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Vous reprendrez bien un peu de dissert'
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2024-02-09T21:34:00+01:00
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Proust, roman familial , Laure Murat Je suis malade comme un chien...
<h2><em><img id="media-6511021" style="float: left; margin: 0.2em 1.4em 0.7em 0;" title="" src="http://talememore.hautetfort.com/media/02/02/1137452079.jpg" alt="laure murat,proust,aristocratie française,histoire de famille" /><span style="color: #ffffff; background-color: #3366ff;">Proust, roman familial</span></em><span style="color: #ffffff; background-color: #3366ff;">, Laure Murat</span></h2><p style="text-align: justify;">Je suis malade comme un chien depuis une semaine, c'est tombé en même temps qu'un boulot monstre, des journées de quinze heures et une redoutable envie d'écrire et qu'on m'écrive - j'ai un compte débiteur de 26mn et envie de tout claquer comme à Vegas - j'ai le cou coincé, un phare grillé et pas trace de mauvaise humeur, ce qui en soi est hyper suspect. Je suis flottante de différentes fièvres, un état dont je me méfie comme de la peste mais dont j'ai appris à sortir par l'action : ce livre va se faire bouffer tout cru.</p><p style="text-align: justify;">Avez-vous déjà couché avec une agrégée en lettres ou en histoire ? Moi non plus, mais au cas où l'occasion devrait se présenter, je pensais que ce serait le sujet de conversation idéal pour un premier date, c'est tout plein de Proust! Ah, ça, Laure Murat ça n'est pas Mireille Calmel, celle qui promet des bateaux dont on ne voit pas la poupe. Là on en a pour notre argent, surtout moi qui l'ai emprunté à la bibli. Mais j'espérais autre chose, j’espérais vraiment que ce serait brillant, que ça me rappellerait des souvenirs, que ce serait agréablement intellectuel. C'était intellectuel, point. Et tellement personnel surtout... Elle avait des choses à dire à sa famille, des comptes à régler, c'est dur à lire, ce qui a été écrit pour d'autres. C'est pourtant cela que j'ai préféré, merci mon âme voyeuriste.</p><p style="text-align: justify;">Laure Murat est issue de ces grandes familles de l'aristocratie que Proust fréquentait et sur lesquelles il a bâti nombre de ses personnages. Elle a lu <em>la Recherche</em> comme un album photo, s'étonnant juste d'invités surprise. A de rares moments, ça fonctionne vraiment, on comprend ce qu'elle a pu ressentir devant une œuvre littéraire, patrimoniale mais dans laquelle, elle, elle trouvait sa famille, tonton, mamie, ses habitudes, ses codes, tout le contraire d'une fiction. </p><p style="text-align: justify;"><strong>"Lorsque, encore adolescent, mon père comprit en lisant A la recherche du temps perdu que sa grand-mère avait connu Proust, il la pressa de questions "Ah oui, répondit-elle évasivement, ce petit journaliste que je mettais en bout de table..."</strong></p><p style="text-align: justify;">Mais ce milieu est tellement éloigné du mien, que ces moments-là ont été de délicieuses, certes, mais infimes étincelles. Je sentais ce qu'elle voulait partager et tout de suite après, je me débattais dans une copie de licence jargonnante comme si elle n'arrivait pas à accepter d'être dans l'émotion et se servait de Proust comme d'un pare-feu.</p><p style="text-align: justify;"><strong>"Toute la Recherche peut être lue comme une investigation sur l'inadéquation des mots et des choses qui implique, à terme, une démonétisation inévitable des Noms, de leur pouvoir extravagant et trompeur, et d'une relativisation de la fonction référentielle".</strong></p><p style="text-align: justify;">Qui a envie de lire ça, sans être payé pour ?</p>
ivre de livres
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Dans les pas de Marcel Proust - William Friedkin
tag:asautsetagambades.hautetfort.com,2024-01-15:6478275
2024-01-15T04:22:00+01:00
2024-01-15T04:22:00+01:00
Parfois l’amour des livres peut surprendre. Je me souviens de mon...
<p style="text-align: center;"><img id="media-6501163" style="margin: 0.7em 0;" title="" src="http://asautsetagambades.hautetfort.com/media/01/01/620400158.2.jpg" alt="proust" /></p><p class="Style1"><span style="font-family: verdana, geneva, sans-serif; font-size: 14pt;">Parfois l’amour des livres peut surprendre.<br /></span><span style="font-family: verdana, geneva, sans-serif; font-size: 14pt;">Je me souviens de mon étonnement en apprenant qu’<span style="color: #cf2222;"><strong>Orson Wells</strong></span> était un fan de…<span style="color: #cf2222;"><strong>Montaigne</strong></span> !</span></p><p class="Style1"><span style="font-family: verdana, geneva, sans-serif; font-size: 14pt;">Et bien je viens d’avoir une surprise du même genre.</span><span style="font-family: verdana, geneva, sans-serif; font-size: 14pt;">Connaissez-vous le réalisateur de l’<span style="color: #cf2222;"><strong>Exorciste</strong></span>, film célèbre s’il en fut, il a aussi commis French Connection ?</span></p><p style="text-align: center;"><img id="media-6501164" style="margin: 0.7em 0;" title="" src="http://asautsetagambades.hautetfort.com/media/02/01/2425147407.jpg" alt="proust" width="407" height="229" /></p><p class="Style1"><span style="font-family: verdana, geneva, sans-serif; font-size: 14pt;">Son nom est <span style="color: #cf2222;"><strong>William Friedkin</strong></span>, aujourd’hui je vais vous le présenter, non comme un réalisateur, mais comme celui qui a mis ses pas dans les pas de <span style="color: #cf2222;"><strong>Proust.</strong></span></span></p><p class="Style1"><span style="font-family: verdana, geneva, sans-serif; font-size: 14pt;">Son petit livre est préfacé par quelqu’un que j’aime beaucoup : Jérôme Prieur.<br /></span><span style="font-family: verdana, geneva, sans-serif; font-size: 14pt;">Il est traduit par <span style="color: #cf2222;"><strong>Nicolas Ragonneau</strong></span> grand spécialiste de Proust.<br /></span><span style="font-family: verdana, geneva, sans-serif; font-size: 14pt;">Un court moment j’ai cru à un canular du genre Gary et Ajar, mais non pas du tout, William Friedkin a bien écrit ce texte qui fut publié par le New York Times le 20 mai 2017.</span></p><p style="text-align: center;"><img id="media-6501165" style="margin: 0.7em 0;" title="" src="http://asautsetagambades.hautetfort.com/media/00/00/3595348892.jpg" alt="proust" /></p><p class="Style1" style="text-align: center;"><span style="font-size: 12pt; font-family: 'Calibri', sans-serif; color: #cf2222;">Sherazade des temps modernes </span></p><p class="Style1"><span style="font-family: verdana, geneva, sans-serif; font-size: 14pt;">Pour Friedkin, La Recherche est un livre essentiel. Il l’a découvert grâce à sa femme …<span style="color: #cf2222;"><strong>Jeanne Moreau</strong></span></span></p><p class="Style1"><span style="font-family: verdana, geneva, sans-serif; font-size: 14pt;">Comment tout ça est arrivé ?<br /></span><span style="font-family: verdana, geneva, sans-serif; font-size: 14pt;">« <em>Jeanne a commencé <span style="color: #cf2222;">à me lire le texte </span>et à me le traduire instantanément. </em></span><br /><span style="font-family: verdana, geneva, sans-serif; font-size: 14pt;"><em>Je l’ai trouvé extrêmement beau et profond, et… je continue à lire Proust chaque jour.</em> » avouez que c’est mieux que des boutons de manchette comme cadeau de noce !</span></p><p><span style="font-family: verdana, geneva, sans-serif; font-size: 14pt;">Friedkin est tombé sous le charme de Proust et va lire tout ce qu’il peut trouver sur l’écrivain, il lit la biographie de <strong><span style="color: #cf2222;">Jean-Yves Tadié </span></strong>et dans son entretien avec <span style="color: #cf2222;"><strong>Nicolas Ragonneau,</strong></span> (Pour retrouver l’interview complet c’est <a href="https://proustonomics.com/entretien-avec-william-friedkin/"><strong><span style="color: #cf2222;">ici</span></strong></a>), il demande à celui-ci de remercier Tadié « <em>Dites-lui s’il vous plaît combien j’admire son livre. Pour moi, qui ai lu tout ce que je pouvais trouver, c’est le livre le plus définitif sur Proust, celui que je crois le plus. Et dites-lui que ce fut une grande expérience de lecture</em> »</span></p><p class="Style1"><span style="font-family: verdana, geneva, sans-serif; font-size: 14pt;">Et surtout il va partir sur les traces de l’écrivain.</span><br /><span style="font-family: verdana, geneva, sans-serif; font-size: 14pt;">« <em>Dès que vous avez lu Proust, cela devient une partie de votre vie.</em> »</span></p><p class="Style1"><span style="font-family: verdana, geneva, sans-serif; font-size: 14pt;">Il va arpenter le Ritz, chercher à visiter le lycée Condorcet, et bien entendu il va jusqu’à Illiers-Combray, là où dit-il « <em>on se rapproche le plus du monde de Proust</em> ».</span></p><p style="text-align: center;"><img id="media-6501167" style="margin: 0.7em 0;" title="" src="http://asautsetagambades.hautetfort.com/media/00/01/207566322.jpg" alt="proust" width="351" height="184" /></p><p class="Style1"><span style="font-family: verdana, geneva, sans-serif; font-size: 14pt;">Il est devenu <a href="https://proustonomics.com/"><span style="color: #cf2222;"><strong>Proustomaniac</strong></span></a> </span><br /><span style="font-family: verdana, geneva, sans-serif; font-size: 14pt;">« <em>Et maintenant, comme j’ai traversé tous les tomes, je lis différents passages. Parfois <span style="color: #cf2222;">je lis un passage</span> hors de son contexte, c’est comme écouter de la musique quand vous voulez écouter un de vos passages favoris. Ainsi je le lis tous les jours et c’est vraiment étrange parce que… je n’avais évidemment rien en commun avec Marcel Proust, absolument rien. Nous avons grandi à des époques différentes, nous avons des expériences et une éducation très différentes, mais j’ai trouvé une certaine… non pas similitude, mais <span style="color: #cf2222;">une parenté et une humanité </span>dans l’œuvre de Proust qui me saisissent dès la première phrase.</em> »</span></p><p class="Style1"><span style="font-family: verdana, geneva, sans-serif; font-size: 14pt;">Ce petit livre est un bijou pour tout amateur de Proust et il va prendre place dans ma bibliothèque à la lettre P évidemment</span></p><p style="text-align: center;"><img id="media-6501168" style="margin: 0.7em 0;" title="" src="http://asautsetagambades.hautetfort.com/media/01/01/3489336024.jpg" alt="proust" /></p><p class="Style1"><span style="font-family: verdana, geneva, sans-serif; font-size: 14pt;"><span style="color: #cf2222;"><strong>Le livre</strong></span> : Dans les pas de Marcel Proust – William Friedkin – Traduction Nicolas Ragonneau – Éditions La Pionnière 2019</span></p>
lafautearousseau royaliste
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Éphéméride du 14 novembre
tag:lafautearousseau.hautetfort.com,2023-11-14:1813818
2023-11-14T03:30:00+01:00
2023-11-14T03:30:00+01:00
1840 : Naissance de Claude Monet (ici, le Pont japonais , chez lui, à...
<p style="text-align: right;"><span style="color: #000080; font-family: verdana, geneva, sans-serif; font-size: 12pt;"><strong>1840 : Naissance de Claude Monet (ici, le <em>Pont japonais</em>, chez lui, à Giverny)</strong></span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: verdana, geneva, sans-serif; font-size: 12pt;"> </span></p><p style="text-align: justify;"> </p><p style="text-align: justify;"> </p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: verdana, geneva, sans-serif; font-size: 12pt;"><span style="color: #000080;"><em><strong>1442 : Mort de Yolande d’Aragon</strong></em></span> </span></p><p style="text-align: justify;"> </p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: verdana, geneva, sans-serif; font-size: 12pt;">Yolande d'Aragon est la belle-mère du jeune Dauphin Charles, futur Charles VII.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: verdana, geneva, sans-serif; font-size: 12pt;"> Marié à Louis d'Anjou, elle protège le Dauphin en le gardant dans ses châteaux de la vallée de la Loire, et lui donne sa fille pour épouse.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: verdana, geneva, sans-serif; font-size: 12pt;">Elle a consacré toutes ses forces au salut de la France, qu'elle n'a cessé de confondre avec celui de sa maison, manoeuvrant pour rompre l'alliance de la Bretagne avec l'Angleterre et apportant tout son soutien à Jeanne d'Arc. </span></p><p style="text-align: center;"><span style="font-family: verdana, geneva, sans-serif; font-size: 12pt;"><a href="http://lafautearousseau.hautetfort.com/media/02/00/3586132525.jpg" target="_blank" rel="noopener noreferrer"><img id="media-3475917" style="margin: 0.7em auto; display: block;" title="" src="http://lafautearousseau.hautetfort.com/media/02/00/1702824348.jpg" alt="14 novembre,bichat,institut pasteur,sida,montagnier,barré sinoussi,proust,roland garros,dutrochet,vauquelin,taine,murray kendall,louis xi,bouillé" /></a><em>Il n'existe aucun portrait d'elle, et on ne la voit représentée que sur un vitrail de la cathédrale Saint Julien du Mans (ci-dessus)</em></span></p><p style="text-align: center;"> </p><p style="text-align: center;"><span style="font-family: verdana, geneva, sans-serif; font-size: 12pt; color: #000080;"><em><strong><a style="color: #000080;" href="http://tetrapak.chez-alice.fr/T18.html" target="_blank" rel="noopener noreferrer">http://tetrapak.chez-alice.fr/T18.html</a></strong> </em></span></p><p style="text-align: center;"> </p><p style="text-align: center;"><span style="font-family: verdana, geneva, sans-serif; font-size: 12pt;"><img id="media-5185838" style="margin: 0.7em 0;" title="" src="http://lafautearousseau.hautetfort.com/media/00/01/2482906768.31.jpg" alt="15 novembre,galerie des glaces,versailles,louis xiv,le brun,colbert,lucas de nehou,saint gobain" /></span></p><p style="text-align: center;"> </p><p><img src="http://lafautearousseau.hautetfort.com/media/02/02/1514583140.jpg" id="media-5212132" alt="" /></p><p class="MsoNormal" style="margin: 5pt 0cm; text-align: justify; line-height: normal;"><span style="color: #000080; font-family: verdana,geneva; font-size: medium;"><em><strong>1522 : Mort d'Anne de Beaujeu</strong></em></span></p><p class="MsoNormal" style="margin: 5pt 0cm; text-align: justify; line-height: normal;"><span style="font-family: verdana,geneva; font-size: medium;"> </span></p><p class="MsoNormal" style="margin: 5pt 0cm; text-align: justify; line-height: normal; mso-pagination: none; mso-layout-grid-align: none;"><span style="font-family: verdana,geneva; font-size: medium;">Régente de France, elle fut l'une de ces six femmes (dont quatre d'origine étrangère) à qui notre Royauté a confié la totalité du pouvoir :</span></p><div style="text-align: center;"><em><span style="font-family: verdana,geneva,sans-serif; font-size: 12pt;"><br /></span></em><ul><li><em><span style="font-family: verdana,geneva; font-size: medium;">Blanche de Castille (deux fois régente pour Saint Louis);</span></em></li><li><em><span style="font-family: verdana,geneva; font-size: medium;"> Anne de Beaujeu (pour Charles VIII);</span></em></li><li><em><span style="font-family: verdana,geneva; font-size: medium;"> Louise de Savoie (pour François 1er);</span></em></li><li><em><span style="font-family: verdana,geneva; font-size: medium;"> Catherine de Médicis (pour Charles IX);</span></em></li><li><em><span style="font-family: verdana,geneva; font-size: medium;"> Marie de Médicis (pour Louis XIII);</span></em></li><li><em><span style="font-family: verdana,geneva; font-size: medium;"> Anne d'Autriche (pour Louis XIV)...</span></em></li></ul></div><p class="MsoNormal" style="margin: 5pt 0cm; text-align: justify; line-height: normal;"><span style="font-family: verdana,geneva; font-size: medium;"> </span></p><p class="MsoNormal" style="margin: 5pt 0cm; line-height: normal; text-align: center;"><span style="font-family: verdana,geneva; font-size: medium;"><a href="http://lafautearousseau.hautetfort.com/media/00/02/749509760.jpg" target="_blank" rel="noopener noreferrer"><img id="media-2713666" style="margin: 0.7em auto; display: block;" src="http://lafautearousseau.hautetfort.com/media/00/02/3534754315.jpg" alt="annedebeaujeu.jpg" /></a></span></p><p class="MsoNormal" style="margin: 5pt 0cm; line-height: normal; text-align: center;"> </p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: verdana,geneva; font-size: medium;">Sa Régence fut heureuse, et Jacques Bainville lui rend l'hommage qu'elle mérite dans son <em>Histoire de France</em>, chapitre VIII, <em>Louis XI, l'unité sauvée, l'ordre rétabli, la France reprend sa marche en avant :</em> </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: medium;"><strong><span style="font-family: verdana,geneva;">"...En 1483, son fils Charles VIII n’avait que treize ans. Une minorité recommençait mais dans des conditions aussi bonnes que possible. L’opposition des princes avait cessé d’être redoutable : une femme en vint à bout. Louis XI avait désigné pour la régence sa fille Anne de Beaujeu, confidente de sa politique et de ses pensées. Régence aussi heureuse et aussi habile que celle de Blanche de Castille. Aux grands qui s’étaient encore soulevés, le duc d’Orléans à leur tête, Anne sacrifia les hommes les plus impopulaires de l’entourage de son père, mais elle préserva son œuvre. </span></strong></span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: medium;"><strong><span style="font-family: verdana,geneva;">Les grands, pour porter un coup à la monarchie, réclamaient les États généraux. La régente les convoqua plus largement qu’ils ne l’avaient jamais été, non seulement toutes les provinces, mais toutes les classes, les paysans même, une vraie représentation nationale qui vint, munie de "cahiers", comme elle viendra en 1789. On entendit tout, dans cette assemblée, des demandes de réformes administratives, qui d’ailleurs ne furent pas perdues, et des théories politiques, jusqu’à celle de la souveraineté du peuple que développa Philippe Pot. </span></strong></span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: medium;"><strong><span style="font-family: verdana,geneva;">Comme l’avait calculé la régente, l’espoir des princes fut trompé. Les États de 1484, réunis par prudence à Tours et non à Paris, ne trouvèrent pas leur Étienne Marcel. Alors les féodaux déçus prirent les armes. D’avance leur cause était perdue et l’opinion publique jugera bien en appelant leur soulèvement "la guerre folle". Elle eut ce résultat que le seul des princes qui restât puissant, le duc de Bretagne, fut vaincu.</span></strong></span><span style="font-size: medium;"> </span></p><p style="text-align: center;"><a href="http://lafautearousseau.hautetfort.com/media/02/00/3891332943.55.jpg" target="_blank" rel="noopener"><img id="media-6191679" style="margin: 0.7em 0;" title="" src="http://lafautearousseau.hautetfort.com/media/02/00/3795001252.64.jpg" alt="14 novembre,bichat,institut pasteur,sida,montagnier,barré sinoussi,proust,roland garros,dutrochet,vauquelin,taine,murray kendall,louis xi,bouillé" /></a></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: verdana,geneva; font-size: medium;"> </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: medium;"><strong><span style="font-family: verdana,geneva;">À ce moment, la régente eut à prendre une décision délicate. Dans un sens comme dans l’autre, il y avait à perdre et à gagner. Le moyen de réunir à la couronne les Bretons toujours ombrageux et jaloux de leur indépendance, c’était de marier Charles VIII avec l’héritière de Bretagne, la jeune duchesse Anne. Mais Louis XI, au traité d’Arras, avait convenu que le dauphin épouserait Marguerite d’Autriche, fille de Maximilien et de Marie de Bourgogne. À quoi valait-il mieux renoncer ? À la Bretagne ou bien à la Franche-Comté et à l’Artois, dot de la princesse Marguerite ? </span></strong></span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: medium;"><strong><span style="font-family: verdana,geneva;">Il semble que Maximilien lui-même ait dicté le choix de la cour de France. On apprit que le veuf ambitieux avait épousé la duchesse Anne en secret et par procuration. Maximilien maître de la Bretagne, c’était l’ennemi installé en France. Le mariage fut déclaré nul avec l’appui du pape et ce fut Charles VIII qui épousa. La Bretagne deviendrait française. Enfin cette porte, trop longtemps ouverte à l’étranger, se fermait..."</span></strong></span></p><p style="text-align: center;"> </p><p style="text-align: center;"><span style="font-family: verdana,geneva; font-size: medium;"><em>L'habile - et longue !... - politique matrimoniale qui permit la réunion de la Bretagne à la France</em> <em>s'étendit sur une bonne cinquantaine d'années et concerna trois rois de France :</em> <em>Charles VIII et Louis XII (voir l'<strong><a href="http://lafautearousseau.hautetfort.com/archive/2008/12/21/ephemeride-du-7-janvier.html">Éphéméride du 7 janvier</a></strong>), maris successifs d'Anne de Bretagne, puis François premier, époux de sa fille, Claude de France (voir l'<strong><a href="http://lafautearousseau.hautetfort.com/archive/2009/04/20/ephemeride-du-18-mai.html">Éphéméride du 18 mai</a></strong>)...</em><br /></span></p><p style="text-align: center;"><span style="font-family: verdana,geneva; font-size: medium;"><em>La Bretagne deviendra définitivement française le 13 août 1532 (voir l'<strong><a href="http://lafautearousseau.hautetfort.com/archive/2009/07/01/ephemeride-du-13-aout.html">Éphéméride du 13 août</a></strong>).</em></span></p><p style="text-align: center;"> </p><p style="text-align: center;"><span style="font-family: verdana,geneva; font-size: medium;"><a href="http://lafautearousseau.hautetfort.com/media/02/00/2485073363.gif" target="_blank" rel="noopener noreferrer"><img id="media-3294880" style="margin: 0.7em auto; display: block;" title="" src="http://lafautearousseau.hautetfort.com/media/02/00/204698609.gif" alt="14 novembre,bichat,institut pasteur,sida,montagnier,barré sinoussi,proust,roland garros,dutrochet,vauquelin,taine,murray kendall,louis xi" width="269" height="191" /></a></span></p><p style="text-align: center;"> </p><p style="text-align: center;"><span style="font-size: 12pt; font-family: verdana, geneva, sans-serif;"> <strong><em><a href="http://www.universalis.fr/encyclopedie/anne-de-france/">http://www.universalis.fr/encyclopedie/anne-de-france/</a></em></strong></span></p><p style="text-align: center;"> </p><p style="text-align: center;"> </p><p style="text-align: center;"><img id="media-5185838" style="margin: 0.7em 0px;" title="" src="http://lafautearousseau.hautetfort.com/media/00/01/2482906768.31.jpg" alt="15 novembre,galerie des glaces,versailles,louis xiv,le brun,colbert,lucas de nehou,saint gobain" /></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: medium;"> </span></p><p style="text-align: justify;"> </p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: verdana,geneva; font-size: medium;"><span style="color: #000080;"><em><strong>1685</strong></em></span><span style="color: #000080;"><em><strong> : Louis XIV refuse sa statue équestre réalisée par Le Bernin</strong></em></span> <br /></span></p><p style="text-align: justify;"><span style="color: #000080; font-family: verdana,geneva; font-size: medium;"> </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="color: #000080; font-family: verdana,geneva; font-size: medium;"><span style="color: #000000;">Ou : comment la primitive statue équestre de <strong><em>Louis XIV en Hercule</em></strong> - réalisée par Le Bernin - est devenue - retravaillée par Girardon - celle du héros romain <em><strong>Marcus Curtius se jetant dans les flammes</strong>...</em></span></span></p><p style="text-align: justify;"><span style="color: #000080; font-family: verdana,geneva; font-size: medium;"><span style="color: #000000;">Le Bernin, appelé par le roi pour achever le Louvre en 1665, avait finalement vu son projet rejeté (voir l'<strong><em><a href="http://lafautearousseau.hautetfort.com/archive/2008/08/22/ephemeride-du-11-octobre1.html">Éphéméride du 11 octobre</a></em></strong>), le roi lui commandant à la place un buste de sa personne, qui se révéla être un véritable chef-d'oeuvre (voir l'<span style="color: #000080;"><a style="color: #000080;" href="http://lafautearousseau.hautetfort.com/archive/2009/04/27/ephemeride-du-2-juin.html" target="_self"><strong><em>Éphéméride du 2 juin</em></strong></a></span>).</span></span></p><p style="text-align: justify;"><span style="color: #000080; font-family: verdana,geneva; font-size: medium;"><span style="color: #000000;">Admiré par Louis XIV, et sur la lancée de ce succès, Le Bernin proposa alors un autre monument à la gloire du roi, et reçut commande d'une statue équestre, sur le modèle de celle de Constantin, au Vatican : la statue devait être placée entre le Louvre et les Tuileries.</span></span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: verdana,geneva; font-size: medium;"><span style="color: #000080;"><span style="color: #000000;">L’œuvre fut réalisée par les pensionnaires de l’Académie de France à Rome, sous la direction du Bernin, qui modela lui-même le modèle réduit de la sculpture : dans le style baroque, elle représentait Louis XIV en nouvel <em>Hercule</em>, sur un cheval cabré, avec cette inscription <strong><em>per ardua.</em></strong></span></span> </span></p><p><span style="font-family: verdana,geneva; font-size: medium;"><a href="http://lafautearousseau.hautetfort.com/media/02/01/858180431.JPG" target="_blank" rel="noopener noreferrer"><img id="media-3350957" style="margin: 0.7em auto; display: block;" title="" src="http://lafautearousseau.hautetfort.com/media/02/01/57594330.JPG" alt="14 novembre,bichat,institut pasteur,sida,montagnier,barré sinoussi,proust,roland garros,dutrochet,vauquelin,taine,murray kendall,louis xi,bouillé" width="419" height="352" /></a> </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="color: #000080; font-family: verdana,geneva; font-size: medium;"><span style="color: #000000;">Mais la statue n'arriva à Paris que vingt ans plus tard, en 1685 : entre-temps, les goûts du souverain avaient évolués, et la statue ne correspondait plus du tout à ce qu'il attendait. Dangeau raconte ce qui se passa lorsque le roi la découvrit, le 14 novembre, dans l'<em>Orangerie</em> :</span></span></p><p style="text-align: center;"><span style="color: #000080; font-family: verdana,geneva; font-size: medium;"><span style="color: #000000;"> <strong><em>"Mercredi 14 novembre 1685... le roi se promena dans l'orangerie qu'il trouva d'une magnificence admirable, il vit la statue équestre du chevalier Bernin qu'on y a placée et trouva que l'homme et le cheval étaient si mal faits qu'il résolut non seulement de l'ôter de là, mais même de la faire briser".</em></strong></span></span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: verdana,geneva; font-size: medium;">L'oeuvre fut finalement épargnée, mais Louvois demanda à Girardon de transformer la statue. Girardon ajouta un casque au cavalier, et sculpta des flammes à la place du rocher initial. La statue de Louis XIV "retravaillée", celle que nous voyons donc aujourd’hui, représentera non plus <em>Hercule</em> mais le héros romain <strong><em>Marcus Curtius se précipitant dans l'abîme...</em></strong></span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: verdana,geneva; font-size: medium;">On possède maintenant trois exemplaires de cette nouvelle statue, à l'histoire compliquée et mouvementée : l'originale (dans l'<em>Orangerie</em> du Château de Versailles), une copie, placée à l'extrémité sud de la <em>Pièce d'eau des Suisses</em>, et une deuxième copie - en plomb - demandée par Ieoh Ming Pei pour être placée à côté de "sa" pyramide, dans la cour du Louvre...</span></p><p style="text-align: center;"><span style="font-family: verdana,geneva; font-size: medium;"><a href="http://lafautearousseau.hautetfort.com/media/02/00/1054078281.jpg" target="_blank" rel="noopener noreferrer"><img id="media-3351031" style="margin: 0.7em auto; display: block;" title="" src="http://lafautearousseau.hautetfort.com/media/02/00/1558937625.jpg" alt="14 novembre,bichat,institut pasteur,sida,montagnier,barré sinoussi,proust,roland garros,dutrochet,vauquelin,taine,murray kendall,louis xi,bouillé" width="424" height="243" /></a></span><span style="font-family: verdana,geneva; font-size: medium;"><em>Moulage en plomb effectué en 1988 du marbre du Bernin, modifié en statue de Marcus Curtius par Girardon, en 1687, sur l'ordre du roi. Palais du Louvre, Cour Napoléon</em></span></p><p style="text-align: center;"> </p><p style="text-align: center;"> </p><p style="text-align: center;"><img id="media-5185838" style="margin: 0.7em 0px;" title="" src="http://lafautearousseau.hautetfort.com/media/00/01/2482906768.31.jpg" alt="15 novembre,galerie des glaces,versailles,louis xiv,le brun,colbert,lucas de nehou,saint gobain" /></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: verdana,geneva; font-size: medium;"> </span></p><p style="text-align: justify;"> </p><p class="MsoNormal" style="margin: 5pt 0cm; text-align: justify; line-height: normal;"><span style="color: #000080; font-family: verdana,geneva; font-size: medium;"><em><strong>1771 : Naissance de Marie François Xavier Bichat</strong></em></span></p><p class="MsoNormal" style="margin: 5pt 0cm; text-align: justify; line-height: normal;"><span style="font-size: medium;"> </span></p><p class="MsoNormal" style="margin: 5pt 0cm; text-align: justify; line-height: normal; mso-pagination: none; mso-layout-grid-align: none;"><span style="font-family: verdana,geneva; font-size: medium;">Biologiste, rénovateur de l'anatomie pathologique, Bichat étudie, à travers l'autopsie et l'expérimentation physiologique, le rôle des tissus comme unités anatomiques fondamentales pour l'explication des propriétés physiologiques et des modifications pathologiques de l'organisme.</span></p><p class="MsoNormal" style="margin: 5pt 0cm; text-align: justify; line-height: normal; mso-pagination: none; mso-layout-grid-align: none;"><span style="font-family: verdana,geneva; font-size: medium;">Il est l'auteur de l'aphorisme célèbre : "<strong>La vie est la somme totale des fonctions qui résistent à la mort"</strong> (dans son ouvrage <em>Recherches physiologiques sur la vie et la mort</em>, écrit en 1800. ).</span></p><p class="MsoNormal" style="margin: 5pt 0cm; text-align: justify; line-height: normal; mso-pagination: none; mso-layout-grid-align: none;"><span style="font-family: verdana,geneva; font-size: medium;">Il est le Père de l'histologie moderne. Corvisart lui rendra ce bel hommage, à sa mort, dans une lettre à Napoléon 1er :</span></p><p class="MsoNormal" style="margin: 5pt 0cm; text-align: justify; line-height: normal; mso-pagination: none; mso-layout-grid-align: none;"> </p><p class="MsoNormal" style="margin: 5pt 0cm; text-align: center; line-height: normal;"><span style="font-family: verdana,geneva; font-size: medium;"><strong><em>"</em><em>Personne en si peu de temps n'a fait autant de choses et si bien"</em>.</strong></span></p><p class="MsoNormal" style="margin: 5pt 0cm; text-align: justify; line-height: normal;"><span style="font-family: verdana,geneva; font-size: medium;"> </span></p><div style="text-align: center;"><span style="font-family: verdana,geneva; font-size: medium;"><a href="http://lafautearousseau.hautetfort.com/media/01/00/1120564074.jpg" target="_blank" rel="noopener noreferrer"><img id="media-1294867" style="border-width: 0px; margin: 0.7em auto; display: block;" src="http://lafautearousseau.hautetfort.com/media/01/00/636739436.jpg" alt="300px-Marie_Fran%C3%A7ois_Xavier_Bichat.jpg" /></a></span><span style="font-family: verdana,geneva; font-size: medium;"> <span style="color: #000080; font-family: verdana,geneva; font-size: medium;"><strong><em><a href="http://medarus.org/Medecins/MedecinsTextes/bichat.html">http://medarus.org/Medecins/MedecinsTextes/bichat.html</a></em></strong></span><br /></span></div><div style="text-align: center;"> </div><div style="text-align: center;"> </div><div style="text-align: center;"> </div><div style="text-align: center;"> </div><p style="text-align: center;"><img id="media-5185838" style="margin: 0.7em 0px;" title="" src="http://lafautearousseau.hautetfort.com/media/00/01/2482906768.31.jpg" alt="15 novembre,galerie des glaces,versailles,louis xiv,le brun,colbert,lucas de nehou,saint gobain" /></p><p class="MsoNormal" style="margin: 5pt 0cm; text-align: justify; line-height: normal;"><span style="font-family: verdana,geneva; font-size: medium;"> </span></p><p class="MsoNormal" style="margin: 5pt 0cm; text-align: justify; line-height: normal;"> </p><p class="MsoNormal" style="margin: 5pt 0cm; text-align: justify; line-height: normal;"> </p><p class="MsoNormal" style="margin: 5pt 0cm; text-align: justify; line-height: normal;"><span style="color: #000080; font-family: verdana,geneva; font-size: medium;"><em><strong>1776 : Naissance d'Henri Dutrochet</strong></em
Raymond ALCOVERE
http://raymondalcovere.hautetfort.com/about.html
Proust toujours
tag:raymondalcovere.hautetfort.com,2023-10-30:6468569
2023-10-30T11:57:55+01:00
2023-10-30T11:57:55+01:00
<p><img id="media-6486003" style="float: left; margin: 0.2em 1.4em 0.7em 0;" title="" src="http://raymondalcovere.hautetfort.com/media/01/00/3423535940.jpg" alt="Proust" /></p>
lafautearousseau royaliste
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Éphéméride du 10 juillet
tag:lafautearousseau.hautetfort.com,2023-07-10:2240212
2023-07-10T03:30:00+02:00
2023-07-10T03:30:00+02:00
Statue d'Antonin, à Nîmes 138 : Accession au...
<p style="text-align: right;"><span style="color: #000080; font-family: verdana, geneva, sans-serif; font-size: 12pt;"><strong>Statue d'Antonin, à Nîmes</strong></span></p><p><span style="font-family: verdana, geneva, sans-serif; font-size: 12pt;"> </span></p><p> </p><p><span style="font-family: verdana, geneva, sans-serif; font-size: 12pt;"><span style="color: #000080;"><em><strong>138 : Accession au pouvoir de l'Empereur Antonin le Pieux</strong></em></span> </span></p><p> </p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: verdana, geneva, sans-serif; font-size: 12pt;"><em>Titus Aelius Fulvius Antoninus Pius </em>succède à l'empereur Hadrien, en tant que "fils adoptif".</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: verdana, geneva, sans-serif; font-size: 12pt;">L'Empire romain est alors à son apogée, sous le règne des quatre empereurs de la dynastie dite des <em>Antonins :</em> Trajan, Hadrien, Antonin, Marc-Aurèle.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: verdana, geneva, sans-serif; font-size: 12pt;">Si les familles des trois autres empereurs de cette dynastie sont d'origine "espagnole" (et viennent d'Andalousie), la famille d'Antonin, elle, est originaire de Nîmes (Nemausus) :</span></p><p style="text-align: justify;"> </p><p style="text-align: center;"><span style="color: #666699; font-family: 'arial black', sans-serif; font-size: 12pt;"><span style="font-family: verdana, geneva, sans-serif;"> <span style="color: #000080;"><em> <strong><a style="color: #000080;" href="http://www.arenes-nimes.com/fr/nimes/40-decouverte/" target="_blank" rel="noopener noreferrer">http://www.arenes-nimes.com/fr/nimes/40-decouverte/</a> </strong></em></span> </span> </span><span style="font-size: medium;"><br /></span></p><p><img src="http://lafautearousseau.hautetfort.com/media/02/02/3131414986.jpg" id="media-5094857" alt="" /></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: verdana,geneva; font-size: medium;">Il n'y eut quasiment pas de guerres durant les vingt trois années de son règne, ce qui, joint à une sage politique de réduction des dépenses, apporta à l'empire une période de prospérité rarement atteinte; c'est également de ce temps que date, pour l'essentiel, l'expression de <strong><em>Pax romana</em></strong>.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: verdana,geneva; font-size: medium;"> <strong>"Il mourut universellement regretté",</strong> dit de lui Michel Mourre dans l'article qu'il lui consacre (<em>Dictionnaire encyclopédique d'histoire) :</em></span></p><div style="text-align: center;"><span style="font-family: verdana,geneva; font-size: medium;"><a href="http://lafautearousseau.hautetfort.com/media/02/00/891605729.jpg" target="_blank" rel="noopener noreferrer"><img style="margin: 0.7em 0px; border-width: 0px;" src="http://lafautearousseau.hautetfort.com/media/02/00/1169991703.jpg" alt="antonin.jpg" width="348" height="259" /></a></span><span style="font-size: medium;"> <br /></span></div><div style="text-align: center;"><span style="font-family: verdana,geneva,sans-serif; font-size: 12pt;"><em>Temple d'Antonin et Faustine (son épouse), Forum romain</em></span></div><div style="text-align: center;"><span style="font-family: verdana,geneva; font-size: medium;"><span style="font-size: small;"> </span> </span></div><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: verdana, geneva; font-size: medium; color: #333333;"><strong>"...D'une famille de banquiers originaires de Nemausus (Nîmes), il hérita d'une fortune considérable et conquit rapidement par sa simplicité, sa douceur, son humanisme raisonnable, l'affection de tous. Consul en 120, il fit particulièrement apprécier ensuite ses qualités de sage administrateur comme proconsul en Asie, fut adopté par Hadrien en 138 et monta sur le trône six mois plus tard, à plus de cinquante ans.</strong></span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: verdana, geneva; font-size: medium; color: #333333;"><strong>Son règne marque l'apogée de la <em>Pax romana </em>: bien qu'il ait dû combattre les Berbères, les Daces et les Germains, Antonin ne cessa de vouloir la paix et assura au monde une tranquillité qui fut célébrée avec enthousiasme par tous ses contemporains. En Bretagne, il protégea les possessions romaines en faisant édifier (vers 140) entre le Forth et la Clyde, le <em>mur d'Antonin</em>. À l'intérieur, le règne fut marqué par un profond renouveau religieux et Antonin fut peut être un des derniers romains qui aient pratiqué sincèrement les cultes anciens de Rome, ce qui lui a valu son surnom.</strong></span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: verdana, geneva; font-size: medium; color: #333333;"><strong>Dès son avènement, il avait abandonné à l'État son énorme fortune, et son administration économe lui permit de laisser le trésor de l'Empire riche de 2.700.000.000 de sesterces, chiffre qui n'avait jamais été atteint. Antonin gouverna toujours avec l'appui des classes cultivées et en collaboration étroite avec le Sénat, auquel il rendait scrupuleusement ses comptes..."</strong></span></p><p style="text-align: center;"><span style="font-family: verdana,geneva; font-size: medium;"><img style="margin: 0.7em 0px; border-width: 0px;" src="http://lafautearousseau.hautetfort.com/media/02/00/1964825464.gif" alt="Antonin-denier-temple-augus.gif" width="367" height="185" /></span></p><p style="text-align: center;"><span style="font-size: medium;"> </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: verdana,geneva; font-size: medium;">Dans <em>l'Histoire Auguste</em>, on trouve ces deux paragraphes le concernant :</span></p><p style="text-align: center;"><span style="font-family: verdana,geneva; font-size: medium;"><em><span style="color: #000080;"><strong>• 1 :</strong></span> <span style="color: #333333;"><strong>"A senatu divus est appellatus cunctis certatim adnitentibus, cum omnes eius pietatem, clementiam, ingenium, sanctimoniam laudarent"</strong></span></em> </span></p><p style="text-align: center;"><span style="font-size: medium;"><em><span style="font-family: verdana,geneva;">Soit : </span></em></span></p><p style="text-align: center;"><span style="font-family: verdana,geneva; font-size: medium;"><em>"Il fut proclamé divin par le sénat, tous les sénateurs ayant rivalisé pour faire approuver cette décision, car tous rendaient hommage à sa piété, sa clémence, son intelligence et sa grandeur d'âme"</em></span></p><p style="text-align: center;"> </p><p style="text-align: center;"><span style="font-family: verdana,geneva; font-size: medium;"><em><span style="color: #000080;"><strong>•</strong></span> <strong>2 :</strong> <strong><span style="color: #333333;">"Fuit vir forma conspicuus, ingenio clarus, moribus clemens, nobilis, vultu placidus, ingenio singulari, eloquencia nitida, litteratura precipua, sobrius, diligens agri cultor, mitis, largus, alieni abstinens, et omnia haec cum mensura et sine jactantia, in cunctis postremo laudabilis et qui merito Numae Pompilio ex bonorum sententia comparatur"</span>.</strong></em> </span></p><p style="text-align: center;"><span style="font-size: medium;"><em><span style="font-family: verdana,geneva;">Soit : </span></em></span></p><p style="text-align: center;"><span style="font-size: medium;"><em><span style="font-family: verdana,geneva;">"Il était d'une beauté remarquable, doué de talents évidents, d'un caractère amène, d'un comportement noble avec une physionomie sereine, avait une rare intelligence, une éloquence brillante, une culture hors du commun; il était sobre, très attaché à la mise en valeur de ses terres, doux, généreux, respectueux du bien d'autrui, pratiquant toutes ces vertus avec mesure et sans ostentation; bref, il était à tous égard digne d'éloges et les gens de bien le comparaient à juste titre à Numa Pompilius." </span></em></span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: medium;"> </span></p><div style="text-align: center;"><span style="font-family: verdana,geneva; font-size: medium;"><a href="http://lafautearousseau.hautetfort.com/media/01/00/158354519.jpg" target="_blank" rel="noopener noreferrer"><img style="margin: 0.7em 0;" src="http://lafautearousseau.hautetfort.com/media/01/00/700389343.jpg" alt="Antoninus_Pius_Glyptothek_Munich_337.jpg" width="315" height="484" /></a></span></div><p style="text-align: center;"><span style="font-family: verdana,geneva; font-size: medium;"><em>Glyptothèque de Munich, buste d'Antonin le Pieux.</em> <em>Par son père,</em> <em>Titus Aurelius Fulvius,</em> <em>et son grand-père</em><em>, Titus Aurelius Fulvius également, il est originaire de</em> <em>Nemausus</em> <em>(</em><em>Nîmes</em><em>).</em></span></p><p style="text-align: center;"> </p><p style="text-align: center;"> </p><p style="text-align: center;"><a href="http://lafautearousseau.hautetfort.com/media/01/00/88059071.19.jpg" target="_blank" rel="noopener noreferrer"><img id="media-5092971" style="margin: 0.7em 0;" title="" src="http://lafautearousseau.hautetfort.com/media/01/00/2482906768.21.jpg" alt="14 juillet,bayeux,tapisserie de la reine mathilde,philippe auguste,chateaubriand,talleyrand,furet,gallo,marc bloch,armee française" /></a></p><p style="text-align: center;"> </p><p style="text-align: center;"> </p><p style="text-align: left;"><span style="color: #000080; font-family: verdana, geneva, sans-serif; font-size: 12pt;"><strong><em>817 : Première mention de l'Abbaye de Sorèze...</em></strong></span></p><p style="text-align: left;"> </p><p style="text-align: center;"><img src="https://images.trvl-media.com/lodging/2000000/1220000/1217100/1217072/f139c4a9.jpg?impolicy=resizecrop&rw=500&ra=fit" alt="Hotel Abbaye Ecole de Soreze - Sorèze, France | Hotels.com" /></p><p> </p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: verdana, geneva, sans-serif; font-size: 12pt;">Il s'agit d'un <em>Capitulaire </em>de l'empereur Louis le Pieux, fils de Charlemagne mentionnant l'Abbaye de Sorèze, village où existait un établissement religieux dès le IXème siècle...</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: verdana, geneva, sans-serif; font-size: 12pt;"> Sous les Carolingiens, le <em>capitulaire</em> est un document législatif, divisé en petits chapitres nommés <em>capitula</em>, d'où son nom. </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: verdana, geneva, sans-serif; font-size: 12pt;">Après diverses tribulations (Normands, Guerres de religion...) l'Abbaye devint Collège, en 1682. Louis XVI fit de ce Collège une École militaire en 1776 en 1793, qui sera supprimée peu après, par la Révolution.</span></p><p style="text-align: center;"><span style="font-family: verdana, geneva, sans-serif; font-size: 12pt;"><img src="https://www.mauristes.org/IMG/jpg/4_statue_de_Louis_XVI_createur_d_une_ecole_militaire_a_Soreze_r.jpg" width="640" height="853" /></span></p><p style="text-align: justify;"> </p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: verdana, geneva, sans-serif; font-size: 12pt;">Les dominicains reprirent l'école en 1854, sous la direction d'Henri Lacordaire.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: verdana, geneva, sans-serif; font-size: 12pt;">Aujourd'hui, l'École - d'excellence - fonctionne toujours mais le lieu abrite aussi le <a href="https://musees-occitanie.fr/musee/musee-dom-robert-et-de-la-tapisserie-du-xxeme-siecle/">Musée Dom Robert et de la tapisserie du XXème siècle</a>. L'ensemble des bâtiments (sauf deux ajouts modernes), le Parc et ses statues, le sol des cours ont été classés au titre des <em>Monuments historiques</em> le <time class="nowrap" datetime="1988-08-05" data-sort-value="1988-08-05">5 août 1988. Et</time> cet ensemble a obtenu, en 2013, le label <em>Maisons des Illustres</em> en hommage au Père Henri Lacordaire.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: verdana, geneva, sans-serif; font-size: 12pt;">Parmi ceux qui ont fréquenté l'école : l'économiste Bastiat; le navigateur La Pérouse; Henri de La Rochejaquelein, Généralissime de l'Armée catholique et royale...</span></p><p style="text-align: center;"> </p><p style="text-align: center;"><img src="https://www.mauristes.org/IMG/jpg/6_-La_Rochejaquelein_eleve_de_Soreze_r.jpg" width="657" height="876" /></p><p style="text-align: center;"> </p><p style="text-align: center;"> </p><p style="text-align: center;"><a href="http://lafautearousseau.hautetfort.com/media/01/00/88059071.19.jpg" target="_blank" rel="noopener noreferrer"><img id="media-5092971" style="margin: 0.7em 0;" title="" src="http://lafautearousseau.hautetfort.com/media/01/00/2482906768.21.jpg" alt="14 juillet,bayeux,tapisserie de la reine mathilde,philippe auguste,chateaubriand,talleyrand,furet,gallo,marc bloch,armee française" /></a></p><p style="text-align: center;"> </p><p style="text-align: center;"> </p><p style="text-align: justify;"><span style="color: #000080; font-size: medium;"><em><span style="font-family: verdana,geneva;"><strong>1472 : Jeanne Hachette contraint les troupes de Charles le Téméraire de lever le siège de Beauvais...</strong></span></em></span></p><p style="text-align: center;"><span style="font-size: medium;"> </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: verdana,geneva; font-size: medium;">Le 10 juillet 1472, les ouvriers couvreurs travaillant sur les toits de la cathédrale Saint Pierre voient s’élever, au loin, une poussière immense.</span></p><p style="margin: 0cm 0cm 10pt; text-align: justify;"><span style="font-family: verdana,geneva; font-size: medium;">Aussitôt, les 30 églises de la ville donnent l’alarme : il s’agit de l’armée de Charles le Téméraire et de ses Bourguignons qui, sachant la ville sans garnison et ses remparts en mauvais état, pensent s’en emparer sans coup férir. C’est compter sans le peuple et les bourgeois qui, courant aux remparts, et s’improvisant piqueurs, archers ou hallebardiers, soutiennent pendant onze heures l’assaut des Bourguignons aguerris.</span></p><p style="margin: 0cm 0cm 10pt; text-align: justify;"><span style="font-family: verdana,geneva; font-size: medium;">Cependant, fatigue et lassitude gagnent les défenseurs. Déjà, un soudard du Téméraire a pris pied sur la porte de Bresles. Il va y planter son étendard et crier <strong>"Ville prise !".</strong> Alors une femme, Jeanne Laisné, se rue sur lui, l'assomme d'un coup de hache, lui retire sa bannière et le précipite du haut du rempart.</span></p><p><span style="font-family: verdana,geneva; font-size: medium;">À ce spectacle, les défenseurs reprennent courage, l'ennemi se démoralise et bat en retraite, le Téméraire lève le siège. Beauvais reste au Roi !...</span></p><p style="text-align: center;"><span style="font-size: medium;"><a href="http://lafautearousseau.hautetfort.com/media/02/02/673521496.jpg" target="_blank" rel="noopener noreferrer"><img id="media-5086360" style="margin: 0.7em 0;" title="" src="http://lafautearousseau.hautetfort.com/media/02/02/3408366371.jpg" alt="10 juillet,antonin le pieux,nimes,henri ii,coup de jarnac,proust,maurras,action française,revue grise,pie xii,jeanne d'arc" /></a></span></p><div style="text-align: center;"><span style="font-family: verdana,geneva; font-size: medium;"><em>Face à l'Hôtel de Ville, la statue de Jeanne Hachette, par Vidal Dubray</em></span></div><p style="text-align: center;"><span style="font-size: medium;"> </span></p><p style="text-align: center;"><span style="font-family: verdana,geneva; font-size: medium;"><em>Sur les causes profondes de cette guerre entre la France de Louis XI et la Maison de Bourgogne; sur l'hommage que le roi Louis XI vint rendre en personne, l'année suivante, à Jeanne Hachette et à sa "bonne ville" de Beauvais; et sur les belles Fêtes qui, depuis, commémorent chaque année ce glorieux fait d'armes, voir l'</em><span style="color: #000080;"><a href="http://lafautearousseau.hautetfort.com/archive/2009/04/24/ephemeride-du-24-juin.html" target="_self"><span style="color: #000080;"><em><strong>Éphéméride du 24 juin</strong></em></span></a></span></span></p><p> </p><p> </p><p style="text-align: center;"><span style="font-size: medium;"> </span><a href="http://lafautearousseau.hautetfort.com/media/01/00/88059071.19.jpg" target="_blank" rel="noopener noreferrer"><img id="media-5092971" style="margin: 0.7em 0;" title="" src="http://lafautearousseau.hautetfort.com/media/01/00/2482906768.21.jpg" alt="14 juillet,bayeux,tapisserie de la reine mathilde,philippe auguste,chateaubriand,talleyrand,furet,gallo,marc bloch,armee française" /></a></p><p><span style="font-size: medium;"> </span></p><p> </p><p><span style="font-family: verdana,geneva; color: #000080; font-size: medium;"><em><strong>1480 : Mort du "Bon roi René"</strong></em></span></p><p><span style="font-size: medium;"> </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: verdana,geneva; font-size: medium;"><a href="http://lafautearousseau.hautetfort.com/media/02/00/2020902066.jpg" target="_blank" rel="noopener noreferrer"><img id="media-5657169" style="float: left; margin: 0.2em 1.4em 0.7em 0;" title="" src="http://lafautearousseau.hautetfort.com/media/02/00/1959285488.jpg" alt="10 juillet,antonin le pieux,nimes,henri ii,coup de jarnac,proust,maurras,action française,revue grise,pie xii,jeanne d'arc" /></a>Pour Michel Mourre, René d'Anjou (ci contre, peinture de Nicolas Froment) - appelé aussi René 1er d'Anjou, René 1er de Naples, René de Sicile, ou, surtout, en Provence, <strong><em>le Bon Roi René</em></strong> - fut <span style="color: #000000;"><strong>"le type même de ces grands personnages du Moyen-Âge en son déclin..."</strong></span></span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: verdana,geneva; font-size: medium;">Ce n’est pas par ses actions politiques, diplomatiques ou militaires que son règne fut important : au contraire, dans ces trois domaines, il ne connut finalement que des revers. S’il est devenu, et resté, <strong>"le bon roi René",</strong> c’est parce qu’il prit une part active au développement économique de ses terres, et pour son action dans les domaines des Arts et de la Culture, pour lesquels il se révéla être un mécène avisé et actif.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: verdana,geneva; font-size: medium;">Le <strong>"bon roi"</strong> René a favorisé la relance des économies locales, très affectées au début du XVème siècle par les séquelles de la peste (1347-1350) et par les conflits incessants, dont la <em>Guerre de Cent Ans</em> (1337-1453). Il fit prospérer l’ensemble de ses domaines, surtout les villes d'Angers, Aix-en-Provence, Avignon et Tarascon, et s'intéressa également à l'entretien des forêts et à la bonne santé des vignobles.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: verdana,geneva; font-size: medium;">Ami et allié du roi de France Charles VII, il a, par exemple, soutenu les travaux d'irrigation dans le Luberon et la plaine de la Durance, à partir du barrage de l'étang de la Bonde, l'un des premiers construits en France.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: verdana,geneva; font-size: medium;">Il fut aussi - et peut-être surtout... - un homme d'une grande culture. Fin lettré, il parlait plusieurs langues, avait des connaissances en latin, en italien et en grec, et entretenait une troupe de théâtre dirigée par Triboulet, qui écrira chez lui la <span style="color: #000000;"><strong><em>Farce de Maître Pathelin. </em></strong></span></span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: verdana,geneva; font-size: medium;">Si les sciences, comme la médecine et la biologie, l'intéressaient, il s'entoura de peintres, de brodeurs, d'orfèvres et d'enlumineurs célèbres : il a protégé le peintre Nicolas Froment, à qui l’on doit l’exceptionnel <strong><em>Triptyque du buisson ardent</em></strong> de la cathédrale d’Aix-en-Provence.</span></p><p style="text-align: center;"><a href="http://lafautearousseau.hautetfort.com/media/02/01/3891332943.247.jpg" target="_blank" rel="noopener"><img id="media-6274126" style="margin: 0.7em 0;" title="" src="http://lafautearousseau.hautetfort.com/media/02/01/3795001252.276.jpg" alt="10 juillet,antonin le pieux,nimes,henri ii,coup de jarnac,proust,maurras,action française,revue grise,pie xii,jeanne d'arc" /></a></p><p style="text-align: center;"><span style="font-family: verdana,geneva; font-size: medium;"><em>Le panneau central représente la Vierge et l'Enfant sur le buisson ardent. Au premier plan, sur la droite, Moïse, gardant son troupeau, se déchausse à la vue de cette apparition</em>.</span></p><p style="text-align: center;"><span style="font-family: verdana,geneva; font-size: medium;"><em>Le "bon roi René", donateur, est représenté, selon l'usage, en position d'orant, agenouillé, à gauche, du tableau; à droite, son épouse, la reine Jeanne de Laval.</em></span></p><p style="text-align: center;"><span style="font-size: 12pt; font-family: verdana, geneva, sans-serif;"><strong><em><a
Le Uhlan
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Qui se cache derrière Elstir ?
tag:leuhlan.hautetfort.com,2022-11-18:6413205
2022-11-18T13:20:00+01:00
2022-11-18T13:20:00+01:00
Elstir est le peintre emblématique d’ A la recherche du temps perdu comme...
<p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 8pt; font-family: verdana, geneva, sans-serif;">Elstir est le peintre emblématique d’<em>A la recherche du temps perdu</em> comme Bergotte en est l’écrivain et Vinteuil le compositeur. Il est bien des clefs possibles pour identifier le ou les peintres qui se cachent sous ce personnage de Proust que l’on suit d’<em>A l’ombre des jeunes filles en fleurs</em> (où il apparaît pour la première fois, en son atelier de Balbec) jusqu’au <em>Temps retrouvé</em>.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 8pt; font-family: verdana, geneva, sans-serif;">La première clef consiste à voir dans le nom même d’Elstir la contraction des noms de deux peintres contemporains – au moins pour partie – de Proust : Helleu et Whistler. Sans être infondée ou improbable, cette interprétation rencontre une limite s’agissant du peintre américain : si celui-ci a étudié à Paris et fait le portrait de Robert de Montesquiou – un des modèles supposés de Charlus –, il a passé le plus clair de son temps à Londres.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 8pt; font-family: verdana, geneva, sans-serif;">Du côté de Paul-César Helleu, le lien avec Elstir semble moins incertain, par ses attaches parisiennes et son goût pour la Normandie, mais aussi par l’amitié qui liait le peintre à Proust, au point que le visage de celui-ci sur son lit de mort fut dessiné à la pointe sèche par celui-là. Céleste Albaret a témoigné de la proximité entre les deux hommes dans les délicieux souvenirs qu’elle a laissés sur ses années passées auprès de « Monsieur Proust ».</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 8pt; font-family: verdana, geneva, sans-serif;">Par le témoignage de sa gouvernante, on sait combien Proust aimait l’œuvre de Helleu et, spécialement, cette palette claire qui donne à ses portraits de femmes une beauté si particulière. Il y a dans <em>La Prisonnière</em> un jugement sur certains tableaux d’Elstir (« <span style="color: #202122; background: white;">la beauté de blancs monuments que prennent des corps de femmes assis dans la verdure ») qui pourrait parfaitement s’appliquer à ceux de Helleu. Un rapprochement est même fait entre les deux peintres </span>– <span style="color: #202122; background: white;">dans <em>Sodome et Gomorrhe</em> </span>–<span style="color: #202122; background: white;"> par un salonnard qui pousse la comparaison jusqu’à la formule insolite du « Watteau à vapeur ».</span></span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 8pt; font-family: verdana, geneva, sans-serif;">Pourtant, la clef que constituerait Helleu n’est pas tout à fait satisfaisante. Certes, le portrait physique que donne le Narrateur d’Elstir (« <span style="color: black; background: white;">un homme de grande taille, très musclé, aux traits réguliers, à la barbe grisonnante, mais de qui le regard songeur restait fixé avec application dans le vide<em> »</em></span>) correspond assez bien aux traits de l’ami peintre de Proust ; mais précisément, comment cette amitié, sincère et profonde, aurait-elle pu inspirer à Proust, même sous le couvert de la fiction, un portrait moral aussi contrasté que celui qui se dessine dans la <em>Recherche</em> ?</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 8pt; font-family: verdana, geneva, sans-serif;">Elstir y apparaît comme un peintre tour à tour mondain (passé par le salon de Madame Verdurin), farceur (affublé à cause de cela du surnom ridicule de « Biche » ou « Tiche ») et pourtant visionnaire (en tant qu’il est capable de révéler certaines lois cachées de la perspective et dont les peintures sont comparées aux « images lumineuses d’une lanterne magique »). Ironie ou non, le Narrateur lui reconnaît même le pouvoir démiurgique de recréer le monde en ôtant aux choses le nom que Dieu le Père leur a donné ou en leur en donnant un autre.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 8pt; font-family: verdana, geneva, sans-serif;">Au reste, d’autres indices semés par l’écrivain dans son texte ne permettent pas de confirmer l’hypothèse « Helleu ». Sans doute les marines de ce peintre se caractérisent-elles par la suppression de la démarcation entre terre et mer qu’évoque le Narrateur au sujet d’un tableau d’Elstir représentant le port de Carquethuit ; mais cette caractéristique, qui est celle de l’impressionnisme dans le fond, pourrait tout aussi bien voire mieux encore appartenir à une œuvre de Whistler ou de Monet. Quant au tableau exposé chez le duc de Guermantes qui représente une fête au bord de l’eau, avec les différents reflets miroitant dans la lumière d’un après-midi, il paraît plus proche d’un Manet ou d’un Renoir.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 8pt; font-family: verdana, geneva, sans-serif;">Reste le cas de Madame Elstir, l’épouse du peintre qui est regardée comme un modèle d’élégance par Albertine au point de troubler le Narrateur (en raison de ces robes « qui passaient inaperçues aux yeux de quelqu’un qui n’avait pas le goût sûr et sobre des choses de la toilette ») et qui présente quelques similitudes dans ses apparences avec Madame Helleu, l’épouse du peintre du même nom pour laquelle Proust éprouvait affection et admiration.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 8pt; font-family: verdana, geneva, sans-serif;">Que retenir donc de tout cela ? Il est assez probable que Proust ait pensé à Helleu pour la composition d’Elstir sur certains points ; mais il y a mis bien d’autres éléments, moins identifiables ou plus composites, selon un procédé de synthèse qu’il a également utilisé pour l’élaboration d’autres personnages, à commencer par ces autres figures symboliques, sinon allégoriques, que sont Bergotte et Vinteuil, et avec lesquels Elstir forme une sainte trinité laïque de la création.</span></p>
ivre de livres
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Proust Monde Quand les écrivains étrangers lisent Proust
tag:asautsetagambades.hautetfort.com,2022-10-17:6406766
2022-10-17T09:05:55+02:00
2022-10-17T09:05:55+02:00
Un bon moment de lecture et une déception. Il est rare que je parle des...
<p style="text-align: center;"><img id="media-6394607" style="margin: 0.7em 0;" title="" src="http://asautsetagambades.hautetfort.com/media/01/00/1431559628.jpg" alt="proust" /></p><p><span style="font-family: verdana, geneva, sans-serif; font-size: 14pt;">Un bon moment de lecture et une déception. Il est rare que je parle des livres décevants. <br />Que voulez-vous j’ai déjà tellement lu sur<span style="color: #c92626;"><strong> Proust </strong></span>qu’obligatoirement cela devait arriver.</span></p><p><span style="font-family: verdana, geneva, sans-serif; font-size: 14pt;">Je me débarrasse d’abord de ma déception, j’avais bien aimé les premiers livres de <span style="color: #c92626;"><strong>Charles Dantzig</strong></span>, j’aime son humour, sa curiosité, sa verve.<span class="Apple-converted-space"> </span></span></p><p style="text-align: center;"><img id="media-6394609" style="margin: 0.7em 0;" title="" src="http://asautsetagambades.hautetfort.com/media/02/01/3164708632.jpg" alt="proust" width="380" height="165" /></p><p><span style="font-family: verdana, geneva, sans-serif; font-size: 14pt;">Bon mais là <span style="color: #c92626;"><strong>non </strong></span>! Sa verve se transforme surtout dans 60 premières pages ( quand même !) en un charabias parfois totalement incompréhensible. Je veux bien accepter l’idée que c’est moi qui cale devant des propos trop difficiles à saisir mais quand même !!!!</span></p><p><span style="font-family: verdana, geneva, sans-serif; font-size: 14pt;">Ensuite dans une seconde partie du livre Charles Dantzig passe en revue les personnages de la Recherche non sans y glisser quelques <span style="color: #c92626;"><strong>notes personnelles</strong></span> qui n’ajoutent rien aux propos.<span class="Apple-converted-space"> </span></span></p><p style="text-align: center;"><img id="media-6394610" style="margin: 0.7em 0;" title="" src="http://asautsetagambades.hautetfort.com/media/01/01/3138163857.jpg" alt="proust" /></p><p><span style="font-family: verdana, geneva, sans-serif; font-size: 14pt;">Si vous voulez vous faire une idée juste des <span style="color: #c92626;"><strong>personnages </strong></span>reportez vous aux podcasts de France Culture <a href="https://www.radiofrance.fr/franceculture/podcasts/grande-trav…"><span style="color: #c92626;"><strong>La grand traversée</strong></span> </a>beaucoup plus intéressante ou au livre de <span style="color: #c92626;"><strong>Mathilde Brézet</strong></span> Le grand monde de Proust autrement plus passionnant.</span></p><p style="text-align: center;"><img id="media-6394613" style="margin: 0.7em 0;" title="" src="http://asautsetagambades.hautetfort.com/media/02/00/3797454332.2.png" alt="proust" /></p><p><span style="font-family: verdana, geneva, sans-serif; font-size: 14pt;">Certes il y a quelques fulgurances bienvenues, des <span style="color: #c92626;"><strong>bons mots</strong></span>, des remarques pertinentes mais elles sont perdues au milieu d’un fatras qui part dans tous les sens.<span class="Apple-converted-space"> </span></span></p><p><span style="font-family: verdana, geneva, sans-serif; font-size: 14pt;">Je suis prête à échanger avec vous si vous avez aimé ce livre car moi j’ai calé et je ne l’ai pas terminé.</span></p><p style="text-align: center;"><img id="media-6394614" style="margin: 0.7em 0;" title="" src="http://asautsetagambades.hautetfort.com/media/01/02/1456331180.jpg" alt="proust" width="299" height="378" /></p><p><span style="font-family: verdana, geneva, sans-serif; font-size: 14pt;">Par contre j’ai fait une lecture profitable, intéressante et riche.<span class="Apple-converted-space"> <br /></span></span><span style="font-family: verdana, geneva, sans-serif; font-size: 14pt;">Ce livre <span style="color: #c92626;"><strong>en poche </strong></span>est un petit trésor, on y côtoie les traducteurs de Proust et ses critiques.</span></p><p><span style="font-family: verdana, geneva, sans-serif; font-size: 14pt;">J’ai beaucoup aimé en particulier la première partie : les traducteurs, on rencontre là les anglophones les germanophones, tous exprimant combien il est difficile de traduire La Recherche.<span class="Apple-converted-space"> </span></span></p><p><span style="font-family: verdana, geneva, sans-serif; font-size: 14pt;">Mais en même temps ils expriment toute leur admiration, leur ébahissement parfois, leur surprise devant un texte de cette envergure</span></p><p><span style="font-family: verdana, geneva, sans-serif; font-size: 14pt;">Certains n’ont traduit qu’un morceau de l’oeuvre, d’autres, en particulier les<span style="color: #c92626;"><strong> <a style="color: #c92626;" href="https://proustonomics.com/entretien-avec-kazuyoshi-yoshikawa/">japonais</a></strong></span><a href="https://proustonomics.com/entretien-avec-kazuyoshi-yoshikawa/"><span style="color: #c92626;"> </span></a>ont fait quatre traductions complètes !!!<span class="Apple-converted-space"> </span></span></p><p style="text-align: center;"><a href="https://proustonomics.com/entretien-avec-kazuyoshi-yoshikawa/"><img id="media-6394615" style="margin: 0.7em 0;" title="" src="http://asautsetagambades.hautetfort.com/media/01/00/3894248732.jpg" alt="proust" width="403" height="351" /></a></p><p style="text-align: center;"><span style="color: #c92626; font-size: 12pt;">Le Traducteur le plus récent : Kazuyoshi Yoshikawa</span></p><p><span style="font-family: verdana, geneva, sans-serif; font-size: 14pt;">Ensuite viennent les écrivains, les historiens, les philosophes et là on tape dans le dur<br /></span><span style="font-family: verdana, geneva, sans-serif; font-size: 14pt;">D’Adorno à Curzion Malaparte, Joseph Czapski, Umberto Eco, Joseph Conrad ou Samuel Beckett. <span class="Apple-converted-space"> </span></span></p><p><span style="font-family: verdana, geneva, sans-serif; font-size: 14pt;">Mais il y a des mots touchent particulièrement comme ceux de <span style="color: #c92626;"><strong>Chalamov </strong></span>à qui l’on a volé LE livre</span></p><p><span style="font-family: verdana, geneva, sans-serif; font-size: 14pt;">« <em>Moi un homme de la Kolyma, un zéka, j’avais été transporté dans un monde perdu depuis longtemps vers d’autres habitudes oubliées et inutiles. (…) J’étais heureux de lire Du coté de Guermantes. Je n’allais pas dormir au dortoir ; Proust avait plus de valeur que le sommeil.</em></span><span style="font-size: 14pt; font-family: verdana, geneva, sans-serif;">»</span></p><p><span style="font-family: verdana, geneva, sans-serif; font-size: 14pt;">Ceux de <span style="color: #c92626;"><strong>Jorge Semprun</strong></span> partant pour les camps :</span></p><p><span style="font-family: verdana, geneva, sans-serif; font-size: 14pt;">« <em>J’ai passé ma première nuit de voyage à reconstruire dans ma mémoire le Côté de chez Swann et c’était un excellent exercice d’abstraction.(…) J’ai imaginé ce bruit ferrugineux de la sonnette dans le jardin, les soirs où Swann venait diner. J’ai revu dans ma mémoire les couleurs du vitrail de l’église du village. Et cette haie d’aubépines, Seigneur. Cette haie d’aubépines était aussi mon enfance.</em> »</span></p><p><span style="font-family: verdana, geneva, sans-serif; font-size: 14pt;">L’admiration de <span style="color: #c92626;"><strong>Nabokov </strong></span>:</span></p><p><span style="font-family: verdana, geneva, sans-serif; font-size: 14pt;">« <em>Je ne l’aime pas, je l’adore. J’ai lu deux fois ses douze volumes d’un bout à l’autre</em> »</span></p><p><span style="font-family: verdana, geneva, sans-serif; font-size: 14pt;">Si vous voulez en savoir plus sur la façon dont Proust a marqué son siècle et bien plus, lisez ce livre, vous pourrez le butiner au hasard des pages, rire, vous mettre en colère car il y a aussi des anti-Proust !<span class="Apple-converted-space"> <br />Il va s'ajouter à ma bibliothèque Proustienne.</span></span></p><p><span style="font-family: verdana, geneva, sans-serif; font-size: 14pt;"><span style="color: #c92626;"><strong>Les Livres </strong></span>: <br /></span><span style="font-family: verdana, geneva, sans-serif; font-size: 14pt;">Proust Monde - Quand les écrivains étrangers lisent Proust </span><span style="font-family: verdana, geneva, sans-serif; font-size: 14pt;">Editions Folio classique<br /></span><span style="font-family: verdana, geneva, sans-serif; font-size: 14pt;">Proust Océan - Charles Dantzig - Editions Grasset<span class="Apple-converted-space"> </span></span></p>
Jacques-Emile Miriel
http://jemiriel.hautetfort.com/about.html
Retour sur un essai de Mathilde Brézet
tag:jemiriel.hautetfort.com,2022-04-24:6378294
2022-04-24T13:50:00+02:00
2022-04-24T13:50:00+02:00
Un dictionnaire portatif des personnages de Proust ...
<p> </p><p><span style="font-size: 18pt; color: #333333;"><strong style="font-family: 'Book Antiqua', serif;">Un dictionnaire portatif des personnages de Proust</strong></span></p><p> </p><p> </p><p><span style="font-family: 'Book Antiqua', serif; color: #333333;"><span style="font-size: medium;">Le Prix littéraire Cazes-Brasserie Lipp, du nom de la fameuse brasserie située en plein cœur de Saint-Germain-des-Prés à Paris, vient d’être attribué, pour sa 86<sup>e</sup> édition, <em>ex </em><em>æ</em><em>quo </em>à Mathilde Brézet et Gautier Battistella. C’est l’occasion de revenir sur la première, auteur d’un abondant et délicieux dictionnaire des personnages de Proust. <em>À</em><em> la recherche du temps perdu </em>en contient environ 2500, d’importance variable : Mathilde Brézet en a retenu une centaine, pour nous offrir une promenade très agréable dans l’œuvre du romancier, loin des théories peut-être trop alambiquées de certains universitaires.</span></span></p><p> </p><p><span style="font-family: 'Book Antiqua', serif; color: #333333;"><span style="font-size: medium;">Mathilde Brézet a bien compris que rien n’est plus changeant qu’un personnage de <em>La Recherche</em>, d’un épisode à l’autre, jusqu’à la contradiction même. Le monde proustien n’a rien à voir avec le monde balzacien, par exemple. Mathilde Brézet le souligne : « <em>Faire sentir que ses personnages ne sont pas ceux de Balzac ; faire voir la nouveauté de la construction de leur caractère : parmi d’autres, c’est un souci qui revient constamment dans les éclaircissements que Marcel Proust donne sur son </em><em>œ</em><em>uvre</em>. »</span></span></p><p> </p><p><span style="font-family: 'Book Antiqua', serif; color: #333333;"><span style="font-size: medium;">On retrouvera avec plaisir, au fil de ce dictionnaire, les figures familières qui ont frappé chaque lecteur, au cours de sa lecture ou de ses relectures. On croise évidemment Swann, dont Mathilde Brézet propose une analyse très « <em>carrée</em> », en faisant intervenir, par contraste, la vision du « <em>narrateur </em>» (qui lui aussi aura droit à une belle notice). Cela donne : « <em>Swann est un type intelligent qui a fait l’erreur de prendre la vie au sérieux. La réussite du narrateur sera de savoir s’extraire non pas de la confusion entre l’art et la vie, mais de la vie tout court. </em>»</span></span></p><p> </p><p><span style="font-family: 'Book Antiqua', serif; color: #333333;"><span style="font-size: medium;">L’un de mes volumes préférés du roman a toujours été <em>La </em><em>P</em><em>risonnière</em>, que je relis régulièrement. Il est évoqué à travers le personnage si troublant d’Albertine. Sans insister trop lourdement sur la notion de « <em>claustration </em>», Mathilde Brézet voit cependant la dimension <em>borderline</em> de cet épisode central : « <em>La lecture de </em>La Prisonnière <em>est une plongée dans une très bizarre, très fascinante et très morbide relation. </em>»</span></span></p><p> </p><p><span style="font-family: 'Book Antiqua', serif; color: #333333;"><span style="font-size: medium;">D’autres protagonistes, que nous aimons, passent sous la loupe grossissante de Mathilde Brézet : le peintre Elstir, l’écrivain Bergotte, la Berma, etc., jusqu’à l’extraordinaire femme de chambre de la baronne Putbus : « <em>un mythe se construit, </em>écrit Mathilde Brézet à propos de ce dernier personnage, <em>par accumulation savante de détails sulfureux, et ce fantôme pur fantasme prend la tête du petit peuple érotique que le narrateur emporte dans sa conscience </em>». </span></span></p><p> </p><p><span style="font-family: 'Book Antiqua', serif; color: #333333;"><span style="font-size: medium;">Mathilde Brézet nous propose, en fin de compte, une lecture <em>subjective </em>de <em>La Recherche.</em> Elle s’appuie évidemment quelque peu sur les nombreux travaux scientifiques qui ont été conduits à propos de Proust, mais toujours pour revenir à sa perception personnelle du roman. Elle termine du reste son avant-propos par cette affirmation très significative : « <em>Proust l’a dit une fois pour toutes : tout lecteur est, quand il lit, lecteur de lui-même. </em>» C’est un peu la leçon essentielle de ce <em>Grand </em><em>M</em><em>onde de Proust</em>, leçon qui me rappelle le texte important de Roland Barthes intitulé « Écrire la lecture », dans <em>Le Bruissement de la langue</em>. </span></span></p><p> </p><p> </p><p><span style="font-family: 'Book Antiqua', serif; color: #333333;"><span style="font-size: medium;">Mon souhait serait donc que cette conclusion essentielle du livre de Mathilde Brézet puisse inciter de nombreux lecteurs à se replonger dans Proust, afin de mieux se connaître !</span></span></p><p> </p><p><span style="font-family: 'Book Antiqua', serif; color: #333333;"><span style="font-size: medium;"><strong>Mathilde Brézet, <em>Le Grand </em><em>M</em><em>onde de Proust</em>. Éd. Grasset, 26 €. </strong></span></span></p><p><span style="font-family: 'Book Antiqua', serif; color: #333333;"><span style="font-size: medium;"><strong>À signaler, <em>Essais </em>de Marcel Proust, sous la direction d’Antoine Compagnon. Éd. Gallimard, « Bibliothèque de la Pléiade », 69 €.</strong></span></span></p>
nauher
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A méditer
tag:off-shore.hautetfort.com,2021-05-30:6319081
2021-05-30T19:27:35+02:00
2021-05-30T19:27:35+02:00
"En partie, la moyenne de l'humanité exerçant des professions tracées...
<p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 14pt; font-family: arial, helvetica, sans-serif;">"En partie, la moyenne de l'humanité exerçant des professions tracées d'avance, rejoint par son manque d'intuition l'ignorance que ma grand-mère devait à son haut désintéressement"</span></p><p><span style="font-size: 14pt; font-family: arial, helvetica, sans-serif;"> <strong>Marcel Proust, Le Côté de Guermantes, I</strong></span></p>
Le Bouquineur
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Maxime Decout : Eloge du mauvais lecteur
tag:lebouquineur.hautetfort.com,2021-04-16:6309571
2021-04-16T07:00:00+02:00
2021-04-16T07:00:00+02:00
Maxime Decout, né en 1979, est un universitaire et essayiste français. Il...
<p><img id="media-6247507" style="float: left; margin: 0.2em 1.4em 0.7em 0;" title="" src="http://lebouquineur.hautetfort.com/media/00/01/2516294159.jpg" alt="Maxime Decout, Montaigne, Sterne, Proust, Barthes " />Maxime Decout, né en 1979, est un universitaire et essayiste français. Il est membre junior de l'Institut universitaire de France. Après un bac S et une formation en CPGE au Lycée Champollion de Grenoble, il rejoint l'Ecole Nationale Vétérinaire de Lyon. Après son doctorat en médecine vétérinaire, il passe le CAPES (2004) puis l'agrégation (2005), en parallèle de son master de lettres modernes à Lyon 3 et de son poste de vétérinaire remplaçant. Il est désormais (2019) professeur, habilité à diriger des recherches, à l'université d'Aix-Marseille et membre de l’Institut Universitaire de France. <em>Eloge du mauvais lecteur</em>, son nouvel essai, vient de paraître.</p><p>Qu’on s’interroge sur la manière de bien lire semble une question allant de soi, qu’on consacre un essai au « mauvais lecteur », c'est-à-dire se demander comment mal lire est moins évident et interloque. C’est néanmoins le sujet de cet ouvrage de Maxime Decout.</p><p>L’auteur va développer son propos en déroulant l’histoire de la lecture, des premiers textes avant l’invention du codex qui induisaient une manière de lire bien différente de celle que nous connaissons désormais, puis en s’appuyant sur de très nombreux exemples tirés de la littérature mondiale. La lecture n’est pas une activité une et unique, très simple à vérifier ne serait-ce que par les billets de nos blogs : tel lecteur voit telle ou telle chose dans un livre, quand un autre voit tout autre chose et parfois même son contraire ! Qui a raison et allons plus loin, est-ce que l’un des deux a tort ? Lire c’est s’investir dans un ouvrage de multiples façons : une lecture naïve, simple et presque enfantine, ou bien en s’identifiant complètement avec le texte, ou bien encore en rédigeant en parallèle mental une chronique pour un blog….etc. On peut donc mal lire un bouquin selon la part de soi qu’on y place. Mais est-ce que mal lire est un défaut ? Non, répond l’auteur, car « le grand mérite du mauvais lecteur est d’empêcher de figer la lecture ». Et si j’ai bien compris ( ?) la morale finale de cet essai, bon ou mauvais lecteur, aucune importance puisqu’il serait impossible de faire la différence entre l’un et l’autre qui ont tous deux mérites et défauts. </p><p>Un essai passionnant et qui le serait plus encore pour moi, si j’avais compris tout ce que dit Maxime Decout ! Hélas ! Beaucoup de passages m’ont paru abscons, soit dans la formulation, soit dans les exemples littéraires cités car je n’avais pas lu ces livres ou que l’intrigue ne m’était pas assez restée en mémoire. Heureusement, il reste quelques passages très intéressants comme son analyse des romans policiers et de leur lecture, ou bien son interrogation sur le roman américain, « quel est ce genre dont il est question ? (…) « flottant et mal circonscrit ».</p><p>Enfin, on aura la satisfaction et même le soulagement de vérifier par des exemples fournis par les plus grands romanciers, qu’il n’est pas grave de sauter des pages dans la lecture des classiques de la littérature, « Montaigne, Sterne, Proust, Barthes : tous vous donnent, à leur manière et en formulant diverses clauses restrictives, l’autorisation de vous promener à votre gré, sur les chapeaux de roues ou à pas comptés, de rebrousser chemin, de ricocher çà et là, d’escamoter gaillardement des passages » Ce qu’on taisait honteusement n’était donc pas un péché, ouf !</p><p>Donc un bouquin aussi intéressant et passionnant – car troublant par son approche - qu’il est difficile à lire et comprendre. Pour moi bien entendu.</p><p> </p><p>« Il faut toutefois clarifier ceci : contrairement à ce qu’on pourrait supposer le Lecteur Modèle n’est pas toujours un lecteur idéal ; et le mauvais lecteur n’est pas systématiquement l’antithèse du Lecteur Modèle. En effet, le texte peut parfois élaborer un dispositif qui vous change en mauvais lecteur, en particulier dans les polars et les récits imposteurs qui ont besoin que vous tombiez dans leurs pièges. Astucieuses et roublardes, ces œuvres vous contraignent à mal les lire afin de vous surprendre. Le mauvais lecteur est ainsi exigé par le texte, celui qui contourne les guets-apens du livre, celui qui est un Sherlock Holmes des textes, n’est pas le bienvenu parce qu’il ruine les effets de l’œuvre alors qu’ils sont essentiels à son fonctionnement. »</p><p> </p><p><img id="media-6247508" style="float: left; margin: 0.2em 1.4em 0.7em 0;" title="" src="http://lebouquineur.hautetfort.com/media/00/02/4014756248.jpg" alt="Maxime Decout, Montaigne, Sterne, Proust, Barthes " />Maxime Decout <em>Eloge du mauvais lecteur</em> Les Editions de Minuit – 146 pages –</p>
Littérature de partout
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Pierre Silvain, Le Côté de Malbec
tag:litteraturedepartout.hautetfort.com,2020-01-21:6205829
2020-01-21T05:00:00+01:00
2020-01-21T05:00:00+01:00
Longtemps, à Combray, l’enfant avait fait ses délices de la crème dans...
<p style="text-align: center;"><img id="media-6079526" style="margin: 0.7em 0;" title="" src="http://litteraturedepartout.hautetfort.com/media/00/00/3957681144.jpg" alt="6a00d8345238fe69e20120a69f32cb970c-100wi.jpg" /></p><p style="font-size: medium; font-family: Calibri, sans-serif; color: #000000; padding-left: 120px;"><span style="font-size: 14pt; font-family: Baskerville, serif;">Longtemps, à Combray, l’enfant avait fait ses délices de la crème dans laquelle le père écrasait des fraises jusqu’à obtenir un certain ton de rose qui devait rester plus tard pour le Narrateur la couleur du plaisir, être celle du désir et du tourment amoureux. De Cabourg, où il terminait <em>Du côté de chez Swann</em>, Proust écrivait à Louise de Mornand qu’il avait rencontré sur la digue, « par un soir ravissant et rose », l’actrice Lucy Gérard dont la robe rose, à mesure qu’elle s’éloignait, se confondait avec l’horizon (ajoutant que, pour s’être attardé à la regarder, il était rentré enrhumé). Quand j’allais à la <em>Ferme</em> en fin de journée acheter des cœurs à la crème, ce n’était pas en pensant à l’épisode des fraises écrasées. Comme je n’avais pas lu la <em>Recherche</em>, je ne savais rien non plus du rose que le soleil levant mettait sur la figure de la petite marchande de café au lait, du rose de l’aubépine du jardin de Tansonville, j’ignorais qu’un tissu rose doublait la robe de Fortuny, que le Narrateur avait offerte à Albertine pour la tenir à sa merci.</span></p><p style="font-size: medium; font-family: Calibri, sans-serif; color: #000000; padding-left: 120px;"><span style="font-size: 14pt; font-family: Baskerville, serif;"> </span></p><p style="font-size: medium; font-family: Calibri, sans-serif; color: #000000; padding-left: 120px;"><span style="font-size: 14pt; font-family: Baskerville, serif; color: #0000ff;">Pierre Silvain, <em>Le Côté de Malbec</em>, L’escampette, 2003, p. 92-93. <span style="color: #ff0000;">Photo T. H.</span></span></p>
Le Uhlan
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A propos du charme de Modiano
tag:leuhlan.hautetfort.com,2019-06-27:6405444
2019-06-27T13:47:00+02:00
2019-06-27T13:47:00+02:00
Modiano charme par son rapport au temps, fait de nostalgie et de regret,...
<p style="text-align: justify;"><span style="font-family: verdana, geneva, sans-serif; font-size: 8pt;">Modiano charme par son rapport au temps, fait de nostalgie et de regret, qui, nonobstant la question de la double identité, est plus universel que particulier dans le fond. L’origine de son succès et même de son statut – certes pas usurpé, mais quelque peu gonflé – de classique contemporain ne s’explique pas autrement. D’autant que sa sensibilité délicate et névrotique à la fois s’exprime dans un style simple, presque naïf, pour ne pas dire sans relief, au contraire de celui de Balzac ou de Proust, qui ont donné de plus belles pages sur l’irréversibilité ou la fuite du temps.</span></p>
ivre de livres
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Sept conférences sur Marcel Proust - Bernard de Fallois
tag:asautsetagambades.hautetfort.com,2019-06-23:6142872
2019-06-23T03:14:00+02:00
2019-06-23T03:14:00+02:00
Bernard de Fallois était surnommé au dire de Pierre Assouline « le...
<p><span style="font-family: verdana, geneva, sans-serif; font-size: 14pt;">Bernard de Fallois était surnommé au dire de <span style="color: #d12a2a;"><strong>Pierre Assouline</strong></span> « le proustien capital ». C’est pour moi une quasi obligation de le lire.<span class="Apple-converted-space"> </span></span></p><p style="text-align: center;"><img id="media-5977148" style="margin: 0.7em 0;" title="" src="http://asautsetagambades.hautetfort.com/media/01/00/622833047.jpg" alt="marcel.jpg" /></p><p><span style="font-family: verdana, geneva, sans-serif; font-size: 14pt;">Le livre est composé des conférences <span style="color: #d12a2a;"><strong>thématiques</strong></span> et pas du tout chronologiques que l’auteur a tenu il y a ….<span class="Apple-converted-space"> <br /></span></span><span style="font-family: verdana, geneva, sans-serif; font-size: 14pt;">Vous allez me dire : mais alors pour s'y intéresser il faut avoir lu toute la Recherche ? Oui et non.<span class="Apple-converted-space"> <br /></span>Si vous n’en avez lu qu’une partie cela éclairera votre lecture future, pour les autres c’est une façon aussi de découvrir des aspects que l’on a raté ou apprécier autrement certains passages, bien sûr pour s’interroger et ... ouvrir aussitôt la <span style="color: #d12a2a;"><strong>Recherche</strong></span>.</span></p><p><span style="font-family: verdana, geneva, sans-serif; font-size: 14pt;">Les thèmes du conférencier : <span class="Apple-converted-space"> <br /></span>Quelle est la nature du comique dans la Recherche : chère Madame Verdurin !</span><br /><span style="font-family: verdana, geneva, sans-serif; font-size: 14pt;">Proust pour ou contre l’amour ? Ou l’<span style="color: #d12a2a;"><strong>oeuvre d’art</strong></span> peut-elle vaincre la mort ?<span class="Apple-converted-space"> <br /></span>Proust face à Balzac ou Chateaubriand (lectrice de Chateaubriand et de Balzac j’ai particulièrement aimé ce chapitre.) J’ai aimé les comparaisons de l’auteur avec <a href="http://asautsetagambades.hautetfort.com/archive/2016/05/31/le-monde-de-balzac-5809033.html"><span style="color: #d12a2a;"><strong>La Comédie humaine</strong></span></a> et les personnages de Balzac.</span></p><p style="text-align: center;"><img id="media-5977146" style="margin: 0.7em 0;" title="" src="http://asautsetagambades.hautetfort.com/media/01/01/3208616402.jpg" alt="on revient de loin.jpg" width="399" height="262" /></p><p style="text-align: center;"><strong><span style="font-size: 10pt; color: #d12a2a;">On revient de loin quand même !</span></strong></p><p><span style="font-family: verdana, geneva, sans-serif; font-size: 14pt;">Mais aussi : La vie de Proust est-elle si intéressante que cela ?<span class="Apple-converted-space"> </span>Je dois dire que j’ai eu le sourire tout au long et que j’ai aperçu le clin d’oeil du conférencier.</span><br /><span style="font-family: verdana, geneva, sans-serif; font-size: 14pt;">Comment Proust a-t-il composé son roman ? si vous êtes un écrivain en herbe n’espérez pas y trouver une <span style="color: #d12a2a;"><strong>recette</strong></span> <br /></span><span style="font-family: verdana, geneva, sans-serif; font-size: 14pt;">Qu’est-ce qu’un personnage proustien ? ( Il y en a <span style="color: #d12a2a;"><strong>800</strong></span> quand même !) et les personnages de Proust ont-ils vieilli ?<span class="Apple-converted-space"> </span>Ça je vous laisse deviner</span></p><p style="text-align: center;"><a href="http://www.hicsum-hicmaneo.com/article-proust-encore-98390367.html"><img id="media-5977139" style="margin: 0.7em 0;" title="" src="http://asautsetagambades.hautetfort.com/media/00/00/2494908178.jpg" alt="tag.jpg" /></a></p><p><span style="font-family: verdana, geneva, sans-serif; font-size: 14pt;"><span style="color: #cc1f1f;"><strong>B de Fallois</strong></span> nous invite à prendre du recul, à regarder cette fichue cathédrale (ça c’est Proust qui le dit) de plus loin pour mieux la voir, pour apercevoir certaines formes invisibles de près. Pour voir aussi comment tout ça tient ensemble.</span><br /><span style="font-family: verdana, geneva, sans-serif; font-size: 14pt;">Ici pas de glose universitaire, pas d’analyse philosophico machin à la Enthoven, non simplement sept thèmes déclinés qui nous font découvrir l’extraordinaire originalité de l’oeuvre.</span><br /><span style="font-family: verdana, geneva, sans-serif; font-size: 14pt;">J’ai eu plutôt l’impression d’entendre une causerie (suggestion : en faire un livre audio) avec l’envie de poser une question parfois. Le langage est à la portée de tous ce qui dénote le <span style="color: #cc1f1f;"><strong>brio</strong> </span>du conférencier et la maitrise totale de son sujet.</span></p><p style="text-align: center;"><img id="media-5977138" style="margin: 0.7em 0;" title="" src="http://asautsetagambades.hautetfort.com/media/01/00/1030358489.jpg" alt="jean-santeuil-9782070761852_0.jpg" width="272" height="272" /></p><p><span style="font-family: verdana, geneva, sans-serif; font-size: 14pt;">De Fallois est d’une <span style="color: #cc1f1f;"><strong>ironie</strong></span> mordante envers ceux qui ont cru un jour « <em>être débarrassé de Proust</em> » ( voilà une raison de plus pour moi de ne pas aimer Sartre)</span><br /><span style="font-family: verdana, geneva, sans-serif; font-size: 14pt;">Une étude rajoutée : <span style="color: #d12a2a;"><strong>Lecteurs de Proust</strong></span> étude qui fait le point sur l’accueil, le passage à vide et la redécouverte de l’oeuvre.</span><br /><span style="font-family: verdana, geneva, sans-serif; font-size: 14pt;">Bernard de Fallois a été celui qui a édité <span style="color: #d12a2a;"><strong>Jean Santeuil</strong></span> et le Contre Sainte-Beuve, qui à l’époque dormaient dans un garde-meubles, il est aussi celui qui a fait entrer la Recherche au <span style="color: #d12a2a;"><strong>Livre de Poche</strong></span>. Joli CV non ? </span></p><p style="text-align: center;"><img id="media-5977135" style="margin: 0.7em 0;" title="" src="http://asautsetagambades.hautetfort.com/media/00/00/3779320902.jpg" alt="de fallois.jpg" width="271" height="285" /></p><p><span style="font-family: verdana, geneva, sans-serif; font-size: 14pt;">Une <span style="color: #d12a2a;"><strong>leçon</strong></span> de lecture faite par un passeur et un guide incomparable. Jamais le lecteur ne se sent exclu par un savant qui tente de vous en mettre plein la vue avec <span style="color: #cc1f1f;"><strong>SON</strong> </span>savoir sur Proust. Il a une forme d’humilité qui le rend fort sympathique et parfaitement lisible.</span><br /><span style="font-family: verdana, geneva, sans-serif; font-size: 14pt;">Bernard de Fallois n’hésite pas à insérer beaucoup d’<span style="color: #d12a2a;"><strong>extraits</strong></span> de la Recherche à l’appui de ses arguments.</span><br /><span style="font-family: verdana, geneva, sans-serif; font-size: 14pt;">Ce volume vient compléter L’Introduction à la Recherche qui a été publiée il y a quelques mois. Ce qui est certain c’est qu’après ces sept conférences je lirai cette Introduction.<span class="Apple-converted-space"> </span></span></p><p> </p><p><span style="font-family: verdana, geneva, sans-serif; font-size: 14pt;">En bonne admiratrice et lectrice de la <span style="color: #d12a2a;"><strong>Recherche</strong></span> j’ai déjà quelques livres dans ma bibliothèque, certains m’enchantent ( <a href="http://asautsetagambades.hautetfort.com/archive/2011/10/16/la-colombe-poignardee-pietro-citati.html"><span style="color: #d12a2a;"><strong>Citati</strong></span></a> et sa colombe ou la bio de Maurois )<span class="Apple-converted-space"> </span>d’autres m’ont déçu (le dico d’Enthoven par exemple)<span class="Apple-converted-space"> <br /><br /></span>Pour que j’ajoute ce livre là sur mes rayons il a fallu qu’il soit très très <span style="color: #d12a2a;"><strong>convainquant</strong></span>.</span></p><p style="text-align: center;"><img id="media-6004644" style="margin: 0.7em 0;" title="" src="http://asautsetagambades.hautetfort.com/media/00/01/1244367725.JPG" alt="proust" width="289" height="409" /></p><p><span style="font-family: verdana, geneva, sans-serif; font-size: 14pt;"><span style="color: #d12a2a;"><strong>Le livre</strong> </span>: Sept conférences sur Marcel Proust - Bernard de Fallois - Editions de Fallois</span></p>
Jacques-Emile Miriel
http://jemiriel.hautetfort.com/about.html
Deux conseils de lecture
tag:jemiriel.hautetfort.com,2019-05-09:6149609
2019-05-09T08:12:00+02:00
2019-05-09T08:12:00+02:00
1° Thierry Laget, Proust, prix Goncourt. Une émeute...
<p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 12pt;"> 1° Thierry Laget, <em>Proust, prix Goncourt. </em>Une émeute littéraire. Éd. Gallimard, 19,50 €. Le mercredi 10 décembre 1919, Marcel Proust reçoit le prix Goncourt pour <em>À l'ombre des jeunes filles en fleurs</em>. Dans cet essai d'histoire littéraire, Thierry Laget nous conte par le menu cet événement qui eut son importance dans la vie de Proust. Il est deux heures de l'après-midi à peu près, et l'auteur d'<em>À la recherche du temps perdu </em>dort encore. Sa gouvernante Céleste décide de le réveiller. "Monsieur, lui dit-elle, j'ai une grande nouvelle à vous annoncer, qui va sûrement vous faire plaisir... Vous avez le prix Goncourt !" Thierry Laget reproduit la réaction très courte de Proust : "Ah !" Et il commente : "Le laconisme de Proust trahit son émotion ; lui, d'habitude si éloquent, ne parvient à articuler à cet instant-là que la phrase la plus brève de sa vie." Thierry Laget est un spécialiste réputé de Proust. Il avait déjà travaillé sur ce thème du Goncourt de Proust pour sa thèse. Il y revient aujourd'hui, en un livre délicieux, écrit avec finesse, et qui fera rentrer le lecteur au plus près de l'univers proustien. Un régal pour les amateurs.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 12pt;"> 2° Aragon, <em>La Grande Gaîté</em> suivi de <em>Tout ne finit pas par des chansons. </em>Éd. Gallimard, coll.<em> "Poésie</em>/Gallimard". <em>La Grande Gaîté </em>est un recueil de poèmes d'Aragon, publié chez Gallimard en 1929. La tonalité de ces textes est dépressive, comme le confirme dans sa préface Marie-Thérèse Eychart. Nous sommes peu avant la rencontre avec Elsa. Aragon vit avec Nancy Cunard, entre Paris et Venise. Leur relation tient plutôt de l'enfer, et Aragon fait une tentative de suicide. Les poèmes de <em>La Grande Gaîté </em>reflètent cet état d'esprit sinistre. Aragon s'en est expliqué plus tard, en 1973, dans ce parfait petit texte en prose intitulé <em>Tout ne finit pas par des chansons.</em> Cet opuscule poétique d'Aragon revêt donc une importance cruciale, pour ceux qui s'intéressent à son cheminement créatif. Jamais Aragon ne reviendra à des œuvres aussi désespérées, concises dans leur amertume, violentes dans leur désenchantement. La beauté formelle, elle, était toujours là, <em>sous le soleil noir de la mélancolie.</em></span></p>
Alain
http://www.httpsilartetaitconte.com/about.html
Un modèle de Swann
tag:www.httpsilartetaitconte.com,2019-04-29:6146297
2019-04-29T08:08:00+02:00
2019-04-29T08:08:00+02:00
Jacques-Emile Blanche – Portrait de Marcel Proust, 1892, musée...
<p> </p><p style="text-align: center;"><img id="media-5983126" style="margin: 0.7em 0;" title="" src="http://www.httpsilartetaitconte.com/media/00/00/461336817.JPG" alt="peinture, écriture, swann, proust" width="434" height="618" /></p><p align="center"><span style="font-size: 12pt;"><em><span style="font-family: 'Monotype Corsiva'; color: #3366ff;">Jacques-Emile Blanche – Portrait de Marcel Proust, 1892, musée d’Orsay, Paris</span></em></span></p><p align="center"> </p><p align="center"> </p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia, palatino, serif; color: #c0504d; font-size: 14pt;"> Richard Lejeune qui a arrêté de publier depuis quelques mois dans son excellent site <a href="http://egyptomusee.over-blog.com/">ÉGYPTOMUSÉE</a>, se consacre désormais à l’étude de l’œuvre de l’écrivain Marcel Proust. Il se trouve qu’il m’a fait connaître récemment par mail un texte passionnant tiré d’un ouvrage <span style="font-family: 'times new roman', times, serif;"><em>Proust et ses peintres </em></span>publié en 2000 au Pays-Bas sous la direction de Sophie Bertho.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia, palatino, serif; color: #c0504d; font-size: 14pt;"> L’auteur de ce texte se nomme Kazuyoshi Yoshikawa et est Professeur à l’Université de Tokyo. Il étudie depuis plusieurs années l’œuvre de Marcel Proust.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia, palatino, serif; color: #c0504d; font-size: 14pt;"> Selon ce professeur japonais, un banquier fortuné, critique d’art, nommé Charles Ephrussi, aurait directement inspiré le personnage de Swann dans la <span style="font-family: 'times new roman', times, serif;"><em>A la recherche du temps perdu</em></span> de Proust. </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia, palatino, serif; color: #c0504d; font-size: 14pt;"> Cette histoire m’a intéressé. J’ai eu envie de consacrer un article à Charles Ephrussi et au rôle qu’il tient dans le roman. </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia, palatino, serif; font-size: 14pt;"><strong><span style="color: #c0504d;"> L’analyse que je présente, basée sur l’étude du professeur Kazuyoshi Yoshikawa, peut paraître un peu complexe sur l’œuvre de Proust. J’ai fait de mon mieux pour la présenter de façon claire. </span></strong></span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia, palatino, serif; font-size: 14pt;"><strong><span style="color: #c0504d;"> Bonne lecture, peut-être en buvant une tasse de café, à moins que la bière… Richard me fera certainement remarquer et rectifier mes erreurs éventuelles.</span></strong></span></p><p style="text-align: justify;" align="center"> </p><p> </p><p align="center"><span style="font-size: 18pt; font-family: verdana, geneva, sans-serif; color: #660066;"><strong>CHARLES EPHRUSSI</strong> </span></p><p align="center"><span style="font-family: Times;"> </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia, palatino, serif; font-size: 14pt; color: #000000;"> Que vient faire le personnage de Charles Ephrussi dans la <em><span style="font-family: 'times new roman', times, serif;">Recherche</span></em> ? Qui était-il ?</span></p><p style="background: white; text-align: justify;"><span style="font-family: georgia, palatino, serif; font-size: 14pt; color: #000000;"> Charles Ephrussi était un banquier, collectionneur, critique d’art et mécène. Cet amateur de peinture occupait une place importante dans le petit monde des amateurs d’art de la fin du 19ème–début 20ème siècle. Directeur de la « Gazette des Beaux-Arts », il aurait connu Proust dans les salons qu’il fréquentait et aurait initié celui-ci, déjà grand amateur d’art, au monde des Beaux-Arts en lui permettant de publier des articles. Comme collectionneur et critique d’art, Charles Ephrussi fréquentait les peintres contemporains, dont Degas, Manet, Puvis de Chavannes et Renoir dont il possédait plusieurs tableaux dans sa collection.</span></p><p style="background: white; text-align: justify;"> </p><p style="background: white; text-align: justify;"> </p><p style="background: white;" align="center"><strong><span style="font-size: 18pt; color: #660066;">PERSONNAGES DE LA « RECHERCHE » PRÉSENTANT UN LIEN AVEC CHARLES EPHRUSSI</span></strong></p><p style="background: white;"><span style="font-size: 12.0pt; font-family: 'Times New Roman'; color: #222222;"> </span></p><p style="background: white; text-align: justify;"><span style="font-size: 14pt; font-family: georgia, palatino, serif; color: #000000;"> Les deux personnages qui nous intéressent sont présents constamment dans chacun des sept livres de la <span style="font-family: 'times new roman', times, serif;"><em>Recherche</em></span>.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia, palatino, serif; font-size: 14pt; color: #000000;"> ELSTIR : Il s’agit d’un peintre renommé. Il va devenir l’ami de Swann. <span style="background: white;">Ses tableaux trônent dans les plus grands hôtels particuliers du faubourg Saint-Germain dont celui du </span><span style="background: white;">duc de Guermantes</span><span style="background: white;"> qui possède de nombreuses toiles décorant ses salons. </span></span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia, palatino, serif; font-size: 14pt; color: #000000;"><span style="background: white;"> CHARLES SWANN : Il s’agit du deuxième personnage le plus important de la <span style="font-family: 'times new roman', times, serif;"><em>Recherche</em></span>. </span><span style="background: white;">Dandy fortuné, fin connaisseur des arts, il fréquente les plus grandes familles de l’aristocratie parisienne. Il possède un charme ironique qui plaît au narrateur qui se reconnaît un peu en lui.</span></span></p><p style="text-align: justify;"> </p><p style="text-align: justify;"> </p><p align="center"><strong><span style="font-size: 18pt; font-family: verdana, geneva, sans-serif; color: #660066; background: white;">LE CÔTÉ DE GUERMANTES (3<sup>ème</sup> livre de l’œuvre) </span></strong></p><p> </p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia, palatino, serif; font-size: 14pt; color: #000000;"> Toute l’œuvre de Marcel Proust dans la <span style="font-family: 'times new roman', times, serif;"><em>Recherche </em></span>abonde constamment de références picturales.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia, palatino, serif; font-size: 14pt; color: #000000;"> L’étude du professeur Kazuyoshi Yoshikawa s’attache à démontrer le lien qui existe entre le personnage de Swann et le collectionneur Charles Ephrussi. Les extraits du roman qui sont l’objet de cette étude sont pour la plupart situés dans le troisième livre de la <span style="font-family: 'times new roman', times, serif;"><em>Recherche</em></span> : <span style="font-family: 'times new roman', times, serif;"><em>Le Côté de Guermantes</em></span>. </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia, palatino, serif; font-size: 14pt; color: #000000;"> Dans ce livre, un long paragraphe nous intéresse particulièrement : le narrateur, invité à dîner pour la première fois chez le duc de Guermantes, se met à table après avoir admiré les nombreux tableaux d’Elstir que possède les Guermantes. </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia, palatino, serif; font-size: 14pt; color: #000000;"> Avant d’analyser les différents passages de ce texte, et afin de mieux les comprendre et les expliquer, je montre le texte en entier ci-dessous. Voici les paroles que les Guermantes adressent au narrateur :</span></p><p><span style="font-family: Times;"> </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 14pt; font-family: 'times new roman', times, serif; color: #000000;"><em><span style="background: white;">« — Tenez, justement, me dit Mme de Guermantes en attachant sur moi un regard souriant et doux et parce qu’en maîtresse de maison accomplie elle voulait, sur l’artiste qui m’intéressait particulièrement, laisser paraître son savoir et me donner au besoin l’occasion de faire montre du mien, tenez, me dit-elle en agitant légèrement son éventail de plumes tant elle était consciente à ce moment-là qu’elle exerçait pleinement les devoirs de l’hospitalité et, pour ne manquer à aucun, faisant signe aussi qu’on me redonnât des asperges sauce mousseline, tenez, je crois justement que Zola a écrit une étude sur Elstir, ce peintre dont vous avez été regarder quelques tableaux tout à l’heure — les seuls du reste que j’aime de lui, ajouta-t-elle. En réalité, elle détestait la peinture d’Elstir, mais trouvait d’une qualité unique tout ce qui était chez elle. Je demandai à M. de Guermantes s’il savait le nom du monsieur qui figurait en chapeau haut de forme dans le tableau populaire, et que j’avais reconnu pour le même dont les Guermantes possédaient tout à côté le portrait d’apparat, datant à peu près de cette même période où la personnalité d’Elstir n’était pas encore complètement dégagée et s’inspirait un peu de Manet. « Mon Dieu, me répondit-il, je sais que c’est un homme qui n’est pas un inconnu ni un imbécile dans sa spécialité, mais je suis brouillé avec les noms. Je l’ai là sur le bout de la langue, monsieur… monsieur… enfin peu importe, je ne sais plus. Swann vous dirait cela, c’est lui qui a fait acheter ces machines à Mme de Guermantes, qui est toujours trop aimable, qui a toujours trop peur de contrarier si elle refuse quelque chose ; entre nous, je crois qu’il nous a collé des croûtes. Ce que je peux vous dire, c’est que ce monsieur est pour M. Elstir une espèce de Mécène qui l’a lancé, et l’a souvent tiré d’embarras en lui commandant des tableaux. Par reconnaissance — si vous appelez cela de la reconnaissance, ça dépend des goûts — il l’a peint dans cet endroit-là où avec son air endimanché il fait un assez drôle d’effet. Ça peut être un pontife très calé, mais il ignore évidemment dans quelles circonstances on met un chapeau haute forme. Avec le sien, au milieu de toutes ces filles en cheveux, il a l’air d’un petit notaire de province en goguette. Mais dites donc, vous me semblez tout à fait féru de ces tableaux. Si j’avais su ça, je me serais tuyauté pour vous répondre. Du reste, il n’y a pas lieu de se mettre autant martel en tête pour creuser la peinture de M. Elstir que s’il s’agissait de « la Source » d’Ingres ou des « Enfants d’Édouard » de Paul Delaroche. Ce qu’on apprécie là dedans, c’est que c’est finement observé, amusant, parisien, et puis on passe. Il n’y a pas besoin d’être un érudit pour regarder ça. Je sais bien que ce sont de simples pochades, mais je ne trouve pas que ce soit assez travaillé. Swann avait le toupet de vouloir nous faire acheter une « Botte d’Asperges ». Elles sont même restées ici quelques jours. Il n’y avait que cela dans le tableau, une botte d’asperges précisément semblables à celles que vous êtes en train d’avaler. Mais moi je me suis refusé à avaler les asperges de M. Elstir. Il en demandait trois cents francs. Trois cents francs une botte d’asperges ! Un louis, voilà ce que ça vaut, même en primeurs ! Je l’ai trouvée roide. Dès qu’à ces choses-là il ajoute des personnages, cela a un côté canaille, pessimiste, qui me déplaît. Je suis étonné de voir un esprit fin, un cerveau distingué comme vous, aimer cela. »</span></em></span></p><p style="text-align: justify;"> </p><p style="text-align: justify;"> </p><p style="text-align: center;"><strong><span style="font-size: 18pt; font-family: verdana, geneva, sans-serif; color: #660066; background: white;">ANALYSE D’APRÈS L’ÉTUDE DU PROFESSEUR KAZUYOSHI YOSHIKAWA</span></strong></p><p> </p><p> </p><p><span style="font-family: georgia, palatino, serif;"><strong><span style="font-size: 14pt; color: black; background: white;">1. Manet et ses asperges</span></strong></span></p><p> </p><p><img id="media-5983140" style="float: left; margin: 0.2em 1.4em 0.7em 0;" title="" src="http://www.httpsilartetaitconte.com/media/00/00/1665828803.jpg" alt="peinture,swann,proust,manet" width="414" height="346" /></p><p> </p><p> </p><p> </p><p> </p><p> </p><p> </p><p> </p><p> </p><p> </p><p> </p><p><span style="font-size: 12pt;"><em><span style="font-family: 'Monotype Corsiva'; color: #3366ff;">Edouard Manet – Bouquet d’asperges, 1880, Walhaf-Richartz Museum, Cologne</span></em></span></p><p> </p><p> </p><p><img id="media-5983143" style="margin: 0.2em 1.4em 0.7em 0px; float: right;" title="" src="http://www.httpsilartetaitconte.com/media/01/02/2701480364.JPG" alt="peinture,swann,proust, manet" width="419" height="303" /></p><p> </p><p> </p><p> </p><p> </p><p> </p><p> </p><p> </p><p> </p><p> </p><p align="right"><span style="font-size: 12pt;"><em><span style="font-family: 'Monotype Corsiva'; color: #3366ff;">Edouard Manet – L’asperge, 1880, Musée d’Orsay, Paris</span></em></span></p><p style="text-align: justify;"> </p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 14pt; color: #000000;"><em><span style="font-family: Times; background: white;">« Swann avait le toupet de vouloir nous faire acheter une « Botte d’Asperges ». Elles sont même restées ici quelques jours. Il n’y avait que cela dans le tableau, une botte d’asperges précisément semblables à celles que vous êtes en train d’avaler. Mais moi je me suis refusé à avaler les asperges de M. Elstir. Il en demandait trois cents francs. Trois cents francs une botte d’asperges ! Un louis, voilà ce que ça vaut, même en primeurs ! »</span></em></span></p><p style="text-align: justify;"> </p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia, palatino, serif; color: #000000; background: white; font-size: 14pt;"> A la fin de ce long texte, le duc de Guermantes fait une allusion aux asperges. Les lecteurs connaissant l’art reconnaitrons facilement qu’il s’agit du <span style="font-family: 'times new roman', times, serif;"><em>Bouquet d’asperges</em></span> d’Edouard Manet peint en 1880. Proust incite donc le lecteur à deviner que le tableau peint par Elstir fait référence à la toile de Manet. Ainsi il laisse reconnaître dans le personnage d’Elstir, Manet lui-même.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia, palatino, serif; font-size: 14pt; color: #000000;"><span style="background: white;"> Dans cette histoire d’asperges, </span><span style="background: white;">Charles Ephrussi</span><span style="background: white;"> apparaît pour la première fois. Il se trouve que, </span>en 1880, c’est lui qui commande à Manet un tableau représentant une botte d'asperges ; il est si content du tableau qu'au lieu de verser les 800 francs convenus (et non les 300 francs dans le récit de Proust), il envoie 1 000 francs à Manet qui, en remerciement, lui adresse huit jours plus tard une petite toile représentant une seule asperge accompagnée de ce message : « Il en manquait une à votre botte ». Charles Ephrussi fit donc l’acquisition des deux tableaux de Manet représentant des asperges. </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia, palatino, serif; font-size: 14pt; color: #000000;"> Il paraît donc probable que, à la fin du siècle, Proust vit les deux toiles d’asperges chez Ephrussi. Il n’avait plus qu’à insérer le tableau de la botte d’asperges dans son livre <em><span style="font-family: 'times new roman', times, serif;">Le Côté de Guermantes</span></em> et ainsi laisser sous-entendre un lien entre le personnage d’Elstir et le peintre Edouard Manet.</span></p><p style="text-align: justify;"> </p><p style="text-align: justify;"> </p><p><span style="font-family: georgia, palatino, serif; font-size: 14pt;"><strong><span style="background-image: initial; background-position: initial; background-size: initial; background-repeat: initial; background-attachment: initial; background-origin: initial; background-clip: initial;">2. Zola et ses critiques annuelles du Salon</span></strong></span></p><p> </p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 14pt; color: #000000;"><em><span style="font-family: Times; background: white;">« (…) tenez, je crois justement que Zola a écrit une étude sur Elstir, ce peintre dont vous avez été regarder quelques tableaux tout à l’heure. » </span></em></span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia, palatino, serif; color: #000000; background: white; font-size: 14pt;"> La duchesse parlant d’un écrit de Zola sur une étude d’Elstir fait donc référence à la longue critique que Zola dans son compte-rendu du Salon de 1867 fit à Edouard Manet.</span></p><p style="text-align: justify;"> </p><p style="text-align: justify;"> </p><p><span style="font-family: georgia, palatino, serif;"><strong><span style="font-size: 14pt; color: #222222;">3. Les paysages de Claude Monet</span></strong></span></p><p><strong><span style="font-family: Times; color: #222222;"> </span></strong></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia, palatino, serif; font-size: 14pt;"><span style="color: #222222;"> Il apparaît que Proust vit d’autres tableaux chez le collectionneur. Une preuve le démontre : le superbe passage, ci-dessous, qu’il écrivit dans <em><span style="font-family: 'times new roman', times, serif;">Jean Santeuil</span> </em> en 1895 en songeant sans aucun doute à <span style="font-family: 'times new roman', times, serif;"><em>Matinée sur la Seine, près de Giverny </em></span>peint en 1897 par Claude Monet. </span></span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia, palatino, serif; font-size: 14pt;"><span style="color: #222222;"> Ce tableau appartenait lui aussi au tournant du siècle à </span><span style="color: #000000;">Charles Ephrussi</span><span style="color: #222222;">. La note entre parenthèses à la fin du texte du nom de Charles Ephrussi comme propriétaire du tableau démontre bien que Proust l’avait vu.</span></span></p><p><span style="font-size: 14pt; color: #000000;"><em><span style="font-family: Times; background: white;">« (…) </span><span style="font-family: Times; background: white;">voyez le reflet bleu des bois, le reflet bleu du ciel, voyez comme tout se tait, comme l’eau <img id="media-5983148" style="float: left; margin: 0.2em 1.4em 0.7em 0;" title="" src="http://www.httpsilartetaitconte.com/media/02/01/3512080732.jpg" alt="peinture,swann,proust,Monet" width="372" height="323" />écoute le silence des rives, comme tout s’amortit, comme tout est bleu et déjà un peu sombre à l’ombre bleue des bois sur l’eau, tandis qu’au milieu, dans le reflet bleu du ciel, de la lumière persiste encore, en dernier reflet (chez Ch. Ephrussi). » - Jean Santeuil</span></em></span></p><p> </p><p> </p><p> </p><p> </p><p><span style="font-size: 12pt;"><em><span style="font-family: 'Monotype Corsiva'; color: #3366ff;">Claude Monet – Matinée sur la Seine près de Giverny, 1897</span></em></span></p><p> </p><p> </p><p><span style="font-family: georgia, palatino, serif;"><strong><span style="font-size: 14pt; background-image: initial; background-position: initial; background-size: initial; background-repeat: initial; background-attachment: initial; background-origin: initial; background-clip: initial;">4. Les canotiers de Renoir</span></strong></span></p><p> </p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia, palatino, serif; color: #000000; background: white; font-size: 14pt;"> Dans le même paragraphe dans <span style="font-family: 'times new roman', times, serif;"><em>Le côté de Guermantes</em></span>, tandis que le narrateur mange des asperges, il est question dans la conversation d’un autre tableau d’Elstir.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 14pt; color: #000000;"><em><span style="font-family: Times; background: white;">« (…) Je demandai à M. de Guermantes s’il savait le nom du monsieur qui figurait en chapeau haut de forme dans le tableau populaire, et que j’avais reconnu pour le même dont les Guermantes possédaient tout à côté le portrait d’apparat, datant à peu près de cette même période où la personnalité d’Elstir n’était pas encore complètement dégagée et s’inspirait un peu de Manet. » </span></em></span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: Times; color: #000000; background: white;"><span style="font-family: georgia, palatino, serif; font-size: 14pt;"> Et plus loin dans la phrase :</span><span style="font-size: 14pt;"><em> « ce monsieur est pour M. Elstir une espèce de Mécène qui l’a lancé, et l’a souvent tiré d’embarras en lui commandant des tableaux. Par reconnaissance — si vous appelez cela de la reconnaissance, ça dépend des goûts — il l’a peint dans cet endroit-là où avec son air endimanché il fait un assez drôle d’effet. Ça peut être un pontife très calé, mais il ignore évidemment dans quelles circonstances on met un chapeau haute forme. Avec le sien, au milieu de toutes ces filles en cheveux, il a l’air d’un petit notaire de province en goguette. »</em></span></span></p><p><span style="font-family: georgia, palatino, serif; color: #000000; background: white; font-size: 14pt;"> Certains spécialistes de l’art ont cru reconnaître dans ce passage la toile de R
ylepape
http://lactualitedessocialistes.hautetfort.com/about.html
L'auteur qui influence ma vie de chercheur en gestion [Vanessa Serret] Marcel Proust
tag:lactualitedessocialistes.hautetfort.com,2019-04-22:6145139
2019-04-22T22:30:00+02:00
2019-04-22T22:30:00+02:00
<p><iframe width="560" height="315" src="https://www.youtube.com/embed/mHr6e13BXTc" frameborder="0" allow="accelerometer; autoplay; encrypted-media; gyroscope; picture-in-picture" allowfullscreen="allowfullscreen"></iframe></p>
nauher
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Éric Rohmer ou la traversée des apparences
tag:off-shore.hautetfort.com,2018-04-20:2554488
2018-04-20T22:49:30+02:00
2018-04-20T22:49:30+02:00
Eric Rohmer a d'abord écrit avant de filmer. Un roman, en 1946 : Élisabeth...
<p style="text-align: justify;"><span style="font-family: arial,helvetica,sans-serif; font-size: large;">Eric Rohmer a d'abord écrit avant de filmer. Un roman, en 1946 : <em>Élisabeth</em>, qu'il ne voulut pas faire rééditer, la célébrité venue. Il fallut attendre 2007 pour qu'il nous soit accessible, avec un titre légèrement différent, <em>La Maison d'Élisabeth.</em> L'écriture précéda donc l'image mais l'image n'effaça pas l'écriture car son œuvre de cinéaste est d'abord une longue exploration autour des mots. On y parle beaucoup, avec une affectation incroyable, à rebours de cette illusion réaliste où le cinéma se complaît.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: arial,helvetica,sans-serif; font-size: large;">Le cinéma de Rohmer est un <em>phrasé</em>, une <em>diction</em>, qui autoriserait à fermer les yeux, à écouter le film et ce qui se dit pour mieux comprendre que nous sommes alors dans le théâtre du monde. Cette outrance est une manière de nous signifier que le film n'est pas, dans la forme, la vie, qu'il n'y a rien à singer, à imiter, que nous sommes ailleurs, dans l'art, "ce beau mensonge". Et c'est à partir de cette illusion que l'on peut atteindre une forme de vérité. Rohmer <em>trafique</em> la parole, alors même que ses images cherchent une simplicité (ce n'est pas le roi du travelling et des cadrages tordus : il n'a que faire d'une virtuosité tournant à vide) et par ce déplacement subtil qui relègue l'instrument (la caméra) le plus loin possible de sa visibilité, nous nous retrouvons devant des situations qui, justement, nous <em>parlent</em>.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: arial,helvetica,sans-serif; font-size: large;">Ses héros, et ses héroïnes surtout, sont quelconques. Ils sont sans fard. Leur corps n'est pas ce qui nous arrête. Il faut qu'ils se mettent à discuter pour que le spectacle commence. Ceux qui n'aiment pas Rohmer trouvent que ses œuvres sont des minauderies sans fin, un jeu vain, un marivaudage caduque. Mais ce serait n'y voir qu'une comédie légère, un enfantillage pour adultes n'ayant jamais voulu quitter l'adolescence, alors que ne cesse d'être mis en scène la cruauté des relations humaines. L'outrance des inflexions, l'effet parodique (ou quasi) des échanges ne sont que la forme suprême d'un "mentir-vrai" dont nous avons pu, dont nous pouvons encore faire l'expérience lorsque deux êtres (peu importe alors la distribution sexuée) se découvrent, se cherchent, se retrouvent, se déchirent. Rohmer nous dit, plus qu'aucun autre : regardez-vous, et pour cela : écoutez-vous. Amanda Langlet, Anouk Aimé, Béatrice Romand, Marie Rivière, Arielle Dombasle : avec toutes, le cinéaste explore les moyens d'échapper à la sincérité. De même avec les hommes (de Trintignant à Melvil Poupaud en passant par Pascal Greggory). Échapper à la sincérité, non pour être le vainqueur d'un combat de plus, mais parce qu'il s'agit de se protéger, d'amortir la souffrance à venir qui se terre, immanquablement, dans l'ignorance que nous avons de la totalité de l'autre. Ce n'est pas un marivaudage : il n'est pas question qu'à la fin tout finisse au mieux, par le triomphe de l'amour. Le cœur rohmérien n'aura pas tant le loisir de trouver son bonheur que d'expérimenter les inquiétudes nées de l'envie d'être heureux (c'est-à-dire de ne pas l'être, de ne jamais l'être tout à fait).</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: arial,helvetica,sans-serif; font-size: large;">Ceux qui ne l'aiment pas disent aussi que "Rohmer, c'est toujours la même chose", une sorte de variations sur un même thème. Soit. Il n'est pas un faiseur, un Kubrick relevant le défi des genres pour montrer qu'il a plusieurs cordes à son arc. Il fait peut-être le même film, c'est vrai : en quelque sorte, il développe, creuse une question initiale, la seule qui valait à ses yeux. Il en déploie toutes les combinaisons, parce qu'à travers la recherche de celles-ci, il découvre aussi les liens que nos sentiments, toujours les mêmes, nouent avec notre sociabilité, elle changeant avec le temps qui passe. Il n'y a rien de plus profond alors que cette <em>phrase</em> qui continue son chemin en nous, qui nous accompagne jusqu'à la mort (ainsi que l'écrivait Barthes), comme la phrase de Vinteuil fil conducteur de la <em>Recherche</em>. C'est aussi cela, Rohmer : un lieu vers lequel nous tendons et que chaque instant repousse un peu plus loin, sans que jamais il ne disparaisse de notre vue. Et je ne connais pas de cinéaste ayant touché avec cette même tension ce point de douleur et d'étonnement.<br /></span></p>
nauher
http://off-shore.hautetfort.com/about.html
Eugène Boudin, atmosphérique
tag:off-shore.hautetfort.com,2018-03-24:3040836
2018-03-24T22:11:00+01:00
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Eugène Boudin , Plage de Trouville , 1868 En 1853, Flaubert, un...
<p style="text-align: center;"><img id="media-5789888" style="margin: 0.7em 0;" title="" src="http://off-shore.hautetfort.com/media/00/01/2602439766.jpg" alt="eugène boudin,plage de trouville,peinture,impressionnisme,bains de mer,flaubert,proust,elstir,à l'ombre des jeunes filles en fleurs,littérature,paul morand" /></p><p style="text-align: center;">Eugène Boudin<em>, Plage de Trouville</em>, 1868</p><p style="margin-bottom: 0cm; font-style: normal; text-align: center;"> </p><p style="margin-bottom: 0cm; font-style: normal; text-align: justify;"><span style="font-size: large; font-family: arial,helvetica,sans-serif;">En 1853, Flaubert, un jour qu'il contemple une plage normande et ceux qui y sont, écrit à Louise Collet : "Il faut que le genre humain soit devenu complètement imbécile". Le jugement est, comme souvent chez lui, sans appel. Faut-il le mettre sur le compte d'un pressentiment qui finira effectivement par se vérifier, de la horde criarde et brûlée par le soleil se déversant sur des kilomètres de sable ? sur celui d'un dégoût pour la platitude de l'espace lui-même, métaphore d'un esprit embourgeoisé qu'il juge, ce n'est pas nouveau, inepte ? Ou bien sont-ce ces corps à demi nus auxquels il associerait une image de décadence ? Le fait est qu'en ce milieu de siècle le monde se tourne progressivement vers le littoral, dans un mouvement qui doit d'ailleurs beaucoup à la princesse Eugénie. Et Boudin composera de nombreuses toiles sur le sujet, des toiles magnifiques.</span></p><p style="margin-bottom: 0cm; font-style: normal; text-align: justify;"><span style="font-size: large; font-family: arial,helvetica,sans-serif;">Ce peintre n'est pas le plus connu du mouvement impressionniste et si son nom ne faisait pas sourire beaucoup de ceux qui le découvrent, peut-être même serait-il plus encore ignoré. Il y a pourtant un tel charme dans ses œuvres qu'il faut lui rendre justice. Boudin, d'abord, ce sont des ciels, des ciels qui souvent recouvrent une partie majeure du tableau, comme dans celui choisi plus haut. Sur ce plan, thématique, il n'est pas très original et l'impressionnisme les collectionne. Il n'en a pas l'exclusive, certes, mais lui, au contraire de beaucoup d'autres, a su en capter l'essence incertaine, la quasi disparition parfois, la grâce éparpillée, souvent, sans jamais aller jusqu'à la tourmente : le ciel d'orage n'est pas son domaine. Il s'agit d'être léger, de saisir justement cette épaisseur insaisissable de l'air qui nous amène à ne considérer l'espace lointain ni comme une menace, ni comme un <em>fond</em>. Plus qu'aucun autre, il suggère le passage, rappelant la dernière réplique de <em>L'Étranger</em>, dans <em>Le Spleen de Paris</em> écrit par Baudelaire : "J'aime les nuages... les nuages qui passent... là-bas... là-bas... les merveilleux nuages !" Même la relative opacité du ciel de Trouville n'échappe pas à ce principe. C'est un voile qui ne peut pas s'éterniser, une pulvérisation qui attend de disséminer ses reflets rosés, une buée, une vapeur enchanteresse que ne craignent nullement ceux qui s'ébattent dans la Manche, dans la partie gauche du tableau. Le bouillonnement des vagues avec lesquelles ils luttent est beaucoup plus dense, d'une épaisseur d'eau en contact (et donc en frottement) avec le sol. S'il y avait une quelconque inquiétude, elle serait là. Petites taches des corps, noyés dans l'ensemble du tableau, comme s'ils n'étaient qu'un élément très secondaire. Et c'est le cas.</span></p><p style="margin-bottom: 0cm; font-style: normal; text-align: justify;"><span style="font-size: large; font-family: arial,helvetica,sans-serif;">Car la plage, ou plus exactement la grève, est le sujet essentiel. Des hommes et des femmes en villégiature (il serait anachronique de parler de vacanciers) y sont installés. Des tentes de toile ont été montées, préfigurant les petites cabines que l'on trouvera ensuite, plus en arrière, et qui font le charme étrange des côtes de la Mer du Nord, de la Normandie et de la Bretagne <span style="font-size: small;">(1)</span>. Rien, dans les choix vestimentaires, ne laisse présager le lieu. Les robes sont soignées, les costumes de mise. Sans doute sont-ils, les unes et les autres, un peu moins apprêtés mais la distinction demeure. On discourt doucement, nul n'a oublié son éducation. il n'est pas question de jouer ou de courir. Le vent maritime est à peine sensible. Il ne s'agit pas encore d'être dans l'agitation moderne née des congés payés, mais, en quelque sorte, de prolonger, dehors, dans un endroit qui, apparemment, ne s'y prêtait pas, les rites d'une civilité ordinaire et bien comprise. La plage n'est pas encore cette hétérotopie de la liberté factice et de la mise en scène, du corps sculpté et de l'égalitarisme illusoire. Sa jouissance récréative reste l'apanage d'un petit nombre. Boudin peint une caste voluptueuse et tranquille. Le tableau, avec la position un peu lointaine de l'artiste, nous ménage un spectacle quasi silencieux, où les déplacements, les gestes n'enfreignent jamais les limites de la bonne éducation. L'élégance est une seconde nature.</span></p><p style="margin-bottom: 0cm; font-style: normal; text-align: justify;"><span style="font-size: large; font-family: arial,helvetica,sans-serif;">La délicatesse de cette toile émane de l'unité chromatique. </span><span style="font-size: large; font-family: arial,helvetica,sans-serif;">Les taches de rouge sont amorties par la couleur du sable, ce qui donne l'impression que tout se réduit à du bleu, du blanc, du noir, de l'ocre,</span><span style="font-size: large; font-family: arial,helvetica,sans-serif;"> On passe d'un détail à un autre, d'un groupe à un autre sans que l'œil ne soit jamais agressé. Il y a une continuité apaisante, singulière qui nous permet <em>également </em>d'admirer les personnages et d'être une sorte de génie invisible. Cette délicatesse produit un double décalage temporel pour le spectateur. Il est soudain ramené à un univers à la fois désuet, où le désir aristocratique demeure, et familier, puisqu'il a lui aussi connu les joies de la plage. Mais il contemple également une préfiguration proustienne. Certes, Boudin ne fut pas des modèles principaux qui permirent à l'écrivain d'élaborer la figure d'Elstir mais il n'est pas difficile de rapprocher le <em>Port de Carquethuit </em>dont la "puissance (...) tenait peut-être plus de la vision du peintre qu'à un mérite spécial de cette plage". Cette grâce discrète de Boudin prend pour nous une forme toute littéraire et si, comme nous le disions, les discussions sont feutrées, il est peut-être, en quelque conciliabule rapide, le début d'une romance. Boudin peint alors bien plus qu'une scène, qu'un moment balnéaire, une <em>histoire </em>que les règles vestimentaires savent encore, symboliquement, cacher, quand la part du mystère ne recouvre pas, loin s'en faut, celle du mensonge <span style="font-size: small;">(2)</span>. </span></p><p style="margin-bottom: 0cm; font-style: normal; text-align: justify;"><span style="font-size: large; font-family: arial,helvetica,sans-serif;">À ce titre, il est l'impressionniste dont la contemplation provoque l'étrange regret de n'avoir pas connu ce temps, à l'inverse de bien d'autres artistes de ce mouvement, à l'<em>urbanité </em>trop moderne. En regardant ses toiles, on <em>rétrograde </em>; la vitesse décroît. Il repose sans jamais alanguir. Un moment de bonheur...<br /></span></p><p style="margin-bottom: 0cm; font-style: normal; text-align: justify;"> </p><p style="margin-bottom: 0cm; font-style: normal; text-align: justify;"><span style="font-size: large; font-family: arial,helvetica,sans-serif;"><span style="font-size: medium;">(1)Une quasi privatisation de l'espace public diront certains. Mais, on a fait bien mieux depuis, avec les plages avec droit d'entrée, ou interdites au quidam. Pour une fois, laissons cette question de côté.</span></span></p><p style="margin-bottom: 0cm; font-style: normal; text-align: justify;"><span style="font-size: large; font-family: arial,helvetica,sans-serif;"><span style="font-size: medium;">(2)Dans <em>Bains de mer, bains de rêve</em>, publié en 1960, Paul Morand rapporte l'anecdote suivante :</span></span></p><p style="margin-bottom: 0cm; font-style: normal; text-align: justify;"><span style="font-size: large; font-family: arial,helvetica,sans-serif;"><span style="font-size: medium;">"Je me souviens d'une boutade de je ne sais quelle gazette : deux jeunes gens étendus au bord d'une piscine avec deux jeunes filles ; l'un souffle à l'autre : "On les emmène ?" - "Attendons d'abord de les voir habillées". Cela m'avait fait rire, puis réfléchir. Le vêtement en dit long sur l'homme ; nu, il cachera plus jalousement ses secrets. Je vois sous le soleil à pic, une société ténébreuse, et qui ment."<br /></span></span></p><p style="margin-bottom: 0cm; font-style: normal; text-align: justify;"><span style="font-size: large; font-family: arial,helvetica,sans-serif;"> </span><em> </em><em><span style="font-size: medium;"> </span></em></p><p> </p>
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Le Musée imaginaire de Marcel Proust - Eric Karpeles
tag:asautsetagambades.hautetfort.com,2018-03-04:6020508
2018-03-04T04:17:00+01:00
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Je suis allée de ricochet en ricochet, après l' herbier de Marcel...
<p><span style="font-family: verdana, geneva, sans-serif; font-size: 14pt;">Je suis allée de ricochet en ricochet, après l'<span style="color: #c71e1e;"><strong><a style="color: #c71e1e;" href="http://asautsetagambades.hautetfort.com/archive/2018/01/01/l-herbier-de-marcel-proust-dane-mc-dowell-6013082.html">herbier</a> </strong></span>de Marcel Proust, je suis passée à <a href="http://asautsetagambades.hautetfort.com/archive/2018/01/04/un-jour-avec-claude-monet-a-giverny-adrien-goetz-6014038.html"><span style="color: #d12121;"><strong>Monet</strong> </span></a>qui fut un grand inspirateur de l'écrivain, et hasard alors que je venais d'acheter ce livre sur <a href="http://asautsetagambades.hautetfort.com/archive/2018/01/11/hokusai-le-fou-de-dessin-henri-alexis-baatsch-6016142.html"><span style="color: #d12121;"><strong>Hokusai</strong></span></a> je découvrais que la salle à manger du peintre était décorée d'estampes japonaises. </span></p><p><span style="font-family: verdana, geneva, sans-serif; font-size: 14pt;">Retour à la peinture avec ce <span style="color: #d12121;"><strong>musée</strong></span> imaginaire qui n'était plus disponible depuis longtemps et qui vient d'être réédité. </span></p><p style="text-align: center;"><img id="media-5758788" style="margin: 0.7em 0;" title="" src="http://asautsetagambades.hautetfort.com/media/00/01/2060585018.jpg" alt="proust" width="375" height="282" /></p><p><span style="font-family: verdana, geneva, sans-serif; font-size: 14pt;">Pour les lecteurs de Proust, et même sans avoir lu <span style="color: #d12121;"><strong>La Recherche</strong></span> en totalité, on est vite frappé par les pages qui font référence à la musique, à la littérature mais plus encore à la <span style="color: #d12121;"><strong>peinture</strong></span>.</span></p><p><span style="font-family: verdana, geneva, sans-serif; font-size: 14pt;">Il paraissait naturel de composer ce musée imaginaire et pas seulement avec le Petit pan de mur jaune, car Proust ne s'arrête pas à Vermeer.</span></p><p style="text-align: center;"><img id="media-5758775" style="margin: 0.7em 0;" title="" src="http://asautsetagambades.hautetfort.com/media/02/02/67888708.jpg" alt="proust" /></p><p><span style="font-family: verdana, geneva, sans-serif; font-size: 14pt;">La Recherche est littéralement truffée de références picturales. Plus de <span style="color: #d12121;"><strong>200 oeuvres</strong></span> ont été répertoriées par Eric Karpeles.</span></p><p><span style="font-family: verdana, geneva, sans-serif; font-size: 14pt;">Si vous êtes lecteur de Proust vous avez sans doute mémorisé quelques unes de ses comparaisons, de ses métaphores mais je gage que comme moi vous êtes bien incapable de vous rappeler de tout. C'est donc une balade au musée que nous permet l'écrivain et le texte est ainsi mis en valeur, les mots s'appuient sur l'illustration de façon parfaite. </span></p><p style="text-align: center;"> </p><p style="text-align: center;"><img id="media-5758779" style="margin: 0.7em 0;" title="" src="http://asautsetagambades.hautetfort.com/media/01/00/2044640270.png" alt="proust" width="377" height="378" /></p><p><span style="font-size: 12pt;"><em><span style="font-family: verdana, geneva, sans-serif;">« Swann possédait une merveilleuse écharpe orientale, bleue et rose, qu'il avait achetée parce que c'était exactement celle de la Vierge du Magnificat. »</span></em></span></p><p><span style="font-family: verdana, geneva, sans-serif; font-size: 14pt;">Le livre est superbement illustré et à chaque tableau répond le texte de Proust qui lui fait <span style="color: #d12121;"><strong>écho</strong></span>. C'est savoureux de pouvoir lire et voir sur une même page. </span></p><p><span style="font-family: verdana, geneva, sans-serif; font-size: 14pt;">On <span style="color: #d12121;"><strong>s'amuse</strong></span> énormément à vérifier les correspondances entre texte et tableau, on admire et on sourit très souvent car l'ironie et l'humour de Proust sont encore amplifiés par l'image.</span></p><p style="text-align: center;"><img id="media-5758781" style="margin: 0.7em 0;" title="" src="http://asautsetagambades.hautetfort.com/media/00/02/1324928433.jpg" alt="proust" width="300" height="405" /></p><p><span style="font-family: verdana, geneva, sans-serif; font-size: 12pt;">«<em> Je lui dit que c'était Bloch. - Ah oui ce garçon que j'ai vu une fois ici et qui ressemble tellement au portrait de Mahomet II par Bellini</em> »</span></p><p><span style="font-family: verdana, geneva, sans-serif; font-size: 14pt;">Parfois Proust invente des tableaux imaginaires, tels ceux d'<span style="color: #d12121;"><strong>Elstir</strong></span>, Eric Karpeles sait faire appel à ses fines connaissances pour nous proposer un tableau très proche, dans le ton du texte.</span></p><p><span style="font-family: verdana, geneva, sans-serif; font-size: 14pt;">On connait sa passion pour les couleurs, la lumière d'un paysage, les ciels que l'on peut retrouver dans les tableaux.<br /></span><span style="font-family: verdana, geneva, sans-serif; font-size: 14pt;">Ses portraits illustrés par un tableau : personne n'a oublié la <strong><span style="color: #d12121;">Charité de Giotto.</span></strong></span></p><p style="text-align: center;"><img id="media-5758783" style="margin: 0.7em 0;" title="" src="http://asautsetagambades.hautetfort.com/media/02/02/2801569333.jpg" alt="proust" /></p><p>« <span style="font-family: verdana, geneva, sans-serif; font-size: 12pt;"><em>La pauvre Charité de Giotto, comme l'appelait Swann, chargée par Françoise de les "plumer", les avait près d'elle dans une corbeille, son air était douloureux, comme si elle ressentait tous les malheurs de la terre ; et les légères couronnes d'azur qui ceignaient les asperges au-dessus de leurs tuniques de rose étaient finement dessinées, étoile par étoile, comme le sont dans la fresque les fleurs bandées autour du front ou piquées dans la corbeille de la Vertu de Padoue</em></span>. »</p><p><span style="font-size: 14pt;">Et la magnifique comparaison entre Odette et la fille de Jethro dans la fresque de Botticelli : Épisodes de la vie de Moïse</span></p><p style="text-align: center;"><a href="http://utpictura18.univ-montp3.fr/GenerateurNotice.php?numnotice=A6127"><img id="media-5758785" style="margin: 0.7em 0;" title="" src="http://asautsetagambades.hautetfort.com/media/01/00/4237834795.jpg" alt="proust" /></a></p><p><span style="font-family: verdana, geneva, sans-serif; font-size: 14pt;"><em>« <span style="font-size: 12pt;">Elle frappa Swann par sa ressemblance avec cette figure de Zéphora, la fille de Jéthro, qu’on voit dans une fresque de la chapelle Sixtine</span> »</em></span></p><p><span style="font-family: verdana, geneva, sans-serif; font-size: 14pt;">En relisant ainsi les passages de la Recherche j'ai été frappé par l'extraordinaire <span style="color: #d12121;"><strong>culture</strong></span> de Proust, par le nombre des tableaux qu'il connait à une époque où il n'était pas très facile de se procurer des <span style="color: #d12121;"><strong>reproductions</strong> </span>aussi belles et fidèles qu'aujourd'hui.</span></p><p><span style="font-family: verdana, geneva, sans-serif; font-size: 14pt;">J'ai aimé aussi que les emprunts aillent de toiles très très connues comme celles de Botticelli, Véronèse, Titien, Tiepolo, mais aussi à des tableaux de peintres oubliés qui sortent ainsi de la pénombre où le temps les avait plongés.</span></p><p><span style="font-family: verdana, geneva, sans-serif; font-size: 14pt;">Si vous n'êtes pas familier de l'oeuvre de <span style="color: #d12121;"><strong>Proust</strong></span>, comme pour son herbier, c'est une façon simple et attrayante d'y entrer.</span></p><p><span style="font-size: 14pt;">Keisha l'avait lu dans la <span style="color: #d12121;"><strong><a style="color: #d12121;" href="http://enlisantenvoyageant.blogspot.fr/2009/09/le-musee-imaginaire-de-marcel-proust.html">version de 2009 </a></strong></span></span></p><p style="text-align: center;"><img id="media-5758787" style="margin: 0.7em 0;" title="" src="http://asautsetagambades.hautetfort.com/media/01/02/3510413673.JPG" alt="proust" /></p><p><span style="font-family: verdana, geneva, sans-serif; font-size: 14pt;"><span style="color: #d12121;"><strong>Le Livre</strong></span> : Le musée imaginaire de Marcel Proust - Eric Karpeles - Editions Thames et Hudson</span></p>
ivre de livres
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L'Herbier de Marcel Proust - Dane Mc Dowell
tag:asautsetagambades.hautetfort.com,2018-01-04:6013082
2018-01-04T05:08:00+01:00
2018-01-04T05:08:00+01:00
Parmi mes plaisirs il y a la littérature, l'art, la musique et la...
<p><span style="font-family: verdana, geneva, sans-serif; font-size: 14pt;">Parmi mes <span style="color: #d11b1b;"><strong>plaisirs</strong></span> il y a la littérature, l'art, la musique et la nature, alors lorsque deux d'entre eux se marient je ne peux pas résister.</span><span style="font-family: verdana, geneva, sans-serif; font-size: 14pt;">Pour ce premier des quatre billets annoncés place à la littérature et à la botanique réunies.</span></p><p><span style="font-family: verdana, geneva, sans-serif; font-size: 14pt;"><span style="color: #d11b1b;"><span style="color: #000000;">Environ</span><strong> soixante plantes </strong><span style="color: #000000;">ou fleurs sont présentes dans Le roman</span> <span style="color: #000000;">de</span><strong> Marcel Proust</strong></span>, de mémoire je n'aurai été capable d'en citer qu'une dizaine je crois.</span></p><p style="text-align: center;"><img id="media-5746140" style="margin: 0.7em 0;" title="" src="http://asautsetagambades.hautetfort.com/media/02/01/224684009.jpg" alt="114849.jpg" /></p><p><span style="font-family: verdana, geneva, sans-serif; font-size: 14pt;">Toute l'oeuvre de Proust est emplie de <span style="color: #d11b1b;"><strong>parfums</strong></span> qui accompagnent les personnages, les moments, les lieux. Les <span style="color: #000000;">métaphores</span> liées à la botanique sont innombrables. <br /></span><span style="font-family: verdana, geneva, sans-serif; font-size: 14pt;">On peu dire que c'est un comble concernant un homme qui ne pouvait sentir une fleur sans être aussitôt victime d'une<span style="color: #d11b1b;"><strong> crise d'asthme</strong></span> !</span></p><p><span style="font-family: verdana, geneva, sans-serif; font-size: 14pt;"><span style="color: #d11b1b;"><strong>Dane Mc Dowell</strong></span> a eu l'heureuse idée de nous ouvrir les pages de l'herbier de Proust. </span></p><p><span style="font-family: verdana, geneva, sans-serif; font-size: 14pt;">Habilement plutôt que de suivre l'ordre du livre, elle choisit de nommer les fleurs selon des catégories rappelant les mots et les <span style="color: #d11b1b;"><strong>métaphores</strong></span> du roman. </span></p><p style="text-align: center;"><img id="media-5746126" style="margin: 0.7em 0;" title="" src="http://asautsetagambades.hautetfort.com/media/01/01/3126928399.jpg" alt="lys.jpg" /></p><p style="text-align: center;">Les fleurs de l'innocence</p><p><span style="font-family: verdana, geneva, sans-serif; font-size: 14pt;"><em>Les Fleurs de l'Innocence</em> regroupe ces demoiselles qui s'habillent de blanc ou de bleu jusqu'au jaune et au pourpre</span></p><p><span style="font-family: verdana, geneva, sans-serif; font-size: 14pt;">La boule de neige, le <span style="color: #d11b1b;"><strong>nymphéa</strong></span>, l'aubépine, les fleurs de cerisier, de pommier, le camélia ou le gardénia, le myosotis, le lys, la pervenche, le bleuet, la jacinthe ou le volubilis <br /></span><span style="font-family: verdana, geneva, sans-serif; font-size: 14pt;">Le bouton d'or, la jonquille, le coucou, le souci, le blé, la giroflée, la capucine. </span></p><p><span style="font-family: verdana, geneva, sans-serif; font-size: 14pt;">Déjà là j'avais peine à croire que toutes ces fleurs soient nommées, mais si preuve à l'appui, elles sont bien dans<span style="color: #d11b1b;"><strong> La Recherche.</strong></span></span></p><p style="text-align: center;"><img id="media-5746108" style="margin: 0.7em 0;" title="" src="http://asautsetagambades.hautetfort.com/media/00/00/2614691862.jpg" alt="aubépine.jpg" /></p><p><span style="font-size: 12pt;"><em><span style="font-family: verdana, geneva, sans-serif;">« Je leur demandai des nouvelles des fleurs, ces fleurs de l'aubépine pareilles à de gaies jeunes filles étourdies, coquettes et pieuses » </span></em><span style="font-family: verdana, geneva, sans-serif;">A l'ombre des jeunes filles en fleurs</span></span></p><p><span style="font-family: verdana, geneva, sans-serif; font-size: 14pt;">Mais Proust fut, chacun le sait, pendant des années, un homme de<span style="color: #d11b1b;"><strong> salon</strong></span>, alors il y a <em>Les fleurs de salon</em>, celles qui fleurissent sur les tables, dans les boudoirs, les parcs et les <span style="color: #bf1717;"><strong>jardins</strong></span> de ses hôtes. <br /></span><span style="font-family: verdana, geneva, sans-serif; font-size: 14pt;">La rose, l'hortensia, l'ancolie, le <span style="color: #bf1717;"><strong>lilas</strong></span>, la violette, la pensée, l'anémone, l'héliotrope, l'iris, la clématite, la glycine<br /></span><span style="font-family: verdana, geneva, sans-serif; font-size: 14pt;">L'oeillet, le pavot, le fushia, la digitale, le coquelicot…..</span></p><p><span style="font-family: verdana, geneva, sans-serif; font-size: 14pt;">Mais il y en a une que, si vous avez lu<span style="color: #d11b1b;"><strong> Un amour de Swann</strong></span>, vous n'avez pas oublié :<span style="color: #d11b1b;"><strong> le catleya</strong></span>, Dane Mc Dowell conserve l'orthographe choisie par Marcel Proust, une orchidée rare qui rehausse la toilette d'Odette de Crécy. Depuis la fleur symbolise l'amour charnel et <em>faire catleya</em> est dans toutes les mémoires.</span></p><p><span style="font-family: verdana, geneva, sans-serif; font-size: 14pt;">Devinez le nom que Dane Mc Dowell a donné à cette catégorie de fleurs ? Les fleurs du mal voyons ! Petit clin d'oeil à <span style="color: #bf1717;"><strong>Baudelaire</strong></span> que Proust aimait tant. Ajoutez le seringa, la datura et la belladone et quelques fleurs capiteuses.</span></p><p style="text-align: center;"><img id="media-5746115" style="margin: 0.7em 0;" title="" src="http://asautsetagambades.hautetfort.com/media/02/01/1730282670.jpeg" alt="catleya.jpeg" /></p><p><span style="font-family: verdana, geneva, sans-serif; font-size: 12pt;">« <em>Elle tenait à la main un bouquet de catleyas et Swann vit, sous sa fanchon de dentelle, qu'elle avait dans les cheveux des fleurs de cette même orchidée attachée à une aigrette en plume de cygne</em> » Du côté de chez Swann</span></p><p><span style="font-family: verdana, geneva, sans-serif; font-size: 14pt;">Mais l'herbier ne serait pas complet sans les fleurs et <em>L'herbier de la mémoire</em> avec les trois arbres d'Hudimesnil, la ronce, ou le <span style="color: #d11b1b;"><strong>tilleul</strong></span></span></p><p style="text-align: center;"><img id="media-5746117" style="margin: 0.7em 0;" title="" src="http://asautsetagambades.hautetfort.com/media/02/02/309987049.jpg" alt="tilleul.jpg" /></p><p><span style="font-size: 12pt;"><em>« Le dessèchement des tiges les avaient incurvées en un précieux treillage dans les entrelacs duquel s'ouvraient les fleurs pâles, comme si un peintre les eût arrangées, les eût fait poser de la façon la plus ornementale</em> » Du côté de chez Swann</span></p><p><span style="font-family: verdana, geneva, sans-serif; font-size: 14pt;">L' herbier se constitue au fil des pages, Dane Mc Dowell ajoute quelques touches historiques, quelques précisions botaniques. <br /></span><span style="font-family: verdana, geneva, sans-serif; font-size: 14pt;">On<span style="color: #bf1717;"><strong> butine</strong></span>, sans obligation d'ordre aucun, on peut grappiller en fonction de ses propres souvenirs de lecture, ou de ses préférences. </span></p><p><span style="font-family: verdana, geneva, sans-serif; font-size: 14pt;">On savoure toute la <span style="color: #d11b1b;"><strong>poésie</strong> </span>des situations évoquées, les <span style="color: #d11b1b;"><strong>descriptions</strong></span> minutieuses, mais aussi les situations cocasses des personnages en lien avec cette brassée de nature.</span></p><p><span style="font-family: verdana, geneva, sans-serif; font-size: 14pt;">C'est donc une explosion de couleur, de <span style="color: #d11b1b;"><strong>fragrances</strong></span>, de réminiscences qui porte le lecteur de <span style="color: #d11b1b;"><strong>Jean Santeuil</strong></span> aux dernières pages du <span style="color: #d11b1b;"><strong>Temps retrouvé</strong></span></span></p><p style="text-align: center;"><img id="media-5746131" style="margin: 0.7em 0;" title="" src="http://asautsetagambades.hautetfort.com/media/00/00/427329858.jpg" alt="cerisier.jpg" /></p><p><span style="font-family: verdana, geneva, sans-serif; font-size: 14pt;">C'est une promenade <span style="color: #bf1717;"><strong>jouissive</strong></span> dans un jardin splendide. </span></p><p><span style="font-family: verdana, geneva, sans-serif; font-size: 14pt;">Le livre est savant mais avec finesse, l'auteur nous adresse quelques clins d'oeil et ajoute souvent une touche de malice.<br /></span><span style="font-family: verdana, geneva, sans-serif; font-size: 14pt;">C'est un livre qui possède un grand charme grâce à sa superbe présentation et surtout grâce aux <span style="color: #bf1717;"><strong>illustrations</strong></span> de <span style="color: #bf1717;"><strong>Djor</strong></span> qui habillent les pages de somptueuse façon.</span></p><p><span style="font-family: verdana, geneva, sans-serif; font-size: 14pt;">Pour les <span style="color: #bf1717;"><strong>amateurs</strong></span> ce livre va tout naturellement trouver sa place, et pour ceux qui hésitent à se lancer dans la lecture de La Recherche, une lecture longue, tellement longue que <span style="color: #bf1717;"><strong>Robert Proust</strong> </span>disait qu'il fallait s'être cassé une jambe pour en faire la lecture ! ce livre leur fera faire une jolie promenade dans le monde de Marcel Proust.</span></p><p style="text-align: center;"><img id="media-5746098" style="margin: 0.7em 0;" title="" src="http://asautsetagambades.hautetfort.com/media/00/02/2885483017.JPG" alt="DSC_0001.JPG" /> </p><p><span style="font-family: verdana, geneva, sans-serif; font-size: 14pt;"><span style="color: #d11b1b;"><strong>Le livre</strong></span> : L'herbier de Marcel Proust - Dane Mc Dowell - Illustrations de Djor - Editions Flammarion</span></p>
nauher
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Toute une vie à se voir....
tag:off-shore.hautetfort.com,2017-09-25:2629446
2017-09-25T10:23:00+02:00
2017-09-25T10:23:00+02:00
"Il voyagea. Il connut la mélancolie des paquebots, les froids réveils...
<p style="text-align: justify;"><em><span style="font-size: large;"><span style="font-family: arial,helvetica,sans-serif;">"Il voyagea.<br /></span></span><span style="font-family: arial, helvetica, sans-serif; font-size: 14pt;">Il connut la mélancolie des paquebots, les froids réveils sous la tente, l'étourdissement des paysages et des ruines, l'amertume des sympathies interrompues.<br /></span><span style="font-family: arial, helvetica, sans-serif; font-size: 14pt;">Il revint."</span></em><br /><br /></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: large;"><span style="font-family: arial,helvetica,sans-serif;">On aura reconnu le début de l'avant-dernier chapître de <em>L'Education sentimentale</em>, avec son ellipse narrative qui pouvait ravir Proust et sa disposition typographique frappante. Certes, Frédéric Moreau va bientôt revoir Madame Arnoux mais cela ne change rien à l'affaire. Car au delà des effets stylistiques, cette mise en page est aussi une mise en scène, celle d'une perte, et d'un combat pour que celle-ci ne fût pas trop douloureuse. Et Frédéric fait, au moins temporairement, le choix du lointain. Ce n'est peut-être pas briser ses chaînes mais pour le moins les alléger. Flaubert parle d'«étourdissement». Il y a bien, nul n'en doute, une part d'illusion et si l'on considère cette <em>aventure</em> à la lumière d'une autre expérience littéraire, celle de Proust, la mémoire involontaire aura toujours le moyen de surprendre l'être qui a cru pouvoir se préserver de tout. Car la madeleine ou le pavé inégal sont aussi les pièges tendus par la réalité pour nous rappeler à ses <em>bons</em> souvenirs. Le point le plus éloigné de la douleur est toujours, <em>quelque part</em>, un leurre. La mélancolie de Frédéric survient, qui sait ?, de ces <em>moments d'absence</em> qui portent si mal leur nom.</span></span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: large;"><span style="font-family: arial,helvetica,sans-serif;">Mais il appartenait encore un monde où la photographie ne donnait pas l'inquiétant pouvoir de se dupliquer et s'il lui avait fallu emmener dans ses bagages l'objet de son désir il aurait dû, pareil à monsieur de Nemours avec la Princesse de Clèves, lui dérober un quelconque portrait (quoiqu'il ne fût plus quelconque...). Il aurait alors tenu une image figée dans le temps, un simulacre contemporain de sa douleur naissante. Il s'en tint à sa seule mémoire, ce qui n'était pas d'ailleurs une moindre torture.</span></span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: large;"><span style="font-family: arial,helvetica,sans-serif;">Un peu plus d'un siècle après, à l'ère de l'argentique généralisé, l'individu trouvait le moyen de se multiplier : sépia de pose étudiée ou Polaroïd d'une vie prise, croyait-il, <em>sur le vif</em>. Il pouvait alors essaimer son avenir de repères temporels graduant le déroulé de l'amour ou de l'amitié, du temps où ceux-ci étaient une réalité. Il pouvait ensuite recomposer, à ses heures d'infortune (à moins que ce fût le fruit d'une capacité nouvellement acquise de lucidité sur son passé), les multiples avatars d'une histoire désormais achevée. Il lui restait la possibilité, si la souffrance tenue par devers lui ne pouvait être jugulée, de les déchirer et de faire comme si plus rien de ce qui avait été ne subsistait. L'autre était alors dans un <em>ailleurs</em> insondable, seulement altéré par les tensions du hasard. Proust encore.</span></span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: large;"><span style="font-family: arial,helvetica,sans-serif;">Dans une époque à la technologie outrancière, qui voit désormais les individus se mettre en scène par écrans interposés, à l'heure de la <em>convivialité informatique</em> et de l'<em>actualisation de soi</em> sur Facebook et consorts, s'offre aux générations qui arrivent le malheur de voir l'autre ne jamais s'effacer de son paysage, de le contempler, même disparu de son quotidien, dans la régularité de ses évolutions numériques, de voir le regard naguère aimé, le visage jadis adoré, changer, se mouvoir dans un monde <em>dont on n'est plus</em> mais qui ouvre sa petite fenêtre pour accompagner celui/celle qui reste, jusqu'à ce que mort s'ensuive.</span></span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: large;"><span style="font-family: arial,helvetica,sans-serif;">Plus possible alors de s'émerveiller, après tant d'absence, comme le fait Frédéric, devant les cheveux blancs de Marie Arnoux ; plus possible de s'interroger lors d'une rencontre fortuite sur la silhouette qui vient, comme le narrateur de <em>La Recherche</em> retrouvant Gilberte. Fini, tout cela, pour eux : ils ne se seront jamais quittés, seront restés <em>en contact</em>, dupes de n'avoir pas su «garde(r) la forme et l'essence divine/De (leurs) amours décomposés».</span></span></p><p style="text-align: justify;"> </p>
Zed
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Intra muros...
tag:metapoinfos.hautetfort.com,2017-09-15:5978533
2017-09-15T16:00:00+02:00
2017-09-15T16:00:00+02:00
Les éditions Via Romana viennent de publier le journal de prison de...
<p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">Les éditions Via Romana viennent de publier le journal de prison de <strong>Pierre-Antoine Cousteau</strong> sous le titre <em><strong>Intra muros</strong></em>. Journaliste, plume de Je suis partout depuis les débuts du journal et ami de <strong>Lucien Rebatet</strong>, Pierre-Antoine Cousteau a cosigné avec lui <em><strong>Dialogues de vaincus </strong></em>(Berg international, 1999), tirés des échanges qu'ils ont eu au cours de leurs huit années de captivité, après leur condamnation pour faits de collaboration.</span></p><p> </p><p style="text-align: center;"><img id="media-5684975" style="margin: 0.7em 0;" title="" src="http://metapoinfos.hautetfort.com/media/02/02/1312949824.jpg" alt="Cousteau_Intra muros.jpg" /></p><blockquote><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">" Incarcéré à Fresnes le 12 janvier 1946, Pierre-Antoine Cousteau ne retrouve la liberté que le 18 juillet 1953, et son premier acte d'homme libre est d'aller fleurir la tombe de sa maman disparue, à Saint-Andréde-Cubzac. Mais quelle est donc sa vie de captif, durant ces 17 mois à Fresnes dont 141 jours aux chaînes, et 7 ans à Clairvaux et Eysses ? Le journal inédit publié ici, soixante ans après sa mort prématurée à 52 ans de suites d'un cancer lié à sa détention, dévoile le rude quotidien du journaliste et de ses compagnons d'infortune, resté droit dans ses bottes et attentif au monde extérieur. Devenu l'intime de Lucien Rebatet, l'ancien rédacteur en chef de Je suis partout lit et écrit. Il lit énormément et exprime son bonheur à découvrir Proust, Rivarol, Aymé, Wilde, Shaw, Huxley, Nietzsche, France, Dostoïevski, Machiavel, Hemingway, Anouilh, Laurent, Mohrt, Koestler, etc., et écrit plus encore, « il écrit plus librement qu'il n'eût pu le faire en homme libre » : ses réflexions devant la mort, Dieu, les religions, la démocratie, la poésie, la littérature, le bagne, la fidélité à ses engagements, et son pessimisme souriant se retrouvent aussi en des pensées et aphorismes où se concentre son regard sur la vie. Il écrit ce qu'il est. Le résultat, outre ses lettres à son épouse Fernande et à son frère le célèbre commandant Cousteau, c'est ce journal, Intra muros, qui n'est de fait pas un journal comme les autres mais une chronique de huit ans d'éditoriaux du plus haut intérêt. Une comédie humaine sans concession pour ses contemporains, juges, politiques, écrivains et journalistes, acteurs ou témoins de l'effondrement de l'Occident moderne. "</span></p></blockquote>
Houdaer
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Forest sur Céline
tag:houdaer.hautetfort.com,2017-06-17:5952486
2017-06-17T07:51:00+02:00
2017-06-17T07:51:00+02:00
"Je vous prouverai quand vous voudrez l’existence de Dieu à l’envers."...
<p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 14pt;"><em>"Je vous prouverai quand vous voudrez l’existence de Dieu à l’envers."</em> </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 14pt;">Céline, "Féerie pour une autre fois"</span></p><p><iframe width="560" height="315" src="https://www.youtube.com/embed/C-PFs0qORR0" frameborder="0" allowfullscreen="allowfullscreen"></iframe></p><p> </p>
ivre de livres
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Peinture et littérature
tag:asautsetagambades.hautetfort.com,2017-05-27:5940209
2017-05-27T04:12:00+02:00
2017-05-27T04:12:00+02:00
Quand un tableau est à la fois peinture et littérature ...
<p><span style="font-family: verdana, geneva, sans-serif; font-size: 14pt;">Quand un tableau est à la fois <span style="color: #e85415;"><strong>peinture</strong></span> et <span style="color: #e85415;"><strong>littérature </strong></span></span></p><p style="text-align: center;"><a href="http://asautsetagambades.hautetfort.com/media/01/00/240923771.jpg" target="_blank"><img id="media-5618027" style="margin: 0.7em 0;" title="" src="http://asautsetagambades.hautetfort.com/media/01/00/404815350.jpg" alt="proust,vermeer" /></a></p><p><span style="font-family: verdana, geneva, sans-serif; font-size: 14pt;">« <em>Il ne suffit pas de regarder pour voir. Proust le savait, lui qui avait remarqué que le tableau du Mauritshuis de La Haye s’était imprimé dans sa mémoire, non par impression de l’ensemble, mais par ce « <span style="color: #e85415;">petit pan de mur jaune </span>» qu’on aperçoit immédiatement à gauche des tours de la porte de Rotterdam, l’une des deux portes, celle de droite, qui ferme l’enceinte, séparée par un pont sous l’arche duquel l’eau du Zuidkolk pénètre dans la ville et irrigue ses canaux. </em></span></p><p><span style="font-family: verdana, geneva, sans-serif; font-size: 14pt;"><em>A bien le regarder, le « <span style="color: #e85415;">petit pan de mur jaune</span> » n’est pas vraiment jaune, il est plutôt d’or liquéfié, émulsionné sous le coup de soleil, presque dématérialisé par le rayonnement de la lumière.</em> »</span></p><p style="text-align: center;"><a href="http://www.essentialvermeer.com/proust/proust.html#.WQs12VLpNFQ"><img id="media-5618034" style="margin: 0.7em 0;" title="" src="http://asautsetagambades.hautetfort.com/media/00/02/1613227024.jpg" alt="proust,vermeer" /></a></p><p><span style="font-family: verdana, geneva, sans-serif; font-size: 14pt;">« <em>Enfin il fut devant le Ver Meer qu’il se rappelait plus éclatant, plus différent de tout ce qu’il connaissait, mais où, grâce à l’article du critique, il remarqua pour la première fois des petits personnages en bleu, que le sable était rose, et enfin la précieuse matière du tout <span style="color: #e85415;">petit pan de mur jaune.</span> (…) C’est ainsi que j’aurais dû écrire, disait-il. Mes derniers livres sont trop secs, il aurait fallu passer plusieurs couches de couleur, rendre ma phrase en elle-même précieuse, comme ce <span style="color: #e85415;">petit pan de mur jaune</span></em>.»</span></p><p><span style="font-family: verdana, geneva, sans-serif; font-size: 14pt;"> </span></p><p><span style="font-family: verdana, geneva, sans-serif; font-size: 14pt;"><span style="color: #e85415;"><strong>Le livre</strong></span> </span></p><p><span style="font-family: verdana, geneva, sans-serif; font-size: 14pt;"> Vermeer le jour et l’heure - Jacques Darriulat et Raphaël Enthoven - Editions Fayard<br /></span><span style="font-family: verdana, geneva, sans-serif; font-size: 14pt;">La prisonnière - Marcel Proust - Editions Gallimard</span></p><p> </p>
nauher
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Sentinelle...
tag:off-shore.hautetfort.com,2016-06-19:5816660
2016-06-19T00:02:00+02:00
2016-06-19T00:02:00+02:00
Dans la précipitation technologique présente, qui nous alarme, au propre...
<p style="text-align: justify;"><span style="color: #000000; font-family: arial,helvetica,sans-serif; font-size: 14pt;">Dans la précipitation technologique présente, qui nous alarme, au propre comme au figuré, jusqu'à nous rendre désireux de ce que nous n'avons pas sous la main, sous les yeux,<em> à disposition</em>, habitués que nous sommes <em>à voir</em> et à <em>entendre,</em> ad nauseam, sous le mode tactile des écrans, mode du lointain s'il en est, nous avons oublié combien peut être précieux le timbre de la voix qui nous manque, que l'inflexion première nous fait reconnaître, comme de toute éternité. Le téléphone n'est plus qu'un objet pénible et relatif, parce que la vérité est ailleurs, dans cet attachement viscéral qui lie la voix au corps, à la chair, à cette irréductible présence par quoi nous trouvons la paix et le réconfort. </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="color: #000000; font-family: arial,helvetica,sans-serif; font-size: 14pt;">Dans une page magnifique du<em> Côté de Guermantes</em>, Proust, sans doute parce que l'époque en était encore aux balbutiements de la <em>communication</em>, creuse très bien le sillon trouble des sentiments devant cette facilité technique, dont on croit qu'elle comble nos désirs, alors qu'elle ne fait que les neutraliser. Dans l'extrait qui suit, le narrateur parle pour la première fois à sa grand-mère au téléphone. C'est un mélange poignant d'envie et de perte, d'attention et de sensibilité. C'est une autre personne que le personnage entend, et une autre histoire aussi. Le timbre, les intonations ne sont pas nouveaux, mais leur matière prend d'autres nuances, que l'on voudrait conserver à jamais. Et cette étreinte de la voix, nous pouvons aussi en faire l'expérience quand, dans une direction toute différente, nous essayons de garder dans notre mémoire, dans cette oreille secrète de notre histoire intime, la voix de celui qui est <em>à l'autre bout du fil</em>, qu'on a si souvent entendu et dont on sait qu'il va bientôt mourir.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="color: #000000;"><em><span style="font-family: arial,helvetica,sans-serif; font-size: 14pt;">"Ce jour-là, hélas, à Doncières, le miracle n'eut pas lieu. Quand j'arrivai au bureau de poste, ma grand'mère m'avait déjà demandé ; j'entrai dans la cabine, la ligne était prise, quelqu'un causait qui ne savait pas sans doute qu'il n'y avait personne pour lui répondre car, quand j'amenai à moi le récepteur, ce morceau de bois se mit à parler comme Polichinelle ; je le fis taire, ainsi qu'au guignol, en le remettant à sa place, mais, comme Polichinelle, dès que je le ramenais près de moi, il recommençait son bavardage. Je finis, en désespoir de cause, en raccrochant définitivement le récepteur, par étouffer les convulsions de ce tronçon sonore qui jacassa jusqu'à la dernière seconde et j'allai chercher l'employé qui me dit d'attendre un instant ; puis je parlai, et après quelques instants de silence, tout d'un coup j'entendis cette voix que je croyais à tort connaître si bien, car jusque-là, chaque fois que ma grand'mère avait causé avec moi, ce qu'elle me disait, je l'avais toujours suivi sur la partition ouverte de son visage où les yeux tenaient beaucoup de place ; mais sa voix elle-même, je l'écoutais aujourd'hui pour la première fois. Et parce que cette voix m'apparaissait changée dans ses proportions dès l'instant qu'elle était un tout, et m'arrivait ainsi seule et sans l'accompagnement des traits de la figure, je découvris combien cette voix était douce ; peut-être d'ailleurs ne l'avait-elle jamais été à ce point, car ma grand'mère, me sentant loin et malheureux, croyait pouvoir s'abandonner à l'effusion d'une tendresse que, par « principes » d'éducatrice, elle contenait et cachait d'habitude. Elle était douce, mais aussi comme elle était triste, d'abord à cause de sa douceur même presque décantée, plus que peu de voix humaines ont jamais dû l'être, de toute dureté, de tout élément de résistance aux autres, de tout égoïsme ; fragile à force de délicatesse, elle semblait à tout moment prête à se briser, à expirer en un pur flot de larmes, puis l'ayant seule près de moi, vue sans le masque du visage, j'y remarquais, pour la première fois, les chagrins qui l'avaient fêlée au cours de la vie."</span></em></span></p>
Bruno Chiron
http://www.bla-bla-blog.com/about.html
Joue-la comme Proust
tag:www.bla-bla-blog.com,2016-05-30:5808758
2016-05-30T21:13:00+02:00
2016-05-30T21:13:00+02:00
Une mystérieuse sonate pour violon et piano, la sonate de Vinteuil,...
<p><img src="http://www.bla-bla-blog.com/media/01/02/1841978860.2.jpg" id="media-6109112" alt="" /></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">Une mystérieuse sonate pour violon et piano, la sonate de Vinteuil, rythme l'œuvre de Marcel Proust, <em>À la recherche du Temps perdu</em>. Voici comment l'écrivain en parle : "<em>Le violon était monté à des notes hautes où il restait comme pour une attente, une attente qui se prolongeait sans qu'il cessât de les tenir, dans l'exaltation où il était d'apercevoir déjà l'objet de son attente qui s'approchait, et avec un effort désespéré pour tâcher de durer jusqu'à son arrivée, de l’accueillir avant d'expirer, de lui maintenir encore un moment de toutes ses dernières forces le chemin ouvert pour qu'il pût passer, comme on soutient une porte qui sans cela retomberait. Et avant que Swann eût eu le temps de comprendre, et de se dire : ‘’C'est la petite phrase de la sonate de Vinteuil, n'écoutons pas !’’ tous ses souvenirs du temps où Odette était éprise de lui, et qu’il avait réussi jusqu'à ce jour à maintenir invisibles dans les profondeurs de son être, trompés par ce brusque rayon du temps d'amour qu'ils crurent revenu, s'étaient réveiIlés et, à tire-d'aile, étaient remontés lui chanter éperdument, sans pitié pour son infortune présente, les refrains oubliés du bonheur</em>" (<em>Du Côté de chez Swann</em>). </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">L'exégèse proustienne a consacré de nombreuse pages à cette œuvre musicale imaginaire. Le bloggeur se contentera de faire référence à l'étude d'André Durand, "<em>Le thème de la musique de Vinteuil dans À la recherche du temps perdu</em>’’, disponible sur <a href="http://www.comptoirlitteraire.com/p.html" target="_blank" rel="noopener">www.comptoirlitteraire.com</a>. À l'instar de la petite madeleine de Proust, pour le narrateur de <em>La Recherche</em> l'écoute de cette sonate fait revenir le passé vers le présent, grâce au plaisir sonore et – contrairement à la madeleine ou à la tasse de thé – à "<em>une entité toute spirituelle</em>" (Gilles Deleuze, <em>Proust et les signes</em>).</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">La Sonate de Vinteuil est donc une œuvre imaginaire. Cependant, Marcel Proust, amateur de musique et pianiste lui-même, n'a pas imaginé ex-nihilo cette pièce. Il la décrit avec précision : "<em>Au-dessous de la petite ligne du violon, mince, résistante, dense et directrice, il avait vu tout d'un coup chercher à s'élever en un clapotement liquide, la masse de la partie de piano, multiforme, indivise, plane et entrechoquée comme la mauve agitation des flots que charme et bémolise le clair de lune... il avait distingué nettement une phrase s'élevant pendant quelques instants au-dessus des ondes sonores. Elle lui avait proposé aussitôt des voluptés particulières, dont il n'avait jamais eu l'idée avant de l'entendre, dont il sentait que rien autre qu'elle ne pourrait les lui faire connaître, et il avait éprouvé pour elle comme un amour inconnu.</em>"</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">De l'aveu même de Proust, d'authentiques morceaux – souvent contemporains de l'auteur qui affectionnait les compositeurs modernes – l'ont inspiré pour imaginer cette sonate qui n'existe pas : la Sonate n° 1 pour Violon et Piano de Saint-Saëns, l'opéra <em>Parsifal</em> de Wagner (<em>L'Enchantement du Vendredi Saint</em>), le Prélude de <em>Lohengrin</em>, toujours chez Wagner, la s</span><span style="font-size: 10pt;">onate en Ma majeur de César Franck, la ballade opus 19 de Gabriel Fauré et, plus classique, la sonate n°32 de Ludwig van Beethoven (arietta).</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;"><em>À la Recherche du Temps perdu</em> est une œuvre sans cesse commentée. Des musicologues et musiciens se sont également penchés sur cette sonate, parfois jusqu'à la mettre en musique comme le compositeur israélien Boris Yoffe. C'est aussi l'initiative de <a href="http://nomadmusic.fr/fr" target="_blank" rel="noopener">NoMadMusic</a>, en partenariat avec l'Orchestre de l'Opéra de Rouen Normandie et le Conservatoire régional de Rouen, dans le cadre de <em>Normandie Impressionniste</em>. </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">Des élèves en classe d'écriture et de composition du conservatoire de Rouen ont imaginé avec le compositeur Yvan Cassar une sonate de Vinteuil que l’Orchestre de l’Opéra de Rouen Normandie a enregistré dans le but de devenir l'hymne officiel de <em>Normandie Impressionniste</em>.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">Ce projet musical et proustien, en soi intéressant, devient passionnant et unique en raison du parti pris résolument révolutionnaire et participatif. </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">Car cette sonate de Vinteuil, imaginée par des musicologues, servira de matrice dans le cadre d'un jeu-concours, "<em>NoMadScore - Portraits de la Sonate de Vinteuil</em>". Chacun aura la possibilité de travailler sur les séquençages par familles d'instruments qui seront proposés par la start-up NoMadScore à partir de la matrice originelle. <a href="http://nomadmusic.fr/fr/webzine/tous-compositeurs-2e-edition" target="_blank" rel="noopener">Grâce à l'application NoMadScore développée pour l'occasion</a>, chacun pourra créer "<em>sa</em>" sonate de Vinteuil et la proposer au concours. durant l'été, un jury dont fera partie Yvan Cassar, choisira deux lauréats parmi ces sonates, tandis que le public en désignera une troisième.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">Ces trois sonates primées seront jouées par l'Orchestre de l'Opéra de Rouen Normandie sous la direction d'Yvan Cassar, le 15 septembre 2016, à l'Opéra de Rouen en clôture du festival <em>Normandie Impressionniste</em>. </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">Les organisateurs du concours ont fixé au 15 juillet la date butoir pour proposer sa sonate. Mais après cette date, il sera encore possible de proposer son œuvre, qui sera mise en ligne sur le site <a href="http://nomadmusic.fr/fr/normandie" target="_blank" rel="noopener">nomadmusic.fr/normandie</a>. Les musiciens aguerris ou non sont donc invités à se précipiter vers leur clavier – ou plutôt leur ordinateur, tablette ou mobile – afin de faire vivre la célèbre sonate de Proust: "<em>Ce Vinteuil que j'avais connu si timide et si triste, avait, quand il fallait choisir un timbre, lui en unir un autre, des audaces, et, dans tout le sens du mot, un bonheur sur lequel l'audition d'une œuvre de lui ne laissait aucun doute.</em>"</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">Permettre à l'auditeur de participer pleinement à l'élaboration et l'interprétation d'une œuvre musicale: voilà qui nous renvoie à la vision d'un autre génie, Glenn Gould. Dans les années 60, le pianiste canadien avait abandonné subitement les concerts pour se consacrer à l'enregistrement. Avant même le développement des techniques informatiques, il imagina que l'auditeur pouvait lui-même, grâce à des outils de séquençage et de montage mis à sa disposition, créer sa propre version d'une symphonie de Beethoven, d'un enregistrement de Glenn Gould (l'artiste avait imaginer laisser au public l'intégralité des prises d'un disque afin que chacun puisse faire sa version de l'oeuvre)... ou d'une sonate de Vinteuil. Les prédictions et le rêve de Glenn Gould semblent avoir trouvé un aboutissement grâce à l'inspiration de Marcel Proust et à l'audace d'une start-up française.</span></p><p style="text-align: right;"><strong><span style="font-size: 10pt;">"<em>NoMadScore - Portraits de la sonate de Vinteuil</em>", avec le soutien de la Fondation Orange et du Groupe Audiens, inscription jusqu'au 15 juillet 2016<br /><a href="http://nomadmusic.fr" target="_blank" rel="noopener">NoMadMusic</a></span></strong><br /><strong><span style="font-size: 10pt;">Marcel Proust, <em>Du Côté de chez Swann</em>, Gallimard, 527 p.</span></strong><br /><strong><span style="font-size: 10pt;">Michel Schneider, <em>Glenn Gould piano solo</em>, éd. Gallimard, 1994, 288 p.<br /><a href="http://www.comptoirlitteraire.com/p.html" target="_blank" rel="noopener">Comptoir Littéraire</a></span></strong><br /><span style="font-size: 10pt;"><a href="http://www.normandie-impressionniste.fr/" target="_blank" rel="noopener"><strong>http://www.normandie-impressionniste.fr</strong><br /></a><em>Yvan Cassar - © robin - robin-photo.com</em></span></p><p><iframe width="560" height="315" style="display: block; margin-left: auto; margin-right: auto;" src="https://www.youtube.com/embed/padysxY-myo" frameborder="0" allowfullscreen="allowfullscreen"></iframe></p>
nauher
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L'écoute...
tag:off-shore.hautetfort.com,2016-05-18:5799635
2016-05-18T20:39:00+02:00
2016-05-18T20:39:00+02:00
"Il est possible que le livre soit le dernier refuge de l'homme libre. Si...
<p style="text-align: justify;"><span style="font-family: arial, helvetica, sans-serif; font-size: 14pt;">"Il est possible que le livre soit le dernier refuge de l'homme libre. Si l'homme tourne décidément à l'automate, s'il lui arrive de ne plus penser que selon les images toutes faites d'un écran, ce termite finira par ne plus lire. Toutes sortes de machines y suppléeront : il se laissera manier l'esprit par un système de visions parlantes ; la couleur le rythme, le relief, mille moyens de remplacer l'effort et l'attention morte, de combler le vide ou la paresse de la recherche et de l'imagination particulière ; tout y sera, moins l'esprit. Cette loi est celle du troupeau. </span><span style="font-size: 14pt; font-family: arial, helvetica, sans-serif;">Le livre aura toujours des fidèles, les derniers hommes qui ne seront pas faits en série par la machine sociale." </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 14pt; font-family: arial, helvetica, sans-serif;">Voilà ce qu'écrit André Suarès dans <em>L'Art du Livre</em>, en 1920. Ce n'est pas très aimable pour l'époque contemporaine perdue dans sa course consumériste consacrant l'amour de soi. Mais il est vrai qu'on ne peut pas tout faire en même temps. On ne peut guère se tourner vers autrui, vers une parole <em>étrangère,</em> singulière et réclamer son dû de "moi, je" n'ayant pas dépassé le stade du miroir. </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 14pt; font-family: arial, helvetica, sans-serif;">Parce qu'un livre, c'est aussi une écoute : celle d'un chant qui vient d'ailleurs, par définition, et souvent, pour ses plus belles inflexions, de loin. Si la lecture peut encore perdurer, comme acte technique de déchiffrage (et même les plus ignares savent décrypter leurs sms laconiques), le livre est lui amené à n'être plus qu'une relique en des temps sombres. La démocratie ne peut survivre sans le triomphe de la bêtise. Elles sont consubstantielles. Que faut-il entendre par là ? La démocratie n'a de fonction que dans un cadre libéral. Elle est l'excuse politique du triomphe économique. Ce n'est pas le pouvoir pour tous, mais l'accès pour le plus grand nombre au marché, selon une logique marketing de plus en plus fine et terrible. Le livre n'y a pas sa place, sinon comme répertoire de cuisine, de bricolage ou d'aménagement d'intérieur. Le livre, le vrai : ce que la littérature donne à méditer et à <em>vivre,</em> n'a plus sa place. Il faut être de son temps, c'est-à-dire disponible et la lecture est triplement anti-démocratique. Elle se pratique seul ; elle attend le silence : elle est un "addendum à la création" (Julien Gracq), quand la puissance post-moderniste suppose que tout est <em>là et maintenant</em>. L'intelligence algorithmique est l'ultime borne des temps contemporains, quand la littérature ressemble plutôt à un espace. On n'y vient pas buter contre plus fort que soi, comme ces pauvres joueurs d'échecs et de go qui ont découvert, dans leur défaite contre la machine, qu'ils n'étaient que de sombres idiots calculateurs <span style="font-size: 10pt;">(1)</span> ; on y vient pour y trouver un esprit, pour se battre, pacifiquement et spirituellement, contre une âme. C'est, on s'en doute, plus périlleux et plus déroutant. La littérature ne rassure pas ; elle est un chemin de traverses, un écho, un mélange de peur (parce qu'on y découvre un territoire inconnu) et de jouissance (parce qu'à la fréquenter avec fermeté, on s'y installe et on y forge son</span><span style="font-size: 14pt;"> <em>pays).</em></span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: arial,helvetica,sans-serif; font-size: 14pt;"><font face="arial, helvetica, sans-serif">La grandeur des propos de Suarès résulte aussi de cette compréhension aiguë du combat qui s'est engagé, à partir de la révolution industrielle, entre la pensée qu'on dira spéculative et la raison pratique (merci Kant...). L'ardeur est dans le gain et les techniques d'accroissement du gain, quand la littérature est une perte, à commencer par une insupportable perte de temps (2). <em>L'homo festivus</em> de Philippe Muray ne peut pas être un lecteur. La lecture, ce sont de grands blancs dans un agenda, des "vides", quand le moindre pékin se gargarise d'avoir rempli toutes les cases horaires de chaque jour.</font></span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: arial,helvetica,sans-serif; font-size: 14pt;"><font face="arial, helvetica, sans-serif">Je ne crois pas au hasard quand les deux grandes œuvres de la littérature française, celle, autobiographique, de Chateaubriand, celle, romanesque, de Proust s'acharnent avec le temps, à le creuser, à contourner le présent pour mieux le saisir. Chez ces deux écrivains, la remembrance n'est pas un exercice technique de la mémoire : elle est le dénombrement de la disparition. Chez l'un et l'autre, une inquiétude et une forme mélancolique de la recollection. Comment cela pourrait-il entrer dans l'esprit du quidam hyper-contemporain, névrosé d'être soi constamment, parce que soi, c'est être le monde ? <span style="font-size: 10pt;">(3)</span></font></span></p><p style="text-align: justify;"> <span style="font-family: arial,helvetica,sans-serif; font-size: 14pt;">Parfois, la révolte se fait une place, mais le plus souvent je n'espère plus qu'une chose : que l'enfer advienne le plus tard possible et que je n'ai pas le temps de voir les bibliothèques brûler, le monde réduit aux borborygmes acheteurs, à une vie d'écrans et de mots tronqués. Pour cela, il faut une dose assez forte d'optimisme, que je ne trouve qu'en reversant mon effroi dans l'univers de Julien Sorel, de Charles Swann, du prince Mychkine, ou dans les pièces de Shakespeare...</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: arial,helvetica,sans-serif; font-size: 14pt;">Doublement sauvé par la littérature.</span></p><p style="text-align: justify;"> </p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 12pt; font-family: arial, helvetica, sans-serif;">(1)Et sur ce plan nul doute que la machine finira toujours par gagner. La rapidité des circuits imprimés et des puces signe la mort de l'homme comme machine.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 12pt; font-family: arial, helvetica, sans-serif;">(2)Pour cette raison, le lecteur assidu est une figure assez singulière de l'oisif, voire du fainéant depuis longtemps. Mais son vrai péché est ailleurs : il est en retrait</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 12pt; font-family: arial, helvetica, sans-serif;">(3)Mais on pourrait aller se promener aussi du côté de chez Joyce, où la concentration temporelle, une journée pour un livre infini, prend le problème à l'inverse, avec tout autant de brio et de beauté.</span> </p><p style="text-align: justify;"> </p><p> </p>
la bouche plein de terre
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La carte postale du jour...
tag:manoeuvres.hautetfort.com,2016-02-14:5759802
2016-02-14T16:09:02+01:00
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"L'homme s'est lui-même enfermé jusqu'à ne plus rien voir qu'à travers...
<blockquote><p><em><strong><span style="font-family: helvetica,arial,sans-serif; font-size: 14pt;">"L'homme s'est lui-même enfermé jusqu'à ne plus rien voir qu'à travers les fissures étroites de sa caverne."</span></strong></em><br /><strong><span style="font-family: helvetica,arial,sans-serif; font-size: 14pt;">- William Blake</span></strong></p></blockquote><p style="text-align: center;"><span style="font-family: helvetica,arial,sans-serif; font-size: 14pt;"><img id="media-5293793" style="margin: 0.7em 0;" title="" src="http://manoeuvres.hautetfort.com/media/01/00/4223712076.jpg" alt="dimanche 14 février 2016.jpg" /></span></p><p><span style="font-family: helvetica,arial,sans-serif; font-size: 14pt;">Je me souviens qu'au début des années '90 l'un des membres de <strong>Mesh</strong> (à ne pas confondre avec les anglais du même nom, ersatz électro-pop de Depeche Mode) avait déposé quelques exemplaires de cet album - <em><strong>Claustrophobia</strong> </em>(dans sa première version) - au magasin de disques où je travaillais (Virus Rock), puis m'avait même proposé de venir répéter avec lui pour rajouter de la guitare et créer de nouvelles compositions (dont une à partir d'un sample du rythme de <em>Requiem pour un con</em> de Gainsbourg), dans un abris antiatomique de Bernex, en dehors de Genève, en plein été, une saison peu propice à la musique <em>dark</em>, ce qui était presque le plus étrange dans cette affaire si ce n'est que cette personne avait soudainement disparu...</span></p><p><span style="font-family: helvetica,arial,sans-serif; font-size: 14pt;">Je me souviens bien quelle allégresse, quelle exaltation même j'ai ressentie tout récemment en découvrant que ce disque ultra-underground et trop rare de cette formation genevoise avait été réédité par un label espagnol (!) dans une belle édition, avec sur la pochette une photo de la statue d'Henri Köning, la Brise, qui trône sur la promenade du Quai Gustave Ador, face au lac Léman (ou devrais-je dire... de Genève).</span></p><p><span style="font-family: helvetica,arial,sans-serif; font-size: 14pt;">Je me souviens aussi de ce choc quand, à la réécoute du disque, les souvenirs du moi d'il y a vingt-cinq ans ont ressurgi - surtout sur le titre <em><strong>Happier than ever</strong></em>, qui n'arrive pas à se décider entre The Cure et New Order, et dont la tristesse joyeuse me rappelle mes années de jeune adulte indécis.</span></p><p> </p><blockquote><p><span style="font-family: helvetica,arial,sans-serif; font-size: 14pt;"><em><strong>Happier than ever, as we walked around my heart</strong></em></span><br /><span style="font-family: helvetica,arial,sans-serif; font-size: 14pt;"><em><strong>Hand in hand in the snow, the saddest piece of the play</strong></em></span><br /><span style="font-family: helvetica,arial,sans-serif; font-size: 14pt;"><em><strong>But I hide in my heart, these aimless wanderings</strong></em></span><br /><span style="font-family: helvetica,arial,sans-serif; font-size: 14pt;"><em><strong>We always tried to reach this point that never been</strong></em></span><br /><span style="font-family: helvetica,arial,sans-serif; font-size: 14pt;"><em><strong>It's something before, for someone before</strong></em></span></p></blockquote><p><span style="font-family: helvetica,arial,sans-serif; font-size: 14pt;">https://www.youtube.com/watch?v=cyFNcIW9gl0</span></p><p> </p><p><span style="font-family: helvetica,arial,sans-serif; font-size: 14pt;">Après nous avoir donné à lire une fantasque et violente trilogie où l'on pratiquait la crémation rituelle au bord du Rhône, <strong>Florian Eglin</strong> passe par la récit court, sous l'égide de Stevenson et fortement inspiré d'une certaine littérature américaine, et c'est bien ainsi. S'il trempe sa plume dans le whisky de Bukowski, Florian Eglin retarde l'ivresse en ingurgitant frénétiquement des madeleines (de Proust). <em><strong>Ciao connard</strong> </em>est donc un huis clos hybride et bancal ; un récit schizophrène et sombre (mais avec en musique de fond le <em>We have all the time in the world</em> de Louis Armstrong) ; c'est un texte sanglant et brutal - oui, on torture beaucoup -, aussi cynique que sans espoir, avec une syntaxe tordue et des phrases trop longues (mais pas toujours) si ce n'est... restons-en là pour ne pas <em>divulgacher</em> la lecture de ce "conte" noir et radical made in Geneva.</span></p><p><span style="font-family: helvetica,arial,sans-serif; font-size: 14pt;"> </span></p><p><span style="font-family: helvetica,arial,sans-serif; font-size: 14pt;">extrait de <strong><em>Ciao connard (un compte qui déconte)</em></strong>, de <strong>Florian Eglin</strong> (publié aux éditions de La Grande Ourse) :</span></p><p> </p><blockquote><p><span style="font-family: helvetica,arial,sans-serif; font-size: 14pt;"><strong><em>"Peu à peu, je me suis mis à trembler de la tête aux pieds. Sporadiquement. Violemment. Cependant, lui, toujours derrière moi, il continuait son gymkhana invisible, avec ces foutus bruits de métal, qui se répercutaient, en un écho lancinant, aussi sourd que, sordide.</em></strong></span><br /><span style="font-family: helvetica,arial,sans-serif; font-size: 14pt;"><strong><em>- Chut, chut, allons, allons, il murmurait de temps en temps avec une drôle de douceur, une douceur un peu sirupeuse avec de la violence dessous posée en strates dures, indigestes lasagnes que voilà.</em></strong></span><br /><span style="font-family: helvetica,arial,sans-serif; font-size: 14pt;"><strong><em> Cependant, au ton de sa voix, elle semblait venir de drôlement loin, elle résonnait, comme si cette petite pièce pleine de livres était beaucoup plus grande, plus profonde que je ne le croyais, je sentais bien qu'il ne pensait pas vraiment, voire pas du tout, ce qu'il disait.</em></strong></span><br /><span style="font-family: helvetica,arial,sans-serif; font-size: 14pt;"><strong><em> Je sentais bien que son esprit était tout accaparé par des choses pas très joyeuses, des choses pas très joyeuses réalisées à mon endroit, et pas n'importe quel endroit, hélas une question de point de vue, une question de focalisation même, j'ai pensé, espérant que l'emploi d'un lexique choisi m'aiderait peut-être à prendre toute cette histoire avec des pincettes de circonstance, mais que dalle.</em></strong></span></p><p><span style="font-family: helvetica,arial,sans-serif; font-size: 14pt;"><strong><em> Je sentais bien, pas de doute, qu'il ruminait toute une série de possibilités étranges accomplies, ou plutôt exécutées, à mon corps défendant, enfin, vu que j'étais attaché serré un max avec des nœuds salement techniques, mon corps tant bien que mal défendant.</em></strong></span><br /><span style="font-family: helvetica,arial,sans-serif; font-size: 14pt;"><strong><em> Mon corps, pauvre de moi, il allait tomber dessus à bras de plus en plus raccourcis, je pouvais mettre sans autre un billet dessus."</em></strong></span></p></blockquote>
ivre de livres
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Saint-Loup - Philippe Berthier
tag:asautsetagambades.hautetfort.com,2015-10-24:5691006
2015-10-24T07:15:00+02:00
2015-10-24T07:15:00+02:00
Réservé aux Proustophiles Philippe Berthier...
<p style="margin: 0px; font-size: 18px; font-family: Verdana;">Réservé aux <span style="color: #cc0000;"><strong>Proustophiles</strong></span></p><p style="margin: 0px; font-size: 18px; font-family: Verdana;"> </p><p style="text-align: center;"><a href="http://www.telegraph.co.uk/culture/books/10456997/Whos-afraid-of-Marcel-Proust.html"><img id="media-5167792" style="margin: 0.7em 0;" title="" src="http://asautsetagambades.hautetfort.com/media/02/01/3965862288.jpg" alt="marcelproust_2737624b.jpg" width="457" height="285" /></a></p><p style="margin: 0px; font-size: 18px; font-family: Verdana; min-height: 22px;"> </p><p style="margin: 0px; font-size: 18px; font-family: Verdana;"><span style="color: #cc0000;"><strong>Philippe Berthier</strong></span> est proustophile mais dit-il pas <span style="color: #cc0000;"><strong>proustolâtre</strong> </span>ni proustologue , du coup je me suis reconnue en lui. </p><p style="margin: 0px; font-size: 18px; font-family: Verdana;">Comme moi il fut agacé par le <span style="color: #cc0000;"><strong>Dictionnaire</strong></span> de Proust commis par les <span style="color: #cc0000;"><strong>Enthoven</strong></span> père et fils, pour lui le plus grand défaut de ce dictionnaire c’est l’absence d’une entrée «<span style="color: #cc0000;"><strong> Saint-Loup</strong></span> » son préféré</p><p style="margin: 0px; font-size: 18px; font-family: Verdana; padding-left: 30px;">« <em>Honte à vous, qui avez marginalisé Robert de Saint-Loup ! On voit bien que personne, pour vous éviter de prendre froid, ne vous a jamais apporté une fourrure en dansan</em>t »</p><p style="margin: 0px; font-size: 18px; font-family: Verdana; padding-left: 30px;"> </p><p style="margin: 0px; font-size: 18px; font-family: Verdana;">Et nous voilà parti pour la <span style="color: #cc0000;"><strong>biographie</strong></span> d’un héros de roman. Avouez que ce n’est pas banal.</p><p style="margin: 0px; font-size: 18px; font-family: Verdana;">Philippe Berthier c’est l’intelligence et la parfaite connaissance de l’oeuvre au service d’un esprit parfois <span style="color: #cc0000;"><strong>caustique</strong></span>, quelque fois bougon mais toujours rutilant, pétillant,<span style="color: #cc0000;"><strong> élégan</strong><strong>t</strong></span>. </p><p style="margin: 0px; font-size: 18px; font-family: Verdana;">Il va vous aider à retrouver la trace de Robert de Saint-Loup, sa première rencontre avec le narrateur qui bien sûr comme chacun le sait n’est pas <span style="color: #cc0000;"><strong>Marcel Proust</strong></span> !</p><p style="margin: 0px; font-size: 18px; font-family: Verdana;">L’ivresse de la rencontre, de l’amitié, les pas de deux, les rapprochements, l’amitié parfois mise à mal, les amours des uns et des autres. </p><p style="margin: 0px; font-size: 18px; font-family: Verdana;">Mais on découvre aussi les prémices de <span style="color: #cc0000;"><strong>Saint-Loup</strong></span> quand il ne portait pas encore ce nom là dans <span style="color: #cc0000;"><strong>Jean Santeuil</strong></span>, et pourtant c’était déjà lui l’aristocrate, le militaire, le cavalier fier, l’amoureux de Rachel.</p><p style="margin: 0px; font-size: 18px; font-family: Verdana;">L’ami qui va lui ouvrir les portes de la maison de <span style="color: #cc0000;"><strong>Guermantes</strong></span>, l’ami le plus cher mais qui finit par s’éloigner.</p><p style="margin: 0px; font-size: 18px; font-family: Verdana;"> </p><p style="text-align: center;"><img id="media-5167801" style="margin: 0.7em 0;" title="" src="http://asautsetagambades.hautetfort.com/media/02/00/4279848663.jpg" alt="saint loup.jpg" width="209" height="323" /></p><p style="text-align: center;"><span style="font-size: small;">Pascal Greggory : Saint-Loup dans Le Temps retrouvé</span></p><p style="margin: 0px; font-size: 18px; font-family: Verdana; min-height: 22px;"> </p><p style="margin: 0px; font-size: 18px; font-family: Verdana;">Philippe Berthier je l’avais déjà rencontré auprès de <span style="color: #cc0000;"><strong>Stendhal</strong> </span>et j’ai eu grand plaisir à le retrouver ici. Un livre léger comme une bulle de champagne mais riche en couleurs, plein de<span style="color: #cc0000;"><strong> détails</strong></span> oubliés et que l’on va immédiatement vérifier en feuilletant l’oeuvre, comme cette discussion du narrateur avec Saint-Loup à propos de <span style="color: #cc0000;"><strong>Stendhal</strong></span> et là pas étonnant que Philippe Berthier apprécie particulièrement ce passage.</p><p style="margin: 0px; font-size: 18px; font-family: Verdana;">Un livre sur un homme que Marcel nous présente comme beau, intelligent, courageux, chevaleresque, qu’il compare au<span style="color: #cc0000;"><strong> Duc de Nemours</strong></span>, Philippe Berthier approuve et nous fait partager son amitié pour Robert de Saint-Loup.</p><p style="margin: 0px; font-size: 18px; font-family: Verdana;"> </p><p style="text-align: center;"><img id="media-5167806" style="margin: 0.7em 0;" title="" src="http://asautsetagambades.hautetfort.com/media/02/01/3832033986.png" alt="st-loup.png" width="231" height="356" /></p><p style="text-align: center;"><span style="font-size: small;">Peut-être le vrai : Boni de Castellane</span></p><p style="margin: 0px; font-size: 18px; font-family: Verdana; min-height: 22px;"> </p><p style="margin: 0px; font-size: 18px; font-family: Verdana;">J’ai aimé ce livre, j’ai souri, j’ai relu maints passages de La Recherche, les citations sont parfaitement choisies pour nous éclairer, j’ai découvert des détails qui m’avaient totalement échappé, bref ce fut un bon moment de lecture. </p><p style="margin: 0px; font-size: 18px; font-family: Verdana;">Ce livre va aller rejoindre <span style="color: #cc0000;"><strong>Céleste Albaret</strong></span> et <span style="color: #cc0000;"><strong>Pietro Citati</strong></span> dans ma bibliothèque Proustienne</p><p style="margin: 0px; font-size: 18px; font-family: Verdana;"> </p><p style="margin: 0px; font-size: 18px; font-family: Verdana;">Merci à <a href="http://doudou.gheerbrant.com/?p=22461"><span style="color: #cc0000;"><strong>Grillon du foyer</strong></span></a> qui fête ses dix ans de blog et qui me l'a fait connaitre</p><p style="text-align: center;"><img id="media-5167800" style="margin: 0.7em 0;" title="" src="http://asautsetagambades.hautetfort.com/media/01/02/279348839.gif" alt="9782877068987FS.gif" /></p><p> </p><p style="margin: 0px; font-size: 18px; font-family: Verdana;"><span style="color: #cc0000;"><strong>Le livre</strong></span> : Saint-Loup - Philippe Berthier - Editions de Fallois</p>
Littérature de partout
http://litteraturedepartout.hautetfort.com/about.html
Édouard Levé (1965-2007), Œuvres
tag:litteraturedepartout.hautetfort.com,2015-09-26:5690292
2015-09-26T05:00:00+02:00
2015-09-26T05:00:00+02:00
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<p style="text-align: center;"> <img id="media-5166519" style="margin: 0.7em 0;" title="" src="http://litteraturedepartout.hautetfort.com/media/00/02/902166256.jpg" alt="autoportrait.jpg" /></p><p></p><p class="MsoNormal" style="margin-left: 5.0cm; text-align: justify;"><span style="font-size: 14.0pt; mso-bidi-font-size: 12.0pt; font-family: Baskerville;">1. Un livre décrit des œuvres dont l’auteur a eu l’idée, mais qu’il n’a pas réalisées.</span></p><p class="MsoNormal" style="margin-left: 5.0cm; text-align: justify;"><span style="font-size: 14.0pt; mso-bidi-font-size: 12.0pt; font-family: Baskerville;"> </span></p><p class="MsoNormal" style="margin-left: 5.0cm; text-align: justify;"><span style="font-size: 14.0pt; mso-bidi-font-size: 12.0pt; font-family: Baskerville;">3. La tête de Proust est dessinée sur une page d’<em style="mso-bidi-font-style: normal;">À la recherche du temps perdu</em>. Les mots que raye le contour de son visage forment une phrase grammaticalement correcte.</span></p><p class="MsoNormal" style="margin-left: 5.0cm; text-align: justify;"><span style="font-size: 14.0pt; mso-bidi-font-size: 12.0pt; font-family: Baskerville;"> </span></p><p class="MsoNormal" style="margin-left: 5.0cm; text-align: justify;"><span style="font-size: 14.0pt; mso-bidi-font-size: 12.0pt; font-family: Baskerville;">57. Un homme tient dans la main gauche <em style="mso-bidi-font-style: normal;">Les Fleurs du Mal</em> et dans la main droite un manuel de savoir-vivre du dix-neuvième siècle. Il lit à voix haute en prélevant aléatoirement des mots dans les deux livres, et s’efforce de formuler des phrases grammaticalement correctes.</span></p><p class="MsoNormal" style="margin-left: 5.0cm; text-align: justify;"><span style="font-size: 14.0pt; mso-bidi-font-size: 12.0pt; font-family: Baskerville;"> </span></p><p class="MsoNormal" style="margin-left: 5.0cm; text-align: justify;"><span style="font-size: 14.0pt; mso-bidi-font-size: 12.0pt; font-family: Baskerville;">425. Une voix fait le récit de la réalisation d’une œuvre non réalisée, comme si elle l’avait été : amonceler des pipettes dans el désert du Sahel.</span></p><p class="MsoNormal" style="margin-left: 5.0cm; text-align: justify;"><span style="font-size: 14.0pt; mso-bidi-font-size: 12.0pt; font-family: Baskerville;"> </span></p><p class="MsoNormal" style="margin-left: 5.0cm; text-align: justify;"><span style="font-size: 14.0pt; mso-bidi-font-size: 12.0pt; font-family: Baskerville; color: blue;">Édouard Levé, <em style="mso-bidi-font-style: normal;">Œuvres</em>, P.O.L, 2015, p. 7, 7, 57 et 144.</span></p><p class="MsoNormal" style="margin-left: 5.0cm; text-align: justify;"><span style="font-size: 14.0pt; mso-bidi-font-size: 12.0pt; font-family: Baskerville;"> </span></p><p class="MsoNormal" style="margin-left: 5.0cm; text-align: justify;"><span style="font-size: 14.0pt; mso-bidi-font-size: 12.0pt; font-family: Baskerville;"> </span></p>
Xavier JASSU
http://lapinos.hautetfort.com/about.html
Décadence
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2015-08-18T15:39:53+02:00
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A la radio qui diffuse la rumeur du monde, j'entends la voix d'un type se...
<p style="text-align: justify;"><strong>A la radio qui diffuse la rumeur du monde, j'entends la voix d'un type se plaindre de la décadence ; il regrette que les écrivains n'écrivent plus comme Proust.</strong></p><p style="text-align: justify;"><strong>La décadence est confirmée par ceux qui s'en plaignent sans savoir ce qu'elle est.</strong></p>
Cinéambulant
http://cineclubambulant.hautetfort.com/about.html
Saint Laurent (Bonello) : sous l’égide de Proust, Huysmans et Wilde
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2015-05-06T19:01:00+02:00
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5.4pt;mso-para-margin-top:0cm;mso-para-margin-right:0cm;mso-para-margin-bottom:10.0pt;mso-para-margin-left:0cm;line-height:115%;mso-pagination:widow-orphan;font-size:11.0pt;font-family:"Calibri","sans-serif";mso-ascii-font-family:Calibri;mso-ascii-theme-font:minor-latin;mso-hansi-font-family:Calibri;mso-hansi-theme-font:minor-latin;mso-fareast-language:EN-US;}</style><![endif]--></p><p class="MsoNormal"><span style="font-size: small; line-height: 115%;">Les films qui évoquent ouvertement ou vous ramènent inconsciemment à Proust, Huysmans et Oscar Wilde sont choses rares. Saint Laurent (2014) de Bertrand Bonello est de ceux-là. A regrets, je l’avais manqué sur grand écran et la VOD m’a permis de me rattraper. Ces trois noms d’écrivains ne sont pas fortuits : ils ont bâti tous trois des œuvres marqués par une exigence stylistique, une esthétique raffinée et beaucoup d’érudition. Ils sont synonymes à des degrés divers d’esprit dandy et de décadence. Ils étaient des figures homosexuelles (Proust, Wilde) et des êtres réfractaires aux contraintes de la vie quotidienne. Leurs textes sont ouvragés comme des pièces de haute couture. J’en parle parce que ce portrait du grand couturier est travaillé par leur présence et leur influence. Même si Oscar Wilde n’est pas cité nommément, il vient en tête quand on se rappelle sa devise : « On doit être une œuvre d’art ou porter une œuvre d’art ». Les références à Proust et à Huysmans sont revendiquées. Saint Laurent détient un tableau représentant la chambre où l’écrivain de la Recherche s’est reclus à la fin de sa vie. Le couturier collectionne les camets et les antiquités dans son appartement somptueux comme des Esseintes dans A rebours collectionnait les cristaux et les œuvres d’art. Tout est esthétique et fortement référencé dans ce film mais rien n’est gratuit ni bêtement esthétisant. Saint Laurent s’est vécu comme ces artistes et s’est vu comme leur continuateur. Comme eux, il s’est inventé
Elisabeth
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MA LECTURE DU MOMENT (pour Laura)
tag:boulevarddesresistants.hautetfort.com,2014-11-16:5491224
2014-11-16T19:26:00+01:00
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Marcel PROUST A LA RECHERCHE DU TEMPS PERDU Collection Quarto GALLIMARD
<p>Marcel PROUST</p><p>A LA RECHERCHE DU TEMPS PERDU</p><p>Collection Quarto GALLIMARD</p><p><img id="media-4763553" style="float: left; margin: 0.2em 1.4em 0.7em 0;" title="" src="http://boulevarddesresistants.hautetfort.com/media/02/02/967285051.jpg" alt="PROUST.jpg" /></p>
Elisabeth
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Marcel PROUST ”A la recherche du temps perdu” (extrait)
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2014-11-08T15:52:00+01:00
2014-11-08T15:52:00+01:00
A Combray, tous les jours dès la fin de l'après-midi, longtemps avant le...
<p>A Combray, tous les jours dès la fin de l'après-midi, longtemps avant le moment où il faudrait me mettre au lit et rester, sans dormir, loin de ma mère et de ma grand'mère, ma chambre à coucher redevenait le point fixe et douloureux de mes préoccupations. On avait bien inventé, pour me distraire les soirs où on me trouvait l'air trop malheureux, de me donner une lanterne magique, dont, en attendant l'heure du dîner, on coiffait ma lampe ; et, à l'instar des premiers architectes et maîtres verriers de l'âge gothique, elle substituait à l'opacité des murs d'impalpables irisations, de surnaturelles apparitions multicolores, où des légendes étaient dépeintes comme dans un vitrail vacillant et momentané. Mais ma tristesse n'en était qu'accrue, parce que rien que le changement d'éclairage détruisait l'habitude que j'avais de ma chambre et grâce à quoi, sauf le supplice du coucher, elle m'était devenue supportable.</p><p><img id="media-4752678" style="float: left; margin: 0.2em 1.4em 0.7em 0;" title="" src="http://boulevarddesresistants.hautetfort.com/media/00/00/1854018326.jpg" alt="proust,marcel proust,swan,du côté de chez swan,livre,auteur,culture,écriture" /></p>
Le déclinologue
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PATRICK MODIANO, NOBEL FRANÇAIS DE LITTÉRATURE
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2014-10-10T17:30:00+02:00
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L’Académie suédoise vient de décerner...
<p class="MsoNormal" style="text-align: justify; text-justify: inter-ideograph;"><span style="font-family: Georgia, serif; font-size: small;"><img id="media-4723614" style="float: left; margin: 0.2em 1.4em 0.7em 0;" title="" src="http://dernieregerbe.hautetfort.com/media/02/01/1727523475.jpg" alt="Patrick Modiano" /> L’Académie suédoise vient de décerner le Prix Nobel de littérature à Patrick Modiano. C’est la fête : celà nous fait deux prix en sept ans, puisque Le Clézio l’avait eu en 2008. La France conforte sa place de première nation littéraire du Nobel, qu’elle détient presque sans discontinuer depuis le premier prix remis à Sully-Prudhomme en 1901<a title="" href="#_ftn1" name="_ftnref1"><span class="MsoFootnoteReference"><span class="MsoFootnoteReference">[1]</span></span></a>, et avec quinze prix elle allonge un peu l’écart sur ses principaux poursuivants, les États-Unis à onze et le Royaume-Uni à dix<a title="" href="#_ftn2" name="_ftnref2"><span class="MsoFootnoteReference"><span class="MsoFootnoteReference">[2]</span></span></a>. Voilà qui tranche sur la période 1965-2007 : plus de quarante ans de vaches maigres, pendant lesquels nous n’eûmes qu’un seul prix dont nous enorgueillir, celui de Claude Simon en 1985, un lauréat du reste contesté, que d’aucuns tinrent pour plus calamiteux encore que la mise en quarantaine de notre littérature<a title="" href="#_ftn3" name="_ftnref3"><span class="MsoFootnoteReference"><span class="MsoFootnoteReference">[3]</span></span></a>. Cette longue disette tranchait avec la période précédente, faste s’il en fut : cinq prix en quinze ans, celui de Gide en 47, de Mauriac en 52, de Camus en 57, de Saint-John-Perse en 60 et de Sartre en 64. Et encore, il faudrait tenir compte que Valéry devait l’avoir en 1945, mais il eut la mauvaise idée de mourir trois mois avant ; qu’Anouilh faillit l’avoir en 1962 (pour ne pas couronner deux Français en trois ans, le jury préféra John Steinbeck à la consternation générale, même aux É.-U.A.) ; et que Malraux le manqua de peu plusieurs fois, sans doute pour des raisons politiques, de Gaulle n’étant pas très bien vu à Stockholm. À côté de bien d’autres éléments, le palmarès du Nobel de littérature nous rappelle que les années 50 furent encore une période d’hégémonie culturelle de la France, qui sur ce plan-là se remit très bien de la défaite et de l’Occupation. Si notre puissance politique subit un coup mortel en 1940, c’est seulement dans les années 60 que notre rayonnement littéraire, artistique et intellectuel commença à s’effriter, pour s’effondrer dans les années 70 et 80.<br /> Les deux prix de 2008 et 2014 sont-ils l’indice d’un regain ? Hélas, je ne le crois guère. Dabord, dès le début des années 90 (voire dès la fin des années 80 ?), j’entendais dire que Le Clézio (né en 1940) et Modiano (né en 1945) étaient les deux seuls qui survivraient dans cette génération, les deux seuls assurés de finir dans la Pléiade, les deux seuls ayant une chance au Nobel. Autrement dit, maintenant que nos deux seuls candidats ont été élus, il ne faut pas s’attendre à ce qu’il y en ait un troisième dans les prochaines années, et une nouvelle disette de vingt ans ou plus est fort envisageable. Car qui y a-t-il ensuite ? À part peut-être Michel Houellebecq, aucun auteur de moins de 60 ans ne semble avoir acquis une solide audience internationale. Songeons avec nostalgie à l’entre-deux-guerres et l’immédiat après-guerre : alors qu’ils avaient à peine atteint 45 ans, Giraudoux, Mauriac, Saint-John Perse, Cocteau, Cendrars, Morand, Montherlant, Malraux, Céline, Aragon, Éluard, Giono, Bernanos, Saint-Exupéry, Sartre, Camus paraissaient déjà, selon l’avis général, des classiques vivants, ayant pris place dans la galerie des auteurs majeurs de notre littérature, promis à être confirmés comme tels par la postérité. De qui peut-on avec assurance en dire autant aujourd’hui ? Entre les faiseurs de romances commerciales (le duo Marc Lévy et Guillaume Musso) et les écrivains confidentiels pour littéraires distingués (Pascal Quignard, Pierre Michon, etc), on ne voit guère de noms capables de s’imposer durablement jusqu’à prétendre à la plus prestigieuse distinction internationale, alors que la concurrence mondiale va être de plus en plus rude<a title="" href="#_ftn4" name="_ftnref4"><span class="MsoFootnoteReference"><span class="MsoFootnoteReference">[4]</span></span></a>. À moins peut-être qu’Éric-Emmanuel Schmitt, au nom de la promotion de l’écriture dramatique…<br /> L’autre raison est plus subjective, et je cours le risque d’être démenti par l’avenir, mais j’ai du mal à me convaincre de la haute valeur de MM. Le Clézio et Modiano, et je trouve les jurés Nobel bien généreux de les avoir couronnés, du vivant de romanciers aussi puissants que Philip Roth, Thomas Pynchon, Don DeLillo, Ismaïl Kadaré, Yachar Kemal, Umberto Eco, Antonio Lobo Antunes, Salman Rushdie ou André Brink<a title="" href="#_ftn5" name="_ftnref5"><span class="MsoFootnoteReference"><span class="MsoFootnoteReference">[5]</span></span></a>. Le premier de nos deux lauréats me paraît, du moins pour ce que j’en ai lu, une sorte de Pierre Loti pour bien-pensants de l’âge humanitaire, jamais à court de bons sentiments niaiseux ni de fades extases devant les beaux paysages : un Paulo Coelho sous couverture NRF, avec la reconnaissance universitaire que celà implique<a title="" href="#_ftn6" name="_ftnref6"><span class="MsoFootnoteReference"><span class="MsoFootnoteReference">[6]</span></span></a>. Du second, je suis estomaqué que Peter Englund, le secrétaire perpétuel de l’Académie suédoise, voie en lui « <a href="http://tempsreel.nouvelobs.com/culture/20141009.AFP7882/le-prix-nobel-de-litterature-a-patrick-modiano-proust-de-notre-temps.html">le Proust de notre temps </a>». Pour avancer une telle comparaison (autrement que sur le ton cynique de celui qui persiflerait que chaque époque a le Proust qu’elle mérite), il faut réduire Proust à n’être qu’un explorateur de la mémoire, comme s’il n’était pas aussi bien d’autres choses, et dabord un formidable démiurge. Tout à l’opposé, Modiano est un romancier minimaliste, qui fait ses livres avec des riens, et ce n’est même pas vraiment un romancier, car il ne construit guère d’intrigues et ne crée guère de personnages : il pratique plutôt ce détestable genre contemporain qu’on appelle l’<em>autofiction</em>, dont il est l’une des rares réussites. Il n’a quasiment rien fait d'autre que des petits récits d’atmosphère, où des narrateurs évanescents sont en quête de figures fantômatiques… C’est toujours un peu la même chose, et ce sont toujours les mêmes thèmes : la mémoire, le souvenir lancinant de l’Occupation, l’identité, l’errance dans Paris, la recherche du père, le brouillage du réel, la trahison… Naturellement, j’accepte qu’un écrivain tourne toujours autour des mêmes obsessions, et dailleurs je ne refuse pas de voir en Modiano un auteur au sens fort du terme : mais l’obsession ne finit-elle pas par tourner chez lui au ressassement, et l’homogénéité de son univers ne débouche-t-elle pas sur une lassante monotonie ? Lire un Modiano de temps en temps, c’est une expérience qui n’est pas insignifiante, mais peut-on en lire plusieurs à la suite sans en être très vite saturé et préférer décidément des auteurs plus variés et des œuvres plus nutritives ? Ou d'une écriture plus raffinée : on vante son « style sobre et limpide », qualification qu’on emploie en général pour valoriser le non-style. Cette prose transparente, d'accès facile, doit sans doute très bien passer à la traduction (comme celle de Maupassant), mais ce n'est pas un gage de qualité, au contraire même. <br /><span style="text-indent: 35.4pt;"> Modiano me paraît par excellence un écrivain du mode </span><em style="text-indent: 35.4pt;">mineur</em><span style="text-indent: 35.4pt;">. Par « mineur », je n’entends pas mauvais comme le premier Marc Levy ou le premier Dan Brown venus, ni même médiocre comme ces Katherine Pancol ou ces Anna Gavalda que s’arrachent les lectrices jamais rassasiées de bluettes sentimentales. Je l’entends encore moins dans le sens politique proposé par Gilles Deleuze dans les années 70</span><a style="text-indent: 35.4pt;" title="" href="#_ftn7" name="_ftnref7"><span class="MsoFootnoteReference"><span class="MsoFootnoteReference">[7]</span></span></a><span style="text-indent: 35.4pt;">. Les auteurs mineurs font partie de la grande littérature, mais à un rang secondaire : par rapport aux auteurs majeurs, qui ont acquis une importance incontournable dans l’histoire littéraire, et qui éclaboussent tous les yeux par l’ampleur de leur production, par la riche diversité de leurs écrits, par la force de leur génie et par l’éclat insoutenable de leurs chefs-d’œuvre, les auteurs mineurs font entendre une petite musique discrète dont le son très pur sera toujours reconnu par ceux qui ont de l’oreille. On appelle parfois « petits maîtres » ces auteurs qui n’ont pas de puissance créatrice, qui ne savent produire que de minces livres d’une humble ambition, le plus souvent très centrés sur leur expérience personnelle, mais qui se recommandent par l’excellence de leur style ou l’authenticité de leur voix. Il leur arrive de réaliser de petits joyaux qui brillent, dans l’ombre modeste où les amateurs savent aller les chercher, d’une lumière plus vive que bien des œuvres fameuses mais à demi ratées des grands auteurs, dont le vol d’aigle traverse forcément quelques trous d’air de temps à autre. Puisque j’ai déjà cité deux fois Angelo Rinaldi, je le citerai une troisième en lui empruntant une évocation de cette partie peu fréquentée mais vitale du grand jardin des lettres, que lui inspire le cas d’Alexandre Vialatte : « Les maniaques de la classification […] se demandent avec gravité quelle place Vialatte va occuper au juste, quand il sera définitivement tiré de l’ombre. Quand il aura dans toute la France – soyons hardi – autant de lecteurs que Camus dans une bourgade du Morvan. Sans aucun doute, on ne saurait le loger au même étage que Proust, Céline ou Beckett. Ce n’est que l’un de ces écrivains dits mineurs dans les manuels très scolaires, et que la passion des mots a conduit en tête du classement, dans sa catégorie. Mais n’est-ce pas déjà énorme ? Car, retirer de la littérature française les auteurs de son envergure – de Benjamin Constant à Paul-Jean Toulet et à Charles-Louis Philippe, en passant par Cocteau – équivaudrait à supprimer toutes les pièces du jeu d’échecs pour ne laisser que la Reine et le Roi. Celà rendrait la partie impossible, et il ne resterait qu’à inonder le damier de nos pleurs. »</span><a style="text-indent: 35.4pt;" title="" href="#_ftn8" name="_ftnref8"><span class="MsoFootnoteReference"><span class="MsoFootnoteReference">[8]</span></span></a><span style="text-indent: 35.4pt;"> La présence de Cocteau dans cette petite liste étonne un peu, mais qu’importe ici. On la complétera volontiers en ajoutant, par exemple, Eugène Fromentin, Marcel Schwob, André Suarès, Léon-Paul Fargue, Valéry Larbaud, Jacques Chardonne, Marcel Jouhandeau, Paul Gadenne, Henri Calet, Jean Reverzy, aujourd’hui Gabriel Matzneff, etc. Oui, Rinaldi a raison d’affirmer que ces auteurs mineurs sont indispensables à la littérature, à sa respiration, à son équilibre, à sa variété, de même qu’une équipe de foutebôle ne saurait être composée que de buteurs et de meneurs de jeu. Mais si les milieux récupérateurs ou les arrières-latéraux sont nécessaires, est-ce une raison pour leur décerner le Ballon d’or ? N’y a-t-il pas là un mélange des ordres qui n’aboutit qu’à brouiller les hiérarchies et augmenter la confusion générale ?</span><br /> Une des caractéristiques constantes du comité Nobel de l’Académie suédoise, c’est sa volonté d’honorer la littérature dans sa diversité, ce qui suscite une certaine incompréhension des médias et du grand public, qui s’attendent à ce que le prix Nobel ne consacre que les auteurs reconnus comme majeurs dans le genre qui écrase tous les autres depuis environ un siècle et demi, le roman. Aussi tient-elle à distinguer régulièrement des poètes forcément très peu illustres (pour me limiter aux trente dernières années : Jaroslav Seifert en 1984, Joseph Brodsky en 1987, Derek Walcott en 1992, Seamus Heaney en 1995, Wislawa Szymborska en 1996, Tomas Tranströmer en 2011), et, quoique moins souvent, des dramaturges (Dario Fo en 1997, Harold Pinter en 2005, et jadis G. Hauptmann, G.B. Shaw, Pirandello, O’Neill). Il semble que cette littérature en mode mineur, qu’on aurait du mal à définir précisément, fasse aussi désormais partie des genres d’expression, ou disons plutôt des catégories d’écrivains, que l’Académie suédoise entend soutenir et promouvoir : Imre Kertész en 2002, Herta Müller en 2009, la nouvelliste Alice Munro en 2013 et maintenant Modiano n’en relèvent-ils pas ? C’est une politique qui a sa légitimité et qu’on peut respecter, quoique je ne la partage pas<a title="" href="#_ftn9" name="_ftnref9"><span class="MsoFootnoteReference"><span class="MsoFootnoteReference">[9]</span></span></a>. Je me demande toutefois s’il ne faudrait pas voir là un symptôme d’une certaine mentalité contemporaine, qui a renoncé à toute ambition, déteste la prétention, ne croit plus au "génie", se complaît dans un minimalisme accessible à tout-le-monde. En somme, l’Académie suédoise aurait senti d’instinct que seuls des auteurs mineurs étaient vraiment accordés à une époque mineure…<br /> Ce n’est pas la seule raison pour laquelle le prix accordé à Modiano m’inspire une certaine gêne. On nous dit que Modiano est quasiment inconnu dans le monde anglo-saxon, d’où la perplexité avec laquelle <a href="http://www.lefigaro.fr/livres/2014/10/10/03005-20141010ARTFIG00186-modiano-prix-nobel-la-presse-etrangere-perplexe.php">la presse étrangère</a> a accueilli l’annonce de son prix. Certes, on peut partir du principe que Modiano est un auteur très important, et en déduire qu’il y a là une preuve supplémentaire, parmi bien d’autres, que les États-Unis (et à moindre degré la Grande-Bretagne) vivent renfermés sur eux-mêmes, peu curieux du monde extérieur<a title="" href="#_ftn10" name="_ftnref10"><span class="MsoFootnoteReference"><span class="MsoFootnoteReference">[10]</span></span></a>. Cependant on peut aussi se demander si, à l’inverse, ce ne serait pas une preuve que les livres de Modiano sont terriblement franco-centrés et donc peu attractifs pour des étrangers : de fait Paris y joue un tel rôle, et le souvenir de l’Occupation y est si prégnant, qu’on se demande si quelqu’un qui ignorerait tout de l’histoire de France au XX<span style="font-size: x-small;"><sup><span style="font-family: Georgia, serif;">e</span></sup></span> siècle peut entrer dans cet univers. Si encore il s’agissait d’un romancier social, à la Zola ou à la Tom Wolfe, qui ne nous laisse rien ignorer du milieu qu’il nous invite à explorer avec lui ! Mais chez Modiano, tout fonctionne par allusion, tous les signes sont flous. On pourrait presque dire que chez lui, les noms propres ne sont pas des "effets de réel", mais des effet d’irréel ! Or encore faut-il que lecteur connaisse ces référents historiques et géographiques pour bien sentir la brume d’irréel dans laquelle la prose modianesque les enveloppe. Le bref libellé de l’Académie suédoise qui justifie la désignation de Modiano est dailleurs ainsi rédigé : « pour son art de la mémoire avec lequel il a évoqué les destinées humaines les plus insaisissables et dévoilé le monde de l'Occupation ». C’est une curieuse approche de la littérature que de mettre en avant la peinture d’une période historique : le mérite principal de Balzac et de Stendhal est-il d’avoir dévoilé la France de 1830, le mérite principal de Shakespeare d’avoir brossé un tableau de l’Angleterre à l’époque des Lancastre et des York ? Bien sûr, il y a <em>aussi</em> celà chez eux, mais un écrivain n’est pas un historien, et si son œuvre a une valeur documentaire sur une époque, c’est <em>par surcroît</em>. Et du reste, l’Académie suédoise se trompe : Modiano ne peint pas l’Occupation comme Proust la France du début du XX<span style="font-size: x-small;"><sup><span style="font-family: Georgia, serif;">e</span></sup></span> siècle ou Zola celle du Second Empire. Pour comprendre l’Occupation par le roman, il vaut mieux relire <em>Au bon beurre</em> de Jean Dutourd, <em>Les Forêts de la nuit</em> de Jean-Louis Curtis, <em>Le Chemin des écoliers</em> de Marcel Aymé ou <em>Mon village à l’heure allemande</em> de Jean-Louis Bory. L’Occupation de Modiano est un souvenir, une atmosphère, une projection, un fantasme, un vertige, un cauchemar : ce n’est pas un cadre réel. On peut même affirmer que Modiano ne nous dévoile rien du tout de l’Occupation, mais énormément de la névrose mémorielle de l’Occupation dans la France des années 70 et suivantes, comme je le souligne dans ma note critique sur ses trois premiers récits. </span><span style="font-size: small;"><span style="font-family: Georgia, serif;">Or je fais partie de ces gens dont le patriotisme souffre beaucoup plus du cirque permanent de la repentance que des objets mêmes de cette repentance maladive (esclavage, colonialisme, affaire Dreyfus, Vichy, fachisme, tout ça). C’est pourquoi, devant cette célébrité planétaire qui s’abat sur Modiano, j’ai l’impression pénible qu’éprouvent les gens dont le honteux secret de famille se voit brusquement exposé en public. Cet enfant psychopathe qu’on exhibe malgré nous, oui, c’est bien notre rejeton ; inné ou acquis, son trouble mental vient bien de nous ; vous ne le saviez pas, mais nous vivons depuis si longtemps avec cette tare qu’elle fait partie de nous. En lisant Modiano, le monde entier va savoir que nous sommes toujours obsédés par ce que nous avons fait sous Vichy, que nous passons notre temps à nous tourmenter sur l’infamie des collabos et l'horreur du génocide juif. Bernard Pivot voit en Modiano un auteur « <a href="http://www.la-croix.com/Culture/Livres-Idees/Livres/Bernard-Pivot-Patrick-Modiano-est-un-coloriste-des-souvenirs-2014-10-09-1246653">très français</a> ». </span><span style="font-family: Georgia, serif;">Pour la forme, on peut en discuter. Mais pour ce qui est du contenu, c’est tragiquement vrai.</span></span></p><p class="MsoNormal" style="text-align: justify; text-justify: inter-ideograph;"><span style="font-family: Georgia, serif; font-size: small;"> </span><span style="font-family: Georgia, serif; font-size: small;"><span style="font-family: Georgia, serif;">Même en restant sur un plan strictement littéraire, e</span></span><span style="font-family: Georgia, serif;">n</span><span style="font-family: Georgia, serif; font-size: small;"> tant que
Elisabeth
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LE TEMPS
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2014-08-20T18:49:00+02:00
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Le temps dont nous disposons chaque jour est élastique : les passions que...
<p><span style="font-size: medium; color: #333399;"><em><span style="font-family: tahoma, arial, helvetica, sans-serif;">Le temps dont nous disposons chaque jour est élastique : les passions que nous ressentons le dilatent, celles que nous inspirons le rétrécissent, et l'habitude le remplit.</span></em></span></p><p>(Marcel PROUST, <em>A la recherche du temps perdu</em>)</p><p><img id="media-4663836" style="float: left; margin: 0.2em 1.4em 0.7em 0;" title="" src="http://boulevarddesresistants.hautetfort.com/media/01/01/3751999223.jpeg" alt="citations,auteur,écriture,livre,culture,proust" /></p>
la bouche plein de terre
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La carte postale du jour...
tag:manoeuvres.hautetfort.com,2014-08-17:5429588
2014-08-17T12:31:00+02:00
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"Les glaces déformantes sont drôles, mais ne seront jamais que des...
<p> </p><blockquote><p><span style="font-family: helvetica; font-size: medium;">"Les glaces déformantes sont drôles, mais ne seront jamais que des miroirs."<span><br /></span></span><span style="font-family: helvetica; font-size: medium;">- Francis Picabia, Écrits critiques</span></p></blockquote><p style="text-align: center;"><img id="media-4660397" style="margin: 0.7em 0;" title="" src="http://manoeuvres.hautetfort.com/media/00/02/2543340137.jpg" alt="dimanche 17 aout 2014.jpg" /></p><p><span style="font-family: helvetica; font-size: medium;">Je me souviens d'avoir écouté plusieurs fois la compilation CD accompagnant le magazine Wire et d'avoir vraiment adoré la plage 5 au point de chercher qui en était l'auteur, dans l'excitation d'avoir une nouvelle trouvaille pour mes oreilles encore avides de sonorités inédites, mais d'avoir regardé trop vite, de m'être trompé d'une ligne et d'avoir finalement commandé ce 45tours de <strong>Silje Nes</strong> qui s'est avéré être - chance! - excellent.</span><br /><span style="font-family: helvetica; font-size: medium;">Je me souviens bien d'avoir été surpris par ces deux titres instrumentaux en miroir : iconoclaste, ni trop musical, ni trop abstrait, rêveur, intrigant, comme devrait toujours l'être la bonne musique.</span><br /><span style="font-family: helvetica; font-size: medium;">Je me souviens aussi de m'être alors intéressé de près à cette jeune artiste norvégienne et d'avoir été un peu surpris par ses deux précédents albums, bien moins expérimentaux, mais pas au point d'en être décevant, puis de l'avoir trouvée attachante, idéaliste dans sa démarche, surtout lorsque j'a découvert un entretien d'où je tire ces quelques lignes :</span></p><blockquote><p><em><span style="font-family: helvetica; font-size: medium;">"I really hope that independent record stores will find ways of staying relevant, even if it surely won't be as easy as before. I think people will always seek community around music, and record stores could still have a role to play there. A friend of mine runs a really nice one in Norway called Robot, and he's combining the records with selling books and running lots of other projects there. It's a very personal place, and people love to come and hang out."</span></em></p></blockquote><p><span style="font-family: helvetica; font-size: medium;">C'est aussi une communauté qui existe autour d'<em>À</em> <em>la recherche du temps perdu</em> de <strong>Proust</strong>. Lire ce grand livre, le relire, lire sur <em>La Recherche</em> aussi, tout ceci fonctionne un peu comme un miroir où l'on mesure l'effet du temps, ce qu'il change en nous, mais aussi ce qui est resté. C'est ainsi que fonctionne<em> À la lecture</em>, écrit par <strong>Matthieu Riboulet</strong> et <strong>Véronique Aubouy</strong> à qui l'on doit <em>Proust Lu</em>, projet commencé en octobre 1993 qui consiste à filmer des lectrices et lecteurs de <em>La Recherche</em>, à raison de deux pages par participant, pour un résultat pas encore terminé mais qui compte presque </span><span style="font-family: helvetica; font-size: medium;">2000 lecteurs pour environ 180 heures de films ! <em>À la lecture</em> revient sur ce projet, ses protagonistes, la relation avec Proust, des anecdotes, de l'intime, du cinéma aussi, de la littérature, beaucoup. Un livre extraordinaire pour qui a lu, ou pas, <em>À la recherche du temps perdu</em>.</span></p><blockquote><p><em><span style="font-family: helvetica; font-size: medium;">"Notre envie de disparaître n'a d'égale que notre envie de demeurer pour toujours, c'est en réalité la même envie, qu'on identifie sans vraiment l'identifier, à laquelle on se met en devoir de répondre sans en avoir la moindre conscience, jusqu'à ce qu'un accident, une parole, une pensée, une lecture, une réflexion qu'on nous a faite nous éclaire plus ou moins crûment, nous laissant dans l'impossibilité de l'ignorer plus longtemps, quitte à ce que nous nous employions ensuite à la faire de nouveau disparaître dans les limbes du déni.</span></em></p><p><em><span style="font-family: helvetica; font-size: medium;"> Ainsi, je sais grâce à quelques lectures cruciales et à un intense retour sur moi-même que l'écriture répond pour moi à la double injonction où l'héritage m'a placé : dévoiler, mais taire ; dire, mais rester muet. Écrire, donc, c'est-à-dire parler en silence. Le livre serait pour moi la cachette par excellence, le lieu où se retirer pour dire ce qu'on a vu quand on était dehors.</span></em><br /><em><span style="font-family: helvetica; font-size: medium;">Comme d'aucun retranché dans sa chambre capitonnée de liège à restituer l'enchantement des années d'oisiveté, le délicat parfum des souffrances journalières, l'effacement programmé de ces subtilités infinies qui tissent une existence et qu'on voudrait bien retenir un peu plus. Ou d'aucune, derrière sa caméra, déléguant à des centaines d'autres le soin de dire l'émotion extrême, insensée où l'a à jamais jetée la lecture d'</span></em><span style="font-family: helvetica; font-size: medium;">À</span><span style="font-family: helvetica; font-size: medium;">la recherche du temps perdu</span><em><span style="font-family: helvetica; font-size: medium;">, la démultipliant à l'infini, la convoquant toutes les deux pages pour qu'à l'écran de nouveau elle s'affiche, toujours neuve, toujours intacte, toujours telle qu'au premier jour, extrême, violente, absolument imparable, tout enserrée qu'elle soit dans le rituel cinématographique.</span></em></p><p><em><span style="font-family: helvetica; font-size: medium;"> Cette nécessité, pour certains vitale, de disparition de l'artiste derrière son œuvre s'accommode mal (c'est un euphémisme) de l'impératif de visibilité auquel il est désormais soumis de façon croissante, puisqu'il semble que la société ne se satisfait plus des seules œuvres, qu'elle désire en plus se payer la bête, en l'occurrence le corps de l'auteur. Imagine t-on Proust au Salon du livre, ou même à une causerie de la Société des gens de lettres ? Autres temps, autres mœurs, je sais ; n'empêche, je me réjouis qu'il soit à jamais à l'abri de ses parois de liège, perdu dans ses fumigations, comme je me réjouis que Genet soit resté insaisissable, Blanchot irreprésenté.</span>"</em></p></blockquote>
la bouche plein de terre
http://manoeuvres.hautetfort.com/about.html
La carte postale du jour ...
tag:manoeuvres.hautetfort.com,2014-06-22:5396052
2014-06-22T11:17:00+02:00
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Si Socrate semble triste dès qu'il refait surface, c'est parce que,...
<blockquote><p><em><strong><span style="font-family: helvetica; font-size: medium;">Si Socrate semble triste dès qu'il refait surface, c'est parce que, venant d'éprouver l'inexistence de son moi, le voilà malgré tout contraint d'incarner son rôle de sage des rues et de ressasser sa formule : Je sais que je ne suis rien.</span></strong></em><br /><strong><span style="font-family: helvetica; font-size: medium;">- Frédéric Schiffter, <em>Le philosophe sans qualités</em> (2006)</span></strong></p></blockquote><p style="text-align: center;"><img id="media-4603306" style="margin: 0.7em 0;" title="" src="http://manoeuvres.hautetfort.com/media/01/00/408009987.jpg" alt="etienne daho, alan bennett, chansons de l'innocence retrouvée, la reine des lectrice, proust" /></p><p><span style="font-family: helvetica; font-size: medium;">Je me souviens du <strong>Daho</strong> des années 80, celui de<em> Tomber pour la France</em>, </span><span style="font-family: helvetica; font-size: medium;">d'une variétoche de bonne qualité, toujours estimable, même si c'est bien la </span><span style="font-family: helvetica; font-size: medium;">première fois que j'achète l'un de ses disques.</span><br /><span style="font-family: helvetica; font-size: medium;">Je ne me souviens pas d'avoir vu une pochette d'album plus moche que </span><span style="font-family: helvetica; font-size: medium;">celle-ci...</span><br /><span style="font-family: helvetica; font-size: medium;">Je me souviens aussi d'avoir eu le coup de foudre pour la chanson <em>En </em></span><span style="font-family: helvetica; font-size: medium;"><em>surface</em>, entendue sur France Cu' dans sa version acoustique (violons) et en </span><span style="font-family: helvetica; font-size: medium;">duo avec Dominique A, mais d'avoir été un peu déçu par cet album en dents de </span><span style="font-family: helvetica; font-size: medium;">scie (et du coup représentatif de la carrière du chanteur français) qu'on dirait </span><span style="font-family: helvetica; font-size: medium;">conçu pour faire plaisir à tous, quoique bien produit et inventif, et muni de ce </span><span style="font-family: helvetica; font-size: medium;">titre presque new-wave dont j'apprécie la simplicité efficace de la musique et </span><span style="font-family: helvetica; font-size: medium;">du texte :</span></p><blockquote><p><em><span style="font-family: helvetica; font-size: medium;"> Je rêvais d’une vie de plumes,</span></em><br /><em><span style="font-family: helvetica; font-size: medium;"> Ignorais la stèle et l’enclume</span></em><br /><em><span style="font-family: helvetica; font-size: medium;"> Je balayais mes propres traces</span></em><br /><em><span style="font-family: helvetica; font-size: medium;"> Que de temps perdu en surface.</span></em></p></blockquote><p><span style="font-family: helvetica; font-size: medium;">Une autre vie passée en surface, celle de la Reine d'Angleterre qui se </span><span style="font-family: helvetica; font-size: medium;">passionnerait tout soudainement pour la littérature. Fiction cocasse pour un </span><span style="font-family: helvetica; font-size: medium;">divertissement intelligent, signé de l'écrivain britanique <strong>Alan Bennett</strong>, citant allégrement les grands noms de la littérature </span><span style="font-family: helvetica; font-size: medium;">anglaise, mais pas seulement, comme le prouve ce savoureux dialogue de fin </span><span style="font-family: helvetica; font-size: medium;">d'ouvrage :</span></p><blockquote><p><em><span style="font-family: helvetica; font-size: medium;">- Certains parmi vous ont-ils lu Proust ? demanda la reine en s'adressant à </span><span style="font-family: helvetica; font-size: medium;">l'ensemble de l'assistance.</span><span style="font-family: helvetica; font-size: medium;"> "Qui ?" murmura un viellard dur d'oreille.</span></em><br /><em><span style="font-family: helvetica; font-size: medium;">Quelques mains se levèrent mais celle du Premier ministre n'en faisait pas </span><span style="font-family: helvetica; font-size: medium;">partie. Voyant cela, l'un des plus jeunes membres du gouvernement, qui avait </span><span style="font-family: helvetica; font-size: medium;">lu </span></em><span style="font-family: helvetica; font-size: medium;">La Recherche</span><em><span style="font-family: helvetica; font-size: medium;"> et s'apprêtait à lever la main, s'abstint de le faire en se disant </span><span style="font-family: helvetica; font-size: medium;">que cela risquait de lui attirer des ennuis.</span></em><br /><em><span style="font-family: helvetica; font-size: medium;"> La reine compta les mains qui s'étaient levées, dont la plupart appartenaient </span><span style="font-family: helvetica; font-size: medium;">à des membres de ses tout premiers gouvernements.</span></em><br /><em><span style="font-family: helvetica; font-size: medium;">- Huit, neuf... et dix. Ma foi, c'est mieux que rien, mais cela ne m'étonne guère. </span><span style="font-family: helvetica; font-size: medium;">Si j'avais posé la même question au gouvernement de Mr Macmillan, je suis </span><span style="font-family: helvetica; font-size: medium;">sûre qu'un douzaine de mains se seraient levées, y compris la sienne. Mais </span><span style="font-family: helvetica; font-size: medium;">je reconnais que ma remarque n'est pas très fair-play, car je n'avais moi-même </span><span style="font-family: helvetica; font-size: medium;">pas encore lu Proust à cette époque.</span></em><br /><em><span style="font-family: helvetica; font-size: medium;">- J'ai lu Trollope, intervint un ancien ministre des Affaires étrangères.</span></em><br /><em><span style="font-family: helvetica; font-size: medium;">- Je suis enchantée de l'apprendre, dit la reine, mais Trollope n'est pas Proust.</span></em><br /><em><span style="font-family: helvetica; font-size: medium;"> Le ministre de l'intérieur, qui ne les avait lus ni l'un ni l'autre, acquiesça d'un air </span><span style="font-family: helvetica; font-size: medium;">convaincu.</span></em><br /><em><span style="font-family: helvetica; font-size: medium;">- L'ouvrage de Proust est passablement long, même si l'on peut en venir à </span><span style="font-family: helvetica; font-size: medium;">bout pendant des vacances d'été, à condition bien sûr de renoncer au ski </span><span style="font-family: helvetica; font-size: medium;">nautique. À la fin du roman, Marcel - le narrateur - s'aperçoit que l'ensemble de </span><span style="font-family: helvetica; font-size: medium;">sa vie se ramène à bien peu de chose et décide de la racheter en écrivant le </span><span style="font-family: helvetica; font-size: medium;">livre que le lecteur vient de lire, exposant en cours de route les rouages </span><span style="font-family: helvetica; font-size: medium;">secrets de la mémoire et du souvenir.</span></em><br /><em><span style="font-family: helvetica; font-size: medium;">"Pour ce qu'il m'est permis d'en juger, ma propre vie offre sans doute un bilan </span><span style="font-family: helvetica; font-size: medium;">plus riche que celle de Marcel, mais j'estime comme lui qu'elle mérite d'être </span><span style="font-family: helvetica; font-size: medium;">rachetée, par l'analyse et la réflexion.</span></em><br /><em><span style="font-family: helvetica; font-size: medium;">- L'analyse ? dit le Premier ministre.</span></em></p><p><em><span style="font-family: helvetica; font-size: medium;">- Et la réflexion, compléta la reine.</span></em><br /><em><span style="font-family: helvetica; font-size: medium;">Entrevoyant une plaisanterie qui ne manquerait pas de faire son petit effet à la </span><span style="font-family: helvetica; font-size: medium;">Chambre des communes, le ministre de l'Intérieur se risqua à intervenir :</span></em><br /><em><span style="font-family: helvetica; font-size: medium;">- Devons-nous en déduire que Votre Majesté a décidé d'entreprendre ce récit </span><span style="font-family: helvetica; font-size: medium;">à la suite d'une révélation... Qu'elle aurait eue dans un livre... un livre français, </span><span style="font-family: helvetica; font-size: medium;">de surcroît... Ha, ha, ha.</span></em><br /><em><span style="font-family: helvetica; font-size: medium;"> Deux ou trois ricanements lui firent écho dans l'assembleé, mais la reine n'eut </span><span style="font-family: helvetica; font-size: medium;">pas l'air de se rendre compte q ue le ministre avait voulu plaisanter (sans </span><span style="font-family: helvetica; font-size: medium;">d'ailleurs y parvenir).</span></em><br /><em><span style="font-family: helvetica; font-size: medium;">- Non, monsieur le ministre de l'Intérieur. Comme vous le savez sans doute, </span><span style="font-family: helvetica; font-size: medium;">les livres produisent rarement un effet aussi direct. Ils viennent plutôt </span><span style="font-family: helvetica; font-size: medium;">confirmer une opinion ou une décision que l'on a déjà prise, parfois sans s'en </span><span style="font-family: helvetica; font-size: medium;">rendre compte. On cherche dans un livre la confirmation de ses propres </span><span style="font-family: helvetica; font-size: medium;">convictions. Chaque livre, à tout prendre, porte en lui un autre livre.</span></em></p></blockquote>
Xavier JASSU
http://lapinos.hautetfort.com/about.html
Critique littéraire
tag:lapinos.hautetfort.com,2014-06-13:5390316
2014-06-13T11:54:14+02:00
2014-06-13T11:54:14+02:00
Dans un pays comme la France où règle le culte de la littérature, qui comme...
<p style="text-align: justify;"><strong>Dans un pays comme la France où règle le culte de la littérature, qui comme tous les cultes est excessif, les chefs d'Etat sont amenés à "communiquer" leur passion dans ce domaine. On sait par exemple l'estime de de Gaulle pour l'auteur du <em>"Génie du christianisme"</em>, le pédéraste chrétien François-René de Chateaubriand. J'insiste sur la pédérastie de l'auteur, au sens plein du terme, car elle explique pourquoi Chateaubriand trouve du génie à la religion qui en est le plus dépourvue au monde, car elle est la moins providentielle - moins encore que le judaïsme. P</strong><strong>our un artiste un peu plus sérieux ou un savant, le génie est en effet une maladie infantile.</strong></p><p style="text-align: justify;"><strong>Georges Pompidou avait des goûts de prof. Mitterrand disait en pincer pour Jacques Chardonne, dont l'esprit n'est guère éloigné de Chateaubriand. Jacques Chirac devait trouver trop efféminé d'étaler ses goûts.</strong></p><p style="text-align: justify;"><strong>N. Sarkozy a dit son admiration pour Céline, ce qui est plutôt habile quand on vient d'une banlieue chic, puisque Céline est le dernier grand auteur populaire, ce que l'on reconnaît notamment au fait qu'il est censuré par l'Education nationale. Pour ne pas complètement se couper de Neuilly et du financement du parti, N. Sarkozy a aussi dit admirer Proust. Difficile, là encore, de savoir s'il était sincère, mais il y a bien une commune "recherche du temps perdu" entre Proust et les politiciens modernes, c'est-à-dire une sorte d'activité paradoxale qui consiste à ne pas agir, une sorte d'autofiction pure, les politiciens étant désormais absorbés par l'élaboration de la meilleure image possible d'eux-mêmes.</strong></p><p style="text-align: justify;"><strong>N. Sarkozy a émis cet avis qu'il n'est pas nécessaire d'être homosexuel pour aimer la littérature de Proust. Du reste Proust est le type d'homosexuel décrié aujourd'hui, qui refuse de faire son <em>"coming out"</em> pour ne pas choquer sa mère. Cependant, s'il n'est pas besoin d'être homosexuel pour aimer Proust, il faut comme beaucoup de femmes, être fasciné par la mort, et, je dirais, une qualité de plaisir spécifique associée à la mort. En même temps qu'elle en est le produit le plus raffiné, non loin du cinéma, la littérature de Proust traduit la nullité absolue de la culture occidentale et pourquoi Nietzsche la croit condamnée à rejoindre ce néant auquel elle aspire secrètement, comme une jouissance suprême.</strong></p><p style="text-align: justify;"><strong>Ce qui manque chez Nietzsche, c'est une explication plausible de comment le prince des poètes, Satan-Zarathoustra, a pu être vaincu par une myriade de petits poètes pédérastiques occidentaux. Qu'est-ce que Satan peut bien avoir en tête quand il donne l'avantage à des guerriers-femelles, incapables d'héroïsme et qui font la guerre en appuyant sur des boutons et des gâchettes, au lieu de permettre aux valeureux guerriers arabes de triompher ? Pourquoi le triomphe de la quantité sur la qualité ? De la hyène occidentale sur le lion d'Orient ? Qu'est-ce que c'est que ce sens merdique de l'histoire ? Pour cela il faut lire les prophètes Paul de Tarse et Shakespeare, qui en savent plus sur Satan que ses lieutenants-généraux eux-mêmes. Chaque manière de faire la guerre indique un état d'esprit particulier de Satan à l'égard de ses créatures, une façon d'en disposer stratégiquement la mieux adaptée aux circonstances de la lutte.</strong></p>
Littérature de partout
http://litteraturedepartout.hautetfort.com/about.html
Daniel Pozner, /D'un éclair/ : recension
tag:litteraturedepartout.hautetfort.com,2014-06-04:5383211
2014-06-04T05:04:00+02:00
2014-06-04T05:04:00+02:00
Dans son précédent livre, Trois mots (Le Bleu du Ciel,...
<p style="text-align: center;"><img id="media-4580763" style="margin: 0.7em 0;" title="" src="http://litteraturedepartout.hautetfort.com/media/02/02/3716306591.19.jpg" alt="imgres.jpg" /></p><p class="MsoNormal" style="margin-left: 21.3pt; text-align: justify;"><span style="font-size: 14.0pt; mso-bidi-font-size: 12.0pt; font-family: Baskerville;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>Dans son précédent livre, <em style="mso-bidi-font-style: normal;">Trois mots</em> (Le Bleu du Ciel, 2013), Daniel Pozner suivait une contrainte rigoureuse : chaque vers des 69 poèmes ne comprenait que trois mots, le premier vers de la première strophe devenant le second vers de la suivante, et cela jusqu'à la fin ;<span style="mso-spacerun: yes;"> </span>la contrainte ne lassait pas, des fragments de citations étant introduits, plus ou moins reconnaissables : des paroles de chansons, un vers d'Apollinaire, etc., et bien lisible les premiers mots de <em style="mso-bidi-font-style: normal;">Du côté de chez Swann</em>. Pourquoi ce retour sur <em style="mso-bidi-font-style: normal;">Trois mots</em><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>? Parce que <em style="mso-bidi-font-style: normal;">/d'un éclair/</em> est construit à partir d'un extrait de Proust donné en exergue avec la référence (« Rien qu'un moment du passé ? Beaucoup plus peut-être (...] », Marcel Proust, <em style="mso-bidi-font-style: normal;">Le Temps retrouvé</em>), précisément le poème reprend les mots du passage — passage qui se poursuit ainsi : « ; quelque chose qui, commun à la fois au passé et au présent, est beaucoup plus essentiel qu'eux deux »<sup>(1)</sup>.</span></p><p class="MsoNormal" style="margin-left: 21.3pt; text-align: justify;"><span style="font-size: 14.0pt; mso-bidi-font-size: 12.0pt; font-family: Baskerville;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>Le poème alterne les parties en prose et en vers. Les premières amorcent ce qui est proposé dans les secondes, avec des décalages. Par exemple, l'annonce d'un récit dans la première séquence en prose se poursuit par le rappel des trois règles du théâtre classique (temps, lieu, action), mais l'unité « se défaisait[...] en petits morceaux »<span style="mso-spacerun: yes;"> </span>et de manière triviale, avec<span style="mso-spacerun: yes;"> </span>« la boue sur les bottes » (allusion au conte ?).<span style="mso-spacerun: yes;"> </span>Dans les poèmes, la tentative du récit est rompue par le fait que les mots sont incomplets, aisément identifiables quand il s'agit d'éléments de la citation<span style="mso-spacerun: yes;"> </span>: « <em style="mso-bidi-font-style: normal;">Rien qu'un mo / Beaucoup plus / beaucoup plus / ce qu'au mo</em> » (p. 8), beaucoup moins quand ils n'en font pas partie, mais ces mots réapparaissent, alors entiers (ou presque !) dans d'autres poèmes. Le poème s'élabore de manière analogue à la recherche proustienne et, dans les séquences en prose, les références au lent travail de remise en ordre des mots sont abondants. Il s'agit de « ramasser les miettes », on a affaire avec une « page à trous », un « morceau d'une chose brisée », un « fragment », des « traces », un « palimpseste », et le narrateur avoue : « J'avale mes mots », « je (...) biffe ». Peut-on retrouver une unité ?</span></p><p class="MsoNormal" style="margin-left: 21.3pt; text-align: justify;"><span style="font-size: 14.0pt; mso-bidi-font-size: 12.0pt; font-family: Baskerville;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>L'unité réside dans le forme : les séquences versifiées sont toutes des sonnets. Ils sont tous rimés, mais la rime n'est pas toujours constituée par un mot entier (voir l'exemple ci-dessus) ; les vers comptent le même nombre de syllabes, mais l'un d'entre eux a une syllabe de plus ou de moins : premier sonnet en vers de 3 syllabes, sauf le dernier, 4 ; deuxième sonnet en vers de 6 syllabes, sauf le onzième, 7 ; troisième sonnet en vers de 4 syllabes, sauf le sixième, 3... Cela est encore observable pour le cinquième sonnet, mais les sonnets 4, 6 et 7 sont hétérométriques... Quant aux huitième et neuvième, ils reprennent deux vers "classiques", respectivement l'octosyllabe et l'alexandrin, et le dernier intègre des mots empruntés à la suite de l'exergue (« Rien qu'un mo du passé ? Beaucoup plus : quelque chose / beaucoup plus essentiel de ma vie, la réa /...».</span></p><p class="MsoNormal" style="margin-left: 21.3pt; text-align: justify;"><span style="font-size: 14.0pt; mso-bidi-font-size: 12.0pt; font-family: Baskerville;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>Simple jeu avec un fragment ? Certes non. D'abord, comme le suggère le derrnier poème, c'est par le travail de l'imagination que se révèle la beauté de la réalité, celle de la langue ; ensuite, l'ensemble enseigne que tout s'écrit avec ce qui est déjà écrit (le lecteur repérera d'ailleurs des allusions à la chanson, à Verlaine,...). Vieille leçon sans doute, mais celle-ci encore : que le poème dans son bel ordre — sonnet en alexandrins rimés — est analogue à « la queue de la comète » dont on sait qu'elle est en partie constituée de poussières.</span></p><p class="MsoNormal" style="margin-left: 21.3pt; text-align: justify;"> </p><p class="MsoNormal" style="margin-left: 21.3pt; text-align: justify;"><span style="color: #0000ff;"><span style="font-family: Baskerville; font-size: 19.09090805053711px;">Daniel Pozner, </span><em style="font-family: Baskerville; font-size: 19.09090805053711px;">/D'un éclair/</em><span style="font-family: Baskerville; font-size: 19.09090805053711px;">, Passage d'encres, 2014, 44 p, 5 €.</span></span></p><p class="MsoNormal" style="margin-left: 21.3pt; text-align: justify;"><span style="font-size: 14.0pt; mso-bidi-font-size: 12.0pt; font-family: Baskerville;">——————————————</span></p><p class="MsoNormal" style="margin-left: 21.3pt; text-align: justify;"><span style="font-size: 14.0pt; mso-bidi-font-size: 12.0pt; font-family: Baskerville;">1. Marcel Proust, <em style="mso-bidi-font-style: normal;">À la recherche du temps perdu</em>, Pléiade, tome IV, 1989, p. 450.</span></p><p class="MsoNormal" style="margin-left: 21.3pt; text-align: justify;"><span style="font-size: 14.0pt; mso-bidi-font-size: 12.0pt; font-family: Baskerville;"> </span></p><p class="MsoNormal" style="margin-left: 21.3pt; text-align: justify;"><span style="font-size: 14.0pt; mso-bidi-font-size: 12.0pt; font-family: Baskerville;"> </span></p><p class="MsoNormal" style="margin-left: 21.3pt; text-align: justify;"><span style="font-size: 14.0pt; mso-bidi-font-size: 12.0pt; font-family: Baskerville;"> </span></p><p class="MsoNormal" style="margin-left: 21.3pt; text-align: justify;"><span style="font-size: 14.0pt; mso-bidi-font-size: 12.0pt; font-family: Baskerville;"> </span></p><p class="MsoNormal" style="margin-left: 21.3pt; text-align: justify;"><span style="font-size: 14.0pt; mso-bidi-font-size: 12.0pt; font-family: Baskerville;"> </span></p><p class="MsoNormal" style="margin-left: 21.3pt; text-align: justify;"><span style="font-size: 14.0pt; mso-bidi-font-size: 12.0pt; font-family: Baskerville;"> </span></p><p class="MsoNormal" style="margin-left: 21.3pt; text-align: justify;"><span style="font-size: 14.0pt; mso-bidi-font-size: 12.0pt; font-family: Baskerville;"> </span></p><p class="MsoNormal" style="margin-left: 21.3pt; text-align: justify;"><span style="font-size: 14.0pt; mso-bidi-font-size: 12.0pt; font-family: Baskerville;"> </span></p><p class="MsoNormal" style="margin-left: 21.3pt; text-align: justify;"><span style="font-size: 14.0pt; mso-bidi-font-size: 12.0pt; font-family: Baskerville;"> </span></p><p class="MsoNormal" style="margin-left: 21.3pt; text-align: justify;"><span style="font-size: 14.0pt; mso-bidi-font-size: 12.0pt; font-family: Baskerville;"> </span></p><p class="MsoNormal" style="margin-left: 21.3pt; text-align: justify;"><span style="font-size: 14.0pt; mso-bidi-font-size: 12.0pt; font-family: Baskerville;"> </span></p><p><!--[if gte mso 9]><xml> <o:OfficeDocumentSettings> <o:AllowPNG/> </o:OfficeDocumentSettings></xml><![endif]--><!--[if gte mso 9]><xml> <w:WordDocument> <w:Zoom>0</w:Zoom> <w:TrackMoves>false</w:TrackMoves> <w:TrackFormatting/> <w:HyphenationZone>21</w:HyphenationZone> <w:PunctuationKerning/> <w:DrawingGridHorizontalSpacing>18 pt</w:DrawingGridHorizontalSpacing> <w:DrawingGridVerticalSpacing>18 pt</w:DrawingGridVerticalSpacing> <w:DisplayHorizontalDrawingGridEvery>0</w:DisplayHorizontalDrawingGridEvery> <w:DisplayVerticalDrawingGridEvery>0</w:DisplayVerticalDrawingGridEvery> <w:ValidateAgainstSchemas/> <w:SaveIfXMLInvalid>false</w:SaveIfXMLInvalid> <w:IgnoreMixedContent>false</w:IgnoreMixedContent> <w:AlwaysShowPlaceholderText>false</w:AlwaysShowPlaceholderText> <w:Compatibility> <w:BreakWrappedTables/> <w:DontGrowAutofit/> <w:DontAutofitConstrainedTables/> <w:DontVertAlignInTxbx/> </w:Compatibility> </w:WordDocument></xml><![endif]--><!--[if gte mso 9]><xml> <w:LatentStyles DefLockedState="false" LatentStyleCount="276"> </w:LatentStyles></xml><![endif]--> <!--[if gte mso 10]><style> /* Style Definitions */table.MsoNormalTable{mso-style-name:"Tableau Normal";mso-tstyle-rowband-size:0;mso-tstyle-colband-size:0;mso-style-noshow:yes;mso-style-parent:"";mso-padding-alt:0cm 5.4pt 0cm 5.4pt;mso-para-margin:0cm;mso-para-margin-bottom:.0001pt;mso-pagination:widow-orphan;font-size:12.0pt;font-family:"Times New Roman";mso-ascii-font-family:Cambria;mso-ascii-theme-font:minor-latin;mso-fareast-font-family:"Times New Roman";mso-fareast-theme-font:minor-fareast;mso-hansi-font-family:Cambria;mso-hansi-theme-font:minor-latin;mso-bidi-font-family:"Times New Roman";mso-bidi-theme-font:minor-bidi;}</style><![endif]--> <!--StartFragment--> <!--EndFragment--></p><p class="MsoNormal" style="margin-left: 21.3pt; text-align: justify;"><span style="font-size: 14.0pt; mso-bidi-font-size: 12.0pt; font-family: Baskerville;"> </span></p>
Xavier JASSU
http://lapinos.hautetfort.com/about.html
Critique littéraire
tag:lapinos.hautetfort.com,2014-05-09:5365439
2014-05-09T11:17:08+02:00
2014-05-09T11:17:08+02:00
"Qu'auront apporté les écrivains de la fin du XXe siècle ? Peut-être un...
<p style="text-align: justify;"><strong><em>"Qu'auront apporté les écrivains de la fin du XXe siècle ? Peut-être un changement de décor. (...)"</em> dixit Frédéric Beigbeder.</strong></p><p style="text-align: justify;"><strong>La littérature de Beigbeder n'est elle-même qu'une resucée de Proust. Il n'y a que les médecins allemands pour s'intéresser vraiment à Proust et à Beigbeder. Ce dernier est d'ailleurs un peu moins nul que Proust, car un peu plus critique.</strong></p><p style="text-align: justify;"><strong>L'homme du peuple, qui n'a rien à cirer de la littérature et de la culture, à l'instar des chrétiens, pourra se demander de même : "Qu'ont apporté les savants de la fin du XXe siècle ?"</strong></p><p style="text-align: justify;"><strong>En ce qui me concerne, je ne recommanderais pas Shakespeare si Shakespeare ne relevait pas de la science, comme la plupart des mythes.</strong></p><p style="text-align: justify;"><strong>F. Beigbeder ajoute : <em>"Je ne pense pas que les centres commerciaux soient la plus grande réussite esthétique du siècle précédent, mais je les considère comme un progrès par rapport aux camps de concentration." </em>Ici Beigbeder retombe au niveau de la doctrine sociale de l'Eglise démocrate-chrétienne, c'est-à-dire de la littérature la plus insane de tous les temps, car il va de soi que les camps de concentration et les centres commerciaux traduisent le même phénomène bestial. On mange en 2014 comme on tue en 2014 : les méthodes d'assassinat nazie sont pasteurisées et hygiéniques. Si les chambres à gaz ont bel et bien été mises en service, c'est ce qu'elles signifient : non pas une cruauté excessive, mais un professionnalisme exemplaire. Les Allemands ont plaidé pour leur défense qu'ils ne s'étaient pas bien rendu compte qu'ils accomplissaient le pire, l'ayant accompli en fonctionnaires plus ou moins zélés. Les centres commerciaux n'ont rien de rabelaisien non plus, mais ils sentent la doctrine sociale démocrate-chrétienne à plein nez. Ils résultent de la germanisation accélérée de la France par ses élites après la dernière guerre, que Bernanos a qualifié de mensonge plus grand que le mensonge de la collaboration lui-même. De fait le parti gaulliste est un des artisans du négationnisme. Conjointement avec le parti communiste, il a fait en sorte qu'on ne puisse tirer aucune leçon de l'histoire.</strong></p><p style="text-align: justify;"><strong>Les hommes du XXe siècle appartiendraient-ils au néant ? Tous leurs efforts ne tendraient-il pas secrètement vers la nullité ?</strong></p>
la bouche plein de terre
http://manoeuvres.hautetfort.com/about.html
La carte postale du jour ...
tag:manoeuvres.hautetfort.com,2014-04-28:5357520
2014-04-28T16:19:00+02:00
2014-04-28T16:19:00+02:00
"Je crois que le beau n’est pas une substance en soi, mais rien qu’un...
<blockquote><p><span style="font-size: medium;"><span style="font-family: andale mono,times;"><strong><em>"Je crois que le beau n’est pas une substance en soi, mais rien qu’un dessin d’ombres, qu’un jeu de clair-obscur produit par la juxtaposition de substances diverses. De même qu’une pierre phosphorescente qui, placée dans l’obscurité émet un rayonnement, perd, exposée au plein jour, toute sa fascination de joyau précieux, de même le beau perd son existence si l’on supprime les effets d’ombre."</em> </strong></span></span></p><p><span style="font-size: medium;"><span style="font-family: andale mono,times;"><strong>- Junichirô Tanizaki, Éloge de l'ombre, 1933 - 2011 pour la traduction française chez Verdier)</strong></span></span></p></blockquote><p><span style="font-family: helvetica; font-size: small;"><img id="media-4537510" style="margin: 0.7em auto; display: block;" title="" src="http://manoeuvres.hautetfort.com/media/00/00/2802515141.jpg" alt="lundi 28 avril 2014.jpg" /></span></p><p style="text-align: center;"> </p><div id="spell_available" class="warning" style="display: none;">Votre texte semble être en anglais. Vous allez être redirigé sur le correcteur anglais dans <strong id="lblsec">5</strong> secondes. <a href="http://www.reverso.net/orthographe/correcteur-francais/">Cliquez ici</a> si vous voulez rester sur le correcteur français.</div><form id="area" method="post"><input id="direction_translation" type="hidden" name="direction_translation" /> <input id="action_form" type="hidden" name="action_form" value="translate" /> <input id="sourcetext" type="hidden" name="sourcetext" value="Je me souviens devoir la découverte de ce très beau disque du compositeur suisse Jean Rochat suite à une lecture d'un extrait du texte de Tanizaki : L'Éloge de l'ombre par la comédienne Dominique Reymond, auquelle il était demandé, cinq jours durant, de lire un écrit qu'elle aimait puis de choisir une musique pour l'illustrer, ce qu'elle fit, proposant ainsi cinq textes différents, mais clôturant l'exercice non pas avec des musiques disparates, mais en utilisant des fragments issus toujours du seul et même disque, pour mon plus grand plaisir. Je me souviens avoir fait des pieds et des mains pour trouver puis obtenir ce disque, ce qui me pris plus d'un an, et c'est ce que l'on peut nommer de la persévérance. Je me souviens avoir été agréablement surpris par la musique dès son premier titre, intitulé J'aime les mots, sa douceur et son éclat soudain, tragique et superbe, et d'y retrouver dans la liste des nombreux musiciens ayant travaillé avec Jean Rochat le quatuor Barbouze de chez Fior ainsi que le trio vocal Norn, et de mettre désolé qu'un tel chef-d'oeuvre soit inconnu et si difficile à obtenir, puis de mettre raviser, profitant ainsi d'être l'un des privilégiés à pouvoir ainsi en profiter, loin du bruit irritant de la foule." /> <input id="origin" type="hidden" name="origin" /><span style="font-family: helvetica; font-size: medium;">Je me souviens devoir la découverte de ce très beau disque du compositeur suisse Jean Rochat suite à une lecture d'un extrait du texte de Tanizaki : <em>L'Éloge de l'ombre</em> par la comédienne Dominique Reymond, <span id="spans0e0" class="msac">auquelle</span> il était demandé, cinq jours durant, de lire un écrit qu'elle aimait puis de choisir une musique pour l'illustrer, ce qu'elle fit, proposant ainsi cinq textes différents, mais <span id="spans0e1" class="ui">clôturant</span> l'exercice non pas avec des musiques disparates, mais en utilisant des fragments issus toujours du seul et même disque, pour mon plus grand plaisir. Je me souviens avoir fait des pieds et des mains pour trouver puis obtenir ce disque, ce qui me pris plus d'un an, et c'est ce que l'on peut nommer de la persévérance. Je me souviens aussi d'avoir été agréablement surpris par la musique dès son premier titre, intitulé J'aime les mots, sa douceur et son éclat soudain, tragique et superbe, et d'y retrouver dans la liste des nombreux <span id="spans1e0" class="sac">musiciens ayant</span> travaillé avec Jean Rochat le quatuor Barbouze de chez <span id="spans1e1" class="msac">Fior</span> ainsi que le trio vocal <span id="spans1e2" class="msac">Norn</span>, et de mettre désolé qu'un tel chef-d'oeuvre soit inconnu et si difficile à obtenir, puis de mettre raviser, profitant ainsi d'être l'un des privilégiés à pouvoir en profiter, loin du bruit irritant de la foule.</span></form><p><span style="font-family: helvetica; font-size: medium;">La lecture aussi est un acte solitaire, pour s'échapper du bruit du monde, un acte trop rare aujourd'hui comme l'explique si bien George Steiner dans ce beau petit livre - <em>Le Silence des livres</em> - dont je recommande particulièrement la postface de Michel Crépu intitulée Ce vice encore inpuni, dont j'extrais à mon tour ce joli petit texte :</span></p><p><span style="font-family: helvetica; font-size: medium;"><em>"Cela me chiffonne toujours un peu, avec les grands livres, qu'on en vienne tout de suite aux grands mots. L'Amour des livres, la Haine des livres, la fureur de lire... Ma foi, quand je pense aux livres, je ne vois pas un bûcher, je vois un jeune garçon assis au fond du jardin, un livre sur les genoux. Il est là, il n'est pas là ; on l'appelle, c'est la famille, l'oncle qui vient d'arriver, la tante qui va s'en aller : "viens dire au revoir! ; "Viens dire bonjours!"Y aller ou pas . Le livre ou la famille ? Les mots ou la tribu ? Le choix du vice (impuni) ou bien celui de la vertu (récompensée) . Quand Larbaud emploie cette expression de "vice impuni", c'est l'adjectif qui m'intrigue. Impuni, vraiment ? Il y aurait donc une sorte d'impunité de la lecture ? h bien oui. Un privilège de clandestinité qui permettrait en somme de poursuivre les opérations en toute tranquillité. L'oncle est là, la famille est rassemblée autour de la table, on parle de la situation, et le jeune garçon qui était au fond du jardin fait semblant d'écouter. Mais il a son silence, ses affaires personnelles, la course invisible de Michel Strogoff à travers la steppe, tout cela dans le brouhaha des carafes, des serviettes, des voix, des rires. Il a obéi à l'injonction, simple question d'espace, mais il continue de trahir en pensant à autre chose. On ne lit pas à table . Aucune importance, le livre continue à se lire en lui ; un peu de patience, et il y aura bientôt la chambre, le silence de la lumière derrière les persiennes. C'est tout l'admirable début de </em>La Recherche<em>, le paradis de Combray et des "beaux après-midi" de lecture à l'ombre du marronnier, le refuge dans la guérite où opère la métamorphose, un autre temps naissant à l'intérieur du temps, un autre monde surgissant des limbes. Les heures sonnent au clocher de <span id="spans0e0" class="msac">Méséglise</span>, mais le narrateur ne les entend plus - "quelque chose qui avait eu lieu n'avait pas eu lieu pour moi ; l'intérêt de la lecture, magique, comme un profond sommeil, avait donné le change à mes oreilles hallucinées et <span id="spans0e1" style="color: #000000;">effacé</span> la cloche d'or sur la surface azurée du silence".</em></span></p><p><span style="font-family: helvetica; font-size: medium;"> </span></p><p><span style="font-family: helvetica; font-size: medium;"> </span></p><p><span style="font-family: helvetica; font-size: medium;"> </span></p>
DH
http://vivelescouleurs.hautetfort.com/about.html
Lettre à Louisa de Mornand, de Marcel Proust
tag:vivelescouleurs.hautetfort.com,2014-03-07:4939838
2014-03-07T04:58:00+01:00
2014-03-07T04:58:00+01:00
Alfref Stevens, Collection privée, 27 x 35,6 cm...
<p style="text-align: center;"><img id="media-4470464" style="margin: 0.7em 0;" title="" src="http://vivelescouleurs.hautetfort.com/media/02/00/3157256795.jpg" alt="Alfred Stevens young-woman-with-the-red-umbrella-by-the-sea.jpg!HD.jpg" /></p><p style="text-align: center;"><em><span style="font-family: verdana, geneva; font-size: x-small;"><span style="color: #333333;">Alfref Stevens, Collection privée, </span><span style="color: #333333; line-height: 15px;"> </span><span style="color: #333333; line-height: 15px;">27 x 35,6 cm</span></span></em></p><p> </p><p><span style="font-family: verdana, geneva; font-size: small; color: #333333;">“J'ai rencontré sur la digue de Cabourg Lucy Gérard. C'était un soir ravissant où le coucher du soleil n'avait oublié qu'une couleur : le rose. Or sa robe était toute rose et de très loin mettait sur le ciel orange la couleur complémentaire du crépuscule. Je suis resté longtemps à regarder cette fine tache rose, et je suis rentré, enrhumé, quand je l'ai vue se confondre avec l'horizon à l'extrémité duquel elle fuyait comme une voile enchantée.” </span></p><p><span style="font-family: verdana, geneva; font-size: small; color: #000000;"> </span></p><p><span style="font-family: verdana, geneva; font-size: small; color: #000000;">Août 1908, Correspondance de Marcel Proust, Tome VII, Philippe Kolb, Ed. Plon 1993.</span></p><p> </p><p><span style="color: #000000;"><em style="color: #cccccc; font-family: 'Times New Roman'; font-size: medium; text-align: -webkit-center; background-color: #000000;"><span style="font-family: Verdana, Arial, Helvetica, sans-serif; font-size: small;"> </span></em></span></p>
Jacques-Emile Miriel
http://jemiriel.hautetfort.com/about.html
Quelque chose échappe
tag:jemiriel.hautetfort.com,2013-11-27:5232580
2013-11-27T23:51:00+01:00
2013-11-27T23:51:00+01:00
La littérature, contrairement à la philosophie,...
<p style="text-align: left;"><img id="media-4344625" style="margin: 0.7em 0;" title="" src="http://jemiriel.hautetfort.com/media/00/01/2096685731.jpg" alt="proust 2.jpg" /></p><p style="text-align: left;"> La littérature, contrairement à la philosophie, n'a pas la prétention de tout dire. Elle affirmerait même volontiers que quelque chose lui échappe. Quand je lis une fiction, un poème, je suis en quête de ce qui est au-delà de l'œuvre, qui l'excède obscurément. Deleuze s'est un peu fourvoyé, dans son livre sur Proust, en tentant d'expliquer schématiquement la théorie du temps dans <em>La Recherche.</em> Bien loin de nous éclairer, il nous fait regretter l'élaboration parfois impalpable en jeu dans le roman. Au fond, ce qu'on désire avant tout, c'est <em>ressentir</em> : telle est l'expérience littéraire qui absorbe et fascine le lecteur, et non la formule rationnelle, dénuée de poésie et de tout sentiment, que voudrait nous transmettre une prétendue science. Le flou artistique, sorte de spirale infinie, est plus riche qu'un trait trop abrupt.</p>
Fabien Rothey
http://fabienrothey.hautetfort.com/about.html
Lettre de Claude Simon à Jean Dubuffet, 21 août 1982
tag:fabienrothey.hautetfort.com,2013-11-02:5211283
2013-11-02T13:55:00+01:00
2013-11-02T13:55:00+01:00
Claude Simon à Jean Dubuffet Salses, le 21 août 1982 Cher Jean...
<p style="text-align: center;"><img id="media-4310893" style="margin: 0.7em 0;" title="" src="http://fabienrothey.hautetfort.com/media/01/00/1471917596.jpg" alt="claude simon" /></p><h2 class="MsoNormal"><span style="font-family: arial,helvetica,sans-serif; font-size: small; color: #000000;">Claude Simon à Jean Dubuffet</span></h2><p class="MsoNormal"><span style="font-family: arial,helvetica,sans-serif; font-size: small; color: #000000;">Salses, le 21 août 1982</span></p><p class="MsoNormal"><span style="font-family: arial,helvetica,sans-serif; font-size: small; color: #000000;">Cher Jean Dubuffet,</span></p><p class="MsoNormal" style="text-align: justify;"><span style="font-family: arial,helvetica,sans-serif; font-size: small; color: #000000;">Pardonnez-moi, je vous prie, mon retard à vous répondre, mais j’ai perdu mon temps ces derniers jours à me chamailler avec les services « culturels » et consulaires américains. J’étais invité cet automne à un colloque sur le roman à New York, mais sous prétexte que j’ai été membre du Parti Communiste en 1936/37 (cela fait maintenant 45 ans !) on exigeait, pour me donner le visa d’entrée aux Etats-Unis, que je fournisse par écrit mon curriculum-vitae détaillé <em style="mso-bidi-font-style: normal;">depuis l’âge de 16 ans</em> ! Il fallait, en plus, que j’indique avec précision le lieu, le jour, l’heure de mon arrivée, le nom de la compagnie aérienne, le numéro du vol. On croit rêver ! A la fin, je les ai envoyés promener.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: arial,helvetica,sans-serif; font-size: small; color: #000000;">Je crois (pardonnez-moi) que s’attacher aux mondanités de Proust n’est pas la bonne façon de le lire. Au surplus, si vous y regardez bien, il ne manifeste aucune déférence, bien au contraire. On a rarement été aussi féroce à l’égard de ces gens dont il se complait à souligner l’extrême sottise et l’extrême vulgarité. Il ne fait grâce et n’a quelque tendresse que pour les « marginaux » (Swann, Odette de Crécy – à la rigueur le Prince de Guermantes…). Au surplus encore, les stratégies du Faubourg Saint-Germain (préséances, humiliations, manœuvres, etc.) me paraissent, questions de formes mises à part, les mêmes que dans tous les milieux sociaux. J’en observe d’identiques chez les paysans qui m’entourent. Ce n’est donc pas là que réside pour moi son génie, mais dans l’usage qu’il fait de la description et les structures toutes nouvelles qu’il introduit dans la littérature. En ce sens, je vois en lui l’écrivain le plus subversif (dans tous les sens du terme) du XXe siècle.</span></p><p class="MsoNormal" style="text-align: justify;"><span style="font-family: arial,helvetica,sans-serif; font-size: small; color: #000000;">Merci encore de ce que vous me dites des <em style="mso-bidi-font-style: normal;">Géorgiques</em>. Comme toujours vous voyez juste : c’est tellement une mine que le titre provisoire (et peut-être définitif) du bouquin auquel je travaille est <em style="mso-bidi-font-style: normal;">Complément d’information</em>.</span></p><p class="MsoNormal" style="text-align: justify;"><span style="font-family: arial,helvetica,sans-serif; font-size: small; color: #000000;">Je suis ému par la dernière phrase de votre lettre : « … Paris vacant, le vide absolu – alarmant ». Oui. C’est une sensation que j’ai souvent ressentie. D’un autre côté, le grouillement grégaire des estivants qui envahissent au mois d’août le coin de France où je suis n’est pas moins alarmant… sinon terrifiant. Que faire ?... </span></p><p class="MsoNormal"><span style="font-family: arial,helvetica,sans-serif; font-size: small; color: #000000;">Amicalement à vous.</span></p><p class="MsoNormal"><span style="font-family: arial,helvetica,sans-serif; font-size: small; color: #000000;">Claude Simon</span></p><p> </p><p> </p>
Opapilles
http://opapilles.hautetfort.com/about.html
Se soigner par le livre
tag:opapilles.hautetfort.com,2013-10-04:5183150
2013-10-04T05:22:00+02:00
2013-10-04T05:22:00+02:00
« La lumière est dans le livre . Ouvrez le livre tout grand. Laissez-le...
« <strong>La lumière est dans le livre</strong>. Ouvrez le livre tout grand. Laissez-le rayonner, laissez-le faire. » Victor Hugo, dans son discours d’ouverture du congrès littéraire de 1878, prête au livre un pouvoir que les adeptes de la bibliothérapie connaissent bien.</br><br /><p style="text-align: center"><img src="http://opapilles.hautetfort.com/media/00/01/1995546730.jpg" id="media-4266346" title="" alt="livre,santé,sciences humaines,littérature,victor hugo,proust,angoisse,bien-être" style="margin: 0.7em 0;" /></p><br /><strong>La bibliothérapie est l’utilisation du livre comme outil de soin.</strong> La lecture serait source d’apaisement des troubles anxieux, troubles de l’humeur, angoisses, épisodes dépressifs, phobies, troubles du sommeil et de renforcement du bien-être psychologique. En 1905, Marcel Proust propose un texte édifiant dans son livre Sur la lecture. Le passage décrit l’état des individus en proie à un épisode dépressif majeur ou modéré, et en quoi la lecture peut représenter un soin psychothérapeutique. Proust fait le constat que les esprits fragilisés sont dans une sorte d’inertie intérieure, s’enlisent dans un déni de soi, incapables de vouloir. Pour retrouver ce goût de la volonté, et notamment celle de guérir, l’écrivain estime que ces individus doivent trouver de l’aide dans l’impulsion d’un esprit extérieur, qui leur permettrait d’opérer une inspection intérieure nécessairement solitaire. </br><br />Pour en savoir plus sur la bibliothérapie, on peut lire l'article publié sur le site <a href="http://mondedulivre.hypotheses.org/1700" target="_blank">mondedulivre.hypotheses.org</a>
S. Lle noel
http://defensederire.hautetfort.com/about.html
La madeleine de la rentrée scolaire
tag:defensederire.hautetfort.com,2013-09-04:5155213
2013-09-04T08:30:00+02:00
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La rentrée scolaire, c’est pour le parent, bien plus que pour l’enfant, un...
<p class="MsoNormal" style="text-align: justify; line-height: 150%;"><span style="font-family: arial, helvetica, sans-serif; font-size: medium;"><img id="media-4236773" style="float: left; margin: 0.2em 1.4em 0.7em 0;" title="" src="http://defensederire.hautetfort.com/media/00/02/1967388018.jpg" alt="ecole, rentrée scolaire, nabila, dumas, madeleine, proust, lecture" />La rentrée scolaire, c’est pour le parent, bien plus que pour l’enfant, un événement. C'est l’émotion, la nostalgie du retour fugace à une époque plus ou moins lointaine, plus ou moins bénie, une madeleine qui fait remonter des souvenirs enfouis profondément tout le reste de l’année. Tout ce tapage autour de la rentrée prouve bien qu’il y a là un sujet exclusivement dévolu aux adultes, les enfants ne s’en font pas toute une montagne, la plupart sont simplement ravis de retrouver tant les copains que les bancs de l’école. La cour de récréation, la marelle, les billes, l’apprentissage de la lecture, les parallèles qui ne se rencontrent jamais et qui vous font douter de la santé mentale de l’humanité en général et de votre instituteur en particulier, les dictées tant redoutées, les tables de multiplication, qui les premières nous font froncer les sourcils et constituent l’origine de nos pattes d’oies, les longues listes des grandes dates de l’histoire, des noms des fleuves et principales rivières hexagonales qui continuent de faire tirer la langue à n’importe quel enfant qui les récite impitoyablement...</span></p>
ivre de livres
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Ecouter la Recherche
tag:asautsetagambades.hautetfort.com,2013-09-03:5140269
2013-09-03T03:51:00+02:00
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Grâce à Cathe j’écoute chaque jour « Un été...
<p style="margin: 0px; font-size: 18px; font-family: Verdana;"> </p><p style="text-align: center;"><img id="media-4212587" style="margin: 0.7em 0;" title="" src="http://asautsetagambades.hautetfort.com/media/01/01/3149335873.jpg" alt="editions-theleme-coffret-proust-alarecherchedutempsperdu-livre-lu-livre-sonore-audiobook.jpg" /></p><p style="margin: 0px; font-size: 18px; font-family: Verdana;"> </p><p style="margin: 0px; font-size: 18px; font-family: Verdana;">Grâce à <a href="http://les-routes-de-l-imaginaire.blogspirit.com"><span style="color: #008000;"><strong>Cathe</strong></span></a> j’écoute chaque jour « <a href="http://www.franceinter.fr/emission-un-ete-avec-proust"><span style="color: #008000;"><strong>Un été avec Proust</strong></span></a> » qui présente Proust et sa Recherche sous toutes ses facettes.</p><p style="margin: 0px; font-size: 18px; font-family: Verdana;"> </p><p style="margin: 0px; font-size: 18px; font-family: Verdana;">Depuis quelques années je me régale de la Recherche lue par les plus grandes <span style="color: #008000;"><strong>voix du théâtre.</strong></span></p><p style="margin: 0px; font-size: 18px; font-family: Verdana;">André Dussollier, Lambert Wilson, Robin Renucci, Guillaume Gallienne, Denis Podalydès et Michaël Lonsdale :</p><p style="text-align: center;"><img id="media-4212599" style="margin: 0.7em 0;" title="" src="http://asautsetagambades.hautetfort.com/media/02/02/1019655993.2.jpeg" alt="IMG_0136-1.jpeg" /></p><p style="margin: 0px; font-size: 18px; font-family: Verdana;">C’est un parcours superbe qu’il faut faire à son <span style="color: #008000;"><strong>rythme</strong></span> et par forcément dans l’ordre d’ailleurs. </p><p style="margin: 0px; font-size: 18px; font-family: Verdana;">Après on a ses préférés, pour moi c’est le <span style="color: #008000;"><strong>Combray</strong></span> du Côté de chez Swann, la rencontre avec <span style="color: #008000;"><strong>Elstir</strong></span> ou le Temps retrouvé. </p><p style="margin: 0px; font-size: 18px; font-family: Verdana; min-height: 22px;"> </p><p style="margin: 0px; font-size: 18px; font-family: Verdana;">Aujourd’hui la série des <span style="color: #008000;"><strong>Editions Thélème</strong></span> est dans toutes les bonnes médiathèques et sinon réclamez là, cent ans ça se fête non ? </p><p style="margin: 0px; font-size: 18px; font-family: Verdana; min-height: 22px;"> </p><p style="margin: 0px; font-size: 18px; font-family: Verdana;">Ecoutez des passages<span style="color: #008000;"><strong><a href="http://films7.com/vod/audio-marcel-proust-la-recherche-du-temps-perdu"><span style="color: #008000;"> ici </span></a></strong></span></p>
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Madame Proust - Evelyne Bloch-Dano
tag:asautsetagambades.hautetfort.com,2013-08-30:5143309
2013-08-30T02:30:00+02:00
2013-08-30T02:30:00+02:00
Longtemps je me suis couché de bonne heure....... Des...
<p style="margin: 0px; font-size: 18px; font-family: Verdana;"><strong><span style="color: #ff6600;">Longtemps je me suis couché de bonne heure.......</span></strong></p><p style="margin: 0px; font-size: 18px; font-family: Verdana;"> </p><p style="text-align: center;"><img id="media-4217907" style="margin: 0.7em 0;" title="" src="http://asautsetagambades.hautetfort.com/media/02/01/63277054.jpg" alt="19655818.jpg-r_640_600-b_1_D6D6D6-f_jpg-q_x-xxyxx.jpg" /></p><p style="margin: 0px; font-size: 18px; font-family: Verdana;"><span style="font-size: small;">Des personnages se détachent de <span style="color: #ff6600;"><strong>La Recherche. </strong></span></span></p><p style="margin: 0px; font-size: 18px; font-family: Verdana;"><span style="font-size: small;">Comme dans un jeu des sept familles je demande la <span style="color: #ff6600;"><strong>mère</strong></span>, bonne pioche pour moi d’avoir lu le livre d’<span style="color: #ff6600;"><strong>Evelyne Bloch-Dano. </strong></span></span></p><p style="margin: 0px; font-size: 18px; font-family: Verdana;"><span style="font-size: small;">Il était sur mon Ipad depuis quelques semaines mais je ne sentais aucune urgence, à écouter Antoine Compagnon et son été avec Proust c’est devenu une envie forte.</span></p><p style="margin: 0px; font-size: 18px; font-family: Verdana; min-height: 22px;"> </p><p style="margin: 0px; font-size: 18px; font-family: Verdana;"><span style="font-size: small;">C’est une<span style="color: #ff6600;"><strong> biographie</strong></span> de la mère de l’écrivain qui se lit pftt comme un roman.</span></p><p style="margin: 0px; font-size: 18px; font-family: Verdana;"><span style="font-size: small;"><span style="color: #ff6600;"><strong>Jeanne Weil</strong></span> nait en 1849 dans une famille juive de a haute bourgeoisie parisienne mais cette biographie nous fait découvrir une foule de personnages qui vont graviter autour d'elle.</span></p><p style="margin: 0px; font-size: 18px; font-family: Verdana;"><span style="font-size: small;">Une famille tenant le haut du pavé parmi les familles de la grande bourgeoisie juive, un père décoré de la <span style="color: #ff6600;"><strong>Légion d’honneur</strong></span>, un oncle ministre. </span></p><p style="margin: 0px; font-size: 18px; font-family: Verdana;"><span style="font-size: small;">Dans la famille c’est la première à se marier hors de la communauté, son père voyait là l’occasion de renforcer leur<span style="color: #ff6600;"><strong> intégration</strong></span> à la bonne société de l’époque, Adrien Proust était déjà un médecin respecté et tenait une place enviable dans le système de santé de l’époque. </span></p><p style="margin: 0px; font-size: 18px; font-family: Verdana;"><span style="font-size: small;">Epouser un <span style="color: #ff6600;"><strong>catholique</strong></span> c’était franchir un échelon de plus vers l’assimilation sans jamais renier ses origines et par exemple sans jamais se convertir.</span></p><p style="margin: 0px; font-size: 18px; font-family: Verdana; min-height: 22px;"> </p><p style="text-align: center;"><img id="media-4217925" style="margin: 0.7em 0;" title="" src="http://asautsetagambades.hautetfort.com/media/02/02/1390554686.jpg" alt="jeanne proust.jpg" /></p><p style="margin: 0px; font-size: 18px; font-family: Verdana; min-height: 22px;"> </p><p style="margin: 0px; font-size: 18px; font-family: Verdana;"><span style="font-size: small;">C’est un portrait très attachant que brode Evelyne Bloch-Dano, Jeanne Proust est une bourgeoise cultivée, soucieuse en permanence d’être une <span style="color: #ff6600;"><strong>épouse</strong></span> irréprochable qui sert les intérêts de son mari. Elle reçoit le tout Paris à la fois artistique et scientifique.</span></p><p style="margin: 0px; font-size: 18px; font-family: Verdana;"><span style="font-size: small;">Voilà pour l’aspect mondain de Jeanne Proust, maintenant l’autre facette c’est cette relation unique avec un de ses fils qui ne prendra fin qu’à son décès.</span></p><p style="margin: 0px; font-size: 18px; font-family: Verdana;"><span style="font-size: small;"><span style="color: #ff6600;"><strong>Jeanne Proust</strong></span> fut une mère très attentive à la grande émotivité de Marcel, elle tâcha à la fois de le réconforter et de l’aguerrir mais en vain. Plus tard elle admis ses penchants sans jamais pourtant être capable d’en parler avec lui, le <span style="color: #ff6600;"><strong>carcan moral</strong></span> est encore bien présent.</span></p><p style="margin: 0px; font-size: 18px; font-family: Verdana;"><span style="font-size: small;"> </span></p><p style="margin: 0px; font-size: 18px; font-family: Verdana;"><span style="font-size: small;">Cette amour fusionnel est largement décrit et commenté par Evelyne Bloch-Dano et elle ne cache rien des heurts qui parfois découlèrent de cette relation, heurts avec le père ou le frère.</span></p><p style="margin: 0px; font-size: 18px; font-family: Verdana;"><span style="font-size: small;"> </span></p><p style="margin: 0px; font-size: 18px; font-family: Verdana;"> </p><p style="text-align: center;"><img id="media-4217928" style="margin: 0.7em 0;" title="" src="http://asautsetagambades.hautetfort.com/media/01/01/3415525676.jpg" alt="1.18045433.1363101343.jpg" /></p><p style="margin: 0px; font-size: 18px; font-family: Verdana;"><span style="font-size: x-small;"> Mère et fils</span></p><p style="margin: 0px; font-size: 18px; font-family: Verdana;"><span style="font-size: small;"> </span></p><p style="margin: 0px; font-size: 18px; font-family: Verdana;"><span style="font-size: small;">Ardente <span style="color: #ff6600;"><strong>dreyfusarde</strong></span> Jeanne eut là le courage de tenir tête à son époux qui par ailleurs ne dédaignait pas les petites demoiselles de l’Opéra.</span></p><p style="margin: 0px; font-size: 18px; font-family: Verdana;"><span style="font-size: small;"> </span></p><p style="margin: 0px; font-size: 18px; font-family: Verdana;"> </p><p style="text-align: center;"><a href="http://www.contrepoints.org/2012/09/03/96100-la-fable-des-deux-france"><img id="media-4217932" style="margin: 0.7em 0;" title="" src="http://asautsetagambades.hautetfort.com/media/01/00/619490430.jpg" alt="Ils-en-ont-parlé.jpg" /></a></p><p style="margin: 0px; font-size: 18px; font-family: Verdana;"><span style="font-size: small;"> </span></p><p style="margin: 0px; font-size: 18px; font-family: Verdana;"><span style="font-size: small;">Les débuts littéraires de Marcel lui doivent beaucoup. C'est une femme cultivée qui lit énormément, qui admire et sans doute se retrouve dans Mme de Sévigné. Elle a également un passion pour la musique.</span><strong style="font-size: 12pt; background-color: #f3f3f3; font-family: Arial, Helvetica, sans-serif; text-align: center;"> </strong><span style="font-size: small;"> Sa connaissance de l'anglais lui permit d'assurer avec son fils</span><span style="font-size: small;"> la traduction de </span><span style="font-size: small; color: #ff6600;"><strong>Ruskin</strong></span><span style="font-size: small;"> qui le fit connaître dans le monde littéraire.</span></p><p style="margin: 0px; font-size: 18px; font-family: Verdana;"><span style="font-size: small;"> </span></p><p style="margin: 0px; font-size: 18px; font-family: Verdana;"> </p><p style="text-align: center;"><a href="http://www.items.nl/2012/4/13/proust-en-ruskin/"><img id="media-4217935" style="margin: 0.7em 0;" title="" src="http://asautsetagambades.hautetfort.com/media/00/01/1541943835.jpg" alt="Ruskin_Proust_1.jpg.440x350_q90_detail.jpg" /></a></p><p style="margin: 0px; font-size: 18px; font-family: Verdana;"><span style="font-size: x-small;"> un montage amusant de Proust et de Ruskin</span></p><p style="margin: 0px; font-size: 18px; font-family: Verdana; min-height: 22px;"> </p><p style="margin: 0px; font-size: 18px; font-family: Verdana;"><span style="font-size: small;">L’auteur ajoute un cahier photographique pour compléter cette biographie de la Maman du petit Marcel …….</span></p><p style="margin: 0px; font-size: 18px; font-family: Verdana;"><span style="font-size: small;">Elle ne vit jamais la revanche éclatante que son fils pris et ne connut jamais l’hommage magnifique que son fils lui rendit à travers son oeuvre. </span></p><p style="margin: 0px; font-size: 18px; font-family: Verdana;"><span style="font-size: small;">Les passages dans la <span style="color: #ff6600;"><strong>Recherche du Temps Perdu</strong></span> concernant la mère sont parmi les plus mémorables du roman. </span></p><p style="margin: 0px; font-size: 18px; font-family: Verdana; min-height: 22px;"> </p><p style="margin: 0px; font-size: 18px; font-family: Verdana;"><span style="font-size: small;">Une belle biographie qui obtint le Prix Renaudot de l’essai et que j’invite les amateurs de Proust à mettre dans leur bibliothèque</span></p><p style="margin: 0px; font-size: 18px; font-family: Verdana; min-height: 22px;"> </p><p style="margin: 0px; font-size: 18px; font-family: Verdana;"><span style="font-size: small;"><span style="color: #ff6600;"><strong>Le livre</strong></span> : Madame Proust - Evelyne Bloch-Dano - Editions Grasset numérique </span></p>
Le Corbeau 78
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La constipation des Prophètes
tag:corboland78.hautetfort.com,2013-08-22:5144713
2013-08-22T07:00:00+02:00
2013-08-22T07:00:00+02:00
Ceux qui n’ont jamais lu Proust, effrayés par son œuvre qui serait réservée...
<p>Ceux qui n’ont jamais lu Proust, effrayés par son œuvre qui serait réservée à une sorte d’élite des lecteurs ou bien trop complexe à appréhender, d’une tristesse ou d’un ennui à tomber raide mort, ont bien tort ! Tort parce que toutes les soi-disant raisons énoncées précédemment sont fausses, tort encore car on peut y lire des choses très drôles. </p><p>J’en veux pour preuve cet extrait de <em>La Recherche du temps perdu</em> et son premier livre <em>Du côté de chez Swann</em> : « … c'était chez elle que M. Swann faisait acheter son pain d'épice, et par hygiène, il en consommait beaucoup, souffrant d'un eczéma chronique et de la constipation des Prophètes… »</p><p>L’eczéma, je sais ce que c’est, la constipation aussi. Ce pauvre M. Swann est bien malchanceux, d’un côté de sont des « choses » qui sortent ou apparaissent, rougeurs, vésicules suintantes, croûtes et squames, caractéristiques de l’eczéma comme nous le rappelle <em>Le Grand Robert</em> ; d’un autre, des « choses » qui ne sortent pas, comme nous savons tous ce qu’est la constipation. Mais la constipation des Prophètes, des mots connus pour des maux inconnus. Interrogé, mon pharmacien a cru que je me moquais de lui, aussi n’ai-je pas insisté…</p><p>J’ai donc tenté des recherches qui n’ont ramené dans les filets de mes interrogations que des allégations oscillant entre « flagrant délit de vulgarité » attribué à Marcel Proust ou bien plus douteux encore, allusions antisémites. Celui qui voit de la vulgarité dans cette simple expression n’a jamais écouté un sketch de Bigard ! Quant à l’alternative, beaucoup de religions ont leurs prophètes et les considérer comme constipés, ne serait qu’une image pour leur trouver un aspect « coincé ». Ce qui n’est pas entièrement faux, peu de prophètes étant des modèles d’humour et ce n’est pas celui dont on ne peut montrer le visage qui me contredira. Je me demande même, si humour et prophète de sont pas antinomiques…</p><p>J’en suis donc là dans ma recherche de sens qui pour autant n’est pas du temps perdu, puisque d’une constipation des Prophètes qui m’était inconnue, je suis parvenu à lui trouver une explication plausible, un manque d’humour.</p><p> </p><p> </p><p> </p><p> </p><p> </p><p> </p><p> </p>