Last posts on heidegger2024-03-28T16:00:53+01:00All Rights Reserved blogSpirithttps://www.hautetfort.com/https://www.hautetfort.com/explore/posts/tag/heidegger/atom.xmlJacques-Emile Mirielhttp://jemiriel.hautetfort.com/about.htmlActualité du philosophe Jacques Derridatag:jemiriel.hautetfort.com,2023-01-02:64199452023-01-02T08:51:00+01:002023-01-02T08:51:00+01:00 Derrida, l’animal comme prochain La question de l’animal hante...
<p><span style="font-family: 'Book Antiqua', serif; font-size: 24pt; color: #333333;"><strong>Derrida, l’animal comme prochain</strong></span></p><p> </p><p><span style="font-family: 'Book Antiqua', serif; font-size: 12pt; color: #333333;">La question de l’animal hante la philosophie moderne, en passant par Descartes jusqu’à Heidegger (<em>« l’animal est pauvre en monde »</em>, a-t-il écrit). En France, beaucoup de philosophes se sont interrogés récemment sur le statut de l’animal dans la Création. Jacques Derrida est certainement l’un d’eux, attentif comme on sait à l’œuvre de Heidegger, et prônant une <em>déconstruction</em> qui s’attache aussi à montrer que l’animal serait ouvert à l’éthique.</span></p><p> </p><p><span style="font-family: 'Book Antiqua', serif; font-size: 12pt; color: #333333;">C’est ainsi que la philosophe Orietta Ombrosi reprend toute cette thématique dans son nouveau livre, <em>Le Bestiaire philosophique de Jacques Derrida</em>. Cette spécialiste de la pensée d’Emmanuel Levinas a suivi les séminaires de Derrida à l’EHESS, notamment celui intitulé « La bête et le souverain ». Elle a donc eu l’occasion de constater l’intérêt de Derrida pour cette question, riche d’implications essentielles. Elle note de manière significative que, déjà, pour l’être humain, <em>« l’altérité de l’autre […] va de pair avec la question de </em>l’animal <em>». </em>Orietta Ombrosi se propose de relire certains textes de Derrida, comme le célèbre <em>L’Animal que donc je suis </em>(2006), de les commenter et de les discuter, en particulier en les confrontant à la pensée d’Emmanuel Levinas. Son livre, qui ne recule pas devant les digressions, se veut une méditation patiente plus qu’une synthèse définitive, sur une éventuelle métaphysique de l’animal.</span></p><p> </p><p><span style="font-family: 'Book Antiqua', serif; font-size: 12pt; color: #333333;">Le détour par les concepts de Derrida, comme sa critique du <em>logocentrisme </em>remettant en question la primauté de l’homme occidental, permet d’examiner une valeur spécifique du règne animal. Orietta Ombrosi a alors recours au Levinas de <em>Difficile liberté </em>pour se demander si l’animal peut acquérir la dimension morale qui ferait de lui un<em> « autre »</em>, comme si la bête, écrit-elle, <em>« conservait une trace de la transcendance »</em>. Pour Levinas et Derrida, la réponse est positive, même si, pour le premier, l’animal ne devient cependant jamais un <em>« sujet éthique ». </em>On voit que la pensée de Derrida n’hésite pas à aller très loin. Orietta Ombrosi cite un passage tiré de <em>L’Animal que donc je suis</em>, dans lequel Derrida précise : <em>« </em><em>I</em><em>l s’agit </em>aussi <em>de se demander si ce qui s’appelle l’homme </em>a le droit <em>d’attribuer en toute rigueur à l’homme, de s’attribuer, donc, ce qu’il refuse à l’animal, et s’il n’en a jamais le concept </em>pur<em>, </em>rigoureux<em>, </em>indivisible<em>, </em><em>en tant que tel. »</em> <em> </em></span></p><p> </p><p><span style="font-family: 'Book Antiqua', serif; font-size: 12pt; color: #333333;">L’idée centrale de cet essai d’Orietta Ombrosi est bien là, au-delà du refus catégorique de toute souffrance, dans <em>« la promesse elle-même, </em>écrit la philosophe,<em> celle faite à Abraham, celle d’un universalisme des singularités et des différences certes, mais aussi celle de la fin de l’effusion de sang, y compris le sang de toutes les créatures »</em>. Orietta Ombrosi, forte de son <em>« propos animaliste-judaïsant »,</em> s’autorise parfois quelques réserves avec ce que Derrida écrit, mais pas ici. Elle le note de manière très claire : Derrida, écrit-elle, <em>« sacrifie, dans son écriture même, le sacrifice »</em>. </span></p><p> </p><p><span style="font-family: 'Book Antiqua', serif; font-size: 12pt; color: #333333;">Au fil de sa réflexion, Orietta Ombrosi passe en revue les différentes espèces animales dont Derrida a parlé dans ses livres ‒ mais aussi celles dont il n’a pas parlé, comme l’ânesse de Balaam, par exemple. Elle reprend, à partir des textes de Derrida, la méthode herméneutique qui, nous le savons, lui était chère. On sait que Derrida aimait souvent s’appuyer sur des œuvres littéraires, pour les commenter et développer ses théories. C’est l’un des traits du judaïsme, qui aime lire et relire à l’infini les versets des Saintes Écritures, tradition dont Derrida était évidemment proche. Cela nous vaut, à travers le double regard de Derrida et d’Orietta Ombrosi, de très beaux chapitres autour de pages littéraires immortelles, comme le commentaire consacré par Derrida au poème de Paul Valéry, « Ébauche d’un serpent ».</span></p><p> </p><p><span style="font-family: 'Book Antiqua', serif; font-size: 12pt; color: #333333;">Orietta Ombrosi, dans ce copieux et passionnant <em>Bestiaire philosophique de Jacques Derrida</em>, montre que la pensée du philosophe a aujourd’hui conservé sa pertinence, et qu’elle n’était pas un simple effet de mode. L’auteur de <em>L’</em><em>É</em><em>criture et la Différence </em>est parfois critiqué par certains, pour ses livres jugés trop difficiles ou obscurs... Mais s’arrêter là serait oublier que toute bonne philosophie, comme le disait Rousseau, mérite des efforts. Et le livre d’Orietta Ombrosi, dans ses passages les plus convaincants, nous prouve que de tels efforts sont souvent récompensés, avec un Jacques Derrida.</span></p><p> </p><p> </p><p> </p><p><span style="font-family: 'Book Antiqua', serif; font-size: 12pt; color: #333333;"><strong>Orietta Ombrosi, <em>Le Bestiaire philosophique de Jacques Derrida. </em>Préface de Corinne Pelluchon. Éd. Puf, 24 €.</strong></span></p><p><span style="font-family: 'Book Antiqua', serif; font-size: 12pt; color: #333333;"><strong>À signaler la réédition du livre de Benoît Peeters, <em>Jacques Derrida. </em>Éd. Flammarion, collection « Grandes biographies », 28 €.</strong></span></p><p><span style="font-family: 'Book Antiqua', serif; font-size: 12pt; color: #333333;"><strong>À noter également la parution aux éditions du Seuil, dans la collection « Bibliothèque Derrida », d’un nouvel inédit du philosophe, <em>Hospitalité</em>, volume II, Séminaire 1996-1997, 24 €. </strong></span></p><p> </p>
Ratatoskhttp://euro-synergies.hautetfort.com/about.htmlHeidegger et le début de la philosophie: l'interprétation d'Anaximandre et de Parménidetag:euro-synergies.hautetfort.com,2022-12-21:64182462022-12-21T20:21:55+01:002022-12-21T20:21:55+01:00 Heidegger et le début de la philosophie: l'interprétation...
<p style="text-align: center;"><span style="color: #999999;"><strong><span style="font-size: 14pt; font-family: arial, helvetica, sans-serif;"><img id="media-6411009" style="margin: 0.7em 0px;" title="" src="http://euro-synergies.hautetfort.com/media/00/01/3981706560.jpg" alt="immhmalages.jpg" width="405" height="407" /></span></strong></span></p><p><span style="color: #ff6600; font-size: 24pt; font-family: 'arial black', sans-serif;"><strong>Heidegger et le début de la philosophie: l'interprétation d'Anaximandre et de Parménide </strong></span></p><p><span style="color: #999999; font-size: 18pt; font-family: 'arial black', sans-serif;"><strong>Giovanni Sessa</strong></span></p><p><span style="color: #999999; font-family: 'arial black', sans-serif; font-size: 12pt;"><strong>Source: <a style="color: #999999;" href="https://www.paginefilosofali.it/heidegger-e-linizio-della-filosofia-lnterpretazione-di-anassimandro-e-parmenide-giovanni-sessa/">https://www.paginefilosofali.it/heidegger-e-linizio-della-filosofia-lnterpretazione-di-anassimandro-e-parmenide-giovanni-sessa/</a> </strong></span></p><p><span style="color: #999999;"><strong><span style="font-size: 14pt; font-family: arial, helvetica, sans-serif;">Texte crucial pour la compréhension du parcours philosophique de Martin Heidegger, <em>L'inizio della filosofia occidentale. Interprétation d'Anaximandre et de Parménide,</em> désormais en librairie grâce aux éditions Adelphi et édité sous la direction de Giovanni Gurisatti (pp. 313, euro 42,00). Ce texte heideggerien rassemble le cours que le philosophe a donné sur le sujet à Freiburg en 1932. Les thèses les plus pertinentes s'inscrivent aussi bien dans la lignée de celles exprimées dans <em>Dell'essenza della verità</em> (1930) que dans les positions théoriques de l'article de 1940, <em>La dottrina platonica della verità.</em> Le volume qui nous occupe ici se situe pleinement dans l'ambiance théorique que le penseur a connue au début des années 1930, la <em>Kehre</em>, le tournant qui l'a amené à laisser derrière lui l'exclusivité de la perspective aristotélicienne sur laquelle le monde de <em>L'Être et leTemps</em> avait été construit en 1927. Dans ce contexte, Heidegger a récupéré l'idée grecque de vérité, <em>aletheia</em>, c'est-à-dire la révélation, dans sa pensée, car le "vrai" avait été compris par la métaphysique classique comme la conformité de l'intellect et de la réalité.</span></strong></span></p><p style="text-align: center;"><img id="media-6411010" style="margin: 0.7em 0;" title="" src="http://euro-synergies.hautetfort.com/media/01/02/4103157702.jpg" alt="Y21060071.jpg" /></p><p><span style="color: #999999;"><strong><span style="font-size: 14pt; font-family: arial, helvetica, sans-serif;">De plus, Heidegger, dès ses débuts universitaires, avait manifesté son intérêt pour la pensée aurorale. Cette propension sera consolidée dans la période d'après-guerre, lorsque le thème de l'<em>Autre commencement </em>de la pensée européenne sera au centre des spéculations du philosophe de Fribourg. Le début de la pensée occidentale est divisé en trois parties : 1) Les Dires d'Anaximandre ; 2) Considération intermédiaire ; 3) Le Poème didactique de Parménide. </span></strong></span></p><p><span style="color: #999999;"><strong><span style="font-size: 14pt; font-family: arial, helvetica, sans-serif;">Pour Heidegger, Anaximandre est un penseur qui a abordé l'être dans une perspective pré-métaphysique. La première locution de la pensée européenne, en effet, saisit l'entité dans son être. Plus précisément, les entités sont expérimentées "en étant simultanément un avec l'autre (accord) et un contre l'autre (désaccord)" (p. 41). Cela signifie que, pour Anaximandre, l'être de l'entité est le temps : "sa tâche et son essence consistent à faire apparaître et disparaître l'entité" (pp. 50-51). Le temps indique les rythmes de l'être, auxquels les entités sont soumises. Mais l'être et les entités ne disent pas la même chose, Heidegger reste dualiste dans ces pages, comme dans <em>L'Être et le temps:</em> "L'être et les entités sont différents - et cette différence est la plus originale qui [...] puisse être donnée" (p. 64).</span></strong></span></p><p style="text-align: center;"><img id="media-6411011" style="margin: 0.7em 0;" title="" src="http://euro-synergies.hautetfort.com/media/02/00/3208182144.jpg" alt="02anax.jpg" width="375" height="582" /></p><p><span style="color: #999999;"><strong><span style="font-size: 14pt; font-family: arial, helvetica, sans-serif;">Dans la vaste exégèse consacrée à Parménide, le philosophe déploie sa perspicacité philologique et sa ponctualité habituelles dans son exégèse du poème d'Éléonore. Dans ses vers, outre la voie de l'être et la voie impropre du non-être, il est question de la voie de la <em>doxa</em>, qui, selon Heidegger, doit être connue du sage, puisque, comme le souligne l'éditeur: "seul celui qui a expérimenté à fond l'essence errante de la <em>voie-doxa</em> peut décider de [...] prendre la <em>voie-aléthéia" </em>(p. 22). Ceci ouvre la quatrième voie parménidienne, celle de la conversion du sage à la première voie, à l'être. Dans cette première expérience herméneutique avec l'éléatisme, ainsi que dans les suivantes, le penseur embrasse la thèse selon laquelle "percevoir et être co-égaux" (p. 223). <em>Seinfrage</em>, la question fondamentale de la pensée, est rendue possible par une telle appartenance de l'homme et de l'être. Par conséquent, si l'être se donne comme présence à l'homme, ce dernier "peut à son tour lui tendre la main pour l'accueillir" (p. 23). Il existe une réciprocité dynamique entre les deux pôles, même si la primauté est attribuée à l'être. L'homme ne peut que se projeter ex-statiquement dans le<em> jet-don </em>de l'être. C'est pourquoi, selon l'auteur, en vertu du dualisme qui traverse tout le système de pensée de l'Allemand (être-étant, authentique-inauthentique, etc.), il est resté toute sa vie un théologien plutôt qu'un ontologue.</span></strong></span></p><p style="text-align: center;"><img id="media-6411013" style="margin: 0.7em 0;" title="" src="http://euro-synergies.hautetfort.com/media/02/00/987991721.jpg" alt="parmenide-copie-3.jpg" /></p><p><span style="color: #999999;"><strong><span style="font-size: 14pt; font-family: arial, helvetica, sans-serif;">Il n'en reste pas moins que, dans ce volume, la réflexion heideggerienne s'ouvre, dépassant la conception linéaire de l'histoire, à l'actualité du questionnement du "premier commencement" de la pensée. Cette auroralité, aussi voilée soit-elle, reste en vigueur dans l'histoire et dans le présent et fait pression sur nous: "elle nous demande d'expérimenter cette proximité et d'en prendre soin" (p. 24). C'est pourquoi, note Heidegger, le <em>Seinfrage </em>est une question destinale, dans laquelle est donné le salut possible de l'essence de l'homme. Dans la <em>Considération intermédiaire,</em> le penseur accorde des traits éthiques à ses réflexions. Se livrer à l'<em>aletheia </em>implique, de la part du sage, de se transformer en profondeur, d'opérer un véritable changement de cœur, de se libérer des contraintes de l'apparence. Inévitablement, une partie de cette attitude de recherche est un retour au questionnement de la "question non posée de l'être" (p. 131).</span></strong></span></p><p><span style="color: #999999;"><strong><span style="font-size: 14pt; font-family: arial, helvetica, sans-serif;">Ce n'est que dans une telle réflexion que l'on comprendra que le commencement ne se trouve pas derrière nous, qu'on ne le récupère pas simplement en regardant en arrière, car il se trouve "devant nous comme la tâche essentielle de notre propre essence" (p. 136). Cette affirmation explique le sens de la récupération heideggerienne d'Anaximandre et de Parménide. La philosophie de Heidegger est, sans crainte d'être contredite, l'une des tentatives les plus originales (dans le sens d'un regard sur l'origine), les plus organiques et les plus complexes produites par la pensée du 20ème siècle. Elle est essentiellement centrée sur la tentative de retrouver la <em>physis </em>grecque.</span></strong></span></p><p><span style="color: #999999;"><strong><span style="font-size: 14pt; font-family: arial, helvetica, sans-serif;">Peut-être, comme l'a reconnu Franco Volpi dans <em>Contributions à la philosophie,</em> le projet heideggerien se replie-t-il paradoxalement sur lui-même et a-t-il été réalisé par l'élève "hérétique" du philosophe, Karl Löwith. Ce dernier pose, comme seule transcendance pour l'homme, la <em>physis </em>et ses cycles. Comme on peut le constater dans les pages que nous avons brièvement présentées, la question résonne chez Heidegger : "Pourquoi l'être et non le néant ?". La question est mal posée puisque, comme l'ont montré les philosophies de Julius Evola et d'Andrea Emo, soucieuses de la tradition dionysiaque hellénique, au début du 20ème siècle, l'être est le néant. Coïncidence hermétique des opposés, et non dualisme ontologique.</span></strong></span></p><p><span style="color: #999999;"><strong><span style="font-size: 14pt; font-family: arial, helvetica, sans-serif;">Giovanni Sessa</span></strong></span></p><p style="text-align: center;"><img id="media-6411019" style="margin: 0.7em 0;" title="" src="http://euro-synergies.hautetfort.com/media/00/01/241781280.jpg" alt="cover__id12564_w600_t1662725380.jpg&.jpg" /></p>
Ratatoskhttp://euro-synergies.hautetfort.com/about.htmlHeidegger et le grand refus de l'agriculture motoriséetag:euro-synergies.hautetfort.com,2022-12-14:64170172022-12-14T18:00:42+01:002022-12-14T18:00:42+01:00 Heidegger et le grand refus de l'agriculture motorisée...
<p style="text-align: center;"><strong><span style="font-size: 14pt; font-family: arial, helvetica, sans-serif; color: #999999;"><img id="media-6409369" style="margin: 0.7em 0px;" title="" src="http://euro-synergies.hautetfort.com/media/00/00/69756518.jpg" alt="Heidegger_color_picture.jpg" width="481" height="679" /></span></strong></p><p><span style="font-size: 24pt; font-family: 'arial black', sans-serif; color: #ff6600;"><strong>Heidegger et le grand refus de l'agriculture motorisée</strong></span></p><p><strong><span style="font-size: 14pt; font-family: arial, helvetica, sans-serif; color: #999999;"><span style="font-size: 18pt; font-family: 'arial black', sans-serif;">Nicolas Bonnal</span><br /></span></strong></p><p><strong><span style="font-size: 14pt; color: #999999; font-family: arial, helvetica, sans-serif;">Dans la pensée allemande des temps dits modernes, avant l'élimination totale de l'Allemagne tellurique et philosophique, on note une belle réflexion nostalgique sur un passé grec alcyonien ou bien une vision pessimiste par rapport au progrès. Au début du vingtième siècle, le poète philosophe Rilke évoque dans son admirable huitième élégie cet animal qui voit dans l’ouvert à plein regard, ce que ne peut plus faire l’homme, homme qui se tient devant le monde. Tout cela est lié à l’involution anthropologique, conséquence de l’avènement d’une société hyper-technique dont l’Allemagne, de Bismarck à Merkel via l’autre, fut et reste la caricature (<em>Metropolis</em>…). On a vu que Goethe, Schiller et Kleist pressentent ce désastre pendant les années napoléoniennes (Eckermann,<em> Lettres esthétiques, Scènes des marionnettes).</em></span></strong></p><p><strong><span style="font-size: 14pt; color: #999999; font-family: arial, helvetica, sans-serif;">Le dernier héritier de cette belle, parfois sulfureuse, école de pensée est bien sûr Heidegger. Avant de lui donner la parole (il ne jargonne pas toujours !), on rappellera l’interview de l'ami Lucien Cerise sur le devenir-machin de l’homme postmoderne :</span></strong></p><p><strong><span style="font-size: 14pt; color: #999999; font-family: arial, helvetica, sans-serif;">« Si l’on poursuit la réflexion de Foucault ou Agamben, on arrive au brevetage du vivant, c’est-à-dire à sa privatisation, aux Organismes Génétiquement Modifiés, à l’eugénisme et au transhumanisme. Malheureusement, tout cela est d’actualité. En effet, il existe des volontés affirmées au sein d’organisations supranationales sans légitimité comme l’Union européenne ou l’Organisation Mondiale de la Santé d’en finir avec la biodiversité au moyen de textes à prétentions légales tels que le Catalogue des semences autorisées, le Certificat d’obtention végétale ou le Codex Alimentarius. Toutes ces prospectives sont résumées par le concept de <em>Gestell</em>, formulé par Heidegger, que l’on pourrait traduire par le « disposé ». Ou encore, au prix d’un néologisme, « l’ingénieré ». C’est vraiment l’esprit de l’époque, la société liquide, rien ne doit être « en dur » et rien ne doit durer, il faut pouvoir tout réécrire, tout modifier, tout recomposer à chaque instant car tout doit être mis à disposition, tous les aspects de la vie, y compris les plus intimes, en l’occurrence le code génétique des êtres vivants, de tous les êtres vivants, de la plante à l’humain. »</span></strong></p><p><strong><span style="font-size: 14pt; color: #999999; font-family: arial, helvetica, sans-serif;">Si j’avais à traduire le <em>Gestell </em>je dirais "l’étagère". Et on met ce qu’on veut sur une étagère, en attendant de la remplacer. L’esprit humain est ainsi reprogrammé à dessein, et continuellement. Voyez les mésaventures de l’esprit allemand depuis Goethe et Humboldt pour comprendre ce que cela veut dire.</span></strong></p><p style="text-align: center;"><img id="media-6409370" style="margin: 0.7em 0;" title="" src="http://euro-synergies.hautetfort.com/media/02/00/1211726642.jpg" alt="maxresdelcgplchfault.jpg" /></p><p><strong><span style="font-size: 14pt; color: #999999; font-family: arial, helvetica, sans-serif;">Cerise ajoutait dans son livre :</span></strong></p><p><strong><span style="font-size: 14pt; color: #999999; font-family: arial, helvetica, sans-serif;">« Le <em>Gestell</em>, ou la rationalisation scientifique du vivant, est l'outil définitif du pouvoir politique. Dès lors que le vivant peut être intégralement quantifié, numérisé, explicité, chosifié, il peut devenir objet d'une gestion sérielle, production industrielle intrinsèquement docile au pouvoir car programmable et conditionnable dès l'origine. L'ingénierie sociale culmine ainsi dans le génie génétique (le piratage de l'ADN), l'eugénisme, le clonage, les chimères (croisements hybrides de matériel génétique humain et animal, autorisés au Royaume-Uni depuis mai 2007), et ultimement le transfert de la conscience dans le cyberespace. »</span></strong></p><p><strong><span style="font-size: 14pt; color: #999999; font-family: arial, helvetica, sans-serif;">On en revient donc à Heidegger et à un de ses textes les plus populaires, celui sur la technique. Ecoutons l’oracle, l’Héraclite du siècle dernier :</span></strong></p><p><strong><span style="font-size: 14pt; color: #999999; font-family: arial, helvetica, sans-serif;">« Qu'est-ce que la technique moderne? Elle aussi est un dévoilement. C'est seulement lorsque nous arrêtons notre regard sur ce trait fondamental que ce qu'il y a de nouveau dans la technique moderne se montre à nous. »</span></strong></p><p><strong><span style="font-size: 14pt; color: #999999; font-family: arial, helvetica, sans-serif;">Ce serait la fin de la nature (comme on sait Herbert Marcuse traite aussi du problème dans son <em>Homme unidimensionnel,</em> évoquant ce lac de montagne qui ne sera plus un lac mais un bassin ludique pour vacanciers motorisés) :</span></strong></p><p><strong><span style="font-size: 14pt; color: #999999; font-family: arial, helvetica, sans-serif;">« Le dévoilement qui régit la technique moderne est une pro-vocation <em>(Heraus Fordern)</em> par laquelle la nature est mise en demeure de livrer une énergie qui puisse comme telle être extraite <em>(herausgefordert)</em> et accumulée. Mais ne peut-on en dire autant du vieux moulin à vent? Non: ses ailes tournent bien au vent et sont livrées directement à son souffle. Mais si le moulin à vent met à notre disposition l'énergie de l'air en mouvement, ce n'est pas pour l'accumuler. »</span></strong></p><p style="text-align: center;"><img id="media-6409372" style="margin: 0.7em 0;" title="" src="http://euro-synergies.hautetfort.com/media/01/01/1447469769.jpg" alt="Vijfhuizen_-_de_Vijfhuizer_Molen.jpg" width="403" height="605" /></p><p><strong><span style="font-size: 14pt; color: #999999; font-family: arial, helvetica, sans-serif;">La distinction de Heidegger entre moulin et centrale nous fait ici penser au trop oublié Lewis Mumford, dont nous gagnerions à relire <em>Technique et civilisation.</em> Ah, ce chapitre sur la pendule… Mais passons.</span></strong></p><p><strong><span style="font-size: 14pt; color: #999999; font-family: arial, helvetica, sans-serif;">La nature est donc là pour être extraite, pour produire, reliée au système, à la croissance…</span></strong></p><p><strong><span style="font-size: 14pt; color: #999999; font-family: arial, helvetica, sans-serif;">« Une région, au contraire, est provoquée à l'extraction de charbon et de minerais. L'écorce terrestre se dévoile aujourd'hui comme bassin houiller, le sol comme entrepôt de minerais… »</span></strong></p><p><strong><span style="font-size: 14pt; color: #999999; font-family: arial, helvetica, sans-serif;">On se souvient que Goethe espérait beaucoup du paysan. « Cet heureux temps n’est plus », dirait Hippolyte, car, rappelle Heidegger :</span></strong></p><p><strong><span style="font-size: 14pt; color: #999999; font-family: arial, helvetica, sans-serif;">« Le paysan ne provoque pas la terre cultivable. Quand il sème le grain, il confie la semence aux forces de croissance et il veille à ce qu'elle prospère. Dans l'intervalle, la culture des champs, elle aussi, a été prise dans le mouvement aspirant d'un mode de culture (<em>Bestellen</em>) d'un autre genre, qui requiert (<em>stellt</em>) la nature. Il la requiert au sens de la provocation. L'agriculture est aujourd'hui une industrie d'alimentation motorisée. L'air est requis pour la fourniture d'azote, le sol pour celle de minerais, le minerai par exemple pour celle d'uranium, celui-ci pour celle d'énergie atomique, laquelle peut être libérée pour des fins de destruction ou pour une utilisation pacifique ».</span></strong></p><p style="text-align: center;"><img id="media-6409374" style="margin: 0.7em 0;" title="" src="http://euro-synergies.hautetfort.com/media/01/00/189000109.jpg" alt="Agriculture-intensive-au-Br-sil.jpg" /></p><p><strong><span style="font-size: 14pt; font-family: arial, helvetica, sans-serif; color: #999999;">Industrie d'alimentation motorisée : voilà qui sonne dur à l’oreille. Et Heidegger écrivait avant qu’on ne détruise l’Amazonie ou ce qui restait d’Europe, le reste étant transformé en parc national pour visiteur, motorisé toujours !</span></strong></p><p><strong><span style="font-size: 14pt; color: #999999; font-family: arial, helvetica, sans-serif;">Puis viennent les belles, les légendaires phrases sur le Rhin, Rhin motorisé et condamné (Tolkien disait que la station-service c’était le Mordor, alors…) :</span></strong></p><p><strong><span style="font-size: 14pt; color: #999999; font-family: arial, helvetica, sans-serif;">« La centrale électrique est mise en place dans le Rhin. Elle le somme (<em>stellt</em>) de livrer sa pression hydraulique, qui somme à son tour les turbines de tourner. Ce mouvement fait tourner la machine dont le mécanisme produit le courant électrique, pour lequel la centrale régionale et son réseau sont commis aux fins de transmission… »</span></strong></p><p><strong><span style="font-size: 14pt; color: #999999; font-family: arial, helvetica, sans-serif;">Heidegger poursuit sur le Rhin, jadis fleuve du poète Hölderlin :</span></strong></p><p><strong><span style="font-size: 14pt; color: #999999; font-family: arial, helvetica, sans-serif;">« …Le fleuve du Rhin apparaît, lui aussi, comme quelque chose de commis. La centrale n'est pas construite dans le courant du Rhin comme le vieux pont de bois qui depuis des siècles unit une rive à l'autre. C'est bien plutôt le fleuve qui est muré dans la centrale. Ce qu'il est aujourd'hui comme fleuve, à savoir fournisseur de pression hydraulique, il l'est de par l'essence de la centrale. Afin de voir et de mesurer, ne fût-ce que de loin, l'élément monstrueux qui domine ici, arrêtons-nous un instant sur l'opposition qui apparaît entre les deux intitulés: « Le Rhin », muré dans l'usine d'énergie, et « Le Rhin », titre de cette œuvre d'art qu'est un hymne de Hölderlin. Mais le Rhin, répondra-t-on, demeure, de toute façon le fleuve du paysage. Soit, mais comment le demeure-t-il? Pas autrement que comme un objet pour lequel on passe une commande (<em>bestellbar</em>), l'objet d'une visite organisée par une agence de voyages, laquelle a constitué (<em>bestellt</em>) là-bas une industrie des vacances. »</span></strong></p><p style="text-align: center;"><img id="media-6409376" style="margin: 0.7em 0;" title="" src="http://euro-synergies.hautetfort.com/media/00/00/2639136180.jpg" alt="1660147770021.jpg" /></p><p><strong><span style="font-size: 14pt; color: #999999; font-family: arial, helvetica, sans-serif;">Car l’agence de voyage industrialise le Rhin qu’elle vend comme eau non polluée, bouffée d’air pur, voyage dans le rêve, etc.</span></strong></p><p><strong><span style="font-size: 14pt; color: #999999; font-family: arial, helvetica, sans-serif;">On termine par cette froide dénonciation:</span></strong></p><p><strong><span style="font-size: 14pt; color: #999999; font-family: arial, helvetica, sans-serif;">« Le dévoilement qui régit complètement la technique moderne a le caractère d'une interpellation (<em>Stellen</em>) au sens d'une provocation. »</span></strong></p><p><strong><span style="font-size: 14pt; color: #999999; font-family: arial, helvetica, sans-serif;">Il est amusant de conclure en soulignant que la course actuelle à la désindustrialisation (qui est compréhensible d'un point de vue intellectuel) trouve entre autres sa source chez Heidegger. Le cauchemar numérique qui nous attend a lui d'autres origines.</span></strong></p><p><span style="color: #ff6600;"><strong><span style="font-size: 14pt; font-family: arial, helvetica, sans-serif;">Sources :</span></strong></span></p><p><strong><span style="font-size: 14pt; color: #999999; font-family: arial, helvetica, sans-serif;">Heidegger – la question de la technique</span></strong></p><p><strong><span style="font-size: 14pt; color: #999999; font-family: arial, helvetica, sans-serif;">Rilke – Huitième élégie de Duino</span></strong></p><p><strong><span style="font-size: 14pt; color: #999999; font-family: arial, helvetica, sans-serif;">Lucien Cerise – Gouverner par le chaos</span></strong></p><p><strong><span style="font-size: 14pt; color: #999999; font-family: arial, helvetica, sans-serif;">Nicolas Bonnal – Guénon, Bernanos et les gilets jaunes (annexe sur les écrits antimodernes des Allemands).</span></strong></p>
Jacques-Emile Mirielhttp://jemiriel.hautetfort.com/about.htmlApproches de Maurice Blanchottag:jemiriel.hautetfort.com,2021-09-22:63390552021-09-22T09:16:00+02:002021-09-22T09:16:00+02:00 L’écrivain Maurice Blanchot (1907-2003) jouit, parmi ses quelques...
<p style="text-align: justify;"> </p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: 'Book Antiqua', serif; color: #000000;"><span style="font-size: medium;">L’écrivain Maurice Blanchot (1907-2003) jouit, parmi ses quelques lecteurs, d’une rare notoriété, à l’image de l’invisibilité qui fut la sienne jusqu’à sa mort, et au-delà. Il est considéré comme un très grand auteur, son influence secrète est certaine, mais il n’est en général pratiquement jamais cité. Certains jeunes romanciers parfois se souviennent de lui, et lui rendent hommage. Certains philosophes, également, qui reviennent à ses textes, sur le modèle du grand Jacques Derrida autrefois, qui fut son ami. Nous verrons que l’amitié, ici, joue un rôle central ‒ mais une amitié spécifique, régie par des règles draconiennes.</span></span></p><p style="text-align: justify;"> </p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: 'Book Antiqua', serif; color: #000000;"><span style="font-size: medium;">La revue <em>Philosophie</em>, publiée aux éditions de Minuit, a la bonne idée, en ce mois de septembre, de consacrer sa livraison à Blanchot. On sait que Blanchot fut avant tout un critique exigeant et un romancier hermétique, ou en tout cas difficile, et qu’il puisait son inspiration pour une large part dans la philosophie de son temps. Les rédacteurs de <em>Philosophie </em>ont choisi d’insister sur cette influence, évidemment essentielle dans toute l’œuvre de Blanchot, de <em>Thomas l’Obscur </em>au <em>Pas au-delà</em>. Il faut rappeler un élément biographique qui a son importance : dès avant guerre, Blanchot rencontra le philosophe Emmanuel Levinas, et ils devinrent amis. C’est Levinas qui lui fit connaître Heidegger.</span></span></p><p style="text-align: justify;"> </p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: 'Book Antiqua', serif; color: #000000;"><span style="font-size: medium;">Justement, en ouverture de ce numéro de <em>Philosophie</em>, est reproduite une lettre inédite de Blanchot à un correspondant anonyme. Le sujet en est Heidegger. Blanchot se demande s’il faut mettre l’auteur de <em>Sein und Zeit</em> sur un même plan d’égalité que Hegel, Marx et Nietzsche. Ou si une « <em>rupture</em> » se serait dès lors produite ? Dans sa présentation, Étienne Pinat résume de manière habile la réponse <em>ambiguë</em> de Blanchot : « <em>Blanchot identifie chez Heidegger la poursuite d’une tradition qui pense l’homme à partir de la possibilité, et il interprétait déjà dans </em>L’Espace littéraire <em>l’être-pour-la-mort comme la continuation d’une tradition hégélienne et nietzschéenne pensant le rapport à la mort comme un rapport de possibilité. </em>» Mais regardons ce que Blanchot écrit dans cette lettre passionnante, en particulier lorsqu’il avertit qu’à travers le langage même de Heidegger « <em>quelque chose de tout autre s’annonce </em>» : « <em>C’est qu’il est</em>, nous dit Blanchot de Heidegger,<em> peut-être essentiellement un </em>écrivain. […] <em>De là</em>, poursuit Blanchot, <em>le sens solitaire de son apparition ; de là l’amitié intellectuelle que nous lui devons. </em>»</span></span></p><p style="text-align: justify;"> </p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: 'Book Antiqua', serif; color: #000000;"><span style="font-size: medium;">Ces quelques mots de Blanchot sur Heidegger me semblent particulièrement importants. Lorsqu’il affirme que Heidegger n’est pas seulement un philosophe, mais aussi un <em>écrivain</em>, c’est-à-dire finalement un <em>penseur</em>, il indique précisément ce qu’il recherche. Avec Heidegger, mais aussi avec Blanchot, par conséquent, a pris forme une nouvelle manière de procéder. La philosophie devient littérature, au sens le plus performatif et, également, traditionnel du terme. Blanchot voit dans cette confluence suprême la naissance d’un esprit commun, et c’est ce qu’il appelle <em>amiti</em><em>é.</em></span></span></p><p style="text-align: justify;"> </p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: 'Book Antiqua', serif; color: #000000;"><span style="font-size: medium;">Dans sa contribution sur « La décennie phénoménologique de Maurice Blanchot », Étienne Pinat revient sur cette découverte majeure, et la confirme : « <em>Loin de voir</em>, écrit-il, <em>dans cette analogie entre la démarche de la littérature et de la philosophie contemporaines une simple coïncidence, Blanchot, conformément à sa déclaration de 1938 </em>[dans un article sur <em>La Nausée </em>de Sartre]<em>,</em><em> y voit un lien essentiel. </em>» </span></span></p><p style="text-align: justify;"> </p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: 'Book Antiqua', serif; color: #000000;"><span style="font-size: medium;">Ce numéro de <em>Philosophie</em> propose d’autres articles qui tournent tous autour de l’apport de la phénoménologie chez Blanchot. Ce faisant, et même si elles n’offrent sans doute pas de découvertes nouvelles sur cet auteur (sauf peut-être celle de Danielle Cohen-Levinas), ces contributions forment une introduction idéale aux livres de Blanchot, à mon sens. </span></span></p><p style="text-align: justify;"> </p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: 'Book Antiqua', serif; color: #000000;"><span style="font-size: medium;">Jacques Derrida reste l’un de ceux qui ont le mieux parlé de Blanchot, et expliqué pourquoi il fallait absolument le lire. Dans une conférence intitulée « Maurice Blanchot est mort » (recueillie dans le volume <em>Parages</em>, aux éditions Galilée), il annonçait : « <em>Blanchot n’aura cessé de séjourner dans ces lieux inhabitables pour la pensée, qu’il s’agisse de cette question de l’impossible et de la possibilité de l’impossible ou qu’il s’agisse de l’espace fictionnel, voire littéraire qui accueille le vivre </em><em>de </em><em>la mort, le devenir mort-vivant, voire le fantasme de l’enterré vif. </em>»</span></span></p><p style="text-align: justify;"> </p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: 'Book Antiqua', serif; color: #000000;"><span style="font-size: medium;">Aujourd’hui, Maurice Blanchot est mort, mais la pensée de l’amitié, qu’il a contribué à forger, demeure ‒ peut-être à jamais.</span></span></p><p style="text-align: justify;"> </p><p style="text-align: justify;"> </p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: 'Book Antiqua', serif; color: #000000;"><span style="font-size: medium;"><span style="font-size: small;"><strong>Philosophie, numéro 151, septembre 2021. </strong></span><span style="font-size: small;"><em><strong>Maurice Blanchot. </strong></em></span><span style="font-size: small;"><strong>É</strong></span><span style="font-size: small;"><strong>d. De Minuit, 11 €.</strong></span> </span></span></p>
Jacques-Emile Mirielhttp://jemiriel.hautetfort.com/about.htmlJean-Luc Marion, philosophe de la religiontag:jemiriel.hautetfort.com,2021-05-06:63141742021-05-06T07:28:00+02:002021-05-06T07:28:00+02:00 La philosophie de la religion est une...
<p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 12pt;"> </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 12pt;"><span style="color: #333333;"> La philosophie de la religion est une discipline de moins en moins fréquentée par les spécialistes, alors qu'en France même, avant-guerre, elle avait été le terreau de fameuses controverses. Aujourd'hui, seul un Jean-Luc Marion tente d'en faire perdurer l'éclat, avec une constance qui force l'intérêt. Il vient de publier un gros livre sous le titre <em>D'ailleurs, la Révélation</em>, où il s'attaque à une question centrale de la théologie chrétienne. Expliquer les tenants et aboutissants de la Révélation le conduit à un voyage dans les textes, où Marion analyse le plus rigoureusement possible ce concept insaisissable, complexe, mystérieux. </span></span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 12pt;"><span style="color: #333333;"> On connaît la méthode de notre philosophe, qui s'appuie sur une "phénoménologie de la donation", en utilisant une herméneutique empruntée à Husserl et à Heidegger. Je dois dire que, dans cet ouvrage, toutes les analyses ne m'ont pas parlé. Le recours à saint Thomas d'Aquin, par exemple, me laisse toujours un peu froid. En revanche, que de merveilles dans certaines exégèses de l'Évangile, notamment ce commentaire central de l'épisode de la Samaritaine, dans saint Jean : "le récit de la rencontre entre une femme de Samarie et le Christ, écrit Marion, [...] fixe le paradigme de l'objectif inconnu et du don ignoré en un dialogue dont les moments s'articulent en toute rigueur". Marion se tourne également vers saint Augustin, et, là, je suis également preneur.</span></span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 12pt;"><span style="color: #333333;"> En somme, pour résumer trop rapidement le propos de Jean-Luc Marion, Dieu se <em>révèle</em> aux hommes pour "prendre rang dans notre rationalité". C'est le déploiement d'un <em>amour infini</em>, qui "se manifeste dans le (corps) fini de la chair de Jésus". Pour Marion, l'amour est une porte d'entrée évidemment essentielle. On est d'ailleurs ici en pays de connaissance, pour ceux qui ont lu d'autres livres de Marion, comme son classique, réédité en 2018 aux éditions Grasset, <em>Prolégomènes à la charité</em>. </span></span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 12pt;"><span style="color: #333333;"> Il faut ajouter que l'œuvre de Jean-Luc Marion n'est pas lue simplement pas des croyants ; ses découvertes conceptuelles traversent tous les champs du savoir, et sont utilisées volontiers par différents chercheurs. Je sais ainsi que des théoriciens du cinéma s'enrichissent de son travail, pour nourrir leurs analyses.</span></span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 12pt;"><span style="color: #333333;"> <em>D'ailleurs, la Révélation </em>apportera beaucoup à ses éventuels lecteurs, selon moi. Dans tout le bruit ambiant de la modernité, cette méditation philosophico-religieuse sera une occasion unique de ressourcement spirituel. L'homme contemporain est à la recherche de lumière. Il en trouvera le chemin dans cet essai, qui est à la fois une plongée dans la tradition la plus haute, et, corrélativement, un état des lieux de notre condition présente. Cela se mérite, mais vos efforts seront récompensés.</span></span></p><p style="text-align: justify;"> </p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;"><span style="color: #333333;">Jean-Luc Marion, <em>D'ailleurs, la Révélation. </em>Éd. Grasset, 29 €.</span></span></p>
Ratatoskhttp://euro-synergies.hautetfort.com/about.htmlA quoi servent les poètes? - Réflexions à l’heure du septième centenaire de Dantetag:euro-synergies.hautetfort.com,2021-03-26:63056472021-03-26T00:10:00+01:002021-03-26T00:10:00+01:00 A quoi servent les poètes? Réflexions à l’heure du septième...
<p style="text-align: center;"><img id="media-6241309" style="margin: 0.7em 0;" title="" src="http://euro-synergies.hautetfort.com/media/01/00/2450198929.jpg" alt="7376d0e926503dd548bf96d10198cc17.jpg" width="512" height="713" /></p><p><span style="color: #ff6600; font-size: 24pt; font-family: 'arial black', sans-serif;"><strong>A quoi servent les poètes?</strong></span></p><p><span style="color: #99cc00; font-size: 18pt; font-family: 'arial black', sans-serif;"><strong>Réflexions à l’heure du septième centenaire de Dante</strong></span></p><p><span style="color: #999999; font-size: 18pt; font-family: 'arial black', sans-serif;"><strong>par Alessandro Sansoni</strong></span></p><p><span style="color: #999999; font-size: 14pt; font-family: 'arial black', sans-serif;"><strong>Source : Incursioni & <a style="color: #999999;" href="https://www.ariannaeditrice.it/">https://www.ariannaeditrice.it/</a></strong></span></p><p><span style="color: #999999;"><strong><span style="font-size: 12pt; font-family: arial, helvetica, sans-serif;">"A quoi servent les poètes ?". Cette question, qui a aujourd'hui la saveur d'une question d'adolescent qu'un lycéen pourrait poser à son professeur de littérature ou lors d'une discussion entre amis, Martin Heidegger l'a jugée si essentielle qu'il en a fait le titre d'un de ses textes fondamentaux, écrit non par hasard en 1946, pour ensuite se fondre dans le recueil intitulé <em>Sentieri interrotti</em> (ou ‘’errant’’, selon le traducteur des <em>Holzwege),</em> celui du tournant <em>(Kehre)</em> avec lequel le philosophe allemand s'apprête à défier, accompagné des vers de Rainer Maria Rilke et surtout de Hölderlin, la crise de la métaphysique occidentale et la propagation du nihilisme.</span></strong></span></p><p><span style="color: #999999;"><strong><span style="font-size: 12pt; font-family: arial, helvetica, sans-serif;">Bien sûr, les "poètes" auxquels le grand penseur faisait référence ne sont pas ceux qui se délectent de vers, de rimes ou de liberté, mais ceux qui sont capables d'explorer, avec la force de leurs mots, les profondeurs du langage, entendu comme ‘’maison de l'Être’’, et de s'aventurer jusqu'à déchirer un instant le voile qui recouvre le monde, plaçant le lecteur (ou l'auditeur) sur les traces de ces dieux qui l'ont désormais abandonné.</span></strong></span></p><p style="text-align: center;"><img id="media-6241310" style="margin: 0.7em 0;" title="" src="http://euro-synergies.hautetfort.com/media/02/02/2807663304.jpg" alt="maxresdefaultHHöl.jpg" /></p><p><span style="color: #999999;"><strong><span style="font-size: 12pt; font-family: arial, helvetica, sans-serif;">En bref, Heidegger entend cette catégorie particulière et très rare de poètes qu'il appelle des ‘’dictateurs’’ et qui, avec la force des images qu'ils représentent à travers les mots, ordonnent l'univers, parce qu'après tout ils le pensent.</span></strong></span></p><p><span style="color: #999999;"><strong><span style="font-size: 12pt; font-family: arial, helvetica, sans-serif;">Et en effet, ce sont eux qui donnent naissance aux civilisations: d'Homère naît la tradition européenne, Virgile formalise la <em>latinitas,</em> Goethe fonde la nation allemande moderne et la liste pourrait être longue, mais les ‘’dictateurs’’ n'exercent pas une simple fonction politique, agissant avec la force de leur ‘’dictée’’ sur les peuples qui utilisent leur propre langue, ils construisent même de véritables cosmogonies de valeur universelle: ils dévoilent la Lumière et la Vérité.</span></strong></span></p><p><span style="color: #999999;"><strong><span style="font-size: 12pt; font-family: arial, helvetica, sans-serif;">Et le questionnement heideggérien, avec les significations complexes qu'il dévoile, nous amène inévitablement à réfléchir sur Dante Alighieri, peut-être le plus conscient des ‘’dictateurs’’ de la puissance de son Art.</span></strong></span></p><p><span style="color: #999999;"><strong><span style="font-size: 12pt; font-family: arial, helvetica, sans-serif;">Dante codifie une langue, conçoit une nation, définit une axiologie, légitime une idéologie (l'impériale), cisèle un chef-d'œuvre artistique, mais surtout il se conduit, et nous avec lui, à la rencontre de ce qui est primordial. Ce n'est pas une coïncidence si tout le cadre théologique de l'Église catholique des sept cents dernières années, tant dans la comparaison entre les sages que dans la représentation populaire de l'au-delà, ne pouvait ignorer ce qui est contenu dans la Divine Comédie.</span></strong></span></p><p style="text-align: center;"><img id="media-6241311" style="margin: 0.7em 0;" title="" src="http://euro-synergies.hautetfort.com/media/02/02/409730951.jpg" alt="dante.jpg" /></p><p><span style="color: #999999;"><strong><span style="font-size: 12pt; font-family: arial, helvetica, sans-serif;">Ce que Dante nous raconte, en milliers d'endécasyllabes en tercets enchaînés, c'est un véritable Pèlerinage, comme l'ont constaté tous ceux qui ont entrepris une telle démarche et qui ont en même temps réfléchi au fait que, à la fatigue et au renforcement physique et biologique progressif que produit un parcours effectué à pied au fil des jours et des semaines, correspond une lente mais inexorable transformation et progression spirituelle. Un parcours intérieur, qui de la recherche et de l'installation dans les souvenirs les plus lascifs et pécheurs visant à atténuer la souffrance des efforts des premiers jours de marche, conduit lentement, à mesure que le corps s'entraîne et gagne en force, d'abord à une réflexion intellectuelle plus méditée sur les choses du monde et ensuite à la recherche du sens authentique, transcendant, mystique, auquel l'itinéraire entrepris doit finalement conduire : l'ouverture du regard sur l'Ineffable.</span></strong></span></p><p><span style="color: #999999;"><strong><span style="font-size: 12pt; font-family: arial, helvetica, sans-serif;">Surtout, "on a besoin des poètes pour cela" et d'autant plus aujourd'hui, alors que, comme le dit Agamben, la maison brûle, que nos certitudes s'effondrent et que l'inquiétude face à la pandémie et les mesures prises pour la combattre semblent vouloir nous réduire à notre seule matrice biologique, où la protection médicale devrait être le seul but de nos actions. Comme si la Vie n'était pas beaucoup plus, n'était pas d'abord un Risque (plus ou moins grand) pour attraper ce qui est Beau dans le monde.</span></strong></span></p><p><span style="color: #999999;"><strong><span style="font-size: 12pt; font-family: arial, helvetica, sans-serif;">Un monde devenu indigent, pour le dire encore avec Heidegger, précisément parce que les dieux et Dieu l’ont fui, précisément parce que tout semble se réduire à la peur et à l'absurdité de vouloir éviter à tout prix la mort imminente: comme si la Mort ne nous emportait pas toujours, étant consubstantielle à la Vie, la complétant.</span></strong></span></p><p style="text-align: center;"><img id="media-6241312" style="margin: 0.7em 0;" title="" src="http://euro-synergies.hautetfort.com/media/01/00/2206703138.jpg" alt="0-18103.jpg" /></p><p><span style="color: #999999;"><strong><span style="font-size: 12pt; font-family: arial, helvetica, sans-serif;">En somme, en nous souvenant de Dante au cours des sept cents ans qui se sont écoulés depuis sa mort, nous ressentons l'absence des ‘’dictateurs’’ et nous comprenons que nous aurions besoin d'eux, sinon précisément parce que nous voudrions suivre leurs traces dans une époque si démunie que nous ne sommes même plus capables de remarquer l'absence de Dieu comme un manque, du moins de la rendre plus supportable et moins désorientante, esthétiquement parlant, avec un peu de vernis sur rien.</span></strong></span></p>
Jacques-Emile Mirielhttp://jemiriel.hautetfort.com/about.htmlUn vieil article inédit sur Thomas Bernhardtag:jemiriel.hautetfort.com,2021-02-11:62967712021-02-11T07:42:00+01:002021-02-11T07:42:00+01:00 Ce 9 février, le grand écrivain autrichien Thomas Bernhard,...
<p style="text-align: justify;"><span style="font-family: helvetica, arial, sans-serif; font-size: 12pt;"> <em>Ce 9 février, le grand écrivain autrichien Thomas Bernhard, aurait eu 90 ans, s'il n'était mort prématurément il y a déjà trente-deux ans. C'est un écrivain qui a beaucoup compté pour moi. J'ai gardé tous ses livres dans ma bibliothèque, j'en relis certains de temps à autre. En 1988, alors que Bernhard était en pleine créativité, j'avais consacré un article à son roman </em>Maîtres anciens, <em>qui venait de paraître en France. Cette recension était destinée à une nouvelle revue, créée par de jeunes diplômés aux ambitions européennes. Ils étaient très gentils, mais je me demandais quand même ce que je faisais parmi eux. Je pris le premier prétexte venu pour partir, et, donc, mon article ne parut jamais. Je me rappelle aussi l'avoir fait lire à l'historien monarchiste Éric Vatré, avec qui alors je déjeunais quelquefois sur l'île Saint-Louis. Vatré avait apprécié le texte, mais moins les explications que je lui donnais sur les révoltes intimes de Thomas Bernhard. De là date ma brouille tacite avec lui. Chaque lecture d'un roman de Bernhard évoque pour moi tout un pan de ma vie. Cet auteur m'a construit, et je dois dire qu'aujourd'hui je m'en félicite toujours autant. Voici donc ce petit article sans prétention sur</em> Maîtres anciens<em>, "Comédie", que j'exhume d'une chemise portant la date suivante : 30-9-1988. Le titre en était "Un artiste de la survie", et il s'ouvrait sur une phrase de Wittgenstein : "Parfois </em>on pense, parce que cela a fait ses preuves.<em>"</em> </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: helvetica, arial, sans-serif; font-size: 12pt;"> </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: helvetica, arial, sans-serif; font-size: 12pt;"> Le nouveau livre de Thomas Bernhard, avec Peter Handke l'un des écrivains autrichiens – et même européens ! – les plus réputés, porte en sous-titre : "Comédie", et nous constatons en effet que dans ce livre, comme dans les précédents (qui ont eu une si grande influence sur nous), Bernhard ne parle que de la comédie de la vie, de ses aspects burlesques et comiques, mais tragiquement burlesques et tragiquement comiques. Ce moraliste d'aujourd'hui ne nous épargne aucune vérité, ni sur l'État, ni sur l'Autriche, ou bien encore l'éducation, et même Heidegger ("ce ridicule petit-bourgeois national-socialiste en culotte de golf") par Reger interposé.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: helvetica, arial, sans-serif; font-size: 12pt;"> Reger, personnage central du livre, Autrichien critique musical au <em>Times</em>, se définit lui-même comme <em>un véritable détestateur du monde</em> : rien ne résiste à son dénigrement universel, particulièrement violent : "Mais même Mozart, dit Reger, n'a pas échappé au kitsch, surtout dans les opéras il y a tant de kitsch, dans la musique de ces opéras superficiels la taquinerie et l'affairement se bousculent souvent aussi, de manière insupportable." Reger en un long soliloque (c'est aussi un artiste de la parole) enfonce le clou sans se lasser. Il énonce ceci : "notre vie est intéressante dans l'exacte mesure où nous avons pu développer notre art de la parole comme notre art du silence".</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: helvetica, arial, sans-serif; font-size: 12pt;"> En contrepoint, dans le cours (musical) de ce soliloque mouvant mais admirablement composé par Bernhard, Reger déploie un point de vue parallèle – le silence – qui, s'il part encore de l'art, rejoint néanmoins la vie en plein. L'art pour l'art est banal, relégué, chez Reger, spécialiste de l'art. Sa femme venait de mourir. Pour surmonter cette épreuve, il a l'idée de recourir encore une fois à l'art. Mais l'art est impuissant. Reger dit : "tout l'art, quel qu'il soit, n'est rien comparé à ce seul et unique être aimé" qu'il vient de perdre. Cette révélation modifie considérablement sa philosophie de l'art. Il retournera à l'art en l'utilisant comme moyen de survie, "art de survie", dit-il. Et c'est tout. Il semble avoir cerné les limites de l'art (de la vie), à force de philosophie, et n'attend plus que la mort, tranquillement (il a quatre-vingt-deux ans).</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: helvetica, arial, sans-serif; font-size: 12pt;"> Reger est, pendant tout le livre, assis devant <em>L'homme à la barbe</em> <em>blanche </em>de Tintoret : c'est lui-même qu'il contemple, ce faisant, sa vieillesse, son désespoir et sa solitude.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: helvetica, arial, sans-serif; font-size: 12pt;"> <em>Art de la survie</em>, a dit Reger pour avoir éprouvé cette vérité jusqu'au désespoir. Un art <em>précis</em>, enfin utilisable, intelligent dans son imperfection même, l'imperfection de l'art (toujours selon Reger) est la condition <em>sine qua non </em>de sa précision admirable. Cela nous sauve. Selon ce que dit encore Reger, survivre est la grande affaire. Après la mort de sa femme il ne s'est pas suicidé : "Si nous ne nous suicidons pas <em>tout de suite</em>, nous ne nous suicidons pas, c'est cela qui est affreux, a-t-il dit." Il constate que c'est Schopenhauer qui l'a sauvé, non pas la peinture, ni la musique. Il s'est <em>esquivé </em>dans Schopenhauer, pour fuir la vie synonyme de malheur : ainsi supporte-t-il cette vie même, car par Schopenhauer il ne fait rien d'autre que de renouer avec cette vie qu'il voulait abandonner.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: helvetica, arial, sans-serif; font-size: 12pt;"> Ce raisonnement semble être l'aboutissement d'une spéculation sur le suicide, que Thomas Bernhard avait engagée depuis longtemps, et à laquelle il apporte maintenant cette réponse <em>acceptable</em>, c'est-à-dire une réponse dénuée, si possible, d'hypocrisie et d'idéalisme stupide, car même lorsqu'il affirme la supériorité de la vie (ou de l'amour), il reste un nihiliste. Bernhard nous dit que la vie peut être une expérience merveilleuse, mais pas à n'importe quel prix ! Fondamentalement pessimiste (antihumaniste comme Pascal, son maître), Bernhard pense cependant, malgré tout, que la vie mérite d'être vécue, mais pas n'importe comment ! Être vigilant !...</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: helvetica, arial, sans-serif; font-size: 12pt;"> La lecture de <em>Maîtres anciens </em>est évidemment une fête pour l'esprit. On doit ressentir cette voix qui nous parle directement à l'oreille, c'est une voix proche, vivante, simple, d'où naît une sensation de <em>réalité</em>. Le frémissement de la vie passe de façon prodigieuse, grâce à ce procédé des monologues qui tissent ce livre. Les personnages, nous les <em>voyons</em>. Rien de préfabriqué, ici. Les personnages sont simplement disposés sur l'échiquier théâtral (le Musée d'art ancien de la ville de Vienne). Ils sont immobiles. Et ils parlent, surtout Reger qui a dit aussi : "Ce que je pense est exténuant, destructeur, a-t-il dit, d'autre part cela m'exténue déjà depuis si longtemps que je n'ai plus besoin d'avoir peur."</span></p><p style="text-align: justify;"> </p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: helvetica, arial, sans-serif; font-size: 12pt;"><span style="font-size: 10pt;">Thomas Bernhard, <em>Maîtres anciens</em>. Comédie. Traduit de l'allemand (Autriche) par Gilberte Lambrichs. Éd. Gallimard, 1988. Disponible dans la coll. "Folio", 8,60 €. Prix Médicis étranger 1988. – À noter, la publication récente (fin janvier 2021) d'un remarquable <em>Cahier de L'Herne </em>consacré à Thomas Bernard (33 €), dont j'ai rendu compte dans un article paru sur le site <em>Causeur.</em></span> </span></p>
Jacques-Emile Mirielhttp://jemiriel.hautetfort.com/about.htmlPascal Quignard, le questionnement de l'intimetag:jemiriel.hautetfort.com,2020-09-02:62607312020-09-02T09:29:00+02:002020-09-02T09:29:00+02:00 Lire, selon Heidegger En lisant cet été un très...
<p style="text-align: justify;"> </p><p style="text-align: justify;"><em><strong><span style="font-size: 10pt;">Lire, selon Heidegger</span></strong></em></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 12pt;"> En lisant cet été un très beau commentaire de Heidegger sur le mythe de la caverne de Platon, dans <em>De l'essence de la vérité</em>, je suis tombé sur cette phrase qui m'a fait longuement réfléchir et a littéralement "rafraîchi" mon esprit, face au surmenage imminent de la prochaine rentrée avec ses piles de livres à foison. À la fin de son cours, après avoir détaillé sa lecture de Platon, Heidegger lance à ses étudiants une sorte d'invocation absolue. Il leur dit : <em>"Au cas où vous éprouveriez encore le besoin irrépressible de lire la littérature philosophique paraissant aujourd'hui, c'est le signe infaillible de ce que vous n'avez rien compris à ce qui s'est passé devant vous."</em> Selon Heidegger, lire et étudier un dialogue de Platon suffisait amplement, à condition sans doute, comme il l'ajoute, toujours à son jeune auditoire, <em>"que vous ayez </em>en <em>vous un questionnement éveillé, mis en éveil au plus profond de votre</em> <em>intimité"</em>. Il me semble que, certes, l'on peut ne pas être tout à fait d'accord avec cette injonction de Heidegger. Néanmoins, il a le mérite de pointer du doigt un phénomène essentiel de la littérature, en mettant en question les livres qui nourrissent réellement l'esprit, et les autres. Au lecteur de rester "éveillé", et de faire confiance à sa culture pour dominer une matière si complexe.</span></p><p style="text-align: justify;"> </p><p style="text-align: justify;"><strong><span style="font-size: 10pt;"><em>Qu'est-ce qu'un lettré ?</em></span></strong></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 12pt;"> Le nouveau livre de Pascal Quignard, qui paraît à cette rentrée, <em>L'Homme aux trois lettres</em>, va nous apporter des éléments de réponse assez cruciaux. On connaît déjà l'œuvre de cet auteur très érudit, qui n'hésite pas à prendre ses exemples dans la vieille littérature latine ou chinoise, entre autres. Quignard est notre dernier <em>lettré</em>, selon une tradition qui remonte à la nuit des temps. Ses livres sont parsemés de citations exquises, puisées dans les textes les plus anciens et, parfois, les plus méconnus. <em>L'Homme aux trois lettres</em>, onzième volume de la série "Dernier royaume", est d'autant plus intéressant que Quignard y fait le bilan de son activité passionnée de lecteur.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 12pt;"> Un jour, alors que sa vie professionnelle dans le milieu de l'édition était pourtant intense et riche, Pascal Quignard a soudainement tout plaqué. Nous étions en 1994, et, comme le Bouddha, qui de prince devint mendiant, après une illumination, Quignard décida de se consacrer exclusivement à la lecture des livres. Je dois dire que cette résolution radicale me fascine beaucoup, tant je la trouve exemplaire et unique. Je la partage entièrement. Qui d'autre se serait comporté ainsi, avec autant de détermination, à cette époque ?</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 12pt;"> Incontestablement, le jeu en valait la chandelle. Et Quignard de nous relater dans ses écrits tous les bienfaits d'un <em>otium</em> qui désormais remplissait sa vie, au milieu des livres. Dans <em>L'Homme aux trois lettres</em>, il s'attarde longuement, en plusieurs chapitres, sur ce <em>désœuvrement</em> du lettré, nous confiant ainsi : <em>"Ceux qui s'adonnent à cette activité si totalement désintéressée à l'activité immédiate distancent à jamais les autres classes sociales par une application de plus en plus dense, volontaire, ardue, fervente, astreignante, approfondissante, interminable. Luxe pur." </em>Très beau passage, il me semble, qui dit l'originalité d'un choix, et peut-être même davantage qu'un choix : une <em>éthique</em>. Quignard, pour illustrer ceci de manière originale, va chercher un vocable inusité, qui exprime le repos, la solitude et le silence de la lecture : "<em>requoy" (</em>ou parfois <em>"recoy").</em> Quignard nous le commente ainsi : <em>"Il est peut-être le mot clé du livre que j'écris. Il définit si précisément la lecture car il mêle le silence (la lecture coite) et le recoin, le retrait, le repos (le requiem, le requoy)."</em></span></p><p style="text-align: justify;"> </p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 12pt;"><span style="font-size: 10pt;"><em><strong>Saint Augustin et saint Ambroise</strong></em></span></span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 12pt;"> À propos de la lecture, Quignard rapporte au début de son livre l'épisode des <em>Confessions </em>de saint Augustin, qui se passe à Milan, dans lequel celui-ci, alors tout jeune, raconte son émerveillement devant Ambroise lisant un livre en silence. Cette belle anecdote m'apparaît comme particulièrement emblématique de la pensée que veut nous faire partager Quignard dans <em>L'Homme aux trois lettres</em>. Il lui suffit, je crois, de citer ce que saint Augustin lui-même écrit de son intention en rapportant ce récit : Augustin veut nous faire mesurer, selon ses propres termes, <em>"</em><em>la profondeur de l'abîme d'où nos cris doivent provenir afin de s'élever vers toi" </em>(je rappelle qu'Augustin s'adresse à Dieu). </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 12pt;"> Comment sera reçu cet ouvrage de Pascal Quignard, à une époque de consumérisme extravagant, dans laquelle la littérature est considérée par le public comme un simple divertissement ? Il faut assurément revenir ici à la déclaration prophétique de Heidegger, par laquelle j'ai commencé mon propos. La lecture de Quignard, si riche, si essentielle, si fidèle à la grande tradition littéraire, peut nous <em>mettre en éveil au plus profond de notre intimité</em>, pour reprendre les termes du philosophe. Et ceci constitue incontestablement un grand bien, et le début d'un long cheminement sur un sentier escarpé, vers les hauteurs, vers la lumière.</span></p><p style="text-align: justify;"> </p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">Pascal Quignard, <em>L'Homme aux trois lettres</em>. Éd. Grasset, 18 €.</span></p>
Jacques-Emile Mirielhttp://jemiriel.hautetfort.com/about.htmlSaint Paul vu par le judaïsmetag:jemiriel.hautetfort.com,2020-08-03:62554612020-08-03T15:47:00+02:002020-08-03T15:47:00+02:00 Le philosophe René Lévy est aussi talmudiste. L'ouvrage qu'il...
<p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 12pt;"> Le philosophe René Lévy est aussi talmudiste. L'ouvrage qu'il a fait paraître, au mois de mars dernier, aux éditions Verdier, où il dirige une collection, est la nouvelle mouture d'un premier essai consacré à saint Paul en 2010 sous le tire de <em>Disgrâce du signe</em>. René Lévy est le fils de Benny Lévy, qui fut le dernier secrétaire de Sartre et qui initia le père de l'existentialisme à une certaine forme de judaïsme. On se souvient que cette "conversion" du vieux Sartre à la religion choqua beaucoup parmi les intellectuels français, notamment lorsque parut dans <em>Le Nouvel Observateur</em> une série d'entretiens entre les deux hommes, dans lesquels Sartre essayait, avec l'aide de son secrétaire, de faire progresser sa philosophie vers un sens spirituel. Au fond, c'était sa réflexion inédite sur une espérance nouvelle qui décontenança une intelligentzia ouvertement athée. Les choses ont-elles changé, depuis lors ? N'est-il pas désormais légitime de revenir à un certain type de méditation dont la nécessité est plus que jamais d'actualité ? Sartre nous en avait donné l'exemple, à la toute fin, comme Maurice Blanchot avant lui. Laissons-nous guider, pour quelques brefs instants, par cette pensée qui, peut-être, préfigure notre seul avenir.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 12pt;"> René Lévy revient donc sur saint Paul, d'origine parfaitement juive, et dont les Épîtres sont à la base de la religion chrétienne. L'Église catholique a longtemps renié son héritage juif, jusqu'au concile Vatican II, révolution bienfaisante dans son histoire mouvementée. Il se trouve que Paul, avant de rencontrer le Christ sur le chemin de Damas, était un propagateur extrêmement actif du judaïsme. On peut donc considérer que la foi nouvelle qu'il a contribué à élaborer doit beaucoup à ce monothéisme premier et fondateur. L'objet de René Lévy, dans cette étude, est de confronter la pensée de saint Paul à la tradition vivante de la Torah, du Talmud et à tous les commentaires qui s'en sont inspirés. René Lévy insiste sur le fait que la grande question de saint Paul, notamment dans l'Épître aux Romains, est la confrontation entre la Loi et la Foi. Pour notre auteur, cela reste la question principale, qui traverse donc son livre, sans que l'ambiguïté ne soit jamais levée : "Non, écrit René Lévy, pas question d'abolir ni de défaire la Loi <em>(Torah)</em> par la <em>nouveauté</em> (l'Évangile) ; celle-ci vient au contraire l'accomplir. Mais alors, que croire ?"</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 12pt;"> La lecture de René Lévy n'est pas toujours d'un abord aisé. Le sujet est complexe, la méditation redoutable, qui ressemble à une "phénoménologie de la vie religieuse", pour reprendre le titre de Heidegger. Néanmoins, l'effort du lecteur sera fructueux, même si, chrétien, comme moi, il n'est pas toujours préparé à un mode de réflexion aussi spécifique, mais, sans conteste, profond. Il y a quelques mois, j'avais lu avec profit l'essai du philosophe Armand Abécassis, <em>Jésus avant le Christ</em>, qui essayait de "retrouver en esprit l'engagement juif de Jésus avant sa christianisation". C'était là, en somme, une même tentative, déjà, et fort instructive, d'établir l'héritage judaïque de la religion chrétienne, et de reconsidérer avec plus de précision ce que l'humanité doit au peuple juif.</span></p><p style="text-align: justify;"> </p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">René Lévy, <em>La Mort à vif</em>. Essai sur Paul de Tarse. Éd. Verdier, 22 €. Armand Abécassis, <em>Jésus avant le Christ</em>. Presses de la Renaissance, 2019, 20 €. Et pour mémoire, les entretiens entre Jean-Paul Sartre et Benny Lévy publiés dans <em>Le Nouvel Observateur</em> ont été repris dans un volume, <em>L'Espoir maintenant</em>, éd. Verdier. </span><span style="font-size: 12pt;"> </span></p>
Café philosophique de Montargishttp://cafephilosophique-montargis.hautetfort.com/about.htmlIls ont dit, au sujet de l'arttag:cafephilosophique-montargis.hautetfort.com,2019-12-01:61948742019-12-01T15:11:00+01:002019-12-01T15:11:00+01:00 "Muse, chante la colère du fils de Pélée." [Homère] "C'est chose légère...
<blockquote><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">"Muse, chante la colère du fils de Pélée." [Homère]</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">"C'est chose légère que le poète, ailée, sacrée: il n'est pas en état de créer avant d'être inspiré par un dieu, hors de lui, et de n'avoir plus sa raison; tant qu'il garde cette faculté, tout être humain est incapable de faire oeuvre poétique et de chanter des oracles." [Platon]</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">"La tragédie est imitation." [Aristote]</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">"S'il ne sent point du ciel l'influence secrète / Si son astre en naissant ne l'a formé poète, / Sans son génie étroit, il est toujours captif." [Boileau]</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">"Le génie n’est autre chose qu’une grande aptitude à la patience." [Buffon]</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">"En peinture, il n’y a pas de règle plus raisonnable que l’équilibre des formes : il faut les placer avec la plus grande précision sur leur propre centre de gravité. Une forme mal équilibrée est disgracieuse ; elle provoque en effet l’idée de sa chute et celle de dommage et de douleur, ce sont des idées pénibles quand par sympathie elles acquièrent quelque degré de force et de vivacité." [David Hume]</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">"Est beau ce qui plaît universellement, sans concept." [Emmanuel Kant]</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">"Le génie est le talent de produire ce dont on ne peut donner de règle déterminée, et non pas l'habileté qu'on peut montrer en faisant ce qu'on peut apprendre suivant une règle ; par conséquent, l'originalité est sa première qualité." [Emmanuel Kant]</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">"Quand je me sens bien et que je suis de bonne humeur […], les pensées me viennent en foule et le plus aisément du monde. D’où et comment m’arrivent-elles ? Je n’en sais rien, je n’y suis pour rien." [Wolfgang Amadeus Mozart]</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">"Clos ton œil physique afin de voir d’abord ton tableau avec l’œil de ton esprit." [C.D. Friedrich]</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">" Pour acquérir en ce domaine un parfait savoir-faire, ce n'est pas l'inspiration qui peut être d'un quelconque secours, mais seulement la réflexion, l'application et une pratique assidue." [GWF Hegel]</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">"Ce n'est que par la pure contemplation… que sont appréhendées les Idées et la nature du génie consiste précisément dans la capacité par excellence à une telle contemplation … ce qui exige un oubli complet de notre propre personne." [Arthur Schopenhauer]</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">"[Le génie] atteint un but que les autres ne peuvent même pas voir." [Arthur Schopenhauer]</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">"L’art sauvera le monde." [Fiodor Dostoïevski]</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">"Un formidable esprit descend dans sa pensée/ Sa parole luit comme un feu / Et son front porte tout un Dieu." [Victor Hugo]</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">"Le goût se trouve partout où la pureté des lignes est présente." [Ledoux]</span><br /><br /><span style="font-size: 10pt;">"Pas d’idées ! Surtout, pas d’idées !" [W. Bouguereau]</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">"Nous avons l’art afin de ne pas mourir de la vérité." [Friedrich Nietzsche]</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">"Tous les grands hommes sont de grands travailleurs, infatigables non seulement à inventer, mais encore à rejeter, passer au crible, modifier, arranger. [De là] les magnifiques mélodies de Beethoven […] triées d’ébauches multiples." [Friedrich Nietzsche]</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">"Je vous enseigne le Surhumain. L'homme est quelque chose qui doit être surmonté." [Friedrich Nietzsche]</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">"Le surhumain est le sens de la terre. Que votre volonté dise : que le surhumain soit le sens de la terre !" [Friedrich Nietzsche]</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">"Vous les solitaires d'aujourd'hui, vous qui demeurez à l'écart, vous serez un peuple un jour : de vous qui vous êtes vous-mêmes élus naîtra un peuple élu – et de lui naîtra le surhumain." [Friedrich Nietzsche]</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">"Qu'est-ce que le singe pour l'homme ? Un objet de risée ou une honte douloureuse. Et c'est exactement cela que l'homme doit être pour le surhumain : un objet de risée ou une honte douloureuse." [Friedrich Nietzsche]</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">"L'artiste a le pouvoir de réveiller la force d'agir qui sommeille dans d'autres âmes." [Friedrich Nietzsche]</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">"L'art étant surhumain, il cultive l'élément surhumain en l'homme et se trouve être, par conséquent, un moyen d'évolution de l'humanité au même titre que la religion." [Piet Mondrian]</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">"L'art ne reproduit pas le visible, il rend visible." [Paul Klee]</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">"[L’art] c’est la seule chose qui résiste à la mort." [André Malraux]</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">" "Si nos écrivains et artistes venus des milieux intellectuels veulent que leurs oeuvres soient bien accueillies par les masses, il faut que leurs pensées et leurs sentiments changent, il faut qu'ils se rééduquent..." [Mao Zedong]</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">"Mais c'est expressément à Manet que nous devons attribuer d'abord la naissance de cette peinture sans autre signification que l'art de peindre qu'est la "peinture moderne" [George Bataille]</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">"La main du poète-scribe n'est qu'un appareil enregistreur, un marteau sans maître." [René Char]</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">"L’Homme habite en poète." [Martin Heidegger]</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">" L'art est la mise en œuvre de la vérité." [Martin Heidegger]</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">"L'artiste doit se faire regretter déjà de son vivant !" [René Char]</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">"Quel est le rapport de l’œuvre d’art avec la communication ? Aucun." [Gilles Deleuze]</span><br /><br /><span style="font-size: 10pt;">"L’idée d’une œuvre d’art conservatrice a quelque chose d’absurde. En se séparant en toute rigueur du monde empirique, de leur autre, les œuvres témoignent que ce monde lui-même doit devenir autre chose." [Adorno]</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">" La définition de ce qu’est l’art est toujours donnée à l’avance par ce qu’il fut autrefois, mais n’est légitimée que par ce qu’il est devenu, ouvert à ce qu’il veut être et pourra peut-être devenir." [Adorno]</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">"[L’artiste est ] une sorte de monstre inconscient, irresponsable, un simple médiateur entre le commun des mortels et une puissance obscure, un Dieu." [Alain Robbe-Grillet]</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">"Le peinte hyperréaliste ne dit pas au spectateur comment il doit ressentir le sujet, il affirme simplement qu’il existe et qu’il vaut la peine de le regarder parce qu’il existe." [Linda Chase]</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">"Les abrutis ne voient le beau que dans les belles choses." [Arthur Cravan]</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">"Créer pour vivre ou vivre pour créer : toute la différence entre l’artiste et l’artisan." [Michel Polac]</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">"Un artiste est presque toujours tendu sur le bord du délire." [Hélène Grimaud]</span></p></blockquote>
Zedhttp://metapoinfos.hautetfort.com/about.htmlEn finir avec le cancer du nihilisme...tag:metapoinfos.hautetfort.com,2019-08-24:61706532019-08-24T13:00:00+02:002019-08-24T13:00:00+02:00 Le 3 juin 2019, Pierre Bergerot recevait, sur TV libertés ,...
<p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;"><span style="font-family: verdana, geneva, sans-serif;">Le 3 juin 2019, <strong>Pierre Bergerot</strong> recevait, sur <em><a href="http://www.tvlibertes.com/">TV libertés</a></em>, <strong>Pierre Le Vigan</strong>, à l'occasion de la publication de son essai intitulé <a href="http://metapoinfos.hautetfort.com/archive/2019/02/18/achever-le-nihilisme-6129755.html"><em><strong>Achever le nihilisme</strong></em></a> (Sigest, 2019).<br /></span></span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;"><span style="font-family: verdana, geneva, sans-serif;">Urbaniste, collaborateur des revues <a href="http://www.revue-elements.com/"><em>Eléments</em></a>, <em>Krisis</em> et <em>Perspectives libres</em>, Pierre Le Vigan a notamment publié <strong><em>Inventaire de la modernité avant liquidation</em></strong> (Avatar, 2007), <a href="http://metapoinfos.hautetfort.com/archive/2009/10/14/le-front-du-cachalot.html"><em><strong>Le Front du Cachalot</strong> </em></a>(Dualpha, 2009), <a href="http://metapoinfos.hautetfort.com/archive/2011/10/16/la-banlieue-contre-la-ville.html"><strong><em>La banlieue contre la ville</em></strong></a> (La Barque d'Or, 2011), <a href="http://metapoinfos.hautetfort.com/archive/2012/06/24/ecrire-contre-la-modernite.html"><strong><em>Écrire contre la modernité</em></strong></a> (La Barque d'Or, 2012), <a href="http://metapoinfos.hautetfort.com/archive/2015/06/07/de-la-devastation-certaine-d-un-monde-au-possible-surgissement-du-neuf.html"><em><strong>Soudain la postmodernité</strong></em></a> (La Barque d'or, 2015), <a href="http://metapoinfos.hautetfort.com/archive/2017/09/28/de-romulus-a-le-corbusier-les-metamorphoses-de-la-ville-5984207.html"><em><strong>Métamorphoses de la ville - De Romulus à Le Corbusier</strong></em></a> (La Barque d'Or, 2017). </span></span></p><p> </p><p> <iframe width="373" height="210" src="https://www.youtube.com/embed/pm0MKn8VJ30" frameborder="0" allow="accelerometer; autoplay; encrypted-media; gyroscope; picture-in-picture" allowfullscreen="allowfullscreen"></iframe></p>
Café philosophique de Montargishttp://cafephilosophique-montargis.hautetfort.com/about.htmlLe cinéaste, philosophe et écrivain Claude Lanzmann est morttag:cafephilosophique-montargis.hautetfort.com,2018-07-05:60644982018-07-05T17:52:05+02:002018-07-05T17:52:05+02:00 L’idée même de la mort lui paraissait scandaleuse. Ayant eu 90 ans en...
<p><img src="http://cafephilosophique-montargis.hautetfort.com/media/02/01/1868885760.jpg" id="media-5838766" alt="" /></p><blockquote><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">L’idée même de la mort lui paraissait scandaleuse. Ayant eu 90 ans en 2015, il comprit qu’il ne pourrait pas lui échapper. « La mort est là, elle peut arriver à tout moment, disait-il. La statistique est contre moi. C’est très mal. » Contredisant Heidegger, Claude Lanzmann ajoutait : « Mourir n’a rien de grand. C’est la fin de la possibilité d’être grand, au contraire. L’impossibilité de toute possibilité. »</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">Comme un volcan qui se serait endormi, Claude Lanzmann est mort à Paris jeudi 5 juillet à l’âge de 92 ans, a appris Le Monde auprès de son entourage. Il serait dommage de ne retenir de lui qu’un seul film – un chef-d’œuvre, il est vrai : Shoah. Certes, il fut un cinéaste majeur, l’un de ceux qui ont marqué à jamais l’histoire du cinéma ; mais il fut aussi écrivain, journaliste, philosophe, directeur des Temps Modernes, ami de Sartre, compagnon de Simone de Beauvoir… la liste est loin d’être exhaustive.</span></p><p style="text-align: right;"><span style="font-size: 10pt;"><strong><a href="https://www.lemonde.fr/disparitions/article/2018/07/05/claude-lanzmann-le-realisateur-de-shoah-est-mort_5326308_3382.html" target="_blank" rel="noopener noreferrer">La suite ici...</a></strong></span></p></blockquote><p style="text-align: center;"><iframe width="560" height="315" src="https://www.youtube.com/embed/Q9wZMkdIkKg" frameborder="0" allow="autoplay; encrypted-media" allowfullscreen="allowfullscreen"></iframe></p>
Café philosophique de Montargishttp://cafephilosophique-montargis.hautetfort.com/about.htmlLe cinéaste, philosophe et écrivain Claude Lanzmann est morttag:cafephilosophique-montargis.hautetfort.com,2018-07-05:60644972018-07-05T17:52:00+02:002018-07-05T17:52:00+02:00 L’idée même de la mort lui paraissait scandaleuse. Ayant eu 90 ans en...
<p><img src="http://cafephilosophique-montargis.hautetfort.com/media/02/01/1868885760.jpg" id="media-5838766" alt="" /></p><blockquote><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">L’idée même de la mort lui paraissait scandaleuse. Ayant eu 90 ans en 2015, il comprit qu’il ne pourrait pas lui échapper. « La mort est là, elle peut arriver à tout moment, disait-il. La statistique est contre moi. C’est très mal. » Contredisant Heidegger, Claude Lanzmann ajoutait : « Mourir n’a rien de grand. C’est la fin de la possibilité d’être grand, au contraire. L’impossibilité de toute possibilité. »</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">Comme un volcan qui se serait endormi, Claude Lanzmann est mort à Paris jeudi 5 juillet à l’âge de 92 ans, a appris Le Monde auprès de son entourage. Il serait dommage de ne retenir de lui qu’un seul film – un chef-d’œuvre, il est vrai : Shoah. Certes, il fut un cinéaste majeur, l’un de ceux qui ont marqué à jamais l’histoire du cinéma ; mais il fut aussi écrivain, journaliste, philosophe, directeur des Temps Modernes, ami de Sartre, compagnon de Simone de Beauvoir… la liste est loin d’être exhaustive.</span></p><p style="text-align: right;"><span style="font-size: 10pt;"><strong><a href="https://www.lemonde.fr/disparitions/article/2018/07/05/claude-lanzmann-le-realisateur-de-shoah-est-mort_5326308_3382.html" target="_blank" rel="noopener noreferrer">La suite ici...</a></strong></span></p></blockquote><p style="text-align: center;"><iframe width="560" height="315" src="https://www.youtube.com/embed/Q9wZMkdIkKg" frameborder="0" allow="autoplay; encrypted-media" allowfullscreen="allowfullscreen"></iframe></p>
Jacques-Emile Mirielhttp://jemiriel.hautetfort.com/about.htmlNécessité de Kierkegaardtag:jemiriel.hautetfort.com,2018-06-26:60624822018-06-26T15:17:00+02:002018-06-26T15:17:00+02:00 L'entrée de Kierkegaard (1813-1855) dans la collection de la...
<p style="text-align: justify;"><span style="font-family: helvetica, arial, sans-serif; font-size: 12pt;"> L'entrée de Kierkegaard (1813-1855) dans la collection de la Pléiade est un événement fort de la vie intellectuelle. Il en est ainsi, d'abord parce qu'il s'agit de traductions nouvelles, pour un choix d'œuvres qui couvrent toute la vie du philosophe. Ensuite, parce que, comme souvent dans la Pléiade, l'édition est excellente (préface, notices et notes) ; on la doit à un grand spécialiste de la littérature scandinave, Régis Boyer, qui y a travaillé jusqu'à sa mort. Il est faux de dire par exemple que les lecteurs ne lisent, dans une Pléiade, que la préface, et que son seul intérêt serait bibliophilique. Une Pléiade comme celle-ci se déguste au contraire in extenso, et pour avoir les deux volumes de Kierkegaard entre les mains, je peux assurer que le jeu en vaut la chandelle. S'il faut partir cet été avec deux livres en vacances, ce seront ceux-ci.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: helvetica, arial, sans-serif; font-size: 12pt;"> On connaît grosso modo la pensée de Kierkegaard, son existence dans le petit Danemark, sa silhouette de dandy, et surtout son influence considérable sur la littérature et la philosophie du XXe siècle. Le père de l'existentialisme sartrien, c'est lui, sans parler de tout ce qu'ont pu y puiser un Heidegger, un Wittgenstein, et, bien sûr, un Kafka. "Car Kierkegaard ne cesse de provoquer et d'inspirer, prévient Régis Boyer. La diffusion de cette œuvre dans le monde est impressionnante et continue de surprendre." À en relire aujourd'hui les grandes étapes, on se dit qu'elle a toujours quelque chose de neuf et d'essentiel à nous dire.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: helvetica, arial, sans-serif; font-size: 12pt;"> Un des grands attraits de Kierkegaard est, me semble-t-il, qu'il n'est pas titulaire d'un genre précis. Ses études de théologie, dans sa jeunesse, l'ont amené à sortir des sentiers battus de la philosophie et à s'intéresser aux questions universelles. Régis Boyer écrit ainsi, pour tenter de le définir : "on le croit philosophe, il se dit non philosophe, auteur religieux plutôt ou même poète du religieux. Toujours, en tout cas, à la limite de la philosophie et de ce qui n'est pas elle." </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: helvetica, arial, sans-serif; font-size: 12pt;"> La grande découverte de Kierkegaard, qui en fait un auteur tellement aimé, réside dans le fait d'avoir donné "la préséance à la subjectivité saisie en son sens le plus radical". Après l'époque précédente des systèmes philosophiques clos sur eux-mêmes, comme chez Hegel, ce retour vers le sujet humain était une sorte de respiration grandiose dans la pensée. Kierkegaard pouvait ainsi asséner sa conviction première : "Seule, la vérité qui édifie est vérité pour soi." On imagine tout ce qu'une telle conviction put entraîner comme conséquences fortes, notamment à propos de la grande question de la liberté qui habite ou non l'homme. Pour Kierkegaard, à chaque fois que l'homme décide d'une chose, dans un déferlement de contingence infinie, il opère comme <em>un saut dans le vide</em>. Ce n'est pas sans raison que Kierkegaard sera, avant tout, le penseur de l'angoisse existentielle. "L'angoisse est le vertige de la liberté", dira-t-il dans <em>Le Concept d'angoisse</em>.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: helvetica, arial, sans-serif; font-size: 12pt;"> Ces deux volumes de la Bibliothèque de la Pléiade permettent un parcours passionnant dans l'œuvre du Danois (il y manque seulement, faute de place, un jalon pourtant important, le <em>Post-scriptum aux miettes philosophiques </em>de 1846). Les différents registres de l'écrivain sont présents, de <em>Ou bien... Ou bien</em>, en passant par <em>La Reprise</em>, jusqu'à des écrits plus proprement religieux et qu'on lisait moins. C'était dommage, car on y retrouve le style unique et subversif du dernier Kierkegaard, le pamphlétaire qui ferrailla durement avec l'Église de son temps jusqu'à s'en exclure irrémédiablement. Pour avoir voulu, à la fin de sa courte vie, "rétablir le christianisme dans la chrétienté", ainsi qu'il l'exprimait lui-même dans une formule volontairement provocatrice, Kierkegaard est mort dans la solitude et le quasi-dénuement. Tel est souvent le prix de la probité et du génie.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: helvetica, arial, sans-serif; font-size: 10pt;">Kierkegaard, <em>Œuvres</em>, tomes I & II. Textes traduits, présentés et annotés par Régis Boyer, avec la collaboration de Michel Forget. Éd. Gallimard, Bibliothèque de la Pléiade, 62 & 63 €.</span><span style="font-family: helvetica, arial, sans-serif; font-size: 12pt;"> </span></p>
Café philosophique de Montargishttp://cafephilosophique-montargis.hautetfort.com/about.htmlCompte-rendu du débat: ”Faut-il vivre comme si nous ne devions jamais mourir?”tag:cafephilosophique-montargis.hautetfort.com,2018-05-12:60510282018-05-12T16:25:00+02:002018-05-12T16:25:00+02:00 Le vendredi 13 avril, le café philosophique de Montargis se délocalisait...
<p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">Le vendredi 13 avril, le café philosophique de Montargis se délocalisait exceptionnellement à la Médiathèque de Montargis pour un nouveau débat qui avait pour thème : "<em>Faut-il vivre comme si nous ne devions jamais mourir ?</em>" L’équipe de la médiathèque avait mis les petits plats dans les grands pour accueillir un public d’une soixantaine de personnes venus débattre.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">Ce sujet est capital en philosophie, comme le disait en substance Albert Camus. Pour un premier participant, la question du débat semblerait poser problème dans sa formulation. Deux autres intervenants abordent le sujet de ce soir comme un appel à avoir en finalité notre mort future, sans perdre de vue pour autant cette vie qui nous est donnée et dont nous devons tirer profit. Si "<em>philosopher c’est apprendre à mourir</em>" comme le disait Montaigne, cela ne doit pas être une obsession ni nous empêcher d’agir – dans la mesure de nos moyens – choisir nos actions à entreprendre, avec le minimum d’impacts sur notre planète.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">La question du débat de ce soir interpelle une autre personne du public. "<em>Faut-il vivre comme si nous ne devions jamais mourir ?</em>" : le "<em>comme</em> <em>si</em>" interpelle. C’est un "<em>comme</em> <em>si</em>" qui implique une forme de mensonge ou d’illusion puisque de toute manière nous mourrons tous un jour.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">Par ailleurs, pour une autre personne du public, la question ne se pose pas au conditionnel : quand on naît, on vit et il y a par la suite un instinct de vie qui nous fait avancer lorsque nous sommes enfants. La pensée de la mort viendrait après – et en tout cas pas.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">Finalement, est-il encore dit, dans la question de ce soir, "<em>Faut-il vivre comme si nous ne devions jamais mourir ?</em>", chacun de ces termes pose problème, et, mis bout à bout, nous serions hors-sujet. La proposition de ce soir, intervient un animateur du café philo, est aussi celle que nous propose la société de consommation dans laquelle nous sommes. Dans des temps plus anciens, la mort était par contre plus présente qu’aujourd’hui, ne serait-ce que parce que les guerres étaient plus présentes.</span></p><p><img src="http://cafephilosophique-montargis.hautetfort.com/media/01/02/74347532.png" id="media-5813821" alt="" /></p><p><span style="font-size: 10pt;"><a href="http://cafephilosophique-montargis.hautetfort.com/media/02/01/3200537954.jpg" target="_blank" rel="noopener noreferrer"><img id="media-5813824" style="float: left; margin: 0.2em 1.4em 0.7em 0;" title="" src="http://cafephilosophique-montargis.hautetfort.com/media/02/01/1604280613.jpg" alt="camus,montaigne,platon,descartes,leibniz,hegel,heidegger,épicure,foucault,descartes,jankélévitch,sartre,pascal,cyrulnik" /></a>Pour revenir au sujet, des termes poseraient en effet question. Derrière le "<em>faut-il</em>" il y aurait une injonction – même si un participant estime qu’il ne s’agit que d’une "<em>proposition</em>". Le mot "<em>vivre</em>" mériterait également d’être interrogé. Qu’est-ce qu’on entend par "<em>vivre</em>", puisque nous vivons à partir du moment où nous naissons, sans que nous l’ayons voulu ? Il y a bien évidemment autre chose derrière ce "<em>vivre</em>." Qui peut m’imposer de vivre dans "<em>cette grande vie</em>" qu’est le monde ? Durant le débat, plusieurs participants estiment qu’une vie éternelle ôterait tout sens à la vie, avec l’ennui comme frein et la crainte, peut-être, de perdre ce précieux cadeau. Ne parle-t-on pas "<em>d’espérance de vie</em>" ? Le "<em>comme</em> <em>si</em>" rappelle cette illusion imagée par Platon dans le <a href="http://cafephilosophique-montargis.hautetfort.com/archive/2014/04/23/platon-la-caverne-5354042.html" target="_blank" rel="noopener noreferrer">mythe de la caverne</a>. Et il y a bien entendu la notion de mort – que je pourrais d’ailleurs envie de choisir. C’est un sujet tiroir avec beaucoup de notions, un sujet complexe, central, et d’ailleurs souvent débattu lors des épreuves du bac philo. Il y a deux impératifs catégoriques dans une seule phrase ("<em>Faut-il… Nous devions</em>"), réagit un autre participant : "<em>ça fait beaucoup…</em>" Or, nous pourrions tout aussi bien émettre un seul impératif catégorique : est-ce que je devrais vraiment vivre cette vie que l’on m’a tracé ou est-ce que je devrais vivre la mienne ? Un intervenant propose une autre reformulation à cette question : "<em>Est-ce que la certitude de la mort ne nous impose pas de donner un sens à notre vie ?</em>"</span></p><p><span style="font-size: 10pt;">Une autre personne fait référence aux stoïciens : ne faut-il pas vivre chaque jour comme si c’était le dernier ? Il semblerait qu’il y ait deux camps : ceux qui sont d’avis d’écarter l’idée de la mort afin que la vie s’épanouisse pleinement ; et un autre camp qui est d’avis d’avoir cette fin en ligne de mire afin de donner pleinement son sens à la vie. Et puis il pourrait y avoir le camp de ceux qui pensent que la vie pourraient avoir un grand avenir, tels ceux qui croient au transhumanisme ou à la science capable de prolonger indéfiniment notre vie. Sans oublier la place des religions qui mettent en avant un autre critère : celui de la vie après la mort, voire des réincarnations. Les religions peuvent être une forme de soulagement en ce qu’elles nous persuadent que la mort n’est pas la fin (<a href="http://cafephilosophique-montargis.hautetfort.com/archive/2018/04/08/death-is-not-the-end-6041599.html" target="_blank" rel="noopener noreferrer"><em>Death is not the end</em></a>) et qu’elles nous ôtent un peu de cette peur de la mort. Mais les religions peuvent être consolatrices mais aussi désinhibitrices. Une participante parle de l’importance du pari de Pascal. </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;"><a href="http://cafephilosophique-montargis.hautetfort.com/media/01/02/2177167774.jpg" target="_blank" rel="noopener noreferrer"><img id="media-5813825" style="float: left; margin: 0.2em 1.4em 0.7em 0;" title="" src="http://cafephilosophique-montargis.hautetfort.com/media/01/02/926902444.jpg" alt="camus,montaigne,platon,descartes,leibniz,hegel,heidegger,épicure,foucault,descartes,jankélévitch,sartre,pascal,cyrulnik" /></a>Sauf que c’est très souvent la peur et la souffrance qui nous rendent difficiles l’appréhension de la mort. Comme le chantait Jacques Brel : "<a href="https://www.youtube.com/watch?v=waxdDV11cHw" target="_blank" rel="noopener noreferrer"><em>Mourir cela n’est rien, mourir la belle affaire, mais vieillir...</em></a>" Une intervenante insiste sur la notion de santé. Là est cette notion absurde de la mort : pourquoi partir alors que nous sommes en bonne santé et que de belles années nous attendent ? <a href="http://cafephilosophique-montargis.hautetfort.com/archive/2018/04/06/ionesco-le-roi-se-meurt-6041173.html" target="_blank" rel="noopener noreferrer">Une absurdité théâtralisée par Ionesco.</a> L’éternité, dit un autre participant, est séduisant et c’est aussi "être dieu". Sauf que c’est potentiellement mettre notre planète en péril (et elle n’a pas besoin de cela!) mais aussi, quelque- part, empêcher les jeunes générations de venir. </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">Il est question de cette mort physique et de la marque nous avons laissé (une œuvre, des enfants, une famille, des idées, etc.). La mort ne serait donc par forcément définitive. C’est en substance ce que disait Leibniz : "<em>La mort n’est pas une cessation de toutes les fonctions, mais seulement une suspension de certaines fonctions plus remarquables.</em>" Derrière la mort, il y a cette notion de biologie mais aussi quelque chose de plus métaphysique. C’est le "<em>Je pense donc je suis</em>" de Descartes. Et puis, il y a le concept de mort, un concept beaucoup plus nébuleux et eschatologique : derrière la mort des kamikazes du Bataclan se joue peut-être le néant une sorte d’apocalypse : "La mort, le maître absolu" disait Hegel. Une intervenante parle des autres morts : ces personnes qui n’ont rien dans leur vie, qui n’ont ni passion, ni envies... </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">Qu’est-ce qu’être mort ? Nous sommes tous mortels, réagit un intervenant, et être mort c’est ne plus exister. "<em>Je me reste</em>" disait Descartes. L’expression "<em>être</em>" mort n’aurait aucun sens : "<em>Mourir dormir rien de plus. Rêver peut-être</em>" disait Hamlet. On a du mal à imaginer que l’on puisse ne plus exister, et ce serait la raison pour laquelle "<em>on imagine d’autres vies.</em>" Finalement, dire qu’il y a une vie après la mort c’est dire qu’il n’y a pas de mort. À moins qu’il ne soit question de cette "<em>petite mort</em>," pour rester chez "<em>Shakespeare – une "petite mort</em>" ou un "<em>rêve</em>." A telle enseigne que la question de ce soir pourrait aussi se formuler ainsi : "<em>Faut-il vivre comme si nous rêvions ?</em>" ou bien "F<em>aut-il vivre un rêve plutôt que la réalité ?</em>"</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;"><a href="http://cafephilosophique-montargis.hautetfort.com/media/00/01/1905188872.jpg" target="_blank" rel="noopener noreferrer"><img id="media-5813826" style="float: left; margin: 0.2em 1.4em 0.7em 0;" title="" src="http://cafephilosophique-montargis.hautetfort.com/media/00/01/1783403277.2.jpg" alt="camus,montaigne,platon,descartes,leibniz,hegel,heidegger,épicure,foucault,descartes,jankélévitch,sartre,pascal,cyrulnik" /></a>Finalement, qu’entend-on par vivre dans cette idée de la mort ? <a href="http://cafephilosophique-montargis.hautetfort.com/archive/2018/04/10/compte-rendu-du-debat-tout-doit-il-etre-fait-par-passion-6042414.html" target="_blank" rel="noopener noreferrer">On a parlé de passions lors d’un café philo précédent</a>, mais certaines personnes n’en ont pas et se sentent pourtant parfaitement en vie, telles ces parents de famille heureux qui trouvent leur plaisir dans la simplicité comme dans la spécificité d’un domaine qu’ils aiment, que ce soit dans les arts, dans le sport ou dans les sciences : "<em>Tant qu’on a de l’appétit on mange et ce n’est pas du tout désagréable</em>," réagit un participant. Le fait de vivre, disait en substance Montaigne, est déjà un privilège, même si on a l’impression de n’avoir rien fait. Comment penser la mort et notre mort ? </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">Parler de la mort ne serait-elle pas vaine puisque la mort est toujours celle des autres, même s’ils sont proches ? La mort des autres, la mort spectacle, la mort fictionnée voire ludique (dans les jeux vidéos) ne sont finalement que des façades. Penser notre mort ne semble pas être notre préoccupation car elle nous terrifie : "<em>Ivan Illitch voyait qu’il mourait et il en était désespéré. Dans le fond de son âme, il savait bien qu’il mourait ; mais non seulement il ne parvenait pas à s’habituer à cette pensée, il ne la comprenait même pas, il était incapable de la comprendre</em>" écrivait Léon Tolstoï. Nous n’avons pas connaissance de notre propre mort, ni de notre propre vie. La mort est de l’ordre du savoir et de la séparation. Mais a-t-on vraiment conscience de la vie ?</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">Il peut être question d’instinct de vie, une expression faisant de l’homme un animal comme un autre ("Seul l'homme meurt, l'animal périt" disait Heidegger). Un intervenant cite Jean Moréas : "<em>Goûtez tous les plaisirs et souffrez tous les maux ; et dites : c’est beaucoup et c’est l’ombre d’un rêve.</em>"</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;"><a href="http://cafephilosophique-montargis.hautetfort.com/media/02/01/885929489.jpg" target="_blank" rel="noopener noreferrer"><img id="media-5813827" style="float: left; margin: 0.2em 1.4em 0.7em 0;" title="" src="http://cafephilosophique-montargis.hautetfort.com/media/02/01/1066666280.jpg" alt="camus,montaigne,platon,descartes,leibniz,hegel,heidegger,épicure,foucault,descartes,jankélévitch,sartre,pascal,cyrulnik" /></a>Il est question de cette conscience de la mort, l’illusion de la mort qui ne devrait pas exister et qui pourtant devient un spectacle. Cette mort qui nous frôle peut être un aiguillon, ou du moins un e impulsion, pour reprendre en main son destin et choisir sa vie, à tout âge ! La peur de la mort serait une nécessité car elle nous pousse à faire les choses plutôt que de vivre par procuration ou dans une forme de procrastination : "<em>C'est parfois la peur de la mort qui pousse les hommes à la mort</em>" écrivait Épicure. </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">Au cours du débat, une participante regrette que l’on parle plus de mourir que de vivre. Vivre seul et aussi avec autrui car c’est sans doute la mort des autres qui fait le plus peur. Boris Cyrulnik parlait à ce sujet de niche affective : ces sept ou huit proches et amis capables de vous permettre de vivre le plus pleinement possible, ces points de repère affectifs qui adoucissent l’existence et vous permettent de vous sentir moins seuls. Michel Foucault disait également que "<em>la philosophie antique nous apprenait à accepter notre mort. La philosophie moderne, la mort des autres.</em>" </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">Vladimir Jankélévitch parlait du "<em>pouvoir limité par la mort et l'infinité du devoir moral.</em>" Notre vie est limitée par la mort, indéniablement. Entre notre naissance et notre mort, il y a une impossibilité de nous accomplir. On est dans un aspect proche du stoïcisme. Nous avons notre propre liberté de vivre entre ces deux contraintes que sont la naissance et la mort. Le droit moral, quelque part, s’inscrit dans quelque chose d’infini, à l’opposé de la mort – et du fini. Cette citation nous ramène bien entendu à l’existentialisme conceptualisé par Sartre : "<em>Si, en effet, l'existence précède l'essence, on ne pourra jamais rien expliquer par référence à une nature humaine donnée et figée; autrement dit, il n'y a pas de déterminisme, l'homme est libre, l'homme est liberté.</em>" Notre nature humaine n’est pas donnée et figée, contrairement à ce que pensaient les intellectuels chrétiens, mais c’est en dépit de notre mort, et pleinement conscients de celle-ci, que nous devons être dans notre vie, et ne pas faire comme si nous ne devions jamais mourir. </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">L’équipe du café philo termine la séance en remerciant les personnes de la médiathèque pour leur accueil et l’aide qu’ils ont apportés à la réussite de ce débat. Une réussite qui en appelle d’autres à coup sûr. L’équipe du café philo rappelle son prochain rendez-vous, le <strong>vendredi 18 mai au café Le Belman</strong>, pour un sujet choisi par le public lors de la séance de mars : "<strong><em>Qu’est-ce qu’être normal ?</em></strong>"</span></p>
Zedhttp://metapoinfos.hautetfort.com/about.htmlErnst Jünger et le déchiffrement du monde...tag:metapoinfos.hautetfort.com,2017-11-01:59940612017-11-01T16:00:00+01:002017-11-01T16:00:00+01:00 Les éditions L'Harmattan viennent de publier un essai de Luc-Olivier...
<p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">Les éditions L'Harmattan viennent de publier un essai de <strong>Luc-Olivier d'Algange</strong> intitulé <em><strong>Le déchiffrement du monde - La gnose poétique d'Ernst Jünger</strong></em>. Écrivain, poète et essayiste, Luc-Olivier d'Algange a collaboré à de nombreuses revues, dont <em><a href="http://www.revue-elements.com/nouvelle-ecole-Charles-Maurras.html">Nouvelle École</a></em>, et a également participé à plusieurs <em>Dossiers H</em>, dont ceux sur Ernst Jünger, René Daumal et Dominique de Roux...</span></p><p> </p><p style="text-align: center;"><img id="media-5713691" style="margin: 0.7em 0;" title="" src="http://metapoinfos.hautetfort.com/media/00/01/1012088589.jpg" alt="Algange_Le déchiffrement du monde.jpg" /></p><blockquote><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">" L’œuvre d'Ernst Jünger ne se réduit pas à ses récits et journaux de guerre. C'est une méditation originale sur le Temps, les dieux, les songes et symboles. Elle mène de l'art de l'interprétation au rapport des hommes au végétal et à la pierre, elle est aussi une rébellion contre l'uniformisation, incarnée dans la liberté supérieure de l'Anarque envers tous les totalitarismes. Cet ouvrage qui met en regard la pensée de Jünger et celles de ses maîtres, de Novalis à Heidegger, entend rendre compte de son dessein poétique et gnostique. Il donne à voir le monde visible comme l'empreinte d'un sceau invisible. "</span></p></blockquote>
Café philosophique de Montargishttp://cafephilosophique-montargis.hautetfort.com/about.htmlCompte-rendu de la séance ”Les sciences vont-elles trop loin?”tag:cafephilosophique-montargis.hautetfort.com,2017-10-18:59904512017-10-18T15:19:00+02:002017-10-18T15:19:00+02:00 Pour cette première séance de la saison à laquelle assistaient entre 35 et...
<p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">Pour cette première séance de la saison à laquelle assistaient entre 35 et 40 personnes, l’équipe du café philo invitait <a href="http://cafephilosophique-montargis.hautetfort.com/archive/2017/07/13/thierry-berlanda-parlons-philo-5962864.html" target="_blank" rel="noopener noreferrer">Thierry Berlanda</a>, philosophe, conférencier et romancier, auteur notamment d’un thriller paru récemment, <em><a href="http://cafephilosophique-montargis.hautetfort.com/archive/2017/07/21/berlanda-naija-5964297.html" target="_blank" rel="noopener noreferrer">Nadja</a></em> (éd. du Rocher). Le sujet de ce débat portait sur cette question : "<em>Les sciences vont-elles trop loin ?</em>" Ce roman a pour sujet une enquête policière qui mène deux enquêteurs jusqu’au Nigeria où une multinationale a fait des biotechnologies un inquiétant projet scientifique autant qu’économique. Thierry Berlanda met en scène sur un plan romanesque un thème qui, philosophiquement, est important : le devenir de l’homme avec les révolutions techno-scientifiques et les périls qu’elles peuvent charrier.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">Cette question présente aujourd’hui, et depuis longtemps dans la littérature et le cinéma, n’est plus l’effet d’une mode ou d’un engouement médiatique. Ce n’est plus un épiphénomène : elle nous concerne d’une manière paradoxale. En effet, cette révolution techno-scientifique, la plupart d’entre-nous nous n’y comprenons pratiquement rien et nous n’y adhérons pas. D'autre part, nous ne nous sommes pas appropriés éthiquement cette question. De ce fait, nous sommes doublement dépassés d’un point de vue intellectuel et d’un point de vue moral.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">Thierry Berlanda insiste sur la notion de vie. Notre vie, dit-il, "dans laquelle nous ne nous sommes pas apportés nous-même" comme le dit en substance le philosophe Michel Henry, nous précède toujours et nous dépasse. Et pourtant, elle nous concerne très intimement. La techno-science, la révolution biotechnologique, la "prothètisation du vivant" nous dépassent à la fois par la compréhension que nous en avons – ou pas – et par l’appropriation de ce sujet.</span></p><p><img src="http://cafephilosophique-montargis.hautetfort.com/media/02/00/2830387182.jpg" id="media-5707874" alt="" /></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;"><a href="http://cafephilosophique-montargis.hautetfort.com/media/01/00/4293384575.jpg" target="_blank" rel="noopener noreferrer"><img id="media-5707877" style="float: left; margin: 0.2em 1.4em 0.7em 0;" title="" src="http://cafephilosophique-montargis.hautetfort.com/media/01/00/3547907596.jpg" alt="brentano,husserl, heidegger,scheler,merleau-ponty,plotin,henry,descartes,platon,botero" /></a>Thierry Berlanda insiste sur l’importance de la <a href="http://la-philosophie.com/la-phenomenologie" target="_blank" rel="noopener noreferrer">phénoménologie</a> dans sa vie comme dans la réflexion sur le sujet de de soir. Il cite quelques auteurs marquants : Brentano, Husserl, Heidegger, Scheler, Merleau-Ponty… et jusqu’à Plotin. Il met en avant un autre philosophe, <a href="http://cafephilosophique-montargis.hautetfort.com/tag/henry" target="_blank" rel="noopener noreferrer">Michel Henry</a>, contemporain et mort en 2002, qu'il citera à plusieurs reprises au cours de la soirée. La phénoménologie, dit-il, n’est pas la science des phénomènes, ni une "<em>science des étants</em>" au sens heideggerien. Ce n’est pas une science dure ni ontique. Il n’y a pas besoin de phénoménologie pour savoir ce qu’est un arbre, du point de vue d’une science des objets (de <em>obiectum</em>, en latin : ce qui est devant nous). L’étant arbre ne se discute pas. La phénoménologie est la science de la phénoménalité, c’est-à-dire l’étude du processus de l’apparaître des choses qui nous entourent, y compris cet arbre ou bien nous-même.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">Lorsque l’on est entré dans la salle où se tient le café philo, la question est de savoir quelle est la première forme qui est vue : ça peut être une table, une personne ou une branche de lunettes. Or, pour le phénoménologue, la première chose qui est vue est la lumière dans laquelle ces objets se donnent. La phénoménologie est la science de l’étude de la structure de "<em>l’apparaître des choses</em>", c’est-à-dire la lumière qui a été vue avant de voir les objets. C’est la différence entre une science positive qui voit les objets comme s’ils étaient premiers et la phénoménologie qui voit les objets comme secondairement à la lumière dans laquelle ils se donnent. Mais ça ne concerne pas que les objets sensibles et physiques mais aussi les objets intellectuels et rationnels.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">Dans la question "<em>Les sciences vont-elles trop loin?</em>", la question est de savoir ce que c’est que "<em>trop loin</em>" ? Quelle est cette limite au-delà de laquelle on est trop loin ? Quelle est la frontière que les sciences franchissent qui les expulsent de leur propre circonscription épistémologique et de leur propre fondement morale – si encore elles en ont un ? Ce "<em>trop loin</em>" est-il un territoire nébuleux ? A partir de quelle limite sommes-nous arrachés de notre humanité ? Et si nous ne sommes plus nous-même est-ce si terrible que ça ? Et est-ce un si grand malheur qui nous attend ? Savons-nous assez précisément ce que nous sommes pour avoir une conscience assez claire de ce que nous perdrions en ne l’étant plus ? Ces questions ont été mises en scène, d’un point de vue phénoménologique, dans le thriller <em>Naija</em> qui pose la question de la possible disparition de la structure de l’apparaître du "<em>phénomène</em>" humain.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;"><a href="http://cafephilosophique-montargis.hautetfort.com/media/00/02/1633025926.jpg" target="_blank" rel="noopener noreferrer"><img id="media-5707878" style="float: left; margin: 0.2em 1.4em 0.7em 0;" title="" src="http://cafephilosophique-montargis.hautetfort.com/media/00/02/4197800447.jpg" alt="brentano,husserl, heidegger,scheler,merleau-ponty,plotin,henry,descartes,platon,botero" /></a>Pour un participant, la science – comme la littérature – ne va jamais trop loin. Derrière la science, il y a la recherche. Par contre, la grande question est celle des applications, a fortiori dans un monde capitaliste. En quoi ces applications vont-t-elle trop loin ? Une autre intervenante cite l’exemple d’essais de greffes humaines sur des cellules souches de cochon afin de soigner des maladies, avec la crainte un jour de créer des <a href="http://cafephilosophique-montargis.hautetfort.com/archive/2017/09/09/shelley-le-docteur-frankenstein-et-sa-creature-5978133.html" target="_blank" rel="noopener noreferrer">chimères</a>. La question est de savoir ce que le philosophe a à dire sur les risques pour l’humanité de ces <a href="http://cafephilosophique-montargis.hautetfort.com/archive/2017/09/13/dick-les-androides-revent-ils-de-moutons-electriques-5979459.html" target="_blank" rel="noopener noreferrer">dépassements technologiques</a>. Est-ce du conservatisme que de dire que "<em>cela va trop loin</em>" ? Les religions ont-elles leur mot à dire ? s’interroge un autre participant.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">Peut-être serait-il bon également de définir ce qu’est la science, à différencier de la technologie. Par définition, la science est la connaissance. Elle ne prescrit pas : elle cherche à connaître. Les applications tombent ensuite dans le domaine du politique ou de l’économie et deviennent ces technologies plus ou moins dangereuses, plus ou moins bénéfiques. La science pourrait aller trop loin lorsqu’il y a un risque d’auto-destruction, par exemple lors de l’invention des <a href="http://cafephilosophique-montargis.hautetfort.com/archive/2017/09/09/la-java-des-bombes-atomiques-5978143.html" target="_blank" rel="noopener noreferrer">armes atomiques</a> et nucléaires.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">Or, la science, a priori neutre, se suffisant à elle-même et sans contenu éthique, va trop loin dans la mesure où elle s’écarte de ce qui est essentiel. L’essentiel est du domaine de l’humain et de la conscience (le fameux "<em>Science sans conscience n’est que ruine de l’âme</em>" de Rabelais). La question de ce soir, dit un membre du public, n’est peut-être finalement pas tant celle de la science que celle de la conscience.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">Il ne s’agit pas d’être dans une naïveté béate mais être optimiste, tout en étant dans une réflexion philosophique authentique. La question est toujours de savoir quelle est la limité de la science, par exemple lorsqu’il est question de la médecine et de la fin de vie. Dans ce domaine, ne passerait-on pas de la médecine de guérison à tout prix à la médecine de soin ? Le mot "<em>valeur</em>" est prononcé, tout comme le mot "<em>conscience</em>". Cependant, le philosophe continue à s’interroger : à partir de quand connaît-on la limite qui fera que j’userai de ma conscience comme vecteur de la science à progresser, ou bien à la restreindre. La limite à fixer est subjective et variable selon les époques, comme le prouve la science agronomique par exemple.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;"><a href="http://cafephilosophique-montargis.hautetfort.com/media/01/00/2177630620.2.jpg" target="_blank" rel="noopener noreferrer"><img id="media-5707879" style="float: left; margin: 0.2em 1.4em 0.7em 0;" title="" src="http://cafephilosophique-montargis.hautetfort.com/media/01/00/1056013637.2.jpg" alt="brentano,husserl, heidegger,scheler,merleau-ponty,plotin,henry,descartes,platon,botero" /></a>Si la science va trop loin, dit une autre personne du public, c’est qu’elle va déjà dans une direction. Or, qui donne cette direction, sinon des choix politiques ou économiques ? Or, la recherche est assujettie à des décisions : on va préférer investir dans des armes bactériologiques, au risque d’effets collatéraux (<a href="http://www.maladie-lyme-traitements.com/une-maladie-initieacutee-par-les-usa.html" target="_blank" rel="noopener noreferrer">l’exemple de la maladie de Lyme</a>). Qui décide finalement du "<em>trop loin</em>" ? Serait-ce celui qui décide où va aller l’argent ? La course au profit et aux technologies a conduit les décideurs à préférer certaines sciences plutôt que d’autres, en privilégiant par exemple les sciences biotechnologiques au détriment des sciences sociales. Par ailleurs, est-il dit, les sciences sont dirigées par les personnes de pouvoir qui peuvent s’en servir pour manipuler les consciences. Un intervenant met en avant le fait que la manipulation se joue dans les deux sens, comme le montre la<a href="http://www.psychologies.com/Therapies/Toutes-les-therapies/Therapies-breves/Articles-et-Dossiers/La-PNL-ou-programmation-neuro-linguistique" target="_blank" rel="noopener noreferrer"> programmation neuro-linguistique</a> (PNL). Si je ne veux pas tomber dans le piège de la manipulation, est-il dit, il m'appartient d'user aussi d'user de ma raison, de mon libre-arbitre et de "<em>l'autonomie de ma pensée.</em>"</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">Mais ces sciences sociales, justement, ne vont-elles pas assez loin, dans un monde dominé par les sciences "<em>en -ique</em>" (informatique, génétique, technologique, etc.) ? Pour un intervenant, le retard des sciences sociales sur les sciences dures est quelque chose de constant.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;"><a href="http://cafephilosophique-montargis.hautetfort.com/media/01/00/1070081400.jpg" target="_blank" rel="noopener noreferrer"><img id="media-5707883" style="float: left; margin: 0.2em 1.4em 0.7em 0;" title="" src="http://cafephilosophique-montargis.hautetfort.com/media/01/00/3208677792.jpg" alt="brentano,husserl,heidegger,scheler,merleau-ponty,plotin,henry,descartes,platon,botero" /></a>Il est beaucoup question de transhumanisme en ce moment avec la sortie de<a href="https://www.sciencesetavenir.fr/decouvrir/livres/homo-deus-yuval-noah-harari-presente-a-paris-son-livre-evenement_116363" target="_blank" rel="noopener noreferrer"> <em>Homo Deus</em> de Harari</a>. Pour <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Giovanni_Botero" target="_blank" rel="noopener noreferrer">Giovanni Botero</a>, spécialiste des sciences antiques, il y a depuis longtemps dans les sociétés l’idée d’une élite d’une part et d’un prolétariat d’autre part, le prolétariat étymologiquement celui qui peut faire durer sa vie un instant de plus. Une élite ploutocratique profite de la misère universelle. Or, que dit le philosophe ? Que c’est la vie qui compte : "<em>aucun vivant n’est plus vivant qu’un autre.</em>" Si l’on veut bien juger la science sous le critère de la vie, la question de ce soir mérite d’être posée sous cet angle. Thierry Berlanda a cette réflexion : "<em>Je sais ce que c’est qu’un robot, mais à ce stade je ne sais pas ce que c’est qu’un humain !</em>" Connaître la limite de l’humanité c’est au préalable comprendre ce qu’est un humain. </span><br /> <br /><span style="font-size: 10pt;">Il faut bien définir ce qu’est l’humanité, qui n’est pas à restreindre à l’apparence ou aux fonctions qui peuvent être imitées et reproduites par les technologies. Quand on est du point de vue ontique – un arbre c’est un tronc, des branches, des feuilles, des racines – on peut rester à la surface de l’objet et se dire : <em>"ça y ressemble, donc ça doit en être</em>"… Descartes parlait <em>d’inconcussum</em>, c’est-à-dire les points de certitudes absolues pour dire que ceci est vrai et ceci ne l’est pas. Qu’est-ce qui fait donc qu’un homme l’est et qu’un robot ne l’est pas ? Il est question aussi de l’intelligence artificielle, qui est un aspect des choses qui peuvent nous tromper sur l’humanité.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">La connaissance, dit un autre intervenant, nous appartient, sans argent, sans aide extérieur. Il est question de partage des sciences que nous pouvons avoir, partage qui est un enrichissement humain. La science, de ce point de vue, ne peut pas aller trop loin. La science pour elle-même, fondamentale, a, par contre, le risque d’être constamment débordée par les technologies applicatives. <a href="http://cafephilosophique-montargis.hautetfort.com/archive/2017/09/20/berlanda-aucun-zombie-la-dedans-5981550.html" target="_blank" rel="noopener noreferrer">Le débordement des techno-sciences est un danger.</a> Mais en est-ce vraiment un, réagit un participant ? On parle de surpeuplement mais moins du progrès des sciences pour aider à l’abondance de cultures naturelles. La science ne serait-elle pas une solution à des problèmes plutôt qu’un monstre potentiellement dangereux ?</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;"><a href="http://cafephilosophique-montargis.hautetfort.com/media/02/00/1223787156.jpg" target="_blank" rel="noopener noreferrer"><img id="media-5707875" style="float: left; margin: 0.2em 1.4em 0.7em 0;" title="" src="http://cafephilosophique-montargis.hautetfort.com/media/02/00/604872992.jpg" alt="brentano,husserl, heidegger,scheler,merleau-ponty,plotin,henry,descartes,platon,botero" /></a>Il y aussi un préalable politique à cette interrogation sur les sciences et sur le fait qu’elles menacent d’être accaparées par des multinationales. Il y avait une inhumanité avant la naissance des multinationales, considère Thierry Berlanda. Quel est donc le ressort intime de ces multinationales qui, avec tous leurs maux, ne sont pas tombés du ciel ? Elles ont été suscitées par une certaine propension au cœur des hommes. Platon parlait déjà en son temps, de la <em>pleonexia</em>, de la cupidité sans fin et de notre pouvoir à nuire à nous-même. C’est à chacun de s’interroger, et sur les sciences, et sur sa conscience, et sur notre autonomie de la pensée. Et cette autonomie passe notamment par l’école et l’éducation qui doivent se pencher plus encore sur les sciences.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">La question qui sous-tend tout le sujet est celle de la limite à partir de laquelle je sais que la science va trop loin. Cette question de limite est la même que celle de la définition de l’humanité comme telle. Descartes, "<em>le philosophe de la certitude</em>", dit dans sa deuxième méditation philosophique que "absolument certainement il me semble que je vois, que j’entends, que je m’échauffe." C’est à dire que ce qui me détermine comme humain, et que n’auront jamais les robots, c’est que ce sentiment que je vis (<em>videor</em>), ce qu' aucun robot, si perfectionné soit-il, ne peut avoir. Ce à quoi il faut absolument nous attacher c’est encourager et déterminer la politique dans un sens qui soit favorable à ce qui est le plus caractéristique d’un humain, c’est-à-dire sa vie en tant que sentiment d’elle-même. Plus on s’en éloigne, plus on va vers la <a href="http://cafephilosophique-montargis.hautetfort.com/archive/2017/06/07/henry-progres-et-barbarie-5951823.html" target="_blank" rel="noopener noreferrer">barbarie, théorisée par Michel Henry</a>. Plus on favorise la vie en tant que sentiment d’elle-même, plus on est vertueux. Le critère du "<em>trop loin</em>" de la science c’est cette limite-là, en fonction de laquelle vous favorisez le sentiment joyeux de vivre ou que vous l’empêchiez ou que vous le contraigniez. <em><a href="http://cafephilosophique-montargis.hautetfort.com/archive/2017/09/20/berlanda-ce-monde-est-fait-pour-toi-5981551.html" target="_blank" rel="noopener noreferrer">Naija</a></em> est l’histoire de cet enjeu sur le mode concret de l’aventure de ce questionnement dans une affaire policière, géopolitique... et phénoménologique.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">La séance se termine par la mise du sujet de la séance du <strong>20 octobre 2017</strong>. Trois sujets sont proposés : "<em>L’école : est-ce que le niveau baisse ?</em>", "<em>Le bon sens est-elle la chose la mieux partagée?</em>" et "<strong><em>La culture serait-elle une meilleure réponse à la violence ?</em></strong>" C’est ce dernier sujet qui est choisi par les participants. Ce débat aura lieu au <strong>café Le Belman</strong>, première étape qui mènera cette saison le café philo dans plusieurs lieux de l’agglomération de Montargis.</span></p>
Zedhttp://metapoinfos.hautetfort.com/about.htmlErnst Nolte et les fondements historiques du national-socialisme...tag:metapoinfos.hautetfort.com,2017-06-07:59512362017-06-07T16:00:00+02:002017-06-07T16:00:00+02:00 Les éditions Desclée de Brouwer viennent de rééditer un ouvrage d' Ernst...
<p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">Les éditions Desclée de Brouwer viennent de rééditer un ouvrage d'<strong>Ernst Nolte</strong>, désormais classique, <em><strong>Les fondements historiques du national-socialisme</strong></em>, dans une nouvelle traduction assurée par Philippe Baillet. Historien et philosophe, élève d'Heidegger, Ernst Nolte a étudié le phénomène totalitaire à travers le bolchévisme, le fascisme et le nazisme. Il est notamment l'auteur du <strong><em>Fascisme dans son époque</em></strong> (Bouquins, 2008) et de <a href="http://metapoinfos.hautetfort.com/archive/2011/02/02/la-guerre-civile-europeenne-1917-1945.html"><strong><em>La guerre civile européenne 1917-1945</em></strong></a> (Perrin, 2011), ouvrage important qui a suscité de très vifs débats lors de sa parution.</span></p><p> </p><p style="text-align: center;"><img id="media-5639356" style="margin: 0.7em 0;" title="" src="http://metapoinfos.hautetfort.com/media/02/01/2194243179.jpg" alt="Nolte_Fondements historiques du national -socialisme.jpg" /></p><blockquote><div style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">" Auteur de livres célèbres sur les guerres mondiales, civiles et idéologiques du xxe siècle, Ernst Nolte tente ici de caractériser et de définir les fondements historiques du national-socialisme. Il démontre que ni Hitler ni son mouvement ne peuvent être pensés comme un phénomène simplement « produit » par les circonstances, même exceptionnelles, au sein desquelles ils sont apparus et ont pu prendre les aspects que nous leur connaissons.</span></div><div style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">Selon Nolte, le plus grand danger historiographique consiste à réinterpréter les circonstances de départ à la lumière de leur point d'arrivée. Il renverse l'analyse et tourne son attention vers les racines de tous les thèmes idéologiques et historico-politiques qui se sont nourris, avec une efficacité et une virulence extraordinaires, de ces circonstances. La diffusion dans la société (pas uniquement allemande) de l'antisémitisme, du darwinisme social, du nationalisme à base raciale et du bolchevisme ; leur nature idéologique ; leur déformation ultérieure dans l'idéologie de <em>Mein Kampf</em>, etc. : tels sont les grands thèmes d'un ouvrage où se déploie l'analyse noltienne des fondements du national-socialisme. "</span></div></blockquote>
Zedhttp://metapoinfos.hautetfort.com/about.htmlPenser avec Heidegger, Schmitt, Freund, Baudrillard, Abellio et quelques autres !...tag:metapoinfos.hautetfort.com,2017-04-18:59320442017-04-18T16:00:00+02:002017-04-18T16:00:00+02:00 Les éditions du Rocher viennent de publier Ce que penser veut dire , un...
<p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">Les éditions du Rocher viennent de publier <em><strong>Ce que penser veut dire</strong></em>, un recueil des textes qu'au cours des quinze dernières années, <strong>Alain de Benoist</strong> a écrit dans différentes revues, et notamment dans <em>Le Spectacle du monde</em>, pour présenter l’œuvre d'une trentaine de grands auteurs, complété par trois entretiens consacrés respectivement à Nietzsche, Sorel et Péguy... Un panorama passionnant sur des penseurs essentiels !</span></p><p> </p><p style="text-align: center;"><img id="media-5588740" style="margin: 0.7em 0;" title="" src="http://metapoinfos.hautetfort.com/media/02/01/1560088598.jpg" alt="Alain de Benoist_Ce que penser veut dire.jpg" /></p><blockquote><div style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">" « Penser à » n'est pas la même chose que penser tout court. La tâche de l'historien des idées consiste à étudier et à faire connaître l'oeuvre de ceux qui ont proposé diverses grilles d'interprétation, diverses façons de voir et de comprendre le monde, révélant ainsi ce que penser veut dire.</span></div><div style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">À l'époque moderne, Rousseau s'est efforcé de penser la nature de l'homme et l'origine de la société, Carl Schmitt la nature du politique, Karl Marx l'essence du capitalisme. Sigmund Freud et Carl Jung ont tenté de jeter les bases d'une psychologie des profondeurs, Gustave Le Bon s'est penché sur la psychologie des foules, Jules Monnerot a analysé le phénomène totalitaire, Michel Villey a entrepris de révéler la véritable nature du droit.</span></div><div style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">C'est l’œuvre de ces penseurs et de bien d'autres, de Heidegger à Arthur Koestler, de Goethe à Georges Sorel, de Nietzsche à Montherlant, de Leo Strauss à Jean Baudrillard, de Charles Péguy à Hannah Arendt, de Denis de Rougemont à Julien Freund, qui est présentée de façon vivante et pédagogique dans ce livre.</span></div><div style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">Tous ces auteurs attestent que le travail de la pensée a joué un rôle décisif dans l'histoire, entraînant des mutations bien différentes des révolutions bruyantes, des grandes explosions que tout le monde connaît mais qui sont restées sans lendemain. « Les révolutions silencieuses sont les plus efficaces », disait Jünger. Ce sont peut-être aussi les plus passionnantes. "</span></div></blockquote>
Zedhttp://metapoinfos.hautetfort.com/about.htmlCe que penser veut dire...tag:metapoinfos.hautetfort.com,2017-03-24:59232122017-03-24T16:00:00+01:002017-03-24T16:00:00+01:00 Les éditions du Rocher viennent de publier Ce que penser veut dire , un...
<p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">Les éditions du Rocher viennent de publier <em><strong>Ce que penser veut dire</strong></em>, un recueil des textes qu'au cours des quinze dernières années, <strong>Alain de Benoist</strong> a écrit dans différentes revues, et notamment dans <em>Le Spectacle du monde</em>, pour présenter l’œuvre d'une trentaine de grands auteurs... Un panorama passionnant sur des penseurs essentiels !</span></p><p> </p><p style="text-align: center;"><img id="media-5588740" style="margin: 0.7em 0;" title="" src="http://metapoinfos.hautetfort.com/media/02/01/1560088598.jpg" alt="Alain de Benoist_Ce que penser veut dire.jpg" /></p><blockquote><div style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">" « Penser à » n'est pas la même chose que penser tout court. La tâche de l'historien des idées consiste à étudier et à faire connaître l'oeuvre de ceux qui ont proposé diverses grilles d'interprétation, diverses façons de voir et de comprendre le monde, révélant ainsi ce que penser veut dire.</span></div><div style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">À l'époque moderne, Rousseau s'est efforcé de penser la nature de l'homme et l'origine de la société, Carl Schmitt la nature du politique, Karl Marx l'essence du capitalisme. Sigmund Freud et Carl Jung ont tenté de jeter les bases d'une psychologie des profondeurs, Gustave Le Bon s'est penché sur la psychologie des foules, Jules Monnerot a analysé le phénomène totalitaire, Michel Villey a entrepris de révéler la véritable nature du droit.</span></div><div style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">C'est l'oeuvre de ces penseurs et de bien d'autres, de Heidegger à Arthur Koestler, de Goethe à Georges Sorel, de Nietzsche à Montherlant, de Leo Strauss à Jean Baudrillard, de Charles Péguy à Hannah Arendt, de Denis de Rougemont à Julien Freund, qui est présentée de façon vivante et pédagogique dans ce livre.</span></div><div style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">Tous ces auteurs attestent que le travail de la pensée a joué un rôle décisif dans l'histoire, entraînant des mutations bien différentes des révolutions bruyantes, des grandes explosions que tout le monde connaît mais qui sont restées sans lendemain. « Les révolutions silencieuses sont les plus efficaces », disait Jünger. Ce sont peut-être aussi les plus passionnantes. "</span></div></blockquote>
Zedhttp://metapoinfos.hautetfort.com/about.htmlCharles Maurras...tag:metapoinfos.hautetfort.com,2017-01-07:58948632017-01-07T16:00:00+01:002017-01-07T16:00:00+01:00 Nous vous signalons la parution du nouveau numéro de la revue Nouvelle...
<p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">Nous vous signalons la parution du nouveau numéro de la revue <em>Nouvelle Ecole</em> (n°66, année 2017), dirigée par <strong>Alain de Benoist</strong>, avec un dossier consacré à Charles Maurras. La revue est disponible sur le site de <a href="http://www.revue-elements.com/nouvelle-ecole-Charles-Maurras.html">la revue <em>Éléments</em></a> ainsi que sur celui de <a href="http://krisisdiffusion.com/la-librairie-en-ligne/200-nouvelle-ecole-numero-66-charles-maurras.html">la revue <em>Krisis</em></a>. Les parisiens pourront également la trouver à la <a href="http://librairie-facta.com/">Librairie Facta</a>.</span> </p><p> </p><p style="text-align: center;"><img id="media-5539020" style="margin: 0.7em 0;" title="" src="http://metapoinfos.hautetfort.com/media/02/01/3103759227.jpg" alt="Nouvelle Ecole 66.jpg" /></p><blockquote><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">Au sommaire :</span></p><p><span style="font-size: 10pt;">Un portrait de Charles Maurras (Olivier Dard)</span></p><p><span style="font-size: 10pt;">Le jeune Maurras, félibre et fédéraliste (Rémi Soulié)</span></p><p><span style="font-size: 10pt;">Maurras et l’abbé Penon (Axel Tisserand)</span></p><p><span style="font-size: 10pt;">Heidegger et Maurras à Athènes (Baptiste Rappin)</span></p><p><span style="font-size: 10pt;">La République, la bourgeoisie et la question ouvrière (Charles Maurras)</span></p><p><span style="font-size: 10pt;">Kiel et Tanger ou la géopolitique maurrassienne (Martin Motte)</span></p><p><span style="font-size: 10pt;">Entretien avec Gérard Leclerc</span></p><p><span style="font-size: 10pt;">Maurras et le romantisme (Alain de Benoist)</span></p><p><span style="font-size: 10pt;">Charles Maurras et le positivisme d’Auguste Comte (Francis Moury)</span></p><p><span style="font-size: 10pt;">Maurras en Amérique latine (Michel Lhomme)</span></p><p><span style="font-size: 10pt;">Antigone (Charles Maurras)</span></p><p><span style="font-size: 10pt;">Pierre Boutang ex cathedra (Francis Moury)</span></p><p><span style="font-size: 10pt;">Bibliographie maurrassienne : 2004-2016 (Alain de Benoist)</span></p><p><span style="font-size: 10pt;">Et aussi :</span></p><p><span style="font-size: 10pt;">Le slavophilisme, une utopie conservatrice russe (Vassily Leskov)</span></p><p><span style="font-size: 10pt;">Siva et Dionysos (Jean Haudry)</span></p><p><span style="font-size: 10pt;">Dépendance des États et globalisation (Teodoro Klitsche de la Grange)</span></p></blockquote>
Zedhttp://metapoinfos.hautetfort.com/about.htmlPsychopolitique...tag:metapoinfos.hautetfort.com,2016-10-31:58661122016-10-31T16:00:00+01:002016-10-31T16:00:00+01:00 Les éditions Circé viennent de publier un nouvel essai de Byung-Chul Han...
<p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">Les éditions Circé viennent de publier un nouvel essai de<strong> Byung-Chul Han</strong> intitulé <em><strong>Psychopolitique - Le Néolibéralisme et les nouvelles techniques de pouvoir</strong></em>. Originaire de Corée, admirateur de l’œuvre de Heidegger, Byung-Chul Han enseigne la philosophie à Berlin. Plusieurs de ses ouvrages ont déjà été traduits en français dont <a href="http://metapoinfos.hautetfort.com/archive/2015/03/28/dans-la-nuee-5592556.html"><em><strong>Dans la nuée - Réflexions sur le numérique</strong></em></a> (Acte sud, 2015) et <a href="http://metapoinfos.hautetfort.com/archive/2016/03/10/le-parfum-du-temps-5772489.html"><em><strong>Le parfum du temps</strong></em></a> (Circé, 2016).</span></p><p> </p><p style="text-align: center;"><img id="media-5488585" style="margin: 0.7em 0;" title="" src="http://metapoinfos.hautetfort.com/media/00/01/2841296848.jpg" alt="Psychopolitique.jpg" /></p><blockquote><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">" Après son best-seller La société de la fatigue, le philosophe berlinois Byung-Chul Han poursuit avec ferveur sa critique du néolibéralisme. Il explique de manière pertinente la technique de domination et de pouvoir du régime néolibéral qui, contrairement à la biopolitique de Foucault, considère la psyché comme une force productive. Han décrit sous toutes ses facettes cette psychopolitique néolibérale qui nous mène à une crise de la liberté. "</span></p></blockquote>
Raymond ALCOVEREhttp://raymondalcovere.hautetfort.com/about.htmlLe grand et le petittag:raymondalcovere.hautetfort.com,2016-10-06:58569082016-10-06T02:26:00+02:002016-10-06T02:26:00+02:00 « Le grand a sa durée historique parce qu’il est unique dans le temps,...
<p><span style="font-size: 14pt; font-family: Calibri, sans-serif; color: #000000; background: #ffffff;">« Le grand a sa durée historique parce qu’il est unique dans le temps, le grand a de la grandeur parce que et dans la mesure où il a toujours au-dessus de lui un plus grand. Pouvoir avoir au-dessus un plus grand, c’est le secret du grand. Le petit en est incapable, bien qu’il présente en fait de la façon la plus directe et la plus commode l’écart maximum avec le grand. Mais le petit ne veut que lui-même, c’est-à-dire précisément être petit, et son secret n’est pas un secret, mais un truc, la rouerie hargneuse qui s’entend à rapetisser et à frapper de suspicion tout ce qui ne lui ressemble pas, afin de le rendre semblable à elle. »</span></p><p><span style="font-size: 14pt; font-family: Calibri, sans-serif; color: #000000; background: #ffffff;">Heidegger</span></p>
Zedhttp://metapoinfos.hautetfort.com/about.htmlLes écrits politiques de Heidegger...tag:metapoinfos.hautetfort.com,2016-05-25:58058922016-05-25T16:00:00+02:002016-05-25T16:00:00+02:00 Les éditions de L'Herne viennent de rééditer l'essai de Jean-Michel...
<p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">Les éditions de L'Herne viennent de rééditer l'essai de <strong>Jean-Michel Palmier</strong> intitulé <em><strong>Les écrits politiques de Heidegger</strong></em> et depuis longtemps introuvable. Philosophe et germaniste, spécialiste de la période de Weimar, Jean-Michel Palmier, décédé en 1998, est notamment l'auteur de <em><strong>Weimar en exil</strong></em> (Payot, 1987) ou de <em><strong>Ernst Jünger, rêveries sur un chasseur de cincidèles</strong></em> (Hachette, 1996).</span></p><p> </p><p> </p><p style="text-align: center;"><img id="media-5379050" style="margin: 0.7em 0;" title="" src="http://metapoinfos.hautetfort.com/media/02/01/809704567.2.jpg" alt="Ecrits politiques de Heidegger.jpg" /></p><blockquote><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">" L’erreur tragique que commit Heidegger en 1933, en croyant sincèrement que le chef du parti national-socialiste ouvrier allemand, Adolf Hitler, pouvait sauver l’Allemagne de sa misère et de sa détresse, a fait l’objet de nombreuses polémiques aveugles.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">Par un examen rigoureux des documents et des archives nazies, cet ouvrage s’efforce de dissiper les malentendus habituels et d’établir le sens réel de ce “rectorat de 1933”, et la place qu’il occupe dans l’ensemble du “chemin de pensée de Heidegger. Suivant pas à pas la formation de cette pensée, il est montré que seule une interrogation sur le stade ultime de la métaphysique occidentale et son achèvement dans la technique mondiale, rend compréhensible le sens que ce philosophe crut reconnaître au mouvement national-socialiste allemand. L’erreur politique de Heidegger, dont il n’est pas question de nier la gravité, ne nous apparaît en pleine lumière qu’avec l’élucidation des figures qui traversent l’horizon de cet achêvement, celle de Nietzsche, de Rainer Maria Rilke, de Trakl qui, tous tentèrent un même passage hors des déserts et de la nuit métaphysique de l’Occident. "</span></p></blockquote>
Ratatoskhttp://euro-synergies.hautetfort.com/about.htmlDIEGO FUSARO: Dis-godding (Heidegger). The Holy under Assault from Economytag:euro-synergies.hautetfort.com,2016-05-25:58050532016-05-25T00:05:00+02:002016-05-25T00:05:00+02:00 DIEGO FUSARO: Dis-godding (Heidegger) The Holy under...
<p><iframe width="560" height="315" style="display: block; margin-left: auto; margin-right: auto;" src="https://www.youtube.com/embed/rjiNn_y1vhc" frameborder="0" allowfullscreen="allowfullscreen"></iframe></p><p> </p><h1 class="yt watch-title-container" style="text-align: center;"><span id="eow-title" class="watch-title" dir="ltr" style="font-size: 24pt; font-family: arial black,sans-serif; color: #ff6600;" title="DIEGO FUSARO: Dis-godding (Heidegger). The Holy under Assault from Economy">DIEGO FUSARO: </span></h1><h1 class="yt watch-title-container" style="text-align: center;"><span id="eow-title" class="watch-title" dir="ltr" style="font-size: 24pt; font-family: arial black,sans-serif; color: #ff6600;" title="DIEGO FUSARO: Dis-godding (Heidegger). The Holy under Assault from Economy">Dis-godding (Heidegger)</span></h1><h1 class="yt watch-title-container" style="text-align: center;"><span id="eow-title" class="watch-title" dir="ltr" style="font-size: 18pt; font-family: arial black,sans-serif; color: #ff6600;" title="DIEGO FUSARO: Dis-godding (Heidegger). The Holy under Assault from Economy"><span style="font-size: 24pt;">The Holy under Assault from Economy</span> </span></h1><p style="text-align: center;"><span class="watch-title" dir="ltr" style="font-size: 12pt; font-family: arial black,sans-serif; color: #999999;" title="DIEGO FUSARO: Dis-godding (Heidegger). The Holy under Assault from Economy">2016. DIEGO FUSARO: www.filosofico.net –www.diegofusaro.com <br /> www.facebook.com/fusaro.diego?fref=ts <br />inserting sub-titles Luciana Zanchini – Firenze</span></p>
Zedhttp://metapoinfos.hautetfort.com/about.htmlHeidegger et l'Herne...tag:metapoinfos.hautetfort.com,2016-05-12:58001362016-05-12T16:00:00+02:002016-05-12T16:00:00+02:00 Les éditions de l'Herne viennent de rééditer en grand format le Cahier de...
<p><span style="font-size: 10pt;">Les éditions de l'Herne viennent de rééditer en grand format le <em>Cahier de l'Herne</em> dédié à <strong>Heidegger</strong> et publié initialement en 1983, sous la direction du philosophe Michel Haar.</span></p><p> </p><p style="text-align: center;"><img id="media-5367444" style="margin: 0.7em 0;" title="" src="http://metapoinfos.hautetfort.com/media/02/00/542216115.jpg" alt="Heidegger_l'Herne.jpg" /></p><blockquote><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">" Lire Heidegger, c’est relire autrement tout ce que nous lisons. Ce Cahier invite à mieux comprendre la pensée heideggérienne autours des thèmes principaux qu’il aborde.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">Des essais, témoignages et lettres retracent l’impact de sa pensée dans la culture moderne.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">Textes de : Walter Biemel, Hans-Georg Gadamer, Ernst Jünger, Roger Munier, Carl Friedrich von Weizsäcker, Herbert Marcuse, Jean-Luc Marion, John Sallis, David Farrel Krell, Jean-François Courtine, Jean Beauffret, Dominique Janicaud, Otto Pöggeler, Jean-Louis Chrétien, Jean-Pierre Charcosset, F. Wybrands, Jacques Taminiaux, Hubert L. Dreyfus, Marc Froment-Meurice, Jean-Michel Palmier, Reiner Schürmann, Jean-Marie Vaysse, Henri Birault, Jacques Derrida, Gérard Granel, Daniel Charles, Gabriel Liiceanu, Jean Greisch, René Gonner. "</span></p></blockquote>
Ratatoskhttp://euro-synergies.hautetfort.com/about.htmlSur Heidegger et la question du management de Baptiste Rappintag:euro-synergies.hautetfort.com,2016-04-19:57896812016-04-19T00:05:00+02:002016-04-19T00:05:00+02:00 Heidegger contre les robots Sur Heidegger et la question du...
<p style="text-align: center;"><img id="media-5348761" style="margin: 0.7em 0px;" title="" src="http://euro-synergies.hautetfort.com/media/02/01/1979679729.jpg" alt="Heideggerfffff.jpg" /></p><h3><span style="font-size: 36pt; font-family: arial black,sans-serif; color: #ff6600;"><strong>Heidegger contre les robots</strong></span></h3><h3><span style="font-size: 18pt; font-family: arial black,sans-serif; color: #99cc00;"><strong>Sur Heidegger et la question du management de Baptiste Rappin</strong></span></h3><h3><span style="font-size: 14pt; font-family: arial black,sans-serif;"><strong><span style="color: #999999;">par Francis Moury</span></strong></span></h3><div class="posttext"><div class="posttext-decorator1"><div class="posttext-decorator2" style="text-align: right;"><div class="introductory" style="text-align: right;"><p style="text-align: left;"><span style="font-family: arial black,sans-serif; font-size: 14pt;"><strong><span style="color: #999999;">Ex: http://www.juanasensio.com </span></strong></span></p><span style="color: #ffcc99;"><em><strong><span style="font-size: 12pt; font-family: arial,helvetica,sans-serif;">"Un monde dominé par la Force est un monde abominable, mais le monde dominé par le Nombre est ignoble".</span></strong></em></span></div><strong><span style="font-size: 12pt; font-family: arial,helvetica,sans-serif; color: #999999;"> Georges Bernanos, <em>La France contre les robots</em> (1946), in <em>Essais et écrits de combat</em> (Éditions Gallimard, coll. Bibliothèque de la Pléiade-NRF, 1995, tome 2), p. 1042.<br /> <br /> <span style="color: #ffcc99;"><em>«Il n'est pas besoin d'être prophète pour reconnaître que les sciences modernes dans leur travail d'installation ne vont pas tarder à être déterminées et pilotées par la nouvelle science de base, la cybernétique. [...] Cette science correspond à la détermination de l'homme comme être dont l'essence est l'activité en milieu social. [...] La fin de la philosophie se dessine comme le triomphe de l'équipement d'un monde en tant que soumis aux commandes d'une science technicisée et de l'ordre social qui répond à ce monde. [...] Fin de la philosophie signifie : début de la civilisation mondiale en tant qu'elle prend base dans la pensée de l'Occident européen.»</em></span></span></strong></div><div class="posttext-decorator2" style="text-align: right;"><strong><span style="font-size: 12pt; font-family: arial,helvetica,sans-serif; color: #999999;">Martin Heidegger, <em>La Fin de la philosophie et la tâche de la pensée</em> (1964), conférence traduite et prononcée par Jean Beaufret en 1964 durant un colloque organisé à Paris par l'Unesco, éditée in <em>Question IV</em> en 1977, reproduite in <em>Questions III + IV</em> (Édition Gallimard, collection Tel, 1990), pp. 284 à 286.</span></strong><br /> </div><div class="posttext-decorator2" style="text-align: left;"> </div><div class="posttext-decorator2" style="text-align: left;"><strong><span style="font-size: 12pt; font-family: arial,helvetica,sans-serif; color: #999999;">«Et si le management était à Heidegger ce que les Sophistes furent à Platon ?» Inattendue et savoureuse question. Le sous-titre <em>Cybernétique, information et organisation à l'époque de la planétarisation</em> précise l'ampleur philosophique, sociologique et politique de l'enjeu du livre. Avouons qu'à l'âge du transhumanisme, ils éveillent la curiosité la plus métaphysique comme la plus heideggerienne. Baptiste Rappin s'est appuyé, pour y répondre, sur trente-six livres et articles de Heidegger, rédigés de 1923 (<em>Ontologie – Herméneutique de la factivité</em>) à sa mort, y compris sur les <em>Correspondances</em>, par exemple celles avec Hanna Arendt et Karl Jaspers. </span></strong></div><div class="posttext-decorator2"><br /><strong><span style="font-size: 12pt; font-family: arial,helvetica,sans-serif; color: #999999;"> On accède aux révélations espérées d'abord par une bibliographie sélective des œuvres citées de Heidegger puis par une division d'essence musicale des matières, revendiquée comme telle, placée sous les auspices cosmologiques de Pythagore et de sa célèbre harmonie des sphères. Elle comporte un <em>Prélude</em> dans lequel certaines thèses de Jean-François Mattéi sur l'histoire de la philosophie sont résumées et approuvées. Jean-François Mattéi qui est d'ailleurs régulièrement cité et, boucle bouclée, à nouveau convoqué au dernier chapitre. Les citations disséminées de ce dernier ne sont pas vraiment <em>ad usum delphini</em> : il faut, pour en tirer la substantifique moelle, les remettre en situation dans l'histoire de l'histoire de la philosophie (1). Sur les rapports entre les présocratiques, Platon, Aristote, Plotin et les gnostiques, on se doute que tout ne peut pas être résumé en une figure – fût-elle «pentadique» (voir p. 24) et quelques citations. Même remarque pour l'histoire de la logique formelle, qui ne peut pas être résumée en quelques pages. De tels résumés sont certes clairs et commodes (sauf exception : la définition du syllogisme à la p. 193 est incompréhensible) mais ils ne dispenseront pas le lecteur de recourir aux ouvrages classiques s'ils veulent les dominer. Ce prélude correspond donc bien à sa définition : il est riche de potentialités et on y sent déjà souffler l'esprit du philosophe de la Forêt noire, ce qui, en ce qui me concerne, est essentiel sinon même, aujourd'hui, l'essentiel. </span></strong></div><div class="posttext-decorator2"><br /><strong><span style="font-size: 12pt; font-family: arial,helvetica,sans-serif; color: #999999;"> C'est à partir du second chapitre (<em>Présence de la cybernétique dans l'œuvre de Heidegger</em>, pp. 63 et suivantes) de la seconde partie que l'étude prend réellement son envol et devient passionnante. Baptiste Rappin analyse la manière dont la cybernétique et le management sont critiqués par Heidegger en étudiant cinq de ses conférences des années 1960-1970. Dès lors, on mesure, presque en temps réel, en quoi Heidegger fut le digne héritier de G.W.F. Hegel et de Friedrich Nietzsche : c’est une même capacité à interpréter la dynamique du présent à la lumière dialectique du commencement grec qui les réunit pour l'éternité. </span></strong></div><div class="posttext-decorator2"><br /><strong><span style="font-size: 12pt; font-family: arial,helvetica,sans-serif; color: #999999;"> Au carrefour du capitalisme, du marxisme, du structuralisme, la grande affaire scientifique de l'après-guerre à partir de 1945 fut bien celle de la révolution informatique des sciences cognitives et de l'intelligence artificielle, de la cybernétique de Norbert Wiener (1948) récupérée par la généralisation sociologique des instruments du «management» mis au point par l'américain Frederick Winslow Taylor vers 1910. Sa définition est, ici, celle donnée en 1970 par Henri Fayol : prévoir, organiser, commander, coordonner et contrôler (2). </span></strong></div><div class="posttext-decorator2"> </div><div class="posttext-decorator2"><strong><span style="font-size: 12pt; font-family: arial,helvetica,sans-serif; color: #999999;">Cette révolution cybernétique, informatique et scientifique visait par essence l'universalité et fascina logiquement autant le monde libre que le bloc communiste marxiste : les philosophes, les ingénieurs informaticiens, les linguistes, les organisateurs industriels et scientifiques des deux blocs furent mobilisés pour organiser les sociétés sous l'angle de la gestion globale, interactive. Trouver des ponts philosophiques et techniques entre l'homme et la machine, concilier sous de nouveaux angles le capital et le travail, augmenter la puissance technique du calcul, augmenter celle des organisations sur les individus, étaient des éléments du programme cybernétique de management du réel industriel, civil, scientifique, financier et militaire. Lorsque Heidegger critique la cybernétique, il tient philosophiquement compte de cette visée mondiale, par-delà la scission contingente de la bipolarité politique dans laquelle il vivait. Rechercher la cause métaphysique de la décadence du «logos» en calcul : c'est un des aspects du projet métaphysique de Martin Heidegger dès la fin de la Première Guerre mondiale. L'intérêt du livre de Baptiste Rapin est de montrer en quoi cette enquête heideggerienne fut aussi déterminante dans la constitution de son ontologie phénoménologique que ses recherches purement métaphysiques et phénoménologiques. </span></strong></div><div class="posttext-decorator2"> </div><div class="posttext-decorator2"><strong><span style="font-size: 12pt; font-family: arial,helvetica,sans-serif; color: #999999;">Ces cinq conférences de Heidegger constituent la matière disséquée dans la troisième partie du livre de Baptiste Rappin. En voici la bibliographie chronologique par date de rédaction :</span></strong><br /><strong><span style="font-size: 12pt; font-family: arial,helvetica,sans-serif; color: #999999;"> – <em>Langue de tradition et langue technique</em> (conférence de 1962)</span></strong><br /><strong><span style="font-size: 12pt; font-family: arial,helvetica,sans-serif; color: #999999;"> – <em>La Fin de la philosophie et la tâche de la pensée</em> (conférence de 1964)</span></strong><br /><strong><span style="font-size: 12pt; font-family: arial,helvetica,sans-serif; color: #999999;"> – <em>L'Affaire de la pensée</em> (conférence de 1965)</span></strong><br /><strong><span style="font-size: 12pt; font-family: arial,helvetica,sans-serif; color: #999999;"> – <em>Entretien accordé au journal allemand</em> Der Spiegel (1966)</span></strong><br /><strong><span style="font-size: 12pt; font-family: arial,helvetica,sans-serif; color: #999999;"> – <em>La Provenance de l'art et la destination de la pensée</em> (1967)</span></strong></div><div class="posttext-decorator2"> </div><div class="posttext-decorator2"><strong><span style="font-size: 12pt; font-family: arial,helvetica,sans-serif; color: #999999;"><img id="media-5348763" style="float: right; margin: 0.2em 0px 1.4em 0.7em;" title="" src="http://euro-synergies.hautetfort.com/media/02/00/2958989133.jpg" alt="cyb069828-p4V.jpg" />Quelle définition peut-on donner de la cybernétique ? On peut dire qu'elle est l'héritière de la sophistique, ce qui placerait Heidegger par rapport à elle, selon Baptiste Rappin, dans la situation où fut Platon par rapport aux Sophistes : «La cybernétique, loin du fracas tonitruant des bombes atomiques, opère en silence la réduction des bruits dans la tranquillité circulaire des boucles de rétroaction. Elle prépare le monde paisible de la gouvernance qui succédera à la belligérance des États souverains. Héritière, par la maîtrise des codes, des effets rhétoriques de la sophistique; par l'attention aux inputs, de la philosophie sensualiste; par la planification des finalités, de la technoscience moderne, la cybernétique représente le double de la philosophie à l'époque de la fin de la philosophie» (p. 99).</span></strong></div><div class="posttext-decorator2"> </div><div class="posttext-decorator2"><strong><span style="font-size: 12pt; font-family: arial,helvetica,sans-serif; color: #999999;">Heidegger considère la cybernétique comme la conséquence de l'erreur métaphysique occidentale. Conséquence placée au même niveau et mise sur le même plan que ces autres conséquences qu'étaient l'oubli de l'être au profit de l'étant, la contagion démocratique, le mercantilisme et le règne de l'argent, la prédominance de la technique sur l'art, le remplacement du langage faisant sens par celui véhiculant de l'information, celui du calcul logistique (puis logique mathématique) sur la philosophie (3). </span></strong></div><div class="posttext-decorator2"> </div><div class="posttext-decorator2"><strong><span style="font-size: 12pt; font-family: arial,helvetica,sans-serif; color: #999999;">De ce point de vue, la cybernétique fait cause commune avec la linguistique dans sa tentative de détruire le monde originaire de la philosophie en remplaçant la langue par une métalangue. Baptiste Rappin, après avoir démontré que les théories cybernétiques de l'information constituent, selon les termes mêmes de Heidegger en 1962, «l'agression la plus violente et la plus dangereuse contre le logos», cite (p. 220) cet extrait d’<em>Acheminement vers la parole</em> : «la métalinguistique est la métaphysique de la technicisation universelle de toutes les langues en un seul instrument, l'instrument unique d'information, fonctionnel et interplanétaire». En transformant la parole en instrument de transmission de messages binaires issus de la logique mathématique, la cybernétique informatique tend à modifier l'essence même de l'homme. Poussant la thèse un peu plus loin, Heidegger considère (dans son cours sur Parménide, en 1942-1943) que seule l'écriture manuelle est ontologiquement personnelle et humaine : à partir du moment où la machine à écrire se substitue à la main, une certaine impersonnalité s'empare, <em>nolens volens</em>, du locuteur. (4) </span></strong></div><div class="posttext-decorator2"> </div><div class="posttext-decorator2"><strong><span style="font-size: 12pt; font-family: arial,helvetica,sans-serif; color: #999999;">Quant au «management» (à ne surtout pas confondre avec l'administration d'une entreprise, car Baptiste Rappin soutient que ces deux termes distincts recouvrent aussi des finalités opposées), il constituerait, en somme, l'application pratique, le passage à l'acte du modèle promu par la cybernétique. Son histoire et sa critique sont nourries, détaillées, intéressantes : si on souhaitait un équivalent moderne de la sophistique, alors, assurément, le management en serait un, et de taille puisqu'il vise par essence à dominer, à contrôler et à augmenter son emprise, du fait même de sa visée pratique première : créer une organisation (qu'elle soit économique ou non) et augmenter sa puissance, dans un contexte de flux permanent, de différenciation constante, de catastrophe entropique. Montrer en quoi le platonisme, le néoplatonisme, le gnosticisme (tous les trois clairement bien que succinctement résumés) peuvent être utilisés pour ou contre ce mouvement postmoderne (Deleuze, Derrida, Lyotard sont aussi convoqués) et en quoi Heidegger se situe par rapport à eux tous, est un des aspects les plus inattendus de cette seconde section de la troisième partie. Une pensée de la technique, de l'organisation, du travail, du système réactif tel que Norbert Wiener l'avait conçue, me semblerait cependant convoquer deux noms ici presque absents : ceux de Spinoza (à cause du <em>conatus</em>) et de Hegel (à cause du travail comme négativité). Je remarque, à ce propos, que les études de Heidegger sur Hegel ne font pas partie de la bibliographie utilisée. Dommage, car il y aurait eu matière à quelques remarques intéressantes. Baptiste Rappin a utilisé le monumental traité (volontairement inédit du vivant de l'auteur, écrit en 1936-1938, traduit par François Fédier en 2013 pour Gallimard et la Bibliothèque de philosophie-NRF) intitulé <em>Apports à la philosophie</em> dans lequel l'organisation est un thème majeur. Mais Heidegger analyse d'une manière très variable le sujet dans ce traité : la technique des extraits cités, largement employée par Baptiste Rappin, trouve ici une limite car rien d'unifié ne peut s'en dégager. </span></strong></div><div class="posttext-decorator2"> </div><div class="posttext-decorator2"><strong><span style="font-size: 12pt; font-family: arial,helvetica,sans-serif; color: #999999;">Heidegger n'est pas, contrairement à l'image entretenue depuis longtemps par certains de ses exégètes, ennemi de l'organisation ni hostile à la technique : simplement, il met en garde contre la possibilité d'une dérive philosophique manifestée par leur mauvais usage. Et il est assez fasciné par leur succès, annonçant les ambitions transhumanistes qu'il a clairement entrevues.</span></strong></div><div class="posttext-decorator2"> </div><div class="posttext-decorator2"><strong><span style="font-size: 12pt; font-family: arial,helvetica,sans-serif; color: #999999;">Nous pouvons considérer que ce livre de Baptiste Rappin, traitant en apparence d'un simple aspect de la pensée de Heidegger et bien que ce ne fût donc pas son objet premier, y introduit assez bien.</span></strong></div><div class="posttext-decorator2"><br /><strong><span style="font-size: 12pt; font-family: arial,helvetica,sans-serif; color: #999999;"> Est-ce à dire que nous pourrions négliger les introductions historiques de Georges Gurvitch (1930), Alphonse de Waelhens (1942), de Jean-Paul Sartre (1943), du père Maurice Corvez (1961), de Jean Beaufret (de 1946 à 1982) qui reposaient sur un plus petit corpus de textes heideggeriens ? Non, car ces textes qu'ils connurent, ils surent les lire et les étudier avec une pénétration indéniable. Dans le cas de Heidegger, il faut faire justement ce que fait Baptiste Rappin : revenir aux textes mêmes ou y venir à mesure qu'ils sont accessibles. Tant que l'édition des œuvres complètes n'est pas achevée ni totalement traduite, l'étude des textes de Martin Heidegger, des plus amples aux plus brefs, des plus célèbres aux plus méconnus, est encore devant nous comme tâche. Nous ne saurons vraiment quelle place et quel rang exacts peuvent être attribués à chaque texte qu'une fois que l'ensemble sera connu, pas avant. Toutes les études parues depuis la mort de Heidegger à nos jours sont des éléments utiles, analytiques, mais il n’n reste pas moins que e temps de la synthèse est prématuré, en dépit des nombreuses tentatives déjà effectuées. </span></strong></div><div class="posttext-decorator2"> </div><div class="posttext-decorator2"><strong><span style="font-size: 12pt; font-family: arial,helvetica,sans-serif; color: #999999;">Baptiste Rappin indique (dans sa très utile note n°201 de la p. 94) que l'édition allemande des œuvres complètes de Martin Heidegger est organisée d'une manière tétralogique : </span></strong><br /><strong><span style="font-size: 12pt; font-family: arial,helvetica,sans-serif; color: #999999;"> – La première section rassemble les textes publiés du vivant de l'auteur,</span></strong><br /><strong><span style="font-size: 12pt; font-family: arial,helvetica,sans-serif; color: #999999;"> – La deuxième section édite ses cours professés, rédigés ou préparés et les rédactions des auditeurs, </span></strong><br /><strong><span style="font-size: 12pt; font-family: arial,helvetica,sans-serif; color: #999999;"> – La troisième section publie des textes volontairement ou non inédits du vivant de l'auteur, </span></strong><br /><strong><span style="font-size: 12pt; font-family: arial,helvetica,sans-serif; color: #999999;"> – La quatrième section comportera des fragments et des notes. </span></strong></div><div class="posttext-decorator2"> </div><div class="posttext-decorator2"><strong><span style="font-size: 12pt; font-family: arial,helvetica,sans-serif; color: #999999;">Ni l'Allemagne ni la France ne disposant encore d'une édition achevée des œuvres complètes, il est donc, je le répète, absolument prématuré de vouloir en élaborer une interprétation d'ensemble. Nous ne pouvons que lui poser des questions ponctuelles, soigneusement circonscrites, relatives aux volumes déjà publiés et traduits. Le livre définitif sur le système de Martin Heidegger et son évolution existera peut-être un jour mais il est actuellement impossible de l'écrire :
Zedhttp://metapoinfos.hautetfort.com/about.htmlPourquoi nous avons perdu le monde...tag:metapoinfos.hautetfort.com,2016-04-13:57873422016-04-13T18:00:00+02:002016-04-13T18:00:00+02:00 Les éditions La Découverte viennent de publier un nouvel essai de Matthew...
<p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">Les éditions La Découverte viennent de publier un nouvel essai de <strong>Matthew B. Crawford</strong> intitulé <em><strong>Contact - Comment nous avons perdu le monde et comment le retrouver</strong></em>. Devenu réparateur de moto après avoir travaillé dans un <em>think tank</em>, Matthew B. Crawford a tiré de son expérience d'un retour au concret et au manuel un premier essai intitulé <a href="http://metapoinfos.hautetfort.com/archive/2010/03/28/eloge-du-carburateur.html"><em><strong>Éloge du carburateur</strong></em></a> (La Découverte, 2010).</span></p><p style="text-align: justify;"> </p><p style="text-align: center;"><img id="media-5344343" style="margin: 0.7em 0;" title="" src="http://metapoinfos.hautetfort.com/media/00/01/4006425599.jpg" alt="Contact.jpg" /></p><blockquote><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">" Après le succès d' <em>Éloge du carburateur</em>, qui mettait en évidence le rôle fondamental du travail manuel, Matthew B. Crawford, philosophe-mécanicien, s'interroge sur la fragmentation de notre vie mentale. Ombres errantes dans la caverne du virtuel, hédonistes abstraits fuyant les aspérités du monde, nous dérivons à la recherche d'un confort désincarné et d'une autonomie infantile qui nous met à la merci des exploiteurs de " temps de cerveau disponible ". </span><br /><span style="font-size: 10pt;"> Décrivant l'évolution des dessins animés ou les innovations terrifiantes de l'industrie du jeu à Las Vegas, Matthew B. Crawford illustre par des exemples frappants l'idée que notre civilisation connaît une véritable " crise de l'attention ", qu'il explore sous toutes les coutures et avec humour, recourant aussi bien à l'analyse philosophique qu'à des récits d'expérience vécue. Il met ainsi au jour les racines culturelles d'une conception abstraite et réductrice de la liberté qui facilite la manipulation marchande de nos choix et appauvrit notre rapport au monde. </span><br /><span style="font-size: 10pt;"> Puisant chez Descartes, Locke, Kant, Heidegger, James ou Merleau‐Ponty, il revisite avec subtilité les relations entre l'esprit et la chair, la perception et l'action, et montre que les processus mentaux et la virtuosité des cuisiniers, des joueurs de hockey sur glace, des pilotes de course ou des facteurs d'orgues sont des écoles de sagesse et d'épanouissement. Contre un individualisme sans individus authentiques et une prétendue liberté sans puissance d'agir, il plaide avec brio pour un nouvel engagement avec le réel qui prenne en compte le caractère " incarné " de notre existence, et nous réconcilie avec le monde. "</span></p></blockquote>
Zedhttp://metapoinfos.hautetfort.com/about.htmlLe parfum du temps...tag:metapoinfos.hautetfort.com,2016-03-12:57724892016-03-12T18:00:00+01:002016-03-12T18:00:00+01:00 Les éditions Circée viennent de publier un essai de Byung-Chul Han...
<p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">Les éditions Circée viennent de publier un essai de <strong>Byung-Chul Han</strong> intitulé <em><strong>Le Parfum du temps - Essai philosophique sur l'art de s'attarder sur les choses</strong></em>. Originaire de Corée, admirateur de l’œuvre de Heidegger, Byung-Chul Han enseigne la philosophie à Berlin. Plusieurs de ses ouvrages ont déjà été traduits en français dont <a href="http://metapoinfos.hautetfort.com/archive/2015/03/28/dans-la-nuee-5592556.html"><em><strong>Dans la nuée - Réflexions sur le numérique</strong></em></a> (Acte sud, 2015).</span></p><p> </p><p style="text-align: center;"><img id="media-5316856" style="margin: 0.7em 0;" title="" src="http://metapoinfos.hautetfort.com/media/01/02/2471247254.jpg" alt="Parfum du temps.jpg" /></p><blockquote><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">" La crise de notre époque est notamment due à l’absolutisation de la <em>vita activa</em>. Celle-ci nous conduit à un impératif de travail qui dégrade l’être humain au rang d’<em>animal laborans</em>. L’<em>hyperkinésie</em> de notre vie quotidienne retire à la vie humaine toute faculté de contemplation, toute aptitude à demeurer, à s’attarder sur les choses. Elle conduit à la perte du monde et du temps. Les prétendues stratégies déployées pour ralentir le temps ne dissipent pas la crise. Elles cachent même le vrai problème. Il est nécessaire de revitaliser la <em>vita contemplativa</em>. On ne sortira de cette crise que lorsque la <em>vita activa</em> aura intégré dans sa <em>krisis</em> la <em>vita contemplativa</em>. "</span></p></blockquote>
Zedhttp://metapoinfos.hautetfort.com/about.htmlL'appel aux Dieux...tag:metapoinfos.hautetfort.com,2016-02-20:57619692016-02-20T16:00:00+01:002016-02-20T16:00:00+01:00 Les éditions du lore viennent de publier un recueil de Collin Cleary...
<p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">Les éditions du lore viennent de publier un recueil de <strong>Collin Cleary</strong> intitulé <em><strong>L'appel aux Dieux - Essais sur le paganisme dans un monde oublié de Dieu</strong></em>. Docteur en philosophie, Collin Cleary est un penseur indépendant qui vit à Sandpoint dans l’Idaho. Il est l’un des fondateurs avec le musicien et publiciste Michael Moynihan de la revue américaine <em>TYR: Myth—Culture—Tradition.</em></span></p><p> </p><p style="text-align: center;"><img id="media-5297583" style="margin: 0.7em 0;" title="" src="http://metapoinfos.hautetfort.com/media/00/02/2801604557.2.jpg" alt="Appel aux dieux_Cleary.jpg" /></p><blockquote><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">" Le néo-paganisme est la tentative de faire revivre les religions polythéistes de la vieille Europe. Mais comment ? Peut-on simplement inventer ou réinventer une foi vivante et authentique ? Ou les néo-païens modernes sont-ils simplement engagés dans des jeux de rôles sophistiqués ?</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">Dans <em>L’appel aux dieux</em>, Collin Cleary affirme que les dieux ne sont pas morts ou ne nous ont pas oubliés, dans la mesure où nous ne sommes pas morts pour eux ou que nous-mêmes ne les avons pas oubliés. La civilisation moderne – incluant une grande partie du néo-paganisme moderne – vient d’un état d’esprit qui aliène l’homme du divin et nous piège dans un monde de nos propres créations. S’inspirant de sources allant du taoïsme à Heidegger, Collin Cleary décrit la manière dont nous pouvons atteindre une attitude d’ouverture qui pourra permettre aux dieux de revenir.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">Dans ces neuf essais diversifiés, Collin Cleary explore aussi la tradition païenne nordique, le tantrisme, les écrits d’Alain de Benoist, Karl Maria Wiligut et Alejandro Jodorowsky, et la fameuse série TV <em>Le Prisonnier </em>de Patrick McGoohan. Les essais de Cleary sont des modèles de la manière de combiner la clarté et l’esprit à la profondeur spirituelle et la sophistication intellectuelle.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;"><em>L’appel aux dieux</em> établit Collin Cleary comme l’un des principaux intellectuels du néo-paganisme contemporain. "</span></p></blockquote>
Jacques-Emile Mirielhttp://jemiriel.hautetfort.com/about.htmlLa bouche : le vide, la lumièretag:jemiriel.hautetfort.com,2015-03-30:55937492015-03-30T16:51:00+02:002015-03-30T16:51:00+02:00 Au début du livre de l 'Exode , Yahvé dit à Moïse ces mots...
<p style="text-align: left;"><img id="media-4988832" style="margin: 0.7em 0;" title="" src="http://jemiriel.hautetfort.com/media/02/01/235049018.jpg" alt="bacon bouche 2.jpg" /></p><p style="text-align: justify;"> <span style="font-family: times new roman,times; font-size: medium;">Au début du livre de l<em>'Exode</em>, Yahvé dit à Moïse ces mots : "Et moi je serai avec ta bouche, et je t'instruirai de ce que tu diras." La bouche, dans la tradition, est ce qui manifeste le sujet même, son surgissement entre le co</span><span style="font-family: times new roman,times; font-size: medium;">rps et l'âme (pour reprendre la formule de Jean-Luc Nancy). De la bouche sort la parole, comme de la vulve l'enfant qui naît. Le <em>Logos</em> créateur s'extirpe du gouffre et de l'abîme, du vide silencieux de la bouche, pour devenir infini. </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: times new roman,times; font-size: medium;"> Paul Celan, dans son recueil <em>Grille de Parole</em>, revient à plusieurs reprises sur l'ampleur du vocable, pris dans une dimension aiguë : "Les bouches / seules, / sont à l'abri. Vous / qui sombrez, entendez-nous / aussi." On peut recevoir ceci comme un requiem adressé à ceux qui sont morts assassinés, et qui serait prononcé par ceux qui ont survécu, mais qui bientôt disparaîtront également. La plaie toujours demeure, semble nous dire Celan, qui rapproche la bouche de l'œil : "... une / feuille-fruit, de la taille d'un œil, profondément / entaillée ; elle / suinte, ne veut pas / cicatriser." Pourtant, au centre du recueil, Celan invoque la "lumière" (certes <em>a minima</em>), "filet de neige" qui reste dans la mémoire, et dont le poème suivant, "Une main", donne peut-être la clef : "Une main, que je baisais, / fait la lumière pour les bouches (<em>leuchtet den Mündern</em>)." Bien sûr, les poèmes ne sont jamais créés pour être "expliqués". C'est pourquoi ils vont parfois au-delà d'eux-mêmes, vers la "parole", ainsi que l'écrit Celan : "Vint une parole, vint, / Vint à travers la nuit / voulut luire, voulut luire (<em>Kam ein Wort, kam, / </em><em>kam durch die Nacht, / wollt leuchten, wollt leuchten</em>)."</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: times new roman,times; font-size: medium;"> Tout juste après la mort de Heidegger, certains témoins, qui purent visiter sa chambre, rapportèrent que, parmi les livres placés sur la table de chevet, se trouvait un recueil de poèmes de Paul Celan. Lorsqu'on sait le malentendu profond qui régna entre les deux hommes, je ne peux m'empêcher de tenir ce fait pour particulièrement significatif. Quel plus bel hommage rendu par la philosophie à la <em>pensée, </em>en effet ? </span></p><p style="text-align: left;"> </p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: times new roman,times; font-size: small;">Illustration : image tirée du film <em>Le Cuirassé Potemkine </em>(1925) de Sergeï Eisenstein. Cette photo du gros plan de la nurse hurlante abattue par la garde tsariste a été retrouvée parmi les documents de travail du peintre anglais Francis Bacon dans son atelier. </span></p><p style="text-align: left;"><span style="font-family: times new roman,times; font-size: small;">Paul Celan, <em>Grille de Parole</em>. Traduit par Martine Broda. Bilingue. Éd. Christian Bourgois, 1991. Disponible en poche, coll. "Points". </span> </p>
Zedhttp://metapoinfos.hautetfort.com/about.htmlDans la nuée...tag:metapoinfos.hautetfort.com,2015-03-30:55925562015-03-30T16:00:00+02:002015-03-30T16:00:00+02:00 « Tout cela indique un penseur à prendre en considération. Mais ce n’est...
<blockquote><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;">« <em>Tout cela indique un penseur à prendre en considération. Mais ce n’est pas une raison pour lui accorder toute confiance. En effet, ayant eu le malheur d’entrer en philosophie par le biais de Heidegger, Byung-Chul Han n’a pas eu la chance de sortir de ce piège. Du coup, peu soucieux, comme son maître, des argumentations et déductions rationnelles, bien souvent il affirme plus qu’il ne démontre. Peu enclin, comme le mage de Fribourg, à saisir le monde dans ses contrastes et ses dimensions opposées, il verse trop simplement dans la déploration monochrome et le catastrophisme obsessionnel. Mais ce n’est encore rien, à côté de sa reprise, sans critique, de thèmes détestables empruntés à Heidegger et à Carl Schmitt : haine de la pensée calculante, glorification de la « terre », de l’ancrage dans le sol, etc. A lire, donc, mais à distance.</em> » Roger-Pol Droit (<em>Le Monde</em>, 19 mars 2015)</span></p></blockquote><p style="text-align: justify;"> </p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;">Les éditions Actes sud viennent de publier <em><strong>Dans la nuée - Réflexions sur le numérique</strong></em>, un essai philosophique de <strong>Byung-Chul Han</strong>. Originaire de Corée, admirateur de l’œuvre de Heidegger, Byung-Chul Han enseigne la philosophie à Berlin. Deux autres de ses essais ont déjà été traduits en français.</span></p><p> </p><p style="text-align: center;"><img id="media-4986670" style="margin: 0.7em 0;" title="" src="http://metapoinfos.hautetfort.com/media/01/01/311142389.jpg" alt="Dans la nuée.jpg" /></p><blockquote><p style="text-align: justify;"><span class="coul1" style="font-size: small;">" « <em>Nous sommes dépassés par le numérique qui, en deçà de toute décision consciente, modifie de façon déterminante notre comportement, notre perception, notre sensation, notre pensée et notre vie sociale. Nous nous grisons du numérique sans pouvoir évaluer toutes les conséquences d’une telle ivresse. Cette cécité ainsi que la torpeur qui l’accompagne sont les symptômes fondamentaux de la crise actuelle.</em> »<br /></span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;">De cette crise sociétale, Byung-Chul Han analyse les aspects, indissolublement liés au numérique : délitement du respect et de la communauté, étouffement des différences et de l’altérité, exigence maladive de transparence, déferlements de haine à la moindre occasion. Voilà qui n’est pas sans conséquences politiques. L’exercice voire l’existence même de la démocratie sont bouleversés à l’heure où la société est réduite à l’état de nuée volatile d’individus “connectés”.</span><br /><span style="font-size: small;"> Une réflexion précieuse sur le monde d’aujourd’hui, vu à travers le prisme de ses changements les plus récents. "</span><br /> </p></blockquote><p style="text-align: justify;"><span class="coul1"> </span></p>
Jacques-Emile Mirielhttp://jemiriel.hautetfort.com/about.htmlNietzsche, Heidegger et le nihilismetag:jemiriel.hautetfort.com,2015-03-19:55862272015-03-19T11:46:00+01:002015-03-19T11:46:00+01:00 Heidegger estimait que c'était avec Nietzsche que se...
<p style="text-align: left;"><img id="media-4975660" style="margin: 0.7em 0;" title="" src="http://jemiriel.hautetfort.com/media/00/01/3642943210.jpg" alt="nietzsche nihilisme.jpg" /></p><p style="text-align: justify;"> <span style="font-family: times new roman,times; font-size: medium;">Heidegger estimait que c'était avec Nietzsche que se clôturait l'histoire de la métaphysique, dont Platon avait ouvert le cours. Nietzsche a établi en effet la remise en cause des "valeurs", sur lesquelles était fondée la civilisation occidentale. "La mort de Dieu" résume ce tournant. Heidegger le met aussitôt en relation avec un autre concept nietzschéen, "la volonté de puissance", qui lui semble adéquat pour créer des valeurs nouvelles à partir du champ de ruines. On perçoit évidemment ici le danger, en quelque sorte l'<em>arbitraire</em>, qui peut en résulter. La pensée de Nietzsche recélait des virtualités, dont lui-même aurait certainement été effrayé s'il avait pu savoir que par la suite elles seraient "récupérées" de la sorte. Heidegger a cru que l'avènement du nazisme était propice au règne de "valeurs" à réinventer, et que celles-ci allaient éclore sur les terres fumantes de nihilisme du IIIe Reich. Heidegger écrivait par exemple dans son cours sur Nietzsche du semestre 1941-1942 : "il faut que toute participation humaine à l'accomplissement du <em>nouvel ordre</em> porte en soi l'insigne de la<em> totalité</em>" [souligné par moi]. Heidegger mène très loin les idées de Nietzsche, profitant de leur nature antidémocratique. L'histoire devait cependant donner tort à Heidegger et à son exploitation philosophique du "nihilisme extrême". Il n'en reste pas moins que l'ordre démocratique qui s'installa après la guerre ne résolut pas entièrement la question ; et qu'il la laissa même en plan, dans une sorte d'ambiguïté fondamentale, qui fit que le nihilisme put encore avoir de beaux jours devant lui. Je préfère sans doute cette tranquillité imparfaite, toute nihiliste soit-elle. Elle n'interdit pas par exemple, quant à elle, le retour à quelques traditions anciennes, pour tenter d'apporter des réponses pacifiques au malaise qui continue. Le nihilisme n'a pas été qu'une crise passagère, la métaphysique elle-même en a été affectée, comme ont su le reconnaître Nietzsche, et Heidegger à sa suite. Mais le diagnostic seul était bon ; il reste toujours à l'homme la tâche si périlleuse de trouver les remèdes appropriés à ce mal profond, qui ne cesse pas. Enjeu très incertain, comme je le pense, face au monde moderne.<br /></span></p><p style="text-align: left;"><span style="font-family: times new roman,times; font-size: x-small;">Illustration : photographie de Nietzsche</span> </p>
Zedhttp://metapoinfos.hautetfort.com/about.htmlL'homme défiguré...tag:metapoinfos.hautetfort.com,2014-12-23:55177912014-12-23T16:00:00+01:002014-12-23T16:00:00+01:00 Les éditions Apopsix viennent de publier un essai d' Ivan Blot intitulé...
<p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;">Les éditions Apopsix viennent de publier un essai d'<strong>Ivan Blot</strong> intitulé <strong><em>L'Homme défiguré</em></strong>.</span> <span style="font-size: small;">Président de l'association "Démocratie directe", Ivan Blot a récemment publié <a href="http://metapoinfos.hautetfort.com/archive/2011/05/31/l-oligarchie-au-pouvoir.html"><em><strong>L'oligarchie au pouvoir</strong></em></a> (Economica, 2011), <em><strong>La démocratie directe</strong></em> (Economica, 2012), <a href="http://metapoinfos.hautetfort.com/archive/2013/03/31/les-faux-prophetes.html"><em><strong>Les faux prophètes</strong></em></a> (Apopsix, 2013) et <a href="http://metapoinfos.hautetfort.com/archive/2014/07/28/nous-les-descendants-d-athena-5418651.html"><strong><em>Nous les descendant d'Athéna</em></strong></a> (Apopsix, 2014).</span></p><p style="text-align: center;"><img id="media-4821282" style="margin: 0.7em 0;" title="" src="http://metapoinfos.hautetfort.com/media/01/00/3235471851.jpg" alt="Homme défiguré.jpg" width="199" height="292" /></p><blockquote><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;">" Le vingtième siècle, avec ses guerres mondiales, ses totalitarismes et ses génocides, a été l'un des plus barbares de notre histoire. Le culte d'une raison calculatrice et froide au service de mauvais instincts est la cause majeure. Notre monde moderne oublie l'existence douée de sens pour réduire la vie à sa seule dimension biologique et économique. Il détraque la personne humaine en combattant l'antique alliance du cœur et de la raison pour discipliner le chaos du dragon des instincts. Il méprise les institutions et traditions, ouvrant la porte à la violence révolutionnaire et à la montée du crime. Il méprise la spiritualité (qui se venge à travers l'islamisme extrémiste) en laissant la jeunesse dans un monde matérialiste et sans repères.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;">Ivan Blot examine quatre thèmes (l'existence humaine, la personne humaine, l'importance des traditions et des institutions pour l'homme, la spiritualité incarnée et les limites de la raison) et esquisse des voies de sortie de cette impasse à l'aide d'Aristote, Heidegger, Nietzsche, Kierkegaard, Platon, Dostoïevski, Gehlen, Hayek, Dumézil, Jean Climaque ou encore Grégoire Palamas.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;">Il constate que l'Occident s'enfonce dans un monde « im-monde » où l'Ego remplace Dieu, l'argent le sens de l'honneur, les masses la personnalité humaniste et le calcul économique et technique la famille et les racines qui donnent sens à notre vie. Par contraste, la nouvelle Russie retrouve l'humanisme de notre Civilisation, et c'est pourquoi elle est tant calomniée. "</span></p><p style="text-align: justify;"> </p></blockquote><p> </p><p> </p><p> </p>
Ratatoskhttp://euro-synergies.hautetfort.com/about.htmlMaking Sense of Heideggertag:euro-synergies.hautetfort.com,2014-12-19:55148192014-12-19T00:05:00+01:002014-12-19T00:05:00+01:00 Making Sense of Heidegger By Greg Johnson Ex:...
<p style="text-align: center;"><img id="media-4816470" style="margin: 0.7em 0;" title="" src="http://euro-synergies.hautetfort.com/media/02/02/1205413714.jpg" alt="martin-heidegger-teaser-540x304.jpg" /></p><p id="BlogTitle"><span style="font-size: xx-large; font-family: arial black,avant garde; color: #ff6600;"><strong>Making Sense of Heidegger</strong></span></p><p id="BlogDate"><span style="font-size: large; font-family: arial black,avant garde;"><strong><span style="color: #c0c0c0;">By <span style="text-decoration: underline;">Greg Johnson</span> </span></strong></span></p><p><span style="font-size: large; font-family: arial black,avant garde;"><strong><span style="color: #c0c0c0;">Ex: http://www.counter-currents.com</span></strong></span></p><div id="BlogContent"><p><strong><span style="font-size: small; font-family: arial,helvetica,sans-serif; color: #c0c0c0;">Thomas Sheehan</span></strong><br /><strong><span style="font-size: small; font-family: arial,helvetica,sans-serif; color: #c0c0c0;"><span style="color: #99cc00;"> <a href="http://www.amazon.com/gp/product/1783481196/ref=as_li_tl?ie=UTF8&camp=1789&creative=390957&creativeASIN=1783481196&linkCode=as2&tag=countecurrenp-20&linkId=MFB4TFB6UGTXA3QC" rel="external"><span style="color: #99cc00;"><em>Making Sense of Heidegger: A Paradigm Shift</em></span></a> </span><sup><span style="color: #99cc00;">[</span>2]</sup></span></strong><br /><strong><span style="font-size: small; font-family: arial,helvetica,sans-serif; color: #c0c0c0;"> New York: Rowman & Littlefield, 2014</span></strong></p><p><strong><span style="font-size: small; font-family: arial,helvetica,sans-serif; color: #c0c0c0;"><img id="media-4816463" style="float: left; margin: 0.2em 1.4em 0.7em 0;" title="" src="http://euro-synergies.hautetfort.com/media/02/00/359146158.jpg" alt="SheehanCover2-194x300.jpg" />Making sense of Heidegger just got a whole lot easier.</span></strong></p><p><strong><span style="font-size: small; font-family: arial,helvetica,sans-serif; color: #c0c0c0;">When I was in graduate school, Aristotle and Heidegger were the two philosophers I studied most thorougly. Heidegger is a notoriously difficult writer, so naturally I sought out secondary literature for guidance. Unfortunately, most Heidegger literature is not particularly helpful. The best guides to Heidegger I discovered were <a href="http://www.amazon.com/gp/product/0391036165/ref=as_li_tl?ie=UTF8&camp=1789&creative=390957&creativeASIN=0391036165&linkCode=as2&tag=countecurrenp-20&linkId=ZPMKXW3NT34XPK5E" rel="external"><span style="color: #c0c0c0;">Otto Pöggeler</span></a> <sup>[3]</sup>, <a href="http://www.amazon.com/gp/product/0391040162/ref=as_li_tl?ie=UTF8&camp=1789&creative=390957&creativeASIN=0391040162&linkCode=as2&tag=countecurrenp-20&linkId=7AIWHTOM6APM5UME" rel="external"><span style="color: #c0c0c0;">Graeme Nicholson</span></a> <sup>[4]</sup>, <a href="http://www.amazon.com/gp/product/0253205581/ref=as_li_tl?ie=UTF8&camp=1789&creative=390957&creativeASIN=0253205581&linkCode=as2&tag=countecurrenp-20&linkId=IZ2GJZ7YR3UL5H4S" rel="external"><span style="color: #c0c0c0;">Michael Zimmerman</span></a> <sup>[5]</sup>, <a href="http://www.amazon.com/gp/product/0801485649/ref=as_li_tl?ie=UTF8&camp=1789&creative=390957&creativeASIN=0801485649&linkCode=as2&tag=countecurrenp-20&linkId=JLH6XS5DXZ4KEIOA" rel="external"><span style="color: #c0c0c0;">Richard Polt</span></a> <sup>[6]</sup>, and <a href="http://religiousstudies.stanford.edu/people/tom-sheehan/publications/" rel="external"><span style="color: #c0c0c0;">Thomas Sheehan</span></a> <sup>[7]</sup> — especially Sheehan.</span></strong></p><p><strong><span style="font-size: small; font-family: arial,helvetica,sans-serif; color: #c0c0c0;">Sheehan’s work was particularly important for me, because he pays special attention to Heidegger’s debts to Aristotle and Husserl, debts which cannot be overestimated but are usually given short shrift. I found Sheehan’s writing to be so penetrating, while at the same time clear and engaging, that I went on to read practically everything he wrote, for instance his books <a href="http://www.amazon.com/gp/product/0821406841/ref=as_li_tl?ie=UTF8&camp=1789&creative=390957&creativeASIN=0821406841&linkCode=as2&tag=countecurrenp-20&linkId=XCYALCQLMK4E5U6B" rel="external"><span style="color: #c0c0c0;"><em>Karl Rahner: The Philosophical Foundations</em></span></a> <sup>[8]</sup> and <a href="http://www.amazon.com/gp/product/0394511980/ref=as_li_tl?ie=UTF8&camp=1789&creative=390957&creativeASIN=0394511980&linkCode=as2&tag=countecurrenp-20&linkId=RQJJPA34JP3GNFSW" rel="external"><span style="color: #c0c0c0;"><em>The First Coming: How the Kingdom of God Became Christianity</em></span></a> <sup>[9]</sup>, which I never would have read for the subject matter alone.</span></strong></p><p><strong><span style="font-size: small; font-family: arial,helvetica,sans-serif; color: #c0c0c0;">Two of Sheehan’s articles were particularly fateful for my subsequent intellectual development, for he was the first person I ever read who mentioned <a href="http://religiousstudies.stanford.edu/wp-content/uploads/1986-DIVENTARE-DIO-EVOLA-NIETZSCHE-HEIDEGGER.pdf" rel="external"><span style="color: #c0c0c0;">Julius Evola</span></a> <sup>[10]</sup> and <a href="http://religiousstudies.stanford.edu/wp-content/uploads/1981-MYTH-AND-VIOLENCE-Part-I.pdf" rel="external"><span style="color: #c0c0c0;">Alain de Benoist,</span></a> <sup>[11]</sup> although my ultimate reactions were certainly not what he was aiming for.</span></strong></p><p><strong><span style="font-size: small; font-family: arial,helvetica,sans-serif; color: #c0c0c0;">Once I was out of graduate school, however, I stopped following the secondary literature on Heidegger, even the really good stuff. By then, I could read Heidegger on my own, without training wheels. And since I was a mere “amateur” Heideggerian, I had no professional credentials to maintain.</span></strong></p><p><strong><span style="font-size: small; font-family: arial,helvetica,sans-serif; color: #c0c0c0;">Of course I continued to follow new releases of Heidegger’s own writings. And I admit to picking up a few pieces of secondary literature: Polt’s <a href="http://www.amazon.com/gp/product/0801479231/ref=as_li_tl?ie=UTF8&camp=1789&creative=390957&creativeASIN=0801479231&linkCode=as2&tag=countecurrenp-20&linkId=NJPTKIC7O77R43IU" rel="external"><span style="color: #c0c0c0;"><em>The Emergency of Being</em></span></a> <sup>[12]</sup>, Charles Bambach’s <em><a href="http://www.amazon.com/gp/product/0801472660/ref=as_li_tl?ie=UTF8&camp=1789&creative=390957&creativeASIN=0801472660&linkCode=as2&tag=countecurrenp-20&linkId=RFMQEB3RJFMA2FQU" rel="external"><span style="color: #c0c0c0;">Heidegger’s Roots: Nietzsche, National Socialism, and the Greeks</span></a> <sup>[13]</sup><img style="border: none !important; margin: 0px !important;" src="http://ir-na.amazon-adsystem.com/e/ir?t=countecurrenp-20&l=as2&o=1&a=0801472660" alt="" width="1" height="1" border="0" /></em>, Julian Young’s <a href="http://www.amazon.com/gp/product/0521006090/ref=as_li_tl?ie=UTF8&camp=1789&creative=390957&creativeASIN=0521006090&linkCode=as2&tag=countecurrenp-20&linkId=SKA2FPQKGCWBDAWV" rel="external"><span style="color: #c0c0c0;"><em>Heidegger’s Later Philosophy</em></span></a> <sup>[14]</sup>, and, just for the fun of it, Adam Sharr’s <a href="http://www.amazon.com/gp/product/0262195518/ref=as_li_tl?ie=UTF8&camp=1789&creative=390957&creativeASIN=0262195518&linkCode=as2&tag=countecurrenp-20&linkId=3JUYH4MLG37XBLAN" rel="external"><span style="color: #c0c0c0;"><em>Heidegger’s Hut</em></span></a> <sup>[15]</sup>. But I was pretty much on the wagon until November, when I decided to review Alexander <a href="http://www.counter-currents.com/2014/11/dugin-on-heidegger/" rel="external"><span style="color: #c0c0c0;">Dugin’s dreadful book</span></a> <sup>[16]</sup> on Heidegger.</span></strong></p><p><strong><span style="font-size: small; font-family: arial,helvetica,sans-serif; color: #c0c0c0;">Fortunately, when I bought Dugin, Amazon suggested I might also like Thomas Sheehan’s <em>Making Sense of Heidegger</em>. Never have I clicked a “buy” button more quickly. The book arrived as soon as it was published, actually on the day I finished reading Dugin. But still, it felt late, decades late. I wish Sheehan had published this book 25 years ago. </span></strong></p><p><span style="color: #ff6600;"><strong><span style="font-size: small; font-family: arial,helvetica,sans-serif;">A Paradigm Shift</span></strong></span></p><p><strong><span style="font-size: small; font-family: arial,helvetica,sans-serif; color: #c0c0c0;"><em>Making Sense of Heidegger</em> argues for a “paradigm shift” in Heidegger interpretation: from Being to meaning, and from meaning to the source of meaning. According to Sheehan, Heidegger’s ultimate concern is with the question: what makes meaning possible? What makes it possible for beings to be meaningfully present to a knower? (For Heidegger, a scientific account of how the sense organs and the brain operate is not an adequate answer to this question, because science presupposes the meaningful presence of eyeballs, gray matter, etc.)</span></strong></p><p><strong><span style="font-size: small; font-family: arial,helvetica,sans-serif; color: #c0c0c0;">Sheehan makes a crushingly convincing case for his thesis, marshaling quotes from the nearly 100 volumes of Heidegger’s published writings, analyzing Heidegger’s basic terminology, establishing equivalencies among his terms, establishing equivalencies between Heideggerese and more intelligible idioms, re-translating and paraphrasing difficult texts in light of his analysis, and laying it all out step-by-step, with summaries and repetitions along the way, so you never lose the thread of the argument.</span></strong></p><p><strong><span style="font-size: small; font-family: arial,helvetica,sans-serif; color: #c0c0c0;">As you will see from some of the quotes below, Sheehan’s prose can be dense, bristling with hyphenated phrases, neologisms and unfamiliar terms, and words and phrases in German, Latin, and untransliterated ancient Greek. It is a lot more forbidding and thorny than it needs to be, which artificially limits the audience and impact of Sheehan’s argument to professional scholars and educated, dedicated amateurs. One wishes that Sheehan’s editors had forced him through one more draft with an eye to making this book intelligible to bright undergraduate students, which would have been possible for a writer of his proven skill. But still, the book is clear “in itself” and, unlike most literature on Heidegger, actually worth the effort. Heidegger is yet to find his Alan Watts, but whoever he may be will have to read this book.</span></strong></p><p><strong><span style="font-size: small; font-family: arial,helvetica,sans-serif; color: #c0c0c0;">Sheehan’s book has 10 chapters in three parts plus an Introduction and a Conclusion, occupying 294 pages altogether, plus three short appendices, a long and detailed bibliography of Heidegger’s writings in German and English translations, a briefer biography of other works cited, and two indexes: one of German, English, and Latin terms, the other of ancient Greek terms.</span></strong></p><p><span style="color: #ff6600;"><strong><span style="font-size: small; font-family: arial,helvetica,sans-serif;">Sheehan’s Thesis</span></strong></span></p><p><strong><span style="font-size: small; font-family: arial,helvetica,sans-serif; color: #c0c0c0;">Sheehan states his basic thesis in his Foreword and Introduction (chapter 1) entitled “Getting to the Topic.”</span></strong></p><p><strong><span style="font-size: small; font-family: arial,helvetica,sans-serif; color: #c0c0c0;">Heidegger is famously interested in “Being” (<em>Sein</em>). Yet Sheehan argues that Heidegger’s concept of Being has been systematically misunderstood by most Heidegger scholars. In the philosophical tradition, talk of Being refers to objective, mind-independent reality, indeed “ultimate” reality — such as God, or atoms in void, or an underlying mental or material “stuff” — that gives rise to the beings we perceive around us.</span></strong></p><p><strong><span style="font-size: small; font-family: arial,helvetica,sans-serif; color: #c0c0c0;">For Heidegger, however, “Being” refers to the <em>meaningful presence</em> of beings to a knower. Heidegger makes this understanding quite explicit in “The End of Philosophy and the Task of Thinking” where he glosses “the Being of beings” as “the presence of that which is present.”[1] Present to whom? Heidegger calls the one to whom beings show up <em>Dasein</em>. (In ordinary German, “<em>Dasein</em>” means existence. Heidegger treats it as a compound of <em>Da</em> [there] and <em>Sein </em>[Being], hence “the place of Being,” i.e., the one to whom beings are present.)</span></strong></p><p><strong><span style="font-size: small; font-family: arial,helvetica,sans-serif; color: #c0c0c0;">Heidegger does not question the existence of mind-independent objects, although he was certainly skeptical of accounts of “ultimate” mind-independent realities. But for Heidegger, Being is ultimately involved with the human knower. Indeed, it always has been. One of the most remarkable features of Heidegger’s interpretations of Parmenides, Heraclitus, Plato, and Aristotle are his arguments that even their accounts of Being are implicitly cast in relation to the human knower.</span></strong></p><p><strong><span style="font-size: small; font-family: arial,helvetica,sans-serif; color: #c0c0c0;">For Heidegger, then, Being = the meaningful presence of beings to man. Thus <em>ontology</em> (the branch of metaphysics that deals with Being) is equivalent to <em>phenomenology</em>, which studies the disclosure of beings to man.</span></strong></p><p><strong><span style="font-size: small; font-family: arial,helvetica,sans-serif; color: #c0c0c0;">But this is just the beginning of Sheehan’s paradigm shift, for Heidegger’s ultimate concern is not Being (understood phenomenologically) but something <a href="http://www.counter-currents.com/2014/10/heideggers-question-beyond-being/" rel="external"><span style="color: #c0c0c0;"><em>beyond</em> Being</span></a> <sup>[17]</sup>. In <em>Being and Time</em>, Heidegger calls this the “sense” (<em>Sinn</em>) of Being (hence the title <em>Making Sense of Heidegger</em>). Heidegger has many other names for this something “beyond” Being: the temporality (<em>Zeitlichkeit</em>) of <em>Dasein</em>, the truth (<em>Wahrheit</em>) of Being, the essence (<em>Wesen</em>) of Being, Being itself or Being as such (<em>das</em> <em>Sein selbst</em>), the manifestness (<em>Offenbarkeit</em>) of Being, the clearing (<em>Lichtung</em>) of Being, the event of appropriation (<em>Ereignis</em>), etc.</span></strong></p><p><strong><span style="font-size: small; font-family: arial,helvetica,sans-serif; color: #c0c0c0;">For Sheehan, all of these names point to the same topic: <em>the source of meaningful presence</em>, what which opens up the “space” in which beings are meaningfully present to a knower. “The single issue that drove Heidegger’s work was not being-as-meaningful-presence but rather the source or origin of such meaningful presence” (p. xv).</span></strong></p><p><strong><span style="font-size: small; font-family: arial,helvetica,sans-serif; color: #c0c0c0;">In Sheehan’s terms, this source is the “thrownness” (<em>Geworfenheit</em>) or “thrown openness” (<em>der geworfener Entwurf</em>) of <em>Dasein</em>, to use the language of <em>Being and Time</em>. Or it is the “clearing” (<em>Lichtung</em>) or “appropriated clearing” (<em>die ereignete Lichtung</em>) of the later Heidegger. But both vocabularies refer to the same thing: the<em> a priori</em> (always-already-operative) conditions that make possible meaningful presence to a knower. “The always-already-operative thrown-open clearing is the ‘thing itself’ of all Heidegger’s work” (p. 21). So I do not wear out the hyphen key on my computer, I am just going to boil this all down to one word: the clearing.</span></strong></p><p><strong><span style="font-size: small; font-family: arial,helvetica,sans-serif; color: #c0c0c0;">Before we go any further, I need to define the clearing (<em>Lichtung</em>) and another key term of Heideggerese: appropriation (<em>Ereignis</em>). </span></strong></p><p><span style="color: #ff6600;"><strong><span style="font-size: small; font-family: arial,helvetica,sans-serif;">The Clearing</span></strong></span></p><p><strong><span style="font-size: small; font-family: arial,helvetica,sans-serif; color: #c0c0c0;">In ordinary German, <em>Lichtung</em> means “clearing,” like a clearing in the forest. The verb <em>lichten</em> means to clear land. <em>Lichtung</em> is related to <em>Licht</em> (light), because a clearing allows light to reach the forest floor and illuminate whatever enters the clearing. (“Light from above” is the literal meaning of “epiphany.” The clearing allows light from above.) Heidegger uses the metaphor of the clearing to refer to the conditions allow beings to be meaningfully present to a knower. The clearing is the “space” in which beings become present.</span></strong></p><p><strong><span style="font-size: small; font-family: arial,helvetica,sans-serif; color: #c0c0c0;">We can see and hear physical objects in physical space. We can see and hear them, because there is a space between us which our senses can traverse. Physically, light and sound come to us, but from the first person point of view, our eyes and ears reach out for experience.</span></strong></p><p><strong><span style="font-size: small; font-family: arial,helvetica,sans-serif; color: #c0c0c0;">Just as we see and hear things in physical space, Heidegger believes that things have <em>meaning</em> in a “space” as well. Because Heidegger is talking about meaning, not seeing, this use of clearing exploits another sense of <em>lichten</em>: to weigh anchor, to lighten a load, to free up. In this sense, <em>Lichtung</em> is a free and open space: the space in which beings can be meaningfully encountered.</span></strong></p><p><strong><span style="font-size: small; font-family: arial,helvetica,sans-serif; color: #c0c0c0;"><img id="media-4816473" style="float: right; margin: 0.2em 0 1.4em 0.7em;" title="" src="http://euro-synergies.hautetfort.com/media/01/01/3881424621.jpg" alt="heidegger-1.jpg" />Each object has meaning within a larger network or “world” of meanings supplied by language, culture, and tradition. Worlds of meaning are collective. In hermeneutics, such contexts of meaning are called “horizons,” for just as the horizon is the boundary of the visible world, horizons are the context in which things have meaning. But what <em>opens up</em> these horizons, these worlds of meaning?</span></strong></p><p><strong><span style="font-size: small; font-family: arial,helvetica,sans-serif; color: #c0c0c0;">In <em>Being and Time</em>, Heidegger speaks of man as <em>Dasein</em>, the place (<em>da</em>) of meaning (<em>Sein</em>), and man is opened up as the space of meaning by “temporality” (<em>Zeitlichkeit</em>), the temporal structure of our consciousness of meaning. This is the sense in which for Heidegger “time” is the “horizon” of “Being” (meaning). In his later writings, s
Europa Patria Nostrahttp://vouloir.hautetfort.com/about.htmlBenjamin, Heidegger et la naissance de la modernitétag:vouloir.hautetfort.com,2014-12-16:55091252014-12-16T16:26:00+01:002014-12-16T16:26:00+01:00 SYNERGIES EUROPÉENNES - VOULOIR (Bruxelles) - Juillet 1994 Pierre...
<p style="text-align: center;"><img id="media-4800801" style="margin: 0.7em 0;" title="" src="http://vouloir.hautetfort.com/media/01/02/2909719860.jpg" alt="Heid91606582480.jpg" /></p><p><span style="font-size: small; font-family: arial,helvetica,sans-serif; color: #000080;"><strong>SYNERGIES EUROPÉENNES - VOULOIR (Bruxelles) - Juillet 1994</strong></span></p><p><span style="font-size: large; font-family: arial,helvetica,sans-serif; color: #000000;"><strong>Pierre LE VIGAN:</strong></span></p><p><span style="text-decoration: underline; font-size: x-large; font-family: arial black,avant garde; color: #3366ff;"><strong>Benjamin, Heidegger et la</strong> <strong>naissance de la modernité</strong></span></p><p><span style="text-decoration: underline; font-size: x-large; font-family: arial black,avant garde; color: #3366ff;"><strong>Raison, Habitat, Expérience</strong></span></p><p><span style="font-size: small; font-family: arial,helvetica,sans-serif; color: #000000;"><em><strong>"Tout est rappelé du passé, ce qui est à venir,</strong> <strong>qu'il soit attendu comme sempiternel" (</strong><strong>Nietzsche).</strong></em></span></p><p><span style="font-size: small; font-family: arial,helvetica,sans-serif; color: #000000;"><strong>Maurice de Gandillac rapporte qu'au XIIème siècle, les moines de Saint-Victor louent les marchands qui "explorent des rivages nouveaux", font connaitre de nouveaux produits et "rendent commun ce qui était privé" (1). Un siècle après, le franciscain Duns Scot justifie les bénéfices des négociants par leur rôle d'intermédiaire. Là se situe selon M. de Gandillac "l'essentielle coupure de la véritable modernité". Une double idée s'insinue: la société doit "progresser", l'aptitude à cette progression n'est pas générale. Il y aura ce qu'Augustin appelait des "damnés": les laissés pour compte du progrès. Cette idée de progression sélective est une des sources de la modernité.</strong></span></p><p><span style="font-size: small; font-family: arial,helvetica,sans-serif; color: #000000;"><strong>L'autre est la soif de connaissance. Au 15ème siècle, Nicolas de Cues rêve de mesurer l'ensemble du réel, y compris les propriétés physiques et physiologiques de l'homme. Aux catégories de l'être et de l'existant, il substitue en somme celle de l'existible, la catégorie de tout ce qui peut, potentiellement, exister. Pour autant que l'utilité en soit démontrable. Dans le même temps, le mode d'apparaitre du monde devient identique à celui de Dieu, c'est-à-dire que l'univers apparait sans centre ni circonférence. Autrement dit, les conditions de la naissance de la subjectivité se mettent en place.</strong></span></p><p><span style="font-size: small; font-family: arial,helvetica,sans-serif; color: #000000;"><strong>Selon Alain Touraine (2), cette dualité de la rationalisation et la subjectivisation est la définition même de la modernité. La modernité aurait assigné des tâches à deux "sujets": la raison et la conscience. La tâche de la première serait de comprendre le monde, celle de la seconde d'"humaniser l'homme". Le dérapage se serait produit au moment de la philosophie des Lumières qui aurait détruit ce dualisme "par orgueil" (en quelque sorte le pendant de la thèse de Furet sur le dérapage de la Révolution française entre 1789 - la "bonne" révolution - et 1793 - la "mauvaise"). D'où l'inclination de Touraine pour l'humanisme chrétien optimiste (selon lui Erasme, Marsile Ficin, ...) qu'il oppose à l'augustinisme pessimiste. D'où aussi son désaccord avec Louis Dumont situant plus en amont l'irréversibilité du mouvement conduisant à l'individualisme moderne. Reste l'accord sur la présence, aux sources de la modernité (c'est-à-dire de ce en quoi notre temps nous est propre), de la soif de connaissance, de l'utilisation de l'outil de la raison, de la recherche de la mesure, d'une forme nouvelle de la subjectivité individuelle et collective.</strong></span></p><p><span style="font-size: small; font-family: arial,helvetica,sans-serif; color: #000000;"><strong>La valeur nouvelle de la notion de certitude marque la naissance de la modernité. C'est le signe des temps modernes. Heidegger s'y réfère dans l'interrogation suivante: "Mais qu'est-ce qui est plus étant, c'est-à-dire, d'après la pensée des Temps modernes, plus certain que la mort ?" (3). Or, la notion de certitude apparait avoir des affinités particulièrement fortes avec celles de raison et de sûreté. Sous deux aspects. D'une part, de ce qui est certain, on est sûr. Et ce qui est sûr (en lieu sûr) est sauf (sauvé). D'autre part, on n'est certain que de ce que l'on connait. Or, le principe de toute connaissance est la raison. </strong></span></p><p><span style="font-size: small; font-family: arial,helvetica,sans-serif; color: #000000;"><strong>Selon Heidegger, le principe de raison est le fond du fond, la raison de tous les principes et donc "la raison de la raison". Etymologiquement, la "raison", c'est le "fond" (Grund), et aussi le "sol", l'"humus". Grund désigne le fond vers lequel nous descendons et auquel nous revenons, pour autant que le fond est ce sur quoi une chose repose, à quoi elle tient, d'où elle s'ensuit (4). Hegel distinguait le fond d'une chose et ce sur quoi elle repose. Si Heidegger semble ici user d'un des sens seulement du mot "fond", le second, ce n'est qu'apparence. Ces deux notions sont liées: pour aller "au fond des choses", il faut voir ce sur quoi elles reposent. Ainsi, on ne connait les choses que compte tenu de leur fondement. Le sens du terme "compte tenu" est clair: la raison (Grund) est aussi ratio. Elle est le compte de ce que l'on donne, et donc aussi de ce qu'il nous reste. Conclusion: la raison comme "compte", "calcul" suppose un jeu à somme nulle. Ce que je n'ai plus est à quelqu'un d'autre. Dit autrement: la raison suppose un monde fini (5).</strong></span></p><p><span style="font-size: small; font-family: arial,helvetica,sans-serif; color: #000000;"><strong>Mouvement de quête, de recherche du fond, la raison ne se conçoit pas sans l'autonomie de la volonté. Il n'y a de raison que dans l'agir. "C'est la philosophie moderne (...), de Leibniz à Nietzsche, qui met en route la méditation de l'être comme agir, jusqu'à sa détermination ultime comme volonté de puissance", écrit Jean Beaufret (6).</strong></span></p><p><span style="font-size: small; font-family: arial,helvetica,sans-serif; color: #000000;"><strong>De son coté, Husserl, s'interrogeant sur l'origine de la philosophie, la définit comme source de la raison. Or, on peut le considérer comme étant l'illustration fondatrice d'un néo-kantisme que Michel Clouscard situe justement "à l'origine de l'épistémologie de notre période culturelle" (7), et qui pose le principe d'identité de l'objet et du sujet de la connaissance. Kant voyait dans la révélation chrétienne l'auxilliaire de la raison. Husserl se rattache à ce point de vue quand il écrit, en 1935: "La vie de l'homme n'est autre chose qu'un chemin vers Dieu". Cette position fut aussi celle de Max Scheler. En somme, la philosophie serait née de Dieu et consisterait à y retourner. De là, l'importance de la généalogie.</strong></span></p><p><span style="font-size: small; font-family: arial,helvetica,sans-serif; color: #000000;"><strong>Evidemment, la difficulté commence quand on constate que la pratique de celle-ci n'est pas unique. Dans l'approche d'Alain, l'esprit apparait "développement de l'idée réelle". Dans celle d'Hegel, "l'histoire de l'esprit est son acte", et le sens de l'acte est d'atteindre à la perfection et à l'universalité (8). Dans cette perspective, l'histoire de l'esprit, comme le notait justement Althusser, est "processus sans sujet (...). C'est le procès lui-même qui est sujet". Quand Husserl, pour sa part, définit le travail philosophique comme remontée aux sources de la raison (d'accord ici avec Dilthey), il en appelle à une méthode généalogique illustrée par Nietzsche. La remontée aux sources est en effet la méthode même de la généalogie. Mais celle-ci, plus que la simple génèse, comporte, dit Jean Beaufret, "une herméneutique plus essentielle". Elle s'occupe de ce qui, malgrè l'enchaînement des étapes, confère au produit le plus récent, donc le plus loin de l'origine, une étonnante proximité, néanmoins, de cette origine. Or, la génèse existentiale chez Husserl comme chez Heidegger consiste en un questionnement sur ce dont le phénomène en tant que tel est porteur. Dans cette optique, la généalogie ne peut être reconstitution de ce qui est déjà en germe, ni simple remontée à l'origine. Et c'est précisement en celà, grâce à cet écart par rapport à l'origine, que cette perspective permet l'historicité.</strong></span></p><p><span style="font-size: small; font-family: arial,helvetica,sans-serif; color: #000000;"><strong>Si cet écart par rapport à l'origine se maintient jusque dans la quête de celle-ci, c'est dire que le primitif n'est pas l'originel. La pensée grecque comme mâtrice, ce que Jean Beaufret appelle "la percée radieuse du monde grec" est héritière d'un "avant" encore dérobé. Peut-être parce que, comme dit Hölderlin, la pudeur, c'est ce qui "retient d'aller jusqu'à la source". De ce fait, le propos de la démarche généalogique n'est pas de s'engager dans le retour à un "monde de la vie" originel. Plutôt faut-il être à l'écoute de la parole reçue par les grecs, et par eux transmise - parole qui n'est donc pas originelle. Encore est-il besoin de s'entendre sur les conditions de la transmission - le temps, et sur la nature de l'acte d'écoute - à savoir l'intention, et en somme sur la nature du "Je" et de la personne. </strong></span></p><p><span style="font-size: small; font-family: arial,helvetica,sans-serif; color: #000000;"><strong>Kant aperçoit bien le rôle constitutif du temps dans la constitution du "Je", mais il en conclut que cela atteste de la séparation du monde de l'être et du monde de la pensée. Le temps est ainsi conçu comme une limitation de l'être qui l'empécherait d'atteindre la complétude du monde de la pensée. Résumant Kant, Pierre Trotignon écrit: "Marque de ma finitude, le temps est encore conçu comme une diminution d'être, comme une impossibilité pour notre existence d'être cet entendement intuitif à qui l'être se révélerait adéquatement"(9).</strong></span></p><p><span style="font-size: small; font-family: arial,helvetica,sans-serif; color: #000000;"><strong>Le point de vue de Martin Heidegger sur la question du Je est fort différent. Il parait bien compris par Georges Steiner qui écrit: "Ce n'est pas sous le rapport du "Je suis" que nous saisissons la nature de l'être avec le plus de facilité et d'assurance (Heidegger se sépare ici fondamentalement de l'"égoisme" de Descartes et de la fusion du sujet et de l'objet chez Kant et Fichte). Ni en fonction du "tu es" (comme le voudraient certaines écoles modernes de phénoménologie dialectique)." Heidegger voit dans le temps une forme de l'intention qui permet le dévoilement de l'être, sans donner accès "à la totalité et à l'unité des êtres" (10). En d'autres termes, le temps est un chemin, ce qui ouvre une toute autre perspective que celle de Kant. Mais Heidegger dit aussi:"Tout est chemin". Ce qui est sans doute dire qu'il n'y a pas de but. Et définit une position nettement distincte de celle de Husserl.</strong></span></p><p><span style="font-size: small; font-family: arial,helvetica,sans-serif; color: #000000;"><strong>Dieu n'est plus alors, comme dans la vision de l'humanisme chrétien, le couronnement de la Création - la plus haute des "valeurs" - ce qu'Heidegger interprète comme une "dégradation de l'essence de Dieu" (Lettre sur l'humanisme). Dieu est alors, toujours dans la vision heideggerienne, au fond de toute chose. Ainsi que Goethe l'exprime poétiquement:</strong></span></p><p><span style="font-size: small; font-family: arial,helvetica,sans-serif; color: #000000;"><strong>"Si l'oeil n'était pas parent du soleil,</strong> <strong>comment pourrions-nous voir la lumière,</strong> <strong>si la force de Dieu ne vivait pas elle-même en nous,</strong> <strong>comment serions nous transportés par les choses divines ?"</strong></span></p><p><span style="font-size: small; font-family: arial,helvetica,sans-serif; color: #000000;"><strong>De son coté, Max Scheler émet sur la question du "Je" et sur celle de "l'intention" deux propositions. L'une est que "l'idée de personne n'a rien à voir avec les idées de Je". L'autre est que "ce qui appartient à l'essence de la personne, c'est de n'exister et de ne vivre qu'en effectuant des actes de visée intentionnelles". Le problème, c'est que ces deux propositions sont rigoureusement incompatibles. Il est en effet exact que la personne se définit par l'articulation entre une fonction adaptatrice et une fonction de ressourcement, entre une identité "idem" (celle du caractère) et une identité "ipsé" (celle de l'être), cette dernière jouant une fonction de réserve. Il est ainsi vrai que le "Je" devient personne, c'est-à-dire être-dans-le-monde en faisant apparaître au jour sa part la moins authentique, la moins personnelle, et de fait la plus banale. Mais, de ce fait même, il n'est pas évident que le propre de l'homme soit de "n'exister et de vivre qu'en effectuant des actes de visée intentionnelles". Tout au contraire peut-on penser que l'intention est une des notions les plus faiblement fondées qui soient, impensable en tout état de cause hors de ce que Bourdieu nomme l'"habitus". Conséquence: la première proposition de M. Scheler sur le "Je" et "la personne" apparait pertinente, mais la seconde fausse et contradictoire. </strong></span></p><p><span style="font-size: small; font-family: arial,helvetica,sans-serif; color: #000000;"><strong>Aussi faut-il resituer ce que peut être l'"écoute", une écoute non purement intentionnelle. L'écoute est d'abord écoute de la parole, et elle est aussi écoute qui recueille. D'où une double question: la parole et le recueil de la parole (en d'autres termes l'intérieur).</strong></span></p><p><span style="font-size: small; font-family: arial,helvetica,sans-serif; color: #000000;"><strong>Heidegger définit la parole comme n'étant pas un discours (rationnel), mais un dire qui signifie. Aussi l'écoute de la parole n'est-elle ni immédiate, ni totale. Il y a écart entre le dit et le reçu. "Le signe est éternellement veuf du signifié", dit encore Gilbert Durand (11).</strong></span></p><p><span style="font-size: small; font-family: arial,helvetica,sans-serif; color: #000000;"><strong>Le deuxième aspect soulevé est la question du recueil de la parole. Dans un texte intitulé Intérieur et expérience. Notes sur Loos, Roth et Wittgenstein (12), Massimo Cacciari pose la question: y a-t-il un espace du recueillement, et à quelles conditions ? Et il pose cette question très concrètement à partir de l'architecture et de l'urbanisme moderne. En effet, le projet tant des intérieurs "kitsch" ("mauvais gout" en yiddish) que de l'immeuble moderne qui les contient est "la pure visibilité". Or, ce qui est visible n'est pas forcément habitable. Un premier effet de la visibilité est de transformer la chose en monnaie, en objet "aliénable et manipulable", écrit Cacciari. Dans le cas d'une maison, la visibilité de celle-ci tue sa possibilité d'être un intérieur. L'architecture de verre et d'acier constitue une illustration contemporaine de ce refus du principe même d'intérieur.</strong></span></p><p><span style="font-size: small; font-family: arial,helvetica,sans-serif; color: #000000;"><strong>Or, la question de la transparence est tout à fait nodale. Car la volonté de rendre tout transparent postule une équivalence entre l'humain et le logos. "Tout "secret" doit être parlé", résume Cacciari. Or, le verre, et la culture de la transparence - Glaskultur - met à nu l'expérience, et, le cas échéant, la misère de l'expérience. La misère la plus grande se trouve quand l'expérience se situe avant la narration, c'est-à-dire quand la narration n'est plus auto-constitution de l'identité (au sens de Ricoeur), mais simple accumulation de hasards. Alors, l'expérience - celle connue avant la narration - ne peut revenir que comme miracle, chez celui qui a habité le temps d'avant. Une attente de l'extraordinaire qui explique l'attirance des temps modernes pour les eschatologies (quoi de plus extra-ordinaire que le dernier récit ?).</strong></span></p><p><span style="font-size: small; font-family: arial,helvetica,sans-serif; color: #000000;"><strong>Pour que le récit ne soit pas ce qui vient après l'expérience, il doit être inscrit dans le temps. Il doit ainsi être de l'ordre du relatif (puisqu'il relate) , et non de l'absolu. Cette inscription dans le temps nécessite que la Parole n'y soit pas l'objet d'une écoute im-médiate, mais au contraire distante. L'inscription dans le temps nécessite ainsi le ressourcement, donc le silence, ou du moins des silences.</strong></span></p><p><span style="font-size: small; font-family: arial,helvetica,sans-serif; color: #000000;"><strong>Silence. Que l'homme ne soit ni toujours à l'écoute (le parlé), ni toujours le parlant. Giorgio Agamben précise: "Que l'homme ne soit pas toujours déjà le parlant, qu'il ait été et qu'il soit encore l'"in-fans", c'est cela l'expérience" (13). L'expérience d'avant le récit, cette expérience "frappée de mutisme", est celle qui peut, dans les silences, perdurer dans le recueillement, dans l'attente qui est attention, et qui est aussi ressourcement. Cette expérience d'avant le récit est le non-dicible qui pour cela même donne sa forme (tel un réceptacle) au dicible qu'est le récit. Et le lieu de cette expérience est le silence parce que "le silence est la mémoire de l'enfance" (Cacciari). Aussi l'illusion en ce domaine serait que l'expérience soit en-deçà de la vie, et le risque l'attente du miracle comme connaissance, et de la parousie ("l'arrivée") comme de ce qui sauve. Plutôt s'accordera-t-on avec René Char qui écrit: "L'éternité n'est guère plus longue que la vie".</strong></span></p><p><span style="font-size: small; font-family: arial,helvetica,sans-serif; color: #000000;"><strong>De même que l'expérience perdure si elle s'incrit dans le temps, l'homme est pour autant qu'il s'inscrit dans l'espace, pour autant qu'il est un habitant. Ici encore, l'être précède le faire (précéder, c'est montrer le chemin); comme l'habiter précède le bâtir. "Bâtir n'est pas seulement un moyen de l'habitation. Bâtir est déjà de lui-même habiter" (14). L'homme habite dans la mesure où il prend soin d'un lieu; il bati parce que sa nature est d'être un habitant. "Wohnen, "demeurer en "est "la structure fondamentale du Dasein" (15). Alors, ce que l'homme bati prend sens. Heidegger prend l'exemple d'un pont. Un pont "rassemble, à sa manière, auprès de lui la terre et le ciel, les divins et les mortels" (16). A ces éléments, - le Quadriparti - le pont accorde une place. "Car, note Heidegger, seul ce qui est lui-même un lieu peut accorder une place". C'est ici le pont qui crée le lieu. Sans pont, pas de lieu. Et si le lieu est tel en tant qu'il est dans l'espace, c'est un espace aménagé, et aussi un espace "ménagé". Son aménagement n'est autre qu'un mode de son paraître. Lieu aménagé - et "à ménager" - le pont ne met pas seulement "en place" le Quadriparti. Il le garde. L'essence de l'acte de bâtir est ainsi: produire des choses qui soient des lieux, qui m
Ratatoskhttp://euro-synergies.hautetfort.com/about.htmlHeidegger et les antinazis de papier...tag:euro-synergies.hautetfort.com,2014-11-18:54903142014-11-18T00:05:00+01:002014-11-18T00:05:00+01:00 Heidegger et les antinazis de papier... par Robert Redeker...
<p style="text-align: center;"><img id="media-4761449" style="margin: 0.7em 0;" title="" src="http://euro-synergies.hautetfort.com/media/02/00/3091493260.jpg" alt="heidegger.jpg" /></p><h3 id="p1" style="text-align: left;"><span style="font-size: xx-large; font-family: arial black,avant garde; color: #ff6600;"><strong>Heidegger et les antinazis de papier...</strong></span></h3><p><span style="font-family: arial black,avant garde;"><strong><span style="font-size: small; color: #c0c0c0;"><span style="font-size: large;">par Robert Redeker</span> </span></strong></span></p><p style="text-align: left;"><span style="color: #99cc00;"><strong><span style="font-size: small; font-family: arial,helvetica,sans-serif;">Vous pouvez découvrir ci-dessous un point de vue de Robert Redeker, cueilli sur le site de <a href="http://www.valeursactuelles.com/"><span style="color: #99cc00;"><em>Valeurs actuelles</em></span></a> et consacré à Heidegger. Professeur de philosophie et essayiste, Robert Redeker a récemment publié <a href="http://metapoinfos.hautetfort.com/archive/2014/01/17/le-soldat-impossible-5274567.html"><span style="color: #99cc00;"><em>Le soldat impossible</em></span></a> (Pierre-Guillaume de Roux, 2014).</span></strong></span></p><p style="text-align: left;"><span style="color: #ff6600;"><strong><span style="font-size: small; font-family: arial,helvetica,sans-serif;">Heidegger et les antinazis de papier </span></strong></span></p><div class="field field-name-body field-type-text-with-summary field-label-hidden"><div class="field-items"><strong><span style="font-size: small; font-family: arial,helvetica,sans-serif; color: #c0c0c0;"><img id="media-4761454" style="float: left; margin: 0.2em 1.4em 0.7em 0;" title="" src="http://euro-synergies.hautetfort.com/media/02/01/298955086.jpg" alt="1097_140401_emmanuel_philo.jpg" />À nouveau l’affaire Heidegger occupe les gazettes ! Cette histoire, répétée tous les dix ans, du nazisme de Heidegger — dont témoigne le livre de Peter Trawny, <em>Heidegger et l’Antisémitisme </em>(Seuil) <em>— </em>est un marronnier destiné à amuser ceux qui ne s’intéressent pas à Heidegger, qui ne le lisent ni ne le travaillent, ni ne travaillent avec lui. On ne voit pas quel est son intérêt, à part céder à la mode grotesque mais payante de l’antifascisme policier. Une fois que l’on a dit que l’homme Heidegger était nazi, on n’a rien dit du tout ! Ce n’est pas l’homme Heidegger dans son entier qui était nazi, encore moins le philosophe Heidegger, mais le particulier Martin Heidegger, à certains moments de son existence. Heidegger n’était pas “un” nazi, il était par moments nazi. L’article un est ici d’une importance capitale. </span></strong><div class="field-item even"><p style="text-align: left;"><strong><span style="font-size: small; font-family: arial,helvetica,sans-serif; color: #c0c0c0;">Quant à l’oeuvre philosophique de Heidegger, elle est simplement la plus géniale du XXe siècle, et de loin. Elle est par endroits, elle aussi, “dangereuse”. </span></strong></p><p style="text-align: left;"><strong><span style="font-size: small; font-family: arial,helvetica,sans-serif; color: #c0c0c0;">L’antiheideggérianisme de trop nombreux journalistes et de quelques philosophes en mal de succès est un antinazisme facile, un antinazisme de papier, qui, certes, pour les meilleurs, s’appuie sur une lecture du maître de Messkirch, sans s’accompagner néanmoins d’une méditation de cette pensée.</span></strong></p><p style="text-align: left;"><strong><span style="font-size: small; font-family: arial,helvetica,sans-serif; color: #c0c0c0;">Le présupposé des commissaires du peuple ne laisse pas d’être inquiétant : les lecteurs de Heidegger sont des nazis en puissance, autrement dit ce sont des demeurés capables de se laisser contaminer ! Les chiens de garde chassant en meute Heidegger militent avec le même présupposé méprisant quand il s’agit de Céline, de Schmitt, de Jünger et d’Evola. (Carl Schmitt et Julius Evola, voire René Guénon et Ezra Pound sont des auteurs qui demandent de grands efforts à l’intelligence : le présupposé des policiers de la pensée tombe dès lors à côté de la plaque.)</span></strong></p><p style="text-align: left;"><strong><span style="font-size: small; font-family: arial,helvetica,sans-serif; color: #c0c0c0;">Les vrais lecteurs de Heidegger savent que cette propagande facile s’attaque à un monstre qu’elle fabrique elle-même, <em>« le sozi de Heidegger »</em>, selon la fine invention lexicale de Michel Deguy. Cette notion de “sozi”, amalgame sémantique de “sosie” et de “nazi”, est heuristique, conservant une valeur descriptive s’étendant bien au-delà du mauvais procès intenté au philosophe allemand. Elle est un analyseur de la <em>reductio ad hitlerum </em>appliquée aux auteurs que l’on veut frapper d’expulsion du champ de la pensée. Leo Strauss a pointé les dangers pour la vérité de la <em>reductio ad hitlerum</em> : <em>« Nous devrons éviter l’erreur, si souvent commise ces dernières années, de substituer à la réduction </em>ad absurdum <em>la réduction </em>ad hitlerum<em>. Que Hitler ait partagé une opinion ne suffit pas à la réfuter. »</em></span></strong></p><p style="text-align: left;"><strong><span style="font-size: small; font-family: arial,helvetica,sans-serif; color: #c0c0c0;">Une question s’impose : et si le prétendu nazisme de Heidegger fonctionnait un peu comme l’éloge de Manu, de la société de caste, de la chevalerie germanique, chez Nietzsche, c’est-à-dire comme une machinerie “inactuelle” destinée à exhiber autant qu’abattre “l’actuel”, le dernier homme, l’homme planétaire-démocratique ? Peut-être est-ce une stratégie philosophique de ce type-là qui se joue dans le prétendu nazisme de Heidegger ? Dans ce cas, ce qui paraît inacceptable chez Heidegger aux lecteurs superficiels, aux commissaires politiques de la vertu et au gros animal (l’opinion publique) acquiert le même statut philosophique que ce qui paraît inacceptable chez Nietzsche. Nos antinazis de papier — épurateurs de culture qui se comportent, en voulant exclure les ouvrages de Heidegger des programmes du baccalauréat et de l’agrégation, comme les destructeurs des bouddhas de Bâmyân — s’en rendront- ils compte ?</span></strong></p><p style="text-align: left;"><strong><span style="font-size: small; font-family: arial,helvetica,sans-serif; color: #c0c0c0;">Robert Redeker (Valeurs actuelles, 12 novembre 2014)</span></strong></p></div></div></div>
Zedhttp://metapoinfos.hautetfort.com/about.htmlHeidegger et les antinazis de papier...tag:metapoinfos.hautetfort.com,2014-11-15:54893742014-11-15T10:00:00+01:002014-11-15T10:00:00+01:00 Vous pouvez découvrir ci-dessous un point de vue de Robert Redeker ,...
<p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;"> Vous pouvez découvrir ci-dessous un point de vue de <strong>Robert Redeker</strong>, cueilli sur le site de <a href="http://www.valeursactuelles.com/"><em>Valeurs actuelles</em></a> et consacré à Heidegger. Professeur de philosophie et essayiste, Robert Redeker a récemment publié <a href="http://metapoinfos.hautetfort.com/archive/2014/01/17/le-soldat-impossible-5274567.html"><strong><em>Le soldat impossible</em></strong></a> (Pierre-Guillaume de Roux, 2014).</span></p><p> </p><p style="text-align: center;"><img id="media-4759647" style="margin: 0.7em 0;" title="" src="http://metapoinfos.hautetfort.com/media/00/00/1285136146.jpg" alt="Heidegger 1934.jpg" width="420" height="454" /></p><blockquote><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: medium;"><strong>Heidegger et les antinazis de papier</strong></span></p></blockquote><div class="field field-name-body field-type-text-with-summary field-label-hidden"><div class="field-items"><div class="field-item even"><blockquote><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;">À nouveau l’affaire Heidegger occupe les gazettes ! Cette histoire, répétée tous les dix ans, du nazisme de Heidegger — dont témoigne le livre de Peter Trawny, <em>Heidegger et l’Antisémitisme </em>(Seuil) <em>— </em>est un marronnier destiné à amuser ceux qui ne s’intéressent pas à Heidegger, qui ne le lisent ni ne le travaillent, ni ne travaillent avec lui. On ne voit pas quel est son intérêt, à part céder à la mode grotesque mais payante de l’antifascisme policier. Une fois que l’on a dit que l’homme Heidegger était nazi, on n’a rien dit du tout ! Ce n’est pas l’homme Heidegger dans son entier qui était nazi, encore moins le philosophe Heidegger, mais le particulier Martin Heidegger, à certains moments de son existence. Heidegger n’était pas “un” nazi, il était par moments nazi. L’article un est ici d’une importance capitale.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;">Quant à l’oeuvre philosophique de Heidegger, elle est simplement la plus géniale du XXe siècle, et de loin. Elle est par endroits, elle aussi, “dangereuse”. L’antiheideggérianisme de trop nombreux journalistes et de quelques philosophes en mal de succès est un antinazisme facile, un antinazisme de papier, qui, certes, pour les meilleurs, s’appuie sur une lecture du maître de Messkirch, sans s’accompagner néanmoins d’une méditation de cette pensée.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;">Le présupposé des commissaires du peuple ne laisse pas d’être inquiétant : les lecteurs de Heidegger sont des nazis en puissance, autrement dit ce sont des demeurés capables de se laisser contaminer ! Les chiens de garde chassant en meute Heidegger militent avec le même présupposé méprisant quand il s’agit de Céline, de Schmitt, de Jünger et d’Evola. (Carl Schmitt et Julius Evola, voire René Guénon et Ezra Pound sont des auteurs qui demandent de grands efforts à l’intelligence : le présupposé des policiers de la pensée tombe dès lors à côté de la plaque.)</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;">Les vrais lecteurs de Heidegger savent que cette propagande facile s’attaque à un monstre qu’elle fabrique elle-même, <em>« le sozi de Heidegger »</em>, selon la fine invention lexicale de Michel Deguy. Cette notion de “sozi”, amalgame sémantique de “sosie” et de “nazi”, est heuristique, conservant une valeur descriptive s’étendant bien au-delà du mauvais procès intenté au philosophe allemand. Elle est un analyseur de la <em>reductio ad hitlerum </em>appliquée aux auteurs que l’on veut frapper d’expulsion du champ de la pensée. Leo Strauss a pointé les dangers pour la vérité de la <em>reductio ad hitlerum</em> : <em>« Nous devrons éviter l’erreur, si souvent commise ces dernières années, de substituer à la réduction </em>ad absurdum <em>la réduction </em>ad hitlerum<em>. Que Hitler ait partagé une opinion ne suffit pas à la réfuter. »</em></span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;">Une question s’impose : et si le prétendu nazisme de Heidegger fonctionnait un peu comme l’éloge de Manu, de la société de caste, de la chevalerie germanique, chez Nietzsche, c’est-à-dire comme une machinerie “inactuelle” destinée à exhiber autant qu’abattre “l’actuel”, le dernier homme, l’homme planétaire-démocratique ? Peut-être est-ce une stratégie philosophique de ce type-là qui se joue dans le prétendu nazisme de Heidegger ? Dans ce cas, ce qui paraît inacceptable chez Heidegger aux lecteurs superficiels, aux commissaires politiques de la vertu et au gros animal (l’opinion publique) acquiert le même statut philosophique que ce qui paraît inacceptable chez Nietzsche. Nos antinazis de papier — épurateurs de culture qui se comportent, en voulant exclure les ouvrages de Heidegger des programmes du baccalauréat et de l’agrégation, comme les destructeurs des bouddhas de Bâmyân — s’en rendront- ils compte ?</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;"><strong>Robert Redeker</strong> (Valeurs actuelles, 12 novembre 2014)</span></p></blockquote></div></div></div>
Jacques-Emile Mirielhttp://jemiriel.hautetfort.com/about.htmlL'antisémitisme de Heidegger ?tag:jemiriel.hautetfort.com,2014-09-29:54573632014-09-29T11:33:00+02:002014-09-29T11:33:00+02:00 Que Heidegger ait été nazi, c'est ce qui avait été confirmé...
<p style="text-align: left;"><img id="media-4706030" style="margin: 0.7em 0;" title="" src="http://jemiriel.hautetfort.com/media/01/02/4106792291.jpg" alt="trawny 3.jpg" /></p><p style="text-align: left;"> Que Heidegger ait été nazi, c'est ce qui avait été confirmé en 1987 par Victor Farias dans son ouvrage retentissant <em>Heidegger et le nazisme.</em> Un doute subsistait néanmoins quant à la profondeur de cet engagement du philosophe, et de ses véritables conséquences sur sa philosophie. Certains dès lors ont rejeté Heidegger, comme d'autres ont voulu l'absoudre — ces derniers affirmant qu'il n'avait jamais été antisémite. Or, c'est exactement ce que vient contredire la parution en Allemagne des <em>Cahiers noirs</em>, dont Heidegger avait décidé la publication posthume, et qui comportent certains passages à connotation plus qu'antisémite. L'événement est d'importance, car il pourrait de ce fait remettre complètement en cause la réception de l'œuvre de Heidegger parmi les philosophes, et en tout cas parmi ses lecteurs. <em>Les Cahiers noirs</em> seront bientôt publiés en français, mais déjà nous disposons du commentaire écrit par Peter Trawny <em>(photo)</em> à propos de cette affaire. Peter Trawny est le Directeur de l'Institut Martin Heidegger, et responsable de la publication en Allemagne des <em>Cahiers noirs.</em> Certains ont avancé qu'il n'allait pas, dans ce livre, jusqu'à condamner totalement Heidegger, qu'il essayait encore de le défendre en relativisant notamment la portée des fragments antisémites. Je ne suis pas de cet avis. Tout ce que cite et développe Peter Trawny est confondant, malheureusement. Il ne s'agit pas d'<em>achever </em>Heidegger ; mais un exposé objectif de ce qu'on trouve dans <em>Les Cahiers noirs </em>indique tout de suite le degré d'antisémitisme irrécupérable de sa pensée, qui en restera désormais marquée de manière indélébile. La philosophie de Heidegger s'inscrit à plein dans une certaine idéologie conservatrice de son époque. Elle apparaît bien comme un effort désespéré de pérenniser cette idéologie, et de lui donner des fondements tangibles. De fait, ceci n'est pas vraiment une surprise pour ceux qui ont lu attentivement l'auteur de <em>Sein und Zeit.</em> Tout était écrit, dans différents textes, sous le langage technique de la philosophie, qu'il suffisait de décrypter. N'est-ce pas à quoi avait procédé un Jacques Derrida, par exemple, qui en 1987 avait fait paraître un livre majeur sur Heidegger, <em>De l'esprit</em>, sous-titré de manière fort significative : "Heidegger et la question" ? Je dirai pour conclure qu'on lira encore Heidegger dans l'avenir. Il fut, il reste toujours un "grand" philosophe. Mais sa pensée ne pourra plus être désormais pour quiconque une pierre de touche. C'est une pensée contaminée, qui accompagne l'écroulement d'un monde. Et ainsi que l'écrivait, à propos du concept d'esprit, non sans l'ambiguïté requise, Jacques Derrida dans le même livre, parlant de ce Heidegger-là : "Ce qu'il a fait ou écrit, lui, est-ce pire ? Où est le pire ? voilà peut-être la question <em>de l'esprit.</em>"</p><p style="text-align: left;"><span style="font-size: xx-small;">Peter Trawny, <em>Heidegger et l'antisémitisme</em>. Sur les "Cahiers noirs". Traduit de l'allemand par Julia Christ et Jean-Claude Monod. Ed. du Seuil, 2014.</span></p><p style="text-align: left;"><span style="font-size: xx-small;">Jacques Derrida, <em>De l'esprit</em>. Heidegger et la question. Ed. Galilée, 1987.</span></p>
Ratatoskhttp://euro-synergies.hautetfort.com/about.htmlJonathan Bowden: Heideggertag:euro-synergies.hautetfort.com,2014-09-29:54556032014-09-29T00:05:00+02:002014-09-29T00:05:00+02:00 Martin Heidegger By Jonathan Bowden Ex:...
<p id="BlogTitle" style="text-align: left;"><span style="font-family: arial black,avant garde; font-size: xx-large; color: #ff6600;"><strong>Martin Heidegger</strong></span></p><p id="BlogDate" style="text-align: left;"><span style="font-family: arial black,avant garde; font-size: large;"><strong><span style="color: #c0c0c0;">By <span style="text-decoration: underline;">Jonathan Bowden</span> </span></strong></span></p><p style="text-align: left;"><span style="font-family: arial black,avant garde; font-size: large;"><strong><span style="color: #c0c0c0;">Ex: http://www.counter-currents.com </span></strong></span></p><div id="BlogContent" style="text-align: left;"><p style="padding-left: 30px;"><strong><span style="font-family: arial,helvetica,sans-serif; font-size: small; color: #c0c0c0;"><a href="http://cdn.counter-currents.com/wp-content/uploads/2014/09/heidegger-crop.jpg" rel="external"><span style="color: #c0c0c0;"><img class="alignright size-medium wp-image-49834" style="float: right;" src="http://cdn.counter-currents.com/wp-content/uploads/2014/09/heidegger-crop-260x195.jpg" alt="heidegger-crop" width="260" height="195" /></span></a> Editor’s Note:</span></strong></p><p style="padding-left: 30px;"><strong><span style="font-family: arial,helvetica,sans-serif; font-size: small; color: #c0c0c0;"><span style="color: #99cc00;">The following text is a transcript of Jonathan Bowden’s lecture on Martin Heidegger at the 6th New Right Meeting in London on February 18, 2006. You can listen at YouTube <a href="http://www.youtube.com/watch?v=R2H2xSluh-o" rel="external"><span style="color: #99cc00;">here</span></a> <sup>[2]</sup>. If you can make out the passage marked unintelligible, please post a comment below. </span> </span></strong></p><p style="padding-left: 30px;"><strong><span style="font-size: small; font-family: arial,helvetica,sans-serif; color: #c0c0c0;">In truth, this is not one of Jonathan’s best lectures, but even Heidegger experts would be hard pressed to deliver a good introduction in one hour. It is, in particular, highly misleading to characterize Heidegger as an “essentialist.” But Jonathan means simply the belief that reality that exists “outside” and “before” the existence of the mind. And indeed, Heidegger so strongly believed this that he rejected even Platonic essentialism as implicitly subjectivist, because it posiys that ultimate reality consists of entities that satisfy our quest for certainty, thus conceiving the world based on the needs of the human subject. </span></strong></p><p><strong><span style="font-size: small; font-family: arial,helvetica,sans-serif; color: #c0c0c0;">Martin Heidegger: this talk in some respects is incredibly difficult, because I remember when the elitist Jewish academic George Steiner was asked to do the <em>Fontana Modern Masters</em> on Heidegger, it was because a long series of Oxbridge academics couldn’t do it. They basically couldn’t reduce the extraordinary complexity of, in particular this work, <em>Being and Time</em>, to 100 pages. Because <em>Fontana Modern Masters</em>, as you know, is a students’ sort of “cheat” primer, the sort of thing that people look up on the internet now. And to reduce Heidegger to that is slightly ridiculous. But you also have to provide a sort of middling and upper-middling foregrounding for people to come into the theory anyway, otherwise they’ll be at sea.</span></strong></p><p><strong><span style="font-size: small; font-family: arial,helvetica,sans-serif; color: #c0c0c0;">Now, what people do when they write <em>Times Literary Supplement</em>, never mind <em>Sunday Times</em>, articles about somebody like Heidegger is they basically talk about his politics; they talk about whether or not he had a mistress; they talk about his early Catholicism; they talk about wraparound and biographical matters, because the theory is amongst the most difficult metaphysical theories written in the last century.</span></strong></p><p><strong><span style="font-size: small; font-family: arial,helvetica,sans-serif; color: #c0c0c0;">Probably Adorno and Sartre on the ultra-Left—both of whom cross over with certain areas that Heidegger was concerned with, Sartre, biographically never mind anything else—and Heidegger are amongst the most complicated theorists that one can ever imagine. So, before we start on this talk we have to look at what’s happened to Western philosophy in the last hundred years.</span></strong></p><p><strong><span style="font-size: small; font-family: arial,helvetica,sans-serif; color: #c0c0c0;">Now, for those who read their philosophy at tertiary level in our universities—and tertiary education has been so degraded in many respects through egalitarian discourse that it’s almost meaningless, but for those who do—they know that there are two great clusters in Western academic philosophy: so-called Anglo-American philosophy, and so-called, but essentially actual, European and Continental philosophy.</span></strong></p><p><strong><span style="font-size: small; font-family: arial,helvetica,sans-serif; color: #c0c0c0;">We grow up, whether we like it or not—because even the Tony Blairs of this world are actually subliminally influenced by these ideas—in an empirical, naturalist, factually-oriented, slightly anti-theoretical current which comes from our alleged and <em>soi-disant</em> Enlightenment. And we come out of essentially an anti-theoretical and an anti-metaphysical discourse which is why something as unbelievably <em>outré</em> as this is literally outside of British and Anglo-concentric thinking in all sorts of ways. For a long time it was said that <em>Being and Time</em> would be untranslatable, and it wasn’t translated until ’62. And don’t forget, the book was written in the ’20s. And it’s translated by two academics, so it’s sort of two-for-one, with Blackwells, a sort of generalized Oxbridge publisher.</span></strong></p><p><strong><span style="font-size: small; font-family: arial,helvetica,sans-serif; color: #c0c0c0;">Now, what is Continental philosophy trying to do, and why does Anglo-American philosophy think it’s meaningless? Because these are questions that <em>can’t be answered</em> and therefore shouldn’t even be asked, in a Bertrand Russell and Wittgensteinian way of looking at things. Basically, Heidegger is trying, through semi-atheistic and allegedly secular discourse, to arrive at certain ultimate spiritual truths grounded in pure philosophy, and in pure thinking about thinking, even thinking about the thinking of thinking. And he is trying to prove certain cardinal things that, in many ways, gifted adolescents ask, but often as they atrophy into adulthood and early maturity they fall away from. Most people ask, “What’s life for?,” “Is there a God?,” “Is there ultimate purpose?,” “What is death about?,” “Will anything happen to me that can be acknowledged as existing before I die that impinges upon this cardinal event?,” “Why are most people completely oblivious to these issues and are terrified and often in a state of mild anxiety if they come up in general discourse?”</span></strong></p><p><strong><span style="font-size: small; font-family: arial,helvetica,sans-serif; color: #c0c0c0;">Now, Heidegger is trying to reach <em>real conclusions</em>, grounded philosophical conclusions, about these cardinal matters. Because he believed that Western metaphysics—and this is an incredibly arrogant statement really—that Western metaphysics had gone wrong for 2500 years of falsity and inauthenticity in relation to the primal nature of Being, which he believed is even a category within the notion of being which he calls Being-in-being.</span></strong></p><p><strong><span style="font-size: small; font-family: arial,helvetica,sans-serif; color: #c0c0c0;">Now, what’s “Being”? The “science” of Being in abstract philosophy is called ontology, and all of his work is about ontology. Now, this slogan behind me which Troy has kindly put up is, in part, a conceit because it says, “Martin Heidegger and Death’s Ontology.” Well you can’t really have an ontology of death, but you can have an ontology of life. But his whole point is to place life, as understood as concrete Being and as phenomenon, before death.</span></strong></p><p><strong><span style="font-size: small; font-family: arial,helvetica,sans-serif; color: #c0c0c0;">Heidegger is essentially a religious thinker, but he wants to route theoretical and theological energies through pure intellectuality. Why so? Because it is a way into intellectual understanding in the 20th century. Most of the cardinal ideas of the 20th century impinge upon him. And he was taught phenomenology at university by Edmund Husserl, to whom <em>Being and Time</em> is dedicated. In the sort of epigraph/frontal page he says, “Dedicated to Edmund Husserl in friendship and admiration. Black Forest 8th of April 1926.”</span></strong></p><p><strong><span style="font-size: small; font-family: arial,helvetica,sans-serif; color: #c0c0c0;">Now, many people, sort of undergraduates, people who go on Channel 4 documentaries, say that Martin Heidegger is an existentialist. And he influenced enormously that school, but in actual fact he is not an existentialist, hence the endless intellectual complication. He is as far removed as that, whilst being tangential to it, as one can possibly imagine. Now, he is a radical <em>essentialist</em> of the most primary and foundational form.</span></strong></p><p><strong><span style="font-size: small; font-family: arial,helvetica,sans-serif; color: #c0c0c0;">Most of the contemporary theory that’s influenced Western university professors and other intellectuals in the last 30 years is based on a particular type of existentialism which is designed, in a way, to get rid of this sort of material even before they start thinking. The idea is that existence is all there is, and existence foregrounds essence. There is no prior essence, there are no ontological variants which could be said to be true before us. Essentially, there is—put crudely and in <em>Sun</em> editorial terms if you can even describe Heidegger in such cultural proximities—they’re saying that God is not just dead, but was always dead and was always a mistake and even the admission of his existence or partial existence was based on a question that shouldn’t be asked, because it was epistemologically false even in the asking of it.</span></strong></p><p><strong><span style="font-size: small; font-family: arial,helvetica,sans-serif; color: #c0c0c0;">Epistemology is the science, or way, of understanding how one should think: thinking about thinking, if you like. Because in this type of thinking, before you have a thought you must, rather like a surgeon, make sure your tools are all right in order to operate. So you have to think about the thinking you’re going to initiate before you even start thinking.</span></strong></p><p><strong><span style="font-size: small; font-family: arial,helvetica,sans-serif; color: #c0c0c0;">Now, most Left-wing ideas are based upon the idea that we’re a <em>tabula rasa</em>, that we’re a sheet of paper, that you can write upon it as you want and as you will; that we’re the product of economics, or that we’re the product of social forces or interconnections of the two; there might be a bit of biology but it’s so mediated through socio-economic concerns that it’s lost sight of. Certainly, there are no prior truths to us and our existence. Hence Sartre’s famous essay which was designed to bring Leftist students, and a whole generation of them, many of whom are prominent in the media now and so on, in the Western world into a particular type of thinking. He wrote an essay called <em>Existentialism is a Humanism</em> because ultimately, in a sense, it is, although paradoxically there have been plenty of Right-wing existentialists.</span></strong></p><p><strong><span style="font-size: small; font-family: arial,helvetica,sans-serif; color: #c0c0c0;">They believe that existence precedes essence; essence is just an idea, is a ghost, is a spook in the machine, is that which is prior, is that which all modern theory rejected when the modern world replaced the medieval world. And in some respects, although it’s a very crude analysis, Heidegger is a super-charged modern who was a return of radically medieval ways of looking at the world; at meaning; at purpose; at will; and at existence in existence as clarified essence. So, in a way he is trying—scribbling away at this chalet he had, made of wood in the Black Forest— to confirm the existence of God, basically. That’s what he’s trying to do with this enormous amount of theory.</span></strong></p><p><strong><span style="font-size: small; font-family: arial,helvetica,sans-serif; color: #c0c0c0;">When post-structuralism, so-called, became the cardinal intellectual discourse of our universities, pretty much in the 1980s/1990s and subsequently, those theories are based upon the idea which radicalizes even the existentialist project of the ’50s and ’60s. And this is that there is no essential foundation to meaning. I remember a Marxist university professor I know quite well—he teaches at some upgraded poly which is now called a university in London—Malcolm Evans, who wrote a book about Shakespeare called <em>Signifying Nothing</em>, which is a quote from <em>Macbeth</em> of course, so there’s a clever interweaving of texts going on here. But he basically believes that essentialism is dangerous. Because of course, although your average Socialist Worker Party activist, and there’s few of them left, would even think in these terms, it is a totally rival and totally discontinuous and totally oppositional way of thinking. They believe, they begin with man in his predicament and the only way to get out of that predicament is to change one’s environment which creates the nature of that predicament.</span></strong></p><p><strong><span style="font-size: small; font-family: arial,helvetica,sans-serif; color: #c0c0c0;">Heidegger’s view is that everything is prior, everything is prior, and death is before you. And death, in accordance with essentially his religious nature, is what life is about. In other words, life is about preparing yourself for inexistence.</span></strong></p><p><strong><span style="font-size: small; font-family: arial,helvetica,sans-serif; color: #c0c0c0;">Now, one of the sort of comets that goes across this constellation which could be said to be Heidegger is Jean-Paul Sartre who did his thesis in Germany, partly during the Nazi period. Sartre, this rather sort of short-sighted ugly man, stooping around, running about, didn’t seem to know what was going on in Germany at this period. Indeed, there were circles of the Left in post-war France who held it against Sartre that he actually studied in Germany during this period, influenced by these sorts of ideas.</span></strong></p><p><strong><span style="font-size: small; font-family: arial,helvetica,sans-serif; color: #c0c0c0;">Now, Sartre takes these ideas in another direction. So, he doesn’t have a prior essence; that there are things like Beauty with a big “B,” Justice with a big “J,” Truth with a big “T,” and so on, that exist prior to man. He believes that everything is unknown prior to specific consciousness. But you authenticate yourself and the possibility of Being by confronting nothingness and filling the emptiness with volition, in his case by choosing to be an extreme Leftist. Life is utterly meaningless. But one chooses a course for one’s life and for one’s discourse.</span></strong></p><p><strong><span style="font-size: small; font-family: arial,helvetica,sans-serif; color: #c0c0c0;">And this led him to myopic apoliticism and moping around in German libraries in the 1930s through to Maoism, essentially, because he basically ended up in a sort of Maoist sect before he died in the 1970s. Something which, because Pol Pot of all people passed through some of those Parisian Salons in the 1970s, listening to people like Kristeva and these other post-structuralist theorists, has rather doomed Sartre in post-war and after his death terms, because you can’t claim existentialism as a humanism when one of your moral pupils turns out to be Pol Pot! That’s been a bit difficult, you see.</span></strong></p><p><strong><span style="font-size: small; font-family: arial,helvetica,sans-serif; color: #c0c0c0;">But you have this extraordinary radicalism in the examples of these two men: Sartre ends up with Mao (put crudely), and Heidegger ends up with Hitler. Because both of them, if you like, begin thinking cardinally about the values of our civilization which, when you think about it logically, would lead them to some of the most radical conclusions, socially, politically, and ideologically, which are possible.</span></strong></p><p><strong><span style="font-size: small; font-family: arial,helvetica,sans-serif; color: #c0c0c0;">Because this type of intellectuality—and I’m going to read certain sections of it because there is a pretension always to talking about people like Heidegger without dealing with what we’ll call the hard core; you’ve actually got to look at the material which is written in a sedentary way but is written, in a sense, in accordance with the notion of intellectual fury. It’s a belief that all of life and all of meaning can be revealed through mental processes, which I don’t believe is true, but it’s a heroic attempt to do this.</span></strong></p><p><strong><span style="font-size: small; font-family: arial,helvetica,sans-serif; color: #c0c0c0;">And this sort of language is virtually a system of thinking which has more relationship with artistic ways of describing things, actually. Because Heidegger’s theory is something that you have to experience. Here is a man dwelling upon ultimate questions of whether there is an essence in an essence, of what it means to be you, or this table, or anything that phenomenologically exists. Or, are there realms above us or beneath us or around us? And, how can you answer a moral question with an affirmative statement?</span></strong></p><p><strong><span style="font-size: small; font-family: arial,helvetica,sans-serif; color: #c0c0c0;">Wittgenstein’s point in <em>Tractatus</em> and after is that ultimately you can’t answer a morally affirmative statement because to do so is meaningless outside language, and language is all that exists, and language is given even only a partial meaning through context. There’s a famous and funny story of Wittgenstein where he’s ferociously berating an American visiting professor at Cambridge and he says, “You can’t make affirmative moral statements,” and he’s waving a poker in his face. And the university professor replies, “Here’s an affirmative moral statement: don’t wave pokers in the faces of visiting professors.” And Wittgenstein hurls the poker into the fire and storms out of the room in a rant.</span></strong></p><p><strong><span style="font-size: small; font-family: arial,helvetica,sans-serif; color: #c0c0c0;">But these attempts, abstract and very radical though they are, always, like Icarus in a sense, go up and then come down again. Because, mark my words, every politician and every pundit, no matter how low-level, no matter how 200 times beneath this sort of discourse they are, is actually replicating ideas that have come from somewhere and are going somewhere. The reason why—you know, you walk around London today—the world is as it is, is ideological in the broadest of senses. Because a man who has any sort of belief becomes the equivalent of 50 men in action. And Heidegger was a man
Zedhttp://metapoinfos.hautetfort.com/about.htmlSur l'euthanasie...tag:metapoinfos.hautetfort.com,2014-08-12:54254302014-08-12T12:00:00+02:002014-08-12T12:00:00+02:00 Nous reproduisons ci-dessous un point de vue d' Alain de Benoist , cueilli...
<p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;">Nous reproduisons ci-dessous un point de vue d'<strong>Alain de Benoist</strong>, cueilli sur <a href="http://www.bvoltaire.fr/"><em>Boulevard Voltaire</em></a> et consacré </span><span style="font-size: small;">au débat sur l'euthanasie...</span></p><p style="text-align: center;"><img id="media-4341755" style="margin: 0.7em 0;" title="" src="http://metapoinfos.hautetfort.com/media/02/01/2292600298.png" alt="alain de benoist,turbocapitalisme,hollande,taubira,révolution" width="266" height="299" /></p><p> </p><blockquote><p style="text-align: justify;"><strong><span style="font-size: medium;">Euthanasie : il vaudrait mieux abandonner le langage des droits…</span></strong></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;"><strong>Le débat sur l’euthanasie fait rage. Mais il y a plusieurs manières de mettre fin à ses jours. Demander au corps médical d’abréger les souffrances d’une longue maladie, se suicider par désespoir (dépressif profond), par sacrifice (kamikaze japonais) ou aspiration héroïque (Dominique Venner)… Comment y voir plus clair ?</strong></span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;">La frontière est parfois mince également entre la mort voulue (le suicide) et la mort acceptée (le martyre)… Mais pour y voir plus clair, il faut d’abord ne pas confondre suicide et euthanasie, même si cette dernière peut parfois prendre la forme d’un suicide assisté. À l’instar des Vieux Romains, je respecte et admet parfaitement le suicide, y compris le suicidé assisté, mais le problème de l’euthanasie va très au-delà dans la mesure où l’on peut se donner la mort quand on est en bonne santé, tandis que l’euthanasie (étymologiquement la « bonne mort ») a nécessairement trait à une fin d’existence déjà programmée.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;">C’est en tout cas un problème dont on ne peut sous-estimer l’importance, compte tenu de la finitude humaine. La seule chose dont chacun d’entre nous peut être sûr, c’est qu’il mourra : l’homme est cet être qui sait qu’il est « <em>être-vers-la-mort </em>» (Sein zum Tode), comme le dit dans <em>Etre et temps</em> Martin Heidegger, pour qui se savoir voué à la mort est la manière spécifiquement humaine d’assumer authentiquement ce que l’on possède en propre. La conscience de la mort ne relève en effet pas tant d’une anticipation prévisionnelle (puisque dès qu’un humain vient à la vie, il est déjà assez vieux pour mourir), mais d’une réflexion sur le sens même de l’existence stimulée par la possibilité toujours présente d’une mort indépassable. Cela dit, il n’y a pas besoin d’être philosophe pour s’en rendre compte ! D’après l’INED, il y aurait déjà en France près de trois mille euthanasies par an. La durée moyenne de la vie augmentant, on peut même s’attendre à une demande d’euthanasie de plus en plus forte.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;"><strong>Vous-même, que pensez-vous de cette fameuse question de la « fin de vie » ? </strong></span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;">Tous les sondages montrent qu’une immense majorité de Français (92 %) sont favorables à l’euthanasie active pour les personnes qui en font la demande et qui souffrent de « maladies insupportables et incurables », à commencer par eux-mêmes, ce que l’on a également pu constater dans les débats engendrés par toute une série de faits-divers et de procès retentissants. Je fais partie de cette majorité. Je pense que mettre fin dans des conditions paisibles à une vie qui s’achève sous une forme végétative ou dans des souffrances indescriptibles relève de la simple humanité. Et je pense aussi qu’il n’y a pas de plus grande preuve d’amour (ou d’amitié) que d’aider à mourir un proche qui l’a demandé. Personnellement, je ne souhaiterais pas être prolongé artificiellement si ma fin de vie devait s’accompagner d’un état végétatif ou de souffrances insupportables. En matière d’acharnement thérapeutique, il faut fixer des limites. Des limites que veulent justement abolir les adversaires de l’euthanasie (il ne doit pas y avoir pour eux de limite à l’acharnement thérapeutique), alors qu’ils invoquent la nécessité d’en respecter lorsqu’il s’agit de la PMA ou de la GPA. </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;">L’idéal est bien entendu qu’il y ait accord entre l’intéressé, ses proches et les médecins. Quand cela n’est pas possible, il peut au moins y avoir, en général, concertation entre les médecins et les proches. Mais il faut évidemment être attentif aux risques de dérapage, qui sont réels. À l’inverse, il faut aussi en finir avec les fantasmes (du style « on veut tuer tous les vieillards », on va mettre en place une « extermination programmée », etc.) que l’on agite d’autant plus volontiers que l’on n’a jamais été confronté personnellement à des situation douloureuses de ce genre. C’est la raison pour laquelle il faut bien légiférer, alors même que dans le passé ces choses-là se passaient souvent dans le secret des familles et la bienheureuse opacité des sociétés traditionnelles. Seule une législation adaptée peut permettre d’éviter au maximum les dérives ou les abus. La loi Leonetti (2005) n’est pas une mauvaise loi. Elle pourrait cependant être encore améliorée.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;"><strong>Chez les médecins, il y a ceux qui entendent « préserver la vie » à tout prix. Et d’autres qui estiment avoir quasiment droit de vie ou de mort sur leurs patients. N’existerait-il pas une voie médiane ?<br /> </strong></span><br /><span style="font-size: small;"> La voie la plus raisonnable est de ne pas raisonner dans l’absolu. On ne peut éluder un tel problème en s’abritant derrière de grands principes qui ne prennent pas en compte des situations concrètes qui sont toujours particulières, difficiles, tragiques, voire abominables. J’ai pour ma part le plus grand respect pour la vie, mais je ne la confonds pas avec ses formes les plus dégradées. Pour un être humain, « vivre » ce n’est pas seulement respirer ou avoir le cœur qui bat, c’est avoir conscience de son existence. Lorsqu’il n’y a plus de conscience (ou de possibilité de conscience), on ne « vit » déjà plus. Ce qui est remarquable, c’est que le débat autour de l’euthanasie montre clairement les limites du discours des droits, puisque ceux qui proclament le « droit à la vie » s’opposent à ceux qui en tiennent pour le « droit de mourir dans la dignité ». En ce domaine comme en beaucoup d’autres, il vaut décidément mieux abandonner le langage des droits.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;"><strong>Alain de Benoist</strong>, propos recueillis par Nicolas Gauthier (<em>Boulevard Voltaire</em>,</span> <span style="font-size: small;">19 juillet 2014)</span></p></blockquote>
Zedhttp://metapoinfos.hautetfort.com/about.htmlBioéthique, bio-économie, transhumanisme...tag:metapoinfos.hautetfort.com,2014-07-30:54194482014-07-30T12:00:00+02:002014-07-30T12:00:00+02:00 Le nouveau numéro de la revue Eléments (n°152, juillet -...
<p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;">Le nouveau numéro de la revue <strong><em>Eléments</em></strong> (n°152, juillet - septembre 2014) est disponible en kiosque.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;">Dans ce numéro estival, <strong>Pascal Esseyric</strong> et <strong>Patrick Péhèle</strong> nous offre un dossier sur le thème de la bioéthique avec des articles d'<strong>Yves Christen</strong> et deux entretiens, l'un avec <strong>Alain de Benoist</strong> et l'autre avec le sociologue <strong>Julien Damon</strong>. Dans le reste de de la revue, on trouvera un entretien avec <strong>Jean Bricmont</strong> ("La cause de la liberté d'expression"), un court dossier sur la polémique provoquée par la publication des <em>Carnets noirs</em> du philosophe Martin Heidegger, dans lequel on pourra lire un entretien avec son fils, et également des articles sur le jazz, sur les idées politiques de Socrate ou sur le dernier livre d'Hervé Juvin. Et on retrouvera la chronique cinéma de <strong>Ludovic Maubreuil</strong>, la Chronique d'une fin du monde sans importance de <strong>Xavier Eman</strong> et l'éditorial de <strong>Robert de Herte</strong> intitulé « Le "sociétal" contre le social ». </span> </p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;">Bonne lecture !</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;"><span><span><span><span><span><span><span><span>Vous pouvez commander ce numéro ou vous abonner sur le site de la revue : </span></span></span></span><a href="http://www.revue-elements.com"><span><span><span><span>http://www.revue-elements.com</span></span></span></span></a><span><span>. <br /></span></span></span></span></span></span></span></p><p style="text-align: justify;"> </p><p style="text-align: center;"><img id="media-4642609" style="margin: 0.7em 0;" title="" src="http://metapoinfos.hautetfort.com/media/00/00/3344220933.jpg" alt="Eléments 152.jpg" /></p><blockquote><p><span style="color: #262525;"><span style="font-size: large;"><strong>Éditorial </strong></span></span></p><p><span style="font-size: small;"><span style="color: #000000;">Le </span><span style="color: #262525;">«</span><span style="color: #000000;">soci</span><span style="color: #0a0808;">é</span><span style="color: #000000;">tal</span><span style="color: #262525;">» </span><span style="color: #000000;">cont</span><span style="color: #0a0808;">r</span><span style="color: #000000;">e </span><span style="color: #0a0808;">l</span><span style="color: #000000;">e soc</span><span style="color: #0a0808;">i</span><span style="color: #000000;">al </span><em><span style="color: #000000;">par Rober</span><span style="color: #0a0808;">t </span><span style="color: #000000;">d</span><span style="color: #0a0808;">e </span><span style="color: #000000;">Her</span><span style="color: #0a0808;">t</span></em><span style="color: #000000;"><em>e</em> <br /></span><span style="color: #0a0808;">F</span><span style="color: #000000;">or</span><span style="color: #0a0808;">u</span><span style="color: #000000;">m .</span><span style="color: #0a0808;">.</span><span style="color: #262525;">. </span></span></p><p><span style="color: #262525;"><span style="font-size: large;"><strong>L'entretien </strong></span></span></p><p><span style="font-size: small;"><span style="color: #0a0808;"><span style="font-size: small;">J</span></span><span style="color: #000000;"><span style="font-size: small;">e</span></span><span style="color: #0a0808;"><span style="font-size: small;">an </span></span><span style="color: #000000;"><span style="font-size: small;">B</span></span><span style="color: #0a0808;"><span style="font-size: small;">r</span></span><span style="color: #262525;"><span style="font-size: small;">i</span></span><span style="color: #000000;"><span style="font-size: small;">cmont </span></span><em><span style="color: #0a0808;">p</span><span style="color: #262525;">ropos </span><span style="color: #000000;">r</span><span style="color: #262525;">ec</span><span style="color: #0a0808;">u</span><span style="color: #262525;">e</span><span style="color: #000000;">ill</span><span style="color: #0a0808;">i</span></em><span style="color: #262525;"><em>s</em> <em>par Dav</em></span><em><span style="color: #535353;">i</span><span style="color: #262525;">d </span><span style="color: #000000;">L</span><span style="color: #535353;">'</span><span style="color: #000000;">E</span><span style="color: #0a0808;">p</span></em><span style="color: #262525;"><em>ée</em> </span></span></p><p><span style="color: #262525;"><span style="font-size: large;"><strong>Cartouches </strong></span></span></p><p><span style="font-size: small;"><span style="color: #000000;">L</span><span style="color: #262525;">'</span><span style="color: #0a0808;">a</span><span style="color: #000000;">ctualité des idées</span><span style="color: #262525;">, </span><span style="color: #000000;">des sciences</span><span style="color: #262525;">, </span><span style="color: #000000;">du cinéma</span><span style="color: #0a0808;">, </span><span style="color: #000000;">des arts et des lettres </span></span></p><p><span style="font-size: small;"><span style="color: #000000;">Antonin Arta</span><span style="color: #0a0808;">u</span><span style="color: #000000;">d</span><span style="color: #262525;">, </span><span style="color: #0a0808;">t</span><span style="color: #000000;">oujours ardoy</span><span style="color: #0a0808;">a</span><span style="color: #000000;">nt </span><em><span style="color: #0a0808;"><span style="font-size: small;">pa</span></span><span style="color: #000000;"><span style="font-size: small;">r L</span></span><span style="color: #262525;"><span style="font-size: small;">uc</span></span><span style="color: #0a0808;"><span style="font-size: small;">-</span></span><span style="color: #262525;"><span style="font-size: small;">O</span></span><span style="color: #0a0808;"><span style="font-size: small;">l</span></span><span style="color: #262525;"><span style="font-size: small;">ivier </span></span><span style="color: #0a0808;"><span style="font-size: small;">d</span></span><span style="color: #535353;"><span style="font-size: small;">'</span></span><span style="color: #0a0808;"><span style="font-size: small;">Al</span></span><span style="color: #262525;"><span style="font-size: small;">g</span></span><span style="color: #0a0808;"><span style="font-size: small;">a</span></span><span style="color: #262525;"><span style="font-size: small;">n</span></span><span style="color: #0a0808;"><span style="font-size: small;">g</span></span></em><span style="color: #262525;"><span style="font-size: small;"><em>e</em> <br /></span></span><span style="color: #000000;">Chronique cinéma </span><em><span style="color: #262525;"><span style="font-size: small;">pa</span></span><span style="color: #0a0808;"><span style="font-size: small;">r L</span></span><span style="color: #262525;"><span style="font-size: small;">u</span></span><span style="color: #0a0808;"><span style="font-size: small;">d</span></span><span style="color: #262525;"><span style="font-size: small;">ov</span></span><span style="color: #0a0808;"><span style="font-size: small;">i</span></span><span style="color: #262525;"><span style="font-size: small;">c Maubreui</span></span></em><span style="color: #535353;"><span style="font-size: small;"><em>l</em> </span></span></span></p><p><span style="font-size: small;"><span style="color: #000000;">Hervé Juvin</span><span style="color: #0a0808;">, </span><span style="color: #000000;">l</span><span style="color: #262525;">'</span><span style="color: #000000;">écologue des civilisatio</span><span style="color: #0a0808;">n</span><span style="color: #000000;">s </span><span style="color: #262525;"><span style="font-size: small;">par </span></span><span style="color: #0a0808;"><span style="font-size: small;">P</span></span><span style="color: #262525;"><span style="font-size: small;">ierre Bérard <br /></span></span><span style="color: #000000;">S</span><span style="color: #0a0808;">u</span><span style="color: #000000;">n Tz</span><span style="color: #0a0808;">u </span>à <span style="color: #000000;">Gr</span><span style="color: #0a0808;">a</span><span style="color: #000000;">velo</span><span style="color: #0a0808;">t</span><span style="color: #000000;">te </span><span style="color: #262525;"><span style="font-size: small;"><em>par Laurent Schang</em> </span></span></span></p><p><span style="font-size: small;"><span style="color: #000000;">Cinéma: Éloge de Jess Franco </span><em><span style="color: #262525;"><span style="font-size: small;">par </span></span><span style="color: #0a0808;"><span style="font-size: small;">Lu</span></span><span style="color: #262525;"><span style="font-size: small;">dovic Ma</span></span><span style="color: #0a0808;"><span style="font-size: small;">u</span></span><span style="color: #262525;"><span style="font-size: small;">breui</span></span><span style="color: #0a0808;"><span style="font-size: small;">l </span></span><span style="color: #262525;"><span style="font-size: small;">e</span></span><span style="color: #0a0808;"><span style="font-size: small;">t D</span></span><span style="color: #262525;"><span style="font-size: small;">av</span></span><span style="color: #535353;"><span style="font-size: small;">i</span></span><span style="color: #262525;"><span style="font-size: small;">d L</span></span><span style="color: #535353;"><span style="font-size: small;">'</span></span><span style="color: #0a0808;"><span style="font-size: small;">E</span></span></em><span style="color: #262525;"><span style="font-size: small;"><em>pée</em> <br /></span></span><span style="color: #000000;">Chronique d</span><span style="color: #262525;">'</span><span style="color: #000000;">une fin du monde sans importance </span><em><span style="color: #262525;"><span style="font-size: small;">par X</span></span><span style="color: #0a0808;"><span style="font-size: small;">a</span></span><span style="color: #262525;"><span style="font-size: small;">v</span></span><span style="color: #0a0808;"><span style="font-size: small;">i</span></span><span style="color: #262525;"><span style="font-size: small;">e</span></span><span style="color: #000000;"><span style="font-size: small;">r E</span></span><span style="color: #0a0808;"><span style="font-size: small;">m</span></span><span style="color: #262525;"><span style="font-size: small;">a</span></span></em><span style="color: #0a0808;"><span style="font-size: small;"><em>n</em> <br /></span></span><span style="color: #000000;">Sciences </span><em><span style="color: #0a0808;"><span style="font-size: small;">p</span></span><span style="color: #000000;"><span style="font-size: small;">a</span></span><span style="color: #0a0808;"><span style="font-size: small;">r Ba</span></span><span style="color: #262525;"><span style="font-size: small;">s</span></span><span style="color: #0a0808;"><span style="font-size: small;">ti</span></span><span style="color: #262525;"><span style="font-size: small;">en </span></span><span style="color: #0a0808;"><span style="font-size: small;">O</span></span><span style="color: #262525;"><span style="font-size: small;">'</span></span></em><span style="color: #0a0808;"><span style="font-size: small;"><em>Danieli</em> </span></span></span></p><p><span style="font-size: large;"><strong><span style="color: #262525;">L</span><span style="color: #0a0808;">e combat des </span><span style="color: #262525;">i</span><span style="color: #0a0808;">dées </span></strong></span></p><p><span style="font-size: small;"><span style="color: #000000;">Edga</span><span style="color: #0a0808;">r </span><span style="color: #000000;">Bérillon</span><span style="color: #262525;">, </span><span style="color: #000000;">la science au service du racisme </span><em><span style="color: #0a0808;"><span style="font-size: small;">par A</span></span><span style="color: #262525;"><span style="font-size: small;">la</span></span><span style="color: #0a0808;"><span style="font-size: small;">i</span></span><span style="color: #262525;"><span style="font-size: small;">n </span></span><span style="color: #0a0808;"><span style="font-size: small;">d</span></span><span style="color: #262525;"><span style="font-size: small;">e Be</span></span><span style="color: #0a0808;"><span style="font-size: small;">n</span></span><span style="color: #262525;"><span style="font-size: small;">o</span></span><span style="color: #000000;"><span style="font-size: small;">i</span></span><span style="color: #262525;"><span style="font-size: small;">s</span></span></em><span style="color: #0a0808;"><span style="font-size: small;"><em>t</em> <br /></span></span><span style="color: #000000;">Heidegge</span><span style="color: #0a0808;">r, </span><span style="color: #000000;">envers et contre tou</span><span style="color: #0a0808;">t </span><em><span style="color: #0a0808;"><span style="font-size: small;">p</span></span><span style="color: #262525;"><span style="font-size: small;">ar Jean de </span></span><span style="color: #0a0808;"><span style="font-size: small;">J</span></span><span style="color: #262525;"><span style="font-size: small;">ug</span></span><span style="color: #0a0808;"><span style="font-size: small;">a</span></span><span style="color: #535353;"><span style="font-size: small;">i</span></span><span style="color: #262525;"><span style="font-size: small;">nv</span></span><span style="color: #0a0808;"><span style="font-size: small;">i</span></span></em><span style="color: #262525;"><span style="font-size: small;"><em>lle</em> </span></span></span></p><p><span style="font-size: small;"><span style="color: #262525;">«</span><span style="color: #000000;">Le mot </span><span style="color: #262525;">"</span><span style="color: #000000;">judaïsme</span><span style="color: #262525;">" </span><span style="color: #000000;">n</span><span style="color: #262525;">'</span><span style="color: #000000;">est pas une insulte</span><span style="color: #262525;">» </span><em><span style="color: #0a0808;"><span style="font-size: small;">a</span></span><span style="color: #262525;"><span style="font-size: small;">vec Hermann </span></span><span style="color: #000000;"><span style="font-size: small;">H</span></span></em><span style="color: #262525;"><span style="font-size: small;"><em>eidegger</em> <br /></span></span><span style="color: #000000;">Les lumières crépusculaires d</span><span style="color: #0a0808;">'</span><span style="color: #000000;">Henri Dutilleux </span><em><span style="color: #262525;"><span style="font-size: small;">par Jean</span></span><span style="color: #000000;"><span style="font-size: small;">-</span></span><span style="color: #0a0808;"><span style="font-size: small;">F</span></span><span style="color: #262525;"><span style="font-size: small;">rançois </span></span><span style="color: #0a0808;"><span style="font-size: small;">G</span></span></em><span style="color: #262525;"><span style="font-size: small;"><em>autier</em> <br /></span></span><span style="color: #000000;">La France</span><span style="color: #262525;">, </span><span style="color: #000000;">fille aînée du jazz </span><em><span style="color: #262525;"><span style="font-size: small;">pa</span></span><span style="color: #0a0808;"><span style="font-size: small;">r J</span></span><span style="color: #262525;"><span style="font-size: small;">acques Aboucay</span></span></em><span style="color: #0a0808;"><span style="font-size: small;"><em>a</em> </span></span></span></p><p><span style="font-size: small;"><span style="color: #000000;">Duke Elling</span><span style="color: #0a0808;">t</span><span style="color: #000000;">on auss</span><span style="color: #0a0808;">i </span><span style="color: #000000;">important que Stravinski </span><em><span style="color: #0a0808;"><span style="font-size: small;">pa</span></span><span style="color: #000000;"><span style="font-size: small;">r </span></span><span style="color: #262525;"><span style="font-size: small;">Mic</span></span><span style="color: #0a0808;"><span style="font-size: small;">he</span></span><span style="color: #535353;"><span style="font-size: small;">l </span></span><span style="color: #262525;"><span style="font-size: small;">M</span></span><span style="color: #0a0808;"><span style="font-size: small;">arm</span></span><span style="color: #262525;"><span style="font-size: small;">i</span></span></em><span style="color: #0a0808;"><span style="font-size: small;"><em>n</em> <br /></span></span><span style="color: #000000;">Socrate contre la démocratie directe </span><em><span style="color: #262525;"><span style="font-size: small;">pa</span></span><span style="color: #0a0808;"><span style="font-size: small;">r Da</span></span><span style="color: #262525;"><span style="font-size: small;">v</span></span><span style="color: #0a0808;"><span style="font-size: small;">id </span></span><span style="color: #000000;"><span style="font-size: small;">L</span></span><span style="color: #262525;"><span style="font-size: small;">'</span></span><span style="color: #000000;"><span style="font-size: small;">É</span></span><span style="color: #262525;"><span style="font-size: small;">pé</span></span></em><span style="color: #0a0808;"><span style="font-size: small;"><em>e</em> </span></span></span></p><p><span style="font-family: Arial,sans-serif;"><span style="font-size: small;"><strong><span style="color: #262525;"><span style="font-family: Times New Roman,serif;"><span style="font-size: large;">D</span></span></span><span style="color: #0a0808;"><span style="font-family: Times New Roman,serif;"><span style="font-size: large;">ossier <br /></span></span></span><span style="color: #0a0808;">BIOÉTHIQUE </span></strong></span></span></p><p><span style="font-size: small;"><span style="color: #000000;">Du biomédical au biocap</span><span style="color: #0a0808;">i</span><span style="color: #000000;">ta</span><span style="color: #0a0808;">l </span><em><span style="color: #262525;"><span style="font-size: small;">a</span></span><span style="color: #0a0808;"><span style="font-size: small;">v</span></span><span style="color: #262525;"><span style="font-size: small;">ec Alai</span></span><span style="color: #0a0808;"><span style="font-size: small;">n </span></span><span style="color: #000000;"><span style="font-size: small;">d</span></span><span style="color: #262525;"><span style="font-size: small;">e </span></span><span style="color: #0a0808;"><span style="font-size: small;">B</span></span><span style="color: #262525;"><span style="font-size: small;">eno</span></span><span style="color: #0a0808;"><span style="font-size: small;">i</span></span><span style="color: #262525;"><span style="font-size: small;">s</span></span></em><span style="color: #0a0808;"><span style="font-size: small;"><em>t</em> </span></span></span></p><p><span style="font-size: small;"><span style="color: #000000;">Dits et non-dits de la révolution bioéthique </span><em><span style="color: #262525;"><span style="font-size: small;">par Yves Ch</span></span><span style="color: #0a0808;"><span style="font-size: small;">r</span></span><span style="color: #262525;"><span style="font-size: small;">iste</span></span></em><span style="color: #0a0808;"><span style="font-size: small;"><em>n</em> <br /></span></span><span style="color: #000000;">Les ambiguïtés du transhumanisme </span><span style="color: #262525;"><span style="font-size: small;"><em>par Yves Christen</em> </span></span></span></p><p><span style="font-size: small;"><span style="color: #000000;">Les métamorphoses de </span><span style="color: #0a0808;">l</span><span style="color: #000000;">a famille </span><em><span style="color: #262525;"><span style="fon
Zedhttp://metapoinfos.hautetfort.com/about.htmlTour d'horizon... (68)tag:metapoinfos.hautetfort.com,2014-05-18:53713412014-05-18T16:00:00+02:002014-05-18T16:00:00+02:00 Au sommaire cette semaine : - sur son site Paroles des Jours...
<p style="text-align: center;"><img id="media-4560304" style="margin: 0.7em 0;" title="" src="http://metapoinfos.hautetfort.com/media/00/02/967531875.jpg" alt="Kriegsmarine.jpg" /></p><blockquote><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;">Au sommaire cette semaine : </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;">- sur son site <em>Paroles des Jours</em>, <strong>Stéphane Zagdanski</strong> publie un texte consacré à Heidegger que le Monde lui a demandé au mois de mars mais qui n'a jamais été publié... </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;"><a href="http://parolesdesjours.free.fr/questionheidegger.pdf"><strong>Réflexions sur la question Heidegger</strong></a></span></p><p style="text-align: center;"><img id="media-4560309" style="margin: 0.7em 0;" title="" src="http://metapoinfos.hautetfort.com/media/02/00/3091493260.jpg" alt="heidegger.jpg" /></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;">- sur Polémia, un texte superbe, à méditer de <strong>Javier Portella</strong>, l'auteur de l'essai <a href="http://metapoinfos.hautetfort.com/archive/2012/02/25/les-esclaves-heureux-de-la-liberte.html"><strong><em>Les esclaves heureux de la liberté</em></strong></a>...</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;"><a href="http://www.polemia.com/wp-content/uploads/2014/04/Portella.K.pdf"><strong>Le projet d'un monde nouveau : pas de politique sans mystique</strong></a></span></p><p style="text-align: center;"><img id="media-4560321" style="margin: 0.7em 0;" title="" src="http://metapoinfos.hautetfort.com/media/01/01/3004037159.jpg" alt="Persée.jpg" /></p><p style="text-align: justify;"> </p></blockquote>
Zedhttp://metapoinfos.hautetfort.com/about.htmlLe chemin de l'étoile...tag:metapoinfos.hautetfort.com,2014-04-08:53410352014-04-08T16:00:00+02:002014-04-08T16:00:00+02:00 Les éditions du Grand Est publient cette semaine un ouvrage de Heinrich...
<p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;">Les éditions du Grand Est publient cette semaine un ouvrage de <em><strong>Heinrich Wiegand Petzet</strong></em> intitulé <strong><em>Le chemin de l'étoile - Rencontres et causeries avec Heidegger</em></strong>. Vous pouvez également découvrir la courte présentation qu'en fait François Fédier, grand défenseur et spécialiste du philosophe de Todtnauberg.</span></p><p> </p><p style="text-align: center;"><img id="media-4511050" style="margin: 0.7em 0;" title="" src="http://metapoinfos.hautetfort.com/media/00/02/1099503657.jpg" alt="Chemin de l'étoile.jpg" /></p><blockquote><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;">" « Votre livre, cher ami, est quelque chose d’absolument nouveau dans la littérature sur Heidegger pourtant déjà bien volumineuse. D’un mot : pour la première fois, on peut lire un livre où Heidegger lui-même apparaît sous la figure de l’ami. C’est dire qu’il ne s’agit ici ni d’un recueil d’anecdotes, ni d’une biographie au sens habituel du mot. Dans votre livre vient au jour ce que d’aucuns ont eu le privilège de voir de leurs yeux : l’être humain qu’était Martin Heidegger.» François Fédier </span></p><div style="margin: 0px; text-align: justify;"> </div><div style="margin: 0px; text-align: justify;"><span style="font-size: small;"> H.W Petzet fait en 1929 la connaissance de Martin Heidegger dont il devient l’ami et qu’il côtoie intimement jusqu’à sa mort. C’est au fil de ces rencontres et causeries avec le penseur qu’il a écrit son livre : « À partir de souvenirs qui englobent sur une période de presque un demi-siècle, en bordure de son chemin, des détails et des événements personnels, souvent même en apparence anecdotiques, et en leur associant des lettres, des notes, des transcriptions de conversations, il s’est agi de rassembler les différentes facettes du philosophe, notamment celles de son âge avancé. » " </span></div><p style="text-align: justify;"> </p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;"><iframe width="405" height="228" src="http://www.youtube.com/embed/BlKex61tbVA" frameborder="0" allowfullscreen=""></iframe></span></p></blockquote>
Ratatoskhttp://euro-synergies.hautetfort.com/about.htmlHeidegger’s Black Notebookstag:euro-synergies.hautetfort.com,2014-04-02:53336252014-04-02T00:01:00+02:002014-04-02T00:01:00+02:00 Heidegger’s Black Notebooks: The Diaries of a Dissident...
<p id="BlogTitle" style="text-align: left;"><span style="font-family: arial black, avant garde; color: #ff6600; font-size: xx-large;"><strong><img style="display: block; margin-left: auto; margin-right: auto;" src="http://www.klostermann.de/WebRoot/Store21/Shops/63574303/52CF/B7F1/05B6/5270/C308/C0A8/2ABA/F7CD/9783465038146.jpg" alt="" /></strong></span></p><p style="text-align: left;"><span style="font-family: arial black, avant garde; color: #ff6600; font-size: xx-large;"><strong>Heidegger’s Black Notebooks:</strong></span><br /><span style="font-family: arial black, avant garde; color: #ff6600; font-size: xx-large;"><strong>The Diaries of a Dissident National Socialist</strong></span></p><p id="BlogDate" style="text-align: left;"><span style="font-family: arial black, avant garde; font-size: large;"><strong><span style="color: #c0c0c0;">By <span style="text-decoration: underline;">Greg Johnson</span> </span></strong></span></p><p style="text-align: left;"><span style="font-family: arial black, avant garde; font-size: large;"><strong><span style="color: #c0c0c0;">Ex: <a href="http://www.counter-currents.com/">http://www.counter-currents.com</a></span></strong></span></p><p style="text-align: left;"><strong><span style="font-family: arial, helvetica, sans-serif; color: #c0c0c0; font-size: small;">In December of 2013, the German and French press began reporting that Martin Heidegger’s so-called <em>Black Notebooks</em> (<em>Schwartze Hefte</em>), forthcoming as volumes 94 to 96 of his Gesamtausgabe (Complete Edition), contain passages that constitute an anti-Semitic “smoking gun” (or maybe just a <a href="http://www.fpp.co.uk/Auschwitz/docs/fake/SWCsmokeFake.html" rel="external"><span style="color: #c0c0c0;">smoking chimney</span></a> <sup>[2]</sup>).</span></strong></p><div id="BlogContent" style="text-align: left;"><p><strong><span style="font-family: arial, helvetica, sans-serif; color: #c0c0c0; font-size: small;">On Monday, March 3, I received the first volume of the <em>Black Notebooks</em>, more than 500 pages written from 1931 to 1938. The second and third volumes, which have just been released and are in transit, contain writings from 1939 to ’40 and 1940 to ’41. All told, the three volumes contain more than 1,200 pages of Heidegger’s most private philosophical musings, the seeds of many of his contemporary and later lectures and writings.</span></strong></p><p><strong><span style="font-family: arial, helvetica, sans-serif; color: #c0c0c0; font-size: small;">It turns out that the passages in which Heidegger discusses Jews are found in the second and third volumes of the <em>Black Notebooks</em> (as well as in volume 97 of the Gesamtausgabe). Professor Peter Trawny, the editor of the <em>Black Notebooks</em>, has also written a small volume, <em>Heidegger und der Mythos der jüdischen Weltverschwörung</em> (<em>Heidegger and the Myth of the Jewish World Conspiracy</em>), which is due out this spring and which quotes and discusses the passages on Jews from volumes 95 to 97.</span></strong></p><p><strong><span style="font-family: arial, helvetica, sans-serif; color: #c0c0c0; font-size: small;">I will read and review these books in good time, but based on the quotes leaked so far, I predict that these passages will do little harm to Heidegger’s philosophical reputation.</span></strong></p><p><strong><span style="font-family: arial, helvetica, sans-serif; color: #c0c0c0; font-size: small;">Heidegger is still the most influential philosopher of the 20th century, despite the fact that it has long been known that he joined the National Socialist German Workers Party in 1933 and remained a member until 1945. It has, moreover, long been known that Heidegger spoke against the “Jewification of German intellectual life” (<em>Verjudung des deutschen Geisteslebens</em>). But, we are told, Heidegger was only a “spiritual” or “cultural” anti-Semite rather than a racial one. Beyond that, Heidegger opposed displays of vulgar and petty anti-Semitism while he was Rector of the University of Freiburg. It is also cited in Heidegger’s defense that he cheated on his German wife with Hannah Arendt, who was Jewish, and with Elisabeth Blochmann, who was half-Jewish.</span></strong></p><dl class="largeImage"><dt><a class="image" href="http://www.deutschlandfunk.de/martin-heidegger-schwarze-hefte-mit-braunen-flecken.700.de.html?dram:article_id=280681"><img style="display: block; margin-left: auto; margin-right: auto;" src="http://www.deutschlandfunk.de/media/thumbs/c/ce92126ce45a71733e3813df5c353d56v1_max_440x330_b3535db83dc50e27c1bb1392364c95a2.jpg" alt="Undatierte Aufnahme des deutschen Philosophen Martin Heidegger (1889-1976)." /></a></dt></dl><p><strong><span style="font-family: arial, helvetica, sans-serif; color: #c0c0c0; font-size: small;">In sum, his defenders argue that Heidegger may have been a National Socialist, but he was never a particularly orthodox one, because the National Socialist ideology did not cohere with Heidegger’s own philosophy. And it is Heidegger’s philosophy that is of permanent importance, not his temporary dalliance with National Socialism.</span></strong></p><p><strong><span style="font-family: arial, helvetica, sans-serif; color: #c0c0c0; font-size: small;">Now, however, based on leaked lines from the <em>Black Notebooks </em>(that maybe amount to 1 or 2 pages out of 1,200), Heidegger’s detractors are claiming that this proves that anti-Semitism was not just a matter of “private insights” but that it is “<a href="http://chronicle.com/article/Release-of-Heidegger-s/144897/" rel="external"><span style="color: #c0c0c0;">tied to his philosophy</span></a> <sup>[3]</sup>,” indeed it is at the “<a href="http://www.theguardian.com/books/2014/mar/13/martin-heidegger-black-notebooks-reveal-nazi-ideology-antisemitism" rel="external"><span style="color: #c0c0c0;">core</span></a> <sup>[4]</sup>” of Heidegger’s thought, that Heidegger’s Nazi problem is “deeper” and “bigger” than had been thought, that this constitutes a “<a href="http://www.zeit.de/2014/01/heidegger-antisemitismus-nachlass-schwarze-hefte" rel="external"><span style="color: #c0c0c0;">debacle</span></a> <sup>[5]</sup>” for contemporary Continental philosophy, and that from now on, it will be “<a href="http://www.zeit.de/2014/01/heidegger-antisemitismus-nachlass-schwarze-hefte" rel="external"><span style="color: #c0c0c0;">hard to defend</span></a> <sup>[5]</sup>” Heidegger.</span></strong></p><p><strong><span style="font-family: arial, helvetica, sans-serif; color: #c0c0c0; font-size: small;">Of course we need to take this all with a grain of salt, since the sources of these comments are (1) Heidegger’s publishers, who, I believe, are cynically using this controversy — abetted by Heidegger’s gleeful detractors — to create advance publicity and sell books — and with great success, since before they were even released, the <em>Black Notebooks</em> were philosophical bestsellers on Amazon.de; (2) Heidegger’s editor Peter Trawny, who has a book of his own to sell; and (3) journalists who love controversies.</span></strong></p><p><strong><span style="font-family: arial, helvetica, sans-serif; color: #c0c0c0; font-size: small;">I predict that after Heidegger’s actual remarks and Trawny’s commentary are finally released, and hundreds of thousands of Euros have changed hands, and thousands of readers have weighed the evidence: (1) we will have learned some new details about Heidegger and the Jews but nothing that will alter the existing picture, (2) both Heidegger’s defenders and detractors will be confirmed in their existing opinions, and (3) and some observers of the intellectual hysteria and thuggery surrounding even a whisper of anti-Semitism might conclude that Jewish power and freedom of thought are incompatible. That conclusion certainly began dawning on me as I read my way through the last controversy about Heidegger and National Socialism, which was launched in 1987 by Victor Farias’ <em>Heidegger y el Nazismo</em>.</span></strong></p><p><strong><span style="font-family: arial, helvetica, sans-serif; color: #c0c0c0; font-size: small;">For what it’s worth, I think it is a mistake to frame the Heidegger-National Socialism question as a matter of whether National Socialism was “inside” or “outside” Heidegger’s philosophy. It is clear that Heidegger thought that National Socialism was “outside” his philosophy — or any philosophy, for that matter, i.e., that it was a movement containing many conflicting and confused intellectual strands.</span></strong></p><p><strong><span style="font-family: arial, helvetica, sans-serif; color: #c0c0c0; font-size: small;">The real issue is whether Heidegger thought that his philosophy could transform National Socialism into an intellectually coherent, philosophically grounded movement, a movement that understood its “inner truth and greatness” (as he put it in 1935), namely the confrontation of historical man with global technological civilization.</span></strong></p><p><strong><span style="font-family: arial, helvetica, sans-serif; color: #c0c0c0; font-size: small;">And the answer to this question is clearly: yes. Heidegger thought that his philosophy could provide the foundations for a kind of National Socialism — which is, by the way, one of the reasons for his enduring influence on the New Right.</span></strong></p><p><strong><span style="font-family: arial, helvetica, sans-serif; color: #c0c0c0; font-size: small;">Now it appears that Heidegger also turned his attention to the Jewish question. Again, it is a mistake to read too much into a few leaked lines, but we are told, for instance, that Heidegger speaks of Jews as “rootless” and “calculating,” which for Heidegger are general traits of modernity. But it is not yet clear whether Heidegger regarded Jews as the subjects or the objects of modernity, or both.</span></strong></p><p><strong><span style="font-family: arial, helvetica, sans-serif; color: #c0c0c0; font-size: small;">Heidegger apparently regarded Jews as hypocritical insofar as they live according to the principle of race (<em>Rasseprinzip</em>) but attack Germans for seeking to do the same. Heidegger also reportedly notes that Jews foment wars to advance their interests but are loath to shed their own blood.</span></strong></p><p><strong><span style="font-family: arial, helvetica, sans-serif; color: #c0c0c0; font-size: small;">Such remarks instantaneously transform modern liberal journalists into elderly Victorian spinsters, clutching invisible cameo brooches at their throats as their cheeks blanch (the original meaning of “appalled”) and all ratiocination is paralyzed by the vapors. But a quick comparison of <a href="http://www.theoccidentalobserver.net/category/jewish-attitudes-in-israel-versus-the-diaspora/" rel="external"><span style="color: #c0c0c0;">Jewish political preferences</span></a> <sup>[6]</sup> in the United States and Israel proves the hypocrisy charge, and a cursory knowledge of <a href="http://www.informationclearinghouse.info/article1438.htm" rel="external"><span style="color: #c0c0c0;">Jewish lobbying for the US to attack Iraq, Iran, and Syria</span></a> <sup>[7]</sup> proves the warmongering charge. Nothing, apparently, has changed.</span></strong></p><p><strong><span style="font-family: arial, helvetica, sans-serif; color: #c0c0c0; font-size: small;">In the initial reception of the <em>Black Notebooks</em> — as with everything else in European and American life — the tiny Jewish tail is wagging the dog. But when scholars turn their attention from a few sentences about Jews to the 1,200+ pages of other material in the <em>Black Notebooks</em>, the contrived controversy about anti-Semitism will be quickly forgotten. For, judging from the first volume, there are materials here of far greater importance.</span></strong></p><p><strong><span style="font-family: arial, helvetica, sans-serif; color: #c0c0c0; font-size: small;">For instance, in volume one, the second notebook (entitled Überlegungen und Winke [Reflections and Hints] III) begins in the fall of 1932 and runs through the spring of 1934, i.e., the entire period of Heidegger’s most intense political involvement with National Socialism and his Rectorship at the University of Freiburg. It is, in truth, the diary of a dissident National Socialist.</span></strong></p><p><strong><span style="font-family: arial, helvetica, sans-serif; color: #c0c0c0; font-size: small;">The opening words express high hopes: “A glorious awakening popular will stands in a great world darkness” (p. 109). Heidegger outlines plans for reforming the university system. But he had far greater ambitions than that, namely, to put National Socialism upon firm philosophical foundations, namely, his own philosophical foundations: ”The <em>metaphysics of Dasein</em> must according to its innermost structure deepen and broaden into a <em>metapolitics ‘of’ the historical people</em>” (p. 124).</span></strong></p><p><strong><span style="font-family: arial, helvetica, sans-serif; color: #c0c0c0; font-size: small;">Heidegger records his frustrations with”vulgar National Socialism” (p. 142) — a mass movement based in biological racism. He analyzes such basic concepts as the “people” (<em>Volk</em>), “socialism,” “wholeness” (<em>Ganzheit</em>), and the masses. He remarks that “National Socialism is a barbaric principle” (p. 194) and that “National Socialism in its present form is scarcely a ‘Worldview,’ and if it persists in its present ‘form’ can never become one” (p. 196).</span></strong></p><p><strong><span style="font-family: arial, helvetica, sans-serif; color: #c0c0c0; font-size: small;">Heidegger also records his frustration with the Rectorship, which eventually led to his resignation. On April 28, 1934, the day after his resignation was accepted, he writes “<em>The end of the Rectorate</em> . . . <em>Long live mediocrity and clamor [</em>Lärm<em>]!</em>” (p. 162). The final page is a confession of despair: “‘The Self-Assertion of the German University’ [the title of Heidegger's Rectoral Address] or — the small intermezzo in a great error” (p. 198). He foresees the complete absorption of the university by technical-instrumental modernity — and, by implication, the absorption of National Socialism itself, betraying its potential to offer a real alternative.</span></strong></p><p><strong><span style="font-family: arial, helvetica, sans-serif; color: #c0c0c0; font-size: small;">Scholars will be discussing these and other issues raised by the <em>Black Notebooks</em> long after the <em>Lärm </em>about anti-Semitism has died away.</span></strong></p><p><strong><span style="font-family: arial, helvetica, sans-serif; color: #c0c0c0; font-size: small;">Judging from the first volume, the <em>Black Notebooks</em> are where Heidegger initially drafted many of the ideas that characterize his later thinking. And, as with his lecture courses, they are expressed with great clarity and directness, poles apart from the contrived obscurity of many of the works he published in his lifetime, as well as posthumous works like <em>Contributions to Philosophy</em>, all of which read, as Flannery O’Connor put it, “like some evil incantation in gibberish” (“Good Country People”).</span></strong></p><p><strong><span style="font-family: arial, helvetica, sans-serif; color: #c0c0c0; font-size: small;">Heidegger stipulated that the <em>Black Notebooks</em> and related texts be published only at the end of this Complete Edition. I think he was saving the best for last.</span></strong></p></div><hr class="Divider" style="text-align: center;" /><p style="text-align: left;"><strong><span style="font-family: arial, helvetica, sans-serif; color: #c0c0c0; font-size: small;">Article printed from Counter-Currents Publishing: http://www.counter-currents.com</span></strong></p><p style="text-align: left;"><strong><span style="font-family: arial, helvetica, sans-serif; color: #c0c0c0; font-size: small;">URL to article: http://www.counter-currents.com/2014/03/heideggers-black-notebooks/</span></strong></p><p style="text-align: left;"><strong><span style="font-family: arial, helvetica, sans-serif; color: #c0c0c0; font-size: small;">URLs in this post: </span></strong></p><p style="text-align: left; margin: 2px 0px;"><strong><span style="font-family: arial, helvetica, sans-serif; color: #c0c0c0; font-size: small;">[1] Image: <span dir="ltr">http://www.counter-currents.com/wp-content/uploads/2014/03/Heiddeger.jpg</span></span></strong></p><p style="text-align: left; margin: 2px 0px;"><strong><span style="font-family: arial, helvetica, sans-serif; color: #c0c0c0; font-size: small;">[2] smoking chimney: <span dir="ltr">http://www.fpp.co.uk/Auschwitz/docs/fake/SWCsmokeFake.html</span></span></strong></p><p style="text-align: left; margin: 2px 0px;"><strong><span style="font-family: arial, helvetica, sans-serif; color: #c0c0c0; font-size: small;">[3] tied to his philosophy: <span dir="ltr">http://chronicle.com/article/Release-of-Heidegger-s/144897/</span></span></strong></p><p style="text-align: left; margin: 2px 0px;"><strong><span style="font-family: arial, helvetica, sans-serif; color: #c0c0c0; font-size: small;">[4] core: <span dir="ltr">http://www.theguardian.com/books/2014/mar/13/martin-heidegger-black-notebooks-reveal-nazi-ideology-antisemitism</span></span></strong></p><p style="text-align: left; margin: 2px 0px;"><strong><span style="font-family: arial, helvetica, sans-serif; color: #c0c0c0; font-size: small;">[5] debacle: <span dir="ltr">http://www.zeit.de/2014/01/heidegger-antisemitismus-nachlass-schwarze-hefte</span></span></strong></p><p style="text-align: left; margin: 2px 0px;"><strong><span style="font-family: arial, helvetica, sans-serif; color: #c0c0c0; font-size: small;">[6] Jewish political preferences: <span dir="ltr">http://www.theoccidentalobserver.net/category/jewish-attitudes-in-israel-versus-the-diaspora/</span></span></strong></p><p style="text-align: left; margin: 2px 0px;"><strong><span style="font-family: arial, helvetica, sans-serif; color: #c0c0c0; font-size: small;">[7] Jewish lobbying for the US to attack Iraq, Iran, and Syria: <span dir="ltr">http://www.informationclearinghouse.info/article1438.htm</span></span></strong></p>
Zedhttp://metapoinfos.hautetfort.com/about.htmlLa souveraineté numérique...tag:metapoinfos.hautetfort.com,2014-02-17:52980732014-02-17T16:00:00+01:002014-02-17T16:00:00+01:00 Les éditions Stock viennent de publier un essai de Pierre Bellanger...
<p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;">Les éditions Stock viennent de publier un essai de <strong>Pierre Bellanger</strong> intitulé <strong><em>La souveraineté numérique</em></strong>. Vous trouverez ci-dessous la critique stimulante que <strong>Guillaume Faye</strong> a fait de ce livre sur son blog <a href="http://www.gfaye.com/"><em>J'ai tout compris</em></a>.</span></p><p> </p><p style="text-align: center;"><img id="media-4441704" style="margin: 0.7em 0;" title="" src="http://metapoinfos.hautetfort.com/media/00/01/561347240.jpg" alt="Souveraineté numérique.jpg" /></p><p> </p><blockquote><p class="MsoNormal" style="text-align: justify;"><span style="font-size: medium;"><strong>Internet, la pieuvre américaine ?</strong></span></p><p class="MsoNormal" style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;">Le fondateur et directeur de Skyrock, Pierre Bellanger, par ailleurs créateur du premier réseau social français (skyrock.com), expert en Internet et analyste des médias, signe un nouveau livre, <em style="mso-bidi-font-style: normal;">La souveraineté numérique</em> (Stock, 253 p.), qui est probablement l’analyse la plus originale et fouillée de la Toile – et de son futur – parue à ce jour. Au rebours de l’optimisme béat souvent de mise en ces matières, la thèse de l’auteur fait froid dans le dos. Il faut citer ici intégralement la quatrième de couverture : <em style="mso-bidi-font-style: normal;">« la mondialisation a dévasté nos classes populaires. L’Internet va dévorer nos classes moyennes. La grande dépression que nous connaissons depuis cinq ans n’est qu’un modeste épisode en comparaison du cataclysme qui s’annonce. La France et l’Europe n’ont aucune maîtrise sur cette révolution. L’Internet et ses services sont contrôlés par les Américains. L’Internet siphonne nos emplois, nos données, nos vies privées, notre propriété intellectuelle, notre prospérité, notre fiscalité, notre souveraineté.</em></span></p><p class="MsoNormal" style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;"><em style="mso-bidi-font-style: normal;">Nous allons donc subir ce bouleversement qui mettra un terme à notre modèle social et économique. Y a-t-il pour nous une alternative ? Oui. »</em></span></p><p class="MsoNormal" style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;"> </span></p><p class="MsoNormal" style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;">Comparant le réseau Internet à l’espace océanique trans-frontières, l’auteur fait un parallèle entre la thalassocratie anglo-saxonne et l’hégémonie américaine sur la Toile planétaire. Sans oublier de préciser que la Chine, puissance ascendante et sans scrupules, est comme un pirate en embuscade. Les Européens et les Français restent bras ballants, renonçant à utiliser leur énorme potentiel économique, à le transformer en puissance, voire même à le protéger. Face à ce que l’auteur appelle le <em style="mso-bidi-font-style: normal;">« complexe militaro-numérique américain »</em>, l’Europe reste un nain, qui prend à peine conscience de ce qui lui arrive. Comme si nous ne savions pas que nous sommes au XXIe siècle et que le ”nomos de la Terre”, pour employer le concept schmittien, a changé de fond en comble. <strong style="mso-bidi-font-weight: normal;">(1)</strong> <br /></span></p><p class="MsoNormal" style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;">La question de la souveraineté numérique, de la maîtrise d’Internet, fait évidemment beaucoup de moins de <em style="mso-bidi-font-style: normal;">buzz</em> que des sujets nettement moins importants (je n’ai pas dit sans importance puisque j’en traite par ailleurs avec vigueur) tels que le mariage homo ou la théorie du genre.</span></p><p class="MsoNormal" style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;">Bellanger use d’un néologisme pertinent : les <em style="mso-bidi-font-style: normal;">« résogiciels »</em> c’est-à-dire les conglomérats numériques en réseaux qui tendent à maîtriser les processus et les flux économiques, d’amont en aval et inversement, pour l‘instant tous américains : Google, Apple, Amazon, etc. Espionnage, captation de toutes les données personnelles et collectives, maîtrise des leviers politico-économiques, contrôle des industries : la panoplie de puissance des géants américains de l’Internet, qui fonctionnent la main dans le main avec les super agences de renseignement et le Pentagone, ne cesse de croître, comme une vigne vierge ou une pieuvre. </span></p><p class="MsoNormal" style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;">La thèse de Bellanger est qu’il faut reconquérir une indépendance et une souveraineté abolies par l’Internet tel qu’il est aujourd’hui. Car pour lui, il ne s’agit pas de diaboliser Internet mais de se le réapproprier, d’y réintroduire des principes démocratiques mis à mal par une dérive orwelienne des maîtres américains oligopolistiques du web ; loin de fulminer avec rogne impuissante contre l’ ”impérialisme US”, l’auteur appelle à jouer le jeu de la vie, de la politique et de l’histoire, selon une logique au fond schumpeterienne : l’innovation compétitive et la reprise en mains de son destin en cessant d’accuser les autres par fulminations morales, coups d’épée dans l’océan. </span></p><p class="MsoNormal" style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;">En inventant le concept de <em style="mso-bidi-font-style: normal;">« souveraineté numérique »</em>, Bellanger fait avancer la science politique en ce qu’il est le premier à formuler cette extension du domaine de la souveraineté – et partant celui du champ politique – au XXIe siècle. Il présente, dans la seconde partie de son essai, un véritable plan de bataille pour reconquérir (ou plutôt conquérir) en France et en Europe, cette souveraineté. En créant nos propres résogiciels, pour nous réapproprier Internet et ses innombrables synapses.</span></p><p class="MsoNormal" style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;">Car, pour les résogiciels et le complexe militaro-numérique US, l’Europe, démontre Bellanger, est le maillon faible, la proie principale, bien plus que l’Asie. En raison de son énorme PIB global et de son absence conjointe de volonté et de synergie. <br /></span></p><p class="MsoNormal" style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;">L’auteur explique, contrairement aux clichés, que la puissance US (et bientôt chinoise par un étrange paradoxe de l’histoire) dans la sphère numérique – et dans toutes les autres, d’ailleurs – repose sur une étroite collaboration, patriotique au fond, entre l’État, le système militaro-industriel et le mercantilisme privé. C’est la logique de l’<em style="mso-bidi-font-style: normal;">économie organique</em>, telle qu’elle avait été décrite par François Perroux, qui n’a absolument rien de ”libéral” au sens d’Adam Smith. <strong style="mso-bidi-font-weight: normal;">(2)</strong></span></p><p class="MsoNormal" style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;"> Refuser de reconquérir et de maîtriser la sphère numérique aujourd’hui, c’est comme si jadis on avait renoncé à contrôler l’imprimerie, à posséder une flotte hauturière ou à construire des chemins de fer, laissant ce soin à d’autres. </span></p><p class="MsoNormal" style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;">Sur le plan strictement économique, outre le champ politico-stratégique, Bellanger ouvre une autre piste, une autre interrogation : et si l’économie numérique (Internet au premier chef) était fondamentalement destructrice d’emplois, notamment dans les pays qui ne la maitrisent pas ? <br /></span></p><p class="MsoNormal" style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;">Bellanger, qui ne néglige pas la science-fiction réaliste, nous brosse un monde dominé par le soft-totalitarisme des réseaux numériques. Ses prédictions sont parfaitement impensables et horriblement possibles. Il est comme le médecin qui vous dit : ”vous voyez ce petit bouton sur votre fesse gauche ? C’est une tumeur. Si vous n’y prenez garde, elle vous emportera ”.</span></p><p class="MsoNormal" style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;">Contrairement à la tradition de la <em style="mso-bidi-font-style: normal;">critique pure</em> (qui est hémiplégique et hélas très française), Bellanger propose des solutions argumentées pour reconquérir l’indépendance numérique. Ces dernières sont, à proprement parler, gaullistes. C’est-à-dire l’alliance synergique de la puissance publique et de l’économie privée. Dans ses propositions, il essaie aussi de surmonter les handicaps des institutions européennes, par des solutions innovantes. Il prône, pour la France et l’Europe la liberté individuelle et l’indépendance collective : n’était-ce pas déjà la leçon d’Aristote, il y a de cela des milliers de révolutions circumsolaires ? </span></p><p class="MsoNormal" style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;"><strong>Guillaume Faye</strong> (<em>J'ai tout compris</em>, 3 février 2014)</span></p><p class="MsoNormal" style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;"> </span></p><p class="MsoNormal" style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;">NOTES</span></p><p class="MsoNormal" style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;">(1) La révolution d’Internet, extrêmement véloce, qui marque le début du XXIe siècle et se caractérise par la constitution d’un ”nouvel espace” (en sus de la terre, de l’océan et de l’atmosphère/ espace proche) peut se comparer à ce qui s’est produit à la charnière XVe/ XVIe siècles par l’irruption de la dimension océanique post-méditerranéenne. </span></p><p class="MsoNormal" style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;">(2) L’idée selon laquelle l’économie américaine serait ”libérale” et anti étatiste est d’une prodigieuse fausseté, comme je l’ai montré dans plusieurs de mes essais. Les USA refusent l’État Providence social mais ont totalement adopté le modèle de l’État-pilote du colbertisme, évidemment avec d’énormes variantes. Mais cela mériterait un autre article.</span></p><p class="MsoNormal" style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;"> </span></p><p class="MsoNormal" style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;">NOTE LIMINAIRE</span></p><p class="MsoNormal" style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;"> Pour le philosophe Martin Heidegger, l’innovation technique (à l’image de l’évolution naturelle), intégralement liée à sa diffusion par l’économie, est un mécanisme aveugle et tâtonnant, dont il est impossible de prévoir les conséquences. Il parle de <em style="mso-bidi-font-style: normal;">« processus sans sujet »</em>. Et de fait, depuis des siècles, les progrès de la technoscience produisent des effets imprévus sur les plans sociologiques, économiques, anthropologiques, politiques ; des effets qui n‘avaient jamais été planifiés mais qu’on découvre ”quand il est trop tard”. Et auxquels il faut s’adapter a posteriori. Il en fut ainsi de l’agriculture de jachère, comme de l’imprimerie, des métiers à tisser, de la poudre, du chemin de fer, de l’automobile, du télégraphe et du téléphone, de la radio et de la télévision, de l’aviation, des antibiotiques, du nucléaire, etc. Il en est aujourd’hui de même avec l’informatique, le numérique et Internet. Pour paraphraser Heidegger, l’homme invente un procédé supranaturel (”technique”, du grec <em style="mso-bidi-font-style: normal;">technè</em>, qui signifie à la fois ”art” et ”fabrication”) qui produit une réalité augmentée, laquelle agit en retour sur la société humaine de manière imprévue. L’artéfact technique <em style="mso-bidi-font-style: normal;">« arraisonne »</em> l’écosystème naturel et humain. C’est l’allégorie juive du Golem : la poupée qui échappe à son créateur et devient autonome. Néanmoins, un pilotage a posteriori de l’innovation est possible, mais il faut faire très vite, être hyper réactif : c’est ainsi que procèdent les ”résogiciels” dont parle Bellanger, pour maîtriser un système économique devenu extrêmement fluide.</span></p></blockquote>
Zedhttp://metapoinfos.hautetfort.com/about.htmlTour d'horizon : vers une nouvelle affaire Heidegger ?...tag:metapoinfos.hautetfort.com,2014-02-09:52936912014-02-09T16:02:00+01:002014-02-09T16:02:00+01:00 Après la publication de la biographie accusatrice et...
<p><img id="media-4434413" style="margin: 0.2em auto 0.7em; display: block;" title="" src="http://metapoinfos.hautetfort.com/media/01/00/3227858535.jpg" alt="Heidegger 1927.jpg" /></p><p style="text-align: justify;"> </p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;">Après la publication de la biographie accusatrice et diffamatoire de Victor Farias, <em>Heidegger et le nazisme</em>, en 1987, puis celle de l'essai absurde et malhonnête d'Emmanuel Faye, <em>Heidegger, l'introduction du nazisme dans la philosophie</em>, en 2005, une nouvelle « affaire » Heidegger commence à poindre avec la publication prochaine en Allemagne des <em>Cahiers noirs</em> d'Heidegger, dans lesquels résiderait la preuve tant attendue par certains de son antisémitisme...</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;">Ces <em>Cahiers noirs</em>, dont la publication doit mettre un point final à l'édition allemande des œuvres complètes du philosophe, constituent un journal de pensée, tenu par le philosophe entre 1930 et 1970. Les trois premiers tomes, couvrant la période 1930 – 1941, qui sortent en Allemagne en mars prochain, comportent plus de mille pages. On a donc là un document exceptionnel appelé à rentrer en résonance avec l’œuvre publique d'Heidegger. </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;">Mais las ! Il semblerait que, dans ce massif imposant, on ait découvert une quinzaine de passages dans lesquels l'auteur d’<em>Être et Temps</em> aborde la question juive. Il évoquerait ainsi l'esprit de calcul des Juifs et leur « déracinement hors de l’Être » et renverrait dos-à-dos nazisme, psychanalyse, judaïsme, christianisme et même antisémitisme... A priori, pas de quoi, donc, faire d'Heidegger un émule d'Edouard Drumont ou de Julius Streicher, et, a fortiori, pas de quoi remettre en cause les milliers de pages qu'il a écrits. Mais il n'en faut pas plus aux éternels contempteurs du philosophe pour relancer le procès en sorcellerie et pour reproduire inlassablement l'équation Heidegger = Nazisme = Shoah.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;">Car il est dangereux le philosophe qui écrit :</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;">« La décadence spirituelle de la terre est déjà si avancée que les peuples sont menacés de perdre la dernière force spirituelle, celle qui leur permettrait du moins de voir et d'estimer comme telle cette dé-cadence (conçue dans sa relation au destin de " l'être "). Cette simple constatation n'a rien à voir avec un pessimisme concernant la civilisation, rien non plus, bien sûr, avec un optimisme ; car l'obscurcissement du monde, la fuite des dieux, la destruction de la terre, la grégarisation de l'homme, la suspicion haineuse envers tout ce qui est créateur et libre, tout cela a déjà atteint, sur toute la terre, de telles proportions, que des catégories aussi enfantines sont depuis longtemps devenues ridicules. » </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;">ou</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;">«Le commencement est encore. Il ne se trouve pas derrière nous comme ce qui a été il y a bien longtemps ; tout au contraire il se tient devant nous. En tant que ce qu'il y a de plus grand, le commencement est passé d'avance au-dessus de tout ce qui allait venir, et ainsi déjà au-dessus de nous-mêmes, pour aller loin au-devant. Le commencement est allé faire irruption dans notre avenir : il s'y tient comme la lointaine injonction à nous adressée d'en rejoindre à nouveau la grandeur (…) Nous nous voulons nous-mêmes. Car la jeunesse, la plus jeune force de notre peuple – celle qui, par-dessus nous, déjà tend au loin – la jeunesse a déjà décidé. La magnificence pourtant et la grandeur de cette rupture et de ce départ, nous ne la comprenons entièrement que si nous portons en nous le profond et ample consentement d'où la vieille sagesse grecque a puisé cette parole: <em>Tout ce qui est grand s'expose à la tempête</em>... »</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;">Dossier :</span></p><p style="text-align: justify;"><a href="http://laphilosophie.blog.lemonde.fr/2013/12/05/heidegger-la-preuve-du-nazisme-par-le-cahier-noir/"><span style="font-size: small;">Heidegger, la preuve du nazisme par le « Cahier noir » ?, par Nicolas Weil</span></a></p><p style="text-align: justify;"><a href="http://www.lemonde.fr/idees/article/2014/01/20/heidegger-et-l-antisemitisme_4350762_3232.html"><span style="font-size: small;">Heidegger et l'antisémitisme, par Peter Trawny</span></a></p><p style="text-align: justify;"><a href="http://www.lemonde.fr/idees/article/2014/01/28/heidegger-une-pensee-irreductible-a-ses-erreurs_4355882_3232.html"><span style="font-size: small;">Heidegger : une pensée irréductible à ses erreurs, par Hadrien France-Lanord </span></a></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;"><a href="http://www.marianne.net/Ni-accuser-ni-defendre_a235264.html">"Ni accuser ni défendre", par François Meyronnis</a></span></p><p style="text-align: justify;"><a href="http://laphilosophie.blog.lemonde.fr/2014/01/28/encore-du-nouveau-sur-heidegger-et-les-cahiers-noirs/"><span style="font-size: small;">Du nouveau sur Heidegger et les « Cahiers noirs », par Nicolas Weil</span></a></p><p style="text-align: justify;"><a href="http://parolesdesjours.free.fr/heideggerensorcele.pdf"><span style="font-size: small;">Heidegger ensorcelé, par Stéphane Zagdanski</span></a></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;"><a href="http://parolesdesjours.free.fr/seminaire.htm">Faire face à l'ouverture des "Carnets noirs" d'Heidegger, par Gérard Guest</a></span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;">Pour suivre l'évolution de l'"affaire", on pourra suivre le blog heideggerien : <a href="http://heidegger2014.tumblr.com/">Sur l'antisémitisme de Martin Heidegger</a></span></p><p style="text-align: center;"><img id="media-4434516" style="margin: 0.7em 0;" title="" src="http://metapoinfos.hautetfort.com/media/00/00/3578930040.jpg" alt="Nouvelle Ecole 37.jpg" width="305" height="383" /></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;">Pour découvrir Heidegger et sa pensée, on pourra lire ou consulter :</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;">- l'article de Robert Steuckers dans le dernier numéro de <a href="http://metapoinfos.hautetfort.com/archive/2014/02/05/croisade-contre-le-monde-moderne-5291312.html"><em>Réfléchir et Agir </em>(n°46, hiver 2014)</a>, <em>Heidegger - La tradition, la révolution, la résistance et l'"anarquisme"</em> ;</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;">- d'Alain de Benoist, l'article <a href="http://www.alaindebenoist.com/pdf/heidegger_critique_de_nietzsche.pdf"><em>Heidegger critique de Nietzsche</em></a></span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;">- le numéro 37 de la revue <em>Nouvelle Ecole</em>,<em> Lectures de Heidegger</em> (passionnant mais difficile à trouver...);</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;">- de Silvio Vietta, <em>Heidegger critique du national-socialisme et de la technique</em> (Pardès, 1993) ;</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;">- de Georges Steiner, <em>Martin Heidegger</em> (Champs, 2008) ;</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;">- de François Fédier, <a href="http://metapoinfos.hautetfort.com/archive/2013/09/24/entendre-heidegger-5180286.html"><em>Entendre Heidegger</em></a> (Pocket, 2013) ;</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;">- le <a href="http://metapoinfos.hautetfort.com/archive/2013/12/08/heidegger-en-dictionnaire-5241415.html"><em>Dictionnaire Martin Heidegger</em></a> (Cerf, 2013) ;</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;">- de Heidegger, <em>Essais et conférences.</em></span></p><p style="text-align: justify;"> </p>
Jacques-Emile Mirielhttp://jemiriel.hautetfort.com/about.htmlLe ”repos” métaphysiquetag:jemiriel.hautetfort.com,2014-01-23:52790612014-01-23T06:12:00+01:002014-01-23T06:12:00+01:00 La lecture des Apports à la philosophie de Heidegger...
<p style="text-align: left;"><img id="media-4412855" style="margin: 0.7em 0;" title="" src="http://jemiriel.hautetfort.com/media/00/02/3797855502.jpg" alt="heidegger repos.jpg" /></p><p style="text-align: left;"> <em>La lecture des </em>Apports à la philosophie<em> de Heidegger amène, par la volonté de ce dernier d'embrasser tous les problèmes, des réflexions plutôt intéressantes dans l'esprit du lecteur. Si ce livre, écrit entre 1936 et 1938, subit</em> <em>l'influence de son temps, parfois de manière malheureuse (un certain paganisme, par exemple, qui paraît aujourd'hui incongru), il n'en demeure pas moins que beaucoup de ses intuitions sont exceptionnelles. Heidegger a ainsi entrevu l'importance du thème fondamental du </em>désœuvrement<em>, qu'il évoque dans le § 99.</em></p><p style="text-align: left;"> Aristote, fait remarquer Heidegger, est le premier à avoir pris la mesure du "mouvement"<em> de manière grecque</em>, c'est-à-dire comme "entrée en présence". Ce qui n'a pas empêché par la suite la "détermination moderne du mouvement" d'aller à l'encontre de la "modalité de l'être" initiale. Or, Heidegger souligne le phénomène suivant : la question "devient parfaitement lisible quand on regarde ce qu'est, et comment se conçoit, de part et d'autre, le <em>repos</em>". Le terme de <em>repos</em> est sans ambiguïté : c'est le <em>recueillement</em> de la métaphysique, "<em>commune présence </em>des possibilités". C'est dire son importance, l'étendue de sa relation avec l'Estre. Heidegger insiste en parlant de "repos insigne", faisant éclater ici complètement la vérité sur l'<em>étantité</em>, qu'il était devenu impossible de comprendre sans avoir à l'esprit ce <em>désœuvrement </em>global de la plus haute amplitude. Rouage premier de la pensée grecque, sa reconnaissance nous apparaît désormais, exposée dans ce fragment des <em>Apports,</em> claire comme de l'eau de roche. Cette source d'immuabilité nous désaltère. "<em>Ens 'actu'</em> — voilà exactement, écrit Heidegger, l'étant en son <em>repos</em>; il n'est pas en action; <em>il se rassemble en soi et pour soi</em> et c'est en ce sens précis qu'il entre pleinement en présence." Heidegger n'en dira pas plus. Il est, après cet indispensable moment de pensée, pressé d'avancer. </p>
Jacques-Emile Mirielhttp://jemiriel.hautetfort.com/about.htmlVolte-facetag:jemiriel.hautetfort.com,2014-01-11:52685582014-01-11T07:03:00+01:002014-01-11T07:03:00+01:00 Heidegger n'a pas désiré que ce volume paraisse de son vivant....
<p><img id="media-4397681" style="float: left; margin: 0.2em 1.4em 0.7em 0;" title="" src="http://jemiriel.hautetfort.com/media/02/00/3392014729.jpg" alt="heidegger beiträge.jpg" /> Heidegger n'a pas désiré que ce volume paraisse de son vivant. Nous ne pouvons que formuler des hypothèses sur ce choix. Etape capitale de sa réflexion sur le nihilisme, ces <em>Apports à la philosophie </em>tentent d'édifier une nouvelle manière de penser, tournée vers l'avenir. "Ici, écrit Heidegger dans les premières pages, tout est axé sur l'unique question en quête de la vérité de l'estre : sur son questionnement." Voilà ce qui sous-tend de manière centrale cet effort vers ce qu'il appelle aussi "la pensée commençante". Il n'est pas étonnant que, dans la triste époque que nous traversons, un tel projet fasse naître de lui-même des réticences, des oppositions. La vague philosophie qu'on sert au malheureux public contemporain n'a pour effet que de diluer les problèmes et de passer à côté du vrai "questionnement". Avec Heidegger, il en va autrement. Pour s'en convaincre, il n'est que de feuilleter la table des matières de ces <em>Apports</em>, traduits, quoi qu'on ait pu annoncer, de manière <em>lisible</em> par François Fédier. D'ailleurs, une traduction est toujours perfectible, et là n'est pas le problème. Arrêtons-nous peut-être un instant aujourd'hui sur les quelques lignes de présentation qui ont trait à l'<em>Edition intégrale. </em>L'éditeur nous signale qu'en tête du premier volume, Heidegger "a voulu que figurent trois mots qui valent pour toute l'édition : <em>Wege — nicht Werke</em>", c'est-à-dire : "Des chemins — non des œuvres". Nous sommes ici au cœur même de la "question", au cœur de ce que ce texte peut avoir de massivement révolutionnaire. L'éditeur commente de la manière suivante cette position : "l'effort de Heidegger doit être compris comme tentative visant à quitter le monde de l'œuvre, ou peut-être plus exactement : visant à rendre possible de nous acquitter du formidable événement historial que constitue, pour le monde moderne, le fait d'avoir déjà, pour la plupart du temps à son insu, quitté le monde de l'œuvre". Précision décisive. La pensée véritable chemine hors de l'œuvre, en un <em>dés-</em>œuvrement seul susceptible d'en libérer la pleine mesure. C'est là tout un éclairage global sur le XXe siècle et celui qui commence, dans tous les domaines de la pensée et de l'art. C'est l'espoir de nouvelles cartes à jouer pour <em>ceux qui n'ont pas renoncé</em>. Impressionnante "volte-face", pour reprendre le terme allemand <em>die Kehre</em>, ainsi traduit par François Fédier, gageons que la lecture de ces <em>Apports</em>, d'ores et déjà inépuisable, n'a pas fini de remuer nos esprits trop souvent prisonniers d'un confort intellectuel appauvrissant, et qu'elle pourra nous conduire vers ce que Maurice Blanchot qualifiait de "rapports nouveaux, toujours menacés, toujours espérés, entre ce que nous appelons œuvre et ce que nous appelons désœuvrement". A suivre, donc.</p><p><span style="font-size: xx-small;">Martin Heidegger. <em>Apports à la philosophie. De l'avenance. </em>Traduit de l'allemand par François Fédier. Editions Gallimard, 2013. 45 €.</span></p>
Jacques-Emile Mirielhttp://jemiriel.hautetfort.com/about.htmlL'ennuitag:jemiriel.hautetfort.com,2014-01-06:52640372014-01-06T10:43:00+01:002014-01-06T10:43:00+01:00 Le philosophe Martin Heidegger est en ce moment au centre...
<p style="text-align: left;"><img id="media-4391316" style="margin: 0.7em 0;" title="" src="http://jemiriel.hautetfort.com/media/00/01/3091493260.jpg" alt="heidegger.jpg" /></p><p style="text-align: left;"> <em>Le philosophe Martin Heidegger est en ce moment au centre de l'actualité intellectuelle. La publication en France d'une traduction des </em>Beiträge <em>est un événement considérable. Cette traduction française a créé la polémique. Il lui est reproché de rendre illisible un texte pourtant plus accessible en langue originale. L'éditeur de Heidegger en France, Gallimard, jouit de fait d'un monopole éditorial sur l'œuvre du penseur allemand. Ce n'est certes pas une bonne chose. Je reviendrai sans doute sur ces </em>Beiträge<em>, une fois que j'en aurai pris connaissance</em>. <em>On annonce par ailleurs la publication de </em>Cahiers noirs<em>, qui démontreraient notamment l'antisémitisme de Heidegger. Je crois qu'il faut attendre d'avoir ce texte sous les yeux, qui sortira seulement au mois d'avril en Allemagne, pour émettre un jugement censé. Tout ceci aura le mérite de faire évoluer l'image d'un philosophe essentiel, mais souvent au cœur de polémiques complexes. Son importance, néanmoins, ne saurait être remise en question. Ainsi pour l'analyse de l'ennui.</em></p><p style="text-align: left;"><em> </em>Heidegger nous dit que l'ennui intervient lorsque le monde se refuse à l'homme. C'est le stade de l'ennui où "<em>l'état d'être laissé vide est l'état, pour le </em>Dasein<em>, d'être livré à l'étant qui se refuse en entier.</em>" <em>(Les Concepts fondamentaux de la métaphysique) </em>Notre relation au monde et à nous-même est alors anéantie; nous n'avons plus prise sur rien. Nous tournons en rond. Le jeune homme falot et terne, antihéros désœuvré, tel que Flaubert l'a peint dans <em>L'Education sentimentale</em>, est la meilleure illustration, selon moi, de cette impression très contemporaine "d'être traîné en longueur... d'être laissé vide". Comme pour l'angoisse, Heidegger voit cependant dans l'ennui "l'émergence de possibilités que le <em>Dasein </em>pourrait avoir mais qui restent en friche". Mais alors, quand donc ces fameuses "possibilités" auront-elles lieu ? Notre temps n'est-il pas marqué plutôt par un accroissement continu de l'ennui ? Bien loin de nous permettre d'accomplir des réalisations satisfaisantes, ce temps n'est-il pas surtout destiné à nous faire sombrer dans une détresse de plus en plus irréversible ? Néanmoins, Heidegger, dans cette analyse à mes yeux évidemment cruciale, discerne et décrit très bien ce <em>moment</em> de paralysie occasionné par l'ennui. A nous peut-être, désormais, de le prendre comme un état définitif propre au <em>désœuvrement</em>, et d'en tirer les conséquences qui s'imposent...</p>