Last posts on gillian2024-03-29T09:38:03+01:00All Rights Reserved blogSpirithttps://www.hautetfort.com/https://www.hautetfort.com/explore/posts/tag/gillian/atom.xmlCafé philosophique de Montargishttp://cafephilosophique-montargis.hautetfort.com/about.htmlCompte-rendu de la séance ”La culture serait-elle une meilleure réponse à la violence ?”tag:cafephilosophique-montargis.hautetfort.com,2017-12-03:60070162017-12-03T11:30:00+01:002017-12-03T11:30:00+01:00 Le café philosophique de Montargis se réunissait le 20 octobre 2017 au café...
<p><span style="font-size: 10pt;">Le café philosophique de Montargis se réunissait le 20 octobre 2017 au café Le Belman, un nouveau lieu de rendre-vous, pour une séance qui portait sur cette question : "<em>La culture serait-elle une meilleure réponse à la violence ?</em>" Pour cette occasion, les organisateurs du café philo invitaient Vincent Roussel, militant de longue date pour la non-violence <a href="http://cafephilosophique-montargis.hautetfort.com/debat-l-education-a-la-non-violence/" target="_blank" rel="noopener noreferrer">et qui était déjà intervenu au café philo en mars 2010 pour un sujet sur l’éducation à la non-violence</a>.</span></p><p><span style="font-size: 10pt;">Pour initier la soirée sur le sujet, les participants diffusent <a href="http://cafephilosophique-montargis.hautetfort.com/archive/2017/10/20/minoui-des-passeurs-de-livres-contre-la-violence-en-syrie-5990966.html" target="_blank" rel="noopener noreferrer">une vidéo éloquente</a> sur la présentation d’un livre de Delphine Minoui, Les Passeurs de Livres de Daraya (éd. Seuil), et qui raconte l’histoire en Syrie de résistants qui ont choisi de créer une bibliothèque clandestine.</span></p><p><span style="font-size: 10pt;">Vincent Roussel évoque <a href="http://cafephilosophique-montargis.hautetfort.com/archive/2017/10/20/comment-peut-on-developper-une-culture-de-la-non-violence-et-5991343.html" target="_blank" rel="noopener noreferrer">son engagement dans la Coordination pour la Décennie</a>. En 1998, l’ONU a décrété la première décennie du troisième millénaire serait une décennie de promotion d’une culture de la non-violence et de la paix. Cela avait été précédé en 1997 par un appel des Prix Nobel de la Paix encore vivants qui avaient souhaité cette opération. En 1997, l’ONU avait également décrété que l’année 2000 serait une année de la culture de la paix. Pour Vincent Roussel, la culture ne se réduit pas aux arts, aux lettres ou aux sciences. D’un point de vue philosophique, la culture est souvent opposé à la nature. Par là, une première question se pose : la violence est-elle une chose innée ou acquise ? Une autre définition de la culture développée par l’UNESCO, et qui est plus sociologique: la culture est ce qui rassemble, ce qui a de commun avec un groupe de population et ce qui les cimente. Ce sont des valeurs, des comportements, des attitudes et des modes de vie. Est-ce que nous, en France, nous sommes dans une culture de la violence ou de la paix ?</span></p><p><img src="http://cafephilosophique-montargis.hautetfort.com/media/01/01/1425081437.jpg" id="media-5735641" alt="" /></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">La culture évolue, que ce soit en art ou dans l’éducation. En France, la Coordination de la Décennie a fait un appel au gouvernement de l’école pour que l’éducation à la non-violence soit partie intégrante des enseignements destinés aux enfants, à raison d’une heure par semaine et par classe, de la maternelle à la Troisième. Un programme a été rédigé par la Coordination, devenue en 2010 la Coordination pour l’Éducation à la non-violence et à la paix. Un ouvrage a été rédigé par la suite, en plus d’un site Internet (<a href="http://education-nvp.org/" target="_blank" rel="noopener noreferrer">http://education-nvp.org</a>). Un travail de lobbying a été fait auprès des sénateurs à majorité socialiste et Verts. Au moment de l’établissement d’une loi pour la refondation de l’école, un amendement a été introduit en 2013 : parmi les fonctions des ISP, qui est un organisme de formation des enseignants, ceux-ci doivent apprendre à gérer la "<em>résolution non-violente des conflits</em>." Dans le socle commun de connaissances et de culture, les élèves doivent apprendre à résoudre de manière pacifique les conflits, notamment par le dialogue. Et pendant une heure par semaine et par classe, l’enseignement moral et civique a été mis en place avec la perspective des comportements relationnels pour un bien-vivre ensemble. Le problème est la manière dont on peut former les enseignants dans la non-violence. Le milieu association, dont la Coordination, ont travaillé sur des programmes pour les ISP. Vincent Roussel, s’interroge : en France, est-on dans une culture de la violence ? Et que recouvre la culture ? Et de quelle violence parle-t-on ?</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">Une première participante parle des violences : à l’école, à la maison, au travail, ou chez les femmes. Et une culture peut à chaque fois essayer de dépasser ces violences. Vincent Roussel souligne que cette violence est à considérer suivant le point de vue dans lequel on se place. Il y a d’abord le législateur qui codifie précisément ce que l’on appelle violence. Il y a ensuite le point des vue des services de santé. L’OMS a ainsi décrété que la violence était un problème de santé publique et ils ont été amené à définir ce que l’on appelait violence. Il y a trois grands domaines de violences : la violence auto-infligée et que l’on tourne contre soi (suicides, scarifications, etc.), les violences institutionnelles (au travail, dans les maisons de retraite, les maltraitances, etc.) et les violences interpersonnelles. Par ailleurs, il y a cinq types de violences : les violences physiques, les violences verbales, les violences psychologiques, les violences sexuelles et les violences par négligence.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;"><a href="http://cafephilosophique-montargis.hautetfort.com/media/01/01/2646027134.jpg" target="_blank" rel="noopener noreferrer"><img id="media-5735642" style="float: left; margin: 0.2em 1.4em 0.7em 0;" title="" src="http://cafephilosophique-montargis.hautetfort.com/media/01/01/805579976.jpg" alt="Rousseau,hobbes,weber,gillian,cancian,tronto,crépon,leiris" /></a>À la question de ce soir "<em>La culture serait-elle une meilleure réponse à la violence ?</em>", une première citation nous vient à l’esprit, celle de Dostoïevski : "<em>L’art sauvera le monde</em>", à l’origine d’ailleurs du sujet du café philo de ce soir. Or, cette phrase a été tronquée, car la citation exacte, tirée de <em>L’Idiot,</em> est en réalité une question beaucoup plus cynique : "<em>Est-il vrai, prince, que vous avez dit un jour que la ‘beauté’ sauverait le monde ? Messieurs… le prince prétend que la beauté sauvera le monde. Et moi je prétends que, s’il a des idées aussi folâtres, c’est qu’il est amoureux… Ne rougissez pas, prince ! Vous me feriez pitié. Quelle beauté sauvera le monde ?</em>" Cette phrase emblématique a été détournée puisque l’écrivain russe parle de beauté et non d’art ou de culture. Par contre, cette citation qu’on lui prête,"<em>La beauté sauvera le monde</em>", est reprise comme une antienne, notamment par Soljenitsyne : "<em>Alors, la remarque de Dostoïevski "La beauté sauvera le monde" ne serait plus une phrase en l’air, mais une prophétie. Après tout, il est vrai qu’il eut des illuminations fantastiques. Et, dans ce cas, l’art, la littérature peuvent vraiment contribuer à sauver notre monde… Et dès que [par l’art] le mensonge sera confondu, la violence apparaîtra dans sa nudité et dans sa laideur. Et la violence, alors, s’effondrera.</em>"</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">La culture serait donc une meilleure réponse à la violence et quels autres remèdes pourrait-on y trouver ?</span><br /><span style="font-size: 10pt;">Des historiens ont réfléchi au XIXe siècle sur cette violence. La violence viendrait des États. L’homme est un être social (Rousseau) et cette violence recouvre tous les espaces et tous les temps, avec notamment ces guerres et des moyens de plus en plus sophistiqués pour tuer, blesser et torturer. Elle vient d’où cette violence ? Comment se reproduit-elle ? L’ONU paraît avoir failli dans son rôle, mais l‘école aussi malgré les discours d’éducation civique. </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">Le non-accès de la culture aggraverait-il l’exclusion sociale et la précarité ? est-il demandé. Et par-là, la violence est une sorte de réponse. L’État, ce Léviathan tout puissant comme le disait Hobbes, nous laisserait choir. Pire, pour Max Weber, l’État a ce monopole de la violence légitime. La culture, commune a tout le monde, est-elle perdue par une partie de la population ? La culture ne pourrait-elle pas jouer un rôle de réinsertion ?</span><br /><span style="font-size: 10pt;">L’éducation et la culture, dit une intervenante, passent par la possibilité de s’exprimer, de parler et de comprendre. Les violences sont connues et répétées, mais sans recul nécessaire le piège de la réponse par la violence nous attend au tournant.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">Dans la non-violence, réagit un autre participant, il y a une notion d’espoir dans un monde emplit de violences, avec des exemples édifiants. Il est vrai que la violence commence tôt, dit une autre intervenante, et même dès la naissance. Il est question <em>d’"élevage"</em> d’enfants au lieu <em>d’"éducations."</em> L’entraide est rejetée très jeune au profit de la compétition. Le remède à cette violence, grâce à la culture, devrait donc se faire très jeune. Aux États-Unis, il y a cette philosophie du Care (Carol Gillian, Francesca Cancian ou Joan Tronto) qui mériterait sans doute d’être développée dans d’autres pays, dont en France.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;"><a href="http://cafephilosophique-montargis.hautetfort.com/media/02/02/1058230964.jpg" target="_blank" rel="noopener noreferrer"><img id="media-5735643" style="float: left; margin: 0.2em 1.4em 0.7em 0;" title="" src="http://cafephilosophique-montargis.hautetfort.com/media/02/02/2585945292.jpg" alt="Rousseau,hobbes,weber,gillian,cancian,tronto,crépon,leiris" /></a>La violence ne viendrait-elle pas d’un sentiment de peur ? La peur que l’autre vienne nous prendre quelque-chose. Les mouvements de violences sont basés sur cette peur et sur une non-culture et sur une forme d’ignorance. C’est la cohésion sociale qui empêche la violence et non pas "<em>le gros flingue.</em>" Pour une intervenante, la société française est violente du fait d’un esprit de compétition et de réussite pour avoir un pouvoir, au détriment du partage et de la responsabilité de chacun : être responsable de soi pour ensuite être responsable des autres.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">La culture permettrait d’accéder à une compréhension de l’autre : "<em>Ni lire, ni pleurer mais comprendre</em>" disait Spinoza. Derrière la violence, il y a des biais détournés (une politique du chaos) qui permet à des gens de pouvoir cyniques d’arriver à leur fin. La violence culturelle pourrait bien être gérée par des idéologies, auxquelles le citoyen doit répondre par la raison. C’est aussi se battre, dit Vincent Roussel, contre la fatalité de la violence. Pour lui, "l’exception de la violence" dans telle ou telle circonstance, ne serait être recevable. La culture de la paix passe par la prévention, le dialogue, le rapport de force et la compréhension. Pour lui, l’ONU a eu des acquis et des résultats. Le XXe siècle a été le siècle de Hitler, Staline et Mao, mais aussi celui de <a href="http://cafephilosophique-montargis.hautetfort.com/archive/2017/10/18/ghandi-un-texte-fondateur-sur-la-non-violence-5990531.html" target="_blank" rel="noopener noreferrer">Gandhi</a>, Mandela et Martin Luther King. Pour lui, la non-violence est beaucoup plus puissante et pérenne que la violence.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">Une participante insiste sur la notion de respect, ce vivre ensemble, souvent bien plus présent en France que dans d’autres pays. Des cultures dominantes sont intrinsèquement violentes, y compris dans notre pays. Notre société est aussi un ensemble de cultures, avec des violences légitimées, mais aussi des cultures qui se voisinent et qui s’acceptent. À la campagne, pour une intervenante, peut-être se méconnaît-on moins : nous serions moins mélangés, sans cette mixité et l’ouverture vers ces autres cultures. Il est évoqué justement cette manière dont on rassemble les gens dans des banlieues (étymologiquement une "<em>mise au ban</em>"), dans une violence qui ne dit pas son nom : rejeter vers l’extérieur des personnes défavorisées dans des immeubles c’est aussi se protéger d’une violence sous-jacente et protéger des quartiers plus huppés (les centre-villes).</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">Sommes-nous dans une société violente ? est-il demandé. Les exemples sont nombreux : les actualités à la télévision,<a href="http://cafephilosophique-montargis.hautetfort.com/archive/2017/10/19/de-baecque-la-violence-cinematographique-5990766.html" target="_blank" rel="noopener noreferrer"> le cinéma</a> (<em><a href="http://cafephilosophique-montargis.hautetfort.com/archive/2017/10/18/pulp-fiction-5990530.html" target="_blank" rel="noopener noreferrer">Pulp Fiction</a></em>, <em>Game of Thrones</em>, etc.) ou les jeux-vidéos. Le livre peut aussi être un terrain fertile pour l’ouverture vers les autres, vers d’autres mondes. Pour une participante, les modèles proposés aux autres sont violents, par exemple dans les clips de rap. Il est également rappelé que les critiques faits sur le rap aujourd’hui sont les mêmes que l’on faisait sur le rock il y a plus de soixante ans. Ne rend-on pas les gens insensibles à l’ultra-violence ? Les images propagées sont d’une violence insidieuses. Il est fait référence au film <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/The_Revenant" target="_blank" rel="noopener noreferrer"><em>The Revenant</em></a>, salué par la critique et par les spectateurs et pourtant d’une violence parfois insupportable. N’y a-t-il pas aujourd’hui une accoutumance à la violence telle qu’elle est montrée ? Or, la violence peut être justifiée, avec un second degré et un discours intelligent (<a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Breaking_Bad" target="_blank" rel="noopener noreferrer"><em>Breaking Bad</em></a>). L’art est un miroir de la société, dit une autre intervenante. La culture, a priori violente (en musique, dans les jeux-vidéos par exemple), ne serait pas un indice d’une société violente mais plutôt un exutoire chez les adolescents (<a href="http://cafephilosophique-montargis.hautetfort.com/archive/2017/10/18/leiris-la-puissance-de-la-culture-5990537.html" target="_blank" rel="noopener noreferrer"><em>voir ce texte de Leiris</em></a>). </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;"><a href="http://cafephilosophique-montargis.hautetfort.com/media/02/00/218088084.jpg" target="_blank" rel="noopener noreferrer"><img id="media-5735644" style="float: left; margin: 0.2em 1.4em 0.7em 0;" title="" src="http://cafephilosophique-montargis.hautetfort.com/media/02/00/2587290102.jpg" alt="Rousseau,hobbes,weber,gillian,cancian,tronto,crépon,leiris" /></a>En France, la bienveillance ou l’instruction font de notre pays un pays a priori assez protégé. Par contre, la violence économique et sociale est bien une réalité comme le prouvent les suicides d’agriculteurs ou les burn-out dans les entreprises. Les ouvriers utilisent la violence pour défendre leurs intérêts. Et dans certaines écoles, les enfants peuvent s’attaquer physiquement à leur professeur. Est-ce compréhensible ou défendable ? Dom Hélder Câmara mettait en avant l’origine sociale et l’injustice qui engendre la violence. Cette violence conduit à la répression violente en retour. Il y a ensuite une spirale infernale. Un mécanisme se met en place difficile à enrayer et qui conduit à l’oubli de l’origine de cette violence. Les choses peuvent vite dégénérer et il convient d’y mettre fin très vite. Ne rien faire n’est pas non plus la solution. </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">Pour un autre participant, la violence nous éclate au visage et la non-violence culturelle ne semble pas être de réponse viable, dans un monde cynique. La meilleure réponse à la violence paraît être le rapport de force, quoiqu’on en dise. La culture de la violence paraîtrait être une réalité avec la vente d’armes, le libéralisme sans foi ni loi et les guerres. Pour Vincent Roussel, la non-violence est un choix rationnel. Cela ne va pas sans heurt et sans problème. Ce choix passe par l’information sur la non-violence et les conflits sont inévitables, certes. La non-violence permet de calmer la colère qui monte, de communiquer et d’être attentif à l’autre. Les révoltes contre les violences sont saines. <a href="http://www.lemonde.fr/livres/article/2012/02/23/le-consentement-meurtrier-de-marc-crepon_1647160_3260.html" target="_blank" rel="noopener noreferrer">Marc Crépon</a> écrit dans le <em>Consentement meurtrier</em> que l’indignation est un premier pas contre la violence. Par ailleurs, il s’est inquiété du recul du refus de la violence et de cette idée que le pacifisme relève du doux rêve ("<em>Les missiles sont à l’est, les pacifistes sont à l’ouest</em>" disait François Mitterrand). Or, la dénucléarisation a bien été un choix dans les années 80 en fin de Guerre Froide, après la période de l’équilibre de la terreur. </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">Pour Vincent Roussel, la violence et la guerre ne sont pas une fatalité. C'est ce qu'a aussi déclaré l’UNESCO après un travail de recherches et de débats. Vincent Roussel ajoute également que cette année l’ONU a déclaré l’arme atomique comme illégale, tout comme les armes chimiques et bactériologiques. Sauf qu’aucun des neuf pays possédant l’arme nucléaire n’a signé cette déclaration – pour le moment ? La culture de la non-violence avancerait pas à pas depuis 1945, quoiqu’on en dise. Une intervenante rappelle également que la peine de mort a disparu d’un grand nombre d’États dans le monde.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">À partir du moment où on désespère de la jeunesse, on fait le lit de la violence, réagit Vincent Roussel. Il se montre optimiste sur notre société, moins violente qu’on ne veut bien le dire. La non-violence n’est pas autant dénigrée qu’on ne veut bien le dire, y compris et surtout dans les écoles. Il y a cependant une grande difficulté à passer à une culture de la non-violence, par manque de personnes y croyant réellement. Éthiquement, la violence est inacceptable : "<em>Essayez la non-violence !</em>" Elle est une solution pour rendre heureux et pour donner sens à l’existence.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">Pour clore la soirée de ce café philo, trois sujets étaient proposés pour le débat du 15 décembre prochain, toujours au café Le Belman : "<em>Écoles : est-ce que le niveau baisse ?</em>", "<em>Violences animales : sommes-nous bêtes ?</em>" et "<em>Ma liberté est-elle en danger ?</em>"C’est ce dernier sujet qui est choisi par la majorité des participants.</span></p>
Café philosophique de Montargishttp://cafephilosophique-montargis.hautetfort.com/about.htmlCOMPTE-RENDU DE LA SÉANCE ”OSER LA GENTILLESSE”tag:cafephilosophique-montargis.hautetfort.com,2013-02-21:49959332013-02-21T21:48:00+01:002013-02-21T21:48:00+01:00 Thème du débat : " Oser la gentillesse : est-ce encore possible...
<p style="text-align: justify;"><strong style="font-size: small;">Thème du débat : "<span style="color: #ffff00;">Oser la gentillesse : est-ce encore possible ?" </span></strong></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;"><strong>Date : <span style="color: #ffff00;">1er février 2013 à la Brasserie du Centre commercial de la Chaussée.</span></strong></span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;">Le 1er février 2013, de 75 à 80 personnes étaient invitées à débattre, au cours de cette 29ème séance du café philosophique de Montargis, d’un sujet relativement peu étudié en philosophie : la gentillesse. Ce thème avait été proposé en novembre 2012 par une participante. Pour expliquer cette suggestion, elle estime que la gentillesse, comportement rare et positif, a tendance à se raréfier de nos jours. Il s’agit même, d’après elle, d’une qualité peu mise en valeur voire moquée. Claire interroge l’assistance au sujet de cette attitude à l’altruisme peu en vogue, semble-t-il, de nos jours. "<span style="color: #ffff00;"><strong>Oser la gentillesse : est-ce encore possible ?</strong></span>" Dit autrement, le gentil est-il ringard?</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;">Un intervenant réagit en s’interrogeant d’emblée sur le qualificatif de "positif" s’agissant de la gentillesse. En est-on si sûrs ? Qu’une telle attitude – être gentil – soit parée de certaines qualités, personne ne le niera ; il n’en reste pas moins que dans la vie sociétale, être gentil n’est pas le nec plus ultra. Dans la vie en entreprise – pour ne prendre que cet exemple – la gentillesse a difficilement sa place. La gentillesse est dans ce milieu une aberration pour ne pas dire une tare. "Être trop gentil" c’est se mettre en état d’infériorité. La vie économique ne fait pas cas des sentiments ni de la morale. Un autre intervenant va dans ce sens : être gentil est une qualité indéniable ; cependant, être gentil partout, tout le temps, n’est pas souhaitable sauf à vouloir être une "victime" perpétuelle. Ce même intervenant considère d’ailleurs que le gentil porte de lourdes responsabilités dans les périodes difficiles de notre Histoire. Les grandes dictatures, dit-il, s’appuient le plus souvent sur l’indolence des gentils pour asseoir leur pouvoir. Le café philosophique avait débattu précédemment sur la question <a href="http://cafephilosophique-montargis.hautetfort.com/la-verite-est-elle-toujours-bonne-a-dire-bientot/" target="_blank" rel="noopener">"La vérité est-elle toujours bonne à dire ?"</a> A cette occasion, le débat avait porté sur le "mensonge par humanité" théorisé par <a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Kant" target="_blank" rel="noopener">Emmanuel Kant</a>. On peut poser une question similaire au sujet de la gentillesse : <em>"La gentillesse est-elle toujours bonne à montrer ?</em>" La réponse semble être a priori : non.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;">Avant d’aller plus loin, Claire et Bruno proposent de s’intéresser à cette définition de la gentillesse. Comment la définir ? Bonté ? Bienveillance ? Claire reprend une définition du <a href="http://www.larousse.fr/dictionnaires/francais/gentil_gentille/36613" target="_blank" rel="noopener">Larousse</a> : "<em>Gentil, ille (adjectif) : Qui manifeste de la bienveillance ; aimable, complaisant</em>". Dans notre imaginaire, le gentil est cet être incongru, brave mais sans intelligence dont on se moque aisément. Il y a par exemple ce terme péjoratif de "gentillet", facilement usité. Paradoxalement, le gentleman, son pendant anglais, serait paré de toutes les qualités : humain, élégant, vertueux, "classieux". Force est de constater, dit encore Claire, que la gentillesse est considérée avec dédain par les philosophes en général. Ce n’est ni une vertu (ou, au mieux, ajoute Bruno, "une petite vertu"), ni une sagesse ni un concept intéressant a priori: le mot "gentillesse" n’apparaît même pas dans le célèbre Dictionnaire vocabulaire technique et philosophique d'André Lalande. En France, un philosophe, <a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Emmanuel_Jaffelin" target="_blank" rel="noopener">Emmanuel Jaffelin</a>, a cependant consacré plusieurs essais sur cette "petite vertu" souvent considérée avec mépris (<em>Éloge de la Gentillesse</em> et <em>Petit Éloge de la Gentillesse</em>, cf. son site Internet : <a href="http://gentillesse.blogspot.fr/" target="_blank" rel="noopener">http://gentillesse.blogspot.fr</a>). Pour tout dire, il est difficile de définir exactement la gentillesse, tant le terme nous échappe : bonté ? Bienveillance ? Générosité ? Altruisme ?</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;">Bien que nous ne soyons pas dans un "café historique" mais dans un café philosophique, Bruno souhaite s’arrêter rapidement sur cette histoire du gentil à travers les âges ainsi que sur son étymologie. Le gentil vient à l’origine du mot latin <em>gens</em> qui désignait ces lignées familiales nobles qui possédaient un ancêtre commun. Par la suite, les juifs ont employé le terme de "<em>gentil</em>" ceux qui ne croyaient pas en Yahvé – à ne pas confondre avec les "<em>païens</em>" qui étaient ceux qui croyaient en des dieux qualifiés d’impies. On passe les siècles. Au XVIème siècle, le philosophe humaniste <a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Guillaume_Bud%C3%A9" target="_blank" rel="noopener">Guillaume Budé</a> invente le terme de "<em>gentilhomme</em>". Il créé ainsi le modèle de l’homme idéal qui est remarquable par ses attitudes et son style de vie. Ce gentilhomme est sensé être le pendant du noble. Ce terme va faire florès. On le retrouve traduit en anglais sous l’appellation de "<em>gentleman</em>". Or, alors que le gentleman continuera longtemps d’être utilisé, notamment dans les pays anglo-saxons, le "<em>gentilhomme</em>" disparaît à partir de la Révolution française de notre société et de notre vocabulaire. Le mot est même dénaturé sous le terme de "<em>gentil</em>". Or, qu’est devenu aujourd’hui ce gentil – ex "<em>gentilhomme</em>" – sinon le gentillet ? Au contraire du gentleman considéré comme respectable et exemplaire, le gentil est "ce (ou cette) brave qui ne peut rien refuser et qui passe tout", au risque de devenir victime de quolibets ou, pire, d’abus : "trop bon, trop con" dit l’expression populaire ! L’un des personnages les plus emblématiques du gentil semble être celui de François Pinon, anti-héros involontaire du <em>Dîner de Cons</em>, interprété magistralement par <a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Jacques_Villeret" target="_blank" rel="noopener">Jacques Villeret</a> (<a href="http://cafephilosophique-montargis.hautetfort.com/archive/2012/12/23/trop-bon-trop-con.html" target="_blank" rel="noopener">cf. c lien</a>). On le voit, le terme de "gentil" a subi toutes les avanies au point d’avoir été dévalorisé. </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;">Dévalorisé mais pas rejeté cependant. En effet, depuis 2009, la France adopte la journée de la gentillesse, fixée chaque 13 novembre (<a href="http://journee-de-la-gentillesse.psychologies.com" target="_blank" rel="noopener">http://journee-de-la-gentillesse.psychologies.com</a>). Cette journée est née au Japon sous le terme de "<em>Small Kindness Movement</em>", officialisée en 1998 : voilà donc venue l’heure de la revanche du gentil ! Cette journée s’est symptomatiquement développée en France en 2007, au début du quinquennat d’un Président de la République réputé pour son sens de la pugnacité et de l’égotisme – <a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Nicolas_Sarkozy" target="_blank" rel="noopener">Nicolas Sarkozy</a>. Il est cocasse d’apprendre, dit Claire, que, comme chaque année, le prix remis au Gentil de l’Année a été décerné en 2012 à… un autre Président de la République : <a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Fran%C3%A7ois_Hollande" target="_blank" rel="noopener">François Hollande</a>. Mais, ça, dit Bruno sous forme de boutade, c’était avant l’intervention militaire de la France au Mali!</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;">Le gentil serait donc, en dépit des qualités qu’on veut bien lui attribuer, cet être en décalage avec notre société obnubilée par la réussite, l’argent et la compétition sous toutes ses formes. Un être considéré, du moins dans notre pays, comme sous-évalué. </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;">En est-on certain ? demande un participant. Des expériences scientifiques menées sur des animaux tendent à prouver que plus la cohésion d’un groupe ethnologique ou éthologique est forte, plus la solidarité y est importante et plus ce groupe voit ses chances de survie s’accroître. L’idée selon laquelle la gentillesse serait un frein à la réussite d’une société ou d’une entreprise économique paraît largement infondée. Une étude, rappelle un nouveau participant, affirme que "Les sociétés qui comptent le plus fort pourcentage de salariés engagés ont collectivement accru leur bénéfice d'exploitation de 19 % et leur bénéfice par action de 28 % d'un exercice à l'autre" (étude du Cabinet Towers Perrin, citation d’</span><a style="font-size: small;" href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Emmanuel_Jaffelin" target="_blank" rel="noopener">Emmanuel Jaffelin</a><span style="font-size: small;">, </span><a style="font-size: small;" href="http://www.huffingtonpost.fr/2012/11/12/peut-on-etre-gentil-et-francais_n_2117930.html" target="_blank" rel="noopener">cf. cet article</a><span style="font-size: small;">). Être gentil semblerait donc n’être pas une incongruité dans la jungle du monde économique. Tout le monde aurait même à y gagner : dirigeants, actionnaires, salariés, familles de salariés et toute la société ! Bruno cite </span><a style="font-size: small;" href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Woody_Allen" target="_blank" rel="noopener">Woody Allen</a><span style="font-size: small;"> à ce sujet : "</span><em style="font-size: small;">Dans votre ascension professionnelle, soyez toujours très gentil pour ceux que vous dépassez en montant. Vous les retrouverez au même endroit en redescendant.</em><span style="font-size: small;">"</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;">Un participant intervient pour témoigner sur la difficulté des gentils à assumer parfois leurs comportements : on agit avec altruisme dans telle ou telle situation, sans état d’âme ; savoir qu’on a été ensuite floué, pour ne pas dire trahi, devient douloureux. Dans ce cas, être qualifié de "gentil" prend une notion aussi péjorative que si la personne en face nous avait traité avec condescendance de "<em>gentillet</em>" !</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;">Un intervenant appuie sur la nécessité de faire de la gentillesse une qualité à user avec précaution. <a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Exp%C3%A9rience_de_Milgram" target="_blank" rel="noopener">L’expérience de Milgram</a> dans les années 60 (une expérience de conditionnement de citoyens ordinaires à infliger de pseudos tortures à l’électricité à des cobayes inconnus) prouve s’il en était que faire de la docilité un style de vie peut être dangereux. De même, la vie en entreprise prouve que savoir dire non est une absolue nécessité pour ne pas devenir victime. </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;">Si l’on parle d’ambition et de compétition – dans le milieu sportif, à l’école, lors de concours, etc. – la gentillesse n’est pas le comportement adéquat non plus. Pour tout dire, non seulement elle n’est pas la bienvenue mais elle est en plus en terre inconnue. Si je participe à une course importante, je n’ai pas à considérer mon adversaire autrement que comme un adversaire à battre. La gentillesse n’a pas son mot à dire. Pour autant, comme le constate un nouveau participant, la compétition sportive n’exclut pas le respect de l’autre et c’est sans doute par le fair-play que la gentillesse se manifeste. Pour aller dans ce sens, Bruno fait référence au Tournoi des VI Nations et à cette fameuse définition du rugby : "<em>Un sport de voyous joué par des gentlemen</em>" ! </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;">Claire oriente le débat sur l’intitulé de cette séance : "<em>Oser la gentillesse</em>". "<em>Oser</em>" : ce verbe entendrait montrer qu’être gentil ne va pas de soi, que cela nécessite une forme d’effort. La question est de savoir si cette qualité est naturelle ou bien culturelle. Dit autrement, "<em>l’homme est-il naturellement bon ?</em>" comme l’affirmait <a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Jean-Jacques_Rousseau" target="_blank" rel="noopener">Jean-Jacques Rousseau</a> ou bien "<em>l’homme est-il un loup pour l’homme ?</em>" comme l’écrivait au contraire <a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Thomas_Hobbes" target="_blank" rel="noopener">Thomas Hobbes</a>. Il semblerait au vu du débat qui a cours autour de cette question que la culture a un rôle déterminant dans le développement de la gentillesse. </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;">L’un des plus beaux terrains d’observation de cette gentillesse en construction se trouve sur les cours de récréation, durant les premiers âges de la vie. Claire évoque à ce sujet une anecdote : une enfant de deux ans bousculée par un petit camarade de jeux et au sujet duquel la maman se félicitait de ses capacités à se battre. La jeune victime, en revanche, avait le tort de ne pas être suffisamment pugnace ou, dit autrement, d’être "trop gentille". Nous avons tous été témoins de ces scènes familières autour de bacs à sable, de toboggans et autres balançoires : les tout petits auraient très vite des comportements sociaux qui les distinguent les uns des autres. Ces comportements, plusieurs participants – enseignants dans le cycle élémentaire – sont d’accord pour dire qu’ils sont façonnés par le culturel. L’enfant est amoral dès son jeune âge. C’est par l’expérience et en côtoyant ses semblables qu’il se construit. En somme, pour reprendre une célèbre expression de <a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Simone_de_Beauvoir" target="_blank" rel="noopener">Simone de Beauvoir</a>, on ne naît pas gentil : on le devient ! Encore que beaucoup d’entre nous ont constaté que deux éducations identiques – le mot "identique" est cependant fortement à nuancer – voient plusieurs frères et sœurs adopter des comportements différents : l’un(e) pourra être gentil(le), l’autre pas. Nature et culture restent, encore une fois, des sujets de débat, voire de controverse. </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;">La gentillesse semblerait s’acquérir par l’expérience. L’un des aspects de ce comportement se manifeste par la non-violence, cette faculté à réagir à une agression par le pacifisme. Bruno rappelle qu’il y a un moins de trois ans, <a href="http://cafephilosophique-montargis.hautetfort.com/debat-l-education-a-la-non-violence" target="_blank" rel="noopener">le café philosophique de Montargis traitait de cette non-violence</a>. À l’époque, l’intervenant, Vincent Roussel, de la <a href="http://education-nvp.org/" target="_blank" rel="noopener">Coordination française pour la Décennie</a>, avait insisté sur l’éducation des enfants à la non-violence afin de dégoupiller les conflits en classe et sur les cours de récréation. Cette recommandation n’est, hélas, toujours qu’un vœu pieu !</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;">L’assistance du café philosophique poursuit sa discussion sur la place du culturel dans notre appréhension de la gentillesse. Une participante, de nationalité anglaise, porte un éclairage intéressant sur le gentil tel qu’il est vu en France. Nous avons dit que le "<em>gentilhomme</em>" avait disparu de notre paysage sociétal et que le gentil, son lointain avatar français, avait mauvaise presse. Cette participante confirme qu’elle a constaté chez beaucoup de nos concitoyens cette propension à déconsidérer la gentillesse. La mauvaise humeur et l’esprit râleur sont des caractéristiques françaises que nombre d’étrangers stigmatisent chez nous. Au contraire, en Grande-Bretagne, être gentil n’est pas une tare, loin de là. Être "<em>kind</em>" (de "<em>kindness</em>" : gentillesse) est une qualité appréciée, sans être dévalorisée. Ce n’est pas un hasard si le mot "<em>gentleman</em>" soit encore utilisé là-bas, alors que le "<em>gentilhomme</em>" est mort depuis longtemps en France. Bruno avance une explication à cette désaffection : après la Révolution française, en même temps que la société d’Ancien Régime disparaît (dont le gentilhomme), le besoin légitime d’égalité dans la société devient soif d’égalitarisme et méfiance vis-à-vis de notre voisin. Suis-je vraiment à égalité avec lui ? Si je montre altruiste, n’y a-t-il pas le risque que je sois "volé" par celui que je viendrais aider ? </span><a style="font-size: small;" href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Emmanuel_Jaffelin" target="_blank" rel="noopener">Emmanuel Jaffelin</a><span style="font-size: small;"> affirme ceci : "<em>En France c'est plus difficile qu'ailleurs, la faute à la Révolution française qui a inscrit dans notre ADN un égalitarisme forcené, on pense qu'on s'abaisse en donnant, alors qu'en donnant, on se grandit</em>" (</span><a style="font-size: small;" href="http://www.huffingtonpost.fr/2012/11/12/peut-on-etre-gentil-et-francais_n_2117930.html" target="_blank" rel="noopener">cf. cet article</a><span style="font-size: small;">). Loin d’être portée au pinacle, la gentillesse peut facilement être considérée avec méfiance ("<em>Une certaine qualité de gentillesse est toujours signe de trahison</em>" disait <a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Fran%C3%A7ois_Mauriac" target="_blank" rel="noopener">François Mauriac</a>). </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;">Il appartient sans doute à chacun de nous, dit un nouvel intervenant, de travailler à cette gentillesse. Comme il le rappelle à travers une fable indienne : deux loups luttent en nous, un bon et un mauvais ; le gagnant sera celui que nous nourriront. </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;">Résultat d’un apprentissage, la gentillesse ou son absence peuvent également être dans certains cas le fruit d’un caractère inné, comme le rappelle une participante. C’est l’exemple – certes, extrême – des psychopathes, des cas pathologiques incapables de ressentir autre chose que l’envie, la colère, la haine mais jamais des sentiments empathiques, sauf à vouloir dissimuler ou mentir. </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;">Un participant apporte un nouvel éclairage sur la gentillesse, un éclairage religieux et culturel ! Évoquer le pacifisme du gentil vient en résonance de l’invite de <a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/J%C3%A9sus" target="_blank" rel="noopener">Jésus</a> dans les Évangiles à "<em>tendre la joue droite lorsque quelqu’un frappe la joue gauche</em>" ("<em>Vous
Café philosophique de Montargishttp://cafephilosophique-montargis.hautetfort.com/about.htmlCAROL GILLIAN ET LA PHILOSOPHIE DU CARE (INTERVIEW)tag:cafephilosophique-montargis.hautetfort.com,2013-01-21:49643842013-01-21T20:58:00+01:002013-01-21T20:58:00+01:00 Nous traduisons ici de larges extraits de l'interview de la philosophe...
<p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;">Nous traduisons ici de larges extraits de l'interview de la philosophe américaine Carol Gillian réalisée pour le site Internet <a href="http://ethicsofcare.org/interviews/carol-gilligan" target="_blank">Ethics Of Care</a> (trad. café philosophique de Montargis).</span></p><blockquote><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;"><span style="text-decoration: underline;">Ethic of Care :</span><strong> Où travaillez-vous en ce moment ? </strong></span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;"><span style="text-decoration: underline;">Carol Gilian :</span> Je suis professeur d'université à l’université de New York, enseignante à l'École de Droit de la Steinhardt School of Culture, Education and Human Development et à la Graduate School of Arts and Sciences.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;"><strong>Pouvez-vous nous parler de votre recherche et de sa relation avec l’éthique du <em>care</em> ?</strong></span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;"><strong></strong>Mes recherches sur l'identité et sur le développement moral m'a conduit à identifier l'éthique du <em>care </em>comme "voix différente", une voix qui allie le moi avec autrui et la raison avec l'émotion. En transcendant ces binômes on est passé au paradigme de la théorie psychologique et moral. L'éthique du <em>care</em> part du principe que nous, êtres humains, nous sommes fondamentalement des êtres relationnels, des êtres sensibles, et que la condition humaine implique l’interconnexion et l'interdépendance.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;"><strong><a href="http://cafephilosophique-montargis.hautetfort.com/media/02/02/1503168072.jpg" target="_blank"><img id="media-3935186" style="float: left; margin: 0.2em 1.4em 0.7em 0;" title="" src="http://cafephilosophique-montargis.hautetfort.com/media/02/02/3992218876.jpg" alt="cg.jpg" /></a>Comment avez-vous été impliqué dans l'éthique du <em>care</em> ?</strong></span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;">Je suis venu à écrire sur une éthique du <em>care</em> après avoir écouté la façon dont les gens parlent de leurs expériences de conflit moral et des choix auxquels ils sont confrontés. Ma recherche a porté sur des situations réelles, plutôt qu’hypothétiques, de conflits moraux et de choix... J'ai été poussé à écrire sur une éthique du <em>care</em> suite aux contradictions que j'ai remarquées lorsque s’exprimaient les théoriciens de la morale et les gens de la rue.</span></p><p style="text-align: justify;"><strong><span style="font-size: small;">Comment définiriez-vous l'éthique du <em>care</em> ? </span></strong></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;">Comme une éthique fondée sur la parole et sur les relations humaines, comme sur l'importance de chacun d'avoir une voix, d'être écouté attentivement (en leur nom propre et sans dénaturer leurs propos) et d’être entendu avec respect. Une éthique du <em>care</em> oriente notre attention vers la nécessité de réactivité les relations humaines (attention, écoute, réponse) et vers le coût du manque de communication avec nous-même ou avec autrui. La logique du <em>care</em> est inductive, contextuelle, psychologique, plutôt que déductive ou mathématique.</span></p><p style="text-align: justify;"><strong><span style="font-size: small;">Quelle est la chose la plus importante que vous avez appris de l'éthique du <em>care</em> ? </span></strong></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;">Que la morale est fondée sur une logique psychologique. Elle reflète la façon dont nous nous connaissons nous-même grâce à nos relations avec autrui. Elle nous parle aussi des origines du mensonge moral dans les relations humaines car elles donnent lieu à des préoccupations au sujet de l'injustice et de l'insouciance. En étudiant son développement, j'ai réalisé que les préoccupations concernant l'oppression et celles au sujet de l'abandon sont intégrées dans le cycle de la vie humaine, que le pouvoir agit différemment avec les enfants et avec les adultes et enfin que les soins sont essentiels pour la survie humaine. L’éthique du care parle de ces préoccupations.</span></p><p style="text-align: justify;"><strong><span style="font-size: small;">Qui considérez-vous comme spécialistes le(s) plus important(s) dans ce domaine? </span></strong></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;">Les personnes qui ont participé à ma recherche sont de grands artistes : auteurs dramatiques, romanciers et poètes. Ils ont amélioré notre compréhension de la condition humaine à travers le temps et les cultures. Dans l'élaboration de ma réflexion sur l'éthique du care, j'ai aussi beaucoup appris des écrits de philosophes moraux tels que Hannah Arendt, Simone Weil, Iris Murdoch, Suzanne Langer, Martha Nussbaum, Stanley Cavell et David Hume.</span></p><p style="text-align: justify;"><strong><span style="font-size: small;">Quel travail sur l'éthique du <em>care</em> vous semble le plus important? </span></strong></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;">À l'heure actuelle, les écrits de Michael Slote, ainsi que le travail fait à Paris par la philosophe morale Sandra Laugier et la sociologue Patricia Paperman.</span></p><p style="text-align: justify;"><strong><span style="font-size: small;">Parmi vos livres ou articles, lesquels nous conseillez-vous ? </span></strong></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;"><em>Joining the Resistance</em> (2011, non traduit en français), en particulier le premier et le dernier chapitre, mais également <em>Une Voix différente</em> (1982, éd. Champs Flammarion, 2008) et <em>The Birth of Pleasure</em> (2002</span><span style="font-size: small;">, non traduit en français</span><span style="font-size: small;">). Pour l'éthique du <em>care</em> appliqué à la démocratie et à la résistance au patriarcat, je voudrais également recommander le livre que j’ai publié en 2009 avec David A.J. Richards (un collègue de l’Université de New-York, expert en droit constitutionnel et philosophe de la morale) : <em>The Deepening Darkness: Patriarchy, Resistance, and Democracy’s Future</em> (Cambridge University Press). [<em>Les Temps obscurs : Le Patriarcat, la Résistance, et le Futur de la Démocratie</em>, non traduit en français].</span></p><p style="text-align: justify;"><strong><span style="font-size: small;">Quelles sont les questions importantes à soulever pour l’avenir de l'éthique du <em>care</em> ? </span></strong></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;">D’abord, répondre à la question de savoir pourquoi l'éthique du <em>care</em> est encore attaquée (en particulier aux États-Unis mais aussi maintenant en Europe). Ensuite, examiner l'éthique du <em>care</em> à la lumière des nouveaux éléments de preuve dans les sciences humaines, à savoir que nous, humains, nous sommes par nature empathiques ainsi que des êtres sensibles et programmés pour la coopération. Plutôt que de demander comment nous pouvons être capables de prendre soin d’autrui, les grandes questions sont plutôt : comment ne parvenons-nous pas à prendre soin d’autrui et comment pouvons-nous perdre la capacité d'empathie et de compréhension mutuelle ? Il est également essentiel de préciser que dans un cadre patriarcal, l'éthique du care est une éthique "féminine", alors que dans le cadre démocratique il y a une éthique humaine fondée sur les valeurs démocratiques fondamentales: l'importance de chacun d'avoir une voix et d'être écouté avec soin et avec respect. De là, ce principe d'égalité permettant de traiter les conflits dans les relations humaines. La multitude de voix devient alors partie intégrante de la vitalité d'une société démocratique.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;">L’éthique féministe du <em>care</em> est une éthique de la résistance aux injustices inhérentes au patriarcat (associer soins et compassion avec les femmes plutôt que qu’avec l’ensemble des hommes, la féminisation du travail de soins, la prestation de soins en tant que simple élément de la justice - en faire une simple question d'obligations spéciales ou de relations interpersonnelles). Une éthique féministe du <em>care</em> oriente la lutte historique pour la démocratie sans le patriarcat : c'est l'éthique d'une société démocratique. Il transcende les particularités entre les sexes et les hiérarchies qui structurent les institutions patriarcales et les cultures. Une éthique du <em>care</em> est essentielle à la survie humaine et aussi à la réalisation d'une société mondiale...</span></p></blockquote><p style="text-align: justify;"> </p>
Lizouzouhttp://lespetitslivresdelizouzou.hautetfort.com/about.html”Les apparences” de Gillian Flynntag:lespetitslivresdelizouzou.hautetfort.com,2012-12-20:49340802012-12-20T16:21:18+01:002012-12-20T16:21:18+01:00 Nick et Amy sont mariés depuis cinq ans et semblent être un couple...
<p style="text-align: center;"><img id="media-3890337" style="margin: 0.7em 0;" title="" src="http://lespetitslivresdelizouzou.hautetfort.com/media/00/02/1776291330.JPG" alt="les apparences.JPG" /></p><p style="text-align: justify;"><span style="color: #800080; font-family: tahoma,arial,helvetica,sans-serif; font-size: small;">Nick et Amy sont mariés depuis cinq ans et semblent être un couple modèle. Mais le jour de leur anniversaire de mariage, Nick découvre la maison en désordre et Amy a disparu...</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="color: #800080; font-family: tahoma,arial,helvetica,sans-serif; font-size: small;">Le lecteur suit deux récits : tout d'abord le quotidien de Nick depuis le jour de la disparition d'Amy, puis le journal intime d'Amy allant de leur rencontre au moment de sa disparition. Le lecteur a donc la possibilité d'avoir accès au point de vue de Nick et d'Amy, malgré l'ordre chronologique qui diffère.</span><br /><span style="color: #800080; font-family: tahoma,arial,helvetica,sans-serif; font-size: small;">Le couple semble avoir quelques problèmes : manque de communication, infidélité, mensonges, secrets ... Grâce à ces éléments, le lecteur évoque plusieurs hypothèses et découvre deux personnages complexes digne d'un bon polar psychologique !</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="color: #800080; font-family: tahoma,arial,helvetica,sans-serif; font-size: small;">Le roman se découpe également en trois parties mais je ne vous en dis pas plus pour ne pas vous dévoiler l'intrigue, qui croyez-moi vaut le détour ! L'histoire est originale et bien trouvée. J'ai à plusieurs moments jugé certains personnages et me suis trompés sur d'autre : c'est ce que j'aime, que l'auteur arrive a me surprendre tout au long de ma lecture. </span><br /><br /><span style="color: #800080; font-family: tahoma,arial,helvetica,sans-serif; font-size: small;">J'ai adoré l'aspect psychologique des personnages, qui sont réellement bien construits ! Je me suis plusieurs fois dit : "Mais où l'auteure va-t-elle chercher tout ça ???!!!" <br />Le début est un peu long mais au fur et à mesure des pages, on ne peut définitivement pas fermé le livre avant de savoir la fin ! C'est un livre addictif, passé les quelques longueurs du début (en même temps, faut bien mettre en place les personnages ^^)</span><br /><br /><span style="color: #800080; font-family: tahoma,arial,helvetica,sans-serif; font-size: small;">J'avais trouvé quelques éléments, je me doutais de quelques petites choses mais je suis ressortie de cette lecture très surprise ! J'ai réellement aimé ce petit pavé étonnant !</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="color: #800080; font-family: tahoma,arial,helvetica,sans-serif; font-size: small;">Allez jetez un coup d'oeil à <a title="l'article de Cajou" href="http://www.plumedecajou.com/article-les-apparences-de-gillian-flynn-109152514.html" target="_blank">l'article de Cajou</a> qui m'a clairement donné envie de le lire ! J'espère qu'il en sera de même pour vous ! En même temps, on est rarement déçu des éditions Sonatine ! ^^</span></p>