Last posts on l'idiot
2024-03-28T23:46:04+01:00
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« POSSÉDÉS » ou « DÉMONS » ?
tag:lantidote.hautetfort.com,2015-05-26:5628123
2015-05-26T09:00:00+02:00
2015-05-26T09:00:00+02:00
1/2 J’ai toujours entretenu une relation ambivalente avec Fédor...
<p class="MsoNormal" style="margin-bottom: 0.0001pt; text-align: justify;"><span style="font-size: 14.0pt; font-family: 'Arial','sans-serif';"><img id="media-5052394" style="float: left; margin: 0.2em 1.4em 0.7em 0;" title="" src="http://lantidote.hautetfort.com/media/00/01/2608203273.jpg" alt="DOSTOÏEVSKI LES POSSEDES.jpg" />1/2</span><span style="font-size: 14.0pt; font-family: 'Arial','sans-serif';"> </span></p><p class="MsoNormal" style="margin-bottom: 0.0001pt; text-align: justify;"><span style="font-size: 14.0pt; font-family: 'Arial','sans-serif';">J’ai toujours entretenu une relation ambivalente avec Fédor Dostoïevski, échaudé vers l'âge de quatorze ans par des tentatives infructueuses dans <span style="text-decoration: underline;">L'Eternel mari</span> et <span style="text-decoration: underline;">Le Joueur</span>. Il a fallu du temps : rien de tel que l'étude de <span style="text-decoration: underline;">Cinna</span> en classe de cinquième pour vous dégoûter durablement de Corneille. Et puis un jour, j’ai eu la chance de découvrir <span style="text-decoration: underline;">Les Frères Karamazov</span>, qui m’avait transporté très loin et très haut. Si j’avais commencé par <span style="text-decoration: underline;">L’Idiot</span> ou <span style="text-decoration: underline;">Crime et châtiment</span>, je n’aurais probablement pas donné suite à l’invitation.</span><span style="font-family: Arial, sans-serif; font-size: 14pt;"> </span></p><p class="MsoNormal" style="margin-bottom: 0.0001pt; text-align: justify;"><span style="font-size: 14.0pt; font-family: 'Arial','sans-serif';">J’ai en effet laissé tomber <span style="text-decoration: underline;">L’Idiot</span> à la page 454 (sur 751, édition Pléiade), pour dire que j'ai insisté. J’ai abandonné le prince Mnichkine en pleines parlotes. <span style="text-decoration: underline;">Crime et châtiment</span>, c’était à la page 378 (sur 761, éditions Garnier), pour l’exacte même raison : des causettes interminables en cercles plus ou moins larges, dans des lieux plus ou moins confinés, voire inconfortables.</span><span style="font-size: 14.0pt; font-family: 'Arial','sans-serif';"> </span></p><p class="MsoNormal" style="margin-bottom: 0.0001pt; text-align: justify;"><span style="font-size: 14.0pt; font-family: 'Arial','sans-serif';">Après avoir achevé <span style="text-decoration: underline;">Les Possédés</span>, œuvre qui recèle quelque chose de prodigieux, même si j’ai du mal à situer ce prodigieux-là, je me dis que la « </span><em><span style="font-size: 14.0pt; font-family: 'Book Antiqua','serif'; mso-bidi-font-family: Arial;">parlote </span></em><span style="font-size: 14.0pt; font-family: 'Arial','sans-serif';">» n’est pas forcément un vice rédhibitoire dans un roman. Mais je devrais plutôt parler de « </span><em><span style="font-size: 14.0pt; font-family: 'Book Antiqua','serif'; mso-bidi-font-family: Arial;">conversations </span></em><span style="font-size: 14.0pt; font-family: 'Arial','sans-serif';">». Il m'appert même l'éventualité que la conversation ait été érigée par Dostoïevski en système romanesque à part entière.</span><span style="font-family: Arial, sans-serif; font-size: 14pt;"> </span></p><p class="MsoNormal" style="margin-bottom: 0.0001pt; text-align: justify;"><span style="font-size: 14.0pt; font-family: 'Arial','sans-serif';">Dostoïevski, je vais vous dire : c’est très spécial. Le lecteur est obligé de découvrir les faits, les situations, les relations à travers les yeux, la bouche et les oreilles de chacun des personnages. S’il veut saisir de quoi il est question, le lecteur doit endosser complètement un nouveau rôle à chaque changement d’interlocuteur, à travers les propos que les uns et les autres tiennent, au gré des circonstances. Une sacrée gymnastique : une nouvelle personnalité, sans même savoir de quoi celle-ci est faite, comme si vous changiez en permanence d'yeux, de cerveau, d'identité. Le récit à la troisième personne est réduit à la portion congrue.</span><span style="font-size: 14.0pt; font-family: 'Arial','sans-serif';"> </span></p><p class="MsoNormal" style="margin-bottom: 0.0001pt; text-align: justify;"><span style="font-size: 14.0pt; font-family: 'Arial','sans-serif';">L’auteur se garde bien d’expliquer quoi que ce soit, il embarque le lecteur dans une incroyable succession de points de vue spécifiques et de subjectivités embrouillées, souvent exaltées, ambiguës et contradictoires, toujours possédées par une passion inintelligible à la première approche. Comme une pièce de théâtre écrite dans une langue qu'ignore le spectateur, à qui l'auteur dirait : débrouille-toi. Sans sur- ou sous-titrage.</span></p><p class="MsoNormal" style="margin-bottom: 0.0001pt; text-align: justify;"><span style="font-size: 14.0pt; font-family: 'Arial','sans-serif';">Disons-le, sur les 350 premières pages (la moitié), le sujet du livre reste dans un brouillard savamment entretenu. Ce n’est pas pour rien qu’on lit dans une notice consacrée au bouquin : « </span><em><span style="font-size: 14.0pt; font-family: 'Book Antiqua','serif'; mso-bidi-font-family: Arial;">Aucune œuvre de Dostoïevski n’est plus difficile à lire que celle-ci, par la confusion et l’obscurité qui enserrent tous les personnages</span></em><span style="font-size: 14.0pt; font-family: 'Arial','sans-serif';"> ».</span><span style="font-size: 14.0pt; font-family: 'Arial','sans-serif';"> </span></p><p class="MsoNormal" style="margin-bottom: 0.0001pt; text-align: justify;"><span style="font-size: 14.0pt; font-family: 'Arial','sans-serif';">Dostoïevski adopte une convention narrative complexe : c’est à force de s’emmêler dans les confrontations et interactions orales entre les personnages que le lecteur chemine vers la compréhension des caractères, des relations, des projets et intentions des uns et des autres. Le narrateur, qui s’affiche comme simple « </span><em><span style="font-size: 14.0pt; font-family: 'Book Antiqua','serif'; mso-bidi-font-family: Arial;">chroniqueur </span></em><span style="font-size: 14.0pt; font-family: 'Arial','sans-serif';">» (sous le nom de « <span style="font-family: 'book antiqua', palatino;"><em>G…v</em> </span>»), se contente de témoigner de ce qu’il a vu, entendu, compris, même s’il lui arrive, comme n'importe quel ethnologue dans son enquête chez les Rakotofiringa ou les Pitjantjatjara, de pratiquer l’ « </span><em><span style="font-size: 14.0pt; font-family: 'Book Antiqua','serif'; mso-bidi-font-family: Arial;">observation participante </span></em><span style="font-size: 14.0pt; font-family: 'Arial','sans-serif';">». </span><span style="font-size: 14.0pt; font-family: 'Arial','sans-serif';"> </span></p><p class="MsoNormal" style="margin-bottom: 0.0001pt; text-align: justify;"><span style="font-size: 14.0pt; font-family: 'Arial','sans-serif';">Attention, ça ne l’empêche pas d’être bizarrement très au fait de tout un tas de détails concernant des événements auxquels il n’a carrément pas pu assister, et que nul n'a pu lui rapporter. Ainsi, comment s’y prend-il pour raconter dans le moindre détail l’assassinat de Chatov, qui n’a eu aucun autre témoin que la demi-douzaine de participants ? Ce n’est à coup sûr à aucun d’eux (Liamchine, Lipoutine, Piotr Stepanovitch, Virguinski, Chigaliov …) que serait venue l’idée de tout lui révéler. Disons que c’est tellement bien fait que le lecteur n’y voit que du feu, et gobe tout sans se poser de questions.</span><span style="font-size: 14.0pt; font-family: 'Arial','sans-serif';"> </span></p><p class="MsoNormal" style="margin-bottom: 0.0001pt; text-align: justify;"><span style="font-size: 14.0pt; font-family: 'Arial','sans-serif';">Il y a deux livres dans <span style="text-decoration: underline;">Les Possédés</span> : la première moitié offre la peinture de la vie ordinaire et quotidienne d’une ville de la campagne russe, une ville dont on ne sait pas grand-chose de la taille ni de la distance qui la sépare de Pétersbourg, et où s’agitent un certain nombre de personnages plus ou moins oisifs qu’on verra en action dans la deuxième moitié.</span><span style="font-family: Arial, sans-serif; font-size: 14pt;"> Leur occupation principale semble être de se rendre les uns chez les autres pour parler.</span></p><p class="MsoNormal" style="margin-bottom: 0.0001pt; text-align: justify;"><span style="font-size: 14.0pt; font-family: 'Arial','sans-serif';">Chacun de ces personnages, à commencer par Stépane Trophimovitch Verkhovensky, intellectuel paresseux et parasite qui vit aux dépens de Varvara Pétrovna, riche veuve Stavroguine, est un peu fêlé, bizarre à sa façon, animé d’un déséquilibre qui lui appartient en propre, comme un trait d’identité. Tous se ressemblent sur un point : la médiocrité, qui confine en plus d’une occasion à la niaiserie et au ridicule.</span><span style="font-size: 14.0pt; font-family: 'Arial','sans-serif';"> </span></p><p class="MsoNormal" style="margin-bottom: 0.0001pt; text-align: justify;"><span style="font-size: 14.0pt; font-family: 'Arial','sans-serif';">Cette partie est pour l’essentiel énigmatique : on se demande où ça va. La deuxième moitié fonctionne donc à la manière d’un dévoilement, bien que le lien de nécessité entre les deux soit pour le moins évanescent. Sous les tensions, les désirs, les haines et les hypocrisies, on comprend que le masque des conventions et des rapports sociaux cachait une partie humainement âpre, qui trouve ses origines dans le passé et à l’étranger. Plusieurs des personnages ont séjourné, jadis ou naguère, aux Etats-Unis, en Suisse, à Berlin. Ce qu’ils y ont fait n’est évoqué que pour créer autour d’eux un climat de suspicion ou d’incertitude.</span><span style="font-family: Arial, sans-serif; font-size: 14pt;"> </span></p><p class="MsoNormal" style="margin-bottom: 0.0001pt; text-align: justify;"><span style="font-size: 14.0pt; font-family: 'Arial','sans-serif';">Voilà ce que je dis, moi.</span><span style="font-size: 14.0pt; font-family: 'Arial','sans-serif';"> </span></p>
Frasby
http://certainsjours.hautetfort.com/about.html
H/ombres (II)
tag:certainsjours.hautetfort.com,2015-03-06:5598955
2015-03-06T18:41:00+01:00
2015-03-06T18:41:00+01:00
Je veux tout dire, tout, tout, tout ! Oh, oui ! Vous me prenez pour un...
<p style="text-align: justify;"><strong>Je veux tout dire, tout, tout, tout ! Oh, oui ! Vous me prenez pour un utopiste ? pour un idéologue ? Oh, détrompez-vous, je n’ai, je vous l’assure, que des idées si simples… Vous ne le croyez pas ? Vous souriez ? Parfois, vous savez, je suis lâche, parce que je perds la foi ; tantôt en venant ici, je me disais : "Comment entrerai-je en matière avec eux ? <a href="http://certainsjours.hautetfort.com/archive/2011/12/26/ombres.html" target="_blank">Par quel mot faut-il commencer pour qu’ils comprennent quelque chose ?"</a></strong></p><p><a href="http://certainsjours.hautetfort.com/media/00/02/2464313775.JPG" target="_blank"><img id="media-4998034" style="float: left; margin: 0.2em 1.4em 0.7em 0;" title="" src="http://certainsjours.hautetfort.com/media/00/02/3662805603.JPG" alt="fleuves,dostoïevski,l'idiot,vincent macaigne,lecture,extrait,ponts,traverser,créer,traduction,victor drély,humanité,double,flux,situation coeur,amour,lâcheté,parole,expression libre,russie,pensée,agitations" /></a></p><p style="text-align: justify;"><strong>Quelle peur j’avais ! Mais c’était surtout pour vous que je craignais ! Et pourtant de quoi pouvais-je avoir peur ? Cette crainte n’était-elle pas honteuse ? L’idée que pour un homme de progrès il y a une telle foule d’arriérés et de méchants ? Ma joie est de constater en ce moment que cette foule n’existe pas, qu’il n’y a que des éléments pleins de vie ! Nous n’avons pas lieu non plus de nous troubler parce que nous sommes ridicules, n’est-ce pas ? C’est vrai, nous sommes ridicules, frivoles, adonnés à de mauvaises habitudes, nous nous ennuyons, nous ne savons pas regarder, nous ne savons pas comprendre, nous sommes tous ainsi, tous, vous, moi, et eux ! Mon langage ne vous blesse pas, quand je vous dis en face que vous êtes ridicules ? Eh bien, s’il en est ainsi, est-ce que vous n’êtes pas des matériaux ? Vous savez, à mon avis, il est même bon parfois d’être ridicule, oui, cela vaut mieux : on peut plus facilement se pardonner les uns aux autres et se réconcilier ! Il est impossible de tout comprendre du premier coup, on n’arrive pas d’emblée à la perfection ! Pour y atteindre, il faut d’abord ne pas comprendre bien des choses. Si l’on comprend trop vite, on ne comprend pas bien. C’est à vous que je dis cela, à vous qui avez su déjà tant comprendre… et ne pas comprendre. À présent je n’ai pas peur pour vous ; vous ne vous fâchez pas en entendant un gamin comme moi vous parler ainsi ? Non, sans doute ! Oh, vous savez oublier et pardonner à ceux qui vous ont offensés, comme à ceux qui ne se sont donné aucun tort envers vous ; cette dernière indulgence est la plus difficile de toutes : pardonner à ceux qui ne nous ont pas offensés, c’est-à-dire leur pardonner leur innocence et l’injustice de nos griefs ! Voilà ce que j’attendais de la haute classe, voilà ce que j’avais hâte de dire en venant ici, et ce que je ne savais comment dire… Vous riez, Ivan Pétrovitch ? Vous pensez que j’avais peur pour ceux-là ? Vous me croyez leur avocat, un démocrate, un apôtre de l’égalité ? (Ces mots furent accompagnés d’un rire nerveux.) J’ai peur pour vous, pour nous tous, devrai-je dire plutôt, car je suis moi-même un prince de la vieille roche, et je me trouve avec des princes. Je parle dans l’intérêt de notre salut commun, pour que notre classe ne disparaisse pas dans les ténèbres, après avoir tout perdu par défaut de clairvoyance. Pourquoi disparaître et céder la place à d’autres, quand on peut, en se mettant à la tête du progrès, rester à la tête de la société ? Soyons des hommes d’avant-garde et l’on nous suivra. Devenons des serviteurs pour être des chefs.</strong></p><p style="text-align: justify;"><strong>Il fit un brusque mouvement pour se lever, mais le vieillard, qui l’observait d’un œil de plus en plus inquiet, l’en empêcha encore.</strong></p><p style="text-align: justify;"><strong>— Écoutez ! je ne m’abuse pas sur la valeur des discours, il vaut mieux prêcher d’exemple, commencer tout bonnement… j’ai déjà commencé… et — et est-ce que, vraiment, on peut être malheureux ? Oh, qu’est-ce que mon affliction et mon mal, si je suis en état d’être heureux ? Vous savez, je ne comprends pas qu’on puisse passer à côté d’un arbre, et ne pas être heureux de le voir, parler à un homme, et ne pas être heureux de l’aimer ? Oh, malheureusement je ne sais pas m’exprimer… mais, à chaque pas, que de belles choses dont le charme s’impose même à l’homme le plus affolé ! Regardez l’enfant, regardez l’aurore, regardez l’herbe qui pousse, regardez les yeux qui vous contemplent et qui vous aiment…</strong></p><p style="text-align: justify;"><a href="http://www.bemparana.com.br/oficinadavida/wp-content/uploads/2012/06/dostoievski-foto-de-album.jpg" target="_blank">FEDOR DOSTOÏEVSKI</a> extr. de <a href="http://un-idiot-attentif.blogspot.fr/2010/10/pourquoi-jaime-lidiot.html" target="_blank">"L'idiot",</a> traduit par <a href="http://fr.wikisource.org/wiki/Auteur:Victor_Der%C3%A9ly" target="_blank">Victor Derély</a>, éditions Plon, 1887.</p><p style="text-align: justify;"> </p><p style="text-align: justify;">A découvrir, ici, une autre traduction, décapée et lue à l'arrache par l'acteur magnifique, <a href="http://www.nanterre-amandiers.com/2014-2015/idiot-parce-que-nous-aurions-du-nous-aimer/" target="_blank">Vincent Macaigne</a>.</p><p style="text-align: justify;"> </p><p style="text-align: justify;"><iframe width="398" height="224" frameborder="0" src="http://www.dailymotion.com/embed/video/x1vx1ia?info=0" allowfullscreen=""></iframe>.</p><p style="text-align: justify;"> </p><p style="text-align: justify;">Photo: le fleuve Rhône vu d'un<a href="http://certainsjours.hautetfort.com/archive/2009/03/02/comme-un-lundi.html" target="_blank"> pont </a>à quelques <a href="http://certainsjours.hautetfort.com/archive/2008/10/19/pendant-ce-temps-la-l-eau-a-coule-sous-les-ponts.html" target="_blank">tasses</a> (<a href="http://www.lecahierbleucollection.com/wp-content/uploads/2013/11/nageur-sous-leau-esztergom1-andr%C3%A9-kertecz1.jpg" target="_blank">brasses ?</a>) du <a href="http://certainsjours.hautetfort.com/archive/2015/01/26/barque.html" target="_blank">rivage familier.</a> </p><p style="text-align: justify;">Nota: En cliquant sur l'image du fleuve, sans trop vous retourner, vous pourrez peut-être, voir <a href="http://certainsjours.hautetfort.com/archive/2010/07/01/une-semaine-de-catas-part-i.html" target="_blank">la mer</a>...</p><p style="text-align: justify;"> </p><p style="text-align: justify;">Lyon © Frb 2015.</p>
Jacques-Emile Miriel
http://jemiriel.hautetfort.com/about.html
Raskolnikov
tag:jemiriel.hautetfort.com,2014-11-22:5495171
2014-11-22T16:43:29+01:00
2014-11-22T16:43:29+01:00
Dostoïevski, dans ses grands romans, n'a eu de cesse de...
<p style="text-align: left;"><img id="media-4770096" style="margin: 0.7em 0;" title="" src="http://jemiriel.hautetfort.com/media/01/01/2941283428.jpg" alt="Dost 1.jpg" /></p><p style="text-align: left;"> Dostoïevski, dans ses grands romans, n'a eu de cesse de reprendre un même personnage, pour en peindre les diverses formes. Stavroguine dans <em>Les </em><em>Démons </em>(1871), le prince Mychkine dans <em>L'Idiot</em> (1868), sont par exemple les deux faces complémentaires d'un seul caractère historique bien déterminé : l'homme du XIXe, pris au piège du monde moderne, problématique que Nietzsche a su si bien éclairer en philosophie. Raskolnikov, dans <em>Crime et châtiment</em>, roman écrit en 1866, m'en semble être une synthèse parfaite, mélange à la fois d'orgueil et de faiblesse extrêmes qui débouche sur la folie — du moins dans un premier temps, avant la rédemption finale. On se souvient que Raskolnikov justifie son crime en invoquant Napoléon. Il voudrait démontrer, de manière pour ainsi dire expérimentale, qu'en assassinant la vieille usurière il s'est ouvert un règne de liberté et de puissance. Mais il continue cependant à vivre dans une tension permanente qui le mine. Surtout, une culpabilité obsédante a tôt fait de le rattraper. Ainsi, lors du dernier entretien avec le juge chargé d'élucider le crime, Porphiri Petrovitch, celui-ci, qui a percé à jour Raskolnikov et qui lui conseille de se dénoncer, lui lance : "Quoi donc, serait-ce une fausse honte bourgeoise qui vous retient ? C'est peut-être cette crainte en effet, sans que vous vous en doutiez, parce que vous êtes jeune. Pourtant vous ne devriez ni avoir peur, ni avoir honte de confesser le mal qui vous ronge." Paroles déterminantes, qui radiographient "le mal" tant moral que physiologique dont Raskolnikov est atteint. Voulant vivre et accomplir jusqu'au bout, presque malgré lui, les idées nouvelles de son époque, il se brise contre la réalité. Face à des enjeux similaires, le terrible Stavroguine choisissait le suicide, alors que le faible Mychkine sombrait dans la catatonie définitive : il est dévolu à Raskolnikov un destin moins rigoureux, moins sombre. Dostoïevski lui laisse un horizon possible, comme si l'espoir existait encore. </p>
absolu
http://www.listesratures.fr/about.html
La goutte d'eux qui fait déborder la vase
tag:www.listesratures.fr,2014-05-13:5368000
2014-05-13T10:30:00+02:00
2014-05-13T10:30:00+02:00
L'Idiot dit : "Vous avez remarqué...
<p style="text-align: center;"><img id="media-4554981" style="margin: 0.7em 0;" title="" src="http://www.listesratures.fr/media/00/01/1233383666.jpg" alt="l'absence d'oiseaux d'eau.jpg" /> <img id="media-4554982" style="margin: 0.7em 0;" title="" src="http://www.listesratures.fr/media/00/02/1244846634.jpg" alt="philippe et les autres.jpg" /> <img id="media-4554983" style="margin: 0.7em 0;" title="" src="http://www.listesratures.fr/media/02/02/708042052.jpg" alt="l'idiot.jpg" /></p><p style="text-align: left; padding-left: 120px;"> <br /><strong>L'Idiot </strong>dit : "Vous avez remarqué <strong>L'absence d'oiseaux d'eau </strong>?"<br /><strong>Philippe et les autres</strong> éclatent de rire, comme d'habitude.<br />Il leur vola dans les plumes. </p>
Littérature de partout
http://litteraturedepartout.hautetfort.com/about.html
Cédric Demangeot, Éléplégie
tag:litteraturedepartout.hautetfort.com,2011-08-08:3734853
2011-08-08T05:00:00+02:00
2011-08-08T05:00:00+02:00
...
<p> </p><p style="text-align: center;"><img id="media-3148931" style="margin: 0.7em 0;" title="" src="http://litteraturedepartout.hautetfort.com/media/02/00/583760806.jpeg" alt="GetFile.jpeg" /></p><p class="MsoNormal" style="text-align: justify;"><span style="font-size: 14.0pt; mso-bidi-font-size: 12.0pt; font-family: Baskerville;"><span style="color: #0000ff;"> Un raté dans l’étang</span></span></p><p class="MsoNormal" style="text-align: justify;"><span style="font-size: 14.0pt; mso-bidi-font-size: 12.0pt; font-family: Baskerville;"> </span></p><p class="MsoNormal" style="text-align: justify;"><span style="font-size: 14.0pt; mso-bidi-font-size: 12.0pt; font-family: Baskerville;"> I</span></p><p class="MsoNormal" style="text-align: justify;"><span style="font-size: 14.0pt; mso-bidi-font-size: 12.0pt; font-family: Baskerville;"> </span></p><p class="MsoNormal" style="text-align: justify;"><span style="font-size: 14.0pt; mso-bidi-font-size: 12.0pt; font-family: Baskerville;"> Aujourd’hui j’ai</span></p><p class="MsoNormal" style="margin-left: 70.8pt; text-align: justify;"><span style="font-size: 14.0pt; mso-bidi-font-size: 12.0pt; font-family: Baskerville;">vu le grand arbre sur la place</span></p><p class="MsoNormal" style="margin-left: 35.4pt; text-align: justify; text-indent: 35.4pt;"><span style="font-size: 14.0pt; mso-bidi-font-size: 12.0pt; font-family: Baskerville;">amputé de moitié.</span></p><p class="MsoNormal" style="margin-left: 35.4pt; text-align: justify; text-indent: 35.4pt; line-height: 150%;"><span style="font-size: 14.0pt; mso-bidi-font-size: 12.0pt; line-height: 150%; font-family: Baskerville;">Pas un passant</span></p><p class="MsoNormal" style="margin-left: 35.4pt; text-align: justify; text-indent: 35.4pt; line-height: 150%;"><span style="font-size: 14.0pt; mso-bidi-font-size: 12.0pt; line-height: 150%; font-family: Baskerville;"><br /></span></p><p class="MsoNormal" style="margin-left: 35.4pt; text-align: justify; text-indent: 35.4pt;"><span style="font-size: 14.0pt; mso-bidi-font-size: 12.0pt; font-family: Baskerville;">n’avoue qu’il sait.</span></p><p class="MsoNormal" style="margin-left: 35.4pt; text-align: justify; text-indent: 35.4pt;"><span style="font-size: 14.0pt; mso-bidi-font-size: 12.0pt; font-family: Baskerville;">Donc je suis </span></p><p class="MsoNormal" style="margin-left: 35.4pt; text-align: justify; text-indent: 35.4pt;"><span style="font-size: 14.0pt; mso-bidi-font-size: 12.0pt; font-family: Baskerville;">l’idiot du village.</span></p><p class="MsoNormal" style="margin-left: 35.4pt; text-align: justify; text-indent: 35.4pt; line-height: 150%;"><span style="font-size: 14.0pt; mso-bidi-font-size: 12.0pt; line-height: 150%; font-family: Baskerville;">Et la face que j’ai</span></p><p class="MsoNormal" style="margin-left: 35.4pt; text-align: justify; text-indent: 35.4pt; line-height: 150%;"><span style="font-size: 14.0pt; mso-bidi-font-size: 12.0pt; line-height: 150%; font-family: Baskerville;"><br /></span></p><p class="MsoNormal" style="margin-left: 35.4pt; text-align: justify; text-indent: 35.4pt;"><span style="font-size: 14.0pt; mso-bidi-font-size: 12.0pt; font-family: Baskerville;">dans le lac vertical</span></p><p class="MsoNormal" style="margin-left: 35.4pt; text-align: justify; text-indent: 35.4pt;"><span style="font-size: 14.0pt; mso-bidi-font-size: 12.0pt; font-family: Baskerville;">ne me connaît pas :</span></p><p class="MsoNormal" style="margin-left: 35.4pt; text-align: justify; text-indent: 35.4pt; line-height: 150%;"><span style="font-size: 14.0pt; mso-bidi-font-size: 12.0pt; line-height: 150%; font-family: Baskerville;">nul ne m’a</span></p><p class="MsoNormal" style="margin-left: 35.4pt; text-align: justify; text-indent: 35.4pt; line-height: 150%;"><span style="font-size: 14.0pt; mso-bidi-font-size: 12.0pt; line-height: 150%; font-family: Baskerville;"><br /></span></p><p class="MsoNormal" style="margin-left: 35.4pt; text-align: justify; text-indent: 35.4pt;"><span style="font-size: 14.0pt; mso-bidi-font-size: 12.0pt; font-family: Baskerville;">appris la soif (si dangereuse</span></p><p class="MsoNormal" style="margin-left: 35.4pt; text-align: justify; text-indent: 35.4pt;"><span style="font-size: 14.0pt; mso-bidi-font-size: 12.0pt; font-family: Baskerville;">aux bêtes la nuit) ni à me</span></p><p class="MsoNormal" style="margin-left: 35.4pt; text-align: justify; text-indent: 35.4pt; line-height: 150%;"><span style="font-size: 14.0pt; mso-bidi-font-size: 12.0pt; line-height: 150%; font-family: Baskerville;">connaître au fond de mon</span></p><p class="MsoNormal" style="margin-left: 35.4pt; text-align: justify; text-indent: 35.4pt; line-height: 150%;"><span style="font-size: 14.0pt; mso-bidi-font-size: 12.0pt; line-height: 150%; font-family: Baskerville;"><br /></span></p><p class="MsoNormal" style="margin-left: 35.4pt; text-align: justify; text-indent: 35.4pt; line-height: 150%;"><span style="font-size: 14.0pt; mso-bidi-font-size: 12.0pt; line-height: 150%; font-family: Baskerville;">verre bouché d’eau noire.</span></p><p class="MsoNormal" style="margin-left: 35.4pt; text-align: justify; text-indent: 35.4pt; line-height: 150%;"><span style="font-size: 14.0pt; mso-bidi-font-size: 12.0pt; line-height: 150%; font-family: Baskerville;"> </span></p><p class="MsoNormal" style="margin-left: 35.4pt; text-align: justify; text-indent: 35.4pt; line-height: 150%;"><span style="font-size: 14.0pt; mso-bidi-font-size: 12.0pt; line-height: 150%; font-family: Baskerville;">II</span></p><p class="MsoNormal" style="margin-left: 35.4pt; text-align: justify; text-indent: 35.4pt;"><span style="font-size: 14.0pt; mso-bidi-font-size: 12.0pt; font-family: Baskerville;">Elle est loin</span></p><p class="MsoNormal" style="margin-left: 35.4pt; text-align: justify; text-indent: 35.4pt;"><span style="font-size: 14.0pt; mso-bidi-font-size: 12.0pt; font-family: Baskerville;">la maison</span></p><p class="MsoNormal" style="margin-left: 35.4pt; text-align: justify; text-indent: 35.4pt;"><span style="font-size: 14.0pt; mso-bidi-font-size: 12.0pt; font-family: Baskerville;">de l’idiot</span></p><p class="MsoListParagraph" style="margin-left: 88.8pt; mso-add-space: auto; text-align: justify; text-indent: -18.0pt; line-height: 150%; mso-list: l0 level1 lfo1;"><!--[if !supportLists]--><span style="font-size: 14.0pt; mso-bidi-font-size: 12.0pt; line-height: 150%; font-family: Baskerville; mso-fareast-font-family: Baskerville; mso-bidi-font-family: Baskerville;"><span>—<span style="font: 7.0pt 'Times New Roman';"> </span></span></span><!--[endif]--><span style="font-size: 14.0pt; mso-bidi-font-size: 12.0pt; line-height: 150%; font-family: Baskerville;">loin dans l’impasse. On</span></p><p class="MsoListParagraph" style="margin-left: 88.8pt; mso-add-space: auto; text-align: justify; text-indent: -18.0pt; line-height: 150%; mso-list: l0 level1 lfo1;"><span style="font-size: 14.0pt; mso-bidi-font-size: 12.0pt; line-height: 150%; font-family: Baskerville;"><br /></span></p><p class="MsoNormal" style="margin-left: 70.8pt; text-align: justify;"><span style="font-size: 14.0pt; mso-bidi-font-size: 12.0pt; font-family: Baskerville;">s’y rend rarement. L’idiot, lui,</span></p><p class="MsoNormal" style="margin-left: 70.8pt; text-align: justify;"><span style="font-size: 14.0pt; mso-bidi-font-size: 12.0pt; font-family: Baskerville;">sort tous les jours</span></p><p class="MsoNormal" style="margin-left: 70.8pt; text-align: justify;"><span style="font-size: 14.0pt; mso-bidi-font-size: 12.0pt; font-family: Baskerville;">de sa maison — va</span></p><p class="MsoNormal" style="margin-left: 70.8pt; text-align: justify; line-height: 150%;"><span style="font-size: 14.0pt; mso-bidi-font-size: 12.0pt; line-height: 150%; font-family: Baskerville;">au village voir. La fragilité</span></p><p class="MsoNormal" style="margin-left: 70.8pt; text-align: justify; line-height: 150%;"><span style="font-size: 14.0pt; mso-bidi-font-size: 12.0pt; line-height: 150%; font-family: Baskerville;"><br /></span></p><p class="MsoNormal" style="margin-left: 70.8pt; text-align: justify;"><span style="font-size: 14.0pt; mso-bidi-font-size: 12.0pt; font-family: Baskerville;">des fenêtres au moindre souffle (entre</span></p><p class="MsoNormal" style="margin-left: 70.8pt; text-align: justify;"><span style="font-size: 14.0pt; mso-bidi-font-size: 12.0pt; font-family: Baskerville;">autres formes brisées) : voir</span></p><p class="MsoNormal" style="margin-left: 70.8pt; text-align: justify; line-height: 150%;"><span style="font-size: 14.0pt; mso-bidi-font-size: 12.0pt; line-height: 150%; font-family: Baskerville;">les gens propriétaires de leurs jambes</span></p><p class="MsoNormal" style="margin-left: 70.8pt; text-align: justify; line-height: 150%;"><span style="font-size: 14.0pt; mso-bidi-font-size: 12.0pt; line-height: 150%; font-family: Baskerville;"><br /></span></p><p class="MsoListParagraph" style="margin-left: 88.8pt; mso-add-space: auto; text-align: justify; text-indent: -18.0pt; mso-list: l0 level1 lfo1;"><!--[if !supportLists]--><span style="font-size: 14.0pt; mso-bidi-font-size: 12.0pt; font-family: Baskerville; mso-fareast-font-family: Baskerville; mso-bidi-font-family: Baskerville;"><span>—<span style="font: 7.0pt 'Times New Roman';"> </span></span></span><!--[endif]--><span style="font-size: 14.0pt; mso-bidi-font-size: 12.0pt; font-family: Baskerville;">leur vitesse et comme ils font</span></p><p class="MsoNormal" style="margin-left: 70.8pt; text-align: justify;"><span style="font-size: 14.0pt; mso-bidi-font-size: 12.0pt; font-family: Baskerville;">mal le droit — mal l’amour — comme</span></p><p class="MsoNormal" style="margin-left: 70.8pt; text-align: justify; line-height: 150%;"><span style="font-size: 14.0pt; mso-bidi-font-size: 12.0pt; line-height: 150%; font-family: Baskerville;">ils font. Puis l’idiot s’en</span></p><p class="MsoNormal" style="margin-left: 70.8pt; text-align: justify; line-height: 150%;"><span style="font-size: 14.0pt; mso-bidi-font-size: 12.0pt; line-height: 150%; font-family: Baskerville;"><br /></span></p><p class="MsoNormal" style="margin-left: 70.8pt; text-align: justify; line-height: 150%;"><span style="font-size: 14.0pt; mso-bidi-font-size: 12.0pt; line-height: 150%; font-family: Baskerville;">retourne à la nuit : le voici qui vient.</span></p><p class="MsoNormal" style="margin-left: 70.8pt; text-align: justify; line-height: 150%;"><span style="font-size: 14.0pt; mso-bidi-font-size: 12.0pt; line-height: 150%; font-family: Baskerville;">[...]</span></p><p class="MsoNormal" style="margin-left: 70.8pt; text-align: justify; line-height: 150%;"><span style="color: #0000ff;"><span style="font-size: 14.0pt; mso-bidi-font-size: 12.0pt; line-height: 150%; font-family: Baskerville;"> </span><span class="Apple-style-span" style="font-family: Baskerville; font-size: 19px; line-height: 28px;">Cédric Demangeot, <em>Éléplégie</em>, Atelier La Feugraie, 2007, p. 9-10.</span></span></p>