Last posts on rarotonga2024-03-29T00:08:38+01:00All Rights Reserved blogSpirithttps://www.hautetfort.com/https://www.hautetfort.com/explore/posts/tag/rarotonga/atom.xmlYannick Ferhttp://yannickfer.hautetfort.com/about.htmlTour de l'île de Rarotonga : 31 km, 31 églises (nouvel album)tag:yannickfer.hautetfort.com,2009-10-11:24123142009-10-11T10:15:00+02:002009-10-11T10:15:00+02:00 A l'ouest de la Polynésie française, les îles Cook sont un petit État...
<p style="text-align: justify;"><img src="http://yannickfer.hautetfort.com/media/01/00/444598122.jpg" id="media-2032159" alt="Aitutaki beach.jpg" style="border-width: 0; float: left; margin: 0.2em 1.4em 0.7em 0;" name="media-2032159" />A l'ouest de la Polynésie française, les <span style="color: #4b972a;"><b>îles Cook</b></span> sont un petit État polynésien associé à la Nouvelle-Zélande, dont j'ai déjà eu l'occasion de parler ici à propos des <a target="_blank" href="http://yannickfer.hautetfort.com/archive/2009/01/19/nuku.html"><i>nuku</i></a>, les spectacles commémorant chaque année l'arrivée du christianisme dans ces îles. Lors du dernier recensement, en 2006, les îles Cook comptaient officiellement 19569 habitants, soit trois fois moins que la communauté Cook Islanders en Nouvelle-Zélande (58011). Cette migration massive, qui a débuté dans les années 1950 pour répondre aux <img src="http://yannickfer.hautetfort.com/media/02/01/985792696.jpg" id="media-2032163" alt="cook flag.jpg" style="border-width: 0pt; margin: 0.2em 0pt 1.4em 0.7em; float: right;" name="media-2032163" height="34" width="68" />besoins de main d'œuvre de l'industrie néo-zélandaise, se conjugue avec un second mouvement migratoire, tout aussi important, des îles éloignées vers la capitale des îles Cook, Rarotonga: 72,3% de la population des îles Cook vit désormais à Rarotonga, tandis que plusieurs îles se dépeuplent : au sud, l'île de Mangaia a perdu 12,1% de ses habitants entre 2001 et 2006, la population de l'archipel du nord (<i>Northern Group</i>) a diminué d'un quart durant la même période.</p> <p style="text-align: justify;">Gwendoline Malogne-Fer et moi étions à Rarotonga le mois dernier et nous en avons profité pour réaliser un tour de l'île en images - nouvel album «Rarotonga (îles Cook)» -, un panorama de la diversité religieuse, selon le même principe que <a target="_blank" href="http://yannickfer.hautetfort.com/archive/2007/03/18/nouvel-album-tour-de-l-ile-et-apercu-de-la-diversite-religie.html">celui de Moorea</a> en 2007 .</p> <p style="text-align: justify;"><img src="http://yannickfer.hautetfort.com/media/00/02/666182133.JPG" id="media-2032169" alt="CICC Avarua.JPG" style="border-width: 0; float: left; margin: 0.2em 1.4em 0.7em 0;" name="media-2032169" />Ici aussi, l'église protestante historique (la <span style="color: #000080;"><b><i>Cook Islands Christian Church</i></b></span>) domine le paysage religieux. Les chiffres du recensement de 2006 ne sont pas encore connus, mais en 2001 elle représentait 54% de la population de Rarotonga et l'architecture de ses temples, pour la plupart <img src="http://yannickfer.hautetfort.com/media/02/01/161282112.jpg" id="media-2032179" alt="papehia.jpg" style="border-width: 0; float: right; margin: 0.2em 0 1.4em 0.7em;" name="media-2032179" height="100" width="59" />construits au début du 19<sup>ème</sup> siècle, rappelle qu'elle est bien la première église, à la fois en nombre et en ancienneté. A Arorangi, sur la côte ouest, on peut d'ailleurs encore voir, devant le temple protestant, la tombe de <a target="_blank" href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Papehia">Papehia</a>, un Polynésien originaire de Bora Bora qui fut l'un des tout premiers missionnaires de la London Missionary Society arrivés en 1821 et épousa la fille du <b><i>ariki</i></b> (chef) de ce district.</p> <p style="text-align: justify;">Mais la <i>Cook Islands Christian Church</i> est loin d'être la seule église de l'île, qui compte 31 lieux de culte et 15 dénominations ou organisations religieuses différentes ! A l'exception des Baha'i, installés sur la côte est de Muri, toutes sont chrétiennes et plus de la moitié (8 sur 15) sont de tendance pentecôtiste. La plupart de ces <span style="color: #993300;"><b>églises pentecôtistes</b></span> sont concentrées sur la côte est, entre Ngatangiia et Avarua.</p> <p style="text-align: justify;"><b>Les assemblées de Dieu</b> (AoG) sont la plus ancienne, implantée à la fin des années 1970 et organisée depuis les années 1990 en quatre lieux de culte dans les principaux villages tout autour de l'île: la capitale Avarua, Ngatangiia, <img src="http://yannickfer.hautetfort.com/media/02/01/1342336319.JPG" id="media-2032205" alt="apostolic sign.JPG" style="border-width: 0; float: left; margin: 0.2em 1.4em 0.7em 0;" name="media-2032205" height="66" width="87" />Titikaveka et Arorangi. Elles rassemblaient officiellement 266 membres en 2001, soit 2,8% de la population de Rarotonga - sans doute un peu plus aujourd'hui. <b>L'église apostolique</b>, fondée en 1988 par le pasteur Tere, dissident de la CICC, est la seconde dénomination pentecôtiste avec 173 membres en 2001 (entre 300 et 400 aujourd'hui). <b><img src="http://yannickfer.hautetfort.com/media/01/00/2102508064.JPG" id="media-2032209" alt="cty sign.JPG" style="border-width: 0; float: left; margin: 0.2em 1.4em 0.7em 0;" name="media-2032209" height="69" width="93" /></b>Elle a choisi de n'avoir qu'un lieu de culte, à l'ouest d'Avarua : après tout, il faut moins d'une heure pour faire le tour de l'île par la route côtière, longue de 31 kilomètres. Un autre pasteur protestant dissident a ouvert au début des années 1990 une église pentecôtiste/charismatique à Matavera : la <b>Holy Spirit Revival Church</b>, qui n'apparaît pas dans le recensement de 2001 et compte une quarantaine de membres. C'est une des caractéristiques du pentecôtisme de Rarotonga : beaucou<b><img src="http://yannickfer.hautetfort.com/media/02/00/541048593.JPG" id="media-2032216" alt="IMG_2058.JPG" style="border-width: 0; float: left; margin: 0.2em 1.4em 0.7em 0;" name="media-2032216" height="83" width="64" /></b>p d'églises, mais finalement moins de fidèles que l'on pourrait le croire au premier abord - sans doute autour de 7% de la population. La plupart des églises apparues ces dernières années, signalées par des pancartes flambant neuf en bord de route, rassemblent entre 30 et 60 personnes. <b>New Life</b> à Arorangi, <b>New Hope</b> à Avarua, <b>Community Church</b> à Matavera et la dernière arrivée, <b>Celebration on the Rock</b>: une branche de la megachurch <a target="_blank" href="http://www.celebrationcentre.com/">Celebration Centre</a> de Christchurch (Nouvelle-Zélande) <img src="http://yannickfer.hautetfort.com/media/01/02/1301415700.JPG" id="media-2032213" alt="IMG_2009.JPG" style="border-width: 0; float: left; margin: 0.2em 1.4em 0.7em 0;" name="media-2032213" height="61" width="82" />installée depuis seulement deux ans en face de l'aéroport. «Two many churches for a small island», disent les responsables de la CICC et des AoG. Mais la dynamique de dispersion paraît irréversible, alimentée à la fois par des scissions (au sein des AoG et de la <i>Holy Spirit Revival Church</i>) et l'influence des réseaux charismatiques transnationaux.</p> <p style="text-align: justify;"><img src="http://yannickfer.hautetfort.com/media/01/00/623758594.JPG" id="media-2032222" alt="St Paul titik.JPG" style="border-width: 0; float: left; margin: 0.2em 1.4em 0.7em 0;" name="media-2032222" height="97" width="129" />Comme à Moorea, les bâtiments de <b><span style="color: #800000;">l'église mormone</span></b> (Jésus-Christ des saints des derniers jours, LDS en abréviation anglaise) ne passent pas inaperçus mais leur poids est ici moins important : 4,3% en 2001. <b><span style="color: #ff6600;">L</span><span style="color: #ff6600;">'église catholique</span></b>, implantée dans les quatre principaux villages de l'île, est en fait la seconde église de Rarotonga (16,8%), suivie par <b><span style="color: #ffcc99;"><span style="color: #704300;">les Adventistes</span></span></b> (6,6%). Ces derniers ont établi leur quartier général au sud de l'île, à Titikaveka, où plusieurs familles vivent sur un «compound»: des terres adventistes qui accueillent également une école, la <i>Papaaroa Adventist School</i>. A quelques kilomètres de là, du côté d'Arorangi, les <b><span style="color: #808000;">témoins de Jéhovah</span></b> (2,2%) ont construit une imposante salle du royaume, séparée de la route côtière par un grand parking.</p> <p style="text-align: justify;"> </p> <p style="text-align: justify;"><b><span style="color: #333333;">Illustrations</span></b>: Une plage d'Aitutaki, principale destination touristique des îles Cook avec Rarotonga ; portrait de Papehia ; temple de la CICC à Avarua, signalisation pentecôtiste et église catholique St Paul à Titikaveka (photos de G. Malogne-Fer)</p> <p style="text-align: justify;"> </p>
Yannick Ferhttp://yannickfer.hautetfort.com/about.htmlNuku: Les Cook Islanders rejouent l'histoiretag:yannickfer.hautetfort.com,2009-01-31:20045432009-01-31T19:00:00+01:002009-01-31T19:00:00+01:00 Dans la plupart des îles polynésiennes, l'arrivée des premiers...
<p style="text-align: justify;"><img src="http://yannickfer.hautetfort.com/media/01/02/1587150917.jpg" id="media-1549302" alt="matavai.jpg" style="border-width: 0; float: left; margin: 0.2em 1.4em 0.7em 0;" name="media-1549302" />Dans la plupart des îles polynésiennes, l'arrivée des premiers missionnaires (généralement protestants) est commémorée chaque année par des rassemblements où l'on chante, danse et rejoue la scène inaugurale, celle de la rencontre entre d'un côté les missionnaires européens ou les "teachers" - notamment ceux des îles de la Société ,qui les ont secondés dès le début du 19ème siècle - et de l'autre, les populations locales. Ainsi, en Polynésie française, le <b>5 mars</b> - férié - est officiellement jour de "l'arrivée de l'Évangile", en souvenir de l'arrivée à Tahiti en 1797 du voilier le <i>Duff</i> afrêté par la <i>London</i> <i>Missionary Society</i>. À cette date tahitienne, plusieurs îles ont ajouté des cérémonies rappelant le jour où le christianisme est parvenu jusqu'à elles. La mise en scène de cet événement historique emprunte souvent au registre comique, lorsque les acteurs s'habillent de costumes occidentaux d'époque et se coiffent d'un haut-de-forme pour imiter des missionnaires britanniques un peu égarés face à des populations dont ils ne maîtrisaient pas encore la langue et les usages.</p> <p style="text-align: justify;"><img src="http://yannickfer.hautetfort.com/media/02/00/724524849.JPG" id="media-1549007" alt="CICC Matavera.JPG" style="border-width: 0; float: left; margin: 0.2em 1.4em 0.7em 0;" name="media-1549007" height="105" width="140" />Mais c'est sans doute aux <b>îles Cook</b>, un micro-État polynésien (en libre association avec la Nouvelle-Zélande) situé à l'ouest de la Polynésie française, que le spectacle est le plus haut en couleurs. Ici aussi, chaque île a longtemps célébré son propre jour anniversaire, par exemple le 25 juillet sur l'île principale, Rarotonga. Mais sur cette île, la plus grande célébration a désormais lieu le 26 octobre, en souvenir de l'arrivée des missionnaires menés par le Rev. John Williams <img src="http://yannickfer.hautetfort.com/media/02/00/681347462.jpg" id="media-1549015" alt="rarotonga.jpg" style="border-width: 0; float: left; margin: 0.2em 1.4em 0.7em 0;" name="media-1549015" height="101" width="141" />sur l'île d'Aitutaki, le 26 octobre 1821. C'est un jour de fête nationale: le "National Gospel Day". C'est l'occasion pour les six paroisses de la <i>Cook Islands Christian Church</i> (l'église protestante issue de cette histoire missionnaire) de Rarotonga de préparer des représentations - <b>nuku</b> en langue locale - qui non seulement reconstituent la scène du 26 octobre 1821 mais mettent aussi en scène des événements marquants de l'histoire récente: en 2007, les spectateurs ont par exemple pu voir une reconstitution du détournement d'avion sur le World Trade Center ! Jusque dans les années 1990, il s'agissait d'un concours. Aujourd'hui, même si cette logique de compétition a été abandonné, ces nuku donnent encore lieu à un véritable concours d'imagination. Le site <a target="_blank" href="http://www.rarolens.com/search?updated-min=2008-01-01T00%3A00%3A00-10%3A00&updated-max=2009-01-01T00%3A00%3A00-10%3A00&max-results=26">Rarolens</a>, <img src="http://yannickfer.hautetfort.com/media/00/01/1784271801.jpg" id="media-1549011" alt="rarolensbloghead.jpg" style="border-width: 0; float: right; margin: 0.2em 0 1.4em 0.7em;" name="media-1549011" height="46" width="150" />qui met régulièrement en ligne des chroniques vidéo de la vie à Rarotonga, a eu la bonne idée de publier des extraits vidéo des commémorations 2007 et 2008. Voici donc, ci-dessous, le cru 2007, avec en prime un bref rappel historique. Pour regarder la version 2008, <a target="_blank" href="http://www.rarolens.com/2008_10_26_archive.html">cliquez ici</a>.</p> <p> </p> <p> </p> <p><object height="289" width="365" data="http://www.youtube.com/v/bINjMHx1Pww&hl=fr&fs=1" type="application/x-shockwave-flash"><param name="wmode" value="transparent"></param><param name="allowFullScreen" value="true" /> <param name="allowscriptaccess" value="always" /> <param name="src" value="http://www.youtube.com/v/bINjMHx1Pww&hl=fr&fs=1" /> <param name="allowfullscreen" value="true" /></object></p> <p><span style="color: #800000;"><b>*</b></span> Note révisée et complétée le 15 février 2009 grâce aux précisions transmises par Wendy Evans.</p>
Yannick Ferhttp://yannickfer.hautetfort.com/about.htmlNuku: Cook Islanders re-enact Historytag:yannickfer.hautetfort.com,2009-01-30:20386402009-01-30T18:00:00+01:002009-01-30T18:00:00+01:00 In most of the Polynesian islands, an annual event commemorates the...
<p style="text-align: justify;"><img src="http://yannickfer.hautetfort.com/media/01/02/1587150917.jpg" id="media-1549302" alt="matavai.jpg" style="border-width: 0; float: left; margin: 0.2em 1.4em 0.7em 0;" name="media-1549302" />In most of the Polynesian islands, an annual event commemorates the arrival of the first (generally Protestant) missionaries. People dance, sing and re-enact the original scene, when European missionaries or Polynesian “teachers” – notably those from the Society Islands – on one side, and the local populations on the other side, met together. Thus in French Polynesia, <b>March 5</b> – a public holiday – is officially the day of “Gospel’s arrival”, commemorating the arrival in 1797 of the Duff, a sailing ship chartered by the London Missionary Society. In addition to this Tahitian date, many islands celebrate the landing of Christianity on their own shores. The performance often includes many comic relieves, with actors dressed in Western 19st century suits and wearing top-hats miming wild-eyed British missionaries facing new languages and customs.<br /> <img src="http://yannickfer.hautetfort.com/media/02/00/724524849.JPG" id="media-1549007" alt="CICC Matavera.JPG" style="border-width: 0; float: left; margin: 0.2em 1.4em 0.7em 0;" name="media-1549007" height="105" width="140" />It may be in the <b>Cook Islands</b>, a tiny Polynesian State (in free association with New Zealand) located west of French Polynesia, that this annual performance is the more high-colored. Here too, each island used to have its own commemoration day, for example July 25 on the main island, Rarotonga. But on this island, the biggest event is now hold on October 26 and commemorates the arrival of missionaries led by the Rev. John Williams in the island of Aitutaki on October 26th 1821. It's a national celebration: “the National Gospel Day”. At this occasion, the six parishes of the Cook Island Christian Church (the Protestant Church stemming from this missionary history) prepare religious dramas – <b>Nuku</b> in local tongue. These nuku not only re-enact the October 26 event, but also show some significant events of recent history: in 2007, spectators could even watch a local version of the suicide aircraft attacks on The World Trade Center! Until the 1990s, it was a competition between the parishes, then the competitive side of things was dropped. Today, even if this no more a matter of official competition, parishes still compete on imagination. The website <a target="_blank" href="http://www.rarolens.com">Rarolens</a>, which regularly posts video chronicles of daily life <img src="http://yannickfer.hautetfort.com/media/00/01/1784271801.jpg" id="media-1549011" alt="rarolensbloghead.jpg" style="border-width: 0; float: right; margin: 0.2em 0 1.4em 0.7em;" name="media-1549011" height="46" width="150" />in Rarotonga, had the great idea to post video extracts of the 2007 and 2008 Rarotongan Nuku. So here is the 2007 edition, introduced by a brief historical overview of Christianity in the Cook Islands. If you want to watch the 2008 edition too, just <a target="_blank" href="http://www.rarolens.com/2008_10_26_archive.html">click here</a>.</p> <p style="text-align: justify;"> </p> <p style="text-align: center;"><object height="289" width="365" data="http://www.youtube.com/v/bINjMHx1Pww&hl=fr&fs=1" type="application/x-shockwave-flash"><param name="allowFullScreen" value="true" /> <param name="allowscriptaccess" value="always" /> <param name="src" value="http://www.youtube.com/v/bINjMHx1Pww&hl=fr&fs=1" /> <param name="allowfullscreen" value="true" /></object></p> <p style="text-align: justify;"><b><span style="color: #800000;">*</span></b> This note was revised and completed on February 15th 2009 thanks to the precisions given by Wendy Evans.</p>
Yannick Ferhttp://yannickfer.hautetfort.com/about.htmlSea, church and sun : tourisme et religion en Polynésietag:yannickfer.hautetfort.com,2006-11-03:7118222006-11-03T06:25:00+01:002006-11-03T06:25:00+01:00 Le développement du tourisme de masse, à partir des décennies 1950-1960, a...
<div align="justify"><img src="http://yannickfer.hautetfort.com/images/thumb_touriste-eglise.2.jpg" alt="medium_touriste-eglise.2.jpg" style="border-width: 0pt; margin: 0.2em 1.4em 0.7em 0pt; float: left" />Le développement du tourisme de masse, à partir des décennies 1950-1960, a suscité chez les responsables d’églises ou d’organisations missionnaires des réactions souvent inquiètes, voire hostiles, mais aussi des influences croisées et des espoirs plus ou moins réalistes. Petit tour d’horizon des relations compliquées entre touristes et églises dans les îles polynésiennes.</div> <div align="justify"> </div> <p align="justify"><b>Du touriste au pèlerin ? Les églises entre hostilité et espoir</b></p> <p align="justify">En 1969, le conseil œcuménique des églises organisait une conférence mondiale sur le tourisme, qui a constitué un premier repère, avant que ne se mette en place, en 1982, la coalition œcuménique sur le tourisme, l'<a href="http://www.ecotonline.org/Pages/HomePagelist.asp" target="_blank">ECOT</a> ou ECTWT (<i>Ecumenical Coalition on Third World Tourism</i>). La <i>Pacific Conference of Churches</i>, qui rassemble les églises chrétiennes historiques du Pacifique (protestantes et catholique) en fait bien sûr partie et ses prises de position, comme celles des églises membres, suivent généralement les mêmes orientations que celles de l’ECOT. Celle-ci, à l’occasion de la journée mondiale du tourisme, le 27 septembre 2006, a une nouvelle fois affirmé un point de vue extrêmement critique sur l’industrie touristique : un « big business », une entreprise de domination et d’exploitation des communautés locales et de leur environnement. « Ce sont les pays riches qui dictent les paramètres du secteur », écrit-elle, « la libéralisation du secteur du tourisme est potentiellement désastreuse et n’est pas la bonne voie pour faire du tourisme une activité économique soutenable ». Pourtant, un autre tourisme est possible, « fondé sur ce qui bénéficie aux populations, qui protège leur intégrité ». Dans <a href="http://www.vatican.va/roman_curia/pontifical_councils/migrants/pom2004_96-suppl/rc_pc_migrants_pom96-suppl_solomon.html" target="_blank">un texte de décembre 2004</a>, le directeur exécutif de l’ECOT, Ranjan Solomon, rêvait d’un touriste qui se convertirait…en pèlerin :</p> <div align="justify"> <blockquote>« Quand des relations justes s’établissent dans le tourisme entre réalisation et responsabilité sociale, alors le tourisme agit comme un acte de pèlerinage au service de la population et de la nature. Car un pèlerin n’est pas un simple touriste. Trois points de distinction me paraissent pertinents :<br /> - Le pèlerin s’avance avec sensibilité sur la Terre Sacrée et les espaces où il entre – le touriste a tendance à piétiner cet espace sacré.<br /> - Le pèlerin respecte ses hôtes et acceptent leurs coutumes, essaie d’apprendre d’eux tout en offrant de partager ses propres coutumes. Le touriste voit souvent les coutumes de son hôte comme un bon produit qu’il vaut mieux réserver au spectacle du « evening show » !<br /> - Le pèlerin est humble et a la patience d’attendre, pour faire les choses, que son hôte soit prêt également. Le touriste peut être pressé, hâtif et même arrogant. »</blockquote> <blockquote> </blockquote> </div> <div align="justify">En Polynésie française, l'église protestante historique (église évangélique de Polynésie française, devenue en 2004 église protestante ma'ohi) s'est élevée à plusieurs reprises contre ce qu'elle considère comme les effets néfastes du tourisme : mauvaise influence sur les moeurs locales (alcoolisme, sexualité débridée et prostitution, jeux d'argent), vente des terres et dégradation de l'environnement. Pour autant, si les paroisses comme Tiroama à Papeete (mentionnée par tous les guides touristiques), apprécient modérément que des touristes en short s'installent le dimanche matin dans le temple, appareil photo en bandoulière, pour "visiter" les <i>mamas</i> en robe et chapeau et écouter les chants polynésiens traditionnels, dans d'autres paroisses, il n'est pas rare que le pasteur prévoit quelques mots de bienvenue, en français ou en anglais, pour des visiteurs qui sont aussi parfois des protestants (notamment américains).</div> <div align="justify"> </div> <div align="justify"><b>Tourisme et théologie de la culture à Moorea</b></div> <div align="justify">Gwendoline Malogne-Fer a consacré la dernière partie de <a href="http://actualites.ehess.fr/nouvelle1009.html" target="_blank">sa thèse de doctorat</a> aux évolutions théologiques récentes de l’église protestante polynésienne historique. Elle s’y intéresse notamment aux circonstances qui ont fait de l’île de Moorea, troisième destination touristique de Polynésie française après Tahiti et Bora Bora, un haut lieu d’une théologie culturelle axée sur la terre et la langue ma’ohi. Ainsi, c’est à Moorea que l’on a le plus de chance d’assister à une célébration de la cène recourant non au pain et au vin mais à la chair et à l’eau du coco ou au ‘uru (fruit de l’arbre à pain). La diffusion de cette « cène ma’ohi » dans la plupart des paroisses de cette île, note-t-elle, est en partie due à « la présence de touristes anglophones dans les paroisses de Moorea (et tout particulièrement dans le temple de Papetoai, souvent cité dans les guides touristiques) [qui] a incité l’église à envoyer sur l’île des pasteurs maîtrisant l’anglais, c’est-à-dire dans les faits, des pasteurs ayant poursuivi leurs études théologiques au <i>Pacific Theological College</i> à Fidji, où ils ont pu se familiariser avec les enseignements de la théologie du coco".</div> <div align="justify">On peut aussi penser que la forte demande de mise en spectacle de la culture locale exprimée par l'industrie touristique a contribué à ce renouveau culturel, en suscitant par exemple la formation d'associations de danse et en valorisant - même sous une forme stéréotypée - l'identité culturelle polynésienne. Toutefois, on n'observe pas une dynamique comparable dans l'île de Bora Bora, où le tourisme domine beaucoup nettement l'économie et la vie de l'île (Moorea est aussi une île agricole, qui produit notamment des ananas et compte une usine de jus de fruits).</div> <div align="justify"> </div> <div align="justify"><img src="http://yannickfer.hautetfort.com/images/thumb_luau1.jpg" alt="medium_luau1.jpg" style="border-width: 0pt; margin: 0.2em 1.4em 0.7em 0pt; float: left" height="40" width="162" /> <p><img src="http://yannickfer.hautetfort.com/images/thumb_luau2.2.jpg" alt="medium_luau2.2.jpg" style="border-width: 0pt; margin: 0.2em 1.4em 0.7em 0pt; float: left" height="40" width="165" /><img src="http://yannickfer.hautetfort.com/images/thumb_luau3.3.jpg" alt="medium_luau3.3.jpg" style="border-width: 0pt; margin: 0.2em 1.4em 0.7em 0pt; float: left" height="40" width="152" /><br /></p> </div> <div align="justify"> <div align="justify"></div> <br /></div> <div align="justify"> </div> <div align="justify"></div> <div align="justify"><b>Island Breeze, "rédemption des cultures" et lu'au à Hawaii</b></div> <div align="justify"> </div> <div align="justify">Les relations croisées entre tourisme et christianisme sont encore plus nettes dans le cas de <a href="http://www.islandbreezeluau.com/luau.php" target="_blank">Island Breeze</a>, un ministère de l'organisation internationale <i>Youth With a Mission</i> (YWAM, d'orientation évangélique et charismatique) fondé en 1979 par le Samoan Sosene Le'au avec d'autres étudiants de l'université hawaiienne de YWAM (Kona, Big Island). Il s'agissait de revendiquer la "rédemption" d'expressions culturelles polynésiennes tenues, depuis l'époque missionnaire, à l'écart du temple par les églises protestantes historiques - la danse en particulier - pour en faire une forme légitime de louange chrétienne et un instrument d'évangélisation. A travers l'organisation de spectacles et de formations, Island Breeze a repris très largement les modes de mise en spectacle des cultures polynésiennes développées par l'industrie touristique, tout comme elle a fait sienne l'idée que le tourisme est un formidable vecteur de rencontres et d'échanges interculturels. Ses spectacles célèbrent la diversité des cultures polynésiennes en mettant en scène des danses et des chorégraphies facilement identifiables : hula hawaienne, danse du feu samoane, aka des Maori de Nouvelle-Zélande, tamure tahitien.</div> <div align="justify">Island Breeze présente deux versants que l'on aurait pu penser inconciliables : d'un côté une contribution indéniable à des mobilisations culturelles en Polynésie et une revalorisation de la culture en milieu protestant évangélique ; de l'autre une entreprise hawaiienne d' "entertainement". Car si dans d'autres pays, comme en <a href="http://www.islandbreeze.org.nz/" target="_blank">Nouvelle-Zélande</a>, Island Breeze se concentre sur la formation et l'évangélisation, chaque semaine à Kona les touristes se pressent au <a href="http://www.konabeachhotel.com/" target="_blank"><i>King Kamehameha’s Kona Beach Hotel</i></a> pour assister à la lu'au de Island Breeze Productions, une soirée dîner-spectacle animée depuis plus de vingt ans par des danseurs qui sont aussi des missionnaires de YWAM.</div> <div align="justify"> </div> <div align="justify"> </div> <div align="justify"><img src="http://yannickfer.hautetfort.com/images/thumb_CICC_Matavera.2.JPG" alt="medium_CICC_Matavera.2.JPG" style="border-width: 0pt; margin: 0.2em 1.4em 0.7em 0pt; float: left" /><b>A Rarotonga (îles Cook) : le touriste, futur converti ?</b></div> <div align="justify"> </div> <div align="justify">La <i>Cook Island Christian Church</i> n'organise pas de dîner-spectacle pour les nombreux touristes qui visitent chaque année Rarotonga, l'île principale des îles Cook (petit État polynésien associé à la Nouvelle-Zélande), mais plusieurs de ses pasteurs nourrissent l'espoir que leur intérêt pour la culture locale conduise finalement quelques touristes à la conversion. A Rarotonga, assister au culte dominical de cette église protestante historique (et largement majoritaire) est une activité touristique à part entière et cette présence étrangère - parfois importante, notamment au temple d'Avarua, la capitale - ne rebute pas les pasteurs. Au contraire ! Ils n'oublient jamais de traduire une partie au moins de leur prédication en anglais, ce qui permet aux plus jeunes de suivre (la pratique de la langue polynésienne étant en fort recul) mais aussi de s'adresser à ces touristes occidentaux venus de pays où, vu de Polynésie, le christianisme n'est plus ce qu'il était à l'époque de la <i>London Missionnary Society</i> (la LMS qui contribua à la christianisation des îles polynésiennes au 19ème siècle). Convertir les touristes, c'est donc engager, comme le revendiquent aujourd'hui plusieurs organisations évangéliques en Océanie, un "reversing process" qui verra un jour les "extrémités de la terre" re-christianiser l'Occident, aux côtés des missions africaines et asiatiques déjà à l'oeuvre. C'est aussi perpétuer un esprit missionnaire qui du 19ème jusqu'aux années 1980 a poussé plusieurs <i>Cook Islanders</i> à partir évangéliser les îles mélanésiennes (Papouasie Nouvelle-Guinée et salomon en particulier).</div> <div align="justify"> </div> <div align="justify"><b>A Rurutu (îles Australes), voyage organisé au pays de la tradition protestante</b></div> <div align="justify">Dans un article publié par la revue <a href="http://www.harmattan.fr/index.asp?navig=catalogue&obj=article&no=2790&motExact=0&motcle=rurutu&mode=AND" target="_blank">Géographie et Cultures</a> en 2004, G. Malogne-Fer et moi nous étions intéressés aux enjeux du développement touristique sur l'<a href="http://www.tahiti-tourisme.pf/articles.php?id=295" target="_blank">île de Rurutu</a>, dans l'archipel des Australes (Polynésie française) et à cette «mise en fiction du monde» développée par l’industrie moderne du tourisme, qui voit « la conversion des uns en spectateurs et des autres en spectacle», selon les termes de Marc Augé (<i>L’impossible voyage, le tourisme et ses images</i>, Rivages, Paris, 1997). Suscité par la présence régulière de baleines à bosses, ce développement touristique fondé essentiellement sur des pensions de famille, en dépit de ses proportions encore modestes, n'est pas sans effet sur la représentation de l'île et de sa culture que donnent à voir ses habitants, y compris dans le domaine religieux. Rurutu est en effet connue, comme les îles Australes dans leur ensemble, pour être une terre de tradition protestante, les voyagistes n'hésitant parfois pas à prétendre, comme le faisait il y a quelques années une campagne d'Air<img src="http://yannickfer.hautetfort.com/images/thumb_rurutu_landsby.2.jpg" alt="medium_rurutu_landsby.2.jpg" style="border-width: 0pt; margin: 0.2em 0pt 1.4em 0.7em; float: right" /> Tahiti, que le temps s'y est "arrêté", permettant ainsi aux touristes de visiter, sans avoir à inventer une machine à remonter le temps, "la Polynésie d'autrefois". Dans cette fiction polynésienne et touristique, le protestantisme occupe donc une place centrale et plusieurs événements religieux sont aussi présentés comme des attractions touristiques : le <i>me</i>, collecte annuelle de l'église et la visite des maisons, rituel instauré au 19ème siècle par les missionnaires pour s'assurer de la bonne marche de la "civilisation" (entretien de la maison, objets tressés et décoration, toilettes extérieures, etc.) qui attire aujourd'hui autant de paroissiens que de touristes, trop heureux de pouvoir à cette occasion pénétrer l'intimité de la culture rurutu - où plutôt celle des quelques maisons dont les propriétaires acceptent encore d'ouvrir les portes.</div> <div align="justify"> </div> <div align="justify"> </div> <div align="justify"><font color="#660066">(Photos, de haut en bas : cathédrale de Papeete, <a href="http://www.ville-papeete.pf/news.php?id=118" target="_top">www.ville-papeete.pf</a> ; Island Breeze Productions ; G. Malogne-Fer ; www.sydhav.no)</font></div>