Last posts on ergenekon2024-03-29T12:21:38+01:00All Rights Reserved blogSpirithttps://www.hautetfort.com/https://www.hautetfort.com/explore/posts/tag/ergenekon/atom.xmlRatatoskhttp://euro-synergies.hautetfort.com/about.htmlSur les Loups Gristag:euro-synergies.hautetfort.com,2020-11-17:62780002020-11-17T20:43:17+01:002020-11-17T20:43:17+01:00 Sur les Loups Gris par Georges FELTIN-TRACOL Ex:...
<header class="entry-header"><p style="text-align: center;"><img id="media-6194333" style="margin: 0.7em 0;" title="" src="http://euro-synergies.hautetfort.com/media/01/01/181680729.jpg" alt="arton1066.jpg" /></p><h1 class="entry-title" style="text-align: left;"><span style="font-size: 18pt; color: #ff6600; font-family: arial black, sans-serif;"><strong><span style="font-size: 36pt;">Sur les Loups Gris</span> </strong></span></h1><h1 class="entry-title" style="text-align: left;"><span style="font-size: 18pt; font-family: arial black, sans-serif; color: #999999;"><strong>par Georges FELTIN-TRACOL</strong></span></h1><span style="font-family: arial black, sans-serif;"><strong><span style="font-size: 12pt; color: #999999;"><span style="font-size: 18pt;">Ex: http://www.europemaxima.com</span> </span></strong></span></header><div class="entry-content" style="text-align: left;"><p style="text-align: left;" align="justify"><strong><span style="font-size: 12pt; font-family: arial, helvetica, sans-serif; color: #999999;">Suite aux incidents survenus à la fin du mois d’octobre en banlieue lyonnaise et à Valence entre Français d’origine arménienne et Franco-Turcs au sujet du conflit arméno-azéri dans le Caucase, le gouvernement français a ordonné, le 4 novembre dernier, la dissolution des « Loups Gris ».</span></strong></p><p style="text-align: left;" align="justify"><strong><span style="font-size: 12pt; font-family: arial, helvetica, sans-serif; color: #999999;">Par « Loups Gris », il faut entendre la branche jeune, paramilitaire et activiste de la nébuleuse nationaliste turque. Aussi appelés « Foyers idéalistes » apparus vers 1968, les « Loups Gris » sont l’équivalent bien plus puissant, plus radical et plus influent des fameux « Rats noirs » et autres « Rats maudits » français. Dans les années 1970 – 80, les étudiants idéalistes affrontaient dans la rue et dans les couloirs des universités les gauchistes, les communistes et les Kurdes. Hostiles à la fois à la Russie, à l’Iran, à la Syrie baasiste, à Israël, à la Grèce, à l’Arménie ainsi qu’aux communautés alévie et juive, les <em>Loups Gris</em> appartiennent pendant la Guerre froide aux « armées secrètes » de l’OTAN, en particulier aux réseaux clandestins du type <em>Gladio </em>et<em> Stay Behind </em>même si l’ancien <em>Loup Gris</em> Mehmet Ali Ağca tente d’assassiner le pape Jean-Paul II, le 13 mai 1981, à la demande des services secrets bulgares pro-soviétiques. Les <em>Loups Gris</em> collaborent parfois avec l’état-major turc et nouent des contacts étroits avec certains clans de la pègre stambouliote et anatolienne.</span></strong></p><p style="text-align: center;"><img id="media-6194334" style="margin: 0.7em 0;" title="" src="http://euro-synergies.hautetfort.com/media/01/00/1077808597.jpg" alt="alpaslanturkes-foto-aa_16_9_1574663326.jpg" /></p><p style="text-align: left;" align="justify"><strong><span style="color: #999999; font-size: 12pt; font-family: arial, helvetica, sans-serif;">Implantés dans les communautés turques d’Europe occidentale, les <em>Loups Gris</em> installent leur premier foyer idéaliste dès 1978 en Allemagne de l’Ouest avant de les encadrer au sein d’une fédération des associations des idéalistes turcs démocrates en Europe. À l’instar de leur référence politique, le général et homme politique <span lang="tr-TR">Alparslan Türkeş</span> (1917 – 1997), les <em>Loups Gris</em> opposent aux « Six Flèches » fondamentales du kémalisme (républicanisme, populisme, laïcité, révolutionnarisme, nationalisme et étatisme) leur doctrine des « Neuf Lumières » (nationalisme, idéalisme, défense de la morale publique, défense de l’intégrité sociale, rationalisme scientifique, défense des libertés civiques, respect et encouragement à la paysannerie, soutien au populisme et au développement économique, incitation à l’industrialisation et au développement technique).</span></strong></p><p style="text-align: center;"><img id="media-6194335" style="margin: 0.7em 0;" title="" src="http://euro-synergies.hautetfort.com/media/01/02/3218453160.jpg" alt="EPwybB3WoAE-eC8.jpg" width="479" height="609" /></p><p style="text-align: left;" align="justify"><strong><span style="font-size: 12pt; font-family: arial, helvetica, sans-serif; color: #999999;">En prenant pour symbole le loup gris, les militants idéalistes se réclament par-delà l’islam du bestiaire propre aux peuples des steppes d’Eurasie. Le loup est en effet l’animal mythique des Mongols et des peuples turcophones. L’animal relève aussi d’Ergenekon, la vallée mythique des monts de l’Altaï, berceau de la « turcité ». La légende veut qu’une louve au pelage gris-bleu aurait incité les premiers Turcs à en sortir afin de conquérir le monde entier. De ces références mythologiques découle une vision du monde panturquiste, voire pantouranienne, qui entend rassembler dans un même grand espace géopolitique et culturel la turcophonie et ses annexes historiques, de la mer Adriatique et des Balkans (Albanie, Kossovo, Bosnie, Turcs de Bulgarie, musulmans de Macédoine du Nord, Pomaks en Grèce…) à la Muraille de Chine (dont les Ouïgours). Il arrive qu’en Turquie ou dans les anciennes républiques soviétiques centre-asiatiques turcophones, des militants panturquistes ou pantouraniens soutiennent l’idée que les Turcs descendent directement des Huns d’Attila, et pratiquent en toute discrétion le <em>tengrisme</em>, une spiritualité chamanique adaptée à l’âme steppienne.</span></strong></p><p style="text-align: left;" align="justify"><strong><span style="font-size: 12pt; font-family: arial, helvetica, sans-serif; color: #999999;">Dotés d’une organisation souple et hiérarchisée, les <em>Loups Gris</em> représentent un vaste vivier de militants pour diverses formations politiques. On les associe en général au MHP (Parti d’action nationaliste) de Devlet Bahçali. Depuis le lancement de l’« Alliance du peuple », le MHP et les <em>Loups Gris</em> travaillent avec l’AKP du président Erdogan au dessein de plus en plus néo-ottoman. Les <em>Loups Gris</em> ne se limitent toutefois pas au MHP et à l’AKP. Certains se retrouvent dans le troisième parti de l’« Alliance du peuple », le <em>Parti de la Grande Unité</em> (BBP). Scission du MHP en 1993, le BBP insiste plus sur l’héritage musulman et valorise très tôt une synthèse nationaliste turco-ottomane, voire nationale-islamiste.</span></strong></p><p style="text-align: center;"><img id="media-6194336" style="margin: 0.7em 0;" title="" src="http://euro-synergies.hautetfort.com/media/02/02/2534081863.jpg" alt="Parti_otuken.jpg" /></p><p style="text-align: left;" align="justify"><strong><span style="color: #999999; font-size: 12pt; font-family: arial, helvetica, sans-serif;">Par ailleurs, hors de Turquie, les <em>Loups Gris</em> coopèrent avec les expatriés du <em>Parti de la Patrie</em> de Dogu Perinçek. Nouveau nom du <em>Parti des Travailleurs</em> à l’origine d’orientation maoïste, le <em>Parti de la Patrie</em>, classé à l’extrême gauche, se distingue par ses positions laïques et eurasistes. En Turquie, les <em>Loups Gris</em> les plus exaltés ont fondé en décembre 2017 le <em>Parti de l’Union Ötüken</em> du nom d’une ville elle aussi légendaire d’Ergenekon. Présidé par Mehmet Hakem Semerci, ce <em>Parti de l’Union Ötüken</em> a pour emblème un loup noir hurlant. Racialiste, le groupuscule n’hésite pas à proclamer la supériorité du peuple – race – nation turc sur tous les autres groupes humains. Bien des journalistes y ont vu la cristallisation du premier parti ouvertement suprématiste en Turquie.</span></strong></p><p style="text-align: left;" align="justify"><strong><span style="font-size: 12pt; font-family: arial, helvetica, sans-serif; color: #999999;">Disposant d’une kyrielle d’associations professionnelles (paysans, enseignants, fonctionnaires, médecins, policiers), culturelles (peintres, étudiants, musiciens), féminines et syndicales (la <em>Confédération des syndicats des travailleurs nationalistes</em>), les <em>Loups Gris</em> réalisent une entreprise métapolitique réfléchie et efficace couplée à des manifestations revendicatives qui s’apparentent souvent à de véritables actions – coups de poing… Leur dissolution en France où ils n’existent pas formellement ne sert donc strictement à rien si ce n’est à faire de la communication ministérielle. Elle survient par une étrange coïncidence au lendemain d’un référendum au Colorado pour lequel les électeurs devaient se prononcer en faveur ou non de la réintroduction dans les Montagnes Rocheuses du… loup gris. </span></strong></p><p style="text-align: left;" align="right"><strong><span style="color: #999999; font-size: 12pt; font-family: arial, helvetica, sans-serif;">Georges Feltin-Tracol</span></strong></p><p style="text-align: justify;" align="justify"><strong><span style="color: #999999; font-size: 12pt; font-family: arial, helvetica, sans-serif;">• « Chronique hebdomadaire du Village planétaire », n° 190, mise en ligne sur <em>TVLibertés</em>, le 12 novembre 2020.</span></strong></p></div><footer class="entry-footer"><strong><span style="font-size: 12pt; font-family: arial, helvetica, sans-serif; color: #999999;">Cette entrée a été publiée dans <a style="color: #999999;" href="http://www.europemaxima.com/category/en-premiere-ligne/chronique-hebdomadaire-du-village-planetaire/" rel="category tag">Chronique hebdomadaire du Village planétaire sur Radio-Libertés</a>, <a style="color: #999999;" href="http://www.europemaxima.com/category/en-premiere-ligne/" rel="category tag">EN PREMIÈRE LIGNE</a>. Sauvegarder le <a style="color: #999999;" href="http://www.europemaxima.com/sur-les-loups-gris-par-georges-feltin-tracol/" rel="bookmark">permalien</a>.</span></strong></footer>
Ratatoskhttp://euro-synergies.hautetfort.com/about.htmlIl Processo Ergenekon: Un’analisi giuridica e politica in ordine cronologicotag:euro-synergies.hautetfort.com,2013-09-18:51687642013-09-18T00:05:00+02:002013-09-18T00:05:00+02:00 Il Processo Ergenekon: Un’analisi giuridica e politica in ordine...
<p style="text-align: center;"><img id="media-4252158" style="margin: 0.7em 0;" title="" src="http://euro-synergies.hautetfort.com/media/00/01/3291026873.jpg" alt="ergenekon-trial.jpg" /></p><h2 style="text-align: left;"><span style="font-size: xx-large; font-family: arial black,avant garde; color: #ff6600;"><strong>Il Processo Ergenekon: Un’analisi giuridica e politica in ordine cronologico</strong></span></h2><center></center><p style="text-align: left;"><span style="font-size: large; font-family: arial black,avant garde;"><strong><span style="color: #c0c0c0;">Aytekin Kaan Kurtul</span></strong></span></p><p style="text-align: left;"><span style="font-size: large; font-family: arial black,avant garde;"><strong><span style="color: #c0c0c0;">Ex: http://www.statopotenza.eu</span></strong></span></p><p style="text-align: left;"><strong><span style="font-size: small; font-family: arial,helvetica,sans-serif; color: #c0c0c0;">Il 5 agosto ha avuto luogo l’ultima udienza del processo <em>Ergenekon</em> che si trattava della “<em>formazione di un’organizzazione terrorista</em>” che “<em>ha tentato ad organizzare un colpo di stato contro il Governo attuale</em> (Erdoğan)”. L’inchiesta era stata iniziata nel 2007, con la “scoperta” delle armi “segrete” e dei “diari del golpe” dalla polizia, i quali erano stati “forniti” nel dipartimento della polizia secondo i video fatti da parte della polizia (gia’ qui si capisce come si e’ svolto il processo) .</span></strong></p><p style="text-align: left;"><br /><strong><span style="font-size: small; font-family: arial,helvetica,sans-serif; color: #c0c0c0;"> Dopo il consolidamento del potere della “nuova oligarchia islamica” (ovvero dopo le elezioni generali e l’elezione presidenziale del 2007, con le quali il partito di Erdoğan ha praticamente “nominato” il Presidente) il processo e’ stato portato davanti alla Corte dove sono state scritte le accuse. I soggetti in questione venivano accusati di far parte di un’organizzazione terrorista, chiamata <em>Ergenekon,</em> che mirava ad organizzare un colpe di stato contro il Governo Erdoğan. Anche se le accuse venivano considerate dentro il quadro di un tentato colpo di stato, i primi ad essere arrestati erano civili. Il piu’ noto di questi, Ergun Poyraz, era un ricercatore e uno scrittore indipendente che aveva scritto libri sulle relazioni “intime” tra le sette mafiose in Turchia (come la setta Gülen) , “gli stati religiosi” (il Vaticano e l’Israele) e i capitalisti finanziari d’Occidente. Il libro che veniva considerato come “una prova di delitto” s’intitolava “<em>Erdoğan e Gül: I Figli d’Israele</em>“, tanto per mostrare la liberta’ di espressione in Turchia.</span></strong></p><p style="text-align: left;"><br /><strong><span style="font-size: small; font-family: arial,helvetica,sans-serif; color: #c0c0c0;"> Un altro personaggio noto tra i primi ad essere arrestati era l’imprenditore Kuddusi Okkır. Egli era il fondatore di un’impresa di informatica che cercava di sviluppare tecnologie nazionali per non dipendere totalmente dal rete statiunitense. Okkır e’ stato arrestato il 20 giugno 2007 ed e’ morto in carcere (presumabilmente a causa della tortura) prima della prima udienza del processo <em>Ergenekon,</em> nella data del 6 giugno 2008. Il 22 gennaio 2008, e’ stata iniziata la seconda onda di arresti. Questa volta i bersagli erano prevalentemente militari, con alcune eccezioni. Due di queste erano l’avvocato Kemal Kerinçsiz e la portavoce della Chiesa Ortodossa Turca, Sevgi Erenerol. Kemal Kerinçsiz era noto per aver impugnato scrittori liberali come Orhan Pamuk per “<em>aver incitato odio razziale, aver insultato la nazione turca e aver incitato una guerra contro i confinanti della Repubblica</em>” (artt. 301, 304 del Codice Penale). Sevgi Erenerol, invece, era una sacerdotessa cristiana e una scrittrice nota per le sue idee patriottiche.</span></strong></p><p style="text-align: left;"><br /><strong><span style="font-size: small; font-family: arial,helvetica,sans-serif; color: #c0c0c0;"> Il 21 marzo 2008 era la data dell’inizio della onda piu’ grande. Personaggi noti dell’opposizione legale in Turchia come il Presidente del Partito dei Lavoratori (noto per essere uno dei primi due partiti comunisti a difendere il socialismo eurasiatista), il Dottor Doğu Perinçek; il giornalista socialista noto per essere torturato durante il regime della giunta del ’71, İlhan Selçuk; il Vice Presidente del Partito dei Lavoratori, Ferit İlsever; il Vice Presidente del Partito dei Lavoratori, Nusret Senem; il fondatore della Fondazione del Pensiero Kemalista, Şener Eruygur; l’ex generale e personaggio kemalista Hurşit Tolon; giornalista socialdemocratico e deputato del Partito Repubblicano del Popolo, Mustafa Balbay; il tenente noto per aver provato ad arrestare i soldati statiunitensi ad İncirlik, Hasan Atilla Uğur e l’accademico Erol Mütercimler sono stati detenuti dalla polizia e la maggior parte e’ stata arrestata.</span></strong><br /><strong><span style="font-size: small; font-family: arial,helvetica,sans-serif; color: #c0c0c0;"> L’1 luglio 2008 ha testimoniato l’espansione dell’onda precedente ed e’ stato arrestato il Presidente Fondatore dell’Unione Giovanile di Turchia (l’Unione della Gioventu’ di Turchia), Adnan Türkkan. L’Unione Giovanile di Turchia (l’Unione della Gioventu’ di Turchia) e’ stata definita come “<em>l’ala giovanile dell’organizzazione terrorista Ergenekon</em>” dalla stampa liberale (conosciuta come “la stampa dei pinguini” dopo la Sollevazione di Giugno), anche se non era definita cosi neanche nelle accuse. L’arresto e’ stato seguito da repressioni nelle universita’ e tanti studenti hanno dovuto lottare per praticare il loro diritto allo studio.</span></strong></p><p style="text-align: left;"><span style="color: #ff6600;"><strong><span style="font-size: small; font-family: arial,helvetica,sans-serif;">La prima udienza e lo “schema” dell’organizzazione</span></strong></span></p><p style="text-align: left;"><br /><strong><span style="font-size: small; font-family: arial,helvetica,sans-serif; color: #c0c0c0;"> La prima udienza ha avuto luogo nel comune di Silivri nella provincia di İstanbul (il quale e’ abbastanza lontano dal centro) il 20 ottobre 2008 ed e’ stato dichiarato lo “schema” dell’organizzazione. Secondo lo “schema”, non c’era una gerarchia o qualsiasi struttura organizzativa – c’era solo un “gruppo” di leader composto prevalentemente da militari. Tra questi leader, c’erano due personaggi noti: il Generale Martire Eşref Bitlis e l’ex generale Hurşit Tolon.</span></strong></p><p style="text-align: left;"><br /><strong><span style="font-size: small; font-family: arial,helvetica,sans-serif; color: #c0c0c0;"> Il Generale Martire Eşref Bitlis era stato assassinato misteriosamente il 17 febbraio 1993. Egli era noto per aver promosso il dialogo con i contadini curdi per risolvere la questione curda. Il 7 febbraio 1993, il Generale Bitlis aveva dichiarato che “<em>gli aerei statunitensi che partono da İncirlik portano armi e forniture ai terroristi del PKK nell’Iraq settentrionale e gli israeliani gli offrono informazioni vitali riguardo le nostre posizioni nella regione</em>“. Era stato assassinato 10 giorni dopo.</span></strong></p><p style="text-align: left;"><br /><strong><span style="font-size: small; font-family: arial,helvetica,sans-serif; color: #c0c0c0;"> L’ex generale Hurşit Tolon, invece, era uno dei primi militari a dichiarare il fatto che “<em>far parte della NATO e’ una minaccia per l’esistenza della Repubblica</em>“. Egli aveva promosso un’alleanza con “<em>l’altro polo che sta crescendo, cioe’ quello guidato oggi dalla Cina, dalla Russia, dall’India e dall’Iran. In questo quadro l’Iran e’ il nostro alleato naturale per il fatto che abbiamo legami sociali e nemici in comune – a prescindere dalle nostre differenze ideologiche</em>“.</span></strong></p><p style="text-align: left;"><br /><strong><span style="font-size: small; font-family: arial,helvetica,sans-serif; color: #c0c0c0;"> Gli avvocati dei prigionieri hanno obiettato l’intero processo citando la mancanza delle prove concrete, l’illegalita’ dell’invasione della sfera privata durante l’inchiesta e il fatto che il Generale Bitlis era gia’ morto nel 1993 e quindi non era fisicamente capace di fare un colpo di stato nel 2008. Le loro obiezioni non sono state prese in considerazione.</span></strong></p><p style="text-align: left;"><span style="color: #ff6600;"><strong><span style="font-size: small; font-family: arial,helvetica,sans-serif;">L’aggiunta dell’attacco al Consiglio di Stato e il salafita Osman Yıldırım</span></strong></span></p><p style="text-align: left;"><br /><strong><span style="font-size: small; font-family: arial,helvetica,sans-serif; color: #c0c0c0;"> Il 3 agosto 2009, il caso che riguarda l’attacco al Consiglio di Stato perpetuato da un salafita che si chiama Osman Yıldırım e’ stato aggiunto al caso <em>Ergenekon,</em> rendendo la cosidetta “organizzazione terrorista” in questione “un’organizzazione terrorista attiva”. Osman Yıldırım era stato condannato precedentemente per “<em>aver commesso matricidio</em>” e “<em>aver venduto la propria nipote</em>” (artt. 81, 227 del Codice Penale). Nelle prime udienze nel processo riguardo all’attaco al Consiglio di Stato, egli aveva affermato che mirava a “<em>distruggere il regime laico infedele e costruire il Sacro Califfato. Io sono un cittadino dello Stato Islamico dell’Asia Minore e un nemico del bastardo europeo che ha fondato il regime</em>“, riferendosi al fondatore della Repubblica, il comandante antimperialista Mustafa Kemal Atatürk che era nato a Salonica. Per di piu’ ha ammesso che egli aveva perpetuato l’attacco. Nonostante il fatto che egli ha commesso i crimini “<em>mirando a distruggere l’ordine repubblicano e l’unione nazionale</em>” ed “<em>essersi opposto all’ordine costituzionale</em>” (artt. 302, 309 del Codice Penale), e’ stato rilasciato dopo l’ultima udienza (per aver collaborato con la corte) mentre decine di giornalisti, accademici e politici e anche l’ex Comandante in Capo delle Forze Armate Turche con il quale lo stesso Governo Erdoğan aveva collaborato sono stati simbolicamente condannati all’ergastolo.</span></strong></p><p style="text-align: left;"><span style="color: #ff6600;"><strong><span style="font-size: small; font-family: arial,helvetica,sans-serif;">La durata della reclusione e le sentenze della Corte Costituzionale e della CEDU</span></strong></span></p><p style="text-align: left;"><br /><strong><span style="font-size: small; font-family: arial,helvetica,sans-serif; color: #c0c0c0;"> La maggior parte dei prigionieri e’ stata in carcere per piu’ di cinque anni senza una sentenza definitiva, una situazione che era stata legittimizzata con l’ultima riforma del Codice di Procedura Penale che aveva prolungato la durata massima di reclusione a 10 anni. La riforma, comunque, e’ stata dichiarata incostituzionale da parte della Corte Costituzionale con la sentenza 07/2013 pubblicata il 2 agosto 2013 sulla Gazzetta Ufficiale. Secondo la Corte, siccome la norma presente e’ stata annullata, dovrebbe essere applicata la norma precedente che aveva fissato la durata massima a 5 anni.</span></strong></p><p style="text-align: left;"><br /><strong><span style="font-size: small; font-family: arial,helvetica,sans-serif; color: #c0c0c0;"> La sentenza e’ stata emessa parzialmente in conformita’ con le ultime sentenze della CEDU riguardo alla massima durata di reclusione. La CEDU, infatti, nella sentenza Vaccaro v. la Repubblica Italiana, aveva deciso che sei anni di reclusione era inaccettabile in un caso piu’ “leggero” rispetto al processo <em>Ergenekon.</em> Nonostante le sentenze della CEDU (le cui massime dovrebbero essere applicate nelle corte nazionali siccome la Turchia e’ una firmataria della Convenzione) e l’ultima sentenza della Corte Costituzionale della Repubblica di Turchia, la corte penale ha deciso di non rilasciare i prigionieri mentre uno che doveva essere condannato all’ergastolo secondo il Codice Penale vigente e’ stato rilasciato.</span></strong></p><p style="text-align: left;"><span style="color: #ff6600;"><strong><span style="font-size: small; font-family: arial,helvetica,sans-serif;">Una sintesi</span></strong></span></p><p style="text-align: left;"><br /><strong><span style="font-size: small; font-family: arial,helvetica,sans-serif; color: #c0c0c0;"> Come avete visto, il processo <em>Ergenekon</em> e’ stato un processo illegale, incostituzionale e disumano sia nel senso giuridico che nel senso morale. L’Associazione degli Avvocati ha dichiarato che essa non riconosce le sentenze e giornalisti comunisti come Jürgen Elsasser e partiti comunisti come il Partito Comunista della Federazione Russa hanno espresso solidarieta’ ai prigioneri politici in Turchia. Gli antimperialisti nel mondo hanno visto che personaggi come l’ex Comandante in Capo delle Forze Armate Turche sono stati arrestati “simbolicamente”, ovvero per rendere piu’ “credibile” il processo che era totalmente politico e mirava a reprimere l’opposizione legale in Turchia. E ultimamente il Primo Ministro Erdoğan ha affermato che “<em>non riconoscere le sentenze Ergenekon e’ un delitto</em>“. Le sue parole contraddicono le norme del Codice Penale ma se esse valgono piu’ del diritto nazionale e della Costituzione, possiamo parlare di uno stato di diritto?</span></strong><br /><strong><span style="font-size: small; font-family: arial,helvetica,sans-serif; color: #c0c0c0;"> Scusate la mia liberta’ di espressione.</span></strong></p><p style="text-align: left;"><span style="color: #ff6600;"><strong><span style="font-size: small; font-family: arial,helvetica,sans-serif;">Le sentenze</span></strong></span></p><p style="text-align: left;"><br /><strong><span style="font-size: small; font-family: arial,helvetica,sans-serif; color: #c0c0c0;"> Adnan Türkkan, membro fondatore dell’Unione Giovanile di Turchia (l’Unione della Gioventu’ di Turchia): 10 anni e 6 mesi in carcere</span></strong><br /><strong><span style="font-size: small; font-family: arial,helvetica,sans-serif; color: #c0c0c0;"> Tunç Akkoç, membro fondatore dell’Unione Giovanile di Turchia (l’Unione della Gioventu’ di Turchia), membro del Comitato Centrale del Partito dei Lavoratori: 11 anni in carcere</span></strong><br /><strong><span style="font-size: small; font-family: arial,helvetica,sans-serif; color: #c0c0c0;"> Doğu Perinçek, Presidente del Partito dei Lavoratori: Ergastolo + 117 anni in carcere</span></strong><br /><strong><span style="font-size: small; font-family: arial,helvetica,sans-serif; color: #c0c0c0;"> Ferit İlsever, Vice Presidente del Partito dei Lavoratori: 15 anni in carcere</span></strong><br /><strong><span style="font-size: small; font-family: arial,helvetica,sans-serif; color: #c0c0c0;"> Nusret Senem, Vice Presidente del Partito dei Lavoratori: 20 anni, 3 mesi in carcere</span></strong><br /><strong><span style="font-size: small; font-family: arial,helvetica,sans-serif; color: #c0c0c0;"> Mehmet Bedri Gültekin, Vice Presidente del Partito dei Lavoratori: 10 anni, 6 mesi in carcere</span></strong><br /><strong><span style="font-size: small; font-family: arial,helvetica,sans-serif; color: #c0c0c0;"> Zafer Şen, membro del Comitato Centrale del Partito dei Lavoratori: 8 anni, 9 mesi in carcere</span></strong><br /><strong><span style="font-size: small; font-family: arial,helvetica,sans-serif; color: #c0c0c0;"> Erkan Önsel, membro del Comitato Centrale del Partito dei Lavoratori: 9 anni in carcere</span></strong><br /><strong><span style="font-size: small; font-family: arial,helvetica,sans-serif; color: #c0c0c0;"> Mustafa Balbay, Deputato del Partito Repubblicano del Popolo: 34 anni e 8 mesi in carcere</span></strong><br /><strong><span style="font-size: small; font-family: arial,helvetica,sans-serif; color: #c0c0c0;"> Tuncay Özkan, giornalista socialdemocratico: Ergastolo aggravato</span></strong><br /><strong><span style="font-size: small; font-family: arial,helvetica,sans-serif; color: #c0c0c0;"> Yalçın Küçük, accademico marxista: Ergastolo aggravato</span></strong><br /><strong><span style="font-size: small; font-family: arial,helvetica,sans-serif; color: #c0c0c0;"> İlker Başbuğ, Ex Comandante in Capo delle Forze Armate Turche: Due ergastoli aggravati seguenti + 4 anni, 2 mesi in carcere</span></strong><br /><strong><span style="font-size: small; font-family: arial,helvetica,sans-serif; color: #c0c0c0;"> Hikmet Çiçek, giornalista comunista: 21 anni in carcere</span></strong><br /><strong><span style="font-size: small; font-family: arial,helvetica,sans-serif; color: #c0c0c0;"> Sevgi Erenerol, Portavoce della Chiesa Ortodossa Turca: Ergastolo</span></strong><br /><strong><span style="font-size: small; font-family: arial,helvetica,sans-serif; color: #c0c0c0;"> Şener Eruygur, Fondatore della Fondazione del Pensiero Kemalista: Ergastolo</span></strong><br /><strong><span style="font-size: small; font-family: arial,helvetica,sans-serif; color: #c0c0c0;"> Tenente Hasan Atilla Uğur: 29 anni, 3 mesi in carcere</span></strong><br /><strong><span style="font-size: small; font-family: arial,helvetica,sans-serif; color: #c0c0c0;"> Dursun Çiçek, ammiraglio: Ergastolo aggravato</span></strong><br /><strong><span style="font-size: small; font-family: arial,helvetica,sans-serif; color: #c0c0c0;"> Mustafa Özbek, Presidente del Sindacato Türk-Metal: Ergastolo</span></strong><br /><strong><span style="font-size: small; font-family: arial,helvetica,sans-serif; color: #c0c0c0;"> Deniz Yıldırım, ex direttore editoriale del quotidiano comunista Aydınlık: 16 anni, 10 mesi in carcere</span></strong><br /><strong><span style="font-size: small; font-family: arial,helvetica,sans-serif; color: #c0c0c0;"> Hurşit Tolon, ex generale: Ergastolo aggravato</span></strong><br /><strong><span style="font-size: small; font-family: arial,helvetica,sans-serif; color: #c0c0c0;"> Kemal Kerinçsiz, avvocato: Ergastolo aggravato</span></strong><br /><strong><span style="font-size: small; font-family: arial,helvetica,sans-serif; color: #c0c0c0;"> Emcet Olcaytu, avvocato: 13 anni, 2 mesi in carcere</span></strong><br /><strong><span style="font-size: small; font-family: arial,helvetica,sans-serif; color: #c0c0c0;"> Adnan Akfırat, giornalista: 19 anni in carcere</span></strong><br /><strong><span style="font-size: small; font-family: arial,helvetica,sans-serif; color: #c0c0c0;"> Ünal İnanç, giornalista: 19 anni in carcere</span></strong><br /><strong><span style="font-size: small; font-family: arial,helvetica,sans-serif; color: #c0c0c0;"> Ergün Poyraz, scrittore: 29 anni, 4 mesi in carcere</span></strong><br /><strong><span style="font-size: small; font-family: arial,helvetica,sans-serif; color: #c0c0c0;"> Vedat Yenerer, giornalista: 7 anni, 6 mesi in carcere</span></strong><br /><strong><span style="font-size: small; font-family: arial,helvetica,sans-serif; color: #c0c0c0;"> Kemal Alemdaroğlu, accademico: 15 anni, 8 mesi in carcere</span></strong><br /><strong><span style="font-size: small; font-family: arial,helvetica,sans-serif; color: #c0c0c0;"> Mehmet Perinçek, accademico, figlio di Doğu Perinçek: 6 anni e 3 mesi in carcere</span></strong><br /><strong><span style="font-size: small; font-family: arial,helvetica,sans-serif; color: #c0c0c0;"> Ferit Bernay, accademico: 10 anni in carcere</span></strong><br /><strong><span style="font-size: small; font-family: arial,helvetica,sans-serif; c
Ferrierhttp://thomasferrier.hautetfort.com/about.htmlLa Turquie néo-islamiste et l’Europetag:thomasferrier.hautetfort.com,2011-11-06:38573492011-11-06T16:18:00+01:002011-11-06T16:18:00+01:00 La question turque a failli à deux reprises être réglée pour les...
<p style="text-align: justify;"><img src="http://thomasferrier.hautetfort.com/media/01/01/774434111.png" alt="" /></p><p style="text-align: justify;"><img id="media-3279557" style="float: left; margin: 0.2em 1.4em 0.7em 0;" title="" src="http://thomasferrier.hautetfort.com/media/01/02/3942183007.png" alt="800px-Flag_of_Turkey_svg.png" />La question turque a failli à deux reprises être réglée pour les Européens. En 1913, lors d’une des guerres balkaniques, l’empire ottoman avait quasiment perdu toutes ses positions en Thrace. La coalition des Serbes, Bulgares et Grecs, avec une aide occidentale et russe, était parvenue aux portes d’Istambul, qui s’apprêtait à redevenir Byzance. Mais nous étions entrés dans l’ère des nationalismes, et l’avidité bulgare causa la perte de tous. Au lieu de maintenir l’unité des alliés jusqu’à la victoire, l’anticipant par aveuglement nationaliste, la Bulgarie rompt l’alliance sacrée, permettant par ce sursis à l’armée ottomane de se restructurer et de contrer l’offensive, conservant ainsi la Thrace avec Andrinople (devenue Edirne) et Constantinople. <br /><br />En 1920, alors que l’empire ottoman a perdu la première guerre mondiale face aux alliés, le traité de Sèvres impose à la Turquie des règles très contraignantes. Si elle conserve la rive européenne d’Istambul, qui sera toutefois placée sous mandat international, elle perd le reste de la Thrace ainsi que la région autour de Smyrne, qui appartiendra à la Grèce. La Cilicie devait être contrôlée par l’Italie, l’Arménie devait récupérer une partie de l’Anatolie orientale, enfin le peuple kurde aurait son état. Dépecée, la Turquie devait donc servir de zone tampon entre l’Europe et l’Asie musulmane. <br /><br />C’est face à cette mort programmée décidée par des puissances européennes usées et ruinées par quatre ans de guerre, que Mustapha Kemal leva son glaive pour reprendre ce qu’il estimait appartenir à son peuple. Il mit fin violemment à la présence multimillénaire des Grecs en Anatolie, les deux pays procédant à des échanges de population après l’échec militaire des Grecs. L’Europe laissa faire. Elle avait bien d’autres soucis, entre le péril bolchevik naissant à l’est du continent et l’effondrement économique de l’ouest. En pleine reconstruction, démoralisée, elle resta impuissante face au sort des Grecs. Kemal, devenu Atatürk, avait rejoint le panthéon des grands hommes de l’histoire. Ce sauveur laïc, qui méprisait profondément l’islam ottoman, qu’il osa qualifier de « doctrine immorale », et qui mourut à cause de son amour du sang de Bacchus, voulut forger une nouvelle Turquie, moderne, occidentale. Dans un ultime défi à l’islam, il proclama ainsi cette phrase célèbre, « Adieu l’Orient ». <br /><br />Kemal fit de l’antique Ancyre sa capitale Ankara. Elle était proche de l’ancienne cité d’Hattousa, capitale de l’empire hittite de souche indo-européenne. Kemal affirma que le peuple turc était européen, héritier de la matrice commune aux autres peuples du continent. C’est à cette Turquie là que le général De Gaulle pensait en 1963 quand il évoqua l’idée d’adhésion du pays à la CEE. Si Inönu, après la mort précoce du héros en 1938, sut dans un continent en guerre, maintenir une neutralité bienveillante, l’héritage de Kemal n’allait pas vraiment lui survivre.<br /><br />Aujourd’hui, Erdogan a vaincu Atatürk. Et c’est le plus grand enseignement de ces dernières années. Désormais, alors que l’adhésion du pays à l’Union Européenne, selon le processus entamé en 2005, semble au point mort, ce qui ne chagrine pas outre mesure le premier ministre autoritaire, la presse européenne commence à ouvrir les yeux sur la réalité de la nouvelle Turquie de Gül, d’Erdogan et de Davutoglu. Même si le PS français et la SPD allemande, traditionnellement turcophiles, voulaient ranimer le processus ralenti par Merkel et Sarkozy, elles auraient du mal à expliquer l’adhésion d’un pays qui opprime la presse, arrête les journalistes sous de faux prétextes et des militaires en évoquant un énigmatique complot contre le gouvernement.<br /><br />La journaliste Martine Gozlan (Marianne), dans un excellent ouvrage qui vient de sortir intitulé « L’imposture turque », démonte le nouveau régime et prouve la réislamisation en cours. Kurdes opprimés, Alevis persécutés, femmes voilées, opposants inquiétés, la Turquie d’Erdogan est au final bien moins démocratique que la Russie de Poutine. Et surtout elle n’hésite plus à menacer l’Union Européenne et ses membres. Davutoglu s’en est ainsi pris aux pays européens, les accusant de soutenir la rébellion kurde. L’AKP a également dénoncé les recherches de ressources énergétiques de la Chypre grecque, menaçant l’UE de gel des relations diplomatiques si Chypre accédait l’an prochain à la présidence de l’Union Européenne, comme elle doit le faire conformément aux traités. Enfin l’AKP s’en prend à Israël, expulsant son ambassadeur et cessant toute collaboration stratégique.<br /><br />Erdogan souhaite désormais avoir de son côté la rue arabe, et devient le modèle des islamistes (Frères Musulmans en Egypte, CNT en Libye, Ennahda en Tunisie) prétendument « modérés ». Une vague néo-ottomane s’abat sur le Moyen-Orient et sur l’Afrique du nord. Face à cette vague, contre laquelle seule la Syrie de Bachar El Assad, avec des moyens violents qui choquent à juste titre les Européens, s’oppose, et d’ailleurs Erdogan a menacé la Syrie de représailles, ce qui est significatif, semble déferler. L’Europe qui rêvait d’une démocratie arabe, déchante. Elle en subit de nombreux flux migratoires en retour, vengeance d’outre-tombe de Kadhafi. Le représentant de la Russie à l’OTAN Dmitri Rogozine l’a dit, le choix est entre des dictateurs et les islamistes. En s’opposant aux premiers, l’UE a fait donc le choix des seconds.<br /><br />Face à cette réislamisation qui désole les vrais amis de la Turquie, les turcs des élites (beyaz Türkler ou « turcs blancs »), et que déplore avec justesse Martine Gozlan, nous européens devons montrer les crocs. Le Monde section géopolitique du 6 novembre 2011, fait le point sur les limites du modèle turc, dénonçant les graves atteintes aux droits de l’homme en cours. Andrea Perrone dans la revue italienne Rinascita datée du 21 septembre 2011 explique que désormais la Turquie s’éloigne explicitement de l’Europe, envisageant une domination sur la Méditerranée orientale. Dans Le Monde du 4 novembre, Frédéric Lemaître a évoqué quant à lui une Allemagne célébrant « ses travailleurs invités turcs ». Une fois de plus, invité à Berlin, Recep Erdogan a multiplié les attaques contre l’Allemagne, refusant l’intégration proposée aux immigrés turcs, qu’il avait même qualifiée de « crime contre l’humanité ». On se demande pourquoi Merkel s’entête à inviter ce sinistre individu. En réalité, la CDU a tort, à la différence d’Edmund Stoiber (CSU) et de ceux qui perpétuent sa ligne, de tomber dans le piège de l’intégration. Elle s’était opposée à Schröder en 2000 lorsque celui-ci a souhaité introduire le droit du sol en Allemagne. Elle a aujourd’hui cédé, comme le RPR l’a fait à la suite du PS après 1988.<br /><br />Face à une Turquie qui se réislamise, face à un gouvernement turc qui devient arrogant et agressif, qui cache à peine sa haine de l’Europe et d’Israël, face à un premier ministre qui tombe dans les bras du pantin de Khameneï, le triste Ahmadenijad, bourreau de la révolution verte de Téhéran, l’Europe doit se ressaisir. Elle doit apporter un soutien sans faille à Chypre, exigeant l’évacuation de l’île par la Turquie. Elle doit dénoncer sans relâche les arrestations de journalistes, de militaires, d’opposants. Nous ne devons pas rester passifs devant un second Iran en gestation. Si la Turquie renonce à l’européanisation mise en place par Atatürk, si elle affirme « Adieu l’occident », nous devons en prendre acte et réagir en conséquence.<br /><br />La première réaction, et elle coûterait peu cher au président Sarkozy, et renforcerait sa crédibilité désormais très altérée, serait de mettre fin de manière unilatérale aux pourparlers d’adhésion, de manière à engendrer un salutaire électrochoc en Turquie même. La seconde réaction, celle de la chancelière Merkel, serait de revenir à la ligne de la CDU d’avant 2000 quant à la question turque en Allemagne. La troisième réaction serait de tendre la main à la Russie de manière décidée, et ainsi de rompre avec l’américanotropisme de certains de nos dirigeants.<br /><br />Et alors que la Grèce va économiquement au plus mal, disons le haut et fort. Souvenons-nous de Missologghi. Souvenons-nous de Lord Byron ! Ne faisons aucune concession à Erdogan, qui nous remercie dès que nous cédons par des remarques acides. Ce n’est pas seulement l’intérêt des Européens, c’est aussi celui des Turcs, mais 50% des électeurs turcs ne l’ont pas encore compris.</p><p style="text-align: justify;"><strong>Thomas Ferrier<br /></strong><em>Secrétaire général du PSUNE</em></p>
Ferrierhttp://thomasferrier.hautetfort.com/about.htmlLa Turquie et l’Union Européenne : état des lieux en août 2011tag:thomasferrier.hautetfort.com,2011-08-07:37355372011-08-07T18:35:38+02:002011-08-07T18:35:38+02:00 Après le troisième succès électoral de l’AKP turc de Recep Erdogan,...
<p style="text-align: justify;"><img id="media-2449733" style="border-width: 0px;" src="http://thomasferrier.hautetfort.com/media/02/02/356790240.4.png" alt="bandeaubillets2ferrier2.png" /></p><p style="text-align: justify;"><img id="media-3149891" style="margin: 0.2em 1.4em 0.7em 0px; float: left;" title="" src="http://thomasferrier.hautetfort.com/media/00/01/902131003.2.jpg" alt="erdogan-1.jpg" />Après le troisième succès électoral de l’AKP turc de Recep Erdogan, réunissant près de 50% des voix aux élections législatives, qu’en est-il de la question de l’adhésion turque à l’Union Européenne, principale revendication du parti lorsqu’il s’est imposé la première fois ?<br /><br />Nous, euro-socialistes, avons toujours considéré que le pro-européisme d’Erdogan n’était qu’une façade pour dissimuler un calendrier islamiste de moins en moins caché d’ailleurs, et une stratégie pour affaiblir le principal contre-pouvoir turc, et défenseur de l’héritage kémaliste, l’armée. Bien sûr, dans un état démocratique digne de ce nom, il n’est pas normal que l’armée puisse déterminer la politique de la nation, et bien évidemment qu’elle intervienne pour démettre un gouvernement qui lui déplairait. Mais la démocratie est un combat de tous les jours, résulte toujours d’une démopédie efficiente, et ne se décrète pas. Rome ne s’est pas faite en un jour.<br /><br />Lorsque Mustafa Kemal fonda l’état turc moderne, il savait que le pays n’était pas encore prêt pour la démocratie, de même que le maréchal Pilsudski en Pologne avait été contraint de tenir le pays avec une certaine poigne à une époque où certains autoritarismes populaires voulaient s’imposer. Il avait analysé le principal obstacle à sa politique d’européanisation, qui restait néanmoins nationaliste, à savoir l’islamisme. Il avait cependant été contraint de tempérer son hostilité à l’islam par réalisme politique, dans un pays très majoritairement musulman et qui liait son identité nationale à cette religion. Pour Kemal, islam et démocratie étaient incompatibles, et la démocratie ne résulterait que de la victoire des idées nationales en version européanisées sur cette tradition qui lui paraissait étrangère.<br /><br />Ainsi Kemal Atatürk voulut-il enraciner la tradition nationale turque dans le passé anatolien pré-islamique, fondant sa capitale sur les ruines de l’antique Ancyre (devenue Ankara) au cœur de la Cappadoce, et pas très loin d’Hattusa, l’ancienne capitale de l’empire hittite, en même temps que dans la turcité centre-asiatique et païenne, valorisée aujourd’hui encore par une partie du MHP, le parti nationaliste des « loups gris » (Bozkurtlar). Cette révolution morale, que Reza Shah tentera d’imiter en Iran et plus tard Zaher Shah en Afghanistan, impliquait de longues années de travail politique pour qu’enfin la démocratie émerge. Vouloir hâter la démocratie alors que le peuple n’est pas encore prêt, en revanche, c’est au final amener une nouvelle autocratie au pouvoir. En Iran, il y a eu Khomeiny. En Turquie, il y a Erdogan.</p><p style="text-align: justify;">Recep Erdogan a formidablement manœuvré, en fin tacticien pour qui la démocratie est un moyen mais aucunement une fin. Le peuple turc, manquant de maturité démocratique, la démopédie d’Atatürk ayant été considérablement fragile, moins de vingt ans puisque Kemal meure en 1938, choisit donc depuis plusieurs années la mouvance islamiste dite « modérée » après avoir tenté l’expérience brève d’un candidat islamiste plus dur, celui d’Erbackan, éliminé du jeu politique suite à l’intervention des militaires. Erdogan, ancien partisan d’Erbackan, a considérablement appris de cet échec, et va réussir là où son prédécesseur avait échoué.<br /><br />La première méthode a été de se servir du processus d’adhésion à l’Union Européenne, en vertu d’une vieille promesse de 1963. A l’époque, De Gaulle avait assuré à la Turquie qu’elle pourrait rejoindre la communauté <strong>économique</strong> européenne. Le général n’avait en revanche jamais affirmé qu’elle pourrait rejoindre une communauté <strong>politique</strong> européenne. Par ailleurs, la Turquie de 1963 n’est pas la Turquie de 2005. Face à une Union Européenne fort peu résistante, profondément mondialiste, Erdogan savait qu’on ne pourrait lui dire non. Après un baroud d’honneur autrichien, en fait destiné à négocier l’adhésion de la Croatie, en mai 2005, l’UE reconnaît à la Turquie sa vocation européenne. Ce succès d’Erdogan lui assure un réel soutien populaire. <br /><br />Il n’est même pas sûr qu’Erdogan veuille réellement que son pays adhère à l’UE, dont les principes gêneraient considérablement son action. C’est le processus lui-même qui l’intéresse et non sa finalité. Au nom de l’adhésion, Erdogan peut réformer son pays avec la légitimité nécessaire. Un pays démocratique candidat à l’UE ne saurait posséder en son sein une armée puissante, un état dans l’état. C’est ainsi que patiemment l’AKP tisse sa toile sur le pays, bénéficiant d’un contexte économique qui plus est favorable. En 2007, les milieux laïcs réagissent et menacent le parti d’interdiction suite aux mesures que l’AKP a prises pour autoriser le voile islamique à l’université. A une voix près d’un juge constitutionnel, l’AKP écope d’une lourde amende, dont on ne sait pas au final si le parti l’a payée, mais sauve sa tête. Néanmoins, la leçon est comprise. Erdogan abandonne ainsi cette revendication, pour l’instant, tout en continuant de s’afficher avec son épouse et ses filles voilées.<br /><br />Pas à pas, l’AKP s’empare des leviers de pouvoir du pays. Abdullah Gül est élu président de la république, à l’issue d’un processus complexe, suscitant l’ire des partisans du kémalisme, membres du CHP ou du MHP. Mais l’armée est toujours là, jusqu’à ce qu’un complot soit démasqué. Une société secrète laïque, composée de responsables militaires importants, de journalistes et penseurs laïcs, Ergenekon, aurait planifié la chute du gouvernement. Les arrestations se multiplient, les détentions sans justification évidente aussi. L’armée est décapitée. A la fin du mois de juillet 2011, plusieurs généraux de l’armée démissionnent par solidarité avec leurs collègues emprisonnés. La cour constitutionnelle est maîtrisée, les journalistes indépendants subissent des pressions, l’armée ne s’opposera plus. <br /><br />Fin tacticien, l’islamiste auto-proclamé « modéré » Erdogan a vaincu ses adversaires. La rue turque se réislamise, la vente d’alcool est désormais ciblée. On devrait constater le changement dans les mois qui viennent. Désormais la question européenne peut passer au second plan. Erdogan savait que la candidature de son pays poserait un terrible cas de conscience à l’opinion européenne, de plus en plus rétive à l’idée qu’un pays de 75 millions de musulmans fasse partie de l’UE.<br /><br />Personne n’ose le dire ouvertement, mais les atteintes aux droits de l’homme dans l’affaire du scandale « Ergenekon » compliquent de plus en plus ce processus. La « gauche » sociale-démocrate française et allemande est certes partisane de cette adhésion, mais même si elle s’imposait en 2012 en France et par la suite en Allemagne, il est probable que le processus resterait au point mort. La réunification de Chypre, qui est un des objectifs d’Erdogan, semble avec la crise économique et la démission récente du gouvernement chypriote grec qui la souhaitait également, à nouveau s’éloigner. Erdogan a d’ailleurs menacé l’Union Européenne lorsque Chypre la présidera de boycott diplomatique. Enfin, la Grèce a décidé de construire un véritable mur de séparation entre elle et son voisin turc, officiellement pour mettre fin à l’immigration clandestine qui transite par sa frontière, mais aussi pour se protéger d’une éventuelle agression militaire. <br /><br />En réalité, si un référendum demain avait lieu en Turquie concernant l’adhésion, il est loin d’être sûr que le oui l’emporterait. Mais le processus est loin d’être avancé à ce point pour qu’on se retrouve même dans la situation où Erdogan devrait poser la question à son peuple. Ce processus est de toute façon devenu inutile pour le premier ministre, qui ne cache plus vraiment ses ambitions autoritaires. Il est même probable que les pays balkaniques de l’ouest (Serbie, Macédoine, Monténégro, Albanie) rejoindront l’UE avant que tous les chapitres d’adhésion avec Ankara soient fermés, à supposer que ce jour arrive.<br /><br />Les partisans occidentaux d’une Union Européenne élargie à la Turquie ont ainsi fait le jeu d’Erdogan et de ses amis. Croyant européaniser la Turquie, ils ont au contraire permis sa réislamisation et la mise en place d’une géopolitique nouvelle, dite néo-ottomane, dont Ahmed Davutoglu est le maître d’œuvre, destinée à l’Asie musulmane.<br /><br />Il était donc nécessaire de s’opposer à cette adhésion, pour préserver l’Europe des appétits néo-ottomanistes de l’AKP, mais il faudrait désormais trancher dans le vif.<br /><br />Un pays qui ne reconnaît pas sa responsabilité historique dans le martyr d’un peuple européen, les Arméniens, qui ne respecte pas un état membre et souverain, Chypre, qui méprise l’héritage antique hellénique (pensons à cette ville gréco-romaine abandonnée aux eaux pour construire un barrage), qui de manière évidente tourne le dos aux valeurs fondamentales de l’Europe, n’a pas sa place dans une Europe politique digne de ce nom. Kemal a échoué à faire de la Turquie un pays occidental, tout comme Reza Shah et son fils ont échoué à faire renouer l’Iran avec sa vieille mémoire. En effet, une Europe qui s’auto-flagelle, qui est incapable de se défendre contre l’arrogance américaine et les provocations islamiques, qui est incapable aussi de faire respecter ses frontières, une Europe faible en somme, ne saurait inciter ses voisins à l’imiter. Les révolutions arabes, prétendument démocratiques, ouvrent en vérité des boulevards à l’islamisme. N’oublions pas que la démocratie n’est possible que dans des sociétés fortes et éduquées, sinon elle amène son exact contraire, l’autoritarisme, au pouvoir.<br /><br />En fait, en disant un non extrêmement clair à l’adhésion turque, en mettant fin de manière unilatérale et brusque à ce processus, nous pourrions permettre au peuple turc de se réveiller et de démasquer les tyrans. Non seulement les Européens ne veulent pas de la Turquie comme membre mais le peuple turc lui-même n’y est pas spécialement favorable. En arrêtant cette hypocrisie, nous pourrions rendre un véritable service aux Turcs, au lieu de favoriser l’AKP. En agitant le chaud et le froid, l’Union Européenne désarme les vrais européistes turcs et favorise les faux européistes de l’AKP.</p><p style="text-align: justify;"><strong>Thomas Ferrier<br /></strong><em>Secrétaire général du PSUNE</em></p>
Ferrierhttp://thomasferrier.hautetfort.com/about.htmlNouvelle victoire de l’AKP !tag:thomasferrier.hautetfort.com,2011-06-13:36767682011-06-13T14:20:21+02:002011-06-13T14:20:21+02:00 A l’issue du scrutin législatif de dimanche, le parti du président...
<p style="text-align: justify;"><img id="media-2174134" style="margin: 0em 0px; border-width: 0px;" src="http://thomasferrier.hautetfort.com/media/01/01/774434111.png" alt="bandeauedito3.png" /></p><p style="text-align: justify;"><img id="media-3077086" style="float: left; margin: 0.2em 1.4em 0.7em 0px;" title="" src="http://thomasferrier.hautetfort.com/media/02/02/7249387.png" alt="AKP_Logo.png" />A l’issue du scrutin législatif de dimanche, le parti du président Abdullah Gül et du premier ministre Recep Erdogan a été reconduit aux affaires pour la deuxième fois consécutive, après une première victoire au forceps en 2002, face à des partis gouvernementaux accusés de corruption et d’incapacité à gérer les conséquences d’un tremblement de terre meurtrier, en l’occurrence une alliance entre une gauche nationale (DSP) et une droite nationale (MHP). En 2002, l’AKP, issu du parti islamiste Fazilet, lui-même scission du Refah d’Erbackan, avec 34.3% des voix, atteignait les plus hautes instances de l’Etat turc. Menacé d’interdiction et de dissolution par l’armée et la cour constitutionnelle, l’AKP confirma en 2007 sa légitimité populaire en obtenant 46.7% des voix, désavouant ainsi la réaction kémaliste, le CHP n’obtenant que 20.85% des voix, amenant son président à démissionner.<br /><br />Les manœuvres de l’AKP pour rester aux affaires, et pour mettre une sourdine aux accusations, selon moi fondées, d’agenda islamiste caché, conforme à la stratégie de la taqija, ont été de différents ordres, relayés par une société de pensée islamiste, le Fethullah Gülen, sorte de franc-maçonnerie musulmane. <br /><br />La première méthode a été de mettre en avant le complot Ergenekon, un rassemblement de kémalistes et de nationalistes décidé à faire tomber l’AKP. Ergenekon désigne la terre mythologique d’origine du peuple turc, là où il a fait la rencontre de la louve grise Asana, qui le conduisit en Anatolie. Par le biais de la justice, de nombreux journalistes et militaires de l’opposition ont été neutralisés et condamnés, au mépris visiblement des règles juridiques en vigueur dans les pays européens. Désormais, les velléités d’action de l’armée contre le gouvernement de l’AKP sont brisées. <br /><br />La seconde méthode a été de se servir du processus d’adhésion à l’Union Européenne pour faire passer des réformes qui, au nom d’un alignement sur les conventions européennes, servaient l’intérêt du parti, toujours dans l’optique d’affaiblir les résistances kémalistes. <br /><br />La troisième méthode pourrait avoir été de déconsidérer les dirigeants des partis d’opposition. En effet, peu de temps avant le scrutin, des vidéos à caractère pornographique mettant en scène plusieurs dirigeants du parti nationaliste MHP ont été révélées, amenant ces responsables à démissionner. Or, on sait qu’Erdogan espérait que le MHP n’atteigne pas 10% des suffrages, son élimination de toute représentation au parlement permettant à l’AKP de disposer du nombre de députés nécessaires pour changer la constitution. <br /><br />L’AKP n’a pas complètement réussi son pari, puisque avec 326 députés sur 550, il échoue à obtenir les 2/3 des députés, et qu’avec 49.8% des voix, il rate de peu la majorité absolue. Il progresse néanmoins de plus de trois points en quatre ans, ce qui témoigne de la popularité du premier ministre et atteste aussi de la réislamisation de la société turque. Les républicains du CHP avec 25.9% des voix progressent de près de cinq points, ce qui est malgré tout un succès pour son nouveau président, qui avait mis le combat laïc en sourdine tout en accentuant son caractère socialiste.<br /><br />Les nationalistes du MHP, héritiers d’Alparslan Türkes, survivent au scandale et en obtenant 13% des voix, et 53 députés, conservent presque intact leur capital électoral. Alors qu’en 1999 ils avaient atteint leur plus haut score, avec 18% des voix, mais qu’en 2002 ils avaient éliminé du parlement, ils avaient retrouvé un niveau convenable en 2007 avec 14.29% des voix. Leur légère régression s’explique par la candidature de plusieurs mouvements nationalistes dissidents, comme le MMP (« mouvement nationaliste et conservateur ») et ses 0,09% ou le MP (« parti national ») et ses 0,14%, mais surtout comme le parti national-islamiste BBP (0,73%), absent des élections en 2007. Les manœuvres dont le MHP a été victime ont donc pour l’essentiel échoué.<br /><br />Si le rassemblement d’indépendants en faveur des populations kurdes, avec 6.64% et 36 députés, a bien résisté et s’est même conforté, il pourrait surtout être décisif si Erdogan, au prix de quelques concessions, avait besoin de députés supplémentaires pour faire passer ses réformes.<br /><br />Les autres partis politiques, et notamment démocratiques et/ou socialistes, sont balayés. Le mode de scrutin proportionnel, alors qu’il favorise normalement les petits partis, neutralisé par cette barre fatidique des 10%, engendre en Turquie un phénomène de vote utile. Le CHP et le MHP en ont notamment bénéficié afin de mettre en place au parlement une opposition réelle à l’AKP. Les mouvements de type conservateur et/ou islamiste sont également fragilisés, en raison d’un vote utile en faveur du parti gouvernemental. Le Saadet Partisi n’obtient que 1,24% des voix, l’ « HEPAR » 0,28%. Le DSP, parti important avant 2002, tombe à 0,25% et est donc totalement marginalisé, tout comme l’extrême-gauche, réduite 0,21% des voix, les démocrates (DP) à 0,65% ou les libéraux du LDP (0,04%).<br /><br />Cette victoire de l’AKP d’Erdogan n’est pas une bonne nouvelle pour les vrais européistes, naturellement opposés au processus d’adhésion de la Turquie à l’Union Européenne, même si ce dernier est actuellement au point mort. Il suffirait que le PS gagne en France et la SPD en Allemagne pour que les résistances en place disparaissent et que le processus mortifère reprenne. Dans tous les cas, Erdogan a réussi à se servir du dit processus pour renforcer son pouvoir sur la Turquie. De fait, les accusations d’autoritarisme qui lui sont reprochées paraissent fondées. Mais il est possible que la question de cette adhésion prenne fin si les manifestations d’autocratie du parti au pouvoir sont trop criantes et mettent fin au processus, et notamment si les atteintes aux droits des citoyens sont attestées de manière indiscutable.<br /><br />Par sa victoire, l’AKP démontre en tout cas que sa démarche a réussi. Qui aurait pu croire il y a dix ans qu’une telle évolution de la Turquie aurait lieu. Recep Erdogan est d’ailleurs apparu vainqueur, auprès de son épouse et de sa fille voilées, devant les media. Est-ce de cette « Turquie », qui bafoue tous les principes de Kemal Atatürk, dont nous voulons comme membre de l’UE ?</p><p style="text-align: justify;"><strong>Thomas Ferrier<br /></strong><em>Secrétaire général du PSUNE</em></p>