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Vers l'autodéfense ? Entretien avec Eric Werner
tag:euro-synergies.hautetfort.com,2020-09-11:6262809
2020-09-11T19:44:52+02:00
2020-09-11T19:44:52+02:00
Vers l'autodéfense ? Entretien avec Eric Werner...
<p style="text-align: center;"><img id="media-6169546" style="margin: 0.7em 0;" title="" src="http://euro-synergies.hautetfort.com/media/00/00/3136969700.jpg" alt="43681352915_166c521c2a_b.jpg" width="517" height="689" /></p><p><span style="color: #ff6600; font-size: 24pt;"><strong><span style="font-family: arial black, sans-serif;"><span class="css-901oao css-16my406 r-1qd0xha r-ad9z0x r-bcqeeo r-qvutc0">Vers l'autodéfense ? </span></span></strong></span></p><p><span style="color: #99cc00;"><strong><span style="font-size: 18pt; font-family: arial black, sans-serif;"><span class="css-901oao css-16my406 r-1qd0xha r-ad9z0x r-bcqeeo r-qvutc0"><span style="font-size: 24pt;">Entretien avec Eric Werner</span> </span></span></strong></span></p><p><span style="color: #999999;"><strong><span style="font-family: arial black, sans-serif;"><span class="css-901oao css-16my406 r-1qd0xha r-ad9z0x r-bcqeeo r-qvutc0"><span style="font-size: 18pt;">Ex: https://cocardeetudiante.com</span> </span></span></strong></span></p><p><span style="color: #ccffcc;"><strong><span style="font-size: 12pt; font-family: arial, helvetica, sans-serif;"><em>Lâété Orange mécanique que la France a vécu a mis au centre du débat politique le concept dâ « ensauvagement », repris jusquâau sommet de lâÃtat par le ministre de lâIntérieur. Pour remédier à ce phénomène, lâappel à un renforcement de lâÃtat et à un tour de vis régalien est la solution la plus largement partagée, du moins celle qui paraît aller de soi. Or, à Palavas-les-Flots, à Bordeaux, ou encore à Nantes, des citoyens, désabusés de la dégradation de leur environnement quotidien, se sont constitués en collectifs pour prendre en charge eux-mêmes leur sécurité. Une même unanimité condamne cette voie vers lâ « autodéfense », considérée comme le début de la fin dâune société. Mais faut-il être si inquiet ?</em></span></strong></span></p><p><img id="media-6169547" style="float: left; margin: 0.2em 1.4em 0.7em 0;" title="" src="http://euro-synergies.hautetfort.com/media/00/00/598621827.jpg" alt="ob_c081c3_autodefense-werner.jpg" /><span style="font-size: 12pt; font-family: arial, helvetica, sans-serif; color: #999999;"><strong>Nous avons posé un certain nombre de questions au philosophe et essayiste suisse Eric Werner, diplômé de lâInstitut dâétudes politiques de Paris et ayant enseigné la philosophie politique à lâUniversité de Genève. Rédacteur à <a style="color: #999999;" href="https://antipresse.net">LâAntipresse</a>, contributeur régulier de la revue <em>Elements,</em> il a publié récemment <span style="color: #99cc00;"><em><span style="text-decoration: underline;">Légitimité de lâautodéfense: Quand peut-on prendre les armes?</span></em></span> aux éditions </strong><em><strong>Xenia (2019, 109 p.).</strong> </em></span></p><p><span style="font-size: 12pt; font-family: arial, helvetica, sans-serif; color: #999999;"><strong><em><br /></em>Question 1 : <span style="color: #ff6600;">Dans votre ouvrage, vous analysez lâeffacement, dans nos sociétés occidentales, de la frontière entre la guerre et la paix, et le mélange des deux états. Lâactualité française est marquée par une succession dramatique dâagressions et dâhomicides ultra-violents, aux motifs dérisoires et dont les auteurs sont quasi-systématiquement étrangers, « migrants » ou dâorigine étrangère. Le concept dâ « ensauvagement » vous semble-t-il opérant pour analyser et comprendre ce phénomène ?</span> </strong></span></p><p><span style="font-size: 12pt; font-family: arial, helvetica, sans-serif; color: #999999;"><strong>Eric Werner :</strong> <strong>Effectivement, la frontière entre la guerre et la paix tend à sâeffacer, ce qui fait quâon ne sait plus trop aujourdâhui par où elle passe. Câest très flou. Mais il faut aller plus loin encore. <em>Câest la question même de savoir si lâon est en paix ou en guerre qui apparaît aujourdâhui dépassée</em>. Elle lâest pour une raison simple, câest que <em>tout</em>, aujourdâhui, est guerre. La guerre est devenue « hors limites » (pour reprendre le titre du livre de Qiao Liang et Wang Xiangsui). Il nây a plus dès lors à se demander si lâon est en paix ou en guerre. Car <em>a priori</em> lâon est en guerre. Câest le cas en particulier au plan interne. Il y a différentes manières de qualifier lâétat de choses actuel en France, mais on pourrait se demander si la référence à la paix civile est bien encore la plus appropriée.</strong></span></p><p><strong><span style="font-size: 12pt; font-family: arial, helvetica, sans-serif; color: #999999;">Entrons un peu maintenant dans les détails. Vous parlez dâ « agressions et dâhomicides ultra-violents, aux motifs dérisoires ». Plus ils sont dérisoires, plus évidemment on est amené à se demander si la véritable motivation ne serait pas dâordre politique. Sauf que cette motivation ne sâaffiche pas toujours ouvertement. On peut en revanche se référer au contexte : djihad, indigénisme, surenchères post- ou décoloniales, iconoclasme, culture Woke, etc. Rappelons également la formule de Clausewitz : la guerre, poursuite de la politique par dâautres moyens. La criminalité en elle-même nâest pas la guerre. Elle ne le devient que lorsquâelle devient un moyen de la politique. <em>Mais alors, très clairement, le devient</em>. On pourrait se demander si ce nâest pas aujourdâhui le cas.</span></strong><br /><strong><span style="font-size: 12pt; font-family: arial, helvetica, sans-serif; color: #999999;">Autre point à considérer : on est en présence dâun phénomène évolutif. Pour lâinstant encore, les agressions et les meurtres dont vous parlez (auxquels il faudrait ajouter les viols collectifs, les profanations dâéglises et de cimetières, dâinnombrables actes de vandalisme, probablement aussi un certain nombre dâincendies, etc.) relèvent de la micro-criminalité (ou encore dâune criminalité « moléculaire »). Autrement dit, ils restent dispersés dans le temps et dans lâespace, ne constituent donc pas encore un ensemble dâun seul tenant. Mais il est tout à fait concevable quâils le deviennent un jour, ne serait-ce quâau travers de la contagion mimétique. Vous-même le relevez dâailleurs, ils tendent aujourdâhui à se multiplier. Câest le cas en particulier dans les centre-villes, jusquâici relativement épargnés. Relevons au passage lâinexistence, ou quasi-inexistence, de la réponse policière, avec pour conséquence le développement dâun sentiment dâimpunité poussant les voyous et les criminels à se montrer toujours plus agressifs et entreprenants. Bref, on a de bonnes raisons de penser quâà un moment donné, une « coagulation », se fera, la micro-criminalité en question se transmuant alors en <em>émeute </em>(à lâéchelle dâun quartier, dâabord, puis dâune ville). Lâévénement nâest pas complètement inédit. Rappelons pour mémoire les émeutes raciales de 2005 en région parisienne (avec des débordements jusquâau cÅur de la capitale). Câest une deuxième étape de lâévolution. Mais il peut y en avoir encore une troisième. Du niveau de <em>lâémeute </em>on peut ensuite passer à celui de <em>lâinsurrection</em>. Lâémeute sâétend dès lors à lâensemble du territoire. Câest ce qui sâétait passé, par exemple, en 1789. Rien ne dit que le processus actuel ira jusquâà son terme, mais on ne saurait a priori en exclure la possibilité. Tout dépend de ce que décideront ou non de faire les victimes potentielles : se défendront-elles ou non ? En 1789, elles sâattendaient si peu à ce qui leur arriva quâelles nâeurent pas le temps seulement de se poser la question. Et donc ne se défendirent pas. Câest bien montré par Taine dans <em>Les Origines de la France contemporaine</em>.</span></strong></p><p><strong><span style="font-size: 12pt; font-family: arial, helvetica, sans-serif; color: #999999;">Je réponds par là même à votre question sur lâensauvagement. Cette terminologie est évidemment inadéquate. Les voyous et les criminels qui agressant aujourdâhui les personnes dans la rue et souvent les tuent, ne le font pas parce quâils seraient soi-disant retournés à lâétat sauvage. Ils font la guerre, câest tout. La guerre, que je sache, ne sâest jamais signalée par son caractère particulièrement humain ou civilisé.</span></strong></p><p><span style="font-size: 12pt; font-family: arial, helvetica, sans-serif; color: #999999;"><strong>Question 2 : <span style="color: #ff6600;">LâÃtat ne semble pas prendre la mesure de la gravité de la situation, ne serait-ce que dans le choix des mots de ses responsables (« incivilités ») ou dans lâabsence de traitement des causes profondes de cette ultraviolence et de lâinsécurité permanente. Peut-on dire quâen France, le pacte social entre lâEtat et ses citoyens est rompu ? </span> </strong></span></p><p style="text-align: center;"><strong><img id="media-6169548" style="margin: 0.7em 0;" title="" src="http://euro-synergies.hautetfort.com/media/00/02/961057690.jpg" alt="81EHcMws5QL.jpg" width="432" height="612" /></strong></p><p><strong><span style="font-size: 12pt; font-family: arial, helvetica, sans-serif; color: #999999;">E. W : LâEtat ne semble pas prendre la mesure de la gravité de la situation, dites-vous. Il en a au contraire tout a fait pris la mesure, puisquâil est lui-même à lâorigine de cet état de choses, ne serait-ce quâen lâayant laissé se développer comme il lâa fait. Mais on pourrait aussi le soupçonner de lâavoir lui-même mis en place. En tout cas, il nâa rien fait pour en empêcher ou seulement même freiner la mise en place (par un meilleur contrôle des frontières, par exemple, ou encore en veillant à ce que les voyous et les criminels se voient appliquer les peines prévues par la loi : ce qui, on le sait, nâest jamais le cas). Sauf quâil ne le qualifierait pas, quant à lui, de « grave ». Comme il lui est à tous égards hautement profitable, au moins le pense-t-il (câest pour cette raison même quâil lâa laissée se mettre en place), il le qualifierait plutôt de réjouissant.</span></strong></p><p><strong><span style="font-size: 12pt; font-family: arial, helvetica, sans-serif; color: #999999;">En revanche une question se pose : dans quelle mesure entend-t-il aller <em>plus loin encore </em>dans cette direction ? Dans mon <em>Avant-guerre civile</em>, je défendais lâidée suivant laquelle les dirigeants étaient prêts à aller jusquâà <em>lâextrême limite </em>séparant lâavant-guerre civile de la guerre civile, <em>mais pas au-delà </em>. Ils ne voulaient pas basculer dans la guerre civile. Câest une thèse quâon pouvait encore défendre en 1999 (date de la publication de la première édition de lâouvrage), peut-être encore en 2015 (date de la deuxième édition). Jâhésiterais peut-être à le faire en 2020. On a parfois le sentiment que les dirigeants actuels seraient désormais prêts à franchir la ligne de démarcation. Ce thème est développé avec brio par Laurent Obertone dans son roman dâanticipation, <em>Guérilla</em>. Obertone décrit une guerre civile hypothétique, avec en arrière-plan lâEtat qui tire les ficelles, et en fin de compte empoche la mise. Il sâagit là dâune Åuvre de fiction, mais le décryptage quâelle suggère de la stratégie actuelle de lâEtat, plus exactement encore des personnels qui, tout au sommet de lâEtat (ou dans ses profondeurs, comme on voudra), prennent les décisions dans un certain nombre de domaines retient lâattention. â Quant au pacte social entre lâEtat et ses citoyens, il nây a, bien entendu, plus de pacte depuis longtemps, puisque depuis longtemps également lâEtat ne protège plus ses citoyens. Mais ce nâest pas seulement le cas en France : câest le cas également en nombre dâautres pays européens.</span></strong></p><p style="text-align: center;"><img id="media-6169549" style="margin: 0.7em 0;" title="" src="http://euro-synergies.hautetfort.com/media/02/01/1479991572.jpg" alt="EazmG4kUYAAciWB.jpg" /></p><p><span style="font-size: 12pt; font-family: arial, helvetica, sans-serif; color: #999999;"><strong>Question 3 : <span style="color: #ff6600;">Avec la vague dâattaques djihadistes que la France a subie depuis 2015, souvent conduites de manière tout à fait « artisanale » (attaques au couteau), lâidée dâune reprise en main de sa défense par le citoyen lui-même a gagné du terrain dans les esprits. Le citoyen, ou un regroupement de citoyens, est-il lâéchelon le plus efficace aujourdâhui pour assurer la protection du peuple français ?</span> </strong></span></p><p><span style="font-size: 12pt; font-family: arial, helvetica, sans-serif; color: #999999;"><strong>E. W :</strong> <strong>Le plus efficace, je ne sais pas. De toutes les manières, il nây en a pas dâautre. A partir du moment où lâEtat nâassure plus la protection du citoyen, ce dernier récupère <em>ipso facto</em> son droit naturel à lâautodéfense. Il nây a pas de décision particulière à prendre à ce sujet, cela se fait automatiquement. Soit lâEtat fait ce quâil lui revient de faire (câest le pacte social qui le lui impose), et donc protège le citoyen, soit il ne le fait pas, en quel cas le citoyen récupère son droit à lâautodéfense. Maintenant, il peut aussi <em>ne pas </em>lâutiliser. Mais ce nâest pas parce quâil ne lâutilise pas quâil ne lâa pas récupéré. La question que vous posez doit donc être reformulée. On <em>peut</em> ne pas vouloir se défendre, câest tout à fait possible. Mais quâest-il préférable : se défendre ou ne pas se défendre ? Personnellement je réponds : se défendre, et cela pour au moins deux raisons : 1) Lâagresseur préférerait le contraire, que je ne me défende pas. Je ferai donc ce quâil nâa pas envie que je fasse : je me défendrai. 2) Lâexpérience historique montre quâon a bien davantage de chances de rester entier et vivant en se défendant quâen ne se défendant pas. On le voit en particulier durant les périodes de révolution et de guerre civile. Les gens qui ne se défendent pas sont à peu près sûrs de mourir. Ceux, en revanche, qui se défendent ont une petite chance au moins de sâen tirer.</strong></span></p><h3 style="text-align: right;"><span style="font-size: 14pt; font-family: arial, helvetica, sans-serif; color: #ccffcc;"><em>« En choisissant de se défendre plutôt que de ne pas le faire, on ne se confronte pas seulement à lâagresseur mais à lâEtat, qui directement ou non protège lâagresseur. »</em></span></h3><p><strong><span style="font-size: 12pt; font-family: arial, helvetica, sans-serif; color: #999999;">Après, il y a manière et manière de se défendre. On décide en fonction de chaque situation. Dans mon livre sur lâautodéfense, jâinsiste en particulier sur le fait quâen choisissant de se défendre plutôt que de ne pas le faire, on ne se confronte pas seulement à lâagresseur mais à lâEtat, qui directement ou non protège lâagresseur. Théoriquement lâEtat reconnaît le droit à la légitime défense, mais cette reconnaissance, justement, nâest que théorique : en fait, il ne le reconnaît pas. Il ne laisse même rien passer dans ce domaine. Il faut donc faire très attention à ce quâon fait (et dit). Je nâaffirme pas quâil ne faut rien faire. Mais il faut être prudent, discret, plutôt en retrait (je pense en particulier ici à lâInternet). Le problème a souvent été abordé dans le cinéma américain. Je pense en particulier au film de Peter Hyams, <em>La nuit des juges</em>, sorti dans les années 80. â Un mot enfin sur la « protection du peuple français ». Je crois que si vous réussissez à vous protéger <em>vous-mêmes </em>(vous-même en tant quâindividu, éventuellement groupe dâindividus), câest déjà beaucoup.</span></strong></p><p><span style="font-size: 12pt; font-family: arial, helvetica, sans-serif; color: #999999;"><strong>Question 4 : <span style="color: #ff6600;">La notion de citoyen-soldat, ou lâidée de confier à lâindividu les moyens de sa défense, restent néanmoins particulièrement mal perçues en Europe, très vite associées à lâimage de « milices » sans foi ni loi ou conduisant nécessairement à des « carnages » de tireurs fous à la sauce états-unienne. Comment expliquez-vous cette diabolisation de lâautodéfense et du port dâarme ?</span></strong></span></p><p><span style="font-size: 12pt; font-family: arial, helvetica, sans-serif; color: #999999;"><strong>E. W :</strong> <strong>Quây a-t-il là de si surprenant ? Vous attendriez-vous peut-être à ce que lâEtat et les médias à sa solde les enjolivent ou en fassent lâapologie ? Si lâEtat leur était favorable, cela se saurait. Il leur est en réalité totalement hostile. Câest peut-être même la chose du monde à laquelle il est <em>le plus</em> hostile. Cela étant, puisque vous évoquez les Etats-Unis, il faut aussi rappeler que la situation en la matière est profondément différente des deux côtés de lâAtlantique. Aux Etats-Unis le droit de porter des armes est considéré comme un droit fondamental (2<sup>ème</sup> amendement de la constitution), en certains Etats, même, comme un devoir. Les citoyens ont le devoir dâêtre armés et de se défendre quand ils sont attaqués. Câest lâinverse exactement en Europe. On vous recommande avec la plus grande fermeté de <em>ne pas</em> vous défendre. Câest un très lourd handicap pour les Européens. Les Européens partent de beaucoup plus bas dans ce domaine que les Américains.</strong></span></p><p><span style="font-size: 12pt; font-family: arial, helvetica, sans-serif; color: #999999;"><strong>Question 5 : <span style="color: #ff6600;">Sous les effets conjugués de la mondialisation libérale, de la perte de souveraineté au bénéfice dâinstances supranationales, et de lâimmigration massive, la cité « France » est de plus en plus une chimère, et le beau mot de « citoyen » a été dépossédé de son sens. Vous expliquez dans votre essai que la sentence « je réplique donc je suis » peut redonner à la citoyenneté et à la loi (<em>nomos</em>) leurs lettres de noblesse, comment ?</span> </strong></span></p><p><span style="font-size: 12pt; font-family: arial, helvetica, sans-serif; color: #999999;"><strong>E. W :</strong> <strong>Dâune manière générale, la guerre civile a pour effet de redistribuer les cartes, de remettre les compteurs à zéro. Elle offre ainsi lâoccasion dâune refondation. Câest ce quâexplique Giorgio Agamben dans son essai sur la <em>stasis</em>, autrement dit la guerre civile (<em>La guerre civile : Pour une théorie politique de la</em> stasis, Editions Points, 2015). La <em>stasis</em>, écrit-il, « est un paradigme politique coessentiel à la cité ». On est dans un cycle mort-résurrection. La cité meurt avec la <em>stasis</em>, mais la <em>stasis</em> est en même temps ce qui la fait renaître de ses cendres. Elle renaît évidemment <em>autre</em>. Ce nâest plus la même cité quâauparavant. Mais renaît. Concrètement, on sort de lâétat de nature pour en revenir à lâétat civil. Un nouveau pacte social est conclu entre de nouveaux citoyens (en lâ