est pris au piège d’une « action paralysée par la pensée ».<br /><br />Ce qui m’a heurté, à la lecture de ce Séminaire sur « le désir et son interprétation », c’est le peu de cas que fait Lacan de la mort des femmes dans cette pièce : la mort d’Ophélie fonctionnant comme play-scene pour annoncer la mort de Gertrude. Chaque fois que Hamlet tue, dans l’intervalle tombe une femme. <br /><br />C’est comme si le psychanalyste français était resté paralysé sur cette idée freudienne d’une culpabilité oedipienne, que vous traduisez ainsi : « s’il [Hamlet] ne parvient pas à tuer Claudius, c’est parce qu’il ne veut pas seulement mettre à mort son ennemi, il veut l’envoyer en enfer pour qu’il soit soumis à une torture éternelle. » <br /><br />C’est-à-dire que le psychanalyste fait fi de la double injonction du spectre – venger le meurtre du père et épargner la mère – ce qui est une révélation de l’implication de Gertrude. Révélation qui est à même de paralyser la pensée. La procrastination n’a plus tout à fait les mêmes raisons d’être. <br /><br />Il y a dans la pièce des traces de cette implication de Gertrude : <br />- Dans la scène de la galerie, la traduction de J.-M. Déprats pour la Pléiade ne précise plus que la reine sort, pour la rencontre entre Hamlet et Ophélie. <br />- Dans la chambre, après la représentation, la reine sait pour l’exil. <br />- Au cimetière, Claudius dit à Laërte, devant la reine : nous mettrons à exécution notre plan d’hier. Etc.<br /><br />Notre Sujet n’est plus coupable de désirer sa mère et de vouloir tuer son père. Notre Sujet est animé par le désir de voir mourir mère et père, comme cela arrive chez Sophocle et chez Shakespeare. Freud nous a fait oublier que Œdipe est un enfant handicapé que ses salopards de parents entravent avec des fers et jettent à l’eau. L’entreprise lacanienne semble consister à nous faire oublier la volonté d’éviction d’Hamlet qui anime Gertrude (et Claudius) – et dont on trouve trace dans la pièce. La naissance de ce fantasme s’appuie sur des indices qui, s’ils ne sont pas repérés par le psychanalyste, interrogent la question de la cure et de la clinique. Le meilleur de ces indices est quand même le propos d’Hamlet lorsqu’il tue Claudius. Il ne lui dit pas : « va en enfer », non, il lui dit : « suis ma mère ». <br /><br />Ce qui est navrant, c’est que l’assignation à une place de fou (meurtre psychique du Sujet dans un premier temps, puis meurtre réel avec l’exil en Angleterre) de la part du couple royal chez Shakespeare, se perpétue chez les analystes qui n’hésitent pas à s’accoquiner avec le pouvoir en y allant de leur propre diagnostic : hystérique pour Freud, névrosé obsessionnel pour Lacan, etc. Pendant ce temps les Sujets trinquent – et réagissent violemment. Car Hamlet réagit violemment contrairement au propos lacanien : pourquoi Hamlet n’agit-il pas ?. La condition de l’homme moderne, dites-vous, sa véritable tragédie, serait d’être le représentant d’un « ne pas vouloir ». <br /><br />Peut-être que l’analyste devrait revoir la question de l’interprétation et donc de la mise en scène : <br />- Car le serment de Horatio le muselle d’entrée de jeu et il ne contredira pas Hamlet après la souricière.<br />- Car la lettre d’Ophélie lue par Polonius pourrait tout aussi bien être une lettre de rupture. Ne contient-elle pas le mot « adieu » ? La rupture serait donc à l’initiative d’Hamlet. <br />- Car la souricière est un échec : le roi ne se lève pas en voyant son meurtre mais lorsque Hamlet fait passer Lucianus pour le neveu du roi (relation incestueuse avec la tante).<br />- Etc.<br /><br />Or Fortinbras fils s’apprête à envahir le Danemark. Et s’il prenait la reine pour épouse ? Les révélations du spectre sont graves : <br />- Il apparaît dans l’armure qu’il portait lorsqu’il était en campagne contre Norvège (attention ! le Roi de Norvège). <br />- Fortinbras fils réclame les terres perdues par son père (Attention ! ce n’est pas le même personnage, c’est Fortinbras de Norvège) suite à la mort du Roi Hamlet. Fortinbras père a perdu ses terres dans un duel de chevalerie, trente ans plus tôt. Et si l’enjeu était une femme : Gertrude mise enceinte par Fortinbras ?<br /><br />Les révélations des fossoyeurs sont encore plus graves : Steve Roth, en réponse à un article de Steve Sohmer, a calculé la date de naissance d’Hamlet, et donc son illégitimité. Et si Hamlet était le fils de Fortinbras père ? Ca expliquerait qu’Hamlet donne sa voix mourante à Fortinbras. Shakespeare rétablirait ainsi l’ordre politique… et généalogique. <br /><br />D’autres ont essayé de reconstituer cet « autre imaginaire » sur lequel porte le fantasme. C. Jon Delogu a fait d’Hamlet le fils de Claudius mais en confondant deux personnages Norvège et Fortinbras. Pierre Bayard a fait d’Ophélie l’amante du Roi Hamlet et du coup d’Hamlet le meurtrier de son père (oubliées les révélations de Claudius)… C’est toujours au détriment du texte. <br /><br />Ainsi on interprète :<br />- Hamlet est Odieux avec Ophélie au début de la souricière, alors qu’il ruine carrément sa « carrière » mondaine en s’attaquant publiquement à sa virginité. <br />- Hamlet tue Polonius par accident – il l’aurait pris pour Claudius – alors qu’il vient tout juste de le croiser en prière à l’extérieur de la chambre. Il précipite la déchéances des Polonides pour reprendre l’expression d’André Green. <br />- Ophélie s’est suicidée, alors que Gertrude décrit un accident lorsqu’elle rapporte, sous le coup de l’émotion, sa mort. <br />- Dans le duel final, les morts sont accidentelles (sauf celle de Claudius bien sur) alors que les paris sont grotesques, qu’une mouche se voit comme le pif au milieu du visage, qu’Hamlet est obligé de provoquer à trois reprises pour déclencher le mécanisme du piège…<br /><br />J’ai une question qui me taraude : ça va durer encore longtemps ce déni collectif qui semble être lié à la thématique finale de votre article : l’émancipation des femmes et l’effondrement des idéaux du patriarcat? <br /><br />J’espère avoir suscité chez vous l’envie d’aller voir mon blog sur Hamlet http://horatio.hautetfort.com et l’envie d’échanger avec moi sur ce sujet en particulier.<br /><br />Au plaisir de vous lire,<br /><br />Sylvain Couprie<br />
fredlautrehttp://lantidote.hautetfort.com/about.htmlLES MOTS POLICIERS : PHOBIEtag:lantidote.hautetfort.com,2011-05-22:35678752011-05-22T12:36:00+02:002011-05-22T12:36:00+02:00 HARO SUR LES PHOBES ! Tout au long de ses Essais (Les...
<p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 14pt; font-family: 'times new roman', times, serif;"><span style="color: black;">HARO SUR LES </span><span style="color: black;">PHOBES</span><span style="color: black;"> !</span></span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 14pt; color: black; font-family: 'times new roman', times, serif;">Tout au long de ses <span style="text-decoration: underline;">Essais</span> (Les Belles lettres, 2010), le grand Philippe Muray tape dès qu’il peut sur ceux qui tapent sur tous les « malades » atteints de diverses « phobies ». Il tape dessus pour une raison bien précise : les dénonciateurs de « phobies » font tout ce qu’ils peuvent pour que des lois interdisent d’être atteint de « phobies », et pour que des lois punissent impitoyablement toutes les manifestations publiques des « phobies » ainsi stigmatisées. Philippe Muray s’attaque ce faisant à la tendance de l’époque qui consiste à faire entrer toutes sortes de vides juridiques dans le Code pénal. </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 14pt; color: black; font-family: 'times new roman', times, serif;">Il est vrai que c’est devenu une véritable manie : quand un fait divers tragique se produit, Nicolas Sarkozy sort sa loi, mais que l’absence de décrets d’application, ou tout simplement parce qu’elle est inapplicable, rend inapplicable. Un fait appelle une loi. Comme des faits, il s’en produit quelques milliards à chaque seconde, je ne sais pas si la distance de la Terre à la Lune suffirait pour calculer l’épaisseur du code pénal qu’il faudrait écrire pour la sécurité de la planète. La moitié de l’humanité serait alors chargée de <span style="text-decoration: underline;">commettre des faits</span> (autrement dit de vivre). L’autre moitié serait composée de juristes, de juges, de procureurs et d’avocats. On appellerait ça la division du travail pénal. </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 14pt; font-family: 'times new roman', times, serif;"><span style="color: black;">Trêve de plaisanterie : par curiosité, je suis allé voir ce qui se trame derrière l’écran du mot « phobie ». Le détour est intéressant, et le spectacle est croquignolet. Si l’on s’en tient à la définition médicale, voici ce qu’on trouve dans le <span style="text-decoration: underline;">Dictionnaire de la psychanalyse</span> d’Elisabeth Roudinesco : « </span>Utilisé en psychiatrie comme substantif vers 1870, le terme désigne une névrose dont le symptôme central est la terreur continue et immotivée du sujet face à un être vivant, un objet ou une situation ne présentant en soi aucun danger ». Je retiens « névrose » et « terreur continue et immotivée ». </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 14pt; font-family: 'times new roman', times, serif;">Un exemple ? J’ai connu une femme (Mme L.) qui souffrait de deux phobies véritables. Tout le monde connaît la claustrophobie, non ? Elle en souffrait à ce point que prendre l’ascenseur était pour elle, tout simplement, inenvisageable. Elle revenait donc du supermarché le coffre de la voiture plein, mettait tout dans l’ascenseur, appuyait sur le bouton et montait à pied. Bon, elle n'habitait qu'au troisième. Plus grave : elle m’a raconté qu’elle souffrait de « colombophobie », soit, en clair, la terreur des oiseaux. Un jour, elle traverse le pont Lafayette, au-dessus duquel passent et repassent les mouettes. L’une d’elles a le malheur de la frôler. Mme L. ne se souvient rigoureusement de rien, sinon que, lorsqu’elle a repris connaissance, elle était étendue au milieu de la chaussée, au milieu du pont. </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 14pt; font-family: 'times new roman', times, serif;">Voilà ce que c’est, une vraie phobie, et voilà ce que ça donne : une panique totalement impossible à maîtriser, à réprimer ; une perte de conscience en présence de l’objet d’horreur. C'est ça la maladie qu'on appelle phobie. L’usage du mot, aujourd’hui, dans les médias, est tout simplement abusif. C’est une malversation. Ceux qui en parlent sont des faussaires. On accuse quelqu’un de « phobie » au même titre que Sarkozy accuse les socialistes d’ « immobilisme » et d’ « archaïsme ». Le mot phobie range illico celui qui en est atteint parmi les malades mentaux, atteint des mêmes « maladies mentales » qui servaient de prétexte aux Soviétiques pour <span style="mso-spacerun: yes;"> </span>enfermer leurs dissidents en asile psychiatrique, où a été inventée la "torture blanche". Rien de mieux pour disqualifier. On appellera ça un hold-up. Cela veut dire accessoirement que l’accusation de « phobie » à tout bout de champ fonctionne aujourd’hui, exactement, comme un argument <span style="text-decoration: underline;">politique</span>, et que la toile de fond totalitaire sur laquelle l’argument se détache n’a rien de rassurant.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 14pt; font-family: 'times new roman', times, serif;">C’est au même genre de malversation que, en 1984, toute la gent à soutane et à crucifix avait kidnappé le mot « libre » pour faire retirer la loi Savary qui stipulait que l’argent public irait désormais à l’enseignement public, l’enseignement privé (l’enseignement dit libre) devant se démerder pour trouver des fonds privés. Le tout, pour arriver à ses fins, comme ce fut le cas en l’occurrence puisque la loi fut retirée par François Mitterrand, le tout, c’est d’arriver à convaincre le plus de monde possible qu’on est, dans l’affaire, la victime. C’est très important, d’être la victime. Ce fut une belle imposture : être libre, cela signifie qu’on ne dépend de personne. Or l’enseignement catholique, puisqu’il faut l’appeler pas son vrai nom, dépend pour son existence de l’argent alloué par l’Etat français. Il est maintenu en vie grâce aux transfusions permanentes et importantes dans ses veines de l'argent du contribuable. Il est parvenu à ses fins en faisant subir aux mots la même inversion que Big Brother dans <span style="text-decoration: underline;">1984</span> du grand George Orwell : « L’esclavage, c’est la liberté ». C’est ça, la Novlangue. </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 14pt; color: black; font-family: 'times new roman', times, serif;">En consultant divers dictionnaires sérieux, j’ai trouvé une vingtaine de phobies dûment répertoriées, médicalement repérées. Une vingtaine, tout mouillé de chaud. Bon, on doit pouvoir en dénicher quelques autres dans les coins ou dans les placards : allons jusqu’à trente. Ensuite, vous allez voir sur l’incontournable Wikipédia. Là c’est du grand spectacle. Que dis-je ? C'est un feu d'artifice. A ce jour, la notice se divise en 9 parties. Je vous épargne l’énumération : disons qu’il y a les phobies au sens restreint, et les phobies au sens étendu (c’est évidemment dans ces dernières qu’il faut chercher l’imposture). J’exclus pour l’instant les mots de la chimie et de la biologie qui désignent des <span style="text-decoration: underline;">propriétés</span> de corps ou d’organismes. </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 14pt; font-family: 'times new roman', times, serif;"><span style="color: black;">Au sens restreint, on trouve, attention, tenez-vous bien, quatre-vingt-onze (</span><strong style="mso-bidi-font-weight: normal;"><span style="color: black;">91</span></strong><span style="color: black;">) « phobies » (connaissiez-vous la « triskaïdekaphobie » ? Moi non plus. C’est la peur du nombre 13. Et la « plangonophobie », ou peur des poupées ?). Bref, c’est vous dire qu’avec Wikipédia on est dans le sérieux, vous ne trouvez pas ? Là, je me marre. Non, vous avez compris qu'on est dans le grand n'importe quoi. Je suis sûr qu’on peut en ajouter toute une liste, même en ne cherchant pas trop. Au sens étendu, on entre dans ce que la notice appelle « préjugés et discriminations », malheureusement sans dire s'il y a une parenté, et laquelle, avec la vraie phobie (voir l'exemple de Mme L. plus haut). On y trouve l’ « hispanophobie » (oui, pour introduire le paragraphe), puis, dans l’ordre alphabétique (juste quelques-uns, pour goûter) : « biphobie », « christiannophobie », « éphébiphobie », « gérontophobie », « hétérophobie », « homophobie », « islamophobie », etc. Il y en a douze, vous pouvez vérifier dès maintenant. Au total, ça fait cent trois (103) : une phobie de moins que les symphonies du grand Joseph Haydn. On est clairement dans la fantaisie, l’improvisation et l’imagination. C'est le grand n'importe quoi. On est clairement dans l’imposture. </span></span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 14pt; color: black; font-family: 'times new roman', times, serif;">Cette liste me fait penser à un article déjà ancien paru dans <span style="text-decoration: underline;">Le Monde diplomatique</span>, intitulé « Pour vendre des médicaments, inventons des maladies », où l’auteur dénonçait la frénésie purement commerciale des firmes pharmaceutiques, désireuses de mettre en application le principe énoncé par Jules Romains, en 1923 s'il-vous-plaît, par la bouche du personnage central de sa pièce <span style="text-decoration: underline;">Knock</span> : « Tout homme bien portant est un malade qui s’ignore ». Knock rêve en effet de transformer la petite ville dans laquelle il exerce en un vaste hôpital. De même, les inventeurs de « phobies » rêvent de transformer les gens normaux : « Toute personne normale est un phobique qui s’ignore ». On invente des « phobies » pour en faire tomber le maximum sous le coup de la loi, et punir les coupables. </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 14pt; color: black; font-family: 'times new roman', times, serif;">Le mot qu’on met sur la chose découle souvent d’un choix idéologique. Entre 1940 et 1945, on savait dans quel camp vous étiez suivant que vous disiez « terroriste » ou « résistant ». Les mots qu’on utilise révèlent quelque chose de la personne qui les prononce. J’ai parlé ici le 10 mai de l’accusation de racisme portée contre Laurent Blanc. En voilà, un mot qu’on met à toutes les sauces, comme si quelqu’un, en l’appliquant à n'importe quoi, voulait en finir avec la notion même de racisme en la diluant tellement, comme dans les médicaments homéopathiques, qu’elle perd à l’arrivée toute signification. </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 14pt; color: black; font-family: 'times new roman', times, serif;">Reste un mécanisme et une structure. Il faut trois acteurs : un accusateur déguisé en victime, un accusé, et le Code pénal. L’exemple récent des prières, le vendredi, dans certaines rues de Paris et de Marseille l’a bien montré. L’accusateur déguisé en victime, ce sont les musulmans de France, l’accusé, c’est Claude Guéant, coupable en l’occurrence d’ « islamophobie », et le levier, c’est bien le Code pénal. Je me garderai de prendre la défense du ministre de l’Intérieur. Houellebecq s’en est pris un jour à « la religion la plus bête du monde ». Un professeur de philo, Robert Redeker, a pris en 2006, une volée médiatique de bois vert quand il a osé dénoncer la violence prônée dans le Coran. Le fait seul qu’il ait aussitôt reçu des menaces de mort prouve qu’il avait raison. L’Islam en France est d’abord un fait. Même chose pour la judéophobie : celui qui en est taxé devient ipso facto un dégueulasse antisémite, parce qu’il a osé, comme Edgar Morin il y a quelque temps, critiquer la politique des Israéliens envers les Palestiniens. Même chose pour une des « phobies » qui ont le vent en poupe en ce moment : l’ « homophobie ». </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 14pt; color: black; font-family: 'times new roman', times, serif;">Loin de moi l’idée d’approuver Guéant, Houëllebecq ou Redeker. Quant à l’homosexualité, elle est aussi vieille que l’humanité : elle est un fait. Il n’est évidemment pas question de persécuter les musulmans, les juifs ou les homosexuels : persécuter est un acte, et comme tel, il est intolérable. Ce qui est inquiétant dans toute cette affaire de mots, c’est qu’on a l’impression qu’ils sont assiégés, guettés, surveillés étroitement par des gardes-chiourme. Or, si les mots sont l’expression de la pensée, ils ne sauraient être considérés comme des actes, et encore moins jugés au même titre que des actes. Est-on sûr que développer à outrance la surveillance policière des mots soit le meilleur moyen de faire définitivement disparaître les actes contre les mosquées ou les tombes musulmanes, contre tel cimetière juif, contre les homosexuels ? Je suis très loin d’en être convaincu. </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 14pt; color: black; font-family: 'times new roman', times, serif;">Quand la police prend le pouvoir, on peut voir ce que ça donne, par exemple en ce moment, dans la Syrie de Bachar el Assad.</span></p>