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La mue (20 et fin)
tag:regardssurunevissansfin.hautetfort.com,2016-08-29:5841011
2016-08-29T07:17:00+02:00
2016-08-29T07:17:00+02:00
7 septembre. J’ai mué. Je suis un homme muni d’une paire d’ailes. Je n’ai...
<p style="text-align: justify;"><span style="font-family: 'Century Schoolbook',serif; font-size: 12pt;">7 septembre. J’ai mué. Je suis un homme muni d’une paire d’ailes. Je n’ai pas la même tête qu’avant la première mue. Je ne me décrirai pas. J’ai trouvé une robe blanche au pied de l’arbre sur lequel je m’étais réfugié. Elle me va parfaitement. Si Joséphine me voyait ! Et en un instant, je me trouve aux côtés de Joséphine. Comment cela se fait-il ? Je n’ai fait que penser à elle et je suis auprès d’elle.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: 'Century Schoolbook',serif; font-size: 12pt;">– Bonjour Joséphine. Alors, es-tu heureuse avec ton nouvel homme ?</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: 'Century Schoolbook',serif; font-size: 12pt;">Joséphine est étonnée. Elle se demande qui je suis. Je la regarde, resplendissante, mais elle est maintenant sans attrait pour moi. Elle n’est plus qu’un être humain avec ses instants de bonheur et de malheur, entraînée par les circonstances, tentant de comprendre ce qui lui arrive et dérivant entre ses interlocuteurs. Je repense à nos premiers jours et aussitôt je suis entraîné à cette même date et ce même lieu qu’il y a trois ans. Je lui caresse les mains et je vais l’embrasser. Il me semble que je suis pourvu d’une nouvelle faculté : je vis ce que je pense. Je peux me transporter dans l’espace et le temps instantanément selon ma pensée. Mieux même ! Dès que je cesse de penser, je suis transporté ailleurs. Où ? Je ne sais pas. </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: 'Century Schoolbook',serif; font-size: 12pt;">Ah ! Là, cela s’impose à moi : je suis entouré de sages, en robe blanche également, qui me regardent. Leurs yeux me sondent jusqu’à l’âme.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: 'Century Schoolbook',serif; font-size: 12pt;">– Approche Imer. C’est le jour de ton initiation. Désormais, tu n’auras ni souvenirs ni projets. Il est temps que tu montes dans la hiérarchie. Tu ne vivras plus que d’amour spirituel. L’amour humain est une impulsion qui vient d’en bas, de la matière et indirectement de l’énergie divine contenue en toutes choses. Cette énergie s’adresse à l’homme matériel. Elle peut parfois l’amener à se surpasser lui-même, puisqu’elle retourne à Dieu par l’homme. Cet amour est une énergie incontrôlable qui transforme, mais nous n’en sommes pas maîtres. En revanche, l’amour spirituel n’exclut personne. Il s’adresse à tous sans distinction d’affinité. L’homme empli de l’Esprit dilate son cœur et y inclut le monde. Toute chose, toute personne, est en lui individuellement comme le plus bel objet, le plus bel être. Cet homme ne possède rien, et dispose de tout. Il déborde d’amour pour son ennemi et voudrait lui venir en aide, lui donner la joie débordante qui l’habite. Devenu transparent, n’ayant plus d’être propre, il est le monde et plus que le monde. Il apporte à chacun sa part de lumière.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: 'Century Schoolbook',serif; font-size: 12pt;">Un ange s’avance, s’arrête, puis dit solennellement, prenant les autres à témoin tout en me regardant intensément :</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: 'Century Schoolbook',serif; font-size: 12pt;">– Tu es désormais un ange. Tu as fini ton cycle humain et tu as franchi la porte de la sagesse. Tu n’es plus, car tu es plus. Tu es maintenant le messager du divin. Porte la nouvelle aux hommes et toujours aide-les en toutes circonstances.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: 'Century Schoolbook',serif; font-size: 12pt;">C’est ainsi que moi, anciennement Rémi, devenu Imer, ai quitté le monde des hommes pour rejoindre un autre monde que j’avais longtemps ignoré.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: 'Century Schoolbook',serif; font-size: 12pt;"> </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: 'Century Schoolbook',serif;"><span style="font-size: 12pt;"> </span> </span></p>
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La mue (19)
tag:regardssurunevissansfin.hautetfort.com,2016-08-26:5838911
2016-08-26T07:15:00+02:00
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La colombe me caresse de son aile, me regarde une dernière fois et me...
<p style="text-align: justify;"><span style="font-family: 'Century Schoolbook',serif; font-size: 12pt;">La colombe me caresse de son aile, me regarde une dernière fois et me dit :</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: 'Century Schoolbook',serif; font-size: 12pt;">– Je ne te verrai plus. Tu en sais suffisamment pour voler de tes propres ailes. Sois fort, ta prochaine mue est pour bientôt.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: 'Century Schoolbook',serif; font-size: 12pt;">Sur ces paroles que je ne comprends pas réellement, elle s’envole, fait un rond au-dessus de ma tête et s’éloigne. Je suis seul, mais je suis habité d’une nouvelle force qui me guide et me donne détermination et certitude. Je prends mon envol et pars, loin de mon appartement et de Joséphine. Le cordon est tranché, en avant !</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: 'Century Schoolbook',serif; font-size: 12pt;">Nous sommes le 3 septembre. Cela fait un peu plus d’un an que j’ai rencontré la colombe. Je n’ai pas de toit, je n’ai qu’un sac vide, je ne transporte pas de pierre pour reposer ma tête lorsque le soir tombe. Qu’ai-je fait ? Je ne peux vous le dire, c’est une affaire entre le ciel et moi. Je n’ai pas eu un instant de libre, mais je suis le plus libre des hommes. C’est un jour nouveau, mais particulier. Ce matin, j’ai reçu mon attestation. C’est la saison de la mue pour les oiseaux. Je ne suis pas inquiet. Je l’attends avec impatience, sans chercher à imaginer ce qu’elle sera. Ma vie continuera sous une autre forme et je serai toujours Imer.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: 'Century Schoolbook',serif; font-size: 12pt;">5 septembre, je ressens les premières transformations. J’ai l’impression de retrouver mes jambes d’humain et je perds pas mal de plumes. C’est véritablement une mue. Qu’est-ce qui va les remplacer ? Mon bec devient mou, je ne peux plus casser une graine. Pourtant j’ai bien encore mes ailes et elles me soutiennent en l’air sans aucune difficulté. Elles semblent même plus agiles que d’habitude.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: 'Century Schoolbook',serif; font-size: 12pt;">6 septembre. Je ne me sens pas bien. Reste sous ton arbre et attends, me disent mes compagnons. Je voudrai bien, mais je suis tiraillé sous ma peau. J’ai perdu presque toutes mes plumes, sauf sur les ailes, mais elles ont blanchi et deviennent plus lisses d’heure en heure. J’ai presque retrouvé mes jambes. Elles sont alertes, beaucoup plus qu’auparavant.</span></p>
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La mue (18)
tag:regardssurunevissansfin.hautetfort.com,2016-08-23:5838011
2016-08-23T07:26:00+02:00
2016-08-23T07:26:00+02:00
Je perçois un éclair dans ma tête et le vide m’envahit. Rien ne me vient à...
<p style="text-align: justify;"><span style="font-family: 'Century Schoolbook',serif; font-size: 12pt;">Je perçois un éclair dans ma tête et le vide m’envahit. Rien ne me vient à l’esprit, je flotte dans un bain huilé qui me transforme. Mais s’il est facile de constater que l’on a découvert la vraie vie, il est impossible de dire ce qu’elle est. La vraie vie est indéfinissable. La seule chose qu’il soit possible de dire est que nous ne sommes plus le même. Nous connaissons un nouvel état d’être qui n’est pas notre état naturel. L’état lui-même ne peut être défini, car il est toujours différent. C’est cette nouveauté permanente, cette richesse infinie que l’on découvre en soi et dans le monde, qui font dire que l’on a trouvé la vraie vie et qui constituent la preuve de son existence. Ceci nécessite d’abandonner toute idée d’acquisition. On n’acquiert pas cet état, il nous est donné. Il faut le vivre dans l’abandon et ne pas chercher à le revivre. Cependant, si l’on ne peut définir rationnellement ce qu’est cet état, on peut décrire les nouvelles perceptions qui l’accompagnent.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: 'Century Schoolbook',serif; font-size: 12pt;">La première perception est celle d’unité intérieure : la sensation habituelle du moi tiraillé en tous sens s’évanouit. La conscience s’élargit, ne se sent plus distincte du monde et, s’oubliant elle-même, se découvre. La seconde est l’absence de temps : C’est la sensation d’éternité. Le présent, intensément vécu sans rattachement aux structures mentales élaborées par la combinaison du passé, du présent et de l’avenir, se transforme en éternité. La troisième est la lumière : cette lumière semble d’abord sans origine, comme une légère brume lumineuse. Puis on prend conscience de son rayonnement à partir du cœur. Elle n’éclaire pas matériellement ce que l’on voit. Elle éclaire notre compréhension des choses et des êtres. Enfin, la dernière que j’ai perçue est la transparence : en acquérant la transparence, on perçoit que la lumière est en nous en permanence et que nous la voilons par le moi, c’est-à-dire notre propre idée de nous-mêmes et du monde. Par la transparence, l’homme devient frontière perméable entre le monde spirituel et le monde naturel.</span></p>
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La mue (17)
tag:regardssurunevissansfin.hautetfort.com,2016-08-19:5836803
2016-08-19T07:02:00+02:00
2016-08-19T07:02:00+02:00
– C’est quoi ce but ? dit un autre en équilibre sur un fil...
<p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">– C’est quoi ce but ? dit un autre en équilibre sur un fil téléphonique.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">– C’est le bonheur, quoi qu’il arrive dans notre vie. Cette compréhension demande du temps, certes, mais la transformation peut venir en un instant.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">Je m’interroge. Comment cette colombe a-t-elle fait pour rallier tous ces oiseaux alors qu’hier j’étais pratiquement seul avec elle. Serait-ce tout simplement qu’elle possède la conviction et que celle-ci entraîne les autres, qu’elle possède la pureté et que celle-ci convainc les autres. Et moi, et moi, que deviens-je dans tout cela ? C’est alors qu’il m’apparaît clairement que je suis directement concerné par ce que proclame la colombe. Je me tiens immobile et médite cette nouvelle vie qui s’ouvre devant moi. Je me sens le cœur léger, l’esprit aventurier. Mes réflexes d’homme moderne ne m’ont pas sauvé du désastre ; inversement, je suis encouragé par cette colombe qui me dit de tout abandonner, ce que je vais faire à partir d’aujourd’hui. Voilà, c’est fait, j’ai oublié mon passé et me tourne vers le présent et l’avenir. Non, je me tourne vers le néant et celui-ci est aimable et grand. Quelle idée ! Et pourtant, c’est vrai, ce vide m’attire et me donne la chair de poule. Adieu ma vie, en route pour la vraie vie.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;"> La vie n’est ni dans le passé ni dans le futur. Est-elle dans le présent ? Je ne sais pas, car qu’est-ce que le présent ? Est-ce ce que je sens ? Est-ce ce que je ressens ? Est-ce ce que j’ai été : souvenirs, succès, défaites ? Est-ce ce que je veux être et ce que je ne suis pas ? Est-ce mon projet de changement, d’amélioration de ma façon de voir ma vie ? Oui, comment le savoir puisque je suis immergé dans cette salade d’événements et de réactions à ceux-ci ? Ainsi, même le présent m’échappe. Je ne suis ni le passé que j’ai vécu, ni le futur que j’envisage, ni même le présent que je tente de vivre. Ma seule certitude : j’existe puisque je suis ici et qu’il est tel jour et telle heure. Le reste n’est que fumée que l’on prend pour la réalité. La fumée se façonne, prend des formes qui changent sans cesse. Un coup de vent et il n’y a rien de ce que je croyais être. Mais je suis toujours là, vivant malgré moi.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">La colombe prend son envol, tournoie autour de moi, plane et se pose à mes côtés. Elle me regarde avec tendresse et fermeté et me dit :</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">– Toi, Rémi, je connais les événements qui t’ont conduit ici. Je vois tes efforts et ton cheminement intérieur. Tu as, par expérience, compris ce qu’est la vie, la vraie, celle qui est au-delà de ce que nous percevons et ressentons. Dorénavant tu ne t’appelleras plus Rémi, mais Imer. Tu te consolideras toi-même, tu flotteras pour aider les autres et tu connaîtras une nouvelle vie, la vraie, bientôt.</span></p>
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La mue (16)
tag:regardssurunevissansfin.hautetfort.com,2016-08-16:5836801
2016-08-16T07:55:00+02:00
2016-08-16T07:55:00+02:00
Que répondre à cette déclaration ? L’ai-je d’ailleurs bien...
<p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">Que répondre à cette déclaration ? L’ai-je d’ailleurs bien comprise ? Cette colombe est assurément plus qu’un simple pigeon ou une vulgaire tourterelle. Alors je m’efforce de la voir sous un autre jour. Mes yeux s’ouvrent, mon cœur éclate, ma rationalité cède et je découvre l’amour. Cette simple créature devient un être à part entière, plus qu’un humain, au-delà de son apparence physique au demeurant charmante.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">– Va mon frère. Tu en as assez appris aujourd’hui. Médite ces paroles et revient demain.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">J’obéis et plonge dans le vide céleste apparu devant moi et qui me porte d’espérance. Je suis léger, détendu et plein d’énergie. La vie s’ouvre et devient nouvelle. Je la découvre et le monde devient autre.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">Je me dirige vers mon appartement. Où irai-je autrement ? Elle est là, je vois son ombre dans la cuisine. Je m’approche de la fenêtre. Ah, elle n’est pas seule. Ça y est, il est adopté. Ça n’a pas duré longtemps. Mais, ayant maintenant un peu de recul, je constate que j’ai fait de même plusieurs mois auparavant. Alors, pourquoi reprocher à cet homme ce que j’ai fait moi-même ? Sur le rebord de la fenêtre, je médite : j’ai reçu Joséphine en cadeau du ciel, il l’a reçoit en cadeau, quoi de plus normal. Joséphine est-elle coupable. Non, ce sont les circonstances qui l’ont conduite à cette attitude. Ma disparition de sa vie est logique et correspond à ce que recherchent les autorités. Alors, laissons-les, éloignons-nous et parcourons le monde pour y trouver la paix. Hum, plus facile à dire qu’à faire. Je m’installe non loin de là. Je ne suis pas encore suffisamment libre pour m’éloigner sans un regard.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">Ce matin, je m’installe tôt sur le toit de l’église. Je ne veux pas rater la venue de la colombe. Elle n’est pas encore là. Mais je remarque plusieurs races d’oiseaux qui sont là. D’ordinaire, ils ne se côtoient pas. Aujourd’hui cela ne les gêne pas, chacun pépie dans son propre langage, le front haut, la plume légère. Tous semblent attendre. Attendraient-ils la colombe ?</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">Celle-ci apparaît, un brin d’olivier dans le bec, semblable à son image. Elle la dépose à ses pieds, regarde les oiseaux présents, les salue de la tête et leur parle dans leur cœur :</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">– Chers amis, je suis heureuse de vous retrouver. Cela prouve que vous avez médité mes paroles et que vous avez commencé à vous transformer. Je ne vous demande pas une métamorphose. Non, une simple mue. Restez ce que le créateur a fait de vous, chacun unique et possédant sa vocation propre. Mais transformez votre cœur, réveillez votre intelligence, ouvrez votre âme à la vie et celle-ci deviendra enrichissante et multiple. Ne vous souciez pas de ce que vous allez devenir, vivez que diable, sans aucune arrière-pensée. Soyez dans l’instant, là où vous êtes, sans penser à un autre temps ou un autre lieu. Faites le vide en vous et l’univers vous pénètrera. Vous vous unirez à lui ; vous ne serez plus, vous vivrez.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">– Mais il faut du temps pour arriver à une telle chose, objecta quelqu’un.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">– Non, il faut que vous soyez possédés par le sentiment de l’urgence : urgence à vivre la vraie vie, urgence à aider les autres à découvrir ce que j’avais découvert, urgence à transformer le monde par l’amour qui peut tout. Savoir qu’au bout du chemin existe la mort et ne rien faire jusque-là, c’est gâcher sa vie et celle des autres par absence d’attention. Néanmoins, je concède que le temps est indispensable pour parvenir au but.</span></p>
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La mue (15)
tag:regardssurunevissansfin.hautetfort.com,2016-08-13:5835045
2016-08-13T07:43:00+02:00
2016-08-13T07:43:00+02:00
Je suis présentement perché sur le toit de l’église, au soleil. Le clocher...
<p style="text-align: justify;"><span style="font-family: 'Century Schoolbook',serif; font-size: 12pt;">Je suis présentement perché sur le toit de l’église, au soleil. Le clocher est haut ; il domine la ville et cela m’enchante. Je me sens élevé, plus spirituel, moins préoccupé de mes problèmes quotidiens. Je m’interroge sur ma vie. Qu’a-t-elle été jusqu’à maintenant ? Une succession d’événements, des joies et des peines, des gens à côtoyer ou à rejeter. Rien qui ne m’incline à réfléchir sur ce que j’ai fait ou même ce que je vais faire. Je ressens un grand vide lorsque je me penche sur tout cela, un vide un peu écœurant, très différent de ce que j’imaginais à vingt ans. J’avais alors la flamme de la jeunesse, le rêve des entrepreneurs, la richesse du début de l’existence, la tendresse envers ceux qui partageaient avec moi ces moments privilégiés d’un avenir non encore décidé. Je dévorais la vie à pleines dents et n’avais pas besoin de dentiste. Cela a changé depuis. Les émotions se sont tassées, les sensations se sont amoindries, les sentiments ont évolué, mon approche rationnelle des événements s’est même modifiée. L’infini n’est plus ouvert, il se referme peu à peu, surtout ces derniers temps. Il est même tellement fermé que je me demande ce que je fais sur terre. Prisonnier d’une cage ou libre de mourir seul, quel choix ridicule et malsain. </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: 'Century Schoolbook',serif; font-size: 12pt;">– Mon ami, pourquoi te rends-tu malade comme cela ? me dit tout à coup une voix dans ma tête. </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: 'Century Schoolbook',serif; font-size: 12pt;">Je sais bien que je ne me parle pas à moi-même. Alors, qui est-ce ? Je regarde autour de moi. A côté, sur le même toit, je vois une colombe qui me regarde. Elle est arrivée sans bruit et s’est posée là, comme pour converser avec moi. Elle parle comme vous et moi alors que je ne comprends rien aux pépiements des autres oiseaux. Mieux même, elle me parle directement dans ma tête sans avoir besoin de la voix, organe naturel de la parole. </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: 'Century Schoolbook',serif; font-size: 12pt;">– Croyez-vous ma situation enviable ?</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: 'Century Schoolbook',serif; font-size: 12pt;">– Ce ne sont pas les situations qui comptent, mais la façon dont on les vit.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: 'Century Schoolbook',serif; font-size: 12pt;">– …</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: 'Century Schoolbook',serif; font-size: 12pt;">– D’ici tu vois toute la ville, tu devines les peines et les joies selon les circonstances, mais tu sais intimement que ce n’est pas ça l’important. Ce qui compte, c’est ce que l’on fait de ce qui nous arrive. Fabrique-t-on du miel ou du fiel ? Et tu sais qu’il n’appartient qu’à toi de choisir, même si tu ne penses qu’à toi pour l’instant.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: 'Century Schoolbook',serif; font-size: 12pt;">– Mais qui êtes-vous, vous qui me parlez ?</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: 'Century Schoolbook',serif; font-size: 12pt;">– Je ne suis qu’un simple pigeon. Ma seule liberté tient à l’amour. Celui-ci est tout puissant et universel. Je vole sur le monde sans m’attacher à ce qui se passe, mais à ce qui est vécu. Je ne connais que l’intérieur de l’homme et le laisse se saisir des situations. Il apprend dans l’expérience, il saisit dans la science, il comprendre dans la conscience et enseigne l’obédience aux intuitions de l’âme.</span></p>
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La mue (14)
tag:regardssurunevissansfin.hautetfort.com,2016-08-10:5834392
2016-08-10T02:40:45+02:00
2016-08-10T02:40:45+02:00
Je me réveille. Je n’entends rien, ils doivent dormir. Ah, voici Joséphine....
<p style="text-align: justify;"><span style="font-family: 'Century Schoolbook',serif; font-size: 12pt;">Je me réveille. Je n’entends rien, ils doivent dormir. Ah, voici Joséphine. J’entends ses pieds nus sur le plancher. Elle va se faire un café à la cuisine. Elle passe devant ma cage. Je suis toujours sous le voile. Je pépie. Mais rien n’y fait. Elle fait semblant de ne pas entendre. Elle vit sa vie sans s’occuper de mon sort. Que vais-je devenir ? Je ressens l’angoisse des relégués, de l’employé que son patron cherche à virer, du sportif moins performant qui ne convient plus à son entraîneur, de l’amant évincé, de l’enfant sans parents. C’est dur cette vie inutile qui n’intéresse personne. Je pleure doucement derrière mon voile, hoquetant de petits gazouillis. J’entends l’homme se préparer à partir. Pourvu qu’elle ne parte pas avec lui. Non, la porte claque et je l’entends marcher. Elle vient vers moi, retire le voile, me regarde sans animosité, mais sans amour. Je suis devenu un meuble de plus dans l’appartement qu’elle a adopté alors qu’il m’appartient. C’est sans doute pour cela qu’elle ne me met pas à la porte. Elle n’ose pas. Je vois son œil noir. J’ai bien envie de me jeter dessus avec le bec et de le crever. Mais je ne bouge pas. Que se passerait-il si elle me mettait à la porte ? </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: 'Century Schoolbook',serif; font-size: 12pt;">Nous sommes mardi. La femme de ménage arrive après le départ de Joséphine. Elle aussi a pris l’habitude de recouvrir la cage du voile opaque. Elle peut fouiller dans nos affaires sans vergogne, personne ne la verra. Je l’entends farfouiller dans le secrétaire, là où je mets mes papiers. Que peut-elle bien faire ? Je l’entends ouvrir grand les fenêtres. Tout à coup, j’ai envie de promenades. J’ouvre la cage sans qu’elle me voie, je me glisse sous le voile, jette un œil et comme elle se trouve dans une autre pièce, je m’envole par la fenêtre. Enfin, de l’air frais et un peu de liberté ! C’est agréable de virevolter dans le soleil du matin, d’aller dans toutes les directions, de se poser sur une branche ou un toit et de rêver devant l’étendue de la ville et le nombre de buildings.</span></p>
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La mue (13)
tag:regardssurunevissansfin.hautetfort.com,2016-08-07:5834131
2016-08-07T07:37:00+02:00
2016-08-07T07:37:00+02:00
Aujourd’hui, il est huit heures du soir. Je perçois la clé dans la serrure....
<p style="text-align: justify;"><span style="font-family: 'Century Schoolbook',serif; font-size: 12pt;">Aujourd’hui, il est huit heures du soir. Je perçois la clé dans la serrure. La porte se referme. J’entends parler Joséphine. Je ne sais ce qu’elle dit, mais une voix d’homme lui répond, assez grave et douce. Puis j’entends « Chut ! » Elle vient vers moi, seule et l’air de rien. Elle prend le voile opaque et le met sur la cage. Je ne vois plus et entends très mal, d’autant plus qu’elle met une symphonie de Beethoven assez fort, la 3<sup>e</sup> dite héroïque, si vivante qu’elle me fit dresser les plumes sur le corps et plus particulièrement mon aigrette qui se tient raide comme un balai. J’ai beau tendre l’oreille, je ne comprends pas ce qu’ils se disent. J’ai beau faire du bruit, agiter mes ailes, cogner mon bec sur les barreaux, rien n’y fait. Je ne suis plus là pour elle et elle m’ignore totalement. </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: 'Century Schoolbook',serif; font-size: 12pt;">Après leur diner, il semble s’incruster. La musique devient douce et moderne. Un chanteur noir remplace le classique. Oui, ce n’est pas mal, mais que font-ils ? Je n’entends plus rien, sauf quelques soupirs de temps à autre. Je comprends que j’ai définitivement perdu l’amour de Joséphine ou, au moins, que je suis remplacé comme prétendant. Cela me fit une drôle d’impression. C’était une deuxième rupture, presque plus pénible que celle de la mue. Joséphine, que fais-tu ? Je me souvins des nuits passées à nous raconter nos vies respectives, à nous caresser doucement, à échanger nos salives dans des baisers de feu, à explorer nos corps et à les rapprocher. Elle avait un grain de peau très doux, elle savait m’embrasser avec fougue, passer ses doigts sur mon dos pour le faire frémir. Je lui prenais la tête et baisais son cou qui sentait le caramel. Je lui imprimais mes mains sur ses seins et parfois m’aventurais plus bas. Et tout cela n’est plus. Je suis remplacé par un inconnu qui peut faire la même chose, sans vergogne. Non, je ne chanterai pas pour protester, je resterai silencieux. Je finis par m’endormir, blotti sur mon nid douillet.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: 'Century Schoolbook',serif; font-size: 12pt;"> </span></p>
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Nuit, toujours
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2016-08-06T07:07:00+02:00
2016-08-06T07:07:00+02:00
La nuit te prend parfois, au creux de ton sommeil, et te renvoie à ton...
<p style="text-align: justify;"><span style="font-family: 'Century Schoolbook',serif; font-size: 12pt;">La nuit te prend parfois, au creux de ton sommeil, et te renvoie à ton image dans le brouillard des jours lorsque l’éveil succède au rêve sans transition, comme le passage d’un métro qui ne t’est pas destiné. Alors tu descends sans bruit vers la cuisine, ce refuge de tes nuits discrètes où ton cœur chavire de bonheur d’être seul éveillé dans un village où tous dorment d’un sommeil lourd et chargé d’ignorance. Et cette descente vers le paradis, marche après marche, t’encourage dans ta décision de t’éveiller et de laisser aller ton inconscient à de longues phrases sans fin qui, comme une robe de mariée, déroule sa traîne de quart d’heure en quart d’heure, jusqu’à ne plus distinguer le moment où tu es descendu et celui où tu remontes, déjà rassasié de ce temps qui s’écoule sans raison, par inadvertance, telle une bouteille à la cave qui a perdu inopinément son bouchon, va-t’en savoir pourquoi.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: 'Century Schoolbook',serif; font-size: 12pt;">Tu t’installes dans cette attitude particulière aux nuits où tu te sais seul point de réflexion, petite marmite où bouillonnent les idées alors que tous ont mis au frigidaire leurs soucis, leurs joies, leurs espérances et que tous encore ont capitulé devant l’inanité de la vie et fermé leurs cœur et leur intelligence ou même leur âme à l’attrait d’un désert où l’on erre sans relâche jusqu’à ne plus savoir si l’on va s’en sortir. Tu bois ton café qui a filtré pendant tes réflexions entrecoupées de regards vers la machine dans l’attente d’un réchauffement du corps en parallèle à la tiédeur de l’esprit qui s’installe en toi. Le breuvage aussitôt filtré, tu as empli ton bol, jeté un nuage de lait dans le liquide noir pour qu’il prenne l’expression d’une métisse rondouillarde qui enchante le palais et tu t’es lancé dans cette divine inconnaissance qui guette tout homme à trois heures du matin, éveillé mais plein de songes qui, pour autant qu’ils te semblent, feront ton délice d’une nuit. L’œil vague, la main reposant sur la table, l’autre tenant ton bol à hauteur de ton visage, tu laisses errer ta conscience sans savoir où elle s’échappe, comme ces souris que tu vois apparaître parfois entre la cuisinière et tes pieds, ombres vivaces qui te font prendre conscience de ta vanité d’humain. Alors un sourire discret se dessine sur ton visage, car tu te vois enfant réveillé à la même heure et perdu dans une cuisine autre, terrifié mais fier d’être debout pendant que tous dorment encore.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: 'Century Schoolbook',serif; font-size: 12pt;">Puis, tu montes enfouir ta personne dans un bureau devenu ton refuge, loin des cris et des pleurs d’enfants que tes propres enfants ont eux-mêmes engendrés, et tu entres dans ce monde imaginaire auquel tu te livres entièrement, dans lequel tu te baignes et t’immerges avec une délectation que tu ne soupçonnais quelques minutes auparavant. Là, devant ton ordinateur et tes méninges, tu laisses filer les mots qui sortent en chapelet et les rattrapes dans un filet à papillons qui laisse parfois filtrer des paroles doucereuses ou malveillantes mais toujours apaisées par l’ouate de l’obscurité.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: 'Century Schoolbook',serif; font-size: 12pt;">Enfin, viens le moment où, ayant déversé une littérature sauvage sur l’écran sans savoir ce que tu veux en faire, tu es las et à nouveau le corps cède au sommeil qui te gagne, tu sens la pesanteur des petits matins, avant l’aurore, et te laisse gagner par un engourdissement dans lequel tu te sens bien. Il est temps de fermer ta machine, d’arrêter de mouliner ces flots de paroles vaines, même si par acquit de conscience, tu relis une nouvelle fois ce que ton jus à produit, sans toutefois avoir la lucidité pour corriger quelques fautes d’orthographe ou de style qui resteront jusqu’à la prochaine lecture, demain ou un autre jour, ou même jamais comme cela t’arrive bien souvent.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: 'Century Schoolbook',serif; font-size: 12pt;">Tu éteins la lumière, te glisses en catimini dans la chambre conjugale, entres sans bruit entre les draps maintenus frais par une fenêtre ouverte été comme hiver pour laisser entrer les secrets du monde invisible qui enchanteront tes rêves lorsque le soleil se sera montré. Et chaque jour, la journée commencera en pensant à une nuit de bonheur où tu sentis en toi l’infini travailler et te tendre la main.</span></p>
MILIQUE
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CHOYER LE PRÉSENT 3
tag:aumagmapresentdelecriture.hautetfort.com,2014-10-28:5431053
2014-10-28T10:16:00+01:00
2014-10-28T10:16:00+01:00
A l'attention des multiples lecteurs qui arpentent, à juste...
<p style="text-align: center;"><img id="media-4663445" style="margin: 0.7em 0;" title="" src="http://aumagmapresentdelecriture.hautetfort.com/media/00/01/493314993.jpg" alt="au magma présent de l'écriture," /></p><p style="page-break-before: always;" align="CENTER"><span style="font-family: arial black,avant garde; font-size: small;"><strong><span style="color: #0000ff;"><span style="font-family: Arial Black,sans-serif;">A l'attention des multiples lecteurs</span></span></strong> <strong><span style="color: #0000ff;"><span style="font-family: Arial Black,sans-serif;">qui arpentent, à juste titre il va de soi, ce lieu modeste certes mais, reconnaissez-le, pas loin d'être génial, cette histoire qui va débuter là sous vos yeux va être fractionnée -- confort de lecture oblige -- en autant d'épisodes qu'il sera nécessaire.<br />Il suffira donc aux autres, tout aussi nombreux, qui la prendront en cours de narration, de remonter (si cela leur dit mais comment en douter) le fil du temps récent pour en identifier le fil géniteur...</span></span></strong></span></p><p style="text-align: center;"> </p><p style="text-align: center;"><span style="font-family: arial black,avant garde; font-size: large;"><span style="color: #008000;"><strong>CHOYER LE PRÉSENT</strong></span></span></p><p style="text-align: center;"><span style="font-family: arial black,avant garde; font-size: large;"><span style="color: #008000;"><strong>3</strong></span></span></p><p style="text-align: center;"> </p><p style="margin-bottom: 0.0001pt; text-align: center;"><strong style="mso-bidi-font-weight: normal;"><span style="font-size: 14.0pt; mso-bidi-font-size: 12.0pt; font-family: 'Arial, sans-serif';">Je viens d'allumer quelques mots par-delà <span class="highlight">le</span> silence. De jeter un filet d'encre de lumière au-dessus de mes nuits blanches. Un espoir s'éveille, gonfle et va crever les eaux troubles du désenchantement.</span></strong></p><p style="margin-bottom: 0.0001pt; text-align: center;"><strong style="mso-bidi-font-weight: normal;"><span style="font-size: 14.0pt; mso-bidi-font-size: 12.0pt; font-family: 'Arial, sans-serif';">La vie est si courte quand on réfute l'éternel. Et <span class="highlight">le</span> temps qui blesse, <span class="highlight">le</span> temps qui tue, est celui-là même qui nous fait vivre, et fait de nous que ce que nous sommes. Ainsi, lorsque l'avenir s’annonce potentiellement douloureux devient-il utile et urgent de <span class="highlight">choyer</span> <span class="highlight">le</span> <span class="highlight">présent</span>.</span></strong></p><p style="margin-bottom: 0.0001pt; text-align: center;"><strong style="mso-bidi-font-weight: normal;"> </strong></p><p style="margin-bottom: 0.0001pt; text-align: center;"><strong style="mso-bidi-font-weight: normal;"><span style="font-size: 14.0pt; mso-bidi-font-size: 12.0pt; font-family: 'Arial, sans-serif';">Il s'agit là de simples mots émettant des signaux du bord de l'absence.</span></strong></p><p style="margin-bottom: 0.0001pt; text-align: center;"><strong style="mso-bidi-font-weight: normal;"><span style="font-size: 14.0pt; mso-bidi-font-size: 12.0pt; font-family: 'Arial, sans-serif';">(FIN)</span></strong></p><p style="margin-bottom: 0.0001pt; text-align: center;"><strong style="mso-bidi-font-weight: normal;"> </strong></p><p style="margin-bottom: 0.0001pt; text-align: center;"><strong style="mso-bidi-font-weight: normal;"><span style="font-size: 14.0pt; mso-bidi-font-size: 12.0pt; font-family: 'Arial, sans-serif';">P. MILIQUE</span></strong></p>
MILIQUE
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HUBERT VOIGNIER: LES HAUTES HERBES « Dès le retour du beau temps… »
tag:aumagmapresentdelecriture.hautetfort.com,2014-03-26:5332233
2014-03-26T18:01:00+01:00
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HUBERT VOIGNIER LES HAUTES HERBES ...
<p style="text-align: center;"><iframe width="481" height="139" src="http://www.franceculture.fr/player/export-reecouter?content=4755626" frameborder="0" scrolling="no"></iframe></p><p> </p><p style="text-align: center;"><span style="font-family: arial black,avant garde; font-size: x-large;"><strong>HUBERT VOIGNIER</strong></span></p><p style="text-align: center;"><span style="font-family: arial black,avant garde; font-size: x-large; color: #0000ff;"><strong>LES HAUTES HERBES</strong></span></p><p style="text-align: center;"> </p><div class="field field-type-multimedia-editorial-element field-field-contenu"><div class="field-items"><div class="field-item odd"><p style="text-align: center;"><span style="font-family: arial black,avant garde; font-size: large; color: #008000;"><strong><em>« Dès le retour du beau temps… »</em></strong></span><br /><span style="font-family: arial black,avant garde; font-size: large; color: #993300;"><strong><em>- les poèmes ne portent pas de titres, il s'agit des premiers mots entre guillemets </em>-</strong></span></p><p style="text-align: center;"><span style="font-family: arial black,avant garde; font-size: large;"><strong>Lu par : <span style="color: #0000ff;">Thierry HANCISSE</span></strong></span></p><p style="text-align: center;"> </p><p style="text-align: center;"><span style="font-family: arial black,avant garde; font-size: large;"><strong>Références: </strong></span></p><p style="text-align: center;"><span style="font-family: arial black,avant garde; font-size: large;"><strong><a href="http://www.cheyne-editeur.com/hors_collection/voignier_herbes.htm" target="_blank"><span style="color: #993300;"><em>Les Hautes Herbes, </em>Cheyne Editeur, 2004, nouvelle édition illustrée par</span> Estelle AGUELON <span style="color: #993300;">2011</span></a></strong></span></p><p style="text-align: center;"><span style="font-family: arial black,avant garde; font-size: large;"><strong> </strong></span></p><div class="fi_citation" style="text-align: center;"><p class="fi_first fi_last"><span style="font-family: arial black,avant garde; font-size: large;"><strong> <span style="color: #993300;"><em>Aller à la découverte des hautes herbes, au détour de paysages repeints aux couleurs de la reverdie annuelle, est un bonheur comparable à celui de se lever tôt pour constater que le soleil règne en maître absolu sur la campagne, avant que ses rayons, frappant de plein fouet les yeux du promeneur matinal, à peine éveillé, ne le jettent, l’esprit à moitié sonné, sur le carreau éblouissant des routes…</em></span></strong></span></p></div><div class="dnd-drop-wrapper atom-type-image" style="text-align: center;"><div class="image atom-Image"><span style="font-family: arial black,avant garde; font-size: large;"><strong><img class="dnd-dropped" src="http://www.franceculture.fr/sites/default/files/imagecache/ressource_full/2013/12/12/4758392/voignier%20premier%20mouvement.jpg" alt="" width="417" height="616" /> </strong></span><div class="opaque"><p><span style="font-family: arial black,avant garde; font-size: large;"><strong>Illustration du premier mouvement du recueil Les Hautes Herbes d'Hubert Voignier Estelle Aguelon © cheyne</strong></span></p></div></div></div><p style="text-align: center;"><span style="font-family: arial black,avant garde; font-size: large;"><strong>Hubert Voignier est né en 1964 à Lyon. Il a publié cinq livres à Cheyne et deux autres chez Deyrolle.</strong></span></p><p style="text-align: center;"> </p><p style="text-align: center;"><span style="font-family: arial black,avant garde; font-size: large; color: #008000;"><strong>Lecture charnelle du paysage qui se réveille au printemps, <em>Les Hautes Herbes</em> est un récit d’émotions, de sensations et d’angoisses du plein champ, c’est aussi un appel au soleil, au printemps, à la sève qui monte et à ce besoin d’ouvrir les yeux, de humer la nouvelle saison, de boire le paysage, de goûter le vert tendre pour voir s’il n’a pas changé depuis l’an dernier.</strong></span></p><p style="text-align: center;"><span style="font-family: arial black,avant garde; font-size: large;"><strong>***</strong></span></p><p style="text-align: center;"><span style="font-family: arial black,avant garde; font-size: large;"><strong>Extraits choisis par <span style="color: #0000ff;">Laurence Courtois</span></strong></span></p><p style="text-align: center;"><span style="font-family: arial black,avant garde; font-size: large;"><strong>Prise de son, montage : <span style="color: #0000ff;">Julien Doumenc</span> et <span style="color: #0000ff;">Pierre Henry</span></strong></span></p><p style="text-align: center;"><span style="font-family: arial black,avant garde; font-size: large;"><strong>Réalisation : <span style="color: #0000ff;">Michel Sidoroff</span></strong></span></p><p style="text-align: center;"><span style="font-family: arial black,avant garde; font-size: large;"><strong>Assistante à la réalisation : <span style="color: #0000ff;">Laure-Hélène Planchet</span></strong></span></p></div></div></div>
Jean-Pierre WILLEMS
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Tours et détours
tag:willemsconsultants.hautetfort.com,2013-07-02:5112239
2013-07-02T02:44:00+02:00
2013-07-02T02:44:00+02:00
Le détour pédagogique est une méthode selon laquelle le plus court chemin...
<p style="text-align: justify;">Le détour pédagogique est une méthode selon laquelle le plus court chemin pour aller de A à B est de passer par C. Elle permet de déconstruire les représentations, de fréquenter de nouveaux territoires et d'aborder sous un angle nouveau de vieilles questions. La méthode n'est pas sans risque. A faire des détours on peut se perdre en route, je jamais retrouver le but ou bien faire un voyage pour rien, si à l'arrivée le regard n'a pas évolué. Existe aussi le risque que le détour ne soit qu'un tour, un artifice sans profondeur et sans valeur.</p><p style="text-align: center;"><img id="media-4167548" style="margin: 0.7em 0;" title="" src="http://willemsconsultants.hautetfort.com/media/00/00/2630883670.jpg" alt="485x485.fitandcrop.jpg" width="423" height="423" /></p><p style="text-align: justify;">Akram Khan, à qui on a demandé de revisiter le Sacre du Printemps, de Stravinsky, a choisi le détour. Il a fait composer une nouvelle musique à trois compositeurs et s'est éloigné du Sacre pour s'installer dans la tête de Stravinsky, d'où le titre de son spectacle : iTMOi (in the mind of Igor). Qui aura pris le détour d'Akram Khan ne peut plus voir, ou revoir, le Sacre du printemps, sans penser au sacrifice, au gong lancinant, au diable qui rôde, à la mariée, à l'homme pris dans les rets de la vie ou à la jeune femme qui virevolte vers la libération finale et printanière, sans que ne s'efface totalement le long cheminement hivernal. Un vrai détour qui vaut le détour.</p><p style="text-align: center;"><img id="media-4167550" style="margin: 0.7em 0;" title="" src="http://willemsconsultants.hautetfort.com/media/01/00/3296253217.jpg" alt="p019rr0c.jpg" width="457" height="326" /></p>
Jean-Pierre WILLEMS
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Détour direct
tag:willemsconsultants.hautetfort.com,2011-09-27:3795860
2011-09-27T00:05:00+02:00
2011-09-27T00:05:00+02:00
Vous goûtez un Sauternes : l'été indien fait de tournesols fanés, de vignes...
<p style="text-align: justify;">Vous goûtez un Sauternes : l'été indien fait de tournesols fanés, de vignes empourprées, de douces lumières et de platanes ambrés vous enveloppe. Vous souhaitez décrire le nectar, les mots qui vous viennent sont le miel, l'abricot, l'ananas, le citron pour quelques crus jeunes, mirabelles, mangue pour les plus mûrs, fruits de la passion ou poire pourront également se présenter. Des fruits jaunes, qui ont capturé le Dieu soleil pour vous en livrer les sucs.</p><p style="text-align: center;"><img id="media-3216551" style="margin: 0.7em 0pt;" title="" src="http://willemsconsultants.hautetfort.com/media/00/01/3088431212.JPG" alt="DSCF6074.JPG" width="371" height="278" /></p><p style="text-align: justify;">Vous goûtez un Médoc : les sous bois vous accueillent et livrent leurs framboises, fraises des bois, myrtilles, cassis et vous mènent par les vergers à la cerise, la griotte ou au pruneau qui se marient à l'envi. Le feu du soleil a marqué au rouge le tanin qui s'épanouit en votre palais. L'or noir n'est pas cette eau de roche grasse et pollueuse, c'est le grain du raisin qui offre sa chair tendue dans sa jeunesse avant de s'abandonner à la moisissure pour sublimer les vins sapriens.</p><p style="text-align: center;"><img id="media-3216603" style="margin: 0.7em 0pt;" title="" src="http://willemsconsultants.hautetfort.com/media/01/01/766420172.JPG" alt="DSCF6169.JPG" width="336" height="252" /></p><p style="text-align: justify;">Comme il existe plus de cents mots pour décrire la robe du taureau, les fruits s'offrent par dizaine pour dire l'ineffable goût du vin. Le détour par le fruit vous livre l'âme du nectar, comme le détour par la moisissure permet d'exhausser les sucs de la boisson des Dieux.</p><p style="text-align: justify;">Vous cherchez la nature des choses, vous souhaitez atteindre l'essence de ce qui vous préoccupe ? oubliez cette leçon de fausse évidence selon laquelle la ligne droite est le plus court chemin pour aller d'un point à l'autre. Pensez au lapsus : au détour d'une phrase, un mot détourné vient vous livrer le fond de votre pensée que vous ignoriez vous-même. Le détour n'est ni perte de temps ni égarement dans l'espace. Il est ce chemin qui vous mène au coeur du problème. Et si vous étiez un vin, lequel aimeriez-vous être ? et un fruit ? et une saison ? vous en apprendrez plus sur vous même en répondant à ces questions qu'en vous lamentant sur le stérile Qui suis-je ? si d'ailleurs il venait à vous assaillir, un détour par la vigne s'impose.</p>
rêveuràvélo
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Mais regarde donc le b*** !
tag:maisregardedonclechemin.hautetfort.com,2010-02-05:2594593
2010-02-05T15:48:00+01:00
2010-02-05T15:48:00+01:00
Quelques découvertes désagréables qu'on peut faire dans la nature en...
<p>Quelques découvertes désagréables qu'on peut faire dans la nature en toute saison : ceci n'est pas un blog écolo, mais quand même !</p> <div style="text-align: center"><img src="http://maisregardedonclechemin.hautetfort.com/media/00/00/417000485.jpg" alt="Portage 4.jpg" name="media-2260486" id="media-2260486" style="border-width: 0; margin: 0.7em 0;" /></div> <div style="text-align: center"><em>Maxime : "Et hop, j'emballe !"</em></div> <p style="text-align: justify;">Impensable que des spots de rando menacent de se transformer peu à peu en traversée de décharge par la négligence et la bêtise humaine d'une minorité. Cet emballage peut en témoigner, il ne vient pas d'un quelconque arbre à tranches de jambon !!! Heureusement, sur ce coup le jeune padawan montre l'exemple (ça ne lui arrive pas souvent, alors on en profite... ;-))) T'énerve pas Max, je plaisante...</p> <p style="text-align: justify;">La preuve que les comportements de chacun peuvent avoir un impact - bon ou mauvais - réel sur l'environnement !</p> <p style="text-align: justify;">Personnellement, il m'est arrivé assez fréquemment de récupérer des déchets et de les mettre dans mon sac, et même de faire <a target="_self" href="http://maisregardedonclechemin.hautetfort.com/archive/2008/06/17/tours-et-detours.html">un détour</a> pour ça sur des sites qui avaient visiblement servi d'aires de pique-nique. Mais pour être honnête, il m'est tout aussi fréquemment arrivé de ne pas le faire. Parce que j'étais pressé ou lancé en descente ou en plein effort (dilemme 50 mètres plus loin, le temps que la mauvaise conscience fasse son oeuvre) ou tout simplement parce que je n'avais pas la place ! Mais une chose est sûre : sauf exception, plus on se balade en nature, plus on l'apprécie vierge de tout détritus et plus on se sensibilise à lui porter assistance. </p>
Solko
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Saint-Exupéry, Ravier et Péronne
tag:sigismond.hautetfort.com,2009-10-02:2283754
2009-10-02T10:48:29+02:00
2009-10-02T10:48:29+02:00
dessin d'Auguste Ravier photographie de Guillaume...
<div style="text-align: center"><img src="http://sigismond.hautetfort.com/media/01/01/1816667356.jpg" alt="m503501_d0031231-000_p.jpg" name="media-1872531" id="media-1872531" style="border-width: 0; margin: 0.7em 0;" /></div> <div style="text-align: center">dessin <b>d'Auguste Ravier</b></div> <div style="text-align: center"></div> <div style="text-align: center"> <div style="text-align: center"> <div style="text-align: center"><img src="http://sigismond.hautetfort.com/media/00/02/767081466.jpg" alt="autoroute-peronne.jpg" name="media-1872537" id="media-1872537" style="border-width: 0; margin: 0.7em 0;" /></div> <div style="text-align: center">photographie de <i>Guillaume Péronne</i></div> <div style="text-align: center"></div> <div style="text-align: center"></div> <div style="text-align: center;"></div> <div style="text-align: justify;"> <p class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt;"> </p> <p class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt;"> </p> <p class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt;"> </p> <p class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt;"><span style="font-size: x-small;"><span style="color: #ff0000;"><i>Antoine de Saint-Exupéry a écrit cette lettre à Mme François de Rose quelques trois mois tout juste avant de disparaître en vol, le 31 juillet 1944. Elle est publiée dans l’édition folio des</i> <b>Ecrits de guerre</b><i>, n° 2573.</i></span></span></p> <p class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt;"> </p> <p class="MsoNoSpacing" style="text-align: justify; margin: 0cm 0cm 0pt;"><span style="font-family: "Trebuchet MS","sans-serif";"><span style="font-size: small;">Je vous remercie, chère Yvonne, pour beaucoup de choses. Je ne sais pas dire lesquelles (les choses qui comptent sont invisibles…) mais j’ai ans doute raison puisque j’ai envie de vous remercier.</span></span></p> <p class="MsoNoSpacing" style="text-align: justify; margin: 0cm 0cm 0pt;"><span style="font-family: "Trebuchet MS","sans-serif";"><span style="font-size: small;">Ce n’est d’ailleurs pas tout à fait ça. On ne remercie pas un jardin. Et moi, j’ai toujours divisé l’humanité en deux parties. Il y a les Etres-jardin et il y a les Etres-cour. Ils promènent leur cour avec eux, ceux-là, et vous font étouffer entre leurs quatre murs. Et on est bien obligé de parler avec eux pour faire du bruit. C’est pénible, le silence, dans une cour.</span></span></p> <p class="MsoNoSpacing" style="text-align: justify; margin: 0cm 0cm 0pt;"><span style="font-family: "Trebuchet MS","sans-serif";"><span style="font-size: small;">Mais dans les jardins, on se promène. On peut se taire et respirer ; On est à l’aise. Et les surprises heureuses viennent tout simplement au-devant de vous. On n’a rien à chercher. Un papillon, un scarabée, un ver luisant se montrent. On ne sait rien sur la civilisation du ver luisant. On rêve. Le scarabée a l’air de connaître où il va. Ca, c’est étonnant e t l’on rêve encore. Puis le papillon. Quand il se pose sur une large fleur, on se dit : c’est pour lui comme s’il se posait sur une terrasse de Babylone, un jardin suspendu qui se balancerait… Puis on se tait à cause de trois ou quatre étoiles.</span></span></p> <p class="MsoNoSpacing" style="text-align: justify; margin: 0cm 0cm 0pt;"><span style="font-family: "Trebuchet MS","sans-serif";"><span style="font-size: small;">Non, je ne vous remercie pas du tout. Vous êtes comme vous êtes. Simplement, j’ai envie de me promener encore chez vous.</span></span></p> <p class="MsoNoSpacing" style="text-align: justify; margin: 0cm 0cm 0pt;"><span style="font-family: "Trebuchet MS","sans-serif";"><span style="font-size: small;">J’ai aussi pensé à autre chose. Il y a les gens route nationale et il y a les gens sentiers. Les gens route nationale m’ennuient. Je m’ennuie sur le macadam parmi les bornes kilométriques. Ils marchent vers quelque chose de bien précis. Un gain, une ambition. Le long des sentiers, au lieu de bornes kilométriques, il y a des noisetiers. Et l’on flâne pour croquer des noisettes. On est là pour être là. A chaque pas, on est là pour être là, non pour ailleurs. Mais il n’y a absolument rien à tirer des bornes kilométriques. (…)</span></span></p> <p class="MsoNoSpacing" style="text-align: justify; margin: 0cm 0cm 0pt;"><span style="font-family: "Trebuchet MS","sans-serif";"><span style="font-size: small;">Je me fais vieillard à barbe blanche qui hoche la tête. Comme si je regrettais une jeunesse vécue sur les chars à bœufs. J’ai dû être, autrefois, roi mérovingien. Cependant j’ai couru toute ma vie. Mais je suis un peu las de courrir. (Peut-être qu’il n’y a qu’un <i style="mso-bidi-font-style: normal;">r</i> à courir ?) Je comprends aujourd’hui seulement un certain proverbe chinois « Trois choses ruinent l’ascension de l’esprit. Primo le voyage … » Et ce mot que m’a dit vingt fois Derain : « Je n’ai connu que trois grands hommes véritables. C’étaient trois illettrés. Un berger savoyard, un pêcheur, un mendiant. Ils n’étaient jamais sortis de chez eux. Ce sont les trois seuls hommes qui, de toute ma vie, ont forcé mon estime… »</span></span></p> <p class="MsoNoSpacing" style="text-align: justify; margin: 0cm 0cm 0pt;"><span style="font-family: "Trebuchet MS","sans-serif";"><span style="font-size: small;">Et puis ce mot ravissant de la pauvre José Laval, retour des Etats-Unis, qui me disait : Je suis contente de revenir. Je ne suis pas à l’échelle des gratte-ciel, moi. Je suis à l’échelle des ânes.</span></span></p> <p class="MsoNoSpacing" style="text-align: justify; margin: 0cm 0cm 0pt;"><span style="font-family: "Trebuchet MS","sans-serif";"><span style="font-size: small;">Et moi, j’ai une indigestion des bornes kilométriques. Et ça ne mène à rien. Il serait tout de même temps de naître.</span></span></p> <p class="MsoNoSpacing" style="text-align: justify; margin: 0cm 0cm 0pt;"><span style="font-family: "Trebuchet MS","sans-serif";"><span style="font-size: small;">En attendant la vocation de Solesmes (c’est bien beau le chant grégorien) ou du monastère tibétain, ou du métier de jardinier, je recommence à tirer des manettes de gaz et, à six-cents kilomètres heure, de n’aller nulle part...</span></span></p> <p class="MsoNoSpacing" style="text-align: justify; margin: 0cm 0cm 0pt;"></p> <p class="MsoNormal" style="text-align: right; margin: 0cm 0cm 0pt;"><span style="font-family: "Trebuchet MS","sans-serif";">Saint-Exupéry, «</span> Lettre à madame François de Rose » (mai 1944)</p> <p class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt;"></p> <p class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt;"></p> <p class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt;"> </p> </div> </div> </div>
Solko
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Le Détour
tag:sigismond.hautetfort.com,2009-09-01:2283164
2009-09-01T18:04:00+02:00
2009-09-01T18:04:00+02:00
Problématique À l’heure des autoroutes, des TGV, des GPS, et...
<p class="MsoNoSpacing" style="text-align: justify; margin: 0cm 0cm 0pt;"><b><span style="text-decoration: underline;"><span xml:lang="EN-US" lang="EN-US"><span style="font-family: Calibri; font-size: small;"><span style="color: #ff0000;">Problématique</span></span></span></span></b><span xml:lang="EN-US" lang="EN-US"><br /> <span style="font-family: Calibri; font-size: small;">À l’heure des autoroutes, des TGV, des GPS, et d’Internet, le détour est vécu comme une perte de temps insupportable. Aller droit au but semble être une règle, une norme admise par tous. Pourtant, le détour est une modalité du voyage, de l’action, du raisonnement, du discours. Le détour, même au risque des pertes qu’il peut engendrer, apprend et enrichit. Il peut être un art de vivre.</span></span></p> <p class="MsoNoSpacing" style="text-align: justify; margin: 0cm 0cm 0pt;"><span xml:lang="EN-US" lang="EN-US"><br /> <span style="font-size: small;"><span style="font-family: Calibri;"><span style="color: #ff0000;"><b><span style="text-decoration: underline;">Déplacement</span></b></span> : La société contemporaine a vu l’avènement du transport rapide, efficace, organisé. Et pourtant, jamais les touristes n’ont autant privilégié la lenteur et les chemins de traverse (randonnées, croisières, vacances en roulottes ...) ni opté pour le détour de l’itinéraire bis et les découvertes qu’il permet.</span></span></span></p> <p class="MsoNoSpacing" style="text-align: justify; margin: 0cm 0cm 0pt;"><span style="mso-ansi-language: FR;"><span style="font-size: small;"><span style="font-family: Calibri;"><span style="color: #ff0000;"><b><span style="text-decoration: underline;">Action</span></b></span> : <span style="mso-spacerun: yes;"> </span>La société contemporaine valorise, de même, le fait d’aller droit au but, et pour cela fait de la planification une des clés de la réussite.</span></span></span> <span xml:lang="EN-US" lang="EN-US"><span style="font-family: Calibri; font-size: small;">Pourtant, la stratégie (jeux de stratégie, tactique militaire, diplomatie, stratégie économique) repose souvent sur le détour, la feinte, l’esquive ; la réussite dépend aussi de l’ingéniosité et de la liberté de pensée.</span></span></p> <p class="MsoNoSpacing" style="text-align: justify; margin: 0cm 0cm 0pt;"><span style="font-size: small;"><span style="font-family: Calibri;"><span style="color: #ff0000;"><b><span style="text-decoration: underline;"><span style="mso-ansi-language: FR;">Raisonnement</span></span></b></span> <span style="mso-ansi-language: FR;">: Dans cette société, on retient le plus souvent la phrase et l’image choc, la synthèse, le résumé, la conclusion qui laisse dans l’ombre le cheminement intellectuel. Pourtant la recherche scientifique, la démarche pédagogique, la réflexion philosophique se fondent toujours sur les détours du raisonnement par essais et corrections, associations, analogies, tâtonnements, explorations, laissant place à l’errance et à l’erreur.</span></span></span></p> <p class="MsoNoSpacing" style="text-align: justify; margin: 0cm 0cm 0pt;"><span style="font-size: small;"><span style="font-family: Calibri;"><b><span style="text-decoration: underline;"><span style="mso-ansi-language: FR;"><span style="color: #ff0000;">Discours</span></span></span></b> <span style="mso-ansi-language: FR;">:</span> <span style="mso-ansi-language: FR;">À l’heure du mythe d’une communication immédiate et transparente, la société contraint toujours à des détours de langage (politesse, négociation, diplomatie), elle cultive l’argumentation indirecte (publicité, discours de séduction), elle continue à s’exprimer par les formes artistiques qui disent le monde de façon détournée.</span> <i style="mso-bidi-font-style: normal;"><span xml:lang="EN-US" lang="EN-US">Tout discours est médiation</span></i></span></span><span xml:lang="EN-US" lang="EN-US"><span style="font-family: Calibri; font-size: small;">.<br /> Du déplacement d’un point à un autre au voyage par les chemins de traverse, de la digression à l’enrichissement de la réflexion, de la solution immédiate au cheminement de la pensée, du choix de la ligne droite à l’acceptation du tâtonnement, d’une communication directe et efficace au langage des codes sociaux, de la diplomatie, de l’art, le détour n’est-il pas une modalité essentielle de la construction de soi et du comportement humain?</span></span></p><p><span style="font-family: Arial;"><b><span style="font-variant: small-caps;">Indications bibliographiques :</span></b></span></p> <p><b><span style="font-family: Arial; font-size: x-small;"><img height="5" width="5" src="http://www.hautetfort.com/admin/posts/bille.gif" border="0" /> Littérature :</span></b></p> <blockquote> <p><span style="font-family: Arial; font-size: x-small;">− Bouvier, <span style="font-style: italic;">L’usage du monde</span><br /> − Butor, <span style="font-style: italic;">La Modification</span><br /> − Cendrars, <a target="_blank" href="http://fr.wikisource.org/wiki/La_Prose_du_transsib%C3%A9rien_et_de_la_petite_Jehanne_de_France"><span style="font-style: italic;"><span style="color: #276b9f;">Prose du transsibérien et de la petite Jehanne de France</span></span></a><br /> − Diderot, <a target="_blank" href="http://www.site-magister.fr/jacques.htm"><span style="font-style: italic;"><span style="color: #276b9f;">Jacques le Fataliste</span></span></a><br /> − Dumas,<a target="_blank" href="http://fr.wikisource.org/wiki/Le_Comte_de_Monte-Cristo"><span style="color: #276b9f;"> <span style="font-style: italic;">Le Comte de Monte−Cristo</span>,</span></a> en particulier, chapitre CXIII<br /> − Juliet, <span style="font-style: italic;">Lambeaux</span>, <span style="font-style: italic;">L’inattendu</span><br /> − <a target="_blank" href="http://philoctetes.free.fr/homereod2.htm"><span style="color: #276b9f;">Homère, <span style="font-style: italic;">Odyssée</span></span></a><br /> − Kerouac, <span style="font-style: italic;">Sur la route</span><br /> − Kundera, <span style="font-style: italic;">La lenteur</span><br /> − Laclos, <a target="_blank" href="http://www.site-magister.fr/laclos.htm"><span style="font-style: italic;"><span style="color: #276b9f;">Les Liaisons dangereuses</span></span></a><br /> − La Fontaine,<a target="_blank" href="http://www.site-magister.fr/prepas/fables.htm"><span style="color: #276b9f;"> <span style="font-style: italic;">Fables</span></span></a>, en particulier “Les deux pigeons”, “Le lièvre et la tortue”, “Le pouvoir des Fables”<br /> − Melville, <span style="font-style: italic;">Moby Dick</span><br /> − Modiano, <span style="font-style: italic;">Rue des boutiques obscures</span><br /> − Montaigne, <span style="font-style: italic;">Essais</span>, par exemple <a target="_blank" href="http://homepage.mac.com/guyjacqu/montaigne/livre1/trad/chap023/023.html"><span style="color: #276b9f;">I, 23</span></a> ; <a target="_blank" href="http://homepage.mac.com/guyjacqu/montaigne/livre1/trad/chap026/026.html"><span style="color: #276b9f;">I, 26</span></a> ; <a target="_blank" href="http://homepage.mac.com/guyjacqu/montaigne/livre1/trad/chap050/050.html"><span style="color: #276b9f;">I, 50</span></a><br /> − Montesquieu, <a target="_blank" href="http://www.site-magister.fr/persanes.htm"><span style="font-style: italic;"><span style="color: #276b9f;">Lettres persanes</span></span></a><br /> − Platon, un dialogue philosophique (par exemple, <a target="_blank" href="http://remacle.org/bloodwolf/philosophes/platon/criton.htm"><span style="font-style: italic;"><span style="color: #276b9f;">Criton</span></span></a>, <a target="_blank" href="http://remacle.org/bloodwolf/philosophes/platon/rep2.htm"><span style="color: #276b9f;"><span style="font-style: italic;">République</span> livre II</span></a>)<br /> − Rousseau, <a target="_blank" href="http://abu.cnam.fr/cgi-bin/go?reveries3"><span style="font-style: italic;"><span style="color: #276b9f;">Les Rêveries du promeneur solitaire</span></span></a>, par exemple deuxième et sixième promenades<br /> − Contes proposant un parcours initiatique, en particulier Ch. Perrault, <a target="_blank" href="http://www.alyon.org/litterature/livres/XVIII/esprit_salon/perrault/"><span style="font-style: italic;"><span style="color: #276b9f;">Contes</span></span></a>, “Le Petit Chaperon Rouge”, “Griselidis”<br /> − Paraboles évangéliques<br /> − Roman policier privilégiant le détour comme construction du récit, par exemple, Th. Jonquet, <span style="font-style: italic;">La bête et la belle</span>, P. Bayard, <span style="font-style: italic;">Qui a tué Roger Ackroyd ?</span><br /> − Théâtre : comédies et tragédies mettant en jeu les détours du langage : Racine, <a target="_blank" href="http://fr.wikisource.org/wiki/Ph%C3%A8dre_%28Racine%29"><span style="font-style: italic;"><span style="color: #276b9f;">Phèdre</span></span></a>, scène de l’aveu − Molière, <a target="_blank" href="http://fr.wikisource.org/wiki/Les_Femmes_savantes"><span style="color: #276b9f;"><span style="font-style: italic;">Les Femmes savante</span>s</span></a>, acte I, scène 4; <a target="_blank" href="http://fr.wikisource.org/wiki/Le_Misanthrope"><span style="font-style: italic;"><span style="color: #276b9f;">Le Misanthrope</span></span></a>, acte I, acte IV, scène 3 − Marivaux, <a target="_blank" href="http://fr.wikisource.org/wiki/Le_Jeu_de_l%E2%80%99amour_et_du_hasard"><span style="font-style: italic;"><span style="color: #276b9f;">Le Jeu de l’amour et du hasard</span></span></a> − Rostand, <a target="_blank" href="http://fr.wikisource.org/wiki/Cyrano_de_Bergerac_%28Rostand%29"><span style="font-style: italic;"><span style="color: #276b9f;">Cyrano de Bergerac</span></span></a> (scène de la déclaration).</span></p> </blockquote> <p><b><span style="font-family: Arial; font-size: x-small;"><img height="5" width="5" src="http://www.hautetfort.com/admin/posts/bille.gif" border="0" /> Essais :</span></b></p> <blockquote> <p><span style="font-family: Arial; font-size: x-small;">− Astolfi (J. P.), <span style="font-style: italic;">L’erreur, un outil pour enseigner</span>, ESF, 1997<br /> − Barthes, <span style="font-style: italic;">Fragments d’un discours amoureux</span>, 1977<br /> − Cailleux, Nodier, Taylor, <span style="font-style: italic;">Voyages pittoresques et romantiques dans l’ancienne France</span> (premier guide touristique français)<br /> − Caillois, Masson, <span style="font-style: italic;">Bellone ou la pente de la guerre</span>, particulièrement 1ère partie, La guerre et le développement de l’État, 1963<br /> − Chaliand (G.), <span style="font-style: italic;">Anthologie mondiale de la stratégie</span>, collection Bouquins, 2001<br /> − Deleuze (G.) et Guattari (F.), <span style="font-style: italic;">Mille plateaux</span>, en particulier “Rhizome”, 1980<br /> − Gould (Stephen Jay), <span style="font-style: italic;">Darwin et les grandes énigmes de la vie</span> (Points Sciences 1984), en particulier “Prologue” (p. 9−15) et première partie, “La saga de Darwin” (p. 19−46)<br /> − Gould (St. J.), <span style="font-style: italic;">Les quatre antilopes de l’Apocalypse</span> (le détour comme principe d’écriture de l’essai, p. 13−15, Seuil, 2000)<br /> − Roche (D.), <span style="font-style: italic;">Humeurs vagabondes. De la circulation des hommes et de l’utilité des voyages</span>, 2003<br /> − Anthologies du voyage, collection Bouquins (Italies, “Le Voyage en Égypte, Le Voyage en Russie”...)<br /> − <span style="font-style: italic;">La Vitesse</span>, ouvrage collectif (Baudrillard, Virilio...), Flammarion/Fondation Cartier, 1991.</span></p> </blockquote> <p><b><span style="font-family: Arial; font-size: x-small;"><img height="5" width="5" src="http://www.hautetfort.com/admin/posts/bille.gif" border="0" /> Films, bandes dessinées, documents iconographiques :</span></b></p> <blockquote> <p><span style="font-family: Arial; font-size: x-small;">− <a target="_blank" href="http://www.arte.tv/fr/wim-wenders/906526.html"><span style="color: #276b9f;"><span style="font-style: italic;">Alice dans les ville</span>s</span></a>, W. Wenders, 1974<br /> − <span style="font-style: italic;"><a target="_blank" href="http://archive.filmdeculte.com/culte/culte.php?id=1"><span style="color: #276b9f;">Aprile</span></a></span>, N. Moretti, 1998<br /> − <span style="font-style: italic;"><a target="_blank" href="http://cinema.fluctuat.net/films/babel/1559-chronique-help.html"><span style="color: #276b9f;">Babel</span></a></span>, Inarritu, 2006<br /> − <span style="font-style: italic;"><a target="_blank" href="http://www.telerama.fr/cine/film.php?id=306990"><span style="color: #276b9f;">De l’autre côté</span></a></span>, F. Akin, 2007<br /> − <span style="font-style: italic;"><a target="_blank" href="http://archive.filmdeculte.com/film/film.php?id=721"><span style="color: #276b9f;">L’Esquive</span></a></span>, A. Kechiche, 2004<br /> − <span style="font-style: italic;"><a target="_blank" href="http://www.lyceensaucinema.org/pdf/LivretHSP.pdf"><span style="color: #276b9f;">L’homme sans passé</span></a></span>, A. Kaurismaki, 2002<br /> − <span style="font-style: italic;"><a target="_blank" href="http://www.foxfrance.com/cinema/little_miss_sunshine-12768/12768/"><span style="color: #276b9f;">Little Miss Sunshine</span></a></span>, J. Dayton et V. Faris, 2006<br /> − <span style="font-style: italic;"><a target="_blank" href="http://www.myblueberrynights-lefilm.com/"><span style="color: #276b9f;">My Blueberry nights</span></a></span>, Wong Kar Wai, 2007<br /> − <span style="font-style: italic;"><a target="_blank" href="http://www.artepro.com/programmes/91773/presentation.htm"><span style="color: #276b9f;">Saint Germain ou la négociation</span></a></span>, texte de Francis Walder (prix Goncourt 1958) et DVD, téléfilm de Gérard Corbiau, 2003<br /> − <span style="font-style: italic;"><a target="_blank" href="http://gvisy.free.fr/article.php3?id_article=79"><span style="color: #276b9f;">Stalker</span></a></span>, Tarkovski, 1979<br /> − <span style="font-style: italic;"><a target="_blank" href="http://www.cannes-fest.com/f-west5.htm"><span style="color: #276b9f;">Western</span></a></span>, M. Poirier, 1997<br /> − Séries télévisées policières, par exemple <span style="font-style: italic;">Colombo</span> (R. Levinson et W. Link, 1968−2003)<br /> − <a target="_blank" href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Giuseppe_Arcimboldo"><span style="color: #276b9f;">Arcimboldo</span></a>, œuvres, par exemple : “Hiver ; Printemps, Été ; Automne” (Musée du Louvre)<br /> − Escher, œuvres, par exemple : “<a target="_blank" href="http://britton.disted.camosun.bc.ca/escher/belvedere.jpg"><span style="color: #276b9f;">Belveder</span></a> ; <a target="_blank" href="http://www.alumnos.unican.es/uc24122/photogallery/photo6662/house_of_stairs.jpg"><span style="color: #276b9f;">House of stairs</span></a> ; <a target="_blank" href="http://trese.cs.utwente.nl/taosad/SoftwareArchitecture/Images/relativity.jpg"><span style="color: #276b9f;">Relativity</span></a> ; <a target="_blank" href="http://www.artchive.com/artchive/e/escher/escher_up_and_down.jpg"><span style="color: #276b9f;">Up and down</span></a>” (site <a target="_blank" href="http://www.mcescher.com/"><span style="color: #276b9f;">http://www.mcescher.com</span></a>)<br /> − <a target="_blank" href="http://www.pignon-ernest.com/"><span style="color: #276b9f;">Pignon Ernest (E</span></a>), interventions artistiques dans les villes, par exemp<span style="font-style: italic;">le : “<a target="_blank" href="http://www.pignon-ernest.com/p/naples.htm"><span style="color: #276b9f;">Naples I, II, III, IV</span></a>” (1988−1995)<br /> −</span> Serra (R.), “<a target="_blank" href="http://www.guggenheim-bilbao.es/secciones/programacion_artistica/nombre_exposicion_claves.php?idioma=fr&id_exposicion=64"><span style="color: #276b9f;">La matière du temps</span></a>”, Musée Guggenheim de Bilbao.</span></p> </blockquote> <p><b><span style="font-family: Arial; font-size: x-small;"><img height="5" width="5" src="http://www.hautetfort.com/admin/posts/bille.gif" border="0" /> Sites :</span></b></p> <blockquote> <p><span style="font-family: Arial; font-size: x-small;">− Association Déroutes et détours (publication d’une revue en ligne et de carnets de voyage littéraires ou non) : <a target="_blank" href="http://www.deroutes.com/"><span style="color: #276b9f;">http://www.deroutes.com/</span></a><br /> − Carnets de voyage rédigés par des internautes globe−trotters : <a target="_blank" href="http://www.odyssees.net/"><span style="color: #276b9f;">http://www.odyssees.net/</span></a><br /> − Fédération Française de randonnée pédestre : <a target="_blank" href="http://www.ffrandonnee.fr/"><span style="color: #276b9f;">http://www.ffrandonnee.fr</span></a><br /> − Guide du routard : <a target="_blank" href="http://www.routard.com/mag_dossiers.asp"><span style="color: #276b9f;">http://www.routard.com/ mag_dossiers</span></a><br /> − Institut Curie : <a target="_blank" href="http://www.curie.fr/fondation/%20musee"><span style="color: #276b9f;">http://www.curie.fr/fondation/ musee</span></a> (biographie de Pierre et Marie Curie, histoire de leurs découvertes)<br /> <a target="_blank" href="http://www.curiosphere.tv/video-documentaire/36-culture-scientifique/104492-reportage-pierre-et-marie-curie"><span style="color: #276b9f;">http://education.france5.fr/</span></a> (les découvertes de Pierre et Marie Curie commentées par Pierre Gilles De Gennes)<br /> <a target="_blank" href="http://fr.wikisource.org/wiki/Discours_du_transfert_des_cendres_de_Pierre_et_Marie_Curie_au_Pantheon"><span style="color: #276b9f;">Discours du transfert des cendres au Panthéon</span></a> (20 avril 1995)<br /> − Muller (Fr.), sur la pensée par le détour : <a target="_blank" href="http://francois.muller.free.fr/"><span style="color: #276b9f;">http://francois.muller.free.fr/</span></a><br /> − Tomkiewicz (S.), directeur de recherche à l’INSERM, sur la pédagogie du détour :<br /> <a target="_blank" href="http://www.iufm.unice.fr/application/spip/IMG/pedagogie-detour.pdf"><span style="color: #276b9f;">http://www.iufm.unice.fr/application/spip/IMG/pedagogie−detour.pdf</span></a>.</span></p> </blockquote> <p><b><span style="font-family: Arial; font-size: x-small;"><img height="5" width="5" src="http://www.hautetfort.com/admin/posts/bille.gif" border="0" /></span></b> <span style="font-family: Arial; font-size: x-small;"><b>Mots clés :</b></span></p> <blockquote> <p><span style="font-family: Arial; font-size: x-small;">Domaine du voyage : déplacement, cheminement, errance, tours et détours, labyrinthe<br /> Domaine du langage quotidien : en cours de route, vaut le détour, chemin de traverse, école buissonnière, aller droit au but, par monts et par vaux, tous les chemins mènent à Rome, tourner autour du pot, tirer des bords, itinéraire bis<br /> Domaine de la temporalité : gain de temps, perte de temps, rapidité, rythme, vitesse, lenteur<br /> Domaine de la pensée : rigueur, rectitude, cheminement, expérience, contournement, détour théorique, analogie, recherche, hasard<br /> Domaine du discours : périphrase, ellipse, métaphore, digression, non−dit, langage de séduction, codes sociaux, langage diplomatique<br /> Domaine de l’action : orientation, stratégie, jeux de stratégie, négociation, technologies de l’information et de la communication<br /> Domaine de la réflexion philosophique : aléas, déterminisme, hasard, imprévu, liberté, programmation, prédestinationie.</span></p> </blockquote> <p><i><span style="font-family: Times New Roman; font-size: x-small;">(<a target="_blank" href="http://www.education.gouv.fr/bo/2008/10/ESRS0800041N.htm" style="color: navy; text-decoration: underline;">BO − Note de service 2008−1005 du 19 février 2008</a>.)</span></i></p>
Solko
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Racine (l'aveu de Phèdre)
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2009-07-27T23:23:00+02:00
2009-07-27T23:23:00+02:00
RACINE – Phèdre, II, 5 HIPPOLYTE Je vois de...
<p class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt;"><b style="mso-bidi-font-weight: normal;"><span style="font-size: small;"><span style="font-family: Times New Roman;">RACINE – Phèdre, II, 5</span></span></b></p> <p class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt;"><b style="mso-bidi-font-weight: normal;"><span style="font-family: Times New Roman; font-size: small;"> </span></b></p> <p class="MsoNoSpacing" style="margin: 0cm 0cm 0pt;"><strong><span style="font-family: "Arial","sans-serif"; color: #333333; font-size: 10pt; mso-ansi-language: FR;"><img src="http://sigismond.hautetfort.com/media/00/02/897576189.jpg" alt="38533-004-2D1B35DE.jpg" id="media-1956626" style="border-width: 0; float: right; margin: 0.2em 0 1.4em 0.7em;" />HIPPOLYTE</span></strong><span style="font-family: "Arial","sans-serif"; font-size: 10pt; mso-ansi-language: FR;"><br /> Je vois de votre amour l'effet prodigieux:<br /> Tout mort qu'il est, Thésée est présent à vos yeux;<br /> Toujours de son amour votre âme est embrasée.</span></p> <p class="MsoNoSpacing" style="margin: 0cm 0cm 0pt;"><span style="font-family: "Arial","sans-serif"; font-size: 10pt; mso-ansi-language: FR;"><br /> <br /> <strong><span style="font-family: "Arial","sans-serif"; color: #333333;">PHÈDRE</span></strong><br /> Oui, prince, je languis, je brûle pour Thésée:<br /> Je l'aime, non point tel que l'ont vu les enfers,<br /> Volage adorateur de mille objets divers,<br /> Qui va du dieu des morts déshonorer la couche;</span></p> <p class="MsoNoSpacing" style="margin: 0cm 0cm 0pt;"><span style="font-family: "Arial","sans-serif"; font-size: 10pt; mso-ansi-language: FR;">Mais fidèle, mais fier, et même un peu farouche,<br /> Charmant, jeune, traînent tous les coeurs après soi,<br /> Tel qu'on dépeint nos dieux, ou tel que je vous voi.<br /> Il avait votre port, vos yeux, votre langage;<br /> Cette noble pudeur colorait son visage,<br /> Lorsque de notre Crète il traversa les flots,</span></p> <p class="MsoNoSpacing" style="margin: 0cm 0cm 0pt;"><span style="font-family: "Arial","sans-serif"; font-size: 10pt; mso-ansi-language: FR;">Digne sujet des voeux des filles de Minos.<br /> Que faisiez-vous alors? Pourquoi, sans Hippolyte,<br /> Des héros de la Grèce assembla-t-il l'élite?<br /> Pourquoi, trop jeune encor, ne pûtes-vous alors<br /> Entrer dans le vaisseau qui le mit sur nos bords?<br /> Par vous aurait péri le monstre de la Crète,</span></p> <p class="MsoNoSpacing" style="margin: 0cm 0cm 0pt;"><span style="font-family: "Arial","sans-serif"; font-size: 10pt; mso-ansi-language: FR;">Malgré tous les détours de sa vaste retraite:<br /> Pour en développer l'embarras incertain,<br /> Ma sœur du fil fatal eût armeé votre main.<br /> Mais non: dans ce dessein je l'aurais devancée;<br /> L'amour m'en eût d'abord inspiré la pensée;</span></p> <p class="MsoNoSpacing" style="margin: 0cm 0cm 0pt;"><span style="font-family: "Arial","sans-serif"; font-size: 10pt; mso-ansi-language: FR;">C'est moi, prince, c'est moi, dont l'utile secours<br /> Vous eût du labyrinthe enseigneé les détours:<br /> Que de soins m"eût coûtés cette tête charmante!<br /> Un fil n'eût point assez rassuré votre amante:</span></p> <p class="MsoNoSpacing" style="margin: 0cm 0cm 0pt;"><span style="font-family: "Arial","sans-serif"; font-size: 10pt; mso-ansi-language: FR;">Compagne du péril qu'il vous fallait chercher,<br /> Moi-même devant vous j'aurais voulu marcher;<br /> Et Phèdre au labyrinthe avec vous descendue<br /> Se serait avec vous retrouvée ou perdue.</span></p> <p class="MsoNoSpacing" style="margin: 0cm 0cm 0pt;"><span style="font-family: "Arial","sans-serif"; font-size: 10pt; mso-ansi-language: FR;"><br /> <strong><span style="font-family: "Arial","sans-serif"; color: #333333;">HIPPOLYTE</span></strong><br /> Dieux! qu'est-ce que j'entends? Madame, oubliez-vous</span></p> <p class="MsoNoSpacing" style="margin: 0cm 0cm 0pt;"><span style="font-family: "Arial","sans-serif"; font-size: 10pt; mso-ansi-language: FR;">Que Thésée est mon père, et qu'il est votre époux?</span></p>
Solko
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Renart et Ysengrin
tag:sigismond.hautetfort.com,2009-07-26:2350267
2009-07-26T18:40:00+02:00
2009-07-26T18:40:00+02:00
C'était peu de temps avant Noël, quand on pense à saler...
<p class="MsoNormal" style="text-align: justify; margin: 0cm 0cm 0pt;"><span style="font-family: "Cambria","serif";"><span style="font-size: small;"> C'était peu de temps avant Noël, quand on pense à saler les bacons. Le ciel était parsemé d'étoiles, il faisait un grand froid, et le vivier où Renart avait conduit son compère était assez fortement pris de glace pour pouvoir en toute sécurité y former des rondes joyeuses. Il n'y avait qu'un seul trou, soigneusement entretenu chaque jour par les paysans du village, et près duquel ils avaient laissé le seau qui leur servait à puiser de l'eau. Renart, montrant le vivier, dit : «Oncle Ysengrin, c'est là que se tiennent en grand nombre les barbeaux, les tanches et les anguilles ; et justement voici l'engin qui sert à les prendre.» (Il montrait le seau). «Il suffit de le tenir quelque temps plongé dans l'eau, puis de l'en tirer quand on sent à son poids qu'il est rempli de poissons.»</span></span></p> <p class="MsoNormal" style="text-align: justify; margin: 0cm 0cm 0pt;"><span style="font-size: small;"><span style="font-family: "Cambria","serif";">- Je comprends, dit Ysengrin, et pour bien faire, je crois, beau neveu, qu'il faudrait attacher l'engin à ma queue. C'est apparemment ainsi que l'on doit faire qu</span><span style="font-family: "Cambria","serif"; mso-ascii-theme-font: major-latin; mso-hansi-theme-font: major-latin;">and on veut faire bonne pêche.»</span></span></p> <p class="MsoNormal" style="text-align: justify; margin: 0cm 0cm 0pt;"><span style="font-family: "Cambria","serif";"><span style="font-size: small;">- Justement, dit Renart, quelle merveille que vous compreniez cela aisément ! Je vais faire ce que vous demandez.» Il serre fortement le seau à la queue d'Ysengrin. «Et maintenant vous n'avez plus qu'à vous tenir immobile pendant une heure ou deux, jusqu'à ce que vous sentiez les poissons arriver en foule dans l'engin.»</span></span></p> <p class="MsoNormal" style="text-align: justify; margin: 0cm 0cm 0pt;"><span style="font-size: small;"><span style="font-family: "Cambria","serif";">- Je comprends fort bien. En ce qui concerne la patience, j'en aurai tant qu'il le faudra.»<br /> Renart se place alors un peu à l'écart, sous un buisson, la tête entre les pieds, les yeux fixés sur son compère. Le loup se tient au bord du trou, la queue en partie plongée dans le seau qu'elle retient. Mais comme le froid était extrême, l'eau ne tarda pas à se figer, puis à se chang</span><span style="font-family: "Cambria","serif"; mso-ascii-theme-font: major-latin; mso-hansi-theme-font: major-latin;">er en glace autour de la queue.</span></span></p> <p class="MsoNormal" style="text-align: justify; margin: 0cm 0cm 0pt;"><span style="font-size: small;"><span style="font-family: "Cambria","serif";"> Le loup, qui se sent tiré, attribue le tiraillement aux poissons qui arrivent ; il se félicite, et déjà songe au profit qu'il va tirer de cette pêche miraculeuse. Il fait un mouvement, puis s'arrête encore, persuadé que plus il attendra, plus il amènera de poissons à bord du seau. Enfin, il se décide à retirer sa queue mais ses efforts sont inutiles. La glace a pris de la consistance, le trou est fermé, la queue est arrêtée sans qu'il lui soit possible de rompre l'obstacle. Il se démène, il s'agite, il appelle Renart : «A mon secours, mon brave neveu! Il y a tant de poissons que je ne puis les soulever. Viens m'aider, je suis las et le</span> <span style="font-family: "Cambria","serif"; mso-ascii-theme-font: major-latin; mso-hansi-theme-font: major-latin;">jour ne va pas tarder à venir.»</span></span></p> <p class="MsoNormal" style="text-align: justify; margin: 0cm 0cm 0pt;"><span style="font-size: small;"><span style="font-family: "Cambria","serif";"> Renart, qui faisait semblant de dormir, lève alors la tête : «Comment, bel oncle, vous êtes encore là ? Allons, hâtez-vous, prenez vos poissons et partons : le</span> <span style="font-family: "Cambria","serif"; mso-ascii-theme-font: major-latin; mso-hansi-theme-font: major-latin;">jour ne va pas tarder à venir.»</span></span></p> <p class="MsoNormal" style="text-align: justify; margin: 0cm 0cm 0pt;"><span style="font-size: small;"><span style="font-family: "Cambria","serif";">- Mais, dit Ysengrin, je ne puis les remonter. Il y en a tant, tant, que je n'ai pas</span> <span style="font-family: "Cambria","serif"; mso-ascii-theme-font: major-latin; mso-hansi-theme-font: major-latin;">la force de soulever l'engin.»</span></span></p> <p class="MsoNormal" style="text-align: justify; margin: 0cm 0cm 0pt;"><span style="font-size: small;"><span style="font-family: "Cambria","serif";">- Ah ? Répond Renart en riant. «Je vois ce que c'est, mais à qui la faute ? Vous avez voulu trop en prendre, et on a raison de dire que celui qui désire trop perd tout.»<br /> La nuit passe, l'aube apparaît, le soleil se lève. La neige avait blanchi la terre, et Messire Constant, un honnête métayer dont la maison était au bord de l'étang, se lève en même temps que sa joyeuse meute de chiens. Il prend un cor, appelle ses chiens, fait seller son cheval ; des clameurs partent de tous les côtés, tout est prêt pour partir à la chasse. Renart ne les attend pas : il reprend agilement le</span> <span style="font-family: "Cambria","serif";">chemin de Maupertuis, laissant le pauvre Ysengrin sur la brèche, qui tire de droite et de gauche, et se déchire la queue cruellement sans parvenir à la dégager. Survient un garçon tenant deux lévriers en laisse. Il aperçoit le loup arrêté par la queue dans la glace, le derrière ensanglanté : «Ohé ! Ohé ! Au loup !» Les chasseurs alertés accourent avec d'autres chiens, et cependant Ysengrin entend Constant donner l'ordre de les lâcher. Les chasseurs obéissent : leurs chiens s'attaquent au loup qui, le poil hérissé, se prépare à vendre sa peau chèrement. Il mord les uns ;</span> <span style="font-family: "Cambria","serif"; mso-ascii-theme-font: major-latin; mso-hansi-theme-font: major-latin;">il tient les autres à distance.</span></span></p> <p class="MsoNormal" style="text-align: justify; margin: 0cm 0cm 0pt;"><span style="font-family: "Cambria","serif";"><span style="font-size: small;"> Alors messire Constant descend de cheval, approche avec l'épée au poing et s'apprête à couper Ysengrin en deux. Mais le coup porte mal, Messire Constant perd l'équilibre, tombe sur la tête et se relève avec peine. Il revient à la charge, vise la tête mais le coup glisse et l'épée descend sur la queue d'Ysengrin, qu'elle coupe net. Ysengrin, surmontant une douleur violente, fait un dernier effort et s'élance au milieu des chiens qui s'écartent pour le laiser passer et courir à sa poursuite. Malgré la meute acharnée sur ses traces, Ysengrin gagne une colline, où il les défie. Chiens et lévriers renoncent alors à leur chasse. Ysengrin entre au bois, s'apitoyant sur sa longue et riche queue qu'il a été obligé de laisser en gage. Il jure bien de tirer vengeance de Renart, qu'il commence à soupçonner de lui avoir malicieusement ménagé toutes ces fâcheuses aventures.</span></span></p>
Solko
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Criton (Platon)
tag:sigismond.hautetfort.com,2009-07-24:2350244
2009-07-24T23:16:00+02:00
2009-07-24T23:16:00+02:00
Cette œuvre est la transcription par Platon d'un dialogue entre Socrate...
<p style="text-align: justify; background: #ffffee;"><i style="mso-bidi-font-style: normal;"><span style="font-family: 'Arial','sans-serif'; color: black; font-size: 9pt;"><img src="http://sigismond.hautetfort.com/media/02/01/1443565823.gif" alt="socrate.gif" id="media-1956613" style="border-width: 0; float: left; margin: 0.2em 1.4em 0.7em 0;" />Cette œuvre est la transcription par Platon d'un dialogue entre Socrate et Criton ayant pour sujet le devoir. Criton essaie de convaincre Socrate de s'échapper de la prison où il attend la mort suite à sa condamnation, rapportée dans l'apologie de Socrate. Socrate refuse l'évasion après avoir dialogué avec les lois qui lui étaient apparues en songe sous la forme d'une personne ; c'est la prosopopée des lois. Il conclut que l'évasion constituerait une injustice. Il refusera également l'exil. L'évasion n'apporterait selon lui pas d'avantage et signifierait également un risque pour son entourage. À l'époque de la Grèce antique, il n'était pas rare d'être condamné à mort avec comme sous entendu que le condamné s'enfuirait. Cette thèse est confortée dans le cas de Socrate par le fait qu'il y a eu plus de vote de la part des juges pour le condamner à mort que pour le déclarer coupable. Cela tient au fait que Socrate s'est abusivement moqué des juges. Les prisonniers pouvaient facilement s'échapper et s'exiler moyennant quelques pots de vins. L'ensemble du dialogue est sous tendu par une tension dramatique, Criton est le dernier rempart contre l'injustice qui va tomber sur Socrate, le lecteur est poussé à épouser le point de vue de Criton, surtout de nos jours où le prix de la vie est plus important. C'est ainsi que Socrate va se mettre à chercher à nous convaincre, comme il cherche à convaincre Criton. Criton est ami de Socrate au moins dans ce sens où il lui parle franchement et n'hésite pas à tout lui dire, bien qu'il sache que Socrate aura le dernier mot. Comme dans tous les dialogues de Platon qui pourraient d'ailleurs être une réhabilitation à titre posthume.</span></i></p> <p class="MsoNoSpacing" style="margin: 0cm 0cm 0pt;"><span style="font-family: 'Arial','sans-serif'; font-size: 10pt; mso-ansi-language: FR;"><br /> SOCRATE</span></p> <p class="MsoNoSpacing" style="margin: 0cm 0cm 0pt;"><span style="font-family: 'Arial','sans-serif'; font-size: 10pt; mso-ansi-language: FR;">Pourquoi déjà venu, Criton ? N'est‑il pas encore bien matin ?</span></p> <p class="MsoNoSpacing" style="margin: 0cm 0cm 0pt;"><span style="font-family: 'Arial','sans-serif'; font-size: 10pt; mso-ansi-language: FR;"><br /> CRITON</span></p> <p class="MsoNoSpacing" style="margin: 0cm 0cm 0pt;"><span style="font-family: 'Arial','sans-serif'; font-size: 10pt; mso-ansi-language: FR;">Il est vrai.</span></p> <p class="MsoNoSpacing" style="margin: 0cm 0cm 0pt;"><span style="font-family: 'Arial','sans-serif'; font-size: 10pt; mso-ansi-language: FR;"><br /> SOCRATE</span></p> <p class="MsoNoSpacing" style="margin: 0cm 0cm 0pt;"><span style="font-family: 'Arial','sans-serif'; font-size: 10pt; mso-ansi-language: FR;">Quelle heure peut‑il être ?</span></p> <p class="MsoNoSpacing" style="margin: 0cm 0cm 0pt;"><span style="font-family: 'Arial','sans-serif'; font-size: 10pt; mso-ansi-language: FR;"><br /> CRITON</span></p> <p class="MsoNoSpacing" style="margin: 0cm 0cm 0pt;"><span style="font-family: 'Arial','sans-serif'; font-size: 10pt; mso-ansi-language: FR;">L’aurore paraît à peine.</span></p> <p class="MsoNoSpacing" style="margin: 0cm 0cm 0pt;"><span style="font-family: 'Arial','sans-serif'; font-size: 10pt; mso-ansi-language: FR;"><br /> SOCRATE</span></p> <p class="MsoNoSpacing" style="margin: 0cm 0cm 0pt;"><span style="font-family: 'Arial','sans-serif'; font-size: 10pt; mso-ansi-language: FR;">Je m’étonne que le gardien de la prison t’ait laissé entrer.</span></p> <p class="MsoNoSpacing" style="margin: 0cm 0cm 0pt;"><span style="font-family: 'Arial','sans-serif'; font-size: 10pt; mso-ansi-language: FR;"><br /> CRITON</span></p> <p class="MsoNoSpacing" style="margin: 0cm 0cm 0pt;"><span style="font-family: 'Arial','sans-serif'; font-size: 10pt; mso-ansi-language: FR;">Il est déjà habitué à moi, pour m'avoir vu souvent ici ; d'ailleurs il m'a quelque obligation.</span></p> <p class="MsoNoSpacing" style="margin: 0cm 0cm 0pt;"><span style="font-family: 'Arial','sans-serif'; font-size: 10pt; mso-ansi-language: FR;"><br /> SOCRATE</span></p> <p class="MsoNoSpacing" style="margin: 0cm 0cm 0pt;"><span style="font-family: 'Arial','sans-serif'; font-size: 10pt; mso-ansi-language: FR;">Arrives‑tu à l'instant, ou y a‑t‑il longtemps que tu es arrivé ?</span></p> <p class="MsoNoSpacing" style="margin: 0cm 0cm 0pt;"><span style="font-family: 'Arial','sans-serif'; font-size: 10pt; mso-ansi-language: FR;"><br /> CRITON</span></p> <p class="MsoNoSpacing" style="margin: 0cm 0cm 0pt;"><span style="font-family: 'Arial','sans-serif'; font-size: 10pt; mso-ansi-language: FR;">Assez longtemps.</span></p> <p class="MsoNoSpacing" style="margin: 0cm 0cm 0pt;"><span style="font-family: 'Arial','sans-serif'; font-size: 10pt; mso-ansi-language: FR;"><br /> SOCRATE</span></p> <p class="MsoNoSpacing" style="margin: 0cm 0cm 0pt;"><span style="font-family: 'Arial','sans-serif'; font-size: 10pt; mso-ansi-language: FR;">Pourquoi donc ne pas m'avoir éveillé sur-le-champ, au lieu de t'asseoir auprès de moi sans rien dire ?</span></p> <p class="MsoNoSpacing" style="margin: 0cm 0cm 0pt;"><span style="font-family: 'Arial','sans-serif'; font-size: 10pt; mso-ansi-language: FR;"><br /> CRITON</span></p> <p class="MsoNoSpacing" style="text-align: justify; margin: 0cm 0cm 0pt;"><span style="font-family: 'Arial','sans-serif'; font-size: 10pt; mso-ansi-language: FR;">Par Zeus ! Je m'en serais bien gardé ; pour moi, à ta place, je ne voudrais pas être éveillé dans une si triste conjoncture. Aussi, il y a déjà longtemps que je suis là, me livrant au plaisir de contempler la douceur de ton sommeil ; et je n'ai pas voulu t'éveiller pour te laisser passer le plus doucement possible ce qui te reste vivre encore. Et, en vérité, Socrate, je t'ai félicité souvent de ton humeur pendant tout le cours de ta vie ; mais, dans le malheur présent, je te félicite bien plus encore de ta fermeté et de ta résignation.</span></p> <p class="MsoNoSpacing" style="margin: 0cm 0cm 0pt;"><span style="font-family: 'Arial','sans-serif'; font-size: 10pt; mso-ansi-language: FR;"><br /> SOCRATE</span></p> <p class="MsoNoSpacing" style="margin: 0cm 0cm 0pt;"><span style="font-family: 'Arial','sans-serif'; font-size: 10pt; mso-ansi-language: FR;">C'est qu'il ne me siérait guère, Criton, de trouver mauvais qu'à mon âge il faille mourir.</span></p> <p class="MsoNoSpacing" style="margin: 0cm 0cm 0pt;"><span style="font-family: 'Arial','sans-serif'; font-size: 10pt; mso-ansi-language: FR;"><br /> CRITON</span></p> <p class="MsoNoSpacing" style="margin: 0cm 0cm 0pt;"><span style="font-family: 'Arial','sans-serif'; font-size: 10pt; mso-ansi-language: FR;">Eh! combien d'autres, Socrate, au même âge que toi, se trouvent en de pareils malheurs, que pourtant la vieillesse n'empêche pas s’irriter contre leur sort</span></p> <p class="MsoNoSpacing" style="margin: 0cm 0cm 0pt;"><span style="font-family: 'Arial','sans-serif'; font-size: 10pt; mso-ansi-language: FR;"><br /> SOCRATE</span></p> <p class="MsoNoSpacing" style="margin: 0cm 0cm 0pt;"><span style="font-family: 'Arial','sans-serif'; font-size: 10pt; mso-ansi-language: FR;">Soit; mais enfin quel motif t'amène si matin ?</span></p> <p class="MsoNoSpacing" style="margin: 0cm 0cm 0pt;"><span style="font-family: 'Arial','sans-serif'; font-size: 10pt; mso-ansi-language: FR;"><br /> CRITON</span></p> <p class="MsoNoSpacing" style="margin: 0cm 0cm 0pt;"><span style="font-family: 'Arial','sans-serif'; font-size: 10pt; mso-ansi-language: FR;">Une nouvelle, Socrate, fâcheuse et accablante, non pas pour toi, à ce que je vois, mais pour moi et tous tes amis. Quant à moi, je le sens, j'aurai bien de la peine à la supporter.</span></p> <p class="MsoNoSpacing" style="margin: 0cm 0cm 0pt;"><span style="font-family: 'Arial','sans-serif'; font-size: 10pt; mso-ansi-language: FR;"><br /> SOCRATE</span></p> <p class="MsoNoSpacing" style="margin: 0cm 0cm 0pt;"><span style="font-family: 'Arial','sans-serif'; font-size: 10pt; mso-ansi-language: FR;">Quelle nouvelle ? Est‑il arrivé de Délos le vaisseau au retour duquel je dois mourir ?</span></p> <p class="MsoNoSpacing" style="margin: 0cm 0cm 0pt;"><span style="font-family: 'Arial','sans-serif'; font-size: 10pt; mso-ansi-language: FR;"><br /> CRITON</span></p> <p class="MsoNoSpacing" style="text-align: justify; margin: 0cm 0cm 0pt;"><span style="font-family: 'Arial','sans-serif'; font-size: 10pt; mso-ansi-language: FR;">Non, pas encore; mais il paraît qu'il doit arriver aujourd'hui, à ce que disent des gens qui viennent de Sunium, où ils l'ont laissé. Ainsi il ne peut manquer d'être ici aujourd’hui; et demain matin, Socrate, il te faudra quitter la vie.</span></p> <p class="MsoNoSpacing" style="margin: 0cm 0cm 0pt;"><span style="font-family: 'Arial','sans-serif'; font-size: 10pt; mso-ansi-language: FR;"><br /> SOCRATE.</span></p> <p class="MsoNoSpacing" style="margin: 0cm 0cm 0pt;"><span style="font-family: 'Arial','sans-serif'; font-size: 10pt; mso-ansi-language: FR;">À la bonne heure, Criton : si telle est la volonté des dieux, qu'elle s'accomplisse. Cependant je ne pense pas qu'il arrive aujourd'hui.</span></p> <p class="MsoNoSpacing" style="margin: 0cm 0cm 0pt;"><span style="font-family: 'Arial','sans-serif'; font-size: 10pt; mso-ansi-language: FR;"><br /> CRITON</span></p> <p class="MsoNoSpacing" style="margin: 0cm 0cm 0pt;"><span style="font-family: 'Arial','sans-serif'; font-size: 10pt; mso-ansi-language: FR;">Et pourquoi ?</span></p> <p class="MsoNoSpacing" style="margin: 0cm 0cm 0pt;"><span style="font-family: 'Arial','sans-serif'; font-size: 10pt; mso-ansi-language: FR;"><br /> SOCRATE</span></p> <p class="MsoNoSpacing" style="margin: 0cm 0cm 0pt;"><span style="font-family: 'Arial','sans-serif'; font-size: 10pt; mso-ansi-language: FR;">Je vais te le dire. Ne dois‑je pas mourir le lendemain du jour où le vaisseau sera arrivé ?</span></p> <p class="MsoNoSpacing" style="margin: 0cm 0cm 0pt;"><span style="font-family: 'Arial','sans-serif'; font-size: 10pt; mso-ansi-language: FR;"><br /> CRITON</span></p> <p class="MsoNoSpacing" style="margin: 0cm 0cm 0pt;"><span style="font-family: 'Arial','sans-serif'; font-size: 10pt; mso-ansi-language: FR;">C'est au moins ce que disent ceux de qui cela dépend.</span></p> <p class="MsoNoSpacing" style="margin: 0cm 0cm 0pt;"><span style="font-family: 'Arial','sans-serif'; font-size: 10pt; mso-ansi-language: FR;"><br /> SOCRATE</span></p> <p class="MsoNoSpacing" style="margin: 0cm 0cm 0pt;"><span style="font-family: 'Arial','sans-serif'; font-size: 10pt; mso-ansi-language: FR;">Eh bien ! Je ne crois pas qu'il arrive aujourd'hui, mais demain. Je le conjecture d'un songe que j'ai eu cette nuit, il n'y a qu'un moment ; et à ce qu'il paraît tu as bien fait de ne pas m'éveiller.</span></p> <p class="MsoNoSpacing" style="margin: 0cm 0cm 0pt;"><span style="font-family: 'Arial','sans-serif'; font-size: 10pt; mso-ansi-language: FR;"><br /> CRITON</span></p> <p class="MsoNoSpacing" style="margin: 0cm 0cm 0pt;"><span style="font-family: 'Arial','sans-serif'; font-size: 10pt; mso-ansi-language: FR;">Quel est donc ce songe?</span></p> <p class="MsoNoSpacing" style="margin: 0cm 0cm 0pt;"><span style="font-family: 'Arial','sans-serif'; font-size: 10pt; mso-ansi-language: FR;"><br /> SOCRATE</span></p> <p class="MsoNoSpacing" style="margin: 0cm 0cm 0pt;"><span style="font-family: 'Arial','sans-serif'; font-size: 10pt; mso-ansi-language: FR;">Il m'a semblé voir une femme belle et majestueuse, ayant des vêtements blancs, s'avancer, vers moi, m'appeler, et me dire : Socrate, <i>Dans trois jours tu seras arrivé à la fertile Phthie.</i> <span style="mso-spacerun: yes;"> </span>[Homère, Iliade, IX, 363]</span></p> <p class="MsoNoSpacing" style="margin: 0cm 0cm 0pt;"><span style="font-family: 'Arial','sans-serif'; font-size: 10pt; mso-ansi-language: FR;"><br /> CRITON</span></p> <p class="MsoNoSpacing" style="margin: 0cm 0cm 0pt;"><span style="font-family: 'Arial','sans-serif'; font-size: 10pt; mso-ansi-language: FR;">Voilà un songe étrange, Socrate !</span></p> <p class="MsoNoSpacing" style="margin: 0cm 0cm 0pt;"><span style="font-family: 'Arial','sans-serif'; font-size: 10pt; mso-ansi-language: FR;"><br /> SOCRATE</span></p> <p class="MsoNoSpacing" style="margin: 0cm 0cm 0pt;"><span style="font-family: 'Arial','sans-serif'; font-size: 10pt; mso-ansi-language: FR;">Le sens est très clair, à ce qui semble</span></p><p class="MsoNoSpacing" style="margin: 0cm 0cm 0pt;"><span style="font-family: "Arial","sans-serif"; font-size: 10pt; mso-ansi-language: FR;"><br /> CRITON</span></p> <p class="MsoNoSpacing" style="text-align: justify; margin: 0cm 0cm 0pt;"><span style="font-family: "Arial","sans-serif"; font-size: 10pt; mso-ansi-language: FR;">Beaucoup trop. Mais, ô mon cher Socrate! Il en est temps encore, suis mes conseils, et sauve-toi ; car, pour moi, dans ta mort je trouverai plus d'un malheur : outre la douleur d'être privé de toi, d'un ami, tel que je n'en retrouverai jamais de pareil, j'ai encore à craindre que le vulgaire, qui ne nous connaît bien ni l'un ni l'autre, ne croie que, pouvant te sauver si j'avais voulu sacrifier quelque argent, j'ai négligé de le faire. Or, y a‑t‑il une réputation plus honteuse que de passer pour plus attaché à son argent qu'à ses amis ? Car jamais le vulgaire ne voudra se persuader que c'est toi qui as refusé de sortir d'ici, malgré nos instances.</span></p> <p class="MsoNoSpacing" style="margin: 0cm 0cm 0pt;"><span style="font-family: "Arial","sans-serif"; font-size: 10pt; mso-ansi-language: FR;"><br /> SOCRATE</span></p> <p class="MsoNoSpacing" style="text-align: justify; margin: 0cm 0cm 0pt;"><span style="font-family: "Arial","sans-serif"; font-size: 10pt; mso-ansi-language: FR;">Mais pourquoi, cher Criton, nous tant mettre en peine de l'opinion du vulgaire ? Les hommes sensés, dont il faut beaucoup plus s'occuper, sauront bien reconnaître comment les choses se seront véritablement passées.</span></p> <p class="MsoNoSpacing" style="margin: 0cm 0cm 0pt;"><span style="font-family: "Arial","sans-serif"; font-size: 10pt; mso-ansi-language: FR;"><br /> CRITON</span></p> <p class="MsoNoSpacing" style="margin: 0cm 0cm 0pt;"><span style="font-family: "Arial","sans-serif"; font-size: 10pt; mso-ansi-language: FR;">Tu vois pourtant qu'il est nécessaire, Socrate, de se mettre en peine de l'opinion du vulgaire, et ce qui arrive nous fait assez voir qu'il est non seulement capable de faire un peu de mal, mais les maux les plus grands, quand il écoute la calomnie.</span></p> <p class="MsoNoSpacing" style="margin: 0cm 0cm 0pt;"><span style="font-family: "Arial","sans-serif"; font-size: 10pt; mso-ansi-language: FR;"><br /> SOCRATE</span></p> <p class="MsoNoSpacing" style="margin: 0cm 0cm 0pt;"><span style="font-family: "Arial","sans-serif"; font-size: 10pt; mso-ansi-language: FR;">Et plût aux dieux, Criton, que la multitude fût capable de faire les plus grands maux, pour qu’elle pût aussi faire les plus grands biens ! Ce serait une chose heureuse ; mais elle ne peut ni l'un ni 1'autre, car il ne dépend pas d'elle de rendre les hommes sages ou insensés. Elle agit au hasard.</span></p> <p class="MsoNoSpacing" style="margin: 0cm 0cm 0pt;"><span style="font-family: "Arial","sans-serif"; font-size: 10pt; mso-ansi-language: FR;"><br /> CRITON</span></p> <p class="MsoNoSpacing" style="text-align: justify; margin: 0cm 0cm 0pt;"><span style="font-family: "Arial","sans-serif"; font-size: 10pt; mso-ansi-language: FR;">Eh bien soit ; mais dis‑moi, Socrate, ne t'inquiètes‑tu pas pour moi et tes autres amis ? Ne crains‑tu pas que, si tu t'échappes, les délateurs nous fassent des affaires, nous accusent de t'avoir enlevé, et que nous soyons forcés de perdre toute notre fortune, ou de sacrifier beaucoup d'argent, et d'avoir peut-être à souffrir quelque chose de pis ? Si c'est là ce que tu crains, rassure‑toi. Il est juste que pour te sauver, nous courions ces dangers, et de plus grands, s'il le faut. Ainsi crois‑moi, suis le conseil que je te donne.</span></p> <p class="MsoNoSpacing" style="margin: 0cm 0cm 0pt;"><span style="font-family: "Arial","sans-serif"; font-size: 10pt; mso-ansi-language: FR;"><br /> SOCRATE</span></p> <p class="MsoNoSpacing" style="margin: 0cm 0cm 0pt;"><span style="font-family: "Arial","sans-serif"; font-size: 10pt; mso-ansi-language: FR;">Oui, Criton, j'ai toutes ces inquiétudes, et bien d'autres encore.</span></p> <p class="MsoNoSpacing" style="margin: 0cm 0cm 0pt;"><span style="font-family: "Arial","sans-serif"; font-size: 10pt; mso-ansi-language: FR;"><br /> CRITON</span></p> <p class="MsoNoSpacing" style="text-align: justify; margin: 0cm 0cm 0pt;"><span style="font-family: "Arial","sans-serif"; font-size: 10pt; mso-ansi-language: FR;">Je puis donc te les ôter; car on ne demande pas beaucoup d'argent pour te tirer d’ici et te mettre en sûreté; et puis ne vois‑tu pas que ces délateurs sont à bon marché, et ne nous coûteront pas grand chose. Ma fortune est à toi ; elle suffira, je pense ; et si, par intérêt pour moi, tu ne crois pas devoir en faire usage, il y a ici des étrangers qui mettent la leur à ta disposition. Un d'eux, Simmias de Thèbes, a apporté pour cela l'argent nécessaire ; Çébès. et beaucoup d'autres te font les mêmes offres. Ainsi, je te le répète, que ces craintes ne t'empêchent pas de pourvoir à ta sûreté ; et quant à ce que tu disais devant le tribunal ; que si tu, sortais d'ici, tu ne saurais que devenir, que cela ne t'embarrasse point. Partout où tu iras tu seras aimé. Si tu veux aller en Thessalie, j'y ai des hôtes qui sauront t'apprécier, et qui te procureront un asile où tu seras à l'abri de toute inquiétude.</span></p> <p class="MsoNoSpacing" style="text-align: justify; margin: 0cm 0cm 0pt;"><span style="font-family: "Arial","sans-serif"; font-size: 10pt; mso-ansi-language: FR;">Je te dirai plus, Socrate ; il me semble que ce n'est pas une action juste que de te livrer toi-même, quand tu peux te sauver, et de travailler, de tes propres mains, au succès de la trame ourdie par tes mortels ennemis. Ajoute à cela que tu trahis tes enfants ; que tu vas les abandonner, quand tu peux les nourrir et les élever ; que tu les livres, autant qu'il est en toi à la merci du sort, et aux maux qui sont le partage des orphelins : Il fallait ou ne pas avoir d'enfants, ou suivre leur destinée, et prendre la peine de les nourrir et de les élever. Mais, à te dire ce que je pense, tu as choisi le parti du plus faible des hommes, tandis que tu devais choisir celui d'un homme de cœur, toi surtout qui fais profession d'avoir cultivé la vertu pendant toute ta vie. Aussi, je rougis pour toi et pour nous, qui sommes tes amis ; j'ai grand peur que tout ceci ne paraisse un effet de notre lâcheté, et cette accusation portée devant le tribunal, tandis qu'elle aurait pu ne pas l'être, et la manière dont le procès lui-même a été conduit, et cette dernière circonstance de ton refus bizarre, qui semble former le dénouement ridicule de la pièce… Oui, on dira que c’est par une pusillanimité coupable que nous ne t'avons pas sauvé, et que tu ne t'es pas sauvé toi-même, quand cela était possible, facile même, pour peu que chacun de nous eût fait son devoir. Songes‑y donc, Socrate ; outre le mal qui t'arrivera, prends garde à la honte dont tu seras couvert, ainsi que tes amis. Consulte bien avec toi-même ou plutôt il n'est plus temps de consulter, le conseil doit être pris, et il n’y a pas à choisir. La nuit prochaine, il faut que tout soit exécuté ; si nous tardons, tout est manqué, et nos mesures sont rompues. Ainsi, par toutes ces raisons, suis mon conseil, et fais ce que je te dis.</span></p> <p class="MsoNoSpacing" style="margin: 0cm 0cm 0pt;"><span style="font-family: "Arial","sans-serif"; font-size: 10pt; mso-ansi-language: FR;"><br /> SOCRATE</span></p> <p class="MsoNoSpacing" style="text-align: justify; margin: 0cm 0cm 0pt;"><span style="font-family: "Arial","sans-serif"; font-size: 10pt; mso-ansi-language: FR;">Mon cher Criton, on ne saurait trop estimer ta sollicitude, si elle s'accorde avec la justice ; autrement, plus elle est vive, et plus elle est fâcheuse. Il faut donc examiner si le devoir permet de faire ce que tu me proposes, ou non ; car ce n’est pas d’aujourd’hui que j'ai pour principe, de n’écouter en moi d'autre voix que celle de la raison. Les principes que j'ai professés toute ma vie, je ne puis les abandonner parce qu'un malheur m'arrive : je les vois toujours du même œil ; ils me paraissent aussi puissants, aussi respectables qu'auparavant ; et si tu n'en as pas de meilleurs à leur substituer, sache bien que tu ne m'ébranleras pas, quand la multitude irritée pour m’épouvanter comme un enfant, me présenterait des images plus affreuses encore que celles dont elle m'environne, les fers, la misère, la mort. Comment donc faire cet examen d'une manière convenable ? En reprenant ce que tu viens de dire sur l'opinion, en nous demandant à nous-mêmes si nous avions raison ou non de dire si souvent qu'il y a des opinions auxquelles il faut avoir égard, d’autres qu'il faut dédaigner ; ou faisions-nous bien de parler ainsi avant que je fusse condamné à mort, et tout‑à‑coup avons-nous découvert que nous ne parlions que pour parler, et par pur badinage ? Je désire donc examiner avec toi, Criton si nos principes d'alors me sembleront changés avec ma situation, ou s'ils me paraîtront toujours les mêmes ; s'il y faut renoncer, ou y conformer nos actions. Or, ce me semble, nous avons dit souvent ici, et nous entendions bien parler sérieusement, ce que je disais tout‑à‑l'heure, savoir, que parmi les opinions des hommes, il en est qui sont dignes de la plus haute estime, et d'autres qui n’en méritent aucune. Criton, au nom des dieux, cela ne te semble‑t‑il pas bien dit ? Car, selon toutes les apparences humaines, tu n'es pas en danger de mourir demain ; et la crainte d'un péril présent ne te fera pas prendre le change : penses‑y donc bien. Ne trouves‑tu pas que nous avons justement établi qu’il ne faut pas estimer toutes les opinions des hommes, mais, quelques-unes seulement ; et non pas même de tous les hommes indifféremment, mais seulement de quelques-uns ? Qu'en dis‑tu ? Cela ne te semble‑t‑il pas vrai ?</span></p> <p class="MsoNoSpacing" style="margin: 0cm 0cm 0pt;"><span style="font-family: "Arial","sans-serif"; font-size: 10pt; mso-ansi-language: FR;"><br /> CRITON</span></p> <p class="MsoNoSpacing" style="margin: 0cm 0cm 0pt;"><span style="font-family: "Arial","sans-serif"; font-size: 10pt; mso-ansi-language: FR;">Fort vrai.</span></p> <p class="MsoNoSpacing" style="margin: 0cm 0cm 0pt;"><span style="font-family: "Arial","sans-serif"; font-size: 10pt; mso-ansi-language: FR;"><br /> SOCRATE</span></p> <p class="MsoNoSpacing" style="margin: 0cm 0cm 0pt;"><span style="font-family: "Arial","sans-serif"; font-size: 10pt; mso-ansi-language: FR;">À ce compte, ne faut‑il pas estimer les bonnes opinions, et mépriser les mauvaises ?</span></p> <p class="MsoNoSpacing" style="margin: 0cm 0cm 0pt;"><span style="font-family: "Arial","sans-serif"; font-size: 10pt; mso-ansi-language: FR;"><br /> CRITON</span></p> <p class="MsoNoSpacing" style="margin: 0cm 0cm 0pt;"><span style="font-family: "Arial","sans-serif"; font-size: 10pt; mso-ansi-language: FR;">Certainement.</span></p> <p class="MsoNoSpacing" style="margin: 0cm 0cm 0pt;"><span style="font-family: "Arial","sans-serif"; font-size: 10pt; mso-ansi-language: FR;"><br /> SOCRATE</span></p> <p class="MsoNoSpacing" style="margin: 0cm 0cm 0pt;"><span style="font-family: "Arial","sans-serif"; font-size: 10pt; mso-ansi-language: FR;">Les bonnes opinions ne sont‑ce pas celles des sages, et les mauvaises celles des fous ?</span></p> <p class="MsoNoSpacing" style="margin: 0cm 0cm 0pt;"><span style="font-family: "Arial","sans-serif"; font-size: 10pt; mso-ansi-language: FR;"><br /> CRITON</span></p> <p class="MsoNoSpacing" style="margin: 0cm 0cm 0pt;"><span style="font-family: "Arial","sans-serif"; font-size: 10pt; mso-ansi-language: FR;">Qui en doute ?</span></p> <p class="MsoNoSpacing" style="margin: 0cm 0cm 0pt;"><span style="font-family: "Arial","sans-serif"; font-size: 10pt; mso-ansi-language: FR;"><br /> SOCRATE</span></p> <p class="MsoNoSpacing" style="margin: 0cm 0cm 0pt;"><span style="font-family: "Arial","sans-serif"; font-size: 10pt; mso-ansi-language: FR;">Voyons, comment établissons‑nous ce principe ? Un homme qui s'applique sérieusement à la gymnastique, est‑il touché de l'éloge et du blâme du premier venu, ou seulement de celui qui est médecin ou maître des exercices ?</span></p> <p class="MsoNoSpacing" style="margin: 0cm 0cm 0pt;"><span style="font-family: "Arial","sans-serif"; font-size: 10pt; mso-ansi-language: FR;"><br /> CRITON</span></p> <p class="MsoNoSpacing" style="margin: 0cm 0cm 0pt;"><span style="font-family: "Arial","sans-serif"; font-size: 10pt; mso-ansi-language: FR;">De celui‑là seulement.</span></p> <p class="MsoNoSpacing" style="margin: 0cm 0cm 0pt;"><span style="font-family: "Arial","sans-serif"; font-size: 10pt; mso-ansi-language: FR;"><br /> SOCRATE</span></p> <p class="MsoNoSpacing" style="margin: 0cm 0cm 0pt;"><span style="font-family: "Arial","sans-serif"; font-size: 10pt; mso-ansi-language: FR;">C'est donc de celui-là seul qu'il doit redouter le blâme, et désirer l'éloge, sans s’inquiéter de ce qui vient des autres ?</span></p> <p class="MsoNoSpacing" style="margin: 0cm 0cm 0pt;"><span style="font-family: "Arial","sans-serif"; font-size: 10pt; mso-ansi-language: FR;"><br /> CRITON</span></p> <p class="MsoNoSpacing" style="margin: 0cm 0cm 0pt;"><span style="font-family: "Arial","sans-serif"; font-size: 10pt; mso-ansi-language: FR;">Assurément.</span></p> <p class="MsoNoSpacing" style="margin: 0cm 0cm 0pt;"><span style="font-family: "Arial","sans-serif"; font-size: 10pt; mso-ansi-language: FR;"><br /> SOCRATE</span></p> <p class="MsoNoSpacing" style="margin: 0cm 0cm 0pt;"><span style="font-family: "Arial","sans-serif"; font-size: 10pt; mso-ansi-language: FR;">Ainsi il faut qu'il fasse ses exercices, règle son régime, mange et boive sur l'avis de celui-là seul qui préside à la gymnastique et qui s'y connaît, plutôt que d'après l'opinion de tous les autres ensemble</span></p> <p class="MsoNoSpacing" style="margin: 0cm 0cm 0pt;"><span style="font-family: "Arial","sans-serif"; font-size: 10pt; mso-ansi-language: FR;"><br /> CRITON</span></p> <p class="MsoNoSpacing" style="margin: 0cm 0cm 0pt;"><span style="font-family: "Arial","sans-serif"; font-size: 10pt; mso-ansi-language: FR;">Cela est incontestable.</span></p> <p class="MsoNoSpacing" style="margin: 0cm 0cm 0pt;"><span style="font-family: "Arial","sans-serif"; font-size: 10pt; mso-ansi-language: FR;"><br /> SOCRATE</span></p> <p class="MsoNoSpacing" style="margin: 0cm 0cm 0pt;"><span style="font-family: "Arial","sans-serif"; font-size: 10pt; mso-ansi-language: FR;">Voilà donc qui est établi. Mais s'il désobéit au maître et dédaigne sen avis et ses éloges, pour écouter la foule des gens qui n'y entendent rien, ne lui en arrivera‑t‑il pas de mal ?</span></p> <p class="MsoNoSpacing" style="margin: 0cm 0cm 0pt;"><span style="font-family: "Arial","sans-serif"; font-size: 10pt; mso-ansi-language: FR;"><br /> CRITON</span></p> <p class="MsoNoSpacing" style="margin: 0cm 0cm 0pt;"><span style="font-family: "Arial","sans-serif"; font-size: 10pt; mso-ansi-language: FR;">Comment ne lui en arriverait‑il point ?</span></p> <p class="MsoNoSpacing" style="margin: 0cm 0cm 0pt;"><span style="font-family: "Arial","sans-serif"; font-size: 10pt; mso-ansi-language: FR;"><br /> SOCRATE</span></p> <p class="MsoNoSpacing" style="margin: 0cm 0cm 0pt;"><span style="font-family: "Arial","sans-serif"; font-size: 10pt; mso-ansi-language: FR;">Mais ce mal de quelle nature est‑il ? Quels seront ses effets ? Et sur quelle partie de notre imprudent tombera‑t‑il ?</span></p> <p class="MsoNoSpacing" style="margin: 0cm 0cm 0pt;"><span style="font-family: "Arial","sans-serif"; font-size: 10pt; mso-ansi-language: FR;"><br /> CRITON</span></p> <p class="MsoNoSpacing" style="margin: 0cm 0cm 0pt;"><span style="font-family: "Arial","sans-serif"; font-size: 10pt; mso-ansi-language: FR;">Sur son corps évidemment; il le ruinera.</span></p> <p class="MsoNoSpacing" style="margin: 0cm 0cm 0pt;"><span style="font-family: "Arial","sans-serif"; font-size: 10pt; mso-ansi-language: FR;"><br /> SOCRATE</span></p> <p class="MsoNoSpacing" style="text-align: justify; margin: 0cm 0cm 0pt;"><span style="font-family: "Arial","sans-serif"; font-size: 10pt; mso-ansi-language: FR;">Fort bien ; et convenons, pour ne pas entrer dans les détails sans fin, qu'il en est ainsi de tout. Et bien ! sur le juste et l'injuste, sur l'honnête et le déshonnête, sur le bien et le mal, qui font présentement la matière de notre entretien, nous en rapporterons‑nous à l'opinion du peuple ou à celle d'un seul homme, si nous en trouvions un qui fût habile en ces matières, et ne devrions‑nous pas avoir plus de respect et plus de déférence pour lui, que pour tout le reste du monde ensemble ? Et si nous refusons de nous conformer à ses avis, ne ruinerons‑nous pas cette partie de nous-mêmes que la justice fortifie, et que l'injustice dégrade ? Ou tout cela n'a‑t‑il pas d'importance ?</span></p> <p class="MsoNoSpacing" style="margin: 0cm 0cm 0pt;"><span style="font-family: "Arial","sans-serif"; font-size: 10pt; mso-ansi-language: FR;"><br /> CRITON</span></p> <p class="MsoNoSpacing" style="margin: 0cm 0cm 0pt;"><span style="font-family: "Arial","sans-serif"; font-size: 10pt; mso-ansi-language: FR;">Beaucoup, au contraire.</span></p> <p class="MsoNoSpacing" style="margin: 0cm 0cm 0pt;"><span style="font-family: "Arial","sans-serif"; font-size: 10pt; mso-ansi-language: FR;"><br /> SOCRATE</span></p> <p class="MsoNoSpacing" style="text-align: justify; margin: 0cm 0cm 0pt;"><span style="font-family: "Arial","sans-serif"; font-size: 10pt; mso-ansi-language: FR;">Voyons encore. Si nous ruinons en nous ce qu'un bon régime fortifie, ce qu'un régime malsain dégrade pour suivre l’avis de gens qui ne s'y connaissent pas, dis‑moi, pourrions‑nous vivre, cette partie de nous‑mêmes ainsi ruinée. Et ici, c'est le corps, n'est‑ce pas ?</span></p> <p class="MsoNoSpacing" style="margin: 0cm 0cm 0pt;"><span style="font-family: "Arial","sans-serif"; font-size: 10pt; mso-ansi-language: FR;"><br /> CRITON</span></p> <p class="MsoNoSpacing" style="margin: 0cm 0cm 0pt;"><span style="font-family: "Arial","sans-serif"; font-size: 10pt; mso-ansi-language: FR;">Sans doute.</span></p> <p class="MsoNoSpacing" style="margin: 0cm 0cm 0pt;"><span style="font-family: "Arial","sans-serif"; font-size: 10pt; mso-ansi-language: FR;"><br /> SOCRATE</span></p> <p class="MsoNoSpacing" style="margin: 0cm 0cm 0pt;"><span style="font-family: "Arial","sans-serif"; font-size: 10pt; mso-ansi-language: FR;">Peut‑on vivre avec un corps flétri et ruiné ?</span></p> <p class="MsoNoSpacing" style="margin: 0cm 0cm 0pt;"><span style="font-family: "Arial","sans-serif"; font-size: 10pt; mso-ansi-language: FR;"><br /> CRITON</span></p> <p class="MsoNoSpacing" style="margin: 0cm 0cm 0pt;"><span style="font-family: "Arial","sans-serif"; font-size: 10pt; mso-ansi-language: FR;">Non, assurément.</span></p> <p class="MsoNoSpacing" style="margin: 0cm 0cm 0pt;"><span style="font-family: "Arial","sans-serif"; font-size: 10pt; mso-ansi-language: FR;"><br /> SOCRATE</span></p> <p class="MsoNoSpacing" style="margin: 0cm 0cm 0pt;"><span style="font-family: "Arial","sans-serif"; font-size: 10pt; mso-ansi-language: FR;">Et pourrons‑nous donc vivre, quand sera dégradé cette autre partie, de nous‑mêmes dont la vertu est la force, et le vice la ruine ? Ou croyons‑nous moins précieuse que le corps, cette partie, quelle qu'elle soit, de notre être, à laquelle se rapportent le juste et l'injuste ?</span></p> <p class="MsoNoSpacing" style="margin: 0cm 0cm 0pt;"><span style="font-family: "Arial","sans-serif"; font-size: 10pt; mso-ansi-language: FR;"><br /> CRITON</span></p> <p class="MsoNoSpacing" style="margin: 0cm 0cm 0pt;"><span style="font-family: "Arial","sans-serif"; font-size: 10pt; mso-ansi-language: FR;">Point du tout.</span></p> <p class="MsoNoSpacing" style="margin: 0cm 0cm 0pt;"><span style="font-family: "Arial","sans-serif"; font-size: 10pt; mso-ansi-language: FR;"><br /> SOCRATE</span></p> <p class="MsoNoSpacing" style="margin: 0cm 0cm 0pt;"><span style="font-family: "Arial","sans-serif"; font-size: 10pt; mso-ansi-language: FR;">N'est‑elle pas plus importante ?</span></p> <p class="MsoNoSpacing" style="margin: 0cm 0cm 0pt;"><span style="font-family: "Arial","sans-serif"; font-size: 10pt; mso-ansi-language: FR;"><br /> CRITON</span></p> <p class="MsoNoSpacing" style="margin: 0cm 0cm 0pt;"><span style="font-family: "Arial","sans-serif"; font-size: 10pt; mso-ansi-language: FR;">Beaucoup plus.</span></p> <p class="MsoNoSpacing" style="margin: 0cm 0cm 0pt;"><span style="font-family: "Arial","sans-serif"; font-size: 10pt; mso-ansi-language: FR;"><br /> SOCRATE</span></p> <p class="MsoNoSpacing" style="text-align: justify; margin: 0cm 0cm 0pt;"><span style="font-family: "Arial","sans-serif"; font-size: 10pt; mso-ansi-language: FR;">II ne faut donc pas, mon cher Criton, nous mettre tant en peine de ce que dira de nous la multitude, mais bien de ce qu'en dira celui qui connaît le juste et l’injuste ; et celui-là, Criton, ce juge unique de toutes nos actions, c'est la vérité : Tu vois donc bien que tu partais d'un faux principe, lorsque tu disais, au commencement, que nous devions nous inquiéter de l'opinion du peuple sur le juste, le bien et l'honnête, et sur leurs contraires. On dira peut-être : Mais enfin le peuple a le pouvoir de nous faire mourir.</span></p> <p class="MsoNoSpacing" style="margin: 0cm 0cm 0pt;"><span style="font-family: "Arial","sans-serif"; font-size: 10pt; mso-ansi-language: FR;"><br /> CRITON</span></p> <p class="MsoNoSpacing" style="margin: 0cm 0cm 0pt;"><span style="font-family: "Arial","sans-serif"; font-size: 10pt; mso-ansi-language: FR;">C'est ce que l'on dira, assurément.</span></p> <p class="MsoNoSpacing" style="margin: 0cm 0cm 0pt;"><span style="font-family: "Arial","sans-serif"; font-size: 10pt; mso-ansi-language: FR;"><br /> SOCRATE</span></p> <p class="MsoNoSpacing" style="text-align: justify; margin: 0cm 0cm 0pt;"><span style="font-family: "Arial","sans-serif"; font-size: 10pt; mso-ansi-language: FR;">Et avec raison ; mais, mon cher Criton, je ne vois pas que cela détruise ce que nous avons établi. Examine encore ceci, je te prie : Le principe, que l'important n'est pas de vivre, mais de bien vivre, est‑il changé, ou subsiste‑t‑il ?</span></p> <p class="MsoNoSpacing" style="margin: 0cm 0cm 0pt;"><span style="font-family: "Arial","sans-serif"; font-size: 10pt; mso-ansi-language: FR;"><br /> CRITON</span></p> <p class="MsoNoSpacing" style="margin: 0cm 0cm 0pt;"><span style="font-family: "Arial","sans-serif"; font-size: 10pt; mso-ansi-language: FR;">II subsiste.</span></p> <p class="MsoNoSpacing" style="margin: 0cm 0cm 0pt;"><span style="font-family: "Arial","sans-serif"; font-size: 10pt; mso-ansi-language: FR;"><br /> SOCRATE</span></p> <p class="MsoNoSpacing" style="margin: 0cm 0cm 0pt;"><span style="font-family: "Arial","sans-serif"; font-size: 10pt; mso-ansi-language: FR;">Et celui‑ci, que bien vivre, c'est vivre selon les lois de l'honnêteté et de la justice, subsiste-t‑il aussi ?</span></p> <p class="MsoNoSpacing" style="margin: 0cm 0cm 0pt;"><span style="font-family: "Arial","sans-serif"; font-size: 10pt; mso-ansi-language: FR;"><br /> CRITON</span></p> <p class="MsoNoSpacing" style="margin: 0cm 0cm 0pt;"><span style="font-family: "Arial","sans-serif"; font-size: 10pt; mso-ansi-language: FR;">Sans doute.</span></p> <p class="MsoNoSpacing" style="margin: 0cm 0cm 0pt;"><span style="font-family: "Arial","sans-serif"; font-size: 10pt; mso-ansi-language: FR;"><br /> SOCRATE</span></p> <p class="MsoNoSpacing" style="text-align: justify; margin: 0cm 0cm 0pt;"><span style="font-family: "Arial","sans-serif"; font-size: 10pt; mso-ansi-language: FR;">D'après ces principes, dont nous convenons tous deux, il faut examiner s'il est juste ou non d'essayer de sortir d'ici sans l'aveu des Athéniens : si ce projet nous paraît juste, tentons‑le ; sinon, il y faut renoncer ; car pour toutes ces considérations que tu m’allègues, d'argent, de réputation, de famille, prends garde que ce soient là des considérations de ce peuple qui vous tue sans difficulté, et ensuite, s'il le pouvait, vous rappellerait à la vie avec aussi peu de raison. Songe que, selon les principes que nous avons établis, tout ce que nous avons à examiner, c'est, comme nous venons de le dire, si, en donnant de l'argent à ceux qui me tireront d'ici, et en contractant envers eux des obligations, nous nous conduirons suivant la justice, ou si, eux et nous, nous agirons injustement ; et qu'alors, si nous trouvons que la justice s'oppose à notre démarche, il n'y a plus à raisonner, il faut rester ici, mourir, souffrir tout, plutôt que de commettre une injustice.</span></p> <p class="MsoNoSpacing" style="margin: 0cm 0cm 0pt;"><span style="font-family: "Arial","sans-serif"; font-size: 10pt; mso-ansi-language: FR;"><br /> CRITON</span></p> <p class="MsoNoSpacing" style="margin: 0cm 0cm 0pt;"><span style="font-family: "Arial","sans-serif"; font-size: 10pt; mso-ansi-language: FR;">On ne peut mieux dire, Socrate ; voyons ce que nous avons à faire.</span></p> <p class="MsoNoSpacing" style="margin: 0cm 0cm 0pt;"><span style="font-family: "Arial","sans-serif"; font-size: 10pt; mso-ansi-language: FR;"><br /> SOCRATE</span></p> <p class="MsoNoSpacing" style="margin: 0cm 0cm 0pt;"><span style="font-family: "Arial","sans-serif"; font-size: 10pt; mso-ansi-language: FR;">Examinons‑le ensemble, mon ami ; et si tu as quelque chose à objecter lorsque je parlerai, fais‑le : je suis prêt à me rendre à tes raisons ; sinon, cesse enfin, je te prie, de me presser de sortir d'ici malgré les Athéniens ; car je serai ravi que tu me persuades de le faire, mais je n'entends pas y être forcé. Vois donc si tu seras satisfait de la manière dont je vais commencer cet examen, et ne me réponds que d'après ta conviction la plus intime.</span></p> <p class="MsoNoSpacing" style="margin: 0cm 0cm 0pt;"><span style="font-family: "Arial","sans-serif"; font-size: 10pt; mso-ansi-language: FR;"><br /> CRITON</span></p> <p class="MsoNoSpacing" style="margin: 0cm 0cm 0pt;"><span style="font-family: "Arial","sans-serif"; font-size: 10pt; mso-ansi-language: FR;">Je le ferai.</span></p> <p class="MsoNoSpacing" style="margin: 0cm 0cm 0pt;"><span style="font-family: "Arial","sans-serif"; font-size: 10pt; mso-ansi-language: FR;"><br /> SOCRATE</span></p> <p class="MsoNoSpacing" style="text-align: justify; margin: 0cm 0cm 0pt;"><span style="font-family: "Arial","sans-serif"; font-size: 10pt; mso-ansi-language: FR;">Admettons‑nous qu'il ne faut jamais commettre volontairement une injustice ? Ou l'injustice est-elle bonne dans certains cas, et mauvaise dans d'autres ? ou n'est‑elle légitime dans aucune circonstance, comme nous en sommes convenus autrefois, et il n'y a pas longtemps encore ? Et cet heureux accord de nos âmes, quelques jours ont‑ils donc suffi pour le détruire ? Et se pourrait‑il, Criton, qu'à notre âge, nos plus sérieux entretiens n'eussent été, à notre insu, que des jeux d'enfants ? Ou plutôt n'est‑il pas vrai comme nous le disions alors, que, soit que la foule en convienne ou non, qu'un sort plus rigoureux ou plus doux nous attende, cependant l'injustice en elle-même est toujours un mal ? Admettons‑nous ce principe, ou faut‑il le rejeter ?</span></p> <p class="MsoNoSpacing" style="margin: 0cm 0cm 0pt;"><span style="font-family: "Arial","sans-serif"; font-size: 10pt; mso-ansi-language: FR;"><br /> CRITON</span></p> <p class="MsoNoSpacing" style="margin: 0cm 0cm 0pt;"><span style="font-family: "Arial","sans-serif"; font-size: 10pt; mso-ansi-language: FR;">Nous l'admettons.</span></p> <p class="MsoNoSpacing" style="margin: 0cm 0cm 0pt;"><span style="font-family: "Arial","sans-serif"; font-size: 10pt; mso-ansi-language: FR;"><br /> SOCRATE</span></p> <p class="MsoNoSpacing" style="margin: 0cm 0cm 0pt;"><span style="font-family: "Arial","sans-serif"; font-size: 10pt; mso-ansi-language: FR;">C’est donc un devoir absolu de n’être jamais injuste ?</span></p> <p class="MsoNoSpacing" style="margin: 0cm 0cm 0pt;"><span style="font-family: "Arial","sans-serif"; font-size: 10pt; mso-ansi-language: FR;"><br /> CRITON</span></p> <p class="MsoNoSpacing" style="margin: 0cm 0cm 0pt;"><span style="font-family: "Arial","sans-serif"; font-size: 10pt; mso-ansi-language: FR;">Sans doute.</span></p> <p class="MsoNoSpacing" style="margin: 0cm 0cm 0pt;"><span style="font-family: "Arial","sans-serif"; font-size: 10pt; mso-ansi-language: FR;"><br /> SOCRATE</span></p> <p class="MsoNoSpacing" style="margin: 0cm 0cm 0pt;"><span style="font-family: "Arial","sans-serif"; font-size: 10pt; mso-ansi-language: FR;">Si c'est un devoir absolu de n'être jamais injuste, c'est donc aussi un devoir de ne l'être jamais même envers celui qui l'a été à notre égard, quoi qu'en dise le vulgaire ?</span></p> <p class="MsoNoSpacing" style="margin: 0cm 0cm 0pt;"><span style="font-family: "Arial","sans-serif"; font-size: 10pt; mso-ansi-language: FR;"><br /> CRITON</span></p> <p class="MsoNoSpacing" style="margin: 0cm 0cm 0pt;"><span style="font-family: "Arial","sans-serif"; font-size: 10pt; mso-ansi-language: FR;">C'est bien mon avis.</span></p> <p class="MsoNoSpacing" style="margin: 0cm 0cm 0pt;"><span style="font-family: "Arial","sans-serif"; font-size: 10pt; mso-ansi-language: FR;"><br /> SOCRATE</span></p> <p class="MsoNoSpacing" style="margin: 0cm 0cm 0pt;"><span style="font-family: "Arial","sans-serif"; font-size: 10pt; mso-ansi-language: FR;">Mais quoi ! est‑il permis de faire du mal à quelqu’un, ou ne l'est‑il pas ?</span></p> <p class="MsoNoSpacing" style="margin: 0cm 0cm 0pt;"><span style="font-family: "Arial","sans-serif"; font-size: 10pt; mso-ansi-language: FR;"><br /> CRITON</span></p> <p class="MsoNoSpacing" style="margin: 0cm 0cm 0pt;"><span style="font-family: "Arial","sans-serif"; font-size: 10pt; mso-ansi-language: FR;">Non, assurément, Socrate.</span></p> <p class="MsoNoSpacing" style="margin: 0cm 0cm 0pt;"><span style="font-family: "Arial","sans-serif"; font-size: 10pt; mso-ansi-language: FR;"><br /> SOCRATE</span></p> <p class="MsoNoSpacing" style="margin: 0cm 0cm 0pt;"><span style="font-family: "Arial","sans-serif"; font-size: 10pt; mso-ansi-language: FR;">Mais, enfin, rendre le mal pour le mal, est‑il juste comme le veut le peuple, ou injuste ?</span></p> <p class="MsoNoSpacing" style="margin: 0cm 0cm 0pt;"><span style="font-family: "Arial","sans-serif"; font-size: 10pt; mso-ansi-language: FR;"><br /> CRITON</span></p> <p class="MsoNoSpacing" style="margin: 0cm 0cm 0pt;"><span style="font-family: "Arial","sans-serif"; font-size: 10pt; mso-ansi-language: FR;">Tout à fait injuste.</span></p> <p class="MsoNoSpacing" style="margin: 0cm 0cm 0pt;"><span style="font-family: "Arial","sans-serif"; font-size: 10pt; mso-ansi-language: FR;"><br /> SOCRATE</span></p> <p class="MsoNoSpacing" style="margin: 0cm 0cm 0pt;"><span style="font-family: "Arial","sans-serif"; font-size: 10pt; mso-ansi-language: FR;">Car faire du mal, ou être injuste, c'est la même chose.</span></p> <p class="MsoNoSpacing" style="margin: 0cm 0cm 0pt;"><span style="font-family: "Arial","sans-serif"; font-size: 10pt; mso-ansi-language: FR;"><br /> CRITON</span></p> <p class="MsoNoSpacing" style="margin: 0cm 0cm 0pt;"><span style="font-family: "Arial","sans-serif"; font-size: 10pt; mso-ansi-language: FR;">Sans doute.</span></p> <p class="MsoNoSpacing" style="margin: 0cm 0cm 0pt;"><span style="font-family: "Arial","sans-serif"; font-size: 10pt; mso-ansi-language: FR;"><br /> SOCRATE</span></p> <p class="MsoNoSpacing" style="text-align: justify; margin: 0cm 0cm 0pt;"><span style="font-family: "Arial","sans-serif"; font-size: 10pt; mso-ansi-language: FR;">Ainsi donc c'est une obligation sacrée de ne jamais rendre injustice pour injustice, ni mal pour mal. Mais prends garde, Criton, qu'en m'accordant ce principe, tu ne te fasses illusion sur ta véritable opinion ; car je, sais qu'il y a très peu de personnes qui l'admettent, et il y en aura toujours très peu. Or, aussitôt qu'on est divisé sur ce point, il est impossible de s'entendre sur le reste, et la différence des sentiments conduit nécessairement à un mépris réciproque. Réfléchis donc bien, et vois si tu es réellement d'accord avec moi, et si nous pouvons discuter en partant de ce principe, que dans aucune circonstance, il n'est jamais permis d'être injuste, ni de rendre injustice pour injustice, et mal pour mal ; ou, si tu penses autrement, romps d'abord la discussion dans son principe. Pour moi, je pense encore aujourd'hui comme autrefois. Si tu as changé, dis‑le, et apprends‑moi tes motifs ; mais si tu restes fidèle à tes premiers sentiments, écoute ce qui suit.</span></p> <p class="MsoNoSpacing" style="margin: 0cm 0cm 0pt;"><span style="font-family: "Arial","sans-serif"; font-size: 10pt; mso-ansi-language: FR;"><br /> CRITON</span></p> <p class="MsoNoSpacing" style="margin: 0cm 0cm 0pt;"><span style="font-family: "Arial","sans-serif"; font-size: 10pt; mso-ansi-language: FR;">Je persiste, Socrate, et pense toujours comme toi. Ainsi parle.</span></p> <p class="MsoNoSpacing" style="margin: 0cm 0cm 0pt;"><span style="font-family: "Arial","sans-serif"; font-size: 10pt; mso-ansi-language: FR;"><br /> SOCRATE</span></p> <p class="MsoNoSpacing" style="margin: 0cm 0cm 0pt;"><span style="font-family: "Arial","sans-serif"; font-size: 10pt; mso-ansi-language: FR;">Je poursuis, ou plutôt je te demande : Un homme qui a promis une chose juste doit‑il la tenir, ou y manquer ?</span></p> <p class="MsoNoSpacing" style="margin: 0cm 0cm 0pt;"><span style="font-family: "Arial","sans-serif"; font-size: 10pt; mso-ansi-language: FR;"><br /> CRITON</span></p> <p class="MsoNoSpacing" style="margin: 0cm 0cm 0pt;"><span style="font-family: "Arial","sans-serif"; font-size: 10pt; mso-ansi-language: FR;">Il doit la tenir.</span></p> <p class="MsoNoSpacing" style="margin: 0cm 0cm 0pt;"><span style="font-family: "Arial","sans-serif"; font-size: 10pt; mso-ansi-language: FR;"><br /> SOCRATE</span></p> <p class="MsoNoSpacing" style="text-align: justify; margin: 0cm 0cm 0pt;"><span style="font-family: "Arial","sans-serif"; font-size: 10pt; mso-ansi-language: FR;">Cela posé, examine maintenant cette question : En sortant d'ici sans le consentement des Athéniens, ne ferons‑nous point de mal à quelqu'un, et à ceux-là précisément qui le méritent le moins ? Tiendrons‑nous la promesse que nous avons faite, la croyant juste, ou y manquerons‑nous ?</span></p> <p class="MsoNoSpacing" style="margin: 0cm 0cm 0pt;"><span style="font-family: "Arial","sans-serif"; font-size: 10pt; mso-ansi-language: FR;"><br /> CRITON</span></p> <p class="MsoNoSpacing" style="margin: 0cm 0cm 0pt;"><span style="font-family: "Arial","sans-serif"; font-size: 10pt; mso-ansi-language: FR;">Je ne saurais répondre à cette question, Socrate<b style="mso-bidi-font-weight: normal;"> ; car je ne l'entends point.</b></span></p> <p class="MsoNoSpacing" style="margin: 0cm 0cm 0pt;"><span style="font-family: "Arial","sans-serif"; font-size: 10pt; mso-ansi-language: FR;"><br /> SOCRATE</span></p> <p class="MsoNoSpacing" style="text-align: justify; margin: 0cm 0cm 0pt;"><span style="font-family: "Arial","sans-serif"; font-size: 10pt; mso-ansi-language: FR;">Voyons <b style="mso-bidi-font-weight: normal;">si de cette façon</b> tu l'entendras mieux. Au moment de nous enfuir, ou comme il te plaira d’appeler notre sortie, si <span style="text-decoration: underline;">les Lois et la République elle-même venaient se présenter devant nous et nous disaient</span> : « Socrate, que vas‑tu faire ? L’action que tu prépares ne tend‑elle pas à renverser, autant qu'il est en toi, et nous et l'état tout entier ? <b style="mso-bidi-font-weight: normal;">Car, quel état peut subsister, où les jugements rendus n'ont aucune force, et sont foulés aux pieds par les particuliers</b> ? » <span style="text-decoration: underline;">Que pourrions‑nous répondre</span>, Criton, à ce reproche et à beaucoup d'autres semblables qu’on pourrait nous faire ? Car que n’aurait‑on pas à dire, et surtout un orateur, sur cette infraction à la loi, qui ordonne que les jugements rendus seront exécutés ? Répondrons‑nous que 1a République nous a fait injustice, et qu'elle n'a pas bien jugé ? Est‑ce là ce que nous répondrons ?</span></p> <p class="MsoNoSpacing" style="margin: 0cm 0cm 0pt;"><span style="font-family: "Arial","sans-serif"; font-size: 10pt; mso-ansi-language: FR;"><br /> CRITON</span></p> <p class="MsoNoSpacing" style="margin: 0cm 0cm 0pt;"><span style="font-family: "Arial","sans-serif"; font-size: 10pt; mso-ansi-language: FR;">Oui, sans doute, Socrate, nous le dirons.</span></p> <p class="MsoNoSpacing" style="margin: 0cm 0cm 0pt;"><span style="font-family: "Arial","sans-serif"; font-size: 10pt; mso-ansi-language: FR;"><br /> SOCRATE</span></p> <p class="MsoNoSpacing" style="text-align: justify; margin: 0cm 0cm 0pt;"><span style="text-decoration: underline;"><span style="font-family: "Arial","sans-serif"; font-size: 10pt; mso-ansi-language: FR;">Et les lois que diront-elles</span></span><span style="font-family: "Arial","sans-serif"; font-size: 10pt; mso-ansi-language: FR;"> ? « Socrate, est‑ce de cela que nous sommes convenus ensemble, ou de te soumettre aux jugements rendus par la république ? » Et si nous paraissions surpris de ce langage, elles nous diraient peut-être : « Ne t'étonne pas, Socrate ; mais répond-nous puisque tu as coutume de procéder par questions et par réponses. Dis; quel sujet de plaintes as-tu donc contre nous et la République, pour entreprendre de nous détruire ? N'est‑ce pas nous à qui d'abord tu dois la vie ? N'est‑ce pas sous nos auspices que ton père prit pour compagne celle qui t'a donné le jour ? Parle ; sont‑ce les lois relatives aux mariages qui te paraissent mauvaises ? — Non pas, dirais‑je. — Ou celles qui président à l'éducation, et suivant lesquelles tu as été élevé toi-même ? Ont‑elles mal fait de prescrire à ton père de t'instruire dans les exercices de l'esprit et dans ceux du corps ? — Elles ont très bien fait. — Eh bien ! si tu nous doit la naissance et l’éducation, peux-tu nier que tu sois notre enfant et notre serviteur, toi et ceux dont tu descends ? Et s’il en est ainsi, crois-tu avoir des droits égaux aux nôtres, et qu'il te soit permis de nous rendre tout ce que nous pourrions te faire souffrir ? Eh quoi ! à l'égard d'un père, où d'un maître si tu en avais un, tu n’aurais pas le droit de lui faire ce qu'il te ferait ; de lui tenir des discours offensants, s'il t'injuriait ; de le frapper, s'il te frappait, ni rien de semblable ; et tu aurais ce droit envers les lois et la patrie ! Et si nous avions prononcé ta mort, croyant qu'elle est juste, tu entreprendrais de nous détruire ! Et, en agissant ainsi, tu croiras bien faire, <b style="mso-bidi-font-weight: normal;"><i style="mso-bidi-font-style: normal;">toi qui as réellement consacré ta vie à l'étude de la vertu</i></b> ! Ou ta sagesse va‑t‑elle jusqu'à ne pas savoir que la patrie a plus droit à nos respects et à nos hommages, qu'elle est et plus auguste et plus sainte devant les dieux et les hommes sages, qu'un père, qu'une mère et tous les aïeux ; qu'il faut respecter la patrie dans sa colère, avoir pour elle plus de soumission et d'égards que pour un père, la ramener par la persuasion : Ou obéir à ses ordres, souffrir, sans murmurer, tout ce qu'elle commande de souffrir ! fût‑ce d'être battu, ou chargé de chaînes ; que, si elle nous envoie à la guerre pour y être blessés ou tués, il faut y aller ; que le devoir est là ; et qu'il n'est permis ni de reculer, ni de lâcher pied, ni de quitter son poste ; que, sur le champ de bataille, et devant le tribunal, et partout, il faut faire ce que veut la république, ou employer auprès d'elle les moyens de persuasion que la loi accorde ; qu'enfin si c'est une impiété de faire violence à un père et à une mère c’en est une bien plus grande de faire violence à la patrie ? » Que répondrons‑nous à cela, Criton ? Reconnaîtrons‑nous que les Lois disent la vérité ?</span></p> <p class="MsoNoSpacing" style="margin: 0cm 0cm 0pt;"><span style="font-family: "Arial","sans-serif"; font-size: 10pt; mso-ansi-language: FR;"><br /> CRITON</span></p> <p class="MsoNoSpacing" style="margin: 0cm 0cm 0pt;"><span style="font-family: "Arial","sans-serif"; font-size: 10pt; mso-ansi-language: FR;">Le moyen de s'en empêcher ?</span></p> <p class="MsoNoSpacing" style="margin: 0cm 0cm 0pt;"><span style="font-family: "Arial","sans-serif"; font-size: 10pt; mso-ansi-language: FR;"><br /> SOCRATE</span></p> <p class="MsoNoSpacing" style="text-align: justify; margin: 0cm 0cm 0pt;"><span style="font-family: "Arial","sans-serif"; font-size: 10pt; mso-ansi-language: FR;">« Conviens donc, Socrate, continueraient‑elles peut-être, <b style="mso-bidi-font-weight: normal;"><i style="mso-bidi-font-style: normal;">que si nous disons la vérité, ce que tu entreprends contre nous est injuste,</i></b> que nous t’avons fait naître, nous t’avons nourri et élevé ; nous t'avons fait, comme aux autres citoyens, tout le bien dont nous avons été capables ; et cependant, après tout cela, nous ne laissons pas de publier que tout Athénien, après nous avoir bien examinées et reconnu comment on est dans cette cité, peut, s’il n'est pas content, se retirer où il lui plaît, avec tout son bien : et si quelqu’un, ne pouvant s'accoutumer à nos manières, veut aller habiter ailleurs, ou dans une de nos colonies, ou même dans un pays étranger, il n'y a pas une de nous qui s'y oppose ; il peut aller s’établir où bon lui semble, et emporter avec lui sa fortune. Mais si quelqu'un demeure, après avoir vu comment nous administrions la justice, et comment nous gouvernons en général, dès‑là nous disons qu'il s'est de fait engagé à nous obéir ; et s'il y manque, nous soutenons qu'il est injuste de trois manières : il nous désobéit, à nous qui lui avons donné la vie ; il nous désobéit, à nous qui sommes en quelque sorte ses nourrices ; enfin, il trahit la foi donnée, et se soustrait violemment à notre autorité, au lieu de la désarmer par la persuasion ; et quand nous nous bornons à proposer, au lieu de commander tyranniquement, quand nous allons jusqu’à laisser le choix ou d'obéir ou de nous convaincre d’injustice, lui, il ne fait ni l'un ni l’autre. Voilà, Socrate, les accusations auxquelles tu t’exposes, si tu accomplis le projet que tu médites et encore seras‑tu plus coupable que tout autre citoyen. » Et si, je leur demandais pour quelles raison, peut-être me fermeraient‑elles la bouche, en me rappelant que je me suis soumis plus que tout autre à ces conditions que je veux rompre aujourd’hui ; « et nous avons, me diraient‑elles, de grandes marques que nous et la République nous étions selon ton cœur, car tu ne serais pas resté dans cette Ville plus que tous les autres Athéniens, si elle ne t'avait été plus agréable qu'à eux tous. Jamais aucune des solennités de la Grèce n’a pu te faire quitter Athènes, si ce n’est une seule fois que tu es allé à l’Isthme de Corinthe ; tu m'es sorti d’ici que pour aller à la guerre ; tu n'as jamais entrepris aucun voyage, comme c'est la coutume de tous les hommes ; tu n'as jamais eu la curiosité de voir une autre ville, de connaître d’autres lois ; mais nous t’avons toujours suffi, nous et notre gouvernement. Telle a été ta prédilection pour nous, tu consentirais si bien à vivre selon nos maximes, que même tu as eu des enfants dans cette ville, témoignage assuré qu'elle te plaisait. Enfin, pendant ton procès il ne tenait qu'à toi de te condamner à l'exil et de faire alors, de notre aveu, ce que tu entreprends aujourd'hui malgré nous. Mais tu affectais de voir la mort avec indifférence, tu disais la préférer à 1’exil ; et maintenant, sans égard pour ces belles paroles, sans respect pour nous, pour ces Lois, dont tu médites la ruine, tu vas faire ce que ferait le plus vil esclave, en tâchant de t’enfuir, au mépris des conventions et de l’engagemnt sacré qui te soumet à notre empire.</span></p> <p class="MsoNoSpacing" style="text-align: justify; margin: 0cm 0cm 0pt;"><span style="font-family: "Arial","sans-serif"; font-size: 10pt; mso-ansi-language: FR;">Réponds donc d’abord sur ce point : disons-nous la vérité, lorsque nous soutenons que tu t’es engagé, non en paroles, mais en effet, à reconnaître nos décisions ? Cela est‑il vrai, ou non ?» Que répondre, Criton, et comment faire pour ne pas en convenir ?</span></p> <p class="MsoNoSpacing" style="margin: 0cm 0cm 0pt;"><span style="font-family: "Arial","sans-serif"; font-size: 10pt; mso-ansi-language: FR;"><br /> CRITON</span></p> <p class="MsoNoSpacing" style="margin: 0cm 0cm 0pt;"><span style="font-family: "Arial","sans-serif"; font-size: 10pt; mso-ansi-language: FR;">Il le faut bien, Socrate</span></p> <p class="MsoNoSpacing" style="margin: 0cm 0cm 0pt;"><span style="font-family: "Arial","sans-serif"; font-size: 10pt; mso-ansi-language: FR;"><br /> SOCRATE</span></p> <p class="MsoNoSpacing" style="text-align: justify; margin: 0cm 0cm 0pt;"><span style="font-family: "Arial","sans-serif"; font-size: 10pt; mso-ansi-language: FR;">« Et que fais‑tu donc, continueraient‑elles, que de violer le traité qui te lie à nous, et de fouler aux pieds tes engagements? et pourtant tu ne les as contractés ni par force, ni par surprise, ni sans avoir eu le temps d'y penser; mais voilà bien soixante-dix années pendant lesquelles il t’était permis de te retirer, si tu n'étais pas satisfait de nous, et si les conditions du traité ne te paraissaient pas justes. Tu n'as préféré ni Lacédémone, ni la Crète, dont tous jours tu vantes le gouvernement, ni aucune autre ville grecque ou étrangère; tu es même beaucoup moins sorti d'Athènes que les boiteux, les aveugles, et les autres estropiés; tant il est vrai que tu as plus aimé que tout autre Athénien, et cette ville, et nous aussi apparemment, car qui pourrait aimer une ville sans lois? Et aujourd'hui, tu serais infidèle à tes engagements!</span></p> <p class="MsoNoSpacing" style="text-align: justify; margin: 0cm 0cm 0pt;"><span style="font-family: "Arial","sans-serif"; font-size: 10pt; mso-ansi-language: FR;">Non, si du moins tu nous en crois, et tu ne t'exposeras pas à la dérision en abandonnant ta patrie; car, vois un peu, nous te prions, si tu violes tes engagements et commets une faute pareille, quel bien il t'en reviendra à toi et à tes amis. Pour tes amis, il est à peu près évident qu'ils seront exposés au danger, ou d'être bannis et privés du droit de cité, ou de perdre leur fortune; et pour toi, si tu te retires dans quelque ville voisine, à Thèbes ou à Mégare comme elles sont bien policées, tu y seras comme un ennemi, et tout bon citoyen t'y aidera d'un oeil de défiance, te prenant pour un corrupteur des lois. Ainsi tu accréditeras toi-même l'opinion que tu as été justement condamné; car tout corrupteur des lois passera aisément pour corrupteur des jeunes gens et des faibles. Eviteras‑tu ces villes bien policées, et la société des hommes de bien? Mais alors est‑ce la peine de vivre? ou si tu les approches, que leur diras-tu, Socrate ? Auras‑tu le front de leur répéter ce que tu disais ici, qu'il ne doit rien y avoir pour l'homme au‑dessus de la vertu, de la justice, des lois et de leurs décisions? Mais peux‑tu espérer qu'alors le rôle de Socrate ne paraisse pas honteux? Non; tu ne peux l’espérer. Mais tu t’éloigneras de ces villes bien policées, et tu iras en Thessalie, chez les amis de Criton; car c'est le pays du désordre et de la licence, et peut‑être y prendra-t‑on un singulier plaisir à t'entendre raconter la manière plaisante dont tu t'es échappé de cette prison, enveloppé d'un manteau, ou couvert d'une peau de bête, ou déguisé d'une manière ou d'une autre, comme font tous les fugitifs, et tout à fait méconnaissable. Mais personne ne s'avisera‑t‑il de remarquer qu'à ton âge, ayant peu de temps à vivre selon toute apparence, il faut que tu aies bien aimé la vie pour y sacrifier les
Solko
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Qui a tué Roger Ackroyd
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2009-07-09T08:23:00+02:00
2009-07-09T08:23:00+02:00
L’intérêt de cette étude, par rapport au thème du détour, est d’illustrer...
<p class="MsoNoSpacing" style="text-align: justify; margin: 0cm 0cm 0pt;"><span style="font-family: Calibri; font-size: small;">L’intérêt de cette étude, par rapport au thème du détour, est d’illustrer avec humour et efficacité les deux derniers aspects du programme sur le détour, le détour par le raisonnement & le détour par le discours.</span></p> <p class="MsoNoSpacing" style="text-align: justify; margin: 0cm 0cm 0pt;"><span style="font-size: small;"><span style="font-family: Calibri;">En analysant le roman d’<b style="mso-bidi-font-weight: normal;">Agatha Christie</b>, <b style="mso-bidi-font-weight: normal;"><span style="color: #ff0000;">Pierre Bayard</span></b> démontre à quel point toute enquête policière repose sur des détours de raisonnement <span style="color: black;">par essais et corrections, associations, analogies, tâtonnements, explorations, laissant place à l’errance et à l’erreur.</span></span></span></p> <p class="MsoNormal" style="text-align: justify; margin: 0cm 0cm 10pt;"><span style="color: black;"><span style="font-size: small;"><span style="font-family: Calibri;">En le ré-écrivant à sa façon, il témoigne de la façon dont on peut facilement détourner par des <span style="mso-spacerun: yes;"> </span><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>déplacements de points de vue, par des digressions et des enrichissements de la réflexion, le cours d’une intrigue romanesque.</span></span></span></p> <p class="MsoNoSpacing" style="text-align: justify; margin: 0cm 0cm 0pt;"><span style="font-size: small;"><span style="font-family: Calibri;">Dans son livre paru en 1998, Pierre Bayard choisit de détourner le procédé qui a fait le succès d’Agatha Christie dans <i style="mso-bidi-font-style: normal;">Le Meurtre de Roger ACKROYD</i> : faire du narrateur l’assassin.<span style="mso-spacerun: yes;"> </span></span></span></p> <p class="MsoNoSpacing" style="text-align: justify; margin: 0cm 0cm 0pt;"><span style="font-family: Calibri; font-size: small;">Pour cela, il s’appuie sur une lecture critique du roman initial, en dégageant tout d’abord plusieurs arguments simples ainsi que plusieurs procédés de composition</span></p> <p class="MsoNoSpacing" style="text-align: justify; margin: 0cm 0cm 0pt;"><span style="font-size: small;"><span style="font-family: Calibri;"><b style="mso-bidi-font-weight: normal;">Le principe de dissimulation</b> (p39): par quels détours cacher au lecteur une vérité accessible ? En déguisant la victime, par exemple, en enquêteur ou en absent.</span></span></p> <p class="MsoNoSpacing" style="text-align: justify; margin: 0cm 0cm 0pt;"><span style="font-size: small;"><span style="font-family: Calibri;"><b style="mso-bidi-font-weight: normal;">Le</b> <b style="mso-bidi-font-weight: normal;">principe de détournement</b><span style="mso-spacerun: yes;"> </span> (p 44) : de suspects, d’indices, d’intrigues</span></span></p> <p class="MsoNoSpacing" style="text-align: justify; margin: 0cm 0cm 0pt;"><span style="font-size: small;"><span style="font-family: Calibri;"><b style="mso-bidi-font-weight: normal;">Le principe d’exhibition</b> (p 48) : Nec plus ultra du détour, la dissimulation du coupable passe par une sorte d’exhibition.</span></span></p> <p class="MsoNoSpacing" style="text-align: justify; margin: 0cm 0cm 0pt;"><span style="font-family: Calibri; font-size: small;">Le roman initial, celui de Christie utilise le principe de <i style="mso-bidi-font-style: normal;">dissimulation</i> (Sheppard est un personnage<span style="mso-spacerun: yes;"> </span> agréable, un notable et un médecin -p 53). Il le mêle à un principe de détournement de l’attention vers d’autres suspects (Ralph Paton, par exemple) et a un principe d’exhibition, puisque l’assassin étant le narrateur, il ne vient pas à priori à l’esprit du lecteur de le soupçonner : Comme le dit Barthes, « on cherche l’assassin derrière le <i style="mso-bidi-font-style: normal;">il</i> alors qu’il est derrière le <i style="mso-bidi-font-style: normal;">je. »</i> <span style="mso-spacerun: yes;"> </span>Depuis Balzac, en effet, <span style="mso-spacerun: yes;"> </span>le narrateur omniscient bénéficie d’une présomption d’innocence que le lecteur lui accorde.</span></p> <p class="MsoNoSpacing" style="text-align: justify; margin: 0cm 0cm 0pt;"><span style="font-family: Calibri; font-size: small;">Si l’enjeu du roman policier est bien d’établir la vérité d’une action, le paradoxe est que cette enquête se déroule dans un univers fictif, inventé de toutes pièces par un narrateur qui peut détourner à loisir l’attention de son lecteur très loin ou très près de cette vérité, dont le dévoilement constitue l’enjeu de la lecture. « Il n’existe pas de lieu littéraire d’où la vérité puise être dite, parce que toute vérité est produite par un sujet » (p 158)</span></p> <p class="MsoNoSpacing" style="text-align: justify; margin: 0cm 0cm 0pt;"><span style="font-family: Calibri; font-size: small;">Un autre principe pour élaborer l’intrigue policière est l<b style="mso-bidi-font-weight: normal;">e mensonge par omission<span style="mso-spacerun: yes;"> </span></b> (ellipses – p 59, ellipse de meurtre lui-même). En taisant une partie de la vérité à son lecteur, le docteur Sheppard devient lui-même un menteur : Dès lors Bayard avance l’idée que son récit - contre toute attente et forme de lecture naïve - <span style="mso-spacerun: yes;"> </span>peut-être considéré comme suspect :<span style="mso-spacerun: yes;"> </span> Si l’on entre dans la logique du roman de Christie, comment, en effet, accorder sa confiance à un narrateur qui n’est en fait qu’un assassin ? <span style="mso-spacerun: yes;"> </span>Il faudrait être bien naïf<span style="mso-spacerun: yes;"> </span> (ce que, souligne Bayard, nous nous plaisons à être dès que nous lisons) ! <span style="mso-spacerun: yes;"> </span><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>L’enjeu de la lecture de Bayard sera donc de rétablir cette vérité en s’appuyant sur des données objectives, celles de l’analyse littéraire et celle de la psychanalyse.</span></p> <p class="MsoNoSpacing" style="text-align: justify; margin: 0cm 0cm 0pt;"><span style="font-size: small;"><span style="font-family: Calibri;"><b style="mso-bidi-font-weight: normal;">La première étape de sa démonstration</b> est d’étudier la pathologie de Poirot, pour<span style="mso-spacerun: yes;"> </span> mettre en lumière son caractère fortement délirant et ainsi discréditer sa thèse : pour résoudre ces énigmes, Poirot établit des théories. Or il y a une <i style="mso-bidi-font-style: normal;">fausse cohérence</i> de la théorie, qui ressemble à la névrose, telle que Freud la définit : Hercule Poirot souffrirait d’un délire paranoïaque dans son interprétation théorique. Et Bayard va démontrer que <span style="text-decoration: underline;">la limite n’est pas nette entre délire et théorie</span> <span style="mso-spacerun: yes;"> </span>(129). Cela revient à poser la place du sujet dans l’élaboration de la théorie (130). La théorie pourrait donc n’être qu’une forme de délire organisée.</span></span></p> <p class="MsoNoSpacing" style="text-align: justify; margin: 0cm 0cm 0pt;"><span style="font-size: small;"><span style="font-family: Calibri;"><b style="mso-bidi-font-weight: normal;">La seconde</b> est de montrer que l’auteure elle-même a construit à son image un personnage plus discret, la sœur du docteur, Caroline Sheppard. Et qu’en tant que représentante de l’auteure, elle est, bien mieux que Sheppard (qui n’est que le narrateur), susceptible d’endosser les pulsions de meurtre de cette dernière.</span></span></p> <p class="MsoNoSpacing" style="text-align: justify; margin: 0cm 0cm 0pt;"><span style="font-family: Calibri; font-size: small;">La conclusion sera d’affirmer que le véritable assassin n’est pas le narrateur, mais la projection dans le récit de l’auteure elle-même, « sa représentation naturelle » ( 182). <span style="mso-spacerun: yes;"> </span>En entrant dans le délire interprétatif de Poirot, le docteur Sheppard a donc protégé sa sœur, sous la domination de qui il a toujours vécu.</span></p> <p class="MsoNoSpacing" style="text-align: justify; margin: 0cm 0cm 0pt;"><span style="font-family: Calibri; font-size: small;">Ainsi le sens final de l’œuvre se trouve magistralement détourné : Bayard suggère en filigrane un autre « meurtre »<span style="mso-spacerun: yes;"> </span> celui du docteur Sheppard, « victime du délire meurtrier de Poirot » écrit-il à la fin.</span></p> <div style="text-align: center"><img src="http://sigismond.hautetfort.com/media/02/01/1161909521.jpg" alt="agatha christie.jpg" id="media-1871796" style="border-width: 0; margin: 0.7em 0;" /></div> <div style="text-align: center;"><span style="color: #ff0000;">agatha christie</span></div> <div style="text-align: center"></div> <div style="text-align: center"></div>
Solko
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Le sujet 2009
tag:sigismond.hautetfort.com,2009-07-06:2283170
2009-07-06T12:05:00+02:00
2009-07-06T12:05:00+02:00
PREMIERE PARTIE : SYNTHESE (/40 POINTS) Vous rédigerez une...
<p><span style="font-family: Arial; font-size: x-small;"> </span><span style="font-size: x-small;"><span style="font-family: Arial;"><strong>PREMIERE PARTIE : SYNTHESE (/40 POINTS)<br /> Vous rédigerez une synthèse concise, objective et ordonnée des documents suivants :<br /> Document 1 : Georges Balandier,</strong> <em><strong>Le Détour - Pouvoir et modernité</strong></em></span></span> <span style="font-size: x-small;"><span style="font-family: Arial;"><strong>(1985)<br /> Document 2 : Denis Boisseau, "Ne vaut pas le voyage", Revue La Licorne (2000)<br /> Document 3 : La Fontaine, « Le Renard et le Bouc »,</strong> <em><strong>Fables</strong></em></span></span> <span style="font-size: x-small;"><span style="font-family: Arial;"><strong>(1668-1694)<br /> Document 4 : Jacques Attali,</strong> <em><strong>Chemins de Sagesse - Traité du Labyrinthe</strong></em> <strong>(1996).</strong></span></span></p> <p align="justify"><span class="style10"><strong><span style="font-family: Arial; font-size: x-small;"> </span></strong></span> <span style="font-family: Arial; font-size: x-small;"><strong>DEUXIEME PARTIE : ECRITURE PERSONNELLE (/20 POINTS)<br /> Selon vous, l'important est-il d'arriver à ses fins, quel que soit le détour utilisé ?<br /> Vous répondrez d'une façon argumentée à cette question en vous appuyant sur les documents du corpus, vos lectures de l'année et vos connaissances personnelles.</strong></span></p> <table cellpadding="3" bordercolor="#111111" cellspacing="3" border="0" class="style6"> <tbody> <tr style="color: black;"> <td width="862" style="color: black;"> <p align="justify"><span style="font-family: Arial; color: #800000; font-size: x-small;"><strong>TEXTE 1 -</strong></span> <span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif; color: #800000; font-size: x-small;"><strong><span class="style9">La ruse cachée</span>.</strong></span></p> <p align="justify"><span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif; font-size: x-small;"> La ruse est toujours tapie dans les entreprises humaines. Les grandes constructions symboliques et les mythologies la montrent à l'oeuvre sous des figures multiples. Elle domine l'univers culturel de la Grèce ancienne : Metis la symbolise. La <em>metis</em> est une forme de l'intelligence impliquant un ensemble d'attitudes mentales «qui combinent le flair, la sagacité, la débrouillardise, l'attention vigilante, le sens de l'opportunité, des habiletés diverses, une expérience longuement acquise». Elle s'applique aux situations mouvantes et ambiguës, elle mène son jeu à leur occasion; elle fait que le tricheur vainqueur ne souffre pas du discrédit; elle donne un emploi aux «puissances de la tromperie». La ruse intervient au royaume des dieux; Zeus lui doit l'existence et il l' « épouse », il allie le pouvoir de simulation à son propre pouvoir; Athéna marie la raison à la ruse, et les diverses puissances divines en ont chacune une part, investie dans les savoirs dont elles sont titulaires. Son expression mythique la constitue servante de l'intelligence. Sa réalisation humaine est Ulysse<sup>1</sup> qui ne recherche qu'une chose et partout: « la victoire ». Par tous les moyens, ceux des pièges, des subterfuges, ceux des mots y compris. Ulysse a été vu comme le « modèle du comportement manipulatif » qui conduit à se plier aux circonstances, à tourner les forces naturelles contre la nature elle-même afin de la dominer; pour le philosophe, il illustre la ruse de la raison. Il apparaît toujours comme celui qui combine au mieux la ruse et l'intelligence; G. Audisio<sup>2</sup> l'a montré en soulignant qu'Ulysse n'est pas le héros le plus fort de l'armée grecque, mais celui dont la vaillance se renforce de la possession du savoir-faire. La force a besoin d'être aidée.<br /> Les plus anciens traités militaires consacrent tous une place à la ruse. Dans la tradition de l'ancienne Chine, la guerre est considérée avec de nombreuses restrictions (on n'en vient à cette extrémité qu'après avoir épuisé toutes les autres possibilités) et les vertus militaires ne sont reconnues qu'avec modération. Selon Confucius<sup>3</sup>, « un général vraiment grand n'aime pas la guerre et n'est ni vindicatif<sup>4</sup> ni passionné ». La violence guerrière est « chose mauvaise en soi », elle doit se trouver contenue dans ses effets — les morts et les ruines — et dans sa durée, même si la paix ne peut être acquise qu'à « prix d'argent ». La Chine, s'estimant porteuse de la plus haute civilisation, tente de l'accorder à la guerre, et c'est en cette exigence que la ruse trouve son emploi. Les ouvrages techniques et philosophiques, composés par des généraux chinois plusieurs siècles avant notre ère, considèrent celle-ci comme le moyen le mieux adapté aux luttes entre princes, alors que la conquête sans bornes reste la seule issue dans les guerres conduites par les Chinois contre les Barbares du dehors. L'intelligence des situations, le savoir-faire aidé par la ruse, d'un côté, la violence uniquement soucieuse de vaincre et de réduire, d'un autre côté, marquent la séparation tracée entre l'ordre civilisé et l'ordre barbare<br /> Dans toutes les circonstances, la ruse révèle une façon d'appliquer l'intelligence à une situation et à un objectif : le recours à des procédés indirects, à des apparences destinées à faire croire et agir, à la dissimulation et au secret — à un point tel que son degré extrême ou son état de perfection est atteint lorsqu'elle fait oublier sa présence. La force contraint directement, la ruse contraint par un détour, et souvent en emportant le consentement ou la conviction. Il n'est donc pas surprenant qu'elles soient l'une et l'autre, en des dosages variables selon les situations, au coeur du phénomène politique.</span></p> <p align="justify"><span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif; font-size: x-small;"><strong>Georges Balandier, <em>Le Détour - Pouvoir et modernité</em> (1985).</strong></span></p> <p align="justify" class="style1">1. héros de l'Odyssée d'Homère, Ulysse apparaît également dans l'IIiade qui raconte la guerre entre Grecs et Troyens. C'est grâce à une ruse d'Ulysse que les Grecs, après dix ans de guerre, parvinrent à vaincre les Troyens. Ulysse feint d'abandonner le combat laissant le cheval de bois construit par les Grecs dissimulant une partie des guerriers. Les Troyens introduisirent ainsi leurs ennemis dans leurs murs.<br /> 2. romancier, poète et essayiste (1900-1978).<br /> 3. philosophe de l'Antiquité chinoise (Kung Fu Tzu) qui vécut autour de -550 à - 480 et dont l'influence sur la civilisation chinoise a été considérable.<br /> 4. porté à se venger.</p> </td> </tr> </tbody> </table> <p align="justify"> </p> <table cellpadding="3" bordercolor="#111111" cellspacing="3" border="0" class="style2"> <tbody> <tr style="color: black;"> <td width="862" style="color: black;"> <p align="justify"><span style="font-family: Arial; color: #800000; font-size: x-small;"><strong>TEXTE 2.</strong></span></p> <p align="justify"><span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif; font-size: x-small;"> Nous sommes accoutumés à penser le détour comme un autre circuit dans l'espace, nous posons qu'il y aurait chaque fois un plus court chemin, et que le détour serait un écart relativement à ce trajet idéal. Il faut aussitôt remarquer ce qu'une telle considération a de sommaire. Elle repose sur cette idée que tout trajet doit s'accomplir par le plus court chemin, et que le détour est une dépense superflue, au mieux une coquetterie, au pire l'aveu d'une faiblesse. L'homme efficace, le héros, c'est bien connu, va droit au but, il écrase l'obstacle, il arrache l'entrave, il écrabouille l'importun. C'est pourtant une parfaite illusion : si l'homme efficace va droit au but, ce n'est pas parce qu'il est surpuissant, mais bien parce qu'il sait choisir la solution la meilleure relativement aux impératifs qu'il privilégie, il choisit ce qui lui est le meilleur détour — et donc aussi le « meilleur » raccourci —, il invente une meilleure réponse, il ne va pas tout droit, mais il bifurque à temps. Il y a une illusion de l'efficacité, conçue communément selon le schéma de l'idéologie mercantile<sup>1</sup> dominante: le moindre coût apparent, le délai le plus court nous paraissent meilleurs, mais rien ne nous impose ce choix, et rien ne le valide, sinon les exigences de la plus ravageuse voracité, celle qui nous fait « gaspiller dans l'unique souci de manger tout de suite notre simple force d'avoir faim »<sup>2</sup>, et nous épuise à rivaliser avec la nécessité du monde. Choisir un autre trajet, engager un autre détour, c'est introduire dans le monde la proposition d'une autre efficace<sup>3</sup>, d'un autre sens, et d'autres valeurs [...].</span></p> <p align="justify"><span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif; font-size: x-small;"><strong>Denis Boisseau, "Ne vaut pas le voyage", Revue La Licorne (2000).</strong></span></p> <p align="justify"><span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif; font-size: x-small;"><span style="font-size: xx-small;">1. Idéologie qui adopte comme valeurs celles d'une société marchande.<br /> 2. A. Artaud, <em>Le Théâtre et son double</em> (1938).<br /> 3. efficacité. de vue.</span></span></p> </td> </tr> </tbody> </table> <p> </p> <table cellpadding="3" bordercolor="#111111" cellspacing="3" border="0" class="style5" style="border-collapse: collapse;"> <tbody> <tr style="color: black;"> <td width="862" style="color: black;"> <p align="justify"><span style="font-family: Arial; color: #800000; font-size: x-small;"><strong>TEXTE 3 - Le Renard et le Bouc.</strong></span></p> <p align="justify" class="style11"><span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif; font-size: x-small;">Capitaine Renard allait de compagnie<br /> Avec son ami Bouc des plus haut encornés<sup>1</sup>.<br /> Celui-ci ne voyait pas plus loin que son nez;<br /> L'autre était passé maître en fait de tromperie.<br /> La soif les obligea de descendre en un puits.<br /> Là chacun d'eux se désaltère.<br /> Après qu'abondamment tous deux en<sup>2</sup> eurent pris,<br /> Le Renard dit au Bouc : Que ferons-nous, compère ?<br /> Ce n'est pas tout de boire, il faut sortir d'ici.<br /> Lève tes pieds en haut, et tes cornes aussi :<br /> Mets-les contre le mur. Le long de ton échine<br /> Je grimperai premièrement;<br /> Puis sur tes cornes m'élevant,<br /> A l'aide de cette machine<sup>3</sup>,<br /> De ce lieu-ci je sortirai,<br /> Après quoi je t'en tirerai.<br /> - Par ma barbe<sup>4</sup>, dit l'autre, il est bon ; et je loue<br /> Les gens bien sensés comme toi.<br /> Je n'aurais jamais, quant à moi,<br /> Trouvé ce secret, je l'avoue.<br /> Le Renard sort du puits, laisse son compagnon,<br /> Et vous lui fait un beau sermon<br /> Pour l'exhorter à patience.<br /> Si le ciel t'eût, dit-il, donné par excellence<br /> Autant de jugement que de barbe au menton,<br /> Tu n'aurais pas, à la légère,<br /> Descendu dans ce puits. Or, adieu, j'en suis hors<sup>5</sup>.<br /> Tâche de t'en tirer, et fais tous tes efforts:<br /> Car pour moi, j'ai certaine affaire<br /> Qui ne me permet pas d'arrêter en chemin.<br /> En toute chose il faut considérer la fin.</span></p> <p align="justify" class="style11"><span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif; font-size: x-small;"><strong>La Fontaine, <em>Fables</em>, Livre troisième, fable V (1668)</strong></span></p> <p align="justify"><span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif; font-size: x-small;"><span style="font-size: xx-small;">1. muni de cornes.<br /> 2. de l'eau.<br /> 3. ce moyen, ce procédé.<br /> 4. formule de serment parodique.<br /> 5. dehors.</span></span></p> </td> </tr> </tbody> </table> <p align="left"> </p> <table cellpadding="3" bordercolor="#111111" cellspacing="3" border="0" class="style8" id="table1"> <tbody> <tr style="color: black;"> <td width="862" style="color: black;"> <p align="justify"><span style="font-family: Arial; color: #800000; font-size: x-small;"><strong>TEXTE 4 - Ruser. <em>Comment trouver le chemin</em>.</strong></span></p> <p align="justify"><span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif; font-size: x-small;"> <em>A priori</em>, aucune intelligence n'est requise pour traverser un labyrinthe : il suffit d'avancer. S'il comporte des impasses, il y faut de la chance, de la persévérance et de la mémoire. Mais rien n'indique <em>a priori</em> comment raisonnablement choisir un parcours plutôt que d'autres. L'enchevêtrement de ses bifurcations et de ses impasses n'obéit à aucune loi, si ce n'est à la fantaisie de son auteur.<br /> Tout dépend de ce qu'on peut deviner de sa structure : ses parois sont-elles lisses ? n'y a-t-il aucun signe, même involontaire, laissé sur le sol ? la forme des virages est-elle significative ? le bon choix est-il plus souvent à gauche qu'à droite ?<br /> Pour répondre à ce genre de questions, on peut tenter de procéder à une exploration systématique de tous les choix possibles, comme on trace des algorithmes<sup>1</sup> évaluant toutes les hypothèses avant de prendre une décision. C'est le plus souvent un exercice vain. Mieux vaut utiliser son intelligence à deviner le bon chemin. Mais quelle intelligence ? La raison est inutile, le labyrinthe n'est en rien rationnel. Il faut voir, toucher, sentir.<br /> Ecouter, aussi : l'oreille n'est-elle d'ailleurs pas un labyrinthe, une spirale de deux octaves et demie ? les deux notes extrêmes de la gamme ne sont-elles pas, comme deux points d'un labyrinthe, à la fois très loin et très proches l'une de l'autre ?<br /> <em><strong>Être malin</strong></em>.<br /> Il faut plus encore : tous les sens en éveil, apprendre à naviguer, avec à la fois le sens de l'instant et le regard posé sur le long terme. La forme d'intelligence requise ne fait plus appel à la logique, mais à l'intuition, celle du marin, du chasseur, du nomade. On peut la nommer malice ou ruse.<br /> Les Grecs avaient déjà défini cette intelligence qu'ils opposaient à la raison; ils la nommaient <em>metis</em>, du nom de la première femme de Zeus, mère d'Athéna, qu'il dévora pour l'intégrer à ses pouvoirs et qui lui permit de prévoir les ruses des autres dieux.<br /> Science du mouvant, de l'imprévu, la ruse est recherche de l'efficacité pratique, du succès dans l'action. Elle exige coup d'œil et intelligence immédiate des situations les plus inattendues. Le rusé est aux aguets, sans cesse à imaginer et évaluer les diverses voies possibles, à soupeser les chances et les risques de chacune; il sait défaire des nœuds, démêler des ambiguïtés, prévoir les coups, vaincre les labyrinthes; il possède rapidité du geste et justesse du coup d'œil. Son savoir tâtonnant sait utiliser indices trompeurs et fausses nouvelles.<br /> Ruser n'est pas mentir; c'est chercher à lire dans les arrière-pensées des autres afin de jouer plusieurs coups d'avance (encore les échecs); c'est aussi chercher à débusquer les leurres, à arracher les masques, à déjouer les mensonges, à s'écarter des fausses pistes, à trouver un guide, à dévoiler des secrets et découvrir et déchiffrer un plan.<br /> Quant au menteur, Thésée<sup>2</sup> et Ulysse démontrent le sort qui l'attend : Minos est puni pour avoir refusé de sacrifier le taureau promis à Poséidon; les Troyens sont détruits pour avoir eux aussi manqué à leur parole vis-à-vis de Poséidon qui les avait aidés à élever une muraille. Poséidon, dieu de la mer, aida les rusés Ulysse et Thésée à le venger des menteurs.</span></p> <p align="justify"><span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif; font-size: x-small;"><strong>Jacques Attali, Chemins de Sagesse — <em>Traité du Labyrinthe</em> (1996).</strong></span></p> <p align="justify" class="style1">1. calculs, enchaînement des actions nécessaires à l'accomplissement d'une tâche.<br /> 2. fils d'Egée roi d'Athènes, il aide son père à mettre fin à la demande de Minos, roi de Crète, vainqueur des Athéniens : ce dernier exige que la ville lui envoie un tribut de sept jeunes gens et de sept jeunes filles donnés en pâture au Minotaure, monstre à tête d'homme et corps de taureau. Thésée décide de mettre fin à ce carnage et se rend en Crète afin de tuer le monstre dans le labyrinthe de Dédale.</p> </td> </tr> </tbody> </table>
Solko
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Le pouvoir des fables
tag:sigismond.hautetfort.com,2009-07-05:2283677
2009-07-05T11:51:00+02:00
2009-07-05T11:51:00+02:00
A Monsieur de Barillon La qualité d'Ambassadeur Peut-elle...
<p class="MsoNoSpacing" style="margin: 0cm 0cm 0pt;"><span style="font-family: Calibri; font-size: small;">A Monsieur de Barillon</span></p> <p class="MsoNoSpacing" style="margin: 0cm 0cm 0pt;"><span style="font-family: Calibri; font-size: small;"> </span></p> <p class="MsoNoSpacing" style="margin: 0cm 0cm 0pt;"><span style="font-family: Calibri; font-size: small;">La qualité d'Ambassadeur<br /> Peut-elle s'abaisser à des contes vulgaires ?<br /> Vous puis-je offrir mes vers et leurs grâces légères ?<br /> S'ils osent quelquefois prendre un air de grandeur,<br /> Seront-ils point traités par vous de téméraires ?<br /> Vous avez bien d'autres affaires<br /> A démêler que les débats<br /> Du Lapin et de la Belette.<br /> Lisez-les, ne les lisez pas ;<br /> Mais empêchez qu'on ne nous mette<br /> Toute l'Europe sur les bras.<br /> Que de mille endroits de la terre<br /> Il nous vienne des ennemis,<br /> J'y consens ; mais que l'Angleterre<br /> Veuille que nos deux Rois se lassent d'être amis,<br /> J'ai peine à digérer la chose.<br /> N'est-il point encor temps que Louis se repose ?<br /> Quel autre Hercule enfin ne se trouverait las<br /> De combattre cette Hydre ? et faut-il qu'elle oppose<br /> Une nouvelle tête aux efforts de son bras ?<br /> Si votre esprit plein de souplesse,<br /> Par éloquence, et par adresse,<br /> Peut adoucir les cœurs, et détourner ce coup,<br /> Je vous sacrifierai cent moutons ; c'est beaucoup<br /> Pour un habitant du Parnasse.<br /> Cependant faites-moi la grâce<br /> De prendre en don ce peu d'encens.<br /> Prenez en gré mes vœux ardents,<br /> Et le récit en vers qu'ici je vous dédie.<br /> Son sujet vous convient ; je n'en dirai pas plus :<br /> Sur les Eloges que l'Envie<br /> Doit avouer qui vous sont dus,<br /> Vous ne voulez pas qu'on appuie.<br /> <br /> Dans Athène autrefois peuple vain et léger,<br /> Un Orateur voyant sa patrie en danger,<br /> Courut à la Tribune ; et d'un art tyrannique,<br /> Voulant forcer les cœurs dans une république,<br /> Il parla fortement sur le commun salut.<br /> On ne l'écoutait pas : l'Orateur recourut<br /> A ces figures violentes<br /> Qui savent exciter les âmes les plus lentes.<br /> Il fit parler les morts, tonna, dit ce qu'il put.<br /> Le vent emporta tout ; personne ne s'émut.<br /> L'animal aux têtes frivoles<br /> Etant fait à ces traits, ne daignait l'écouter.<br /> Tous regardaient ailleurs : il en vit s'arrêter<br /> A des combats d'enfants, et point à ses paroles.<br /> Que fit le harangueur ? Il prit un autre tour.<br /> Cérès, commença-t-il, faisait voyage un jour<br /> Avec l'Anguille et l'Hirondelle :<br /> Un fleuve les arrête ; et l'Anguille en nageant,<br /> Comme l'Hirondelle en volant,<br /> Le traversa bientôt. L'assemblée à l'instant<br /> Cria tout d'une voix : Et Cérès, que fit-elle ?<br /> - Ce qu'elle fit ? un prompt courroux<br /> L'anima d'abord contre vous.<br /> Quoi, de contes d'enfants son peuple s'embarrasse !<br /> Et du péril qui le menace<br /> Lui seul entre les Grecs il néglige l'effet !<br /> Que ne demandez-vous ce que Philippe fait ?<br /> A ce reproche l'assemblée,<br /> Par l'Apologue réveillée,<br /> Se donne entière à l'Orateur :<br /> Un trait de Fable en eut l'honneur.<br /> Nous sommes tous d'Athène en ce point ; et moi-même,<br /> Au moment que je fais cette moralité,<br /> Si Peau d'âne m'était conté,<br /> J'y prendrais un plaisir extrême,<br /> Le monde est vieux, dit-on : je le crois, cependant<br /> Il le faut amuser encor comme un enfant.</span></p> <div style="text-align: center"><img src="http://sigismond.hautetfort.com/media/01/02/1523797478.jpg" alt="lafontaine.jpg" id="media-1872406" style="border-width: 0; margin: 0.7em 0;" /></div> <p class="MsoNormal" style="text-align: justify; margin: 0cm 0cm 0pt; mso-margin-bottom-alt: auto; mso-line-height-alt: 9.0pt;"><span style="font-family: "Calibri","sans-serif"; font-size: 11pt; mso-fareast-font-family: 'Times New Roman'; mso-bidi-font-family: 'Times New Roman'; mso-ascii-theme-font: minor-latin; mso-hansi-theme-font: minor-latin;">L’étude de cette fable de <b style="mso-bidi-font-weight: normal;">La Fontaine</b> se justifie pleinement par rapport au thème du détour, parce qu’elle illustre avec brio les deux dernières questions (<i style="mso-bidi-font-style: normal;">détour par le raisonnement & détour par le discours</i>).</span></p> <p class="MsoNormal" style="text-align: justify; margin: 0cm 0cm 0pt; mso-margin-bottom-alt: auto; mso-line-height-alt: 9.0pt;"><span style="font-family: "Calibri","sans-serif"; font-size: 11pt; mso-fareast-font-family: 'Times New Roman'; mso-bidi-font-family: 'Times New Roman'; mso-ascii-theme-font: minor-latin; mso-hansi-theme-font: minor-latin;">En effet l’orateur de la fable enchâssée, constatant que le peuple athénien ne l’écoute pas, décide d’avoir recours à la fiction pour capter l’attention de l’assemblée. La Fontaine s’inspire là d’Esope, dont il enrichit considérablement le propos en dressant un véritable éloge de son art<b style="mso-bidi-font-weight: normal;">. <span style="color: #ff0000;">Le détour par la fiction est non seulement plus plaisant</span></b> (l’assemblée est immédiatement conquise) <span style="color: #ff0000;"><b style="mso-bidi-font-weight: normal;">mais il est également beaucoup plus efficace</b>,</span> puisque le harangueur parvient à impliquer immédiatement le peuple d’Athènes dans sa démonstration (<i style="mso-bidi-font-style: normal;">Et Cérès ? Que fit-elle ?)</i> et à conquérir l’intelligence de son public, pourtant « peuple vain et léger ». <a name="p1" id="p1"></a><a name="p11" id="p11"></a></span></p> <p class="MsoNormal" style="text-align: justify; margin: 0cm 0cm 0pt; mso-margin-bottom-alt: auto; mso-line-height-alt: 9.0pt;"><span style="font-family: "Calibri","sans-serif"; font-size: 11pt; mso-fareast-font-family: 'Times New Roman'; mso-bidi-font-family: 'Times New Roman'; mso-ascii-theme-font: minor-latin; mso-hansi-theme-font: minor-latin;">C’est tout juste si La Fontaine ne conseillerait pas à Monsieur de Barillon de tenter lui aussi l’art de la fable pour convaincre le roi d’Angleterre de ne pas entrer en guerre avec la France.</span></p> <p class="MsoNormal" style="text-align: justify; margin: 0cm 0cm 0pt; mso-margin-bottom-alt: auto; mso-line-height-alt: 9.0pt;"><span style="font-family: "Calibri","sans-serif"; font-size: 11pt; mso-fareast-font-family: 'Times New Roman'; mso-bidi-font-family: 'Times New Roman'; mso-ascii-theme-font: minor-latin; mso-hansi-theme-font: minor-latin;">Toute l’habileté de La<span style="mso-spacerun: yes;"> </span> Fontaine, qui choisit de faire l’éloge du détour stratégique par la fiction et l’argumentation indirecte, est de dresser cet éloge au moyen d’une fable enchâssée, traitant elle-même d’une autre fable… (mise en abyme).<span style="mso-spacerun: yes;"> </span> La morale finale, qui fait appel à un célèbre conte, <i style="mso-bidi-font-style: normal;">Peau d’Ane</i>, pose même le détour par la fiction comme un moyen universel de gagner le cœur des hommes, tous, y compris le fabuliste, étant sensible au procédé ("<i style="mso-bidi-font-style: normal;">Le monde est vieux, je le crois</i>…")</span></p>
rêveuràvélo
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Dériv'chaînes à Pleaux (2) : détours
tag:maisregardedonclechemin.hautetfort.com,2009-05-15:2194897
2009-05-15T23:12:00+02:00
2009-05-15T23:12:00+02:00
A la Dériv'chaînes l'autre jour, la boue compliquait quelque peu certains...
<p style="text-align: justify;">A la Dériv'chaînes l'autre jour, la boue compliquait quelque peu certains tronçons. Passer nécessitait régulièrement d'"envoyer les watts" ! Mais pas seulement : dans ces cas-là, tout le plaisir peut résider dans <a href="http://maisregardedonclechemin.hautetfort.com/archive/2008/06/17/tours-et-detours.html" target="_self">le détour</a>, celui par lequel le chemin redevient praticable.</p><p style="text-align: justify;">Alors, pédaler en solo, ou s'embourber en groupe de façon solidaire ? Le choix quand il se présente est vite fait (vive les sports individuels !). Mais cela nécessite de la lucidité - faut pas trop être "cuit" ! - et de l'intuition (le détour convoité rejoint-il bien la même destination ?). Il m'est arrivé plus d'une fois "me rater", et d'avoir à rebrousser chemin au milieu des ronces, ou dans le meilleur des cas de rejoindre tout le monde loin derrière à cause d'un "rallongis" ! C'est au moins l'occasion d'une bonne séance de chambrage et de rigolade, et l'envie en est décuplée de recommencer à la première occasion. Obstination ? Ceux qui sont habitués à rouler avec moi n'en sont plus surpris.</p><p style="text-align: justify;">N'empêche, sur cette sortie-ci, 100 % de réussite. Enfin, je crois ?!</p><p style="text-align: justify;">Bon, quoi qu'il en soit, à deux reprises ça a marché ! Et hop, une petite boucle dans les bosquets à droite en montée pour esquiver la voie principale dans le bourbier, passage sans poser le pied et... tout propre ! Un peu plus loin, le gué épargnait quant à lui la descente de vélo pour traverser un pont bien glissant. Ce petit plus valait bien un détour, sans doute !</p><div style="text-align: center;"><img id="media-1758381" style="border-width: 0; margin: 0.7em 0;" src="http://maisregardedonclechemin.hautetfort.com/media/01/01/187540331.jpg" alt="Dériv'chaînes 001.jpg" /></div><div style="text-align: center;">...D'autant qu'il permettait d'aborder "lancé" la montée qui suivait : tout bénèf !</div><p style="text-align: justify;">Mais peu importe de perdre du temps ou d'en gagner : l'amusement est là.</p><p style="text-align: justify;">Dans d'autres cas, en compétition par exemple, le détour peut vite s'avérer nécessaire : prendre les extérieurs lors de départs "bouchonnés", puis emprunter une voie parallèle moins roulante pour se dégager. Peser le pour et le contre en une fraction de seconde pour s'adapter à la situation. Opération souvent rentable avec un peu de pratique.</p><p style="text-align: justify;">Idem en descente où j'en connais qui savent bien "jouer les extérieurs" pour gicler au moment le plus improbable ! J'ai les noms... Mais j'avoue que je ne suis pas le dernier à le faire, même quand ce n'est pas nécessaire, juste pour tester d'autres trajectoires. Et avec un peu de vigilance, les crevaisons ne sont pas plus fréquentes pour autant. </p><p> <span style="text-decoration: underline;">Plonger lorsque le détour n'est pas possible...</span></p><p>Pour en revenir à la Dériv'chaînes, il faut parfois savoir "plonger" ! Ainsi Yoan, pleine bourre sur la fin du parcours autour des terrains de sport, nous passe comme une flèche pour... s'immerger 50 mètres plus loin, de la boue jusqu'aux moyeux ! Spectaculaire... et efficace, son élan lui ayant évité de rester planté. Pas d'autre solution que de l'imiter (les dégâts ?)!</p><p style="text-align: justify;">La fin fut quand même rude, les efforts consentis pour lutter contre le terrain gras pesant d'autant plus lorsque l'on se croit arrivé et que le parcours compile les détours (encore !).</p><p style="text-align: justify;">Jusqu'ici, les compteurs aussi performants soient-ils n'empêchent pas les surprises. Tant mieux, mais on peut se demander si le développement des capacités des GPS ne va pas un jour nous en priver.</p><p style="text-align: justify;">Cauchemar ? Car l'aventure est aussi dans la part d'inattendu, aussi pesante qu'elle puisse paraître sur le coup. Par exemple, on pourrait compiler en temps réel la météo, le trafic sur le chemin, et toutes sortes de données, pour fournir le meilleur itinéraire à emprunter et calculer le nombre de calories à dépenser pour rallier l'arrivée en un temps record sans la moindre éclaboussure... Manquerait plus que la mise à jour des radars automatiques ! Gaffe de ne pas se détourner de l'essentiel.</p><div style="text-align: center;"><img id="media-1758654" style="border-width: 0; margin: 0.7em 0;" src="http://maisregardedonclechemin.hautetfort.com/media/01/02/1284364731.jpg" alt="Dériv'chaînes 002.jpg" /></div>
rêveuràvélo
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Tour(s) et détour(s) (2) : innocence perdue ?
tag:maisregardedonclechemin.hautetfort.com,2008-07-05:1692883
2008-07-05T23:03:00+02:00
2008-07-05T23:03:00+02:00
Aujourd'hui 5 juillet, jour de départ de "la grande...
<div style="text-align: center;"><img id="media-1109498" style="margin: 0.7em 0px; border-width: 0px;" src="http://maisregardedonclechemin.hautetfort.com/media/02/00/1096953906.jpg" alt="Pont Eric Nicolas.1jpg.jpg" name="media-1109498" /></div><p align="justify"> </p><p align="justify"> Aujourd'hui 5 juillet, jour de <span style="text-decoration: underline;">départ de "la grande boucle".</span> Drôle de surnom, non, pour le Tour de France ? Voilà qui semble rappeler qu'une fois de plus l'essentiel ne se trouve pas dans la vitesse à laquelle on rallie Paris et les Champs, mais bien dans le plaisir du <a href="http://maisregardedonclechemin.hautetfort.com/archive/2008/06/17/tours-et-detours.html">"détour"</a> ! Cela n'empêche pas ceux que ce spectacle indiffère de n'y voir qu'une façon de tourner autour du pot, de même pour les passionnés qui désespèrent de voir le <span style="text-decoration: underline;">dopage</span> définitivement éradiqué. Pour les autres, cette boucle évoque, année après année, de nouveaux itinéraires pour parcourir la France autrement.</p><p align="justify">Ces derniers jours, en allant fouiner en bibliothèque et librairie mais aussi sur Internet, une constatation s'est imposée à moi : les ouvrages et les romans se rapportant au vélo semblent se multiplier ces dernières années. Depuis une dix ans, ils n'ont même jamais été aussi nombreux à sortir.</p><p align="justify">Aux quelques nouveaux-venus dans la colonne de gauche de ce blog, il conviendrait d'ajouter ceux dont le succès a permis d'être réédités en poche récemment (et que je n'ai pas encore lus) : <em>"Petit traîté de vélosophie"</em> de Didier Tronchet et <em>"Petit éloge de la bicyclette"</em> d'Eric Fottorino par exemple. Les esprits retors (dont je me réclame !) ne manqueront pas de faire remarquer que <span style="text-decoration: underline;">ces 10 ans coïncident avec le début des scandales</span> concernant le dopage sur le Tour !</p><p align="justify">Souvenez-vous : Festina... Virenque... L'insu de mon plein gré !</p><p align="justify">Paradoxalement, le fait de voir le cyclisme alimenter les colonnes des faits divers amènerait-il les Français à s'intéresser de nouveau au vélo, et - peut-être - à <span style="text-decoration: underline;">rechercher la magie</span> que le sport de haut niveau enterre de plus en plus sous le cynisme d'un Lance Armstrong ou de l'UCI ?</p><p align="justify">La recrudescence des romans et récits évoquant cette part de rêve le confirmerait.</p><p align="justify">Pourtant, le vélo n'est pas prés de disparaître ! Demandez aux vélocistes (dans les grandes villes surtout) et aux fabricants...</p><p align="justify">La bicyclette de grand-papa, incarnation du passéisme, ringardisée et mise au placard avec le triomphe de l'automobile et de la vitesse, est redevenue la "Petite Reine" depuis son retour en grâce triomphal. Depuis le déferlement du VTT il y a une vingtaine d'années jusqu'à la récente flambée du prix du baril de pétrole. Aujourd'hui le succès des "vélos citadins" et des manifestations de masse des deux roues dans les villes continuent d'élargir le cercle de la reconquête. Partout des pistes cyclables se construisent, des routes s'aménagent et contraignent les automobilistes à partager leur espace (pas toujours de gaieté de coeur, j'en reparlerai !)... Drôle de revanche !</p><p align="justify">Et si ce retour en grâce du vélo, aussi bienvenu qu'il soit, ne reposait que sur un <span style="text-decoration: underline;">immense malentendu</span> ? La prétendue "innocence perdue" n'existe plus depuis un bon siècle dans le cyclisme de haut niveau (si elle a jamais existé !), mais se trouve toujours à portée de pédalier, intacte pour chacun de nous pour peu que l'envie nous prenne d'aller <span style="text-decoration: underline;">"faire un tour"</span> !</p><p align="justify">C'est une grande partie du propos de Paul Fournel dans <a href="http://maisregardedonclechemin.hautetfort.com/list/vtt-et-litterature/2020414910.html" target="_blank">"<em>Besoin de vélo</em>"</a> que d'exalter ces moments de plénitude, des petites routes de Haute-Loire de son enfance aux grandes étapes du Tour. Ressusciter en soi-même l'enthousiasme des débuts, continuer à s'émerveiller à chaque sortie, ce doit être là que réside tout le secret. </p><p align="justify">Non, ce n'est pas le vélo qui est en danger, ni même le Tour de France.</p><p align="justify">... </p><p align="justify">Par contre, <strong><span style="text-decoration: underline;">notre écosystème...</span></strong></p><p align="justify"> </p><p align="justify"> </p>
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Tours et détours (1)
tag:maisregardedonclechemin.hautetfort.com,2008-06-20:1668290
2008-06-20T22:36:00+02:00
2008-06-20T22:36:00+02:00
"Le détour" : Joli thème au programme de l'enseignement de...
<p align="justify"><span style="text-decoration: underline;">"Le détour"</span> : Joli thème au programme de l'enseignement de Français en BTS pour la prochaine rentrée. J'ignore si j'enseignerai à ce niveau l'an prochain, mais là, il y aurait matière ! </p> <p align="justify">Quels en sont les objectifs ? Montrer que le fait de <span style="text-decoration: underline;">ne pas chercher à atteindre un but par le chemin le plus court</span> et le plus direct peut être une bonne stratégie. C'est donc un thème hautement littéraire, tant l'écrit nécessite le retour sur soi, à contre-courant de l'action immédiate. "Le détour, même au risque des pertes qu'il peut engendrer, apprend et enrichit. Il peut être un art de vivre" (extrait des programmes officiels). Le détour est même assimilé à une certaine "liberté de pensée" dont l'utilisateur peut tirer un avantage déterminant.</p> <p align="justify">Evidemment, les concepteurs des programmes invitent à interpréter ce thème au second degré dans divers domaines : le détour dans la pensée, dans l'argumentation, dans la réflexion philosophique, etc. Mais rien n'empêche de l'expérimenter d'abord simplement, en commençant par en goûter l'esprit dans la <span style="text-decoration: underline;">balade en nature</span> !</p> <p align="justify"><span style="text-decoration: underline;">D'ailleurs, le détour est un art</span>. Il n'y a qu'à se rappeler le sketch de Coluche sur les discours d'hommes politiques, ou il multipliait les formules : "Je n'irai pas par quatre chemins", "Je vous le dirai sans détour..." Bel exemple de suite d'antiphrases ! Il semble que le politique qui utilise ces expressions signifie son intention de simplifier sa pensée à l'auditeur, pour lui épargner des circonlocutions inutiles (?!). Mais bien sûr, Coluche en les accumulant dans la même phrase, souligne la langue de bois qui recouvre cette déclaration : l'hypocrite va bel et bien nous y perdre, dans le bois, aussi sûrement qu'Hansel et Gretel par leurs parents. Le but étant que l'on ne comprenne jamais (pauvres innocents que nous sommes) son avis sur la question posée... Le détour peut donc être synonyme de balade, mais aussi de rouerie !</p> <p align="justify">Par contre, il n'est pas sûr du tout qu'il faille prendre les expressions précédemment citées au pied de la lettre et envisager le détour comme une perte de temps, ainsi qu'elles nous y invitent dans leur sens le plus commun. Ce serait oublier un peu vite que le détour se pose comme un moyen de découverte et le signe d'une réflexion active sur le monde. </p> <p align="justify">Et en outre, il serait abusif de l'opposer dans ce sens à l'expression "<span style="text-decoration: underline;">à bâtons rompus</span>", qui peut elle aussi s'employer pour la randonnée forestière au premier degré, et la discussion au second ! Dans le premier sens, celui qui roule "à bâtons rompus" le ferait "comme un bourrin", sans profiter des beautés qui l'entourent (encore un sens péjoratif !). On aurait alors tôt fait d'opposer le côté "cycliste du dimanche" de la balade, à l'entraînement forcené "nez dans le guidon". On voit bien ce qu'une telle lecture recèlerait de superficiel et de caricatural dans les deux propositions. Deux excès dans lesquels il vaut éviter de tomber, au propre comme au figuré, dans nos sorties ! A méditer...</p>