Last posts on imagination)2024-03-29T15:22:34+01:00All Rights Reserved blogSpirithttps://www.hautetfort.com/https://www.hautetfort.com/explore/posts/tag/imagination)/atom.xmlLittérature de partouthttp://litteraturedepartout.hautetfort.com/about.htmlGeorges Didi-Huberman, Soulèvements poétiques (poésie, savoir, imagination)tag:litteraturedepartout.hautetfort.com,2013-10-30:52087012013-10-30T05:00:00+01:002013-10-30T05:00:00+01:00 ...
<p style="text-align: center;"><img id="media-4306882" style="margin: 0.7em 0;" title="" src="http://litteraturedepartout.hautetfort.com/media/01/01/772533361.4.jpg" alt="Georges Didi-Huberman, "Soulèvements poétiques (poésie, savoir, imagination), peinture, heuristique, Rimbaud, Baudelaire" /></p><p class="MsoNormal" style="margin-left: 78.0pt; text-align: justify;"><em style="mso-bidi-font-style: normal;"><span style="font-size: 14.0pt; mso-bidi-font-size: 12.0pt; font-family: Baskerville; color: blue;"> Le poème comme don de mots-voyances</span></em></p><p class="MsoNormal" style="margin-left: 78.0pt; text-align: justify;"><span style="font-size: 14.0pt; mso-bidi-font-size: 12.0pt; font-family: Baskerville; color: blue;"> </span></p><p class="MsoNormal" style="margin-left: 78.0pt; text-align: justify;"><span style="font-size: 14.0pt; mso-bidi-font-size: 12.0pt; font-family: Baskerville;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>Séparément, sans doute, les mots sont aveugles. Mais certaines façons de les agencer, certaines tournures pour leur faire prendre position, certaines phrases en somme, sont capables de devenir voyances. Ce n'est pas le seul mot <em style="mso-bidi-font-style: normal;">pan</em> qui nous fait voir quelque chose dans la peinture de Vermeer depuis le texte de Marcel Proust, ce n'est pas le seul mot <em style="mso-bidi-font-style: normal;">rigole</em> qui nous fait voir quelque chose dans la peinture de Rembrandt depuis le texte de Jean Genet : mais la façon de montage rythmique de la langue que ces mots, aux bons moments, viennent scander. Ayant compris assez vite que regarder n'était pas simplement une affaire optique puisqu'on regarde aussi avec des phrases, j'ai construit toutes mes tentatives, toutes mes approches — historiques ou philosophiques — <span style="mso-spacerun: yes;"> </span>de l'image, à travers une heuristique de la langue descriptive et théorique, un jeu constant pour sortir des conventions littéraires où les discours sur l'art, depuis l'<em style="mso-bidi-font-style: normal;">ekphrasis</em> antique, se sont trop souvent enfermés.</span></p><p class="MsoNormal" style="margin-left: 78.0pt; text-align: justify;"><span style="font-size: 14.0pt; mso-bidi-font-size: 12.0pt; font-family: Baskerville;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>J'ai donc lu et relu les lettres fameuses où Arthur Rimbaud, en 1871, dit et répète à l'envi qu'il s'agit en poésie de « trouver une langue [pour] être voyant. [...] se faire voyant. [...] se rendre <em style="mso-bidi-font-style: normal;">voyant</em> » et parvenir — « un jour, j'espère » — à ce qu'il nomme carrément une « poésie objective ». Pendant des années je n'ai pas commencé un seul de mes textes sans avoir relu préalablement quelque texte de Charles Baudelaire. Il ne s'agissait pas de citer des poèmes en exergue comme on met une cerise sur le gâteau de la pensée philosophique : il s'agissait de regarder une image avec les mots d'un poète que cette image me semblait particulièrement appeler. Ce que, vis-à-vis des usages différents qui ont cours dans l'histoire ou la critique d'art je n'ai pu que modestement nommer des "fables". Ainsi pour phraser mon regard des empreintes de cendre inventées par Claudio Parmiggiani, il m'a fallu "suivre de la langue" — comme on dit "suivre du regard" — des phrases trouvées dans Lucrèce (cet homme qui a eu l'audace unique en Occident d'exposer un système philosophique complet sous la forme d'un seul, fût-il gigantesque, poème).</span></p><p class="MsoNormal" style="margin-left: 78.0pt; text-align: justify;"><span style="font-size: 14.0pt; mso-bidi-font-size: 12.0pt; font-family: Baskerville;"> </span></p><p class="MsoNormal" style="margin-left: 78.0pt; text-align: justify;"><span style="font-size: 14.0pt; mso-bidi-font-size: 12.0pt; font-family: Baskerville; color: blue;">Georges Didi-Huberman, "Soulèvements poétiques (<em style="mso-bidi-font-style: normal;">poésie, savoir, imagination)"</em>, dans <em style="mso-bidi-font-style: normal;">PO&SIE</em>, n° 143, juin 2013, p. 154-155.</span></p><p class="MsoNormal" style="margin-left: 78.0pt; text-align: justify;"><span style="font-size: 14.0pt; mso-bidi-font-size: 12.0pt; font-family: Baskerville; color: blue;"> </span></p><p class="MsoNormal" style="margin-left: 78.0pt; text-align: justify;"><span style="font-size: 14.0pt; mso-bidi-font-size: 12.0pt; font-family: Baskerville;"> </span></p><p> </p><p class="MsoNormal" style="margin-left: 78.0pt; text-align: justify;"><span style="font-size: 14.0pt; mso-bidi-font-size: 12.0pt; font-family: Baskerville;"> </span></p>