Last posts on nimier2024-03-28T22:25:35+01:00All Rights Reserved blogSpirithttps://www.hautetfort.com/https://www.hautetfort.com/explore/posts/tag/nimier/atom.xmlLe Uhlanhttp://leuhlan.hautetfort.com/about.htmlVérités et légendes sur Roger Nimiertag:leuhlan.hautetfort.com,2022-09-28:64039242022-09-28T10:39:00+02:002022-09-28T10:39:00+02:00 Hussard, Nimier le fut vraiment, comme jeune engagé au deuxième régiment...
<p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 8pt; font-family: verdana, geneva, sans-serif;">Hussard, <a href="http://leuhlan.hautetfort.com/album/champ_d_honneur/113866292.html">Nimier</a> le fut vraiment, comme jeune engagé au deuxième régiment de hussards à la fin de la Guerre. Littérairement, il le fut au moins pour un roman, son deuxième : <em>Le Hussard bleu</em>. C’est à ce roman mais surtout à un article de Bernard Frank paru dans <em>Les Temps modernes</em> en 1952 qu’il dut sa promotion d’officier à la tête d’un groupe d’écrivains baptisés par dérision « Hussards », en raison de leurs dons pour la hardiesse et la désinvolture. Pourtant, le groupe n’a jamais existé que dans l’esprit de quelques critiques ou admirateurs et non dans celui des intéressés. Michel Déon a écrit – dans <em>Bagages pour Vancouver</em> – des choses définitives à ce sujet.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 8pt; font-family: verdana, geneva, sans-serif;">Orphelin de père, Nimier était un enfant triste qui ne cessa de se chercher un père en littérature. Après avoir invoqué les mânes du respectable Bernanos, il se choisit d’autres pères parmi les proscrits de la littérature d’après-guerre : Céline, Morand et surtout Chardonne. Ce dernier fut pour lui un maître d’école et lui-même joua volontiers à l’élève obéissant. Ainsi lorsque le vieux maître lui recommanda un silence romanesque de dix ans, le jeune prodige qui avait tout juste vingt-huit ans et déjà publié quatre romans prit la recommandation comme un commandement et s’exécuta. Il commença alors à se disperser, entre la presse et le cinéma, même si, avant la fin de la période de dix ans, il écrivit en cachette un roman inspiré de Dumas (<em>D’Artagnan amoureux</em>). L’insolent avait repris le dessus sur l’enfant sage.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 8pt; font-family: verdana, geneva, sans-serif;">Il se rêvait pourtant philosophe jusqu’à vouloir rivaliser avec Camus et même Sartre. Un prix au concours général et un passage par les bancs de la Sorbonne le confortaient dans ses ambitions. Son œuvre est parsemée de références à la philosophie : <em>Amour et néant</em>, <em>L’Elève d’Aristote</em> ou <em>Traité d’indifférence</em>. Ce dernier texte le rangerait sans contredit dans la catégorie des stoïciens ; mais c’est bien du côté de l’existentialisme qu’il lorgnait : son tout premier roman, <em>L’Etrangère</em>, qui a été publié six ans après sa mort, porte un titre camusien et est dédicacé à Sartre. Sans doute la dédicace était-elle ironique. Malgré tout, René Girard eût pu voir en Nimier un rival mimétique de l’auteur de <em>L’Etre et le Néant</em>.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 8pt; font-family: verdana, geneva, sans-serif;">Nimier devait peut-être à ses chères études le sérieux dont il faisait montre dans ses articles critiques. Il le cultivait toutefois pour la littérature plus que pour le théâtre, au sujet duquel il se laissait aller à une fantaisie cruelle et souvent injuste. Ainsi transforma-t-il en jeu de massacre la chronique théâtrale qu’il tint dans <em>Opéra</em> ou <em>Le Nouveau Candide</em> pour se désennuyer de son abstinence romanesque. <em>A contrario</em>, il n’avait pour la critique littéraire qu’une seule boussole qui était la rigueur classique et dont le pôle magnétique se situait quelque part entre le duc de Saint-Simon, le cardinal de Retz et Stendhal. Chacun de ses articles sentait un peu la (très bonne) copie de khâgneux.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 8pt; font-family: verdana, geneva, sans-serif;">Réactionnaire en littérature, il était moderniste pour le cinéma. Il collabora avec la fine fleur du nouveau cinéma français entre les années cinquante et le début des années soixante : Astruc, Becker et Malle. Comble de modernisme, il écrivit l’épisode français des <em>Vaincus</em> d’Antonioni. Il se trouva donc – encore – dans les parages de l’existentialisme, si l’on veut bien considérer le réalisateur italien comme le meilleur représentant de ce courant au cinéma. Il faut noter également que Louis Malle dut à Nimier l’idée d’adapter <em>Le Feu follet</em> de Drieu La Rochelle, ce qu’il se garda bien de dire par la suite. Il est des réussites qui ne se partagent pas, et la mort d’un ami peut rendre l’ingratitude plus facile.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 8pt; font-family: verdana, geneva, sans-serif;">Nimier n’était pas le jeune homme en pleine santé que l’on imagine : son cœur était affligé d’une anomalie de naissance. Il la gardait secrète, peut-être pour que l’on n’y vît pas la raison profonde de son supposé manque de cœur. La faiblesse de cœur – la vraie – fut révélée à Morand lorsque Nimier fit un malaise cardiaque dans la maison-refuge de Vevey, au-dessus du lac Léman. Chardonne apprit cet épisode par téléphone et commença de s’inquiéter pour l’avenir de son petit protégé. Nimier eût-il pu vivre longtemps avec un cœur fragile, incompatible avec une vie menée à toute allure, entre son goût pour les belles voitures et la multiplication de ses productions éditoriales ?</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 8pt; font-family: verdana, geneva, sans-serif;">Il était un fou du volant, à quoi il faudrait ajouter un buveur impénitent, puisque les deux pouvaient aller ensemble. La beuverie était pour lui une manière d’entretenir l’amitié et de noyer une secrète amertume touchant aux choses de l’amour. Si tout lui réussissait, son mariage ne le rendait pas heureux. Nul ne sait s’il était à jeun lorsqu’il trouva la mort au volant de son Aston Martin le 28 septembre 1962 sur la route de La Celle-Saint-Cloud ; on sait seulement qu’il mourut auprès de sa muse du moment, Sunsiaré de Larcône. Ne se résignant pas à la mort de leur ami, Blondin et Dupré accusèrent cette dernière d’avoir tenu le volant de l’Aston Martin. Mais une autre hypothèse mérite plus d’attention : comme il avait déjà imaginé un suicide en voiture pour le Malentraide des<em> Enfants tristes</em>, il n’est pas interdit de penser que Nimier ait prémédité sa mort. Il n’avait pas encore trente-sept ans.</span></p>
.http://pdf31.hautetfort.com/about.htmlC’était un 28 septembre : mort de Roger Nimiertag:pdf31.hautetfort.com,2017-09-28:59843252017-09-28T18:32:00+02:002017-09-28T18:32:00+02:00 Publié par Guy Jovelin le 28 septembre 2017 Auteur : admin4 Le...
<p>Publié par Guy Jovelin le 28 septembre 2017</p><p style="text-align: right;">Auteur : admin4<br /><br /></p><p style="text-align: justify;"><img style="float: left;" src="https://i1.wp.com/www.contre-info.com/wp-content/uploads/2011/09/nimier.jpg?zoom=1.25&w=200" /><span style="font-size: 10pt;">Le célèbre écrivain, passionné de voitures, se tue au volant de son Aston Martin à l’âge de 37 ans, en compagnie de la romancière Sunsiaré de Larcône, à la hauteur de La Celle-Saint-Cloud, le 28 septembre 1962.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;"> Il était considéré comme le chef de file du mouvement littéraire dit des « Hussards ».</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;"> Ce courant, dans les années 1950 et 60, s’opposa aux existentialistes et à la figure de l’intellectuel engagé qu’incarnait Jean-Paul Sartre. Les Hussards se distinguaient d’abord par un style, cinglant. On les caractérisait aussi comme antigaullistes de droite, anticonformistes, refusant les modes et ayant le goût des causes perdues.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;"> Les plus fameux romans de Roger Nimier sont Les épées, Le hussard bleu et Les enfants tristes.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;"> Son ami Antoine Blondin lui consacrera un ouvrage : Monsieur Jadis ou l’école du soir.</span><br /><br /></p><p style="text-align: justify;"> </p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">Source : <a href="http://www.contre-info.com/28-septembre-1962-mort-de-roger-nimier#more-15141">contre-info</a></span></p>
Le Uhlanhttp://leuhlan.hautetfort.com/about.htmlCéline, épistolier rageurtag:leuhlan.hautetfort.com,2016-08-16:62050972016-08-16T23:09:00+02:002016-08-16T23:09:00+02:00 Dans ses Lettres à la N.R.F. , Céline se montre tour à tour plaintif,...
<p style="text-align: justify;"><span style="font-family: verdana, geneva, sans-serif; font-size: 8pt;"><span style="background: white;">Dans ses <em>Lettres à la N.R.F.</em>, Céline se montre tour à tour plaintif, mordant, injurieux, grossier et vénal. Sa cible privilégiée est évidemment le patron de la maison Gallimard. A l'égard du vieux Gaston, il est incroyablement teigneux </span><span style="background: white;">en raison de son âpreté au gain et de sa manie de la persécution. C'est que le goût du succès ou simplement le manque d'argent le rend impatient et le climat de l'après-guerre lui donne des raisons de se croire - au moins jusqu'à son retour d'exil - menacé. Pourtant, il a trouvé en Gallimard et, mieux encore, en Paulhan ou Nimier des soutiens et même de solides agents pour sa réhabilitation sociale et littéraire.</span></span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: verdana, geneva, sans-serif; font-size: 8pt;"><span style="background: white;">Malgré cela, loin d'aller à résipiscence, Céline persévère dans le péché et avec d'autant plus d'allégresse qu'il le sait constitutif de son génie. Ce que révèlent ou plutôt confirment les lettres adressées à la maison Gallimard, c'est le grand continuum du style et - pour une bonne part - de la pensée de Céline entre les romans, les pamphlets et la correspondance. Mais à la différence des pamphlets, il est ici </span></span><span style="font-family: verdana, geneva, sans-serif; font-size: 8pt;"><span style="background: white;">drôle à force d’outrance, jusqu’à faire oublier ses évidentes mesquineries, et même inventif dans ses injures ou ses formules imagées, en dépit de ses obsessions biologisantes. Pour le lecteur qui laisse de côté ses pudeurs de jeune fille, la réjouissance l’emporte sur l'effarouchement ou la consternation.</span></span></p>
Houdaerhttp://houdaer.hautetfort.com/about.htmlD'Artagnan amoureuxtag:houdaer.hautetfort.com,2016-04-05:57550922016-04-05T05:26:00+02:002016-04-05T05:26:00+02:00 - Ah, Monsieur ! Parlez-moi carnage ! - Mais, Mademoiselle, je...
<p style="text-align: left;"><a href="http://houdaer.hautetfort.com/media/02/02/689905673.jpg" target="_blank"><img id="media-5284675" style="margin: 0.7em 0;" title="" src="http://houdaer.hautetfort.com/media/02/02/617831194.jpg" alt="DartAmoureuxG.jpg" /></a></p><p><em><span style="font-size: 14pt;">- Ah, Monsieur ! Parlez-moi carnage !</span></em></p><p><em><span style="font-size: 14pt;">- Mais, Mademoiselle, je ne sais pas.</span></em></p><p><em><span style="font-size: 14pt;">- Comment ? Vous ne regardez pas ? Vous êtes du dernier distrait !</span></em></p><p> </p>
Zedhttp://metapoinfos.hautetfort.com/about.htmlJacques Laurent, itinéraire d'un enfant du siècle...tag:metapoinfos.hautetfort.com,2014-11-07:54838812014-11-07T16:00:00+01:002014-11-07T16:00:00+01:00 Les éditions Pierre-Guillaume de Roux viennent de publier un essai d' Alain...
<p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;">Les éditions Pierre-Guillaume de Roux viennent de publier un essai d'<strong>Alain Cresciucci</strong> intitulé <strong><em>Jacques Laurent à l'oeuvre - itinéraire d'un enfant du siècle</em></strong> et consacré à l'auteur d'<strong><em>Histoire égoïste</em></strong>. Professeur de littérature française à l'Université de Rouen, Alain Cresciucci est, notamment, l'auteur de <a href="http://metapoinfos.hautetfort.com/archive/2011/03/11/les-desenchantes.html"><strong><em>Les désenchantés : Blondin, Déon, Laurent, Nimier</em></strong></a> (Fayard, 2011).</span></p><p> </p><p style="text-align: center;"><img id="media-4749950" style="margin: 0.7em 0;" title="" src="http://metapoinfos.hautetfort.com/media/02/02/3726449987.jpg" alt="Jacques Laurent à l'oeuvre.jpg" /></p><blockquote><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;">" Jacques Laurent fut un des intellectuels les plus en vue de l'après-guerre, romancier, essayiste, polémiste, journaliste et mécène de deux revues culturelles -Arts et La Parisienne - de haute tenue. Comment expliquer alors que sa présence soit si discrète dans le paysage culturel ? Ses livres sont mal réédités, peu disponibles en collections de poche. Et pourtant, Prix Goncourt (1971), Grand Prix de Littérature de l'Académie française (1981) où il fut élu en 1986, les distinctions ne lui ont pas manqué. Certes un mystère plane sur Jacques Laurent et son double : d'un côté, le romancier exigeant, Jacques Laurent, né en 1949 avec un roman de plus de mille pages, <em>Les corps tranquilles</em>, de l'autre, dans la peau du même, l'auteur populaire, Cecil Saint-Laurent, né en 1948 avec un improbable best seller, <em>Caroline chérie</em>.... Cecil Saint-Laurent est un conteur, un romancier historique qui insuffle aux événements rapportés - de la Révolution française à la guerre d'Algérie -, une dose de romanesque pour se distinguer de l'historien ; pour Jacques Laurent, le roman est le domaine de la liberté et de la sensibilité et il s'est toujours refusé à une définition figée. La coexistence des deux Laurent fut harmonieuse, même si elle fut de temps en temps concurrentielle. La production impressionnante trahit chez Laurent - qu'il soit Saint ou pas - un véritable bourreau de travail dont Bertrand de Saint-Vincent rapporte la méthode spécial "<em>Caroline chérie</em>" : "... du 14 avril au le août 1947, il se rend chaque matin à la Bibliothèque nationale où il relit les Mémoires des personnages de l'époque. L'après-midi, de trois heures à sept heures, en bras de chemise, arpentant sans fin une chambre d'hôtel meublé, fumant quatre Gauloises à l'heure, ne butant pas plus de dix secondes devant un mot, abattant de dix à vingt pages par séances, il dicte, au gré de son imagination, les aventures de Caroline." A cette fécondité romanesque, s'ajoute une riche production d'essayiste, dans les genres les plus divers : du pamphlet à l'étude littéraire, de l'essai historique à l'essai politique en passant par la sociologie du vêtement et du sous-vêtement. En bon hussard, Jacques Laurent ne s'est pas privé de sa part d'insolence et de quelques pieds de nez à l'intelligentsia en place. Pour preuve, son célèbre <em>Mauriac sous de Gaulle</em> qui lui valut d'être condamné pour offense au chef de l'Etat. Eclectisme, indépendance d'esprit et de moyens, originalité profonde caractérisent donc cet intellectuel et cet artiste injustement oublié."</span></p></blockquote>
Zedhttp://metapoinfos.hautetfort.com/about.htmlLes gentlemen flingueurs...tag:metapoinfos.hautetfort.com,2013-12-07:52384362013-12-07T16:01:00+01:002013-12-07T16:01:00+01:00 Les éditions Gallimard viennent de publier un premier volume de la...
<p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;">Les éditions Gallimard viennent de publier un premier volume de la <strong><em>Correspondance</em></strong> entre <strong>Paul Morand</strong> et <strong>Jacques Chardonne</strong>, deux pestiférés de la littérature de l'après-guerre, suite à leur engagement dans le camp des perdants. Nous reproduisons ci-dessous la présentation faite du livre par Jérôme Dupuis dans <a href="http://www.lexpress.fr/"><em>L'Express</em></a>...</span></p><p style="text-align: center;"><img id="media-4353896" style="margin: 0.7em 0;" title="" src="http://metapoinfos.hautetfort.com/media/00/00/704119110.jpg" alt="Correspondance Morand Chardonne.jpg" width="349" height="461" /></p><blockquote><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: medium;"><strong><br /></strong></span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: medium;"><strong>Paul Morand et Jacques Chardonne, gentlemen flingueurs</strong></span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;">"Nos lettres pourraient être publiées, en l'an 2000, sous le titre "Après nous le déluge", non?" Nous sommes le 12 février 1960, quand Paul Morand, ancien ambassadeur de Vichy à Bucarest, lance cette boutade à Jacques Chardonne, ex-vedette du "voyage des écrivains " dans le Reich hitlérien. Depuis dix ans déjà, ces deux réprouvés s'écrivent chaque jour de longues lettres, dans lesquelles ils ont décidé de tout dire. Une "bombe enfouie pour l'Histoire future", résume Chardonne, qui stocke les missives de son ami dans son coffre-fort, à côté de l'or de son épouse. </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;">Ces lettres sentant le soufre, nous en avons enfin sous les yeux une première livraison, parfaitement annotée, de 1100 pages, couvrant les années 1949-1960, en attendant deux autres volumes... </span></p><h3 class="intertitre" style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;">Malraux? "Mythomane" Sagan? "Médiocre"</span></h3><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;">Après eux, le déluge, en effet. Les deux "tontons flingueurs" des lettres n'ont plus rien à perdre. Le plus brillant est sans conteste Paul Morand : à 70 ans, cet ex-diplomate marié à une princesse roumaine sillonne encore l'Europe au volant de sa Studebaker, toujours entre une chasse à courre dans le Kent et un dîner avec <span class="none_underline_link">Charlie Chaplin</span>. </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;">Ses lettres, sorte d'autobiographie affranchie, sont éblouissantes. Il a tout lu, tout vu, tout bu. Ce ne sont que : "C'est <span class="none_underline_link">Oscar Wilde</span> qui avait conseillé à mon père de m'envoyer à Oxford..." et autres : "Proust me disait toujours..." Son ami Proust, qui le surnommait "le plus perfide des attachés d'ambassade", comme il le rappelle ici dans un génial pastiche de Balzac. </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;">Chardonne, lui, en héritier d'une lignée de producteurs de cognac charentais, savoure, taillant ses chers rosiers dans sa maison de La Frette, sur une boucle de la Seine. Ancien propriétaire des éditions Stock, il joue les agents littéraires pour son ami et distille tous les ragots de Saint-Germain-des-Prés. </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;">L'occasion, pour ces deux bannis, de se livrer à un joyeux ball-trap. Mauriac, leur bête noire de L'Express ? "Lançant une grosse erreur, et se mettant, par gaminerie, la main devant la bouche, pour la rattraper et se faire pardonner et se faire pardonner. Malheureusement, il insulte en public et se fait pardonner en privé, ce qui est lâche." Pour les autres, ce sera plus lapidaire. Malraux? "Mythomane." Sagan? "Médiocre." Julien Green? "Pédé-chrétien." Le Nouveau Roman? "Illisible." Mais Morand est aussi capable de s'enthousiasmer pour <em>A bout de souffle...</em></span></p><h3 class="intertitre" style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;">Le "traître" de Gaulle</span></h3><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;">Et puis, il y a la divine surprise des hussards. Car cette <em>Correspondance</em> est aussi l'histoire de la résurrection littéraire de ces deux "iguanes préhistoriques des Galapagos". Morand et Chardonne sont soudain fêtés par une génération de jeunes insolents - Nimier, Blondin, Déon, Millau... Ils rajeunissent au contact de ces joyeux anti-sartriens, qu'ils retrouvent pour des soirées au champagne et couvent com -me leurs propres enfants (si Nimier a des problèmes cardiaques, ils l'envoient illico consulter l'ancien médecin de... Pétain!). Promus colonels des hussards, les voilà qui découvrent la "jeunesse de la vieillesse". </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;">Les épreuves ne manquent pas, pourtant. En mai 1958, Morand, fantôme de Vichy parti à l'assaut du Quai de Conti, échoue d'une voix à l'Académie. Une semaine plus tard, c'est le "traître" de Gaulle qui revient au pouvoir, ce général auquel les deux épistoliers dénient jusqu'à sa particule, l'appelant assez comiquement "Gaulle" dans leurs échanges. C'est que les deux réprouvés n'ont rien abdiqué de leur passé. "Je ne renie rien du <em>Ciel de Niefheim",</em> écrit Chardonne, faisant allusion à son ode à l'Allemagne hitlérienne, parue en 1943. </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;">Quant à Morand, il ne manque jamais une occasion de dénoncer les "judéonègres". (Pas un seul mot sur la Shoah en 1100 pages, chez ces deux intellectuels qui refont le monde de l'après-Yalta.) "Il faut faire attention à ce que l'on écrit. Il y a des mots qui ne s'effacent pas", prévient pourtant Chardonne. Ils n'en ont cure. Le déluge peut commencer. </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;"><strong>Jérôme Dupuis</strong> (<em>L'Express</em>, 1er décembre 2013)</span></p></blockquote>
Zedhttp://metapoinfos.hautetfort.com/about.htmlJ'aime pas les agents...tag:metapoinfos.hautetfort.com,2013-06-02:50856672013-06-02T10:14:00+02:002013-06-02T10:14:00+02:00 Nous reproduisons ci-dessous un point de vue de Flavien Blanchon , cueilli...
<p style="font-size: small; text-align: justify;"><span style="font-size: small;">Nous reproduisons ci-dessous un point de vue de <strong>Flavien Blanchon</strong>, cueilli sur <a href="http://fr.novopress.info/"><em>Novopress</em></a> et consacré à l'attitude des </span><span style="font-size: small;"><span style="font-size: small;">«</span>forces de l'ordre» depuis le début des manifestations contre le mariage homosexuel.</span> <span style="font-size: small;">A méditer...</span></p><p> </p><p style="text-align: center;"><img id="media-4127037" style="margin: 0.2em 1.4em 0.7em 0px;" title="" src="http://metapoinfos.hautetfort.com/media/00/01/1498172173.jpg" alt="flavien blanchon,nimier,forces de l'ordre,système,grand remplacement,irrespect,dominique venner" width="454" height="172" /></p><p style="text-align: center;"> </p><blockquote><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;"><span style="font-size: medium;"><strong>J'aime pas les agents</strong></span><em><br /></em></span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;"><em>« J’aime pas les agents »</em>, c’est la réaction du hussard bleu de Nimier quand on lui annonce l’arrivée, pour enquêter au régiment, de deux officiers des Renseignements généraux. Ç’a toujours été le fond de mes sentiments envers les forces de l’ordre, comme on les appelle, policiers en uniforme ou en civil, CRS, gendarmes mobiles. J’aime pas les agents.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;">Je n’ai donc nullement été surpris, ces derniers mois, par les récits et les images des brutalités ou même des sévices infligés par ces « forces de l’ordre » aux manifestants contre le mariage dit pour tous. Je n’ai même pas été scandalisé : le régime est un scandale permanent.</span></p><p style="text-align: justify;"> </p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;">Ce qui me stupéfie, c’est que certaines victimes – et victimes directes, des gens qui ont été matraqués, gazés (image en Une), raflés, entassés dans des gardes à vue arbitraires –, s’obstinent à vanter leurs conversations avec <em>« le sympathique gendarme »</em> ou <em>« le gentil commissaire »</em> qui leur auraient assuré qu’ils étaient de cœur avec elles : nous savons bien que vous n’êtes pas des casseurs, vous êtes des jeunes bien polis vous, ça nous change, nos ordres sont absurdes, etc. etc. Certains sites catholiques conservateurs se spécialisent dans ce genre de « témoignages », agrémentés de photos attendrissantes de familles BCBG prenant la pose avec des CRS tout sourire, ou d’illuminés, sans doute diacres permanents, qui déambulent avec des pancartes : <em>« CRS, je te pardonne, tu ne fais pas un boulot facile »</em>. On peut même y lire des missives dégoulinantes de bons sentiments, en pur style conciliaire charismatisant, à <em>« Frère policier »</em> et <em>« Sœur policière »</em>.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;">Je ne sais pas si les policiers qui affirment souffrir dans leur cœur des ordres qu’ils exécutent, peuvent être sincères, ou s’il s’agit juste de la méthode classique pour mettre les prisonniers en confiance et leur faire signer des procès verbaux falsifiés. Je ne ferai pas de casuistique pour déterminer jusqu’où il peut être légitime d’aller dans l’obéissance. La morale individuelle est ici secondaire. Il est même anecdotique que l’actuel ministre de l’Intérieur soit une sinistre brute – la plupart de ses prédécesseurs étaient-ils autre chose ? Le fait essentiel est que les <em>« forces de l’ordre »</em>, comme tout l’appareil de l’État en France, sont ordonnées à la destruction du peuple français : destruction spirituelle, morale et même, depuis des décennies, par l’immigration de masse et le métissage imposé, biologique. Ces <em>« forces de l’ordre »</em> servent une entreprise qui n’est, objectivement, rien d’autre qu’un génocide.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;">Je suis de ceux qui auraient rêvé, en fait de grand sursaut français contre la tyrannie, d’autre chose que la Manif pour tous : qui auraient préféré, si cela avait dépendu d’eux, que ce soulèvement se produisît plus tôt, sur d’autres enjeux, avec d’autres symboles et derrière d’autres chefs. Mais le mouvement a eu lieu, il est là et il peut être – c’est le message ultime que Dominique Venner nous a écrit de son sang – le point de départ de la Reconquista. L’aveugle dureté de la répression, les dénis de justice criants dont sont victimes les manifestants, le deux poids deux mesures qui est systématiquement appliqué à leur détriment et au bénéfice des bandes ethniques, tout cela même – qui paraît absurde et qui est éminemment logique puisque c’est la logique même du Grand Remplacement –, sera salvateur s’il déclenche une prise de conscience.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;">Un reportage, malveillant mais pas inintéressant, sur les jeunes Versaillais qui manifestent, donne la parole à un curé conciliaire. Pour lui, <em>« le rapport aux autorités »</em> a changé :</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;"><em>« Dans le public des manifs il y avait vis-à-vis de l’État, de la police, un respect, une considération, des gens qu’on considérait comme les garants de valeurs. Aujourd’hui, il n’y a plus ce principe de base. Et ça c’est un basculement vraiment surprenant chez des gens qui par nature sont consensuels, plutôt bourgeois. […] J’ai un gendarme que je connais, qui était venu me voir en me disant qu’il espérait que les gens n’allaient pas pour autant perdre le respect du gendarme, du concept. Il me disait : “J’ai conscience qu’on a pu obéir à des ordres absurdes […]. Mais surtout, dites aux gens de ne pas faire l’amalgame, de ne pas jeter le bébé avec l’eau du bain, dites-leur de ne pas perdre ce respect du gendarme.” »</em></span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;">Ce respect du gendarme, de la police, de la justice, de toutes les prétendues autorités, de toutes les institutions dévoyées et perverties, censées protectrices et devenues génocidaires, il est pourtant vital de le perdre. Il ne s’agit pas d’aller jeter des bouteilles sur les CRS – les flics en civil s’en chargent très bien tout seuls. Il ne s’agit pas de se complaire dans l’illégalité en pure perte, avec pour seul résultat de servir d’épouvantail commode aux médias du Système : le mot d’ordre de Maurras, <em>« avancer par tous les moyens, même légaux »</em>, est plus que jamais d’actualité. Il s’agit d’une libération intérieure, préliminaire impérieux de la survie. L’irrespect, aujourd’hui, est une hygiène mentale.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;"><strong>Flavien Blanchon </strong>(<em>Novopress</em>, 31 mai 2013)</span></p></blockquote>
stephanedugasthttp://stephanedugast.hautetfort.com/about.htmlCITATION #3 / LA BONNE RÉPONSEtag:stephanedugast.hautetfort.com,2013-04-28:50537672013-04-28T18:00:00+02:002013-04-28T18:00:00+02:00 La réponse : Olivier Frébourg Né à Dieppe en 1965, Olivier...
<p style="text-align: center;"><img id="media-4073231" style="margin: 0.7em 0;" title="" src="http://stephanedugast.hautetfort.com/media/02/02/2430264725.jpeg" alt="FBG 2.jpeg" /></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: verdana,geneva; font-size: small;">La réponse : <strong>Olivier Frébourg</strong></span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: verdana,geneva; font-size: small;">Né à Dieppe en 1965, Olivier Frébourg est journaliste et écrivain. Depuis 2002, il dirige les Éditions des Équateurs qu’il a créées. Il a publié <em>Nimier, trafiquant d'insolence </em>(1990), <em>Port d'attache</em> (prix François Mauriac de l'Académie française et prix Henri Queffélec, 1998), <em>Un homme à la mer</em> (2004), <em>Gaston et Gustave</em> (Prix Décembre 2011). Les écrivains Flaubert et Maupassant sont ses maîtres et complices. Olivier Frébourg est également écrivain de Marine.<br /></span></p><p style="text-align: center;"><img id="media-4073242" style="margin: 0.7em 0;" title="" src="http://stephanedugast.hautetfort.com/media/01/00/1587137621.jpg" alt="olivier frébourg,journaliste,écrivain,nimier,flaubert,maupassant" /></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: verdana,geneva; font-size: small;">Il s'agit d'un citation parue dans l'ouvrage coll</span><span style="font-family: verdana,geneva; font-size: small;">e</span><span style="font-family: verdana,geneva; font-size: small;">ctif (<a href="http://stephanedugast.hautetfort.com/archive/2013/04/24/oeuvres-utiles.html" target="_blank"><span style="font-size: x-small;">LIRE LA CHRONIQUE</span></a>) <em>L'Aventure pour quoi faire ?</em> (Le Cercle Points)<br /><br /></span></p>
Zedhttp://metapoinfos.hautetfort.com/about.htmlL'insolence des anarchistes de droite...tag:metapoinfos.hautetfort.com,2012-01-24:45685122012-01-24T10:15:00+01:002012-01-24T10:15:00+01:00 Nous reproduisons ci-dessous un article de Dominique Venner , publié dans...
<p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;">Nous reproduisons ci-dessous un article de <strong>Dominique Venner</strong>, publié dans <em>Spectacle du Monde</em> (décembre 2011) et consacré aux anarchistes de droite, dans lequel il évoque la figure de l'écrivain <strong>A.D.G.</strong> et celle de <strong>Jean-Patrick Manchette</strong>, qu'on peut indubitablement faire rentrer dans la sous-catégorie des anarchistes de droite de gauche !...</span></p><blockquote><p style="text-align: justify;"> </p><p style="text-align: center;"><img id="media-3397463" style="margin: 0.7em 0;" title="" src="http://metapoinfos.hautetfort.com/media/01/02/2138858312.jpg" alt="A.D.G..jpg" /></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;"><strong><span style="font-size: medium;">L'insolence des anarchistes de droite</span></strong><br /></span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;">Les anarchistes de droite me semblent la contribution française la plus authentique et la plus talentueuse à une certaine rébellion insolente de l’esprit européen face à la « modernité », autrement dit l’hypocrisie bourgeoise de gauche et de droite. Leur saint patron pourrait être Barbey d’Aurévilly (<em>Les Diaboliques</em>), à moins que ce ne soit Molière (<em>Tartuffe</em>). Caractéristique dominante : en politique, ils n’appartiennent jamais à la droite modérée et honnissent les politiciens défenseurs du portefeuille et de la morale. C’est pourquoi l’on rencontre dans leur cohorte indocile des écrivains que l’on pourrait dire de gauche, comme Marcel Aymé, ou qu’il serait impossible d’étiqueter, comme Jean Anouilh. Ils ont en commun un talent railleur et un goût du panache dont témoignent Antoine Blondin (<em>Monsieur Jadis</em>), Roger Nimier (<em>Le Hussard bleu</em>), Jean Dutourd (<em>Les Taxis de la Marne</em>) ou Jean Cau (<em>Croquis de mémoire</em>). A la façon de Georges Bernanos, ils se sont souvent querellés avec leurs maîtres à penser. On les retrouve encore, hautins, farceurs et féroces, derrière la caméra de Georges Lautner (<em>Les Tontons flingueurs</em> ou <em>Le Professionnel</em>), avec les dialogues de Michel Audiard, qui est à lui seul un archétype.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;">Deux parmi ces anarchistes de la plume ont dominé en leur temps le roman noir. Sous un régime d’épais conformisme, ils firent de leurs romans sombres ou rigolards les ultimes refuges de la liberté de penser. Ces deux-là ont été dans les années 1980 les pères du nouveau polar français. On les a dit enfants de Mai 68. L’un par la main gauche, l’autre par la main droite. Passant au crible le monde hautement immoral dans lequel il leur fallait vivre, ils ont tiré à vue sur les pantins et parfois même sur leur copains.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;">À quelques années de distances, tous les deux sont nés un 19 décembre. L’un s’appelait Jean-Patrick Manchette. Il avait commencé comme traducteur de polars américains. Pour l’état civil, l’autre était Alain Fournier, un nom un peu difficile à porter quand on veut faire carrière en littérature. Il choisit donc un pseudonyme qui avait le mérite de la nouveauté : ADG. Ces initiales ne voulaient strictement rien dire, mais elles étaient faciles à mémoriser.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;">En 1971, sans se connaître, Manchette et son cadet ADG ont publié leur premier roman dans la Série Noire. Ce fut comme une petite révolution. D’emblée, ils venaient de donner un terrible coup de vieux à tout un pan du polar à la française. Fini les truands corses et les durs de Pigalle. Fini le code de l’honneur à la Gabin. Avec eux, le roman noir se projetait dans les tortueux méandres de la nouvelle République. L’un traitait son affaire sur le mode ténébreux, et l’autre dans un registre ironique. Impossible après eux d’écrire comme avant. On dit qu’ils avaient pris des leçons chez Chandler ou Hammett. Mais ils n’avaient surtout pas oublié de lire Céline, Michel Audiard et peut-être aussi Paul Morand. Ecriture sèche, efficace comme une rafale bien expédiée. Plus riche en trouvailles et en calembours chez ADG, plus aride chez Manchette.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;">Né en 1942, mort en 1996, Jean-Patrick Manchette publia en 1971 <em>L’affaire N’Gustro</em> directement inspirée de l’affaire Ben Barka (opposant marocain enlevé et liquidé en 1965 avec la complicité active du pouvoir et des basses polices). Sa connaissance des milieux gauchistes de sa folle jeunesse accoucha d’un tableau véridique et impitoyable. Féministes freudiennes et nymphos, intellos débiles et militants paumés. Une galerie complète des laissés pour compte de Mai 68, auxquels Manchette ajoutait quelques portraits hilarants de révolutionnaires tropicaux. Le personnage le moins antipathique était le tueur, ancien de l’OAS, qui se foutait complètement des fantasmes de ses complices occasionnels. C’était un cynique plutôt fréquentable, mais il n’était pas de taille face aux grands requins qui tiraient les ficelles. Il fut donc dévoré.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;">Ce premier roman, comme tous ceux qu’écrivit Manchette, était d’un pessimisme intégral. Il y démontait la mécanique du monde réel. Derrière le décor, régnaient les trois divinités de l’époque : le fric, le sexe et le pouvoir.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;">Au fil de ses propres polars, ADG montra qu’il était lui aussi un auteur au parfum, appréciant les allusions historiques musclées. Tour cela dans un style bien identifiable, charpenté de calembours, écrivant « ouisquie » comme Jacques Perret, l’auteur inoubliable et provisoirement oublié de <em>Bande à part</em>.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;">Si l’on ne devait lire d’ADG qu’un seul roman, ce serait <em>Pour venger Pépère</em> (Gallimard), un petit chef d’œuvre. Sous une forme ramassée, la palette adégienne y est la plus gouailleuse. Perfection en tout, scénario rond comme un œuf, ironie décapante, brin de poésie légère, irrespect pour les « valeurs » avariées d’une époque corrompue.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;">L’histoire est celle d’une magnifique vengeance qui a pour cadre la Touraine, patrie de l’auteur. On y voit Maître Pascal Delcroix, jeune avocat costaud et désargenté, se lancer dans une petite guerre téméraire contre les puissants barons de la politique locale. Hormis sa belle inconscience, il a pour soutien un copain nommé « Machin », journaliste droitier d’origine russe, passablement porté sur la bouteille, et « <em>droit comme un tirebouchon</em> ». On s’initie au passage à la dégustation de quelques crus de Touraine, le petit blanc clair et odorant de Montlouis, ou le Turquant coulant comme velours.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;">Point de départ, l’assassinat fortuit du grand-père de l’avocat. Un grand-père comme on voudrait tous en avoir, ouvrier retraité et communiste à la mode de 1870, aimant le son du clairon et plus encore la pêche au gardon. Fier et pas dégonflé avec çà, ce qui lui vaut d’être tué par des malfrats dûment protégés. A partir de là on entre dans le vif du sujet, c’est à dire dans le ventre puant d’un système faisandé, face nocturne d’un pays jadis noble et galant, dont une certaine Sophie, blonde et gracieuse jeunes fille, semble comme le dernier jardin ensoleillé. Rien de lugubre pourtant, contrairement aux romans de Manchettes. Au contraire, grâce à une insolence joyeuse et un mépris libérateur.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;">Au lendemain de sa mort (1<sup>er</sup> novembre 2004), ADG fit un retour inattendu avec <em>J’ai déjà donné</em>, roman salué par toute la critique. Héritier de quelques siècles de gouaille gauloise, insolente et frondeuse, ADG avait planté entre-temps dans la panse d’une république peu recommandable les banderilles les plus jubilatoires de l’anarchisme de droite.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;">Dominique Venner (Spectacle du monde, décembre 2011)</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;">Note</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;">Alain Fournier, dit ADG (1947-2004), un pseudonyme choisi à partir des initiales de son tout premier nom de plume, Alain Dreux-Gallou. Une oeuvre jubilatoire plein d ‘irrespect contre les “valeurs” avariées d’une époque corrompue.</span></p></blockquote>
Zedhttp://metapoinfos.hautetfort.com/about.htmlUn siècle au galop !...tag:metapoinfos.hautetfort.com,2011-12-10:39010382011-12-10T16:15:00+01:002011-12-10T16:15:00+01:00 Les éditions du Rocher ont publié en début d'année 2011 le journal de...
<p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;">Les éditions du Rocher ont publié en début d'année 2011 le journal de <strong>Christian Millau</strong> intitulé <strong><em>Journal impoli - Un siècle au galop 2011-1928</em></strong>. Journaliste, critique gastronomique, romancier, incarnation d'une droite plus éprise de vie et d'action que de théorie, Christian Millau nous livre un journal écrit d'une plume alerte où les souvenirs du siècle écoulé s'entrechoquent. A déguster au coin du feu...</span></p><p> </p><p style="text-align: center;"><img id="media-3333725" style="margin: 0.7em 0;" title="" src="http://metapoinfos.hautetfort.com/media/01/01/223758681.jpg" alt="Journal impoli.jpg" /></p><blockquote><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;">"C'est le Journal d'un jeune hussard de quatre fois vingt ans qui revit sa vie au galop. C'est le grand balayage, d'humeur et d'humour, d'irrévérence et de flamme, d'émotion et de colère d'un siècle tumultueux qui palpite sous la plume d'un écrivain libre de toutes entraves.</span><br /><br /><span style="font-size: small;">Glanés de 2011 à 1928, des souvenirs, des rencontres, qui étonnent, passionnent, serrent le coeur ou font éclater de rire. Nimier et Aymé, Morand et Céline, Vialatte et Blondin, Mauriac et Léautaud, Cendrars et Desproges, Hemingway et Orson Welles. Hitler à son balcon, Churchill avec la Callas, l'abbé Pierre au Crazy Horse... Alger sous la mitraille, les grands procès de l'OAS, le goulag de la Mer Blanche, l'été 1940... Les travelos de Singapour, les coupeurs de têtes d'Amazonie... La grande Histoire et la petite filent au galop du siècle."</span><br /><br /></p></blockquote>
absoluhttp://www.listesratures.fr/about.htmlLes inséparablestag:www.listesratures.fr,2010-08-28:28667052010-08-28T10:26:00+02:002010-08-28T10:26:00+02:00 " A partir de treize ans, l'histoire ne se raconte plus de la...
<p><img id="media-2609030" style="margin: 0.7em auto; display: block;" src="http://www.listesratures.fr/media/00/00/840377932.jpg" alt="inséparables.jpg" /></p><div style="text-align: center;"> </div><div style="text-align: justify;">"<em>A partir de treize ans, l'histoire ne se raconte plus de la même façon. Du jour au lendemain, d'une heure à l'autre, quelque chose qui se passe qui n'est ni un accident ni une rencontre</em><br /><em>Quelque chose se casse à l'intérieur de Léa, une digue, un barrage, çah ne s'explique pas ; ça envahit</em>."<br />Léa se réveillle, vers 4 heures du matin, "<em>elle dit qu'un bruit s'est installé dans sa tête, un bruit qui n'est pas un bruit et qui ne s'arrête pas, et une phrase qui se répète sans fin, une phrase qui l'obsède : il n'y a pas de raison, pas de raison...</em>"</div><div style="text-align: justify;">En effet, il n'y a pas de raison. Il n'y avait pas de raison pour que les chemins de Léa et la narratrice se croisent si longtemps, comme la double hélice d'un ADN, complémentaires, comme un couple d'allèles sur un chromosome, une amitié qui s'impose d'elle-même, qui s'expose, une amitié peu commune comme le sont toutes les grandes amitiés, fortuites, spontanées, indéfectibles. Il n'y avait pas de raison non plus pour qu'ils se décroisent, pour qu'ils s'effilochent et ne se raccrochent jamais, même si Léa s'est souvent cherchée/égarée dans des ruelles mal fréquentées, entre un père inconnu, un beau-père américain et une mère noyée dans ses coupons de tissus. La vie sans Léa n'est pas concevable.</div><div style="text-align: justify;"><div style="text-align: justify;">C'est une amitié telle qu'il est difficile pour l'auteure, d'en parler, de l'écrire, sans s'émouvoir : "<em>C'est difficile en ce moment, je pleure tout le temps en écrivant. Il faudrait prendre la distance nécessaire au récit. Ne pas être le bras de Léa dans lequel l'aiguille s'enfonce, ne pas avoir la gorge qui se serre chaque fois que je croise une femme qui fait la manche dans la rue." </em>Les jours, les mois les années s'immiscent entre elles, les murs des maisons de repos, des centres de désintoxication, mais toujours les mots les unissent, ces mots qu'elles notent, dans des cahiers, proverbes, maximes, slogans, autant que les propos les plus anodins, en apparence, ces mots qu'elles déposent dans des enveloppes. Des mots qui protègent, de soi, du vide, du trop-plein. Des mots qui se souviennent, qui imaginent, qui anticipent, quelquefois. La défonce, l'extase, la descente les éloignent aussi, régulièrement, mais c'est une autre chimie qui les ramène toujours, l'une à l'autre. Y a pas de raison. Y a vraiment pas de raison de ne pas en faire une histoire.</div><div style="text-align: justify;">Deux vies assez banales en soi, qui, réunies, deviennent extraordinaires.</div><div style="text-align: justify;"><strong>Note : 8,5/10</strong></div></div>
Archaïonhttp://archaion.hautetfort.com/about.htmlGuy Dupré, clandestin capitaltag:archaion.hautetfort.com,2008-02-26:8676152008-02-26T16:16:00+01:002008-02-26T16:16:00+01:00 Concernant cet écrivain, voir mon Journal de lecture ,...
<p align="justify"> </p><p> </p><p class="MsoNormal" style="text-align: center; margin: 0cm 0cm 10pt;" align="center"><span style="line-height: 115%; font-family: georgia, palatino, serif; font-size: 18pt;">Concernant cet écrivain, voir mon <em style="mso-bidi-font-style: normal;">Journal de lecture</em>, </span></p><p style="text-align: center;"><img id="media-6512151" style="margin: 0.7em 0;" title="" src="http://archaion.hautetfort.com/media/01/00/1093331316.jpg" alt="littérature,guy dupré,nimier,hussards" /></p><p> </p><p align="justify"><span style="font-family: georgia, palatino, serif; font-size: 18pt;"><strong><span lang="FR" xml:lang="FR">Entretien avec Guy Dupré</span></strong></span></p><p align="justify"><span lang="FR" style="font-size: 18pt; font-family: georgia, palatino, serif;" xml:lang="FR">Christopher Gérard<em>: Qui êtes-vous? Toute votre œuvre, essais et romans confondus, témoigne d'une puissante nostalgie, celle d'un Ordre mystique et guerrier. Quelles sont les racines de cette double vocation sacerdotale et militaire?</em></span></p><p align="justify"><span lang="FR" style="font-size: 18pt; font-family: georgia, palatino, serif;" xml:lang="FR">Historiquement parlant, j’appartiens à la première génération française d’anciens non combattants. J’étais de l’une des trois classes exemptées du service militaire pour avoir été touchées, pour ceux qui n’étaient pas étudiants, par le S.T.O. À l’âge de Guy Môquet j’étudiais l’<em>Énéide</em> au lycée Henri IV dans la classe de Georges Pompidou. Un de mes camarades de seconde, au collège de Saint-Germain-en-Laye, Marco Menegoz, rejoignit un maquis en 44 : fusillé sans qu’on ait donné son nom à une station de métro. Autre condisciple, Pierre Sergent, engagé en 44 et devenu capitaine dans la Légion étrangère ; lors du putsch d’Alger, il rallia ceux que le général de Gaulle a appelé les « officiers perdus ». Un autre, Michel Mourre, affilié à dix-sept ans au francisme de Marcel Bucard, entra au séminaire, y perdit la foi, et se retira d’une autre façon du siècle en s’attelant à son monumental <em>Dictionnaire d’Histoire universelle</em>. J’avais dû, pour ma part, mes rations de survie aux Baudelaire et Rainer Maria Rilke, aux Normands Flaubert et Barbey d’Aurevilly, aux Apollinaire et Milosz qui n’avaient pas une goutte de sang français dans les veines. Sans prétendre à substituer la satiété à la disette, j’entrai dans l’après-occupation avec la volonté de me revancher sur les années de rationnement et dénutrition qui avaient menacé mes sources vives. A mon aversion pour les sectateurs de l’absurde, sartreux et camusards, se liait mon rattachement intérieur à l’ordre militaire mort à Hiroshima, où naquit la mère de mon père. Une sorte d’obligation de participer au Vème acte de l’armée sur les théâtres d’opérations extérieures, en supplantant dans son ton le souffleur. D’exprimer à ma façon « le trouble de l’armée au combat » selon l’expression du général de Gaulle, dont le général Weygand, qui lui non plus n’avait pas une goutte de sang français dans les veines, me disait qu’il « n’avait pas trop de deux églises à Colombey pour s’y confesser de ses péchés ». Au croa-croa des corbeaux au col Mao ce serait préférer le chant du cygne de l’antique honneur militaire. Chant du cygne qui me mettait dans tous <span style="text-decoration: underline;">mes états</span> – ces états qui me feraient remonter jusqu’aux débuts de la guerre franco-française, commencée avec la dégradation du capitaine Dreyfus pour finir avec l’exécution du colonel Bastien-Thiry. L’honneur du capitaine Dreyfus est de n’avoir jamais été dreyfusard. Le péché de Barrès, comme celui du Bernanos de <em>La grande Peur des Bien-Pensants,</em> est de n’avoir pas compris que Dreyfus était de leur bord, lié par le secret professionnel, et qu’il importait de l’isoler, de le détacher de son parti, pour honorer en lui l’officier perdu, l’officier sauvé d’un chapitre inédit de <em>Servitude et grandeur militaires.</em></span></p><p align="justify"><span style="font-family: georgia, palatino, serif; font-size: 18pt;"><em><span lang="FR" xml:lang="FR">Parmi les constantes de votre œuvre, il y a cette loi de Sainte-Beuve. Comment s'est-elle imposée à vous?</span></em></span></p><p align="justify"><span lang="FR" style="font-size: 18pt; font-family: georgia, palatino, serif;" xml:lang="FR">C’est dans son unique roman, <em>Volupté</em>, que Sainte-Beuve, qui fit Hugo cocu, a placé dans la bouche de son héros Amaury l’énoncé de ce que j’ai appelé la « loi de Sainte-Beuve ». Amaury, né dans les dernières années da la monarchie, raconte à un jeune ami les souvenirs de jeunesse de sa propre mère : « Comme les souvenirs ainsi communiqués nous font entrer dans la fleur des choses précédentes et repoussent doucement notre berceau en arrière ! » Pour nous, retourner vers la mémoire d’<span style="text-decoration: underline;">avant</span>, ce serait le temps que nos mères apprirent à épingler de petits drapeaux sur la carte des départements envahis. Trop jeunes pour devenir veuves, elles correspondirent avec le promis dont elles étaient les marraines de guerre. Entre la communauté des « morts pour la patrie » et nos esseulements, une transfusion s’opérait. Nous n’aurions pas trop de cette jeunesse souterraine pour réchauffer l’hiver de la feue France. Quant à la querelle entre maréchalistes et généralistes, comment aurions-nous pu opposer le général me voici au maréchal nous voilà ? Pareils à ces tritons barbus, ces monstres marins que Marcel Proust entrevoyait à l’Opéra, dans l’ombre transparente de la baignoire de la princesse de Guermantes, et dont on n’aurait su dire s’ils étaient en train de pondre, nageaient ou respiraient en dormant. Comment les jugerions-nous, les opposerions-nous, quand, à nos yeux, leur justification secrète était de nous entretenir dans le mystère douloureux et glorieux d’où tout découle et qui s’appelle le mystère du temps ?</span></p><p align="justify"><span style="font-family: georgia, palatino, serif; font-size: 18pt;"><em><span lang="FR" xml:lang="FR">Votre premier roman, Les Fiancées sont froides, s'inspire du romantisme allemand bien plus que du surréalisme. Thanatos me paraît la figure tutélaire de ce livre ensorcelant, et la désertion l'un de ses thèmes principaux. Après vingt-huit ans de retraite, vous publiez Le grand Coucher, un peu votre Guerre civile. Avec Les Mamantes, vous développez le thème de la Mère (si possible veuve), préférable à la Fille (si possible vierge). Peut-on y voir le reflet d'une obsession, celle du refus d'engendrer? En fin de compte, l'écrivain n'est-il pas souvent fils et père de personne?</span></em></span></p><p align="justify"><span lang="FR" style="font-size: 18pt; font-family: georgia, palatino, serif;" xml:lang="FR">Dans chacun de mes trois romans le narrateur s’adresse à l’autre : dans <em>Les Fiancées sont froides</em> le hussard devenu écrivain public s’adresse à un hussard qui pourrait être son fils et qui a lui-même déserté ; dans <em>Le Grand Coucher</em> le récitant dédie son mémoire à la veuve qui servait d’appeau au colonel recruteur ; l’amant en deuil des <em>Mamantes</em> explique à une jeune vivante pour quelles raisons occultes il a si longtemps refusé de lui faire l’amour « à la papa ». Il y a chez les trois désertion, abandon de corps, refus de reconnaître le père comme le fils – trahison de l’histoire humanoïde au profit d’une affiliation d’ordre extra-mondain. Il leur faut transgresser la loi naturelle, substituer à la loi du sang qui régissait l’ancien pacte social la règle d’une transmission elle-même garante d’une filiation élective.</span></p><p align="justify"><span style="font-family: georgia, palatino, serif; font-size: 18pt;"><em><span lang="FR" xml:lang="FR">Quel regard jetez-vous sur les Lettres françaises d'aujourd'hui? Quelles lectures conseilleriez-vous à un impétrant?</span></em></span></p><p align="justify"><span lang="FR" style="font-size: 18pt; font-family: georgia, palatino, serif;" xml:lang="FR">Même en littérature, disait Barrès, il y a avantage à n’être pas un imbécile. Nuançons le propos : « Il y a avantage, en littérature, à ne pas entrer dans la descendance de Monsieur Homais » - avantage à ne pas prendre les lampions du 14 juillet pour les lumières du siècle. « Je m’ennuie en France, disait Baudelaire, parce que tout le monde y ressemble à Voltaire ». Aujourd’hui comme avant-hier la référence aux « lumières » est un cache-misère et le laïcisme dévot la canne blanche dont les mal-voyants se font un gourdin. A l’âge où je ne voyais pas très clair, trois livres m’avaient aidé à remettre la pendule à l’heure : <em>Les Sources occultes du romantisme</em>, d’Auguste Viatte ; <em>L’Âme romantique et le rêve</em>, d’Albert Béguin ; <em>La Poésie moderne et le sacré</em>, de Jules Monnerot. A ce trio salvateur, permettez-moi d’ajouter le théologien allemand H. Urs von Balthasar, dont Albert Béguin m’avait cité ce passage sur le temps que j’aimerais choisir comme épigraphe et épitaphe : « Des temps et des destins antérieurs reçoivent leur sens de temps et de destins ultérieurs, les temps antérieurs sont si peu enfermés dans le moment de la durée qu’ils ont occupé et si peu irrévocablement passés qu’ils restent au contraire directement accessibles en tout temps. Et cet accès est de telle nature qu’il détermine leur essence – passée seulement en apparence – et qu’il les transforme continuellement avec le progrès du temps. »</span></p><p align="justify"><span lang="FR" style="font-size: 18pt; font-family: georgia, palatino, serif;" xml:lang="FR">Paris, le 13 novembre 2006</span></p><p align="justify"><span lang="FR" style="font-size: 18pt; font-family: georgia, palatino, serif;" xml:lang="FR">Publié dans <em>La Presse littéraire</em>, décembre 2006.</span></p>
absoluhttp://www.listesratures.fr/about.htmlLa confusiontag:www.listesratures.fr,2007-04-14:9855902007-04-14T18:00:00+02:002007-04-14T18:00:00+02:00C’est l’histoire, le temps d’une machine à sécher le linge, d’une situation...
C’est l’histoire, le temps d’une machine à sécher le linge, d’une situation<br /> qui se dégrade<br /> d’une robe rouge, d’une tringle et d’un triangle<br /> D’un frère et d’une sœur qui ne sont ni frère ni sœur ni amis ni amants<br /> ou tout cela à la fois<br /> C’est l’histoire d’un beau-père qui porte un beau prénom.<br /> <br />
Le Uhlanhttp://leuhlan.hautetfort.com/about.htmlUne idée de manifestetag:leuhlan.hautetfort.com,2005-07-16:1697042005-07-16T21:00:00+02:002005-07-16T21:00:00+02:00 "Il faut tout l'aplomb et toute la muflerie des comédiens pour accepter sa...
<p align="justify">"Il faut tout l'aplomb et toute la muflerie des comédiens pour accepter sa vie, son bonheur, sans se haïr."</p><p align="justify">Roger Nimier, <em>Les Epées</em>.</p>
Houdaerhttp://houdaer.hautetfort.com/about.htmlaux amis qui souffrenttag:houdaer.hautetfort.com,2005-02-06:10862852005-02-06T08:35:00+01:002005-02-06T08:35:00+01:00 Aux amis qui souffrent et n’ont pas besoin de vaines consolations… Je ne...
<p>Aux amis qui souffrent et n’ont pas besoin de vaines consolations…<br /> Je ne sais pas. Parmi les nombreuses pages de Miller que j’ai pu recopier, il y a ces deux passages que je souhaite copier-coller.<br /> <br /> “ <em>Quand j’abaisse les yeux vers ce foutu con de putain, je sens le monde entier sous moi, un monde qui chancelle et s’écroule, un monde épuisé et poli comme le crâne d’un lépreux. S’il y avait un homme qui osât dire tout ce qu’il pense de ce monde, on ne lui laisserait pas un pouce de terrain pour s’y tenir. Quand un homme apparaît, le monde lui tombe dessus et lui casse les reins. Il reste toujours trop de piliers pourris, trop d’humanité infecte pour que l’homme puisse s’épanouir. La superstructure est un mensonge et le fondement une vaste peur frémissante. Si par intervalles plus que séculaires, paraît un homme au regard avide et éperdu, un homme qui mettrait le monde sens dessus dessous pour créer une nouvelle race, l’amour qu’il porte au monde tourne en bile et il devient un fléau. Si de temps en temps nous découvrons des pages qui explosent, des pages qui blessent et flétrissent, qui arrachent des gémissements, des larmes et des malédictions, sachez qu’elles viennent d’un homme acculé, un homme dont la seule défense sont ses paroles, et ses paroles sont toujours plus fortes que le poids mensonger et accablant du monde, plus fortes que toutes les roues et les chevalets de torture qu’inventent les lâches pour anéantir le miracle de la personnalité. Si quiconque osait jamais traduire tout ce qui est dans son cœur, exposait ce qui est réellement son expérience, ce qui est vraiment sa vérité, je crois que le monde se fracasserait, volerait en éclats, et aucun Dieu, aucun accident, aucune volonté ne pourraient jamais en rassembler les morceaux, les atomes, les éléments indestructibles qui l’ont fait ce monde.</em> ”<br /> Henry Miller, Tropique du Cancer (trad. de Gérald Robitaille)<br /> <br /> « <em>En ce temps-là, je n’osais penser à rien d’autre qu’aux « faits ». Pour aller chercher sous les faits, il m’eût fallu être artiste, et on ne devient pas artiste du jour au lendemain. Il faut d’abord qu’on soit écrabouillé un bon coup, que soient annihilés les éléments de contradiction que l’on porte en soi, que l’on soit entièrement balayé en tant qu’être humain, pour renaître en tant qu’individu ; carbonisé et minéralisé afin de s’élever progressivement en partant du dernier dénominateur commun de soi. Il faut dépasser la pitié si l’on veut que la sensibilité parte des racines mêmes de l’être. On ne fabrique pas un nouveau ciel, une nouvelle terre avec des « faits ». Il n’y a pas de « faits » : il n’y a qu’un fait, qui est que l’homme, n’importe quel homme n’importe où dans le monde, est en voie d’ordination. Certains prennent la route la plus longue, d’autres la plus courte. Tout homme travaille à sa destinée à sa façon et personne ne peut lui venir en aide, si ce n’est par générosité, bonté et patience. Dans mon enthousiasme d’alors, bien des choses m’apparaissaient inexplicables qui éclatent aujourd’hui.</em> »<br /> Tropique du Capricorne, Henry MILLER<br /> <br /> Je fais quoi, là ? Le prêchi-prêcheur, le Saint-Bernard que personne n’a appelé ? J’aggrave mon cas avec une dernière salve (de Nimier cette fois, extrait de « Les écrivains sont-ils bêtes ? ») :<br /> <br /> « <em>Pour la vérité, il suffit d’ouvrir les yeux et de voir –voir la réalité telle qu’elle est. Mais comment est-elle ? Rectifions : voir la réalité telle qu’elle est la plus forte. Désarmer les choses, voilà déjà tout un destin d’écrivain.</em> »</p> <div style="text-align: center"><a target="_blank" href="http://houdaer.hautetfort.com/media/00/01/9d5610c909054094b20a7522a01b1237.jpg"><img src="http://houdaer.hautetfort.com/media/00/01/9d5610c909054094b20a7522a01b1237.jpg" alt="9d5610c909054094b20a7522a01b1237.jpg" style="margin: 0.7em 0px; border-width: 0px" /></a></div>
Houdaerhttp://houdaer.hautetfort.com/about.htmlMercredi 5 janviertag:houdaer.hautetfort.com,2005-01-05:10694702005-01-05T21:45:00+01:002005-01-05T21:45:00+01:00 Alice et Arthur (sept ans à eux deux) émerveillés par « Barbie et...
<p><span style="font-size: 14pt; font-family: Verdana">Alice et Arthur (sept ans à eux deux) émerveillés par « Barbie et Casse-Noisette ».</span> <span style="font-size: 14pt; font-family: Verdana">Moi, émerveillé par la phrase de Nimier.</span> <span style="font-size: 14pt"> </span></p>