Last posts on gezelle2024-03-28T11:51:04+01:00All Rights Reserved blogSpirithttps://www.hautetfort.com/https://www.hautetfort.com/explore/posts/tag/gezelle/atom.xmldaniel cuninhttp://flandres-hollande.hautetfort.com/about.htmlÔ Mère-Flandre !tag:flandres-hollande.hautetfort.com,2010-09-25:28905052010-09-25T01:48:00+02:002010-09-25T01:48:00+02:00 Prosper Van Langendonck et les Lettres flamandes,...
<p style="text-align: justify;"><!--StartFragment--></p><p class="MsoNormal" style="margin-bottom: 0.0001pt; text-align: center;"> </p><p class="MsoNormal" style="margin-bottom: 0.0001pt; text-align: center;"><span style="font-size: 14pt; font-family: Garamond; color: #808000;"><strong><span style="font-size: x-large;">Prosper Van Langendonck</span></strong></span></p><p class="MsoNormal" style="margin-bottom: 0.0001pt; text-align: center;"><span style="font-size: 14pt; font-family: Garamond; color: #808000;"><strong><span style="font-size: x-large;">et les Lettres flamandes,</span></strong></span></p><p class="MsoNormal" style="margin-bottom: 0.0001pt; text-align: center;"><span style="font-size: 14pt; font-family: Garamond; color: #808000;"><strong><span style="font-size: x-large;">par Pierre Broodcoorens</span></strong></span></p><p class="MsoNormal" style="margin-bottom: .0001pt; text-align: justify;"><span style="font-size: 14.0pt; mso-bidi-font-size: 12.0pt; font-family: Garamond;"> </span></p><p class="MsoNormal" style="margin-bottom: .0001pt; text-align: justify;"><span style="font-size: 14.0pt; mso-bidi-font-size: 12.0pt; font-family: Garamond;"> </span></p><p class="MsoNormal" style="margin-bottom: .0001pt; text-align: justify;"><span style="font-family: 'book antiqua', palatino, serif; color: #800000; font-size: 12pt;">P. Broodcoorens, par Magritte, 1921</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="color: #000000;"><span style="font-size: 14.0pt; mso-bidi-font-size: 12.0pt; font-family: Garamond; mso-fareast-font-family: 'Times New Roman'; mso-bidi-font-family: 'Trebuchet MS'; mso-ansi-language: FR; mso-fareast-language: EN-US;"><a id="media-5327957" href="http://flandres-hollande.hautetfort.com/media/00/01/3262476242.png"><img id="media-2636568" style="float: left; margin: 0.2em 1.4em 0.7em 0;" src="http://flandres-hollande.hautetfort.com/media/02/02/2713835807.jpg" alt="PortraitofPierreBroodcoorens1921.jpg" /></a><span style="font-size: large; font-family: verdana, geneva; color: #000000;">Né à Bruxelles en 1885, l’écrivain d’expression française Pierre Broodcoorens a laissé parler </span></span><span style="font-size: large; font-family: verdana, geneva;">ses convictions socialistes ainsi que son attachement à la Flandre occidentale dans son théâtre, sa poésie (<em>A celle qui porte mon nom</em>, 1907, <span style="text-decoration: underline;"><em><a href="http://books.google.fr/books?id=M2g7p6BkdP4C&pg=PA79&lpg=PA79&dq=%22Le+Carillonneur+des+esprits%22&source=bl&ots=ObPTy02Rw8&sig=hhAqGgDU_yyYgaGCIW-s1u__XFE&hl=fr&ei=BoeITIbANcGT4gaFq7niAw&sa=X&oi=book_result&ct=result&resnum=1&ved=0CBUQ6AEwAA" target="_blank">Le Carillonneur des esprits</a></em></span>, 1921...) et dans ses romans comme <em style="mso-bidi-font-style: normal;">Le Sang rouge des Flamands</em> (paru d’abord dans <em style="mso-bidi-font-style: normal;">Le Peuple</em> en 1914 puis en volume en 1922) dont Rosa Luxembourg a pu dire dans ses <em style="mso-bidi-font-style: normal;">Lettres de prison</em> : « Ce roman m’avait beaucoup frappée. Je trouve surtout que les descriptions de paysage y sont d’une grande force poétique… Il semble évidemment qu’au beau pays des Flandres le soleil se lève et se couche avec beaucoup plus de splendeur que dans n’importe quel autre endroit du monde… Ne trouvez-vous pas que, par leur coloris, de tels livres rappellent tout à fait Rembrandt…? La tonalité sombre de l’ensemble, à laquelle se marie toute la gamme des or et vieil or, le réalisme effarant dans le détail et cependant l’impression de mystère et de légende qui se dégage du tout ? ». <a href="http://nl.wikipedia.org/wiki/Pierre_Broodcoorens" target="_blank">Broodcoorens</a> s’est occupé de plusieurs revues comme <em style="mso-bidi-font-style: normal;">En art</em> et <em style="mso-bidi-font-style: normal;">L’Exode</em>. Son ami Magritte a eu l’occasion de le portraiturer. On considère Broodcoorens comme un disciple de Camille Lemonnier ou de Georges Eekhoud. Des critiques français lui reprocheront sa « prodigalité de belgicismes » ou encore le réalisme trop cru de ses récits. </span><span style="font-family: verdana, geneva; font-size: large;">Pour sa part, l’écrivain thudinien Paul Bay ne tarit pas d’éloges au sujet du <em style="mso-bidi-font-style: normal;">Miroir des roses spirituelles</em>, volume réunissant des nouvelles ou croquis de son confrère dont le vocabulaire est parfois directement emprunté au flamand : « Vous rappelez-vous, Messieurs, chers camarades, la silhouette de Broodcoorens se rendant tout songeur à son bureau de l’Hôtel de ville de St-Josse-ten-Noode ? Vous rappelez-vous sa barbe embroussaillée, ses yeux luisants, son regard appuyé et volontiers farouche ? Vous rappelez-vous, disciples d’Eekhoud, la voix de tonnerre, les récitations volcaniques, les emportements et les rires de gosse du grand Brood ? Et bien, cet homme, cette ombre aujourd’hui, nous a légué un livre grâce auquel son nom ne périra point. Si Broodcoorens a aimé son pays, sa campagne des environs de Renaix, s’il l’a bien observé, adoré, au point de le faire tenir tout entier en quatre contes, son pays le lui a bien rendu. Il a inspiré à un Belge, à un Flamand, des pages impérissables. On dirait même qu’elles ont été écrites avec du sang, avec le sang d’un cœur ardent et débordant d’amour pour la pauvre humanité des campagnes. » (<em style="mso-bidi-font-style: normal;">Le Thyrse</em>, 21 mars 1926, p. 139).</span></span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: large; font-family: verdana, geneva; color: #000000;">Une rue de La Hulpe, commune wallonne où l'écrivain est décédé en août 1924, porte son nom. À l’occasion de sa disparition, la presse française rapporte : « Le poète belge Pierre Broodcoorens qui a écrit notamment <em style="mso-bidi-font-style: normal;">Le Sang rouge des Flamands</em> et <em style="mso-bidi-font-style: normal;">Les Rustiques</em>, a succombé à Bruxelles. M. Broodcoorens, émule et fervent admirateur du grand écrivain Camille Lemonnier, avait présidé, dimanche dernier, la cérémonie inaugurale d’un monument à la mémoire de son maître. » (entre autres <em style="mso-bidi-font-style: normal;">Le Figaro</em> du 14 août 1924).</span></p><p style="text-align: center;"> </p><p style="text-align: center;"><a id="media-5327919" href="http://flandres-hollande.hautetfort.com/media/00/02/1741918224.png"><img id="media-2636585" style="margin: 0.7em 0;" src="http://flandres-hollande.hautetfort.com/media/01/02/161621231.jpg" alt="BroodcoorensHuma1.jpg" /></a></p><p style="text-align: center;"><span style="color: #800000; font-family: 'book antiqua', palatino, serif; font-size: 12pt;">Extrait du billet de M. Martinet sur <em>Le Sang rouge des Flamands</em></span></p><p style="text-align: center;"><span style="color: #800000; font-family: 'book antiqua', palatino, serif; font-size: 12pt;"><em>L'Humanité</em>, 27/04/1922, p. 4 (source : Gallica)</span></p><p> </p><p style="text-align: justify;"><!--StartFragment--></p><p class="MsoNormal" style="margin-bottom: .0001pt; text-align: justify;"><span style="font-size: large; font-family: verdana, geneva; color: #000000;">Les trois premières pages de la revue bruxelloise <em style="mso-bidi-font-style: normal;">L’Art libre</em> de février 1921 donnent à lire un article de Pierre Broodcoorens que nous reproduisons ci-dessous. La disparition du poète, critique et essayiste flamand <span style="text-decoration: underline;"><strong><a href="http://www.hum.uva.nl/dsp/ljc/prosper.langendonck/" target="_blank">Prosper Van Langendonck</a></strong></span> le 7 novembre 1920 a motivé l’écriture de ce texte. Dans ces lignes, l’auteur d’expression française acquis à la cause flamande s’enflamme. Dresser un portrait du défunt est pour lui l’occasion de plaider en faveur de Mère-Flandre - contre la domination de la culture et de la langue françaises - en mêlant un appel à la lutte (socialisme) et à l’union de toutes les composantes flamandes (nationalisme) avec une revendication à la fraternité européenne (internationalisme).</span></p><p class="MsoNormal" style="margin-bottom: .0001pt; text-align: justify;"><span style="font-family: 'book antiqua', palatino, serif; color: #800000; font-size: 12pt;">couverture du 1er numéro de <em>Van Nu en Str</em>aks (source : dbnl)</span></p><p class="MsoNormal" style="margin-bottom: .0001pt; text-align: justify;"><span style="font-size: 14pt; font-family: Garamond; color: #000000;"><a id="media-5327922" href="http://flandres-hollande.hautetfort.com/media/02/01/544467648.png"><img id="media-2642563" style="float: left; margin: 0.2em 1.4em 0.7em 0;" src="http://flandres-hollande.hautetfort.com/media/01/02/4148648136.png" alt="couvvannu1.png" /></a><span style="font-family: verdana, geneva; font-size: large;">Dans ses terres, Prosper van Langendonck fait aujourd’hui encore figure de poète maudit. C’est d’ailleurs ainsi que le caractérise <span style="text-decoration: underline;"><strong><a href="http://flandres-hollande.hautetfort.com/archive/2009/12/01/un-roman-a-la-james-ensor.html" target="_blank">Stefan Brijs</a></strong></span> dans l’essai qu’il lui a consacré il y a quelques années : « De Vlaamse poète maudit » (<em style="mso-bidi-font-style: normal;">De vergeethoek</em>, Amsterdam/Anvers, Atlas, 2003, p. 29-36). Maudit, il le reste au-delà de la mort : le jour de ses obsèques, sur la carte placée sur son cercueil, un point d’interrogation figurait à côté de son nom : personne ne se souvenait de sa date de naissance. Depuis quatre-vingt dix ans, quelques contributions viennent le tirer de temps à autre de l’oubli. Les historiens de la littérature lui accordent une place en tant qu’auteur d’un unique recueil de poésie, les <em style="mso-bidi-font-style: normal;">Verzen</em> - il n’a pour le reste composé que quelques comédies en un acte dont <em style="mso-bidi-font-style: normal;">Een huwelijk per vliegmachien </em>(Un mariage en aéroplane, 1914) - et surtout comme figure majeure du mouvement de rénovation des lettres flamandes incarné par <em style="mso-bidi-font-style: normal;">Van Nu en Straks</em> (<em style="mso-bidi-font-style: normal;">D’aujourd’hui et de Demain </em>ou<em style="mso-bidi-font-style: normal;"> De Maintenant et de Tout à l’Heure</em>). Trentenaire, il est l'un des plus âgés de la première équipe qui a fait vivre cette revue et, par sa défense des valeurs catholiques, il effectue le lien entre le passé et le présent alors qu’un auteur comme Auguste Vermeylen (1872-1945) s’inscrit plutôt dans la mouvance anarchiste. Langendonck évoque une synthèse chrétienne, il aspire<span style="mso-spacerun: yes;"> </span>à « un « christianisme dans sa forme la plus pure : le catholicisme est assez large pour annexer les efforts de chacun, et il se trouve encore et il se trouvera toujours au sommet de toutes les vies ». Ses courts essais « <span style="text-decoration: underline;"><strong><a href="http://www.dbnl.org/tekst/verv012lite01_01/verv012lite01_01_0049.php" target="_blank">De Vlaamsche Parnassus</a></strong></span> », (Le Parnasse flamand, 1888) et « <span style="text-decoration: underline;"><strong><a href="http://www.dbnl.org/tekst/verv012lite01_01/verv012lite01_01_0074.php" target="_blank">Herleving der Vlaamsche poëzij</a></strong></span> » (Renaissance de la poésie flamande, 1893-1894), comme sa polémique avec Max Rooses - sans doute le critique alors le plus influent de Flandre, qu'il prend à partie dans le premier de ces deux textes - ont fortement contribué à favoriser une nouvelle approche de la littérature qui a permis de rompre avec une poésie qui abordait toujours les mêmes sujets, <img id="media-2642478" style="float: left; margin: 0.2em 1.4em 0.7em 0;" src="http://flandres-hollande.hautetfort.com/media/02/00/3845411678.png" alt="couvfayard1999.png" />recourait toujours aux même tournures et aux mêmes formes. Il a défendu « un art classique et universel à titre de théoricien, mais aussi comme créateur, en composant des poèmes tourmentés d’une facture romantique tardive et chargés d’une tristesse et d’une ambivalence baudelairiennes, poèmes qui préparèrent le terrain au symbolisme de Van de Woestijne. […] S’il fit ses armes en lisant les romantiques Musset, Vigny, Leopardi, von Platen, il se laissait emporter par les vers des classiques Virgile, Dante et Vondel. Dans son premier poème d’importance, <em style="mso-bidi-font-style: normal;">Waarheid en idéal</em> (<em style="mso-bidi-font-style: normal;">Vérité et idéal</em>, 1883), il introduisit en Flandre la poésie décadente fin de siècle dans la tradition baudelairienne » (A. M. Musschoot, <em style="mso-bidi-font-style: normal;">Histoire de la littérature néer- landaise</em>, Fayard, 1999, p. 545). Ce n’est donc pas un hasard si, après avoir fait connaître Gezelle au-delà des rares cénacles où on le lisait, il<span style="mso-spacerun: yes;"> </span>a découvert le talent d’un Karel van de Woestijne ou d’un Herman Teirlinck. Dans ses poèmes, essentiellement des sonnets, Van Langendonck a réalisé « une ultime harmonie entre le fond et la forme, une union parfaite entre le sentiment et l’expression, l’idée et le rythme. […] Un poème de Langendonck a une allure grandiose, un rythme noble et ample ; il ressemble à un vaste champ ondulant, où le panorama est à la fois étendu et mouvementé, multiple et bien ordonné » (André de Ridder, <span style="text-decoration: underline;"><strong><em><a href="http://flandres-hollande.hautetfort.com/archive/2010/03/05/une-histoire-de-la-litterature-flamande.html" target="_blank">La Littérature flamande contemporaine</a></em></strong></span>, 1923, p. 115 et 117). A. Vermeylen (photo), qui l’a bien connu puisque les deux hommes avaient collaboré au mensuel <em style="mso-bidi-font-style: normal;">Nederlandsche Dicht- en Kunsthalle</em> ou encore au sein du cercle artistique bruxellois « De Distel » (Le Chardon) avant de fonder <em style="mso-bidi-font-style: normal;">Van Nu en Straks</em>, insiste de son côté sur la noblesse de l’art de son confrère, sur la place que ce dernier accorde à l’intellect dans ses sonnets et sur le drame qui habite sa voix singulière. « Pour Van Langendonck, le poète était l’homme capable d’incorporer la vie entière et de la recréer en une unité harmonieuse. […] Le beau miracle de sa poésie, c’est, dans ses composantes les plus infimes, l’euphonie du monde des sens, du monde du cœur et du monde de l’esprit. Même ses paysages les plus objectifs sont des tableaux de l’âme. » (<em style="mso-bidi-font-style: normal;">De Vlaamsche letteren van Gezelle tot heden</em>, <img id="media-2642498" style="float: right; margin: 0.2em 0 1.4em 0.7em;" src="http://flandres-hollande.hautetfort.com/media/01/02/1501678592.png" alt="photovermeylen.png" />1938). Dans « <span style="text-decoration: underline;"><a href="http://www.dbnl.org/tekst/verm036verz03_01/verm036verz03_01_0015.php" target="_blank">La poésie flamande con- temporaine</a></span> », texte des années 1910 rédigé en français, la cheville ouvrière de <em style="mso-bidi-font-style: normal;">Van Nu en Straks</em> s’exprime en ces termes sur son ami qui, à son sens, tiendrait une place de choix « dans n’importe qu’elle autre littérature » au même titre qu’un Verhaeren : « Pour nous en tenir à la poésie, le rôle de <em style="mso-bidi-font-style: normal;">Van Nu en Straks</em> fut de reprendre, par-dessus l’école de <span style="text-decoration: underline;"><strong><a href="http://en.wikipedia.org/wiki/Charles_Polydore_de_Mont" target="_blank">Pol de Mont</a></strong></span>, à notre avis trop favorable au dilettantisme, les traditions de Rodenbach et de Gezelle, leur sens plus complet de l’union intime de la vie et de l’art. Ce fut là surtout l’œuvre de Prosper Van Langendonck. Il était un peu notre ancien déjà, puisque, à peine plus jeune que <span style="text-decoration: underline;"><strong><a href="http://books.google.fr/books?id=SLFwjEN8uFMC&pg=PA102&lpg=PA102&dq=%22pol+de+mont%22&source=bl&ots=KfGss6McY3&sig=bTWQ3RbBT-_V859rKBMwYwQ1LN4&hl=fr&ei=4D6OTOL8GcKY4AbypoicCw&sa=X&oi=book_result&ct=result&resnum=24&ved=0CG0Q6AEwFw" target="_blank">Pol de Mont</a></strong></span> et <span style="text-decoration: underline;"><strong><a href="http://flandres-hollande.hautetfort.com/archive/2009/11/29/nous-n-irons-plus-au-bois-1.html" target="_blank">Hélène Swarth</a></strong></span>, il avait, dès avant la fondation de la revue, indiqué la bonne route et écrit des vers d’une psychologie toute moderne. Avec lui, nous retournons à un art où l’émotion profonde et la pensée s’éclairent mutuellement. Âme grave et foncièrement noble, crispée, tragique, toujours divisée, toujours en lutte contre elle-même, - conscience d’aujourd'hui, dont les douleurs ont des accents poignants, mais s’expriment toujours en une forme impeccable, illuminée de beauté. »</span></span></p><p class="MsoNormal" style="margin-bottom: .0001pt; text-align: justify;"><span style="font-family: verdana, geneva; font-size: large;"><span style="color: #000000;">Prosper van Langendonck est mort à l’hôpital Saint-Jean de Bruxelles, établissement où quel- ques célèbres poètes français ont séjourné. Après avoir perdu sa mère en 1880, il avait dû s’occuper de sa sœur folle et de son père, un restaurateur de tableaux plus ou moins aveugle. Aussi, n’ayant pu poursuivre ses études, il avait occupé de modestes postes dans l’admi- nistration ou dans les assurances - disparaissant d’ailleurs parfois plusieurs jours sans prévenir. À l’époque où il était employé du service de traduction du Parlement belge, il a traduit l’ouvrage de Siméon Olschewsky et Jules Garsou, <span style="text-decoration: underline;"><strong><em><a href="http://www.dbnl.org/titels/titel.php?id=lang021leop01" target="_blank">Léopold II, roi des Belges : sa vie et son règne</a></em></strong></span> (1905). Un tel environnement était certes peu favorable à l’écriture d’une œuvre - il a toutefois connu quelques brèves années moins grises à l’époque de son mariage (1899) -, mais la raison première des longs silences du poète Van Langendonck réside dans sa fragilité : il souffrait semble-t-il de schizophrénie. Au cours des dix dernières années de sa vie, il s’est enfermé dans une « douleur muette ». Son dernier poème « De Zwerver » (« Le Vagabond ») date de 1912, un titre en conformité avec la vie qu'il menait alors. Stefan Brijs écrit qu’il n’a pu produire de grands poèmes que lorsqu’il traversait une période de lucidité.</span></span></p><p class="MsoNormal" style="margin-bottom: 0.0001pt; text-align: justify;"><span style="color: #000000; font-family: verdana, geneva; font-size: large;">Très peu de poèmes de Prosper Van Langendonck ont semble-t-il été traduits en français. Dans son <em style="mso-bidi-font-style: normal;">Anthologie de la poésie néerlandaise (Belgique 1830-1966)</em>, Maurice Carême n’en a retenu qu’un : « <a href="http://cf.hum.uva.nl/dsp/ljc/prosper.langendonck/46.html" target="_blank">De orgeldraaier z
daniel cuninhttp://flandres-hollande.hautetfort.com/about.htmlUne gloire de la Flandretag:flandres-hollande.hautetfort.com,2009-07-18:22920542009-07-18T19:38:00+02:002009-07-18T19:38:00+02:00 Le traducteur Charles Grolleau à propos de Guido Gezelle...
<p><!--StartFragment--></p><p class="MsoNormal" style="text-align: center;"> </p><p class="MsoNormal" style="text-align: center;"><span style="color: #808000; font-size: 14pt; font-family: georgia, palatino, serif;"><strong>Le traducteur Charles Grolleau</strong></span></p><p class="MsoNormal" style="text-align: center;"><span style="color: #808000; font-size: 14pt; font-family: georgia, palatino, serif;"><strong>à propos de <a href="http://belgium.poetryinternationalweb.org/piw_cms/cms/cms_module/index.php?obj_id=14144" target="_blank"><span style="color: #808000;">Guido Gezelle</span></a></strong></span></p><p class="MsoNormal" style="text-align: justify;"> </p><p class="MsoNormal" style="text-align: justify;"> </p><p style="text-align: center;"><img id="media-4543204" style="margin: 0.7em 0;" title="" src="http://flandres-hollande.hautetfort.com/media/02/00/2634848053.png" alt="vlaamse letterkunde,poésie,traduction littéraire,flandre,gezelle,bruges,charles grolleau" /></p><p class="MsoNormal" style="text-align: center;"><strong><span style="color: #993300; font-size: small;">Guido Gezelle</span> </strong></p><p class="MsoNormal" style="text-align: justify;"> </p><p class="MsoNormal" style="text-align: justify;"><span style="font-size: 14pt; color: #000000;">S’il fut « un parfait écrivain, un rare poète, un grand chrétien » <span style="color: #808000;"><strong>(1)</strong></span>, Charles Grolleau (1867-1940) se distingua aussi en étant éditeur de J.-K. Huysmans et, essentiellement par nécessité financière, un traducteur prolifique (<a style="color: #000000;" href="http://www.amisdechesterton.fr/" target="_blank">Chesterton</a>, Blake, Wilde, Omar Khayyam, Sienkiewicz…). Tant sa poésie que ses traductions recueillirent les éloges, par exemple sous la plume du jeune critique <a style="color: #000000;" href="http://users.skynet.be/sb176943/doc_317.htm" target="_blank">Louis Thomas</a> dans <em>l’Art Moderne</em> du 28 octobre 1906 :</span></p><div style="text-align: center;"><p style="text-align: center;"><img id="media-4543207" style="margin: 0.7em 0;" title="" src="http://flandres-hollande.hautetfort.com/media/02/01/3837804227.png" alt="vlaamse letterkunde,poésie,traduction littéraire,flandre,gezelle,bruges,charles grolleau" /></p></div><p class="MsoNormal" style="text-align: justify;"><span style="font-size: 14pt; color: #000000; font-family: 'book antiqua', palatino, serif;"><a style="color: #000000;" href="http://livrenblog.blogspot.be/2010/06/haschisch-par-charles-grolleau.html" target="_blank">Charles Grolleau</a> ne lisait pas le néerlandais. Toutefois, il a ramené d’un séjour en Flandre un petit ouvrage consacré au plus grand poète flamand du XIX<sup>e</sup> siècle, Guido Gezelle : <em>Une gloire de la Flandre. Guido Gezelle. Prêtre et poète (1830-1899)</em> a paru en 1917 dans la collection « Bellum » chez Georges Crès. L’étude de Grolleau, dédiée à dom Bruno d’Estrée o.s.b., est suivie d’un choix de poèmes empruntés aux <em>Poèmes choisis (1858-1899)</em>, traduits du flamand par Émile Cammaerts et Charles Van den Borren, Louvain, Charles Peeters, 1908. <a style="color: #000000;" href="http://www.omarkhayyamnederland.com/translators/french/ch-grolleau/index.html" target="_blank">Grolleau</a> reprend les mots de ces passeurs : « Guido Gezelle n’est pas un poète local, un Défrécheux brugeois, un “Mistral du Nord”. Sa langue participe davantage du néerlandais littéraire que du patois flamand. Il n’a pas tenté de fixer par l’écriture une tradition orale ; il a infusé le sang jeune de locutions parlées dans le corps anémié d’une écriture conventionnelle. Il a restauré à l’aide du patois qui en avait conservé l’empreinte, la langue littéraire médiévale. […] Ce n’est pas un artiste isolé, c’est un des grands maîtres – le plus grand peut-être, à l’époque moderne – des lettres néerlandaises. »</span></p><p style="text-align: center;"><img id="media-4543213" style="margin: 0.7em 0;" title="" src="http://flandres-hollande.hautetfort.com/media/02/02/2583821198.png" alt="vlaamse letterkunde,poésie,traduction littéraire,flandre,gezelle,bruges,charles grolleau" /></p><p class="MsoNormal" style="text-align: justify;"><span style="font-size: 14pt; color: #000000; font-family: 'book antiqua', palatino, serif;">Puis il ajoute lui-même : « Que ne donnerions-nous pas pour entendre ce que la nature nous dirait par la bouche d’un saint ? Elle a parlé souvent et saint Bernard et saint François d’Assise et saint François de Sales et des milliers dont nous connaissons quelques-uns et des milliers que nous ne connaîtrons jamais ont redit de ses paroles, mais souvent, chez eux, la poésie n’était que la servante d’une haute et puissante maîtresse : la sainte Théologie, et c’est la poésie toujours servante peut-être mais parlant d’elle-même et de son commerce direct avec tous les reflets de Dieu, c’est le chant spontané d’une âme sainte que nous demandons avec les cris de la soif et de la faim. Eh bien ! cette poésie-là, nous l’avons par Guido Gezelle. Jamais âme plus mélodieuse, <em>anima plena modulatione</em>, comme dit l’Imitation, ne nous aura parlé ainsi du Dieu qu’elle adorait, de l’œuvre des six jours gardant pour les seuls yeux de ceux qui prient la trace lumineuse des mains paternelles. Et tous ceux qui ont connu l’humble vicaire de Courtrai et tous ceux qui ne connaissent que son œuvre ont, sans toucher imprudemment au trésor que cache le mot de sainteté, prononcé le nom de “saint” en parlant de Gezelle. »</span></p><p class="MsoNormal" style="text-align: justify;"><span style="color: #000000; font-size: 14pt; font-family: 'book antiqua', palatino, serif;">La nécrologie rédigée par L. Lefebvre nous apprend que, le 15 juin 1940, Charles Grolleau « fuyait, en automobile ; au cours de cet exode, surpris par un bombardement, son cœur fragile n’a pas pu résister : il s’est effondré mort, sans un mot, dans les bras de sa femme, l’admirable compagne de sa vie et de sa pensée […]. On l’a enterré dans un village déjà évacué, sans cercueil, sans prêtre. »</span></p><p class="MsoNormal" style="text-align: justify;"><span style="color: #993300; font-size: small;"><strong> </strong></span></p><p class="MsoNormal" style="text-align: justify;"><span style="font-size: medium;"><span style="color: #993300;"><span style="color: #808000; font-family: 'book antiqua', palatino;"><img id="media-4543243" style="float: left; margin: 0.2em 1.4em 0.7em 0;" title="" src="http://flandres-hollande.hautetfort.com/media/00/01/4230331582.png" alt="vlaamse letterkunde,poésie,traduction littéraire,flandre,gezelle,bruges,charles grolleau" /></span></span></span></p><p class="MsoNormal" style="text-align: justify;"> </p><p class="MsoNormal" style="text-align: justify;"><span style="font-size: 12pt; font-family: 'book antiqua', palatino, serif;"><span style="color: #993300;"><span style="color: #808000;">(1) Ce sont les termes employés par Lefebvre dans la nécrologie qu’il consacre à son ami près de six mois après le décès de ce dernier (</span></span><span style="color: #808000;"><em>La Croix</em>, 8 décembre 1940). Il n’est pas inutile de relever que Grolleau a collaboré à la célèbre <em>Histoire littéraire du sentiment religieux en France</em> de H. Brémond.</span></span></p><p class="MsoNormal" style="text-align: center;"> </p><p class="MsoNormal" style="text-align: center;"> </p><p class="MsoNormal" style="text-align: center;"> </p><p class="MsoNormal" style="text-align: center;"> </p><p class="MsoNormal" style="text-align: center;"><span style="color: #993300; font-family: 'book antiqua', palatino, serif; font-size: 12pt;"><strong><span style="text-decoration: underline;"><span style="text-decoration: underline;"><span style="text-decoration: underline;">Guido Gezelle en néerlandais</span></span></span></strong></span></p><p class="MsoNormal" style="text-align: center;"><span style="color: #993300; font-family: 'book antiqua', palatino, serif; font-size: 12pt;"><strong><a href="http://www.gezelle.be/" target="_blank"><span style="color: #993300;">http://www.gezelle.be/</span></a></strong></span></p><p class="MsoNormal" style="text-align: center;"><span style="color: #993300; font-family: 'book antiqua', palatino, serif; font-size: 12pt;"><strong><a href="http://users.belgacom.net/merton/indexgg.htm" target="_blank"><span style="color: #993300;">http://users.belgacom.net/merton/indexgg.htm</span></a></strong></span></p><p class="MsoNormal" style="text-align: center;"><span style="color: #993300; font-family: 'book antiqua', palatino, serif; font-size: 12pt;"><strong><a href="http://www.dbnl.org/auteurs/auteur.php?id=geze002" target="_blank"><span style="color: #993300;">http://www.dbnl.org/auteurs/auteur.php?id=geze002</span></a></strong></span></p><p class="MsoNormal" style="text-align: center;"><span style="font-family: 'book antiqua', palatino, serif; font-size: 14pt;"> </span></p><p class="MsoNormal" style="text-align: center;"><span style="color: #993300; font-family: 'book antiqua', palatino, serif; font-size: 14pt;"><span style="text-decoration: underline;"><strong><span style="color: #000000; text-decoration: underline;">deux biographies récentes sur Guido Gezelle</span></strong></span></span></p><p class="MsoNormal" style="text-align: left;"><span style="font-size: 14pt; font-family: 'book antiqua', palatino, serif;"><span style="color: #993300;">C. D’haen,</span> <em><span style="color: #993300;">De wonde in ’t hert: Guido Gezelle: een dichtersbiografie</span></em><span style="color: #993300;">, Tielt, Lannoo, 1987.</span></span></p><p class="MsoNormal" style="text-align: left;"><span style="font-size: 14pt; font-family: 'book antiqua', palatino, serif;"><span style="color: #993300;">M. Van Der Plas,</span> <em><span style="color: #993300;">Mijnheer Gezelle: biografie van een priester-dichter (1830-1899)</span></em><span style="color: #993300;">, Tielt/Baarn, Lannoo/Anthos, 1990.</span></span></p><p class="MsoNormal" style="text-align: center;"> </p><p class="MsoNormal" style="text-align: center;"> </p><p class="MsoNormal" style="text-align: center;"><span style="color: #993300; font-size: 12pt; font-family: 'book antiqua', palatino, serif;"><span style="text-decoration: underline;"><span style="color: #000000; text-decoration: underline;">vidéo Guido Gezelle & Paul van Ostaijen réunis</span></span></span></p><p class="MsoNormal"><span style="font-family: mceinline, Arial, Helvetica, sans-serif;"><span style="text-decoration: underline;"><strong><br /> <object style="display: block; margin-left: auto; margin-right: auto;" data="http://www.youtube.com/v/PFvn8_1vt94&rel=1" type="application/x-shockwave-flash" width="425" height="355"><param name="data" value="http://www.youtube.com/v/PFvn8_1vt94&rel=1" /><param name="wmode" value="transparent" /><param name="src" value="http://www.youtube.com/v/PFvn8_1vt94&rel=1" /></object> </strong></span></span></p><p class="MsoNormal" style="text-align: center;"> </p><p class="MsoNormal" style="text-align: center;"><span style="font-family: mceinline, Arial, Helvetica, sans-serif;"><strong><span style="text-decoration: underline;"> </span></strong></span></p>
daniel cuninhttp://flandres-hollande.hautetfort.com/about.htmlPierre Mac Orlan parle de Guido Gezelle (1954)tag:flandres-hollande.hautetfort.com,2009-02-24:20370282009-02-24T16:34:00+01:002009-02-24T16:34:00+01:00 AU CARILLON DE BRUGES Quand un...
<p> </p><p> </p><p class="MsoNormal" style="text-align: center;"><span style="font-family: georgia, palatino, serif; font-size: 14pt; color: #993300;"><strong>AU CARILLON DE BRUGES</strong></span> </p><p class="MsoNormal" style="text-align: center;"> </p><p class="MsoNormal" style="text-align: center;"><span style="color: #808000; font-size: medium; font-family: 'book antiqua', palatino;"><strong>Quand un romancier français parle de Bruges,</strong></span></p><p class="MsoNormal" style="text-align: center;"><span style="color: #808000; font-size: medium; font-family: 'book antiqua', palatino;"><strong>du plus grand poète d'expression néerlandaise du XIXe siècle</strong><strong>,</strong></span></p><p class="MsoNormal" style="text-align: center;"><span style="color: #808000; font-size: medium; font-family: 'book antiqua', palatino;"><strong>Guido Gezelle (1830-1899), et de la traduction de la poésie flamande</strong></span></p><p> </p><p> <iframe width="620" height="349" style="display: block; margin-left: auto; margin-right: auto;" frameborder="0" marginheight="0" marginwidth="0" scrolling="no" src="https://player.ina.fr/player/embed/CPF86644605/1/1b0bd203fbcd702f9bc9b10ac3d0fc21/620/349/0"></iframe></p><p class="MsoNormal" style="text-align: center;"><strong><span style="font-family: 'book antiqua', palatino, serif; font-size: 12pt;">Pierre Mac Orlan</span></strong></p><p class="MsoNormal" style="text-align: center;"><strong><span style="font-family: 'book antiqua', palatino, serif; font-size: 12pt;"><span style="color: #000000;">Lectures pour tous</span></span></strong></p><p class="MsoNormal" style="text-align: center;"><strong><span style="font-family: 'book antiqua', palatino, serif; font-size: 12pt;"><span style="color: #000000;">ORTF - 21/04/1954 - 00h06m25s</span></span></strong></p><p class="MsoNormal"> </p><p class="MsoNormal" style="text-align: justify;"> </p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia, palatino, serif; font-size: 14pt; color: #000000;">« Pierre MAC ORLAN reçoit Pierre DUMAYET dans sa maison de Saint Cyr sur Morin. Il parle de sa fonction de président des carillonneurs de France et de la place des carillons dans son œuvre. Il fredonne l'air du carillon de Bruges et raconte une anecdote sur celui d'Arras, villes où il a vécu et qui sont dominées par les sonneries de cloches. Il souhaite que les carillons reprennent leur place dans l'avenir, le son des cloches étant pour lui un son humain. »</span></p><p style="text-align: justify;"> </p><p style="text-align: center;"><img id="media-5326942" style="margin: 0.7em 0;" title="" src="http://flandres-hollande.hautetfort.com/media/01/01/2466780244.png" alt="mac orlan,gezelle,radio,traduction,poésie,august vermeylen" /></p><p style="text-align: center;"><span style="color: #808000; font-family: 'book antiqua', palatino, serif; font-size: 12pt;">H. De Graer, <em>Portrait de Guido Gezelle</em>, 1905</span></p><p style="text-align: center;"><span style="color: #808000; font-family: 'book antiqua', palatino, serif; font-size: 12pt;">Guido Gezellemuseum, Bruges</span></p><p style="text-align: center;"> </p><p style="text-align: center;"> </p><p style="text-align: center;"><span style="font-size: 14pt; font-family: 'book antiqua', palatino, serif;"><strong><span style="color: #800000;">Quelques mots sur le poète</span></strong></span></p><p style="text-align: center;"><span style="font-size: 14pt; font-family: 'book antiqua', palatino, serif;"><strong><span style="color: #800000;">de Flandre occidentale</span></strong></span></p><p style="text-align: center;"> <span style="text-align: justify;"> </span></p><p class="MsoNormal" style="margin-bottom: .0001pt; text-align: justify;"><span style="color: #000000;"><span style="font-family: Garamond; font-size: 19px;">« […] Pendant ce temps, il était un homme, qui, de son côté, faisait subir au langage la même refonte, qui résumait en lui toutes les faces de l’évolution poétique de son époque, mais qui n’était d’aucune époque pourtant, car il avait la qualité inestimable et essentielle qui fait les poètes purs ; le moins prisé et le plus grand, il se contentait de donner quelque chose de son âme à tout ce qu’il voyait, de faire passer un peu de la lumière et de la chanson de son âme dans tout ce qu’il disait : c’était </span><span style="font-family: Garamond; font-size: 19px;"><span style="text-decoration: underline;"><strong><a style="color: #000000; text-decoration: underline;" href="http://www.sip.be/gezelle/roeselare/en/Index.htm" target="_blank">Guido Gezelle</a></strong></span></span><span style="font-family: Garamond; font-size: 19px;">.</span></span></p><p class="MsoNormal" style="margin-bottom: .0001pt; text-align: justify;"><span style="font-size: 14pt; font-family: Garamond; color: #000000;">Il eut la destinée adéquate à son génie : pendant presque toute sa vie, il fut isolé, pauvre, incompris, vilipendé, ignoré. Mais il avait heureusement en lui cette lumière que les autres ne voyaient point, il avait des trésors inépuisables de vie intérieure et profonde, l’atmosphère d’émotion et de beauté qui donne une éternité aux choses quotidiennes.</span></p><p class="MsoNormal" style="margin-bottom: .0001pt; text-align: justify;"><span style="font-size: 14pt; font-family: Garamond; color: #000000;">Il apparaît dans une province qui jusqu’alors était restée presque complètement en dehors du mouvement littéraire, et qui d’ailleurs formait une contrée bien à part : la West-Flandre. Pays essentiellement agricole, sans grandes villes industrielles, et que n’atteignaient pas les chemins de fer ; terre où le passé se perpétuait vivant, où le peuple parlait encore toujours le doux et imagé flamand du Moyen Âge, et restait inébranlablement attaché à sa religion traditionnelle. Gezelle, qui était prêtre et professeur au collège de Roulers, a été l’expression de ce milieu, mais en même temps il s’est exprimé lui-même d’une façon si complète, que son œuvre en prend une signification d’humanité universelle.</span></p><p class="MsoNormal" style="margin-bottom: .0001pt; text-align: justify;"><span style="font-size: medium; font-family: Garamond; color: #808000;">A. Vermeylen par I. Opsomer</span></p><p class="MsoNormal" style="margin-bottom: .0001pt; text-align: justify;"><span style="font-size: 14pt; font-family: Garamond; color: #000000;"><img id="media-4274442" style="float: left; margin: 0.2em 1.4em 0.7em 0;" title="" src="http://flandres-hollande.hautetfort.com/media/02/00/908858968.png" alt="mac orlan,gezelle,radio,traduction,poésie" />Je crains qu’il ne me soit difficile de vous donner une idée de ce qu’est l’œuvre de Gezelle. Il le faudrait bien pourtant, puisqu’il est admis aujourd’hui par les critiques les plus autorisés que </span><span style="color: #000000;"><span style="font-size: 14pt; font-family: Garamond;"><span style="text-decoration: underline;"><strong><a style="color: #000000; text-decoration: underline;" href="http://www.brugge.be/internet/fr/musea/bruggemuseum/Guido_Gezellemuseum/index.htm" target="_blank">Gezelle</a></strong></span></span><span style="font-size: 14pt; font-family: Garamond;"> est le plus grand poète que les pays de langue néerlandaise aient eu depuis le XVII<sup>e</sup> siècle, et puisque c’est peut-être le seul de tous nos poètes qui mérite, sans conteste, une gloire européenne. Malheu- reusement, c’est le moins traduisible qu’il y ait. Dès qu’on le transpose, il perd sa personnalité la plus intime : cette musique spirituelle d’une richesse de rythmes, d’une subtilité et d’un accent profond dont je ne trouve de parallèle chez personne.</span></span></p><p class="MsoNormal" style="margin-bottom: .0001pt; text-align: justify;"><span style="color: #000000;"><span style="font-size: 14pt; font-family: Garamond;">S’il est quelqu’un qu’on puisse appeler poète par la grâce de Dieu, c’est bien celui-là : n’ayant d’autre ambition que de dire aussi simplement que possible, en dehors de toute convention, mais aussi complètement que possible, avec les nuances les plus indéfinissables, ce qui se passe autour de lui et en lui, - la réalité qu’il voit, et celle, infinie, qu’il sent. Dans l’ordre de la nature, nul n’a rendu de façon aussi originale et aussi juste les mille mouvements et demi-teintes imperceptibles des choses et des êtres ; dans l’ordre des sentiments, il a baigné les remous de l’émotion d’une musicalité et d’une lucide clarté d’âme, qui est le sublime dans la simplicité. Et au point de vue de la forme, cet homme, dont tous les sens étaient affinés à tel point que chez lui, si l’on peut dire, la sensation est de la pensée, sut se créer une langue poétique d’une diversité, d’une force, d’une souplesse aérienne, qu’on ne soupçonnait pas avant lui. Il a su faire du néerlandais, que des esprits mal informés tenaient encore pour un vague patois, une langue à la fois aussi primesautière, aussi naturellement claire, aussi savoureusement jaillie du langage populaire que l’anglais de Burns, et en même temps aussi hardie, aussi élastique, aussi capable d’exprimer les nuances les plus fugitives que le français d’Arthur Rimbaud ou de Jules Laforgue. Je le comparerais volontiers à Verlaine, mais avec quelque chose de plus sain et de plus large, quelque chose de plus généralement humain. Pour l’infinie variété, la création incessante des rythmes qui doivent dire toutes les formes possibles de la vie, je ne trouve pas d’équivalent en littérature. Toute comparaison d’ailleurs n’est que très approximative, et, pour conclure, Gezelle était </span><span style="font-size: 14pt; font-family: Garamond;"><span style="text-decoration: underline;"><strong><a style="color: #000000; text-decoration: underline;" href="http://belgium.poetryinternationalweb.org/piw_cms/cms/cms_module/index.php?obj_id=14144" target="_blank">Gezelle</a></strong></span></span><span style="font-size: 14pt; font-family: Garamond;">.</span></span></p><p class="MsoNormal" style="margin-bottom: .0001pt; text-align: justify;"><span style="font-size: 14pt; font-family: Garamond; color: #000000;">Les qualités essentielles de son art étaient en germe dans ses premiers poèmes et se développèrent bientôt avec tout le charme d’une force ingénue. Puis, une catastrophe survint, qui brisa sa vie : ce jeune professeur ecclésiastique ne rentrait pas assez dans les cadres admis, la forme même de sa pensée brisait les conventions dont vivait son milieu. Le conflit éternel entre l’homme supérieur et la médiocrité normale fit le reste : Gezelle dut quitter le collège de Roulers ; peut-être même réussit-on à le faire douter de lui-même, car cette âme de croyant si fière et si pure sombra pour longtemps dans le découragement. Il nous faut respecter le drame intime qui le déchira : l’histoire n’a pas à connaître de ce qui se passa au fond de cette conscience. Mais la blessure fut si profonde que Gezelle, qui avait alors à peine trente ans, se tut. Ce qu’il a produit entre 1860 et 1890 tiendrait en une mince plaquette. Pendant trente ans, cette bouche fut quasi muette, ce cœur fut scellé, enterré quelque part au fond d'une petite ville.</span></p><p class="MsoNormal" style="margin-bottom: .0001pt; text-align: justify;"><span style="font-size: 14pt; font-family: Garamond; color: #000000;"><img id="media-4274450" style="float: right; margin: 0.2em 0 1.4em 0.7em;" title="" src="http://flandres-hollande.hautetfort.com/media/00/02/2408084914.png" alt="mac orlan,gezelle,radio,traduction,poésie, august vermeylen" />Nous devons à cette crise une série de poèmes que Gezelle dut considérer alors comme son chant du cygne ; il consentit avec peine à ce qu’un de ses amis les publiât, en 1862. Ils viennent d’un cœur saignant et ont un accent tragique, une subjectivité immédiate, qui les différencie de tous les autres vers de Gezelle. Ce fut une effusion unique de tout ce qu’il y avait eu en lui d’amour et de douleur. Car il semble bien que sa plus grande souffrance fut d’être violemment séparé de l’affection de certains de ses élèves : sa plainte s’exhala en paroles de fièvre, en sanglots, en prières, et ces vers-là peuvent compter parmi les plus beaux que l’amitié ait jamais inspirés. Puis vint l’apaisement, peu à peu, et une lumière plus tranquille, d’une suavité mystique, baigne les derniers poèmes de cette période.</span></p><p class="MsoNormal" style="margin-bottom: .0001pt; text-align: justify;"><span style="font-size: 14pt; font-family: Garamond; color: #000000;">Cependant le public capable de comprendre des modulations aussi subtiles, aux environs de 1860, était fort clairsemé. Gezelle, retiré dans son coin, seul, meurtri, fut conspué par la critique. Et puis, la critique usa de son arme la plus efficace : le silence. Elle ne le connut plus.</span></p><p class="MsoNormal" style="margin-bottom: .0001pt; text-align: justify;"><span style="font-size: 14pt; font-family: Garamond; color: #000000;">Ce qu’on reprochait à Gezelle, c’était d’abord, cela va sans dire, d’être un poète. On admettait la description un peu terre-à-terre du milieu dans lequel on vivait ; on saisissait une chanson politique, une ode nationale, toutes choses qui ont un but, et dont le sens est parfaitement défini ; mais la poésie essentielle de Gezelle passait par dessus les têtes de ce temps-là. D’autre part, on le traitait de particulariste, et c’est là un point sur lequel il est nécessaire d’attirer un instant votre attention. Car Gezelle fit école, et son “particularisme” est même, aujourd’hui, redevenu une actualité. Gezelle et ses disciples prétendent avoir le droit de puiser abondamment dans la langue populaire, en la stylisant, bien entendu. En Hollande, deux siècles et demi de grande culture avaient transformé l’esprit du néerlandais, l’avaient fixé dans un moule parfois un peu conventionnel, un peu trop livresque ; c’était ce hollandais qui en Belgique donnait le ton, était la langue littéraire. Mais la West-Flandre, toujours isolée, n’avait pas suivi l’évolution générale. Son idiome, d’une richesse inouïe, était une forme surannée du néerlandais. Les soi-disant particularistes, rejetant toute convention, et amoureux avant tout de réalité directe et spontanée, affirmèrent que, pour ce qu’ils avaient à dire, cette forme surannée mais vivante était plus belle que le néerlandais classique. Ils ne se contentèrent pas de l’affirmer : aujourd’hui qu’ils comptent parmi les auteurs les plus lus, même en Hollande, ils ont imposé leur idée à coup de chefs-d’œuvre, et l’on commence à s’y faire. On commence même à comprendre qu’ils font comme des quantités de poètes de tous les temps, qui trouvaient nécessaire de rajeunir le langage poétique à l’aide d’expressions du terroir : et si l’on admet que le français de Rabelais est bien du français, malgré qu’il soit rempli de néologismes, on ne peut contester que le langage poétique de Gezelle ne soit du néerlandais. Et d’ailleurs, quelle ironie dans le mot : ce sont précisément les “particularistes” qui ont le plus contribué à l’expansion de notre littérature au delà des frontières ! »</span></p><p class="MsoNormal" style="margin-bottom: .0001pt; text-align: justify;"><span style="font-size: 14pt; font-family: Garamond; color: #000000;"> </span></p><p class="MsoNormal" style="margin-bottom: 0.0001pt; text-align: center;"><span style="font-size: 14pt; font-family: Garamond; color: #993300;">August Vermeylen</span></p><p class="MsoNormal" style="margin-bottom: 0.0001pt; text-align: center;"><span style="font-size: 14pt; font-family: Garamond; color: #993300;">« <span style="text-decoration: underline;"><strong><a style="color: #993300; text-decoration: underline;" href="http://www.dbnl.org/tekst/verm036verz03_01/verm036verz03_01_0001.php" target="_blank">Les lettres néerlandaises en Belgique depuis 1830</a></strong></span> », 1905</span></p><p class="MsoNormal" style="margin-bottom: .0001pt; text-align: justify;"><span style="font-size: 14.0pt; mso-bidi-font-size: 12.0pt; font-family: Garamond;"> </span></p><p style="text-align: center;"><img id="media-4274447" style="margin: 0.7em 0;" title="" src="http://flandres-hollande.hautetfort.com/media/00/02/3483250517.png" alt="mac orlan,gezelle,radio,traduction,poésie, august vermeylen" /></p><p class="MsoNormal" style="margin-bottom: 0.0001pt; text-align: center;"><span style="font-family: 'book antiqua', palatino, serif; color: #808000; font-size: 12pt;">G. Gezelle, billet de 5000 francs belges (1982-1994)</span></p><p class="MsoNormal" style="margin-bottom: .0001pt; text-align: justify;"><span style="font-size: 14.0pt; mso-bidi-font-size: 12.0pt; font-family: Garamond;"> </span></p><p class="MsoNormal" style="margin-bottom: 0.0001pt; text-align: center;"><span style="font-size: large; font-family: Garamond; color: #993300;">couverture</span></p><p class="MsoNormal" style="margin-bottom: 0.0001pt; text-align: center;"><span style="font-size: large; font-family: Garamond; color: #993300;">Liliane Wouters, <em>Guido Gezelle</em>, Poète d'aujourd'hui,</span></p><p class="MsoNormal" style="margin-bottom: 0.0001pt; text-align: center;"><span style="font-size: large; font-family: Garamond; color: #993300;">éd. Pierre Seghers, 1965.</span></p><p class="MsoNormal" style="margin-bottom: 0.0001pt; text-align: center;"> </p><p style="text-align: center;"><span style="color: #000000;"> </span></p>