Last posts on certitudes2024-03-29T15:25:33+01:00All Rights Reserved blogSpirithttps://www.hautetfort.com/https://www.hautetfort.com/explore/posts/tag/certitudes/atom.xmlMILIQUEhttp://aumagmapresentdelecriture.hautetfort.com/about.htmlIMPOSTUREtag:aumagmapresentdelecriture.hautetfort.com,2014-03-24:37269622014-03-24T05:47:00+01:002014-03-24T05:47:00+01:00 IMPOSTURE Complicité étroite et...
<p style="text-align: center;"><img id="media-3139047" style="margin: 0.7em 0pt;" title="" src="http://aumagmapresentdelecriture.hautetfort.com/media/01/01/3157686576.jpg" alt="LE MOURANT.jpg" /></p><p style="text-align: center;"> </p><p style="text-align: center;"> </p><p style="margin-bottom: 0cm; text-align: center;"><span style="font-family: arial black,avant garde; font-size: x-large; color: #008000;"><strong>IMPOSTURE</strong></span></p><p style="margin-bottom: 0cm; text-align: center;"><span style="font-family: arial black,avant garde; font-size: large;"><strong> </strong></span></p><p style="margin-bottom: 0cm; text-align: center;"><span style="font-family: arial black,avant garde; font-size: large;"><strong>Complicité étroite et magnifique</strong></span></p><p style="margin-bottom: 0cm; text-align: center;"><span style="font-family: arial black,avant garde; font-size: large;"><strong>A l'esthétique froide très calculée.</strong></span></p><p style="margin-bottom: 0cm; text-align: center;"><span style="font-family: arial black,avant garde; font-size: large;"><strong> </strong></span></p><p style="margin-bottom: 0cm; text-align: center;"><span style="font-family: arial black,avant garde; font-size: large;"><strong>Dans l'amplitude vacillante des certitudes</strong></span></p><p style="margin-bottom: 0cm; text-align: center;"><span style="font-family: arial black,avant garde; font-size: large;"><strong>Et le mépris ostensible des impondérables,</strong></span></p><p style="margin-bottom: 0cm; text-align: center;"><span style="font-family: arial black,avant garde; font-size: large;"><strong>Il a fait ce choix délibéré</strong></span></p><p style="margin-bottom: 0cm; text-align: center;"><span style="font-family: arial black,avant garde; font-size: large;"><strong>De l'impossible a venir, et de l'émoi,</strong></span></p><p style="margin-bottom: 0cm; text-align: center;"><span style="font-family: arial black,avant garde; font-size: large;"><strong>Exposant ainsi l'irrémédiable obscénité</strong></span></p><p style="margin-bottom: 0cm; text-align: center;"><span style="font-family: arial black,avant garde; font-size: large;"><strong>D'un corps incertain que rien ne réchauffe.</strong></span></p><p style="margin-bottom: 0cm; text-align: center;"><span style="font-family: arial black,avant garde; font-size: large;"><strong> </strong></span></p><p style="margin-bottom: 0cm; text-align: center;"><span style="font-family: arial black,avant garde; font-size: large;"><strong>Vous qui lisez, faites semblant de pleurer,</strong></span></p><p style="margin-bottom: 0cm; text-align: center;"><span style="font-family: arial black,avant garde; font-size: large;"><strong>Il ne fait que semblant de mourir!</strong></span></p><p style="margin-bottom: 0cm; text-align: center;"><span style="font-family: arial black,avant garde; font-size: large;"><strong> </strong></span></p><p style="margin-bottom: 0cm; text-align: center;"><span style="font-family: arial black,avant garde; font-size: large;"><strong><span style="text-decoration: underline;">P. MILIQUE</span></strong></span></p>
VALERIE BERGMANNhttp://valeriebergmann.hautetfort.com/about.htmlEcrire...tag:valeriebergmann.hautetfort.com,2011-12-02:38906582011-12-02T01:50:00+01:002011-12-02T01:50:00+01:00 C’est se mettre à nue, ne rien devoir à personne, être en danger en...
<p class="MsoNormal">C’est se mettre à nue, ne rien devoir à personne, être en danger en permanence. Rien n’est jamais gagné. Tout est toujours dans le recommencement, dans la perspective concrète d’un travail achevé. On est seul avec soi-même, devant sa feuille A4, sans personne vous incitant, vous encourageant à continuer. Cela pose même des problèmes à votre proche entourage qui fera tout pour vous dire d’arrêter de raconter votre vie. Mais, il est déjà trop tard lorsque cela devient un automatisme cérébral devant lequel personne et je dis bien personne ne peut aller à l’encontre. Laisser faire les fées dans le meilleur des cas, ces entités bavardes qui partent en croisade avec votre envie phénoménale d’écrire. Ce besoin est viscéral, intrinsèque, il ne souffrirait pas que vous le mettiez de côté, de jour comme de nuit, car sans lui vous n’êtes plus rien. Seule solution, se laisser aller afin que l’œuvre s’accomplisse. Mais la desquamation de votre vie ne fait que commencer, lire, relire, après chaque paragraphe, corriger ce qui doit l’être, faire attention aux fautes de conjugaison et de ponctuation. Ces satanées erreurs peuvent vous ronger pendant des lustres, et ce malgré les différents outils susceptibles de vous faciliter la tâche. Tout dépend du contexte, et là, aucun dictionnaire ne saurait vous secourir. Pour un point ou une virgule mal placés et voilà que tout le sens de votre texte en est changé ; tout peut très vite basculer ! Hésiter sur un point, une virgule, un point virgule, raturer, recommencer car les mots deviennent illisibles à force de déraper ! Après avoir vérifié chaque terme avec soin, sommes-nous réellement certains de la cohérence recherchée ? Pas sûr…</p><p class="MsoNormal"> </p><p style="text-align: center;"><img id="media-3321045" style="margin: 0.7em 0;" title="" src="http://valeriebergmann.hautetfort.com/media/01/02/3419315000.gif" alt="écrire,littérature,questions,doutes,certitudes,temps" /></p><p class="MsoNormal">C’est dans ces instants de doutes qu’il ne faut pas perdre espoir. Ce n’est pas à cause d’une virgule que l’on doit cesser, au contraire, c’est maintenant que la bataille commence. C’est pour cela que l’on s’exprime, pour rentrer en conflit avec soi-même, avec pugnacité et sans jamais oublier la maxime de Jacques Cœur, « A cœur vaillant rien d’impossible ».</p><p class="MsoNormal">Le reste de votre vie est réduit à zéro, votre mari ou votre femme ne supporte plus de vous voir ailleurs, même si vous regardez un film et ce quelque soit le film ou l’émission, votre esprit vagabonde encore et encore… Ils le sentent, vous êtes absents du scénario conjugal, vous n’y pouvez rien, alors tensions, distances, distorsions même, vous n’y échapperez pas. Personne ne vous fera reculer, pas même le manque de sommeil. Le besoin d’écrire s’accroît au fil des jours et des nuits, et lorsque ce n’est pas le cas, il faut bien nourrir son esprit, il vous faut lire, cela s’impose. Et le temps passe vous laissant plus seule mais aussi plus heureuse que jamais. Et lorsque vous ne lisez pas, vous cogitez inlassablement, obsessionnellement à la trame de l’histoire, aux chapitres, à la forme de votre manuscrit. Plus rien ne compte, c’est cela écrire, accepter avec résignation la solitude dans laquelle vous vous êtes plongé avec délice. Car vous savez bien que ce n’est pas un caprice, non, il y a trop de temps que vous l’attendiez ce moment là, et il ne vous échappera pas. Impossible. Il vous faudra également accepter le mauvais regard que vos proches posent sur la préférence qui vous anime : Celle d’écrire encore et toujours, tant que la sacro- sainte inspiration est là, pas question de se dérober. Malgré tout, certaines questions viendront toujours se poser sur votre épaule, alors vous finirez par admettre qu’il n’y avait pas à faire de choix. C’est l’écriture qui s’est imposée à vous, et non l’inverse. C’est ce jour là que vous aurez compris et réalisé ce dont pourquoi vous êtes fait, ce dont pourquoi, somme toute, vous vivez.</p>
Boreashttp://verslarevolution.hautetfort.com/about.htmlLes certitudes et l'orgueiltag:verslarevolution.hautetfort.com,2010-11-20:29943732010-11-20T17:24:00+01:002010-11-20T17:24:00+01:00 James Oliver Curwood Un ancien franc-maçon d'obédience...
<p style="text-align: center;"><img style="margin: 0.7em 0;" src="http://verslarevolution.hautetfort.com/images/jamesolivercurwood.jpg" alt="" width="371" /></p><p style="text-align: center;"><strong><em>James Oliver Curwood</em></strong></p><p style="text-align: center;"> </p><p style="text-align: justify;"><strong><span style="font-family: times new roman,times; font-size: medium;">Un ancien franc-maçon d'obédience "égyptienne", souhaitant conserver l'anonymat, est l'auteur du texte qui suit. Celui-ci, </span></strong><strong><span style="font-family: times new roman,times; font-size: medium;">daté de 1995, était</span></strong><strong><span style="font-family: times new roman,times; font-size: medium;"> sa dernière "planche" avant qu'il ne quitte sa Loge. </span></strong></p><p style="text-align: justify;"><strong><span style="font-family: times new roman,times; font-size: medium;">Il est à noter que ce genre de franc-maçonnerie, parfois non-reconnue par les obédiences dominantes, n'est pas, en principe, constituée de "loges d'affaires", et déclare ne poursuivre d'autre but que le perfectionnement de ses adeptes, dans des domaines ni politiques, ni économiques, sans pratiquer aucun lobbying.</span></strong></p><p style="text-align: center;">____________________________________</p><p> </p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: times new roman,times; font-size: medium;">Quand nous étions tout petits, nous étions comme nos frères et soeurs : les animaux, les végétaux, les minéraux.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: times new roman,times; font-size: medium;">Inconscients de nous-mêmes, nous faisions partie de la Nature et participions à son grand jeu, sans fard, sans masque, sans souci du passé ni du futur, du gain ni de la perte, dans l'instant présent.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: times new roman,times; font-size: medium;">Quiconque plonge son regard dans celui d'un bébé humain ou d'un animal, ou contemple une plante ou un caillou, peut au moins sentir cela.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: times new roman,times; font-size: medium;">Puis, peu à peu, la plupart d'entre nous oublient ce lien simple et vrai qui les rattache à la Nature. Parce que rares sont, parmi nous, ceux qui sont "solaires", c'est-à-dire d'un caractère indépendant et autonome ; parce que nous sommes, pour l'essentiel, "lunaires", c'est-à-dire dépendants et imitateurs ; et parce que l'hérédité et l'éducation contribuent le plus souvent à nous faire perdre ce lien, nous devenons presque tous des êtres dénaturés.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: times new roman,times; font-size: medium;">Notre coeur, siège de la vie, de la conscience, de l'instinct, de l'intelligence, se ferme et se dessèche au profit de notre cerveau, de notre intellect surchargé de constructions mentales, d'abord apprises, puis répétées à l'infini dans un tourbillon de folie stérile.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: times new roman,times; font-size: medium;">De simple fonction, d'outil soumis à la main de l'artisan, le mental en vient à se prendre pour un individu à part entière, doté d'un corps physique comme simple exécutant de ses volontés, et pourvu d'une identité continue dans le temps et l'espace.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: times new roman,times; font-size: medium;">Coupé de la Nature, il dit "Je pense", "Je suis", "Je fais" ; il projette le voile de ses réflexions sur le monde qu'il ne connaît plus mais prétend désormais modeler et utiliser.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: times new roman,times; font-size: medium;">Très jeunes déjà, nous avons baissé pavillon devant la dictature de cet usurpateur ; pire, nous cultivons sans relâche notre identification à ses folies, sans nous apercevoir qu'elles ne constituent qu'une série de cercles vicieux. Et nous voilà entraînés dans la course à la gratification sous toutes ses formes, articulée autour de deux grands objectifs : comment acquérir le plus possible d'avantages, et comment échapper au plus possible d'inconvénients.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: times new roman,times; font-size: medium;">Parce que nous avons peur : de souffrir, de mourir, de manquer, de ne pas être considérés en proportion de la très haute valeur que nous nous attribuons ; et parce que nous ne savons plus voir la richesse des cadeaux que le monde nous fait à chaque instant ; nous courons après les liens matériels, après la reconnaissance sociale, affective, professionnelle.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: times new roman,times; font-size: medium;">Pris à ce jeu pervers, nous en venons à nier notre propre nature. Notre égoïsme se développe à mesure que croît notre orgueil, si bien que nous ne considérons même plus notre prochain comme tel... sauf, bien entendu, si nous nous trouvons des intérêts communs.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: times new roman,times; font-size: medium;">Nous nous donnons sans cesse des priorités, des objectifs absurdes et illusoires qui, échafaudés sur le vent des pensées qui nous traversent et que nous croyons nôtres, nous éloignent toujours plus de la réalité.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: times new roman,times; font-size: medium;">Enfiévrés de craintes et de désirs, nous n'avons même pas la satisfaction d'aboutir, en contrepartie, à un apaisement même momentané. Perdus dans les mirages de la possession et de la conservation, ne sachant plus faire autrement puisque nous avons oublié la Nature, nous poursuivons insatiablement nos chimères toujours nouvelles.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: times new roman,times; font-size: medium;">En effet, chaque but, une fois atteint, ne nous paraît jamais correspondre à l'image que nous nous en faisions et nous laisse insatisfaits.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: times new roman,times; font-size: medium;">Loin de comprendre le message que le monde, si bienveillant à notre égard même quand nous le trouvons si injuste, nous délivre ; loin d'en tirer profit et de remettre en cause notre prétendue identité, notre vision des choses, notre façon de traiter notre univers ; nous nous renfrognons dans nos certitudes imbéciles et dans notre orgueil stupide.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: times new roman,times; font-size: medium;">Comme parfois nos échecs nous blessent, nous nous fabriquons une carapace d'images de nous-mêmes, à notre convenance, une carapace d'insensibilité, une carapace de savoir purement intellectuel, une carapace de pseudo-courage, une carapace de pauvre idiot aveugle et sourd, pour pouvoir continuer notre route circulaire.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: times new roman,times; font-size: medium;">Nous ne sommes plus nous-mêmes un seul instant et de toute façon, pourrions-nous l'être ?</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: times new roman,times; font-size: medium;">Notre propre nature, celle qui s'exprimait encore un peu lorsque nous étions enfants, pourrions-nous, à supposer que nous ayons la lucidité et le courage de nous regarder en face, l'accepter et nous y conformer ? Pourrions-nous jeter bas le masque et admettre de nous montrer tels que nous sommes, à nous-mêmes d'abord et aux autres dont le regard déjà nous brûle, même à travers notre armure de comédiens ? Cela ne nous ferait-il pas mal, terriblement mal, mal à en mourir ?</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: times new roman,times; font-size: medium;">La vérité, désormais, nous fait horreur.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: times new roman,times; font-size: medium;">Un défaut, même léger, que nous nous évertuons à cacher, prend à nos yeux des proportions gigantesques, effrayantes.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: times new roman,times; font-size: medium;">Une émotion ressentie devant un fait dont, intellectuellement, nous nions l'impact sur notre coeur ; une émotion, donc, étouffée sous des tonnes d'orgueil et d'insensibilité voulue, nous paraît, si nous la laissons s'exprimer, honteuse, avilissante, menaçante même.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: times new roman,times; font-size: medium;">Nos actions passées, si nous reconnaissons leurs vraies motivations, souvent égoïstes et intéressées, nous répugnent et nous écrasent de remords.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: times new roman,times; font-size: medium;">Si, par extraordinaire, nos certitudes et notre orgueil ne nous piègent pas assez pour nous empêcher tout à fait de nous interroger sur ce genre de sujets, qu'importe, une autre chausse-trappe, bien plus subtile, nous attend à l'étape suivante.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: times new roman,times; font-size: medium;">Brûlant de sortir du cercle vicieux menant du désir insatisfait à la crainte inapaisée, nous cherchons des solutions dans les religions, dans les théories philosophiques, dans les pratiques ésotériques, dans les ascèses.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: times new roman,times; font-size: medium;">Toujours aussi "lunaires", nous lisons beaucoup, nous nous gavons de doctrines, d'enseignements, de préceptes de sagesse, que nous tentons bravement de mettre en pratique, même si leur sens exact nous échappe.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: times new roman,times; font-size: medium;">Nous posons, à droite, à gauche, tant de questions que nous finissons par tomber sur une bonne âme qui, devant notre insistante motivation, nous livre quelques clés tirées d'une méthode ou d'une autre.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: times new roman,times; font-size: medium;">Nous nous précipitons donc dans ce nouveau rêve de délivrance. Or, bien souvent, rien ne se produit et pourtant, que de sacrifices ! Que cette expérience, éventuellement assortie du respect obligatoire d'un tas de règles, de pratiques et d'exercices, a été fastidieuse et pénible !</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: times new roman,times; font-size: medium;">Pourtant, nous avions été prévenus qu'il ne fallait rien en attendre et surtout pas un résultat et nous nous sommes généralement appliqués à bien faire semblant de suivre ce conseil...</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: times new roman,times; font-size: medium;">Mais alors, qu'est-ce qui a bien pu clocher ?</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: times new roman,times; font-size: medium;">A ce stade, plusieurs réactions peuvent être envisagées : primo, tout plaquer et retourner à sa vie passée en se disant que, là au moins, il y a parfois un profit au terme d'un travail ; secundo, tout recommencer et même, entamer une série d'exercices différents, dans l'espoir que cela marche mieux ; tertio, se persuader que le but est atteint mais qu'il n'est pas encore réalisé consciemment, subtile distinction conceptuelle aidant à bâtir une existence positive ; quarto, persévérer dans la pratique sans limite de temps, en y sacrifiant tout, dans la conviction qu'il faut une longue ascèse pour atteindre à un but aussi élevé ; etc.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: times new roman,times; font-size: medium;">Quelle que soit l'attitude adoptée, il y aura eu une constante : c'est que nous aurons considéré le fameux but, la libération, l'éveil, comme un objet à conquérir, à acquérir comme un bien de consommation, au prix d'un travail, monnaie d'échange.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: times new roman,times; font-size: medium;">C'est la réalisation de notre propre nature, le simple "être soi-même", "deviens ce que tu es", la seule chose vraie que nous puissions faire, que nous aurons ravalée au rang d'un vulgaire paquet de lessive dont nous attendrions un linge chimériquement plus blanc !</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: times new roman,times; font-size: medium;">Nos certitudes livresques et verbales soutenant notre immense orgueil, nous trouvons nénamoins moyen de nier cette bassesse et, nous raccrochant aux branches, nous dénichons une explication quelconque à notre échec, tout en compensant notre frustration par quelques citations bien choisies, tirées de notre panthéon personnel d'auteurs de référence.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: times new roman,times; font-size: medium;">Pas un instant, nous ne songerons que nous avons peut-être pris des vessies pour des lanternes, que nous n'étions peut-être pas mûrs pour les exercices en question, que nous désirons peut-être trop pour obtenir quoi que ce soit, que notre but n'était peut-être qu'une illusion, que nos discours n'étaient peut-être que l'expression d'un savoir appris et non d'un expérience comprise puisque vécue.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: times new roman,times; font-size: medium;">Bien pire, nous prétendrons parfois nous intéresser derechef à de hautes sciences, issues des Mystères de l'Antiquité, nous disserterons sur la magie, l'alchimie, l'immortalité... Rien n'est trop beau pour nous ; donc, nous ne craignons de brûler aucune étape.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: times new roman,times; font-size: medium;">C'est en groupe que nous nous sentons le mieux. C'est là que notre système intellectuel, construit pièce par pièce au prix de patients efforts d'analyse de textes, se cimente, se renforce au contact des autres, nourris aux même seins.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: times new roman,times; font-size: medium;">C'est là que nos certitudes et notre orgueil, moteurs de nos efforts ascétiques, se ressourcent avant de repartir à l'assaut du paradis.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: times new roman,times; font-size: medium;">Et, comme le dit Brigitte Fontaine dans l'une de ses chansons, "ça rend sourd, ce trip métaphysique" !</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: times new roman,times; font-size: medium;">Sourds, nous le sommes le plus souvent, au point de répéter avec une totale conviction des phrases correspondant à des expériences que nous, nous n'avons pas vécues ; au point, même, de ne pas nous croire concernés par des avertissements qui devraient nous toucher, comme ceux de <a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Ch%C3%B6gyam_Trungpa_Rinpoch%C3%A9" target="_blank">Trungpa</a> dans "<a href="http://www.amazon.fr/Pratique-voie-tib%C3%A9taine-Ch%C3%B6gyam-Trungpa/dp/2020043955" target="_blank">Pratique de la voie tibétaine</a>", pourtant sous-titré "<a href="http://www.aguilar42.com/prose/materia.htm" target="_blank">Au-delà du matérialisme spirituel</a>".</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: times new roman,times; font-size: medium;">Plus ou moins inconsciemment, encore une fois, la vérité nous fait peur.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: times new roman,times; font-size: medium;">La perspective de voir tous nos beaux châteaux en Espagne s'écrouler, s'évanouir en fumée ; de devoir en rabattre, de constater que nous ne sommes rien, que la grenouille qui se veut aussi grosse que le boeuf ; de devoir repartir de zéro avec une humilité dont nous pensons pouvoir nous dispenser, cramponnés que nous sommes à nos splendides illusions ; tout cela nous terrifie et nous nous bloquons, nous nous fermons de plus en plus.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: times new roman,times; font-size: medium;">Nous préférons sacrifier encore un peu plus nos talents naturels, nos tendances, nos moyens d'expression, au profit d'une ascèse de plus en plus étouffante ; si bien qu'à la fin, oui, c'est bien vrai, nous sommes "délivrés", en quelque sorte ; mais c'est parce que nous ne sentons plus rien du tout.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: times new roman,times; font-size: medium;">Au passage, nous aurons tout singé : les gourous, vrais ou faux, que nous nous serons trouvés ; le détachement, que nous aurons confondu avec notre insensibilisation ; et jusqu'à la modestie, dont nous avons lu qu'elle s'impose mais dont nous croyons qu'on en dispose.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: times new roman,times; font-size: medium;">Et pourtant, partout il est écrit aussi - mais nous ne lisons et répétons que ce qui nous plaît et nous paraît confortable - qu'il faut souffrir pour apprendre, que ce sont les épreuves de la vie qui nous proposeront des leçons.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: times new roman,times; font-size: medium;">Ces leçons, comment pouvons-nous prétendre, du haut de notre douillette sécurité matérielle, confortablement étayée de certitudes prétentieuses ; comment pouvons-nous prétendre les faire entrer dans un organe qui n'est pas fait pour les recevoir (notre cerveau analytique) au moyen de simples exercices, sans doute très précieux si nous étions assez dégrossis pour ne pas en attendre un gain ?</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: times new roman,times; font-size: medium;">Autant tenter d'entraîner un obèse à faire du trapèze volant ! Il faudrait d'abord que l'existence le fasse un peu maigrir...</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: times new roman,times; font-size: medium;">Si la Nature nous trouvait encore un peu dignes d'elles, sa clémence alors devrait se faire sévère pour, justement, nous faire maigrir, nous faire souffrir. Mais cela, nous ne le voulons surtout pas.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: times new roman,times; font-size: medium;">Nous aimons mieux nous complaire dans notre orgueil vain et creux qui, pourtant, si nous nous ouvrions un peu, serait aussitôt taillé en pièces, sitôt sortis de chez nous, par nombre de ces "gens ordinaires", de ce "vulgaire", "vulgum pecus" auquel nous nous sentons plus ou moins consciemment supérieurs, pénétrés que nous sommes de notre très intellectuel accès aux "mystères" !</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: times new roman,times; font-size: medium;">Alors qu'il faudrait avoir "les pieds sur terre et la tête dans le ciel", nous allons les pieds dans les nuages et la tête bien enterrée, les yeux et les tympans crevés et le tout, en décomposition...</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: times new roman,times; font-size: medium;">Un grand écrivain américain, <a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/James_Oliver_Curwood" target="_blank">James Oliver Curwood</a>, écrivait dans un essai intitulé "Le coeur de la Nature" :</span></p><p style="text-align: justify; padding-left: 30px;"><span style="font-family: times new roman,times; font-size: medium;">" <em>Il serait à souhaiter qu'une puissance prestigieuse surgît et montrât à l'homme sa petitesse. Seulement alors les épines et les broussailles s'écarteront du sentier qui mène à la paix et au bonheur vers lesquels il soupire, et qu'il découvrirait s'il n'était aveuglé par sa propre importance. De toute la création, l'homme est le suprême égoïste. Sa fatuité et sa suffisance atteignent parfois au blasphème. C'est le paon humain, gonflé d'orgueil et convaincu que l'univers entier a été créé pour lui. </em>(...)<em> La vanité l'empêche de voir les faits. </em>(...)<em> Il existe un professeur, tout près de nous, accessible au pauvre comme au riche, disposé à nous montrer le peu que nous sommes, et à nous faire comprendre le sens de la vie. C'est la nature..., source de repos et de paix. La nature est le Grand Docteur, capable de guérir plus de maladies physiques et morales que tous les médecins et les prédicateurs du monde. </em>(...)<em> La nature règne partout et ses pages sont ouvertes à chacun d'entre nous. Elle se livre sans mystère et vibre du désir de se faire comprendre. Le seul miracle exigé de l'homme, c'est qu'il descende des nuées de son égoïsme et remplace son amour de la destruction par le besoin d'apprendre. </em>(...)<em> Je le répète une fois de plus, les preuves de la Divinité sont si proches de l'homme qu'il ne les voit pas. Il ne sentira la présence de Dieu que lorsque son orgueil s'écroulera. Les esprits des morts ne reviendront pas sur terre pour calmer ses folies, pas plus que les anges ne descendront du ciel. La Puissance divine est trop vaste pour cela. Dieu, le Tout-Puissant, n'est pas un prestidigitateur, ni un saltimbanque, et pas davantage un avocat défendant sa cause. Il est la Vie. Et cette Vie, qui ne meurt jamais, ne connaît aucun favoritisme.</em> "</span></p>