Last posts on endogamie2024-03-28T20:10:22+01:00All Rights Reserved blogSpirithttps://www.hautetfort.com/https://www.hautetfort.com/explore/posts/tag/endogamie/atom.xmlBoreashttp://verslarevolution.hautetfort.com/about.htmlEndogamie des élitestag:verslarevolution.hautetfort.com,2013-07-14:51209162013-07-14T00:03:00+02:002013-07-14T00:03:00+02:00 « Dans cette bataille qui s'engage, mon véritable adversaire n'a pas...
<p style="text-align: center;"><img style="margin: 0.7em 0;" src="http://verslarevolution.hautetfort.com/images/Ha%20ha%20ha.jpg" alt="Ha%20ha%20ha.jpg" width="560" /></p><p style="text-align: center;"><strong><span style="font-size: small;">« <em>Dans cette bataille qui s'engage, mon véritable adversaire n'a pas de nom, pas de visage, pas de parti mais il gouverne, cet adversaire c'est le monde de la finance.</em> (...) <em>Je serai le président de la fin des privilèges.</em> »</span><em></em></strong></p><p style="text-align: center;"><span style="font-size: small;"><strong>(<a href="http://www.leparisien.fr/election-presidentielle-2012/candidats/hollande-au-bourget-mon-veritable-adversaire-c-est-la-finance-22-01-2012-1823639.php" target="_blank">François Hollande, Le Bourget, 22 janvier 2012</a>)</strong><span style="font-family: times new roman,times;"><span style="font-family: times new roman,times;"><br /></span></span></span></p><p style="text-align: justify;"> </p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: times new roman,times; font-size: medium;"><span style="font-family: times new roman,times; font-size: medium;">« </span>(...)<strong> L’affaire Cahuzac avait déjà soulevé le problème des conflits d’intérêts et de la confusion public/privé. Existe-t-il d’autres conflits d’intérêts du même type au sein du gouvernement et plus largement au sein des institutions ? Lesquels ? Ces conflits d’intérêts finissent par miner la démocratie ? En quoi précisément ?</strong></span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: times new roman,times; font-size: medium;"><strong>Éric Verhaeghe :</strong></span><em><span style="font-family: times new roman,times; font-size: medium;"> Vous posez une question de coulisse : la décision publique se prend-elle en dehors des organigrammes, et selon des logiques familiales, matrimoniales, amicales, qui échappent au contrôle citoyen ? Sur ce point, la réponse est évidemment "oui", et de façon surprenante sur un mode de plus en plus dégradé. Plus le temps passe, moins l'élite française se cache pour vivre en coterie et confondre vie personnelle et vie publique. Avec le système Sarkozy, on pensait avoir tout vu. Mais au fond l'opinion publique était parvenue à empêcher <a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Jean_Sarkozy#Controverse_autour_de_l.27EPAD" target="_blank">la nomination de son fils à la tête de l'EPAD</a>. Je me souviens aussi des dures critiques contre <a href="http://tempsreel.nouvelobs.com/societe/20110623.OBS5748/luc-ferry-victime-d-un-tsunami-mediatique-delirant.html" target="_blank">Luc Ferry</a>, dont la femme Marie-Caroline était jugée trop voyante au sein de son cabinet.</span></em></p><p style="text-align: justify;"><em><span style="font-family: times new roman,times; font-size: medium;">François Hollande avait promis une république exemplaire, et il faut bien constater que le mélange des genres, nourri par <a href="http://www.lefigaro.fr/politique/2013/04/04/01002-20130404ARTFIG00691-l-incroyable-destin-de-la-promotion-voltaire-de-l-ena.php" target="_blank">la proximité des anciens de la Voltaire</a>, a aujourd'hui pignon sur rue. Vous citez le cas de <a href="http://www.lefigaro.fr/societes/2013/07/04/20005-20130704ARTFIG00477-batho-met-en-cause-le-pdg-de-vallourec-dans-son-eviction-du-gouvernement.php" target="_blank">sa directrice de cabinet qui est aussi l'épouse d'un industriel directement intéressé aux questions de législation environnementale</a>. Mais les logiques conjugales sont à l’œuvre partout, façon cour de Versailles. Pas la peine de parler de Valérie Trierweiller. Parlons de Najat Vallaud-Belkacem, <a href="http://www.linternaute.com/actualite/politique/boris-vallaud-le-mari-de-najat-vallaud-belkacem-prend-du-galon-au-gouvernement-0413.shtml" target="_blank">épouse d'un conseiller ministériel</a>. Parlons de Christiane Taubira dont on nous dit que <a href="http://lelab.europe1.fr/t/l-express-assure-que-le-compagnon-de-christiane-taubira-est-dans-son-cabinet-la-ministre-s-enerve-sur-twitter-8251" target="_blank">le compagnon est l'un de ses conseillers</a>. Ce genre de comportement était durement sanctionné par la presse quand un membre du gouvernement Fillon le pratiquait. Aujourd'hui je constate que la méthode est globalement acceptée.</span></em></p><p style="text-align: justify;"><em><span style="font-family: times new roman,times; font-size: medium;">Les Français doivent avoir une claire conscience de ce que ce genre d’errement signifie : quand l'exercice du pouvoir devient une affaire privée, c'est le citoyen qui est exproprié de son droit à participer, même très symboliquement, à la décision. Le pouvoir ne vient plus du peuple, mais des liens personnels que chacun tisse avec les élus. C'est probablement la plus belle preuve de la réaction nobiliaire et de la décadence républicaine qui nous est donnée. J'insiste sur ce point : les élites ne sont légitimes que quand elles donnent l'exemple. Et aujourd'hui il est évident que, quel que soit le parti, l'exemple qui est donné ne peut que révulser les Français.</span></em></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: times new roman,times; font-size: medium;"><strong>Olivier Vilain :</strong></span><em><span style="font-family: times new roman,times; font-size: medium;"> Plus que de se borner de parler de "conflits d'intérêts", il serait judicieux d'examiner l'endogamie dont font preuve les milieux politique, industriel, financier et même médiatiques. Des personnes du même milieu social se retrouvent à des positions de pouvoir à la sortie des grandes écoles où ils se sont côtoyés. Ils vont ensuite changer de places, passant d'un cabinet ministériel à la direction d'une grande entreprise ou d'une banque, voire d'un média de masse. Les exemples abondent depuis trente ans, c'est le mode de fonctionnement des classes dirigeantes de notre pays. Avec Roger Lenglet, nous avions montré (avec </span></em><span style="font-family: times new roman,times; font-size: medium;"><a href="http://www.adequations.org/spip.php?article1730" target="_blank">Un pouvoir sous influence</a><em>,</em></span><em><span style="font-family: times new roman,times; font-size: medium;"> Armand Colin, 2010) qu'elles ont mis en place un instrument supplémentaire de contrôle de leurs positions de pouvoir : les </span></em><span style="font-family: times new roman,times; font-size: medium;">think tank</span><em><span style="font-family: times new roman,times; font-size: medium;">, qui favorisent à la fois l'homogénéisation des points de vue entre les différentes fractions les plus privilégiées et la diffusion des dernières idées de gestion gouvernementale.</span></em></p><p style="text-align: justify;"><em><span style="font-family: times new roman,times; font-size: medium;">L'exemple qui me paraît le plus préoccupant pour le moment est constitué des négociations autour de la définition d'un traité de commerce liant l'Union européenne aux États-Unis. Un traité qui a pour but d'aligner les normes et les règlements des deux côtés de l'Atlantique. Il est faussement qualifié de traité de "libre-échange", mais il faudrait m'expliquer ce qu'a à voir le libre-échange dans un monde où le commerce est concentré dans les mains de quelques milliers de super-entreprises et où les échanges à l'intérieur de ces transnationales représente les deux tiers du commerce mondial. Où est la concurrence lorsque que les échanges se font principalement entre deux entités d'un même groupe ? Ce texte est d'une importance capitale : s'il voit le jour, il façonnera la société dans laquelle nous évoluerons dans les décennies à venir. Savez-vous qui est chargé de le négocier : la Commission européenne. Connaissez-vous les termes de cette négociation ? Non, ni les citoyens, ni les parlementaires n'y ont accès. La Commission à les mains libres. Or, ce que montrent les recherches d'une association comme le </span></em><a href="http://corporateeurope.org/" target="_blank"><span style="font-family: times new roman,times; font-size: medium;">Corporate europe observatory</span></a><em><span style="font-family: times new roman,times; font-size: medium;"> ou les enquêtes du journaliste <a href="http://dvcronin.blogspot.fr/" target="_blank">David Cronin</a>, c'est que le mandat de négociation a été défini très largement en accord avec les principaux lobbies industriels et financiers à Bruxelles. Ainsi, les grandes entreprises, notamment celles du secteur pétrolier et des gaz de schiste, pourront attaquer les États si elles estiment qu'une nouvelle loi fera baisser leurs profits. Aujourd'hui, plus de 500 procès de ce type ont cours, dont 40 % à l'initiative d'une compagnie de l'UE, mais les États européens sont pour le moment peu exposés à ce risque. Cela changerait du tout au tout si le traité Transatlantique était adopté.</span></em></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: times new roman,times; font-size: medium;"><strong>Comment expliquer que ce genre de phénomène, malgré les révélations médiatiques régulières, continue à exister ? Est-il impossible de les empêcher ?</strong></span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: times new roman,times; font-size: medium;"><strong>Olivier Vilain :</strong></span><em><span style="font-family: times new roman,times; font-size: medium;"> La collusion entre différentes fractions de la classe dirigeante (économique, politique, médiatique) est ancrée dans un système de pouvoir qui est en faveur de ces dernières. Les mouvements sociaux et les partis portants des politiques alternatives ont subi de nombreuses défaites ces dernières décennies. Les instruments comme les nationalisations, le contrôle des prix, l'extension de la Sécurité sociale, le droit du travail, le contrôle des capitaux et des changes, etc., sont <a href="http://www.bvoltaire.fr/franckvinrech/le-senat-vote-la-fin-du-cdi-et-tout-le-monde-sen-fout,22801" target="_blank">rognés, voire supprimés</a>. Si bien qu'après une crise d'ampleur séculaire provoquée par la spéculation du secteur financier, le mot d'ordre dans les gouvernements occidentaux à été de ne pas "effrayer les investisseurs". Il aurait fallu au contraire les contraindre. Avec le Traité Transatlantique, le même processus est à l’œuvre. <a href="http://corporateeurope.org/publications/transatlantic-corporate-bill-rights" target="_blank">Selon les documents obtenus par le </a></span></em><a href="http://corporateeurope.org/publications/transatlantic-corporate-bill-rights" target="_blank"><span style="font-family: times new roman,times; font-size: medium;">Corporate europe observatory</span></a><em><span style="font-family: times new roman,times; font-size: medium;"><a href="http://corporateeurope.org/publications/transatlantic-corporate-bill-rights" target="_blank"> auprès de la Commission européenne</a>, les entreprises ont été très explicites durant les échanges préliminaires. Ainsi, <a href="http://www.esf.be/new/who-we-are/organisation/managing-director/" target="_blank">Pascal Kerneis</a>, du </span></em><a href="http://www.esf.be/" target="_blank"><span style="font-family: times new roman,times; font-size: medium;">Forum européen des services</span></a><em><span style="font-family: times new roman,times; font-size: medium;"> (l'association européenne qui regroupe les entreprises de services) a indiqué : </span></em><span style="font-family: times new roman,times; font-size: medium;">"L'industrie s'opposera à tout accord dans lequel la protection de l'investissement serait bradé au profit d'objectifs de politiques publiques, incluant les droits humains ou les droits du travail."</span><span style="font-family: times new roman,times; font-size: medium;">(Industry will oppose any deal in which investment protection is traded off against public policy objectives, including human and labour rights.)</span><em><span style="font-family: times new roman,times; font-size: medium;"> C'est le genre de déclarations qui sont peu reprises par les médias.</span></em><span style="font-family: times new roman,times; font-size: medium;"> »</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: times new roman,times; font-size: medium;"><a href="http://www.atlantico.fr/decryptage/bien-plus-grave-que-femmes-ministres-gros-plan-multiples-conflits-interets-caches-qui-naissent-consanguinite-elites-francaises-e-779555.html" target="_blank">Source</a></span></p><p style="text-align: justify;"><br /><span style="font-family: times new roman,times; font-size: medium;"><span style="font-family: times new roman,times; font-size: medium;">« <em>Peu reprises</em></span></span> <span style="font-family: times new roman,times; font-size: medium;">» est un euphémisme.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: times new roman,times; font-size: medium;">PAS DU TOUT</span><span style="font-family: times new roman,times; font-size: medium;"><span style="font-family: times new roman,times; font-size: medium;"> reprises</span>, en réalité. Allez faire un tour sur Google, si vous voulez vérifier.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: times new roman,times; font-size: medium;">Mais quand on sait <a href="http://verslarevolution.hautetfort.com/archive/2011/07/13/de-la-bulle-des-produits-derives-au-pouvoir-des-speculateurs.html" target="_blank">à qui appartiennent les médias</a>, est-ce une source d'étonnement ?<br /></span></p>
Zedhttp://metapoinfos.hautetfort.com/about.htmlL'essor du séparatisme culturel...tag:metapoinfos.hautetfort.com,2011-10-17:38258602011-10-17T10:06:00+02:002011-10-17T10:06:00+02:00 Nous reproduisons ci-dessous un point de vue du géographe Christophe...
<p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;">Nous reproduisons ci-dessous un point de vue du géographe <strong>Christophe Guilluy</strong>, publié dans le quotidien <em>Le Monde</em> à la suite de la parution du rapport de l'Institut Montaigne sur les banlieux. Christophe Guilluy est l'auteur d'un essai percutant intitulé <em><strong>Fractures françaises</strong></em> (Bourin, 2010) et consacré à la crise profonde du "vivre ensemble" dans la France d'aujourd'hui.</span></p><p style="text-align: justify;"> </p><p style="text-align: center;"><img id="media-3245062" style="margin: 0.7em 0px;" title="" src="http://metapoinfos.hautetfort.com/media/00/02/2902050542.jpg" alt="CRAN.jpg" /></p><p> </p><blockquote><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: medium;"><strong>La fable de la mixité culturelle</strong></span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;">Plus que son contenu, c'est d'abord la surmédiatisation du rapport de l'Institut Montaigne qui est frappante. Le constat, celui d'une forme d'islamisation de certains territoires, n'est pas véritablement une découverte. On rappellera à ce titre que le rapport Obin de l'éducation nationale montrait déjà, en 2004, le débordement dans l'espace public des pratiques communautaires dans les établissements scolaires situés dans des communes à forte population musulmane.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;">Rien de bien nouveau donc, le problème est en réalité sur la table depuis au moins dix ans. Cette question culturelle et identitaire est d'abord le fruit d'une dynamique démographique. La question de l'islam ne serait pas aussi présente si elle ne s'inscrivait pas dans un contexte démographique, celui de la croissance forte et récente du nombre des musulmans en France et en Europe.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;">Rappelons ici que les communes ciblées par l'Institut Montaigne se caractérisent d'abord par une transformation démographique sans précédent. Entre 1968 et 2005, la part des jeunes d'origine étrangère (dont au moins un parent est né à l'étranger) est passée de 22 % à 76 % à Clichy-sous-bois et de 29 % à 55 % à Montfermeil. Ce basculement démographique est un point fondamental. Une majorité de ces jeunes est musulmane ou d'origine musulmane.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;">La visibilité de l'islam et de ses pratiques est ainsi directement liée à l'importance de la dynamique démographique : flux migratoires et accroissement naturel. La question est d'autant plus sensible qu'elle s'inscrit dans un contexte démographique instable où les "minorités" peuvent devenir majoritaires et inversement. Sur certains territoires, les populations d'origine musulmane sont donc devenues majoritaires. C'est le cas à Clichy et Montfermeil. La passion qui entoure les débats sur l'islam est directement liée à la croissance du nombre de musulmans. La question du débordement des pratiques religieuses interroge l'ensemble des Français musulmans ou non.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;">Au-delà, ce débat interroge aussi la question du multiculturalisme. Ainsi, si l'on remplaçait demain les 6 millions de musulmans par 6 millions de sikhs, les controverses sur le port du <em>kirpan</em> (comme cela a été le cas au Québec), poignard mais aussi symbole religieux pour la communauté sikh, se multiplieraient.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;">L'importance des réactions suscitées par le rapport Kepel révèle en filigrane le malaise de la société française face au surgissement d'une société multiculturelle encore impensée. Il faut dire que, en la matière, nous nous sommes beaucoup menti. Convaincus de la supériorité du modèle républicain, en comparaison du modèle communautariste anglo-saxon, nous nous sommes longtemps bercés d'illusions sur la capacité de la République à poursuivre, comme c'était le cas par le passé, "l'assimilation républicaine".</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;">La réalité est que, depuis la fin des années 1970, ce modèle assimilationniste a été abandonné quand l'immigration a changé de nature en devenant familiale et extra-européenne (pour beaucoup originaire de pays musulmans). Alors que l'on continuait à s'enorgueillir du niveau des mariages mixtes, les pratiques d'évitement explosaient.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;">Aujourd'hui, le séparatisme culturel est la norme. Il ne s'agit pas seulement d'un séparatisme social mais d'abord d'un séparatisme culturel. Pire, il frappe au coeur des classes populaires. Désormais, les classes populaires d'origine étrangère et d'origine française et d'immigration ancienne ne vivent plus sur les mêmes territoires. Les stratégies résidentielles ou scolaires concernent une majorité de Français, tous cherchent à ériger des frontières culturelles invisibles. Dans ce contexte, la fable des mariages mixtes ne convainc plus grand monde et ce d'autant plus que les chiffres les plus récents indiquent un renforcement de l'endogamie et singulièrement de l'homogamie religieuse.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;">La promesse républicaine qui voulait que "l'autre", avec le temps, se fondît dans un même ensemble culturel, a vécu. Dans une société multiculturelle, "l'autre" reste "l'autre". Cela ne veut pas dire "l'ennemi" ou "l'étranger", cela signifie que sur un territoire donné l'environnement culturel des gens peut changer et que l'on peut devenir culturellement minoritaire. C'est ce constat, pour partie occulté, qui explique la montée des partis populistes dans l'ensemble des pays européens.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;">Si le rapport Kepel est "dérangeant", c'est d'abord parce qu'il nous parle d'un malaise identitaire qui touche désormais une majorité de Français. A ce titre, il faut relever l'importance de cette question pour l'ensemble des classes populaires d'origine française ou étrangère. C'est dans ce contexte qu'il faut lire la montée de l'abstention et de la défiance pour les grands partis aussi bien en banlieue que dans les espaces périurbains, ruraux et industriels.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;">Si un islam identitaire travaille les banlieues, l'adhésion pour les thèses frontistes d'une part majoritaire des classes populaires de la France périphérique souligne que la question sociale est désormais inséparable de la question culturelle.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;"><strong>Christophe Guilluy</strong> (<em>Le Monde</em>, 14 octobre 2011)</span></p></blockquote>