Last posts on l'étranger
2024-03-28T20:00:55+01:00
All Rights Reserved blogSpirit
https://www.hautetfort.com/
https://www.hautetfort.com/explore/posts/tag/l'étranger/atom.xml
Jacques-Emile Miriel
http://jemiriel.hautetfort.com/about.html
”Sundown” du réalisateur mexicain Michel Franco
tag:jemiriel.hautetfort.com,2022-07-31:6394395
2022-07-31T06:29:54+02:00
2022-07-31T06:29:54+02:00
Le bleu du ciel Pour son septième long métrage, le...
<p> </p><p><span style="font-family: 'Book Antiqua', serif; color: #333333;"><span style="font-size: x-large;"><strong>Le bleu du ciel</strong></span></span></p><p> </p><p><span style="font-family: 'Book Antiqua', serif; color: #333333;"><span style="font-size: medium;">Pour son septième long métrage, le cinéaste mexicain Michel Franco s’est inspiré de <em>L’</em><em>É</em><em>tranger </em>d’Albert Camus. Le livre n’est pas crédité au générique, cependant on sent une influence certaine, non peut-être pas <em>directe</em>, mais bien présente ‒ surtout pour ceux qui, comme moi, nourrissent une fascination absolue pour le roman de l’écrivain français. <em>L’</em><em>É</em><em>tranger </em>n’en finit pas d’être lu par les artistes de tout acabit, comme une source inépuisable pour décrire notre modernité, depuis sa parution en 1942.</span></span></p><p> </p><p><span style="font-family: 'Book Antiqua', serif; color: #333333;"><span style="font-size: medium;">La première image de <em>Sundown</em> est un gros plan sur des rougets, dans un marché d’Acapulco au Mexique. Le soleil darde ses rayons maléfiques, comme dans un film d’Antonioni. Une famille de Londoniens très riches, jouissant du luxe d’un palace, reçoit un coup de téléphone qui les oblige à interrompre leurs vacances et à rentrer chez eux. Le frère, Neil, incarné par Tim Roth, homme trapu d’une cinquantaine d’années, célibataire, décide de faire croire à sa sœur et à ses neveu et nièce qu’il a égaré son passeport. Il reste seul dans l’incertain Mexique, paradis paradoxal où la violence éclate au quotidien.</span></span></p><p> </p><p><span style="font-family: 'Book Antiqua', serif; color: #333333;"><span style="font-size: medium;">On constate rapidement que Neil est pris d’une apathie radicale. Il choisit un hôtel bon marché, et passe ses journées sur la plage, à boire des bières. Il fait la connaissance d’une autochtone, Berenice, avec laquelle il noue une relation amoureuse. Il ne répond plus au téléphone, même quand sa sœur, affolée, essaie de le joindre. C’est lorsque celle-ci reviendra, quelques semaines plus tard, pour tenter de le ramener en Europe, que nous comprendrons les rapports de forces qui lient les uns et les autres au sein de la famille.</span></span></p><p> </p><p><span style="font-family: 'Book Antiqua', serif; color: #333333;"><span style="font-size: medium;">La sœur, dont le rôle incombe à une remarquable Charlotte Gainsbourg, est en position dominante. Elle dirige la grosse entreprise familiale. Face à elle, Neil fait figure de faible, de désœuvré. Il n’a pas son mot à dire et doit suivre le mouvement. Il a sans doute l’impression de s’ennuyer mortellement, et de vivre à côté de sa vie. Ne pas être rentré à Londres avec les autres est pour lui un acte de rébellion salvateur. Non qu’il se prenne déjà totalement en main, du moins il se cache, il se terre, se préserve. D’un non-sens global, il est passé à un non-sens individuel. La caméra zoome sur sa solitude, son état de perdition, de refus de tout, dans l’instabilité du monde.</span></span></p><p> </p><p><span style="font-family: 'Book Antiqua', serif; color: #333333;"><span style="font-size: medium;">Comme dans <em>L’</em><em>É</em><em>tranger</em>, il y aura la prison, qu’il supporte avec fatalité. Neil est en effet brièvement soupçonné par la police mexicaine d’avoir organisé le meurtre de sa sœur (toujours cette violence âpre, qui vous ramène à la réalité des choses, sans que cependant la léthargie de Neil ne décroisse). Devant sa sœur, il se défendait déjà de n’avoir rien à se reprocher. De quoi est-il coupable, en fait ? D’où vient sa honte ? Comme Meursault, peut-être, du simple fait de <em>n’avoir pas envie </em>? <em>« J’ai dit que oui</em>, écrit Camus dans <em>L’</em><em>É</em><em>tranger, mais que dans le fond cela m’était égal. Il m’a demandé alors si je n’étais pas intéressé par un changement de vie. J’ai répondu qu’on ne changeait jamais de vie, qu’en tout cas toutes se valaient et que la mienne ici ne me déplaisait pas du tout. » </em>Neil est, on le voit, dans un état d’esprit comparable à celui de Meursault, tous deux sont d’étranges <em>épicuriens</em>...</span></span></p><p> </p><p><span style="font-family: 'Book Antiqua', serif; color: #333333;"><span style="font-size: medium;">Le réalisateur a voulu conclure son film en expliquant l’attitude de Neil par des causes physiologiques. Je n’ai pas aimé cette partie, où les médecins découvrent à Neil un cancer foudroyant du cerveau. On sentait monter en lui une sorte de folie, c’est vrai, avec des hallucinations visuelles traumatisantes, mais pourquoi transformer son attitude de refus en une pathologie irrémédiable et sortant si complètement de l’ordinaire ? Quel besoin, surtout, de faire intervenir, par ce moyen, une perspective moralisatrice dans cette histoire, comme une excuse <em>in fine</em> ? Michel Franco aurait dû s’en tenir, selon moi, à la part d’indécidable et de non-dit, inscrite dans le nécessaire <em>hors champ </em>du cinéma, d’ailleurs déjà parfaite évocation de la mort.</span></span></p><p> </p><p><span style="font-family: 'Book Antiqua', serif; color: #333333;"><span style="font-size: medium;">Cependant, je dois admettre que le dernier plan, d’une énième chambre d’hôtel à Mexico, qui préfigure la tombe, est une très belle conclusion. C’est là où sans doute se terminera, entre chien et loup, l’errance maladive du personnage de Neil (et de ses semblables), dans l’imminence de quelque tombée du jour définitive : le mot <em>Sundown </em>signifiant «<em> crépuscule »</em>, en anglais.</span></span></p>
Paola Pigani
http://paolapigani.hautetfort.com/about.html
Se garer ou s'égarer?
tag:paolapigani.hautetfort.com,2019-12-21:6199973
2019-12-21T17:40:00+01:00
2019-12-21T17:40:00+01:00
— Qui aimes-tu le mieux, homme énigmatique, dis ?...
<p style="text-align: center;"><img id="media-6070788" style="margin: 0.7em 0;" title="" src="http://paolapigani.hautetfort.com/media/00/01/2951041896.jpg" alt="stationnement provisoire.jpg" /></p><p style="text-align: center;"> </p><p style="text-align: center;"> </p><p>— <span style="font-family: 'times new roman', times, serif; font-size: 12pt;">Qui aimes-tu le mieux, homme énigmatique, dis ? ton père, ta mère, ta sœur ou ton frère ?</span><br /><span style="font-family: 'times new roman', times, serif; font-size: 12pt;">— Je n’ai ni père, ni mère, ni sœur, ni frère.</span><br /><span style="font-family: 'times new roman', times, serif; font-size: 12pt;">— Tes amis ?</span><br /><span style="font-family: 'times new roman', times, serif; font-size: 12pt;">— Vous vous servez là d’une parole dont le sens m’est resté jusqu’à ce jour inconnu.</span><br /><span style="font-family: 'times new roman', times, serif; font-size: 12pt;">— Ta patrie ?</span><br /><span style="font-family: 'times new roman', times, serif; font-size: 12pt;">— J’ignore sous quelle latitude elle est située.</span><br /><span style="font-family: 'times new roman', times, serif; font-size: 12pt;">— La beauté ?</span><br /><span style="font-family: 'times new roman', times, serif; font-size: 12pt;">— Je l’aimerais volontiers, déesse et immortelle.</span><br /><span style="font-family: 'times new roman', times, serif; font-size: 12pt;">— L’or ?</span><br /><span style="font-family: 'times new roman', times, serif; font-size: 12pt;">— Je le hais comme vous haïssez Dieu.</span><br /><span style="font-family: 'times new roman', times, serif; font-size: 12pt;">— Eh ! qu’aimes-tu donc, extraordinaire étranger ?</span><br /><span style="font-family: 'times new roman', times, serif; font-size: 12pt;">— J’aime les nuages… les nuages qui passent… là-bas… là-bas… les merveilleux nuages !</span></p><p><span style="font-family: 'times new roman', times, serif; font-size: 12pt;">Charles Baudelaire, <em>Petits poèmes en prose, 1869</em></span></p><p style="text-align: center;"> </p>
la bouche plein de terre
http://manoeuvres.hautetfort.com/about.html
La carte postale du jour...
tag:manoeuvres.hautetfort.com,2015-01-25:5543893
2015-01-25T13:21:55+01:00
2015-01-25T13:21:55+01:00
"Cela reste une loi inéluctable de l'histoire : elle défend précisément...
<blockquote><p><em><strong><span style="font-family: helvetica; font-size: medium;">"Cela reste une loi inéluctable de l'histoire : elle défend précisément aux contemporains de reconnaître dès leurs premiers commencements les grands mouvements qui déterminent leur époque."</span></strong></em><br /><strong><span style="font-family: helvetica; font-size: medium;">- Stefan Zweig, Le Monde d'hier</span></strong></p></blockquote><p style="text-align: center;"><span style="font-family: helvetica; font-size: medium;"><img id="media-4879007" style="margin: 0.7em 0;" title="" src="http://manoeuvres.hautetfort.com/media/01/02/2435000519.jpg" alt="dimanche 25 janvier 2015.jpg" /></span></p><p><span style="font-family: helvetica; font-size: medium;">Je me souviens d'avoir acheté mon premier disque de <strong>Tuxedomoon</strong> - <em>Suite en sous-sol</em>, album qui contenait <em>L´étranger</em> (gigue existentielle), version de <em><strong>The Stranger</strong> </em>plus orchestrée, plus orientalisante aussi - chez le disquaire Divertimento, en vieille ville de Genève, installé au premier étage d'une très ancienne bâtisse, dans un appartement cossu dont le sol boisé craquait lorsqu'on passait d'une pièce à l'autre, chacune réservée à un style différent, du classique à la new-wave, magasin aujourd'hui fermé.</span><br /><span style="font-family: helvetica; font-size: medium;">Je me souviens bien qu'avec Killing an arab de The Cure, The Stranger de Tuxedomoon m'a très vite amené à lire Camus, il en a d'ailleurs été de même avec Bauhaus qui m'a attiré vers les livres d'Antonin Artaud alors que Death In June m'a guidé vers Jean Genet et Yukio Mishima, et cela s'est produit souvent et cela se reproduit encore puisque tout récemment c'est une citation de Cyril Connolly, sur le (superbe) disque <em>The ghost in daylight de Gravenhurst</em>, qui a immédiatement suscité mon intéret pour ce critique littéraire anglais dont j'ai lu et bien aimé le livre <em>Ce qu'il faut faire pour ne plus être écrivain</em>.</span><br /><span style="font-family: helvetica; font-size: medium;">Je me souviens aussi que, pour moi, Tuxedomoon représente l'archétype même du groupe intemporel, lié à la fois à la new wave la plus expérimentale, à la no wave de New York mais aussi à la scène post-punk européenne, à Camus, mais aussi à la danse - Béjart leur commanda une musique pour l'un de ses ballets -, au film de Wim Wenders <em>Les ailes du désir</em>, pour croiser récemment la route d'artistes comme Tarwater et Tortoise, avec au final une oeuvre riche, même si, dans mon cas, c'est surtout ce disque de 1979 qui compte le plus, alliage étonnant de l'électronique froide et minimale de Steven Brown et du violon strident de Blaine Reininger, porté par la voix déchirante de Winston Tong et son texte inspiré de <em>l'Étranger</em> :</span></p><blockquote><p><strong><em><span style="font-family: helvetica; font-size: medium;"> I was born today</span></em></strong><br /><strong><em><span style="font-family: helvetica; font-size: medium;"> There was strangers there</span></em></strong><br /><strong><em><span style="font-family: helvetica; font-size: medium;"> Cut me off</span></em></strong><br /><strong><em><span style="font-family: helvetica; font-size: medium;"> And left me in a chloroformed cell</span></em></strong><br /><strong><em><span style="font-family: helvetica; font-size: medium;"> I yelled and I yelled</span></em></strong><br /><strong><em><span style="font-family: helvetica; font-size: medium;"> But nobody cared</span></em></strong><br /><strong><em><span style="font-family: helvetica; font-size: medium;"> First day at school</span></em></strong><br /><strong><em><span style="font-family: helvetica; font-size: medium;"> I lost my front teeth</span></em></strong><br /><strong><em><span style="font-family: helvetica; font-size: medium;"> Boys beat me up</span></em></strong><br /><strong><em><span style="font-family: helvetica; font-size: medium;"> Cause I wasn't one of them</span></em></strong><br /><strong><em><span style="font-family: helvetica; font-size: medium;"> I fought till I bled</span></em></strong><br /><strong><em><span style="font-family: helvetica; font-size: medium;"> And everyone was scared</span></em></strong><br /><strong><em><span style="font-family: helvetica; font-size: medium;"> Yeah, everyone was scared</span></em></strong><br /><strong><em><span style="font-family: helvetica; font-size: medium;"> It isn't my fault</span></em></strong><br /><strong><em><span style="font-family: helvetica; font-size: medium;"> It isn't my fault</span></em></strong><br /><strong><em><span style="font-family: helvetica; font-size: medium;"> It isn't my fault</span></em></strong><br /><strong><em><span style="font-family: helvetica; font-size: medium;"> That I'm strange</span></em></strong></p></blockquote><p><span style="font-family: helvetica; font-size: medium;"><a href="https://www.youtube.com/watch?v=C-ZsHsumNS4">https://www.youtube.com/watch?v=C-ZsHsumNS4</a></span></p><p><span style="font-family: helvetica; font-size: medium;">En 1979, <strong>Jonathan Cott</strong> (qui a écrit sur Glenn Gould, Bob Dylan, etc.) mène un long entretien avec l'essayiste américaine la plus en vogue à cette époque : <strong>Susan Sontag</strong>. Réalisé pour le magazine Rolling Stones, il sera publié un tiers seulement de cette conversation fleuve, il faut donc saluer la bonne initiative de l'éditeur Flammarion, et plus encore de la collection Climats, qui réédite ici au complet cet entretien, <em><strong>Tout et rien d'autre</strong></em>, avec Susan Sontag, femme fascinante, grande lectrice, adepte d'une pensée vivante et qui possédait alors, dans son appartement new-yorkais, une bibliothèque de huit mille livres - bibliothèque qu'elle nommait joliment son "archive du désir". Dans cet entretien passionnant, Susan Sontag revient sur plusieurs de ses essais, sur la maladie, la photographie, parle beaucoup de littérature - Kafka, Baudelaire, Barthes, Gass, Beckett, ... -, elle explique son changement de position, d'appréciation du travail de propagande de la réalisatrice allemande Leni Riefenstahl, mais aussi - et c'est là qu'elle en devient encore plus attachante - sa passion, son amour pour son époque, pour le contemporain. Elle déclare d'ailleurs: "<em>Tout mon travail repose sur l'idée que le monde existe vraiment, et je me sens vraiment y appartenir</em>". En ce sens elle rejoint ce magnifique aphorisme de Nietzsche : "<em>Ce qui est grand dans l'homme c'est qu'il est un pont et non un but</em>". Cet entretien est à la fois sérieux et drôle, Susan Sontag s'ouvre à Jonathan Cott avec une liberté généreuse. Bonne lecture.</span></p><p> </p><blockquote><p><strong><em><span style="font-family: helvetica; font-size: medium;">"J.Cott : Comme l'a écrit Emily Dickinson, "des fleurs et des livres, ces consolations du chagrin".</span></em></strong></p><p><strong><em><span style="font-family: helvetica; font-size: medium;"> S.Sontag : Oui, la lecture est un divertissement, une distraction, c'est ma consolation, mon petit suicide. Si je ne supporte plus le monde, je me pelotonne avec un livre et c'est comme si j'embarquais à bord d'un petit vaisseau spatial qui m'emmène loin de tout. Mais mes lectures n'ont rien de systématique. J'ai la chance de lire très vite, et comparé à d'autres personnes, je suppose que je lis comme un bolide, ce qui a l'avantage de me permettre de lire une grande quantité de livres, mais ce qui a aussi pour contrepartie que je ne m'attarde sur rien, je l'absorbe entièrement puis je le laisse reposer quelque part. Je suis bien plus ignorante que ce que pensent les gens. Si vous me demandiez de vous expliquer le structuralisme ou la sémiologie, j'en serais incapable. Je pourrais me souvenir d'une image dans une phrase de Barthes, ou comprendre le sens des choses, mais je ne m'y consacre pas plus que ça. J'ai beaucoup de centres d'intérêts, mais je sors aussi au CBGB et à d'autres endroits.</span></em></strong><br /><strong><em><span style="font-family: helvetica; font-size: medium;"> Je crois vraiment en l'histoire, alors que beaucoup n'y croient plus. Je sais que nos actions et nos pensées sont une création historique. Je crois en très peu de choses, mais en voilà une tout à fait certaine : presque tout ce que nous pensons être naturel est en réalité le produit de l'histoire et plonge ses racines essentiellement dans la période romantique et révolutionnaire de la fin du XVIIIe siècle et du début du XIXe siècle. Et, fondamentalement, nous continuons à négocier avec des attentes et des sentiments qui ont été formulés à cette époque-là, avec des idées comme le bonheur, l'individu, le changement social, le plaisir. Nous avons hérité d'un vocabulaire qui est né à une époque précise. Lorsque je me rends à un concert de Patti Smith au CBGB, je m'amuse, et j'en profite d'autant mieux que j'ai lu Nietzsche.</span></em></strong></p><p><strong><em><span style="font-family: helvetica; font-size: medium;"> J.Cott : Ou Antonin Artaud.</span></em></strong></p><p><strong><em><span style="font-family: helvetica; font-size: medium;"> S.Sontag : Oui, mais il est trop proche. J'évoquais Nietzsche parce qu'il parlait voilà cent ans de la société moderne et du nihilisme. C'était les années 1870. Que penserait-il s'il avait pu connaître les années 1970 ? Tant de choses aujourd'hui détruites existaient encore il y a un siècle."</span></em></strong></p></blockquote>
Jacques-Emile Miriel
http://jemiriel.hautetfort.com/about.html
Fin du monde
tag:jemiriel.hautetfort.com,2014-06-11:5388847
2014-06-11T11:58:00+02:00
2014-06-11T11:58:00+02:00
Dans les décors de ruines du Palais de Tokyo, avenue du...
<p style="text-align: left;"><img id="media-4590921" style="margin: 0.7em 0;" title="" src="http://jemiriel.hautetfort.com/media/02/01/3263561497.jpg" alt="sugimoto-seascape-ligurian-sea-saviore,1993 2.jpg" /></p><p style="text-align: left;"> Dans les décors de ruines du Palais de Tokyo, avenue du Président-Wilson à Paris, le photographe et artiste japonais Hiroshi Sugimoto a installé sa nouvelle et très forte exposition "Aujourd'hui, le monde est mort" [Lost Human Genetic Archive]. En trente-trois variations, il nous fait découvrir les fins du monde qu'il imagine dans un avenir pas si lointain. Chaque installation se voit nantie d'un commentaire assez long, manuscrit, d'inspiration situationniste, m'a-t-il semblé, qui commence toujours par ces mots : "Aujourd'hui, le monde est mort. Ou peut-être hier, je ne sais pas." Reprise frappante des premières pages de <em>L'Etranger </em>de Camus, ce roman qui a tellement marqué son temps en ouvrant à une nouvelle esthétique. Lorsqu'on sait par ailleurs que Sugimoto s'inspire ici et là des <em>ready-made</em> de Duchamp ou parfois du travail de Warhol, on se dit que la panoplie nihiliste est décidément complète. Il ne vous reste plus alors qu'à déambuler dans les salles austères de cette exposition, en vous laissant porter par ce qu'elle pourra vous inspirer de <em>définitif</em>. Je vous conseille d'en faire le tour au moins deux fois, de prendre bien votre temps, comme si c'était la dernière promenade qu'on vous ait octroyée avant de vous condamner à mort. Profitez-en au maximum, et repensez-y lorsque vous serez ressorti dehors, sous le soleil brûlant de Paris. Vous ne verrez plus les choses de la même façon. Derrière l'illusion de ce monde présent, vous aurez désormais conscience de sa pleine et entière agonie, et du fait aussi que tout ça ne risque probablement pas de durer encore longtemps. "Aujourd'hui, le monde est mort. Ou peut-être hier, je ne sais pas." Telle est vraiment la seule prière que vous serez en mesure de répéter, une prière <em>négative </em>courte et brève pour déplorer, impuissant, ce suicide annoncé.</p><p style="text-align: left;"><span style="font-size: xx-small;">Hiroshi Sugimoto : Aujourd'hui, le monde est mort [Lost Human Genetic Archive]. Palais de Tokyo. 13, avenue du Président-Wilson (Paris 16e). Renseignements : 01 81 97 35 88. Jusqu'au 7 septembre.</span></p><p style="text-align: left;"><span style="font-size: xx-small;">Illustration : photographie de Hiroshi Sugimoto.</span></p>
christiancrecre
http://dessinsdepresse.hautetfort.com/about.html
Albert Camus (2)
tag:dessinsdepresse.hautetfort.com,2013-12-19:5251313
2013-12-19T21:51:46+01:00
2013-12-19T21:51:46+01:00
<p style="text-align: center;"><img id="media-4372542" style="margin: 0.7em 0;" title="" src="http://dessinsdepresse.hautetfort.com/media/02/00/2766577905.JPG" alt="Albert Camus 02.JPG" /></p>
Louis-Paul
http://leblog2lp.hautetfort.com/about.html
Sur la plage avec Marie...
tag:leblog2lp.hautetfort.com,2013-11-07:5215852
2013-11-07T18:59:51+01:00
2013-11-07T18:59:51+01:00
Le soleil de quatre heures n’était pas...
<p> </p><p> </p><p style="text-align: center;"><img id="media-4318408" style="margin: 0.7em 0;" title="" src="http://leblog2lp.hautetfort.com/media/00/00/1084267894.jpg" alt="Vaguelettes DSC_0109.jpg" /></p><p> </p><p> </p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: book antiqua,palatino; font-size: small;">Le soleil de quatre heures n’était pas trop chaud, mais l’eau était tiède, avec de petites vagues longues et paresseuses. Marie m’a appris un jeu. Il fallait, en nageant, boire à la crête des vagues, accumuler dans sa bouche toute l’écume et se mettre ensuite sur le dos pour la projeter contre le ciel. Cela faisait alors une dentelle mousseuse qui disparaissait dans l’air ou me retombait en pluie tiède sur le visage. Mais au bout de quelques temps, j’avais la bouche brûlée par l’amertume du sel. Marie m’a rejoint alors et s’est collée à moi dans l’eau. Elle a mis sa bouche contre la mienne. Sa langue rafraîchissait mes lèvres et nous nous sommes roulés dans les vagues pendant un moment.</span></p><p style="text-align: justify;"> </p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: book antiqua,palatino; font-size: small;">Albert Camus - L'étranger, IV, pages 57 et 58, édition poche folio</span></p>
Creseveur
http://creseveur.hautetfort.com/about.html
Camus est resté étranger au Panthéon de Sarkozy
tag:creseveur.hautetfort.com,2013-08-30:5151936
2013-08-30T14:21:00+02:00
2013-08-30T14:21:00+02:00
<p style="text-align: center;"><img id="media-4231807" style="margin: 0.7em 0;" title="" src="http://creseveur.hautetfort.com/media/01/02/1965994824.jpg" alt="Albert Camus pas panthéonisé.jpg" /></p>
Zébra
http://fanzine.hautetfort.com/about.html
L'Etranger***
tag:fanzine.hautetfort.com,2013-04-25:5054962
2013-04-25T22:44:28+02:00
2013-04-25T22:44:28+02:00
Nombre d’écrivains ont tiré de l’absurdité de l’existence, résumée par...
<p class="MsoNormal" style="text-align: justify;"><span style="color: #000000;">Nombre d’écrivains ont tiré de l’absurdité de l’existence, résumée par Shakespeare dans la fameuse <img id="media-4075281" style="float: right; margin: 0.2em 0 1.4em 0.7em;" title="" src="http://fanzine.hautetfort.com/media/02/02/4085014369.gif" alt="webzine,bd,gratuit,zébra,fanzine,bande-dessinée,critique,camus,l'étranger,gallimard,kritik,jacques ferrandez,algérie,shakespeare,hamlet,houellebecq,meursault" />tirade de Hamlet («To be or not to be»), matière à des pièces ou des morceaux comiques. L’absurdité de la condition humaine est bien le sujet de «L’Etranger» de Camus, que Jacques Ferrandez vient d’adapter en BD, mais c’est un constat sec, sans humour, presque animal.</span></p><p class="MsoNormal" style="text-align: justify;"><span style="color: #000000;">Meursault, le jeune héros de Camus, tue un Arabe, le lendemain des obsèques de sa mère, moitié par réflexe de défense, moitié par hasard. Son manque de foi étonne et indispose ses juges, qui le condamnent à mort. Meursault, en effet, ne gobe ni l’amour, ni l’ambition professionnelle, ni la religion, ni le mariage, ni l’amitié, rien de tout ce qui excite ses contemporains. Comment s’offusquerait-il de sa condamnation, puisque vivre, en définitive, c’est pour mourir ? L’imperméabilité de Meursault à l’espoir surprend même son confesseur, venu pour le sauver in extremis, et que les condamnés à mort on habitué à plus de crédulité. Meursault avoue bien un peu de crainte devant le couperet, mais pas assez pour changer brusquement sa disposition d’esprit.</span></p><p class="MsoNormal" style="text-align: justify;"><span style="color: #000000;">Le roman, quand il parut, choqua les apôtres du socialisme par son athéisme. Il est vrai que je me suis toujours demandé quelle philosophie ou quel humanisme on peut bien déduire des romans de Camus ?</span></p><p class="MsoNormal" style="text-align: justify;"><span style="color: #000000;">Cela dit, Camus paraît désormais plus moderne que le socialisme ; la société de consommation a triomphé en quelques décennies des envolées lyriques des derniers poètes socialistes ; s’il reste bien encore quelques militants, qui proposent tantôt de s’indigner, tantôt de protéger la couche d’ozone, ce sont eux qui sont devenus des étrangers, quasiment isolés dans un océan d’indifférence. Le monde est devenu camusien, c’est-à-dire plus ou moins épicurien, cherchant dans les petits plaisirs culinaires ou érotiques de l’existence, si ce n’est un but, du moins un mode de vie. Il y a bien eu le grand projet d’Europe unie contre la guerre, il y a quelques années, mais on peut se demander aujourd’hui qui a vraiment cru sincèrement dans ce machin, hormis quelques technocrates ? Puisque la politique consiste à gouverner au centre, n’est-il pas raisonnable que chacun, pour toute direction, choisisse celle indiquée par son nombril ? Ainsi Meursault, centré sur lui-même, se rattache à la vie. Il est «amoral», parce que la vie est physique d’abord, avant d’être bonne ou mauvaise.</span></p><p class="MsoNormal" style="text-align: justify;"><span style="color: #000000;">L’adaptation de Ferrandez est fidèle au roman de Camus ; assez plate, mais la platitude est voulue par Camus. Le dessin coloré et chatoyant fait paraître l’Algérie où évolue notre antihéros, une sorte de paradis infernal, puisque sans réponses aux questions que l’homme ne peut s’empêcher de se poser. Cette ignorance de l’homme, ou sa conformité à ce qui le détermine, Camus ne l’envisage même pas comme le principal forceps vers la tombe ; peut-être se débarrasser de l’espoir socialiste a-t-il pompé toutes ses forces ? Camus, comme Houellebecq, a un côté lézard.</span></p><p class="MsoNormal" style="text-align: justify;"><span style="color: #000000;">Le problème avec littérature épicurienne, c’est qu’elle vaut rarement un bon verre de vin blanc frais quand il fait chaud.</span></p><p class="MsoNormal" style="text-align: justify;"><span style="color: #000000;"><em><strong>L’Etranger, Jacques Ferrandez d’après Camus, Gallimard, coll. Fétiche (!) 2013.</strong></em></span></p>
Elle et Lui
http://briot-cohenaknin.hautetfort.com/about.html
Kaléidoscope au féminin
tag:briot-cohenaknin.hautetfort.com,2011-07-06:3702538
2011-07-06T11:12:58+02:00
2011-07-06T11:12:58+02:00
L’étranger , tel est le titre du dernier numéro de la revue...
<p style="text-align: justify;"><strong><img id="media-3109418" style="float: left; margin: 0.2em 1.4em 0.7em 0;" title="" src="http://briot-cohenaknin.hautetfort.com/media/01/00/1055296046.jpg" alt="étoiles d'encre,l'étranger,behja traversac,sophie bessis,catherine simon,leïla sebbar,cécile oumhani,valéry meynadier,marie malespina,maïssa bey,geneviève briot" />L’étranger</strong>, tel est le titre du dernier numéro de la revue <strong>« étoiles d’encre »</strong> n°45-46 à laquelle je participe. </p><p style="text-align: justify;">Dans son édito <span style="color: #0000ff;">Behja Traversac</span> annonce : « les textes contenus dans ce numéro nous disent non seulement la polysémie du mot « étranger » mais aussi sa densité.… L’étrangeté est inséparable des frontières et il n’y a d’étranger que parce qu’il y a frontière, y compris en soi… On ne mesure jamais vraiment ce qui nous fait étrangers dans le regard des autres et à notre propre regard. On sait ce plein, cette faille…là, au creux du corps nous séparant et nous unissant aux autres.»</p><p style="text-align: justify;">Pour ce numéro, carte blanche est donnée à <span style="color: #0000ff;">Sophie Bessis</span>, spécialiste des questions liées aux relations Nord-Sud, actuellement chercheuse associée à l’Institut des Relations Internationales et Stratégiques (IRIS Paris) . <em>« Naître étranger, le devenir </em>? demande-t-elle. Elle cite le proverbe :<em> Si longtemps que le tronc d’arbre séjournera dans la rivière, il ne deviendra jamais caïman.</em> »</p><p style="text-align: justify;">Elle invite quinze auteures ou artistes à s’exprimer sur ce thème. <span style="color: #0000ff;">Catherine Simon</span> parle des migrants d’Erythrée dans le Pas-de-Calais, <span style="color: #0000ff;">Leïla Sebbar</span> se dit étrangère dans la maison de son père parce qu’il ne lui a pas transmis sa langue.</p><p style="text-align: justify;">Dans la rubrique « Forum », je retiens le texte de <span style="color: #0000ff;">Cécile Oumhani</span> qui parle du sentiment d’étrangeté éprouvé depuis l’enfance. <em>« Trois langues résonnent à mes oreilles, en toile de fond, alors que le français est bel et bien ma langue d’écriture. Chez moi, je saute agréablement de l’une à l’autre, saisissant l’expression dont la saveur s’impose à moi dans telle ou telle situation… Des phrases ricochent dans ma tête, entre le français, l’anglais et l’arabe… Par delà l’ivresse de ces horizons élargis où puiser les mots à des sources multiples, mon étrangeté si ancienne … me pousse à me recroqueviller pour parer les chocs. Les gens n’aiment pas ce qui est polymorphe, inclassable, atypique. »</em></p><p style="text-align: justify;">Dans la rubrique Variations sur…, je m’arrête au texte de <span style="color: #0000ff;">Valéry Meynadier</span> « Entre ». Elle y exprime sa lutte contre sa propre étrangeté héritée du mensonge et du meurtre. <span style="color: #0000ff;">Marie Malespina</span> dans « La femme au bord du puits » rend hommage à l’étranger qui l’a aimée et réconciliée avec elle-même. <em>« Il importait que ce temps d’union consentie et heureuse un jour ait eu lieu, ce temps où la différence était un attrait puissant où l’autre nationalité libérait des identités endeuillées »</em></p><p style="text-align: justify;"><span style="color: #0000ff;">Maïssa Bey</span>, dans sa nouvelle « L’autre » éveille chez la narratrice ce double qui se révolte contre la soumise. <em>« Ainsi il t’a fallu tout ce temps, toutes ces colères, tous ces détours pour te connaître ! pour accepter l’autre en toi ! Et surtout pour faire accepter aux autres ce que tu es ! »</em></p><p style="text-align: justify;">Quant à moi, j’interroge : <em>« Écrire, n’est-ce pas être amené à passer des frontières ? Des rêves dans les plis d’une mémoire étrangère frappent à ma tête. » </em>Expérience d’écriture où j’évoque la vie des femmes voilées au cœur du Mzab dans mon roman « L’appel du sud », où je transcris les témoignages de gens qui vivent en France avec l’Algérie au cœur dans « Un livre à la mer <em>» Écrire, c’est aller à la découverte,… repousser les limites de l’étrangeté. »</em></p><p style="text-align: justify;">Ce ne sont que quelques éclats d’une quarantaine de textes en prose et en poésie qui dévisagent l’étrangeté, « l’étrangèreté ». Un kaléidoscope au féminin.</p><p style="text-align: justify;">Revue <strong>"étoiles d'encre"</strong> à lire, à découvrir. www.chevre-feuille.fr</p><p style="text-align: justify;">Geneviève</p>
Frasby
http://certainsjours.hautetfort.com/about.html
L'étranger
tag:certainsjours.hautetfort.com,2011-03-20:3162788
2011-03-20T18:09:00+01:00
2011-03-20T18:09:00+01:00
Le ridicule de nos sentiments ne change rien à leur authenticité....
<p style="text-align: justify;"><strong></strong><strong>Le ridicule de nos sentiments ne change rien à leur authenticité.</strong></p><p style="text-align: justify;"><a href="http://certainsjours.hautetfort.com/archive/2010/06/28/une-semaine-de-catas-thema-part-i.html" target="_blank">MILAN KUNDERA</a> :<a href="http://remue.net/spip.php?article3348" target="_blank"> "Une rencontre"</a><strong>, </strong>éditions Gallimard 2009<strong>.<br /></strong></p><p style="text-align: justify;"><a href="http://certainsjours.hautetfort.com/archive/2011/02/02/malice-du-vent.html" target="_blank"><strong><img id="media-2958315" style="float: left; margin: 0.2em 1.4em 0.7em 0pt;" title="" src="http://certainsjours.hautetfort.com/media/02/01/64899729.JPG" alt="leçon de musiquePG.JPG" /></strong></a>Il s'était longtemps figuré vivre ainsi seul sur la terre. Il avait fait de tous les autres les objets d'une cour qui le déplaçaient au gré des circonstances entre les tables d'un banquet, sur des chaises, partout, et cela lui était étrange. Bien qu'il eût l'air d'être toujours ailleurs, nous lui prêtions des qualités si attentives que nous étions persuadés de ne pouvoir vivre sans lui. Dans un espace serré, sans obstacle et indifféremment peuplé, les autres l'ordonnaient à leur guise, il semblait satisfait affichant une figure ni triste ni gaie. Toute chose l'indifférait, les genres humains plus encore. Il prônait cette indifférence avec style si bien que chacun pouvait imaginer devenir son meilleur disciple, lui, rien ne l'effleurait. Il ne se frottait à rien qui pût risquer d'égarer son âme. Sa présence, était devenue un tel objet d'exaltation et de discorde entre nous, que pour ne pas nous déchirer, nous avions cessé d'en parler. Ce silence entre nous excitait notre dévouement. Son indifférence nous happait. Nous en ressentions une grande déception qui parfois nous embarrassait. Nous voulions à tout prix qu'il nous aime, la raison seule ne pouvait l'expliquer, chacun à notre tour, nous voulions devenir à ses yeux, quelqu'un d'autre, le <em>"rare"</em> qui sortirait du lot. Nous étions subjugués. On aurait dit qu'il occupait tout l'espace. Tout ce qu'il regardait pouvait accentuer en nous le désir de l'aimer, nos sens s'en trouvaient désaxés. Lui, il semblait ignorer notre goût pour la servitude qui avait pris l'aspect d'un concours insensé, chacun désirant être le premier à gagner son estime, le coeur froid de cet étranger nous chauffait l'âme et notre adoration peu à peu rongeait les amitiés. Lui, Il passait d'une personne à une autre, avec la même désinvolture, un ton distrait, à peine juste un sourire et cet air d'être à mille lieues de là où notre esprit l'attendait, déraciné, totalement libre, il voyait plus loin que nos yeux, plus loin que le bout de notre champ, et nous aurions voulu savoir ce qu'il cachait de plus que nous. Mais il n'avait pas nos manières, il passait, ne restait jamais. Etait-ce juste par hâte d'en finir avec l'un, passer encore plus vite à l'autre. En finir sans jamais terminer ? Il était souvent forcé de redire à l'un ce qu'il disait l'autre et cela voulait toujours dire que rien ne s'était déroulé comme on l'espérait. Chaque instant qui suivait annulait tous les autres, notre grâce était d'ignorer qu'il ne resterait rien de ce peu qu'il parviendrait sans vraiment le faire exprès, à peut-être nous accorder. Il ne nous donnait rien en réalité. Nous étions tous désespérément traités à égalité. Il portait un vague interêt aux coutumes qui étaient les notres, n'affectant pas d'égard particulier, il ne regardait ni les uns, ni les autres cela éveillait en nous cette velleïté de nous réduire à le charmer jusqu'à ce qu'il montre un jour une préférence, pour quelqu'un en particulier, qui parviendrait à l'émouvoir, peut être alors, se risquerait-il à nous dévoiler quelque chose ? Ce serait pour nous, un grand moment d'espoir... Aucune de ses répétitions ne nous paraissait dire les choses à l'identique, ce vide, cette économie de mots, ponctuée de silences, ces phrases qui s'arrêtaient au moment où tout pouvait nous pousser à croire que son sentiment pour nous grandissait ; jusqu'à sa nonchalance, tout en lui, paraissait d'une telle intensité que nous avions fini par croire que sa pensée transportait des mondes qui ne seraient jamais à notre portée. Sa réserve cachait d'autres mondes, les fantômes de son passé étaient devenus les notres, et ses créatures enchantées comme ces lianes qui poussaient au coeur de nos forêts, ces plantes carnivores aplaties dans l'herbier, cette prudence qu'il préconisait, tout cela en jetait ; tant il est vrai, que pendus en grappes à ses paroles et rampant à ses pieds, nous manquions d'imagination.</p><p style="text-align: justify;">(A suivre, peut être...)</p><p style="text-align: justify;"> </p><p style="text-align: justify; padding-left: 60px;"><object width="226" height="40" data="http://listen.grooveshark.com/songWidget.swf" type="application/x-shockwave-flash"><param name="wmode" value="window" /><param name="allowScriptAccess" value="always" /><param name="flashvars" value="hostname=cowbell.grooveshark.com&widgetID=25029082&style=metal&p=0" /><param name="src" value="http://listen.grooveshark.com/songWidget.swf" /><param name="allowscriptaccess" value="always" /></object></p><p style="text-align: justify;"> </p><p style="text-align: justify;">Photo : Ceci n'est pas<a href="http://www.croyances-populaires.fr/legendes/le-joueur-de-flute-dhamelin-a-t-il-existe-180/" target="_blank"> le joueur de flûte de Hamelin</a>, mais le joueur de pipeau, du jardin <a href="http://certainsjours.hautetfort.com/archive/2009/02/13/la-recherche-du-temps-perdu.html" target="_blank">du Palais St Pierre</a> dit jardin du musée, photographié à Lyon, presqu'île en Mars de cette année là.</p><p style="text-align: justify;">© Frb 2011 </p>
Tinou
http://tinouaujourlejour.hautetfort.com/about.html
4. L'étranger
tag:tinouaujourlejour.hautetfort.com,2010-01-04:2541888
2010-01-04T17:40:00+01:00
2010-01-04T17:40:00+01:00
Le 4 janvier 1960, l'écrivain Albert Camus trouvait la mort dans un...
<p><span style="font-family: arial,helvetica,sans-serif;"><span style="font-size: medium;"><span style="color: #333399;">Le 4 janvier 1960, l'écrivain Albert Camus trouvait la mort dans un accident de voiture. Depuis novembre 2009 on peut revoir dans les salles de cinéma le film "L'étranger" réalisé par Visconti. Le film avait été présenté au Festival de Venise en 1967 et les critiques avaient été assez mauvaises. <img src="http://tinouaujourlejour.hautetfort.com/media/00/02/710680655.jpg" alt="l etranger.jpg" style="border-width: 0; float: right; margin: 0.2em 0 1.4em 0.7em;" id="media-2197109" /></span></span></span></p> <p><span style="font-family: arial,helvetica,sans-serif;"><span style="font-size: medium;"><span style="color: #333399;">Le film est une adaptation fidèle du roman qui fut écrit par Camus en 1942. L'histoire d'un homme, Meursault, qui semble <em>étranger</em> à tout ce qui l'entoure.</span></span></span></p> <p><span style="font-family: arial,helvetica,sans-serif;"><span style="font-size: medium;"><span style="color: #333399;">J'avais été voir le film à sa sortie en salle et j'avoue que je m'étais beaucoup ennuyée - tout comme à la lecture du roman d'ailleurs-. Ce personnage de Meursault est tellement passif qu'on a envie de le secouer. Il ne semble sensible qu'à la chaleur extrême qui règne dans cette Algérie ( de très beaux plans). Mais on ne peut critiquer l'interprétation magistrale de Mastroianni !</span></span></span></p> <p><span style="font-family: arial,helvetica,sans-serif;"><span style="font-size: medium;"><span style="color: #333399;">Dans les autres rôles, citons : Anna Karina, Bernard Blier, Bruno Cremer.</span></span></span></p> <p><span style="font-family: arial,helvetica,sans-serif;"><span style="font-size: medium;"><span style="color: #333399;">Alors, si l'envie vous en dit, allez le voir au cinéma ou lisez le roman. C'est un classique de la littérature française.</span></span></span></p> <p><span style="font-family: arial,helvetica,sans-serif;"><span style="font-size: medium;"><span style="color: #333399;">Voici un extrait du film, au moment où Meursault arrive à l'asile où sa mère vient de mourir :</span></span></span></p> <p><span style="font-family: arial,helvetica,sans-serif;"><span style="font-size: medium;"><span style="color: #333399;"><span style="color: #993366;">" Aujourd'hui, maman est morte. Ou peut-être hier, je ne sais pas. J'ai reçu un télégramme de l'asile : <em>Mère décédée. Enterrement demain. Sentiments distingués.</em> Cela ne veut rien dire. C'était peut-être hier."</span> (L'étranger, Albert Camus, 1942).</span></span></span></p> <p><object data="http://www.youtube.com/v/Uqs3MEzq1Pk&hl=fr_FR&fs=1&" type="application/x-shockwave-flash" height="344" width="425"><param name="wmode" value="transparent"></param><param name="wmode" value="transparent" /> <param name="allowFullScreen" value="true" /> <param name="allowscriptaccess" value="always" /> <param name="src" value="http://www.youtube.com/v/Uqs3MEzq1Pk&hl=fr_FR&fs=1&" /> <param name="allowfullscreen" value="true" /></object></p>
Jean-Luc ROMERO-Michel
http://www.romero-blog.fr/about.html
L’étranger de Camus ou comment une vie banale peut basculer…
tag:www.romero-blog.fr,2009-09-17:2336914
2009-09-17T00:05:00+02:00
2009-09-17T00:05:00+02:00
Aujourd’hui, bien que je sois en plein lancement de mon nouveau livre...
<p style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;" class="MsoNormal"><span style="font-family: "Arial","sans-serif";">Aujourd’hui, bien que je sois en plein lancement de mon nouveau livre « Les voleurs de liberté », je m’arrêterai sur le roman d’Albert Camus « <a href="http://www.amazon.fr/LEtranger-Albert-Camus/dp/2070393712/ref=sr_1_14?ie=UTF8&s=books&qid=1251041668&sr=8-14">L’étranger</a> » que j’ai tout récemment relu. Après avoir découvert cet été certains auteurs contemporajs, j’ai eu envie de me replonger dans des livres devenus si classiques dans mon esprit que je ne me rappelais plus la dernière fois où je les ai abordés. Camus fait partie de ces auteurs que j’ai lus comme beaucoup d’entre vous, il y a bien longtemps. Trop longtemps ! En relisant le premier roman du Prix Nobel de la littérature 1957, j’ai eu l’impression de découvrir l’auteur de « La peste ».</span></p> <div style="text-align: center"><img src="http://romero2008.hautetfort.com/media/02/01/1961616538.jpg" alt="Livre Albert Camus 41RK5YB1MSL__SS500_.jpg" style="border-width: 0; margin: 0.7em 0;" id="media-1939578" /></div> <p style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;" class="MsoNormal"><br /> Ce livre de 183 pages se lit vite, s’avale, oserai-je dire. Une écriture fluide, sans fioritures. Une écriture efficace. Ce roman d’un homme banal – tiens cela me fait beaucoup pensé à Houellebecq ! – qui devient un criminel est l’histoire qui pourrait arriver à beaucoup d’entre nous. Sans l’avoir voulu, on peut devenir un héros ou un criminel. <a href="http://www.amazon.fr/LEtranger-Albert-Camus/dp/2070393712/ref=sr_1_14?ie=UTF8&s=books&qid=1251041668&sr=8-14">Ce roman</a>, c’est la banalité de vies qui deviennent « exceptionnelles. » Et ce n’est pas dela téléréalité …<span style="mso-spacerun: yes;"> </span> A relire !</p>