Last posts on individu2024-03-29T10:23:30+01:00All Rights Reserved blogSpirithttps://www.hautetfort.com/https://www.hautetfort.com/explore/posts/tag/individu/atom.xmlChristian COTTET-EMARDhttp://cottetemard.hautetfort.com/about.htmlCarnet / À propos de L'Unique et sa propriété de Max Stirnertag:cottetemard.hautetfort.com,2022-10-06:64048602022-10-06T00:56:00+02:002022-10-06T00:56:00+02:00 Ma vieille édition de l'Unique et sa propriété L’Unique et sa...
<p style="text-align: center;"><img id="media-6391894" style="margin: 0.7em 0;" title="" src="http://cottetemard.hautetfort.com/media/00/02/1148482878.jpg" alt="max stirner,l'unique et sa propriété,philosophie,individu,moi,individualisme,carnet,chronique,blog littéraire de christian cottet-emard,note,christian cottet-emard,lecture,société,pandémie,crise sanitaire,post-démocratie,totalitarisme,hygiénisme,europe" /></p><p style="text-align: center;"><span style="font-size: 10pt;"><em><span style="font-family: 'times new roman', times, serif;">Ma vieille édition de l'Unique et sa propriété</span></em></span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: 'times new roman', times, serif; font-size: 12pt;"><em>L’Unique et sa propriété</em> de <a href="https://www.google.fr/search?q=max+stirner&sxsrf=ALiCzsZ-pld3EvOtX_zmvXV9gwXI_rEhbg:1665010219282&source=lnms&tbm=isch&sa=X&ved=2ahUKEwjHq6u1lsr6AhVD2xoKHebNCh4Q_AUoAXoECAIQAw&biw=1280&bih=617&dpr=1">Max Stirner</a> (Johann Kaspar Schmidt, 1806-1856) est un des livres rescapés des purges successives auxquelles je soumets régulièrement ma bibliothèque. Je l’avais demandé comme cadeau d’anniversaire pour mes seize ou dix-sept ans et à cette époque, j’avoue m’être plus d’une fois essoufflé à sa lecture, d’autant que la philosophie ne m’a jamais passionné. </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: 'times new roman', times, serif; font-size: 12pt;">En bon individualiste que je suis toujours et que j’étais encore plus lorsque j’étais jeune homme, le titre avait tout pour m’attirer, <em>unique et propriété</em> étant les deux piliers de mon édifice intellectuel, encore qu’à l’époque, je n’avais qu’une vague intuition du sens élargi que revêt le terme de <em>propriété</em> dans la pensée de Stirner. Je n’en compris évidemment pas toute la portée, ce qui n’avait rien de surprenant ou de honteux pour un gamin en pleine découverte. Je trouvais cette lecture ardue mais je ne pouvais m’empêcher d’y revenir entre de longues pauses, ce qui explique que l’idée de me débarrasser de cet ouvrage ne m’ait jamais effleuré.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: 'times new roman', times, serif; font-size: 12pt;">L’adolescence et la jeunesse terminée, je laissai au rayon des souvenirs et des curiosités les constructions philosophiques et politiques de Max Stirner, lesquelles, comme tous les systèmes de pensée attachés à une cohérence extrême, se cognent irrémédiablement au réel dont s’accable la maturité. Classique, mon erreur de jeunesse avait été d’essayer vainement d’établir trop de passerelles entre les concepts de Stirner et la réalité, ce qui parasita ma lecture. Il m’eût fallu comprendre plus tôt et plus vite que la philosophie n’est pas là pour nous tracer des routes mais pour nous aider à suivre des pistes et des sentiers. </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: 'times new roman', times, serif; font-size: 12pt;">Dans l'univers des concepts, <em>L’Unique et sa propriété</em> n’a pas pour finalité de s’incarner dans le monde matériel en un jeune homme en quête de sens, ce que je finis par comprendre en prenant un peu de bouteille ! Et puis, nous le savons, quel terrible danger que tout système philosophique visant à se réaliser à l’état pur dans l’organisation intellectuelle d’un individu ou dans celle d’une collectivité et pire encore d’une société : folie furieuse (individuelle et collective) garantie. </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: 'times new roman', times, serif; font-size: 12pt;">Pourtant, bien rangé sur son étagère, le livre de Stirner se signale de nouveau à moi, à vrai dire depuis la révélation de la pandémie de Covid 19 avec son cortège de scandales politiques, de pression sociale et de mesures annonçant de nouvelles formes de pensées et de pratiques totalitaires. Je n’emploie pas le mot <em>révélation</em> par hasard. La pandémie est un révélateur de l’état de nos individualités et de nos sociétés. Elle révèle que, contrairement aux apparences, ni les unes ni les autres n’ont changé depuis les deux guerres mondiales. La même résignation, le même conformisme, la même indifférence, les mêmes comportements frileux et moutonniers, la même hypocrisie, le même cynisme et surtout la même acceptation de l’inacceptable sont au rendez-vous. </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: 'times new roman', times, serif; font-size: 12pt;">Dans les crises de folie collective, l’individu ne pèse rien, il n’est plus <em>l’Unique</em> et n’a plus de propriété puisqu’il appartient lui-même au soi-disant intérêt général qui n’est en réalité que l’intérêt des classes dominantes et des gens qui dorment. Au secours, Max Stirner ! </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: 'times new roman', times, serif; font-size: 12pt;">Ce n’est pas non plus un hasard que ce philosophe me fasse de l’œil chaque fois que s’exerce sur moi et sur bien d’autres, évidemment, la pression du collectif, en l’occurrence d’une démocratie à la dérive en direction d’une post-démocratie dans laquelle l’individu sans réaction perdra unicité et propriété. Je ne suis pas allé par hasard me frotter à la pensée de Stirner. À l’époque où j’ai ouvert son livre pour la première fois, je vivais sous la menace du service militaire obligatoire. </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: 'times new roman', times, serif; font-size: 12pt;">Je relis maintenant de nouveau ces pages dans le monde que vient de nous révéler la pandémie, ce monde dans lequel nous nous croyions libres parce que les crises étaient éloignées de nous, voire dissimulées ou niées par des autorités non élues (sanitaires, européennes… Choisissez l’adjectif) avec la complicité de leur valetaille gouvernementale nationale. </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: 'times new roman', times, serif; font-size: 12pt;">Je suis bien sûr très loin de partager la radicalité de Stirner sur sa conception du <em>moi</em> affranchi de toute limite mais en ces temps où nous vivons le retour sournois et brutal de la pression voire de l’oppression du collectif sur l’individu et des attaques de plus en plus directes de la post-démocratie contre la sphère privée (pour notre bien censé correspondre en toute occasion au bien public), je crois que <em>L’Unique et sa propriété</em> est un livre qui a encore quelque chose à nous dire.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: 'times new roman', times, serif; font-size: 12pt;"> </span></p><p><a title="WebAnalytics" href="http://www.xiti.com/xiti.asp?s=563914" target="_top"><script type="text/javascript"> <!--Xt_param = 's=563914&p=page_ du_ jour';try {Xt_r = top.document.referrer;}catch(e) {Xt_r = document.referrer; }Xt_h = new Date();Xt_i = '<img width="39" height="25" border="0" alt="" ';Xt_i += 'src="http://logv4.xiti.com/hit.xiti?'+Xt_param;Xt_i += '&hl='+Xt_h.getHours()+'x'+Xt_h.getMinutes()+'x'+Xt_h.getSeconds();if(parseFloat(navigator.appVersion)>=4){Xt_s=screen;Xt_i+='&r='+Xt_s.width+'x'+Xt_s.height+'x'+Xt_s.pixelDepth+'x'+Xt_s.colorDepth;}document.write(Xt_i+'&ref='+Xt_r.replace(/[<>"]/g, '').replace(/&/g, '$')+'" title="Internet Audience">');//--></script><noscript>Mesure d'audience ROI statistique webanalytics par <img width="39" height="25" src="http://logv4.xiti.com/hit.xiti?s=563914&p=page_du_jour" alt="WebAnalytics" /></noscript></a><span class="x193iq5w xeuugli x13faqbe x1vvkbs xlh3980 xvmahel x1n0sxbx x1lliihq x1s928wv xhkezso x1gmr53x x1cpjm7i x1fgarty x1943h6x xudqn12 x3x7a5m x6prxxf xvq8zen xo1l8bm xzsf02u x1yc453h" dir="auto"><a class="x1i10hfl xjbqb8w x6umtig x1b1mbwd xaqea5y xav7gou x9f619 x1ypdohk xt0psk2 xe8uvvx xdj266r x11i5rnm xat24cr x1mh8g0r xexx8yu x4uap5 x18d9i69 xkhd6sd x16tdsg8 x1hl2dhg xggy1nq x1a2a7pz xt0b8zv x1qq9wsj xo1l8bm" tabindex="0" role="link" href="https://www.facebook.com/hashtag/christiancottetemard?__eep__=6&__cft__[0]=AZWpAH1CSWhVEzVFleVXL9eFQYF0so3fhrJTNbkgxSK_qjMPnzLb3DlK4I8mX1boeJr6N5-iIR5fGRZCNxiLa6yGh_8sd2WJuZ7HqtgiViobVhaWmaA_gEvGl7cw_mS4l8I&__tn__=*NK-R">#christiancottetemard</a> <a class="x1i10hfl xjbqb8w x6umtig x1b1mbwd xaqea5y xav7gou x9f619 x1ypdohk xt0psk2 xe8uvvx xdj266r x11i5rnm xat24cr x1mh8g0r xexx8yu x4uap5 x18d9i69 xkhd6sd x16tdsg8 x1hl2dhg xggy1nq x1a2a7pz xt0b8zv x1qq9wsj xo1l8bm" tabindex="0" role="link" href="https://www.facebook.com/hashtag/philosophie?__eep__=6&__cft__[0]=AZWpAH1CSWhVEzVFleVXL9eFQYF0so3fhrJTNbkgxSK_qjMPnzLb3DlK4I8mX1boeJr6N5-iIR5fGRZCNxiLa6yGh_8sd2WJuZ7HqtgiViobVhaWmaA_gEvGl7cw_mS4l8I&__tn__=*NK-R">#philosophie</a> <a class="x1i10hfl xjbqb8w x6umtig x1b1mbwd xaqea5y xav7gou x9f619 x1ypdohk xt0psk2 xe8uvvx xdj266r x11i5rnm xat24cr x1mh8g0r xexx8yu x4uap5 x18d9i69 xkhd6sd x16tdsg8 x1hl2dhg xggy1nq x1a2a7pz xt0b8zv x1qq9wsj xo1l8bm" tabindex="0" role="link" href="https://www.facebook.com/hashtag/philosophy?__eep__=6&__cft__[0]=AZWpAH1CSWhVEzVFleVXL9eFQYF0so3fhrJTNbkgxSK_qjMPnzLb3DlK4I8mX1boeJr6N5-iIR5fGRZCNxiLa6yGh_8sd2WJuZ7HqtgiViobVhaWmaA_gEvGl7cw_mS4l8I&__tn__=*NK-R">#philosophy</a> <a class="x1i10hfl xjbqb8w x6umtig x1b1mbwd xaqea5y xav7gou x9f619 x1ypdohk xt0psk2 xe8uvvx xdj266r x11i5rnm xat24cr x1mh8g0r xexx8yu x4uap5 x18d9i69 xkhd6sd x16tdsg8 x1hl2dhg xggy1nq x1a2a7pz xt0b8zv x1qq9wsj xo1l8bm" tabindex="0" role="link" href="https://www.facebook.com/hashtag/individualisme?__eep__=6&__cft__[0]=AZWpAH1CSWhVEzVFleVXL9eFQYF0so3fhrJTNbkgxSK_qjMPnzLb3DlK4I8mX1boeJr6N5-iIR5fGRZCNxiLa6yGh_8sd2WJuZ7HqtgiViobVhaWmaA_gEvGl7cw_mS4l8I&__tn__=*NK-R">#individualisme</a> <a class="x1i10hfl xjbqb8w x6umtig x1b1mbwd xaqea5y xav7gou x9f619 x1ypdohk xt0psk2 xe8uvvx xdj266r x11i5rnm xat24cr x1mh8g0r xexx8yu x4uap5 x18d9i69 xkhd6sd x16tdsg8 x1hl2dhg xggy1nq x1a2a7pz xt0b8zv x1qq9wsj xo1l8bm" tabindex="0" role="link" href="https://www.facebook.com/hashtag/maxstirner?__eep__=6&__cft__[0]=AZWpAH1CSWhVEzVFleVXL9eFQYF0so3fhrJTNbkgxSK_qjMPnzLb3DlK4I8mX1boeJr6N5-iIR5fGRZCNxiLa6yGh_8sd2WJuZ7HqtgiViobVhaWmaA_gEvGl7cw_mS4l8I&__tn__=*NK-R">#maxstirner</a> </span></p>
alvathttp://lafrancereconciliee.hautetfort.com/about.htmlL’Editorial d’Alexandre Vatimbella. Gilets jaunes, exemple de l’autonomisation irresponsable des individustag:lafrancereconciliee.hautetfort.com,2019-01-09:61193802019-01-09T08:34:07+01:002019-01-09T08:34:07+01:00 «Et moi, et moi, et moi», semblent dire en cœur les manifestants revêtus...
<p style="margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: justify;"><span style="font-size: 12pt;"><span style="font-family: 'Arial','sans-serif';">«Et moi, et moi, et moi», semblent dire en cœur les manifestants revêtus de gilets jaunes qui s’en prennent avec hargne et obscurantisme à un système dont ils veulent, «en même temps» qu’il les laisse tranquille (pas d’impôts) mais qui les materne totalement (plus de dépenses étatiques)!</span></span></p><p style="margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: justify;"><span style="font-size: 12pt;"><span style="font-family: 'Arial','sans-serif';">Car ils ne disent pas «et nous, et nous, et nous», parce que leur motivation est essentiellement leur intérêt personnel et non le bien de la communauté, ni même celui de leur voisin s’il n’est pas identique au leur, on le voit avec cette absence totale de tolérance vis-à-vis des opinions contraires (avec des journalistes pris à partie parce qu’ils ne seraient pas dans la «bonne ligne» éditoriale).</span></span></p><p style="margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: justify;"><span style="font-size: 12pt;"><span style="font-family: 'Arial','sans-serif';">Nous voilà donc dans un mouvement de foule caractéristique de la montée inquiétante et qui semble inexorable de ce que j’ai appelé, l’«autonomisation égocentrique assistée irresponsable irrespectueuse insatisfaite» de l’individu.</span></span></p><p style="margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: justify;"><span style="font-size: 12pt;"><span style="font-family: 'Arial','sans-serif';">De plus en plus prégnante elle fait de lui une bombe qui risque, à tout moment, de faire imploser la démocratie républicaine représentative pour laquelle il représente un défi libertario-hédoniste majeur.</span></span></p><p style="margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: justify;"><span style="font-size: 12pt;"><span style="font-family: 'Arial','sans-serif';">Cette autonomisation non médiatisée par la responsabilité personnelle et le respect de la dignité de l’autre, assise souvent sur un manque de savoirs et des comportements puérils destructeurs pour le vivre ensemble, crée l’atomisation des intérêts personnels qui ne se retrouvent plus ou peu dans cet incontournable agrégat qui permet de donner une base commune pour identifier et faire vivre des intérêts collectifs afin de fonder un dessein collectif.</span></span></p><p style="margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: justify;"><span style="font-size: 12pt;"><span style="font-family: 'Arial','sans-serif';">Absence donc de ce dessein indispensable à toute communauté réunie mais montée en puissance de cette simple recherche immédiate de la réalisation de ses désirs et de ses revendications personnelles sans se soucier un seul instant des conséquences pour les autres, donc, in fine, pour soi également.</span></span></p><p style="margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: justify;"><span style="font-size: 12pt;"><span style="font-family: 'Arial','sans-serif';">Précisons que la fameuse «colère du peuple» martelée depuis des années par les extrémistes et les populistes pour leurs combats antidémocratiques et relayés trop souvent par certains médias complaisants, a donné des idées à des cerveaux malléables et influençables, surtout à des individus en pertes de repères qui cherchent des responsables extérieurs à leur situation personnelle qu’ils ne trouvent pas à leur goût mais qui n’est souvent que de leur responsabilité.</span></span></p><p style="margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: justify;"><span style="font-size: 12pt;"><span style="font-family: 'Arial','sans-serif';">Quand ce n’est pas tout simplement une incapacité à analyser réellement dans quel monde ils vivent.</span></span></p><p style="margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: justify;"><span style="font-size: 12pt;"><span style="font-family: 'Arial','sans-serif';">Précisons immédiatement que l’individualisme n’est pas responsable de cet état de fait mais bien sa perversion.</span></span></p><p style="margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: justify;"><span style="font-size: 12pt;"><span style="font-family: 'Arial','sans-serif';">L’individualisme comme notion et comme mode de vie n’est pas un comportement égocentrique, irresponsable et irrespectueux, bien au contraire.</span></span></p><p style="margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: justify;"><span style="font-size: 12pt;"><span style="font-family: 'Arial','sans-serif';">Pour qu’il existe réellement, il faut justement de la solidarité et de la tolérance envers l’autre, de la responsabilité dans ses actes et dans ses choix de vie et du respect pour la dignité humaine.</span></span></p><p style="margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: justify;"><span style="font-size: 12pt;"><span style="font-family: 'Arial','sans-serif';">Suite aux agissements de ce «nouvel individu», la démocratie républicaine est en danger de délitement, voire de disparition.</span></span></p><p style="margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: justify;"><span style="font-size: 12pt;"><span style="font-family: 'Arial','sans-serif';">Elle peut d’abord devenir une «médiacratie médiocratique démagogique populiste consumériste» puis un simple régime autocratique avant de basculer dans le totalitarisme.</span></span></p><p style="margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: justify;"><span style="font-size: 12pt;"><span style="font-family: 'Arial','sans-serif';">Cependant, cet individu autonomisé et atomisé, s’il prend conscience de la nécessité d’un bien vivre ensemble, c'est-à-dire l’indépassable coopération entre tous pour faire société, peut aussi façonner positivement la nouvelle démocratie républicaine qui se mettra en place dans les prochains temps si cette dernière parvient à surmonter ce défi d’un comportement autolâtre et du «tout, tout de suite» dans une constante insubordination de tout ce qui empêche cette recherche de la plus grande jouissance possible égotiste.</span></span></p><p style="margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: justify;"><span style="font-size: 12pt;"><span style="font-family: 'Arial','sans-serif';">Mais, ne nous le cachons pas, le combat sera rude, sans répit et la victoire n’est pas inscrite, loin de là. Mais l’optimisme doit être de règle si l’on veut sauver la démocratie républicaine, le meilleur système que l’on peut mettre en place au regard des réalités humaines, système qui ne pourra être dépassé que le jour (encore indéfinissable) où l’humain se sera vraiment émancipé dans la responsabilité et le respect.</span></span></p><p style="margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: justify;"><span style="font-size: 12pt;"><span style="font-family: 'Arial','sans-serif';">Et le spectacle que nous montre les gilets jaunes (après d’autres mouvements du même acabit comme celui du Tea party aux Etats-Unis, né en 2009) ressemble fort à cette autonomisation mortifère, bien loin de l’individualisme responsable et de la nécessité d’un lien social assis sur les valeurs et les principes démocratiques.</span></span></p><p style="margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: justify;"><span style="font-size: 12pt;"><span style="font-family: 'Arial','sans-serif';">Nous ne sommes donc plus dans une théorie de ce qui peut advenir mais bien dans la constatation de ce qui est, en tout cas, de ce qui émerge.</span></span></p><p style="margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: justify;"><span style="font-size: 12pt;"><span style="font-family: 'Arial','sans-serif';">Ce défi libertario-hédoniste porté par les gilets jaunes doit être relevé par une démocratie républicaine sans peur et sans faiblesse parce que les individus qui le portent sont bien incapables de proposer une alternative crédible au système actuel.</span></span></p><p style="margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: justify;"><span style="font-size: 12pt;"><span style="font-family: 'Arial','sans-serif';">C’est donc bien, en créant le chaos, la disparition de cette démocratie républicaine qu’ils souhaitent et, comme la nature a horreur du vide, c’est bien un régime autocratique voire totalitaire qu’ils veulent voir prendre sa place, à moins que leur impotence ne leur permettre pas d’avoir une vision lucide de leurs actions.</span></span></p><p style="margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: justify;"><span style="font-size: 12pt;"><span style="font-family: 'Arial','sans-serif';">D’où le pullulement de toutes les charognards d’extrême-droite et d’extrême-gauche qui instrumentalisent ce mouvement de foule et que les démocrates se doivent, non seulement, de dénoncer mais de combattre.</span></span></p><p style="margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: justify;"> </p><p style="margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: justify;"> </p>
galaventhttp://regardssurunevissansfin.hautetfort.com/about.htmlL'individu et la personnetag:regardssurunevissansfin.hautetfort.com,2018-01-07:60147482018-01-07T07:24:00+01:002018-01-07T07:24:00+01:00 O homme, regarde-toi, Tu as en toi le ciel et la terre. (Hildegarde de...
<p style="text-align: right;">O homme, regarde-toi,<br />Tu as en toi le ciel et la terre.<br />(Hildegarde de Bingen)</p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: 'Century Schoolbook', serif; font-size: 10pt;">Fort du principe que l’homme est un monde en soi, qu’il est donc coexistant à l’univers, interrogeons-nous sur ce que les spécialistes appellent le psychisme ou la psyché. Pour se faire, remarquons dans un premier temps que cette discipline en est au B, A, BA de ses recherches. Elle reste une discipline empirique qui n’a pas encore établi une cartographie de l’esprit humain comme le fait chaque jour la cosmologie pour la matière et l’univers. Tirons justement de ce parallèle des enseignements pour comparer l’humain et le matériel et, plus précisément, le psychisme de la particule qui, elle-même, constitue l’homme.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: 'Century Schoolbook', serif; font-size: 10pt;">Les recherches du siècle passé ont montré qu’il y avait deux façons d’aborder la particule : soit en tant qu’individualité, sous la forme corpusculaire, soit en tant qu’association avec le reste du cosmos, c’est-à-dire d’un point de vue ondulatoire qui codifie le comportement de celle-ci. La première façon permet de constater l’existence d’une individualité propre dotée de propriétés physiques qui la distinguent des autres. La seconde va plus loin. Elle personnalise cet individu en lui donnant une certaine liberté de comportement qui dépend bien des interactions avec l’extérieur, mais également de sa relation intime l’associant au reste de l’univers par une capacité de référence au passé grâce à une mémoire élémentaire. </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: 'Century Schoolbook', serif; font-size: 10pt;">En ce qui concerne l’homme, il est évident que cette capacité de mémoire et donc d’actes individuels est multipliée considérablement, d’abord par la naissance du règne végétal, du règne animal et enfin de l’arrivée de l’homme qui franchit le pas de la réflexion, c’est-à-dire non plus seulement en interagissant sur son environnement, mais en s’interrogeant sur lui-même et sur la façon dont il interagit. En conséquence, il envisage le monde et lui-même non seulement dans sa place par rapport au monde, mais également en tant qu’individu (son aspect corpusculaire) et personne (son aspect ondulatoire).</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: 'Century Schoolbook', serif; font-size: 12pt;"><span style="font-size: 10pt;">Comme l’explique Jean E. Charon<a href="#_ftn1" name="_ftnref1"><span style="font-family: 'Century Schoolbook', serif;">[1]</span></a>, l’être se différencie d’autant plus du néant qu’il est uni à tout l’univers. Theilhard de Chardin disait que l’être d’autant plus personnalisé qu’il est ainsi plus uni, une union qui différencie. A quoi cela tient-il ? Jean E. Charon explique qu’avec l’homme apparaissent de nouvelles associations au Tout, celles obtenues par structuration des informations en provenance du cosmos. Ainsi l’homme peut se constituer un moi personnel au-delà du moi individuel (mais le comprenant) d’autant plus fort qu’il s’emplit de plus de connaissances et de plus d’amour.</span> </span></p><p> </p><p><span style="font-size: 8pt;"><a href="#_ftnref1" name="_ftn1"><span style="font-family: 'Times New Roman', serif;">[1]</span></a> L’homme à sa découverte, Éditions du Seuil, Paris, 1963, p.109.</span></p>
Pournyhttp://michelpourny.hautetfort.com/about.htmlDevant les ruines d’un murtag:michelpourny.hautetfort.com,2017-06-03:59504962017-06-03T11:17:12+02:002017-06-03T11:17:12+02:00 N ous voilà face à nous-mêmes, orphelins, pour la...
<p><br /><br /></p><p> </p><p style="text-align: justify;"><strong><span style="font-size: 10pt;"> <span style="font-size: 18pt;">N</span>ous voilà face à nous-mêmes, orphelins, pour la première fois dans notre histoire, débarrassés des entraves qui nous firent tant souffrir qu’on en voit encore les stigmates dans nos corps et nos esprits. Par manque de jugement, par inexpérience, nous nous sommes fait rouler pendant des siècles par les bonimenteurs vendeurs de dogmes, de dieux et d’avenir radieux. Jusqu’au siècle dernier il aura fallu des millions de victimes pour enfin nous réveiller. Nous pouvons nous frotter les yeux. Le réveil est difficile, certains d’entre nous dorment encore.</span></strong></p><p style="text-align: justify;"><strong><span style="font-size: 10pt;"> Qu’apporte cette situation nouvelle ? Il y a peu d’exemples dans l’histoire où l’homme se trouva face à lui-même. Sauf peut-être quand après une catastrophe il lui fallut tout reconstruire. Aujourd’hui, derrière une montagne d’objets hétéroclites sonnants, scintillants, clignotants, communicants, envahissants, nous sommes nus. Robinsons abandonnés sur une page blanche. Des maçons, truelle en main, désemparés au pied des ruines d’un mur. Tout à refaire, tout à reconstruire.</span></strong></p><p style="text-align: justify;"><strong><span style="font-size: 10pt;"> Il y a, il y aura des faux-fuyants. Certains admirables, fuir dans la musique, s’adonner à la peinture, jouer sur scène. D’autres encore : jouer partout et toujours, occuper ses mains, son corps, son esprit, courir du matin au soir une bouteille d’eau minérale à la main, se vautrer le temps d’un match dans un canapé en vidant des sachets de chips, ne plus penser à rien, tout oublier et cultiver son potager. Des faux-fuyants plus méchants, rendre les autres responsables de tous les malheurs, désigner, dénoncer, réécrire l’histoire, dire qu’il n’y eut pas de catastrophe, que tout est inventé, qu’on soupçonne l’existence d’un complot, mentir. D’autres aussi, constatant que les idées ont fait leur temps, chercheront un sauf-conduit dans la parenté, se demanderont non ce qu’ils sont mais d’où ils viennent, s’inventeront une culture, une appartenance, un domaine sacré, une communauté.</span></strong></p><p style="text-align: justify;"><strong><span style="font-size: 10pt;"> Je ne pense pas immédiatement à ceux qui viennent d’ailleurs. On ne s’est jamais autant plongé dans les recherches généalogiques. Jusque dans les classes où il est demandé aux élèves de dessiner leur arbre familial. Et chacun de plaider pour son pays, sa région, son village, son quartier. Le pompon revient aux Corses et aux Bretons et je mets des majuscules. Ces gens vivent dans un Eden inimitable. Si vous les avez un jour à votre table, ils vous rendront un grand service : ils vous montreront que vous ne savez rien, que vous n’avez rien à dire, mais si par malheur vous êtes du nord, ils vous rejetteront dans le gris et la froidure. Le pire des imbéciles s’il est breton ou corse de cœur et d’esprit aura, partout où il sera, le monopole de la parole. Et malheureusement pour vous, pas dans sa propre langue, mais en français.</span></strong></p><p style="text-align: justify;"><br /><strong><span style="font-size: 10pt;"> Quel est l’intérêt de savoir d’où vient quelqu’un ? Il est plus simple d’aller voir sur place. Je ne connais pas la Corse, mais la Bretagne est une région de France magnifique où l’on rencontre des gens très bien, accueillants et qui ne vous bassinent pas avec leur océan, leur vent du large, leurs poissons, leurs druides, les algues thérapeutiques et l’histoire de la marine à voile. On est toujours assez grand pour se rendre compte par soi-même de ce qu’on voit, de ce qu’on entend et de ce qu’on mange. </span></strong><br /><strong><span style="font-size: 10pt;"> Cet intérêt -nouveau par son ampleur- pour tout ce qui touche aux origines s’accompagne automatiquement d’un questionnement sur les traditions, les coutumes. Plus d’un goût prononcé d’ailleurs que d’un questionnement. Les traditions sont là pour être admirées, à l’occasion perpétuées, mais jamais questionnées. La coutume est hors de question au sens littéral du terme. Attention danger. Car s’il est des traditions amusantes, il en est d’autres inquiétantes que les démocrates que nous sommes ne tiennent pas particulièrement à exhumer. </span></strong><br /><strong><span style="font-size: 10pt;"> Hormis la Corse et la Bretagne, il y a une autre région qu’il faut prendre avec des pincettes. Elle ne vient pas du fond des âges, est encore en rodage mais prometteuse. Elle n’est ni au nord ni au sud, elle ceint les villes, elle a ses us et coutumes, ses règles, ses héros et ses dieux. Elle a une particularité dont ne dispose aucune autre région de France : on ne peut l’évoquer, la décrire, la penser qu’avec compassion. On la dit déshéritée, défavorisée, laissée sur le bord du chemin, oubliée de la république. De ses quartiers on dit qu’ils sont sensibles, un terme que la langue n’attribuait qu’à des êtres humains. Etes-vous de là ? On vous plaindra ou l’on vous condamnera. Sans se demander qui vous êtes. </span></strong><br /><strong><span style="font-size: 10pt;"> Un retour dangereux à ces théories qui parlaient non des hommes, mais des masses. Dangereux car il arrive qu’un troupeau cherche son berger. Et le trouve. Cela s’est vu dans le passé. Les grandes théories politiques des siècles derniers n’ont pas franchi les limites de la sociologie. A la suite de Marx, elles se sont accordées pour dire que c’est l’être social qui détermine la conscience. Elles ont écarté toute idée de personne. Elles ont raisonné en termes de classe, de nation, quand ce n’est pas de race. On a vu vers quelles horreurs cette façon de ne pas penser l’homme a plongé l’humanité. </span></strong><br /><strong><span style="font-size: 10pt;"> Attention alors à ne pas accorder une existence qu’elle n’a pas à la gent des quartiers ! Pas plus que la découverte de canaux sur la planète Mars n’indique la présence de martiens, l’alignement de barres d’immeubles ne nous permet d’induire une identité pour leurs habitants. Et comme les quartiers que nos politiques pensent déshérités n’ont pas le monopole de la misère et de la détresse, les paysans et les pêcheurs pauvres ne se ressemblent pas non plus. Nous sommes tous différents, et même si certains ici ou là sont confrontés aux mêmes problèmes, chacun est maître de son destin. </span></strong></p><p style="text-align: justify;"><br /><strong><span style="font-size: 10pt;"> Ne commettons pas l’erreur de juger les gens en fonction de leur couleur de peau, de leur origine géographique ou ethnique, de leur milieu social, de leur lieu d’habitation, de leur philosophie ou de leur pensée politique. Car toutes ces choses n’atténuent en rien les circonstances d’une conduite. En les prenant en compte, on cultive l’irresponsabilité, c’en est fini du libre-arbitre qui était et est encore le propre de l’homme. </span></strong><br /><strong><span style="font-size: 10pt;"> Regarder l’individu en se demandant d’où il vient, c’est un peu ce que ferait le policier s’il prenait exclusivement en compte le casier judiciaire d’un suspect. N’enfermons personne dans la geôle de ses origines, ne collons à personne un casier généalogique. Bien sûr il y a des circonstances, des causes, des non-dits, mais à la fin des fins il y a toujours quelqu’un. Sinon, c’en est fini de la justice, et bien pire. </span></strong><br /><strong><span style="font-size: 10pt;"> Comme c’est ridicule de coller l’étiquette « juif » à un israélien, ça l’est aussi de penser le français « chrétien » ou l’arabe « musulman ». Nous sommes ainsi faits que même après des siècles d’histoire, il reste au plus profond de nous un carré irréductible de liberté, qui nous rend insensible à l’air du temps, à ce qui se dit, à l’idée dominante, à l’opinion.</span></strong></p><p style="text-align: justify;"> </p><p style="text-align: justify;"><strong><span style="font-size: 10pt;"> Que faire de cette liberté ? En attendant que nos philosophes se penchent sur la question, dans la crainte toutefois qu’ils découvrent un nouveau dieu, prenons nos responsabilités. Les idées dangereuses sont trop souvent venues d’en haut, la sagesse personne n’en a le monopole. Au lieu de scruter l’horizon dans l’espoir d’y voir un but à atteindre, une cible, un idéal à poursuivre, un Eden où mieux vivre, un fruit à cueillir, rangeons définitivement nos lunettes d’approche.</span></strong></p><p style="text-align: justify;"><strong><span style="font-size: 10pt;"> Regardons nos pieds. Depuis que l’homme a appris à marcher nous leur devons beaucoup. Il fallut les entraver pour nous faire taire, leur imposer de longues déportations, des marches de la mort pour en finir avec nous. Ils sont l’alfa et l’oméga du manifestant, du marcheur silencieux. Sans eux, finies les protestations, les revendications portées de Bastille en République, évanouie aussi la démocratie, oh combien les tyrans peuvent les craindre ces pieds qui ont fait tomber tant de monarques, mais qui ont aussi fait le malheur des fantassins, de la piétaille innocente conduite à la guerre par des marchands de canons ! Et s’il est arrivé qu’on leur accorde trop de confiance, jusqu’à espérer l’impossible, ils ont aussi permis qu’on s’évade, mille fois ils nous ont fait sauter les clôtures, mille fois ils nous ont sauvés. Sauf chez les acrobates, ils sont la seule partie de nous-mêmes en contact avec la planète.</span></strong></p><p style="text-align: justify;"><strong><span style="font-size: 10pt;"> Prendre en considération cette partie basique de notre corps, ce n’est pas regarder vers le bas. Comme ces manifestants de Leipzig en 1989 qui marchaient en chantant qu’ils étaient le peuple. On leur avait trop dit et répété que le peuple était ceci et cela, que c’était dans les livres, et qu’on pensait beaucoup à lui. De la réalité les livres n’en savent rien. Il fallait souffrir pour faire la différence entre une façon de voir les choses et la vie vraie.</span></strong></p><p style="text-align: justify;"><strong><span style="font-size: 10pt;"> Ineptie cette vision d’Aristote selon laquelle la partie la plus noble de l’individu est la partie la plus éloignée du sol. Si on prend en compte l’espace intersidéral, le plus grand philosophe du monde serait bien malin de nous dire où est le haut, où est le bas. Où est le Haut, où est le bas ? Si le clocher de mon village s’élève vers le Très-Haut, il faut plaindre les chrétiens des antipodes dont les églises ont été édifiées à l’envers.</span></strong></p><p style="text-align: justify;"><strong><span style="font-size: 10pt;"> Si l’on pouvait se dispenser d’impliquer chacun d’entre nous dans des projets qui nous dépassent et nous feront souffrir un jour ou l’autre ? Il faut en finir avec les luttes finales, les manifestes, les textes sacrés, les paradis et les enfers.</span></strong></p><p style="text-align: justify;"><strong><span style="font-size: 10pt;"> Si la lutte pour la survie de l’humanité n’était qu’un combat de tous les jours, une grande partie de rigolade sans point de mire, sans programme, sans finalité autre que la vie bonne, le bonheur simple ?</span></strong></p><p style="text-align: justify;"><strong><span style="font-size: 10pt;"> Si c’était cela la vraie transcendance : la quête à l’intérieur de soi de tout ce que nous avons de possible, de vrai, de fort, de beau ? Finissons-en avec nos ethnies, nos origines, nos frontières, nos croyances et traditions grosses de haine et de ressentiment. Oui, oublier ! Mais pas tout. Si elle nous fait réfléchir, tenons la mémoire en éveil. Peu m’importe que mon père fût italien ou français, ma mère parisienne ou bourguignonne. De savoir qui ils furent est mille fois plus important. Pour le meilleur ou pour le pire.</span></strong></p><p style="text-align: justify;"><strong><span style="font-size: 10pt;"> La difficulté qui se présente à nous, c’est l’effacement de la personne. A force de tout expliquer en termes généraux de classe, d’ethnie, de continent, de mode de vie, de croyance ou de communauté, les individus que nous sommes ont vu leur jardin secret réduit comme une peau de chagrin. Rien n’est plus caché sauf l’argent sale, les armes et la drogue, et encore. On nous dit et nous répète que s’il y a une vérité quelque part, elle est à rechercher avant, ailleurs. Jamais en nous-même. Avec la fin de l’identité, le mépris vis-à-vis de l’idée de personne, c’est le culte de l’irresponsabilité qui s’impose. Sociologisme, marxisme et psychanalyse ont bien travaillé. La responsabilité s’est déplacée de l’homme vers la société, l’histoire, le passé, le père, le ça. Quand le délit, le viol et le crime s’expliquent, comment au bout du compte ne pas excuser ?</span></strong></p><p style="text-align: justify;"><strong><span style="font-size: 10pt;"> L’individu est devenu un résultat, un croisement de voies, de rocades et de déviations infinies au bout desquelles il se perd et disparaît. Nous serions devenus à ce point irresponsables que les bonnes âmes de radio nous conseillent de nous couvrir, d’être prudents sur la route ou de mettre de la crème solaire. Des associations de bénévoles ramassent nos détritus sur les plages. On nous dit comment élever nos enfants, pour qui il ne faut pas voter, éviter les graisses, ne pas fumer, rester sobre, on nous apprend aussi à fermer les yeux, à penser comme il faut. Les journalistes ne parlent plus de père et de mère, mais de papa et de maman. Nous sommes sous assistance perpétuelle, traités comme des enfants dans une société où il n’est plus nécessaire d’exister. La preuve : ces millions de messages semés sur tous les sites, pour dire le plus souvent ce qui passe par la tête, sans signature. Société d’anonymes qui ont des idées sur tout sans le courage d’en être les auteurs. D’où les injures et pire encore : les mensonges, la haine, le racisme, l’antisémitisme, l’homophobie, la pornographie, la pédophilie. L’anonymat caché sous un pseudonyme est la manière d’être de pseudo individus qui n’ont pas encore atteint l’âge adulte et s’y calfeutrent.</span></strong></p><p style="text-align: justify;"><strong><span style="font-size: 10pt;"> Ce qu’on ne pouvait supporter des régimes totalitaires, c’était que l’Idée ou le Guide dictait ce qu’il fallait penser et faire. Mieux encore, qu’il incombait au peuple de se convaincre qu’il était lui-même l’auteur de ce qu’en réalité on lui faisait penser et faire. Le risque qui est le nôtre aujourd’hui dans cette société qui voit disparaître toute idée d’individualité, où toute pensée personnelle est écrasée sous une montagne d’informations et de désinformations à la portée de tous, c’est que l’opinion comble le vide et qu’à côté du législatif, de l’exécutif et du judiciaire un quatrième pouvoir s’installe : celui de la bêtise. Promesse d’un nouveau totalitarisme contre lequel, à l’heure qu’il est, nous ne sommes pas suffisamment préparés.</span></strong></p><p style="text-align: center;"><br /><strong>§</strong></p><p> </p>
MILIQUEhttp://aumagmapresentdelecriture.hautetfort.com/about.htmlÉCLAT D'IMMANENCEtag:aumagmapresentdelecriture.hautetfort.com,2017-04-04:59253542017-04-04T09:44:00+02:002017-04-04T09:44:00+02:00 ÉCLAT D'IMMANENCE Ô toi page-amour si cristalline, si...
<p style="text-align: center;"><img id="media-5593181" style="margin: 0.7em 0;" title="" src="http://aumagmapresentdelecriture.hautetfort.com/media/00/02/3969857983.jpg" alt="au magma présent de l'écriture," /></p><p style="text-align: center;"> </p><p style="text-align: center;"><span style="font-family: arial black,sans-serif; font-size: 18pt;"><strong>ÉCLAT D'IMMANENCE</strong></span></p><p style="text-align: center;"><br clear="none" /><br clear="none" /><span style="font-family: arial black,sans-serif; font-size: 14pt;"><strong>Ô toi page-amour si cristalline, si fulgurante,</strong></span><br clear="none" /><span style="font-family: arial black,sans-serif; font-size: 14pt;"><strong>Page d'éclat d'immanence au soleil qui point,</strong></span><br clear="none" /><span style="font-family: arial black,sans-serif; font-size: 14pt;"><strong>Page déchirante et usagée d'avoir été trop lue.</strong></span><br clear="none" /><br clear="none" /><span style="font-family: arial black,sans-serif; font-size: 14pt;"><strong>C'est la page-amour dont tout un chacun rêve</strong></span><br clear="none" /><span style="font-family: arial black,sans-serif; font-size: 14pt;"><strong>De posséder en un jour lumineux le livre fini,</strong></span><br clear="none" /><span style="font-family: arial black,sans-serif; font-size: 14pt;"><strong>Celle qui est la merveille des lendemains ravis,</strong></span><br clear="none" /><span style="font-family: arial black,sans-serif; font-size: 14pt;"><strong>Elle qui étincelle d'une intensité à l'égal du ciel,</strong></span><br clear="none" /><span style="font-family: arial black,sans-serif; font-size: 14pt;"><strong>Elle promesse jusqu'ici trop peu souvent tenue,</strong></span><br clear="none" /><span style="font-family: arial black,sans-serif; font-size: 14pt;"><strong>Page qui élance l'âme au pays rare du bonheur.</strong></span><br clear="none" /><br clear="none" /><span style="font-family: arial black,sans-serif; font-size: 14pt;"><strong>Ô toi page-amour si cristalline, si fulgurante,</strong></span><br clear="none" /><span style="font-family: arial black,sans-serif; font-size: 14pt;"><strong>Page d'éclat d'immanence au soleil qui point,</strong></span><br clear="none" /><span style="font-family: arial black,sans-serif; font-size: 14pt;"><strong>Page déchirante et usagée d'avoir été trop lue.</strong></span><br clear="none" /><br clear="none" /><br clear="none" /><span style="font-family: arial black,sans-serif; font-size: 14pt;"><strong>P. MILIQUE</strong></span></p>
galaventhttp://regardssurunevissansfin.hautetfort.com/about.htmlLa libertétag:regardssurunevissansfin.hautetfort.com,2017-02-22:59137032017-02-22T08:45:00+01:002017-02-22T08:45:00+01:00 La liberté est une affaire collective et non individuelle. C’est...
<p> </p><p align="center"><span style="font-size: 12pt; font-family: 'Century Schoolbook',serif; color: #993366;">La liberté est une affaire collective et non individuelle.</span></p><p align="center"><span style="font-size: 12pt; font-family: 'Century Schoolbook',serif; color: #993366;">C’est pourquoi elle ne peut être pure.</span></p><p align="center"> </p>
MILIQUEhttp://aumagmapresentdelecriture.hautetfort.com/about.htmlOPPOSITIONtag:aumagmapresentdelecriture.hautetfort.com,2017-01-18:58935872017-01-18T09:40:00+01:002017-01-18T09:40:00+01:00 OPPOSITION Contre les choses terribles Qui menacent...
<p style="text-align: center;"><img id="media-5536983" style="margin: 0.7em 0px;" title="" src="http://aumagmapresentdelecriture.hautetfort.com/media/02/00/3172672367.jpg" alt="au magma présent de l'écriture," /></p><p style="text-align: center;"> </p><p style="text-align: center;"><span style="font-family: arial black,sans-serif; font-size: 18pt; color: #008000;"><strong>OPPOSITION</strong></span></p><p style="text-align: center;"><br clear="none" /><br clear="none" /><span style="font-family: arial black,sans-serif; font-size: 14pt;"><strong>Contre les choses terribles</strong></span><br clear="none" /><span style="font-family: arial black,sans-serif; font-size: 14pt;"><strong>Qui menacent tant la terre,</strong></span><br clear="none" /><span style="font-family: arial black,sans-serif; font-size: 14pt;"><strong>Et donc chaque individu...</strong></span><br clear="none" /><br clear="none" /><span style="font-family: arial black,sans-serif; font-size: 14pt;"><strong>Contre la haine et l'angoisse</strong></span><br clear="none" /><span style="font-family: arial black,sans-serif; font-size: 14pt;"><strong>Peut-être ne faut-il proposer</strong></span><br clear="none" /><span style="font-family: arial black,sans-serif; font-size: 14pt;"><strong>La paix suave de son silence?</strong></span><br clear="none" /><br clear="none" /><span style="font-family: arial black,sans-serif; font-size: 14pt;"><strong>P. MILIQUE</strong></span></p>
galaventhttp://regardssurunevissansfin.hautetfort.com/about.htmlCe que nous sommestag:regardssurunevissansfin.hautetfort.com,2016-12-16:58875422016-12-16T07:20:00+01:002016-12-16T07:20:00+01:00 Même dans l'amour le plus authentique, on ne peut se confondre avec...
<p style="text-align: justify;"> </p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt; color: #993366;">Même dans l'amour le plus authentique, on ne peut se confondre avec l'autre. Chacun reste ce qu'il est. </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt; color: #993366;">Il y a toujours en soi-même une partie de l'âme qu'on ne peut communiquer. </span></p><p style="text-align: justify;"> </p>
galaventhttp://regardssurunevissansfin.hautetfort.com/about.htmlLa fin de l'histoire (36 et fin)tag:regardssurunevissansfin.hautetfort.com,2016-05-02:57899582016-05-02T07:37:00+02:002016-05-02T07:37:00+02:00 Le président du Comité Nobel norvégien se leva brusquement et clama :...
<p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">Le président du Comité Nobel norvégien se leva brusquement et clama : « Taisez-vous Monsieur. Nous ne vous avons pas nommé pour dire des insanités et des mensonges éhontés. Nous sommes une institution séculaire et n’admettons pas cette parodie de discours. Descendez de cette tribune et sortez ! Soyez heureux encore que je ne vous fasse pas arrêter. » À ces mots, la salle s’enflamma, tous se mirent à parler en même temps, certains sifflèrent Nicéphore, mais quelques autres crièrent " Vive Nicéphore ! " Ce fut très vite une confusion totale. Une bonne partie des invités au discours de réception quittèrent la salle. Mais leur surprise fut grande lorsque, ressortant dans le hall de réception de l’hôtel de ville d’Oslo, ils découvrirent les milliers de livres sur des présentoirs et une voix off qui disait : « Servez-vous, servez-vous ! Prenez le livre de Nicéphore, lisez-le, donnez-le à vos voisins. Il explique l’esclavage dans lequel vous êtes tenu. Retournez-vous et devenez libres, ne cherchez que votre propre réalisation, libérez-vous de ce joug insupportable ! »</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">Au même moment dans les grandes capitales, aux endroits stratégiques des villes, d’autres organisaient la même promotion du <em>Retournement</em>, le livre de Nicéphore. En une heure le monde entier fut submergé, les médias ne surent plus où donner de la tête et les gens commencèrent à se rassembler dans les rues. Les assemblées de chaque pays furent convoquées, les gouvernements ne savaient que faire, la <strong>dP</strong> ne bougeait pas, terrassée par la pression publique et l’inertie des politiques.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">Nicéphore s’échappa de la salle de réception, s’enfuit au loin et put passer la frontière grâce au plan préparé trois semaines auparavant. Charles le suivit quelques jours plus tard. Par chance, il passa au travers des mailles du filet de la <strong>dP</strong> qui le recherchait. Car, quelques heures à peine après ces événements, tout redevint calme. Les quelques livres qui restaient à disposition du public furent récupérés et brûlés sur place par des " Volontaires de l’Ordre Établi ". Néanmoins, une bonne partie de la population put lire l’essentiel de l’ouvrage et comprendre les manipulations imposées par la classe politique et médiatique.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">Huit jours plus tard, débarquèrent à l’aéroport de Tombouctou deux hommes barbus. Ils ne portaient qu’un petit sac à dos, quasiment vide. Ils faisaient comme s’ils ne se connaissaient pas. Grâce aux faux papiers établis lorsqu’ils étaient encore bien en vue, ils passèrent la douane sans difficulté. Nicéphore chercha Mohamed et finit par le trouver sur le mur où il avait l’habitude de se tenir. "Allons-y ", lui dit-il. Mohamed alla chercher les trois dromadaires qui attendaient un peu plus loin et ils s’enfoncèrent dans le désert, vers les montagnes où aucune eau ne coule, mais où la liberté flotte dans l’air comme un parfum subtil.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">Et pendant ce temps, couvait sous les crânes du monde entier un vent de tempête qui explosera quelques années plus tard, enterrant la fin de l’histoire.</span></p>
galaventhttp://regardssurunevissansfin.hautetfort.com/about.htmlLa fin de l'histoire (35)tag:regardssurunevissansfin.hautetfort.com,2016-04-27:57899542016-04-27T07:33:00+02:002016-04-27T07:33:00+02:00 Vint le jour de la remise des prix. Nicéphore fit le voyage, accompagné par...
<p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">Vint le jour de la remise des prix. Nicéphore fit le voyage, accompagné par Charles et une horde de journalistes. Il avait auparavant été reçu par le Président de la République, à l’Elysée, qui s’était réjoui de ce nouveau prix Nobel pour la France. A la mairie d’Oslo un silence attentif précéda son discours :</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">« En recevant la distinction dont votre libre Académie a bien voulu m'honorer, ma gratitude est d'autant plus profonde que je mesure à quel point cette récompense est imméritée et, dans le même temps, totalement conquise et gagnée. En effet, j'ai beaucoup réfléchi avant de vous dédier ce discours qui traite du rôle du politique et de la société. Je ne souhaite pas faire un long discours, mais simplement vous dire quel est mon idéal et pourquoi j'ai choisi cette remise de prix pour en faire part alors qu'auparavant je vous ai tous trompés. »</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">Nicéphore laissa un petit temps de silence et remarqua que l’assemblée redoublait d’attention, tout en s’interrogeant sur ce qu’il pouvait avoir à dire de nouveau par rapport aux discours habituels et convenus. Il poursuivit :</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">« À quoi sert le politique, telle est bien la question primordiale en ces temps où n'est recherché qu'un consensus mou et obligatoire. Pour moi, le politique a une seule mission et celle-ci est essentielle : permettre à chaque concitoyen de se réaliser pleinement au maximum de ses possibilités au sein d’une société qui offre à chacun la même capacité d'épanouissement grâce à une paix entre les nations et entre les hommes et femmes du monde entier. Contrairement à ce que pensent beaucoup de politiques, leur problème n'est pas de gagner la compétition des nations au mépris de leurs concitoyens et des autres nations. Car alors ils sont prêts à tout pour arriver à leur fin, y compris l'asservissement du peuple dont ils font grand cas et qu'ils contraignent sous une férule inoffensive, mais ô combien perverse. Interdiction de penser par soi-même, une liberté totalement contrainte sous des dehors d'hygiène sociale, une égalité qui empêche tout progrès, une fraternité qui n'est qu'extérieure parce qu'elle ne vient pas du meilleur de chacun. C'est ce que je veux changer. C'est pourquoi je vous remercie à nouveau pour cette distinction. Elle me permet de m'exprimer ouvertement devant le monde et de propager ces idées, ce que je n'aurai pu faire seul, sans votre aide. Alors, je compte sur vous, passé la première surprise, pour promouvoir ce nouveau champ d’action politique presque totalement vierge, celui de l'épanouissement de chaque être humain, pour le bien de tous. (…) »</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">Charles, qui était bien sûr là, regardait les visages des personnalités présentes. Jusqu’à présent bienveillants, ils prenaient progressivement un air bougon, puis franchement hostile. L’assemblée commençait à comprendre ce que Nicéphore disait et cela ne lui plaisait pas du tout. Certains commencèrent à parler à voix basse, se penchant vers leurs voisins. Enfin, l’un d’eux, un homme assez rougeaud, avec un ventre replet, se leva. Mais ne sachant quoi dire, il se dirigea vers la sortie d’un air offusqué. Mais Nicéphore poursuivait :</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">« Vous connaissez bien sûr la phrase du Mahatma Gandhi : " Dès que quelqu'un comprend qu'il est contraire à sa dignité d'homme d'obéir à des lois injustes, aucune tyrannie ne peut l'asservir. " Oui, je demande au peuple de retrouver sa dignité, d’arrêter de croire ces politiques qui camouflent la vérité sous des slogans abrutissants, d’arrêter d’écouter les nouvelles truquées des télévisions et radios du monde entier et surtout d’arrêter de prendre ces pilules de faux bonheur. Enfin que chacun refuse les arrestations de la <strong>dP</strong>, que les roues de ses véhicules soient crevées, que des barrages soient levés, que les voisins viennent au secours des malheureux suspectés et que ces lois scélérates soient abrogées. »</span></p>
galaventhttp://regardssurunevissansfin.hautetfort.com/about.htmlLa fin de l'histoire (34)tag:regardssurunevissansfin.hautetfort.com,2016-04-23:57865102016-04-23T07:39:00+02:002016-04-23T07:39:00+02:00 Enfin vint le moment de sortir son livre. La pression médiatique, très...
<p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">Enfin vint le moment de sortir son livre. La pression médiatique, très motivée par l'action de Charles, répondit immédiatement présente. Le livre fut tout d'abord envoyé à quelques personnalités politiques, universitaires, économiques et même culturelles. Ceux-ci commencèrent à en parler en bien étant cités abondamment dans l'ouvrage. Cela permit une présentation à la télévision du livre et une sortie importante dans les librairies. Le livre s'arracha. On ne parlait que de cela. En quelques jours, il devint le livre de l'année, encensé par tous.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">Alors Nicéphore put travailler sur sa véritable finalité. Chaque année, l’Institut Nobel invite parlementaires, ministres, anciens lauréats, et professeurs à proposer des noms pour la prestigieuse récompense du le prix Nobel de la paix. Ce prix, qu'Alfred Nobel a institué en 1901, récompense « la personnalité ou la communauté ayant le plus ou le mieux contribué au rapprochement des peuples, à la suppression ou à la réduction des armées permanentes, à la réunion et à la propagation des progrès pour la paix ». Charles susurra à quelques partisans de son ami que celui-ci pourrait peut-être faire un bon candidat. Ceux-ci amplifièrent l'idée. Ce fut repris par l'ensemble de la classe politique qui y voyait l'occasion de se faire briller indirectement et de redorer le blason de la France. Sa candidature fut amplifiée dans un premier temps en France, puis très vite dans le reste du monde auprès des différentes élites politiques et autres. Il finit, au printemps, par être inscrit sur les cinq noms liés à une action de promotion d'une méthodologie à l'usage des gouvernants qui simplifiait considérablement l'action politique et surtout qui permettait de faciliter la résolution des points d'achoppement entre adversaires. Les politiques français l'avaient employée à plusieurs reprises et avaient toujours pu réconcilier les contraires. Nicéphore et quelques collègues, dont Charles, finirent par emporter le prix qui lui fut attribué pour sa contribution méthodologique à une diplomatie gérant les rapports entre les nations. Le président du comité Nobel norvégien lui téléphona, le félicita et lui demanda de préparer un discours de réception.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">Le soir même Nicéphore annonça à Charles qu'ils avaient gagné et qu'il ne leur restait plus qu'à préparer le discours de réception au cours duquel il annoncerait la parution du véritable livre, donnerait sa teneur surprenante et en lirait quelques extraits. Charles mit tout en œuvre pour que le manuscrit soit édité dans les temps, qu'il soit distribué dans toutes les grandes libraires et que des interviews soient programmées non seulement en France, mais dans le monde anglo-saxon et en Extrême-Orient. Le livre s’appellera « <em>Le</em> <em>retournement </em>», avait décidé Charles. Car il s’agit bien de se retourner, ou plutôt, de ne plus se laisser retourner. Ne plus chercher dans le monde les causes de notre déracinement, mais apprendre à chercher en soi-même en faisant le vide et non en remplissant notre quotidien d’informations préparées, digérées, édulcorées. Le retournement doit être un acte libre, réfléchi, qui engage la personne qui le fait en toute liberté.</span></p>
galaventhttp://regardssurunevissansfin.hautetfort.com/about.htmlLa fin de l'histoire (33)tag:regardssurunevissansfin.hautetfort.com,2016-04-18:57865082016-04-18T07:36:00+02:002016-04-18T07:36:00+02:00 Le jour même, Nicéphore se mit au travail. Tout d'abord, réunir les...
<p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">Le jour même, Nicéphore se mit au travail. Tout d'abord, réunir les informations nécessaires. Il se garda de se rendre à la bibliothèque, acheta un ordinateur, un logiciel de cryptage et commença à fouiller sur la toile. Sur chaque événement important concernant la conduite des affaires du monde, il recueillit en parallèle deux types d'informations: celles qui mettaient en valeur les actions menées par tel ou tel membres de gouvernements, d'organismes internationaux, d'industries de pointe et celles qui concernaient leurs procédés cachés, leurs pratiques frauduleuses, leurs gains éventuels. Les seconds étaient mis dans une partie cryptée du disque dur. Il travailla ainsi pendant plus de huit jours sans s'arrêter, accumulant des indices sur toutes les affaires du moment: construction de barrages, de centrales, d'usines, d'autoroutes. La deuxième partie de sa tâche consista à trier ces informations, à les recouper, voire à rechercher des informations complémentaires permettant de mettre en valeur la contribution au succès de l'événement ou, inversement, de creuser des pistes de compromissions ou même d'enrichissement illégal. Les événements étant décryptés dans les deux approches, il commençait à disposer d'une base sérieuse. Il lui restait à trouver des preuves crédibles auprès du public et inattaquables par les politiques. Pour cela, il mit au point un système de téléphonie passant par Internet et réussit à recueillir par interviews des preuves formelles qui, confrontées entre elles, mettaient en évidence l'implication de telle ou telle responsable. Il s'intéressa en particulier à tous ceux qui avaient préparé la loi sur la pilule et son système de contrôle. Il s'aperçut que nombreux étaient ceux qui, au départ, y étaient opposés, puis qui se sont laissés convaincre, moyennant des transferts d'argent ou des facilités offertes. Certains d'entre eux avaient reçu des prix prestigieux pour service rendu aux nations.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">Ayant accumulé des indices, puis des révélations et, enfin, des preuves, il réfléchit à un plan adéquat pour les mettre en évidence. Pour le premier livre, il n'eut pas trop de difficulté. Il suffisait d'entrer dans la logique du politiquement correct, agrémenté de statistiques et d'éloges facilement trouvés dans la presse. La crédibilité se construisait d'elle-même, agrémentée de preuves irréfutables. Pour le second, ce fut plus compliqué. Il disposait bien d'éléments valides difficilement attaquables, mais le problème était de les présenter en se mettant dans la peau de personnes connaissant peu ce milieu et persuadées que leurs responsables faisaient du mieux qu'ils pouvaient pour leur réserver une vie la plus agréable possible. Et personne ne pouvait l'aider dans cette tâche.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">Tout cela lui prit presque six mois. Pendant ce temps, Charles était sorti. Devenu prisonnier modèle, il avait été relâché au bout de deux mois pour bonne conduite. Les autorités n'avaient vu que du feu à sa soi-disant conversion. Il avait pris un poste dans la presse et l'édition qui lui permettrait le moment venu d'éditer et de diffuser les deux écrits. Il s'était rapproché des partis politiques au pouvoir et commençait à disposer d'un excellent carnet d'adresses. Le décor était en place, ils allaient pouvoir passer à l'action.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">Cela commença par des interviews. Charles interrogea un jour Nicéphore à propos d'un livre qu'il était sur le point de finir et qui traitait de l'action du gouvernement. Il expliqua que l'écrit ferait une petite bombe auprès du monde politique et médiatique, révélant l'excellence de l'école politique française par rapport à l'école anglo-saxonne tant au niveau de la conception des actions qu'au niveau de sa conduite. Cette interview somme toute assez bref, mis la puce à l'oreille de nombreux politiques. Chacun se demandait s'il serait cité et si ce qui était écrit lui permettrait de se représenter aux prochaines élections avec une chance supérieure d'être élu.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">Ce fut poursuivi par des conférences sur l'excellence française. De nationales, elles devinrent assez vite internationales. Le gratin politique se pressait pour se montrer et faire croire qu'il faisait partie de cette élite. Le plus petit attaché parlementaire s'ingéniait à se faire une place devant les caméras ou à donner une explication à un journaliste. Peu à peu, la notoriété de Nicéphore s'agrandit. Il fut demandé pour des soirées dans lesquelles les hommes politiques se pressaient, pour des petits déjeuners entre chefs d'entreprise, pour des goûters avec certains partis politiques. Les sondages le donnaient gagnant d'élections importantes. Il était connu, applaudi et encensé.</span></p>
galaventhttp://regardssurunevissansfin.hautetfort.com/about.htmlLa fin de l'histoire (32)tag:regardssurunevissansfin.hautetfort.com,2016-04-14:57861622016-04-14T07:49:00+02:002016-04-14T07:49:00+02:00 Le lendemain matin, tôt, vers cinq heures, il entra en communication...
<p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">Le lendemain matin, tôt, vers cinq heures, il entra en communication mentale avec lui :</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">Nicéphore : "Charles, je crois que j'ai trouvé le moyen de dénoncer le système. Cela demande du travail, beaucoup de travail, ce n'est pas sans risque, mais cela éclatera suffisamment à la face du monde pour éclabousser les responsables du système et provoquer un refus de prendre la pilule malgré la loi."</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">Charles: "Que comptes-tu faire?"</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">Nicéphore : "J'ai trouvé l'idée auprès de Sun Zi, le stratège chinois bien connu. Il appelle cela le stratagème du détour secret. Cela consiste à cacher notre intention véritable derrière une activité apparemment innocente et conforme à leur attente. Je vais écrire deux livres. Le premier encensera le système et donnera des pistes aux dirigeants pour mieux accomplir leur déculturation. Il devrait être possible d'atteindre une certaine notoriété avec un tel livre. Le second démontrera de manière impitoyable la connivence existant entre nos élites et la tromperie généralisée qui transforme la société en un troupeau bêlant avec l'aide des médias. Lors de la remise d'un prix ou d'une conférence ou d'un événement en faveur du premier livre, je dévoilerai le second et proclamerai la forfaiture."</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">Charles: "Excellent! Nos responsables n'y verront que du feu si nous savons tenir secret les recherches concernant le fonctionnement du système. Du moment où l'on flatte leur égo, ils ne percevront pas l'astuce et la préparation de notre attaque. Je pourrai t'aider à faire connaissance avec ceux qui connaissent les rouages et facilitent la mise en œuvre du système."</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">Nicéphore : "Cela nécessite que tu devienne un mouton et entre dans le jeu de la <strong>dP</strong>. Tu devrais y arriver en quelques semaines jusqu'au moment où te libéreront pour bonne conduite comme ils l'ont fait pour Magrit. Je crains hélas que celle-ci ait bien fait un retournement inconditionnel. Je suis passé la voir. Elle n'avait apparemment pas changé, mais j'ai bien perçu qu'elle avait été manipulée et qu'il serait difficile de lui rappeler les sentiments qu'elle avait auparavant envers la société."</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">Charles : "D'accord. Je vais jouer le jeu. Continuons à nous donner rendez-vous chaque matin pendant notre méditation. Merci Nicéphore, tu me redonnes espoir et je vais essayer de me montrer digne de ta confiance."</span></p>
galaventhttp://regardssurunevissansfin.hautetfort.com/about.htmlLa fin de l'histoire (31)tag:regardssurunevissansfin.hautetfort.com,2016-04-10:57855782016-04-10T07:04:00+02:002016-04-10T07:04:00+02:00 Ne sachant si, réellement, il était recherché ou non par la dP , il loua...
<p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">Ne sachant si, réellement, il était recherché ou non par la <strong>dP</strong>, il loua une chambre dans un quartier éloigné du sien, payant d’avance une semaine. Entrant en méditation, il fit le vide en lui-même et attendit que vienne une solution. Que pouvait-il envisager ? Il avait fait le tour des possibilités. Vers qui se tourner, vers quoi tendre ses efforts, où se diriger ? Il ne savait. Il se coucha quelque peu anéanti, se demandant comment il allait s’en sortir. Tôt le lendemain, alors qu’il reprenait la méditation, la solution lui apparut. Un stratagème, à la manière de Sun Zu pour qui la meilleure victoire est celle obtenue sans combat, par la surprise sur l’adversaire. Or l’adversaire était de taille : le monde politique, médiatique, culturel, intellectuel, industriel, etc. S’attaquer de face à l’ensemble de la société, c’était obligatoirement se mettre en état d’infériorité. Dans la matinée, il se rendit à la bibliothèque et trouva un livre intitulé <em>Stratagèmes, trois millénaires de ruses pour vivre et survivre</em>, écrit par Harro von Senger<a href="#_ftn1" name="_ftnref1"><span style="font-family: 'Century Schoolbook',serif;">[1]</span></a>. Celui-ci expliquait que l’auteur d’un stratagème se sert d’une configuration impénétrable, discrètement mise en scène, ayant un effet quelque peu théâtral, permettant de prendre au piège l’adversaire qui ne peut le déceler. Le stratagème est avant tout le fait d’une bonne connaissance de la manière de penser et d’agir de l’adversaire. Il se sert de l’habitude, de la crédulité, de l’orgueil, de la crainte, des méthodes et pratiques utilisées pour le conduire à de fausses manœuvres. Mais quel stratagème employer ?</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">Il y réfléchit tout l’après-midi. Tromper la société en général pourrait consister à abonder dans son sens, voire même à louer l’action des autorités, à jouer le jeu médiatique et à gagner la complicité des principaux acteurs de la société. Cependant, cela ne se fait pas du jour au lendemain. Il faut s’introduire dans une discipline proche des intérêts du pouvoir, créer un réseau favorable, monter les échelons jusqu’à être connu, puis devenir une référence. Bref, au minimum quatre à cinq ans, voire plutôt dix, d’efforts sans même savoir s’il y arrivera. De plus, il ne savait même pas si la <strong>dP</strong> l’avait fiché ou non. S’il l’était, cette tentative était vouée à l’échec dès le départ. Il entrevit alors une solution : un livre qui deviendrait une référence pour ces responsables, qui encenserait leurs pratiques et les justifierait et mettrait en évidence leur travail considérable pour la société. S’il arrivait à le faire connaître et être distingué pour un prix international important, pourquoi pas un prix Nobel de la paix, il pourrait alors faire volte-face et faire connaître la tromperie généralisée mise en place. Car son idée n’était pas bien sûr d’atteindre cette notoriété pour rien. Il s’agissait le moment venu, après avoir obtenu une certaine célébrité, de faire paraître un second livre, tout aussi percutant, qui démontrerait de manière certaine, la collusion existant entre ces personnes et la tromperie généralisée mise en place par un pouvoir aux mains de quelques-uns et encensé par quelques autres. Il décida d’en parler avec Charles.</span></p><p> </p><p><span style="font-size: 8pt;"><a href="#_ftnref1" name="_ftn1"><span style="font-family: 'Century Schoolbook',serif;">[1]</span></a> Harro von Senger, <em>Stratagèmes, trois millénaires de ruses pour vivre et survivre,</em> Paris, InterEditions, 1992, p.8.</span></p>
galaventhttp://regardssurunevissansfin.hautetfort.com/about.htmlLa fin de l'histoire (30)tag:regardssurunevissansfin.hautetfort.com,2016-04-06:57842722016-04-06T07:51:00+02:002016-04-06T07:51:00+02:00 Nicéphore prit toutes ses précautions pour entrer en contact avec Charles....
<p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">Nicéphore prit toutes ses précautions pour entrer en contact avec Charles. Il observa longuement, assis à la terrasse d’un café, l’entrée de son immeuble. Les gens entraient et sortaient tout à fait normalement. Il examina également l’environnement : les lieux d’observation, les voitures garées, les systèmes de vidéosurveillance. Tout semblait en ordre. Il remarqua cependant une nouvelle caméra qui filmait l’entrée. Elle ne se déplaçait pas, ce qui était une bonne chose. Elle se contentait de prendre des images en continu et le contenu devait être examiné si un fait anormal était survenu, donc a posteriori. Il alla s’acheter un chapeau à bords larges et un imperméable descendant au-dessous des genoux. Il acheta également une paire de lunettes noires et un grand carton à dessin. En fin d’après-midi, au moment où la lumière du jour commençait à faiblir, il se présenta à la porte, restant en permanence de dos par rapport à la caméra. Se cachant derrière le carton à dessin, il n’offrait rien qui puisse le faire reconnaître. Il poussa la porte, entra dans l’immeuble, chercha une autre caméra, mais ne vit rien. Il ne prit pas l’ascenseur. Arrivé devant la porte de l’appartement de Charles, il chercha à nouveau une caméra, mais ne vit rien. Alors, se cachant toujours derrière le carton à dessin, il sonna. Rien. Le silence. Au moment où il allait repartir, la porte s’ouvrit brusquement. Un homme passa la tête :</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">– Vous désirez ? demanda-t-il d’un air interrogateur.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">– Charles n’habite plus ici ?</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">– Je ne connais pas de Charles. De qui parlez-vous ?</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">– J’ai dû me tromper d’immeuble. Je suis bien au 6 ?</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">– Non, pas du tout, vous êtes au 8. C’est juste à côté.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">Ainsi Charles avait été dépossédé de son appartement. Le traitement n’était pas le même que celui de Magrit.<em> Où pouvait bien être Charles ?</em> Il ressortit en prenant les mêmes précautions. <em>Surtout ne pas être vu !</em> Comme il se trouvait à côté d’un parc, il décida d’y passer la nuit. Il franchit la grille sans trop de difficulté et s’installa dans un fourré. Recouvert de son imperméable, il passa une nuit assez agréable, sans avoir froid.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">En se réveillant, il médita une heure afin de continuer à maîtriser les flux qui pourraient réveiller son indicateur. A la fin de sa méditation, il eut une soudaine illumination. Il vit Charles, seul, dans une cellule cimentée. Il méditait lui aussi. Et bientôt, leurs pensées se rejoignirent. Ils purent se parler dans leur tête, mentalement, sans l’intermédiaire de la parole.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">Charles : " Nicéphore, vous voilà enfin. Je vous ai attendu longuement. J’ai passé des heures et des jours terribles. J’avais froid, j’avais faim, j’avais sommeil. Mais j’espérais. J’ai vu Magrit. Elle a capitulé. Elle reprend la pilule et a repris sa place dans la société. Sa conscience l’a quittée. Je me croyais seul et maintenant je vous retrouve, libre. Sommes-nous les seuls ? "</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">Nicéphore : " Je ne sais. Je ne connais pas d’autres libérés. J’ai rencontré des « sous-terrains ». Ils méditaient, mais sans conscience du but recherché. Ils ignoraient la délivrance, ce sentiment de toute puissance que donnent l’absence de crainte et l’accès au tout, c’est-à-dire au vide céleste. L’avez-vous éprouvé ? "</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">Charles : " Oui. J’ai vécu ces instants inouïs où ma personnalité n’existait plus. J’étais passé au-delà, dans cet espace hors du temps qu’est la véritable liberté. C’est ainsi que j’ai pu survivre à cet enfermement. J’y suis libre. Mais Dieu soit loué, ils ne le savent pas. "</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">Nicéphore : " Courage! Nous nous sommes rejoints. Gardons le contact. Chaque matin, à cinq heures précises, méditons et échangeons. Nous pourrons nous donner un but."</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">Charles : " On vient. Je vous quitte. A bientôt! "</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">Nicéphore jubilait. Il avait le sentiment d'avoir atteint un état extraordinaire, une excitation anormale qui lui conférait de pouvoirs qu'il n'avait pas en temps ordinaire. Et il était très probable que Charles éprouvait les mêmes sensations. Cette tension lui donnait l'impression de sortir de lui-même et d'être éveillé hors du monde matériel. Il naviguait dans un monde mental, spirituel, les nerfs à vif, à la frontière des perceptions habituelles et d'un autre mode de perception, plus intuitif et cependant pleinement réel.</span></p>
galaventhttp://regardssurunevissansfin.hautetfort.com/about.htmlLa fin de l'histoire (29)tag:regardssurunevissansfin.hautetfort.com,2016-04-02:57825772016-04-02T07:25:00+02:002016-04-02T07:25:00+02:00 Le lendemain, au réveil, Nicéphore eut la ferme conviction qu’il devait...
<p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">Le lendemain, au réveil, Nicéphore eut la ferme conviction qu’il devait repartir à la surface en dépit des risques. Il ne trouverait rien ici qui puisse l’aider à accomplir son destin. Au contact des « sous-terrains », il venait de réaliser un fait qui jusque-là lui avait échappé, une dichotomie existant en chaque homme. Celui-ci est tiré vers deux extrêmes qui sont en lui plus ou moins développés : la personnalité et l’essence. Il avait lu ce constat dans le livre, mais n’avait pas réalisé son importance. La personnalité n’est pas à lui, contrairement à ce que pense la plupart des gens. Elle est le fruit non seulement de son éducation, mais également de ses impressions, de ses sentiments appris selon les circonstances dans lesquels il a été plongé. La personnalité se forme, en partie, du fait de l’imitation involontaire des adultes. Seuls les petits enfants n’ont pas de personnalité. Leur être est réellement ce qu’il est au plus profond de lui-même. Les « sous-terrains » avaient découvert leur essence, mais ne savaient pas comment l’exploiter. L’essence des hommes peu cultivés est généralement plus développée que celle des hommes cultivés. Ils devraient donc disposer de la capacité de se développer et de s’accomplir. Mais leur personnalité est insuffisamment enrichie. Sans certaines connaissances, sans l’apport d’éléments qui ne leur appartiennent pas, ils ne peuvent pas commencer le travail sur eux-mêmes. En fait ils ont bien une essence, mais celle-ci est le plus souvent morte. Alors eux aussi veulent ce que veulent les autres, par mimétisme. Ils restent donc entre eux comme des enfants et ont peur de leur avenir. Leur personnalité ne voit que ce qu’elle aime voir et ce qui ne contrarie pas leur expérience. Elle ne voit pas ce qu’elle l’aime pas. Jamais Nicéphore ne pourra les convaincre de surmonter leurs appréhensions. Seul l’homme vrai peut pénétrer suffisamment son essence et la développer pour s’accomplir. </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">Ce jugement, certes hâtif, le décida. Il devait repartir vers le monde, même si celui-ci avait troqué la liberté contre l’égalité. A midi, il s’esquiva sans rien dire, reprit le long chemin du retour et déboucha à nouveau à la surface, soulagé. Il décida de rechercher Magrit. Il se dirigea vers son appartement. Rien ne semblait changé. Aucun policier en vue. Il monta et sonna à la porte. Magrit vint ouvrir. Apparemment, elle n’avait pas changé. Son visage restait ouvert, ses yeux vifs, son regard pénétrant, mais quelque chose semblait éteint, une ombre recouvrait son apparence.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">– Bonjour Nicéphore, entrez, lui dit-elle doucement. </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">Sa voix ! C’était sa voix qui avait changé. Une intonation inhabituelle, doucereuse, qui mettait mal à l’aise. Elle semblait jouer une comédie. Elle parlait faux, malgré un regard clair. Quelle subtilité de la part de ceux qui avait réussi ce changement. S’il s’était contenté de la regarder, il n’aurait rien vu, rien décelé.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">– Bonjour Magrit. Comment allez-vous ?</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">– Ma foi, bien. J’ai fait un petit séjour à la campagne parce que j’étais fatigué. Mais cela va mieux. Je peux reprendre ma place dans la société.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">– Quelle chance, lui répondit-il. Ils conversèrent pendant un quart d’heure, puis Nicéphore prétexta une course importante à faire. Elle lui dit au revoir, sans la moindre émotion, sans même paraître l’avoir connu dans d’autres circonstances. Il remarqua au dernier moment la petite cicatrice au-dessus de ses deux yeux. Elle avait été opérée ! La <strong>dP </strong>avait encore progressé, elle était capable de remettre, par la médecine, les gens dans le droit chemin.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;"><em>Il ne fait surtout pas qu’ils me prennent !</em> se dit-il en regardant autour de lui. Le système social avait du bon : personne ne se méfiait de personne si les comportements étaient bien huilés. Inversement, dès qu’une fausse note, telle qu’une réflexion sur la société, sur la liberté, sur l’égalité, sur le pouvoir politique, apparaissait, la personne était aussitôt prise en charge par la <strong>dP</strong>.</span></p>
Kralyhttp://lessongesdunenuit.hautetfort.com/about.htmlLa Pensée Positive... (15)tag:lessongesdunenuit.hautetfort.com,2016-03-29:57808692016-03-29T05:00:00+02:002016-03-29T05:00:00+02:00 Le sens de la cohérence : Le sociologue Aaron Antonovsky...
<p style="text-align: center;"><strong><span style="font-size: 12pt; font-family: 'times new roman', times, serif; color: #ff0000;">Le sens de la cohérence :</span></strong></p><p style="text-align: center;"> </p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 12pt; font-family: 'times new roman', times, serif; color: #ffff00;"><img id="media-5332810" style="float: left; margin: 0.2em 1.4em 0.7em 0;" title="" src="http://lessongesdunenuit.hautetfort.com/media/00/01/349057970.26.jpeg" alt="sens,cohérence,pensée,positive,nürnberger,individu,monde,santé,bien-être,idée,sentiment,orientation,philosophie,réflexion,comprendre,savoir,connaître" />Le sociologue Aaron Antonovsky s'est demandé ce qui maintenait les individus en bonne santé mentale. Réponse : le sens de la cohérence. Ce concept-clé est étroitement lié à l'optimisme. Selon Antonovsky, la cohérence est la "croyance générale, permanente et dynamique que la vie et ses exigences sont compréhensives, gérables et significative". Il défend l'idée selon laquelle le sens de la cohérence est une orientation globale. Il s'agit de la manière globale dont un individu voit le monde, s'en approche et répond à ses exigences. Le sens de la cohérence permet à l'individu :</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 12pt; font-family: 'times new roman', times, serif; color: #ffff00;">- de posséder un sentiment de confiance développé, durable et dynamique ;</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 12pt; font-family: 'times new roman', times, serif; color: #ffff00;">- de ressentir son monde intérieur et le monde extérieur comme hautement prévisible ;</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 12pt; font-family: 'times new roman', times, serif; color: #ffff00;">- d'être confiant dans le fait que les choses vont évoluer conformément à ses attentes raisonnables.</span></p><p style="text-align: justify;"> </p><p style="text-align: justify;"><span style="color: #ff0000;"><em><span style="font-size: 12pt; font-family: 'times new roman', times, serif;">(Extrait de "La Pensée Positive" de Elke Nûrnberger - Ed. "Ecolibris" - 2014)</span></em></span></p><p style="text-align: justify;"> </p><p style="text-align: justify;"><span style="color: #ff0000;"><em><span style="font-size: 12pt; font-family: 'times new roman', times, serif;">à suivre...</span></em></span></p>
galaventhttp://regardssurunevissansfin.hautetfort.com/about.htmlLa fin de l'histoire (28)tag:regardssurunevissansfin.hautetfort.com,2016-03-28:57776652016-03-28T07:14:00+02:002016-03-28T07:14:00+02:00 Il put passer la première nuit avec eux. Ils l’installèrent dans une pièce...
<p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">Il put passer la première nuit avec eux. Ils l’installèrent dans une pièce qui tenait lieu de dortoir. Trois d’entre eux restèrent avec lui et commencèrent à se déshabiller sans aucune gêne. Ils enfilèrent des sortes de pyjamas, déballèrent des matelas qui étaient dans un coin roulés en boule et se couchèrent dessus sans un mot. Ils s’endormirent vite, le laissant seul avec ses interrogations.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;"><em>Que faire ?</em> se demanda-t-il. Mon chemin se trouve entre deux attitudes : la passivité imposée par l’avertisseur ou une liberté non conquise qui ne mène à rien. Entre les deux, il n’avait connu que sa propre voie qui le laissait insuffisamment expérimenté et celles de Charles et Magrit qui s’étaient fait prendre par la <strong>dP</strong>. <em>Y a-t-il des hommes réellement libérés</em> <em>?</em> Et même s’il en trouvait, l’aiderait-il à parfaire sa libération ? Ne risquait-il pas de se trouver lui-même prisonnier d’un maître qui le contraindrait à pratiquer des voies auxquelles il n’adhérerait pas. Oui, il tenait à sa propre liberté, une liberté consciente et non une soumission à un gouvernement, un maître qui lui impose ses pensées et actions.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">Il se souvint avoir lu dans le livre que lui avait donné Charles qu’il existait trois sortes d’hommes qui sont en recherche de la liberté réelle : le fakir, le moine et le yogi. Le fakir travaille sur son corps physique et s’impose bien des épreuves pour se libérer de cet esclavage au corps. Il peut se tenir debout, sans un mouvement, pendant des jours entiers sous le vent, la pluie, la neige ou le soleil ardant. Il peut finir par dompter son corps, mais ses émotions et ses pensées restent non développées. Il a conquis la volonté, mais il ne possède rien à quoi il puisse l’appliquer. Le moine travaille sur ses sentiments. Il soumet toutes ses émotions à une seule émotion, la foi. Il développe en lui-même l’unité, mais une unité qui éteint son corps physique et sa raison. Enfin, le yogi travaille, lui, sur son intellect. Il sait, mais ne peut tirer parti de sa victoire sur lui-même. Cette vision des choses lui avait paru enfantine malgré ses apparences méthodologiques. Il était évident que le fakir devait obligatoirement maîtriser ses émotions et son intellect s’il voulait arriver à la maîtrise du corps, que le moine ne pouvait atteindre la spiritualité sans un certaine maîtrise du corps et de la raison et que le yogi ne peut devenir son propre maître que par, au moins au début, imitation d’un véritable maître.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">Le livre donnait alors la possibilité d’une quatrième voie qui ne peut être enseignée. Elle doit être trouvée et cet effort pour trouver est le premier test sur la voie de la libération. Cette voie n’exige pas le renoncement. Au contraire, les conditions de vie habituelles où il se trouve placé sont les meilleurs, car elles sont naturelles. La voie n’est pas liée à des exercices, la maîtrise des émotions ou le savoir, mais à la compréhension par l’expérience, par l’accumulation d’échecs, de petites victoires et de franchissement de barrières difficilement identifiables, mais réelles. Le livre appelait cette voie celle de l’homme rusé. Il dépasse la recherche sur les différents Je qui constituent son moi. Il s’élève vers un soi qui dépasse son corps, ses émotions et son intellect, ou plutôt qui en fait la synthèse et sait les faire fonctionner ensemble. <em> Mais comment conduire les rares personnes ayant un besoin de liberté suffisamment fort à une telle unité. </em>Il voyait bien que tout arrive en l’homme, qu’il n’était pas maître de lui-même et que cette maîtrise demande un long apprentissage hors des sentiers battus, dans lequel les circonstances extérieures jouent un rôle important. Lui-même en serait-il là s’il n’avait pas eu les contraintes qui se sont révélées à lui. <em>Attention, </em>se dit-il, <em>ne pas te considérer différent ! Oui, entre en toi-même, ne te laisse pas prendre au jeu des comparaisons !</em> Là-dessus, il s’endormit profondément.</span></p>
galaventhttp://regardssurunevissansfin.hautetfort.com/about.htmlLa fin de l'histoire (25)tag:regardssurunevissansfin.hautetfort.com,2016-03-16:57739382016-03-16T07:53:00+01:002016-03-16T07:53:00+01:00 Deux jours plus tard, les sans-abris lui parlèrent de gens qui habitaient...
<p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">Deux jours plus tard, les sans-abris lui parlèrent de gens qui habitaient sous la ville.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">– Ils sont un peu fêlés, dit l’un d’eux. Ils ne se montrent pas au-dehors. Ils vivent toute l’année dans les boyaux des lignes de métro abandonnées et restent là sans rien faire, assis, les yeux fermés, sans bouger. Ils semblent heureux et même intelligents.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">– Sont-ils nombreux ?</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">– Non, pas tellement, une trentaine, des hommes, mais aussi des femmes. Ils s’entendent bien, mais restent très indépendants les uns des autres. Ils ont tous une cicatrice au milieu du front, très visible. Une sorte de trou…</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">Nicéphore enregistra cette information qui lui parut être intéressante. Ainsi il y avait des gens qui vivaient hors de tout contrôle social, apparemment. Il semblait même ne plus porter d’indicateur. Peut-être les avaient-ils arrachés ? Il lui fallait trouver là où ils vivaient.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">Le lendemain, il demanda à ces deux nouveaux amis de le conduire aux gens dont ils avaient parlé hier. L’un d’eux s’écria que jamais il ne dévoilerait cette cachette et que d’ailleurs il était incapable de retrouver le chemin qui y conduisait. Le second ne dit rien, mais, un peu plus tard, prit Nicéphore à part et lui dit qu’il lui montrerait les galeries où ils sont réfugiés.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">Dans l’après-midi, il vint le trouver, lui dit de prendre son bagage et l’entraîna derrière lui. Ils marchèrent longuement, tantôt horizontalement, tantôt presque verticalement : escaliers, couloirs, portes, sans jamais rencontrer personne. Son compagnon ne disait rien. Il semblait savoir où aller, mais en était-il sûr ? Le silence était total. Aucun bruit de la ville ne leur parvenait. Parfois, on entendait l’écoulement des eaux dans les tuyaux ; d’autres fois, c’était le grincement d’une porte rouillée ou le piétinement des rats dans les couloirs. Seule, la lampe électrique que tenait son accompagnateur maintenait une illusion de vivant. Nicéphore était perdu. Il ne savait plus s’il se trouvait loin de la surface, loin du lieu d’où ils étaient partis. Enfin… Une dernière porte, puis la lumière. Ils étaient aveuglés. Elle était chaude, dorée et semblait diffuser le contentement, voire caresser le visage d’un souffle apaisant. Ils s’arrêtèrent, écoutant le silence qui avait mis de la tendresse dans son écho. Derrière une autre porte, ils devinaient des chants, doux comme le beurre sur une biscotte qui craque. Nicéphore eut envie de fuir. Quels étaient ces fous ? se demanda-t-il.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">Ils entrèrent. La pièce était sombre, à peine éclairée par quelques bougies. Des hommes et des femmes étaient assis le long des murs, immobiles, silencieux, les yeux clos, en méditation. Ils n’étaient tournés vers rien, se faisaient face, et semblaient être concentrés sur le milieu de la salle. Mais celle-ci était vide. Quelle étrange réunion, se dit-il. Son accompagnateur avait disparu. Il était là, debout, hésitant, le cœur battant. Un des hommes lui fit signe de s’assoir à côté de lui. Il prit un coussin, s’assit en tailleur, redressa sa colonne, joignit les mains et ferma les yeux. Il se sentait bien. La surprise lui avait permis de faire le vide en lui-même. Aussi retrouva-t-il sans difficulté ce qu’il avait découvert dans le désert près de Tombouctou. Peu à peu, cette paix individuelle qu’il éprouvait rejoignit celle des autres. Il eut le sentiment qu’il entrait dans une nouvelle ère, plus électrique, plus chargé de minuscules vibrations qui entretenaient une sorte de courant entre eux. C’était imperceptible, mais néanmoins palpable. Ses poils se hérissaient et semblaient flotter dans l’air. Il se sentit léger, délivré même du souci de maintenir son indicateur éteint. Plusieurs fois, il faillit s’endormir, sa tête tomba sur sa poitrine, le contraignant à une attention soutenue.</span></p>
galaventhttp://regardssurunevissansfin.hautetfort.com/about.htmlLa fin de l'histoire (24)tag:regardssurunevissansfin.hautetfort.com,2016-03-13:57714752016-03-13T07:41:00+01:002016-03-13T07:41:00+01:00 Commença alors une vie errante, d’hôtels en chambres louées à des...
<p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">Commença alors une vie errante, d’hôtels en chambres louées à des particuliers, avec de longues journées dehors, en guettant le soir avant d’oser entrer dans un refuge incertain. Ce n’est pas que cela lui faisait peur, mais il n’avait pas la tranquillité d’esprit nécessaire pour investiguer franchement et tenter de savoir ce qu’il était advenu de Magrit et Charles. Toujours sur ses gardes, il devait continuer à être libre pour transmettre ce qu’il avait appris au cours de ces quelques mois. Une question le tracassait cependant : était-il dorénavant seul ou y avait-il d’autres personnes qui, comme lui, cherchaient une libération ? Il comprit qu’il ne pourrait trouver une réponse tant qu’il serait soumis à cette vie errante, mais il ne voyait pas où il pourrait aller pour poursuivre ses découvertes, sauf à nouveau à Tombouctou. Mais il faut prendre l’avion, donc disposer de papiers d’identité qui ne soient pas à son nom. Continuer comme aujourd’hui revenait à se faire prendre un jour ou l’autre parce que son avertisseur s’allumerait sans qu’il puisse le contrôler. Il se sentait néanmoins investi d’une mission particulière. Laquelle ? Il ne savait pas trop. Il s’efforçait de la préciser sans trouver réellement une réponse. Il passait plus de temps en méditation, se créant une véritable chambre intérieure dans laquelle il se détachait des influences du monde et qui lui donnait la force d’empêcher l’indicateur de s’éclairer. Cette chambre était vide. Il n’y trouvait rien. Mais ce rien lui permettait justement de ne plus être atteint par l’extérieur. Il concentrait toute son attention à ce qui se passait en lui tout en oubliant son Moi social. Il cultivait le calme. Il s’efforçait de paraître semblable aux autres : paraître seulement et non pas être. Il s’interrogeait sur sa vocation véritable, sur le but de sa vie. Il prit conscience de ses erreurs d’objectifs : toujours courir après un leurre, que celui-ci soit professionnel, social, culturel, familial ou autre. Les aléas de la vie ne devaient pas le guider vers un futur quelconque. Seul le but qu’il arrivera à se fixer lui permettra de poursuivre sa destinée. Il était, dans le même temps, bien conscient que cette vision n’était que temporaire et dépendait du temps et de l’intensité qu’il consacrait à sa méditation. Selon les moments de la journée et les influences subies, il s’écartait plus ou moins de son objectif de trouver la « liberté intérieure ». Cette expression lui était venue un jour où, fuyant un hôtel dont le propriétaire devenait soupçonneux, il comprit cette cassure existant entre la notion de liberté dans la vie quotidienne et une véritable liberté intérieure, faite non pas de satisfaction de ce que l’on veut, mais d’absence de volonté d’obtenir quelque chose. « Liberté intérieure » : un trou d’air dans sa vie difficile, une aspiration qui l’enchantait et le poussait à agir selon celle-ci, à l'écart des habitudes sociales.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">Il s’était réfugié sous un pont en raison d’une pluie incessante et y avait trouvé deux clochards (oui, les sans-abris existaient encore, par vocation plutôt que par obligation). Ils avaient bu, sans plus, divaguaient quelque peu et s’étaient moqués de lui. Il n’en ressentait aucune gêne. Il avait même parlé avec eux, calmement, les considérant comme des congénères qui n’ont pas encore découvert cet espace que chacun possède en soi pour se sentir en harmonie avec le monde. Il n’y avait pas création d’une distance entre lui et eux, pas non plus la conscience d’être autre. C’était une aspiration intérieure qui le guidait, un mince souffle qui lui faisait comprendre l’incroyable destinée commune qu’ils possédaient, eux et lui, et qui le poussait à les comprendre et les aider. Sensation étrange, comme l’habitation d’un souffle qui passait au travers de son corps et l’entraînait à une attention soutenue pour s’oublier lui-même.</span></p>
galaventhttp://regardssurunevissansfin.hautetfort.com/about.htmlLa fin de l'histoire (23)tag:regardssurunevissansfin.hautetfort.com,2016-03-09:57698802016-03-09T07:20:00+01:002016-03-09T07:20:00+01:00 Il ressentit tout à coup la légère pression des liens entre lui-même et le...
<p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">Il ressentit tout à coup la légère pression des liens entre lui-même et le monde. Il rattrapa une jeune fille et, instantanément, fut englobé dans ces pensées. Il ne vit qu’une moitié de joue et les cils de l’œil gauche, le tout entouré de cheveux foisonnants. Cette joue devint une sorte de miroir qui lui renvoyait son entendement aussi naturellement que si elle avait pris un téléphone pour lui parler. Il était en elle comme il était dans ses propres pensées une minute auparavant. Un saut d’un monde à l’autre, sans transition, le laissant aussi à l’aise dans l’un que dans l’autre. Cela ne dura pas longtemps, cinq ou dix secondes. Mais quelle précision ! Femme tout d’un coup, il était plongé dans une vision féminine du monde. Il voyait en femme une situation entrevue habituellement avec plus de distance et moins d’implication des sens. Là, le monde était plus rond, plus caressant, plus à fleur de peau également. C’était un monde plus concret, plus ancré dans les sensations et sentiments, moins distant et probablement plus vrai, parce que plus enraciné dans la réalité. Il touchait le monde et les fibres qui relient chaque être ou chaque chose avec un autre et jouais une autre symphonie, plus charnelle, plus tendre, moins rationnelle et plus vivante. Les femmes donnent naissance au monde alors que les hommes le décortiquent. Ils jouent aux cubes, inlassablement, édifiant et démolissant le monde, pendant que les femmes nagent dans leurs relations, pour y trouver l’harmonie qui les relie. Il comprit qu’une femme ancre sa place dans le monde en jouant de ces fibres qui unissent entre eux les êtres et les choses. Les hommes, eux, s’attachent plus à construire et reconstruire leur position dans le temps et l’espace pour atteindre un équilibre précaire que les nouvelles relations établies entre eux amènent à une nouvelle mobilité. Il ressentit l’importance de disposer des deux visions. Elles consacrent un accomplissement qui devient un commencement, une autre manière de percevoir l’univers, une unification des liens entre les deux aspects de la nature, la féminine et la masculine. Ce fut une sorte de mariage intérieure, la naissance d’une intense luminosité due à la jonction entre le tout et l’absence de moi. Enfin ! Il était, unique, au milieu de tous, parmi tous et tout, parce qu’il avait oublié ce moi encombrant, taraudé de questions sans réponses. Quelques instants plus tard – combien ? Il ne le savait – il eut l’impression de se réveiller. Il était dans un état d’exaltation passionnée, sous l’effet d’une tension intérieure impressionnante, mais tellement enrichissante. Progressivement il retrouva la ville, le passage des passants, le bruit des poubelles, le bourdonnement des voitures démarrant au feu rouge. Le monde reprenait sa place, redevenu éternel et indifférent. Mais en lui, désormais, le rire et les larmes se mêlaient, devenus un même état d’être, au-delà des sensations et des sentiments.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">Le lendemain, il apprit par les médias l’arrestation de Magrit. Comment avaient-ils su ? La <strong>dP</strong> l’avait arrêtée à quatre heures du matin en pénétrant chez elle avec l’aide d’un bélier. Les premiers comptes rendus la désignaient comme une dangereuse idéologue, antisociale et néfaste à l’esprit républicain. Bien sûr, il n’était nullement indiqué où elle avait été transférée. <em>Diable ! Cela se rapproche ! Que faire ? Dois-je rester dans mon appartement ou, au contraire, partir loin d’ici ?</em> Il ne savait. En attendant de prendre une décision, il rassembla dans un petit sac quelques vêtements, deux livres, ses papiers d’identité, de l’argent. Il était prêt pour toute fuite ou même arrestation. <em>D’abord prendre des forces,</em> se dit-il. Il médita une heure, s’efforçant de retrouver les sensations de la nuit. Puis, il sortit, avec son sac. Bien lui en prit. À peine avait-il franchi le premier carrefour, qu’il entendit les avertisseurs des voitures de la <strong>dP</strong>. Lui aussi était donc recherché !</span></p>
galaventhttp://regardssurunevissansfin.hautetfort.com/about.htmlLa fin de l'histoire (22)tag:regardssurunevissansfin.hautetfort.com,2016-03-06:57698782016-03-06T07:18:00+01:002016-03-06T07:18:00+01:00 Ainsi je ne suis pas seul , se dit-il . Magrit a également choisi. Mais je...
<p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;"><em>Ainsi je ne suis pas seul</em>, se dit-il<em>. Magrit a également choisi. Mais je ne comprends pas comment elle fait. Prend-elle toujours la pilule ? Comment fait-elle pour lutter contre ses effets. Il faudra que je lui demande.</em> Il rentra vite chez lui, sentant que son cerveau commençait à s’embrouiller et qu’il n’en était plus maître. Il rentra d’extrême justesse. À peine avait-il franchi sa porte que son indicateur s’alluma, le dénonçant automatiquement. Il ferma aussitôt les rideaux, craignant que cette lueur n’attire les regards. Il s’installa en posture de méditation et commença à entrer en lui-même, calmant les battements de son cœur et ses inquiétudes. Tentant de respirer consciemment, il découvrit une autre manière de faire silence en lui, particulièrement efficace lorsqu’il est en situation de stress. Il eut l’impression de respirer au-dedans de lui-même. Partant du ventre, sa respiration fit naître en lui un espace libre au-dessous de la gorge, comme un air de liberté inviolable qui grandissait en lui et allégeait ses difficultés. Très vite, il se sentit délivré, libre, aérien. Ce fut une exaltation sans fin, un trou dans le réel qui le faisait changer de monde. Il se détendit, laissant jouer ses muscles, ses tendons, tout en maintenant son corps droit. Il eut le sentiment d’être aspiré et de se nettoyer intérieurement. La frontière entre son personnage extérieur et sa réalité intérieure s’éclipsa ou, tout au moins, devint transparente. Il acquit une lucidité qu’il n’avait jamais connue jusqu’à présent. Il ouvrit les yeux, constata que son indicateur s’était éteint. Il s’endormit très vite et ne se réveilla que dans la matinée, en pleine forme. Il sortit courir dans la ville et eut l’impression de voler entre les immeubles. Il sentit son cœur devenir chaud et chaque passant lui sembla aimable et beau.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;"><em>Quelle sensation extraordinaire !</em> se dit-il. Il courait et le monde s’ouvrait. Les liens se tissaient entre les immeubles, d’autres liens entre les gens qu’il croisait. Tous ces liens donnaient une étrange conformité au paysage, comme un revêtement de couleurs douces et huilées. Il écouta le martèlement de ses chaussures sur le sol goudronné. Il devenait de plus en plus léger et sentait son poids devenir plus faible, moins sensible. Sa légèreté intérieure se transmettait à sa perception extérieure. L’enveloppe de son corps s’amenuisait. Il ne sentait plus la différence entre cette présence extérieure des êtres et des objets et celle, intérieure, de son propre moi qui devenait inexistant. C’est cette absence de personnalité qui lui permettait de vivre ce moment unique, l’osmose de son être avec le monde. L’univers était en lui et il était l’univers.</span></p>
galaventhttp://regardssurunevissansfin.hautetfort.com/about.htmlLa fin de l'histoire (21)tag:regardssurunevissansfin.hautetfort.com,2016-02-29:57668072016-02-29T07:08:00+01:002016-02-29T07:08:00+01:00 Le lendemain, il se présenta à la porte de la jeune fille. Rien, aucune...
<p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">Le lendemain, il se présenta à la porte de la jeune fille. Rien, aucune trace de policiers. Tout semblait normal. Il n’hésita pas, monta au quatrième étage et sonna. La porte s’ouvrit. Margit était là, sereine. <em>Aujourd’hui, elle détient une beauté</em> <em>cachée</em>, pensa-t-il.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">– Bonjour Margit. Je désirais parler encore avec vous. Notre conversation de l’autre jour m’a fait du bien, mais elle a ravivé le souvenir de Charles. Je désire en parler si cela ne vous dérange pas.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">– Entrez, me dit-elle avec un sourire discret.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">Elle le fit entrer dans la même pièce qui devait servir de salle de séjour. Elle était encombrée, mais rangée. Dans un coin, un ordinateur était installé sur une table, ouvert et allumé. Quelques feuillets à côté montraient son utilisation studieuse. Il s’assit, sur sa demande, dans une sorte de canapé recouvert d’une draperie rouge avec les motifs orientaux et elle lui proposa un café qu’il déclina.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">– Que s’est-il passé l’autre jour ? Je suis venu et j’ai vu votre maison gardée par des policiers. Je vous ai cru arrêtée.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">– En fait, non. C’était une erreur faisant suite à une dénonciation entre voisins à laquelle je n’étais absolument pas mêlée. Une histoire d’intérêt.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">– J’ai cru que j’avais perdu la dernière trace de Charles. J’ai besoin de savoir comment vous l’avez réellement connu ? lui demanda-t-il.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">– C’était il y a un an. Je l’ai rencontré à la sortie de la fac. Nous nous sommes heurtés dans un couloir. J’ai perdu mes cahiers et il les a ramassés prestement non sans lire ce que j’avais marqué sur la page de garde de l’un de ceux-ci : recherches. C’était un mot qui m’attirait, sans plus. Je l’avais adopté, sans comprendre qu’il pourrait m’attirer des ennuis. Re-cherche, cela signifiait que non seulement il fallait chercher, mais qu’il fallait ne jamais cesser de chercher. <em>Mais que cherchez-vous ?</em> me demanda-t-il d’un air moqueur. <em>Je ne sais, </em>lui répondis-je. <em>Je cherche un sens à ma vie, mais lequel ? C’est pour l’instant impossible à dire. Je sais que je dois chercher et cela me suffit.</em> Il m’invita à prendre quelque chose dans un café et me parla alors de sa propre vie. <em>Moi aussi, je cherche, </em>me précisa-t-il<em>. Je sais ce que je dois chercher. Je commence à acquérir quelques connaissances, mais ce n’est bien sûr pas suffisant pour avoir une idée précise de ce que je veux trouver. Une certaine paix, probablement. Mais laquelle, pour quoi faire, comment ? Je ne sais pas. Cette recherche me semble importante pour mon équilibre. Sans elle, je me sens nu et méprisable. C’est comme une lueur au fond de moi qui me pousse à poursuivre, presque malgré moi.</em> J’étais émerveillé de trouver quelqu’un qui connaissait mes préoccupations et qui était plus avancé que moi sur le chemin. Il avait fait se lever une lumière en moi, une certitude sans savoir pourquoi, et cela me permit d’approfondir mes propres questions. Nous nous revîmes une fois ou deux, dans un café, discrètement, avant les événements dont nous avons parlé et sa disparition.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">– Avez-vous peur ? lui demandais-je.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">– D’un côté, oui, bien sûr. Qui n’aurait pas peur de disparaître sans que personne ne sache où il est passé. C’est effrayant. Mais d’un autre côté, non. Pourquoi ? Probablement le fait de savoir qu’il existe autre chose qui est le bien le plus précieux : une partie de l’être qui est sans crainte parce qu’elle fait vivre l’autre partie. Elle est plus profonde que le moi conscient dans lequel on se confond habituellement. Cela m’éclaire tellement que plus rien ne pourrait m’empêcher de la faire vivre et de la développer. Mais j’avoue que je ne sais vers qui me tourner. J’ai peur d’en parler, car il y a des policiers partout ou des gens prêts à vous dénoncer. Ainsi, lorsque vous êtes venu me voir l’autre jour, j’ai craint d’avoir été dénoncée. J’ai joué la bécasse pour que vous ne puissiez m’identifier. Je me suis pourtant trahie sur les dernières paroles et c’est sans doute pour cette raison que vous êtes revenu, n’est-ce pas ?</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">– Oui, c’est vrai, mais c’était heureux, car j’ai failli laisser tomber votre piste. Cela m’a mis la puce à l’oreille et j’ai décidé de vous revoir une dernière fois. Bien m’en a pris… Magrit, prenez garde à vous ! La société guette tous ceux qui n’obéissent pas à ses règles et les punit violemment. Comment ? Je n’en sais rien, mais c’est encore plus effrayant ! Inversement, je ne vous dirai jamais d’arrêter votre quête, car je sais combien elle est importante pour vous comme elle l’est pour moi. Alors, concluons un pacte. Entraidons-nous discrètement et cherchons où peut se trouver Charles. On lui doit bien cela.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">Après quelques autres échanges, il quitta Magrit en lui recommandant à nouveau de prendre garde à elle et en lui donnant l’exemple de Charles qui était pourtant parfaitement au courant de ce qu’il risquait.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt; font-family: 'Century Schoolbook',serif;"> </span></p>
galaventhttp://regardssurunevissansfin.hautetfort.com/about.htmlLa fin de l'histoire (20)tag:regardssurunevissansfin.hautetfort.com,2016-02-26:57653722016-02-26T07:32:00+01:002016-02-26T07:32:00+01:00 Pour avancer, il décida de lire attentivement la philocalie des Pères...
<p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">Pour avancer, il décida de lire attentivement la philocalie des Pères neptiques. Il apprit que le terme neptique vient du grec Nepsis qui signifie la « sobriété de l’âme ». Nicodème, un des Pères dont les écrits avaient été intégrés au recueil, était cité en préface : « <em>Enivrez-vous de l’ivresse que donne la vraie sobriété </em>». Très vite, il comprit que son objet consistait à rechercher le silence en Dieu. Une phrase lui vint à l’esprit : <em>du non-être naîtra l’être</em>. Il ne comprit pas ce qu’elle signifiait, mais elle resta là, dans son cerveau, comme gravée. Il découvrit que le recueil était composé d’écrits de nombreux pères et avait été préparé au Mont Athos. Son titre d’ailleurs était beaucoup plus imposant que celui utilisé habituellement : <em>philocalie des saints neptiques, compilée d’après nos pères saints et théophores, dans laquelle, par la pratique et la théorie de la philosophie morale, l’intellect est purifié, illuminé et rendu parfait</em>. A cette fin, la pratique de l’ascèse et la prière du cœur étaient considérées comme le véritable moyen de se préserver de l’esclavage du monde visible. Il eut malgré tout beaucoup de mal à entrer plus avant dans les textes. Le terme de Dieu s’y rencontrait pratiquement à toutes les lignes et son esprit encore imbibé de cartésianisme rejetait cette façon d’aborder le monde. Il comprit néanmoins qu’au-delà des différences de langage, le fond était le même : trouver en soi, par l’apprentissage de l’absence de soi, le tout dénommé Dieu. Il remarqua néanmoins dans un des textes de Maxime le Confesseur ces deux phrases : <em>quand, par le désir ardent de l'amour, l'intelligence émigre vers Dieu, alors elle ne sent absolument plus aucun des êtres. Tout illuminée par la lumière infinie de Dieu, elle est insensible à tout ce qu'il a créé, de même que l'œil ne voit plus les étoiles quand le soleil se lève</em>. Ainsi l’amour avait des rapports avec l’intellect, mais pas du tout de la manière à laquelle il pensait auparavant. L’intellect est subordonné à l’affectif, mais celui-ci doit auparavant être purifié des passions pour prendre la première place. Quelle leçon d’humilité. Mais Nicéphore sentait qu’il tenait quelque chose qui ne pourrait lui être ravi, même sous la contrainte et cela lui fit chaud au cœur. Il avait encore besoin de manifestations intérieures d’encouragement pour poursuivre. Il se sentait faible, toujours soumis à ses humeurs, mais celles-ci prenaient, dans le même temps, de la distance. Il arrivait à s’en détacher.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">Deux jours plus tard, il tenta de revoir Margit. Mais arrivé devant chez elle, il vit la porte gardée par deux policiers en civil, vérifiant les papiers de ceux qui cherchaient à entrer. Il poursuivit sa route sans même jeter un œil sur ce qu’ils faisaient, se disant qu’il l’avait échappé belle. Il était en effet fort probable que Margit avait été arrêtée et il ne voulut pas en savoir plus. Il eut juste une interrogation bizarre : que vont devenir ses documents dont certains étaient des textes rassemblés par Charles ?</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">Nicéphore sentit ce jour-là la charge qui pesait sur ses épaules. Il semblait se retrouver seul au monde. Il détenait un secret inavouable et cela lui pesait. Il espérait que personne ne l’avait remarqué et ne soupçonnait ce qu’il cachait au plus profond de lui-même. Il y tenait, mais ne voulait surtout pas que cette découverte soit connue. <em>Margit a-t-elle ou non été arrêtée ?</em> se demanda-t-il soudainement. Il n’en savait rien en fait. <em>Il faut que j’y retourne</em>, se dit-il.</span></p>
galaventhttp://regardssurunevissansfin.hautetfort.com/about.htmlLa fin de l'histoire (19)tag:regardssurunevissansfin.hautetfort.com,2016-02-23:57634352016-02-23T07:31:00+01:002016-02-23T07:31:00+01:00 Auparavant, Nicéphore fit des recherches. Il n’avait entendu parler de la...
<p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">Auparavant, Nicéphore fit des recherches. Il n’avait entendu parler de la philocalie qu’indirectement au cours d’une rencontre en Grèce dans un monastère orthodoxe. Il se souvenait de l’expression « les pères neptiques », mais n’en savait guère plus que la jeune fille. Il se plongea dans la lecture de Gnosis, ce livre que lui avait prêté Charles. Ce qui l’avait attiré était l’introduction concrète :<em> notre vie intérieure change presque à tout instant. Cependant l’homme prétend avoir de la suite dans les idées et être conséquent dans les actes.</em> Poursuivant sa lecture, il était écrit que ce que chacun appelle le moi est un terme énigmatique et très peu défini. Ce Moi évolue, change, n’est jamais le même. Il est un ensemble de Moi qui constitue la personnalité d’une personne, laquelle est très souvent insaisissable. Malheureusement, très vite, le texte entrait dans des considérations théoriques qui avaient rapidement lassé Nicéphore. Il était question de trois modes de vie ou trois centres de la vie psychique, le centre intellectuel, le centre émotif et le centre moteur, qui se situent dans le cerveau, le cœur et le plexus solaire. Selon les cas, l’un des trois prédomine pendant quelques instants dans la personnalité et donne à celle-ci une apparence de cohérence. Il apprit que le centre intellectuel enregistre, pense, calcule, recherche ; que le centre émotif a pour domaine les sentiments, les sensations et les passions ; que le centre moteur dirige les cinq sens, accumule l’énergie dans l’organisme par ses fonctions instinctives et préside, par ses fonctions motrices, à la consommation de cette énergie. La conclusion sautait aux yeux, sans toutefois être explicite : il s’agit de dépasser la conscience subjective du Moi pour atteindre la conscience objective du Moi individuel, c’est-à-dire la conscience de Soi. Cet état de conscience n’est pas un état habituel. Il ne vient que par des ruptures insolites qui font prendre conscience de cette unité profonde existant en l’homme, si difficile à atteindre en raison de la dispersion permanente de celui-ci à l’intérieur de ces trois centres.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">Refermant le livre, il comprit que son séjour dans le désert avait constitué une rupture qu’il devait cultiver et agrandir. Celle-ci lui avait permis de déjouer la <strong>dP</strong>. Il s’efforçait d’entretenir en lui cette découverte ténue qui le protégeait des investigations des enquêteurs. Il comprit que cela ne suffisait pas et qu’il se ferait prendre un jour ou l’autre s’il n’allait pas au-delà. Ah, mais oui ! Cette sensation de vide qu’il avait ressenti au cours de sa méditation était-elle semblable à ce que Charles appelait désapprendre le monde ? C’était possible. Cela impliquait également que cette notion de monde visible et invisible soit éclaircie. Il était simple de comprendre ce que signifiait le monde visible, celui que l’on voit et que l’on ressent, mais de quoi parlait-on lorsqu’il s’agit du monde invisible ? Est-ce un monde que l’on ne peut voir, mais que justement l’on peut ressentir ? Est-ce un monde virtuel construit de l’imagination de l’homme ? Est-ce le monde des idées, un monde purement intellectuel ? Ces suppositions se bousculaient dans sa tête sans qu’elles puissent s’enchaîner les unes aux autres.</span></p>
galaventhttp://regardssurunevissansfin.hautetfort.com/about.htmlLa fin de l'histoire (18)tag:regardssurunevissansfin.hautetfort.com,2016-02-19:57620282016-02-19T07:47:00+01:002016-02-19T07:47:00+01:00 Il se décida à revoir la jeune fille que Charles avait rencontrée à...
<p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">Il se décida à revoir la jeune fille que Charles avait rencontrée à Montmartre. Il dut prendre des précautions ne voulant pas qu’une maladresse de sa part lui cause un préjudice irréversible. Il la suivit quelque temps dans ses trajets habituels. Un jour, dans un autobus, il saisit l’occasion d’une place libre à côté d’elle pour engager une conversation anodine. Elle se souvenait bien de lui sans le dire ouvertement. Il la convia à prendre un café dans un bistrot place Clichy. Là, perdus dans la foule anonyme des consommateurs, ils purent échanger quelques mots.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">– L’avez-vous vu souvent avant sa disparition ? lui demanda-t-il après les échanges habituels de gens qui se connaissent peu.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">– À peu près une dizaine de fois. C’était quelqu’un qui parlait peu, assez discret. Mais lorsqu’un sujet l’intéressait, il faisait preuve de connaissances que je n’aurai pas soupçonnées chez lui. Il s’intéressait particulièrement à la philosophie et la mystique dont il parlait à mots couverts. Un livre l’avait profondément marqué. Il s’appelait d’un nom bizarre. Autant que je me souvienne, quelque chose comme philocaïde. Il m’a parlé de manière d’être et d’exercices destinés à améliorer la perception du monde.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">– Ne s’agit-il pas plutôt de philocalie ?</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">– Oui, ça doit être ça. Mais il ajoutait une drôle d’expression, quelque chose comme philocalie des frères nautiques. Il n’a pas eu le temps de m’en dire plus. J’avoue que je ne sais ce que signifie l’expression des frères nautiques. Je suppose qu’il s’agit d’un lieu de réunion de passionnés de navigation ou d’un club d’aviron. Mais ce sont de pures suppositions.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">– Je pense que vous confondez. Il doit s’agir de la Philocalie des Pères neptiques, un livre mystique écrit au XVIIIe siècle et qui s’est répandu dans toute l’Europe au début du XIXe. Un très beau livre de réalisation intérieure.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">– Pardonnez-moi, je n’y connais rien. De quoi s’agit-il ?</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">– C’est un recueil de textes de la spiritualité orthodoxe. Le terme philocalie signifie « amour de la beauté ». Il s’agit là de la vraie beauté, celle du monde invisible, caché derrière le monde visible. Les textes parlent tous de la manière d’atteindre ce monde invisible, par la prière.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">– Vous y croyez, vous ? C’est quoi ce monde invisible ? lui demanda-t-elle abruptement.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">Nicéphore eut tout à coup des doutes. Cette fille a-t-elle été l’amie de Charles où ne serait-elle pas une espionne de la <strong>dP</strong> ? Ne s’était-il pas trop engagé ?</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">– Ce qui m’intéresse, c’est l’histoire des pensées et comment envisager le monde. J’écris un livre sur les différentes utopies ayant régné en Europe depuis le Moyen âge. Les utopies religieuses ont été nombreuses et variées. Celle de la philocalie a été particulièrement importante grâce à la diffusion d’un livre appelé « Récit d’un pèlerin russe ».</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">Nicéphore s’en tira ainsi et n’osa plus insister. Cette fille était un peu bécasse et il fallait s’en méfier. Ils bavardèrent encore quelques instants, puis elle se leva en posant une question :</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">– Charles m’a dit que pour connaître le monde, il fallait le désapprendre. Est-ce vrai ?</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">– Je… Je ne sais pas. Vous parlez du monde invisible ou du monde visible ?</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">– Je m’interroge sur ce qu’il appelait le monde invisible. Comment désapprendre quelque chose qu’on ne connaît pas ?</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">Elle le quitta sur ces paroles qui ne manquaient pas d’intelligence, ce qui l’intrigua. Il n’arrivait pas à la saisir. Elle semblait fuir comme une anguille que l’on serra dans ses mains. Impossible de la maîtriser. Néanmoins elle fit un effort de mondanité qui lui sembla de bon augure.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">– Je m’appelle Margit et vous pouvez m’appeler ainsi. Et vous ?</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">– Nicéphore.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">– Je ne sais si nous aurons l’occasion de nous revoir, mais cette conversation m’a fait du bien. Au revoir, Nicéphore. Au fait, j’habite au 15 rue Tellurique, dans le 13e arrondissement.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">– Au revoir Margit.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">Une fois dehors, Nicéphore s’interrogea sur le sens de son interrogation : comment désapprendre quelque chose qu’on ne connaît pas ? Il ne s’était jamais posé la question. « Au fond, cette fille est peut-être plus intelligente qu’elle veut bien le laisser croire. Je ne sais. Je dois sans doute la revoir une nouvelle fois, en lui avouant mes réelles recherches. C’est un risque à prendre. »</span></p>
galaventhttp://regardssurunevissansfin.hautetfort.com/about.htmlLa fin de l'histoire (17)tag:regardssurunevissansfin.hautetfort.com,2016-02-15:57600492016-02-15T07:34:00+01:002016-02-15T07:34:00+01:00 Le lendemain, il écrivit une petite annonce anonyme : « Cherche...
<p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">Le lendemain, il écrivit une petite annonce anonyme : « Cherche jeune homme, disparu il y a deux jours, suite à un incident dans la rue Patrick Boujoux, 13e. Vous adressez à poste restante N°1024 dans le 11e arrondissement. » Il n’osa pas être plus clair et donner le nom de Charles. Il la fit publier dans deux journaux de petites annonces et dans un quotidien national. Il rentra ensuite chez lui et reprit sa méditation. Celle-ci lui était devenue indispensable et faisait maintenant partie de sa nature profonde. Il avait trouvé le trou noir existant en lui. Il n’avait pas encore franchi sa porte, mais avait entrevu certaines caractéristiques de celui-ci : un vide attirant qui procurait un bienfaisant soutien permettant de faire face aux événements qui n’allaient pas tarder à arriver. Il ferma les yeux, se concentrant sur le passage de l’air dans son corps, s’efforçant d’évacuer ses interrogations et sa colère. Il parvint progressivement à la paix intérieure, ne conservant qu’une mince pellicule entre son moi et le monde extérieur. Désormais, il se savait insaisissable, parvenant à contrôler les impulsions mettant en route l’indicateur. Il était arrivé à se créer une cuirasse qui était, chose curieuse, transparente, ténue, fragile, mais efficace et indétectable. Le plus curieux cependant tenait au fait que plus il pensait à la nécessité de ne rien dévoiler, plus il se sentait vulnérable. Il lui fallait atteindre un état de non pensée pour ressentir la certitude bienfaisante d’être inébranlable.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">Il chercha d’autres voies pour connaître le sort de Charles. Il prenait cependant garde de n’être pas soupçonné de déviationnisme et ainsi risquer l’enfermement. Il lut chaque jour les journaux, espérant apprendre quelque chose, même s’il savait qu’une fois pris, les non collectifs (ils étaient ainsi dénommés par la population) n’étaient plus jamais évoqués dans les médias. Ceux-ci se conformaient strictement aux consignes données par le gouvernement et même si un journaliste apprenait quelque chose, dès l’instant où la personne avait été déclarée déviationniste, elle ne pouvait plus être évoquée. De même, la plupart des personnes sensées dès l’instant où elles comprenaient qu’il s’agissait de non collectifs se refusaient à en parler. Une sorte d’atonie s’emparait d’eux et ils gardaient les yeux dans le vague tant que leur interlocuteur évoquait l’individu. Néanmoins, il restait des traces de leur passage sur cette terre. Tout d’abord, il était possible de chercher dans les archives des journaux ce qu’avait fait la personne en question avant sa maladie. Cela permettait de se renseigner sur ses pôles d’intérêt, ses habitudes, ses passions, sa manière de vivre. On pouvait ainsi reconstituer ce qui avait marqué son passage sur terre et disposer d’une biographie, élémentaire certes, mais utile. On pouvait également visiter les lieux qu’elle avait fréquentés, sa maison, son école ou son université, son club de sport, éventuellement son église. Enfin, et c’était sans doute le plus précieux, on pouvait rencontrer les gens qu’elle avait côtoyés, à condition de n’évoquer aucune amitié ou même rapport avec elle. Il fallait donc recourir à des subterfuges tels qu’une recherche commerciale ou administrative, ou encore la volonté de réunir sur une même photo des camarades de classe ou tout autre prétexte futile.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">Toutes ces recherches restèrent vaines. Rien ne transparaissait de ce qu’était de venu Charles. Certes, il avait bien récolté quelques éléments de biographie : les quelques collèges où il avait suivi sa scolarité, le club d’échecs où il avait brillé, les voyages effectués à l’étranger. Mais rien de tout cela n’induisait sa manière de penser, ses habitudes intimes, ses rencontres improbables, ses lectures et tout ce qui pourrait lui donner des pistes. Rien. Rien de rien ne transparaissait dans tout cela. De même, les petites annonces mises dans certains journaux ne donnèrent rien. Aucune allusion à cette disparition. Tout se passait comme si Charles n’avait existé que dans l’imagination de quelques Parisiens frileux et déjà âgés. De sa vie récente, rien.</span></p>
galaventhttp://regardssurunevissansfin.hautetfort.com/about.htmlLa fin de l'histoire (16)tag:regardssurunevissansfin.hautetfort.com,2016-02-11:57574502016-02-11T07:19:00+01:002016-02-11T07:19:00+01:00 En sonnant à la porte, il s’interrogeait sur celle qu’il allait rencontrer....
<p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">En sonnant à la porte, il s’interrogeait sur celle qu’il allait rencontrer. Etait-elle en attente d’un changement dans la société, même sans trop savoir ce qu’elle entendait par là ou au contraire sans aucune interrogation sur le monde et la société tels qu’ils étaient appréhendés par la plupart des gens ? La porte s’ouvrit, la tête d’une jeune fille apparut derrière la porte entrebâillée. Elle était blonde, les yeux bruns, un peu dilatés comme en attente d’une réponse à une interrogation muette, la bouche petite, mais les lèvres charnues, une légère fossette à la joue droite qui apparut lorsqu’elle sourit. Avenante, mais méfiante, telle fut la conclusion de Nicéphore. Il se présenta sous la couverture qu’il s’était inventée. Elle fit plutôt semblant d’y croire, tout en se demandant pourquoi c’était un homme qui venait plaider la cause des féministes. Il lui parla de la prétendue attaque de Charles Borowsky en lui demandant ce qui s’était réellement passé et comprit vite que les médias avaient transformé un instant de sympathie en une échauffourée qui leur permettait de mettre en évidence le manque de sûreté dans la ville et la grande nécessité de renforcer la surveillance de petits groupes qui pouvaient commencer à déraper. Il décida d’aller plus loin et d’expliquer qui il était en réalité et pourquoi il était là. Elle le fit entrer. Elle lui parut habillée simplement, mais élégamment. Son maintien était discret et serein. Elle le fit assoir sur un canapé, s’assit à côté de lui et progressivement lui fit part de ses sentiments vis-à-vis de Charles. Elle évoqua sa rencontre un soir, il y a deux mois, dans une rue de Montmartre, leur promenade autour de la colline, leur entente immédiate bien qu’ils n’aient pas parlé de société, de politique ou de sociologie. Il apparut que Charles avait retrouvés son groupe d’amis après avoir quitté Nicéphore. Ils rentraient chez eux en parlant, certes sans doute un peu fort, mais c’est tout. La personne qui avait téléphoné à la <strong>dP</strong> était quelqu’un qui habitait dans le même immeuble que Charles et qui lui reprochait sans cesse de faire du bruit. L’irruption de la police avait suscité des commentaires de la part de témoins peu fiables qui détestaient la façon joviale dont les jeunes appréhendaient la vie. Le problème était que maintenant Charles était introuvable et qu’elle se trouvait bien seule face à une police qui ne cessait de l’interroger et de la soupçonner de déviationnisme social. Nicéphore fit de son mieux pour la requinquer. Il lui promit de lui faire part des résultats de ses recherches et de la revoir très vite. Regardant par la fenêtre, il observa la rue, ne vit personne et sortit discrètement, laissant la jeune fille rassérénée.</span></p>
galaventhttp://regardssurunevissansfin.hautetfort.com/about.htmlLa fin de l'histoire (15)tag:regardssurunevissansfin.hautetfort.com,2016-02-04:57538392016-02-04T07:08:00+01:002016-02-04T07:08:00+01:00 Ainsi Charles s’était fait prendre malgré les précautions qu’il avait...
<p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">Ainsi Charles s’était fait prendre malgré les précautions qu’il avait utilisées. Il avait pourtant l’air sûr de lui. Il maîtrisait les astuces pour ne pas éveiller les soupçons, il n’allait jamais au-delà de qu’il pouvait contrôler. Pourquoi ? Et puis, que signifiait les termes importuner et plus particulièrement une jeune fille. Qui était-elle ? Pourquoi parlait-il à ces étudiants ? Que leur disait-il ? Il faut le savoir. Nicéphore prit la résolution de savoir exactement ce qu’il s’était passé. Ce compte-rendu laconique donné par les médias n’en rendait pas compte.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">Nicéphore dut s’interrompre dans ses réflexions. Il commençait à ressentir des picotements à hauteur des yeux. Il ne devait pas se laisser pas envahir par son personnage justicier. Se remettre en méditation ! Il s’assit en tailleur, se décontracta, tenta de passer d’un état d’être indigné ou au moins inquiet à un état lui permettant d’évacuer les pensées négatives. Il laissa se creuser le sillon de respiration entre l’entrée dans le nez, le passage dans le conduit nasal, l’arrivée au carrefour de la gorge, l’entrée dans les poumons et l’atteinte du plexus solaire. Repos, puis expiration, lente, permettant d’évacuer les miasmes d’émotions, de laisser filer un air qui nettoie le personnage qui s’installait en lui. Ouf, il est parti en fumée. Il distingue clairement la réalité des faits, sans les connaître, ni les comprendre. Il faut fouiller pour savoir, puis réfléchir pour connaître. Allons-y, se dit-il.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">Ce n’était cependant pas aussi simple qu’il l’avait pensé. Comment retrouver les étudiants et la jeune fille en particulier ? Comment ne pas éveiller les soupçons de ceux qu’il interrogerait à propos d’une affaire sans intérêt ? Le journaliste, oui ! Il fallait commencer par-là, mais éveiller son attention. Comment faire ? Dans tous les cas, détourner l’attention du journaliste en lui montrant qu’il ne s’intéressait nullement à ce que Charles et elle avaient échangés, mais qu’il défendait la jeune fille contre les attaques de ce dernier. Oui, il devait se faire passer pour un ardent défenseur du féminisme et le questionner sur les atteintes au droit de la femme et la nécessité de l’interroger pour connaître son adresse. Ainsi, à peu près assuré de ne pouvoir être dévoilé, il se lança dans son enquête.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">Il réussit sans trop de difficulté à obtenir l’adresse de la jeune fille et des quelques compagnons ayant été agressés par Charles. Il choisit d’aller directement interroger la demoiselle plutôt que d’éveiller éventuellement des soupçons de la part de ceux qui l’accompagnaient. Le lendemain, il se présenta en se faisant passer pour un membre de l’association Bergères et Brebis. Cette association prétendait assurer la garde du troupeau des femmes et les défendre contre les attaques physiques, sociales et psychologiques que la société machiste ne cessait de leur infliger. Fort d’une telle couverture (il se présentait comme un membre actif faisant partie du bureau), il obtiendrait, sans aucun doute, un blanc-seing de la part des autorités curieuses qui pourraient s’inquiéter de ses interrogations.</span></p>
galaventhttp://regardssurunevissansfin.hautetfort.com/about.htmlLa fin de l'histoire (14)tag:regardssurunevissansfin.hautetfort.com,2016-01-31:57516972016-01-31T07:25:00+01:002016-01-31T07:25:00+01:00 Arrivée au Café Jaune, il aperçut l’étudiant, non, le professeur. Il lui...
<p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">Arrivée au Café Jaune, il aperçut l’étudiant, non, le professeur. Il lui fit un signe de la main et se rapprocha de lui. Mais celui-ci regardait à côté et fit semblant de ne pas lui prêter attention. Nicéphore vit ses yeux suppliants et comprit. Il poursuivit son chemin au-delà du jeune homme et se dirigea vers les toilettes avec naturel. A son retour le professeur était parti. Comment reprendre contact et où ? Nicéphore décida de retourner à la bibliothèque dès le lendemain. Il y serait peut-être.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">Effectivement, le lendemain le professeur était à la bibliothèque au même endroit que la première fois. Ils se reconnurent tout de suite. En passant devant lui, Nicéphore lui glissa : « Ce soir, 19h, au Café Jaune », l’autre acquiesça d’un signe de tête et fit semblant d’être occupé à chercher un livre. Le soir même, ils se retrouvaient au Café Jaune et purent parler sans crainte.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">– Hier, j’étais suivi par un homme de la <strong>dP</strong>. Heureusement vous avez compris et je ne crois pas qu’il vous ait repéré. Avez-vous lu mon livre.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">– Oui, je vous l’ai même ramené. Très intéressant, parfois compliqué. Un point m’a marqué : nous vivons endormis et il faut nous éveiller. Si l’on prend conscience de cela, on peut commencer à s’en sortir avec des efforts personnels. Au fait, comment vous appelez-vous ?</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">– Charles Borowsky.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">– Charles, merci pour ce livre, il m’a fait comprendre beaucoup de choses. On ne peut s’arrêter là. Connais-tu d’autres personnes qui auraient les mêmes intuitions ?</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">– Oui, une seule. Je peux la contacter et voir si elle est intéressée par une action commune.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">– Méfie-toi tout de même, on ne sait jamais !</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">– Continuons à creuser nos techniques d’éveil et tentons de recruter quelques autres personnes. Il faut que je parte, car je ne peux rester trop longtemps ici, sous peine d’être suspecté. Au revoir Nicéphore.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">– Au revoir Charles, à bientôt.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">– Oui, après-demain au Café Bleu, à 20h. By.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">Charles se perdit dans la foule.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;"> Le lendemain, en ouvrant le journal, Nicéphore vit en première page le titre suivant : <em>Un dangereux individualiste est capturé par la <strong>dP</strong> après une course poursuite dans le métro. </em>Il lut le bref article qui décrivait la capture : <em>Hier soir, vers 23 heures, un jeune homme, Charles Borowsky, a été arrêté dans le métro par la <strong>dP</strong>. Cet individu importunait un groupe d’étudiants et plus particulièrement une jeune fille. Un des voyageurs a téléphoné à la <strong>dP</strong> et, sur le conseil du policier qu’il avait au bout du fil, a tiré la sonnette d’alarme. Le jeune homme s’est alors enfui en descendant sur la voie et s’est mis à courir devant le train jusqu’à la station suivante. Poursuivi par la <strong>dP</strong> qui descendait l’escalier roulant pendant qu’il montait, il est parvenu à sortir à l’air libre et s’est réfugié dans un café. Après mise en place d’un important dispositif de sécurité et l’établissement d’une zone interdite, les policiers, armés et munis de boucliers de protection, ont réussi à l’interpeler en usant de grenades défensives. Il a été embarqué dans un fourgon sans que l’on sache où il a été emmené. La police a rappelé les consignes : tout « individualiste » doit être immédiatement signalé à la police qui, déclarée en état de légitime défense, emploiera tous les moyens pour arrêter l’individu, y compris les armes à feu</em>.</span></p>
galaventhttp://regardssurunevissansfin.hautetfort.com/about.htmlLa fin de l'histoire (13)tag:regardssurunevissansfin.hautetfort.com,2016-01-27:57497682016-01-27T07:41:00+01:002016-01-27T07:41:00+01:00 Il rentra chez lui et s’installa sur son lit pour lire ce pavé de plus de...
<p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">Il rentra chez lui et s’installa sur son lit pour lire ce pavé de plus de cinq-cents pages. Il eut beaucoup de mal avec les explications techniques, la cosmologie simpliste et leur traduction en octaves musicales. Il fut par contre intéressé par les explications psychologiques, voire mystiques, qu’émettait Mouravieff. Celui-ci expliquait que la plupart des hommes vivent dans l'état de sommeil pour la moitié de leur vie et, pour l’autre moitié, dans un état de veille qu’ils appellent conscience lucide et qui n’est en fait consciente de rien. Plus intéressant est le troisième état dit de rappel de soi ou conscience de soi, c’est-à-dire conscience de son être propre. Enfin, le dernier état est la conscience objective qui permet de voir les choses comme elles sont, ce qui suppose le développement de la conscience de soi. Nicéphore se remémora tout ce qu’il avait vécu et se dit qu’au fond il avait probablement atteint sans le savoir l’état de conscience éveillée. Il en conclut qu’il devait également renforcer sa conscience de soi, c’est-à-dire sa compréhension de lui-même regardant celui qui pense, parle et agit. Cela lui semblait relativement simple lorsqu’il cherchait à ne plus penser. Mais cela devient autrement plus complexe lorsqu’il de se penser et de surveiller sa pensée et ses actes.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">Il se rappela alors son objectif : rétablir l’histoire. Cela passe par un surplus de conscience de la part de chacun, même si aucun politique ne peut croire à une telle sornette. Tous issus de grandes écoles enfiévrées de mondialisation forcément heureuse, ils sont convaincus qu’il suffit d’un décret mondial pour rendre inoffensives les foules et les individus. Il est vrai que cette alliance entre le politique et le scientifique responsable de la conception et de la fabrication de la pilule constitue un défi difficile à relever. Peut-on réellement lutter contre cette machine inexorable qui broie tout ce qui n’est pas d’accord avec elle ?</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">Il poursuivit sa lecture : « <em>Il n’y a rien de nouveau dans l’idée de sommeil. Presque depuis la création du monde, il a été dit aux hommes qu’ils étaient endormis. Combien de fois lisons-nous, par exemple, dans les évangiles “Éveillez-vous“, “Veillez“, “Ne dormez pas“. »</em> Plus loin encore : « <em>Les possibilités de l’homme sont immenses. Vous ne pouvez même pas vous faire une idée de ce qu’un homme est capable d’atteindre. Mais dans le sommeil rien ne peut être atteint. Dans la conscience d’un homme endormi, ses illusions, ses rêves se mêlent à la réalité. L’homme vit dans un monde subjectif dont il lui est impossible de s’échapper.</em> »</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">Oui, pourquoi pas ? Pourquoi ne pas tenter le retour de l’histoire. Pour quoi faire ? Tout simplement vivre réellement plutôt que de subir cet avilissement permanent que donne la pilule prise chaque jour. S’éveiller, première étape. Merci à l’étudiant, ou plutôt au professeur qui m’a confié ce livre. A deux, peut-être y arriverons-nous ?</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">Enfin il lut encore : « <em>Tout ceci est en rapport avec l’une des caractéristiques fondamentales de l’attitude de l’homme envers lui-même et envers son entourage, à savoir sa constante identification à tout ce qui prend son attention, ses pensées ou ses désirs, et son imagination. L’homme est toujours en état d’identification, seule change l’objet de son identification</em>. » Il se promit d’en parler au professeur.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">Il poursuivit sa lecture pendant les deux jours qui lui restait avant son rendez-vous. L’essentiel semblait être dit dans ce qu’il avait retenu de cette première soirée de lecture, du moins le pensa-t-il à ce moment.</span></p>
galaventhttp://regardssurunevissansfin.hautetfort.com/about.htmlLa fin de l'histoire (12)tag:regardssurunevissansfin.hautetfort.com,2016-01-22:57478552016-01-22T07:25:00+01:002016-01-22T07:25:00+01:00 Le lendemain matin, après son heure de méditation destinée à se blinder...
<p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">Le lendemain matin, après son heure de méditation destinée à se blinder pour la journée, Nicéphore alla à la bibliothèque municipale. Sa carte était toujours valable, ce qui lui évita de trop se montrer auprès de la conciergerie. Il s’engouffra dans les couloirs de livres qui étaient rangés par thèmes, puis dans l’ordre alphabétique des auteurs. Dans le thème spiritualité, il chercha Krishnamurti et trouva deux ouvrages : "De la connaissance de soi" et "La révolution du silence". Il les feuilleta et tout en surveillant ceux qui passaient à côté de lui. <em>De pauvres bougres, désorientés, en mal d’être </em>! Vingt minutes plus tard, passa un jeune homme, environ vingt-cinq ans, l’air avenant, qui s’excusa d’une voix grave et harmonieuse. <em>Tiens ! Intéressant</em>. Nicéphore le suivit des yeux. Le jeune homme se retourna, lui sourit, puis continua quelques mètres et s’arrêta en regardant la tranche des livres qu’il avait devant lui. Le sourire ne veut rien dire dans une société sociable. Tous sourient, mais d’une manière automatique, apprêtée. Son sourire à lui était discret, mais réel. Il le regarda à nouveau du coin de l’œil. <em>Que faire ? Tant pis, j’y vais </em>! Il se rapprocha, passa à côté de lui et lui dit à voix basse :</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">– Vous cherchez quelque chose ? </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">Le jeune homme rougit, bafouilla positivement, le regarda et lui dit : </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">– Rendez-vous ce soir au Café Vert à sept heures.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">Il partit précipitamment, laissant Nicéphore à ses interrogations. Et si c’était un piège ? Il traina quelques minutes encore faisant semblant de chercher des livres scientifiques concernant l’évolution de l’univers, puis sortit tranquillement en regardant s’il était suivi. <em>Non, rien. Tant mieux, cela simplifie les choses</em>.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">A sept heures, il se présenta à la porte du Café Vert. C’était un petit café situé pas très loin de la bibliothèque, mais suffisamment éloigné pour ne pas être surveillé. Il était plein de jeunes gens et jeunes filles qui parlaient sans arrêt à voix haute de manière passionnée. Les conversations étaient multiples, les unes sur le temps qu’il avait fait l’été dernier, les autres sur le dernier livre à la mode, d’autres encore sur une histoire d’amour qui finit mal (la passion déréglait parfois le consensus social en vigueur). Une petite place derrière un pilier était inoccupée. Nicéphore s’y assit pour attendre l’étudiant (du moins supposait-il qu’il n’avait pas fini ses études). <em>Au fond, oui</em>, se dit-il<em>, ce sont les jeunes qui sont plus susceptibles d’avoir une certaine dissidence. Ils nourrissent plus aisément un idéal que ceux qui sont entrés dans la vie active.</em> Ah, le voilà. Le jeune homme s’arrêta sur le seuil, regarda derrière lui par la porte vitrée, puis avança tranquillement vers Nicéphore. Il était encore plus jeune que celui-ci ne l’avait pensé. <em>Oui, vingt-cinq ans maximum, probablement moins. Mais peu importe.</em> Dès les premières paroles, ils se sentirent à l’aise, tous les deux, malgré la différence d’âge (Nicéphore avait trente-six ans). Ils parlèrent de choses et d’autres, d’un air détaché, chacun surveillant l’autre jusqu’au moment où le plus jeune lui dit :</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">– Je fais peut-être une bêtise, mais il me semble que vous me cachez quelque chose comme je vous cache moi-même quelque chose. Alors, jouons franc jeu, cela simplifiera nos relations et nous permettra de mieux nous connaître sans perdre de temps.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">Nicéphore lui raconta sa révulsion pour la pilule et son entrée en opposition avec le voyage à Tombouctou. L’étudiant (il était en réalité tout jeune professeur à l’université) le regardait avec admiration et lui avoua :</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">– J’ai bien tenté de me passer de la pilule, mais je suis tombé malade trois heures après : vertige, nausée et indicateur allumé. Un de mes amis me surprit ainsi chez lui. Je lui racontai que je m’étais évanoui et n’avais pu prendre la pilule. Je le suppliai de m’en donner une et de ne rien dire, ce qu’il accepta. Je m’étonnais d’ailleurs de pouvoir penser si librement malgré la pilule et mis cela sur mon caractère. J’avais cependant peur d’être surveillé et me forçais à me lier avec les autres professeurs et les étudiants de l’année où j’enseignais.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">Nicéphore comprit alors ses airs parfois inquiets ou au moins absents.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">– Vous seriez donc le premier éveillé, lui dit-il.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">– Tiens, je ne connaissais pas cette expression. Que signifie-t-elle ? demanda Nicéphore.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">– C’est une expression lue dans un livre ancien intitulé <em>Gnosis</em>. Son auteur est un certain Boris Mouravieff y livre la doctrine ésotérique de l’Orthodoxie orientale et décrit les rapports entre le monde et l’homme. J’ai amené le livre, car je pensais qu’il pourrait vous intéresser. J’y tiens et souhaite le récupérer dès que vous l’aurez lu. Je vous fais confiance. Rendez-vous dans trois jours au Café Jaune, cette fois à huit heures du soir. Je suis obligé de partir, car je ne tiens pas à vous compromettre.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">Il se leva, sortit sans se retourner, me laissant seul, le livre à la main.</span></p>
galaventhttp://regardssurunevissansfin.hautetfort.com/about.htmlLa fin de l'histoire (11)tag:regardssurunevissansfin.hautetfort.com,2016-01-18:57445052016-01-18T07:25:00+01:002016-01-18T07:25:00+01:00 Le lendemain, il prit l’avion pour l’aéroport Charles de Gaulle. Au cours...
<p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">Le lendemain, il prit l’avion pour l’aéroport Charles de Gaulle. Au cours de son voyage, il réfléchit à ce qui l’attendait. Il pensa à cette fin de l’histoire qui avait été imposée par le gouvernement mondial. En un instant d’illumination, il comprit que sa vocation était de faire repartir l’histoire, non pas celle des idéologies et des luttes entre peuples, mais l’histoire personnelle de chaque être humain. « Nous avons perdu notre libre arbitre. Oui, j’existe en tant qu’être social, mais je n’avais plus jusqu’à peu de moi personnel. Je ne savais même pas qu’il est possible de penser par soi-même, de s’interroger sur ce que je veux réellement faire. Ne plus subir ce que la société veut que chacun d’entre nous fassions ! Mais comment ? »</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">Arrivé sur place après un vol sans histoire, il eut du mal à rester concentré. Les sollicitations étaient importantes et l’attention demandait des efforts surhumains. Plusieurs fois il ressentit des picotements à hauteur de son indicateur, signe certain qu’il n’allait pas tarder à s’allumer. Il se forçait alors à replonger en lui-même, à reprendre le contrôle de sa pensée et à faire le vide en soi. Il put arriver jusque chez lui sans que rien ne transparaisse.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">La nuit suivante, il chercha comment éveiller la curiosité de ses contemporains. Il ne pouvait bien sûr leur parler ouvertement, ni même faire certaines allusions à la liberté individuelle. La personne en tant qu’être humain autonome et unique ne semblait plus exister. Elle peut continuer à être raisonnable, mais à condition qu’elle soit sociable et même sociale. La sociabilité commande à la raison et non l’inverse. Encore heureux que les livres ne soient pas interdits. Le gouvernement s’était interrogé sur le rapport entre la raison et la sociabilité et certains experts avaient prédit qu’une raison insuffisante conduirait à une révolte probable, l’idéal étant une égalité entre la raison et la sociabilité. La composition chimique des pilules à prendre chaque matin avait été un mélange savant de produits permettant d’atteindre cette égalité. Et cela marchait ! Il y avait bien sûr des cas où l’égalité n’était pas respectée. Cela dépendait principalement de la personnalité de l’enfant à sa naissance, car on pensait qu’ils avaient déjà une personnalité qui tenait aux gènes de leurs parents. Dans certains cas, on devait les tenir éloignés du réseau social, sans toutefois le dire ouvertement. On les appelait les déviants. Personne ne leur parlait ou même les regardait dans la rue. Ils étaient libres en apparence, mais la société les rejetait ouvertement. Ils étaient accusés de tous les maux qui pouvaient survenir malgré tout dans une société policée : un incident dû à un cataclysme naturel, un accident dans une usine suite à une rupture de pièces et même un coup de folie pour un individu suite à un défaut de dose injecté dans l’indicateur. Ils n’en étaient en fait nullement responsables, mais la vindicte populaire se reportait sur eux qui ne pouvaient s’exprimer faute de moyens de communication mis à leur disposition, ces derniers étant réservés au personnel politique qui en usaient sans partage. D’ailleurs la plupart des personnels qui avaient accès aux bibliothèques n’écoutaient plus les médias, lassés tant par le discours de fond que par la forme n’utilisant qu’un nombre restreint de mots répétés en boucle. Le réseau Internet était lui-même étroitement surveillé par la police politique, autrefois importante et de plus en plus réduite par la docilité de la population. Certes, les bibliothèques étaient sous surveillance. On obligeait les lecteurs à disposer d’une carte d’inscription et les livres prêtés étaient notés si bien que l’on savait précisément les sujets intéressants untel ou untel. Cela permettait de plus de répondre à leurs besoins en consommation grâce à l'addition des deux bases de données intérêts intellectuels et besoins matériels. Nicéphore avait souvent consulté des livres tout en prenant garde de ne marquer trop d’intérêt pour les sujets qui l’intéressaient.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">Ah, mais voilà l’idée que je cherche ! Entrer en contact avec d’autres lecteurs. J’y trouverai peut-être quelqu’un qui s’intéressera à ce que j’ai découvert. Mais attention, il y a des membres de la police politique, la fameuse dP (dedicated police ou police dédiée), qui parfois se mêlent aux simples citoyens pour savoir ce qui se passe. Il est vrai que cela a lieu de moins en moins souvent en raison de l’efficacité de la pilule. Oui, c’est une bonne idée, car il n’y a que parmi ces gens-là que je pourrai trouver des gens dissimulés et sincères. Attention cependant. Chercher dans les livres ésotériques ou scientifiques, pour voir qui s’y trouve, mais ne jamais en emprunter !</span></p>
galaventhttp://regardssurunevissansfin.hautetfort.com/about.htmlLa fin de l'histoire (10)tag:regardssurunevissansfin.hautetfort.com,2016-01-14:57406222016-01-14T07:28:00+01:002016-01-14T07:28:00+01:00 Le lendemain, quatrième jour de méditation, il commença sa journée par un...
<p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">Le lendemain, quatrième jour de méditation, il commença sa journée par un jogging, puis se rendit à la source dont lui avait parlé Mohammed. Ce n’était qu’un vulgaire trou dans lequel croupissait une eau presque saumâtre. Mais lorsqu’il la toucha, elle devint transparente après que les ondes émises par la pénétration de ses doigts se soient effacées. Une mince couche d’eau claire s’ouvrait devant lui. Il se pencha et but. Dieu, cela n’avait rien à voir avec l’eau chaude des gourdes en peau de chèvre, se dit-il. Dorénavant je viendrai tous les jours me rafraichir. Revenu dans la grotte, il s’assit et commença sa méditation. Silence… Vide… Respiration… Il s’enfonça vite en lui-même, creusant son être ou, peut-être, l’allégeant en lui donnant de la transparence. D’abord le noir absolu. Puis une vague lueur transparaît entre les deux yeux. Peu à peu ses paupières se soulèvent, dévoilant une brume blanchâtre et tremblante. Ne pas réagir, attendre, sans volonté. Progressivement, il médita les yeux ouverts, sans voir ce qui l’entourait, perdu dans ce moi qui n’existait plus. Plus une pensée, plus une sensation, plus une émotion. Le soleil vint frapper son visage. Il avait tourné et pénétrait maintenant à l’intérieur de la grotte. Il eut l’impression de se réveiller. Il n’ouvrit pas les yeux puisqu’ils étaient déjà ouverts, mais il reprit conscience. Nettoyé. Oui, il était nettoyé, léger, sans retour permanent à ce moi qui l’obsédait auparavant. Il sut que son indicateur n’était pas allumé et qu’il ne s’allumerait pas tant qu’il serait dans cet état. Attention ! Se rappeler à soi-même pour ne pas se confondre avec le monde ! Mais ne jamais s’imaginer détaché de ce monde et différent. Quel équilibre paradoxale mais combien enrichissant !</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">Il sut qu’il avait gagné, sans plus. Il ne s’en réjouit pas. Il en fit le constat et se dit qu’il était temps de retourner à la civilisation. Mohamed allait arriver, il rangea son campement, fit son sac et attendit. L’attente ne lui pesait plus. Il était libre, sans désir personnel, exsudant une lumière invisible qui transparaissait dans ses yeux. Enfin Mohamed arriva.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">– Salam Aleikoum !</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">– Aleikoum Salam, lui répondit Nicéphore.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">Ils reprirent la route de Tombouctou. Ils s’arrêtèrent à l’heure de la prière, Mohamed fit ablutions et prosternations, Nicéphore entretint sa clarté posément. Puis ils repartirent pour arriver en fin de soirée dans la ville. Sans cesse, Nicéphore contemplait à la fois l’extérieur et l’intérieur, le monde et son monde qui n’était rien, mais qui avait tant de ressources. Il prit une chambre dans un petit hôtel minable, commanda un repas frugal, puis s’endormit rapidement, sans pensée. Le vrai combat commençait.</span></p>
galaventhttp://regardssurunevissansfin.hautetfort.com/about.htmlLa fin de l'histoire (9)tag:regardssurunevissansfin.hautetfort.com,2016-01-07:57406202016-01-07T07:18:00+01:002016-01-07T07:18:00+01:00 Il s’endormit serein, détendu et se réveilla dans la nuit noire. Il...
<p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">Il s’endormit serein, détendu et se réveilla dans la nuit noire. Il s’installa à l’entrée de la grotte et contempla les étoiles et l’ensemble du cosmos.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">Les jours précédents il avait contemplé l’infini en lui-même. Il ne contenait rien et ce rien était devenu le tout et ce tout était vide et plein d’une promesse d’éternité. Il lui fallait maintenant effectuer la même démarche pour le cosmos. Ainsi, il pourrait conjuguer ensemble le moi et le monde, le toi et l’environnement. C’était cela cet homme nouveau dont il avait évoqué la veille l’existence. Il lui fallait assimiler le cosmos ou plutôt se laisser assimiler par le cosmos. Il se souvint d’un voyage de nuit, en voiture, dans son adolescence. Il était alors sensibilisé aux émotions qu’il pouvait ressentir et les vivaient comme des expériences passionnantes. Apercevant un coin de ciel dans lequel il repéra un amoncellement d’étoiles, il se soumit à une attention extraordinaire, lui donnant une vision de l’univers, de l’avenir de l’homme et de la plénitude du divin. C’était tout le souvenir qui lui restait, mais il ressentit un sentiment de grandeur infinie qui dépassait largement l’impression de petitesse de l’homme. L’homme est grand par sa puissance à saisir l’infini, à imaginer Dieu. Y a-t-il une étape suivante ? Serait-elle l’entrée en communication avec cet infini ? En fait, cette prétention à cerner l’univers était vaine. Comment répondre aux questions telles que l’univers est-il fini ou infini, est-il seul ou y a-t-il un multivers composé de plusieurs univers ? Il se souvint de la réflexion de Giordano Bruno<a href="#_ftn1" name="_ftnref1"><span style="font-family: 'Century Schoolbook',serif;">[1]</span></a> dans <em>De</em> <em>Immenso</em>, écrit en 1591 : « L’univers est une sphère infinie dont le centre est partout et la circonférence nulle part ». Ce même Giordano Bruno qui croyait à la pluralité des mondes !</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">Il s’aperçut alors qu’il commençait à laisser son imagination prendre le dessus. Ce n’était plus une méditation sur le cosmos, mais l’affolement d’un cerveau qui ne saisissait pas cet infini qui nous entoure. Stop ! Il se leva, se remit dans son sac de couchage et se rendormit aussitôt. Il rêva et il ne pouvait contrôler son rêve. Face à cette immensité vide, il ne pouvait que se concentrer sur un point. Tout à coup celui-ci devint un immense tunnel qui l’attirait comme les grains matériels sont attirés par gravitation. Il se sentit prendre de la vitesse. Il était emmené non pas contre son gré, mais en toute conscience, jusqu’au moment où, prêt à entrer au-delà de la porte virtuelle, il se réveilla, transpirant, étouffant, au bord de l’asphyxie. Il reprit son souffle et s’étonna : comment trouver si je risque de mourir dès l’instant où j’approche de la vérité. L’univers restera-t-il toujours inconnu en raison de son infinitude ?</span></p><p style="text-align: justify;"> </p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 8pt;"><a href="#_ftnref1" name="_ftn1"><span style="font-family: 'Century Schoolbook',serif;">[1]</span></a> Giordano Bruno (1548-1600) fut condamné par le tribunal de l’inquisition et mourut sur le bûcher à Rome.</span></p>
galaventhttp://regardssurunevissansfin.hautetfort.com/about.htmlLa fin de l'histoire (8)tag:regardssurunevissansfin.hautetfort.com,2016-01-03:57361742016-01-03T07:21:00+01:002016-01-03T07:21:00+01:00 Pourtant, il l’avait vue cette lumière qui semblait invisible. Il l’avait...
<p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">Pourtant, il l’avait vue cette lumière qui semblait invisible. Il l’avait fait naître de lui-même sans savoir comment. Elle l’avait éclairé, puis s’en était allée. Il eut l’impression de se réveiller. Etait-ce un cauchemar ou une percée vers un autre univers ? Plus de temps ni d’espace. La lumière crue d’une vérité cachée qu’il ne pouvait saisir. Juste un sentiment. Et encore ! Une sensation, une sorte de hoquet pénétrant cette terre aride et dénuée de personnages. Est-ce cela la liberté ? Il n’était qu’une enveloppe transparente. Rien dedans, rien dehors. Le corps et l’esprit vierge, Il entendait le lourd silence de l’absence. Délivrance ou prison, va savoir ! Il s’étendit à terre, ferma les yeux. Et la lumière intérieure revint, assourdissante. Cette nuit, pour la première fois, il dormit les yeux ouverts.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">Encore un jour, un jour de folie. Il tenta de revenir à la normale. Quelle apparence avait-il ? Il prit son miroir de fer blanc, incassable, et se rasa. Tout à coup, une évidence s’empara de lui. Il n’avait pas pris sa pilule et pourtant son indicateur ne rougissait pas. Aucune lueur le dénonçant. Il se sourit à lui-même dans le miroir, hurla et laissa résonner dans le défilé ce cri de délivrance. Il n’avait pas eu à choisir. Cela était venu tout seul, sans même qu’il y pense. La liberté bien en chair, palpable, visible. « Je suis l’homme nouveau », pensa-t-il. Et cette pensée ralluma son indicateur, le plongeant dans le plus profond désespoir. Dans l’heure qui suivit, il prit conscience de la nécessité de maîtriser en permanence ses pensées. C’est parce qu’il s’était rendu compte qu’il devenait différent des autres qu’il était redevenu normal, c’est-à-dire dépendant du système de pensée de la société. Ne pas porter de jugement, ni même d’impressions sur ce qui lui advient, se dit-il. Surtout ne pas se croire ou se dire différent ! Il comprit également que cette immersion dans son environnement était nuisible à son indépendance. Il devait prendre du recul, se rappeler à lui-même en permanence pour rester autonome. C’est d’ailleurs pour cela qu’il avait choisi de s’enfoncer dans le désert. Mais même au sein d’une nature brute, il devait se souvenir qu’il était, lui, indépendant, autonome, réellement homme. Se souvenir en permanence de cette boule de fraicheur qu’il avait découverte au fond de sa gorge et qui irradiait à la fois son cerveau et ses poumons, créant un espace d’absolu qu’il n’avait jamais soupçonné.</span></p>
galaventhttp://regardssurunevissansfin.hautetfort.com/about.htmlLa fin de l'histoire (7)tag:regardssurunevissansfin.hautetfort.com,2015-12-28:57352642015-12-28T07:17:00+01:002015-12-28T07:17:00+01:00 Ragaillardi par cette pensée, il se força à manger quelque chose, un petit...
<p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">Ragaillardi par cette pensée, il se força à manger quelque chose, un petit rien pour subsister, et s’accorda une pause plus longue que prévue pendant laquelle il relut quelques pages du seul livre qu’il ait emporté : <em>La révolution du silence</em>.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">Une heure plus tard, il reprit sa méditation. Il atteignit plus rapidement une certaine attention à ce qui se passait en lui. Il avait compris que l’essentiel était de ne pas se laisser envahir par n’importe quelle pensée. Pour cela il lui fallait un support de méditation, un sujet sur lequel il se ferait les dents et qui lui permettrait de ne pas dévier. Malgré de réelles tentatives, au bout de deux ou trois minutes, voire certaines fois plus de cinq minutes, il s’apercevait qu’il avait oublié pourquoi il était là et quel était son objectif. Alors il essaya ce qu’il avait lu dans le livre : se concentrer sur la respiration. C’était pratique et simple. Ralentir l’aspiration et l’expiration, sentir l’air passer dans le nez, le laisser nettoyer le cerveau avant qu’il ne descende dans la gorge, puis dans les poumons, s’arrêter enfin de respirer avant de chasser tout doucement l’air vicié en faisant le chemin en sens inverse. Et cela marchait. Il avait quelque chose à penser qui lui permettait de ne penser à rien. Quelle victoire ! Une demi-heure plus tard, il se sentit fatigué. Il avait besoin de respirer librement, à la va comme je te pousse. Il se leva, fit quelques pas, vit que le soleil descendait sur l’horizon. Il fera bientôt nuit, se dit-il. Allons courir ! Il enfila un short, mit ses chaussures de jogging et partit dans le défilé rocheux jusqu’à la plaine sablonneuse qui s’étalait devant lui. Il courrait sans penser à rien, n’écoutant que sa respiration bien rythmée, sentant ses jambes légères, regardant les étoiles qui s’allumaient progressivement. Il est temps que je songe à rentrer, se dit-il tout à coup. Il commence à faire froid. Aussitôt rentré, il se coucha et s’endormit rapidement, décontracté, sans souci, ayant oublié ce qui le tracassait.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">Le lendemain, il reprit sa position de méditation et se posa la question de la vraie liberté en cherchant à résoudre le problème du paradoxe qui s’était imposé à lui la veille. Mais d’abord commencer par l’échauffement : s’attacher à une respiration non forcée, calme, réduite. Aujourd’hui cela allait mieux, l’air glissait en lui sans s’accrocher. Il se concentrait dans la gorge et la rafraichissait. Oui, il avait une sensation de fraicheur qui partait du conduit nasal jusqu’à la gorge, comme un fluide non liquide qui l’imprégnait de sa pureté, évacuant les obstacles et le rechargeait d’énergie. La respiration l’aidait à descendre en lui comme en un trou sans fin. Il participait à une sorte de ramonage qui partait du haut de la tête et atteignait enfin le plexus solaire. Ce ne lui fut pas perceptible au début, mais il se sentait bien, plus sûr de lui, délivré de ses préoccupations. Une idée s’imposa progressivement. Et si être libre, c’était ne plus avoir à choisir ? La survenue de choix dépend de l’environnement. Perdre son environnement, ses habitudes, ses pensées, ses émotions, c’est finalement perdre la multitude de choix que l’on s’impose en permanence. Si je n’ai plus rien, si je ne suis plus rien, je n’ai plus de choix à faire, je suis réellement libre, conclut-il. Il eut l’impression d’avoir franchi un grand pas et s’en réjouit. Mais peu à peu d’autres question se dressèrent, dont une qui le tarauda sérieusement. Si je n’ai plus tout ce qui constituait ma personnalité, je n’existe plus. Certes je vis, je respire, je mange et je défèque, mais qui suis-je ? Le grand vide de l’univers se dressait devant lui, redoutable. Mais dans le même temps, le rouge feu qu’il voyait devant ses yeux fermés s’éclaircit. Il vira au rose, puis à l’orange abricot, mandarine, aurore, puis au jaune et enfin devint blanc. Ce n’était pas une couleur, c’était la lumière pure que sa seule attention retenait en lui. Trop tard, elle était déjà partie ! Il la voyait, éclatante, puis plus rien, le noir ! Tout était à refaire.</span></p>
galaventhttp://regardssurunevissansfin.hautetfort.com/about.htmlLa fin de l'histoire (6)tag:regardssurunevissansfin.hautetfort.com,2015-12-22:57335062015-12-22T07:29:00+01:002015-12-22T07:29:00+01:00 Ah, ça y est ! Il commence à divaguer et a perdu le fil de ses idées....
<p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">Ah, ça y est ! Il commence à divaguer et a perdu le fil de ses idées. Il ne pense plus à ce qu’il cherche, mais à son environnement. Peut-être doit-il se poser la question non pas de ce qu’il ne veut pas, mais de qu’il chercher. Par quoi remplacer ses pensées, qui se résument à ce qu’il ne veut pas penser ? Et puis, faut-il réellement remplacer une pensée par une autre, même personnelle ? Il n’en était pas sûr et il lui fallait approfondir. Au cours de cette soirée, il soupesa l’ensemble des questions contenant la première question. Pas de réponse. Rien que des questions et d’autres questions, puis encore d’autres. Dieu que c’est difficile ! Tiens, que vient faire Dieu dans tout cela ? Non pas le Dieu qui vous permet de vous intégrer sagement à la société, mais un dieu qui devrait aider à répondre à ces questions. Progressivement une confusion s’installa dans son esprit. Il n’arrivait plus à maîtriser les interrogations qui l’assaillaient, venant de toutes les directions et dans tous les domaines. Stop !</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">Il se leva, se dégourdit les jambes et sortit. Ouf ! Quelle chaleur ! Il eut l’impression d’être un morceau de viande fraiche que l’on met dans une poêle. Il rentra très vite, se coucha et s’endormit aussitôt, fatigué d’avoir trop pensé. Pourtant la méditation ne devrait pas fatiguer, se dit-il en se réveillant. Quel mystère et quelle idée de vouloir méditer ! Au fait, je n’ai pas encore répondu à la question « Pourquoi vouloir être libre et qu’est-ce que la liberté ? » Moi et le monde, pensa-t-il tout à coup. Oui, c’est bien le monde qui m’empêche d’être libre. Pas seulement les autres, mes condisciples, mais également mon environnement naturel et social. Cependant, sans le monde, sans son soutien indispensable, je ne serai pas. Alors si ce n’est le monde, c’est donc moi ! »</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">Ainsi, être libre, c’est être délivré de ses émotions, ses sentiments, ses pensées, ses attitudes, ses comportements qui emprisonnent. Oui, mais la liberté, c’est pouvoir choisir et si je n’ai plus tout cela pour choisir, comment vais-je faire ? Il y a là un véritable paradoxe : se délivrer de soi-même pour être libre, mais ne plus pouvoir choisir parce que l’on n’est plus rien. Impossible. Et pourtant c’est vrai, se dit-il. Tiens, mais au fond, je poursuis ma méditation sans m’en rendre compte. C’est peut-être la meilleure façon de méditer, le faire sans le savoir.</span></p>
galaventhttp://regardssurunevissansfin.hautetfort.com/about.htmlLa fin de l'histoire (5)tag:regardssurunevissansfin.hautetfort.com,2015-12-17:57321242015-12-17T07:09:00+01:002015-12-17T07:09:00+01:00 Il se leva à quatre heures du matin et se fit chauffer de l’eau. Il prit un...
<p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">Il se leva à quatre heures du matin et se fit chauffer de l’eau. Il prit un café soluble, se lava le visage et les dents et s’installa en posture de méditation. Il était pleinement réveillé et prêt à l’action. Oui, seulement le problème était que la méditation n’est pas l’action. C’est quasiment le contraire. Comment calmer ce grand corps qui ne demande qu’à bouger et s’exprimer ? Il fut très vite distrait par une araignée qui courrait sur ses vêtements, un moustique qui venait lui pomper un peu de sang, la chaleur qui commençait à poindre. Que faire ? Il s’interrogea. Il lui apparut que sa fuite était un peu inorganisée. Il aurait dû préparer ces journées en pensant à un emploi du temps très strict : réveil quatre heures (c’est pourtant bien ce qu’il avait fait aujourd’hui !), toilette et petit déjeuner (c’est également ce qu’il avait fait), méditation (oui, là aussi. Mais cela ne marchait pas). Donc, remplacer la méditation immédiate par un peu de sport pour apaiser son corps. Alors l’esprit pourra se mettre en route. Et puis, de toute façon, il vaut mieux faire du sport avant que le soleil ne commence à taper. Ensuite méditation jusqu’à midi. Manger et une petite sieste, puis reprise de la méditation jusqu’au soir. Une récréation : partir à la découverte de son environnement. Mais pas trop. Il ne faudrait pas faire de mauvaises rencontres et dévoiler son refuge. Ensuite, diner, coucher. Beau programme. Sans doute un peu ambitieux. Mais on va essayer de s’y tenir.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;"> Le premier jour fut difficile. En fait, il n’avait que quelques connaissances livresques de la méditation. Il avait en effet amené avec lui <em>La révolution du silence</em>, de Krisnamurti, un vieux livre datant de 1970, qui décrivait comment méditer. Il n’avait jamais pratiqué ce genre d’exercice. Il comprit vite que chercher de prime abord à ne plus penser est vain et futile, voire impossible. Rien que le fait de se dire « Je ne veux pas penser », c’est déjà penser. Il lui vint l’idée que la première méditation devrait consister à chercher pourquoi il voulait méditer. Une réponse claire pourrait lui permettre d’aborder une deuxième étape : comment ? Sa journée fut un vrai champ de bataille. Ce n’est qu’en fin de ce premier jour qu’il sut pourquoi il voulait méditer. C’était sans doute dû au fait qu’il n’avait pas pris sa pilule le matin. Il voulait reprendre son autonomie, devenir libre, mieux même : penser en acteur indépendant sans être contraint de penser comme les autres. Mais pourquoi ? A quoi sert la liberté si l’on ne sait pas s’en servir ! Et puis, de quelle liberté s’agit-il ? Il est déjà libre puisqu’il est là, en plein désert sans personne pour l’empêcher de faire ce qu’il veut. Il avait un jour consulté Wikipédia, devenu le grand dictionnaire animé par l’ensemble de la population mondiale. L’ennui était que cette consultation n’avait pas répondu à son attente. La page ne parlait que de liberté dans la société liée aux droits fondamentaux de l’homme et à ses droits sociétaux. Elle évoquait également sur de nombreuses pages les libertés collectives (liberté d’association, d’information, de réunion, etc.). Elle n’évoquait jamais la notion de liberté personnelle. Sujet tabou sous peine de non-conformité. Circulez, y a rien à voir ! Il s’aperçut vite que la liberté n’est pas un bien que l’on acquiert comme on achète une maison ou une voiture. La liberté dépend de soi et de la manière personnelle d’aborder sa notion de liberté. Il n’y a pas une liberté, mais des êtres plus ou moins libres. Cette nuance dans la liberté est liée directement à la capacité d’autonomie de chacun non seulement vis-à-vis de la société, mais surtout vis-à-vis de lui-même. Donc, premier point : se débarrasser l’esprit de tout ce qui l’encombre et ne garder que ce qui lui semble fiable, venant de lui-même et non d’un apprentissage scolaire et sociétal.</span></p>
galaventhttp://regardssurunevissansfin.hautetfort.com/about.htmlLa fin de l'histoire (4)tag:regardssurunevissansfin.hautetfort.com,2015-12-14:57306212015-12-14T02:38:00+01:002015-12-14T02:38:00+01:00 Le lendemain matin, ils partirent avec deux dromadaires, des dattes, de la...
<p style="text-align: justify;"><span style="font-family: book antiqua,palatino,serif; font-size: 12pt;">Le lendemain matin, ils partirent avec deux dromadaires, des dattes, de la viande séchée et quelques gourdes en peau, en plus du sac à dos de Nicéphore. Celui-ci n’avait bien sûr rien dit à Mohamed de la réalité de sa quête. Ce dernier ne parlait que quelques mots de français, mais Nicéphore disposait de sa machine à traduire instantanément. L’adolescent était bavard, drôle parfois, jamais à court d’idées. A certains moments il devenait soulant. Nicéphore, lorsqu’il était las de l’entendre, éteignait sa machine, ce qui faisait instantanément cesser le flot de paroles. Il sortait un livre et faisait semblant de travailler.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 12pt; font-family: book antiqua,palatino,serif;">Les dromadaires marchèrent ainsi pendant une bonne partie du jour dans un paysage plat parsemé d’arbustes. Une chaleur étouffante, pas un souffle de vent, l’eau quasiment chaude à boire avec parcimonie. Nicéphore somnolait secoué par la lente cadence des pas de sa monture. En fin d’après-midi, Mohamed arrêta les bêtes, fit baraquer son dromadaire, se tourna vers la Macque et fit sa prière. Nicéphore en fut heureusement surpris. Ainsi donc, il y avait encore des contrées où il était possible de prier devant les autres sans que l’on vous emprisonne. Quel bon augure, pensa-t-il. Ils repartirent, marchèrent encore une heure et arrivèrent près d’un rebord granitiques ou s’entassaient d’énormes rochers, créant entre eux de petites grottes plus ou moins habitables.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 12pt; font-family: book antiqua,palatino,serif;">– Nous y sommes, me dit Mohammed. Vous avez l’embarras du choix. Dites-moi seulement où vous installez et je repars aussitôt.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 12pt; font-family: book antiqua,palatino,serif;">Fouillant un peu dans cet imbroglio minéral, Nicéphore finit par trouver une grotte suffisamment spacieuse et fraîche. Ils débarquèrent les vivres, l’eau et les autres objets qu’il avait apportés. Mohammed ajouta :</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 12pt; font-family: book antiqua,palatino,serif;">– il y a une source qui coule de la montagne. A cette époque de l’année, elle a encore de l’eau. Elle se trouve à cent mètres, dans la petite vallée que vous voyez d’ici. Je reviens dans quatre jours. Salam Aleikoum !</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 12pt; font-family: book antiqua,palatino,serif;">– Aleikoum Salam, lui répondit Nicéphore.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 12pt; font-family: book antiqua,palatino,serif;">Il se retrouva seul dans ce désert de pierres, entouré de rares être vivants tels que des lézards, serpents, scorpions. Un silence impressionnant, presque surhumain. La grotte était fraîche. Il y ferait sans doute froid dans la nuit. Il avait emporté de quoi se vêtir et un sac de couchage renforcé. Il ne craignait rien. Il s’était promis de ne plus prendre la pilule. Jamais plus. C’était sa première résolution. La seconde était encore plus extraordinaire. Il méditera chaque jour pour trouver un but à sa vie, la sienne, pas celle de tous. Alors, pour bien marquer la seconde résolution, il s’installa face au paysage de pierres et s’immobilisa, assis en tailleur.</span></p>
galaventhttp://regardssurunevissansfin.hautetfort.com/about.htmlLa fin de l'histoire (3)tag:regardssurunevissansfin.hautetfort.com,2015-12-10:57289582015-12-10T07:28:00+01:002015-12-10T07:28:00+01:00 Il y avait bien de temps à autre des manifestations de conscience...
<p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">Il y avait bien de temps à autre des manifestations de conscience individuelle qui différaient de la conscience collective. Mais les personnes qui tentaient de penser autrement étaient aussitôt prises de fièvres ou de nausées et ne pouvaient plus se nourrir correctement. C’était aujourd’hui le cas de Nicéphore et il n’arrivait pas à lutter contre ces symptômes révélateurs. Pour éviter une hospitalisation, il décida de partir loin de la civilisation. Il prit un billet d’avion pour Tombouctou où il espérait trouver une grotte lui permettant de vivre isolé de façon à éviter toute dénonciation. Certes, il n’était pas le premier à essayer cette stratégie de l’isolement. Mais il ne savait pas ce qu’étaient devenus les gens qui l’avaient tentée. Aujourd’hui, il risquerait lui-même cette manœuvre pour voir ce qui allait subvenir. C’était l’inconnu. Il voulait savoir de que signifie penser par soi-même d’une manière différente. Il n’avait pas conscience de se rebeller. Simplement, il voulait tenter l’expérience et avait préparé avec soin son sac à dos. Un duvet, un savon, deux gourdes en plastique, un rasoir et un tube de mousse à raser, une chemise et un pantalon de rechange, quelques sous-vêtements et une paire de chaussures qui compléterait celle qu’il avait aux pieds. Ah oui, également un traducteur automatique assez perfectionné qui traduisait instantanément d’une langue dans une autre avec une voix mécanique qui certes manquait d’élégance, mais permettait de converser facilement avec tout un chacun. Il avait pris soin de ne rien prendre qui puisse donner l’éveil aux policiers chargés de fouiller les voyageurs pour découvrir des objets compromettants.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">– Monsieur, montrez-nous votre sac, s’il vous plaît.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">– Voilà, dit-il.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">– Qu’allez-vous faire à Tombouctou ? lui demanda un des policiers plus curieux.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">– Je vais faire des recherches géologiques, c’est mon métier, répondit-il. Nicéphore avait en effet passé brillamment un doctorat de géologie et avait travaillé pour l’industrie pétrolière à la recherche de présence d’indices.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">– Bien, passez Monsieur.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">Nicéphore ne cherchait pas à tromper les policiers. Il disait la vérité et agissait de façon normale sans être véritablement conscient de ce qu’il faisait.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">Atterrissant à Tombouctou, il chercha aussitôt un guide capable de l’emmener dans le désert et de l’aider à trouver une grotte pouvant l’abriter de la chaleur. Il rencontra Mohamed, un petit touareg au visage rieur, avec qui il conclut le marché. Il prit un peu de temps pour voir la grande mosquée, le plus grand monument en terre du monde, paraît-il, dans une ville également de terre et de ciment. Plus d’affrontements… La fin de l’histoire est également passée par là. Les religions existent encore, mais le prosélytisme est banni. Elles ont une fonction sociale et culturelle, voire, dans certains cas, psychologique, assez proche de la spiritualité. Celle-ci n’est pas interdite, mais elle n’est qu’individuelle, plus à des fins sanitaires que pour annoncer l’existence de Dieu et changer les êtres. Si chaque homme est libre d’une aventure religieuse, celle-ci ne peut être que dans un consensus social que tous agréent.</span></p>
galaventhttp://regardssurunevissansfin.hautetfort.com/about.htmlLa fin de l'histoire (2)tag:regardssurunevissansfin.hautetfort.com,2015-12-03:57236012015-12-03T07:17:00+01:002015-12-03T07:17:00+01:00 Lorsque la loi avait paru, de nombreuses personnes avaient ouvertement...
<p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">Lorsque la loi avait paru, de nombreuses personnes avaient ouvertement contesté, manifestant devant le parlement mondial de manière pacifique tout d’abord, puis avec l’énergie du désespoir devant la force brutale des policiers. Tous avaient été arrêtés. On n’avait plus entendu parler d’eux et leur sort n’intéressa personne puisque tous prenaient la pilule. Lorsque Nicéphore était né, le système était en place depuis déjà dix ans. Les quelques soubresauts auxquels cette mise en place avait donné lieu étaient éteints. Tous prenaient la pilule et ceux qui ne pouvait la prendre parce qu’ils étaient malades étaient aussitôt hospitalisés. Comme il fallait une autorisation spéciale signée par un praticien pour mettre un masque cachant l’indicateur, il était quasiment impossible d’échapper au système. C’est ainsi que s’était instaurée « la fin de l’histoire ». </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">Celle-ci n’avait rien à voir avec l’article de Francis Fukuyama intitulé <em>La fin de l’histoire</em>, paru en 1989. Dans l’esprit de l’auteur, il ne s’agissait pas de la fin de l’histoire de l’humanité, mais simplement la fin des affrontements entre nations. La planète était conviée à « tendre vers un modèle unique, celui des démocraties libérales et de l’économie de marché ». L’article fut aussitôt remis en cause par Samuel Huntington, l’effondrement du système communiste n’impliquant pas la fin de l’idéologie comme force motrice de l’histoire. Ce fut d’ailleurs vérifié lors de la tentative des islamistes d’instaurer un califat au Moyen Orient.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">Cette nouvelle « fin de l’histoire » était beaucoup plus subtile. Les historiens, ou plutôt les théoriciens des évolutions historiques, aidés par de psychologues et des médecins avaient mis au point une pilule ingérable supprimant la volonté individuelle. Ce n’était pas la suppression de toute volonté. Simplement le fait qu’individuellement on ne pouvait penser autrement que les autres. La volonté collective avait remplacé les volontés individuelles, mettant ainsi fin aux affrontements entre deux personnes, puis plusieurs personnes, puis deux nations, puis plusieurs nations, jusqu’à l’instauration d’une volonté collective universelle. Celle-ci avait alors grandement facilité la mise en place d'une gouvernance mondiale. Plus d’affrontement, plus d’histoire. La paix. Une paix durable, totale. Qui oserait aller contre. Impensable !</span></p>
galaventhttp://regardssurunevissansfin.hautetfort.com/about.htmlLa fin de l'histoire (1)tag:regardssurunevissansfin.hautetfort.com,2015-11-29:57235992015-11-29T07:58:00+01:002015-11-29T07:58:00+01:00 Comme tous les jours, Nicéphore Pratoux prit sa pilule au moment de son...
<p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">Comme tous les jours, Nicéphore Pratoux prit sa pilule au moment de son petit déjeuner. C’était une obligation. Personne ne pouvait s’en passer. Depuis « la fin de l’histoire », le gouvernement mondial avait instauré cette nouvelle loi et mis en place un système de contrôle qui la rendait obligatoire. Nul ne pouvait transiger. Malgré de nombreuses recherches subventionnées par l’Etat, les chercheurs n’avaient pas réussi à trouver un moyen permettant de remplacer la pilule quotidienne. Par contre on identifiait immédiatement si la personne avait ou non pris sa pilule. Depuis la découverte d’André Bonnet, l’injection du signal lumineux sous la peau était obligatoire à l’âge d’un an. Celui-ci s’allumait si la dose contenue dans la pilule n’était pas ingérée. Comme l’ « indicateur », c’était ainsi que les gens l’appelait, se trouvait à hauteur du front, à l’endroit de la petite bosse artificielle créée par l’appareil miniaturisé, située un centimètre au-dessus des deux yeux, il était simple de voir si oui ou non la pilule avait été prise.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">Cela faisait deux jours qu’il ne sentait pas bien. Il avait des sueurs glacées qui lui parcouraient le dos, des nausées à certains moments de la journée. Mais il ne voulait pas se déclarer malade. Cela l’aurait contraint à se faire soigner à l’hôpital et la cure pouvait durer plusieurs années. Il avait connu, lorsqu’il allait au lycée, une fille qui s’était déclarée malade au moment de sa puberté. Embarquée en ambulance, elle avait passé trois ans à l’hôpital. Lorsqu’elle était revenue, ses camarades ne l’avaient pas reconnue. Elle avait maigri, ses mains tremblaient et son élocution était ralentie à tel point qu’on n’avait pas envie de l’écouter. Ses parents avaient certes essayé de la récupérer plus tôt. Mais les médecins s’y étaient opposés. Elle était susceptible de faire une crise mettant en jeu l’ordre public et l’on serait alors obligé de l’euthanasier. Ils n’avaient pas insisté, sachant qu’ils risquaient eux aussi un séjour à l’hôpital. Ainsi, il n’y avait plus de malade au vrai sens du terme. Certes, il fallait toujours remplacer des organes chez ceux qui avaient des accidents internes ou externes, mais cela ne prenait que peu de temps et les patients ressortaient sains de corps et d’esprit le lendemain de l’opération.</span></p>
Littérature de partouthttp://litteraturedepartout.hautetfort.com/about.htmlLuc Bénazet et Benoît Casas, Annoncetag:litteraturedepartout.hautetfort.com,2015-11-06:57117772015-11-06T05:00:00+01:002015-11-06T05:00:00+01:00 ...
<p style="text-align: center;"> <img id="media-5205187" style="float: left; margin: 0.2em 1.4em 0.7em 0;" title="" src="http://litteraturedepartout.hautetfort.com/media/02/02/1009763535.jpg" alt="casas_nb.jpg" /> <img id="media-5205189" style="margin: 0.7em 0;" title="" src="http://litteraturedepartout.hautetfort.com/media/00/02/2722271943.jpg" alt="280x157-kz-.jpg" /></p><p style="padding-left: 270px;"> </p><p style="padding-left: 270px;">Si nous pouvons une généralité.</p><p style="padding-left: 270px;">Chacun reçoit de l’autre la possibilité de ne pas dire le soi individuel. Ainsi, improprement. Ainsi, chacun va avec les bandes d’un autre, car elles lui sont données vides,— à l’instant d’aller. De dire. Est également certain le moment opportun, — le point d’arrêt. Si chacun peut ne pas être substitué. Si chacun peut ne pas être à la place d’un autre.</p><p style="padding-left: 270px;">Chacun reçoit la possibilité de dire une phrase de l’écoute anticipée qu’il peut,— de l’écoute d’une phrase d’un autre. Certain que telle phrase, autre, aura son déroulement. Au moment opportun. À la fin de la phrase que chacun dit.</p><p style="padding-left: 270px;"> </p><p style="padding-left: 270px;"><span style="color: #0000ff;">Luc Bénazet et Benoît Casas, <em>Annonce</em>, Héros-Limite, 2015, p. 28.</span></p><p style="text-align: center; padding-left: 270px;"> </p><p style="text-align: center; padding-left: 270px;"> </p><p style="text-align: center;"> </p><p style="text-align: center;"> </p>
Front de la Contre-Subversionhttp://frontdelacontre-subversion.hautetfort.com/about.htmlErnst Jünger : « Le Rebelle est l’individu concret »tag:frontdelacontre-subversion.hautetfort.com,2015-08-17:56715802015-08-17T17:29:00+02:002015-08-17T17:29:00+02:00 Le Rebelle est l’individu concret, agissant dans le cas concret. Il n’a...
<p style="text-align: justify;"><span style="font-family: times new roman,times; font-size: large;"><img id="media-5131351" style="float: left; margin: 0.2em 1.4em 0.7em 0;" title="" src="http://frontdelacontre-subversion.hautetfort.com/media/01/02/2033815511.jpg" alt="Junger.jpg" />Le Rebelle est l’individu concret, agissant dans le cas concret. Il n’a pas besoin de théories, de lois forgées par les juristes du parti, pour savoir où se trouve le droit. Il descend jusqu’aux sources de la moralité, que n’ont pas encore divisées les canaux des institutions. Tout y devient simple, s’il survit en lui quelque pureté.</span><br /> <br /><span style="font-family: times new roman,times; font-size: large;"> Nous avons vu que la grande surprise des forêts est la rencontre avec soi-même, le noyau inaltérable du moi, l’essence dont se nourrit le phénomène temporel et individuel. Cette rencontre, qui peut tout faire pour la guérison et le triomphe sur la crainte, tient aussi, en morale, le rang le plus haut. Car elle mène jusqu’à cette strate qui fonde toute vie sociale et contient depuis les origines toute communauté. Elle conduit vers cet homme en qui réside, en deçà de l’individuel, notre richesse première, et dont rayonnent les individuations.</span><br /> <br /><span style="font-family: times new roman,times; font-size: large;"> Cette zone a plus à nous offrir que la communion : là se trouve l’identité : ce dont le symbole de l’éternité donne le pressentiment.</span><br /> <br /><span style="font-family: times new roman,times; font-size: large;"> Le moi se reconnait en l’autre : il se conforme à la vieille formule : « Tu es celui-là ! » L’autre peut être la bien-aimée, ou encore le frère, le dolent, le dépourvu. Lui prêtant secours, le moi se fortifie par là même dans l’impérissable. Acte en lequel se confirme la structure morale du monde. </span><br /> <br /><span style="font-family: times new roman,times; font-size: large;"> Ce sont des faits d’expérience. On ne saurait compter, de nos jours, ceux qui ont dépassé les centres de l’enchaînement nihiliste, les lieux mortels du maelström. Ils savent qu’ailleurs le mécanisme dévoile de plus en plus clairement ses menaces ; l’homme se trouve au centre d’une grande machine, agencée de manière à le détruire. Ils ont aussi dû constater que tout rationalisme mène au mécanisme et tout mécanisme à la torture, comme à sa conséquence logique : ce qu’on ne voyait pas encore au XIXe siècle.</span></p><p style="text-align: center;"><img id="media-5131382" style="margin: 0.7em 0;" title="" src="http://frontdelacontre-subversion.hautetfort.com/media/02/02/3226471810.jpg" alt="url.jpg" /></p><p style="text-align: center;"><span style="font-family: times new roman,times; font-size: medium;">Ernst Jünger ─ <em>Le traité du Rebelle ou le recours aux forêts</em> (1951)</span><br /><span style="font-family: times new roman,times; font-size: medium;">Édition du Seuil, 1986, p. 125-126.</span></p>
MILIQUEhttp://aumagmapresentdelecriture.hautetfort.com/about.htmlLA CHAIR ÉCORCHÉE 1tag:aumagmapresentdelecriture.hautetfort.com,2015-06-24:56063292015-06-24T09:06:00+02:002015-06-24T09:06:00+02:00 LA CHAIR ÉCORCHÉE 1 Le compte à rebours a débuté,...
<p style="text-align: center;"><img id="media-5010740" style="margin: 0.7em 0;" title="" src="http://aumagmapresentdelecriture.hautetfort.com/media/01/01/649885550.jpg" alt="au magma présent de l'écriture," /></p><p style="text-align: center;"> </p><p style="text-align: center;"><span style="font-family: arial black,avant garde; font-size: large; color: #008000;"><strong>LA CHAIR ÉCORCHÉE </strong></span></p><p style="text-align: center;"><span style="font-family: arial black,avant garde; font-size: large; color: #008000;"><strong>1</strong></span><br clear="none" /><br clear="none" /><span style="font-family: arial black,avant garde; font-size: medium;"><strong>Le compte à rebours a débuté, mortellement épuisant...</strong></span><br clear="none" /><br clear="none" /><span style="font-family: arial black,avant garde; font-size: medium;"><strong>L'individu n'est pas injuste parce qu'il a décidé de l'être,</strong></span><br clear="none" /><span style="font-family: arial black,avant garde; font-size: medium;"><strong>Simplement, il le devient parce que cela lui est nécessaire.</strong></span><br clear="none" /><br clear="none" /><span style="font-family: arial black,avant garde; font-size: medium;"><strong>Dès lors, il retrouve l'itinéraire acéré de sa mémoire:</strong></span><br clear="none" /><span style="font-family: arial black,avant garde; font-size: medium;"><strong>Ce n'est pas un endroit de chimères ou de fantasmes</strong></span><br clear="none" /><span style="font-family: arial black,avant garde; font-size: medium;"><strong>Où l'intime se trouverait dépouillé de toute singularité,</strong></span><br clear="none" /><span style="font-family: arial black,avant garde; font-size: medium;"><strong>Plutôt un long couloir peuplé de somnambules</strong></span><br clear="none" /><span style="font-family: arial black,avant garde; font-size: medium;"><strong>Au cœur d'un espace accaparé par des bribes de banal.</strong></span><br clear="none" /><br clear="none" /><span style="font-family: arial black,avant garde; font-size: medium;"><strong>Il lui est important d'agir de manière quasi organique</strong></span><br clear="none" /><span style="font-family: arial black,avant garde; font-size: medium;"><strong>Avec ces petits bouts d'ordinaire saturés de quotidien,</strong></span><br clear="none" /><span style="font-family: arial black,avant garde; font-size: medium;"><strong>Et contourner l'émotion d'une contenance pudique.</strong></span></p><p style="text-align: center;"><span style="font-family: arial black,avant garde; font-size: medium;"><strong>(A SUIVRE...)</strong></span></p><p style="text-align: center;"> </p><p style="text-align: center;"><span style="font-family: arial black,avant garde; font-size: medium;"><strong>P. MILIQUE</strong></span></p>
MILIQUEhttp://aumagmapresentdelecriture.hautetfort.com/about.htmlMIROITEMENT DE SURFACEtag:aumagmapresentdelecriture.hautetfort.com,2015-06-02:37407132015-06-02T10:17:00+02:002015-06-02T10:17:00+02:00 MIROITEMENT DE SURFACE Le...
<p style="text-align: center;"><img id="media-3156212" style="margin: 0.7em 0pt;" title="" src="http://aumagmapresentdelecriture.hautetfort.com/media/00/00/4219121316.jpg" alt="SILENCE PROPICE.jpg" /></p><p style="text-align: center;"> </p><p style="text-align: center;"> </p><p style="margin-bottom: 0cm; text-align: center;"><span style="font-family: arial black,avant garde; color: #008000;"><strong><span style="font-size: medium;"><span style="font-size: large;">MIROITEMENT DE SURFACE</span> </span></strong></span></p><p style="margin-bottom: 0cm; text-align: center;"><span style="font-family: arial black,avant garde;"><strong> </strong></span></p><p style="margin-bottom: 0cm; text-align: center;"><span style="font-family: arial black,avant garde;"><strong><span style="font-size: medium;">Le fondamental est que chaque individu</span></strong></span></p><p style="margin-bottom: 0cm; text-align: center;"><span style="font-family: arial black,avant garde;"><strong><span style="font-size: medium;">Pense être détenteur de la vérité.</span></strong></span></p><p style="margin-bottom: 0cm; text-align: center;"><span style="font-family: arial black,avant garde;"><strong><span style="font-size: medium;">Voilà ce qui est bon, voilà ce qui est mauvais!...</span></strong></span></p><p style="margin-bottom: 0cm; text-align: center;"><span style="font-family: arial black,avant garde;"><strong> </strong></span></p><p style="margin-bottom: 0cm; text-align: center;"><span style="font-family: arial black,avant garde;"><strong><span style="font-size: medium;">Dans la quintessence d'un temps sinistre, </span></strong></span></p><p style="margin-bottom: 0cm; text-align: center;"><span style="font-family: arial black,avant garde;"><strong><span style="font-size: medium;">Il subit une violent exclusion à se coltiner au réel</span></strong></span></p><p style="margin-bottom: 0cm; text-align: center;"><span style="font-family: arial black,avant garde;"><strong><span style="font-size: medium;">D'un quotidien injuste et nauséabond</span></strong></span></p><p style="margin-bottom: 0cm; text-align: center;"><span style="font-family: arial black,avant garde;"><strong><span style="font-size: medium;">Laissant transparaître la souffrance vive</span></strong></span></p><p style="margin-bottom: 0cm; text-align: center;"><span style="font-family: arial black,avant garde;"><strong><span style="font-size: medium;">D'humains assujettis en révolte contre le hideux.</span></strong></span></p><p style="margin-bottom: 0cm; text-align: center;"><span style="font-family: arial black,avant garde;"><strong> </strong></span></p><p style="margin-bottom: 0cm; text-align: center;"><span style="font-family: arial black,avant garde;"><strong><span style="font-size: medium;">Toute créativité doit affronter cette terreur-là</span></strong></span></p><p style="margin-bottom: 0cm; text-align: center;"><span style="font-family: arial black,avant garde;"><strong><span style="font-size: medium;">Avec pour seul destinataire identifié l'écho de sa propre voix.</span></strong></span></p><p style="margin-bottom: 0cm; text-align: center;"><span style="font-family: arial black,avant garde;"><strong> </strong></span></p><p style="margin-bottom: 0cm; text-align: center;"><span style="font-family: arial black,avant garde;"><strong><span style="font-size: medium;">Observateur silencieux d'un monde à l'obstiné de l'étroit,</span></strong></span></p><p style="margin-bottom: 0cm; text-align: center;"><span style="font-family: arial black,avant garde;"><strong><span style="font-size: medium;">Qui de gris barre la route des merveilles,</span></strong></span></p><p style="margin-bottom: 0cm; text-align: center;"><span style="font-family: arial black,avant garde;"><strong><span style="font-size: medium;">Il découvre l'inaccessibilité prévisible à côtoyer</span></strong></span></p><p style="margin-bottom: 0cm; text-align: center;"><span style="font-family: arial black,avant garde;"><strong><span style="font-size: medium;">Le presque rien de la vie de tous les jours.</span></strong></span></p><p style="margin-bottom: 0cm; text-align: center;"><span style="font-family: arial black,avant garde;"><strong> </strong></span></p><p style="margin-bottom: 0cm; text-align: center;"><span style="font-family: arial black,avant garde;"><strong><span style="font-size: medium;">Alors, acceptant enfin le tragique illusoire</span></strong></span></p><p style="margin-bottom: 0cm; text-align: center;"><span style="font-family: arial black,avant garde;"><strong><span style="font-size: medium;">D'un miroitement de surface sous lequel gît un gouffre,</span></strong></span></p><p style="margin-bottom: 0cm; text-align: center;"><span style="font-family: arial black,avant garde;"><strong><span style="font-size: medium;">Il se réfugie confiant derrière ce qui lui reste d'enfance,</span></strong></span></p><p style="margin-bottom: 0cm; text-align: center;"><span style="font-family: arial black,avant garde;"><strong><span style="font-size: medium;">Au plus profond d'un silence protecteur,</span></strong></span></p><p style="margin-bottom: 0cm; text-align: center;"><span style="font-family: arial black,avant garde;"><strong><span style="font-size: medium;">Seul comportement qui communique encore...</span></strong></span></p><p style="margin-bottom: 0cm; text-align: center;"><span style="font-family: arial black,avant garde;"><strong> </strong></span></p><p style="margin-bottom: 0cm; text-align: center;"><span style="font-family: arial black,avant garde;"><strong><span style="font-size: medium;"><span style="text-decoration: underline;">P. MILIQUE</span></span></strong></span></p>
Christian COTTET-EMARDhttp://cottetemard.hautetfort.com/about.htmlCarnet / J'apprécie le romantisme d'une femme ou d'un homme mais pas celui d'une foule.tag:cottetemard.hautetfort.com,2015-01-14:55338872015-01-14T15:41:57+01:002015-01-14T15:41:57+01:00MILIQUEhttp://aumagmapresentdelecriture.hautetfort.com/about.htmlSTRATÉGIES SUBVERSIVEStag:aumagmapresentdelecriture.hautetfort.com,2014-08-20:53903202014-08-20T10:34:00+02:002014-08-20T10:34:00+02:00 STRATÉGIES SUBVERSIVES Observe-le cet...
<p style="text-align: center;"><img id="media-4593577" style="margin: 0.7em 0;" title="" src="http://aumagmapresentdelecriture.hautetfort.com/media/00/00/344635582.jpg" alt="au magma présent de l'écriture," /></p><p style="text-align: center;"> </p><p style="text-align: center;"><span style="font-size: x-large; font-family: arial black,avant garde;"><strong>STRATÉGIES SUBVERSIVES</strong></span></p><div style="text-align: center;"> </div><div style="text-align: center;"> </div><p style="text-align: center;"><span style="font-size: large; font-family: arial black,avant garde;"><strong>Observe-le cet individu faire dans le genre concentré, trop concentré </strong></span></p><p style="text-align: center;"><span style="font-size: large; font-family: arial black,avant garde;"><strong>Pour être crédible pour sûr, compte tenu qu’il se croit fin stratège, </strong></span></p><p style="text-align: center;"><span style="font-size: large; font-family: arial black,avant garde;"><strong>Alors qu’il n’est au mieux qu’à l’initiative de péripéties mal maîtrisées.</strong></span></p><p style="text-align: center;"> </p><p style="text-align: center;"><span style="font-size: large; font-family: arial black,avant garde;"><strong>Pourtant il se reconnait une humilité non feinte, presque noble,</strong></span></p><p style="text-align: center;"><span style="font-size: large; font-family: arial black,avant garde;"><strong>Face à cet acte d’écrire qui, cela se confirme, </strong></span></p><p style="text-align: center;"><span style="font-size: large; font-family: arial black,avant garde;"><strong>Ne lui livrera jamais l'intégralité de ses secrets</strong></span></p><p style="text-align: center;"><span style="font-size: large; font-family: arial black,avant garde;"><strong>Et le confine à l'étroite promiscuité avec l’obligatoire réflexion. </strong></span></p><div style="text-align: center;"> </div><p style="text-align: center;"><span style="font-size: large; font-family: arial black,avant garde;"><strong>Quoi de plus subversif que ce jeu énigmatique jusqu’à l’obsession?</strong></span></p><div style="text-align: center;"> </div><p style="text-align: center;"><span style="font-size: large; font-family: arial black,avant garde;"><strong>La recherche dans l’infini des combinaisons possibles à l’imaginaire</strong></span></p><p style="text-align: center;"><span style="font-size: large; font-family: arial black,avant garde;"><strong>Conduit souvent à des répétitions qui ouvrent parfois, étonnées d'elles,</strong></span></p><p style="text-align: center;"><span style="font-size: large; font-family: arial black,avant garde;"><strong>Des failles vertigineuses et des troublants retournements de situations.</strong></span></p><div style="text-align: center;"> </div><p style="text-align: center;"><span style="font-size: large; font-family: arial black,avant garde;"><strong>Vois-le, saturé de ces méditations, lucioles fugaces qui ne révèlent</strong></span></p><p style="text-align: center;"><span style="font-size: large; font-family: arial black,avant garde;"><strong>Que très rarement l’arc-en-ciel de la phrase comprise et domestiquée,</strong></span></p><p style="text-align: center;"><span style="font-size: large; font-family: arial black,avant garde;"><strong>Mais dont le flux accoste presque toujours à une finalité similaire: </strong></span></p><p style="text-align: center;"><span style="font-size: large; font-family: arial black,avant garde;"><strong>Un agglomérat d’opacités inutilement discursives et argumentées.</strong></span></p><div style="text-align: center;"> </div><p style="text-align: center;"><span style="font-size: large; font-family: arial black,avant garde;"><strong>P. MILIQUE</strong></span></p>
A lirehttp://blogdesebastienfath.hautetfort.com/about.htmlCinq millions de Français totalement seulstag:blogdesebastienfath.hautetfort.com,2014-07-11:54078222014-07-11T00:00:00+02:002014-07-11T00:00:00+02:00 Un Français sur huit complètement seul, dépourvu d'ancrage dans les cinq...
<p><a href="http://www.fondationdefrance.org/Outils/Mediatheque/Etudes-de-l-Observatoire?id_theme=11344"><img id="media-4623243" style="float: left; margin: 0.2em 1.4em 0.7em 0;" title="" src="http://blogdesebastienfath.hautetfort.com/media/01/01/3342091311.10.jpeg" alt="Unknown.jpeg" /></a>Un Français sur huit complètement seul, dépourvu d'ancrage dans les cinq réseaux de sociabilité que sont famille, milieu professionnel, amis, proches ou voisins.</p><p>Cinq millions de personnes, un million de plus qu'en 2000... La récente <a href="http://www.fondationdefrance.org/Outils/Mediatheque/Etudes-de-l-Observatoire?id_theme=11344">enquête de la <strong>Fondation de France</strong></a> (juillet 2014) auprès de 4007 personnes qui dévoile ces chiffres est un outil majeur pour contextualiser le phénomène religieux, et les dynamiques de conversion dans les <span style="background-color: #ffff99;">"familles recomposées" de la foi</span>. </p><p>Elle est <a href="http://www.fondationdefrance.org/Outils/Mediatheque/Etudes-de-l-Observatoire?id_theme=11344">téléchargeable ici gratuitement (<strong>lien</strong>)</a>. </p>