Last posts on hobbes2024-03-28T17:22:42+01:00All Rights Reserved blogSpirithttps://www.hautetfort.com/https://www.hautetfort.com/explore/posts/tag/hobbes/atom.xmlCafé philosophique de Montargishttp://cafephilosophique-montargis.hautetfort.com/about.htmlHobbes : Le peuple, l'Etat et le Leviathan 2tag:cafephilosophique-montargis.hautetfort.com,2023-08-22:64573362023-08-22T00:00:00+02:002023-08-22T00:00:00+02:00 Toutes les conséquences d'un temps de guerre où chacun est l'ennemi de...
<blockquote><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;"><a href="http://cafephilosophique-montargis.hautetfort.com/media/02/01/1331102109.jpg" target="_blank" rel="noopener"><img id="media-6469428" style="float: left; margin: 0.2em 1.4em 0.7em 0;" title="" src="http://cafephilosophique-montargis.hautetfort.com/media/02/01/1034928133.2.jpg" alt="téléchargement.jpg" /></a>Toutes les conséquences d'un temps de guerre où chacun est l'ennemi de chacun, se retrouvent aussi en un temps où les hommes vivent sans autre sécurité que celle dont les munissent leur propre force ou leur propre ingéniosité. Dans un tel état, il n'y a pas de place pour une activité industrieuse, parce que le fruit n'en est pas assuré : et conséquemment il ne se trouve ni agriculture, ni navigation, ni usage des richesses qui peuvent être importées par la mer ; pas de constructions commodes ; pas d'appareils capables de mouvoir et d'enlever les choses qui pour ce faire exigent beaucoup de force ; pas de connaissances de la face de la terre ; pas de computation du temps ; pas d'arts ; pas de lettres ; pas de société ; et ce qui est le pire de tout, la crainte et le risque continuel d'une mort violente ; la vie de l'homme est alors solitaire, besogneuse, pénible, quasi-animale, et brêve.<br /></span></p><p style="text-align: right;"><span style="font-size: 10pt;">Thomas Hobbes, <em>Léviathan </em>(1651)</span></p></blockquote>
Café philosophique de Montargishttp://cafephilosophique-montargis.hautetfort.com/about.htmlHobbes: La guerre de chacun contre chacuntag:cafephilosophique-montargis.hautetfort.com,2022-05-10:63811262022-05-10T09:29:02+02:002022-05-10T09:29:02+02:00 Si deux hommes désirent la même chose alors qu'il n'est pas possible...
<p><img src="http://cafephilosophique-montargis.hautetfort.com/media/02/00/2264205903.jpg" id="media-6356195" alt="" /></p><blockquote><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">Si deux hommes désirent la même chose alors qu'il n'est pas possible qu'ils en jouissent tous les deux, ils deviennent ennemis: et dans leur poursuite de cette fin (qui est, principalement, leur propre conservation, mais parfois seulement leur agrément), chacun s'efforce de détruire ou de dominer l'autre. Et de là vient que, là où l'agresseur n'a rien de plus à craindre que la puissance individuelle d'un autre homme, on peut s'attendre avec vraisemblance, si quelqu'un plante, sème, bâtit, ou occupe un emplacement commode, à ce que d'autres arrivent tout équipés, ayant uni leurs forces, pour le déposséder et lui enlever non seulement le fruit de son travail, mais aussi la vie ou la liberté. Et l'agresseur à son tour court le même risque à l'égard d'un nouvel agresseur.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">Du fait de cette défiance de l'un à l'égard de l'autre, il n'existe pour nul homme aucun moyen de se garantir qui soit aussi raisonnable que le fait de prendre les devants, autrement dit, de se rendre maître, par la violence ou par la ruse, de la personne de tous les hommes pour lesquels cela est possible, jusqu'à ce qu'il n'aperçoive plus d'autre puissance assez forte pour le mettre en danger. Il n'y a rien là de plus que n'en exige la conservation de soi-même, et en général on estime cela permis. [...]</span><br /><span style="font-size: 10pt;">Il apparaît clairement par là qu'aussi longtemps que les hommes vivent sans un pouvoir commun qui les tienne tous en respect, ils sont dans cette condition qui se nomme guerre, et cette guerre est guerre de chacun contre chacun.</span></p><p style="text-align: right;"><span style="font-size: 10pt;">Thomas Hobbes, <em>Léviathan </em>(1651)</span></p><p style="text-align: right;"><em><span style="font-size: 8pt;">Photo : Pexels</span></em></p></blockquote>
Zedhttp://metapoinfos.hautetfort.com/about.htmlVers la fin de l'Etat-Léviathan ?...tag:metapoinfos.hautetfort.com,2021-09-22:63375762021-09-22T10:00:00+02:002021-09-22T10:00:00+02:00 Nous reproduisons ci-dessous un entretien donné par Robert Redeker à...
<p style="text-align: justify;"><span style="font-family: verdana, geneva, sans-serif; font-size: 12pt;">Nous reproduisons ci-dessous un entretien donné par <strong>Robert Redeker</strong> à <a href="https://www.breizh-info.com/"><em>Breizh Info</em></a> à l'occasion de la sortie de son essai intitulé <strong><em>Réseaux sociaux, la guerre des Léviathans</em></strong> (Rocher, 2021). Philosophe, Robert Redeker est notamment l'auteur de <strong><em>Egobody</em></strong> (Fayard, 2010), <a href="http://metapoinfos.hautetfort.com/archive/2014/01/17/le-soldat-impossible-5274567.html"><em><strong>Le soldat impossible</strong></em></a> (Pierre-Guillaume de Roux, 2014), <em><strong>Le progrès ? Point final. </strong></em>(Ovadia, 2015), <a href="http://metapoinfos.hautetfort.com/archive/2016/08/30/l-ecole-fantome-5841826.html"><em><strong>L'école fantôme</strong></em></a> (Desclée de Brouwer, 2016), <em><strong>L'éclipse de la mort</strong></em> (Desclée de Brouwer, 2017) ou dernièrement <a href="http://metapoinfos.hautetfort.com/archive/2020/01/09/philosophie-de-l-heroisme-et-de-la-saintete-6204052.html"><strong><em>Les Sentinelles d'humanité </em></strong></a>(Desclée de Brouwer, 2020). </span></p><p> </p><p style="text-align: center;"><img id="media-6293655" style="margin: 0.7em 0;" title="" src="http://metapoinfos.hautetfort.com/media/02/02/55965888.jpg" alt="Léviathan.jpg" /></p><blockquote><p class="tdb-title-text"><strong><span style="font-family: verdana, geneva, sans-serif; font-size: 14pt;">Robert Redeker : « Il est possible que nous vivions la fin de l’Etat tel que Hobbes l’avait pensé : l’Etat-Léviathan »</span></strong></p><p class="p1" style="text-align: justify;"><span style="font-family: verdana, geneva, sans-serif; font-size: 12pt;"><strong>Pouvez vous faire un rappel historique et philosophique synthétique à nos lecteurs : qu’est-ce que le Léviathan ?</strong></span></p><p class="p3" style="text-align: justify;"><span style="font-family: verdana, geneva, sans-serif; font-size: 12pt;"><strong>Robert Redeker :</strong> Dans la Bible, le Léviathan est un monstre marin. En philosophie il est un concept forgé par Thomas Hobbes, au XVIIème siècle, pour désigner l’Etat que les hommes instaurent à l’issu d’un contrat d’association dans le but de mettre fin à « <em>la guerre de tous contre tous</em> », l’état de nature dans lequel « <em>l’homme est un loup pour l’homme</em> ». Autrement dit il n’y a que sous la tutelle de l’Etat, dans la mesure où il supprime la violence, que l’on peut vraiment devenir un homme.<span class="Apple-converted-space"> </span>Le Léviathan est la solution trouvée par l’Europe pour sortir de l’anarchie des guerres de religion. La conception de Hobbes est la source de l’Etat moderne.</span></p><p class="p1" style="text-align: justify;"><span style="font-family: verdana, geneva, sans-serif; font-size: 12pt;"><strong>Vous dédiez votre livre à Martin Heidegger, « sans qui ce livre n’aurait pu être pensé ». Pourquoi ?</strong></span></p><p class="p1" style="text-align: justify;"><span style="font-family: verdana, geneva, sans-serif; font-size: 12pt;"><strong>Robert Redeker :</strong> C’est la lecture du plus grand philosophe du XXème siècle, Martin Heidegger, qui m’a appris à penser. Depuis 1975, pas un jour ne se passe sans que je pense à certains de ses textes, que je m’y réfère. Mais je ne suis pas un sectateur, je suis un écolier qui se sert d’outils fabriqués par le maître, et qui explore certains des chemins qu’il a ouverts, sans forcément parvenir aux mêmes conclusions que lui. Heidegger a donné comme maxime à l’ensemble de son œuvre : « Wege, nicht Werke », des chemins, pas des œuvres. Nous pouvons la reprendre à notre compte.</span></p><p class="p1" style="text-align: justify;"><span style="font-family: verdana, geneva, sans-serif; font-size: 12pt;"><strong>En quoi les réseaux sociaux forment-ils un Léviathan nouveau, et une menace pour l’Homme selon vous ?</strong></span></p><p class="p1" style="text-align: justify;"><span style="font-family: verdana, geneva, sans-serif; font-size: 12pt;"><strong>Robert Redeker :</strong> Ils sont une nouvelle forme de pouvoir qui se fait passer pour un contrepouvoir. Ils inventent une nouvelle forme de politique, permettant à des minorités d’exercer une sorte de dictature. En ce sens : dicter leur volonté aux pouvoirs en place pour qu’ils s’y plient, et toute la société à leur suite. Ce n’est pas une dictature directe, mais indirecte : ils dictent aux Etats les mesure qu’ils doivent prendre. Non seulement le wokisme a trouvé dans les réseaux sociaux le véhicule idéal pour exercer le pouvoir partout où il le peut, mais il est structurellement lié aux réseaux sociaux, intimement, quasi généré par eux.. Sans eux il ne serait rien. </span></p><p class="p3" style="text-align: justify;"><span style="font-family: verdana, geneva, sans-serif; font-size: 12pt;"><strong>Vous citiez en 2020 l’affaire Griveaux et le personnage de Greta Thunberg comme deux symboles de ce changement des temps, anthropologique dites vous, lié aux réseaux sociaux. Expliquez-nous ?</strong></span></p><p class="p3" style="text-align: justify;"><span style="font-family: verdana, geneva, sans-serif; font-size: 12pt;"><strong>Robert Redeker :</strong> Les deux sont une pure création des réseaux sociaux. L’affaire Griveaux n’aurait jamais pu se produire en dehors des réseaux sociaux. Elle est impensable il y a dix ans. La technique créé l’évènement, qui est un spectacle. De même que la technique cinématographique créé le film. Mais, dans le cas des réseaux sociaux,<span class="Apple-converted-space"> </span>les spectateurs agissent sur le film, lui donnent une certaine direction, et finalement sont intégrés en lui, font partie de la machinerie. Nous en arrivons au point où l’on peut dire : il n’y a plus de réel en dehors des réseaux sociaux. S’il vivait encore, Jean Baudrillard le dirait, et il n’aurait pas tort. L’analogique laisse subsister le réel en dehors de la technique, tandis que le digital absorbe le réel et le dissout.</span></p><p class="p1" style="text-align: justify;"><span style="font-family: verdana, geneva, sans-serif; font-size: 12pt;"><strong>Vous expliquez que les GAFA sont dans une guerre avec les Etats. Mais les Etats ne sont-ils pas finalement les complices, les instruments des GAFA désormais, et vice-versa (on pense aux lois restreignant la liberté d’expression, mais aussi aux collaborations communes avec journalistes, communicants du pouvoir, etc…) ?</strong></span></p><p class="p1" style="text-align: justify;"><span style="font-family: verdana, geneva, sans-serif; font-size: 12pt;"><strong>Robert Redeker :</strong> Il est possible que nous vivions la fin de l’Etat tel que Hobbes l’avait pensé : l’Etat-Léviathan. Nous serons sans doute amener à regretter ce grand protecteur. Cependant, dans toute guerre il y a des compromis provisoires passés avec l’adversaire, et des ruses. Les GAFA ne veulent pas prendre le pouvoir à l’intérieur des Etats, ils veulent se substituer à eux, devenir le pouvoir de l’avenir. Ils sont les éclaireurs du post-Etat. Selon eux l’Etat est dépassé, il n’y aura pas à le détruire, il va s’écrouler de lui-même. Vous vous souvenez de Lénine : l’Etat n’est pas aboli, il dépérit.</span></p><p class="p1" style="text-align: justify;"><span style="font-family: verdana, geneva, sans-serif; font-size: 12pt;">L’hypercapitalisme des réseaux sociaux est en passe de réaliser le programme de Lénine : le dépérissement de l’Etat.</span></p><p class="p1" style="text-align: justify;"><span style="font-family: verdana, geneva, sans-serif; font-size: 12pt;"><strong>Notre époque est au grand déballage, notamment de sa vie privée, de ses chagrins, de ses joies, de ses peines et de son Moi, sur les réseaux sociaux, qui en tirent d’ailleurs algorithmes, outils publicitaires et de contrôle. Ne sont-ce pas les individus qui finalement, à travers le monde, sont devenus les propres acteurs de leur servitude volontaire, ce que Javier Portella appelle « des esclaves heureux de la liberté » ?</strong></span></p><p class="p1" style="text-align: justify;"><span style="font-family: verdana, geneva, sans-serif; font-size: 12pt;"><strong>Robert Redeker :</strong> Je ne saurais mieux dire. Nous allons vers la société de l’homme sans jardin secret, de l’homme transparent, c’est-à-dire aplati, de l’homme-vitre.</span></p><p class="p1" style="text-align: justify;"><span style="font-family: verdana, geneva, sans-serif; font-size: 12pt;"><strong>Vous expliquez que cette guerre des Leviathan mènera à l’abolition de l’homme. Quelle est-elle ? N’est-ce pas profondément pessimiste ? Un renversement est-il encore possible selon vous ?</strong></span></p><p class="p1" style="text-align: justify;"><span style="font-family: verdana, geneva, sans-serif; font-size: 12pt;"><strong>Robert Redeker :</strong> Malheureusement le pessimisme a souvent raison dans l’histoire. De nombreuses formes d’humanité ont été englouties par le devenir. Michel Foucault ne disait pas autre chose en annonçant « <em>la mort de l’homme</em> » tel que l’Occident l’avait constitué depuis l’âge classique. Toute révolution technique est une anthropofacture : une re-formation de l’homme. La particularité de l’univers du numérique tient dans l’effacement de l’intériorité. L’homme qu’il fabrique est l’homme sans intériorité, c’est-à-dire sans vie privée, bref sans âme. Comment résister à cette évolution ? Par l’attention à la vie intérieure, sous la forme de la poésie, de la prière, de la méditation, de la philosophie.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: verdana, geneva, sans-serif; font-size: 12pt;"><strong>Robert Redeker</strong>, propos recueillis par Yann Vallerie (<em>Breizh Info</em>, 11 septembre 2021)</span></p></blockquote>
Café philosophique de Montargishttp://cafephilosophique-montargis.hautetfort.com/about.htmlHobbes : Succès et bonheurtag:cafephilosophique-montargis.hautetfort.com,2019-10-18:61857732019-10-18T03:28:00+02:002019-10-18T03:28:00+02:00 Un succès constant dans l’obtention de ces choses que, de temps en temps,...
<blockquote><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">Un succès constant dans l’obtention de ces choses que, de temps en temps, l’on désire, autrement dit une constante prospérité, est appelé félicité. J’entends la félicité en cette vie. Car il n’y a rien qui ressemble à la béatitude perpétuelle de l’esprit, tant que nous vivons ici, parce que la vie n’est elle-même que le mouvement et ne peut être ni sans désir, ni sans crainte.</span></p><p style="text-align: right;"><span style="font-size: 10pt;"><a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Thomas_Hobbes" target="_blank" rel="noopener">Thomas Hobbes</a>, <em>Léviathan</em> (1651)</span></p></blockquote>
Café philosophique de Montargishttp://cafephilosophique-montargis.hautetfort.com/about.htmlCompte-rendu du débat: ”Les hommes ont-ils besoin d’être gouvernés?”tag:cafephilosophique-montargis.hautetfort.com,2019-07-15:61643882019-07-15T00:00:00+02:002019-07-15T00:00:00+02:00 Le café philosophique de Montargis se réunissait le 14 juin 2019 pour un...
<p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">Le café philosophique de Montargis se réunissait le 14 juin 2019 pour un débat portant sur le sujet : "<em>Les hommes ont-ils besoin d’être gouvernés ?</em>" La soirée commence par la diffusion d’un extrait du Seigneur des Anneaux ("Un anneau pour les gouverner tous").</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">Un premier participant s’arrête sur quelques termes de ce sujet, a priori "sans objet" pour lui. Le terme "<em>d’hommes</em>", pour lui, est une traduction sujette à caution puisque les Anglais parlent de "<em>human beings</em>". Du reste, pourquoi ne pas parler aussi de "<em>femmes</em>", relate un animateur, en écho aux réactions qu’il a pu entendre. La question de l’espèce homo sapiens, qui a une dimension dans le temps et l’espace, laisse apparaître, dit ce premier intervenant, que l’homme a produit des systèmes sans gouvernement. Ou plutôt des êtres humains avec des modèles imparfaits. Que signifie gouverner ? Ne confond-on pas gouvernance et gouvernement ? La gestion ne l’est pas tout autant. Que signifie le gouvernement ? Est-il question de gouvernance étatique, de pouvoir ou d’autorité ? L’autorité peut aussi qualifier cette autorité qu’un homme de savoir peut avoir et qui peut m’être utile.</span><br /><span style="font-size: 10pt;">Derrière ce sujet, il y a en effet, dit un animateur, la distinction entre gouverner et gérer, entre gouvernement et gouvernance. Étant donné que dans l’histoire il y a eu des communautés humaines qui ont semblé être sans gouvernement, la question interroge : ces communautés ne semblent pas vouées à disparaître ou à retourner dans un mode d’existence soumis à un certain gouvernement. N’y aurait-il besoin que ces communautés aient besoin d’une forme de gouvernement, après un passage accidentel et temporaire sans gouvernement. La question du débat de ce soir, assez classique philosophiquement, est en réalité intéressante car pleine de présupposés et de possibilités de discussions.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">Une participante parle de ce terme de besoin et de la forme passive du verbe gouverner ("<em>être gouverné</em>"), ce qui présuppose une forme de soumission (que notamment les femmes, ajoute-t-elle, ne veulent surtout plus !). Qu’en est-il du besoin ? Parle-t-on d’un besoin naturel ? </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">Une personne du public considère qu’à partir du moment où l’homme vit en communauté, un gouvernement, ou plutôt une organisation, est nécessaire ("<em>Ce qui donne naissance à une société, c’est, je crois l’impuissance où se trouve chaque individu à se suffire à lui-même</em>" disait Platon). Dès que l’on est nombreux, le vivre ensemble se heurte aux intérêts individuels. L’organisation des choses nécessiterait une forme de délégation de pouvoir afin d’imposer des mesures, comme c’est le cas pour les questions environnementales. Les animaux seuls n’ont pas besoin d’être gouvernés, certes, mais les hommes ont besoin d’être gouvernés : "On voit d'une manière évidente pourquoi l'homme est un animal sociable à un plus haut degré que les abeilles et tous les animaux qui vivent réunis" disait Aristote. Emmanuel Kant écrivait de son côté que "<em>l'homme est un animal qui, lorsqu'il vit parmi d'autres membres de son espèce, a besoin d'un maître</em>."</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">Malgré tout, pourquoi ne pas considérer que, d’une manière ou d’une autre, les sociétés gouvernées ou non peuvent être transitoires ou non. Par ailleurs, se placer du côté de l’auto-organisation d’une société par elle-même c’est se placer du côté de Saint-Simon ou de Bakounine qui prônent une autre forme d’organisation via des échanges commerciaux, à ce détail prêt que ces échanges peuvent aboutir à des situations violentes.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;"><a href="http://cafephilosophique-montargis.hautetfort.com/media/01/02/303148547.jpg" target="_blank" rel="noopener"><img id="media-6013636" style="float: left; margin: 0.2em 1.4em 0.7em 0;" title="" src="http://cafephilosophique-montargis.hautetfort.com/media/01/02/1211932597.jpg" alt="aristote,kant,saint-simon,bakounine,hobbes,nietzsche,fourrier,spinoza,machiavel,proudhon,la boétie,rousseau" /></a>La meilleure organisation possible est aussi la vraie question, avec de mauvais gouvernements. Et l’amélioration sera perpétuelle, en sachant, dit un intervenant, que la démocratie est le meilleur des systèmes : "<em>Par ce qui précède je pense avoir assez montré les fondements de l'État démocratique, duquel j'ai parlé en premier parce qu'il semblait le plus naturel et celui qui est le moins éloigné de la liberté que la nature reconnaît à chacun</em>" écrivait <a href="http://cafephilosophique-montargis.hautetfort.com/archive/2019/06/06/spinoza-la-democratie-est-le-regime-le-plus-naturel-6155738.html" target="_blank" rel="noopener">Baruch Spinoza</a>.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">Pour un autre participant le dilemme est la limite du pouvoir et les abus de ce pouvoir. Il faut qu’il y ait un accord entre le peuple et son représentant. Le pouvoir est la recherche de ce que désire une certaine majorité.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">Cette historie de délégation de pouvoir, qu’on le veuille ou non, est au cœur de la démocratie actuelle et elle renvoie au<a href="http://cafephilosophique-montargis.hautetfort.com/archive/2019/06/10/hobbes-l-6157429.html" target="_blank" rel="noopener"> Léviathan de Hobbes</a> ("<em>C’est comme si chacun disait à chacun : j’autorise cet homme ou cette assemblée et je lui abandonne mon droit de me gouverner moi-même, à cette condition que tu lui abandonnes ton droit, et que tu autorises toutes ses actions de la même manière</em>"). Les citoyens acceptent de se délester une partie de leur liberté au profit d’une puissance qui sera chargée de les libérer. C’est le fondement des démocraties participatives, avec le risque que le citoyen laisse "<em>les clés du camion"</em> à son ou ses représentants jusqu’à la prochaine élection, quelques années plus tard. De fait, dit une intervenante, "<em>on est gouvernés."</em> Mais la question est aussi celle du pouvoir et des conquêtes par des hommes qui ont ce désir plus que tout. "<em>Il y a des leaders et des suiveurs</em>" : nous sommes tous, quelque part, gouvernés par nos sens, nos émotions mais aussi des besoins, et certains nous gouvernent, qu’on les appelle influenceurs ou autrement.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">À partir du moment où je suis gouverné, dit une autre participante, je suis mis en situation de ne pas "<em>pouvoir</em>" malgré mes capacités. Le mot de "pouvoir" devient de fait l’équivalent de la "<em>capacité de dominer</em>" plutôt que de la "<em>capacité de faire</em>". L’homme délégué n’aurait plus la garantie d’être notre représentant. La monarchie de droit divin considérait que la personne à la tête d’un pays détenait une représentation incontestable et une autorité légitime. Autorité et pouvoir peuvent se conjuguer mais aussi être séparées, comme le prouve l’exemple de Gandhi.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;"><a href="http://cafephilosophique-montargis.hautetfort.com/media/01/01/4037861106.jpg" target="_blank" rel="noopener"><img id="media-6013637" style="float: left; margin: 0.2em 1.4em 0.7em 0;" title="" src="http://cafephilosophique-montargis.hautetfort.com/media/01/01/1982786491.jpg" alt="aristote,kant,saint-simon,bakounine,hobbes,nietzsche,fourrier,spinoza,machiavel,proudhon,la boétie,rousseau" /></a>Être gouverné, réagit une autre personne du public, ce n’est pas forcément être dominé. Gouverner c’est "avoir un gouvernail", avoir un cap, prendre une décision et s’y tenir. Mais on peut aussi être gouverné par soi-même, comme le montre l’exemple de l’artiste. Et puis, il y a ces hommes et ces femmes qui choisissent d’être gouvernés : ce sont ces suiveurs dont on parlait mais aussi cette <a href="http://cafephilosophique-montargis.hautetfort.com/archive/2019/06/09/la-boetie-pauvres-gens-miserables-peuples-insenses-nations-o-6157146.html" target="_blank" rel="noopener">servitude volontaire théorisée par Étienne de la Boétie</a>. Sans passion, il semblerait que l’on ne peut pas gouverner vers un but ("<em>Pauvres gens misérables, peuples insensés, nations opiniâtres à votre mal et aveugles à votre bien !</em>").</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">La différence entre dominants et dominés est vieille comme le monde, dit un autre participant.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">Pour un participant, la vie en société nécessiterait d’avoir de grandes décisions prises par une ou plusieurs personnes, et dans ce cas un gouvernement ou un représentant élu serait la solution. Il a pu exister de petites communautés sous l’égide d’intellectuels (Nietzsche, Fourrier), cependant ces communautés sembleraient ne pas être pérennes en raison notamment d’un problème de taille, ce que conteste une personne du public. "<em>L’union des forces accroît notre pouvoir ; la division des tâches accroît notre capacité ; l’aide mutuelle fait que nous sommes moins exposés au sort et aux accidents. C’est ce supplément de force de capacité et de sécurité qui fait l’avantage de la société</em>" disait David Hume.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">Il y a l’idée que, même si je ne veux sans doute pas avoir d ‘emprise sur moi-même comme le dit une personne du public, il y a certains domaines qui peuvent demander l’apport d’une personne experte. Dans l’empire romain, le <em><a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Dictateur_(Rome_antique)" target="_blank" rel="noopener">dictator</a> </em>était à l’origine un représentant du Sénat chargé de mener à bien une mission pour une période précise.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">Par rapport à notre liberté individuelle, notre gouvernement peut nous bloquer. Toutefois, il peut aussi être bienfaiteur, comme c’est le cas par exemple avec l’interdiction de fumer dans les lieux publics. Dans ce cas, le gouvernement garantit la liberté des uns et des autres.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;"><a href="http://cafephilosophique-montargis.hautetfort.com/media/00/01/2509087701.jpg" target="_blank" rel="noopener"><img id="media-6013639" style="float: left; margin: 0.2em 1.4em 0.7em 0;" title="" src="http://cafephilosophique-montargis.hautetfort.com/media/00/01/3567902504.jpg" alt="aristote,kant,saint-simon,bakounine,hobbes,nietzsche,fourrier,spinoza,machiavel,proudhon,la boétie,rousseau" /></a>Si je suis dominé par quelqu’un, il est clair que quelque chose ne marche pas, réagit une personne de l’assistance. Mais le gouvernement ce n’est pas cela : c’est aussi être emmené par quelqu’un qui a une bonne idée, avec un enrichissement commun et des racines communes. Il y a sans doute un besoin naturel d’être gouverné.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">Machiavel, dit une autre intervenante, parle de l’art de gouverner – ou plutôt de prendre le pouvoir et le garder, nuance un animateur – et comment faire en sorte que les sujets l’acceptent. Certains gouvernements ne sont pas aptes à cela, à l’instar des dictatures. Dans l’état démocratique, la personne qui gouverne ne travaille pas pour son propre intérêt. Or, c’est cette problématique qui semblerait poser problème avec cette crise des gilets jaunes. Même au sujet de ces gilets jaunes, une gouvernance existait, qui ne se l’avouait pas, même s’il n’était pas question d’une autorité stricto sensu. D’ailleurs, dit une personne du public, celui qui réclamait un représentant chez ces derniers, c’était le gouvernement.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">Les humains ont-ils besoin d’être gouvernés ? Cette question pose la question de la nécessité et du besoin. Est-ce une fatalité ? s’interroge une participante. On peut imaginer une société qui <a href="http://cafephilosophique-montargis.hautetfort.com/archive/2019/06/08/l-autogestion-a-l-ecole-6157090.html" target="_blank" rel="noopener">s’autogère</a>, et à une échelle importante ? Un intervenant cite l’exemple d’un pays sans gouvernement : la Belgique, il y a quelques années.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">Peut-être, à ce stade du débat, est-on en train de s’acharner à trouver des exemples sur des communautés qui se sont gérés ou pas avec ou sans gouvernement. Or, même si on accumule les exemples, cela ne nous permettrait d’argumenter sur la question de savoir si les hommes ont besoin ou non d’être gouvernés, "<em>car 2000 exemples ne font pas une preuve</em>" !</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">Une autre question se pose : les enfants ont-ils besoin d’être gouvernés par les adultes. La notion de famille et d’autorité est discutée, tout comme celle de l’école et de l’autorité professorale. Tout ce qui représente l’autorité a perdu de sa crédibilité. Lorsque la famille éclate, que les représentants de l’État sont bafoués, est-ce que ce n’est pas un souci dans nos sociétés. Une société humaine doit avoir des règles de fonctionnement, réagit une personne du public. Mais ces règles de fonctionnement n’impliquent pas forcément une direction coercitive.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;"><a href="http://cafephilosophique-montargis.hautetfort.com/media/02/02/167720505.jpg" target="_blank" rel="noopener"><img id="media-6013640" style="float: left; margin: 0.2em 1.4em 0.7em 0;" title="" src="http://cafephilosophique-montargis.hautetfort.com/media/02/02/103393142.jpg" alt="aristote,kant,saint-simon,bakounine,hobbes,nietzsche,fourrier,spinoza,machiavel,proudhon,la boétie,rousseau" /></a>Or, ces règles communes voulues par tous ne sont-elles pas un doux rêve, réagit un participant ? Ne sont-elles pas au contraire agressées en permanence ? Il y a un combat permanent pour la liberté, avec des êtres humains souhaitant sans cesse avoir du pouvoir. Une "<em>hyper démocratie</em>" est-elle possible ? La vraie question est de savoir comment une bonne gouvernance peut durer et de quelle manière faire en sorte que nous puissions protéger la communauté de l’extérieur. </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">Dans une famille, en tant que communauté humaine, considérons des règles de vie qui, dans l’idéal, sont consenties par tout le monde et sans rapport de domination avec un genre chef de famille s’imposant. Mais dans une telle situation, si l’enfant de huit ans veut imposer ses envies,d es rapports de domination vont tout de même s’imposer. D’une certaine manière, donc, une communauté peut être imposée par des règles – c’est l’État de droit – mais derrière ces règles (c'est ce <em>Contrat social</em> de <a href="http://cafephilosophique-montargis.hautetfort.com/archive/2019/06/02/rousseau-la-citoyennete-et-la-volonte-generale-6155616.html" target="_blank" rel="noopener">Rousseau</a>), il continue d’y avoir des rapports de domination de fait.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">Proudhon écrivait : "Être gouverné, c’est être gardé à vue, inspecté, espionné, dirigé, légiféré, réglementé, endoctriné, prêché, contrôlé." Cette citation pose la question de <a href="http://cafephilosophique-montargis.hautetfort.com/archive/2019/06/08/colombo-qu-est-ce-que-l-anarchie-6157085.html" target="_blank" rel="noopener">l’anarchie</a> : être libre est-ce commencer par savoir ce que l’on met dans le sens des mots : "Ai-je besoin d’être gouverné ?" La distinction entre autorité et pouvoir, tout comme il y a une différence entre gouverner et être dominé. <a href="http://cafephilosophique-montargis.hautetfort.com/archive/2019/06/08/bakounine-donnez-aux-hommes-cette-double-education-de-l-ecol-6157088.html" target="_blank" rel="noopener">Bakounine</a> disait : "<em>Je prends mes désirs pour la réalité car je crois à la réalité de mes désirs."</em></span><br /><span style="font-size: 10pt;"><em>Le débat se conclue par une citation de Rousseau : "La véritable liberté est l’obéissance à la loi qu’on s’est prescrite.</em>" </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">La soirée se termine par le vote du sujet de la dernière séance de la saison, le vendredi 19 juillet 2019. Trois sujets sont proposés : "Peut-on faire le bonheur des autres malgré eux ?", "Sommes-nous fascinés par la violence ?" et "Les apparences sont-elles toujours trompeuses ?" C’est ce dernier sujet qui est choisi pour la dernière séance de la saison.</span></p>
Café philosophique de Montargishttp://cafephilosophique-montargis.hautetfort.com/about.htmlCompte-rendu du débat ”La liberté a-t-elle un prix?”tag:cafephilosophique-montargis.hautetfort.com,2018-07-28:60691602018-07-28T21:37:00+02:002018-07-28T21:37:00+02:00 Le café philo se réunissait pour l’avant-dernière fois cette 9e saison au...
<p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">Le café philo se réunissait pour l’avant-dernière fois cette 9e saison au Belman le vendredi 22 juin 2018 pour cette question : "<em>La liberté a-t-elle un prix ?</em>" Le débat commence par un extrait de l’émission de Raphaël Enthoven portant sur Sartre qui disait : "<em>Si Dieu n’existe pas, tout est permis.</em>"</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">Sur cette question, un premier participant commence par dire que la liberté n’est pas cotée en bourse. D’emblée, cette notion de prix ne se rattache nullement à une valeur monétaire et à une cagnotte que l’on mettrait en place pour se servir en liberté. Pour un autre intervenant, la liberté, qui n’est jamais acquise, aurait un prix non-monnayable et difficilement quantifiable : celui de notre vigilance, de la revendication et du combat. Ce n’est pas un prix économique mais un "<em>prix social et psychologique</em>".</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">Pour une autre personne du public, la liberté a bien un prix : celui de ma responsabilité. Je ne peux être libre que si j’assume mes responsabilités. Par ailleurs, ma liberté serait cet espace entre moi et les autres, et cette liberté me contrant a des règles et des lois, des conventions dans une société où je vis. Sauf qu’on ne peut pas tous accepter dans ses choix. La liberté est une pièce, disait Jacques Attali, où est inscrit à l’avers la notion de précarité. Ce serait un des prix de cette liberté.</span></p><p><img src="http://cafephilosophique-montargis.hautetfort.com/media/01/01/3236724818.2.jpg" id="media-5846847" alt="" /></p><p><span style="font-size: 10pt;">La question de ce soir fait entrer en jeu l’aspect monétaire. Se demander si la liberté a un prix s’est se demander si elle est monnayable, si c’est un don, si c’est quelque chose de vendu, de donné, d’acquis. Et si c’est une richesse, quelle valeur lui donner ? Et puis, il y a effectivement cette notion de responsabilité chère à Sartre.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">Une intervenante revient sur la notion de prix. On parle bien, dans le domaine judiciaire, de "libérer quelqu’un sous caution." L’aspect pécuniaire rentre bien en ligne de compte dans cette notion de liberté. Toujours dans le domaine de la justice, il est indéniable qu’une personne souhaitant défendre sa liberté lorsqu’elle est mise en accusation, aura intérêt à mettre le prix pour se trouver un bon avocat susceptible de le défendre au mieux. </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;"><a href="http://cafephilosophique-montargis.hautetfort.com/media/00/00/3754775690.jpg" target="_blank" rel="noopener noreferrer"><img id="media-5846848" style="float: left; margin: 0.2em 1.4em 0.7em 0;" title="" src="http://cafephilosophique-montargis.hautetfort.com/media/00/00/2133200377.jpg" alt="enthoven,sartre,hobbes,rousseau,montesquieu,thomas d’aquin,attali,sade,nietzsche,marx" /></a>Suis-je libre ? est-il demandé. "<em>L’homme est libre : sans quoi conseils, exhortations, préceptes, interdictions, récompenses et châtiments seraient vains</em>" écrivait s. Thomas d’Aquin. Il est fait remarqué en cours de débat que les préceptes de notre pays sont : <em>"Liberté, égalité fraternité</em>." Or, c’est le mot liberté qui apparaît en premier. Or, Emmanuel Todt remarque, de son côté, qu’anthropologiquement, le peuple français serait "<em>libertaire et égalitaire</em>," le peuple allemand serait, lui, "<em>autoritaire et inégalitaire</em>", le peuple russe serait "<em>autoritaire et égalitaire</em>" et le peuple anglais serait "<em>libertaire et inégalitaire.</em>" Ces trois mots permettent de brosser à gros trait une description anthropologique de quelques peuples européens. Le libéralisme vient aussi du concept de liberté : liberté d’entreprendre, de s’enrichir sans lois contraignantes. Mais si la liberté est si présente, au moins dans notre vision française de ce concept, la part laissée à l’égalité et à la fraternité n’irait-elle pas en s’amenuisant ? Les pères fondateurs de la démocratie française et du "<em>liberté égalité fraternité</em>" avaient ajouté cette dernière locution : "ou la mort." La mort pouvait, à leurs yeux, être le prix de cette liberté. </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">Une personne du public réagit en disant que la liberté est la vie et qu’elle ne se donne pas : la liberté se prend, et parfois avec des contraintes, comme le rappelle une autre personne du public en prenant pour exemple ces personnes sortant de prison et qui regrettent cette servitude : "<em>Ils prennent pour leur état de nature l’état de leur naissance. Ils finissent par s’habituer au poison, celui de nous apprendre à avaler le venin de la servitude sans le trouver amer. Ainsi, la première raison de la servitude volontaire, c’est l’habitude</em>" disait Étienne de La Boétie. On n’est pas libres dans tous les domaines. Dans certains on, est soucis à des contraintes, mais notre être appelle à être libre et à ce que les autres doivent être libres. "<em>On n’est pas libre tout seul : on est libre en fonction des autres.</em>" Le fait de pratiquer sa liberté n’est possible qu’avec les autres. Mais on prend des risques car être libre c’est aussi permettre qu’autrui le soit, et si autrui n’est pas d’accord avec vous, allons-nous nous risquer à défendre notre position ou bien chercher la paix et se taire ? </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;"><a href="http://cafephilosophique-montargis.hautetfort.com/media/02/00/3876950414.jpg" target="_blank" rel="noopener noreferrer"><img id="media-5846849" style="float: left; margin: 0.2em 1.4em 0.7em 0;" title="" src="http://cafephilosophique-montargis.hautetfort.com/media/02/00/2481917341.2.jpg" alt="enthoven,sartre,hobbes,rousseau,montesquieu,thomas d’aquin,attali,sade,nietzsche,marx" /></a>Il a été question, plus haut, de responsabilité. De quoi parlons-nous lorsque l’on parle de responsabilité ? La liberté, dit une intervenante c’est assumer ses actes et les conséquences de ses actes. Je peux faire ce que je veux, mais dans ce cas je prends le risque d’en payer éventuellement le prix. D’une certaine manière, considérer qu’autrui est libre, tout comme moi, c’est accepter sa promiscuité et les contraintes de la liberté d’autrui. </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">Une intervenante parle de l’importance des instincts qui, en soi, seraient la plus parfaite manifestation de notre liberté. La liberté pourrait aussi être un moyen de défense, dans un milieu contraignant : lutter contre des coutumes et des traditions aliénantes pour survivre, telles ces filles qui luttent pour s’en sortir dans un milieu machiste. L’instinct de survie pourrait être le dernier espace de liberté lorsqu’on n’en a plus. Mais est-ce vraiment la liberté ? N’est-ce pas une contrainte bénéfique qui permet de s’en sortir ? La liberté ne pourrait-elle pas être d’abaisser son orgueil et de maîtriser ses passions et avoir un empire sur elles : en d’autres termes, <em>"régner comme un tyran sur elle ?</em>" </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">La liberté est-elle différente selon les circonstances de notre naissance, de notre santé ou de notre environnement, mais aussi de notre travail ( "<em>À la vérité, le règne de la liberté commence seulement à partir du moment où cesse le travail dicté par la nécessité et les fins extérieures</em>" disait Marx)". Et selon le contexte, j’ai un espace de liberté. Après, que puis-je faire de cet espace de liberté ? Le garder tel quel, l’hypothéquer en prenant des risques ou tenir compte des autres ou non ? La liberté est facteur du potentiel que l’on a. La liberté publique est elle aussi fonction de notre époque et de notre lieu de naissance et cette liberté publique s’impose à nous. </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">Arrêtons-nous sur cette notion de liberté publique. Il est question de règles du jeu qui s’imposent via la société où nous vivons. Le droit codifie notre espace de liberté, et les gens prennent cet espace ou ne le prennent pas. Les citoyens ont la liberté ensuite de faire ou de ne pas faire. </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;"><a href="http://cafephilosophique-montargis.hautetfort.com/media/01/02/1604709617.jpg" target="_blank" rel="noopener noreferrer"><img id="media-5846850" style="float: left; margin: 0.2em 1.4em 0.7em 0;" title="" src="http://cafephilosophique-montargis.hautetfort.com/media/01/02/1092397242.jpg" alt="enthoven,sartre,hobbes,rousseau,montesquieu,thomas d’aquin,attali,sade,nietzsche,marx" /></a>Dans la liberté, on a la notion de libre-arbitre : un enfant est impulsif et il est mû par ses instincts, mais régulé par son environnement. À différents stades de la vie, on a une certaine liberté, avec des autocensures qui s’effectuent en fonction des héritages culturels notamment. On ne vit pas tout seul : pour une intervenante, la liberté serait une illusion dans la mesure où nous aurions des freins, conscients ou inconscients. "<em>La liberté ce n’est pas de pouvoir tout faire, mais c’est pouvoir s’empêcher de faire ce qu’il ne faut pas faire</em>" dit une personne du public pour paraphraser Sartre.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">Une citation de Montesquieu est mise en avant : "<em>La liberté est le droit de faire tout ce que les lois permettent.</em>" Pour lui, on ne peut être libre qu’à l’intérieur de la loi commune. Est-ce en soi le prix de la liberté ? Ou bien la liberté pourrait-elle sortir de ce carcan ? </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">Mais la loi serait aussi variable : est autorisé ce qui n’est pas interdit. On parle dans ce cas moins de carcan que de restrictions. Le prix de la liberté-elle pas la restriction de la liberté ? Cette restriction permettant à la liberté du plus grand nombre de s’exprimer et de protéger aussi le plus grand nombre. Être libre, disait Nelson Mandela, c’est ne pas seulement se débarrasser de ses chaînes, c’est vivre d’une façon qui permette et renforce la liberté des autres. Pour les libertariens, on peut faire ce que l’on veut à partir du moment où on ne nuit à personne. Un autre participant cite Jean-Jacques Rousseau : "<em>La liberté c’est l’obéissance à la loi qu’on s’est prescrite.</em>" </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">La vision de Rousseau est évolutive dans sa réflexion et invite à se pencher sur cette notion de pacte social : "<em>Afin donc que le pacte social ne soit pas un vain formulaire, il renferme tacitement cet engagement qui seul peut donner de la force aux autres, que quiconque refusera d’obéir à la volonté générale y sera contraint par tout le corps : ce qui ne signifie autre chose sinon qu’on le forcera d’être libre.</em>" </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">Thomas Hobbes parle d’un autre contrat social, celui du <em>Léviathan </em>: les citoyens défendent leur liberté individuelle en acceptant de confier à l’État/Léviathan une parcelle de leur liberté pour vivre dans la paix. Ils acceptent de léguer à cet État la violence légitime, au risque d’en faire un monstre oppressif : "<em>Cela fait, la multitude ainsi unie en une seule personne est appelée une République, en latin Civités. Telle est la génération de ce grand Léviathan, ou plutôt pour en parler avec plus de révérence, de ce dieu mortel, auquel nous devons, sous le Dieu immortel notre paix et notre protection.</em>" Rousseau écrivait également ceci : "<em>Dès l'instant qu'un homme eut besoin du secours d'un autre, dès qu'on s'aperçut qu'il était utile à un seul d'avoir des provisions pour deux, l'égalité disparut, la propriété s'introduisit, le travail devint nécessaire et les vastes forêts se changèrent en des campagnes riantes qu'il fallut arroser de la sueur des hommes, et dans lesquelles on vit bientôt l'esclavage et la misère germer et croître avec les moissons.</em>" Il reste au peuple la liberté de s’élever contre un État qui viendrait à rompre ce contrat social. Le prix à payer pour rester libre, ne serait-ce pas, dans cet ordre d’idée, de connaître ses droits ? Une citation éclaire cette idée : "<em>Il est incroyable de voir comme le peuple, dès qu’il est assujetti, tombe soudain dans un si profond oubli de sa liberté, qu’il lui est impossible de se réveiller pour la reconquérir : il sert si bien, et si volontiers, qu’on dirait à le voir qu’il n’a pas seulement perdu sa liberté, mais bien gagné sa servitude</em>" écrivait Étienne de La Boétie.</span><br /><span style="font-size: 10pt;">Le débat s’intéresse au droit, justement, et avec la manière dont les lois sont faites. La loi est le résultat de rapports de forces (élections, lobbies, etc.). </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;"><a href="http://cafephilosophique-montargis.hautetfort.com/media/01/00/1731272111.jpg" target="_blank" rel="noopener noreferrer"><img id="media-5846851" style="float: left; margin: 0.2em 1.4em 0.7em 0;" title="" src="http://cafephilosophique-montargis.hautetfort.com/media/01/00/700421199.jpg" alt="enthoven,sartre,hobbes,rousseau,montesquieu,thomas d’aquin,attali,sade,nietzsche,marx" /></a>La liberté, pour un participant, serait par essence conflictuelle : dès lors que l’on exerce sa liberté, on rencontre les différences avec l’autre. Le prix à payer pour la liberté pourrait bien être le consensus afin de pouvoir en relative paix avec l’autre et les autres. On a parlé de cette contrainte qu’est la liberté, mais il y a aussi des contraintes physiques, à l’exemple de ces aventuriers qui choisissent une liberté rude et exigeante, mettant en danger leur intégrité physique. </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">La liberté totale pourrait être un danger et pourrait conduire à une aliénation. Celui qui illustrerait le plus cette conception est Sade, théoricien controversé d’une liberté totale au mépris des conventions, des lois et de la morale : "<em>Tout espèce de chaîne est une folie, tout lien est un attentat à la liberté physique dont nous jouissons sur la surface du globe.</em>" Pour Sade, je peux et je dois tout faire parce que je suis libre. Il existe un autre exemple : celui du satanisme LaVeyen dont la règle première est : "<em>Fais ce que tu veux sera le tout de la loi.</em>" La liberté totale serait donc, quelque part, satanique. Mais si la liberté est totale, réagit une intervenante, on en revient à la nature de l’homme. Est-il bon ou mauvais ? Pour un animateur du café philo, la pire privation de liberté ne serait-elle pas de faire totalement ce que l’on veut ? Et obéir à ses passions sans faire ce que l’on veut. </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">Dans la notion de liberté, il y a une échelle de valeurs. La liberté de penser, personne ne songerait à l’interdire, quant à la liberté d’expression, elle peut susciter des oppositions. Quand est-on vraiment libre, finalement ? Chacun peut à sa manière construire pièce par pièce son existence, se libérer de contraintes pour construire son vrai soi après avoir accouché du vrai soi, dans la douleur. Les personnes qui peuvent se targuer d’avoir une vraie liberté pourraient être celles qui décrochent de l’existant. Il y a aussi l’exemple de ces chercheurs qui, intellectuellement, ont l’intuition de réalités scientifiques inédites. Mais ces hommes de sciences qui parviennent à se libérer de dogmatismes, ne pourraient-ils pas eux-même être aliénés dans leur propre vie privée, à l’exemple de Nietzsche ? </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">On a parlé de Hobbes et de ce Léviathan chargé de défendre les citoyens et d’exercer une violence légale : le prix de la liberté ne serait-elle pas la sécurité ? Une sécurité qui pourrait être une contrainte, voire une contrainte dans notre propre liberté. L’État a besoin de cela pour assurer la paix. On lâche un peu de sa liberté, dit un participant, pour laisser les pouvoirs publics s’occuper de notre paix. La liberté s’éprouve et s’expérimente, dit une personne du public. L’autre peut nous aider à aborder la liberté, mais c’est à chacun d’entre nous d’éprouver la liberté. Philippe Lançon, un des rescapés de l’attentat de Charlie Hebdo en 2015, a éprouvé jusque dans sa chair cette liberté : "<em>S'il y a une chose que cet attentat m'a rappelée, sinon apprise, c'est bien pourquoi je pratique ce métier dans ces deux journaux - par esprit de liberté et par goût de la manifester, à travers l'information ou la caricature, en bonne compagnie.</em>"</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;"><a href="http://cafephilosophique-montargis.hautetfort.com/media/02/01/4145678678.jpg" target="_blank" rel="noopener noreferrer"><img id="media-5846852" style="float: left; margin: 0.2em 1.4em 0.7em 0;" title="" src="http://cafephilosophique-montargis.hautetfort.com/media/02/01/2711209701.jpg" alt="enthoven,sartre,hobbes,rousseau,montesquieu,thomas d’aquin,attali,sade,nietzsche,marx" /></a>Or, le législateur a aussi imaginé des lois pour contraindre les libertés de citoyens, à l’exemple du Patriot Act aux États-Unis (écoutes téléphoniques, traçages des communications, procédures judiciaires spécifiques, etc.). La liberté de penser ce n’est pas la liberté de dire n’importe quoi, dit une personne du public, avec le danger de dérapages des hommes de loi (emprisonnements de militants écologiques par exemple, fake news pratiqués par des autorités publiques). </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">Il pourrait y avoir quelque chose de plus important que la liberté : une certaine éthique, une certaine valeur de l’homme. En France, on est plus à l’aise avec l’égalité qu’avec la la liberté, qui fait intrinsèquement partie de notre vie. </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">Finalement, le prix de la liberté ce pourrait être l’angoisse existentielle, mais aussi la peur de devoir sortir pour dire non : "<em>Est ce que j'exprimerai en disant que l'homme est condamné à être libre. Condamné, parce qu'il ne s'est pas créé lui-même, et par ailleurs cependant libre, parce qu'une fois jeté dans le monde il est responsable de tout ce qu'il fait</em>" disait Sartre. Peut-être que la meilleure manière d’appréhender et de vivre notre liberté, conclut une personne du public, serait de philosopher et notamment d’apprendre aux enfants de maternelle à philosopher. </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">Le café philo fixe son prochain et dernier rendez-vous, qui sera exceptionnel, aux Tanneries d’Amilly, le samedi 23 juin pour une "Philo sous les Arbres," avec un débat portant sur cette question : "<em>Qu’est-ce que les contes à nous raconter ?</em>", dans le cadre des (f)estivales des Tanneries. </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;"><strong>Le 21 septembre, le café philo commencera sa dixième saison avec un sujet qui sera défini au cours de l'été.</strong></span></p>
Café philosophique de Montargishttp://cafephilosophique-montargis.hautetfort.com/about.htmlCompte-rendu de la séance ”La culture serait-elle une meilleure réponse à la violence ?”tag:cafephilosophique-montargis.hautetfort.com,2017-12-03:60070162017-12-03T11:30:00+01:002017-12-03T11:30:00+01:00 Le café philosophique de Montargis se réunissait le 20 octobre 2017 au café...
<p><span style="font-size: 10pt;">Le café philosophique de Montargis se réunissait le 20 octobre 2017 au café Le Belman, un nouveau lieu de rendre-vous, pour une séance qui portait sur cette question : "<em>La culture serait-elle une meilleure réponse à la violence ?</em>" Pour cette occasion, les organisateurs du café philo invitaient Vincent Roussel, militant de longue date pour la non-violence <a href="http://cafephilosophique-montargis.hautetfort.com/debat-l-education-a-la-non-violence/" target="_blank" rel="noopener noreferrer">et qui était déjà intervenu au café philo en mars 2010 pour un sujet sur l’éducation à la non-violence</a>.</span></p><p><span style="font-size: 10pt;">Pour initier la soirée sur le sujet, les participants diffusent <a href="http://cafephilosophique-montargis.hautetfort.com/archive/2017/10/20/minoui-des-passeurs-de-livres-contre-la-violence-en-syrie-5990966.html" target="_blank" rel="noopener noreferrer">une vidéo éloquente</a> sur la présentation d’un livre de Delphine Minoui, Les Passeurs de Livres de Daraya (éd. Seuil), et qui raconte l’histoire en Syrie de résistants qui ont choisi de créer une bibliothèque clandestine.</span></p><p><span style="font-size: 10pt;">Vincent Roussel évoque <a href="http://cafephilosophique-montargis.hautetfort.com/archive/2017/10/20/comment-peut-on-developper-une-culture-de-la-non-violence-et-5991343.html" target="_blank" rel="noopener noreferrer">son engagement dans la Coordination pour la Décennie</a>. En 1998, l’ONU a décrété la première décennie du troisième millénaire serait une décennie de promotion d’une culture de la non-violence et de la paix. Cela avait été précédé en 1997 par un appel des Prix Nobel de la Paix encore vivants qui avaient souhaité cette opération. En 1997, l’ONU avait également décrété que l’année 2000 serait une année de la culture de la paix. Pour Vincent Roussel, la culture ne se réduit pas aux arts, aux lettres ou aux sciences. D’un point de vue philosophique, la culture est souvent opposé à la nature. Par là, une première question se pose : la violence est-elle une chose innée ou acquise ? Une autre définition de la culture développée par l’UNESCO, et qui est plus sociologique: la culture est ce qui rassemble, ce qui a de commun avec un groupe de population et ce qui les cimente. Ce sont des valeurs, des comportements, des attitudes et des modes de vie. Est-ce que nous, en France, nous sommes dans une culture de la violence ou de la paix ?</span></p><p><img src="http://cafephilosophique-montargis.hautetfort.com/media/01/01/1425081437.jpg" id="media-5735641" alt="" /></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">La culture évolue, que ce soit en art ou dans l’éducation. En France, la Coordination de la Décennie a fait un appel au gouvernement de l’école pour que l’éducation à la non-violence soit partie intégrante des enseignements destinés aux enfants, à raison d’une heure par semaine et par classe, de la maternelle à la Troisième. Un programme a été rédigé par la Coordination, devenue en 2010 la Coordination pour l’Éducation à la non-violence et à la paix. Un ouvrage a été rédigé par la suite, en plus d’un site Internet (<a href="http://education-nvp.org/" target="_blank" rel="noopener noreferrer">http://education-nvp.org</a>). Un travail de lobbying a été fait auprès des sénateurs à majorité socialiste et Verts. Au moment de l’établissement d’une loi pour la refondation de l’école, un amendement a été introduit en 2013 : parmi les fonctions des ISP, qui est un organisme de formation des enseignants, ceux-ci doivent apprendre à gérer la "<em>résolution non-violente des conflits</em>." Dans le socle commun de connaissances et de culture, les élèves doivent apprendre à résoudre de manière pacifique les conflits, notamment par le dialogue. Et pendant une heure par semaine et par classe, l’enseignement moral et civique a été mis en place avec la perspective des comportements relationnels pour un bien-vivre ensemble. Le problème est la manière dont on peut former les enseignants dans la non-violence. Le milieu association, dont la Coordination, ont travaillé sur des programmes pour les ISP. Vincent Roussel, s’interroge : en France, est-on dans une culture de la violence ? Et que recouvre la culture ? Et de quelle violence parle-t-on ?</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">Une première participante parle des violences : à l’école, à la maison, au travail, ou chez les femmes. Et une culture peut à chaque fois essayer de dépasser ces violences. Vincent Roussel souligne que cette violence est à considérer suivant le point de vue dans lequel on se place. Il y a d’abord le législateur qui codifie précisément ce que l’on appelle violence. Il y a ensuite le point des vue des services de santé. L’OMS a ainsi décrété que la violence était un problème de santé publique et ils ont été amené à définir ce que l’on appelait violence. Il y a trois grands domaines de violences : la violence auto-infligée et que l’on tourne contre soi (suicides, scarifications, etc.), les violences institutionnelles (au travail, dans les maisons de retraite, les maltraitances, etc.) et les violences interpersonnelles. Par ailleurs, il y a cinq types de violences : les violences physiques, les violences verbales, les violences psychologiques, les violences sexuelles et les violences par négligence.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;"><a href="http://cafephilosophique-montargis.hautetfort.com/media/01/01/2646027134.jpg" target="_blank" rel="noopener noreferrer"><img id="media-5735642" style="float: left; margin: 0.2em 1.4em 0.7em 0;" title="" src="http://cafephilosophique-montargis.hautetfort.com/media/01/01/805579976.jpg" alt="Rousseau,hobbes,weber,gillian,cancian,tronto,crépon,leiris" /></a>À la question de ce soir "<em>La culture serait-elle une meilleure réponse à la violence ?</em>", une première citation nous vient à l’esprit, celle de Dostoïevski : "<em>L’art sauvera le monde</em>", à l’origine d’ailleurs du sujet du café philo de ce soir. Or, cette phrase a été tronquée, car la citation exacte, tirée de <em>L’Idiot,</em> est en réalité une question beaucoup plus cynique : "<em>Est-il vrai, prince, que vous avez dit un jour que la ‘beauté’ sauverait le monde ? Messieurs… le prince prétend que la beauté sauvera le monde. Et moi je prétends que, s’il a des idées aussi folâtres, c’est qu’il est amoureux… Ne rougissez pas, prince ! Vous me feriez pitié. Quelle beauté sauvera le monde ?</em>" Cette phrase emblématique a été détournée puisque l’écrivain russe parle de beauté et non d’art ou de culture. Par contre, cette citation qu’on lui prête,"<em>La beauté sauvera le monde</em>", est reprise comme une antienne, notamment par Soljenitsyne : "<em>Alors, la remarque de Dostoïevski "La beauté sauvera le monde" ne serait plus une phrase en l’air, mais une prophétie. Après tout, il est vrai qu’il eut des illuminations fantastiques. Et, dans ce cas, l’art, la littérature peuvent vraiment contribuer à sauver notre monde… Et dès que [par l’art] le mensonge sera confondu, la violence apparaîtra dans sa nudité et dans sa laideur. Et la violence, alors, s’effondrera.</em>"</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">La culture serait donc une meilleure réponse à la violence et quels autres remèdes pourrait-on y trouver ?</span><br /><span style="font-size: 10pt;">Des historiens ont réfléchi au XIXe siècle sur cette violence. La violence viendrait des États. L’homme est un être social (Rousseau) et cette violence recouvre tous les espaces et tous les temps, avec notamment ces guerres et des moyens de plus en plus sophistiqués pour tuer, blesser et torturer. Elle vient d’où cette violence ? Comment se reproduit-elle ? L’ONU paraît avoir failli dans son rôle, mais l‘école aussi malgré les discours d’éducation civique. </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">Le non-accès de la culture aggraverait-il l’exclusion sociale et la précarité ? est-il demandé. Et par-là, la violence est une sorte de réponse. L’État, ce Léviathan tout puissant comme le disait Hobbes, nous laisserait choir. Pire, pour Max Weber, l’État a ce monopole de la violence légitime. La culture, commune a tout le monde, est-elle perdue par une partie de la population ? La culture ne pourrait-elle pas jouer un rôle de réinsertion ?</span><br /><span style="font-size: 10pt;">L’éducation et la culture, dit une intervenante, passent par la possibilité de s’exprimer, de parler et de comprendre. Les violences sont connues et répétées, mais sans recul nécessaire le piège de la réponse par la violence nous attend au tournant.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">Dans la non-violence, réagit un autre participant, il y a une notion d’espoir dans un monde emplit de violences, avec des exemples édifiants. Il est vrai que la violence commence tôt, dit une autre intervenante, et même dès la naissance. Il est question <em>d’"élevage"</em> d’enfants au lieu <em>d’"éducations."</em> L’entraide est rejetée très jeune au profit de la compétition. Le remède à cette violence, grâce à la culture, devrait donc se faire très jeune. Aux États-Unis, il y a cette philosophie du Care (Carol Gillian, Francesca Cancian ou Joan Tronto) qui mériterait sans doute d’être développée dans d’autres pays, dont en France.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;"><a href="http://cafephilosophique-montargis.hautetfort.com/media/02/02/1058230964.jpg" target="_blank" rel="noopener noreferrer"><img id="media-5735643" style="float: left; margin: 0.2em 1.4em 0.7em 0;" title="" src="http://cafephilosophique-montargis.hautetfort.com/media/02/02/2585945292.jpg" alt="Rousseau,hobbes,weber,gillian,cancian,tronto,crépon,leiris" /></a>La violence ne viendrait-elle pas d’un sentiment de peur ? La peur que l’autre vienne nous prendre quelque-chose. Les mouvements de violences sont basés sur cette peur et sur une non-culture et sur une forme d’ignorance. C’est la cohésion sociale qui empêche la violence et non pas "<em>le gros flingue.</em>" Pour une intervenante, la société française est violente du fait d’un esprit de compétition et de réussite pour avoir un pouvoir, au détriment du partage et de la responsabilité de chacun : être responsable de soi pour ensuite être responsable des autres.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">La culture permettrait d’accéder à une compréhension de l’autre : "<em>Ni lire, ni pleurer mais comprendre</em>" disait Spinoza. Derrière la violence, il y a des biais détournés (une politique du chaos) qui permet à des gens de pouvoir cyniques d’arriver à leur fin. La violence culturelle pourrait bien être gérée par des idéologies, auxquelles le citoyen doit répondre par la raison. C’est aussi se battre, dit Vincent Roussel, contre la fatalité de la violence. Pour lui, "l’exception de la violence" dans telle ou telle circonstance, ne serait être recevable. La culture de la paix passe par la prévention, le dialogue, le rapport de force et la compréhension. Pour lui, l’ONU a eu des acquis et des résultats. Le XXe siècle a été le siècle de Hitler, Staline et Mao, mais aussi celui de <a href="http://cafephilosophique-montargis.hautetfort.com/archive/2017/10/18/ghandi-un-texte-fondateur-sur-la-non-violence-5990531.html" target="_blank" rel="noopener noreferrer">Gandhi</a>, Mandela et Martin Luther King. Pour lui, la non-violence est beaucoup plus puissante et pérenne que la violence.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">Une participante insiste sur la notion de respect, ce vivre ensemble, souvent bien plus présent en France que dans d’autres pays. Des cultures dominantes sont intrinsèquement violentes, y compris dans notre pays. Notre société est aussi un ensemble de cultures, avec des violences légitimées, mais aussi des cultures qui se voisinent et qui s’acceptent. À la campagne, pour une intervenante, peut-être se méconnaît-on moins : nous serions moins mélangés, sans cette mixité et l’ouverture vers ces autres cultures. Il est évoqué justement cette manière dont on rassemble les gens dans des banlieues (étymologiquement une "<em>mise au ban</em>"), dans une violence qui ne dit pas son nom : rejeter vers l’extérieur des personnes défavorisées dans des immeubles c’est aussi se protéger d’une violence sous-jacente et protéger des quartiers plus huppés (les centre-villes).</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">Sommes-nous dans une société violente ? est-il demandé. Les exemples sont nombreux : les actualités à la télévision,<a href="http://cafephilosophique-montargis.hautetfort.com/archive/2017/10/19/de-baecque-la-violence-cinematographique-5990766.html" target="_blank" rel="noopener noreferrer"> le cinéma</a> (<em><a href="http://cafephilosophique-montargis.hautetfort.com/archive/2017/10/18/pulp-fiction-5990530.html" target="_blank" rel="noopener noreferrer">Pulp Fiction</a></em>, <em>Game of Thrones</em>, etc.) ou les jeux-vidéos. Le livre peut aussi être un terrain fertile pour l’ouverture vers les autres, vers d’autres mondes. Pour une participante, les modèles proposés aux autres sont violents, par exemple dans les clips de rap. Il est également rappelé que les critiques faits sur le rap aujourd’hui sont les mêmes que l’on faisait sur le rock il y a plus de soixante ans. Ne rend-on pas les gens insensibles à l’ultra-violence ? Les images propagées sont d’une violence insidieuses. Il est fait référence au film <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/The_Revenant" target="_blank" rel="noopener noreferrer"><em>The Revenant</em></a>, salué par la critique et par les spectateurs et pourtant d’une violence parfois insupportable. N’y a-t-il pas aujourd’hui une accoutumance à la violence telle qu’elle est montrée ? Or, la violence peut être justifiée, avec un second degré et un discours intelligent (<a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Breaking_Bad" target="_blank" rel="noopener noreferrer"><em>Breaking Bad</em></a>). L’art est un miroir de la société, dit une autre intervenante. La culture, a priori violente (en musique, dans les jeux-vidéos par exemple), ne serait pas un indice d’une société violente mais plutôt un exutoire chez les adolescents (<a href="http://cafephilosophique-montargis.hautetfort.com/archive/2017/10/18/leiris-la-puissance-de-la-culture-5990537.html" target="_blank" rel="noopener noreferrer"><em>voir ce texte de Leiris</em></a>). </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;"><a href="http://cafephilosophique-montargis.hautetfort.com/media/02/00/218088084.jpg" target="_blank" rel="noopener noreferrer"><img id="media-5735644" style="float: left; margin: 0.2em 1.4em 0.7em 0;" title="" src="http://cafephilosophique-montargis.hautetfort.com/media/02/00/2587290102.jpg" alt="Rousseau,hobbes,weber,gillian,cancian,tronto,crépon,leiris" /></a>En France, la bienveillance ou l’instruction font de notre pays un pays a priori assez protégé. Par contre, la violence économique et sociale est bien une réalité comme le prouvent les suicides d’agriculteurs ou les burn-out dans les entreprises. Les ouvriers utilisent la violence pour défendre leurs intérêts. Et dans certaines écoles, les enfants peuvent s’attaquer physiquement à leur professeur. Est-ce compréhensible ou défendable ? Dom Hélder Câmara mettait en avant l’origine sociale et l’injustice qui engendre la violence. Cette violence conduit à la répression violente en retour. Il y a ensuite une spirale infernale. Un mécanisme se met en place difficile à enrayer et qui conduit à l’oubli de l’origine de cette violence. Les choses peuvent vite dégénérer et il convient d’y mettre fin très vite. Ne rien faire n’est pas non plus la solution. </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">Pour un autre participant, la violence nous éclate au visage et la non-violence culturelle ne semble pas être de réponse viable, dans un monde cynique. La meilleure réponse à la violence paraît être le rapport de force, quoiqu’on en dise. La culture de la violence paraîtrait être une réalité avec la vente d’armes, le libéralisme sans foi ni loi et les guerres. Pour Vincent Roussel, la non-violence est un choix rationnel. Cela ne va pas sans heurt et sans problème. Ce choix passe par l’information sur la non-violence et les conflits sont inévitables, certes. La non-violence permet de calmer la colère qui monte, de communiquer et d’être attentif à l’autre. Les révoltes contre les violences sont saines. <a href="http://www.lemonde.fr/livres/article/2012/02/23/le-consentement-meurtrier-de-marc-crepon_1647160_3260.html" target="_blank" rel="noopener noreferrer">Marc Crépon</a> écrit dans le <em>Consentement meurtrier</em> que l’indignation est un premier pas contre la violence. Par ailleurs, il s’est inquiété du recul du refus de la violence et de cette idée que le pacifisme relève du doux rêve ("<em>Les missiles sont à l’est, les pacifistes sont à l’ouest</em>" disait François Mitterrand). Or, la dénucléarisation a bien été un choix dans les années 80 en fin de Guerre Froide, après la période de l’équilibre de la terreur. </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">Pour Vincent Roussel, la violence et la guerre ne sont pas une fatalité. C'est ce qu'a aussi déclaré l’UNESCO après un travail de recherches et de débats. Vincent Roussel ajoute également que cette année l’ONU a déclaré l’arme atomique comme illégale, tout comme les armes chimiques et bactériologiques. Sauf qu’aucun des neuf pays possédant l’arme nucléaire n’a signé cette déclaration – pour le moment ? La culture de la non-violence avancerait pas à pas depuis 1945, quoiqu’on en dise. Une intervenante rappelle également que la peine de mort a disparu d’un grand nombre d’États dans le monde.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">À partir du moment où on désespère de la jeunesse, on fait le lit de la violence, réagit Vincent Roussel. Il se montre optimiste sur notre société, moins violente qu’on ne veut bien le dire. La non-violence n’est pas autant dénigrée qu’on ne veut bien le dire, y compris et surtout dans les écoles. Il y a cependant une grande difficulté à passer à une culture de la non-violence, par manque de personnes y croyant réellement. Éthiquement, la violence est inacceptable : "<em>Essayez la non-violence !</em>" Elle est une solution pour rendre heureux et pour donner sens à l’existence.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">Pour clore la soirée de ce café philo, trois sujets étaient proposés pour le débat du 15 décembre prochain, toujours au café Le Belman : "<em>Écoles : est-ce que le niveau baisse ?</em>", "<em>Violences animales : sommes-nous bêtes ?</em>" et "<em>Ma liberté est-elle en danger ?</em>"C’est ce dernier sujet qui est choisi par la majorité des participants.</span></p>
Café philosophique de Montargishttp://cafephilosophique-montargis.hautetfort.com/about.htmlLes sujets du Bac philo cette annéetag:cafephilosophique-montargis.hautetfort.com,2017-06-15:59544542017-06-15T12:32:26+02:002017-06-15T12:32:26+02:00 Les sujets en Série L Sujet 1 : Suffit-il d'observer pour...
<p><img src="http://cafephilosophique-montargis.hautetfort.com/media/02/02/3426017110.jpg" id="media-5645087" alt="" /></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;"><strong>Les sujets en Série L</strong></span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;"><span style="text-decoration: underline;">Sujet 1</span> : Suffit-il d'observer pour connaître ?</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;"><span style="text-decoration: underline;">Sujet 2</span> : Tout ce que j'ai le droit de faire est-il juste ?</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">Sujet 3 : "Un Auteur célèbre, calculant les biens et les maux de la vie humaine et comparant les deux sommes, a trouvé que la dernière surpassait l’autre de beaucoup et qu’à tout prendre la vie était pour l’homme un assez mauvais présent. Je ne suis point surpris de sa conclusion ; il a tiré tous ses raisonnements de la constitution de l’homme Civil : s’il fût remonté jusqu’à l’homme Naturel, on peut juger qu’il eût trouvé des résultats très différents, qu’il eût aperçu que l’homme n’a guère de maux que ceux qu’il s’est donnés lui-même, et que la Nature eût été justifiée. Ce n’est pas sans peine que nous sommes parvenus à nous rendre si malheureux. Quand d’un côté l’on considère les immenses travaux des hommes, tant de Sciences approfondies, tant d’arts inventés ; tant de forces employées ; des abîmes comblés, des montagnes rasées, des rochers brisés, des fleuves rendus navigables, des terres défrichées, des lacs creusés, des marais desséchés, des bâtiments énormes élevés sur la terre, la mer couverte de Vaisseaux et de Matelots ; et que de l’autre on recherche avec un peu de méditation les vrais avantages qui ont résulté de tout cela pour le bonheur de l’espèce humaine, on ne peut qu’être frappé de l’étonnante disproportion qui règne entre ces choses, et déplorer l’aveuglement de l’homme qui, pour nourrir son fol orgueil et je ne sais quelle vaine admiration de lui-même, le fait courir avec ardeur après toutes les misères dont il est susceptible et que la bienfaisante nature avait pris soin d’écarter de lui."</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">Rousseau, <em>Discours sur l’origine et les fondements de l’inégalité parmi les hommes</em> (1755)</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;"><strong>Les sujets en Série ES</strong></span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;"><span style="text-decoration: underline;">Sujet 1</span> : La raison peut-elle rendre raison de tout ?</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;"><span style="text-decoration: underline;">Sujet 2</span> : Une œuvre d'art est-elle nécessairement belle ?</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;"><span style="text-decoration: underline;">Sujet 3</span> : "Étant donné […] qu’il n’existe pas au monde de République où l’on ait établi suffisamment de règles pour présider à toutes les actions et paroles des hommes (car cela serait impossible), il s’ensuit nécessairement que, dans tous les domaines d’activité que les lois ont passés sous silence, les gens ont la liberté de faire ce que leur propre raison leur indique comme étant le plus profitable. Car si nous prenons la liberté au sens propre de liberté corporelle, c’est-à-dire le fait de ne pas être enchaîné, ni emprisonné, il serait tout à fait absurde, de la part des hommes, de crier comme ils le font pour obtenir cette liberté dont ils jouissent si manifestement. D’autre part, si nous entendons par liberté le fait d’être soustrait aux lois, il n’est pas moins absurde de la part des hommes de réclamer comme ils le font cette liberté qui permettrait à tous les autres hommes de se rendre maîtres de leurs vies. Et cependant, aussi absurde que ce soit, c'est bien ce qu’ils réclament ; ne sachant pas que les lois sont sans pouvoir pour les protéger s’il n’est pas un glaive entre les mains d’un homme (ou de plusieurs), pour faire exécuter ces lois. La liberté des sujets ne réside par conséquent que dans les choses que le souverain, en réglementant les actions des hommes, a passées sous silence, par exemple la liberté d’acheter, de vendre, et de conclure d’autres contrats les uns avec les autres ; de choisir leur résidence, leur genre de nourriture, leur métier, d’éduquer leurs enfants comme ils le jugent convenable et ainsi de suite."</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">Hobbes, <em>Léviathan</em> (1651)</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;"><strong>Les sujets en Série S</strong></span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;"><span style="text-decoration: underline;">Sujet 1</span> : Défendre ses droits, est-ce défendre ses intérêts ?</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;"><span style="text-decoration: underline;">Sujet 2</span> : Peut-on se libérer de sa culture ?</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;"><span style="text-decoration: underline;">Sujet 3</span> : "À la limite, la vie, c'est ce qui est capable d'erreur. Et c'est peut-être à cette donnée ou plutôt à cette éventualité fondamentale qu'il faut demander compte du fait que la question de l'anomalie traverse de part en part toute la biologie. À elle aussi qu'il faut demander compte des mutations et des processus évolutifs qu'elle induit. À elle qu'il faut demander compte de cette mutation singulière, de cette « erreur héréditaire » qui fait que la vie a abouti avec l'homme à un vivant qui ne se trouve jamais tout à fait à sa place, à un vivant voué à « errer » et destiné finalement à l'« erreur ». Et si on admet que le concept, c'est la réponse que la vie elle-même donne à cet aléa, il faut convenir que l'erreur est à la racine de ce qui fait la pensée humaine et son histoire. L'opposition du vrai et du faux, les valeurs qu'on prête à l'un et à l'autre, les effets de pouvoir que les différentes sociétés et les différentes institutions lient à ce partage, tout cela même n'est peut-être que la réponse la plus tardive à cette possibilité d'erreur intrinsèque1 à la vie. Si l'histoire des sciences est discontinue, c'est-à-dire si on ne peut l'analyser que comme une série de "corrections", comme une distribution nouvelle du vrai et du faux qui ne libère jamais enfin et pour toujours la vérité, c'est que, là encore, l' « erreur » constitue non pas l'oubli ou le retard d'une vérité, mais la dimension propre à la vie des hommes et au temps de l'espèce."</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">Foucault, <em>Dits et Écrits</em> (1978)</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;"><strong>Série Techno</strong></span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;"><span style="text-decoration: underline;">Sujet 1</span> : Y a-t-il un mauvais usage de la raison ?</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;"><span style="text-decoration: underline;">Sujet 2</span> : Pour trouver le bonheur, faut-il le rechercher ?</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;"><span style="text-decoration: underline;">Sujet 3</span> : "On voit à quoi se réduirait l’homme, si l’on en retirait tout ce qu’il tient de la société : il tomberait au rang de l’animal. S’il a pu dépasser le stade auquel les animaux se sont arrêtés, c’est d’abord qu’il n’est pas réduit au seul fruit de ses efforts personnels, mais coopère régulièrement avec ses semblables ; ce qui renforce le rendement de l’activité de chacun. C’est ensuite et surtout que les produits du travail d’une génération ne sont pas perdus pour celle qui suit. De ce qu’un animal a pu apprendre au cours de son existence individuelle, presque rien ne peut lui survivre. Au contraire, les résultats de l’expérience humaine se conservent presque intégralement et jusque dans le détail, grâce aux livres, aux monuments figurés, aux outils, aux instruments de toute sorte qui se transmettent de génération en génération, à la tradition orale, etc. Le sol de la nature se recouvre ainsi d’une riche alluvion qui va sans cesse en croissant. Au lieu de se dissiper toutes les fois qu’une génération s’éteint et est remplacée par une autre, la sagesse humaine s’accumule sans terme, et c’est cette accumulation indéfinie qui élève l’homme au-dessus de la bête et au-dessus de lui-même. Mais, tout comme la coopération dont il était d’abord question, cette accumulation n’est possible que dans et par la société. </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">Durkheim, <em>Education et sociologie</em> (1922)</span></p>
Café philosophique de Montargishttp://cafephilosophique-montargis.hautetfort.com/about.htmlCompte-rendu du débat: ”L’État a-t-il tous les droits ?”tag:cafephilosophique-montargis.hautetfort.com,2017-05-25:59476782017-05-25T14:49:00+02:002017-05-25T14:49:00+02:00 Le café philosophique de Montargis se réunissait le 12 mai 2017 à la...
<p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">Le café philosophique de Montargis se réunissait le 12 mai 2017 à la Brasserie du Centre commercial de la Chaussée pour un débat intitulé "<em>L’État a-t-il tous les droits ?</em>"</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">En ouverture de ce débat, une définition de l’État est donnée : "<em>L’État est une autorité souveraine qui s’exerce sur l’ensemble d’un peuple et sur un territoire donné.</em>" L’État aurait tous les droits que la constitution lui donne. Cependant, les droits de l’État sont évolutifs, avec le jeu démocratique de l’exécutif, du législatif et de la justice, des jeux qui peuvent être fluctuants, orientés, avec une part parfois de corruptibilité.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">L’État a pour vocation de garantir les droits des individus, une vocation qui est au centre du contrat social de Jean-Jacques Rousseau. L’État a plusieurs définitions et a évolué au fil des siècles. Il naît d’une opposition violente entre plusieurs ordres de pouvoirs (l’Église, le pouvoir impérial et les ordres féodaux). Cette naissance naît de cette opposition, une naissance "<em>dans la douleur.</em>" Par la suite, les rapports de force vont venir s’intégrer, avec aussi des notions nouvelles comme ce "Contrat social" de Rousseau et des critiques comme le risque d’autoritarisme (Montesquieu).</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">L’État naîtrait-il à partir du moment où la société s’organise avec une législation propre, à l’instar de Solon ? Sous la royauté, les habitants se référaient à un pouvoir divin, le roi étant un représentant de Dieu sur terre. Or, l’État moderne est la manifestation du droit de l’homme comme individu naturel, raisonné et autonome. Aristote avait fondé l’ordre philosophique cosmogonique : l’État coupait le cordon ombilical avec l’ordre ancestral, avec la constitution de cités États autonomes.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">Il y aurait deux types d’État : l’État que l’on nous impose (de droit divin ou dictatorial) qui a tous les droits et l’État que l’on choisit. Cet État a les droits qu’on lui donne, des droits qui peuvent être galvaudés, avec un État qui s’arroge des droits qui ne relèvent pas du peuple et qui ne sont pas des choix du peuple.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">La question du débat de ce soir, "<em>L’État a-t-il tous les droits ?</em>" est une question à la fois inattendue et pertinente. Poser cette question c’est quelque part mettre en avant une situation de crise de l’État. D’emblée elle ne se pose pas dans les pays autocratiques ou de l’Ancien Régime (la fameuse expression "<em>L’État c’est moi</em>"). Cette crise est bien réelle, considère un participant.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">Un autre intervenant aborde une autre question : celle de savoir de quels droits on parle : d’autorité, de droit social plus ou moins hiérarchisé ou alors des morales. Les lois procèdent-elles de l’État ou non ? Dans quelle mesure ces droits ne sont pas imposées de plus haut ? Le droit est né aussi pour établir des règles en société. Par contre, la question est aussi de savoir si ces droits imposés respectent bien les individualités. L’État serait un frein à nos libre-arbitres d’après une participante. Et ce, en sachant, dit une autre intervenante, que l’État, souverain, est en réalité le représentant du peuple souverain. Chaque citoyen a une parcelle de souveraineté, notion visible lors des différentes élections.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">Dans la formulation de la question de ce soir, un participant se demande si la question la plus juste n’est pas : "Est-ce que l’État a tous les pouvoirs ?" Manifestement, la réponse est : non. Il y a des ressorts démocratiques réels, comme la séparation des pouvoirs. Mais, en même temps, émane ce dilemme constant entre les droits et les pouvoirs de l’État d’une part et l’insatisfaction grandissante de la population d’autre part. C’est cette distorsion là qui devient régulièrement parce que les exigences populaires (la transparence, la probité), semblent anéantis pas la violence du système économique.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">Une participante met en avant non pas l’État mais les hommes et les femmes d’État qui sembleraient avoir des pouvoirs à la fois démesurés et comme inamovibles dans le temps. Il y a sans doute l’attente d’une démocratie participative en lieu et place d’une démocratie représentative qui, pour certains, a montré ses limites. Les personnes qui incarnent la souveraineté sembleraient ne plus représenter la société, comme ajoute une participante. Il est dit que l’utilisation du référendum pourrait être une fausse bonne idée, ce type de suffrage participatif étant bien souvent un outil totalitaire comme le souligne Le Canard Enchaîné dans un hors-série récent. Les droits des individus, existent, ajoutent une autre intervenante. Encore faut-il les utiliser pour les faire valoir, au risque qu’un État s’arroge tous les droits : "<em>Machiavel n’a rien inventé"</em>.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">Mais de quel État parlons-nous au juste ? Il est patent que la forme bureaucratique forme la partie la plus évidente des États modernes. La bureaucratie naîtrait aussi des rapports de force à l’intérieur des États, avec ce dilemme de la représentation : chacun voudrait que l’État lui ressemble pour mieux le représenter. L’État moderne illustrerait une forme de "désenchantement" du monde : les sociétés sont parties d’un ordre traditionnel, immuable, collectif rassurant et idéal à un monde où l’individu est autonome et assure son propre avenir. Et dans ce concept, l’État devient le "<em>formateur d’esprit</em>" et "<em>l’instituteur social</em>", non sans cette complexification qui est aussi un moyen aux personnes au pouvoir d’y rester. L’État a cette vocation de créer le citoyen, via par exemple l’école publique.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">Il est question de ces quatre droits fondamentaux : la liberté, la propriété, la sûreté et la résistance à l’oppression. Il est aussi question de dialectique dans la déclaration universelle des droits de l’homme et du citoyen : d’un côté nous avons ces droits de l’homme universels qui libèrent l’homme en tant qu’individu et d’un autre côté nous avons ce citoyen qui entend lui imposer des devoirs. L’État démocratique serait dans cette "<em>synthèse hegelienne</em>" avec l’objectif de vivre ensemble dans la paix et éviter la guerre de tous contre tous, dans une démocratie, "le moins mauvais des systèmes", devenant souvent une "<em>jungle</em>".</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">Le désenchantement du monde a été théorisé, pour entrer dans un monde universel hypothétique. Dans cet ordre d’idée, l’État providence avait pour vocation dès la première révolution industrielle de s’ingérer dans la vie des citoyens afin de résoudre les problèmes liés au libéralisme en marche (mécanisation, vie dans les usines), mais sans résoudre les problèmes sociaux.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">Le totalitarisme, la tyrannie en puissance de l’État, le flou de la part de ceux pour lesquels on vote et la responsabilité des Français sont discutés au cours de la séance. Du point de vue de Platon, comme le souligne une participante, la démocratie est ce régime qui peut le plus facilement dériver vers la tyrannie. Pour le philosophe antique, le pouvoir donné au peuple a cet inconvénient que le peuple n’est ni savant ni sage. Il se laisse diriger par ses opinions et par la passion, ce à quoi Platon s’oppose. Le gouvernement qui écoute ce peuple donne la possibilité au peuple de se faire manipuler par ses rhéteurs et ses sophistes. Ils savent manipuler les citoyens grâce à leurs discours. De là vient ce flou et cette impression de manipulation.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">Comment le peuple va-t-il résister à l’oppression et l’État a-t-il tous les pouvoirs ? Max Weber disait que l’État a le monopole de la violence légitime. Pour mettre en place des garde-fous, Montesquieu a imaginé contre les absolutismes de tous ordres des contre-pouvoirs. De la même manière, la presse et le média a aussi ce rôle, si encore il joue bien ce rôle, comme cela est le cas aux États-Unis.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">Quels sont les droits et les devoirs de chacun ? Et comment les faire valoir ? Pour certains, l’État n’a pas tous les droits mais il a des attributions et des privilèges, via ses élus. L’État a les droits que le citoyen lui a, même symboliquement donné, réagit une personne du public. Mais si on parle des droits de l’État, quid de ses devoirs ? Parmi les premiers devoirs, l’État doit représenter la majorité des citoyens, les écouter mais aussi redistribuer les richesses aux citoyens les plus faibles et les plus pauvres.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">Le devoir de l’État est de réaliser les intérêts collectifs du peuple. Si l’État nous domine, c’est que les citoyens ont choisi ce <em>Léviathan</em> (Hobbes) afin qu’il puisse donner les moyens au peuple de réaliser ses intérêts collectifs, et par là nos intérêts personnels. Si je veux protéger ma personne, je fais appel à l’État qui, en un sens, remplace la Providence comme le dit Alexis de Tocqueville dans<em> L’Ancien Régime et la Révolution</em> (1856).</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">L’État moderne s’est créé en constituant un monopole sur les institutions financières, sur les ressources militaires et sur la violence légitime non-contestée. Or, de plus en plus, les quatre droits fondamentaux dont il a été question – liberté, propriété, sûreté et résistance à l’oppression – sembleraient être de plus en plus battus en brèche. Pourquoi ? Parce que l’État, longtemps enfermé dans un territoire donné, doit s’ouvrir aujourd’hui dans un monde gouverné par des "théories mondialistes sauvages." Ces rapports de force apparaissent néfastes au peuple, dans un monde sans doute trop ouvert, dans des échanges mondiaux systématiques ("<em>L’horreur absolue</em>", dit un participant) qui ne protégeraient plus le citoyen. Ce serait le libéralisme économique qui a tous les pouvoirs : 8 personnes détiennent autant que la moitié de la population la plus pauvre ! Les GAFA (Google Apple Facebook Amazon, mais aussi Microsoft) représentent ce nouveau pouvoir écrasant. La question pourrait donc se poser : "<em>Pourquoi l’État n’a-t-il pas plus de droit ?</em>" </span><br /><br /><span style="font-size: 10pt;">Pour la séance du <strong>23 juin</strong>, quatre sujets sont mis au vote "<em>Pourquoi débattons-nous ?</em>", "<em>Qu'est-ce qu'être moderne ?</em>", "<em>Pouvons-nous nous passer du progrès ?</em>" et "<em>La politique est-elle un art ou une science ?</em>" C’est le sujet "<strong><em>Pouvons-nous nous passer du progrès ?</em></strong>" qui est élu par les participants du café philo. Les animateurs annoncent également le premier débat de la saison 9 : ce sera une séance spéciale sur les sciences et l’éthique, en présence du philosophe et écrivain Thierry Belandra, à l’occasion de la sortie récente de son roman Nadja.</span></p>
Café philosophique de Montargishttp://cafephilosophique-montargis.hautetfort.com/about.htmlCompte-rendu du débat : ”Qu'est-ce qu'être français ?”tag:cafephilosophique-montargis.hautetfort.com,2016-12-07:58841842016-12-07T21:10:00+01:002016-12-07T21:10:00+01:00 Le vendredi 4 novembre 2016, le café philosophique de Montargis se...
<p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">Le vendredi 4 novembre 2016, le café philosophique de Montargis se réunissait à la Brasserie du Centre commercial de la Chaussée pour un nouveau débat qui portait sur cette question :"Qu’est-ce qu’être français ?"</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">Au préalable, Bruno remercie Marc Lalande pour son soutien au café philo. Le responsable de la brasserie est sur le point de laisser la main et confier les clés de l’établissement à de nouveaux propriétaires courant décembre. </span><br /><span style="font-size: 10pt;">Ce débat sur l’identité française est animé par Bruno, Claire et Micheline. Mettre sur la table une telle question sur l’identité française, objet de polémiques et de vives controverses, peut paraître une gageure, mais Bruno fait confiance au public du café philo, rassemblant entre 40 et 50 personnes, afin que la discussion ne se transforme pas en pugilat, au risque de faire sonner quelques cloches !</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">A priori, la question du sujet proposé ne devrait pas poser problème : être français est inscrit dans le code de la nationalité, avec des règles précises. Être français appartiendrait d’abord à la sphère administrative avec des textes de loi. Or, il semble bien que ce sujet sur l’identité se pose en tant que vécu et ne va pas de soi.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;"> </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">La France a une spécificité géographique, climatique et historique. D’emblée, une question se pose : "<em>Qu’est-ce qui singularise tel ou tel pays ?</em>" Or la question de l’appartenance à la France est particulière dans notre pays, si on la compare avec d’autres pays comme le dit par exemple Herbé Lebrun qui considère que l’identité française est particulièrement prégnante. Ce qui l’illustre est l’importance que notre culture accorde à l’histoire, plus sans doute que dans beaucoup de pays. Un participant considère que cette notion d’identité française pourrait bien être un système idéologique "religieux sans dieu" imaginé dans un pays multiculturel. Cet attrait pour la démocratie et la laïcité ne serait cependant pas une condition nécessaire et suffisante. </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">Pour un autre intervenant quelques dates jalonnent l’histoire de France, tels des relais pour notre identité commune : 1789, 1793, 1830, 1848, 1871, 1905, 1936 ou 1945. Ces événements ont fédéré "<em>sur des points singuliers</em>" qui font notre spécificité. Les gens se reconnaissent consciemment ou non dans ces dates. C’est ce qui ferait aussi notre singularité. </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">Si l’on parle de la laïcité, une intervenante se demande si tout le monde met la même chose sur ce mot : est-ce une laïcité souple et ouverte ou une laïcité ferme – les <em>"laïcards"</em> – critiquée à l’étranger. Par ailleurs, si l’on parle de la passion française pour l’histoire, cela a un corollaire : une difficulté à changer. Cette stabilité, réagit une autre personne dans l’assistance, est un bénéfique pour les régimes politiques et les pouvoirs économiques.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">Si l’on reste dans le vocabulaire religieux (puisqu’il était question de laïcité comme de "<em>religion sans dieu</em>"), la "<em>conversion à la République</em>" perdure pour des raisons très prosaïques. Être français part d’un symbole : le baptême de Clovis. Lors de cet événement, le roi mérovingien reconnaît le catholicisme au détriment de l’arianisme comme religion d’État. 1789 marque une date phare : c’est l’intrusion de l’humanisme au sein de l’identité française, et cela a suivi l’arrivée d’autres concepts immatériels – le rationalisme avec Descartes et les Lumières avec Diderot. Or, les Lumières ont aussi une réalité plus prosaïque qui est l’émergence d’une bourgeoisie aisée qui a cherché à dominer une noblesse au pouvoir et à bout de course. Être français c’est vivre avec ces idéaux insufflées par la Révolution – liberté, égalité, fraternité – puis la laïcité. La laïcité est cet espace mis au dessus des religions pour qu’elles puissent s’exprimer librement dans l’espace privé, en dehors du public.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">Un participant renvoie à une analyse qui considère que la laïcité s’est imposée là où le protestantisme n’était pas parvenu à s’imposer dans les pays où l’église catholique était conservatrice et réactionnaire – à l’exemple de la France. La laïcité, selon Vincent Peillon par exemple, serait "<em>une spiritualité</em>" et un travail de fond, né sans doute dans les loges maçonniques, et qui remplacerait le protestantisme qui aurait échoué. </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">Être français ce sont tous ces signaux, ces assimilations de concepts philosophiques et religieux parfois antinomiques. C’est aussi l’intégration de peuples et de cultures différents réunis autour de dénominateurs communs, comme la langue française (dont la date de naissance est fixée par les historiens en 843, lors du Traité de Verdun). La question est de savoir si ces assimilations/intégrations sont encore possibles et comment pourrait évoluer la laïcité, avec l’influence de zones comme les États-Unis ou l’Europe. </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">Être français, ce serait épouser des dates historiques et un roman national, selon un participant. Or, ce roman n’est pas complet et oublie des périodes peu glorieuses – la traite des noirs, par exemple. Par ailleurs, il est probable que si le café philo se déroulait dans d’autres régions française comme la Guadeloupe, les réponses à la question "<em>Qu’est-ce qu’être français ?</em>" seraient bien différentes que celles tenues à Montargis ! Un autre intervenant va dans ce sens, ajoutant que la question "Qu’est-ce qu’être français ?" est justement une interrogation "<em>très française</em>". Les anglo-saxons ne raisonnent pas par pays mais par lieu : "<em>Where do you come from?</em>" Et ils y répondent le plus souvent par ville ou région. Peut-être s’agit-il de savoir ce que justement les habitants d’autres pays pensent de cette question : "<em>Qu’est-ce qu’être français ?</em>" Pour une participante d’origine étrangère, l’identité française les notions de <em>"liberté", "égalité"</em> et <em>"fraternité",</em> étroitement liées à l’hexagone, restent des idéaux bien difficilement atteignables. La France est spécifique pour cette intervenante car elle parvient à assimiler dans la douceur les étrangers grâce à l’école et au travail. La France a des caractéristiques bien identifiables par beaucoup d’étrangers : le caractère discret des Français, la mode, les parfums, la cuisine, le vin, la littérature ou le cinéma.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">La référence à la nationalité serait chez nous une réponse à la question de l’origine, ce qui est frappant. Et cette nationalité charrie des constructions mentales : l’invention de la démocratie (une invention imaginée pourtant bien avant l’émergence de la France comme nation) ou l’humanisme (parfois vite oublié). Cette posture dans notre appréhension de l’identité française est d’autant plus singulière qu’en France l’affichage des couleurs du drapeau est par contre suspect. Cette ambivalence – une fierté revendiquée mais une frilosité à la montrer – est finalement très française. </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">Un participant revient sur la laïcité mise en place par la loi de 1905, qui serait destinée dans les esprits à ne pas afficher ses croyances dans l’espace public. Or, à la base, cette laïcité légiférée et qui a toujours cours avait pour but premier la séparation de l’Église et de l’État. Aristide Briand dit que la laïcité n’est pas l’interdiction de s’afficher comme croyant dans l’espace public mais c’est <em>"l’indifférence"</em> de l’État et de la chose publique par rapport à ce qu’est la religion et la liberté de croire ou de ne pas croire à tel ou tel dieu ("<em>Ce n’est pas une négation de quoi que ce soit</em>"). Cette notion de ne pas montrer de "signes religieux ostentatoires" est un ajout relativement récent. Concernant l’identité nationale, cet intervenant évoque la création en 2007 d’un ministère de l’immigration et de l’identité nationale. À cette époque, huit historiens ont démissionné de la Cité Nationale de l’Histoire de l’Immigration, protestant contre une forme de stigmatisation des immigrés. Ils ont lancé une pétition, notamment lancé par l’historien Gérard Moriel (son ouvrage, À Quoi sert l’Identité nationale?).</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">La laïcité serait une spécificité française, par rapport à d’autres pays comme les États-Unis. Ce qui caractérise la France serait aussi cette grande diversité, due notamment à notre position géographique : "<em>La France est un oxymore. Elle aime à rassembler les contraires</em>", disait Jean d’Ormesson. "C’est aussi un pays où l’on a résolu beaucoup de problèmes" ajoute un intervenant comme le prouve la loi de séparation de l’Église et de l’État. Un autre idéal serait entré dans les gènes de l’identité française : celui de la révolution française, une réalisation dans un climat violent mais pourvoyeur d’idéaux encore vivants (la liberté devant la loi, par exemple), au point que ces ces acquis sont revendiqués par l’ensemble de la population, presque unanimement. </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">L’interrogation sur l’immigration participe d’un débat – une <em>"distraction"</em> – faussé autour du mythe national. Les polémiques vont d’autant plus bon train en période de crise afin de faire oublier d’autres sujets importants, commente un participant. Ainsi, faire commencer l’histoire de l’identité française à Vercingétorix ou à Clovis n’est pas plus pertinent que de la faire commencer à Jeanne d’Arc ou à 1789. </span><br /><span style="font-size: 10pt;">Le "<em>Qu’est-ce qu’être français</em>" se pose aujourd’hui, comme elle se posera dans quelques années, tant l’identité française n’est pas figée.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">La question de l’identité se pose dans d’autres contextes, intervient une autre personne du public. En Alsace-Lorraine, les habitants se sont posés la question : "<em>Qu’est-ce qu’être allemand ?</em>" ou en Savoie on a pu s’interroger ainsi : "<em>Qu’est-ce qu’être italien ?</em>"… Ces interrogations évoluent dans le temps et dans l’histoire, en fonction de l’évolution des frontières et des crises. La réponse viendrait en appelant au secours des ancêtres ou bien un roman national afin de créer un pacte social. Ce roman national bâtit l’appartenance, avec le risque qui ne nous contraigne et nous enferme. A contrario, la question "<em>Qu’est-ce qu’être européen ?</em>" n’aurait pas lieu d’être en raison de l’absence de ce "<em>roman mythique commun</em>", cette culture, cette histoire commune et ces dates clés, en dépit des visions idéalistes qu’ont eu des penseurs comme Victor Hugo ou Edmund Husserl. En France, l’école publique a permis de diffuser voire créer des valeurs communes.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">Il est question à plusieurs reprises au cours de cette soirée de "<em>roman national.</em>" Or, qui dit <em>"roman"</em> dit construction imaginaire, fictions, avec une vision identitaire. La métaphore de "roman national" renvoie à ces manuels scolaires de la IIIe République parfois caricaturés, sinon caricaturaux. Un ouvrage est cité : <em>Le Tour de la France par deux Enfants</em> de G. Bruno. Il est évoqué un passage du livre autour du fameux "<em>Nos ancêtres les Gaulois</em>", passage troublant dans la mesure où ces Gaulois revendiqués comme la racine de notre identité ont été défaits par les Romains avant d’être assimilés et de se fondre dans une autre culture…</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">La polémique sur les origines françaises a été importante et a duré des siècles. Les spécialistes se sont entre-déchirés pour savoir si nous <em>"descendions"</em> des Gaulois ou des Francs. Cette question idéologique, que l’on peut raisonnablement concevoir comme simpliste, a été tranchée par cette réponse : les Français ont pour ancêtre les Gaulois et pas les Francs, et ce même si ces Gaulois ont disparu, vaincu par l’envahisseur romain.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">On parle bien de mythologique, commente un participant, avec une part d’allégorie mais aussi une part de vérité et de réalité, et non sans instrumentalisation politique. </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">Qu’est-ce qu’être français ? Ne serait-ce pas une programmation mentale, venue de la transmission familiale ? La cellule familiale nous permet d’acquérir "<em>tout ce qui est bon mais aussi le pathos</em>", ce qui va être vécu par la suite – faussement – comme une réalité. Sans doute les Français ont-ils en grande majorité un logiciel commun, avec une constitution commune qui inscrit dans le marbre l’imaginaire mais aussi la croyance, ce qui nous relie, le <em>"religere"</em> renvoyant à la religion. Pour le coup, la laïcité, comme "religion sans dieu", refléterait un passé chrétien ancien. Ce qui nous relie passerait par des sujets communs de conversation, que ce soit la culture (le cinéma, la littérature, etc.) ou le sport. Or, ce qui relie les populations se passerait aussi dans la zone plus restreinte de la région ou du pays. Les cultures régionales (wallonnes, basques, bretonnes, corses, etc.) en viennent à prendre le pas sur les identités nationales. Pour un intervenant, cet affaiblissement des cultures nationales européennes avait été pensé par les États-Unis après 1945. Bernard Henri-Lévy parle de cette envie de rabattre le coq gaulois, trop bruyant selon certains, avec le danger que les populations se perdent au milieu d’identités multiples – locales, régionales et nationales.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">S’agissant du vécu de tel ou tel, une participante commente ainsi : on naît Français ou Française mais cette question semble a priori aller de soi en temps normal jusqu’à ce que nous soyons confrontés à autrui venant d’ailleurs. Il est bien là question d’échanges, de partages et de compréhensions : </span><span style="font-size: 10pt;">"<em>N’ayons pas peur de l’autre, métissé ou non.</em>"</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">Pourquoi se pose-t-on la question de l’identité française ? Pour Pierre Nora, le délitement de l’identité française est un changement sociétal s’effectue et qui a pour cause l’instauration stable et durable de la paix. Le roman national, qui montrait aux petits écoliers de la IIIe République une France toujours vainqueur, avait pour but de former des petits patriotes et des futurs soldats prêts à mourir pour leur pays car il y avait un ou plusieurs ennemis extérieurs. Aujourd’hui, il y a la décentralisation du pouvoir qui fait que l’on se sent moins rattachés d’un point de vue politique, d’autant plus qu’il y a un ensemble plus vaste qui s’appelle l’Europe. Par ailleurs, certaines autorités se sont morcelées et affaiblies, que ce soit l’église ou la famille. Et puis, il y a la matrice de l’éducation qui continue de former des citoyens mais qui essaie de le faire de manière de plus en plus objective. Pour le coup, les sentiments subjectifs – comme être revanchard contre tel ou tel ennemi extérieur – parfois regrettés (le patriotisme, le chauvinisme) pourraient être des faiblesses d’un point de vue intellectuel. Le délitement de l’identité française pourrait être la conséquence de quelque chose ardemment recherché par les peuples : à savoir, la paix.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">Être français, dit un intervenant est sans doute une posture très abstraite. Être français ne nous définit pas en tant qu’êtres, pas plus que cela n’augure ce que nous faisons. Le débat sur la déchéance de la nationale a été vif car il pointait du doigt la question de savoir si nous pouvions créer des apatrides, ce qui renverse profondément les valeurs de la France qui est par essence "<em>une machine à fabriquer des Français.</em>" Il est aussi dit que "<em>L’imaginaire national vire parfois jusqu’à l’absurde.</em>" Une personne choisissant de rendre sa carte d’identité pour une autre nationalité, comme Gérard Depardieu, restera symboliquement Française. À l’opposé, certains jugeront des Français depuis plusieurs générations comme "<em>pas assez Français</em>" à cause de leurs vêtements, de leur mode de vie ou de leur religion. Un participant cite l’historien Benedict Anderson et son ouvrage <em>L’Imaginaire national</em>. Il explique que la nation n’est rien d’autre qu’une "<em>communauté imaginaire</em>" qui repose sur des symboles ou sur des valeurs partagées par des gens qui pour la plupart ne se connaîtront jamais. À l’opposé, il y a la "<em>communauté vécue</em>", celle du café philo par exemple...</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">Finalement, la question "<em>Qu’est-ce qu’être français ?</em>" repose sur deux registres : le registre collectif (l’identité commune ou le roman nationale) et le registre individuel, le vécu de chacun et ces deux registres se font écho et impliquent beaucoup de chose : notre rapport au monde, aux autres mais aussi à nous-même.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">On peut voir à quel moment on est Français, dit un participant, au moment des élections. D’après les résultats, il y a des blocs hétéroclites, et le résultat qui ressort, très contrasté, peut faire surgir un autre roman national. L’État au pouvoir, ce Leviathan hobbessien, peut voir surgir un ennemi intérieur qui se retourne contre lui, mettant en danger la stabilité nationale mais aussi la rhétorique jusque là incontestée de la France comme machine à fabriquer des Français via l’intégration. </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">Le peuple peut être considéré comme un ensemble et comme un individu et en tant qu’individu il possède une mémoire qui est emblématisée par le roman national et qui évolue. Or, cette mémoire a ses avantages et elle a ses failles. La mémoire, ce n’est pas l’histoire. Ce sont des éléments que l’on choisit de retenir ou d’occulter comme "<em>le mythe du résistentialisme</em>" que le Général de Gaulle a choisit d’impulser après 1945 (les "<em>40 millions de Résistants</em>"). Il s’agit d’un roman national qui peut être manipulé pour exercer le pouvoir.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">L’identité nationale ne serait-elle finalement qu’une notion de l’ordre de l’imaginaire ? La vraie question de ce soir pourrait-elle être ceci : "<em>Est-ce que nous revendiquons l’appartenance à la France ?</em>" Si la réponse est oui, alors c’est que nous considérons concrètement que c’est un lieu où il fait plutôt bon vivre et qui nous apporte beaucoup, en dépit des problèmes qui nous entourent. </span><span style="font-size: 10pt;">L’autre question sous-jacente est de savoir jusqu’à quel point la culture française peut intégrer d’autres cultures, de manière illimitée, au risque de perdre sa spécificité. De ce point de vue, la question est ouverte.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">Le débat se conclue par une citation d’Albert Jacquard : "<em>Un Français c’est un homme qui s’intéresse à l’homme en français.</em>"</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">Il est annoncé la date de la prochaine séance qui se tiendra exceptionnellement aux Tanneries d’Amilly, le samedi 10 décembre à partir de 17 heures. La séance, précédée d’une visite commentée des collections, au
Café philosophique de Montargishttp://cafephilosophique-montargis.hautetfort.com/about.htmlCOMPTE-RENDU DE LA SÉANCE ”JUSTICE : SURVEILLER, PUNIR OU GUERIR ?”tag:cafephilosophique-montargis.hautetfort.com,2013-10-28:52070022013-10-28T22:11:00+01:002013-10-28T22:11:00+01:00 Thème du débat : "Justice : surveiller, punir ou guérir ?" ...
<p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;"><strong style="font-size: small; text-align: justify;">Thème du débat : <span style="color: #ffff00;">"Justice : surveiller, punir ou guérir ?" </span></strong></span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;"><strong>Date : <span style="color: #ffff00;">27 septembre 2013 à la Brasserie du Centre commercial de la Chaussée.</span></strong></span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;">Le vendredi 27 septembre 2013, le café philosophique de Montargis inaugurait sa cinquième saison par un débat intitulé : "Justice : surveiller, punir ou guérir ?", un titre largement inspiré du célèbre essai de <a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Michel_Foucault" target="_blank" rel="noopener">Michel Foucault</a> <em>Suveiller et Punir</em> (1974).</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;">Après avoir rappelé le principe du café philo comme d’un lieu de débats ouverts sur la philosophie mais fermé au prosélytisme quel qu’il soit – à l’exception du prosélytisme pour la philosophie ! – Bruno annonce que le café philosophique de Montargis s’apprête à faire sa mue. Après un fonctionnement pendant quatre ans en binôme, Claire et Bruno s’apprête à créer autour d’eux une équipe de volontaires désireux de s’impliquer dans le fonctionnement, la préparation et l’animation des séances. Cette nouvelle structures permettrait au café philosophique de mieux répondre aux sollicitations qui se sont multipliées au cours de la saison 4 mais aussi d’anticiper l’éventuel désistement de tel(le) ou tel(le) organisateur(trice). Il apparaît en effet qu’étant donnée la structure actuelle du café philo, inchangée depuis sa création en 2009, le départ d’une seule personne signifierait presque à coup sûr la disparition de l’animation de la Chaussée.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;">Le débat proprement dit sur la justice s’ouvre par la remarque d’une participante : il est vrai, dit-elle, que la justice a pour fonction essentielle de punir ; il paraît par contre dommageable que la guérison soit très souvent aux abonnés absents. Guérir n’est-ce pas accorder le bénéfice du dialogue et de la médiation lors de conflits ? La justice y gagnerait sans doute à préférer le dialogue à la sentence.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;">Le terme de "guérison" est-il justement approprié ? se demande une nouvelle intervenante. Utilisé ainsi, un tel mot signifierait la présence d’une maladie. Mais de quelle maladie parlons-nous ? D’une maladie de la société ? Ne serait-ce pas considérer certains citoyens comme des corps malades ? Ce serait donner à la justice un rôle "thérapeutique" qu’elle n’a indubitablement pas. Sauf à considérer la place – trop souvent discrète – des personnels psychiatriques oeuvrant entre les murs carcéraux.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;">La question du rôle et des missions de la justice est au centre de l’actualité avec le projet de loi Taubira, sujet "clivant" et polémique (<a href="http://cafephilosophique-montargis.hautetfort.com/archive/2013/09/26/projet-de-loi-taubira-des-points-qui-font-polemique-5187785.html" target="_blank" rel="noopener">cf. cet article</a>). Si l’on veut recentrer le débat et mettre de côté la justice correctionnelle et commerciale, certes importante, pour s’intéresser à la justice pénale, nul doute que la longue histoire judiciaire a subi des transformations certaines et des améliorations au cours des millénaires.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;">Comme le rappellent plusieurs philosophes (<a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Albert_Camus" target="_blank" rel="noopener">Albert Camus</a>, par exemple), l’institution judiciaire est d’abord née de la nécessité de trouver un terrain pacifique à des conflits pouvant se transformer en vengeance voire en vendetta. Là, sans doute est le noyau des institutions judiciaires. <a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Jean-Jacques_Rousseau" target="_blank" rel="noopener">Jean-Jacques Rousseau</a> considère que c’est à partir du moment où les hommes sont sortis de leur état naturel – où régnait une justice qu’il considère comme parfait ("<em>le bon sauvage</em>") – pour se rassembler en société, ils ont eu besoin d’établir une institution judiciaire qui puisse garantir un ordre social (<a href="http://cafephilosophique-montargis.hautetfort.com/archive/2013/09/24/rousseau-l-origine-5180349.html" target="_blank" rel="noopener">cf. aussi ce texte</a>). Une institution ou plutôt des institutions judiciaires aux réalités multiples et aux géométries variables car, comme le dit <a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Blaise_Pascal" target="_blank" rel="noopener">Blaise Pascal</a>, "<em>Plaisante justice qu' une rivière borne. Vérité en deçà des Pyrénées, erreur au delà.</em>" </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;">La justice, nous l’avons dit, s’attache à régler un conflit, une "<em>in-justice</em>" : "<em>Le juge s’efforce de rétablir la l’égalité</em>" dit <a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Aristote" target="_blank" rel="noopener">Aristote</a>. Toute la question est de savoir si cette justice va être <em>juste</em>. Il apparaît en tout cas que la justice a subi des transformations successives au cours des siècles. L’évolution des moyens de cœrcition n’est pas la moindre des changements opérés. Au cours des siècles, les supplices et la peine de mort ont laissé place à des mesures considérées comme moins expéditives : l’enfermement, peine dure, offre du moins une possibilité de sortie sinon de rachat. </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;">Pour autant, précise Bruno, la justice a toujours pour vocation d’être le bras armé de la société. Pour <a style="text-align: justify;" href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Michel_Foucault" target="_blank" rel="noopener">Michel Foucault</a> même si les peines de l’Ancien Régime (roues, gibets, bûchers, etc.) ont disparu et tendu à rendre la justice plus humaine, celle-ci reste une puissance publique ayant pour vocation de "<em>punir</em>", "<em>dompter les corps</em>" mais aussi d’intimider. En évoquant le supplice raffiné de <a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Ravaillac" target="_blank" rel="noopener">Ravaillac</a> (<a href="http://cafephilosophique-montargis.hautetfort.com/archive/2013/07/26/temp-4239fb85cb8947878fa796c6a3ed2df1-5129553.html" target="_blank" rel="noopener">cf. cet article</a>), l’assassin d’<a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Henri_IV_de_France" target="_blank" rel="noopener">Henri IV</a>, <a style="text-align: justify;" href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Michel_Foucault" target="_blank" rel="noopener">Michel Foucault</a> se positionnant en "<em>archéologue du savoir</em>", y voit la marque d’une justice non pas désireuse de compenser une faute par une punition équilibrée mais par une intervention brutale propre à marquer les esprits et les consciences : "<em>Le supplice judiciaire est à comprendre comme un rituel politique. Il fait partie, même sur un mode mineur, des cérémonies par lesquelles le pouvoir se manifeste.</em>"</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;">Cette intimidation, qui est aussi une surveillance de la société, fait de la justice un organe de pouvoir qui a la vocation d’être démonstratif. Claire rappelle qu’en France les exécutions ont été longtemps publiques jusque tard au cours du XXème siècle. Au XVIIIème siècle, un témoin rapporte qu’en Angleterre la pendaison de deux individus fut l’occasion d’une fête et d’une orgie épouvantable entraînant une centaine de morts ! En France, plus près de chez nous, les citoyens se délectaient tant de la guillotine que le pouvoir décida au milieu du XXème siècle de ne plus faire les exécutions que dans l’enceinte des prisons, au petit matin. Mais même avec ces précautions, des témoins se rassemblaient aux alentours pour se repaître du bruit de la lame de la guillotine ! </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;">Finalement, le choix de "rendre justice" dans une relative discrétion n’est pas dû à des motivation humanistes mais d’abord à des considérations d’ordre social : l’exécution publique doit être un moyen de sanctionner mais aussi d’intimider – dans la mesure où cela ne trouble pas l’ordre public. Cette intimidation, parfois spectaculaire (que l’on pense au long développement que fait <a style="text-align: justify;" href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Michel_Foucault" target="_blank" rel="noopener">Michel Foucault</a> du supplice de <a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Ravaillac" target="_blank" rel="noopener">Ravaillac</a>), est aussi à voir comme une manière de prévenir et de surveiller. Ce qui explique que les tortures et exécutions publiques étaient censées être de véritables spectacles sensés marquer les esprits. La justice, dans ce cas, avait une autre motivation qu’infliger une peine méritée : elle entendait marquer sa présence et son pouvoir. </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;">Comment punir "<em>justement</em>" ? Voilà une question posée et débattue au cours de cette séance. La justice, nous l’avons dit, entend apporter une réponse pacifique à un conflit qui pourrait présenter le risque de troubler l’ordre social (vengeances, vendettas, etc.). L’institution judiciaire se place d’emblée comme un pouvoir non seulement disciplinaire mais surtout idéal. Si "<em>justice est faite</em>", cela ne peut être que dans un consentement général obéissant strictement à des règles judiciaires gravées dans le marbre. Une justice parfaite serait donc incontestable. Tel n’est pas le cas. La justice applique le Droit mais ce Droit est complexe car subtil. Il peut être lu de différentes manières. Les avocats savent qu’en matière judiciaire, une décision est loin d’être l’affirmation d’une vérité d’airain mais plutôt l’interprétation de faits, de gestes et de mots grâce à l’habileté de professionnels, les avocats, passés maîtres dans l’art de traduire et d’interpréter les textes de loi.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;">Une justice "<em>juste</em>" est-elle finalement possible ? Il semble que la frustration soit souvent au rendez-vous.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;">Claire évoque <a href="http://cafephilosophique-montargis.hautetfort.com/archive/2013/10/11/honk-5194197.html" target="_blank" rel="noopener"><em>Honk</em></a>, le documentaire d’Arnaud Gaillard et Florent Vassault. Dans un pays comme les États-Unis, où la peine de mort est effective dans plusieurs États, il semble a priori que la parole des victimes meurtries par le décès d’un proche soit écoutée par la justice. La mise à mort du ou de la criminelle n’est-elle pas la démonstration que la "justice passe" avec efficacité et compréhension pour ceux qui ont fait les frais d’un crime ? Or, même si l’on omet de parler des motivations profondes de l’institution judiciaire – marquer les esprits, prévenir et intimider – il apparaît que l’élimination d’un individu dangereux pour la société est une voie sans issue. D’abord, les statistiques montrent que la peine capitale est loin d’être la panacée pour réduire la violence sociale ; elle est même contre-productive : les chiffres de la délinquance aux États-Unis le prouvent (<a href="http://www.amnesty.org/fr/library/asset/ACT50/008/2004/fr/288ebd50-d64a-11dd-ab95-a13b602c0642/act500082004fr.html" target="_blank" rel="noopener">cf. ce lien vers Amnesty International</a>). Par ailleurs, le documentaire évoqué plus haut est remarquable en ce qu’il met en parallèle la famille de la victime et la famille du coupable qui sera exécuté. Dans une scène surréaliste – un échange de cigarettes – ces témoins de l’exécution du condamné se trouvent comme mis à égalité.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;">Lorsque la justice entend régler pacifiquement un conflit, sa pondération peut apparaître au contraire pour la victime comme une clémence insupportable. Cette institution, par essence impartiale, perd dans ce cas son idéal de justice juste - du moins pour les victimes et/ou les familles de victimes. Mais il s’agit sans doute le prix à payer pour que la justice ne soit pas une machine inhumaine (<a href="http://cafephilosophique-montargis.hautetfort.com/archive/2013/09/17/kafka-la-machine-a-punir-de-la-colonie-penitentiaire-5171880.html" target="_blank" rel="noopener">cf. cet extrait de <em>La Colonie pénitentiaire</em> de Franz Kafka</a>) mais une instance médiatrice et pacificatrice. Les faits divers, le cinéma ou la littérature sont riches de ces exemples de victimes se sentant frustrés et meurtris par ce qu’ils estiment le manque de zèle de l’institution judiciaire à "faire justice". Citons par exemple le film <em>Les Sept Jours du Talion</em> (<a href="http://cafephilosophique-montargis.hautetfort.com/archive/2013/09/26/les-sept-jours-du-talion-5193390.html" target="_blank" rel="noopener">cf. ce lien</a>).</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;">La justice doit saisir l’ensemble des circonstances d’un fait, dit un participant. Comprendre tel ou tel événement c’est sans nul doute y apporter une compréhension subtile lorsqu’elle n’est pas dérangeante. Il peut paraître simple et efficace d’établir le jugement a priori d’un présumé coupable ; mais ce faisant c’est oublié les tenants et les aboutissants d’un délit. Expliquer et débattre des raisons d’un méfait c’est se placer en état de comprendre. Le tueur en série <a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Guy_George" target="_blank" rel="noopener">Guy George</a>, auteur de crimes épouvantables, n’affirmait-il pas que la société était le premier responsable de ses méfaits ? Cela n’obère pas ses actes d’une très grande gravité mais cela permet de les placer dans un certain contexte.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;">Se pose dès lors la question de la violence institutionnalisée. Il est rappelé que pendant des siècles que la justice – ou plutôt les justices, comme le rappelle <a style="text-align: justify;" href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Blaise_Pascal" target="_blank" rel="noopener">Blaise Pascal</a> – a été créée par la nécessité sociale de pacifier des conflits potentiellement violents.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;">Or, la justice, du moins dans notre pays, a très tôt été non pas le bras armé du pouvoir mais une instance indépendante, un pouvoir à part entière comme le rappelle <a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Alexis_de_Tocqueville" target="_blank" rel="noopener">Alexis de Tocqueville</a> dans <a href="http://cafephilosophique-montargis.hautetfort.com/archive/2013/10/10/tocqueville-que-la-justice-administrative-et-la-garantie-des.html" target="_blank" rel="noopener">ce texte</a>. Cette séparation des pouvoir, chère à <a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Montesquieu" target="_blank" rel="noopener">Montesquieu</a> (<a href="http://cafephilosophique-montargis.hautetfort.com/archive/2013/09/17/temp-494b72b04856ea162e2f950638d7da70-5171872.html" target="_blank" rel="noopener">cf. lien vers texte</a>), a été une réalité, y compris sous l’Ancien Régime. De là, loin d’être l’instrument aveugle du pouvoir régalien de punir, la justice a dans les gènes ce caractère de violence légale et institutionnalisée. Cette violence légale peut s’avérer tragique, à l’instar des supplices et exécutions publiques évoquées plus haut ; mais elle apparaît aussi nécessaire pour que "<em>justice soit faite</em>". Mais il s’agit dans ce cas d’une violence qui doit être mesurée et appliquée avec discernement. Comme le rappelle <a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/David_Hume" target="_blank" rel="noopener">David Hume</a>, "<em>La justice sans la force est impuissante; la force sans la justice est tyrannique.</em>"</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;">La violence est-elle absente de la justice moderne ? Certes non car elle fait partie, nous l’avons dit, des attributs nécessaires à son application. Dans notre pays, la sanction la plus lourde pour punir les crimes les plus graves n’est plus le supplice ou la condamnation à mort mais l’enfermement.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;">Le débat s’arrête longtemps sur le système carcéral, abondamment critiqué et… jugé par les participants. La prison apparaît nécessaire en ce qu’elle permet d’isoler un individu considéré comme dangereux pour la communauté et la société. Or, la prison est une "<em>invention récente</em>", rappelle Bruno (</span><a style="text-align: justify;" href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Michel_Foucault" target="_blank" rel="noopener">Michel Foucault</a>)<span style="font-size: small;">. Certes, le système carcéral existait sous l’Ancien Régime, mais il a été systématisé par les institutions judiciaires à l’époque moderne, en remplacement des supplices et des exécutions publiques. Enfermer plutôt que faire souffrir et tuer est au centre de l’action punitive publique. Enfermer un individu n’est pourtant pas le "</span><em style="font-size: small;">guérir</em><span style="font-size: small;">", est-il dit en cours de séance. Si tant est que l’on parle de guérison, c’est la société prise dans son ensemble qui fait de l’isolement des individus malfaisants un acte thaumaturge. Un isolement vain, réagissent plusieurs participants, tant il est vrai que la prison apparaît indéniablement comme "une école du crime" : "</span><em style="font-size: small;">Des jeunes y entrent des fauves en sortent</em><span style="font-size: small;">" comme le rappelait </span><a style="font-size: small;" href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Guy_Gilbert" target="_blank" rel="noopener">Guy Gilbert</a><span style="font-size: small;"> dans son récit éponyme. La fabrication de la délinquance à l’intérieur du vase clos de la prison n’est-elle pas la preuve de son inefficacité ? Non, répond </span><a style="text-align: justify;" href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Michel_Foucault" target="_blank" rel="noopener">Michel Foucault</a><span style="font-size: small;"> </span><span style="font-size: small;">dans </span><em style="font-size: small;">Surveiller et Punir</em><span style="font-size: small;"> : en rendant possible le développement de la délinquance en vase clos, la prison permet le "</span><em style="font-size: small;">maintien de la délinquance [entre ses murs],[l’] induction de la récidive, [la] transformation de l’infracteur d’occasion en délinquant d’habitude, [l’]organisation d’un milieu fermé de délinquance</em><span style="font-size: small;">". En somme, la prison réussit là où elle semble avoir échoué !</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;">Voilà tout le paradoxe de cette prison abhorrée et pourtant rendue indispensa
hoplitehttp://hoplite.hautetfort.com/about.htmlthin ice of modern lifetag:hoplite.hautetfort.com,2013-08-26:30944072013-08-26T23:13:30+02:002013-08-26T23:13:30+02:00 « Il est...
<blockquote><p><em><img id="media-4226930" style="float: left; margin: 0.2em 1.4em 0.7em 0;" title="" src="http://hoplite.hautetfort.com/media/00/00/2845077554.jpg" alt="michea,hobbes,pink floyd" /></em></p><p><em><br /></em></p><p><em><br /></em></p><p><em><br /></em></p><p><em><br /></em></p><p><em><br /></em></p><p><em><br /></em></p><p><em><br /></em></p><p><em><br /></em></p><p><em><br /></em></p><p><em><br /></em></p><p><em><br /></em></p><p><em><br /></em></p><p><em>« Il est cependant clair, qu’une telle atomisation de la société par le droit libéral (et la réapparition de la vieille guerre de tous contre tous qu’elle implique) ne peut aboutir à terme qu’à rendre toute vie commune impossible. Une société humaine n’existe, en effet, que dans la mesure où elle parvient à reproduire en permanence du lien, ce qui suppose qu’elle puisse prendre appui sur un minimum de langage commun entre tous ceux qui la composent. Or si ce langage commun doit, conformément aux exigences du dogme libéral, être axiologiquement neutre (toute référence “idéologique” réintroduirait les conditions de la guerre civile), il ne reste qu’une seule façon cohérente de résoudre ce problème. Elle consiste à fonder la cohésion anthropologique de la société sur l’unique attribut que les libéraux ont toujours tenu pour commun à l’ensemble des hommes : leur disposition « naturelle » à agir selon leur intérêt bien compris. C’est donc très logiquement sur l’échange intéressé (le fameux “donnant-donnant” qui fonde la rationalité de toute relation marchande) que devra reposer, en dernière instance, la charge philosophique d’organiser la coexistence pacifique d’individus que tout est censé opposer par ailleurs […] Telle est, en définitive, la raison majeure pour laquelle l’économie est devenue la religion des sociétés modernes ».</em> (Jean-Claude Michéa, L’empire du moindre mal)</p><p><br /><img id="media-4226965" src="http://static.hautetfort.com/backend/graphics/insert-multimedia.jpg" alt=" http://hoplite.hautetfort.com/media/02/02/2974101379.mp3" /></p></blockquote><p>Comprendre la nature réelle de nos sociétés modernes permet de donner un sens au chaos apparent qui règne et aux faits et discours de nos modernes ilotes. Un exemple pris au hasard dans l’actualité :</p><blockquote><p><em>« Mariage homosexuel à Montpellier</em></p><p><em>Elle s’est attiré les foudres des opposants. La maire de Montpellier, Hélène Mandroux, a reçu de nombreuses lettres d’insultes et de menaces cette semaine après avoir célébré dans sa ville le premier mariage gay en France. Selon le quotidien régional « Le Midi libre », des agents municipaux auraient même trouvé un colis contenant des matières fécales dans le courrier de l’élue. Cette dernière, ainsi qu’Erwann Binet, rapporteur du projet de loi à l’Assemblée, avaient reçu le même type de courriers en janvier dernier. Hélène Mandroux a officiellement uni le 29 mai dernier Vincent Autin, 40 ans, et Bruno Boileau, 30 ans. « Votre histoire rencontre en ce jour celle de tout un pays. Ce jour, vous l’avez rêvé, et ce jour devient une réalité. Vincent, Bruno, nous allons, vous allez vivre un moment historique. Un moment historique pour notre pays, pour notre République », avait déclaré la maire de Montpellier, selon « Libération ». Samedi dernier, c’était au tour d’Hélène Bureau et d’Abby Trouillet de se dire « oui » à Saint-Jean-de-la-Ruelle, dans le Loiret. Pour Christophe Chaillou, le maire socialiste de la commune, « le mariage de deux hommes ou deux femmes va devenir quelque chose de banal, et c’est tant mieux » </em><a href="http://www.elle.fr/Societe/News/Mariage-gay-Helene-Mandroux-menacee-et-insultee-2457051"><em>source</em></a></p></blockquote><p>Au-delà de la figure de fion catastrophique de cette « maire courage » calamiteuse dont les postures de pseudo-résistance contre un ordre moral fantasmé font sourire même les lecteurs de Télérama (et pour lesquelles <em>ces colis de merde</em> ne sont finalement que justice/némésis au regard de l'hubris délirante qu'ils manifestent), il faut comprendre que dès lors que nos sociétés ne sont plus fondées sur un certain nombre de valeurs partagées dans une perspective (télos) commune mais, désormais, uniquement sur le droit procédural et le marché garantis par un Etat axiologiquement neutre privatisant toute valeur morale, philosophique ou religieuse, l’issue de divergences morales/philosophiques ou religieuses ne dépend plus que du poids de lobbys antagonistes à même, en fonction de leur puissance démographique ou de leur exposition médiatique, voire de leur violence, de fixer –pour un temps- la norme sociétale.</p><p>En ce sens, la neutralité de l’Etat que sous-tend l’idéologie libérale (dont se réclame Mandroux, dans sa variante philosophique ou libertaire) n’est pas tenable car elle conduit, en voulant autoriser chacun à exercer une vision morale particulière éventuellement antagoniste avec celle de son voisin, à créer les conditions d’une guerre de tous contre tous (ce cauchemar de Hobbes) alors même que son postulat était d’écarter ce risque de guerre civile en écartant toute notion de Bien commun ou d’intérêt général…montrant ainsi que la structuration d’une société par des valeurs partagées reste indispensable à la paix civile. Ce que disait Aristote il y a fort longtemps :</p><blockquote><p><em>« L'absence de communauté nationale est facteur de guerre civile, tant que les citoyens ne partagent pas les mêmes valeurs de civilisation. Une cité ne se forme pas à partir de gens pris au hasard, et elle a besoin de temps pour se coaguler. C'est pourquoi, parmi ceux qui ont accepté des étrangers pour fonder une cité avec eux, et pour les intégrer à la cité, la plupart ont connu des guerres civiles. Par exemple, les tyrans de Syracuse, en ayant naturalisé les immigrés, ont dû subir des révoltes. Citoyens et étrangers en sont venus à se combattre. » </em>(Aristote, Politique, Livre V)</p></blockquote><p>Nos sociétés modernes devraient donc être en bonne logique libérale, une sorte de <em>désert normatif</em> rempli d’individus contractants, disposant de libertés et de droits, éventuellement parfaitement antagonistes et régis par un état axiologiquement neutre soumis aux lois d’un marché auto-régulé et au droit procédural dont les limites mouvantes seraient définies par le rapport de forces entre des intérêts contradictoires. Autre exemple éclairant, l’aveu bienvenu par le très libéral (« tory ») David Cameron, du désastre sociétal anglo-saxon engendré par l’idéologie multi-culturelle, stricte application de l’axiome libéral :</p><blockquote><p><em>« Selon M. Cameron, qui s'exprimait devant la 47e Conférence sur la sécurité, le multiculturalisme tel que l'a pratiqué le Royaume-Uni, a échoué. "Même nos propres concitoyens ont perpétré des actions terroristes", a-t-il souligné. "Le multiculturalisme a conduit à ce que des communautés vivent isolées les unes des autres. Ces sociétés parallèles ne se développent pas selon nos valeurs. Nous ne leur avons pas donné une vision de ce qu'est notre société". A titre d'exemple, la Grande-Bretagne n'a pas assez fermement condamné la pratique du mariage forcé. Les pouvoirs publics ne doivent plus " admettre que des prédicateurs de la haine s'expriment " et doivent cesser de subventionner des organisations qui n'adhèrent pas clairement aux valeurs démocratiques, estime encore M. Cameron, pour qui la clé est dans la construction d'une " identité nationale pour tous", notamment pour les jeunes musulmans d'Europe, dont beaucoup se "sentent déracinés". » <a href="http://www.lemonde.fr/europe/article/2011/02/05/david-cameron-l-europe-doit-se-reveiller-contre-l-extremisme-islamiste_1475497_3214.html">(source)</a></em></p></blockquote><p>Il est assez surprenant que cet homme ne voie pas l’incohérence doctrinale qu’il y a à prôner, d’une main, des sociétés libres régies par les seules lois du marché (ce doux commerce) et du Droit, et de l’autre, « des valeurs » qui devraient être partagées par tous…Quelles sont ces valeurs? Au nom de quoi (de quelle morale, de quelle éthique, de quelle religion, de quelle philosophie, de quelles normes désormais bannies par nos modernes Cameron et Mandroux) devrait-on interdire certains « prêcheurs de haine » dés lors qu'ils ne sont pas hors-la-loi et qu'ils sont de bons consommateurs? Et comment définir une « identité nationale pour tous » lorsque l’Etat est axiologiquement neutre ? A l’inverse de Hobbes qui prônait un <em>Etat absolu, le Léviathan</em>, pour conjurer le spectre des guerres civiles, la doctrine libérale instaure cet état axiologiquement neutre, ayant renoncé à définir la « vie bonne » en bannissant tout horizon normatif commun. Ouvrant la voie à la jungle de revendications identitaires, communautaires irréductibles et antagonistes à l'origine du chaos sociétal contemporain.</p><p>La guenon Mandroux installant des cameras de surveillance partout (comme dans le Panopticon de Bentham) dans une ville de plus en plus violente (ou célébrant un "mariage gay" dans une posture martiale grotesque) comme le pitre Cameron stigmatisant la weltanschauung étrangère des communautés musulmanes pakistanaises britanniques se retrouvent donc pareillement le cul entre deux chaises à déplorer les effets naturels de principes qu’ils chérissent.</p><p>Heureusement qu’ils leur restent les Droits de l’homme et la shoah pour communier dans le chaos festif, climatisé et totalitaire qu’ils édifient jours après jours.</p><p>Thin ice of modern life..</p><p>Castoriadis pensait que nos sociétés modernes ne sont encore gérables QUE parce que certains types anthropologiques pré-capitalistes structurent encore largement ces sociétés*. Et en ce sens, Michéa dit parfois son inquiétude du fait que désormais, le temps joue contre nous, contre toute décence commune... Au fond, je pense que nous vivons la fin d'un cycle, la fin d'une illusion, la fin de ce "fait social total" qu'est le capitalisme globalisé, ne serait-ce QUE parce qu'il ne peut y avoir de production, de consommation et d'accumulation illimitées de biens/marchandises dans un monde fini comme le nôtre, ne serait-ce QUE parce que le droit et le marché ne fondent pas de communautés..je crois que ce gisement anthropologique pré-capitaliste (dont la logique échappe donc à toute logique marchande et a plutôt tout à voir avec la logique du don et du contre-don), certes mis à mal par notre modernité à roulettes et paillettes, constitue une constante civilisationnelle intangible à laquelle nous devrons revenir à un moment donné. Question de temps. thin ice of modern life...<em></em></p><p><em>*« La corruption généralisée que l'on observe dans le système politico-économique contemporain n'est pas périphérique ou anecdotique, elle est devenue un trait structurel, systémique de la société où nous vivons. En vérité, nous touchons là un facteur fondamental, que les grands penseurs politiques du passé connaissaient et que les prétendus « philosophes politiques » d'aujourd'hui, mauvais sociologues et piètres théoriciens, ignorent splendidement : l'intime solidarité entre un régime social et le type anthropologique (ou l'éventail de tels types) nécessaire pour le faire fonctionner. Ces types anthropologiques, pour la plupart, le capitalisme les a hérités des périodes historiques antérieures : le juge incorruptible, le fonctionnaire wébérien, l'enseignant dévoué à sa tâche, l'ouvrier pour qui son travail, malgré tout, était une source de fierté. De tels personnages deviennent inconcevables dans la période contemporaine : on ne voit pas pourquoi ils seraient reproduits, qui les reproduirait, au nom de quoi ils fonctionneraient. Même le type anthropologique qui est une création propre du capitalisme, l'entrepreneur schumpétérien, combinant une inventivité technique, la capacité de réunir des capitaux, d'organiser une entreprise, d'explorer, de pénétrer, de créer des marchés, est en train de disparaître. Il est remplacé par des bureaucraties managériales et par des spéculateurs. Ici encore, tous les facteurs conspirent. Pourquoi s'escrimer pour faire produire et vendre, au moment où un coup réussi sur les taux de change à la bourse de New York ou d'ailleurs, peut vous rapporter en quelques minutes 500 millions de dollar ? Les sommes en jeu dans la spéculation de chaque semaine sont de l'ordre du PNB des Etats-Unis en un an. Il en résulte un « drainage » des éléments les plus entreprenants vers ce type d'activités qui sont tout à fait parasitaires du point de vue du système capitaliste lui-même. » (Cornélius Castoriadis, La montée de l'insignifiance, 1993)</em></p><p><em><span style="text-decoration: underline;">photo</span>: logique du don.<br /></em></p>
Café philosophique de Montargishttp://cafephilosophique-montargis.hautetfort.com/about.htmlCOMPTE-RENDU DE LA SÉANCE ”OSER LA GENTILLESSE”tag:cafephilosophique-montargis.hautetfort.com,2013-02-21:49959332013-02-21T21:48:00+01:002013-02-21T21:48:00+01:00 Thème du débat : " Oser la gentillesse : est-ce encore possible...
<p style="text-align: justify;"><strong style="font-size: small;">Thème du débat : "<span style="color: #ffff00;">Oser la gentillesse : est-ce encore possible ?" </span></strong></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;"><strong>Date : <span style="color: #ffff00;">1er février 2013 à la Brasserie du Centre commercial de la Chaussée.</span></strong></span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;">Le 1er février 2013, de 75 à 80 personnes étaient invitées à débattre, au cours de cette 29ème séance du café philosophique de Montargis, d’un sujet relativement peu étudié en philosophie : la gentillesse. Ce thème avait été proposé en novembre 2012 par une participante. Pour expliquer cette suggestion, elle estime que la gentillesse, comportement rare et positif, a tendance à se raréfier de nos jours. Il s’agit même, d’après elle, d’une qualité peu mise en valeur voire moquée. Claire interroge l’assistance au sujet de cette attitude à l’altruisme peu en vogue, semble-t-il, de nos jours. "<span style="color: #ffff00;"><strong>Oser la gentillesse : est-ce encore possible ?</strong></span>" Dit autrement, le gentil est-il ringard?</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;">Un intervenant réagit en s’interrogeant d’emblée sur le qualificatif de "positif" s’agissant de la gentillesse. En est-on si sûrs ? Qu’une telle attitude – être gentil – soit parée de certaines qualités, personne ne le niera ; il n’en reste pas moins que dans la vie sociétale, être gentil n’est pas le nec plus ultra. Dans la vie en entreprise – pour ne prendre que cet exemple – la gentillesse a difficilement sa place. La gentillesse est dans ce milieu une aberration pour ne pas dire une tare. "Être trop gentil" c’est se mettre en état d’infériorité. La vie économique ne fait pas cas des sentiments ni de la morale. Un autre intervenant va dans ce sens : être gentil est une qualité indéniable ; cependant, être gentil partout, tout le temps, n’est pas souhaitable sauf à vouloir être une "victime" perpétuelle. Ce même intervenant considère d’ailleurs que le gentil porte de lourdes responsabilités dans les périodes difficiles de notre Histoire. Les grandes dictatures, dit-il, s’appuient le plus souvent sur l’indolence des gentils pour asseoir leur pouvoir. Le café philosophique avait débattu précédemment sur la question <a href="http://cafephilosophique-montargis.hautetfort.com/la-verite-est-elle-toujours-bonne-a-dire-bientot/" target="_blank" rel="noopener">"La vérité est-elle toujours bonne à dire ?"</a> A cette occasion, le débat avait porté sur le "mensonge par humanité" théorisé par <a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Kant" target="_blank" rel="noopener">Emmanuel Kant</a>. On peut poser une question similaire au sujet de la gentillesse : <em>"La gentillesse est-elle toujours bonne à montrer ?</em>" La réponse semble être a priori : non.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;">Avant d’aller plus loin, Claire et Bruno proposent de s’intéresser à cette définition de la gentillesse. Comment la définir ? Bonté ? Bienveillance ? Claire reprend une définition du <a href="http://www.larousse.fr/dictionnaires/francais/gentil_gentille/36613" target="_blank" rel="noopener">Larousse</a> : "<em>Gentil, ille (adjectif) : Qui manifeste de la bienveillance ; aimable, complaisant</em>". Dans notre imaginaire, le gentil est cet être incongru, brave mais sans intelligence dont on se moque aisément. Il y a par exemple ce terme péjoratif de "gentillet", facilement usité. Paradoxalement, le gentleman, son pendant anglais, serait paré de toutes les qualités : humain, élégant, vertueux, "classieux". Force est de constater, dit encore Claire, que la gentillesse est considérée avec dédain par les philosophes en général. Ce n’est ni une vertu (ou, au mieux, ajoute Bruno, "une petite vertu"), ni une sagesse ni un concept intéressant a priori: le mot "gentillesse" n’apparaît même pas dans le célèbre Dictionnaire vocabulaire technique et philosophique d'André Lalande. En France, un philosophe, <a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Emmanuel_Jaffelin" target="_blank" rel="noopener">Emmanuel Jaffelin</a>, a cependant consacré plusieurs essais sur cette "petite vertu" souvent considérée avec mépris (<em>Éloge de la Gentillesse</em> et <em>Petit Éloge de la Gentillesse</em>, cf. son site Internet : <a href="http://gentillesse.blogspot.fr/" target="_blank" rel="noopener">http://gentillesse.blogspot.fr</a>). Pour tout dire, il est difficile de définir exactement la gentillesse, tant le terme nous échappe : bonté ? Bienveillance ? Générosité ? Altruisme ?</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;">Bien que nous ne soyons pas dans un "café historique" mais dans un café philosophique, Bruno souhaite s’arrêter rapidement sur cette histoire du gentil à travers les âges ainsi que sur son étymologie. Le gentil vient à l’origine du mot latin <em>gens</em> qui désignait ces lignées familiales nobles qui possédaient un ancêtre commun. Par la suite, les juifs ont employé le terme de "<em>gentil</em>" ceux qui ne croyaient pas en Yahvé – à ne pas confondre avec les "<em>païens</em>" qui étaient ceux qui croyaient en des dieux qualifiés d’impies. On passe les siècles. Au XVIème siècle, le philosophe humaniste <a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Guillaume_Bud%C3%A9" target="_blank" rel="noopener">Guillaume Budé</a> invente le terme de "<em>gentilhomme</em>". Il créé ainsi le modèle de l’homme idéal qui est remarquable par ses attitudes et son style de vie. Ce gentilhomme est sensé être le pendant du noble. Ce terme va faire florès. On le retrouve traduit en anglais sous l’appellation de "<em>gentleman</em>". Or, alors que le gentleman continuera longtemps d’être utilisé, notamment dans les pays anglo-saxons, le "<em>gentilhomme</em>" disparaît à partir de la Révolution française de notre société et de notre vocabulaire. Le mot est même dénaturé sous le terme de "<em>gentil</em>". Or, qu’est devenu aujourd’hui ce gentil – ex "<em>gentilhomme</em>" – sinon le gentillet ? Au contraire du gentleman considéré comme respectable et exemplaire, le gentil est "ce (ou cette) brave qui ne peut rien refuser et qui passe tout", au risque de devenir victime de quolibets ou, pire, d’abus : "trop bon, trop con" dit l’expression populaire ! L’un des personnages les plus emblématiques du gentil semble être celui de François Pinon, anti-héros involontaire du <em>Dîner de Cons</em>, interprété magistralement par <a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Jacques_Villeret" target="_blank" rel="noopener">Jacques Villeret</a> (<a href="http://cafephilosophique-montargis.hautetfort.com/archive/2012/12/23/trop-bon-trop-con.html" target="_blank" rel="noopener">cf. c lien</a>). On le voit, le terme de "gentil" a subi toutes les avanies au point d’avoir été dévalorisé. </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;">Dévalorisé mais pas rejeté cependant. En effet, depuis 2009, la France adopte la journée de la gentillesse, fixée chaque 13 novembre (<a href="http://journee-de-la-gentillesse.psychologies.com" target="_blank" rel="noopener">http://journee-de-la-gentillesse.psychologies.com</a>). Cette journée est née au Japon sous le terme de "<em>Small Kindness Movement</em>", officialisée en 1998 : voilà donc venue l’heure de la revanche du gentil ! Cette journée s’est symptomatiquement développée en France en 2007, au début du quinquennat d’un Président de la République réputé pour son sens de la pugnacité et de l’égotisme – <a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Nicolas_Sarkozy" target="_blank" rel="noopener">Nicolas Sarkozy</a>. Il est cocasse d’apprendre, dit Claire, que, comme chaque année, le prix remis au Gentil de l’Année a été décerné en 2012 à… un autre Président de la République : <a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Fran%C3%A7ois_Hollande" target="_blank" rel="noopener">François Hollande</a>. Mais, ça, dit Bruno sous forme de boutade, c’était avant l’intervention militaire de la France au Mali!</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;">Le gentil serait donc, en dépit des qualités qu’on veut bien lui attribuer, cet être en décalage avec notre société obnubilée par la réussite, l’argent et la compétition sous toutes ses formes. Un être considéré, du moins dans notre pays, comme sous-évalué. </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;">En est-on certain ? demande un participant. Des expériences scientifiques menées sur des animaux tendent à prouver que plus la cohésion d’un groupe ethnologique ou éthologique est forte, plus la solidarité y est importante et plus ce groupe voit ses chances de survie s’accroître. L’idée selon laquelle la gentillesse serait un frein à la réussite d’une société ou d’une entreprise économique paraît largement infondée. Une étude, rappelle un nouveau participant, affirme que "Les sociétés qui comptent le plus fort pourcentage de salariés engagés ont collectivement accru leur bénéfice d'exploitation de 19 % et leur bénéfice par action de 28 % d'un exercice à l'autre" (étude du Cabinet Towers Perrin, citation d’</span><a style="font-size: small;" href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Emmanuel_Jaffelin" target="_blank" rel="noopener">Emmanuel Jaffelin</a><span style="font-size: small;">, </span><a style="font-size: small;" href="http://www.huffingtonpost.fr/2012/11/12/peut-on-etre-gentil-et-francais_n_2117930.html" target="_blank" rel="noopener">cf. cet article</a><span style="font-size: small;">). Être gentil semblerait donc n’être pas une incongruité dans la jungle du monde économique. Tout le monde aurait même à y gagner : dirigeants, actionnaires, salariés, familles de salariés et toute la société ! Bruno cite </span><a style="font-size: small;" href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Woody_Allen" target="_blank" rel="noopener">Woody Allen</a><span style="font-size: small;"> à ce sujet : "</span><em style="font-size: small;">Dans votre ascension professionnelle, soyez toujours très gentil pour ceux que vous dépassez en montant. Vous les retrouverez au même endroit en redescendant.</em><span style="font-size: small;">"</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;">Un participant intervient pour témoigner sur la difficulté des gentils à assumer parfois leurs comportements : on agit avec altruisme dans telle ou telle situation, sans état d’âme ; savoir qu’on a été ensuite floué, pour ne pas dire trahi, devient douloureux. Dans ce cas, être qualifié de "gentil" prend une notion aussi péjorative que si la personne en face nous avait traité avec condescendance de "<em>gentillet</em>" !</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;">Un intervenant appuie sur la nécessité de faire de la gentillesse une qualité à user avec précaution. <a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Exp%C3%A9rience_de_Milgram" target="_blank" rel="noopener">L’expérience de Milgram</a> dans les années 60 (une expérience de conditionnement de citoyens ordinaires à infliger de pseudos tortures à l’électricité à des cobayes inconnus) prouve s’il en était que faire de la docilité un style de vie peut être dangereux. De même, la vie en entreprise prouve que savoir dire non est une absolue nécessité pour ne pas devenir victime. </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;">Si l’on parle d’ambition et de compétition – dans le milieu sportif, à l’école, lors de concours, etc. – la gentillesse n’est pas le comportement adéquat non plus. Pour tout dire, non seulement elle n’est pas la bienvenue mais elle est en plus en terre inconnue. Si je participe à une course importante, je n’ai pas à considérer mon adversaire autrement que comme un adversaire à battre. La gentillesse n’a pas son mot à dire. Pour autant, comme le constate un nouveau participant, la compétition sportive n’exclut pas le respect de l’autre et c’est sans doute par le fair-play que la gentillesse se manifeste. Pour aller dans ce sens, Bruno fait référence au Tournoi des VI Nations et à cette fameuse définition du rugby : "<em>Un sport de voyous joué par des gentlemen</em>" ! </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;">Claire oriente le débat sur l’intitulé de cette séance : "<em>Oser la gentillesse</em>". "<em>Oser</em>" : ce verbe entendrait montrer qu’être gentil ne va pas de soi, que cela nécessite une forme d’effort. La question est de savoir si cette qualité est naturelle ou bien culturelle. Dit autrement, "<em>l’homme est-il naturellement bon ?</em>" comme l’affirmait <a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Jean-Jacques_Rousseau" target="_blank" rel="noopener">Jean-Jacques Rousseau</a> ou bien "<em>l’homme est-il un loup pour l’homme ?</em>" comme l’écrivait au contraire <a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Thomas_Hobbes" target="_blank" rel="noopener">Thomas Hobbes</a>. Il semblerait au vu du débat qui a cours autour de cette question que la culture a un rôle déterminant dans le développement de la gentillesse. </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;">L’un des plus beaux terrains d’observation de cette gentillesse en construction se trouve sur les cours de récréation, durant les premiers âges de la vie. Claire évoque à ce sujet une anecdote : une enfant de deux ans bousculée par un petit camarade de jeux et au sujet duquel la maman se félicitait de ses capacités à se battre. La jeune victime, en revanche, avait le tort de ne pas être suffisamment pugnace ou, dit autrement, d’être "trop gentille". Nous avons tous été témoins de ces scènes familières autour de bacs à sable, de toboggans et autres balançoires : les tout petits auraient très vite des comportements sociaux qui les distinguent les uns des autres. Ces comportements, plusieurs participants – enseignants dans le cycle élémentaire – sont d’accord pour dire qu’ils sont façonnés par le culturel. L’enfant est amoral dès son jeune âge. C’est par l’expérience et en côtoyant ses semblables qu’il se construit. En somme, pour reprendre une célèbre expression de <a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Simone_de_Beauvoir" target="_blank" rel="noopener">Simone de Beauvoir</a>, on ne naît pas gentil : on le devient ! Encore que beaucoup d’entre nous ont constaté que deux éducations identiques – le mot "identique" est cependant fortement à nuancer – voient plusieurs frères et sœurs adopter des comportements différents : l’un(e) pourra être gentil(le), l’autre pas. Nature et culture restent, encore une fois, des sujets de débat, voire de controverse. </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;">La gentillesse semblerait s’acquérir par l’expérience. L’un des aspects de ce comportement se manifeste par la non-violence, cette faculté à réagir à une agression par le pacifisme. Bruno rappelle qu’il y a un moins de trois ans, <a href="http://cafephilosophique-montargis.hautetfort.com/debat-l-education-a-la-non-violence" target="_blank" rel="noopener">le café philosophique de Montargis traitait de cette non-violence</a>. À l’époque, l’intervenant, Vincent Roussel, de la <a href="http://education-nvp.org/" target="_blank" rel="noopener">Coordination française pour la Décennie</a>, avait insisté sur l’éducation des enfants à la non-violence afin de dégoupiller les conflits en classe et sur les cours de récréation. Cette recommandation n’est, hélas, toujours qu’un vœu pieu !</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;">L’assistance du café philosophique poursuit sa discussion sur la place du culturel dans notre appréhension de la gentillesse. Une participante, de nationalité anglaise, porte un éclairage intéressant sur le gentil tel qu’il est vu en France. Nous avons dit que le "<em>gentilhomme</em>" avait disparu de notre paysage sociétal et que le gentil, son lointain avatar français, avait mauvaise presse. Cette participante confirme qu’elle a constaté chez beaucoup de nos concitoyens cette propension à déconsidérer la gentillesse. La mauvaise humeur et l’esprit râleur sont des caractéristiques françaises que nombre d’étrangers stigmatisent chez nous. Au contraire, en Grande-Bretagne, être gentil n’est pas une tare, loin de là. Être "<em>kind</em>" (de "<em>kindness</em>" : gentillesse) est une qualité appréciée, sans être dévalorisée. Ce n’est pas un hasard si le mot "<em>gentleman</em>" soit encore utilisé là-bas, alors que le "<em>gentilhomme</em>" est mort depuis longtemps en France. Bruno avance une explication à cette désaffection : après la Révolution française, en même temps que la société d’Ancien Régime disparaît (dont le gentilhomme), le besoin légitime d’égalité dans la société devient soif d’égalitarisme et méfiance vis-à-vis de notre voisin. Suis-je vraiment à égalité avec lui ? Si je montre altruiste, n’y a-t-il pas le risque que je sois "volé" par celui que je viendrais aider ? </span><a style="font-size: small;" href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Emmanuel_Jaffelin" target="_blank" rel="noopener">Emmanuel Jaffelin</a><span style="font-size: small;"> affirme ceci : "<em>En France c'est plus difficile qu'ailleurs, la faute à la Révolution française qui a inscrit dans notre ADN un égalitarisme forcené, on pense qu'on s'abaisse en donnant, alors qu'en donnant, on se grandit</em>" (</span><a style="font-size: small;" href="http://www.huffingtonpost.fr/2012/11/12/peut-on-etre-gentil-et-francais_n_2117930.html" target="_blank" rel="noopener">cf. cet article</a><span style="font-size: small;">). Loin d’être portée au pinacle, la gentillesse peut facilement être considérée avec méfiance ("<em>Une certaine qualité de gentillesse est toujours signe de trahison</em>" disait <a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Fran%C3%A7ois_Mauriac" target="_blank" rel="noopener">François Mauriac</a>). </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;">Il appartient sans doute à chacun de nous, dit un nouvel intervenant, de travailler à cette gentillesse. Comme il le rappelle à travers une fable indienne : deux loups luttent en nous, un bon et un mauvais ; le gagnant sera celui que nous nourriront. </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;">Résultat d’un apprentissage, la gentillesse ou son absence peuvent également être dans certains cas le fruit d’un caractère inné, comme le rappelle une participante. C’est l’exemple – certes, extrême – des psychopathes, des cas pathologiques incapables de ressentir autre chose que l’envie, la colère, la haine mais jamais des sentiments empathiques, sauf à vouloir dissimuler ou mentir. </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;">Un participant apporte un nouvel éclairage sur la gentillesse, un éclairage religieux et culturel ! Évoquer le pacifisme du gentil vient en résonance de l’invite de <a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/J%C3%A9sus" target="_blank" rel="noopener">Jésus</a> dans les Évangiles à "<em>tendre la joue droite lorsque quelqu’un frappe la joue gauche</em>" ("<em>Vous
Ratatoskhttp://euro-synergies.hautetfort.com/about.htmlCarlo Galli, ”Leviatano di Thomas Hobbes”tag:euro-synergies.hautetfort.com,2013-01-19:49521112013-01-19T00:05:00+01:002013-01-19T00:05:00+01:00 Carlo Galli, "Leviatano di Thomas Hobbes", 16 settembre 2011...
<p style="text-align: center;"><span class="long-title yt-uix-expander-head" style="font-family: arial black,avant garde; color: #ff6600; font-size: medium;" title="Carlo Galli, "Leviatano di Thomas Hobbes", 16 settembre 2011" dir="ltr"><span style="font-size: medium;">Carlo Galli, "Leviatano di Thomas Hobbes", </span></span></p><p style="text-align: center;"><span class="long-title yt-uix-expander-head" style="font-family: arial black,avant garde; color: #ff6600; font-size: medium;" title="Carlo Galli, "Leviatano di Thomas Hobbes", 16 settembre 2011" dir="ltr"><span style="font-size: medium;">16 settembre 2011</span></span></p><p><span class="long-title yt-uix-expander-head" title="Carlo Galli, "Leviatano di Thomas Hobbes", 16 settembre 2011" dir="ltr"><span style="font-size: medium;"> </span></span><iframe width="420" height="315" style="display: block; margin-left: auto; margin-right: auto;" src="http://www.youtube.com/embed/wThOWRQdpl0" frameborder="0" allowfullscreen=""></iframe></p>
Café philosophique de Montargishttp://cafephilosophique-montargis.hautetfort.com/about.htmlCOMPTE RENDU DE LA DERNIÈRE SÉANCEtag:cafephilosophique-montargis.hautetfort.com,2012-08-07:48000382012-08-07T22:31:00+02:002012-08-07T22:31:00+02:00 Thème du débat : " Peut-on vraiment être en vacances ?" ...
<p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;"><strong>Thème du débat : "<span style="color: #ffff00;">Peut-on vraiment être en vacances ?" </span></strong></span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;"><strong>Date : <span style="color: #ffff00;">6 juillet 2012 à la Brasserie du centre commercial de la Chaussée.</span></strong></span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;">Cette séance vient clôturer la troisième saison du café philosophique de Montargis. Avant de prendre ses quartiers d’été, le café philo propose un sujet consacré aux… vacances. Pour cette séance, un buffet froid nous était généreusement offert par la Brasserie du centre commercial de la Chaussée. Merci à Marc !<br /></span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;">Avant de commencer le débat, Claire tient à faire une parenthèse sur l’épreuve de philosophie du baccalauréat. Après avoir rappelé les sujets (<a href="http://cafephilosophique-montargis.hautetfort.com/archive/2012/06/18/bac-de-philo-les-sujets.html" target="_blank" rel="noopener">lien ici</a>) qui avaient été proposés aux élèves de Terminale (dont plusieurs sur le travail, <a href="http://cafephilosophique-montargis.hautetfort.com/debat-le-cafe-philo-passe-le-bac/" target="_blank" rel="noopener">un thème traité lors d’une séance du "Café philo passe le bac"</a>), elle félicite les Lycéens présents ce vendredi soir pour leurs résultats excellents. Elle s’en réjouit d’autant plus que plusieurs de ces jeunes bacheliers, non contents d’être venus à plusieurs reprises assister aux séances du café philosophique de Montargis, ont co-animé en plus le débat "<a title="Débat" href="http://cafephilosophique-montargis.hautetfort.com/peut-on-etre-jeune-et-heureux/" target="_blank" rel="noopener">Peut-on être jeune et heureux ?</a>"</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;">Le débat de ce soir commence par un tour de table autour de la question de ce soir : "Peut-on vraiment être en vacances ?" Le terme "vraiment" n’est pas sans importance, ajoute Claire : il sous-entendrait toute la difficulté pendant une certaine période de se mettre en vacances, en retrait. Est-ce réellement possible ? Est-ce également souhaitable ? Bruno ajoute que l’étymologie du mot "vacances" n’est pas anodine : mot d’origine latine, <em>vacans</em> signifie "néant", un mot dont est issue singulièrement le terme "vacance" pour désigner, par exemple, "la vacance du pouvoir". Partir en vacances signifierait se mettre délibérément à l’écart de la société : est-ce une posture réservée à quelques-uns ?</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;">Dès lors, les "vacances" désignent d'abord le moment - ou la période - non travaillés, durant lesquels le vacancier n'a rien à faire. Plusieurs participants rejettent dès le début cette idée. Selon eux, les vacances ne sont pas faites de "néant" mais d'abord d'une rupture par rapport au quotidien, d'un changement de rythme. "Les vacances, affirme l'un d'eux, c'est tout d'abord faire la même chose qu'en week-end mais en prenant d'avantage le temps." </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="color: #ffff00;"><strong><span style="font-size: small;">Vacances = néant ?</span></strong></span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;">Être en vacances reviendrait donc avant tout à savourer ce qui, le reste de l'année, se fait dans l'urgence. Ainsi, une participante suggère que les vacances permettent souvent, en prenant le temps, de se reposer, de se ressourcer même, en faisant un bilan de la période les précédant et revenir plein de résolutions pour la suivante. En citant le vacancier tout juste revenu de congé vantant ses vacances devant ses collègues, un participant affirme que les vacances sont aussi une mode et une manière de se "situer" socialement. Les vacances sont d'ailleurs devenues un business, plusieurs entreprises spécialisées dans ce domaine étant florissantes. Dans ce sens, ces entreprises cherchent d'ailleurs à se spécialiser dans "une vision" des vacances, chacune définissant ce qu'elles entendent par là. Et alors, lesquelles sont-elles dans "le vrai" ?</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;">Pour beaucoup, ce n'est pas forcément le sable blanc et les cocotiers qui signifient les vacances, "les vraies". Par contre, il est important, voire primordial, de sortir de chez soi, d'en partir. "Pour être en vacances il faut y partir !" affirme l'un d'entre nous. Une participante suggère alors une définition des vacances : se libérer de ses tracas quotidien, de ses habitudes, faire peau neuve. </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;">Liberté est sans doute le maître mot qui définirait nos "chères vacances". Chacun se fait son propre idéal de cette période : pour certains, vacances riment avec dépaysement et voyages ; pour d’autres, sortir quelques kilomètres de chez soi et planter sa tente dans un coin proche et familier constitue déjà une coupure bénéfique. Pour d’autres encore, obligés à voyager toute l’année pour des raisons professionnelles, "partir" en vacances c’est au contraire "rester" chez soi et profiter de ses proches. Certains enfin choisissent au contraire de profiter de ces vacances pour s’éloigner de la famille et des enfants afin de se retrouver seuls. </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;">Oui, chacun a sa propre lecture de ce temps mais, sans nul doute, ce temps doit être avant tout un temps de liberté, de rupture et de changement de rythme social, biologique ou familial. Rupture et non pas néant, comme le suggérerait le mot <em>vacans</em> latin.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small; text-align: justify;">Au vu de ces interventions, il apparaît que limiter les vacances à la simple récompense d’un travail serait trop simple. Alors qu’une participante avoue son plaisir ineffable de profiter de vacances alors qu’elle est à la retraite, une autre dit comprendre la soif de vacances que peut ressentir un demandeur d’emploi, sans activité professionnelle.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small; text-align: justify;">Sans aucun doute, ceux-ci, parce que le souci de leur situation sociale les taraude jour après jour, non seulement "peuvent" se mettre en vacances quelques temps mais le "doivent" sans doute pour leur santé. </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small; color: #ffff00;"><strong>"L’oisiveté est la mère de la philosophie" </strong></span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;">Les vacances sont considérées sans doute à tort comme un temps de farniente et de nonchalance. Voire, répond un participant : c’est oublier les tâches qu’attendent un vacancier : préparation pratique, bagages, caravanes ou tentes à planter pour certains, voyages harassants en voiture. Être en vacances n'est assurément pas une mince affaire ! Chacun peut également relater des souvenirs de vacances aux corvées bien plus nombreuses que de coutume : locations aux conforts spartiates ou matériels électroménagers frustres voire inexistants. Une participante fait un sort à une autre idée reçue : celle de vacances que l’on réserverait exclusivement à la vie familiale, gage de vacances "réussies". La réalité peut être moins rose. Plusieurs personnes s’interrogent : partir en vacances n’est-ce pas d’abord se retrouver - égoïstement - soi-même plutôt qu’autrui, même si cela peut être au détriment d’un(e) conjoint(e) ou d'enfants, obstacles à cette période conçue comme une plage de liberté ?</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;">Le café philosophique de ce soir permet en outre une confrontation – non dénuée de taquineries – entre, d'une part, des adultes désireux de s’affranchir des contraintes de l’éducation de leurs progénitures pendant le temps des vacances et, d'autre part, des jeunes présents ce soir en quête de liberté pour eux-mêmes durant cette période (aventureuse s’il en est) qu’ils attendent avec impatience après leur année scolaire. Cette discussion est la marque sans doute d’une nouvelle pierre d’achoppement entre deux générations qui, finalement, ont d’abord soif de se faire comprendre mutuellement : un adulte peut-il être en vacances au milieu des contraintes eu égard à leur rôle de parents et un jeune peut-il l’être de son côté lorsque la sphère familiale le bride et le contraint pendant sa période de vacances ? Nous voyons que la soif de liberté est toujours au centre de ce "besoin" de vacances !<br /></span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;">Une participante s’interroge ensuite sur ce "néant" (<em>vacans</em>) évoqué plus tôt : cette rupture pendant les vacances ne serait-elle pas propice, bien plus qu’au farniente ou à la distraction, à un repli constructif sur soi-même ? Quelle meilleure période, propice à la lenteur et au calme, pour réfléchir, être dans l’introspection, philosopher ? Bruno va dans ce sens, ajoutant qu’en un sens, depuis des siècles, les philosophes se sont intéressés aux vacances, ou plus exactement à l’oisiveté. Ainsi, selon <a title="Hobbes" href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Thomas_Hobbes" target="_blank" rel="noopener">Thomas Hobbes</a>, "L’oisiveté est la mère de la philosophie" alors que <a title="Kierkegaard" href="http://fr.wikipedia.org/wiki/S%C3%B8ren_Kierkegaard" target="_blank" rel="noopener">Søren Kierkegaard</a> affirme que "l'oisiveté, loin d'être la mère du mal, est plutôt le vrai bien."</span></p><p style="text-align: justify;"> </p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;">C’est sur cette exigence d’accomplissement dans l’oisiveté que se termine le débat proprement dit de cette dernière séance de la saison du café philosophique de Montargis. Bruno conclut par deux citations. La première de <a title="Proust" href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Marcel_Proust" target="_blank" rel="noopener">Marcel Proust</a> : "Le véritable voyage de découverte ne consiste pas à chercher de nouveaux paysages, mais à avoir de nouveaux yeux" et la seconde de la conférencière Patricia Fripp :"Il est étonnant de voir que les gens passent plus de temps à préparer leurs prochaines vacances que leur avenir." </span></p><blockquote><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;"><span style="color: #ff00ff;"><strong>Cette séance se termine par un désormais classique du café philo : un blind-test</strong></span> consacré à la philosophie et en particulier aux séances de cette saison 3. Voici les questions et les réponses de ce jeu :</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;">1. Qui a affirmé que la principale qualité pour un Président est "de ne pas cligner des yeux ?" <span style="color: #ff00ff;">Réponse</span> : <a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Barack_Obama" target="_blank" rel="noopener"><strong><span style="color: #ffff00;">Barack Obama</span></strong></a> (<a href="http://cafephilosophique-montargis.hautetfort.com/qu-est-ce-qu-un-bon-president/" target="_blank" rel="noopener">cf. lien vers la séance correspondante</a>)</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;">2. Que signifie "éduquer" ? </span> <span style="font-size: small; color: #ff00ff;">Réponse</span><span style="font-size: small;"> </span><span style="font-size: small;">: <strong><span style="color: #ffff00;">Guider, conduire vers : littéralement rendre autonome </span></strong>(<a href="http://cafephilosophique-montargis.hautetfort.com/l-ecole-sert-elle-a-enseigner-ou-a-eduquer/" target="_blank" rel="noopener">cf. lien vers la séance correspondante</a>)</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;">3. Qui a dit : que "l’on peut s’opposer [au tyran] tout de même ainsi qu’à tout autre qui envahirait de force le droit d’autrui" ? </span> <span style="font-size: small; color: #ff00ff;">Réponse</span><span style="font-size: small;"> </span> <span style="font-size: small;">: <a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/John_Locke" target="_blank" rel="noopener"><span style="color: #ffff00;"><strong>John Locke</strong></span></a> (<a href="http://cafephilosophique-montargis.hautetfort.com/qu-est-ce-qu-un-bon-president/" target="_blank" rel="noopener">cf. lien vers la séance correspondante</a>)</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;">4. Qui a dit : "Avoir beaucoup vu et ne rien avoir c’est avoir les yeux riches et les mains pauvres" ? </span> <span style="font-size: small; color: #ff00ff;">Réponse</span><span style="font-size: small;"> </span> <span style="font-size: small;">: <a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Shakespeare" target="_blank" rel="noopener"><strong><span style="color: #ffff00;">Shakespeare</span></strong></a> (<em>Comme il vous plaira, As You Like It</em>) (<a href="http://cafephilosophique-montargis.hautetfort.com/les-riches-le-meritent-ils/" target="_blank" rel="noopener">cf. lien vers la séance correspondante</a>)</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;">5. Qui a estimé que l’étonnement, l’une des conséquences du hasard, est la première étape de la philosophie ? </span> <span style="font-size: small; color: #ff00ff;">Réponse</span><span style="font-size: small;"> </span> <span style="font-size: small;">: <a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Platon" target="_blank" rel="noopener"><strong><span style="color: #ffff00;">Platon</span></strong></a> (<a href="http://cafephilosophique-montargis.hautetfort.com/la-vie-n-est-elle-qu-une-suite-de-hasards/" target="_blank" rel="noopener">cf. lien vers la séance correspondante</a>)</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;">6. Qui a dit : "Rien de grand dans le monde ne s’est accompli sans passion" ? </span> <span style="font-size: small; color: #ff00ff;">Réponse</span><span style="font-size: small;"> </span> <span style="font-size: small;">: <a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Hegel" target="_blank" rel="noopener"><strong><span style="color: #ffff00;">Hegel</span></strong></a> (<a href="http://cafephilosophique-montargis.hautetfort.com/mes-passions-sont-elles-des-entraves-a-ma-liberte/" target="_blank" rel="noopener">cf. lien vers la séance correspondante</a>)</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;">7. Au sujet de quelles institutions avons-nous philosopher en février dernier ? </span> <span style="font-size: small; color: #ff00ff;">Réponse</span><span style="font-size: small;"> </span> <span style="font-size: small;">: <strong><span style="color: #ffff00;">l’école</span></strong> (<a href="http://cafephilosophique-montargis.hautetfort.com/l-ecole-sert-elle-a-enseigner-ou-a-eduquer/" target="_blank" rel="noopener">cf. lien vers la séance correspondante</a>)</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;">8. Qui a dit : "Mieux vaut changer mes désirs plutôt que l’ordre du monde" ? </span><span style="font-size: small; color: #ff00ff;">Réponse </span><span style="font-size: small;">:</span><span style="font-size: small;"> </span><a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Descartes" target="_blank" rel="noopener"><strong><span style="font-size: small; color: #ffff00;">Descartes </span></strong></a><span style="font-size: small;">(cf. lien vers la séance correspondante)</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;">9. Sur quel document public se sont appuyés Claire et Bruno pour le débat "Qu’est-ce qu’un bon Président ?" </span> <span style="font-size: small; color: #ff00ff;">Réponse</span><span style="font-size: small;"> </span> <span style="font-size: small;">: <strong><span style="color: #ffff00;">un sondage</span></strong> (<a href="http://cafephilosophique-montargis.hautetfort.com/qu-est-ce-qu-un-bon-president/" target="_blank" rel="noopener">cf. lien vers la séance correspondante</a>)</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;">10. Dans quelle mesure peut-on dire que l’homme heureux est forcément un chanceux ? </span> <span style="font-size: small; color: #ff00ff;">Réponse</span><span style="font-size: small;"> :</span> <span style="font-size: small;"><strong><span style="color: #ffff00;">"bon-heur" = "bonne fortune"</span></strong> (<a href="http://cafephilosophique-montargis.hautetfort.com/la-vie-n-est-elle-qu-une-suite-de-hasards/" target="_blank" rel="noopener">cf. lien vers la séance correspondante</a>)</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;"><a href="http://cafephilosophique-montargis.hautetfort.com/media/00/01/2821801634.jpg" target="_blank" rel="noopener"><img id="media-3696448" style="float: left; margin: 0.2em 1.4em 0.7em 0;" title="" src="http://cafephilosophique-montargis.hautetfort.com/media/00/01/900639631.jpg" alt="hessel.jpg" /></a>11. Durant le débat de décembre, quel "ennemi de la société" risque, si on n’y prend garde, d’être réduit à sa situation matérielle et ainsi de se voir dénier le statut de personne humaine ? </span> <span style="font-size: small; color: #ff00ff;">Réponse</span><span style="font-size: small;"> </span> <span style="font-size: small;">: <span style="color: #ffff00;">le riche</span> (<a href="http://cafephilosophique-montargis.hautetfort.com/les-riches-le-meritent-ils/" target="_blank" rel="noopener">cf. lien vers la séance correspondante</a>)</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;">12. Qui a dit : "(En politique) La fin justifie toujours les moyens" ? </span> <span style="font-size: small; color: #ff00ff;">Réponse</span><span style="font-size: small;"> </span> <span style="font-size: small;">: <strong><span style="color: #ffff00;">Machiavel</span></strong> (<a href="http://cafephilosophique-montargis.hautetfort.com/qu-est-ce-qu-un-bon-president/" target="_blank" rel="noopener">cf. lien vers la séance correspondante</a>)</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;">13. Qui a affirmé que la passion doit être l’instrument de la raison ? </span> <span style="font-size: small; color: #ff00ff;">Réponse</span><span style="font-size: small;"> </span> <span style="font-size: small;">: <a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Georg_Wilhelm_Friedrich_Hegel" target="_blank" rel="noopener"><strong><span style="color: #ffff00;">Hegel</span></strong></a> (<a href="http://cafephilosophique-montargis.hautetfort.com/mes-passions-sont-elles-des-entraves-a-ma-liberte/" target="_blank" rel="noopener">cf. lien vers la séance correspondante</a>)</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;">14. Combien y a t il eu de séances du café philo durant cette 3ème saison ? </span> <span style="font-size: small; color: #ff00ff;">Réponse</span><span style="font-size: small;"> </span> <span style="font-size: small;">: <span style="color: #ffff00;"><strong>8</strong></span> (24 depuis le début)&
Café philosophique de Montargishttp://cafephilosophique-montargis.hautetfort.com/about.htmlCOMPTE RENDU DE LA DERNIÈRE SÉANCEtag:cafephilosophique-montargis.hautetfort.com,2012-06-06:47425242012-06-06T22:39:00+02:002012-06-06T22:39:00+02:00 Thème du débat : " Qu'est-ce qu'un bon Président ?" Date...
<p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;"><strong>Thème du débat : "<span style="color: #ffff00;">Qu'est-ce qu'un bon Président ?" </span></strong></span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;"><strong>Date : <span style="color: #ffff00;">20 avril 2012 à la Brasserie du centre commercial de la Chaussée.</span></strong></span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;">Entre 40 et 45 personnes étaient présentes, en cette avant-veille de premier tour des élections présidentielles, pour répondre à cette question : "Qu’est-ce qu’un bon Président ?" Il s’agit du 23ème débat du café philosophique de Montargis et l’avant-dernier de cette saison 3. </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;"><span style="text-align: justify;">Claire et Bruno précisent qu’il ne s’agira nullement lors de cette séance d’évoquer tel ou tel candidat, et encore moins de faire du prosélytisme pour l’un des postulants à l’Élysée mais bien de discuter de ce que représente aujourd’hui le Président de la Vème République, de parler du sens de la démocratie ou de morale en politique. Aussi, les animateurs proposent qu’en guise d’exemples soient privilégiés des anciens résidents de l’Élysée (</span><a style="text-align: justify;" title="Présidents" href="http://cafephilosophique-montargis.hautetfort.com/archive/2012/04/17/les-presidents-de-la-republique-francaise.html" target="_blank" rel="noopener">en savoir plus ici</a><span style="text-align: justify;">). Durant ce débat, cette consigne de mettre de côté ses propres convictions sera très largement respectée !</span></span></p><p style="text-align: justify;"><span style="text-align: justify; font-size: small;">Le débat proprement dit commence par un tour de table sur les qualités attendues d’un Président de la République : sens de l’intérêt général, garant des institutions, un Président "guide" ("paternaliste" pour une participante, voire "éducateur"), ayant le sens de l’autorité, équilibré, garant de "valeurs", rassembleur, représentant de la population et capable d’assurer une politique pérenne. Ce dernier argument est développé par un participant : un chef d’État doit être capable d’avoir une vision à long terme d’un pays et penser la politique de son pays sur une durée longue, de quinze ou vingt ans. Un Président ne doit pas se contenter de gérer un court terme un pays dont il a la charge mais bien plus d’avoir une vision prospective afin d’anticiper de grandes évolutions économiques, sociales ou techniques – avec, cependant, le risque d’une dérive vers une forme d’autocratie. </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="text-align: justify; font-size: small;">Une intervenante émet l’opinion que se demander ce qu’est un bon Président revient, aujourd’hui, à s’interroger sur les qualités d’un Président dans un monde traversé par des crises profondes, sources de conflits y compris armés – conflits qu’une démocratie protège malgré tout (Bruno rappelle que jamais dans nos époques modernes une démocratie n’a déclarée la guerre à une autre démocratie). On voit donc que la question débattue ce soir prend toute son acuité et toute son actualité ! </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="text-align: justify; font-size: small;">À la question de Claire de savoir si les programmes présidentiels sont réellement lus par les citoyens qui vont désigner leur représentant, il apparaît que la personnalité des candidats compte autant voire plus que les déclarations de foi et les projets de tel(le) ou tel(le). </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;"><span style="text-align: justify;">Claire apporte ensuite un élément d’analyse sur le sujet de cette séance : elle cite un sondage effectué par TNS Sofres pour le magazine </span><em style="text-align: justify;">Philosophie Magazine</em><span style="text-align: justify;"> (sondage effectué du 20 au 21 juillet 2011 auprès de 975 personnes) dans un dossier qui avait précisément pour titre "Qu’est-ce qu’un bon Président ?" (octobre 2011). Or, il apparaît que les réponses apportées à ce sondage ont laissé apparaître des réponses pour le moins claires et tranchées sur ce qu’attendent les citoyens : 92 % des personnes souhaitent que celui ou celle qui les représente soit un homme ou une femme de terrain, pragmatique, pour 89 % quelqu’un capable de prendre des mesures de droite ou de gauche selon les circonstances, 67 % être une personne avec le même style de vie que la majorité des Français et 51 % avoir une personnalité hors du commun.</span></span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;"><span style="text-align: justify;">Il convient, pour répondre à la question de ce soir, dit un autre participant, de revenir aux principes de cette institution actuellement sous les feux de l’actualité. À cet égard, la </span><a style="text-align: justify;" title="Constitution de la Ve République" href="http://www.conseil-constitutionnel.fr/conseil-constitutionnel/root/bank_mm/constitution/constitution.pdf" target="_blank" rel="noopener">Constitution de la Vème République</a><span style="text-align: justify;"> est éclairante : </span>"<em>Le Président de la République veille au respect de la Constitution. Il assure, par son arbitrage, le fonctionnement régulier des pouvoirs publics ainsi que la continuité de l'État. Il est le garant de l'indépendance nationale, de l'intégrité du territoire et du respect des traités. (article 5)</em>" Il est le garant des institutions et de la séparation des pouvoirs. Un bon Président de la République n’est-il pas d’ailleurs un chef de l’État qui veille à ces principes ?</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;">Cette fonction et ces tâches impliquent une détermination et un certain courage politique. Le recours à la violence fait par exemple partie de ses prérogatives : "<em style="font-size: small;">Lorsque les institutions de la République, l'indépendance de la nation, l'intégrité de son territoire ou l'exécution de ses engagements internationaux sont menacées d'une manière grave et immédiate et que le fonctionnement régulier des pouvoirs publics constitutionnels est interrompu, le Président de la République prend les mesures exigées par ces circonstances (article 16)</em>". </span></span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;">Cette possibilité fait écho aux propos de </span><a style="font-size: small;" href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Nicolas_Machiavel" target="_blank" rel="noopener">Machiavel</a><span style="font-size: small;"> qui, dans Le Prince, considère l’usage de la violence comme un instrument incontournable dans l’exercice de l’autorité : "</span><em style="font-size: small;">Il faut donc qu'un prince qui veut se maintenir apprenne à ne pas être toujours bon, et en user bien ou mal, selon la nécessité</em><span style="font-size: small;">", dit-il dans </span><em style="font-size: small;">Le Prince </em><span style="font-size: small;">(</span><a style="font-size: small;" title="Machiavel" href="http://cafephilosophique-montargis.hautetfort.com/archive/2012/04/18/machiavel-le-prince-extraits.html" target="_blank" rel="noopener">cliquez ici pour aller plus loin</a><span style="font-size: small;">).</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;">Évoquer l’auteur italien de la Renaissance si souvent décrié (par <a title="Kant" href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Emmanuel_Kant" target="_blank" rel="noopener">Kant</a> par exemple) mais toujours d’actualité, lance une discussion passionnée sur un des défauts que l’on peut imputer à la fonction présidentielle dans une démocratie : un usage régalien de la violence, même si cet usage doit être pris, en théorie, avec discernement. Un participant objecte que dans l’exercice de la fonction présidentielle, le "feu nucléaire" – pour ne prendre que cet exemple – ne peut être déclenché par le seul chef de l’État. Avant de déclencher une guerre, il le chef de l’État est assisté d’un aréopage de conseillers militaires et politiques.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;"><span style="text-align: justify;">Il n’empêche que, muni de pouvoirs aussi étendus, un Président de la République doit-il être un homme "normal" comme l’a affirmé un candidat récemment ? L’est-il ? Ne possède-t-il pas une immunité de fait qui en fait un personnage "au-dessus des lois" ? Cette question est âprement débattue. Un intervenant précise qu’en réalité le Président de la République peut être poursuivi en cas de crimes ou d’intelligence avec l’ennemi mais qu’en dehors de ces faits son mandat le protège de toute action judiciaire. Il peut, certes, être poursuivi, comme n’importe quel citoyen, mais seulement après son mandat. Finalement, le statut pénal du Président de la République n’a d’autre fonction que protéger une institution républicaine (<a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Statut_p%C3%A9nal_du_pr%C3%A9sident_de_la_R%C3%A9publique_fran%C3%A7aise" target="_blank" rel="noopener">pour aller plus loin</a>). Il n’en est pas moins vrai, dit Bruno, que cette protection judiciaire fait du Président de la République un citoyen avec des droits </span><em style="text-align: justify;">extra-ordinaires</em><span style="text-align: justify;">, bénéficiant, parmi ses prérogatives, d’un droit régalien d’amnistie et de droit de grâce, héritage de l’Ancien Régime. Le système moderne de désignation d’un citoyen par l’ensemble des Citoyens pour les représenter est, en France, bel et bien imprégné de symboles monarchiques. </span></span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;"><span style="text-align: justify;">Cette délégation de pouvoir pose assurément un problème, que soulève un nouvel intervenant. En désignant une personne chargée de gérer le pays, la tentation est grande pour chacun de ses citoyens de se sentir débiteur et d’attendre du responsable désigné que le pouvoir délégué réponde à ses souhaits, ici et maintenant. Là, la démocratie se heurte sans doute à un mur : voilà un régime, représenté par un Président de la République aux pouvoirs étendus (largement hérités de la monarchie), chargé de respecter la volonté du peuple tout en prenant sans cesse en considération l’intérêt de l’État, au détriment des intérêts particuliers voire d’une partie de la population. La tâche est considérable et, pour tout dire, impossible ! </span></span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;"><span style="text-align: justify;">En vérité, un contrat social lie les citoyens à ce souverain élu : contre le chaos susceptible de mettre à mal la société des hommes, ceux-ci concluent entre eux un pacte social destiné à assurer la paix et la sécurité de tous. C’est le </span><em style="text-align: justify;">Léviathan</em><span style="text-align: justify;"> de </span><a style="text-align: justify;" title="Hobbes" href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Thomas_Hobbes" target="_blank" rel="noopener">Thomas Hobbes</a><span style="text-align: justify;"> (1651) : "</span><em style="text-align: justify;">Aussi longtemps que les hommes vivent sans un pouvoir commun qui les tienne tous en respect, ils sont dans cette condition qui se nomme guerre, et cette guerre est guerre de chacun contre chacun.</em><span style="text-align: justify;">"</span></span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: xx-small;"><span style="font-size: small;"><span style="text-align: justify;">De toute manière, continue un participant, est-ce vraiment à cet homme ou cette femme qui nous représente d’être en charge de régler les innombrables problèmes inhérents à la vie d’un pays ? D’ailleurs, répondre aux attentes de l’ensemble de la population est une tâche impossible, tant par son ampleur que par la versatilité de l’opinion (dixit </span><a style="text-align: justify;" title="Aristote" href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Aristote" target="_blank" rel="noopener">Aristote</a><span style="text-align: justify;">). </span></span></span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: xx-small;"><span style="font-size: small;"><span style="text-align: justify;">Justement, dans ces mouvements d’humeur, le Président se situe dans un milieu, comme arbitre. Cet homme politique providentiel n’est jamais que, par définition, celui qui "préside", celui qui "est assis devant" (</span><em style="text-align: justify;">prae sidium</em><span style="text-align: justify;">). Dans le sondage présenté par Claire, 57 % des personnes interrogées ne dénient d’ailleurs pas à celui ou celle qui les représente la possibilité d’aller contre l’opinion des Français – et plus précisément des sondages – lorsque l’intérêt commun l’exige ! Il est dit que la tentation peut être grande de "renverser la table" à chaque élection, tant est vivace la passion de la Révolution en France. Pour autant, dit Bruno, il apparaît flagrant que c’est au bien au centre que se gouverne notre pays depuis 1945 ; certes, un centre plus ou moins à droite ou plus ou moins à gauche. <br /></span></span></span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: xx-small;"><span style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;">Bruno s’étonne que parmi les qualités d’un bon Président aucun participant n’ait considéré que le chef de l’État doive être un intellectuel ou une personne cultivée - une qualité pourtant citée par 88 % de sondés dans l’enquête de </span></span><span style="font-size: small;"><em style="text-align: justify;">Philosophie Magazine</em><span style="text-align: justify;">. Plusieurs personnes conviennent que des qualités intellectuelles sont indispensables pour une telle charge. Mais il y a bien plus, appuie Claire : tel le sage philosophe platonicien, le chef de l’État de notre pays doit aussi être, dans l’inconscient collectif, un penseur, un intellectuel, un sage. Le premier Président de la Vème République, </span><a style="text-align: justify;" title="De Gaulle" href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Charles_de_Gaulle" target="_blank" rel="noopener">Charles de Gaulle</a><span style="text-align: justify;">, n’est-il pas enseigné à l’école en cours… de français (ses </span><a style="text-align: justify;" title="Mémoires de Guerre" href="http://fr.wikipedia.org/wiki/M%C3%A9moires_de_guerre" target="_blank" rel="noopener"><em>Mémoires de Guerre</em></a><span style="text-align: justify;"> sont, en 2012, au programme du baccalauréat – ce qui n’a pas été sans susciter des polémiques). L’un de ses successeurs, </span><a style="text-align: justify;" title="Mitterrand" href="http://www.hautetfort.com/admin/posts/%20http:/fr.wikipedia.org/wiki/Fran%C3%A7ois_Mitterrand" target="_blank" rel="noopener">François Mitterrand</a><span style="text-align: justify;">, se considérait lui aussi comme homme de lettres (et écrivain contrarié !) autant qu’homme d’État. Appréhende-t-on différemment la fonction élyséenne ? On peu en douter : qu’à l’inverse un Président de la République manifeste un certain dédain pour la culture (que l’on songe à ce débat sur la </span><em style="text-align: justify;">Princesse de Clèves</em><span style="text-align: justify;">) et le voilà cloué au piloris ! </span></span></span></p><p style="text-align: justify;"><span style="text-align: justify; font-size: small;">À ce moment du débat, une participante intervient avec passion pour s’étonner que la représentation du Président de la République apparaisse sous l’aspect d’un monarque tout puissant, presque monarchique alors que, précisément, l’institution élyséenne n’est qu’un des pouvoirs qui fondent notre démocratie. Elle rappelle que les lois sont votées par les députés et les sénateurs et que les collectivités locales sont gérées par des conseillers régionaux, généraux et municipaux. L’ensemble des participants se montre en accord avec cette intervention. Bruno précise que le débat de ce soir, centré sur la Présidence, n’entendait pas évoquer les autres institutions républicaines. Il apparaît toutefois que cette personnification du pouvoir présidentielle peut apparaître comme posant effectivement problème au sens de la représentativité. La France est dans un régime démocratique "semi-présidentiel" où le chef de l’État est élu au suffrage universel direct (à la différence, par exemple, des États-Unis). Voilà tout le paradoxe du Président de la République tel qu’il est présenté dans le sondage de <em>Philosophie Magazine</em> : un chef de l’État à la fois "de terrain" (92 %), "ordinaire" (67 %) et "hors du commun" (51 %) ! Le grand danger de cette personnification est d’enlever à ce Président ce statut de simple représentant des citoyens et d’oublier les autres corps qui régissent le gouvernement de l’État. Or, n’est-ce pas justement cela le problème, semble-nous dire Platon ? Celui qui a théorisé sur une République idéale n’appelle-t-il pas de ses vœux un souverain aux qualités exceptionnelles, ce sage philosophe capable de conduire – seul ! – la Cité ? Voilà ce qu'il dit : "<em>Les maux ne cesseront pas pour les humains avant que la race des purs et authentiques philosophes n'arrive au pouvoir ou que les chefs des cités, par une grâce divine, ne se mettent à philosopher réellement</em>" (<a title="Platon" href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Platon" target="_blank" rel="noopener">Platon</a>, lettre VII). <a title="Platon" href="http://cafephilosophique-montargis.hautetfort.com/archive/2012/04/19/platon-les-philosophes-au-pouvoir.html" target="_blank" rel="noopener">Voir également ce lien.</a></span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;">Allons justement en Grèce, propose Bruno. Et plus précisément dans la Grèce des Vème siècle avant notre ère. On y trouvera une jeune démocratie capable de nous éclairer sur ce que peut être un chef de l’État "idéal". Au-delà des qualités requises, le plus important n’est-il pas que le Prince placé au sommet des citoyens soit débiteur devant eux de ses actes ? Un homme politique a laissé une trace profonde dans l’histoire de l’Humanité : <a title="Périclès" href="http://fr.wikipedia.org/wiki/P%C3%A9ricl%C3%A8s" target="_blank" rel="noopener">Périclès</a> (495 av. JC – 429 av. JC). À Athènes, il présida la Cité pendant trente ans d’affilés, pratiquement sans interruption, réélu à une exception près tous les ans par ses concitoyens ! Finalement, c’est à eux que revient en ultime ressort le choix de leur représentant au nom de ce contrat social théorisé par </span><span style="font-size: small;"><a style="text-align: justify;" title="Hobbes" href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Thomas_Hobbes" target="_blank" rel="noopener">Thomas Hobbes</a></span><span style="font-size: small;"> (<em>Léviathan</em>). Bien plus, il leur reviendra de destituer le cas échéant, y compris par la force, celui qui s’avèrera être un tyran. <a title="Locke" href="http://fr.wikipedia.org/wiki/John_Locke" target="_blank" rel="noopener">John Locke</a> dit que "<em>l’on peut s’opposer [au tyran] tout de mêm
Zedhttp://metapoinfos.hautetfort.com/about.htmlIl y a toujours un ennemi !...tag:metapoinfos.hautetfort.com,2011-05-23:35677312011-05-23T10:03:00+02:002011-05-23T10:03:00+02:00 Après une semaine largement consacrée à l'affaire Strauss-Kahn, revenons...
<p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;">Après une semaine largement consacrée à l'affaire Strauss-Kahn, revenons aux fondamentaux avec ce texte d'<strong>Alain de Benoist</strong>, consacré à la pensée de <strong>Carl Schmitt</strong>, paru en 1978 dans le Figaro magazine...</span></p><p style="text-align: justify;"> </p><p style="text-align: center;"><img id="media-3042892" style="margin: 0.7em 0px;" title="" src="http://metapoinfos.hautetfort.com/media/01/00/954796389.jpg" alt="spartiate.jpg" /></p><p> </p><p style="text-align: center;"> </p><blockquote><p align="justify"><span style="font-size: medium;"><strong>Il y aura toujours un ennemi</strong></span></p><p align="justify"><strong><span style="font-size: small;">La pensée de Carl Schmitt</span></strong></p><p align="justify"><span style="font-size: small;">Peu de juristes et de politologues contemporains ont fait l'objet d'autant de jugements contradictoires que l'Allemand Carl Schmitt, disciple de Hobbes, de Max Weber et de Donoso Cortès, mais aussi grand lecteur de Proudhon et de Bakounine, qui fut en relations avec Jacques Maritain et René Capitant, et dont la <em>Revue européenne des sciences sociales</em> vient de saluer le 90<sup>e</sup> anniversaire – il est né le 11 juillet 1888 – avec un numéro spécial contenant une remarquable présentation de Julien Freund, professeur à l'Université de Strasbourg, et une érudite documentation rassemblée par le professeur Piet Tommissen, de Bruxelles.</span></p><p align="justify"><span style="font-size: small;">Tandis qu'en France son œuvre n'est encore guère connue que par des hommes comme Julien Freund (qui lui consacre de longs développements dans <em>L’essence du politique</em>, Sirey, 1965) ou Raymond Aron (qui a publié en 1972, dans la collection qu’il dirige chez Calmann-Lévy, deux de ses œuvres, <em>La notion de politique</em> et <em>Théorie du partisan</em>), Carl Schmitt n'en exerce pas moins aujourd’hui dans le monde entier une grande influence, que les critiques souvent absurdes qui lui ont été adressées n'ont jamais pu sérieusement entamer. (Tout récemment encore, Jean-William Lapierre, dans <em>Vivre sans Etat ?</em>, Seuil, 1977, allait jusqu’à le présenter comme un « ancien ministre de Hitler » !).</span></p><p align="justify"><span style="font-size: small;">Schmitt est d'abord celui qui a établi, de façon aussi définitive que possible, la réalité de l'autonomie du politique. Dans <em>La notion de politique</em>, texte datant de 1927, il montre que le politique ne saurait s’identifier ou être rabattue sur sur l’économie, l’esthétique ou la morale. L'État lui-même n’est pas synonyme de politique : « Le concept d'État présuppose le concept de politique ». Toute société humaine est en effet nécessairement dotée d'une dimension politique. L'homme est un être qui doit faire des choix collectifs pour trancher entre des aspirations et des projets différents. La politique est inévitable parce qu'il faut faire des choix. Certes, l’Etat représente l'<em>instance</em> du politique la plus courante, mais la <em>substance</em> de ce dernier est ailleurs. Si l'État vient à disparaître ou à démissionner de son rôle politique, la substance du politique devient en quelque sorte « flottante ». Elle est la proie des groupes de pression, tandis que les domaines précédemment réputés « neutres » cessent de l'être. Ces domaines « métapolitiques » (culture, art, religion, éducation, etc.) peuvent alors devenir autant de champs d'action de la politique réelle.</span></p><p align="justify"><span style="font-size: small;">Cela pose évidemment le problème de l'« essence » du politique. Pour Carl Schmitt, le critère d'identification de toute dynamique proprement politique n'est autre que l'aptitude à distinguer l'ami de l'ennemi (<em>Freund-Feind Theorie</em>). Cette distinction caractérise spécifiquement l'ordre politique, de même que la distinction entre le bien et le mal caractérise l'ordre de la moralité<span style="font-family: Lucida Grande;"> </span>; celle entre le beau et le laid, l'ordre esthétique, etc. Le critère politique par excellence, c'est la <em>possibilité </em>pour une opposition quelconque d'évoluer vers un conflit susceptible de « monter aux extrêmes ». Est politique l'action qui implique, même indirectement, une telle distinction : « Dire d'une chose qu'elle est politique, c'est dire qu'elle est polémique » (Julien Freund). Corrélativement, toute politique implique l'exercice d'une puissance. Agir politiquement, c'est exercer l’autorité nécessaire aux conditions de formation de la puissance. La politique n'est pas un rapport d'intelligence, c'est un rapport de forces.</span></p><p align="justify"><span style="font-size: small;">Dès lors, l'acte politique fondamental devient la désignation de l'ennemi. Un État qui, par « pensée de ruse » ou par simple naïveté, croit pouvoir ignorer ses ennemis, a toutes chances de succomber à l'action organisée de ceux qui, eux, n'ignorent pas qu'il est le leur. Un tel État, qui se refuse à manifester de la puissance pour devenir, par exemple, un simple lieu de concertation ou une instance d'arbitrage à l'image d'un tribunal civil, cesse d'être politique. Et du même coup, la politique passe ailleurs. « En politique, écrit encore Julien Freund, on ne saurait échapper à la décision, sous peine de tomber dans l'irrésolution du libéralisme classique qui refuse tout choix ».</span></p><p align="justify"><span style="font-size: small;">De là, une théorie nouvelle de la souveraineté. « Est souverain, écrit Carl Schmitt, celui qui décide sur le cas d’exception (ou en cas de situation exceptionnelle) – c'est-à-dire celui qui, lorsqu’éclate une situation de crise rendant obsolètes les règles antérieures, peut effectivement instaurer ou rétablir l'ordre et la sécurité. Ce « souverain » n'est pas nécessairement l'État.</span></p><p align="justify"><span style="font-size: small;">Carl Schmitt a toujours combattu les théories juridiques normativistes, qui tendent à universaliser ou absolutiser certaines règles formelles. Sa position tend plutôt vers le décisionnisme d'un Hobbes : <em>Auctoritas, non veritas, facit legem</em> (« l'autorité, non la vérité, fait la loi »). Mais il tempère cette position en développant aussi une théorie de l'ordre concret, dont l'idée principale est que l'ordre ne se définit pas par une norme ou une somme de règles, mais que la règle n'est qu'un des moyens de maintenir un ordre historique global dans lequel la pensée juridique peut se développer pleinement. C'est seulement en effet par rapport à cet « ordre concret » global que les normes ont un sens et que l'on peut distinguer entre ce qui est juste et ce qui est arbitraire.</span></p><p align="justify"><span style="font-size: small;">Critiquant sur le fond tout totalitarisme, Carl Schmitt souligne que la loi ne s'identifie pas à la force. Il y a une autonomie du droit par rapport à la puissance, tout comme il y a une autonomie du politique par rapport au droit. Le droit appartient à la sphère des normes, la force à celle de la volonté. L'État garantit le droit, mais il ne le fonde pas. Ce qui permet de répondre à la question : quand peut-on dire d'une décision de justice qu'elle est juste ? Carl Schmitt récuse l'interprétation légaliste du positivisme juridique, selon laquelle une sentence juste est simplement une sentence conforme à la loi (auquel cas la <em>légitimité</em> se confondrait avec la <em>légalité</em>). Il recherche un critère interne à la pratique juridique : « Seule est juste la décision qui est explicable par la pratique juridique en tant qu'elle est une activité autonome ».</span></p><p align="justify"><span style="font-size: small;">Il faut souligner que la distinction entre « ami » (public) et « ennemi » (public), distinction dynamique s'il en est, et donc liée aux circonstances, n'implique aucune détestation particulière. L'« ennemi » n'est pas nécessairement mauvais dans l'ordre de la moralité, nuisible ou concurrent sur le plan économique, ou spécialement laid du point de vue esthétique. Il suffit, pour définir sa nature, qu'il soit <em>autre</em> de façon telle qu'un conflit avec lui puisse devenir possible. Mais en même temps, dans ses travaux sur le droit international, Schmitt dénonce avec force le fait qu'aujourd'hui, les guerres idéologiques ayant pris le relais des guerres de religions, la « moralisation » de la guerre aboutit en réalité à des cruautés jamais vues : dans une perspective « morale », pour combattre un adversaire, il faut que celui-ci devienne l'incarnation même du Mal ; en ce cas, tous les moyens sont bons pour le détruire. D’où son refus de criminaliser l’ennemi, qui, chez lui, n’est jamais une figure du Mal, mais bien plutôt un adversaire qui peut un jour se transformer en allié.</span></p><p align="justify"><span style="font-size: small;">L'État est aujourd'hui contesté parce que déclaré « envahissant ». Une lecture attentive de Carl Schmitt permet de comprendre qu'il n'est envahissant que dans la mesure où, s'occupant de tout, il abandonne sa spécificité propre, qui est l'action strictement politique. Et que la meilleure façon de le remettre à sa place n'est pas de le détruire, mais de recréer les conditions dans lesquelles il pourra se réapproprier pleinement la substance du politique.</span></p><p align="justify"><span style="font-size: small;"><strong> Alain de Benoist</strong> (<em>Le Figaro magazine</em>, 29-30 juillet 1978</span>) </p></blockquote>
Pascal Adamhttp://theatrummundi.hautetfort.com/about.htmlLe monde est petittag:theatrummundi.hautetfort.com,2011-02-15:31062592011-02-15T00:02:00+01:002011-02-15T00:02:00+01:00 ...
<p style="text-align: center;"><img id="media-2893081" style="margin: 0.7em 0;" src="http://theatrummundi.hautetfort.com/media/02/00/3771474020.jpg" alt="littérature,nouvelle,bavardage,journalisme,roman,meurtre,parole,fausse parole,guerre de tous contre tous,hobbes,néant,mal" /></p><p class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-indent: 7.1pt; text-align: justify;"><span style="font-size: small; font-family: Times New Roman;"> </span></p><p class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-indent: 7.1pt; text-align: justify;"><span style="font-size: small; font-family: Times New Roman;"> </span></p><p class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-indent: 7.1pt; text-align: justify;"><span style="font-size: small; font-family: Times New Roman;"> </span></p><p class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-indent: 7.1pt; text-align: justify;"><span style="font-size: small; font-family: Times New Roman;"> </span></p><p class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-indent: 7.1pt; text-align: justify;"><span style="font-size: small; font-family: Times New Roman;"> </span></p><p class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-indent: 7.1pt; text-align: justify;"><span style="font-size: small; font-family: Times New Roman;"> </span></p><p class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-indent: 7.1pt; text-align: justify;"><span style="font-size: small; font-family: Times New Roman;"> </span></p><p class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-indent: 7.1pt; text-align: justify;"><span style="font-size: medium; font-family: Times New Roman;">C’est un bavard. Il bavarde. C’est un innocent bavardage. Un bavardage en apparence innocent. Il parle de tous à tous. Et, l’un après l’autre, pour des raisons apparemment très diverses, les gens dont il a été si immodérément parlé meurent. Et c’est tout. Aucune explication.</span></p><p class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-indent: 7.1pt;"><span style="font-size: medium; font-family: Times New Roman;"> </span></p><p class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-indent: 7.1pt;"><span style="font-size: medium; font-family: Times New Roman;"> </span></p><p class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-indent: 7.1pt;"><span style="font-size: medium; font-family: Times New Roman;"> </span></p><p class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-indent: 7.1pt;"><span style="font-size: medium; font-family: Times New Roman;"> </span></p><p class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-indent: 7.1pt;"><span style="font-size: medium; font-family: Times New Roman;"> </span></p><p class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-indent: 7.1pt;"><span style="font-size: medium; font-family: Times New Roman;"> </span></p><p class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-indent: 7.1pt;"><span style="font-size: medium; font-family: Times New Roman;"> </span></p><p class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-indent: 7.1pt;"><span style="font-size: small; font-family: Times New Roman;"> </span></p><p class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-indent: 7.1pt;"><span style="font-size: small; font-family: Times New Roman;"> </span></p>
Café philosophique de Montargishttp://cafephilosophique-montargis.hautetfort.com/about.htmlLES SUJETS DU BAC PHILOtag:cafephilosophique-montargis.hautetfort.com,2010-06-17:27948222010-06-17T15:42:00+02:002010-06-17T15:42:00+02:00 Le ministère de l'Education nationale a rendu publics les sujets de...
<p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;"><a href="http://cafephilosophique-montargis.hautetfort.com/media/02/02/1884426895.jpg" target="_blank"><img id="media-2518541" style="float: left; margin: 0.2em 1.4em 0.7em 0;" src="http://cafephilosophique-montargis.hautetfort.com/media/02/02/737907431.jpg" alt="313.jpg" /></a>Le ministère de l'Education nationale a rendu publics les sujets de philosophie proposés aux lycéens ce jeudi matin, à 8h00. Les scientifiques auront eu le choix entre trois sujets, à savoir une explication de texte du <em>Léviathan</em> de Hobbes, et deux sujets de dissertation: "L’art peut-il se passer de règles?" ou "Dépend-il de nous d’être heureux?". Les littéraires, eux, auront pu analyser un extrait de la <em>Somme théologique</em> de Thomas d'Aquin, ou plancher sur l'un des sujets suivants: "La recherche de la vérité peut-elle être désintéressée?" ou "Faut-il oublier le passé pour se donner un avenir?". Les élèves de série ES auront répondu à la question "Une vérité scientifique peut-elle être dangereuse?" ou "Le rôle de l’historien est-il de juger?", ou se seront attelés au décryptage d'un extrait de <em>L'</em><em>Education morale</em> de Durkheim.</span></p><div id="scan-content" style="text-align: justify;"><p class="size-10" style="text-align: right;"><em><span style="font-size: small;">Source : le <a title="JDD" href="http://www.lejdd.fr/Societe/Education/Depeches/Les-sujets-du-bac-philo-2010-devoiles-200821/" target="_blank">JDD</a></span></em></p><p class="size-10" style="text-align: justify;"><em><span style="font-size: small;"><br /></span></em></p></div>
Café philosophique de Montargishttp://cafephilosophique-montargis.hautetfort.com/about.htmlCOMPTE RENDU DE LA DERNIÈRE SÉANCEtag:cafephilosophique-montargis.hautetfort.com,2010-05-01:27268882010-05-01T18:10:00+02:002010-05-01T18:10:00+02:00 Thème du débat : « L’éducation à la non-violence est-elle garante de...
<p class="MsoNormal" style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;"><strong>Thème du débat : <span style="color: #ffff00;">« L’éducation à la non-violence est-elle garante de la paix ? »</span></strong></span></p><p class="MsoNormal" style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;"><strong>Date : 6 mars 2010 à la Brasserie du centre commercial de la Chaussée.</strong></span></p><p class="MsoNormal" style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;"><strong>Il s'agit de la 5<sup>ème</sup> séance du Café Philosophique de Montargis.</strong></span></p><p class="MsoNormal" style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;">25 personnes environ étaient présentes à ce café philosophique que Bruno a présenté comme une nouvelle formule de cette « jeune animation » : un débat co-animé par un intervenant extérieur. Comme Bruno le dit, le café philosophique est un lieu de débat ouvert et ouvert aux critiques (lorsqu’elles sont constructives et non violentes !). Il ajoute qu’un groupe de travail sera mis en place pour tous ceux qui seraient intéressés (deux personnes se sont déjà portées volontaires). Claire ajoute qu’évidemment poser des questions philosophiques ne veut pas dire que le café philosophique apportera des réponses. Il appartient à chacun de faire son propre cheminement intellectuel.</span></p><p class="MsoNormal" style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;">Claire et Bruno présentent Vincent Roussel, membre de la <a title="Decenne" href="http://www.decennie.org/" target="_blank" rel="noopener">Coordination française pour la Décennie</a>, association qui milite en haut lieu pour le développement d’une éducation non-violente au sein de l’école. Son action est justifiée, hélas, par de tristes faits divers récents, à savoir des actes de violence commis par des adolescents, voire des enfants.</span></p><p class="MsoNormal" style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;">Claire expose le concept de la violence dans la pensée philosophique :</span></p><p class="MsoNormal" style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;">« L’éducation à la non-violence est-elle garante de la paix ? » Une telle question peut sembler vaine et caduque. Vaine parce que bien sûr, sur le papier ou en théorie, la violence désigne nécessairement le conflit et la non-violence son contraire, à savoir la paix. Pourtant, à s'y interroger de plus près la violence n'est pas celle que l'on croit. En effet, si l'on retient très facilement l'idée selon laquelle « violence » vient de la <em>violentia</em> latine signifiant "viol", le fait d'aller contre nature, de créer le chaos, on oublie trop souvent que le mot français prend réellement sa racine dans le <em>vis</em> latin qui désigne certes le fait d'employer la force physique mais aussi la vigueur, la puissance, la force, oui, mais créatrice d'énergie. Et ce qui peut être intéressant dans la notion de violence c'est justement que l'on confonde de plus en plus ces deux acceptions au point de n'en faire qu'une seule pièce de monnaie aux deux faces interdépendantes. En effet, il n'est pas nouveau de dire que la violence est omniprésente dans notre société, et ce sous toutes formes. On trouve même, dès l'Antiquité,une réflexion sur la violence -ce qui tend à prouver qu'elle y est presque inhérente (nous y reviendrons). Il est toutefois beaucoup plus surprenant de constater qu'elle est fait devenue banal, norme voire normative. Nous devons nous « faire violence » et ne pas trop nous écouter : "la France appartient à ceux qui se lèvent tôt". Le détour par la réflexion est de plus en plus perçu comme superflu puisque que l'urgence nous fournit informations, formations et prêts-à-penser. Alors il faut ne pas tarder et se battre contre le temps, quitte à maltraiter son corps et sa personne. La vie est un combat. Même l'Etat, et ce depuis plusieurs mandats, affirme sans cesse qu'il va se battre contre telle ou telle situation qu'il taxe de scandaleuse. Et cette notion de bataille contre la vie, comme créatrice de valeur et d'épanouissement (en elle-même louable) semble de plus en plus justifier une violence physique ou perverse contre cette vie, deuxième acception du terme « violence ». Ainsi, on serre la main d'un tel qui ne respecte aucun droit que l'on dit pourtant inaliénables (pour vendre un avion) jusqu'à aller cautionner que nos maires aillent salir le présent d'un éligible sous prétexte de son passé erroné pour l'occasion... TF 1 transmet les aventures d'un tueur en série justicier et justifié (parce que <a title="Dexter" href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Dexter_%28s%C3%A9rie_t%C3%A9l%C3%A9vis%C3%A9e%29" target="_blank" rel="noopener">Dexter</a> n'élimine que ceux qui passent entre les mailles de la justice) . Nos chaînes publiques ne sont pas en reste : France 2 diffuse une série mettant en jeu comme héros un pauvre tueur à gages multi millionnaire, victime de l'emprise de sa maman. Internet raffole des vidéos trashs et gores et se taire ou respecter ne semble pas être digne d'honneur... Ainsi Obama, prix Nobel de la paix, affirme qu'il faut des armes pour rétablir ou établir la paix. Que la violence peut être légitime, légale, pacifique ! Cette question est donc caduque dans le sens ou il semblerait que l'on parle vraiment ici pour ne rien dire, la violence étant de plus en plus cautionnée, voire encouragée.</span></p><p class="MsoNormal" style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;">C'est que, comme dit <a title="Biographie de Hobbes" href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Thomas_Hobbes" target="_blank" rel="noopener">Hobbes</a> dans son <em>Léviathan</em> l'homme est un loup pour l'homme et seule une violence institutionnalisée, un respect mêlé d'effroi, un Léviathan Extatique, peut soumettre les pulsions égoïstes destructrices des hommes. C'est que la violence lui est naturelle. Et pourtant c'est là que se pose un réel problème. Si la violence est naturelle en effet :</span></p><p class="MsoNormal" style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;">1/ L'homme n'en est pas responsable (contre <a title="Biographie de Sartre" href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Jean-Paul_Sartre" target="_blank" rel="noopener">Sartre</a>, gêne du tueur sarkosiste, etc.)</span></p><p class="MsoNormal" style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;">2/Que font les lois ?</span></p><p class="MsoNormal" style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;">Claire laisse ensuite la parole à Vincent Roussel.</span></p><p class="MsoNormal" style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;">Vincent Roussel a défini la non-violence : celle-ci ne se place pas dans un état passif de soumission mais au contraire dans une volonté choisie et assumée d’agir pour la paix. Elle correspond à la « non nuisance ».</span></p><p class="MsoNormal" style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;">Il a été question dès le début si la violence est un état naturel ou culturel à l’individu. Selon Vincent Roussel c’est réfléchir à l’envers que de penser que l’homme est violent naturellement. Par contre, il distingue le conflit à la violence, le premier n’allant pas nécessairement avec le second. Il est naturel à l’homme de se dépasser mais il ne l’est pas de vouloir nuire à autrui : pour lui, l’homme n’est pas naturellement violent. Il préfère voir dans l’homme une « page vierge ».</span></p><p class="MsoNormal" style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;">Comment l’homme évolue-t-il vers la violence si elle n’est pas innée ? Selon Vincent Roussel, deux mécanismes sont à l’œuvre dans la réaction violence : la première est un rapport mimétique et la deuxième par un mécanisme de défense, la réaction un traumatisme la plupart du temps non compris et non assumé.</span></p><p class="MsoNormal" style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;">D’où, pour lui, l’importance de l’éducation à la non-violence qui se veut, non pas une méthode de soumission et d’acceptation de tout mais au contraire un retour sur soi pour comprendre qui nous sommes et ce qui nous arrive. La finalité de cette éducation se définit comme la paix, c’est-à-dire non pas l’absence de conflit mais une transparence à soi et à l’autre qui permet l’épanouissement de l’individu.</span></p><p class="MsoNormal" style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;">Comment réagir face à la violence ? Vincent Roussel dit que la réaction violente face à la violence est celle que l’on adopte. En effet, il semblerait qu’aujourd’hui celui qui crie, qui humilie l’autre, est aussi celui qui a raison. Néanmoins, nous avons découvert que chacune de nos réactions violentes était le symptôme d’un traumatisme parfois beaucoup plus profond que le simple élément déclencheur au départ (exemple : la réaction d’un professeur face à un élève perturbateur). Dans une logique d’éducation à la non-violence, il ne s’agit pas d’affirmer que du jour au lendemain aucune violence n’est accomplie mais que toute violence est repensée et comprise. On n'arrivera à être non-violent que le jour où l’on se sera compris soi-même !</span></p><p class="MsoNormal" style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;">L’éducation à la non-violence est tout d’abord une entreprise de prise en charge de chacune de nos responsabilités dans une logique de compréhension de soi. La fin de la violence a donc selon Vincent Roussel comme condition de possibilité la paix intérieure.</span></p><p class="MsoNormal" style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;">Au terme de ce débat passionnant et mené avec conviction et maîtrise par Vincent Roussel, Bruno et Claire donnent rendez-vous pour le café philosophique suivant</span>.</p><p class="MsoNormal" style="text-align: justify;"> </p>
lafautearousseau royalistehttp://lafautearousseau.hautetfort.com/about.htmlGRANDS TEXTES (21) : Amis ou Ennemis ?, de Charles Maurras.tag:lafautearousseau.hautetfort.com,2010-04-12:26626552010-04-12T00:05:00+02:002010-04-12T00:05:00+02:00 (Texte paru pour la première fois le 23 septembre 1901 dans la...
<p style="text-align: center;"><span style="font-size: 12pt;"><em>(Texte paru pour la première fois le 23 septembre 1901 dans la Gazette de France, puis repris en 1931 dans le recueil Principes, en 1937 dans Mes idées politiques, et enfin dans les Œuvres capitales).</em></span></p><div style="text-align: center;"><a href="http://lafautearousseau.hautetfort.com/media/01/00/681546396.4.jpg" target="_blank" rel="noopener"><img id="media-2347965" style="border-width: 0; margin: 0.7em 0;" src="http://lafautearousseau.hautetfort.com/media/01/00/1316378410.4.jpg" alt="MAURRAS 12.jpg" name="media-2347965" /></a></div><p id="p1" class="initial" style="text-align: justify;"><span style="font-size: 12pt;">Les philosophes traditionnels refusent constamment de parler des hommes autrement que réunis en société. Il n'y a pas de solitaire. Un Robinson lui-même était poursuivi et soutenu dans son île par les résultats innombrables du travail immémorial de l'humanité. L'ermite en son désert, le stylite sur sa colonne ont beau s'isoler et se retrancher, ils bénéficient l'un et l'autre des richesses spirituelles accumulées par leurs prédécesseurs ; si réduit que soit leur aliment ou leur vêtement, c'est encore à l'activité des hommes qu'ils le doivent. Absolument seuls, ils mourraient sans laisser de trace. Ainsi l'exige une loi profonde, qui, si elle est encore assez mal connue et formulée, s'impose à notre espèce d'une façon aussi rigoureuse que la chute aux corps pesants quand ils perdent leur point d'appui, ou que l'ébullition à l'eau quand on l'échauffe de cent degrés.</span></p><p class="initial" style="text-align: justify;"> </p><div><span style="font-size: 12pt;"><a href="http://lafautearousseau.hautetfort.com/media/00/01/1062463427.jpg" target="_blank" rel="noopener"><img id="media-2353282" style="border-width: 0px; margin: 0.7em auto; display: block;" src="http://lafautearousseau.hautetfort.com/media/00/01/1319755951.jpg" alt="SAINT SIMEON LE STYLITE.jpg" name="media-2353282" /></a></span></div><div style="text-align: center;"><span style="font-size: 12pt;"><em>Saint Siméon le stylite</em></span></div><p id="p2" class="entry-content" style="text-align: justify;"><span style="font-size: 12pt;"> </span></p><p class="entry-content" style="text-align: justify;"> </p><p class="entry-content" style="text-align: justify;"><span style="font-size: 12pt;">L'homme est un animal politique (c'est-à-dire, dans le mauvais langage moderne, un animal social), observait Aristote au quatrième siècle d'avant notre ère. L'homme est un animal qui forme des sociétés ou, comme il disait, des cités, et les cités qu'il forme sont établies sur l'amitié. Aristote croyait en effet que l'homme, d'une façon générale et quand toutes choses sont égales d'ailleurs, a toujours retiré un plaisir naturel de la vue et du commerce de son semblable. Tous les instincts de sympathie et de fréquentation, le goût du foyer et de la place publique, le langage, les raffinements séculaires de la conversation devaient sembler inexplicables si l'on n'admettait au point de départ l'amitié naturelle de l'homme pour l'homme.</span></p><p class="entry-content" style="text-align: justify;"> </p><div><span style="font-size: 12pt;"><a href="http://lafautearousseau.hautetfort.com/media/00/02/128402865.jpg" target="_blank" rel="noopener"><img id="media-2353270" style="border-width: 0px; margin: 0.7em auto; display: block;" src="http://lafautearousseau.hautetfort.com/media/00/02/1154905678.jpg" alt="ARISTOTE.jpg" name="media-2353270" /></a></span></div><div style="text-align: center;"><span style="font-size: 12pt;"><em>Aristote: L'Homme est un animal social...</em></span></div><p id="p3" class="entry-content" style="text-align: justify;"><span style="font-size: 12pt;"> </span></p><p class="entry-content" style="text-align: justify;"> </p><p class="entry-content" style="text-align: justify;"><span style="font-size: 12pt;">— Voilà, devait se dire ce grand observateur de la nature entière, voilà des hommes qui mangent et qui boivent ensemble. Ils se sont recherchés, invités pour manger et boire, et il est manifeste que le plaisir de la compagnie décuple la joie de chacun. Cet enfant-ci s'amuse, mais il ne joue vraiment que si on lui permet des compagnons de jeux. Il faut une grande passion comme l'avarice ou l'amour pour arracher de l'homme le goût de la société. Encore son visage porte-t-il la trace des privations et des combats qu'il s'est infligés de la sorte. Les routes sont devenues sûres ; cependant les charretiers s'attendent les uns les autres pour cheminer de concert, et ce plaisir de tromper ensemble l'ennui est si vif que l'un en néglige le souci de son attelage, l'autre l'heure de son marché. La dernière activité des vieillards dont l'âge est révolu est d'aller s'asseoir en troupe au soleil pour se redire chaque jour les mêmes paroles oiseuses. Tels sont les hommes dans toutes les conditions. Mais que dire des femmes ? Leur exemple est cependant le plus merveilleux car toutes se détestent et passent leur vie entière à se rechercher. Ainsi le goût de vivre ensemble est chez elles plus fort que cet esprit de rivalité qui naît de l'amour.</span></p><p id="p4" class="stb" style="text-align: justify;"><span style="font-size: 12pt;">Les pessimistes de tous les temps ont souvent contesté à Aristote son principe. Mais tout ce qu'ils ont dit et pensé a été résumé, vingt siècles après Aristote, par l'ami et le maître de Charles II Stuart, l'auteur de <em>Léviathan</em>, le théoricien de la Monarchie absolue, cet illustre Hobbes auquel M. Jules Lemaître aime trop à faire remonter les idées de M. Paul Bourget et les miennes sur le caractère et l'essence de la royauté.</span></p><p class="stb" style="text-align: justify;"> </p><div><span style="font-size: 12pt;"><a href="http://lafautearousseau.hautetfort.com/media/00/02/1941679598.jpg" target="_blank" rel="noopener"><img id="media-2353294" style="margin: 0.7em auto; border-width: 0px; display: block;" src="http://lafautearousseau.hautetfort.com/media/00/02/369240215.jpg" alt="hobbes 1.jpg" width="337" height="405" name="media-2353294" /></a></span></div><div style="text-align: center;"><span style="font-size: 12pt;"><em>Thomas Hobbes</em></span></div><p id="p5" class="entry-content" style="text-align: justify;"><span style="font-size: 12pt;"> </span></p><p class="entry-content" style="text-align: justify;"> </p><p class="entry-content" style="text-align: justify;"><span style="font-size: 12pt;">Hobbes a devancé les modernes théoriciens de la concurrence vitale et de la prédominance du plus fort. Il a posé en principe que l'homme naît ennemi de l'homme, et cette inimitié est résumée par lui dans l'inoubliable formule : <em>l'homme est à l'homme comme un loup.</em> L'histoire universelle, l'observation contemporaine fournissent un si grand nombre de vérifications apparentes de ce principe qu'il est presque inutile de les montrer.</span></p><p id="p6" class="stb" style="text-align: justify;"><span style="font-size: 12pt;">— Mais, dit quelqu'un, Hobbes est un pessimiste bien modéré ! Il n'a point l'air de se douter qu'il charge d'une calomnie affreuse l'espèce des loups lorsqu'il ose la comparer à l'espèce des hommes. Ignore-t-il donc que les loups, comme dit le proverbe, ne se mangent jamais entre eux ? Et l'homme ne fait que cela. </span></p><p id="p7" class="entry-content" style="text-align: justify;"><span style="font-size: 12pt;">L'homme mange l'homme sans cesse. Il ne mange que de l'homme. L'anthropophagie apparaît aux esprits superficiels un caractère particulier à quelques peuplades, aussi lointaines que sauvages, et qui décroît de jour en jour. Quel aveuglement ! L'anthropophagie ne décroît ni ne disparaît, mais se transforme.</span></p><p id="p8" class="entry-content" style="text-align: justify;"><span style="font-size: 12pt;">Nous ne mangeons plus de la chair humaine, nous mangeons du travail humain. À la réserve de l'air que nous respirons, y a-t-il un seul élément que nous empruntions à la nature et qui n'ait été arrosé au préalable de sueur humaine et de pleurs humains ? C'est seulement à la campagne que l'on peut s'approcher d'un ruisseau naturel ou d'une source naturelle et boire l'eau du ciel telle que notre terre l'a distillée dans ses antres et ses rochers. Le plus sobre des citadins, celui qui ne boit que de l'eau, commence à exiger d'une eau particulière, mise en bouteille, cachetée, transportée et ainsi témoignant du même effort humain que le plus précieux élixir. L'eau potable des villes y est d'ailleurs conduite à grands frais de captation et de canalisation. Retournez aux champs, cueillez-y une grappe ou un fruit ; non seulement l'arbre ou la souche a exigé de longues cultures, mais sa tige n'est point à l'état naturel, elle a été greffée, une longue suite de greffages indéfinis ont encore transformé, souvent amélioré, le bourgeon greffeur. La semence elle-même, par les sélections dont elle fut l'objet, porte dans son mystère un capital d'effort humain. En mordant la pulpe du fruit, vous mordez une fois encore au travail de l'homme.</span></p><p class="entry-content" style="text-align: justify;"> </p><div><span style="font-size: 12pt;"><a href="http://lafautearousseau.hautetfort.com/media/00/01/1196064418.jpg" target="_blank" rel="noopener"><em><img id="media-2353306" style="border-width: 0px; margin: 0.7em auto; display: block;" src="http://lafautearousseau.hautetfort.com/media/00/01/968176333.jpg" alt="MISTRAL VIGNE MER.jpg" name="media-2353306" /></em></a></span></div><div style="text-align: center;"><span style="font-size: 12pt;"><em>"Existe-t-il une poésie des paysages lunaires ? - demande, ingénument, Jacques Bainville -. Si elle existe, elle est bien pauvre...".</em></span></div><div style="text-align: center;"><span style="font-size: 12pt;"><em>C'est, en effet, en grande partie, l'Homme qui fait et qui a fait la beauté de la Nature, de la Création qui lui fut confiée...</em></span></div><p id="p9" class="entry-content" style="text-align: justify;"><span style="font-size: 12pt;"> </span></p><p class="entry-content" style="text-align: justify;"> </p><p class="entry-content" style="text-align: justify;"><span style="font-size: 12pt;">Je n'ai pas à énumérer toutes les races d'animaux qui ont été apprivoisées, domestiquées, humanisées, pour fournir à la nourriture ou au vêtement des humains. Observez cependant que ces ressources qui ne sont pas naturelles doivent recevoir un second genre d'apprêt, un nouveau degré d'humanisation (pardon du barbarisme) pour obtenir l'honneur de nous être ingérées. Il ne suffit pas de tondre la laine des brebis, il faut que cette laine soit tissée de la main diligente de la ménagère ou de la servante. Il ne suffit pas d'abattre la viande, ou de la découper ; c'est une nécessité universelle de la soumettre au feu avant de la dévorer : travail humain, travail humain. On retrouve partout cet intermédiaire entre la nature et nos corps.</span></p><p id="p10" class="entry-content" style="text-align: justify;"><span style="font-size: 12pt;">Non, les loups ne se mangent pas de cette manière ! Et c'est parce que le loup ne mange pas le travail du loup qu'il est si rarement conduit à faire au loup cette guerre qui est de nécessité chez les hommes. Le loup trouve dans la nature environnante ce que l'homme est forcé de demander à l'homme. La nature est immense, ses ressources sont infinies ; le loup peut l'appeler sa mère et sa bonne nourrice. Mais les produits manufacturés, les produits humanisés, ceux que l'homme appelle ses biens, sont en nombre relativement très petit ; de là, entre hommes, une rivalité, une concurrence fatales. Le festin est étroit ; tout convive nouveau sera regardé de travers, comme il verra d'un mauvais œil les personnes déjà assises.</span></p><p id="p11" class="entry-content" style="text-align: justify;"><span style="font-size: 12pt;">Mais l'homme qui survient n'apparaît pas à l'homme qui possède déjà comme un simple consommateur dont l'appétit est redoutable ; c'est aussi un être de proie, un conquérant éventuel. Produire, fabriquer soi-même est sans doute un moyen de vivre, mais il est un autre moyen, c'est ravir les produits de la fabrication, soit par ruse, soit par violence. L'homme y a souvent intérêt, en voici un grand témoignage : la plupart de ceux qui ne sont ni voleurs ni brigands passent leur vie à craindre d'être brigandés ou volés. Preuve assurée que leur réflexion personnelle, leur expérience, la tradition et la mémoire héréditaire s'accordent à marquer l'énergie toujours subsistante des instincts de rapine et de fraude. Nous avons le génie de la conquête dans le sang.</span></p><p class="entry-content" style="text-align: justify;"> </p><div><span style="font-size: 12pt;"><a href="http://lafautearousseau.hautetfort.com/media/01/02/1335453323.jpg" target="_blank" rel="noopener"><img id="media-2353353" style="margin: 0.7em auto; border-width: 0px; display: block;" src="http://lafautearousseau.hautetfort.com/media/01/02/761200684.jpg" alt="homo homini lupus.jpg" width="339" height="283" name="media-2353353" /></a></span></div><div style="text-align: center;"><span style="font-size: 12pt;"><em>Homo homini lupus </em></span></div><div style="text-align: center;"><span style="font-size: 12pt;"><em>Proverbe latin populaire rapporté par Plaute (184 après JC) dans son Asinaria, et repris par Hobbes ("Man is a wolf to man")</em></span></div><div style="text-align: center;"><span style="font-size: 12pt;"><em> dans son "De cive, Epistola dedicatoria".</em></span></div><div style="text-align: justify;"> </div><div style="text-align: justify;"> </div><div style="text-align: justify;"> </div><div style="text-align: justify;"> </div><div style="text-align: justify;"><span style="font-size: 12pt;"> </span></div><div style="text-align: justify;"><span style="font-size: 12pt;">L'homme ne peut voir l'homme sans l'imaginer aussitôt comme conquérant ou conquis, comme exploiteur ou exploité, comme victorieux ou vaincu, et, enfin, pour tout dire d'un mot, comme ennemi. Aristote a beau dire que l'homme est social ; il ne serait pas social s'il n'était industrieux, et les fruits de son industrie lui sont si nécessaires ou si beaux qu'il ne peut les montrer sans être maintes fois obligé de courir aux armes. La défense de ces biens ou leur pillerie, c'est toute l'histoire du monde.</span></div><p id="p13" class="stb" style="text-align: justify;"><span style="font-size: 12pt;">Il y a une grande part de vérité dans le discours des pessimistes qui enchérissent de la sorte sur Hobbes et sur les siens. Je voudrais qu'on se résignât à admettre comme certain tout ce qu'ils disent et qu'on ne craignît point d'enseigner qu'en effet l'homme pour l'homme est plus qu'un loup ; mais à la condition de corriger l'aphorisme en y ajoutant cet aphorisme nouveau, et de vérité tout aussi rigoureuse, que <em>pour l'homme, l'homme est un dieu.</em></span></p><p id="p14" class="entry-content" style="text-align: justify;"><span style="font-size: 12pt;">Oui, l'industrie explique la concurrence et la rivalité féroces développées entre les hommes. Mais l'industrie explique également leurs concordances et leurs amitiés. Lorsque Robinson découvrit, pour la première fois, la trace d'un pied nu, imprimée sur le sable, il eut un sentiment d'effroi, en se disant selon la manière de Hobbes : « Voilà celui qui mangera tout mon bien, et qui me mangera… » Quand il eut découvert le faible Vendredi, pauvre sauvage inoffensif, il se dit : « Voilà mon collaborateur, mon client et mon protégé. Je n'ai rien à craindre de lui. Il peut tout attendre de moi. Je l'utiliserai.… »</span></p><p id="p15" class="entry-content" style="text-align: justify;"><span style="font-size: 12pt;">Et Vendredi devient utile à Robinson, qui le plie aux emplois et aux travaux les plus variés. En peu de temps, le nouvel habitant de l'île rend des services infiniment supérieurs à tous les frais matériels de son entretien. La richesse de l'ancien solitaire se multiplie par la coopération, et lui-même est sauvé des deux suggestions du désert, la frénésie mystique ou l'abrutissement. L'un par l'autre, ils s'élèvent donc et, si l'on peut ainsi dire, se civilisent.</span></p><p class="entry-content" style="text-align: justify;"> </p><div><span style="font-size: 12pt;"><a href="http://lafautearousseau.hautetfort.com/media/02/02/1676108313.jpg" target="_blank" rel="noopener"><img id="media-2353398" style="border-width: 0px; margin: 0.7em auto; display: block;" src="http://lafautearousseau.hautetfort.com/media/02/02/149368832.jpg" alt="robinson-crusoe-6-.jpg" width="343" height="489" name="media-2353398" /></a></span></div><p id="p16" class="entry-content" style="text-align: justify;"><span style="font-size: 12pt;"> </span></p><p class="entry-content" style="text-align: justify;"> </p><p class="entry-content" style="text-align: justify;"><span style="font-size: 12pt;">Le cas de Robinson est trop particulier, trop privilégié, pour qu'on en fasse jamais le point de départ d'une théorie de la société. La grande faute des systèmes parus au dix-huitième siècle a été de raisonner sur des cas pareils. Nous savons que, pour nous rendre compte du mécanisme social, il le faut observer dans son élément primitif et qui a toujours été la famille. Mais c'est l'industrie, la nécessité de l'industrie qui a fixé la famille et qui l'a rendue permanente. En recevant les fils et les filles que lui donnait sa femme, l'homme sentait jouer en lui les mêmes instincts observés tout à l'heure dans le cœur de Robinson: « Voilà des collaborateurs, des clients et des protégés. Je n'ai rien à craindre d'eux. Ils peuvent tout attendre de moi. Et le bienfait me fera du bien à moi-même. » Au fur et à mesure que croissait sa famille, le père observait que sa puissance augmentait aussi, et sa force, et tous ses moyens de transformer autour de lui la riche, sauvage et redoutable Nature ou de défendre ses produits contre d'autres hommes.</span></p><p id="p17" class="entry-content" style="text-align: justify;"><span style="font-size: 12pt;">Observez, je vous prie, que c'est entre des êtres de condition inégale que paraît toujours se constituer la société primitive. Rousseau croyait que cette inégalité résultait des civilisations. C'est tout le contraire ! La société, la civilisation est née de l'inégalité. Aucune civilisation, aucune société ne serait sortie d'êtres égaux entre eux. Des égaux véritables placés dans des conditions égales ou même simplement analogues se seraient presque fatalement entre-tués. Mais qu'un homme donne la vie, ou la sécurité, ou la santé à un autre homme, voilà des relations sociales possibles, le premier utilisant et, pourquoi ne pas dire « exploitant » un capital qu'il a créé, sauvé ou reconstitué, le second entraîné par l'intérêt bien entendu, par l'amour filial, par la reconnaissance à trouver cette exploitation agréable, ou utile, ou tolérable.</span></p><p class="entry-content" style="text-align: justify;"> </p><div><span style="font-size: 12pt;"><a href="http://lafautearousseau.hautetfort.com/media/02/01/2025352084.JPG" target="_blank" rel="noopener"><img id="media-2353403" style="border-width: 0px; margin: 0.7em auto; display: block;" src="http://lafautearousseau.hautetfort.com/media/02/01/806480581.JPG" alt="rousseau.JPG" name="media-2353403" /></a></span></div><div style="text-align: center;"><span style="font-size: 12pt;"><em>La Civilisation créerait l'inégalité ? C'est tout le contraire:</em></span></div><div style="text-align: center;"><span style="font-size: 12
Xavier JASSUhttp://lapinos.hautetfort.com/about.htmlHamlet & Ben Ladentag:lapinos.hautetfort.com,2009-09-24:23859042009-09-24T17:52:00+02:002009-09-24T17:52:00+02:00 - Why is Bacon-Shakespeare so interesting? Because he is the perfect...
<p style="text-align: justify;"><strong>- Why is Bacon-Shakespeare so interesting? Because he is the perfect contradiction to US-theocracy. I mean: more than Ben Laden does.</strong></p> <p style="text-align: justify;"><strong>- Sex is statistics for Bacon, and statistics is Death. Einstein's mathematics are about his own sexual obsession. No body is concerned by this trick except those who want to run faster to Death.</strong></p> <p style="text-align: justify;"><strong>- After betraying his own master Francis Bacon, whoreson T. Hobbes wrote this (that does regard everyone who is living in a Theocracy as a monkey in Noah's Ark: <i>'Hell is truth seen from the back.'</i></strong></p>
Xavier JASSUhttp://lapinos.hautetfort.com/about.htmlBacon, ce hérostag:lapinos.hautetfort.com,2009-08-11:23230062009-08-11T21:07:00+02:002009-08-11T21:07:00+02:00 La logique veut que François Bacon, qui érige le principe de la science...
<p style="text-align: justify;"><strong>La logique veut que François Bacon, qui érige le principe de la science universelle contre la science universitaire, soit battu en brèche au long du temps par des thésards venus de tous les horizons ; et primo ceux du "grand siècle".</strong></p> <p style="text-align: justify;"><strong>Après la thèse sur Bacon la plus inepte, celle de Benoît XVI, qui dépasse les bornes de la mauvaise foi en imputant à cet esprit - trop fort pour l'Angleterre, comme son double W. Shakespeare -, la paternité de la métaphysique technologique actuelle (les téléfilms yankis permettent de constater qu'il s'agit plutôt d'une pataphysique ésotérique), on peut citer le procédé le plus vicieux, celui de Hobbes, figure emblématique de la religion judéo-chrétienne.</strong></p> <p style="text-align: justify;"><strong>Il faut en effet toute la perfidie de Hobbes pour emprunter à Bacon son exégèse "cléricalement incorrecte" des Evangiles afin de mieux consolider la nef de la théocratie anglaise, quand nul n'a mieux discerné que Bacon les effets dévastateurs de la politique et de la morale sur la théologie et l'art, disons, au-delà d'un certain point dépassant les objets de culte artisanaux et la musique de chambre.</strong></p> <p style="text-align: justify;"><strong>Or, sans Hobbes, que seraient Leibniz ou Hegel, qui n'ont fait dans le premier cas que consacrer le caractère absolu de l'Etat (absolutisme que Einstein n'a pas eu de mal à "relativiser") ; dans le cas de Hegel mettre en branle le Léviathan ?</strong></p> <p style="text-align: justify;"><strong>La mauvaise foi de Joseph Ratzinger met en relief la grande fidélité chrétienne de Bacon ; il convient aussi de remarquer cette opposition-là. Car ce que les clercs ont emprunté largement aux paganismes, romain notamment, ce sont leurs principes politiques et moraux, avec au XVIIe siècle une ténacité plus farouche qu'au moyen âge (sur ce point de détail Marx s'est peut-être pendant un laps "égaré"). Tandis que Bacon s'est gardé de prendre ce chemin de traverse, qui aboutit à confondre Jésus avec Ponce-Pilate (auquel certains poètes chrétiens ont rendu un hommage indécent). Bacon a pris aux païens autant que possible le meilleur de leur science naturelle et de leur intelligence artistique, beaucoup moins soumises à la griffe du temps et aux variations des saisons. Bacon s'est tout simplement avisé de ce que la statique païenne est corrélée à l'animisme, et l'animisme au temps, à travers les éléments déchaînés. Si Rome s'est contentée de prolonger Athènes, comme Marx en fait la preuve précise, sans la surmonter, c'est en raison de l'indexation des principes romains sur le temps. A croire que n'excite l'admiration de la Rome antique chez les penseurs judéo-chrétiens, que son habileté au pillage. Inégalés, certes, Cicéron, Lucrèce ou Virgile, par leurs suiveurs.</strong></p>
Xavier JASSUhttp://lapinos.hautetfort.com/about.htmlLes Mystères Bacontag:lapinos.hautetfort.com,2009-07-15:22640072009-07-15T13:32:00+02:002009-07-15T13:32:00+02:00 Emilienne Naert, à propos du traité de Hobbes "De la Nature humaine"...
<p style="text-align: justify;"><strong>Emilienne Naert, à propos du traité de Hobbes</strong> <i><strong>"De la Nature humaine"</strong></i> <strong>(1640), tissu de spéculations archaïques, note :</strong></p> <p style="text-align: justify;"><i><strong>"Il y a aussi un air de parenté entre l'athéisme et l'anti-christianisme de Hobbes et de d'Holbach."</strong></i></p> <p style="text-align: justify;"><strong>De fait il est surprenant de constater à quel point Hobbes, qui fut pourtant son secrétaire, renverse complètement la théologie occitane de François Bacon pour fonder ou refonder le "judéo-christianisme" en plein XVIIe siècle. Hobbes n'a conservé de Bacon que l'argumentation contre l'exégèse romaine de R. Bellarmin (exégèse ô combien délicate du</strong> <i><strong>"Tu es Petrus..."</strong><strong><span style="font-style: normal;">)</span></strong></i></p> <p style="text-align: justify;"><strong>Ce que ne dit pas cette Emilienne, c'est que cette division en deux branches du "judéo-christianisme", l'une athée, l'autre pas, subsiste encore aujourd'hui. Michel Onfray d'une part, par exemple, et Rémi Brague de l'autre. Contemporain de d'Holbach, Diderot est aussi un bel exemple de janséniste athée, dont la particularité est de prendre toutes les théories libérales pour argent comptant, à l'instar d'un Tocqueville un peu plus tard.</strong></p>
Xavier JASSUhttp://lapinos.hautetfort.com/about.htmlEyes to eyestag:lapinos.hautetfort.com,2009-07-09:22785822009-07-09T07:58:00+02:002009-07-09T07:58:00+02:00 Preuve de la supériorité de l'Angleterre : même chez les auteurs les plus...
<p style="text-align: justify;"><strong>Preuve de la supériorité de l'Angleterre : même chez les auteurs les plus éloignés de mon camp comme Hobbes, je trouve quelque chose à glaner, tandis que Nitche ou Proust, je les hais sans réserve, comme des cadavres au parfum tenace.</strong></p> <p style="text-align: justify;"><strong>Je ne partage aucune des idées de George-Bernard Shaw, et pourtant, <i>"Ne rien dire qui n'irrite pas.",</i> voilà un leitmotiv littéraire presque "shakespearien" !</strong></p> <p style="text-align: justify;"><strong>A sa façon d'entretenir chez ses alliés yankis la plus profonde stupidité, on reconnaît la perfidie satanique de l'Angleterre, qui jamais n'a su se montrer à la hauteur de ses prophètes.</strong></p> <p style="text-align: justify;"><strong><br /></strong></p> <p style="text-align: justify;"><strong><br /></strong></p>
Xavier JASSUhttp://lapinos.hautetfort.com/about.htmlAd Mariam Europa !tag:lapinos.hautetfort.com,2009-06-04:22228662009-06-04T07:49:00+02:002009-06-04T07:49:00+02:00 Les promoteurs démocrates-chrétiens de cet étrange manège qu'est...
<p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;"><span style="font-family: arial, helvetica, sans-serif;">Les promoteurs démocrates-chrétiens de cet étrange manège qu'est l'Europe, dont le pacifisme est aussi bien dissimulé que la charité dans un sermon janséniste ou le christianisme dans le "Parti orange" de François Bayrou, ces promoteurs n'ont pas hésité à mettre le Nouveau Testament au service d'un projet pharaonique. On pourrait même faire tout un florilège de paroles d'Evangile que les démocrates-chrétiens ne veulent pas entendre voire, pire, de paroles qu'ils ont converties en devises de singes, à commencer par :</span> <em><span style="font-family: arial, helvetica, sans-serif;">"Mon Royaume n'est pas de ce monde."</span></em></span></p> <p style="text-align: justify;"><em><span style="font-size: small;"><span style="font-size: small;"><strong><span style="font-family: arial, helvetica, sans-serif;">"Puis il parut dans le ciel un grand signe : une femme revêtue du soleil, la lune sous ses pieds, et une couronne de douze étoiles sur sa tête. Elle était enceinte, et elle criait, dans le travail et les douleurs de l'enfantement."</span></strong></span></span></em> <span style="font-size: small;"><span style="font-size: small;"><strong><span style="font-family: arial, helvetica, sans-serif;">Ap. XII,12.</span></strong></span></span></p> <p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;"><span style="font-size: small;"><span style="font-family: arial, helvetica, sans-serif;">C'est ce passage de saint Jean qui a été détourné par les "parrains" de l'Europe lors de sa mise à flots, et répété depuis comme une antienne, sachant que l'ancrage du christianisme dans la géographie est impossible sans des contorsions théologiques doublées de mensonges historiques. Pour bâtir la thèse d'une Europe "latine", il faut beaucoup plus de mythomanie que d'Histoire.</span></span></span></p> <p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;"><span style="font-size: small;"><span style="font-size: small;"><span style="font-family: arial, helvetica, sans-serif;">C'est ici que s'insère la critique de Voltaire, car la calote dont le catholicisme a été recoiffé malgré toutes les admonestations de Jésus contre l'édification d'un royaume terrestre, cette calote est un couvre-chef de plaideur romain, dont le surplis pourpre recouvre tout le branlement canonique (C'est ici qu'on voit aussi que Nitche, "libertin hypermoraliste", est bel et bien un imbécile comparé à Voltaire.)</span></span></span></span></p> <p><span style="font-size: small;"><span style="font-size: small;"><span style="font-size: small;"><br /></span></span></span></p> <p style="text-align: center;"><span style="font-size: small;"><span style="font-size: small;"><span style="font-size: small;">*</span></span></span></p> <p> </p> <p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;"><span style="font-family: arial, helvetica, sans-serif;">La femme revêtue du soleil, la lune sous ses pieds, a été indentifiée à Marie, mère de Jésus, et les douze étoiles du drapeau européen sur fond d'azur interprétés comme un symbole marial. Jamais aucun théologien sérieux n"a soutenu une telle blague, que la suite du texte interdit (où un séjour prolongé dans le désert de cette femme est peint, femme qui donne ensuite naissance à plusieurs enfants) : premier mensonge qui en entraîne un deuxième plus grave, puisque cette distorsion jette un voile sur la Révélation. En effet la femme revêtue du soleil, symbole comme l'or de la Foi, c'est l'Eglise de Jésus. La substitution relève bien du sabotage historique. Le subterfuge de la part des "parrains" vient peut-être de ce qu'ils craignaient de heurter avec leur propagande des nations protestantes comme l'Allemagne ou les Pays-Bas, l'Angleterre ? La dévotion mariale des luthériens a peut-être été jugée une astuce plus flatteuse ?</span></span></p> <p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;"><span style="font-size: small;"><span style="font-size: small;"><span style="font-family: arial, helvetica, sans-serif;">(Dans certaines Eglises protestantes yankies, on déduit que la femme de l'Apocalypse est "Israël". La logique de l'Ecriture est à peine moins altérée que d'en faire Marie ; il s'agit encore là d'une dérive du "judéo-christianisme", c'est-à-dire de la doctrine qui consiste à peu près à additionner l'Ancien Testament et le Nouveau et non à les confronter véritablement, comme le Sermon sur la Montagne y invite, confrontation d'où naît la bonne intelligence du Paraclet. Comme le judéo-christianisme "romain", son cousin yanki a pour effet de substituer Moïse à saint Paul et de déboucher sur une autre forme de Léviathan, un sionisme tout aussi géographique et non moins absurde. Dès la Genèse d'ailleurs, à la suite du combat de Jacob avec l'ange de la fin du temps, Israël devient "la maison de Jacob" dont certaines tribus regagnent le sein d'Abraham (Gen. XLIX, 1-27).</span></span></span></span></p> <p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;"><span style="font-size: small;"><span style="font-size: small;"><br /></span></span></span></p> <p style="text-align: center;">*</p> <p style="text-align: center;"> </p> <p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;"><span style="font-size: small;"><span style="font-family: arial, helvetica, sans-serif;">La résurgence d'un parti catholique ou chrétien est plus que jamais illusoire en Europe, un fantasme laïc entretenu avec soin, mais la formule diabolique de Hobbes, qui contient les ferments des constitutions agnostiques ultérieures, elle, persiste.</span></span></span></p> <p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;"><span style="font-size: small;"><span style="font-family: arial, helvetica, sans-serif;">Les démocrates-chrétiens européens prêtent donc à leur Eglise la virginité de Marie, comme s'ils se disaient à propos de cette Eglise : "Pourvu qu'elle ne soit pas une putain !"</span></span></span></p>
Xavier JASSUhttp://lapinos.hautetfort.com/about.htmlMythomanie laïquetag:lapinos.hautetfort.com,2009-05-30:22124472009-05-30T07:12:00+02:002009-05-30T07:12:00+02:00 Le Moyen âge est le théâtre, comme tous les âges moyens tournés vers la...
<p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;"><span style="font-family: arial, helvetica, sans-serif;">Le Moyen âge est le théâtre, comme tous les âges moyens tournés vers la "reconquête", d'un débat sur l'âme. Pas d'affrontements sur l'âme, pas de Renaissance. Le purgatoire, inventé au moyen âge par le clergé catholique, n'est autre que "le lieu de résidence des âmes".</span></span></p> <p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;"><span style="font-family: arial, helvetica, sans-serif;">C'est sûrement parce que ni Luther ni Hobbes ne peuvent renier l'âme qu'ils préfèrent souligner l'absence de fondement biblique aux colonnes du purgatoire. D'ailleurs si Hobbes sape le purgatoire, ce n'est que pour mieux animer son Léviathan. Une théorie du purgatoire raffinée implique de le concevoir en mouvement, comme l'arche de Hegel, qui met le Léviathan "à flots", comme pour parer au Déluge. </span></span></p> <p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;"><span style="font-family: arial, helvetica, sans-serif;">Le débat sur l'âme, qu'on l'estime mortelle ou pas, est inséparable d'une théorie de l'intelligence. Les travaux des neuropsychiatres actuellement sur le cerveau gauche (sic) et le cerveau droit (resic) ressuscitent les théories de l'âme double ou triple, aussi multiples que les mondes dans le cinéma.</span></span></p> <p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;"><span style="font-family: arial, helvetica, sans-serif;">En marge de la théorie de l'âme, il apparaît clairement que la thèse de l'inconscient accorde à la stupidité une autonomie inédite. L'intellect renferme la bêtise, comme l'harmonie contient le chaos et le signe négatif se déduit du signe positif, automatiquement.</span></span></p> <p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;"><span style="font-family: arial, helvetica, sans-serif;">Le destin des orgueilleux est de n'être même pas "moyens" -d'être accueillis dans la carrière du Purgatoire par Satan en personne.</span></span></p> <p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;"><span style="font-family: arial, helvetica, sans-serif;"><br /></span></span></p> <p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;"><span style="font-family: arial, helvetica, sans-serif;"> </span></span></p> <p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;"><span style="font-family: arial, helvetica, sans-serif;"><br /></span></span></p>
L'Hérétiquehttp://heresie.hautetfort.com/about.htmlMontesquieu, la politique et l'histoire : une révolution dans la méthodetag:heresie.hautetfort.com,2007-11-05:13015262007-11-05T23:25:00+01:002007-11-05T23:25:00+01:00 Je viens de lire au cours du week-end dernier, Montesquieu, la politique et...
<p>Je viens de lire au cours du week-end dernier, <u>Montesquieu, la politique et l'histoire</u> de Louis Althusser. Le premier chapitre, "une révolution dans la méthode", est très intéressant, et m'a permis de mieux comprendre ce que j'aime chez Montesquieu, et qui ce qui me met mal à l'aise chez d'autres philosophes politiques (comme Spinoza, par exemple, dont je lis actuellement le <u>Traité politique</u>).</p> <p>En fait, toute la force du travail de Montesquieu, c'est de ne jamais établir a priori une théorie, puis de chercher dans les faits des éléments pour étayer la théorie, quitte à les plaquer, mais, tout au contraire, à essayer de tirer des faits eux-mêmes des lois. </p> <p>Althusser observe ainsi cette réponse de Montesquieu dans la 2ème partie de la Défense de l'Esprit des lois, Idée générale :</p> <p><b>cet ouvrage a pour objet les lois, les coutumes et les divers usages de tous les peuples de la terre. On peut dire que le sujet en est immense, puisqu'il embrasse toutes les institutions qui sont reçues parmi les hommes </b></p> <p>Or, remarque-t-il, c'est bien là toute la différence avec des théoriciens comme Hobbes ou Spinoza, qui proposent plutôt une idée de la science qu'ils ne la font. Ce n'est pas sur des faits concrets qu'ils réfléchissent, mais sur la société en général et théorisent, finalement, non l'histoire réelle, mais l'essence de la société.</p> <p>Si Montesquieu a en commun avec ces philosophes de vouloir établir une science politique, il n'a en revanche ni le même objet et corollairement ni la même méthode. Ce ne sont pas les essences qu'il cherche à découvrir, mais les lois. </p> <p>Dans la logique de sa méthode, Montesquieu range religion et morale dans les faits de l'histoire et les soumet donc à sa recherche de lois. C'est bien en ce sens qu'il a été accusé par les théologiens (pas si bêtas qu'ils en avaient l'air, car ils avaient bien compris l'enjeu) d'athéisme. Mais sur ce point, il ne diffère pas d'un Hobbes ou d'un Spinoza.</p> <p>Sur le droit naturel, il ne marche pas dans les pas des théoriciens du droit naturel : en effet, quelles que soient les hypothèses de départ de ces derniers, leurs théories aboutissent toutes à nier l'existence d'une société naturelle, or, c'est précisément ce sur quoi repose la féodalité, notamment avec ses "inégalités" naturelles.</p> <p>Pour Montesquieu, dès lors qu'un père se trouve avec son fils, il y a naturellement société, et s'il fallait se poser une question, c'est s'il s'était trouvé que les hommes ne vécussent pas en un endroit en société. Mais comme c'est partout le cas, la question ne se pose pas. Pour Montesquieu, il existe un instinct de sociabilité dans l'espèce humaine. Exit donc, toute forme de contrat social, puisqu'ainsi, il n'a plus d'objet.</p> <p>Tout autant que la morale et la religion, Montesquieu rejette l'idée qu'un idéal politique puisse tenir lieu d'histoire. </p> <p>Après deux ou trois chapitres, j'aurais l'occasion d'en parler sur le blog, il faut hélas déchanter, mais, pour les premiers chapitres de son ouvrage critique, il faut reconnaître qu'Althusser est tout à fait lumineux. </p> <p>J'escompte dans les prochains jours publier la suite de mon compte-rendu de lecture. En tout cas, puisque l'on parle de charte éthique actuellement au MoDem, j'espère que l'on s'y rappellera que ce n'est pas l'idéal qui doit façonner la réalité, mais qu'au contraire, il doit s'adapter au réel, non compris dans l'instant, mais compris comme la somme des faits passés et présents. </p> <p> </p>