Last posts on collapsologie2024-03-29T01:14:00+01:00All Rights Reserved blogSpirithttps://www.hautetfort.com/https://www.hautetfort.com/explore/posts/tag/collapsologie/atom.xmlfredlautrehttp://lantidote.hautetfort.com/about.htmlLA SERVITUDE ÉLECTRIQUEtag:lantidote.hautetfort.com,2022-03-16:63700722022-03-16T09:00:00+01:002022-03-16T09:00:00+01:00 Impressions de lecture. Je viens de refermer (7 mars) La...
<p style="text-align: justify;"><span style="font-family: 'times new roman', times, serif; font-size: 14pt;"><img id="media-6341762" style="float: left; margin: 0.2em 1.4em 0.7em 0;" title="" src="http://lantidote.hautetfort.com/media/00/02/994334330.2.jpg" alt="GRAS ALAIN & DUBEY GERARD SERVITURE ELECTRIQUE.jpg" width="241" height="327" /></span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: 'times new roman', times, serif;"><u><span style="font-size: 14.0pt;">Impressions de lecture.</span></u></span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 14pt; font-family: 'times new roman', times, serif;">Je viens de refermer (7 mars) <u>La Servitude électrique</u>, de Gérard Dubey et Alain Gras (Seuil, 2021). Le premier est sociologue, le second est socio-anthropologue — je passe sur les détails additionnels. Ceux qui suivent un peu ce blog doivent se demander ce qui m'a pris, sachant la couleur souvent désobligeante des propos que je tiens sur les "sciences" humaines en général, et en particulier sur les "spécialistes" et autres "experts" patentés qui pondent à tour de bras ouvrages savants ou articles de revues "scientifiques", interventions décisives dans les pages "débats" ou "idées" du journal <u>Le Monde</u>, qui en est friand, voire gourmand.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 14pt; font-family: 'times new roman', times, serif;">Certains sont même invités plus souvent qu'à leur tour à venir postillonner doctement les microbes de leurs "sciences" dans les micros de la radio ou de la télévision, dans le but éminemment vertueux (défense de rire) de nous aider à comprendre ce qui se passe de par le vaste monde et jusqu'aux tréfonds intimes de nos chaumières. Autant le déclarer d'entrée de jeu, ce n'est pas le livre de Dubey et Gras qui me fera changer d'avis. </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 14pt; font-family: 'times new roman', times, serif;">C'est le titre du livre (<u>La Servitude électrique</u>) qui a déclenché mon geste d'achat, en ce qu'il laisse entrevoir tous les malheurs qui s'abattent sur les pauvres humains quand ils sont privés d'électricité. Il me suffit de penser aux Ukrainiens de Marioupol ou d'Irpin qui, sous les bombardements de leurs cousins russes, sont coupés de toute ressource en eau, gaz et électricité depuis x semaines. On peut aussi avoir une pensée pour les habitants de Sarajevo, qui furent privés de presque tout lorsque Slobodan Milosevic a lâché ses chiens de guerre sur la Croatie et la Bosnie pour réaliser son rêve de "Grande Serbie".</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 14pt; font-family: 'times new roman', times, serif;">La question est : « Que deviendrions-nous, si toute ressource électrique nous était un jour coupée ? » (il faudra peut-être mettre le verbe au futur). La réponse à cette question est évidente : « Nous retournerions deux siècles en arrière, mais démunis de tous les savoir-faire, gestes, habitudes qui semblaient naturels à nos ancêtres ! Et surtout les savoir-faire qui constituaient l'essentiel des apprentissages concrets (= ni scolaires, ni intellectuels, ni culturels, etc.) qui permettaient à chacun de se débrouiller dans son environnement et dans sa réalité ». Vu d'ici, ça voudrait dire retour à la préhistoire, chaos, catastrophe, désastre, etc. Et sans doute barbarie.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 14pt; font-family: 'times new roman', times, serif;">Car l'usage constant d'appareils mus par des moteurs et/ou par l'électricité nous a désappris les savoirs fondamentaux qui ont fabriqué toutes les cultures humaines depuis des dizaines de siècles. C'est la raison pour laquelle j'avais trouvé le titre de Dubey et Gras particulièrement bien venu, tant il est vrai que l'électricité figure au premier plan parmi les piliers de ce qu'on appelle le "Développement" ou la "Modernité". </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 14pt; font-family: 'times new roman', times, serif;">C'est ce qu'avait bien vu le camarade Lénine qui, dans son discours au huitième Congrès des Soviets en 1919, a lancé le slogan : « <em>Le socialisme, c'est les Soviets plus l'électricité</em> », qui n'est pas pour rien dans le dévoiement de l'idéal communiste en capitalisme d'Etat, avec l'aristocratie d'une Nomenklatura de privilégiés qui n'ont eu aucun mal à se reconvertir en "oligarques" quand on a vu se démembrer l'empire soviétique. </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 14pt; font-family: 'times new roman', times, serif;">Chez nous, aujourd'hui, c'est un constat d'une telle banalité que je ne m'y attarde pas : la force de l'électricité est partout présente, dans la vie quotidienne de tout le monde, mais aussi à la base de toute la machine économique comme aux origines de nos moyens actuels de communication. Imagine-t-on même un meeting politique sans micros ni haut-parleurs ? </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 14pt; font-family: 'times new roman', times, serif;">Bon, pas besoin d'un long prêche : tout le monde est convaincu du désastre absolu qui s'abattrait sur la civilisation entière si la source électrique venait à se tarir, une civilisation dont la puissance n'a pas d'égale historique, une civilisation fertile en inventions de toutes sortes, une civilisation qui s'est rendue capable de rendre la vie humaine plus facile, plus agréable, plus longue, plus confortable, plus ..., plus .... </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 14pt; font-family: 'times new roman', times, serif;">Mais une civilisation qui a déposé toute son existence physique, voire toute son âme, entre les mains de cette "fée". Mais une civilisation d'une fragilité extrême, toujours à la merci d'une panne, d'un accident, d'une tempête, que sais-je encore. Mais une civilisation qui s'est en quelque sorte elle-même réduite en esclavage, puisqu'en tout et pour tout elle s'est mise dans la dépendance la plus étroite d'une puissance qui lui échappe en partie, puisque l'on n'a pas encore trouvé le moyen de bâtir des greniers où l'on stockerait l'électricité de la même manière que le foin, le blé, etc. </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 14pt; font-family: 'times new roman', times, serif;">J'ai donc acheté <u>La Servitude électrique</u>, me fiant à la clarté séduisante du titre, et m'attendant à découvrir des développements d'idées profondes sur le sujet. J'ai déchanté. Pour faire simple, je dirai, pour donner au lecteur éventuel une idée de l'impression générale que m'a laissée le bouquin : « Pourquoi faire simple quand on <u>veut</u> faire compliqué ? ». Je ne doute pas de la compétence des deux auteurs dans leur spécialité et dans leur démarche, et peut-être ont-ils voulu donner à leur travail le cachet de sérieux universitaire qui fait estimer des égaux et collègues. </span><span style="font-size: 14pt; font-family: 'times new roman', times, serif;"> </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 14pt; font-family: 'times new roman', times, serif;">En lisant des ouvrages de spécialistes de telle ou telle "science humaine", j’ai trop souvent l’impression que les auteurs <u>se paient de mots</u>. Je veux dire que trop souvent le discours des sciences humaines ressemble au nom de famille de l’O.S.S.117 de Jean Bruce (qui reste l'inventeur du personnage) : « Bonisseur de la Bath », autrement dit, en bon argot de l'époque, « doué pour le bagou infatigable du camelot bavard ». Et je dois l’avouer : je ne supporte plus. </span><span style="font-size: 14pt; font-family: 'times new roman', times, serif;"> </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 14pt; font-family: 'times new roman', times, serif;">Mais pourquoi diable leur manière d'aborder et de traiter le sujet m'a-t-elle souvent horripilé ? J'avoue que je ne suis pas encore parvenu à répondre à cette question de façon satisfaisante. Il faudra que je relise leur bouquin quand j'aurai assez de courage. D'accord, je ne suis pas spécialiste de la question, mais il ne me semble pas que les éditions du Seuil, en créant leur collection "Anthropocène", aient eu l'intention de s'adresser aux seuls savants. </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 14pt; font-family: 'times new roman', times, serif;">Et si je ne nie pas que le sujet du livre réclame l'exposé de considérations techniques, je n'en démords pas : rien n'oblige l'économiste, le philosophe, le psychanalyste, le sociologue, bref, le science-humaniste, qu'il soit de base ou d'élite, à user d'un langage amphigourique, voire inintelligible, pour diffuser le fruit de ses réflexions. Il est vrai que les auteurs ne jargonnent pas constamment. Comment dire ? Peut-être compliquent-ils les choses dans leur façon de disposer les idées et de recourir à des concepts, car à plusieurs reprises, je me suis demandé pourquoi ils se mettaient à parler de ceci, de cela.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 14pt; font-family: 'times new roman', times, serif;">Et pourtant, ça ne commence pas trop mal : « <em>Nous vivons de l'électricité comme de l'air qu'on respire, sans nous poser de questions, ni mesurer les conditions et le prix de ce confort. D'où l'incompréhension, puis l'impatience lorsque la panne interrompt brusquement le cours normal des choses mais aussi l'angoisse qui saisit les penseurs du capitalisme, autant que les simples citoyens, d'un risque dont on ne connaît pas la taille </em>» (p.8). Tout le monde est d'accord, n'est-ce pas, bien que je me demande ce que viennent faire ici les "penseurs du capitalisme" : s'agissant de panne, j'attendrais plutôt les "entrepreneurs" (les penseurs ne sont <u>jamais</u> en panne, qu'on se le dise). Mais passons.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 14pt; font-family: 'times new roman', times, serif;">Passons aussi sur "le célèbre William Jevons" dont la "célébrité", en dehors d'un cercle d'initiés, m'a bien fait rire (comment ? vous ne connaissez pas William Jevons ?). Je suis d'accord avec « <em>le qualificatif de thermo-industrielle</em> » (p.12) pour désigner notre civilisation, avec le « <em>macro-système technique </em>» (p.12 ; quoique, franchement, M.S.T. !......), avec le fait que « <em>La course aux énergies renouvelables confie à l'électricité le soin de sauver le monde </em>» (p.15) et avec le caractère illusoire et fragile du sentiment de confort et de sécurité que procure la possibilité d'appuyer sur des boutons pour obliger mille esclaves mécaniques à exécuter des tâches qui nous répugnent, ou pire : dont nous avons perdu le savoir-faire antique. </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 14pt; font-family: 'times new roman', times, serif;">D'accord encore pour admettre que cette puissance n'est pas sans contreparties et conséquences désagréables. Je les appellerais "externalités négatives", si messieurs les économistes m'y autorisent : avec cette précision que l'énergie qui allume nos lampes et anime nos lave-linge est <u>produite</u> très loin de son lieu d'<u>utilisation</u>. Elle est donc <u>invisible</u> aux yeux de l'usager. Et même quand on regarde les tours de refroidissement de la centrale du Bugey depuis l'esplanade du Gros-Caillou, on ne fait pas le lien avec le four électrique où mijotent le gratin dauphinois et le rosbif qui nous attendent pour le repas de midi. Pareil pour la centrale au charbon ou au pétrole.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 14pt; font-family: 'times new roman', times, serif;">Allez, d'accord aussi sur la pile de Volta (inventée autour des années 1800). C'est tout à fait étonnant, mais, depuis Volta, <u>aucune invention décisive</u> n'est venue modifier les données de base du problème que pose le stockage de l'électricité. Certes on a amélioré la conception, on a trouvé des composants de plus en plus performants, mais comme je l'ai dit plus haut, on n'a pas trouvé le grenier capable de tenir à notre libre disposition le flux électrique. Comme le disent les auteurs de <u>La Servitude électrique</u> : « <em>Ce sont seulement des aménagements sur les substances en jeu, métaux et électrolytes, qui marquent le développement de l'objet technique. La philosophie des sciences constaterait tout simplement une <u>invariance du paradigme</u> </em>[c’est moi qui souligne]<em> </em>» (p.100). "Invariance du paradigme", bon dieu, mais c'est bien sûr ! J'ai trouvé où le fleuve Jargon prend sa source !</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 14pt; font-family: 'times new roman', times, serif;">Soyons juste : certains passages du livre apportent de véritables informations cruciales, tout au moins aux yeux du lecteur moyennement informé que je suis. On trouve ça page 164, où l'on parle d'éoliennes de 200 m. de haut (en mer). C'est d'abord une citation : « <em>Les terres rares interviennent dans la composition des générateurs dits "synchrones" dans lesquels le rotor est un aimant permanent. Ainsi, pour une puissance de 1 MW fournie par le générateur, il faut environ 600 kg d'aimants contenant près de 200 kg de terres rares. Une éolienne offshore pouvant atteindre 10 MW de puissance nécessite donc à elle seule plus d'une tonne de terres rares </em>» (p.164). C'est dans un rapport officiel. Je ne sais pas vous, mais je trouve que ça jette un sacré froid sur les éoliennes, non ? </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 14pt; font-family: 'times new roman', times, serif;">D'autant que les auteurs ajoutent : « <em>L'adjectif "rare" indique leur infime présence au milieu d'autres minerais, par exemple "seulement" 16 tonnes de roche pour un kilo de césium, mais 1200 tonnes pour un kilo de lutécium, tout cela pour nos écrans LCD, lampes LED, batteries, etc., et intermédiaires électroniques en général </em>» (p.164-165). Ben voilà, c'est pas difficile, elle est là, messieurs Dubey et Gras, la substance qu'il me faut : ça au moins c'est du solide, qui m'autorise à penser qu'on n'est pas près de voir la fin de l'extractivisme. Avis aux amateurs d'Iphones, de smartphones et autre 5G. Qu’attendent les jeunes qui s’empressent aux manifs "climat" pour piétiner sauvagement leurs propres Iphones ?</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 14pt; font-family: 'times new roman', times, serif;">Dommage que, quelques pages plus loin, on trouve cette salade : « <em>L'éolien et le solaire, en effet, mettent en pleine lumière le dilemme du choix à faire </em>librement<em> entre beauté et utilité. La première est certes construite mais habitée philosophiquement par la controverse, elle n'est pas mesurable, alors que la seconde est socialement définie à un moment donné par la parole dominante </em>» (p.180). Faut-y vous l'envelopper, Madame Michu ? Vous comprenez mieux ma réticence ? </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 14pt; font-family: 'times new roman', times, serif;">J'ai ensuite un peu de mal à suivre les considérations et les chaînes de raisonnement qui accompagnent l' « <em>encapsulage</em> » dû au numérique, si ce n'est l'idée que le dit numérique achève de nous couper de la réalité réelle des choses et des gens, ainsi que quelques émergences : « <em>Le pouvoir introuvable de la cybernétique est surtout le symptôme d'un pouvoir qui se rend invisible à mesure qu'il se privatise et se sépare de la société </em>» (p.247). Ce que je comprends ici, c'est que les pouvoirs, que ce soient les autorités publiques ou des instances privées, s'ils ne comprennent pas mieux que vous et moi l'énormité du pouvoir de la cybernétique, du moins en ont-ils l'usage, et en font-ils usage.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 14pt; font-family: 'times new roman', times, serif;">Tiens, encore une info que j'ignorais: « <em>La dalle de verre des smartphones est recouverte d'une substance qui accumule les charges électriques (à base d'indium, un métal rare). Le contact du doigt sur la dalle suffit à provoquer un transfert de charge, le doigt absorbant "le courant de fuite". Le déficit de charge est quantifié avec précision par les capteurs situés aux quatre coins de la plaque </em>» (p.280). Suit malheureusement une salade sur « <em>l'appétence du corps à faire signe vers autrui, à être en relation </em>», puis sur « c<em>ette ouverture primordiale du corps, jusqu'à en faire l'un des plus puissants instruments de contrôle jamais imaginés </em>» (p.281). La peste soit des psycho-sociologues et de leur bla-bla !</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 14pt; font-family: 'times new roman', times, serif;">Bon, on s'achemine vers la fin de l'ouvrage de Gérard Dubey et Alain Gras, oscillant entre les truismes (« <em>Cette délocalisation du travail fait directement obstacle à la formation de collectifs</em>. » (p.298), sans doute pour parler de la dislocation des "corps intermédiaires", partis ou syndicats) et quelques épiphanies goûteuses à souhait, du genre de : « <em>Au temps intermittent d'une électricité "terrestre" répond ainsi une "histoire désorientée", qui réinvestit la multiplicité des temps sociaux </em>» (p.319), où il nous est proposé, par exemple, de « <em>désencapsuler le temps </em>» [pourquoi pas juste "décapsuler" ?] (p.320), et où l'on nous annonce l'ère d'une « <em>ontophanie numérique</em> » (p.324). Je l'ai dit au début de ce billet : pourquoi faire simple quand il est plus rigolo de faire compliqué ?</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 14pt; font-family: 'times new roman', times, serif;">Alors qu'est-ce que je retiens de la lecture de ce curieux bouquin ? C'est que, au-delà de l'obstacle langagier et conceptuel et si j'ai bien compris ce que j'ai cru comprendre, les auteurs se rangent du côté d'un écologisme critique, mais finalement optimiste. Ils se présentent en effet, pour conclure « <em>en sismologues plutôt qu'en collapsologues </em>» (p.335). </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 14pt; font-family: 'times new roman', times, serif;">Je regrette seulement que, pour un sujet passionnant porté par ce titre génial (<u>La Servitude électrique</u>), on ne fasse pas un effort de lisibilité pour se rendre accessible au plus grand nombre, et pour cela qu'on fasse emprunter au lecteur bien des déviations, dont pour ma part je me serais volontiers passé du détour. Je regrette aussi qu’un sujet aussi brûlant ne soit pas défendu de façon plus percutante.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 14pt; font-family: 'times new roman', times, serif;">Voilà ce que je dis, moi.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: 'times new roman', times, serif; font-size: 14pt;"><span style="font-size: 14pt;">Note : Je garantis l'authenticité de la subjectivité de tout ce qui est écrit ci-dessus, exception faite des citations, parfaitement objectives quant à elles, quoique sélectionnées par mes soins.</span><br /></span></p>
fredlautrehttp://lantidote.hautetfort.com/about.htmlAMIN MAALOUF : LE NAUFRAGE DES CIVILISATIONStag:lantidote.hautetfort.com,2021-12-24:63560452021-12-24T09:00:00+01:002021-12-24T09:00:00+01:00 Je viens de lire Le Naufrage des civilisations , livre écrit par Amin...
<p style="text-align: justify;"><span style="font-family: 'times new roman', times, serif; font-size: 14pt;"><img id="media-6319898" style="float: left; margin: 0.2em 1.4em 0.7em 0;" title="" src="http://lantidote.hautetfort.com/media/01/00/2543667692.jpg" alt="MAALOUF AMIN NAUFRAGE 2019.jpg" width="193" height="288" /></span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 14pt; font-family: 'times new roman', times, serif;">Je viens de lire <u>Le Naufrage des civilisations</u>, livre écrit par Amin Maalouf (Grasset, 2019). Le seul titre en dit déjà long sur la filiation dans laquelle s'inscrit l'auteur. Je citerai pêle-mêle <u>Comment tout peut s'effondrer</u> (Seuil, 2015) de Pablo Servigne et Raphaël Stevens ; <u>L'Humanité en péril</u> (Flammarion, 2019) de Fred Vargas ; <u>L'Âge de la régression</u> (Premier parallèle, 2017), ouvrage collectif ; <u>Au Temps des catastrophes</u> (La Découverte, 2009) d'Isabelle Stengers ; <u>Le Basculement du monde</u> (La Découverte, 1997) de Michel Beaud. Il y en a pas mal d'autres, évidemment, et de plus marquants. Au premier rang, je citerai Günther Anders, le plus radical, avec <u>L'Obsolescence de l'homme</u> (L'Encyclopédie des nuisances et Ivréa, 2002). C'est dans cet ouvrage que l'on trouve une idée qui bouscule très fort.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 14pt; font-family: 'times new roman', times, serif;">La plupart des gens dits sérieux ne cessent de penser et de dire que la technique et la science ne sont pas mauvaises en soi, mais seulement à cause des usages qui en sont faits. Il est ainsi de bon ton, entre gens de bonne compagnie, de distinguer entre les applications médicales des radiations nucléaires et la mise au point de la bombe atomique. Anders pense et dit, au contraire, que l'homme, en ne cessant de découvrir les lois les plus secrètes de la Nature (structure de l'atome, fonctionnement du cerveau ou de la cellule humaine, etc.) et d'inventer les machines que cette connaissance rend possibles, fabrique des objets et des processus incommensurables aux limites humaines.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 14pt; font-family: 'times new roman', times, serif;">Des objets et des processus tellement plus grands et plus puissants que lui qu'ils échappent à son contrôle, qu'il n'a plus aucune prise sur eux, et qu'il se retrouve en état de servitude par rapport à ses propres inventions. C'est à ce propos qu'il invente la belle expression de « <em>honte prométhéenne</em> », que tous les prosélytes exaltés de l'innovation à tout prix devraient méditer. Anders affirme que l'homme ne s'interdira jamais de mettre en œuvre une innovation, même si elle comporte des risques catastrophiques. </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 14pt; font-family: 'times new roman', times, serif;">J'avoue ma surprise quand j'ai lu, à la page 300 du <u>Naufrage des civilisations</u> d'Amin Maalouf une phrase qui va dans le même sens : « <em>C'est presque une loi de la nature humaine : tout ce que la science nous donne la capacité de faire, nous le ferons, un jour ou l'autre, sous quelque prétexte </em>». Malheureusement, l'auteur poursuit : « <em>Du moins tant que les avantages nous sembleront supérieurs aux inconvénients </em>». Et c'est là que le bât blesse : il a clairement l'intuition que l'humanité court à la catastrophe, mais il redoute plus que tout les affirmations tranchées, voire péremptoires. C'en est au point qu'il n'hésite pas, dès qu'il le peut, à arrondir les angles trop marqués, à atténuer les formules propres à heurter, comme s'il n'osait pas. Ici, tout est dans le "presque" et le "du moins".</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 14pt; font-family: 'times new roman', times, serif;">Cette obsession de la nuance qui court tout au long du livre en affadit selon moi le propos et en diminue la portée. J'en viens à me demander pourquoi il a accepté de garder un titre aussi violent ("Naufrage") pour couronner son travail d'écriture, que vient contredire son constant effort pour estomper les contrastes. Je comprends bien qu'Amin Maalouf ne tient pas à encourir le reproche souvent fait à l'époque présente de préférer l'anathème au débat démocratique et l'injure à l'argumentation rationnelle. Mais à mettre aussi fortement la demi-teinte à l'honneur, je me dis que c'est toute l'intention de l'ouvrage qui en pâtit. C'est l'impression qui a été la mienne quand je l'ai refermé. </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 14pt; font-family: 'times new roman', times, serif;">Cela dit, il ne faut quand même pas s'y tromper : l'horizon du <u>Naufrage des civilisations</u>, c'est bien le fait que l'humanité est très mal embarquée. Ses chances de survie deviennent de plus en plus minces. La chose étonnante, et qui me laisse un peu sceptique, est qu'il voit l'origine première de cette course à l'abîme dans l'échec des nations arabes et musulmanes à s'ouvrir avec confiance au Progrès. A commencer par son pays d'origine, le Liban, mais aussi l'Egypte, qui sont passés pas loin de la chance que l'Histoire leur offrait de devenir des petits paradis. </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 14pt; font-family: 'times new roman', times, serif;">L'évolution de ces deux pays (deux "paradis perdus" aux yeux de l'auteur) inspire à Amin Maalouf une immense tristesse : « <em>A vrai dire, et je l'écris au soir de ma vie avec une infinie tristesse, au lieu de garder l'enfant et de jeter l'eau sale, on a fait l'inverse. On a jeté l'enfant pour ne garder que l'eau sale. Tout ce qui était prometteur s'est rabougri. Tout ce qui était inquiétant et malsain, et qu'on espérait provisoire, s'est installé plus solidement que jamais </em>» (p.82). </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 14pt; font-family: 'times new roman', times, serif;">L'auteur cite un certain nombre d'événements qui sont à l'origine de cet "état d'âme" destructeur, à commencer par la défaite arabe de 1967, soudaine, imparable, et qui n'a jamais été compensée ultérieurement par des succès : « <em>Le drame que les Arabes d'aujourd'hui nomment simplement "Soixante-sept" fut donc une tournant décisif sur le chemin de la détresse et de la perdition </em>» (p.167). A quelle sorte de « <em>revanche</em> » – militaire ou autre – jamais advenue pense-t-il (p.116) ? Il cite l'année 1973 et la "crise pétrolière" qui, en faisant pleuvoir dans les caisses des pays de la péninsule arabe et de quelques autres un Niagara de dollars faciles, a donné à des puissances rétrogrades tous les moyens de conforter leur pouvoir et le système politico-religieux sur lequel celui-ci est fondé, tout en ouvrant un boulevard aux "révolutions conservatrices" à venir.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 14pt; font-family: 'times new roman', times, serif;">L'auteur évoque aussi le cas de l'Iran que les Américains, en chassant le docteur Mossadegh du pouvoir à la demande, affirme-t-il, de Churchill, n'ont pas laissé le pays prendre le virage de la modernité heureuse. Ce faisant, ils ont sans le savoir préparé le chemin à l'ayatollah Khomeiny et à la plus spectaculaire entreprise de régression historique qui soit. Comme si la "nation arabe" souffrait de "haine de soi" : « <em>Bien que risible, et irritante, cette absence de confiance en soi paraît néanmoins bénigne quand on la compare à ce qui émane du monde arabe depuis quelques années, à savoir cette profonde détestation de soi-même et des autres, accompagnée d'une glorification de la mort et des comportements suicidaires </em>» (p.90).</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 14pt; font-family: 'times new roman', times, serif;">Peut-on réellement voir dans l'incapacité de l'islam à consentir à l'évolution, à la critique, à la modernité l'origine de la décomposition du monde (titre de la dernière partie : "Un monde en décomposition") ? « <em>C'est à partir de ma terre natale que les ténèbres ont commencé à se répandre sur le monde </em>» (p.328). Tout bien pesé, l'hypothèse me paraît exagérée, bien que l'auteur y consacre la moitié du livre (ainsi qu'une part de la troisième partie) : d'accord pour voir les civilisations humaines confrontées comme jamais auparavant à des forces particulièrement dissolvantes, mais pas d’accord pour voir l'origine de cette dissolution généralisée dans l'évolution du seul monde arabe, ça me semble bien réducteur. Comme dit l'auteur lui-même à plusieurs reprises : « <em>Les choses ne sont pas aussi simples </em>». Plus intéressante et convaincante m'apparaît l'idée de fixer à 1979 l’année où le monde a vraiment basculé. Même si ça déborde un peu sur les années précédente et suivante, ça fait un joli tir groupé, le fil des événements. Jugez plutôt.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 14pt; font-family: 'times new roman', times, serif;">En 1979, l'ayatollah Khomeiny chasse le shah Mohamed Réza Palavi et prend le pouvoir à Téhéran, porté par un peuple en folie : le journaliste Amin Maalouf, qui est alors sur place, n'a jamais vu une foule aussi dense dans les rues, une telle exaltation fanatique des masses populaires. En 1979, Margaret Thatcher l'intransigeante devient Premier Ministre de Grande Bretagne, bientôt suivie par Ronald Reagan, élu à la présidence des Etats-Unis. Le point commun ? L'auteur appelle ça la "Révolution Conservatrice". Pour faire bonne mesure, il ajoute l'arrivée au pouvoir à Pékin (pardon : Beijing) d'un certain Deng Xiao Ping, puis l'arrivée de Karol Wojtila sur le trône de Rome, avec son fameux "Non abbiate paura". Et puis il ajoute la fin annoncée de l'U.R.S.S. et les suites ultimes de la crise pétrolière. Ça commence à faire beaucoup. Oui, là, on se rend compte que quelque chose de fondamental s'est produit.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 14pt; font-family: 'times new roman', times, serif;">Amin Maalouf consent à examiner pour finir d'autres aspects de la décomposition du monde. Cela commence par la "tribalisation" généralisée : rétraction des groupes humains sur les frontières de leurs communautés respectives, revendication parfois fanatique de toutes sortes d’identités particulières en opposition avec les autres, la promotion médiatique insolente des fortunes échevelées en même temps que le creusement des inégalités, le surgissement du pouvoir de nuisance des « minorités » sur le sentiment de l’appartenance et de l’intérêt général, la difficulté apparemment de plus en plus grande de communautés à cohabiter ou même coexister avec d’autres. </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 14pt; font-family: 'times new roman', times, serif;">Parmi les facteurs qui ont favorisé l’émergence du sentiment d’hostilité tous azimuts qui s’est répandu sur le monde, Amin Maalouf souligne avec une parfaite justesse l’erreur historique commise par les Etats-Unis lors de l’effondrement de l’U.R.S.S. Il regrette que ceux-ci n’aient pas pris exemple sur Nelson Mandela qui, quand il eut été mis fin au système d’apartheid, rendit visite à l’un des principaux acteurs de celui-ci pour lui affirmer qu’il n’y aurait pas de « vengeance » de la part des noirs. </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 14pt; font-family: 'times new roman', times, serif;">Au contraire de Mandela, lorsque l’empire communiste éclata en 1991, avec les tentatives de réformes entamées par Gorbatchev (« glasnost » et « perestroïka »), et que des forces s’agitèrent en tout sens, faisant peser des menaces combien plus graves de désagrégation de l’autre puissance nucléaire, avec tout ce que l’on peut imaginer rétrospectivement, l’Amérique, à ce moment-là, a gâché les chances d’établir des relations enfin durablement pacifiées avec le géant russe. </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 14pt; font-family: 'times new roman', times, serif;">Et même, au contraire, elle a profité de l’apparent K.O. de l’adversaire pour placer des pions dans sa proximité immédiate (Géorgie, pays baltes, Pologne, etc.). Et ce, malgré les avertissements de George F. Kennan, qui avait assez combattu le système communiste pour être pris au sérieux quand celui-ci s’est retrouvé à terre : « <em>Il eut beau répéter qu’en humiliant les Russes, on allait favoriser la montée des courants nationalistes et militaristes, et retarder la marche du pays vers la démocratie, on n’a pas voulu l’écouter </em>» (p.277). </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 14pt; font-family: 'times new roman', times, serif;">Soit dit entre parenthèses, au lieu de s’alarmer de l’agressivité de Vladimir Poutine, qui est en train de masser des troupes à la frontière de l’Ukraine, on pourrait commencer par demander aux Américains de cesser d’approvisionner l’Ukraine en armes et en « conseillers » militaires, en passant par-dessus la tête des Européens, réduits à n’être que les spectateurs d’une confrontation, s’ils n’en sont pas un jour les victimes. Les U.S.A. n'en sont pas à une erreur historique près.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 14pt; font-family: 'times new roman', times, serif;">Pour conclure cette lecture de <u>Le Naufrage des civilisations</u>, d’Amin Maalouf, je dirai que j’en retiens avant tout le ton général : une « <em>infinie tristesse</em> ». Ce qui prime en effet, c’est le sentiment que le monde arabe a raté le « train de l’Histoire », et que non seulement la perte est irrémédiable, mais que tout est là pour que cette situation ne cesse de s’aggraver, sous les coups des groupes djihadistes, du conflit entre sunnites et chiites, des dissensions entre communautés et quelques autres raisons. Certes, quand l’auteur parle des « Arabes » en général, on serait en droit de lui demander ce qui lui permet de les mettre tous dans le même sac, mais il faut lui laisser ce sentiment d’appartenance à cette généralité.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 14pt; font-family: 'times new roman', times, serif;">J’ai cependant du mal à le suivre dans son analyse et à voir un lien de cause à effet entre ce qui se passe dans le monde arabe et ce qui se produit depuis quarante ans dans le monde globalisé. Et j’ai assez parlé de l’usage quasi-maniaque d’atténuatifs de toutes sortes, des affirmations les plus prudentes et modérées pour ne pas insister. </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: 'times new roman', times, serif; font-size: 14pt;"><span style="font-size: 14pt;">Il me restera de ce livre un témoignage fort : celui d’un homme en éveil resté toute sa vie très à l’écoute de tout ce qui l’entoure ; celui d’un humaniste qui nourrissait les plus grands espoirs d’épanouissement et d’émancipation pour l’espèce humaine ; mais pour finir celui d’un septuagénaire désenchanté, effaré et effrayé d’assister impuissant à la montée implacable des « ténèbres » qui menacent de nous engloutir.</span></span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: 'times new roman', times, serif; font-size: 14pt;"><span style="font-size: 14pt;">Voilà ce que je dis, moi.</span></span></p>
Ratatoskhttp://euro-synergies.hautetfort.com/about.htmlQue penser de la collapsologie ?tag:euro-synergies.hautetfort.com,2021-03-09:63023682021-03-09T10:08:54+01:002021-03-09T10:08:54+01:00 Que penser de la collapsologie? par Jacques GEORGES Ex:...
<header class="entry-header"><p style="text-align: center;"><img id="media-6235295" style="margin: 0.7em 0;" title="" src="http://euro-synergies.hautetfort.com/media/02/02/938347657.jpg" alt="838_gettyimages-1015903012.jpg" width="573" height="320" /></p><h1 class="entry-title" style="text-align: left;"><span style="font-size: 24pt; font-family: 'arial black', sans-serif; color: #ff6600;"><strong>Que penser de la collapsologie? </strong></span></h1><h1 class="entry-title" style="text-align: left;"><span style="font-size: 18pt; font-family: 'arial black', sans-serif; color: #999999;"><strong>par Jacques GEORGES</strong></span></h1><div class="entry-meta" style="text-align: left;"><strong><span class="posted-on" style="font-size: 12pt; font-family: arial, helvetica, sans-serif; color: #999999;"><span style="font-size: 18pt; font-family: 'arial black', sans-serif;">Ex: http://www.europemaxima.com </span><time class="entry-date published" datetime="2021-03-07T16:49:51+00:00"></time></span></strong></div></header><div class="entry-content"><p style="text-align: left;" align="justify"><strong><span style="color: #999999; font-size: 12pt; font-family: arial, helvetica, sans-serif;"><img id="media-6235296" style="float: left; margin: 0.2em 1.4em 0.7em 0;" title="" src="http://euro-synergies.hautetfort.com/media/02/02/622708354.jpg" alt="51QC3BbFMBL._SX366_BO1,204,203,200_.jpg" />Plutôt du bien au départ, car l’homme de droite entend plus volontiers les pessimistes que les béats. Plutôt du mal à l’arrivée, car le pessimisme occidental tend à se perdre en masochisme, et le collapse final est (comme nous allons le voir) trop moche pour être accepté ou même subi, voire même pensé (sujet de la collapsosophie chère à Pablo Servigne). La collapsologie, c’est la version crue de la déclinologie entamée au début des années 1970 avec les travaux du Club de Rome sur les limites de la croissance. On est loin de l’univers doucereux de l’écologie officielle, écolo-Bisounours, qui parle de croissance verte, une consolation assez dérisoire. </span></strong></p><p style="text-align: left;" align="justify"><strong><span style="color: #999999; font-size: 12pt; font-family: arial, helvetica, sans-serif;">Il existe plusieurs lectures du phénomène, en partie indépendantes des clivages politiques traditionnels. En voici deux, opposées et dignes d’intérêt : </span></strong></p><p style="text-align: left;" align="justify"><strong><span style="color: #999999; font-size: 12pt; font-family: arial, helvetica, sans-serif;">La première est critique, voire négatrice du concept de collapsologie. Pascal Bruckner, homme de gauche de droite (un peu façon Régis Debray), auteur de plusieurs livres sur le sujet et d’un CD intitulé <em>Fanatisme de l’apocalypse</em>, voit dans l’écologie apocalyptique la version contemporaine et pseudo-scientifique d’une vieille maladie de l’humanité, le catastrophisme. Le catastrophisme mêle religion et politique. </span></strong></p><p style="text-align: left;" align="justify"><strong><span style="color: #999999; font-size: 12pt; font-family: arial, helvetica, sans-serif;">Commençons par la composante religieuse. On y trouve (I) la résurgence du mythe du péché originel, (II) l’apparition d’une nouvelle hérésie néo-païenne et post-chrétienne autour de Gaïa, à la fois divinité, victime et nouveau Jésus, (III) un regain de puritanisme chrétien venu du Nord, (IV) une régression infantile vers la terreur de Dieu de l’humanité originelle. Une jolie collection !</span></strong></p><p style="text-align: left;" align="justify"><strong><span style="color: #999999; font-size: 12pt; font-family: arial, helvetica, sans-serif;">Dans la composante politique, on trouve (I) des traces de romantisme allemand, (II) du culpabilisme germanique façon Hans Jonas, (III) la naissance d’une alternative mobilisatrice de masse au défunt marxisme, (IV) un activisme brouillon, infantile et dérisoire (bien incarné par l’inénarrable Greta Thunberg), (V) un mouvement néo-primitif de défiance envers la technique, (VI) la tentation de la dictature par la peur de masse, enfin (VII) la manifestation d’un fatalisme néo-primitif, la séduction morbide du désastre et de la fin du monde.</span></strong></p><p style="text-align: left;" align="justify"><strong><span style="color: #999999; font-size: 12pt; font-family: arial, helvetica, sans-serif;">Au total, selon cette interprétation, l’écologie apocalyptique se ramènerait à un amas politico-religieux, néo-primitif, immonde et incapacitant. À ne surtout pas prendre, sinon au sérieux, du moins en considération. </span></strong></p><p style="text-align: left;" align="justify"><strong><span style="color: #999999; font-size: 12pt; font-family: arial, helvetica, sans-serif;"><img id="media-6235297" style="float: left; margin: 0.2em 1.4em 0.7em 0;" title="" src="http://euro-synergies.hautetfort.com/media/00/02/3996223399.jpg" alt="9782738132529.jpg" />La seconde, portée en France notamment par Jean-Marc Jancovici, un ingénieur pas idéologue qui appelle un chat un chat et ne cherche pas à plaire, est d’un avis opposé. Elle part de quelques faits simples et solides : (I) il ne peut y avoir de croissance sans limite dans un monde fini, (II) la productivité du travail, la production industrielle et agricole, la prospérité économique, le niveau de vie, la puissance des nations et la croissance sont très étroitement liées à la consommation de combustibles fossiles de plus en plus rares, (III) les substituts à ces combustibles fossiles (énergie éolienne, énergie solaire), peu denses et consommateurs d’espace et de matières premières, ne sont pas de taille à compenser l’épuisement progressif mais rapide des premiers, (IV) la croissance verte, neutralité carbone et autres salades étiquetées écolo sont en large partie des impasses ou des illusions, (V) l’émission de gaz à effet de serre résultant de la combustion des combustibles fossiles contribue au réchauffement climatique, (VI) lequel, joint à la crise planétaire de la biodiversité, à la pollution de la terre et des eaux, au réchauffement et à l’acidification des océans, et de façon générale à la surexploitation de la planète entraîne des dérèglements climatiques, perturbations et boucles de rétroaction inévitables, croissantes, dangereuses et difficilement maîtrisables, enfin (VII) le nucléaire est le seul amortisseur (partiel et non dénué d’inconvénients) possible. Je résume outrageusement. </span></strong></p><p style="text-align: left;" align="justify"><strong><span style="color: #999999; font-size: 12pt; font-family: arial, helvetica, sans-serif;">Il en déduit la nécessité, à échéance très courte (quelques années), d’une décroissance sévère à l’échelle mondiale, acceptée et gérée si possible, brutalement subie à défaut et de toute façon. Il s’agit pour l’humanité de ne plus consommer dorénavant qu’à hauteur du durable, du reconstituable, du climatiquement supportable. Or nous sommes huit milliards. Attachez vos ceintures, car ceci signifie en pratique : réalisme de choc, abandon des fausses solutions « vertes », diminution suivie d’arrêt des émissions de gaz à effet de serre, rationnement sévère de l’énergie et des matières premières, chute vertigineuse de la productivité du travail, limitation sévère ou remise en cause radicale de la civilisation industrielle, baisse des rendements et de la production agricoles, baisse sévère du niveau de vie pas seulement occidental, chute démographique et stagnation matérielle sur l’ensemble du globe, retour à la terre et déréliction des grandes villes et métropoles, remise en cause radicale du libre-échange, révolution culturelle mondiale pour vivre heureux avec moins de moyens. La diète radicale, le changement de civilisation, la fin de l’aventure moderne, ou la mort. Rien que cela ! </span></strong></p><p style="text-align: left;" align="justify"><strong><span style="color: #999999; font-size: 12pt; font-family: arial, helvetica, sans-serif;">On s’étonne qu’avec un tel diagnostic ce porteur de très mauvaises nouvelles ne soit pas déjà assassiné au coin d’un bois ou au minimum chassé des médias. Au contraire, il est largement acclamé, notamment dans les milieux d’affaires. Il est loin d’être seul. Certains, parfois célèbres (l’ancien ministre Yves Cochet), sont plus brutaux encore, quoique à la mode aimable. Hommage au réalisme et à un diagnostic aussi solide que terrible ? Inclination à se faire peur sans y croire tout à fait ? </span></strong></p><p style="text-align: left;" align="justify"><strong><span style="color: #999999; font-size: 12pt; font-family: arial, helvetica, sans-serif;">Je pose la question : Qui a raison ?</span></strong></p><p style="text-align: left;" align="right"><strong><span style="color: #999999; font-size: 12pt; font-family: arial, helvetica, sans-serif;">Jacques Georges</span></strong></p></div>
Ratatoskhttp://euro-synergies.hautetfort.com/about.htmlLe cirque de la ”collapsologie” - Collapsology Circustag:euro-synergies.hautetfort.com,2020-10-06:62677712020-10-06T00:53:00+02:002020-10-06T00:53:00+02:00 Le cirque de la "collapsologie" Collapsology Circus par...
<header class="entry-header"><p style="text-align: center;"><img id="media-6177370" style="margin: 0.7em 0;" title="" src="http://euro-synergies.hautetfort.com/media/00/00/893059900.jpg" alt="collapsologie.jpg" /></p><h1 class="entry-title"><span style="font-size: 24pt; font-family: arial black, sans-serif; color: #ff6600;"><strong>Le cirque de la "collapsologie"</strong></span></h1><h1 class="entry-title"><span style="font-size: 18pt; font-family: arial black, sans-serif; color: #ff6600;"><strong><span style="font-size: 24pt;">Collapsology Circus</span> </strong></span></h1><h1 class="entry-title"><span style="font-size: 18pt; font-family: arial black, sans-serif;"><strong><span style="color: #999999;">par Jacques GEORGES</span></strong></span></h1><div class="entry-meta"><strong><span class="posted-on" style="font-size: 12pt; font-family: arial, helvetica, sans-serif; color: #999999;"><span style="font-size: 18pt; font-family: arial black, sans-serif;">Ex: http://www.europemaxima.com </span><time class="entry-date published" datetime="2020-10-04T14:42:03+00:00"></time></span></strong></div></header><div class="entry-content"><p style="text-align: left;" align="justify"><strong><span style="font-size: 12pt; font-family: arial, helvetica, sans-serif; color: #999999;">Cet article s’intéresse à cette fraction particulière de l’écologie politique qu’on appelle « collapsologie ». Cette dernière fait florès un peu partout en Occident depuis quelques décennies. On peut la définir sommairement comme un courant intellectuel et politique, né à la fin du XX<sup>e</sup> siècle en Occident, annonciateur de catastrophes diverses menant à l’effondrement programmé, inéluctable et proche de la civilisation industrielle. Plus précisément, l’Institut <em>Momentum </em>(de gauche) le définit comme « le processus à l’issue duquel les besoins de base (eau, alimentation, logement, habillement, énergie, etc.) ne sont plus fournis (à un coût raisonnable) à une majorité de la population par des services encadrés par la loi ». C’est une définition acceptable. </span></strong></p><p style="text-align: left;" align="justify"><strong><span style="font-family: arial, helvetica, sans-serif; font-size: 12pt; color: #999999;">Le phénomène n’est pas en lui-même surprenant, car il n’est pas dépourvu de bases rationnelles et survient à une époque de grands changements créateurs d’angoisse dans de vastes portions de la population, mais son ampleur et sa distribution politique le sont. Ses conséquences politiques sont potentiellement considérables. Revenons brièvement sur chacun de ces trois points. </span></strong></p><p style="text-align: left;" align="justify"><strong><span style="font-family: arial, helvetica, sans-serif; font-size: 12pt; color: #999999;"><span style="color: #ff6600;">1/ Le phénomène n’est nullement surprenant.</span> Les grandes peurs ont jalonné la vie des hommes en société depuis toujours. La forme actuelle remonte en gros à la fin des trente glorieuses (1945 – 1973), avec la borne remarquable du célèbre Rapport Meadows sur les limites de la croissance (un rapport qui a d’emblée passionné le résolu droitard que j’étais déjà !), dont la date de sortie (1972) coïncide presque avec celle du premier choc pétrolier (1973), qui fut aussi le premier coup de semonce sérieux à l’encontre de l’univers libéral, optimiste, expansif, à grosses bagnoles, léger et stupide des sixties. La naissance de ce mouvement sera confirmée en France lors de l’élection présidentielle de 1974 avec la candidature, qui sera peu comprise sur le coup, de René Dumont, un précurseur. Au niveau international le GIEC est créé en 1988. </span></strong></p><p style="text-align: left;" align="justify"><strong><span style="font-family: arial, helvetica, sans-serif; font-size: 12pt; color: #999999;">Depuis, le phénomène a beaucoup prospéré, surtout (voire seulement) dans le monde développé, notamment dans le monde anglo-saxon et en Europe. À la base, on trouve des constats objectifs de limites de ressources difficilement contournables, dont un Jean-Marc Jancovici est le très brillant et cassant dénonciateur dans l’espace francophone. Les grandes divergences apparaissent avec les préconisations : la gauche vient avec son néo-malthusianisme sous le bras, la droite qui titille le GIEC sur l’origine anthropique du réchauffement climatique apporte ses prévisions de guerre civile. Chacun son univers, mais les conclusions sont convergentes : ça va barder ! </span></strong></p><p style="text-align: center;"><img id="media-6177373" style="margin: 0.7em 0;" title="" src="http://euro-synergies.hautetfort.com/media/01/02/1963737387.png" alt="Screen-Shot-2020-06-14-at-16.45.46.png" /></p><p style="text-align: left;" align="justify"><strong><span style="font-family: arial, helvetica, sans-serif; font-size: 12pt; color: #999999;">Tous ces mouvements tirent la sonnette d’alarme. L’écologie est mariée de naissance à une vision anti-humaniste et pessimiste du futur. Il s’agit d’une innovation, mieux, d’une rupture, pas seulement politique. Elle touche à tout, économie, politique, société, morale, anthropologie. Elle a des causes profondes : en toile de fond, ce qu’on appelle post-modernité (une modernité qui doute d’elle-même, mais continue de plus belle sur sa lancée) est marqué par une agitation vibrionnaire qui met à tout instant en péril tous les équilibres précaires d’un monde de plus en plus mobile, changeant, interdépendant et interconnecté. Le cœur battant de ce monde agité est la science et sa fille la technique, qui foncent droit devant elles sans regarder autour, libres de toute barrière politique ou morale, fofolles et inconscientes. Ces trublions dynamiques se soucient comme d’une guigne des bouleversements économiques, sociaux, politiques, idéologiques, démographiques, anthropologiques qu’elles charrient derrière eux : bouleversement des techniques et rapports de production, mondialisation de la production et des échanges, financiarisation de l’économie, monétisation des rapports humains, instantanéité et universalité de l’information, fragilisation de toutes les barrières et frontières, transhumances humaines transfrontières, transcontinentales et transculturelles, insécurité, évolution profonde des conceptions du monde, des désirs et de la morale, concurrence inter-religieuse, extension au monde entier du mode de vie occidental, recul au moins relatif de la puissance démographique, politique, économique, militaire, intellectuelle, artistique, religieuse des puissances occidentales dont le cœur historique est la vieille Europe. Simple résumé de quelque chose de très gros, très vivant, très divers, très bénéfique en surface et très dangereux en profondeur.</span></strong></p><p style="text-align: left;" align="justify"><strong><span style="font-size: 12pt; font-family: arial, helvetica, sans-serif; color: #999999;">Le contexte humain d’aujourd’hui, chargé d’angoisse, est favorable aux révolutions mentales et à terme politiques. Ce bouleversement sans queue ni tête s’abat sur des hommes décérébrés et perdus, des individus paumés, des nostalgiques sans impact, ou des groupes rustiques et dangereux porteurs de solutions pires que le mal. Tout tourneboule, surtout les têtes, qui le plus souvent n’aiment pas le changement ou, croyant l’aimer, s’y perdent. La combinaison de la technique et du déracinement multiplie ruptures, désaccords et risques. Le risque est partout. La planète est devenue un grand volcan actif. À tout instant, une bombe nucléaire, la fusion du cœur d’une centrale nucléaire, des actes terroristes de grande ampleur, la pénurie d’énergie ou de matières premières, la montée des océans, les pénuries alimentaires, les épidémies, l’explosion de la zone euro, l’écroulement du dollar et la fuite devant toutes les grandes monnaies, les famines et émeutes, la guerre civile, la guerre ethnique, le délitement des services publics de base et de la sécurité civile peuvent survenir, presque n’importe où, presque n’importe quand, pour une infinité de motifs, suite à une infinité d’occasions, d’incidents même minuscules. Ces risques nouveaux s’ajoutent aux anciens, politiques, géopolitiques, bien connus et pas forcément mieux maîtrisés qu’au moment de la guerre du Péloponnèse ou de l’été 1914. À tes souhaits, cher lecteur !</span></strong></p><p style="text-align: center;"><img id="media-6177377" style="margin: 0.7em 0;" title="" src="http://euro-synergies.hautetfort.com/media/02/00/2145467786.jpg" alt="hqdefaultendnear.jpg" /></p><p style="text-align: left;" align="justify"><strong><span style="font-size: 12pt; font-family: arial, helvetica, sans-serif; color: #999999;"><span style="color: #ff6600;">2/ Sa distribution politique est paradoxale.</span> Un certain Olivier Rey, mathématicien et philosophe, a récemment publié un article très fin et convaincant sur ce sujet, en s’appuyant sur l’exemple américain. J’en reprends ici certains thèmes. </span></strong></p><p style="text-align: left;" align="justify"><strong><span style="font-family: arial, helvetica, sans-serif; font-size: 12pt; color: #999999;">Le premier gros accès de pessimisme des années 1970 n’était à l’époque pas franchement connoté politiquement, quoique sa nature profonde fût évidemment conservatrice. C’était un thème nouveau, disruptif, planétaire et potentiellement culpabilisant, donc mécaniquement connoté à gauche, mais c’était aussi un rappel du réel, du bon sens et de la mesure, du temps long, du tragique de la vie, donc par nature très collé au réel et conservateur. Depuis cette époque, la dynamique de la Gauche étant partout incomparablement plus forte que celle de sa concurrente de l’autre bord depuis 1945, la Gauche a fini par s’approprier un thème de pure droite. Les collapsologues les plus connus appartiennent à la Gauche, à commencer en France par Yves Cochet, déclinologue intelligent mais masochiste, et Pablo Servigne, gendre idéal, esprit brillant, et gentil Bisounours qui nous annonce que nous fonçons dans le mur en souriant.</span></strong></p><p style="text-align: left;" align="justify"><strong><span style="font-family: arial, helvetica, sans-serif; font-size: 12pt; color: #999999;">On connaît la Gauche, ou du moins une certaine Gauche, car il ne faut pas mettre tous les hommes de Gauche ou qui se définissent comme tels dans le même panier, sa tendance à salir tout ce qu’elle touche, à mettre de l’envie et de la hargne partout, à utiliser la démagogie, à distribuer des richesses dont elle pénalise la production, à faire preuve de générosité avec l’argent des autres, à fabriquer des moulins à vent, à rêver, à nier le réel, à bousculer le bon sens, à moraliser à contre-sens, à foutre la pagaille de façon irresponsable puis à se défausser. Ces tendances, elle les a tout naturellement mises au service de l’écologie à sa manière. Au fil des ans la Gauche a tourné Savonarole. Elle s’est penchée sans le savoir sur la gnose et le millénarisme, bouillons anciens toujours sur le feu, toujours prêts à accueillir de nouveaux ingrédients sulfureux : la vengeance de Gaïa, l’antispécisme, la haine du réel, toutes les déclinaisons possibles de la haine de soi. Pour corser la potion, elle a ajouté quelques grosses louches d’autres ingrédients qui n’ont rien à voir, comme la théorie du genre, le féminisme ou l’antiracisme. Elle a jeté sur le breuvage quelques gros grains de sel, type trou dans la couche d’ozone, miraculeusement disparu le jour où j’ai changé mon frigo. Bref, elle a fait de l’écologie une annexe très moche de la pensée libertaire la plus caricaturale, individualiste, petit-bourgeoise, souvent bisounours, parfois agressive, toujours irréaliste, hypocrite et malsaine. </span></strong></p><p style="text-align: center;"><img id="media-6177380" style="margin: 0.7em 0;" title="" src="http://euro-synergies.hautetfort.com/media/01/02/2356125513.jpg" alt="unnamedearth.jpg" width="461" height="346" /></p><p style="text-align: left;" align="justify"><strong><span style="font-family: arial, helvetica, sans-serif; font-size: 12pt; color: #999999;"><span style="color: #ff6600;">3/ Quelles conséquences en tirer pour un homme de droite ?</span> J’en ai des tas, mais une prioritaire : travailler sérieusement à une alternative de droite de l’écologie.</span></strong></p><p style="text-align: left;" align="justify"><strong><span style="font-family: arial, helvetica, sans-serif; font-size: 12pt; color: #999999;">La Droite a bien de la chance, car l’Histoire, rusée et friande en hétérotélies de toutes sortes, pourrait bien lui donner un coup de main. La Gauche qui a réussi l’exploit de s’approprier une cause et des mots d’ordre qui, en définitive et en profondeur, la nient, s’est collé sur le dos une maladie honteuse dont elle a des chances de crever : d’une part, le dieu de gauche Progrès en prend un vilain coup sur le museau, d’autre part elle renie avec clarté et véhémence les conséquences de tout ce qu’elle adore par ailleurs depuis toujours : le culte de la science et de la technique, les lendemains qui chantent, le bonheur pour tous tout de suite sur la terre plutôt qu’au ciel, la fraternité universelle, la négation des frontières, la société multiculturelle. Elle essaie désespérément de faire une salade du tout, mais l’art de la vinaigrette n’est pas donné à tout le monde, et la perspective finale de l’austérité pour tous n’enchante ni les gros bataillons gauchards bien de chez nous, ni les aspirants au bonheur du monde entier qui migrent en masse vers le Nirvana consommatoire. La Gauche est tombée amoureuse du malheur, elle fricote avec le tragique ! Le rose vire au violet ! Avec la collapsologie, la Gauche s’est foutu dans le pied une écharde qui risque fort de s’infecter ! </span></strong></p><p style="text-align: left;" align="justify"><strong><span style="font-family: arial, helvetica, sans-serif; font-size: 12pt; color: #999999;">Il existe bien entendu une pensée écologique de droite, très variée. Malgré l’optimisme vissé au corps de la droite BFM, façon Luc Ferry ou Nicolas Bouzou, les thèmes de la prolifération des risques et de la coupable hubris vont comme un gant à la pensée de droite la plus pure. Depuis Nietzsche, la Droite s’est fait un principe d’aimer le réel et le tragique de l’existence. Ce fait reste solide, même si la Droite s’est fait piquer le pessimisme dont elle avait longtemps (et sans effort, pour cause de dédain du camp opposé) gardé le monopole. Nous ouvrons là un très gros dossier à nombreux sous-titres : risques politiques et géopolitiques, nucléaires, militaires, sanitaires, démographiques, économiques, monétaires, climatiques, écologiques, etc., etc. Les raisons de s’inquiéter pour de bon ne manquent pas !</span></strong></p><p style="text-align: center;"><img id="media-6177384" style="margin: 0.7em 0;" title="" src="http://euro-synergies.hautetfort.com/media/00/00/1954232306.jpg" alt="-160409.jpg" /></p><p style="text-align: left;" align="justify"><strong><span style="font-family: arial, helvetica, sans-serif; font-size: 12pt; color: #999999;">L’écologie est en recherche d’un local politique durable, qui l’obligera à quitter le fond instable de la scène à gauche pour une avant-scène solide à droite. Elle y sera accueillie par une assemblée de têtes bien faites et de glorieux prédécesseurs, par exemple, pour l’ensemble francophone, Antoine Waechter, Laurent Ozon, Alain de Benoist, Piero San Giorgio, et dans un genre différent Guillaume Faye. </span></strong></p><p style="text-align: left;" align="justify"><strong><span style="font-family: arial, helvetica, sans-serif; font-size: 12pt; color: #999999;">Le programme est vaste. La première priorité consistera à dépolluer l’écologie des corps étrangers et malsains que la Gauche y a artificiellement accrochés (égalitarisme, lutte contre les discriminations, antiracisme, féminisme, métaux lourds idéologiques divers). Son public aussi est à renouveler en profondeur, par l’appel sans complexe à tout ce qui est réellement traditionnel et identitaire, à commencer par les agriculteurs, les ruraux et les chasseurs (les « bons chasseurs » des <em>Inconnus</em>). Sa doctrine est à reprendre de façon très diverse et inclusive autour d’un cœur franchement conservateur axé sur le temps long, d’une certaine écologie profonde néo-païenne façon Alain de Benoist à une dose raisonnable d’écologie verte non subventionnée à la sauce libérale façon Laurent Alexandre. L’écologie de droite sera pure, profonde, diverse, lucide et active. </span></strong></p><p style="text-align: justify;" align="justify"><strong><span style="font-family: arial, helvetica, sans-serif; font-size: 12pt; color: #999999;">Quel programme ! Divers et contradictoire comme la vie !</span></strong></p><p style="text-align: left;" align="right"><strong><span style="font-family: arial, helvetica, sans-serif; font-size: 12pt; color: #999999;">Jacques Georges</span></strong></p></div><footer class="entry-footer"><strong><span style="font-size: 12pt; font-family: arial, helvetica, sans-serif; color: #999999;">Cette entrée a été publiée dans <a style="color: #999999;" href="http://www.europemaxima.com/category/limperatif-ecologique/" rel="category tag">L'IMPÉRATIF ÉCOLOGIQUE</a>, <a style="color: #999999;" href="http://www.europemaxima.com/category/limperatif-ecologique/reflexions/" rel="category tag">Réflexions</a>. Sauvegarder le <a style="color: #999999;" href="http://www.europemaxima.com/collapsology-circus-par-jacques-georges/" rel="bookmark">permalien</a>.</span></strong></footer>
Ratatoskhttp://euro-synergies.hautetfort.com/about.htmlDmitry Orlov : Interview par Keith Woods sur Continuumtag:euro-synergies.hautetfort.com,2020-08-12:62570992020-08-12T10:47:44+02:002020-08-12T10:47:44+02:00 Dmitry Orlov : Interview par Keith Woods sur Continuum Par...
<header class="entry-header"><p style="text-align: center;"><img id="media-6161125" style="margin: 0.7em 0;" title="" src="http://euro-synergies.hautetfort.com/media/02/01/3440503642.jpg" alt="AVT_Dmitry-Orlov_8329.jpg" width="515" height="396" /></p><h1 class="entry-title"><span style="font-size: 24pt; font-family: arial black, sans-serif; color: #ff6600;"><strong>Dmitry Orlov : Interview par Keith Woods sur <em>Continuum</em></strong></span></h1></header><div class="entry-content"><hr /><p><span style="font-size: 18pt; font-family: arial black, sans-serif;"><strong><span style="color: #999999;">Par Dmitry Orlov </span></strong></span></p><p><span style="font-size: 18pt; font-family: arial black, sans-serif;"><strong><span style="color: #999999;">Source <a style="color: #999999;" href="http://cluborlov.blogspot.com/2020/08/transcript-of-interview-on-continuum.html">Club Orlov</a></span></strong></span></p><p><span style="color: #ff6600;"><strong><span style="font-size: 12pt; font-family: arial, helvetica, sans-serif;">Bienvenue à l’émission d’aujourd’hui. Je suis ravi d’être rejoint par Dmitry Orlov, qui est un écrivain russo-américain. Il a écrit plusieurs livres sur l’effondrement et la technologie. Ravi d’être rejoint par vous, M. Orlov. Si vous souhaitez présenter votre travail au public pour quiconque ne le connaît pas, ce serait formidable.</span></strong></span></p><p><strong><span style="font-size: 12pt; font-family: arial, helvetica, sans-serif; color: #999999;">DO : Tout d’abord, c’est formidable d’être dans votre émission. Je vous remercie de m’avoir invité.</span></strong></p><p><strong><span style="font-size: 12pt; font-family: arial, helvetica, sans-serif; color: #999999;">Je ne suis plus un néophyte car je le fais depuis longtemps, mais écrire sur l’effondrement n’est pas vraiment mon métier. J’ai eu une carrière avant cela, en ingénierie informatique, puis en physique des hautes énergies, puis en commerce électronique, et en sécurité sur Internet, en conversion des médias, des choses comme ça, et finalement j’ai juste abandonné tous ces trucs d’entreprise parce que je me suis rendu compte que cela n’allait pas vraiment dans la direction que j’aimais. Et j’ai commencé à écrire sur ce que je pensais qu’il allait arriver aux États-Unis en me basant sur ce que j’avais observé en Union soviétique et en Russie à la fin des années 80 et au début des années 90, parce que je pensais que les États-Unis allaient s’effondrer.</span></strong></p><p><strong><span style="font-size: 12pt; font-family: arial, helvetica, sans-serif; color: #999999;">J’ai commencé à le faire il y a une douzaine d’années et, bizarrement, j’ai reçu un accueil plutôt favorable pour commencer.</span></strong></p><p><strong><span style="font-size: 12pt; font-family: arial, helvetica, sans-serif; color: #999999;">Maintenant, il y a deux types de personnes que je rencontre : celles qui crient et s’enfuient – je suppose qu’elles sont la majorité – et puis il y a aussi les personnes qui me suivent, ou celles qui se rendent compte que j’ai fait valoir des arguments valables depuis le début. J’ai donc pas mal d’adeptes en ce moment, et j’écris quelques articles par mois, la plupart sur des sujets d’actualité et d’analyse, et ça se passe plutôt bien et ça m’occupe, pas tellement en écrivant, mais en faisant des recherches pour l’écriture. C’est un travail à plein temps pour l’instant. Et c’est donc là que j’en suis aujourd’hui.</span></strong></p><p><strong><span style="font-size: 12pt; font-family: arial, helvetica, sans-serif; color: #999999;">KW : <em><span style="color: #ff6600;">Évidemment, avec les événements de ces derniers mois aux États-Unis, je pense avoir entendu l’idée de l’effondrement, ou l’idée d’un État en faillite, entrer de plus en plus dans la conscience des gens, mais quand vous regardez les États-Unis maintenant et surtout les tensions raciales, ethniques que nous avons vues ces derniers mois – est-ce que cela vous semble être une société qui est à un stade assez avancé d’effondrement maintenant, ou pensez-vous que l’empire américain peut encore continuer à voyager pendant quelques années à venir ?</span></em></span></strong></p><p style="text-align: center;"><img id="media-6161126" style="margin: 0.7em 0;" title="" src="http://euro-synergies.hautetfort.com/media/01/02/344292115.jpg" alt="81s1U3i9fGL.jpg" width="525" height="786" /></p><p><strong><span style="font-size: 12pt; font-family: arial, helvetica, sans-serif; color: #999999;">DO : Il est très difficile de prévoir le moment où cela se produira. En ce qui concerne les tensions raciales aux États-Unis, ce n’est pas nouveau. La pire émeute raciale de tous les temps s’est produite il y a une centaine d’années ; les gens l’oublient. Des pans entiers de villes ont été complètement brûlés, un grand nombre de personnes se sont retrouvées sans abri. C’était une très grande émeute raciale. Il y a eu des émeutes raciales après cela en divers endroits, à Chicago, à Los Angeles et ailleurs. C’est un processus plus ou moins répétitif. En ce moment, beaucoup de gens disent que <em>« la vie des Noirs est importante »</em>. C’est un slogan, et si vous regardez l’histoire – et ce n’est pas un jugement de ma part, c’est une observation – les vies noires semblent avoir de l’importance tous les 20 ou 30 ans.</span></strong></p><p><strong><span style="font-size: 12pt; font-family: arial, helvetica, sans-serif; color: #999999;">Les Noirs aux États-Unis sont des pions politiques. Ils sont fondamentalement manipulés par l’establishment Démocrate et ils sont périodiquement lâchés sur le public. Ils sont maintenus au point d’ébullition par un certain nombre de politiques qui détruisent les familles noires, qui emprisonnent les hommes noirs, qui privent les enfants noirs de toute éducation significative. Tout cela les rend utiles comme pions. Ils vont commencer à se rebeller, à piller et à semer la pagaille dès que quelqu’un, au sein de l’establishment Démocrate, tirera sur la bonne ficelle, et c’est ce qui se passe cette année. Les pions ont été déployés afin de renverser Donald Trump parce que les Démocrates sont si désespérés. Ils sont incroyablement désespérés : c’est leur dernier soupir. Ils ont un candidat qui est absolument sénile, qui ne peut pas aligner une phrase. Et c’est donc un signe de désespoir. Je ne pense pas que cela se traduise immédiatement par l’effondrement des États-Unis ; je pense que cela a à voir avec des tendances à beaucoup plus long terme qui sont en cours depuis des générations et qui sont à ce stade inéluctables – non pas qu’elles aient toujours été inéluctables ; je n’ai jamais prétendu qu’elles l’étaient. Mais à ce stade, la plupart des commentateurs et analystes réfléchis diraient que ces processus vont simplement suivre leur cours.</span></strong></p><p><strong><span style="font-size: 12pt; font-family: arial, helvetica, sans-serif; color: #999999;">KW : <span style="color: #ff6600;"><em>Diriez-vous que la source de l’effondrement est principalement financière ?</em></span></span></strong></p><p><strong><span style="font-size: 12pt; font-family: arial, helvetica, sans-serif; color: #999999;"><img id="media-6161128" style="float: left; margin: 0.2em 1.4em 0.7em 0;" title="" src="http://euro-synergies.hautetfort.com/media/01/02/3583781011.jpg" alt="51jZ8PjAtxL._SY445_QL70_ML2_.jpg" />DO : Eh bien, j’ai beaucoup écrit à ce sujet. J’ai écrit un livre, <em><a style="color: #999999;" href="https://lesakerfrancophone.fr/les-cinq-stades-de-leffondrement">The Five Stages of Collapse</a></em>, dans lequel j’ai présenté l’effondrement comme un processus en plusieurs étapes : financière, commerciale, politique, sociale et culturelle, en montrant des exemples de sociétés, en faisant des études de cas de sociétés qui passent par chacune de ces étapes ou qui ont pu arrêter l’effondrement.</span></strong></p><p><strong><span style="font-size: 12pt; font-family: arial, helvetica, sans-serif; color: #999999;">La séquence est logique, car le financement est essentiellement lié aux promesses que les gens se font les uns aux autres. Ces promesses doivent être étayées par une notion réaliste de ce qui peut être réalisé en termes, par exemple, de remboursement de la dette. La fonction de la finance est de financer l’activité productive, et si la finance décide qu’il n’y a pas de financement parce que les dettes ne seront pas remboursées, alors cela limite l’activité commerciale. Les usines ne sont pas construites, les produits ne sont pas expédiés, etc., ce qui entraîne une contraction de l’économie physique des biens et des services, provoquant une chute des recettes fiscales et paralysant le gouvernement qui ne peut plus dépenser comme il en a l’habitude. Cela entraîne une paralysie et un effondrement politiques, et une fois que le monde politique se dissout, les institutions sociales sont mises à rude épreuve et échouent souvent parce qu’à ce moment-là, le gouvernement ne peut plus subvenir aux besoins de la population, il s’agit donc de groupes caritatifs et d’organisations comme les organisations religieuses qui ne sont généralement pas à la hauteur.</span></strong></p><p><strong><span style="font-size: 12pt; font-family: arial, helvetica, sans-serif; color: #999999;">Et le dernier bastion est la famille. Souvent, elle échoue aussi à cause du stress. Les familles se dissolvent et la culture s’effrite. La dernière étape de l’effondrement culturel est celle où les gens cessent de ressembler aux gens : ils deviennent plus comme des animaux. Et c’est la dernière étape de l’effondrement, après laquelle vous n’avez plus vraiment quelque chose que vous pourriez appeler humanité. Vous avez juste ces humains semi-fertiles qui courent dans tous les sens. J’ai même fait une étude de cas d’une société qui en est arrivée à ce point, où d’éminents chercheurs, des anthropologues – un anthropologue en particulier – ont décidé que de telles sociétés devraient être complètement démantelées : les individus n’ont plus rien à faire ensemble. Il faut les séparer, les diviser, parce qu’à ce moment-là, ce qui reste de la culture est pathologique.</span></strong></p><p><strong><span style="font-size: 12pt; font-family: arial, helvetica, sans-serif; color: #999999;">Or, il s’avère que les États-Unis suivent cette séquence d’effondrement à l’envers. C’est une prise de conscience que j’ai eue tout récemment : [les États-Unis] ont commencé par un effondrement culturel.</span></strong></p><p><strong><span style="font-size: 12pt; font-family: arial, helvetica, sans-serif; color: #999999;">Fondamentalement, le processus qui s’est déroulé aux États-Unis depuis la fin des années 50 et tout au long des années 60 a démembré les familles élargies, puis plus tard a également détruit les familles nucléaires, de sorte que les naissances hors mariage sont maintenant assez dominantes et que le nombre d’enfants, en particulier dans les familles noires, qui grandissent sans père est stupéfiant. Cela indique essentiellement que la culture a échoué. Il n’y a plus de véritable culture humaine, il n’y a plus qu’une culture commerciale de consommation. Les consommateurs, qui font attention aux <a style="color: #999999;" href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Prosommateur">prosommateurs,</a> aux influenceurs et aux médias. La seule fonction qu’ils ont est de décider ce qu’ils vont consommer jusqu’à ce que l’argent s’épuise, et à ce moment-là, ils sont tout simplement laissés pour compte – complètement laissés pour compte, laissés à la dérive.</span></strong></p><p><strong><span style="font-size: 12pt; font-family: arial, helvetica, sans-serif; color: #999999;">La société n’a plus vraiment de fonctions viables. Dans certains endroits, l’église est encore dominante et joue un rôle important, mais c’est vraiment la seule fonction sociale forte qui existe.</span></strong></p><p style="text-align: center;"><img id="media-6161129" style="margin: 0.7em 0;" title="" src="http://euro-synergies.hautetfort.com/media/00/00/2711445709.jpg" alt="urban-decay-detroit-factory-usa-june-collapsed-tower-broken-windows-graffiti-old-fisher-body-works-highlight-post-56031159.jpg" /></p><p><strong><span style="font-size: 12pt; font-family: arial, helvetica, sans-serif; color: #999999;">En ce qui concerne le gouvernement, nous pouvons constater d’énormes dysfonctionnements dans la sphère politique. En gros, le pays tout entier se divise en zones rouges et bleues qui sont déjà plus ou moins en guerre les unes contre les autres, bien qu’il ne s’agisse pas encore d’une guerre à balles réelles dans beaucoup d’endroits, mais cela pourrait très bien évoluer en de réels combats.</span></strong></p><p><strong><span style="font-size: 12pt; font-family: arial, helvetica, sans-serif; color: #999999;">Le commerce a évolué à un point tel que les États-Unis ne sont pas autosuffisants pour la plupart des produits manufacturés, et la plupart de ce qu’ils produisent est éphémère comme les logiciels et les médias, et peut-être certains produits pharmaceutiques qui sont incroyablement surévalués ; et beaucoup de produits agricoles. C’est donc en gros une économie de plantation pour le monde entier. Il n’y a plus de secteur industriel viable.</span></strong></p><p><strong><span style="font-size: 12pt; font-family: arial, helvetica, sans-serif; color: #999999;">Et puis, financièrement, c’est un trou noir, parce qu’elle ne fait qu’imprimer de l’argent. Elle le prête principalement à des initiés. On ne s’attend pas à ce que ces dettes générées soient remboursées un jour, et elles sont finalement converties en instruments zombies financiers bizarres qui restent dans les livres de comptes de sociétés zombies qui sont à jamais maintenues hors de la faillite en imprimant à nouveau de l’argent et en le prêtant. Il n’est donc plus question de prétendre que le financement a quelque chose à voir avec l’estimation du risque et la décision de prêter en fonction de la capacité de remboursement prévue, car on ne s’attend pas à ce que quiconque, à quelque niveau que ce soit, rembourse quoi que ce soit.</span></strong></p><p><strong><span style="font-size: 12pt; font-family: arial, helvetica, sans-serif; color: #999999;">Il s’agit donc simplement d’une presse à imprimer qui fonctionne à vide, et toute l’économie des États-Unis dépend maintenant de cette presse à imprimer. Dès qu’il s’avèrera qu’imprimer un dollar de plus ne produit aucune valeur mais produit en fait une valeur négative pour l’économie, c’est à peu près terminé, toute la partie sera terminée.</span></strong></p><p><strong><span style="font-size: 12pt; font-family: arial, helvetica, sans-serif; color: #999999;">Il est très difficile de prévoir le moment où cela se produira, mais ce sera un événement, pas un processus. Un jour, les gens se réveilleront et réaliseront que l’impression par la Réserve fédérale de 100 000 milliards de dollars supplémentaires ne fera pas avancer l’économie d’un pouce, et c’est à ce moment-là que tout sera déclaré terminé.</span></strong></p><p><strong><span style="font-size: 12pt; font-family: arial, helvetica, sans-serif; color: #999999;">C’est donc ce que je vois se produire maintenant.</span></strong></p><p><strong><span style="font-size: 12pt; font-family: arial, helvetica, sans-serif; color: #999999;">KW : <span style="color: #ff6600;"><em>C’est intéressant que vous pensiez que la dernière étape a déjà eu lieu parce que cela suggérerait… Je veux dire, vous avez observé l’effondrement de l’Union soviétique, mais même si cela semble aussi mauvais que cela a été, au moins il y avait encore une unité familiale en dessous. Il y avait une société homogène et il n’a donc pas fallu beaucoup pour assurer la transition vers une sorte d’État russe cohérent. Mais si vous regardez les États-Unis, et le fait qu’il y a un effondrement culturel, et toutes ces tensions entre les classes, entre les races… dans une société très multi-ethnique.</em></span></span></strong></p><p><span style="color: #ff6600;"><em><strong><span style="font-size: 12pt; font-family: arial, helvetica, sans-serif;">Je suppose que la question est alors de savoir, si les États-Unis sont confrontés à ce genre d’effondrement, s’il y a des raisons de croire que les États-Unis en tant qu’entité survivraient même à cela en termes d’intégrité territoriale. En d’autres termes, envisageriez-vous la balkanisation et l’effondrement des États-Unis en tant que pays ?</span></strong></em></span></p><p><strong><span style="font-size: 12pt; font-family: arial, helvetica, sans-serif; color: #999999;">DO : Il n’y a aucune raison de croire que les États-Unis continueront d’exister une fois que les États ne seront plus unis. Étant donné la politique actuelle, encore une fois, la séparation en zones rouge et bleue qui sont hostiles les unes aux autres à tous les niveaux, il est vraiment difficile de dire que les États-Unis sont unis. Encore une fois, ils sont unis par l’imprimerie de la Réserve fédérale. Une fois que le dollar américain aura fait faillite, il n’y aura plus rien pour maintenir l’unité des États, et il n’y aura plus rien pour maintenir l’unité de chaque État individuellement. Il n’y a aucune raison de continuer à avoir ce système qui se contente de redistribuer de l’argent imprimé – imprimé essentiellement à partir de rien – et il n’y a donc aucune raison de penser que cette entité politique va se maintenir.</span></strong></p><p style="text-align: center;"><img id="media-6161130" style="margin: 0.7em 0;" title="" src="http://euro-synergies.hautetfort.com/media/00/02/4092436366.jpg" alt="329615661.jpg" /></p><p><strong><span style="font-size: 12pt; font-family: arial, helvetica, sans-serif; color: #999999;">Maintenant, au niveau ethnique, il y a encore de vastes zones – essentiellement rurales à l’heure actuelle – où l’ancienne couche de la société anglo-allemande se maintient, et il se peut donc qu’il y ait de vastes étendues de terres patrouillées par des locaux lourdement armés qui sont encore relativement sûres et relativement productives. La question est de savoir s’ils pourront réellement survivre sans accès aux côtes et aux ports, car les États-Unis ne produisent plus les pièces de rechange dont ils ont besoin pour faire fonctionner les usines et les équipements. Tout ce matériel est maintenant importé, principalement de Chine, et il n’y a donc aucune raison de s’attendre à ce que les États-Unis puissent se réindustrialiser dans ces conditions, car le pays ne dispose plus des compétences de base nécessaires pour se réindustrialiser. Les ingénieurs n’existent plus ; les gens capables font tous des études de droit et de finance depuis longtemps, et d’autres professions qui ont essentiellement trait à l’escroquerie. Il n’y a donc aucune raison d’espérer ce genre de renaissance.</span></strong></p><p><strong><span style="font-size: 12pt; font-family: arial, helvetica, sans-serif; color: #999999;">En ce qui concerne les villes, la fonction qu’elles remplissent n’est pas vraiment claire. Les confinements à cause du coronavirus ont prouvé que les villes, à ce stade, ne remplissent aucune fonctio
ali427http://petitsdeparts.hautetfort.com/about.htmlPale Blue Dottag:petitsdeparts.hautetfort.com,2019-11-14:61904422019-11-14T14:44:00+01:002019-11-14T14:44:00+01:00Texte "Pale Blue Dot", 1994 inspiré par la photo ci-dessus prise le 14...
Texte "Pale Blue Dot", 1994<br />inspiré par la photo ci-dessus prise le 14 février 1990 par la sonde Voyager 1, alors qu’elle se trouvait à plus de 6 milliards de kilomètres de la Terre, au-delà de l’orbite de Neptune.<br /><br /> <br /><br /><p><img src="http://petitsdeparts.hautetfort.com/media/02/01/2123776219.jpg" id="media-6056839" alt="" /></p>« Regardez ce point. C’est ici. C’est notre foyer. C’est nous. Dessus se trouvent tous ceux que vous aimez, tous ceux que vous connaissez, tous ceux dont vous avez jamais entendu parler, tous les êtres humains qui aient jamais vécu. La somme de nos joies et de nos souffrances. Des milliers de religions, d’idéologies et de doctrines économiques remplies de certitudes. Tous les chasseurs et cueilleurs, tous les héros et tous les lâches, tous les créateurs et destructeurs de civilisations. Tous les rois et paysans, tous les jeunes couples d’amoureux, tous les pères, mères, enfants remplis d’espoir, inventeurs et explorateurs. Tous les moralisateurs, tous les politiciens corrompus, toutes les “superstars”, tous les “guides suprêmes”, tous les saints et pécheurs de l’histoire de notre espèce ont vécu ici… Sur ce grain de poussière suspendu dans un rayon de soleil. <br />(...)<br />Notre planète est une poussière isolée, enveloppée dans la grande nuit cosmique. Dans notre obscurité, dans toute cette immensité, rien ne laisse présager qu’une aide viendra d’ailleurs, pour nous sauver de nous-mêmes. La Terre est jusqu’à présent le seul monde connu à abriter la vie. Il n’y a nulle part ailleurs, au moins dans un futur proche, vers où notre espèce pourrait migrer. Visiter, oui. S’installer, pas encore. Que vous le vouliez ou non, pour le moment, c’est sur Terre que nous nous trouvons.<br /><br />Carl Sagan (1936-1996)<br />Astronome <br /><br /><br /><br /><br /><br /><br /><br /><br /><br />Merci au site https://www.lespritsorcier.org/ (le site de Fred "C'est pas sorcier")<br />sur lequel j'ai retrouvé le texte intégral de Carl Sagan.<br />J'avais entendu ce texte un jour sur Culture...puis je l'avais perdu...
S. Lle noelhttp://defensederire.hautetfort.com/about.htmlPour un effondrement joyeux...tag:defensederire.hautetfort.com,2019-08-26:61718622019-08-26T10:01:45+02:002019-08-26T10:01:45+02:00 “After one look at this planet any visitors from outer space would say : I...
<p>“After one look at this planet any visitors from outer space would say : I want to see the manager” <em><span style="color: #3f4857;">William S. Burroughs (1993). </span></em><em><span style="color: #3f4857;">“The Adding Machine: Selected Essays”, p.125, Arcade Publishing</span></em></p><p><img id="media-6025009" style="float: left; margin: 0.2em 1.4em 0.7em 0;" title="" src="http://defensederire.hautetfort.com/media/02/01/4170148292.jpg" alt="collapsologie,effondrement,resilience,servigne" />C’est un fait, toute une littérature de l’effondrement est apparue ces dernières années. La collapsologie est en vogue et à la différence de notre civilisation, n’est pas près de s’effondrer. C’est pourtant une littérature ancienne, même si désormais elle est étayée scientifiquement et qu’Armageddon n’est plus une force immanente, mais bien l’Homme lui-même. Noé est d’une certaine manière le premier des collapsologues ou collapsonautes mythiques, lui qui devant le caractère inévitable du déluge s’est préparé à pouvoir passer entre les gouttes si l’on peut dire.</p><p> </p><p><strong>Un modèle à bout de souffle, collapsing in progress...</strong></p><p>Aujourd’hui, l’effondrement civilisationnel nous guette. L’ampleur de la faillite du modèle économique, fondé sur l’extraction et/ou l’exploitation de tous les biens terrestres à outrance et la non prise en compte des externalités négatives, est sans pareille. Ce modèle économique, qui a provoqué le réchauffement climatique et la pollution de la planète, démontre par ailleurs un peu plus chaque jour son incapacité à apporter les réponses adaptées pour stopper, à défaut d’inverser, les processus en cours. Plutôt crever sur un tas d’or qu’en partager, même quelques miettes, pour tenter de sauver tout le monde, tel est la devise de quelques-uns tandis que quelques autres préfèrent conserver des œillères pour ne pas affronter les angoisses des ruptures en cours et à venir.</p><p> Depuis plus de quarante ans que le diagnostic est posé, on ne peut pas dire que les progrès pour préserver la planète sont manifestes. Pire, les causes sont toujours plus importantes : vous pouvez toujours mettre une ampoule faible consommation, mais si vous multipliez les appareils électroniques, la demande d’énergie grimpera plus vite que les quelques économies d’énergie générées par votre écogeste et les fausses bonnes solutions sont légion, le stockage d’énergie est polluant, la voiture électrique un mirage, notre société de l’électronique et de la vitesse n’a jamais autant consommé de matières premières. Nous savons pourtant depuis longtemps que l’énergie la plus propre est encore celle qu’on ne consomme pas. C’est comme se donner bonne conscience par le tri des déchets, quand on sait que le meilleur déchet est encore celui qu’on ne produit pas.</p><p>Les effets mortifères de nos dévastations sont désormais visibles à l’échelle d’une vie humaine, d’une année sur l’autre même, et le temps est vraiment compté, il ne reste que quelques grains dans le sablier avant que les effets à moyen et long terme deviennent tout simplement invivables. Le libéralisme propose de temporiser, avec son fameux « développement durable », terme bien utile pour ménager la chèvre et le chou en faisant oublier que c’est bien la chèvre qui mange le chou à la fin.</p><p><strong>Un effondrement, et alors?</strong></p><p>À l’autre bout, la collapsologie. Tirant le constat que la société est incapable de se réformer, le possédant, mais aussi l’aspirant possédant, s’accrochant à ce confort et cette consommation qui fonctionnent comme une drogue – je consomme pour oublier la frustration du nihilisme qu’est la consommation, c’est redoutable, c’est comme boire pour oublier qu’on est alcoolique – les collapsologues, considèrent que <em>l’homo sapiens</em> est relativement indécrottable, que la civilisation va s’effondrer et qu’il faut créer les conditions d’une nouvelle société, d’une résilience de l’humanité et de l’écosystème. Permettre aux générations présentes et surtout futures, non pas de trouver le paradis terrestre, mais d’éviter de sombrer dans l’enfer annoncé.</p><p>Dans <em>Une autre fin du monde est possible</em>, <span style="color: #111111;">de Pablo Servigne, Raphaël Stevens et Gauthier Chapelle</span> l’essai n’est pas centré sur la description d’un possible effondrement (les auteurs du livre, dans un premier ouvrage paru en 2015, <em><span style="font-size: 10.5pt; color: #222222;">Comment tout peut s'effondrer : petit manuel de collapsologie à l’usage des générations présentes</span></em> ont posé cette possibilité comme inéluctable), mais sur quelques pistes livrées sur l’état d’esprit, les outils, psychologiques et spirituels à adopter, pour affronter cet effondrement à venir. Les auteurs tentent de donner du sens et de l’espérance dans une possible (re)construction, qui ne peut passer pour eux que par la solidarité, l’altérité et l’empathie entre les Hommes et, plus largement, toutes les composantes de la planète et tirer les leçons du passé ainsi que les enseignements anciens pour retrouver une connexion avec l’environnement.</p><p><strong>Face à l'effondrement, petit traité de psychologie du genre humain <em>homo stupidus</em></strong></p><p>Il faut le dire, si le constat est partagé par une majorité de la population sur ce qui se trame en matière de réchauffement climatique et d’atteinte à l’environnement, le faire sien et en accepter les conséquences est une autre étape, qui peut pousser à la dépression et à la folie, ce que les auteurs décrivent bien et que l’expérience vécue de chacun d’entre nous conforte dans ce sens. D’où le réflexe plus ou moins conscient d’une majorité de la population qui préfère jouer à l’autruche, entre optimisme déraisonnable (on va bien trouver une solution, antienne répétée depuis plus de quarante ans avec le succès que l’on connaît) ou un je-m’en-foutisme total en mode « après moi le déluge ». Pire, <em>homo sapiens</em> souffre de schizophrénie, capable de mettre en place trois petits écogestes, et dans le même temps se vautrer dans un consumérisme sans limite, pour tenter d’apaiser ses angoisses, participant par là un peu plus à la multiplication du problème.</p><p>Se préparer au monde qui vient est pourtant nécessaire. Pour soi et surtout pour les générations à venir, pour nos enfants et leurs enfants. Cela ne veut pas dire baisser les bras sur la recherche de solutions pour lutter contre le réchauffement climatique et la pollution – plus que jamais, il faut se battre sur ce front –, mais devant l’inéluctable, il faut se préparer, se mettre dans les meilleures dispositions pour permettre, si l’on peut dire, un effondrement le plus humaniste possible. Il faut donner tort aux scénaristes de séries, nous ne sommes pas condamnés à êtres des <em>walking dead</em>.</p><p><strong>Au milieu du chaos, la possibilité d’une île</strong></p><p>Il ne faut pas prendre la collapsologie pour ce qu’elle n’est pas, ou si peu chez quelques illuminés survivalistes : une manière de préparer un monde sans foi ni loi. C’est en fait une science de l’effondrement et plus largement une philosophie pour préparer le monde d’après, sur des bases humanistes et presque animistes si l’on peut dire.</p><p>Le monde s’effondre et il faut trouver les ressorts de l’assumer, d’y trouver, et l’exercice est difficile, des sources de réjouissance. Ce n’est pas de l’optimisme béat, mais un principe de réalité pour se préparer, autant matériellement qu’intérieurement. La préparation intérieure est d’ailleurs le point cardinal de la réflexion et de l’ouvrage. Il faut donner du sens à cette nouvelle vie.</p><p>Nous savons depuis des décennies les problèmes qui nous guettent. Longtemps, ceux qui parlaient de l’effondrement à venir étaient taxés d’emmerdeurs, personnages sinistres et pessimistes, des oiseaux de mauvais augure déprimants et ennuyeux. Des Cassandre qu’il est désagréable d’entendre. Mais, et c’est bien le malheur de Cassandre, Apollon lui a donné la prescience mais l’incapacité à être entendue et prise au sérieux…</p><p><strong>Vouloir déjeuner en paix, un pari perdant une fois le déjeuner passé</strong></p><p>Parce que se voiler la face, déjeuner en paix, est bien plus agréable. Nous avons tous besoin d’une petite dose d’aveuglement, elle permet de respirer un peu, il faut garder un soupçon d’innocence devant la gravité du monde, lâcher prise quelque peu pour vivre le présent. Mais être conscient du problème, l’embrasser totalement, c’est aussi permettre de travailler sur ses peurs et de chercher à construire, sans hypothéquer le présent et l’avenir. A contrario, se voiler la face, c’est se préparer à des lendemains qui déchantent. C’est prendre le mur qui s’annonce, en pleine face, et celui-ci est proche. Le changement climatique est rapide, la pollution est partout et les scientifiques ont parfois, pour ne pas désespérer les foules, édulcoré la réalité. Les famines, la désertification, les côtes qui reculent, le renforcement de la puissance des éléments, les épisodes extrêmes, les déplacements de population, c’est une réalité que seul un imbécile peut nier. D’ailleurs, une large majorité de la population vit déjà cela, dans les pays du Sud notamment. Les migrations climatiques ont démarré et elles ne font que commencer.</p><p>La collapsologie, c’est sortir de l’illusion du « meilleur des mondes » : chacun à sa place, consommons, les alphas trouveront bien une solution aux maux actuels et futurs se disent les bêtas, les gammas et les epsilons. L’opium du peuple, c’est la consommation, mais aussi éluder le fond des soucis, quitte à créer des monstres idéologiques, comme l’autoritarisme, la xénophobie et le sentiment de culpabilité des individus. Vieille recette, tenter de maintenir l’ordre social coûte que coûte, même si à moyen terme c’est envoyer tout le monde dans le précipice.</p><p>Il ne faut pas croire que les puissants de ce monde ignorent la chose. Mais <em>business as usual</em>, admettre la rupture nécessaire serait remettre en cause les fondements du leadership actuel, un renversement total des valeurs et du sens à donner à l’existence, à la terre, à l’humanité. Dans la marche du monde telle qu’elle est, la stratégie adoptée est bien différente : une once de discours, du <em>greenwashing,</em> et surtout, de la temporisation. Un exercice délicat d’anesthésie générale de la population, entre faux espoir, relativisation de la réalité de l’atteinte à la biosphère et préparation à la canalisation des violences possiblement à venir.</p><p>Les grands de ce monde se préparent à l’effondrement, dans leurs petits îlots, plutôt que de préparer l’avenir pour tous : quand le sage montre la lune, l’imbécile regarde le bout du doigt, que l’on pourrait adapter par un « quand le sage montre la terre, l’imbécile se laisse duper par ceux qui lui promettent la planète Mars ». Finalement, le début de la fin ne serait-il pas advenu avec la conquête spatiale, vouloir rejoindre la Lune, un projet aussi inutile que dangereux, qui entretient le rêve que l’Homme peut s’échapper de sa condition terrestre et de fait ne pas prendre soin du plancher des vaches sur lequel il vit. Mais le rêve, l’impossible, lui ôte les angoisses et il faut « imaginer Sisyphe heureux » de pousser sa pierre comme l’écrivait Camus. Mais l’est-il réellement ?</p><p><strong>L’illusion de l’happycratie, la pensée positive devenue pensée magique</strong></p><p><em>Homo sapiens</em> n’est pas heureux, mais il est exigé de lui qu’il le soit. C’est l’« happycratie<em> »</em>, où comment chacun est responsable de son bonheur, quels que soient sa vie, ses amours, ses emmerdes. S’il n’arrive pas à être heureux, l’homme moderne ne peut s’en vouloir qu’à lui-même. Et sous prétexte de retrouver du sens à ce grand foutoir et cette quête d’un bonheur non défini, il y a une forme d’individualisation poussée à l’extrême, de repli sur soi, une sorte d’intériorisation extrême, entre réelle aspiration pour se retrouver et être au monde, mais surtout réelle technique pour isoler les individus les uns des autres. Là où il faut de la solidarité, de l’humilité et du collectif, l’happycrati<em>e </em>est l’exact contraire et elle ne fait que renforcer les mécanismes à l’œuvre. Ceux qui se replient sur eux-mêmes, leurs proches et le présent sont finalement de grands égoïstes qui s’ignorent. L’empathie nécessaire aujourd’hui pour tenter de construire un monde viable, c’est embrasser le monde, c’est embrasser le présent et le futur.</p><p>Peut-être est-elle là cette recherche de sens tant désirée. C’est l’apport principal d’une autre fin du monde est possible, souligner que cette transcendance, non religieuse si possible, est d’une nécessité impérieuse pour dépasser ses peurs, se dépasser face à ce qui arrive. Ce que l’on peut traduire par une nécessité d’être au monde, dans son ensemble, pas seulement à ses proches, pas seulement aux humains, mais être au monde comme une part de celui-ci, dans un sens de réciprocité.</p><p><strong>Admettre l’effondrement pour le dépasser</strong></p><p>La collapsologie n’est pas tant une vision millénariste de fin du monde que celle d’un deuil nécessaire à faire de notre civilisation pour en créer une nouvelle, dans lequel l’humanité serait à sa juste place, dans le grand tout de ce fragile globe terrestre, qui est notre seule planche de salut, les rêves martiens et interstellaires n’étant que des mirages savamment entretenus.</p><p>C’est l’acceptation qu’un mode de vie différent, où le temps est remis à sa juste place, sans vouloir l’accélérer et le dépasser, est impératif.</p><p>Il y a deux fronts ouverts aujourd’hui face au monde qui arrive : la lutte contre les causes d’une part, la gestion des conséquences de l’autre. Il ne faut pas abandonner la lutte, mais il faut déjà préparer les oasis de demain, tant matérielles que sociétales. Et faire le choix des valeurs qui président aussi bien à un front qu’à l’autre. Ce n’est pas qu’une question de philosophie théorique, c’est bien le cœur du projet de reconstruction de l’humanité qui est en jeu.</p><p>La collapsologie ne doit pas être vue sous le prisme de la peur, mais bien dans la recherche d’une libération de sa condition <em>d’homo economicus</em>, <em>d’homo stupidus</em>. Alors peut-être une autre fin du monde est possible, qui, sans être totalement joyeuse, peut apporter une forme de bonheur et d’accomplissement. Le chemin est long, il appelle des efforts, une volonté certaine, mais c’est un voyage qui donne autant d’espoir que de sens.</p>
fredlautrehttp://lantidote.hautetfort.com/about.htmlCLIMAT : LA RECETTE MIRACLE !tag:lantidote.hautetfort.com,2018-10-21:60983832018-10-21T09:00:00+02:002018-10-21T09:00:00+02:00 Dans la série "Des nouvelles de l'état du monde" (N°66). Résumé :...
<p style="text-align: center;"><span style="font-size: 14pt; color: black; font-family: 'times new roman', times, serif;">Dans la série "Des nouvelles de l'état du monde" (N°66).</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 14pt; color: black; font-family: 'times new roman', times, serif;">Résumé : Corinne Pelluchon et Raphaël Stevens, les invités de Florian Delorme (émission "Culture Monde" sur France Culture, jeudi 18 octobre), ont peut-être compris que le système économique actuel mène l'humanité à la catastrophe. En tout cas, loin de proposer de lutter pour l'empêcher, la philosophe et le prospectiviste ont réfléchi à la façon dont il faudra gérer <span style="text-decoration: underline;">les populations</span> quand celle-ci se sera produite.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 14pt; color: black; font-family: 'times new roman', times, serif;">4</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 14pt; color: black; font-family: 'times new roman', times, serif;">Voilà donc tous les apports dont sont capables, dans les circonstances actuelles, les sciences sociales (Pelluchon se dit philosophe) et la futurologie (Stevens se dit "prospectiviste"). C'est bien ce que je disais : les intellos sont définitivement impuissants à modifier le réel, leur travail se réduit à proposer des recettes pour "agir sur les mentalités". Sans avoir les moyens de les mettre en œuvre, à moins qu'un maître puissant les prenne à leur service pour mettre à l'épreuve, contre rémunération, le pouvoir d'influence de leurs trouvailles. Seules les trouvailles jugées "vendables" par le maître puissant (entendez capables de générer du "cash") trouveront grâce à ses yeux. C'est une question de "créneau" et de "marché".</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 14pt; color: black; font-family: 'times new roman', times, serif;">Je veux dire que P. et S. connaissent à fond leur Edward Bernays, l'inventeur (avec quelques autres, Walter Lippmann, ...) de la manipulation des foules, du "gouvernement invisible" et du coup d'éclat publicitaire (il double d'un seul coup le public potentiel de la firme Lucky Strike en 1928 en donnant à une cohorte de femmes payées pour ça la consigne de fumer dans la rue, très ostensiblement, sous l’œil des caméras).</span></p><p style="text-align: center;"><img id="media-5902824" style="margin: 0.7em 0;" title="" src="http://lantidote.hautetfort.com/media/00/01/2168959056.jpg" alt="l'état du monde,des nouvelles de l'état du monde,france culture,culture monde,florian delorme,corinne pelluchon,raphaël stevens,comment tout peut s'effondrer,pablo servigne et raphaël stevens,collapsologie,écologie,changement climatique,environnement,edward bernays,beauvois et joule,petit traité de manipulation à l'usage des honnêtes gens" /></p><p style="text-align: center;"><img id="media-5902825" style="margin: 0.7em 0;" title="" src="http://lantidote.hautetfort.com/media/02/02/2958981302.jpg" alt="l'état du monde,des nouvelles de l'état du monde,france culture,culture monde,florian delorme,corinne pelluchon,raphaël stevens,comment tout peut s'effondrer,pablo servigne et raphaël stevens,collapsologie,écologie,changement climatique,environnement,edward bernays,beauvois et joule,petit traité de manipulation à l'usage des honnêtes gens" /></p><p style="text-align: center;"><span style="font-size: 14pt;"><em><span style="font-family: 'times new roman', times, serif;"> L'œuvre fondatrice du maître et un extrait de la première page. Autrement dit, l'un des pères de la publicité moderne considère le peuple comme un conglomérat de gogos.</span></em></span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 14pt; color: black; font-family: 'times new roman', times, serif;">Pelluchon et Stevens s'en remettent aux recettes d'un grand Manitou de la com'. C'est triste : ils sont en train de mettre sur le marché des idées dont ils espèrent de fructueux retours sur investissement. C'est presque une demande d'emploi auprès des industriels de la communication : après tout, le marché du bien-être existe déjà bel et bien. De petits épiciers, finalement. Accessoirement, les rayons de librairie "Développement personnel" n'ont pas fini de s'allonger.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: 'times new roman', times, serif; font-size: 14pt;"><span style="font-size: 14.0pt; color: black;">Pelluchon et Stevens sont peut-être au courant de l'émergence de l' « économie comportementale » (récent prix Banque-de-Suède-alias-Nobel d'économie) et d'une de ses facettes, le « nudge marketing », qui amène les consommateurs à modifier sans contrainte leur comportement. Au Danemark (je crois), des urinoirs spéciaux ont été installés (je ne sais pas où ni en quel nombre) : dans la faïence de l'objet, l'image d'une mouche a été insérée au centre. Résultat ? Les frais de nettoyage ont été réduits de 80%, parce que les pisseurs avaient à cœur de viser l'animal avec soin. Ô pauvres hommes si prévisibles ! Ô l'admirable manipulateur !</span></span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 14pt; color: black; font-family: 'times new roman', times, serif;"><span style="font-size: 14.0pt; color: black;">Je ne rappellerai que pour mémoire la pudeur de vierges effarouchées de Beauvois et Joule qui minimisaient dans leur désormais célébrissime bouquin, que j'avais lu à parution, la portée manipulatoire des inventions de la psychologie sociale (par quel procédé technique obtenir d'un individu qu'il fasse le geste qu'on attend de lui tout en lui laissant croire que ce geste émane de sa seule volonté ?). Ils refusent d'assumer les usages potentiellement pervers ou dévastateurs qui peuvent être faits des expériences qu'ils rapportent par des gens malintentionnés. Un intello ne peut envisager le Mal, qu'on se le dise. Un intello doit toujours proposer des perspectives d'avenir, des ouvertures, des raisons d'espérer. La faute sans doute au formatage préalable, vous savez, le sacro-saint plan "Constat-Cause-Solutions" appris dans toutes les écoles, de l'ENA aux écoles de journalisme (on observe, on analyse, on propose). Un bon rapport, une note de synthèse digne de ce nom ne saurait s'achever sur une note pessimiste.</span></span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 14pt; color: black; font-family: 'times new roman', times, serif;"><span style="font-size: 14.0pt; color: black;">Pour cela, Beauvois et Joule s'appuient probablement sur le motif bizarroïde qu'une technique n'a rien à voir avec les usages qui en seront faits (c'est aussi l'opinion déplorable de Paul Jorion) : c'est commode de se défausser ainsi sur les spécialistes, les abstractions et les bonnes intentions de l'"ETHIQUE" (Ah que voilà un vocable qu'il est beau !). Commode application du principe de la "division du travail" et de la compartimentation des tâches : chacun chez soi, et les vaches seront bien gardées. </span></span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 14pt; color: black; font-family: 'times new roman', times, serif;"><span style="font-size: 14.0pt; color: black;">En fait, les inventeurs de la technique sont aveugles, et pour les conséquences de leur créativité, ils repassent le bébé à une autorité chargée d'édicter un "code de bonne conduite" et de se déguiser en gendarme en lui disant : « J'invente, je fabrique, et toi, démerde-toi avec ça !». Ils considèrent les techniques comme neutres et innocentes par principe. Ils sont forcément du côté de "L'Empire du Bien" (Philippe Muray). Bien au chaud dans l'évidence nouvelle provoquée par l'innovation, les "Comités d'éthique" leur tiennent compagnie. Oh, Delacroix, c'était quand, déjà, "La Liberté guidant le peuple" ?</span></span></p><p style="text-align: center;"><img id="media-5902351" style="margin: 0.7em 0;" title="" src="http://lantidote.hautetfort.com/media/00/01/1218199431.jpg" alt="BEAUVOIS ET JOULE.jpg" /></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: 'times new roman', times, serif; font-size: 14pt;"><span style="font-size: 14.0pt; color: black;">Pelluchon et Stevens parient en réalité sur les techniques les plus sophistiquées de la psychologie sociale, de la publicité (disons : de la propagande) et de la manipulation des foules pour remédier aux conséquences économiques, environnementales et humaines catastrophiques <span style="text-decoration: underline;">bien concrètes</span> que nous prépare sans faute le système économique globalisé tel qu'il fonctionne aujourd'hui. Comme remède au Mal qui s'annonce, quelle trouvaille ! Du moins c'est ce qu'ils croient. Ou qu'ils font semblant de croire ? Peut-on être naïf à ce point ? Ce qu'ils voudraient, c'est façonner de nouvelles <span style="text-decoration: underline;">subjectivités de masse</span> capables d'assister à la catastrophe sans se faire trop de souci et sans que les sociétés se transforment en champs de bataille ?</span></span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: 'times new roman', times, serif; font-size: 14pt;"><span style="font-size: 14.0pt; color: black;">Ce qu'ils voudraient, c'est inspirer à sept milliards d'individus une façon obstinément positive de contempler le désastre quand il se produira. Ils voudraient avant tout que les humains restent bien assis quand les ressources, le confort et les perspectives de vie agréable auront foutu le camp. Ils voudraient leur inculquer la recette pour ne pas se sentir malheureux du malheur. Et surtout, sans doute, éviter le "chacun pour soi". </span></span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: 'times new roman', times, serif; font-size: 14pt;"><span style="font-size: 14.0pt; color: black;">D'abord, c'est la quadrature du cercle. Ensuite ils ne savent rien de la façon d'arriver à ce magnifique résultat : rendre l'humanité docile à l'idée de son futur avilissement. Comment amener l'humanité à faire le deuil de son train de vie, de son confort, surtout pour ceux qui en constituent la partie nantie ? Comment appeler ceux qui en sont démunis à renoncer aux promesses de perspectives prospères ? A se dépouiller de leurs "grandes espérances" (génial roman de Dickens) ? </span></span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: 'times new roman', times, serif; font-size: 14pt;"><span style="font-size: 14.0pt; color: black;">A la question insistante et pertinente de l’excellent Florian Delorme (« Mais enfin, <u>comment on fait ?</u> », je souligne la seule question importante), ils n'ont pas de réponse. J'ai juste entendu le pauvre Raphaël Stevens, après un silence, bredouiller quelque chose comme : « Eh bien, euh, continuer le cheminement ... » (texto). Piteux. La baudruche est dégonflée. La Pauvre Corinne Pelluchon clame haut et fort : « Je ne suis pas dans le "Y a qu'à-Faut qu'on" ». Cela dit toutes les solutions qu'elle propose reviennent à du "Y a qu'à-Faut qu'on". C'est risible. Sous leur discours qui déborde de paroles verbales, que reste-t-il de tangible ? Si peu que rien.</span></span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: 'times new roman', times, serif;"><span style="font-size: 14pt;">En fait, tout le travail de Corinne Pelluchon, de Raphaël Stevens et des gens qui pensent comme eux consiste à enrober, à tourner autour du pot, à euphémiser, à retarder le moment de la prise de conscience par les masses du cataclysme promis. Stevens n'a pas tort quand il dit que ce ne sera pas un <u>événement</u> brutal dans le genre Jour du Jugement Dernier, mais que c'est un <u>processus</u>. Il ne faut pas inquiéter les masses, les masses, c'est imprévisible, on ne sait jamais ce qu'elles sont capables de commettre. P. et S. ne proposent aucun remède à la crise qui s'annonce : ils conjurent les hauts responsables de prendre en compte les risques qu'il y aurait à ne pas prendre en compte les grandes angoisses qui vont aller en augmentant à mesure que les situations concrètes deviendront plus difficiles à vivre.</span></span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: 'times new roman', times, serif;"><span style="font-size: 14pt;">Très rapides en rythme géologique, mais d'une lenteur imperceptible et désespérante au rythme d'une vie humaine, on constate en effet des phénomènes terribles, mais qui se produisent si lentement et en ordre tellement (de moins en moins) dispersé que personne n'y voit un processus en marche, ni ne fait le lien entre eux, et que le processus avance inexorablement une fois l'attention retombée dans les préoccupations ordinaires.</span><span style="font-size: 10.0pt; color: black;"><span style="font-size: 14pt;"> </span><span style="font-size: 14.0pt; color: black;">Mais pourquoi Stevens va-t-il se perdre dans les fumées de la propagande et de l’action psychologique ?</span></span></span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: 'times new roman', times, serif; font-size: 14pt;"><span style="font-size: 14.0pt; color: black;">Non, ce qu'il faudrait, c'est dire la vérité aux foules et préparer la répression des paniques, des jacqueries et des révoltes populaires massives (dont l'élection de démocrates autoritaires à laquelle on assiste depuis quelques années - Pologne, Hongrie, Amérique, ... - est selon moi un symptôme, voire un signe avant-coureur). La vérité ? Un nombre infinitésimal d'hommes vandalise la planète à son seul profit, s'accaparant des montagnes d'or. Ces quelques hommes bourrés de fric jusqu'aux trous de nez sont incapables de dépenser leur fortune autrement qu'en œuvres d'art qui s'autodétruisent (Banksy) et autres objets ostentatoires et inutiles. Dans le même temps, ils réduisent à la précarité et à la servitude des centaines de millions d'individus qu'ils font mine de vouloir secourir à travers des fondations qui n'émeuvent que les gogos. Mais j'entends les haut-le-cœur : Bill Gates, Jeff Bezos, etc... ah les braves gens, quand même ! Comment osez-vous vous en prendre à ces milliardaires au grand cœur ?</span></span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: 'times new roman', times, serif; font-size: 14pt;"><span style="font-size: 14.0pt; color: black;">Pelluchon et Stevens, en réalité, crèvent de trouille. Ils savent comment des milliards d'hommes réagiront quand ils verront se resserrer autour de leur cou le nœud coulant de la réalité économique, environnementale et politique. La violence, la haine, la guerre, ils les voient (peut-être) venir, mais cette réalité-là est trop monstrueuse pour être endossée par de dignes universitaires, par des intellos propres sur eux, et qui veulent continuer à être pris au sérieux dans les milieux savants (ils ont pondu un bouquin savant, n'est-ce pas, il faut vendre). Ils ne veulent pas scier la branche sur laquelle ils sont assis. Pour cela, ils n'ont pas renoncé à espérer, même si c'est en faisant semblant. Ils n'ont pas renoncé à "mentir au peuple". S'ils ont l'intelligence que je leur prête, ils ne sont pas près de laisser tomber l'imposture qui les fait vivre. Il faut bien vivre ...</span></span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: 'times new roman', times, serif; font-size: 14pt;"><span style="font-size: 14.0pt; color: black;">En attendant, ils publient des bouquins très savants qui ressemblent comme des gouttes d'eau à des livres de prière.</span></span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 14pt; font-family: 'times new roman', times, serif; color: black;"><span style="font-size: 14.0pt; color: black;">Voilà ce que je dis, moi.</span></span></p>