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MILIQUE
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JE SUIS CE QUE JE FAIS 2
tag:aumagmapresentdelecriture.hautetfort.com,2016-08-21:5832989
2016-08-21T07:47:00+02:00
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Tableau de Sergueï TOUTOUNOV A l'attention des multiples lecteurs...
<p style="text-align: center;"><img id="media-5426682" style="margin: 0.7em 0px;" title="" src="http://aumagmapresentdelecriture.hautetfort.com/media/00/02/543602248.JPG" alt="au magma présent de l'écriture," /></p><p style="text-align: center;"><span style="font-family: arial black,sans-serif; font-size: 10pt; color: #ff0000;"><strong>Tableau de Sergueï TOUTOUNOV</strong></span></p><p style="text-align: center;"><span style="font-size: 12pt; color: #0000ff; font-family: arial black,sans-serif;"><strong>A l'attention des multiples lecteurs qui arpentent, à juste titre il va de soi, ce lieu modeste certes mais, reconnaissez-le, pas loin d'être génial, cette histoire qui va débuter là sous vos yeux va être fractionnée -- confort de lecture oblige -- en autant d'épisodes qu'il sera nécessaire.<br /></strong><strong>Il suffira donc aux autres, tout aussi nombreux, qui la prendront en cours de narration, de remonter (si cela leur dit mais comment en douter) le fil du temps récent pour en identifier le fil géniteur...</strong><strong><br /></strong></span></p><p style="text-align: center;"> </p><p style="text-align: center;"><span style="font-family: arial black,sans-serif; color: #008000; font-size: 18pt;"><strong>JE SUIS CE QUE JE FAIS </strong></span></p><p style="text-align: center;"><span style="font-family: arial black,sans-serif; color: #000000; font-size: 14pt;"><strong><span style="font-size: 18pt; color: #008000;">2<br /></span></strong></span></p><p style="text-align: center;"><span style="font-family: arial black,sans-serif; font-size: 14pt; color: #000000;"><strong>S'il fallait fournir une preuve, ce serait<br clear="none" />Cette incompréhension quasi constante<br clear="none" />Qui resurgit avec une régularité assidue, <br clear="none" />Qui devient progressivement déception <br clear="none" />D'avoir produit des efforts pour rien.<br clear="none" /><br clear="none" />Cette incompréhension, il m'est arrivé de l'éprouver <br clear="none" />En courant le dimanche matin du côté de la Ramée.<br clear="none" />J'y croisais bien sûr d'autres joggers transpirants<br clear="none" />Et espérais innocemment discerner dans leurs regards <br clear="none" />La solidaire compassion de ceux qui dès potron-minet <br clear="none" />Se sont courageusement extirpés de leur couche tiède<br clear="none" />Pour s'exténuer, sans pourtant aucune obligation<br clear="none" />Dans cet effort démesuré qu'ils jugent nécessaire.<br clear="none" /><br clear="none" />Quelle ne fut pas ma déception alors de n'observer<br clear="none" />Dans leurs visages, que des yeux intensément fixés <br clear="none" />Sur mes pompes pour tenter d'en identifier le cachet?</strong></span></p><p style="text-align: center;"><span style="font-family: arial black,sans-serif; font-size: 14pt; color: #000000;"><strong>(A SUIVRE...)</strong></span></p><p style="text-align: center;"> </p><p style="text-align: center;"><span style="font-family: arial black,sans-serif; font-size: 14pt; color: #000000;"><strong>P. MILIQUE</strong></span></p>
Prieto
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Lundi 23 septembre 2013
tag:www.chemindamourverslepere.com,2013-09-23:5178631
2013-09-23T07:24:00+02:00
2013-09-23T07:24:00+02:00
Calendrier liturgique
<p style="text-align: center;"><span style="font-size: small; font-family: georgia,palatino; color: #008080;"><span style="color: #990000;"><strong><a title="Calendrier liturgique mensuel" href="http://www.spiritualite-chretienne.com/au_fil_des_jours/calendrier_liturgique_2013_09.html" target="_blank"><span style="color: #008080;">Calendrier liturgique</span></a></strong></span></span></p>
Café philosophique de Montargis
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COMPTE-RENDU DE LA SÉANCE ”OSER LA GENTILLESSE”
tag:cafephilosophique-montargis.hautetfort.com,2013-02-21:4995933
2013-02-21T21:48:00+01:00
2013-02-21T21:48:00+01:00
Thème du débat : " Oser la gentillesse : est-ce encore possible...
<p style="text-align: justify;"><strong style="font-size: small;">Thème du débat : "<span style="color: #ffff00;">Oser la gentillesse : est-ce encore possible ?" </span></strong></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;"><strong>Date : <span style="color: #ffff00;">1er février 2013 à la Brasserie du Centre commercial de la Chaussée.</span></strong></span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;">Le 1er février 2013, de 75 à 80 personnes étaient invitées à débattre, au cours de cette 29ème séance du café philosophique de Montargis, d’un sujet relativement peu étudié en philosophie : la gentillesse. Ce thème avait été proposé en novembre 2012 par une participante. Pour expliquer cette suggestion, elle estime que la gentillesse, comportement rare et positif, a tendance à se raréfier de nos jours. Il s’agit même, d’après elle, d’une qualité peu mise en valeur voire moquée. Claire interroge l’assistance au sujet de cette attitude à l’altruisme peu en vogue, semble-t-il, de nos jours. "<span style="color: #ffff00;"><strong>Oser la gentillesse : est-ce encore possible ?</strong></span>" Dit autrement, le gentil est-il ringard?</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;">Un intervenant réagit en s’interrogeant d’emblée sur le qualificatif de "positif" s’agissant de la gentillesse. En est-on si sûrs ? Qu’une telle attitude – être gentil – soit parée de certaines qualités, personne ne le niera ; il n’en reste pas moins que dans la vie sociétale, être gentil n’est pas le nec plus ultra. Dans la vie en entreprise – pour ne prendre que cet exemple – la gentillesse a difficilement sa place. La gentillesse est dans ce milieu une aberration pour ne pas dire une tare. "Être trop gentil" c’est se mettre en état d’infériorité. La vie économique ne fait pas cas des sentiments ni de la morale. Un autre intervenant va dans ce sens : être gentil est une qualité indéniable ; cependant, être gentil partout, tout le temps, n’est pas souhaitable sauf à vouloir être une "victime" perpétuelle. Ce même intervenant considère d’ailleurs que le gentil porte de lourdes responsabilités dans les périodes difficiles de notre Histoire. Les grandes dictatures, dit-il, s’appuient le plus souvent sur l’indolence des gentils pour asseoir leur pouvoir. Le café philosophique avait débattu précédemment sur la question <a href="http://cafephilosophique-montargis.hautetfort.com/la-verite-est-elle-toujours-bonne-a-dire-bientot/" target="_blank" rel="noopener">"La vérité est-elle toujours bonne à dire ?"</a> A cette occasion, le débat avait porté sur le "mensonge par humanité" théorisé par <a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Kant" target="_blank" rel="noopener">Emmanuel Kant</a>. On peut poser une question similaire au sujet de la gentillesse : <em>"La gentillesse est-elle toujours bonne à montrer ?</em>" La réponse semble être a priori : non.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;">Avant d’aller plus loin, Claire et Bruno proposent de s’intéresser à cette définition de la gentillesse. Comment la définir ? Bonté ? Bienveillance ? Claire reprend une définition du <a href="http://www.larousse.fr/dictionnaires/francais/gentil_gentille/36613" target="_blank" rel="noopener">Larousse</a> : "<em>Gentil, ille (adjectif) : Qui manifeste de la bienveillance ; aimable, complaisant</em>". Dans notre imaginaire, le gentil est cet être incongru, brave mais sans intelligence dont on se moque aisément. Il y a par exemple ce terme péjoratif de "gentillet", facilement usité. Paradoxalement, le gentleman, son pendant anglais, serait paré de toutes les qualités : humain, élégant, vertueux, "classieux". Force est de constater, dit encore Claire, que la gentillesse est considérée avec dédain par les philosophes en général. Ce n’est ni une vertu (ou, au mieux, ajoute Bruno, "une petite vertu"), ni une sagesse ni un concept intéressant a priori: le mot "gentillesse" n’apparaît même pas dans le célèbre Dictionnaire vocabulaire technique et philosophique d'André Lalande. En France, un philosophe, <a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Emmanuel_Jaffelin" target="_blank" rel="noopener">Emmanuel Jaffelin</a>, a cependant consacré plusieurs essais sur cette "petite vertu" souvent considérée avec mépris (<em>Éloge de la Gentillesse</em> et <em>Petit Éloge de la Gentillesse</em>, cf. son site Internet : <a href="http://gentillesse.blogspot.fr/" target="_blank" rel="noopener">http://gentillesse.blogspot.fr</a>). Pour tout dire, il est difficile de définir exactement la gentillesse, tant le terme nous échappe : bonté ? Bienveillance ? Générosité ? Altruisme ?</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;">Bien que nous ne soyons pas dans un "café historique" mais dans un café philosophique, Bruno souhaite s’arrêter rapidement sur cette histoire du gentil à travers les âges ainsi que sur son étymologie. Le gentil vient à l’origine du mot latin <em>gens</em> qui désignait ces lignées familiales nobles qui possédaient un ancêtre commun. Par la suite, les juifs ont employé le terme de "<em>gentil</em>" ceux qui ne croyaient pas en Yahvé – à ne pas confondre avec les "<em>païens</em>" qui étaient ceux qui croyaient en des dieux qualifiés d’impies. On passe les siècles. Au XVIème siècle, le philosophe humaniste <a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Guillaume_Bud%C3%A9" target="_blank" rel="noopener">Guillaume Budé</a> invente le terme de "<em>gentilhomme</em>". Il créé ainsi le modèle de l’homme idéal qui est remarquable par ses attitudes et son style de vie. Ce gentilhomme est sensé être le pendant du noble. Ce terme va faire florès. On le retrouve traduit en anglais sous l’appellation de "<em>gentleman</em>". Or, alors que le gentleman continuera longtemps d’être utilisé, notamment dans les pays anglo-saxons, le "<em>gentilhomme</em>" disparaît à partir de la Révolution française de notre société et de notre vocabulaire. Le mot est même dénaturé sous le terme de "<em>gentil</em>". Or, qu’est devenu aujourd’hui ce gentil – ex "<em>gentilhomme</em>" – sinon le gentillet ? Au contraire du gentleman considéré comme respectable et exemplaire, le gentil est "ce (ou cette) brave qui ne peut rien refuser et qui passe tout", au risque de devenir victime de quolibets ou, pire, d’abus : "trop bon, trop con" dit l’expression populaire ! L’un des personnages les plus emblématiques du gentil semble être celui de François Pinon, anti-héros involontaire du <em>Dîner de Cons</em>, interprété magistralement par <a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Jacques_Villeret" target="_blank" rel="noopener">Jacques Villeret</a> (<a href="http://cafephilosophique-montargis.hautetfort.com/archive/2012/12/23/trop-bon-trop-con.html" target="_blank" rel="noopener">cf. c lien</a>). On le voit, le terme de "gentil" a subi toutes les avanies au point d’avoir été dévalorisé. </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;">Dévalorisé mais pas rejeté cependant. En effet, depuis 2009, la France adopte la journée de la gentillesse, fixée chaque 13 novembre (<a href="http://journee-de-la-gentillesse.psychologies.com" target="_blank" rel="noopener">http://journee-de-la-gentillesse.psychologies.com</a>). Cette journée est née au Japon sous le terme de "<em>Small Kindness Movement</em>", officialisée en 1998 : voilà donc venue l’heure de la revanche du gentil ! Cette journée s’est symptomatiquement développée en France en 2007, au début du quinquennat d’un Président de la République réputé pour son sens de la pugnacité et de l’égotisme – <a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Nicolas_Sarkozy" target="_blank" rel="noopener">Nicolas Sarkozy</a>. Il est cocasse d’apprendre, dit Claire, que, comme chaque année, le prix remis au Gentil de l’Année a été décerné en 2012 à… un autre Président de la République : <a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Fran%C3%A7ois_Hollande" target="_blank" rel="noopener">François Hollande</a>. Mais, ça, dit Bruno sous forme de boutade, c’était avant l’intervention militaire de la France au Mali!</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;">Le gentil serait donc, en dépit des qualités qu’on veut bien lui attribuer, cet être en décalage avec notre société obnubilée par la réussite, l’argent et la compétition sous toutes ses formes. Un être considéré, du moins dans notre pays, comme sous-évalué. </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;">En est-on certain ? demande un participant. Des expériences scientifiques menées sur des animaux tendent à prouver que plus la cohésion d’un groupe ethnologique ou éthologique est forte, plus la solidarité y est importante et plus ce groupe voit ses chances de survie s’accroître. L’idée selon laquelle la gentillesse serait un frein à la réussite d’une société ou d’une entreprise économique paraît largement infondée. Une étude, rappelle un nouveau participant, affirme que "Les sociétés qui comptent le plus fort pourcentage de salariés engagés ont collectivement accru leur bénéfice d'exploitation de 19 % et leur bénéfice par action de 28 % d'un exercice à l'autre" (étude du Cabinet Towers Perrin, citation d’</span><a style="font-size: small;" href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Emmanuel_Jaffelin" target="_blank" rel="noopener">Emmanuel Jaffelin</a><span style="font-size: small;">, </span><a style="font-size: small;" href="http://www.huffingtonpost.fr/2012/11/12/peut-on-etre-gentil-et-francais_n_2117930.html" target="_blank" rel="noopener">cf. cet article</a><span style="font-size: small;">). Être gentil semblerait donc n’être pas une incongruité dans la jungle du monde économique. Tout le monde aurait même à y gagner : dirigeants, actionnaires, salariés, familles de salariés et toute la société ! Bruno cite </span><a style="font-size: small;" href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Woody_Allen" target="_blank" rel="noopener">Woody Allen</a><span style="font-size: small;"> à ce sujet : "</span><em style="font-size: small;">Dans votre ascension professionnelle, soyez toujours très gentil pour ceux que vous dépassez en montant. Vous les retrouverez au même endroit en redescendant.</em><span style="font-size: small;">"</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;">Un participant intervient pour témoigner sur la difficulté des gentils à assumer parfois leurs comportements : on agit avec altruisme dans telle ou telle situation, sans état d’âme ; savoir qu’on a été ensuite floué, pour ne pas dire trahi, devient douloureux. Dans ce cas, être qualifié de "gentil" prend une notion aussi péjorative que si la personne en face nous avait traité avec condescendance de "<em>gentillet</em>" !</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;">Un intervenant appuie sur la nécessité de faire de la gentillesse une qualité à user avec précaution. <a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Exp%C3%A9rience_de_Milgram" target="_blank" rel="noopener">L’expérience de Milgram</a> dans les années 60 (une expérience de conditionnement de citoyens ordinaires à infliger de pseudos tortures à l’électricité à des cobayes inconnus) prouve s’il en était que faire de la docilité un style de vie peut être dangereux. De même, la vie en entreprise prouve que savoir dire non est une absolue nécessité pour ne pas devenir victime. </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;">Si l’on parle d’ambition et de compétition – dans le milieu sportif, à l’école, lors de concours, etc. – la gentillesse n’est pas le comportement adéquat non plus. Pour tout dire, non seulement elle n’est pas la bienvenue mais elle est en plus en terre inconnue. Si je participe à une course importante, je n’ai pas à considérer mon adversaire autrement que comme un adversaire à battre. La gentillesse n’a pas son mot à dire. Pour autant, comme le constate un nouveau participant, la compétition sportive n’exclut pas le respect de l’autre et c’est sans doute par le fair-play que la gentillesse se manifeste. Pour aller dans ce sens, Bruno fait référence au Tournoi des VI Nations et à cette fameuse définition du rugby : "<em>Un sport de voyous joué par des gentlemen</em>" ! </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;">Claire oriente le débat sur l’intitulé de cette séance : "<em>Oser la gentillesse</em>". "<em>Oser</em>" : ce verbe entendrait montrer qu’être gentil ne va pas de soi, que cela nécessite une forme d’effort. La question est de savoir si cette qualité est naturelle ou bien culturelle. Dit autrement, "<em>l’homme est-il naturellement bon ?</em>" comme l’affirmait <a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Jean-Jacques_Rousseau" target="_blank" rel="noopener">Jean-Jacques Rousseau</a> ou bien "<em>l’homme est-il un loup pour l’homme ?</em>" comme l’écrivait au contraire <a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Thomas_Hobbes" target="_blank" rel="noopener">Thomas Hobbes</a>. Il semblerait au vu du débat qui a cours autour de cette question que la culture a un rôle déterminant dans le développement de la gentillesse. </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;">L’un des plus beaux terrains d’observation de cette gentillesse en construction se trouve sur les cours de récréation, durant les premiers âges de la vie. Claire évoque à ce sujet une anecdote : une enfant de deux ans bousculée par un petit camarade de jeux et au sujet duquel la maman se félicitait de ses capacités à se battre. La jeune victime, en revanche, avait le tort de ne pas être suffisamment pugnace ou, dit autrement, d’être "trop gentille". Nous avons tous été témoins de ces scènes familières autour de bacs à sable, de toboggans et autres balançoires : les tout petits auraient très vite des comportements sociaux qui les distinguent les uns des autres. Ces comportements, plusieurs participants – enseignants dans le cycle élémentaire – sont d’accord pour dire qu’ils sont façonnés par le culturel. L’enfant est amoral dès son jeune âge. C’est par l’expérience et en côtoyant ses semblables qu’il se construit. En somme, pour reprendre une célèbre expression de <a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Simone_de_Beauvoir" target="_blank" rel="noopener">Simone de Beauvoir</a>, on ne naît pas gentil : on le devient ! Encore que beaucoup d’entre nous ont constaté que deux éducations identiques – le mot "identique" est cependant fortement à nuancer – voient plusieurs frères et sœurs adopter des comportements différents : l’un(e) pourra être gentil(le), l’autre pas. Nature et culture restent, encore une fois, des sujets de débat, voire de controverse. </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;">La gentillesse semblerait s’acquérir par l’expérience. L’un des aspects de ce comportement se manifeste par la non-violence, cette faculté à réagir à une agression par le pacifisme. Bruno rappelle qu’il y a un moins de trois ans, <a href="http://cafephilosophique-montargis.hautetfort.com/debat-l-education-a-la-non-violence" target="_blank" rel="noopener">le café philosophique de Montargis traitait de cette non-violence</a>. À l’époque, l’intervenant, Vincent Roussel, de la <a href="http://education-nvp.org/" target="_blank" rel="noopener">Coordination française pour la Décennie</a>, avait insisté sur l’éducation des enfants à la non-violence afin de dégoupiller les conflits en classe et sur les cours de récréation. Cette recommandation n’est, hélas, toujours qu’un vœu pieu !</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;">L’assistance du café philosophique poursuit sa discussion sur la place du culturel dans notre appréhension de la gentillesse. Une participante, de nationalité anglaise, porte un éclairage intéressant sur le gentil tel qu’il est vu en France. Nous avons dit que le "<em>gentilhomme</em>" avait disparu de notre paysage sociétal et que le gentil, son lointain avatar français, avait mauvaise presse. Cette participante confirme qu’elle a constaté chez beaucoup de nos concitoyens cette propension à déconsidérer la gentillesse. La mauvaise humeur et l’esprit râleur sont des caractéristiques françaises que nombre d’étrangers stigmatisent chez nous. Au contraire, en Grande-Bretagne, être gentil n’est pas une tare, loin de là. Être "<em>kind</em>" (de "<em>kindness</em>" : gentillesse) est une qualité appréciée, sans être dévalorisée. Ce n’est pas un hasard si le mot "<em>gentleman</em>" soit encore utilisé là-bas, alors que le "<em>gentilhomme</em>" est mort depuis longtemps en France. Bruno avance une explication à cette désaffection : après la Révolution française, en même temps que la société d’Ancien Régime disparaît (dont le gentilhomme), le besoin légitime d’égalité dans la société devient soif d’égalitarisme et méfiance vis-à-vis de notre voisin. Suis-je vraiment à égalité avec lui ? Si je montre altruiste, n’y a-t-il pas le risque que je sois "volé" par celui que je viendrais aider ? </span><a style="font-size: small;" href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Emmanuel_Jaffelin" target="_blank" rel="noopener">Emmanuel Jaffelin</a><span style="font-size: small;"> affirme ceci : "<em>En France c'est plus difficile qu'ailleurs, la faute à la Révolution française qui a inscrit dans notre ADN un égalitarisme forcené, on pense qu'on s'abaisse en donnant, alors qu'en donnant, on se grandit</em>" (</span><a style="font-size: small;" href="http://www.huffingtonpost.fr/2012/11/12/peut-on-etre-gentil-et-francais_n_2117930.html" target="_blank" rel="noopener">cf. cet article</a><span style="font-size: small;">). Loin d’être portée au pinacle, la gentillesse peut facilement être considérée avec méfiance ("<em>Une certaine qualité de gentillesse est toujours signe de trahison</em>" disait <a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Fran%C3%A7ois_Mauriac" target="_blank" rel="noopener">François Mauriac</a>). </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;">Il appartient sans doute à chacun de nous, dit un nouvel intervenant, de travailler à cette gentillesse. Comme il le rappelle à travers une fable indienne : deux loups luttent en nous, un bon et un mauvais ; le gagnant sera celui que nous nourriront. </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;">Résultat d’un apprentissage, la gentillesse ou son absence peuvent également être dans certains cas le fruit d’un caractère inné, comme le rappelle une participante. C’est l’exemple – certes, extrême – des psychopathes, des cas pathologiques incapables de ressentir autre chose que l’envie, la colère, la haine mais jamais des sentiments empathiques, sauf à vouloir dissimuler ou mentir. </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;">Un participant apporte un nouvel éclairage sur la gentillesse, un éclairage religieux et culturel ! Évoquer le pacifisme du gentil vient en résonance de l’invite de <a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/J%C3%A9sus" target="_blank" rel="noopener">Jésus</a> dans les Évangiles à "<em>tendre la joue droite lorsque quelqu’un frappe la joue gauche</em>" ("<em>Vous
Café philosophique de Montargis
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COMPTE-RENDU DE LA SÉANCE ”LA VÉRITÉ EST-ELLE TOUJOURS BONNE À DIRE?”
tag:cafephilosophique-montargis.hautetfort.com,2012-11-13:4896671
2012-11-13T22:24:00+01:00
2012-11-13T22:24:00+01:00
Thème du débat : " La vérité est-elle toujours bonne à dire ?" ...
<p style="text-align: justify;"><strong style="font-size: small;">Thème du débat : "<span style="color: #ffff00;">La vérité est-elle toujours bonne à dire ?" </span></strong></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;"><strong>Date : <span style="color: #ffff00;">19 octobre 2012 à la Brasserie du centre commercial de la Chaussée.</span></strong></span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;">Pour cette séance du 19 octobre 2012, intitulée "<span style="color: #ffff00;">La vérité est-elle toujours bonne à dire ?</span>", le café philosophique de Montargis a connu une affluence particulière : plus de 100 personnes étaient présentes à la Brasserie du centre commercial de la Chaussée. Un record pour cette 26ème séance : bravo et merci à tous les participants !</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;">Comme de coutume, ce nouveau rendez-vous commence par la présentation de la séance suivante, prévue le vendredi 30 novembre 2012. Bruno la décrit comme une séance atypique – un "<em>café philo autant qu’un café psycho</em>" – puisqu’elle aura pour thème la mémoire ("<a title="Prochain débat" href="http://cafephilosophique-montargis.hautetfort.com/memoire-memoire/" target="_blank" rel="noopener">Mémoire, mémoires : cette mémoire qui nous construit, cette mémoire qui nous détruit</a>"). Pour l’occasion, Claire et Bruno seront assistés exceptionnellement d’un troisième co-animateur, Jean-Dominique Paoli. Ce dernier vient parler en quelques mots de cette séance en insistant sur l’utilisation de moins en moins fréquente de notre mémoire en raison d’outils de plus en plus sophistiqués (Internet, moteurs de recherche, encyclopédies en ligne, répertoires électroniques de téléphones, etc.). Or, ce désintérêt pour la mémoire se heurte au contraire à une peur commune de maladies invalidantes et dégénératives, a fortiori dans nos populations modernes de plus en plus vieillissantes. Jean-Dominique Paoli présente ce futur débat autant comme une démonstration des capacités de notre mémoire qu’un moment de discution philosophique sur ce qu’est la mémoire.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;">Après cette introduction, le débat de ce mois d’octobre sur la vérité est lancé. </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;">Le début de la séance est largement consacré à la notion de vérité. "Il faut savoir ce que l’on entend par "vérité" dit un premier participant. "<em>Ne pourrait-on pas parler de "vérités" au pluriel ?</em>" Il apparaît rapidement que ce vocable de "vérité" est à géométrie variable : vérité d’une situation passée, vérité scientifique, vérité édictée par la justice, vérité historique (que l’on pense à cette reconnaissance récente par le Président de la République des violences commises par la police lors de la manifestation du 17 octobre 1961, <a href="http://www.rfi.fr/france/20121017-hommage-francois-hollande-victimes-17-octobre-1961-provoque-critiques-opposition-christian-jacob" target="_blank" rel="noopener">cf. ce lien ici</a>), etc. Finalement, n’y aurait-il pas autant de vérités que de points de vue ? Comme le rappelle une participante, citant <a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Blaise_Pascal" target="_blank" rel="noopener">Blaise Pascal</a>, "<em>Vérité en deçà des Pyrénées, erreur au-delà</em>."</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;">Dans ce cas, dit un autre participant, "dire la vérité" c’est d’abord "dire <em>sa</em> vérité" : je peux être convaincu du bien-fondé de ce qui m’apparaît vrai (par exemple que les émissions de téléréalité particulièrement populaires sont néfastes à plus d’un titre) et en même temps comprendre autrui lorsqu’il se montre en désaccord avec ce que je crois bien fondé. Accepter qu’il n’y a pas une vérité mais des vérités c’est ouvrir vers l’autre un dialogue et le champ des possibles mais c’est aussi, dit Bruno, dénaturer l’idée même de vérité : "Voilà ma vérité" proclament, en guise de défense ou de justification, des témoignages singulièrement polémiques après tel ou tel événement. Prenons pour exemple le témoignage de Leïla Ben Ali, la femme du dictateur tunisien dans son récent essai opportunément intitulé <em>Ma Vérité</em>. (pour en savoir plus, <a href="http://www.leparisien.fr/international/tunisie-leila-ben-ali-je-n-ai-jamais-voulu-faire-de-mal-a-qui-que-ce-soit-01-07-2012-2072938.php" target="_blank" rel="noopener">cliquez ici</a>). Dire "sa vérité" c’est déjà accepter qu’elle soit susceptible d’être battue en brèche. C’est encore accepter de composer avec "une autre vérité". "</span><em><span style="font-size: x-small;">À</span></em><span style="font-size: small;"><em> chacun sa vérité</em>" comme le disait l’homme de théâtre italien <a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Luigi_Pirandello" target="_blank" rel="noopener">Luigi Pirandello</a>.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;">Parler de vérités c’est aussi prendre en compte le facteur "temps", perpétuel acteur et façonneur de nouveaux paradigmes : la terre fut plate et au centre de l’univers pendant des siècles avant que cette "vérité" ne devienne grâce aux avancées scientifiques un fourvoiement de la pensée. Au contraire, ce qui était considéré comme une aberration (<a href="http://www.molwick.com/fr/relativite/212-heliocrentrisme.html" target="_blank" rel="noopener">le globe terrestre et l’héliocentrisme</a>) est devenue cette vérité universelle enseignée. </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;">Dans notre vie quotidienne, l’énonciation – ou pas – de la vérité participe de l’époque dans laquelle nous vivons. Faut-il dire, par exemple, la vérité aux enfants adoptés, s’interroge un autre intervenant ? Sans nul doute, dit Bruno, pendant des années il fallait taire à ces enfants victimes d’un traumatisme sans égal cette réalité douloureuse. La vérité cachée devait leur permettre de se construire une vie dite "normale", comme si rien ne s’était passé. Aujourd’hui, cette ancienne évidence (l’<em>evidence</em> anglaise, la "preuve") est largement remise en cause. Un nouveau paradigme est apparu au sujet de ces enfants adoptés : la vérité ne peut être que bonne à dire, nombre de spécialistes considérant que plus cette vérité est dite tôt, meilleure sera la situation de l’enfant par la suite… (pour en savoir plus, <a href="http://www.familles-ge.ch/faq.php?no=01&sit=02&faqId=246" target="_blank" rel="noopener">lire cet article</a>) Cet exemple n’est pas sans susciter l’étonnement de personnes de ce café philo, preuve s’il en est que là comme souvent la vérité n’est jamais figée comme une idole taboue !</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;">Un nouvel intervenant évoque cette vérité scientifique évoquée plus haut : non, la vérité scientifique n’existe pas ! La science n’avance pas à coups de certitudes <em>ex nihilo</em> mais pas à pas, à l’aide d’hypothèses et d’intuitions savamment étudiées. C’est sur ces <em>a priori</em> que se construit ensuite un cheminement intellectuel, des expérimentations précises et une méthodologie rationnelle jusqu’à aboutir à l’énoncé non d’une vérité mais d’une affirmation admise par la majorité du corps scientifique ("<em>Cette vieille erreur, qu'il n'y a de parfaitement vrai que ce qui est prouvé, et que toute vérité repose sur une preuve, quand, au contraire, toute preuve s'appuie sur une vérité indémontrée</em>" affirme <a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Arthur_Schopenhauer" target="_blank" rel="noopener">Arthur Schopenhauer</a>). Finalement, dire la vérité scientifique, vertu capitale dans nos sociétés, n’est-ce pas avant tout chercher à enseigner et divulguer un savoir à l’ensemble de la population ? <a href="http://cafephilosophique-montargis.hautetfort.com/archive/2012/09/21/qui-a-peur-des-verites-scientifiques.html" target="_blank" rel="noopener">Pour aller plus loin, rendez-vous sur ce lien au sur le dernier essai de Bruno Latour</a>. </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;">La notion évanescente de la vérité, parfois érigée en totem, la rend difficile à définir. Comment connaître ce qui est vrai, demande une participante? La réponse est d’autant plus insoluble dans une société gavée d’informations contradictoires, convient l’ensemble de l’assistance. Il est d’ailleurs paradoxal de constater qu’alors que les tribunaux utilisent avec solennité l’expression "Je jure de dire la vérité, toute la vérité, rien que la vérité", c’est dans ces lieux que la vérité, discutée, débattu, analysée, reste insaisissable… Et pourtant, dans cette situation, l’expression "à chacun sa vérité" est insoutenable ! Trouver et énoncer LA vérité c’est faire lumière sur. </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;">Pourquoi ne pas considérer que la vérité, telle que nous pourrions la concevoir, est cet accord, cette adéquation entre l’idée que nous nous faisons d’une chose et cette chose? C’est ce jugement qui colle à la réalité, comme le disait <a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Heidegger" target="_blank" rel="noopener">Heidegger</a>. <a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Spinoza" target="_blank" rel="noopener">Spinoza</a> dit également ceci: "<em>On appelle idée vraie celle qui montre une chose comme elle est en elle-même ; fausse, celle qui montre une chose autrement qu’elle n’est en réalité</em>". De là vient l’impression que ces vérités ne sont ni plus ni moins que des opinions, partagées ou non.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;">Énoncer ou pas "sa" vérité à autrui ne se conçoit qu’à l’aune d’une vérité fluctuante. Ceci étant dit, ne pas dire le vrai – ou ce qui nous paraît tel quel – peut-il être moralement tenable? Un participant répond par l’affirmatif : entre le mensonge et la vérité brutale, il y a l’entre-deux, le compromis : le silence. Je connais une réalité douloureuse mais je choisis de la taire, ce que la pensée chrétienne a traduit comme "mensonge par omission". "Se taire, ne rien dire qui pourrait blesser, ce n’est pas vraiment mentir" ajoute ce participant. La morale est-elle sauve pour autant, demande Claire ? Ce paravent du silence n’est-il pas une mesure facile pour ne pas m’engager ? N’est-ce pas cacher un voile pudique et me mentir à moi-même? Ce mensonge par omission fait assurément débat et entre de plain-pied dans un problème d’éthique. </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;">Lorsque tel(le) ou tel(le) choisit au contraire de ne pas garder le silence, qu’est-ce qui peut me pousser à cacher la vérité ? Cela peut être pour des raisons égoïstes (cacher un méfait) mais cela aussi peut être pour ne pas blesser autrui. Le mensonge se pare alors de vertu. Moralement, je choisis de protéger autrui qui, je le sais, sera blessé par l’annonce d’une nouvelle. L’exemple médical est cité: tel(le) ou tel(le) pourra ne pas être tenu au courant de son propre état de santé par son médecin. Ce dernier prendra en main le soin de son patient ou de sa patiente en lui cachant tout ou partie de la vérité : à quoi bon faire souffrir moralement un patient lorsque cacher la réalité paraît si commode ? Concevoir ainsi les relations malade/médecin n’est pas sans susciter un vif débat. Une participante rétorque que cette attitude est condamnable. Pour prendre cet exemple, conclut-elle, un patient doit connaître la vérité, fusse-t-elle difficile à accepter ! Cet exemple permet ainsi de s’interroger sur le pouvoir de la vérité. Peut-on s’octroyer le droit de garder une telle emprise sur autrui ?</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;">Une intervention vient appuyer cet impératif de dire le vrai : de quel droit devrais-je m’arroger le droit de décider si telle ou telle vérité doit être dévoilé, sous le prétexte que je me dois de protéger autrui ? Le connais-je suffisamment pour augurer de sa réaction ? Pour les meilleures raisons du monde, je peux estimer qu’il ne sert à rien de faire souffrir autrui en lui dévoilant une situation ; cependant, qui peut me certifier que ce dévoilement ne va pas être finalement bénéfique (que l’on se réfère à la métaphore de la Caverne de Platon, <a href="http://cafephilosophique-montargis.hautetfort.com/archive/2012/10/07/la-caverne-de-platon-ou-la-verite-crue-devoilee.html" target="_blank" rel="noopener">cf. lien</a>) ? </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;">Une participante ajoute, non sans malice, que la posture des plus petits peut être exemplaire : ne dit-on pas que la "vérité sort de la bouche des enfants" ?</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;">Ne pas dire la vérité à tout prix, dit encore Claire, c’est se placer dans une posture plus ambiguë qu’il n’y paraît. C’est affirmer une emprise, un pouvoir sur autrui, tant il est vrai que le savoir (celui du scientifique ou du professeur par exemple) est sensé apporter une autorité certaine. Lorsque autrui est un proche, un ami, suis-je prêt à prendre le risque de dénaturer mes relations avec lui en me plaçant en situation de supériorité morale ? De la même manière, autrui à qui je "dis ses quatre vérités" est-il prêt à accepter mon emprise sur lui, jusqu’à m’être redevable de lui avoir ouvert les yeux ? Le Président de la République qui vient énoncé "la vérité du 17 octobre 1961" (<em>cf. plus haut</em>) ne se place-t-il pas d’emblée dans une situation d’autorité, contestée ou non ?</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;">C’est sous l’angle du problème de du pouvoir que se place ensuite le débat. Plus précisément, c’est l’autorité tyrannique qui nous met en face des contradictions s’agissant de l’impératif de la vérité. Oui, affirment plusieurs participants, on peut mentir pour des raisons morales ! Je suis même en droit, comme le dit <a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/John_Locke" target="_blank" rel="noopener">John Locke</a>, de tuer le tyran qui me gouverne ! L’histoire de l’Humanité est riche de ces moments où le mensonge s’invite à la table de l’humanité et de la fraternité. Un participant évoque à ce sujet l’exemple des <a href="http://www.yadvashem-france.org/les-justes-parmi-les-nations/qui-sont-les-justes/" target="_blank" rel="noopener">Justes</a> qui, pendant la seconde guerre mondiale, ont accueilli et protégé des personnes pourchassées jusqu’au péril de leur vie. Par ces actes, ils ont non seulement contesté l’autorité considérée à l’époque comme légale mais encore utilisé le mensonge comme moyen de résistance. Par un retournement de l’Histoire, le mensonge est devenu une arme au service d’une action morale ; au contraire, les citoyens qui ont suivi l’autorité tyrannique sans rien lui cacher ont reçu l’opprobre pour ne pas dire la condamnation de l’Histoire.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="color: #ff00ff;"><strong><span style="font-size: small;">Le bouquin du mois :</span></strong></span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;">C’est l’opportunité pour Claire de présenter le livre d’<a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Emmanuel_Kant" target="_blank" rel="noopener">Emmanuel Kant</a>, <em>D’un prétendu Droit de mentir par Humanité</em> (1785). </span><span style="font-size: small;">(<a href="http://fr.wikisource.org/wiki/D%E2%80%99un_pr%C3%A9tendu_droit_de_mentir_par_humanit%C3%A9" target="_blank" rel="noopener">cf. lien</a>).</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;">La position de </span><span style="font-size: small;"><a style="font-size: small;" href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Emmanuel_Kant" target="_blank" rel="noopener">Kant</a> a suscité une controverse avec <a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Benjamin_Constant" target="_blank" rel="noopener">Benjamin Constant</a>, dans son ouvrage <em>La France</em>, publié en 1797. Pour en savoir plus sur la polémique entre Emmanuel Kant et Benjamin Constant, <a href="http://philosophia.over-blog.com/pages/Kant_repond_a_Benjamin_Constant-3727725.html" target="_blank" rel="noopener">rendez-vous sur ce lien</a>.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;">Claire résume ainsi la position de </span><a style="font-size: small;" href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Emmanuel_Kant" target="_blank" rel="noopener">Kant</a><span style="font-size: small;"> : s’intéressant au "<em>mensonge généreux</em>", </span><span style="font-size: small;"><a style="font-size: small;" href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Emmanuel_Kant" target="_blank" rel="noopener">Kant</a> prend pour exemple un pouvoir tyrannique accusant mon ami d’un crime, crime qui condamne assurément cet ami. Celui-ci se réfugie chez moi et s’y cache. La police vient frapper à ma porte et me demande de la renseigner sur le fugitif. Quelle doit être ma position ? Dois-je ou non dire la vérité ? Le mensonge n’a-t-il pas toute sa justification morale, comme en conviennent nombre de participants du café philo ? C’est la position de </span><a style="font-size: small;" href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Benjamin_Constant" target="_blank" rel="noopener">Benjamin Constant</a><span style="font-size: small;"> qui affirme que "<em>nul d’a droit à la vérité qui nuit à autrui</em>." Or, dit Claire, </span><a style="font-size: small;" href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Emmanuel_Kant" target="_blank" rel="noopener">Kant</a><span style="font-size: small;"> place la vérité au dessus de toute considération : même dans ce cas de figure, le mensonge ne m’est pas permis moralement, aussi choquante que soit cette assertion dans un cas aussi exceptionnel ! En mentant, je me rends responsables de cet acte et j’en porte l’entière responsabilité quelles qu’en soient les conséquences. Au contraire, la justice publique ne peut s’en prendre à moi si je dis la vérité. </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;">Pour protéger cet ami pourchassé par un pouvoir criminel que je honnis, le mensonge n’est-il pas la solution idéale pour qu’une morale soit sauve ? Non, répond </span><a style="font-size: small;" href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Emmanuel_Kant" target="_blank" rel="noopener">Kant</a><span style="font-size: small;"> ainsi : "<em>Il est possible qu’après que vous avez loyalement répondu oui au meurtrier [les policiers aux ordres du pouvoir tyrannique] qui vous demandait si son ennemi [cet ami en fuite] était dans la maison, celui-ci en sorte inaperçu et échappe ainsi aux mains de l’assassin, de telle sorte que le crime n’ait pas lieu ; mais, si vous avez menti en disant qu’il n’était pas à la maison et qu’étant réellement sorti (à votre insu) il soit rencontré par le meurtrier, qui commette son crime sur lui, alors vous pouvez être justement accusé d’avoir causé sa mort. En effet, si vous aviez dit la vérité, comme vous la saviez, peut-être l
hoplite
http://hoplite.hautetfort.com/about.html
anatomie du chaos
tag:hoplite.hautetfort.com,2010-12-28:3043068
2010-12-28T13:59:03+01:00
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...
<p><a href="http://hoplite.hautetfort.com/media/00/00/3037383175.jpg" target="_blank"><img id="media-2817345" style="float: left; margin: 0.2em 1.4em 0.7em 0;" src="http://hoplite.hautetfort.com/media/00/00/2306309023.jpg" alt="2WiKtGF9Sn3mhj1292NlGm9eo1_500.jpg" /></a></p><p> </p><p> </p><p> </p><p> </p><p> </p><p> </p><p> </p><p> </p><p> </p><p> </p><p> </p><p> </p><p> </p><p> </p><p>Ceux qui fréquentent Hoplite depuis un moment connaissent mes idées sur la sécession ethnique/culturelle/religieuse/sociale qu’organisent méthodiquement nos modernes libéraux-libertaires par le biais d’un remplacement démographique de grande ampleur depuis plus de quarante ans, par la destruction des cadres sociaux, environnementaux, culturels, politiques, religieux ou philosophiques des peuples européens, par l’anomie galopante et la guerre de tous contre tous : les prémisses d'une guerre civile sous-tendue par les bouleversements induits par le capitalisme globalisé (ou néo-libéralisme).</p><p>Christopher Lasch ou JC Michéa qui, au-delà de la critique de la religion du Progrès™, décrivent une autre sécession à l’oeuvre, moins visible mais non moins dangereuse, qui est celle de nos « élites ». Par « élites », j’entends cette hyperclasse hédoniste et nomade, ces <em>insiders</em>, hommes politiques rafarinesques, sportifs thuramo-compatibles, journalistes jofrinesques, écrivains attalinoïdes, sociologues woltoneux, dont le point commun est de vivre bien en étant à l’abri des conséquences désastreuses des politiques qu’ils promeuvent et qui font le malheur de beaucoup d'autres (le peuple, volontiers "populiste"), ces <em>outsiders silencieux</em>, en panne d’éducation, d’instruction, de repères, d’argent, de savoir et de sens…et de traditions (horresco referens).</p><p>« <em>Il fut un temps où ce qui était supposé menacer l'ordre social et les traditions civilisatrices de la culture occidentale, c'était la révolte des masses. De nos jours, cependant, il semble bien que la principale menace provienne non des masses, mais de ceux qui sont au sommet de la hiérarchie</em>. <em>Dans une mesure inquiétante, les classes privilégiées -les 20% les plus riches de la population, pour prendre une définition large- ont su se rendre indépendantes non seulement des grandes villes industrielles en pleine déconfiture mais des services publics en général. Elles envoient leurs enfants dans des écoles privées, elles s'assurent contre les problèmes de santé en adhérant à des plans financés par les entreprises où elles travaillent et elles embauchent des vigiles privés pour se protéger contre la violence croissante qui s'en prend à elles. Elles se sont effectivement sorties de la vie commune.</em> <em>Les mêmes tendances sont à l'oeuvre dans le monde entier. En europe, les référendums qui se sont tenus sur la question de l'unification ont révélé une faille profonde et qui va en s'élargissant entre le monde politique et les membres plus humbles de la société qui redoutent que l'UE ne soit dominée par des bureaucrates et des techniciens dépourvus de tout sentiment d'identité ou d'appartenance nationale. Une Europe gouvernée de Bruxelles sera de leur point de vue de moins en moins sensible au contrôle des peuples. Le langage international de l'argent parlera plus fort que les dialectes locaux.</em> <em>Ce sont ces peurs qui sont sous-jacentes à la résurgence des particularités ethniques en Europe, tandis que le déclin de l'Etat-nation affaiblit la seule autorité capable de maintenir le couvercle sur les rivalités ethniques. Par réaction, la renaissance du tribalisme renforce le cosmopolitisme chez les élites</em>. » (Christopher Lasch, La révolte des élites, 1996)</p><p>Christopher Lasch a théorisé cette sécession élitaire, cette trahison de la démocratie, en 1996, dans un livre cardinal, <em>La révolte des élites</em>, qui fut bien sûr ignoré par tout le ban et l’arrière-ban de l’intelligentsia progressiste, notamment en France. Certaines vérités, certaines analyses, trop dérangeantes et anti-conformistes s’enterrant beaucoup plus facilement en les ignorant délibérément qu’en les affrontant. Jean-claude Michéa, dans une courte préface à cet ouvrage, dit l’essentiel :</p><p>« <em>Profondément enracinés dans l’économie planétaire et ses technologies sophistiquées, culturellement libérales, c’est-à-dire, « modernes », « ouvertes », voire « de gauche », les nouvelles élites du capitalisme avancé, celles qui contrôlent le flux international de l’argent et de l’information, manifestent en effet, à mesure que leur pouvoir s’accroît et se mondialise, un mépris grandissant pour les valeurs et les vertus qui fondaient autrefois l’idéal démocratique. Enclavées dans leurs multiples « réseaux », au sein desquels elles « nomadisent » perpétuellement, elles vivent leur enfermement dans le monde humainement rétréci de l’Economie comme une noble aventure « cosmopolite », alors que chaque jour devient plus manifeste leur incapacité dramatique à comprendre ceux qui ne leur ressemblent pas : en premier lieu, les gens ordinaires de leur propre pays (on sait par exemple, que dans le monde de l’élite, situé « nulle part ailleurs », l’homme ordinaire ne peut apparaître que sous la figure moquée des Deschiens). Christopher Lasch a tenu à placer sa critique des nouvelles élites du capitalisme avancé sous le signe du « populisme », c’est-à-dire conformément au sens historique du mot, d’un combat radical pour la liberté, et l’égalité mené au nom des vertus populaires. On sait à quel point, depuis quelques années, les media officiels travaillent méthodiquement à effacer le sens originel du mot, à seule fin de pouvoir dénoncer comme « fascistes » ou « moralisateurs » (à notre époque, le crime de pensée suprême) tous les efforts des simples gens pour maintenir une civilité démocratique minimale et s’opposer à l’emprise croissante des « experts » que le système a préposé à la défense médiatique de ses nuisances, s’empresseront de faire courir le bruit –pour affecter de s’en réjouir ou pour s’en lamenter- que ce livre est « réactionnaire ». Il n’est cependant pas interdit d’espérer que le lecteur intelligent puisse encore se faire une opinion par lui-même.</em> »</p><p>Une précision s’impose concernant le terme de « libéralisme » que j’utilise régulièrement bien souvent pour en montrer les aspects obscurs et destructeurs, bien que célébré par la quasi-totalité des media occidentaux mais pas seulement. Ce mot fait référence chez moi à ce « néo-libéralisme », sorte de capitalisme globalisé devenant, mondialisation oblige, l’alpha et l’oméga des élites globalisées, occidentales ou pas.</p><p>Or, l’imposture fondamentale des thuriféraire du néo-libéralisme est de se vendre (le mot est de rigueur) comme les héritiers du libéralisme politique et économique théorisé par les grandes figures de la philosophie des Lumières : cette aberration (cette imposture), en forme d’impasse intellectuelle, éthique et morale est pourtant monnaie courante aujourd’hui et permet à tous les criminels de guerre (économique) du genre de Madoff, Goldman, Sachs, Friedman, Lehman, Volker ou Greenspan (liste non limitative) de faire passer une société malade de son hyperconsommation rabique pour une geste libérale autrement complexe et nuancée des penseurs européens du libéralisme politique et économique des XVII et XVIIème siècles. Nul doute que Smith, Ricardo, Hume, Locke, Montesquieu et de quelques-uns de leurs –véritables- héritiers comme Constant ou Tocqueville ne pourraient reconnaître une seconde leur vision éclairée et subtile d’émancipation, de liberté et d’autonomie (dans un monde ou régnaient absolutisme et religion) dans l’hubris marchande et prédatrice d’un Bernanke ou d’un Friedman et de ses Chicago boys...</p><p>L’exploit de ces apprentis sorciers, outre le fait de pouvoir encore s’afficher comme les héritiers de penseurs authentiques de l’autonomie et de la raison, est d’avoir su imposer leur doctrine « néo-libérale » que décryptent Pierre Bérard, Castoriadis, Michéa ou Lasch, à la planète entière, malgré les ravages, les prédations, les bouleversements incroyables que celle-ci produit partout.</p><p>Or cette croyance (c’en est une, aucun fondement solide autre que la foi de ses fidèles) que l’homo oeconomicus serait une créature rationnelle qui ne court qu’après son meilleur intérêt au détriment de toute autre aspiration, que la cupidité de chacun fait la richesse des nations, que le bien-être social découle d’une moindre intervention étatique dans la marche du marché (sorte de veilleur de nuit..), que les marchés s’autorégulent sans nul besoin d’intervention extérieure –notamment étatique, que la spéculation est une activité naturelle et utile à la société, que les principes économiques sus-cités doivent s’appliquer à toutes les sphères des activités humaines, que le protectionnisme des marchés nationaux ou continentaux est une aberration dangereuse n’est que principes simplistes et hégémoniques érigés en dogme intouchable à travers l’enseignement économique, les media, les bureaucraties internationales et leurs relais utiles nationaux (les Sarkosy, Strauss Kahn, Con-Bandit, Barroso, etc.).</p>
Frasby
http://certainsjours.hautetfort.com/about.html
Ce que dérive dit... ( part II )
tag:certainsjours.hautetfort.com,2009-04-13:2144294
2009-04-13T06:54:00+02:00
2009-04-13T06:54:00+02:00
Comme un Lundi fériant ... "On peut dériver seul, mais tout indique...
<p><b>Comme un Lundi fériant ...</b></p> <p><b>"On peut dériver seul, mais tout indique que la répartition numérique la plus fructueuse consiste en plusieurs petits groupes de deux ou trois personnes parvenues à une même prise de conscience, le recoupement des impressions de ces différents groupes devant permettre d’aboutir à des conclusions objectives. Il est souhaitable que la composition de ces groupes change d’une dérive à l’autre. Au-dessus de quatre ou de cinq participants, le caractère propre à la dérive décroît rapidement, et en tout cas il est impossible de dépasser la dizaine sans que la dérive ne se fragmente en plusieurs dérives menées simultanément. La pratique de ce dernier mouvement est d’ailleurs d’un grand intérêt, mais les difficultés qu’il entraîne n’ont pas permis jusqu’à présent de l’organiser avec l’ampleur désirable."</b></p> <p>GUY DEBORD Extr. "Théorie de la dérive"</p> <p><img src="http://certainsjours.hautetfort.com/media/01/01/1284885090.JPG" id="media-1694434" alt="derive008.JPG" style="border-width: 0; float: left; margin: 0.2em 1.4em 0.7em 0;" name="media-1694434" /></p> <p>... Et la dérive m'amène à suivre là, quelques ombres, ou la mienne au bras droit qui porte à l'oeil sa prothèse et me devance...</p> <p>Dans <a target="_blank" href="http://certainsjours.hautetfort.com/archive/2008/06/17/nous-tournons-en-rond-dans-la-nuit-et-sommes-consumes-par-le.html"></a><b><a target="_blank" href="http://certainsjours.hautetfort.com/archive/2008/06/17/nous-tournons-en-rond-dans-la-nuit-et-sommes-consumes-par-le.html">"In girum imus nocte et consumimur igni"</a> à traduire</b> par <a target="_blank" href="http://www.ubu.com/film/debord_ingirum.html"><b>"Nous tournons en rond dans la nuit et sommes consumés par le feu"</b>,</a> GUY DEBORD écrivait magnifiquement, à propos de l'errance :</p> <p><b>"La formule pour renverser le monde, nous ne l’avons pas cherchée dans les livres, mais en errant. C’était une dérive à grandes journées, où rien ne ressemblait à la veille ; et qui ne s’arrêtait jamais."</b></p> <p>Pour G. DEBORD en effet, la "psychogéographie" permet de situer le poétique non plus dans les livres ou les tableaux mais dans un art purement situationniste, elle prend forme avec de nombreuses expériences de dérives, réalisées par les situationnistes ou leurs prédecesseurs lettristes. La dérive n'est ni voyage, ni promenade ; juste <b>"une technique du passage hâtif à travers des ambiances variées"</b>. Les lieux privilégiés pour de telles expériences sont les villes : Paris, Amsterdam, Londres et de préférence les quartiers, les moins touristiques, les plus peuplés d'étrangers, et les moins prestigieux. Parallèlement les situationnistes élaborent <a target="_blank" href="http://highway55.library.yale.edu/PATREQIMG/size3/D0987/1044447.jpg">les plans de nouvelles villes</a> aménagées non plus en fonctions des nécessités vitales et commerciales mais en fonction du désir et du jeu : Villes suspendues mobiles en perpétuelles construction/ déconstruction faites d'espaces infiniment communicants. L'un des exemple sera "La nouvelle Babylone" de l'artiste néerlandais CONSTANT qui en 1956, entreprit de conceptualiser un nouvel environnement urbain. Sa "nouvelle Babylone" version de la ville planétaire de l'avenir est un lieu habité par les nomades futurs qui dégagée des limites conceptuelles et matérielles du travail, serait complètement mobile pour faire écho à la constante mobilité de ses habitants. Une ville en état de changement perpétuel qui pourrait exister partout et nulle part à la fois et ne se trouverait ni dans le passé ni dans l'avenir. (Echapperait-elle aux filets de la "Google map" ? l'artiste n'eût pas le loisir de le prévoir) mais, j'en devine déjà qui sourient à l'évocation de telle improbable utopie... N'est-il pas vrai pourtant, que l'une des plus anciennes formes de l'environnement bâti fût justement l'architecture mobile ? Les indiens des plaines par exemple avaient reconnu les possibilités de ce détachement. La plus grande particularité de leurs maisons était leur impermanence. Il y eût plus tard, chez nous et plus près vers 1920 environ, les caravanes qui font toujours office d'architecture de l'évasion (aujourd'hui, dirons-nous, d'une évasion plus "confortable", climatisée, embourgeoisée, s'il faut tout dire...) Mais revenons à nos... (non, surtout pas moutons, "dindons" peut-être ?), à Guy DEBORD, (Drapons Guy!),et sa <b>"théorie de l'errance"</b>, DEBORD, on le sait, est à peu près de toutes les dérives, et surtout très actif, au niveau de la critique. il critique l'urbanisme dominant (cf. "L'internationale situationniste" et surtout "La société du spectacle"), où sa critique de l'urbanisme, constitue un réquisitoire radical contre l'isolement social, et <a target="_blank" href="http://www.achat-rennes.com/pro2269-Emetteur-a-ultrasons-anti-graffitis-et-rassemblements.htm">la confiscation de l'espace public</a> opérés par le pouvoir au moyen de l'urbanisme officiel et autres. La psychogéographie est une technique de réappropriation de la ville, une tentative de reconquête de ce que le pouvoir ne cesse de tenter de confisquer. La psychogéographie, les théories de la dérive, ont existé avant DEBORD, bien sûr. On peut relire certains récits relatés par André BRETON dans "L'amour fou" ou Nadja", chez ARAGON "Le paysan de Paris", dans les mémoires de P. SOUPAULT et avant eux : Gérard DE NERVAL Nous reviendrons sur ce sujet un certain jour... Quant à G. DEBORD, il est sans doute celui qui a su le mieux théoriser (tout en marchant), le terme de "Dérive" avec quelque longueur d'avance, sur ce qui existe aujourd'hui et n'existe pas encore, du moins est il déjà permis d'en rêver, voire d'en émettre à notre échelle très simplement humaine quelques premiers balbutiements, (à bon entendeur !) :</p> <p><b>"</b><b>Les difficultés de la dérive sont celles de la liberté. Tout porte à croire que l’avenir précipitera le changement irréversible du comportement et du décor de la société actuelle. Un jour, on construira des villes pour dériver. On peut utiliser, avec des retouches relativement légères, certaines zones qui existent déjà. On peut utiliser certaines personnes qui existent déjà."</b></p> <p>GUY ERNEST DEBORD extr. "Théorie de la Dérive" publiée dans "les lèvres nues n° 9" décembre 1956 et <a target="_blank" href="http://debordiana.chez.com/francais/is2.htm#theorie">"Internationale situationniste N° 2</a> publiée en 1958.</p> <p>Ref. remerciements : à "La revue des ressources" d'où sont tirés les extraits de textes de G.DEBORD.</p> <p>Photo: Ce ne sont pas toujours ceux qui ont l'air en dérive qui dérivent le plus... C'est que je me suis dit, ce jour en parcourant des kilomètres, subjuguée par le tangage des démarche conjuguées, inhabituelles, que je n'arrivais pas à doubler, malgré l'apparente désynchronisation des âges. Alors j'ai brisé tout mon rythme, en suivant presque sans y penser, ceux qui devant moi me portaient à une destination que je me réjouissais d'ignorer ; jusqu'à me faire semer, à quelques kilomètres du cours Vitton d'où fût prise cette photo, dans un quartier inconnu du côté de la rue Baratin à Villeurbanne Cusset <a target="_blank" href="http://maps.google.fr/maps?f=q&source=s_q&view=text&hl=fr&gl=fr&q=+villeurbanne+cusset&btnG=Recherche+Google+Maps">(qui existe bel et bien et n'est pas encore trop mobile comme rue = La preuve est dans la carte et la carte n'est pas du tout psychogéographique!)</a> Lyon, Avril 2009.© Frb<b><br /></b></p>