Last posts on jacquot2024-03-28T09:53:45+01:00All Rights Reserved blogSpirithttps://www.hautetfort.com/https://www.hautetfort.com/explore/posts/tag/jacquot/atom.xmlFichtrehttp://fichtre.hautetfort.com/about.htmlLa désenchantée - Rimbaudtag:fichtre.hautetfort.com,2012-06-05:47059822012-06-05T09:13:00+02:002012-06-05T09:13:00+02:00 Film : La désenchantée (1990, durée 1h18) Réalisateur : Benoît...
<p style="text-align: center;"><img id="media-3570150" style="margin: 0.7em 0px;" title="" src="http://fichtre.hautetfort.com/media/01/01/3812217625.jpg" alt="la_desenchantee 2.jpg" width="362" height="188" /></p><p> </p><p>Film : La désenchantée (1990, durée 1h18)</p><p>Réalisateur : Benoît Jacquot</p><p style="text-align: justify;">Beth (Judith Godrèche), Alphonse (Marcel Bozonnet), l'oncle (Ivan Desny), l'autre (Malcom Conrath), la mère de Beth (Thérèse Liotard), Rémi le petit frère de Beth (Thomas Salsmann)</p><p> </p><p style="text-align: center;"><img id="media-3647666" style="margin: 0.7em 0;" title="" src="http://fichtre.hautetfort.com/media/01/00/1216620515.jpg" alt="arthur,rimbaud,judith,godrèche,jacquot,bozonnet,marcel,thérèse,liotard,thomas,salsmann,alphonse,aencre" /></p><p> </p><p style="text-align: justify;"><em>Beth présente son travail à la classe. Elle écrit au tableau : "Je croyais à tous les enchantements". </em></p><p style="text-align: justify;">Beth : Rimaud est né désenchanté et voulait partir. Personne ne pourra définir son enchantement. Etait-il de ne pas être enchanté, de toujours chercher à l'être, ou de subir l'enchantement du désenchantement ? La ligne éperdue séparant son menton de sa bouche en dit long sur ses pensées, dévoilant l'éternelle amertume, la volonté d'enchantement qui toujours échoit. Cette ombre sur le visage n'est pas muette, elle dit sur quel enfant ténébreux elle jeta son aencre*.</p><p style="text-align: justify;"><em>Elle écrit au tableau : "Je comprends en ne sachant m'expliquer sans paroles païennes je voudrais me taire".</em></p><p style="text-align: justify;">Beth : Invoquer l'horreur et trouver la beauté, être des désenchantés le plus chantant, de pas desserrer les dents et avoir les yeux d'outre-tombe des raisons de partir. En partant, Rimbaud a cessé d'écrire mais pas d'être poète. Quel besoin a-t-il, lui qui veut de l'or et du soleil pour bronzer son visage d'un crayon pour être poète ? Rimbaud existant, Rimbaud poète. Rimbaud trafiquant, Rimbaud poète. Quelques-uns regardant la photo de Rimbaud si jeune et celle de lui en Abyssinie seront déçus. Il est beau que cette photo déçoive, d'aventurier désenchanté, de sauvage à l'apogée de sa sauvagerie, de liberté dans l'enfer. C'est une photo de silencieux, d'un poète sans plume, représentant de la ténèbre. S'étonner de son départ revient au même que de lui poser la question.</p><p style="text-align: justify;"><em>Elle écrit au tableau : "Pour êtes-vous étrange et étranger à tout ?"</em></p><p style="text-align: justify;">Son enseignante : Ecoute, ce que je veux te faire comprendre, c'est que si tu es aussi excessive au Bac, si tu te laisses emporter, tu n'auras pas la note à laquelle tu peux prétendre. Tu n'es pas obligée de m'écouter pour Rimbaud, mais pour le Bac, tu peux me croire.</p><p style="text-align: justify;">Beth : Pour moi ce sera un sujet bien tiède, bien mou, comme ça il n'y aura pas de danger.</p><p style="text-align: justify;"> </p><p>¤ ¤ ¤</p><p> </p><p style="text-align: justify;">Alphonse : Si je t'avais pas vue avec ton frère, je dirais que tu es fille unique, typique fille unique, tout tout de suite.</p><p style="text-align: justify;">Beth : Je suis pas fille unique, je suis femme unique.</p><p style="text-align: justify;">Alphonse : Je croyais que tu étais une enfant. Il faudrait savoir.</p><p style="text-align: justify;">Beth : Je serai une femme quand je serai unique pour un seul.</p><p style="text-align: justify;">Alphonse : Aimer un homme ou une femme toute une vie, autant dire qu'une bougie peut brûler toute une vie. Ca dure un mois, ça dure un an, de toute façon on finit par en avoir marre, on finit même dans le dégoût.</p><p style="text-align: justify;">Beth : C'est bien pour ça qu'il faut trouver autre chose. Deux personnes ensemble pour vous, c'est forcément deux qui couchent ensemble ? Enfin je veux dire qui font des cochonneries ?</p><p style="text-align: justify;">Alphonse : Autre chose ? Tu me fais rigoler. Y'a pas autre chose ! C'est cochonneries et compagnie. Le roi des animaux, pas mal trouvé, enfin, les animaux, ils font ça pour se reproduire, hein, pas pour la petite secousse. Heureusement, y'a les maladies, les choses se remettent en place.</p><p style="text-align: justify;">Beth : Si personne fait plus ça, y'aura plus de genre humain, non ?</p><p style="text-align: justify;">Alphonse : Et pourquoi il devrait se reproduire, le genre humain ?</p><p style="text-align: justify;">Beth : Benh pour qu'on existe.</p><p style="text-align: justify;">Alphonse : Et à quoi bon exister, hein ?</p><p style="text-align: justify;">Beth : Pour vivre.</p><p style="text-align: justify;">Alphonse : Vivre pour quoi ? ... Si on n'a pas de but, si on vit la vie pour la vie, on n'a pas de raison de vivre. Et si le but est atteint, c'est clair, benh la vie doit s'arrêter. Et le but, c'est pas l'idéal des lapins, se reproduire le plus possible. C'est pas l'idéal des singes, jouir le plus possible. Tout ça, on peut pas dire que c'est idéal. Ignoble, voilà ce qu'on peut dire. Le genre humain doit disparaître ? Pas de doute, je dois mourir, tu dois mourir. Le genre humain aussi. En attendant, l'ennemi, c'est la bête à dos.</p><p style="text-align: justify;">Beth : C'est qui la bête deux dos ?</p><p style="text-align: justify;">Alphonse : Je vais te montrer, tu vas voir.</p><p style="text-align: justify;"><em>Il l'enlace.</em></p><p style="text-align: justify;">Beth : Et la cloche vous connaissez ?</p><p style="text-align: justify;">Alphonse : Ah non, la cloche, non.</p><p style="text-align: justify;">Beth : C'est facile, ça va vous plaire, on se met dos à dos comme ça. Voilà, maintenant vous me soulevez et après moi je vous soulève. C'est la cloche !</p><p> </p><p style="text-align: center;"><img id="media-3615241" style="margin: 0.7em 0px;" title="" src="http://fichtre.hautetfort.com/media/01/01/2519714554.JPG" alt="la desenchantee (4).JPG" width="434" height="226" /></p><p> </p><p>Beth : Ca vous ennuie pas de me le donner <em>(un couteau) </em>?</p><p style="text-align: justify;">Alphonse : Ce que je donne, personne ne pourra jamais me le prendre. Ce que je donne m'appartient, pour toujours.</p><p style="text-align: justify;">Beth : Ce que je donne, pers... C'est votre habitude de raisonner comme ça ?</p><p style="text-align: justify;">Alphonse : Oui, et tu noteras que c'est toujours tordu, y'a que les couteaux que je lance droit.</p><p style="text-align: justify;"> </p><p style="text-align: center;"><img id="media-3615242" style="margin: 0.7em 0px;" title="" src="http://fichtre.hautetfort.com/media/00/00/1567824223.JPG" alt="la desenchantee (5).JPG" width="422" height="251" /></p><p> </p><p style="text-align: justify;">L'oncle : Prends place, Beth. Comme tu voudras. Un jour tu me parleras, ce ne sera pas pour m'injurier. Non, pas pour m'injurier... Tu es sure que tu n'as pas faim ?</p><p style="text-align: justify;"><em>Il jette le poisson qu'il allait cuire pour Beth.</em></p><p style="text-align: justify;">L'oncle : Merci, Beth, le gâchi aiguise mon appétit. Il n'y a pas que la voix à être éloquente. Le regard fait partie de la voix. Tout de toi est éloquent, si je veux. Je le sais assez, mon Dieu. Ces voix que j'ai entendues, ces regards que j'ai vus, ces corps que j'ai palpés. Ta mère est mal. Je ne sais pas ce qu'on peut. Elle souffre ta mère. L--- (amecide?) n'est pas une fée. La douleur est une fée, une fée cruelle mais une fée. Rémi m'a dit que tu veux partir, loin. Il me parle, Rémi, au moins. Il crache pas sur les cadeaux, ce garçon. Evidemment, jamais il ne m'en dira autant que toi quand tu ne me parles pas... J'ai vu Rimbaud dans ta chambre hier. "On ne part pas", c'est Rimbaud qui a écrit ça. Moi je ne pars plus. Partir c'est trop facile. C'est rester qui est difficile. Ceux qui restent, voilà les héros. Si tu pars, je risque de ne pas te revoir avant longtemps, telle que je te connais. Mais enfin, les âmes hors du commun s'entendent, même lorsqu'elles s'éloignent. Et puis, il n'y a rien de plus beau que ce que nous ne voyons plus... Tu as raison, les fraises ne devraient se manger qu'en avril, quand elles sont rares...</p><p style="text-align: justify;"><em>Le téléphone sonne.</em></p><p style="text-align: justify;">L'oncle : Je hais tout ça, avion, train, téléphone. On veut détruire l'absence. Comment s'aimera-t-on si on détruit l'absence ? Il parait que c'est cruel ce que je dis. Quand on creuse la pensée, on trouve toujours le froid. A une certaine profondeur, le froid qu'on appelle cruauté. Maintenant que tu es ici, tu voudrais bien t'en aller. Pourtant tu ne t'en iras pas... Qu'est-ce que tu fais Beth, laisse-ça ! Quelqu'un va venir. Montre-moi tes mains. Toi tu soignes tes mains au Paic Citron. Bientôt tu n'auras plus de mains, tout juste des pattes.</p><p style="text-align: justify;"><em>Il lui donne un chèque.</em></p><p style="text-align: justify;">L'oncle : Tu devrais le faire encadrer entre deux plaques de verres et t'en faire un petit écran pare-feu. Va au milieu. Tu es toujours belle, mais ta beauté jaillit à différents moments, de différentes sources.</p><p style="text-align: justify;"> </p><p style="text-align: center;"><img id="media-3615244" style="margin: 0.7em 0px;" title="" src="http://fichtre.hautetfort.com/media/02/01/280737876.JPG" alt="la desenchantee (7).JPG" width="429" height="258" /></p><p style="text-align: justify;"> </p><p style="text-align: left;">* <em>Hésitant entre les vocables "encre" (qui fixe les mots) et "ancre" (qui fixe le galion), lesquels nous paraissent tous deux ici plausibles, nous les marions, tout simplement, pour donner naissance à "aencre". Dans un esprit similaire, "aevenement" est non moins fichtrement né il y a quelques semaines de la paire "avènement" - "événement".</em></p><p style="text-align: justify;"> </p>
Edouard S.http://nightswimming.hautetfort.com/about.htmlLes adieux à la reinetag:nightswimming.hautetfort.com,2012-04-15:46805072012-04-15T23:49:00+02:002012-04-15T23:49:00+02:00 Quatre journées de juillet 1789, à partir du 14, vues à travers les yeux...
<p style="text-align: center;"><img id="media-3540133" style="margin: 0.7em 0;" title="" src="http://nightswimming.hautetfort.com/media/02/02/3438815743.jpg" alt="jacquot,france,histoire,2010s" /></p><p style="text-align: justify;">Quatre journées de juillet 1789, à partir du 14, vues à travers les yeux de la lectrice de Marie-Antoinette, à la cour de Versailles, observée comme par le trou de la serrure. Un tournage effectué pour une bonne part sur place. Une proximité avec les personnages entretenue par une caméra agile et tenace.</p><p style="text-align: justify;">On pense d'abord que la grande affaire des <strong><em>Adieux à la reine</em></strong> sera celle du réalisme dans la reconstitution historique. Or, ce réalisme est vite recouvert par autre chose, qui fait le prix du film de Benoit Jacquot. La façon dont celui-ci colle aux basques de sa Sidonie Laborde peut rappeler, superficiellement, la méthode des frères Dardenne. La jeune femme que campe Léa Seydoux serait un petit soldat s'activant au service de la reine. Mais la part d'aveuglement qui entre en jeu dans son application à servir Marie-Antoinette est suffisamment relevé, et surtout, là où Rosetta avançait inlassablement, Sidonie, elle, traverse. Jacquot la suit dans les couloirs, la cadre dans les enfilades de portes, joue de la perspective et du défilement.</p><p style="text-align: justify;">Cette manière de faire séduit ici, justement, parce que c'est Versailles qui est traversé. Le lieu, si chargé, n'est pas admiré. Pas de plan décoratif dans <em>Les adieux à la reine</em> (un seul plan général, me semble-t-il, très bref, lors de la promenade en barque). Dans la scène du salon de la reine, au cours de laquelle celle-ci brûle des lettres et fait attendre Sidonie à la porte, le plan séquence permet d'aller de l'une à l'autre en balayant la pièce, et ce mouvement, il n'est impulsé que par ce qui circule entre les deux personnages et donne à sentir le lien qui se tisse, élément bien plus important que le décor, le mobilier.</p><p style="text-align: justify;">Contraint de filmer des bouts de façades et de "perforer" l'espace des salles et des couloirs pour évacuer du cadre le plus simplement possible les signes d'aujourd'hui, Jacquot parvient par ce geste à lier forme et fond. Le prisme est celui du regard de Sidonie. Nous l'épousons, même si nous observons forcément avec amusement la façon dont les informations relatives aux événements de la Bastille arrivent jusqu'aux arrières-salles de Versailles.</p><p style="text-align: justify;">Mais ce qui est important, me semble-t-il, c'est que, au fur et à mesure, ce regard devient sujet à caution. Les nuits au château deviennent progressivement plus importantes que les jours. Les chutes, les affaissements, les évanouissements et les assoupissements s'enchaînent. Sidonie tombe dans le sommeil à plusieurs reprises, inopinément. Dès lors, ne rêve-t-elle pas ? A partir d'une magnifique scène-pivot, agitation spectrale d'aristocrates dans l'un des boyaux de Versailles, l'onirisme ne prend-il pas le pouvoir sur le film ? Sidonie, que quelques cadrages destineraient plutôt à devenir une future Mme Campan (Noémie Lvovsky), rêve de prendre place tout près de la reine, dans son cœur. Elle se sent dans la peau de Gabrielle de Polignac (Virginie Ledoyen), amante (?) de Marie-Antoinette. Elle fantasme.</p><p style="text-align: justify;">Et elle le réalise en quelque sorte, grâce ou à cause, d'une "manipulation a posteriori" de la reine à son encontre. A la fin, sa calèche s'enfonce dans le noir d'une forêt, nous laissant sur un doute. Celle qui daigne se présenter uniquement à ce moment-là (en voix-off), n'a-t-elle pas affabulé tout du long ? Pour une lectrice, cela n'aurait rien d'étonnant. D'ailleurs, cela expliquerait aisément la faculté qu'elle aura eu à attraper toutes ces conversations et cela rendrait logique les disparitions soudaines de certaines silhouettes (le gondolier). Pour ne rien dire de ces trouées à la lisière du fantastique : la reine et sa bougie, dans le couloir, ces aristocrates au teint blafard, affolés. Leur monde se meurt. Il se meurt de n'avoir regardé le peuple que dans l'entrebâillement d'une porte de calèche (<em>Les adieux à la reine</em> est un grand film de portes entrouvertes et de rideaux écartés).</p><p style="text-align: justify;">La musique de Bruno Coulais, que l'on craint au début envahissante, agit en fait comme signe de ce glissement. Elle accompagne parfaitement la démarche du cinéaste qui filme une classe dominante inquiète et un changement d'époque comme un passage d'une dimension à une autre, du réel à l'onirique. Ce dernier restant cependant toujours attaché au corps et donc au dynamisme et au désir.</p><p style="text-align: justify;"> </p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: xx-large;"><strong>***<span style="color: #999999;">*</span></strong></span></p><p style="text-align: justify;"><img id="media-3540132" style="float: left; margin: 0.2em 1.4em 0.7em 0;" title="" src="http://nightswimming.hautetfort.com/media/01/02/80963927.jpg" alt="jacquot,france,histoire,2010s" /><strong>LES ADIEUX A LA REINE</strong></p><p style="text-align: justify;">de Benoit Jacquot</p><p style="text-align: justify;">(France - Espagne / 100 min / 2012)</p>
Edouard S.http://nightswimming.hautetfort.com/about.htmlA tout de suitetag:nightswimming.hautetfort.com,2008-04-30:15953062008-04-30T23:29:00+02:002008-04-30T23:29:00+02:00 (Benoit Jacquot / France / 2004) ■■□□ Le sentiment que procure le...
<p align="justify">(Benoit Jacquot / France / 2004)</p> <p align="justify"><font size="4">■■□□</font></p> <p align="justify"><img name="media-991124" src="http://nightswimming.hautetfort.com/media/00/02/1591438038.jpg" alt="1899645199.jpg" style="float: left; margin: 0.2em 1.4em 0.7em 0px; border-width: 0px" id="media-991124" />Le sentiment que procure le film de Benoit Jacquot est assez opposé à l'urgence et la tension que prédisent son titre qui claque, son esthétique en noir et blanc et son économie. Relatant la cavale de quatre jeunes gens de Paris à Athènes, via l'Espagne et le Maroc, <em><strong>A tout de suite</strong></em> est moins chargé de la tension du film de genre que du sentiment cotonneux de la chronique.</p> <p align="justify">Il faut un certain temps pour que le film capte l'attention. La partie parisienne pose la situation (une fille bourgeoise se lie avec un jeune homme qui bientôt braque une banque), mais usant de l'ellipse et refusant toute concession au genre, elle a du mal à nous passionner. C'est bien lorsque la fuite se fait indispensable pour les personnages que le film peut offrir de beaux moments, par la liberté que leur laisse alors le cinéaste. Certes, les multiples détours que prend l'intrigue dans la foulée des égarements de son héroïne, dont on épouse le point de vue tout du long, sont d'un intérêt très variable, mais le voyage a du charme. Les seuls moments de tension, rendue de façon assez originale, sont liés aux passages des différentes douanes. Entre ceux-ci, comme il est dit en voix-off, c'est un peu les vacances, le temps de poser un regard sur une ville, un paysage. Traitant d'une histoire vraie se déroulant dans les années 70, Benoit Jacquot fait l'étrange choix de montrer les villes traversées par des images d'archives d'époque, qui raccordent assez mal avec le reste. On en vient à préférer les vues documentaires sur les pas d'Isild Le Besco, même si elles se soucient peu, pour ce qui est des pays du Sud, de masquer les traits de modernité.</p> <p align="justify">Lunatique : l'actrice principale, quasiment présente à chaque plan, nous paraît tantôt attachante, tantôt énervante (étonnemment amorphe lorsqu'elle se retrouve seule à Athènes), parfaitement à l'image du film. La chose la plus étrange est sans doute qu'alors que nous assistons aux conséquences d'un coup de foudre et à la cavale de deux couples, ce qui nous touche ce sont les rapports entre les femmes. Tout d'abord ceux qui se tissent entre les deux filles (ces deux "bourges" s'encanaillant avec leurs voyous respectifs). Une fois arrivés en Grèce, l'amoureux est évacué et aucun homme ne parvient à tenir sa place. Tous se font éjecter du cadre plus ou moins rapidement. La seule personne de qui l'héroïne accepte durablement la tendresse est sa collègue de travail. De retour au point de départ, elle se liera fortement à la femme qui les aida dans leur fuite, retrouvera sa famille mais choisira de vivre du côté maternel, et, rencontrant les parents de son amant, n'arrivera ici aussi à ne communiquer qu'avec la mère. Benoit Jacquot a ainsi poussé jusqu'au bout son désir de ne filmer, sous le prétexte du fait divers, que son actrice fétiche et quelques femmes.</p>