Last posts on proxima2024-03-29T12:12:45+01:00All Rights Reserved blogSpirithttps://www.hautetfort.com/https://www.hautetfort.com/explore/posts/tag/proxima/atom.xmlCinéambulanthttp://cineclubambulant.hautetfort.com/about.htmlProxima (Alice Winocour)tag:cineclubambulant.hautetfort.com,2019-11-30:61946772019-11-30T15:34:36+01:002019-11-30T15:34:36+01:00 La française Sarah Loreau (Eva Green) s’apprête à décoller pour une mission...
<p><span style="font-size: 12.0pt;">La française Sarah Loreau (Eva Green) s’apprête à décoller pour une mission internationale d’un an sur Mars. Le protocole de préparation qui l’amène en Russie la sépare progressivement de sa fille Stella (Zélie Boulant-Lemesle) qu’elle élève seule depuis sa séparation d’avec Thoma (Lars Eidinger). La trame est très simple, décrivant une séparation nécessaire mais douloureuse pour Sarah, subie pour Stella.</span></p><p><img src="http://cineclubambulant.hautetfort.com/media/02/00/1915091642.jpg" id="media-6063028" alt="" /></p><p><span style="font-size: 12.0pt;">Au début du film, le montage alterne des scènes intimes entre Sarah et Stella et des scènes d’entraînement de l’astronaute. Le quotidien, fait de dialogues, d’une visite au père, d’un dîner au restaurant, moments décrits de manière très minimaliste, se fond petit à petit dans l’évocation de la mission Proxima. On craint un instant que le potentiel épique du thème spatial se dissolve dans le récit assez spartiate de la séparation entre les deux femmes. Mais Alice Winocour, dont c’est le premier film que je vois, a travaillé minutieusement l’atmosphère. La mélancolie de Sarah s’insinue dans toutes les strates de ce film qui se densifie à mesure qu’il progresse. On se sent dans <em>Proxima</em> comme dans un début d’automne. Les couleurs tristes de la forêt russe ainsi que la musique en nappes languissantes de Ryūichi Sakamoto préparent le spectateur à la séparation qui vient. Sarah, incarnée de manière bouleversante par Eva Green, ressent physiquement la douleur du départ. Son corps affiné par l’entraînement se creuse et son visage pâlit alors que la pression de la mission se fait ressentir. Comment être prêt physiquement et moralement quand on va se séparer de ceux qu’on aime ? Comment être prêt à se séparer de l’univers qui vous baigne depuis la naissance ?</span></p><p><span style="font-size: 12.0pt;">En se focalisant sur l’infiniment petit du drame personnel (une femme se sépare de sa fille et de sa vie sur Terre), en nous préparant aussi à ce qui attend les astronautes dans l’espace, <em>Proxima</em> donne un autre visage à la conquête spatiale. En voulant repousser les limites de la présence humaine (aujourd’hui Mars, demain Vénus), les astronautes connaissent un déchirement rarement décrit au cinéma. Séjourner à Star city, la cité internationale des astronautes puis à Baïkonour, c’est vivre dans des lieux protégés, silencieux, entourés de forêts ou de steppes, qui vous font ressentir la solitude de votre départ. C’est comme si l’atmosphère automnale faisait ressentir un hiver qui approche. Là-haut, le métabolisme sera transformé, les cellules vieillies et l’expérience sensible sera bouleversée (le silence, l’apesanteur, l’absence de vent et d’odeurs). Aller dans l’espace n’est pas, comme peut le faire voir le cinéma américain, une histoire épique supplémentaire taillée pour des hommes forts mais un véritable arrachement qui requiert beaucoup de force mentale.</span></p><p><strong><span style="font-size: 12.0pt;">Les femmes dans la mythologie spatiale</span></strong></p><p><span style="font-size: 12.0pt;">Pour Sarah, qui n’est pas la première femme à partir, s’ajoute la pression d’un univers viril et volontiers paternaliste, incarné avec sobriété par le personnage de Mike (Matt Dillon). Cela n’est pas dit mais on sent dans de nombreuses scènes qu’elle doit prouver sa légitimité à aller dans l’espace. Elle n’est pas là pour faire du « tourisme spatial » et un homme se tient prêt à la remplacer en cas de défaillance. Ne serait-ce pas plus simple pour elle et pour Stella qu’elle reste sur Terre et s’occupe, comme une bonne mère, de son enfant ? Se poser cette question qu’elle se pose sans doute elle-même, c’est comprendre la charge pesant sur une femme, qu’elle soit astronaute ou autre. Le scénario de <em>Proxima</em> renverse les perspectives habituelles sur le rôle de chacun. Non seulement Sarah va assumer son projet mais elle va aussi endosser un rôle d’habitude assumé par un homme, celui de transmettre son rêve d’aventure à sa fille. <em>Gravity</em> (Alfonso Cuaron) démontrait au personnage de Sandra Bullock que sa meilleure place de femme astronaute était sur la terre ferme. <em>Ad Astra</em> (James Gray) tentait pour un homme déboussolé l’impossible quête du père dans l’espace. Alors que le cinéma américain se sert de l’espace pour interroger et glorifier en même temps le rôle de l’homme, <em>Proxima</em> replace les femmes dans la mythologie de la conquête spatiale. </span></p><p><span style="font-size: 12.0pt;">Tout en portant un propos féministe sincère, le mérite du scénario d’Alice Winocour est de ne jamais asséner ou démontrer quoi que ce soit. On ne sait pas si Stella, pas très forte en maths malgré des parents scientifiques, pourra faire comme sa mère. Les images du film, notamment ce plan dans lequel Stella contemple la Terre vue de l’espace, nous disent que rien n’est impossible. L’univers et son infini sont bien ouverts à tout le monde, y compris les femmes et les petites filles. Sauf que les sacrifices et les épreuves endurées sont beaucoup plus grands pour elles: quitter la pesanteur terrestre pour l’apesanteur spatiale, c’est métaphoriquement quitter la pesanteur de la condition féminine.</span></p>
Pournyhttp://michelpourny.hautetfort.com/about.htmlXIII- Nous sommes à plus de quatre années-lumière de la terretag:michelpourny.hautetfort.com,2009-11-04:24520692009-11-04T21:05:03+01:002009-11-04T21:05:03+01:00 Cher ami, Voici une suite du...
<p class="MsoNormal" style="text-align: justify; margin: 0cm 0cm 0pt;"><i><span style="font-size: small;"><span style="font-family: Times New Roman;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span></span><span style="font-size: medium;">Cher ami,</span></span></i></p> <p class="MsoNormal" style="text-align: justify; margin: 0cm 0cm 0pt;"><i><span style="font-size: medium;"> </span></i></p> <p class="MsoNormal" style="text-align: justify; margin: 0cm 0cm 0pt;"><i><span style="font-size: small;"><span style="font-size: medium;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>Voici une suite du journal de Zhu. Je dis bien « une », car il semble qu’il nous manque des feuillets. Ou alors notre chroniqueur s’est endormi pendant le voyage ! Probable.</span></span></i></p> <p class="MsoNormal" style="text-align: justify; margin: 0cm 0cm 0pt;"><span style="font-size: medium;"> </span></p> <p class="MsoNormal" style="text-align: justify; margin: 0cm 0cm 0pt;"><span style="font-size: medium;"> </span></p> <p class="MsoNormal" style="text-align: justify; margin: 0cm 0cm 0pt;"><i><span style="font-size: small;"><span style="font-size: medium;">Suite du journal de Zhu :</span></span></i></p> <p class="MsoNormal" style="text-align: justify; margin: 0cm 0cm 0pt;"><i><span style="font-size: medium;"> </span></i></p> <p class="MsoNormal" style="text-align: justify; margin: 0cm 0cm 0pt;"><i><span style="font-size: medium;"> </span></i></p> <p class="MsoNormal" style="text-align: justify; margin: 0cm 0cm 0pt;"><span style="font-size: small;"><span style="font-size: medium;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>Je ne me rappelle que le départ, et encore, j’ai dû m’endormir avant la grande envolée, car je n’ai rien ressenti, aucune sensation d’écrasement… Jennifer et les enfants ne se souviennent de rien. Jenny soutient que le voyage n’a duré que quelques minutes. Comment serait-ce possible ? Nous sommes à plus de quatre années-lumière de la terre ! Inutile de consulter le calendrier de nos montres : elles se sont arrêtées au moment précis du départ. Quand à nos poils de barbe, on dirait qu’ils ont été rasés le matin même !</span></span></p> <p class="MsoNormal" style="text-align: justify; margin: 0cm 0cm 0pt;"><span style="font-size: medium;"> </span></p> <p class="MsoBodyText" style="text-align: justify; margin: 0cm 0cm 0pt;"><span style="font-size: small;"><span style="font-size: medium;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>Bref, nous allons poser le pied sur une planète inconnue… de nous. Quand l’arche s’est immobilisée, à quelques dizaines de kilomètres au-dessus du sol, les hublots se sont ouverts, la porte aussi. Un Rom est apparu pour nous dire que nous allions rapidement embarquer dans les navettes. Rapidement, c’est vite dit. Sachant que les navettes emportent au maximum un millier de personnes avec bagages, et que l’arche est équipée d’une dizaine de ces aérobus, il faudra au minimum deux jours -des passagers ont calculé une soixantaine d’heures pour deux journées et deux nuits-(1) pour débarquer le million d’occupants de Sésostris. Et encore, ce n’est pas le plus grand vaisseau. Chéphren et Mentouhotep ont embarqué à eux deux 9 millions d’individus plus des équipements lourds genre engins de travaux publics !. Nous aurons donc largement le temps de contempler le spectacle depuis le hublot.</span></span></p> <p class="MsoBodyText" style="text-align: justify; margin: 0cm 0cm 0pt;"><span style="font-size: medium;"> </span></p> <p class="MsoBodyText" style="text-align: justify; margin: 0cm 0cm 0pt;"><span style="font-size: small;"><span style="font-size: medium;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span> Ce soleil qu’on a vu une fois se lever et une fois se coucher, beaucoup plus petit que le nôtre, (ou peut-être est-il plus éloigné de nous) ce soleil s’appelle Proxima du Centaure. Les « Je-sais-tout » qui sont nombreux parmi les passagers de l’arche, rendus aussi plus prolixes par l’angoisse qui les étreint -étaler son savoir rassure- affirment que Proxima est lui-même un satellite d’une étoile double : Alpha du Centaure. Il accomplirait une révolution complète en trente mille ans. Sa lumière nous offre une vue magnifique sur les reliefs d’un astre ma foi très semblable à la Terre. De grandes étendues d’un bleu profond, probablement des mers, parsemées d’îles ou d’îlots. Ne connaissant pas la distance qui nous en sépare, il est difficile d’apprécier les dimensions des surfaces que nous survolons. De grands espaces bruns ou verdâtres, des plaines, des forêts ? Pas de glace ni de neige. Aucun mouvement si ce n’est celui de quelques nuées au-dessus des eaux. Certes, survolant la Terre à cette altitude, nous n’aurions pas décelé plus de mouvement.</span></span></p> <p class="MsoNormal" style="text-align: justify; margin: 0cm 0cm 0pt;"><span style="font-size: medium;"> </span></p> <p class="MsoNormal" style="text-align: justify; margin: 0cm 0cm 0pt;"><span style="font-size: small;"><span style="font-size: medium;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>Première nuit passée au-dessus du nouveau monde. Bien dormi. Les enfants s’impatientent. Autre problème : les réserves de nourriture s’amenuisent. Pas de gâteaux pour accompagner le café. En fait, nous avions très peu emporté, les Roms nous ayant dit qu’il y avait le nécessaire à bord. Mais j’en doute. Cela me confirme que le voyage a duré très peu de temps. Peut-être avons-nous hiberné ? Les ours ne se nourrissent pas pendant leur long sommeil !</span></span></p> <p class="MsoNormal" style="text-align: justify; margin: 0cm 0cm 0pt;"><span style="font-size: medium;"> </span></p> <p class="MsoNormal" style="text-align: justify; margin: 0cm 0cm 0pt;"><span style="font-size: small;"><span style="font-size: medium;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>Embarquement dans la navette pour les gens du Secteur « Thüringerwald ». Le plus étonnant est le silence de ces engins. Toutefois, à la différence de l’arche, nous ressentons les effets de l’accélération. Nous plongeons. Impressionnant. Les enfants ne sont pas plus inquiets que sur les descentes en cascades des fêtes foraines ! Jennifer ne quitte pas le hublot des yeux. Ralentissement. Nous ne voyons plus rien. Nous traversons une couche de nuages. Enfin le sol apparaît. Pas de villes, peut-être allons-nous atterrir dans une région inhabitée. Ou peut-être cette planète est-elle elle-même inhabitée. Nos sauveteurs ont été si peu loquaces ! Nous ne savons rien de ce monde que le destin nous octroie. Je réalise que jusqu’à cette heure, nous avons surtout pensé au monde que nous quittions, que nous fuyions. De celui qui est sous nos pieds, à quelques centaines de mètres maintenant, nous ne savons rien. Le sol est proche. La navette ralentit brusquement. Nous sommes écrasés sur nos sièges. Les enfants ont mal aux oreilles. Un bruit d’enfer. Je ne vois rien vers le bas, je suis trop loin du hublot. Jennifer me fait signe que nous sommes en contact avec le sol. La porte du compartiment s’ouvre. Une jeune Rom apparaît dans un magnifique ensemble multicolore :</span></span></p> <p class="MsoNormal" style="text-align: justify; margin: 0cm 0cm 0pt;"><span style="font-size: medium;"> </span></p> <p class="MsoNormal" style="text-align: justify; margin: 0cm 0cm 0pt 35.4pt;"><span style="font-size: medium;">- Mesdames et Messieurs, bienvenue sur Astrée de Proxima, dans la Constellation du Centaure ! </span></p> <p class="MsoNormal" style="text-align: justify; margin: 0cm 0cm 0pt;"><span style="font-size: medium;"> </span></p> <p class="MsoNormal" style="text-align: justify; margin: 0cm 0cm 0pt;"><i><span style="font-size: medium;"> </span></i></p> <p class="MsoNormal" style="text-align: justify; margin: 0cm 0cm 0pt;"><span style="font-size: small;"><span style="font-size: medium;"><i>(1) Ils avaient bien calculé : il faut trente heures à cette planète pour se présenter globalement à son soleil.</i> (note de Tchang) </span></span></p> <p class="MsoNormal" style="text-align: justify; margin: 0cm 0cm 0pt;"><span style="font-size: medium;"> </span></p> <p class="MsoNormal" style="text-align: justify; margin: 0cm 0cm 0pt;"><span style="font-size: medium;"> </span></p> <p align="center" class="MsoNormal" style="text-align: center; margin: 0cm 0cm 0pt;"><span style="font-size: medium;">§</span></p> <p class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt;"><span style="font-size: medium;"> </span></p>