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Poésie. Quatre recueils de Raymond Farina, première approche
tag:tramesnomades.hautetfort.com,2022-08-01:6394570
2022-08-01T19:05:00+02:00
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Bribe par bribe arracher la peau des souvenirs, pour n’être plus qu’âme....
<p><span style="font-size: 10pt;"><em><span style="font-family: verdana, geneva, sans-serif;"><img id="media-6376904" style="float: left; margin: 0.2em 1.4em 0.7em 0;" title="" src="http://tramesnomades.hautetfort.com/media/02/01/2116599671.jpg" alt="raymond farina,poésie,la gloire des poussières,alcyone,notes pour un fantôme,hétéroclites,n&b,une colombe une autre,des vanneaux,éclats de vivre,dumerchez,les hommes sans épaules,citations,livres" />Bribe par bribe arracher la peau des souvenirs, pour n’être plus qu’âme.</span></em></span></p><p><span style="font-size: 8pt; font-family: verdana, geneva, sans-serif;">Marie-Claude San Juan, Fragment 7, recueil miniaturisé, <em>36 traversées d’aubes crépusculaires</em>, pré#carré, 2018</span></p><p><span style="font-family: verdana, geneva, sans-serif; font-size: 8pt;">(C’est bien la première fois que je me cite en exergue… Mais, cherchant des fragments en relation avec ma ville de naissance – pour les offrir dans un groupe Fb des natifs de cette ville, sur deux rives - je retrouve celui-ci, minuscule, qui me semble correspondre en partie au processus d’effacement-dévoilement-arrachement exposé dans le premier recueil recensé ici, quel que soit le sens qu’on donne au mot âme…).</span></p><p><span style="font-family: verdana, geneva, sans-serif; font-size: 8pt;">................</span></p><p><span style="font-family: verdana, geneva, sans-serif; font-size: 10pt;"><u>Raymond Farina</u> a réalisé une œuvre ample. Non quantitativement (même si on peut faire la liste de titres), mais par ce qui serait amplitude de vagues de questionnements, recouvertes par des vagues de possibles réponses, propositions ou intuitions émergeant du silence, dans une respiration de pages en pages. Regards et sens.</span></p><p><span style="font-size: 10pt; font-family: verdana, geneva, sans-serif;">(Plusieurs livres chez Rougerie, deux à L’Arbre à Paroles, puis des publications qui suivent : éds. des Vanneaux, Dumerchez, N&B poésie, Alcyone…). Pas un nombre excessif, mais ce qui suffit à construire une architecture. </span></p><p><span style="font-size: 10pt; font-family: verdana, geneva, sans-serif;">Cette note est un commencement...</span></p><p><span style="font-size: 10pt; font-family: verdana, geneva, sans-serif;">Dans le numéro 53 de la revue <u>Les Hommes sans Épaules</u>, des pages lui sont consacrées, les poèmes suivant une dense présentation, qui insiste sur la discrétion de l’auteur, <em>tellement que bien peu savent qu’il est l’un des meilleurs poètes français</em> (oui, haute écriture), et rappelle qu’il est aussi traducteur (pour plusieurs langues). Je ne le connaissais pas encore suffisamment (à peine pour quelques poèmes, plus pour des traductions), or je découvre bien des raisons qui font que je me sente concernée par cette écriture et cette pensée. C’est pourquoi je reviendrai poursuivre cette lecture, d'une manière ou d'une autre.</span></p><p> </p><p><span style="font-family: verdana, geneva, sans-serif; font-size: 10pt;">Déjà, consulter la page de <u>présentation de la revue HSE... </u><a href="http://www.leshommessansepaules.com/auteur-Raymond_Farina-887-1-1-0-1.html">http://www.leshommessansepaules.com/auteur-Raymond_Farina-887-1-1-0-1.html</a></span></p><p><span style="font-size: 10pt; font-family: verdana, geneva, sans-serif;">L’univers du poète, natif d’Algérie, est d’un être accordé au monde, à la nature. Preuve, s’il en fallait, le recueil offert aux oiseaux (qui ne sont d’ailleurs pas présents qu’en ce seul livre de lui). Mais aussi conscience qui sait chercher des colères ou des émotions enfouies, pour évoquer ce que l’homme crée de terreur ou de haine, et dire des refus. La formation philosophique de l’auteur sous-tend le regard de l’écrivain. </span></p><p><span style="font-size: 10pt; font-family: verdana, geneva, sans-serif;">.</span></p><p><span style="font-family: verdana, geneva, sans-serif; font-size: 10pt;"><em><u><img id="media-6376905" style="float: left; margin: 0.2em 1.4em 0.7em 0;" title="" src="http://tramesnomades.hautetfort.com/media/00/02/1778834385.jpg" alt="raymond farina,poésie,la gloire des poussières,alcyone,notes pour un fantôme,hétéroclites,n&b,une colombe une autre,des vanneaux,éclats de vivre,dumerchez,les hommes sans épaules,citations,livres" />La gloire des poussières</u></em>, <u>éd. Alcyone</u>, <span style="text-decoration: underline;">coll. Surya</span>. Poésie, 2020 </span></p><p><span style="font-size: 10pt; font-family: verdana, geneva, sans-serif;">Ou quand une métaphore du minuscule permet de faire l’éloge du regard, et de méditer sur le temps, la mémoire, la réalité de faits brutaux ou tragiques (histoire humaine…) et cependant sur l’infini. Métaphore mais pas seulement, les poussières...</span></p><p><span style="font-size: 10pt; font-family: verdana, geneva, sans-serif;">L’oiseau, dans ce livre, intervient souvent, comme messager de ce qui mérite même la majuscule de l’essence. Ainsi, <em>l’Oiseau </em>de la page 18, poème <em>Connotations</em> (p.18), est porteur de la question sur le fait qu’il <em>signifie</em> peut-être. Non signifie… quelque chose, mais <em>signifie</em>, donc Est, et évoque alors le présent de la présence vraie de soi, à soi. <em>Connotations</em>, car tout ramène à la mémoire, jusqu’à une simple fleur, <em>tulipe jaune</em> (et elle, pour ce qui fut <em>un temps de terreur</em> / <em>à l’orée des années soixante</em>). On est dans un jardin fait de souvenirs. Mais jardin quand même, la nature en contrepoint des horreurs. Fleurs, arbres, oiseaux. Particulier est le processus de la mémoire, il s’impose. Qu’est-ce qui se souvient, et comment ?</span></p><p><span style="font-family: verdana, geneva, sans-serif; font-size: 10pt;"><em>Cette rose en moi se souvient</em></span></p><p><span style="font-family: verdana, geneva, sans-serif; font-size: 10pt;"><em>de la roseraie d’un jardin</em></span></p><p><span style="font-size: 10pt; font-family: verdana, geneva, sans-serif;">Mais le poète oppose un processus de mise au jour d’autres forces. Et s’il devait avoir un animal totem, pour ancrer l’infinie élaboration de lui-même et de l’écriture, et de lui-même par l’écriture, ce serait un oiseau. Mésange, moineau, ou colombe. Ou même <em>peuple de colombes</em>, animal pluriel.</span></p><p><span style="font-size: 10pt; font-family: verdana, geneva, sans-serif;">Il se sait habité par des lieux, des couleurs, des jardins, des vols d’oiseaux, des ciels, et aussi par ce qui s’y associe (<em>connotations</em>…). Et les êtres qui hantent parfois les pages sont peut-être des figures de ce qui lutte en soi entre acceptation et refus des visions du passé. Mais à force de repousser ce qui fait écran au présent, pour <em>être dans le présent, </em>ce qui advient c’est l’effacement de ce qui emplit trop, mais, aussi, la perte de ce qui fut, dont les traces d’enfance. <em>L’oubli du bleu </em>(p. 17) inscrit une contradiction. Si les <em>termites</em> détruisent <em>les images du manuscrit</em>, symbole actif de la dévoration du <em>monde</em> faite par <em>le temps</em>, est-ce catastrophique ou désirable ? Ou paradoxalement catastrophique ET désirable ? Car ces images (pas les pages, mais ce qui est évoqué) <em>deviennent lentement poussières</em>. Et c’est cela, <em>la gloire des poussières</em>, leur triomphe. L’oubli. Car effaçant elles délivrent et leur force transformatrice permet le dévoilement qui, loin du ressassement, est processus libérateur, dont l’écriture est part agissante. Écrire ne serait-ce pas aussi être un peu <em>termite</em> qui broie ce qui émerge, ne gardant que le noyau imputrescible ? </span></p><p><span style="font-size: 10pt; font-family: verdana, geneva, sans-serif;">Quand on a vu <em>de quoi l’homme est capable </em>(<em>Que la guerre était belle</em>, p. 25…) expulser cela en refusant que ce soit une hantise, fait choisir l’horizon guérisseur qu’est la beauté, <em>ces pluies de pétales d’or</em>, ou le <em>tourbillon d’ailes légères</em>… La beauté et la musique. Pas d’appartenance illusoire, pas de lieu d’ancrage certain, pas d’identité prisonnière (<em>Départ de nulle part</em>, p. 32). </span></p><p><span style="font-size: 10pt; font-family: verdana, geneva, sans-serif;">Un poème, le dernier, semble faire, pour <em>un ami lointain</em> (qui peut-être existe, peut-être représente ce qui, en l’humain, en soi, hésite à pacifier son rapport avec la vie, la nature, les faits). Lui dire, se dire, qu’il faut savoir… <em>oublier la vérité</em>/ <em>jouet de troubles stratégies</em>, reconnaître <em>l’usure des visages / qui ont joué la tragédie</em>, et s’occuper de ses <em>nuages</em>, en faisant <em>patienter la mort</em>.</span></p><p><span style="font-size: 10pt; font-family: verdana, geneva, sans-serif;">Je retrouve, dans ce poème, la trace de débats nombreux, pour beaucoup qui ont vu <em>de quoi l’homme est capable</em> et font parfois de ce rappel la mission de leur vie (oubliant la vie, leur vie). J’y vois un rappel des pièges possibles de l’idéologie, la nécessité de prendre distance, aussi, pour vivre et… être. </span></p><p><span style="font-size: 10pt; font-family: verdana, geneva, sans-serif;">Débat infini en chacun, jamais résolu. Sauf transcendante sagesse atteinte, et <em>prénom</em> trouvé pour le <em>moi possible</em> qu’on peut atteindre en soi, celui qui va ouvrir <em>la porte du monde</em>. Que ce soit le dernier poème colore toute la pensée exposée dans ce livre. Et, dans le dernier vers, <em>faire patienter la mort</em>, en aboutissement de cette démarche, ce n’est pas s’occuper pour l’éloigner, ni l’attendre passivement, c’est aussi laisser dehors ce qui est mortifère, destructeur, dans des mémoires traumatisantes. C’est répondre à l’interrogation du début (p. 18), sur ce que <em>connote</em> encore une fleur. Est-ce qu’un jour ce sera <em>aurore</em> plutôt qu’<em>horreur ?</em></span></p><p><span style="font-size: 10pt; font-family: verdana, geneva, sans-serif;">Livre essentiel. </span></p><p><span style="font-family: verdana, geneva, sans-serif; font-size: 10pt;"><u>Citations…</u></span></p><p><span style="font-family: verdana, geneva, sans-serif; font-size: 10pt;"><em>Aujourd’hui les poussières reviennent dans mes poèmes. Elles pardonnent, sans se forcer, à un passant de l’infini, « d’épousseter le grand silence / qui s’installe entre les étoiles ».</em></span></p><p><span style="font-size: 8pt; font-family: verdana, geneva, sans-serif;">(R.F. Extrait de son texte en 4<sup>ème</sup> de couverture)</span></p><p><span style="font-size: 10pt; font-family: verdana, geneva, sans-serif;">.</span></p><p><span style="font-family: verdana, geneva, sans-serif; font-size: 10pt;"><em>Il sait presque tout de la terre :</em></span></p><p><span style="font-family: verdana, geneva, sans-serif; font-size: 10pt;"><em>sa rumeur sibylline,</em></span></p><p><span style="font-family: verdana, geneva, sans-serif; font-size: 10pt;"><em>ses semences secrètes,</em></span></p><p><span style="font-family: verdana, geneva, sans-serif; font-size: 10pt;"><em>ses intentions fertiles,</em></span></p><p><span style="font-family: verdana, geneva, sans-serif; font-size: 10pt;"><em>ses fureurs éruptives,</em></span></p><p><span style="font-family: verdana, geneva, sans-serif; font-size: 10pt;"><em>ce qu’elle exige des racines,</em></span></p><p><span style="font-family: verdana, geneva, sans-serif; font-size: 10pt;"><em>des feuilles caressant le ciel</em> (…) </span></p><p><span style="font-size: 10pt; font-family: verdana, geneva, sans-serif;">p.15. (<span style="font-size: 8pt;"><em>Ce qu’écoute l’enfant</em></span>)</span></p><p><span style="font-size: 10pt; font-family: verdana, geneva, sans-serif;">.</span></p><p><span style="font-family: verdana, geneva, sans-serif; font-size: 10pt;"><em>C’est bien une histoire de ciel</em></span></p><p><span style="font-family: verdana, geneva, sans-serif; font-size: 10pt;"><em>que nous raconte le bleuet</em></span></p><p><span style="font-size: 10pt; font-family: verdana, geneva, sans-serif;">p17. <span style="font-size: 8pt;">(<em>L’oubli du bleu</em>)</span></span></p><p><span style="font-size: 10pt; font-family: verdana, geneva, sans-serif;">.</span></p><p><span style="font-family: verdana, geneva, sans-serif; font-size: 10pt;"><em>Au temps où les villes suffoquent,</em></span></p><p><span style="font-family: verdana, geneva, sans-serif; font-size: 10pt;"><em>où l’hiver s’égare dans l’août,</em></span></p><p><span style="font-family: verdana, geneva, sans-serif; font-size: 10pt;"><em>où les ponts séparent des hommes</em></span></p><p><span style="font-family: verdana, geneva, sans-serif; font-size: 10pt;"><em>tandis que les unit la haine,</em></span></p><p><span style="font-family: verdana, geneva, sans-serif; font-size: 10pt;"><em>il va chercher l’humanité</em></span></p><p><span style="font-family: verdana, geneva, sans-serif; font-size: 10pt;"><em>dans les confidences des morts.</em> </span></p><p><span style="font-size: 10pt; font-family: verdana, geneva, sans-serif;">p.37.<em> <span style="font-size: 8pt;">Deux minutes d’éternité </span></em><span style="font-size: 8pt;">: Poème II</span></span></p><p><span style="font-size: 10pt; font-family: verdana, geneva, sans-serif;">.</span></p><p><span style="font-family: verdana, geneva, sans-serif; font-size: 10pt;"><em>Et celui que je suis peut-être</em></span></p><p><span style="font-family: verdana, geneva, sans-serif; font-size: 10pt;"><em>demande à ceux qu’il pourrait être</em></span></p><p><span style="font-family: verdana, geneva, sans-serif; font-size: 10pt;"><em>d’esquisser pour lui un Orient</em></span></p><p><span style="font-family: verdana, geneva, sans-serif; font-size: 10pt;"><em>où l’on ne tue pas les enfants</em></span></p><p><span style="font-family: verdana, geneva, sans-serif; font-size: 10pt;"><em>avec la permission de Dieu,</em></span></p><p><span style="font-family: verdana, geneva, sans-serif; font-size: 10pt;"><em>où le jasmin reste licite</em></span></p><p><span style="font-family: verdana, geneva, sans-serif; font-size: 10pt;"><em>comme la joie et la Beauté. </em></span></p><p><span style="font-size: 10pt; font-family: verdana, geneva, sans-serif;">p. 42. <span style="font-size: 8pt;">(<em>Questions sans réponse</em>)</span></span></p><p><span style="font-family: verdana, geneva, sans-serif; font-size: 10pt;"><span style="text-decoration: underline;">Page auteur, éds. Alcyone</span> (avec des extraits de poèmes)... <a href="https://www.editionsalcyone.fr/446895588">https://www.editionsalcyone.fr/446895588</a></span></p><p><span style="font-size: 10pt; font-family: verdana, geneva, sans-serif;">.</span></p><p><span style="font-size: 10pt; font-family: verdana, geneva, sans-serif;"><span style="text-decoration: underline;"><em><img id="media-6376906" style="float: left; margin: 0.2em 1.4em 0.7em 0;" title="" src="http://tramesnomades.hautetfort.com/media/00/01/3426151524.jpg" alt="raymond farina,poésie,la gloire des poussières,alcyone,notes pour un fantôme,hétéroclites,n&b,une colombe une autre,des vanneaux,éclats de vivre,dumerchez,les hommes sans épaules,citations,livres" />Notes pour un fantôme</em></span>, suivi de <span style="text-decoration: underline;"><em>Hétéroclites</em>,</span> <u>éd. N&B</u>, 2020…</span></p><p><span style="font-size: 10pt; font-family: verdana, geneva, sans-serif;">Chercher ce souffle d’être qui dirait d’où on vient réellement, ce qu’on est et devient, sous la protection de Lucrèce ou Dante… Mais aussi, dans un poème que Michaux, en exergue, offre à la transparence, tracer une scène sur l’invisibilité réelle de ce qui a disparu, réinventé par un rêve de détresse. Double invisibilité. Les fantômes sont multiples, question de regard, de symbole. Même l’identité est un fantôme qui erre en nous et nous fait errants (p.51). Et n’est-on pas parfois fantôme de soi-même, dans un temps de silence ? (p.37-38, <em>Questions</em>).</span></p><p><span style="font-family: verdana, geneva, sans-serif; font-size: 10pt;"><u>Citation…</u></span></p><p><span style="font-family: verdana, geneva, sans-serif; font-size: 10pt;"><em>Au-delà de ce nom / qu’on donne à tant de masques / il cherche, pour cerner / ce qu’on appelle moi, // un indice – qui sait ? - / une parcelle d’âme / au vertige des yeux //</em></span></p><p><span style="font-size: 10pt; font-family: verdana, geneva, sans-serif;">p.11. <span style="font-size: 8pt;">(Le verger ravagé)</span></span></p><p><span style="font-size: 10pt; font-family: verdana, geneva, sans-serif;"><span style="text-decoration: underline;">L'édition N&B</span>... </span><a href="https://editions-n-et-b.org/wp/farina-raymond-notes-pour-un-fantome-suivi-de-heteroclites/">https://editions-n-et-b.org/wp/farina-raymond-notes-pour-un-fantome-suivi-de-heteroclites/</a></p><p><span style="font-size: 10pt; font-family: verdana, geneva, sans-serif;">.</span></p><p><span style="font-size: 10pt; font-family: verdana, geneva, sans-serif;"><em><u><img id="media-6376907" style="float: left; margin: 0.2em 1.4em 0.7em 0;" title="" src="http://tramesnomades.hautetfort.com/media/02/02/179158739.jpg" alt="raymond farina,poésie,la gloire des poussières,alcyone,notes pour un fantôme,hétéroclites,n&b,une colombe une autre,des vanneaux,éclats de vivre,dumerchez,les hommes sans épaules,citations,livres" />Une colombe une autre</u></em>, <u>éd. des Vanneaux</u>, 2006</span></p><p><span style="font-size: 10pt; font-family: verdana, geneva, sans-serif;">(Parce que, dit en exergue Alphonse Toussenel, <em>Le signe de la région maudite est l’absence d’oiseaux</em>.) Dans le recueil c'est l’oiseau, vivant, qui vole et chante, mais aussi l’oiseau <em>dans un fragment de Kierkegaard</em>, ou la <em>colombe</em>… <em>si gravement</em> <em>céleste</em> de Braque. </span></p><p><span style="font-family: verdana, geneva, sans-serif; font-size: 10pt;"><em>Une fois de plus j’ai recours / pour congédier / la pesante idée du Destin / intime oiseau à ton image / qui vole dans ma mémoire</em></span></p><p><span style="font-size: 8pt; font-family: verdana, geneva, sans-serif;">(R.F. Incipit du recueil) </span></p><p><span style="font-size: 10pt; font-family: verdana, geneva, sans-serif;">Page éditeur, <span style="text-decoration: underline;">éds des Vanneaux</span>, extraits de poèmes du recueil…</span><span style="font-family: verdana, geneva, sans-serif; font-size: 10pt;"><a href="https://editionsdesvanneaux.wordpress.com/category/les-auteurs/raymond-farina/">https://editionsdesvanneaux.wordpress.com/category/les-auteurs/raymond-farina/</a></span></p><p><span style="font-size: 10pt; font-family: verdana, geneva, sans-serif;">.</span></p><p><span style="font-size: 10pt; font-family: verdana, geneva, sans-serif;"><em><u><img id="media-6376908" style="float: left; margin: 0.2em 1.4em 0.7em 0;" title="" src="http://tramesnomades.hautetfort.com/media/01/00/3660721575.jpg" alt="raymond farina,poésie,la gloire des poussières,alcyone,notes pour un fantôme,hétéroclites,n&b,une colombe une autre,des vanneaux,éclats de vivre,dumerchez,les hommes sans épaules,citations,livres" />Éclats de vivre</u></em>, <u>éd. Dumerchez</u>, 2006…</span></p><p><span style="font-size: 10pt; font-family: verdana, geneva, sans-serif;">Un livre qui serait sur la déchirure entre l’aspiration qui est celle, étymologiquement, du philosophe (et du poète digne d’être appelé ainsi, je trouve, car que dirait la poésie sans ce désir d’intense conscience ?) et la réalité de notre monde, de ce qu’en fait l’humain (ou le chaos des destins ?), cette <em>extrême dissonance </em>(p. 47). </span></p><p><span style="font-family: verdana, geneva, sans-serif; font-size: 10pt;"><em>Que serais-tu sagesse ? </em></span></p><p><span style="font-family: verdana, geneva, sans-serif; font-size: 10pt;"><em>Parole incandescente </em></span></p><p><span style="font-family: verdana, geneva, sans-serif; font-size: 10pt;"><em>qui calcine sans cesse </em></span></p><p><span style="font-family: verdana, geneva, sans-serif; font-size: 10pt;"><em>ce que l’on dit du monde</em></span></p><p><span style="font-family: verdana, geneva, sans-serif; font-size: 10pt;">p.39. <span style="font-size: 8pt;"><em>Le feu vivant</em> (titre de cette partie choisi en écho à un fragment d’Héraclite)...</span></span></p><p><span style="font-family: verdana, geneva, sans-serif; font-size: 10pt;"><span style="text-decoration: underline;">Éd. Dumerchez</span>... </span><span style="font-family: verdana, geneva, sans-serif; font-size: 10pt;"><a href="https://www.editions-dumerchez.fr">https://www.editions-dumerchez.fr</a></span><span style="font-size: 14.0pt;"> </span></p><p><span style="font-family: verdana, geneva, sans-serif; font-size: 10pt;">Recensions © MC San Juan</span></p>
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Deux livres de Silvaine Arabo. Automne et Saintonge (photographies), et Au large du temps (poèmes, avec des peintures d’
tag:tramesnomades.hautetfort.com,2022-07-23:6393371
2022-07-23T19:01:00+02:00
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Dans une note sur la revue L’Intranquille , au sujet d’un entretien de...
<p><span style="font-size: 10pt; font-family: verdana, geneva, sans-serif;"><img id="media-6374765" style="float: left; margin: 0.2em 1.4em 0.7em 0;" title="" src="http://tramesnomades.hautetfort.com/media/01/00/2877214531.jpg" alt="silvaine arabo,arève akopian nercessian,automne et saintonge,au large du temps,alcyone,poésie,art,photographie,peinture,livres,citations,albert camus,georges sand,françois cheng,franck médioni,issa,haïku,nature,spiritualité" />Dans une note sur la revue <span style="text-decoration: underline;">L’Intranquille</span>, au sujet d’un entretien de l’éditrice avec un artiste triple (photo, écriture, son), j’abordais récemment cette question des interférences entre les pratiques plurielles. Certains créateurs ne le sont que d’un art, soit pour n’en maîtriser aucun autre, soit pour craindre la concurrence intérieure qu’ils vivraient à se partager entre deux ou trois pratiques. Certains pensent qu’on ne peut intégrer la connaissance et les techniques que d’une voie. Mais la création plurielle existe et on en voit des réussites. Je crois, pour ma part, qu’un art vécu avec intensité peut amplifier la conscience qu’on a d’un autre. Mais là, pour introduire cette œuvre, j’irai même plus loin. Le mot important c’est justement la conscience. Les poètes chinois taoïstes, comme les auteurs du zen japonais, ou certains mystiques soufis, font naître leurs fulgurances (poésie, calligraphie) de leur capacité à maîtriser d’abord l’accès au silence intérieur par la méditation. Et la connexion consciente au Tout de la réalité, si elle est profonde, peut développer la capacité d’en rendre compte de plusieurs manières. Ce n’est pas infini, car le temps est une limite, comme le goût qu’on a pour tel ou tel art et pas pour tel autre. Mais ce peut être pluriel s’il y a un centre commun d’où émerge la création, sous une forme ou une autre. Comme le regard qui capte la lumière, que ce soit par l’écriture, la photographie, ou la peinture. Pour <span style="text-decoration: underline;">Silvaine Arabo</span>, ce sont ces trois chemins de l’être essentiel qui l’animent de la même façon. Trois voix, trois voies, et une.</span></p><p><span style="font-size: 10pt; font-family: verdana, geneva, sans-serif;">L’ouvrage sur l’automne complète le portrait de l’artiste, en ajoutant à l’écriture poétique l’art de la plasticienne utilisant la photographie en peintre, qu’elle est aussi. (Artiste reconnue elle a exposé en France et à l’étranger.). Mais dans le deuxième ouvrage c’est avec la peinture d’une autre plasticienne qu’elle associe ses poèmes, <span style="text-decoration: underline;">Arève Akopian-Nercessian</span>. Dans une proximité née d’une affinité artistique. </span></p><p><span style="font-family: verdana, geneva, sans-serif; font-size: 10pt;"><em><u>Automne et Saintonge</u></em> (sous-titré <em><u>Voyage au fil de l’eau et de la lumière</u></em>), <span style="text-decoration: underline;"><em>Alcyone</em></span>, 2021, est un livre sans mots, ou presque. Toute la place est pour le regard. Cet ouvrage fait partie d’un cycle sur les saisons. </span></p><p><span style="font-size: 10pt; font-family: verdana, geneva, sans-serif;">Pas de titres ou de légendes pour les photographies. Mots... ? Le titre, un avant-propos de moins de deux pages, deux exergues (Camus et Sand) et un poème d’elle, reprenant le premier texte du recueil <span style="text-decoration: underline;">Capter l’indicible</span>. Seul poème mais qui a la force d’une initiation, ouvrant la thématique de la lumière. <span style="text-decoration: underline;">Albert Camus</span> et <span style="text-decoration: underline;">Georges Sand</span> sont cités, l’un pour qui, en automne, <em>chaque feuille est une fleu</em>r, l’autre pour sa métaphore musicale, cette saison en <em>andante mélancolique</em>. </span></p><p><span style="font-size: 10pt; font-family: verdana, geneva, sans-serif;">Dans son avant-propos la poète-photographe dit avoir voulu rendre ces paysages <em>à une présence, à une essentialité, que notre regard quotidien (avec les soucis qui vont avec) nous occulte de façon quasi permanente</em>. Et elle ajoute… <em>Et pourtant là est la Vie</em>. L’enjeu n’est pas qu’artistique. Il est vital, pour nous éviter d’être <em>morts à nous-mêmes </em>en ayant oublié ou perdu un lien fondamental, <em>car la nature et nous ne sommes qu’un</em>. Et elle précise sa conception de l’art photographique. <em>La photo est méditation, contemplation</em>… Du regard de celui qui reçoit les images, elle dit qu’il doit s’exercer avec lenteur. Ainsi on peut aller vers <em>notre intériorité, c’est-à-dire vers notre miroir de « l’étant »</em>.</span></p><p><span style="font-size: 10pt; font-family: verdana, geneva, sans-serif;">Ouvrant les pages, il semble que l’automne se déploie pour révéler la splendeur de ses couleurs, et d’une photographie à une autre sont saisis des instants, des tableaux. Regard de peintre. </span></p><p><span style="font-size: 10pt; font-family: verdana, geneva, sans-serif;">Voyage, est-il dit. Mais immobile et dans le temps puisque c’est le même paysage qui est contemplé. Infiniment regardé, et infiniment multiple. Arbres et arbres, eau et reflets. Variations des couleurs dont la lumière se vêt, habitant diversement le paysage suivant les heures du jour, de l’aube au crépuscule et à la nuit. Celle qui photographie est <em>Trésorière de la lumière</em>, qui fait se rejoindre les espaces lumineux dehors et dedans, et savoir l’unité de tout. </span></p><p><span style="font-size: 10pt; font-family: verdana, geneva, sans-serif;">Les arbres et l’eau se répondent, reflets et couleurs en harmonie, ombres paisibles et striures laissant deviner un mouvement, un flux, le signe de l’air.</span></p><p><span style="font-size: 10pt; font-family: verdana, geneva, sans-serif;">Le cadrage nous fait regarder au plus près, comme entrer dans le paysage, en percevoir l’odeur de terre et d’eau. La brume légère de l’aube on croit la sentir effleurer les visages, et on pourrait croire toucher les feuilles de nos doigts, en pensée. </span></p><p><span style="font-size: 10pt; font-family: verdana, geneva, sans-serif;">Il y a un pont, plusieurs fois visible, et son horizontalité grise se multiplie dans l’eau. Pont bien réel, mais vecteur de symboles, représentation du passage entre les deux rives de cette <em>âme du monde</em> qu’elle évoquait dans l’avant-propos. La nature et nous : un lien essentiel, et une traversée de nous à nous, vers cette <em>intériorité </em>possible. </span></p><p><span style="font-size: 10pt; font-family: verdana, geneva, sans-serif;">Douceur des jaunes, qui ne heurtent ni l’harmonie des gris et gris bleus de l’eau, ni celle des feuillages encore verts. Jaunes vifs, ou pâles, ou presque marrons, masses d’ombres qui dessinent un tableau impressionniste par lequel on peut se sentir entrer dans le rêve de la nature se rêvant elle-même. Brume, encore, qui cette fois semble transformer l’eau en miroir d’un horizon de nuages, mais ce n’est vraiment que brume. Ou couleurs si douces, dans une photo où le gris semble effacer l’excès des verts, qu’on pourrait croire regarder un paysage de neige. Mais il n’y a pas de neige, ce n’est que la palette du réel qui offre une autre dimension. Pages qui suivent, tout est sombre, douce noirceur du crépuscule, et illusion de vagues dans un ciel maritime. Pourtant c’est la terre, les arbres, la brume, dans le soir et la nuit. De nouveau la splendeur de couleurs éclatantes. La floraison de feuilles donne raison à <span style="text-decoration: underline;">Albert Camus</span>, et à <span style="text-decoration: underline;">Georges Sand</span> la majestueuse lenteur de ces instants qui se déroulent. La brume, encore, qui voile et fait deviner le mystère d’une profondeur dans la verticalité d’un espace faussement nuageux semblant continuer vers l’infini. Ailleurs une sorte de brouillard léger donne l’impression de traverser un écran et de pénétrer dans l’espace caché du paysage, un arrière-plan secret où la nature se révèle à qui sait contempler. Et le pont revenu, rappelle son symbolisme. </span></p><p><span style="font-size: 10pt; font-family: verdana, geneva, sans-serif;">Certaines photos ont une matière qui semble tracée avec le couteau d’un peintre, écrasant une épaisseur de traits de gris, de vert, de noir. Ode au regard, à l’automne, à une région.</span></p><p><span style="font-size: 10pt; font-family: verdana, geneva, sans-serif;">……………………………………………………………..</span></p><p><span style="font-size: 10pt; font-family: verdana, geneva, sans-serif;"><span style="text-decoration: underline;"><em><img id="media-6374766" style="float: left; margin: 0.2em 1.4em 0.7em 0;" title="" src="http://tramesnomades.hautetfort.com/media/02/02/566805872.jpg" alt="silvaine arabo,arève akopian nercessian,automne et saintonge,au large du temps,alcyone,poésie,art,photographie,peinture,livres,citations,albert camus,georges sand,françois cheng,franck médioni,issa,haïku,nature,spiritualité" />Au large du temps</em></span>, poèmes brefs de <span style="text-decoration: underline;">Silvaine Arabo</span>, avec cinq reproductions de peintures d’<span style="text-decoration: underline;">Arève Akopian-Nercessian</span>, <span style="text-decoration: underline;">Alcyone</span>, 2020. </span></p><p><span style="font-size: 10pt; font-family: verdana, geneva, sans-serif;">J’ai commencé par regarder les reproductions de peintures, me demandant, avant d’avoir lu la quatrième de couverture, s’il y en avait aussi de Silvaine Arabo. Les cinq sont d’Arève Akopian-Nercessian, dont celle qui est reprise en couverture. Découvrant cette artiste j’ai regardé aussi son site et son blog (liens ci-dessous). J’ai vu, ainsi, diverses créations, retrouvé les couleurs jaillissantes posées dans le livre. J’ai lu sa présentation, qui définit peindre comme <em>un état d’être, </em>et la citation d’un article de <span style="text-decoration: underline;">Rachid Boukheir</span> rendant compte d’une exposition au Maroc, et définissant ce qui lui paraît la caractériser. Lui aussi a été touché par <em>son bleu</em>, et ce qu’il dit de cet art rend évidente l’affinité de démarche entre les deux plasticiennes, celle qui ici écrit, et celle qui rythme le livre avec ses bleus et ses rouges, la puissance de ses couleurs. </span></p><p><span style="font-size: 10pt; font-family: verdana, geneva, sans-serif;">Importance des titres qui légendent ses toiles. Car si la peinture est abstraite ils suggèrent une représentation non figurative de paysages, le ressenti chromatique d’un univers intérieur qui se mêle à la vision. Traduction, par les pigments utilisés, d’une jonction entre réel vu, contemplé, mémorisé, et monde intérieur qui correspond. Et c’est peut-être parfois l’inverse, projection sur la toile d’une intériorité métamorphosée en archiviste de visions colorées, en rythme de traces presque scripturales. Intériorité, son dernier titre le dit (<em>Bleu des mers intérieures</em>).</span></p><p><span style="font-size: 10pt; font-family: verdana, geneva, sans-serif;">Ce qui est très intéressant dans la structure du livre construit par Silvaine Arabo c’est la place des peintures. Elles interviennent entre les titres des différentes parties et l’exergue qui précède les poèmes. Ce qui fait d’elles (et de leurs titres) comme une autre séquence introductive … </span></p><p><span style="font-size: 10pt; font-family: verdana, geneva, sans-serif;">En exergue, un seul auteur cité, <span style="text-decoration: underline;">François Cheng</span> (extraits de l’ouvrage <em>Enfin le royaume</em>). Ainsi le recueil est un hommage rendu à l’immense poète. </span></p><p><span style="font-size: 10pt; font-family: verdana, geneva, sans-serif;">Les peintures d’Arève Akopian-Nercessian et les fragments de poèmes de François Cheng sont des portes guidant dans le mystère des pages qui suivent, la profondeur du regard sur des instants de contemplation, de méditation, de mémorisation. Oscillation du cœur entre joies de la perception, regard fasciné par la beauté de la nature et chagrins pour tout ce qui fait deuil.</span></p><p><span style="font-size: 10pt; font-family: verdana, geneva, sans-serif;">Pour ce livre, <span style="text-decoration: underline;">Silvaine Arabo</span> a choisi d'écrire des formes brèves. Le haïku pour la première partie, <em>Palimpsestes</em>, et poèmes brefs pour la seconde grande partie, celle qui donne son titre au recueil. Poèmes très courts, de deux à cinq vers, rarement six, exceptionnellement sept, dans les quatre séquences d’<em>Au large du temps</em>.</span></p><p><span style="font-family: verdana, geneva, sans-serif; font-size: 10pt;"><em><u>Palimpsestes</u></em>, j’aime ce mot, et la réalité de ce qu’il désigne. J’aime aussi sa signification symbolique, qui figure très justement, je trouve, notre déroulement de vie. Déjà, la vie de nos cellules que le temps efface, et ce corps qui enregistre de nouveau l’épaisseur de notre identité, comme on écrit sur une page vierge gardant des traces souterraines, mémoires… Et nous, consciemment on efface, et on recommence à tracer des gestes, des affects, des pensées. Corps palimpseste, cœur palimpseste. Et justement, <em>Étincelles</em>, la peinture signée <span style="text-decoration: underline;">Arève</span>, semble un parchemin, ou un fond de ciel sur lequel la lumière écrirait. Des traits, des taches, une calligraphie mentale, des comètes striant l’espace, ou des spermatozoïdes cherchant un ovule cosmique, des bleus intenses, des bleus clairs. Ce qui est suggéré on le retrouve dans les poèmes. </span></p><p><span style="font-size: 10pt; font-family: verdana, geneva, sans-serif;">Et que dit <span style="text-decoration: underline;">François Cheng</span>, quelle porte ouvre-t-il ? En quelques mots, exactement tout cela. La force de ce qui est. Peu suffit, dans la masse de ce que le réel offre. <em>Un iris</em>. Tout l’être est dans une fleur. <em>Un regard</em>. Ces bribes du réel que le regard rencontre, dans l’instantanéité de voir, c’est ce que la poésie de Silvaine Arabo présente ici, en tableaux minimalistes, mais assez denses pour dire beaucoup, et affirmer le sens, la vérité, du <em>créé justifié </em>du poème de François Cheng. </span></p><p><span style="font-size: 10pt; font-family: verdana, geneva, sans-serif;">Une trentaine de pages, trois poèmes par page, trois vers dans l’esprit du haïku, cette forme venue du Japon. Photographies de moments, saisie de réalités captées soudainement. Car l’instant d’après ce sera autre, la nature et la vie effaçant l’image du moment, et redessinant d’autres lieux sur un lieu, un autre réel sur le réel. <em>Palimpsestes</em>… (Comme dans le livre de photographies <em>Automne et Saintonge</em>).</span></p><p><span style="font-size: 10pt; font-family: verdana, geneva, sans-serif;">Couleurs. Le blanc de l’eau <em>moirée</em>, ou du géranium (mais d’autres, plus loin, seront rouges), ou des oiseaux, <em>le bleu du ciel</em>, <em>la chanson du vert</em>. Et <em>Nuages gris </em>ou <em>fleurs roses</em>, ou <em>Étranges séquences bleues</em>… L’ombre aussi, cette non-couleur… La lumière…</span></p><p><span style="font-size: 10pt; font-family: verdana, geneva, sans-serif;">Nature. La rivière, l’aube, le ciel, le crépuscule, le lac, <em>l’eau des étangs</em>, le vent, la mer. Et quand même, un instant, la ville, une rue… </span></p><p><span style="font-size: 10pt; font-family: verdana, geneva, sans-serif;">Le vivant, animal. Des <em>oies sauvages</em>, <em>Envol des oiseaux</em>, un papillon, un corbeau…</span></p><p><span style="font-family: verdana, geneva, sans-serif; font-size: 10pt;">Le végétal. Les <em>cerisiers clairs</em>, un géranium blanc, de <em>Longues allées d’arbres</em>, les <em>fleurs roses des pommiers</em>, le <em>pin bleu</em>, des <em>Sapins dans le soir</em>…</span></p><p><span style="font-size: 10pt; font-family: verdana, geneva, sans-serif;">Les saisons. <em>Au cœur de l’été</em>… <em>Mémoires d’automne</em>, <em>Printemps enneigé</em>, <em>l’hiver suspendu</em>… </span></p><p><span style="font-size: 10pt; font-family: verdana, geneva, sans-serif;">Mais la contemplation n’évite pas le regard sur des réalités plus tristes, des instants qui symbolisent ce qui dérange dans le rapport de l’homme à la nature, quand on inflige des douleurs aux animaux.</span></p><p><em><span style="font-size: 10pt; font-family: verdana, geneva, sans-serif;">On plume les oies :</span></em></p><p><em><span style="font-size: 10pt; font-family: verdana, geneva, sans-serif;">descente vertigineuse</span></em></p><p><em><span style="font-size: 10pt; font-family: verdana, geneva, sans-serif;">dans les lois d’ici.</span></em></p><p><span style="font-size: 10pt; font-family: verdana, geneva, sans-serif;">Et, mortelle nature ou nature saccagée, une<em> orchidée (</em>...) <em>fracassée</em> représente la destruction de la beauté, l’injure faite à la vie (pourtant <em>justifiée</em> par le regard, disait François Cheng en exergue, le regard conscient de la beauté).</span></p><p><span style="font-size: 10pt; font-family: verdana, geneva, sans-serif;">Des êtres. Un enfant, pour des <em>Larmes sur la page</em>, chagrin d’instant, ou <em>la jeune fille si belle</em>…</span></p><p><span style="font-size: 10pt; font-family: verdana, geneva, sans-serif;">Pays, cultures, le lointain. <em>Asie de légendes</em>, <em>Lointaine Arabie</em>, <em>Maison japonaise</em>… Comme du rêve sur le palimpseste du réel.</span></p><p><span style="font-size: 10pt; font-family: verdana, geneva, sans-serif;">Des objets. Et les souvenirs qu’ils recèlent… </span></p><p><span style="font-family: verdana, geneva, sans-serif; font-size: 10pt;"><em>Un oiseau d’argile </em></span></p><p><span style="font-family: verdana, geneva, sans-serif; font-size: 10pt;"><em>posé sur la cheminée :</em></span></p><p><span style="font-family: verdana, geneva, sans-serif; font-size: 10pt;"><em>fragments de mémoire.</em></span></p><p><span style="font-size: 10pt; font-family: verdana, geneva, sans-serif;">Palimpseste, le temps. Moments de vie sur moments passés.</span></p><p><span style="font-family: verdana, geneva, sans-serif; font-size: 10pt;"><em>Échos d’autrefois</em></span></p><p><span style="font-family: verdana, geneva, sans-serif; font-size: 10pt;"><em>parmi le silence blanc</em></span></p><p><span style="font-family: verdana, geneva, sans-serif; font-size: 10pt;"><em>et l’aube endormie.</em></span></p><p><span style="font-size: 10pt; font-family: verdana, geneva, sans-serif;">Mais aussi des émotions, dans le rapport au temps (<em>angoisse du temps qui passe</em>).</span></p><p><span style="font-size: 10pt; font-family: verdana, geneva, sans-serif;">Silvaine Arabo est fidèle à l’esprit du haïku, tel que magnifiquement défendu par <span style="text-decoration: underline;">Franck Médioni </span>introduisant son anthologie, <em>Le goût des haïku</em> (pas de s…). Il soutient une conception exigeante, où cette écriture est une Voie, où les mots doivent surgir de la contemplation-méditation. Et il cite <span style="text-decoration: underline;">Issa</span>, qui se réfère à la voie de Bouddha (celle du haïku étant, pour lui, <em>la même)</em>, et qui refuse qu’on en fasse un <em>jeu littéraire</em>, ne retenant que <em>la forme</em>. Ceux qui font cela sont, dit Issa, des <em>profanateurs</em>. Et Issa, cité par Franck Médioni, ajoute que les thèmes classiques du haïku <em>restent bien sûr des thèmes</em>, <em>mais</em>, dit-il, <em>tout ce qui se passe devant nos yeux ou est ressenti dans notre cœur est aussi matière à haïku</em>. </span></p><p><span style="font-size: 10pt; font-family: verdana, geneva, sans-serif;">Et donc elle donne à cette écriture la possibilité de devenir philosophie aphoristique, en plus de donner à voir une réalité contemplée, et pensée comme <em>palimpsestes</em> à déchiffrer.</span></p><p><span style="font-family: verdana, geneva, sans-serif; font-size: 10pt;"><em>Être le passage</em></span></p><p><span style="font-size: 10pt; font-family: verdana, geneva, sans-serif;">L’être humain traversé par la nature, devenant lui-même <em>océan</em>, et passeur du sens. L’être humain, et l’artiste, la poète, celle qui écrit. Le passage pour dire le <em>créé justifié</em> (annoncé en exergue par François Cheng…). Et peut-être aider à ce que soit <em>justifiée</em> la vie, ce qui dépend aussi de nous, en offrant un regard… En sachant <em>convoquer l’infime</em>, comme elle l'écrit.</span></p><p><span style="font-size: 10pt; font-family: verdana, geneva, sans-serif;">La musique semble être part de ce qui fait déchiffrer et suivre l’exigence du grand Issa. <em>Portée musicale… arpèges… chant.</em></span></p><p><span style="font-size: 10pt; font-family: verdana, geneva, sans-serif;">Et… <em>Des accords dans l’air nu </em></span></p><p><em><span style="font-size: 10pt; font-family: verdana, geneva, sans-serif;"> une portée musicale.</span></em></p><p><em><span style="font-size: 10pt; font-family: verdana, geneva, sans-serif;"> On cherche la Voie.</span></em></p><p><span style="font-family: verdana, geneva, sans-serif; font-size: 10pt;"><em><u>Au large du temps</u></em>… seconde partie, </span></p><p><span style="font-size: 10pt; font-family: verdana, geneva, sans-serif;">sous-titrée ainsi : <em>(Instantanés)</em></span></p><p><span style="font-size: 10pt; font-family: verdana, geneva, sans-serif;">Instantanés, car sans être un haïku le poème bref sert aussi le regard brut, une vision fugitive, un ressenti éphémère, la perception d’une parcelle de réel. Photographies mentales prises dans l’instant et restituées comme si c’était dans le moment du regard, même si c’est l’effet de la mémoire.</span></p><p><span style="font-size: 10pt; font-family: verdana, geneva, sans-s
MCSJuan
http://tramesnomades.hautetfort.com/about.html
Quelque part la lumière pleut, de MICHEL DIAZ. Poésie (Alcyone, 2022, collection Surya)
tag:tramesnomades.hautetfort.com,2022-05-24:6383596
2022-05-24T18:56:00+02:00
2022-05-24T18:56:00+02:00
tu savais que le temps se cachait dans le battement de tes cils, mais ne...
<p dir="ltr"><em><span style="font-family: verdana, geneva, sans-serif; font-size: 10pt;"><img id="media-6359915" style="float: left; margin: 0.2em 1.4em 0.7em 0;" title="" src="http://tramesnomades.hautetfort.com/media/00/02/4294288671.jpg" alt="michel diaz,quelque part la lumière pleut,éditions alcyone,alcyone,collection surya,surya,silvaine arabo,albert camus,jack kerouac,jean-pierre siméon,françois cheng" />tu savais que le temps se cachait dans le battement de tes cils, mais ne pouvais que demeurer ainsi, et enclos en toi-même, comme un arbre veillant le silence de ses blessures</span></em></p><p dir="ltr"><span style="font-family: verdana, geneva, sans-serif; font-size: 8pt;"><span style="text-decoration: underline;">Michel Diaz</span>,<em> Quelque part la lumière pleut</em>, p. 13 </span><span style="font-family: verdana, geneva, sans-serif; font-size: 8pt;">(le titre vient d’un poème de <span style="text-decoration: underline;">Silvaine Arabo</span>)</span></p><p dir="ltr"><em><span style="font-family: verdana, geneva, sans-serif; font-size: 10pt;">on n’écrit rien avec le rien, même en lisant dans son miroir ce vide qui s’étonne, ni rien non plus avec ce qui s’épuise à lutter contre l’ombre</span></em></p><p dir="ltr"><span style="font-family: verdana, geneva, sans-serif; font-size: 8pt;"><em>Quelque part la lumière pleut</em>, p. 25</span></p><p dir="ltr"><em><span style="font-family: verdana, geneva, sans-serif; font-size: 10pt;">mais surtout j’écoute le vent, j’écoute les murs, j’écoute les âmes</span></em></p><p dir="ltr"><span style="font-family: verdana, geneva, sans-serif; font-size: 8pt;"><em>Quelque part la lumière pleut</em>, p. 71</span></p><p dir="ltr"><span style="font-family: verdana, geneva, sans-serif; font-size: 10pt;">Je regarde d’abord <span style="text-decoration: underline;">l’encre de Silvaine Arabo</span> qui introduit le livre (juste après un texte avant-signe). Je la regarde avec la même liberté intérieure que celle que j’ai devant les affiches déchirées que je cherche dans le métro, en capturant du regard des fragments pour recréer un autre imaginaire que peut-être personne n’aurait vu. Évidemment, là, nulle affiche déchirée, mais une création pensée, structurée, de l’art.</span></p><p dir="ltr"> </p><p dir="ltr"><span style="font-family: verdana, geneva, sans-serif; font-size: 10pt;">Cependant je sens que je réinvente peut-être l’œuvre (après tout c’est ce que l’œuvre veut aussi, toujours).</span></p><p dir="ltr"><span style="font-family: verdana, geneva, sans-serif; font-size: 10pt;"><em>Ivresse des vents</em>, est le titre de lâencre. Et voilà , avant dâêtre un lieu du livre de <span style="text-decoration: underline;">Michel Diaz</span>, ce qui prolonge ma lecture de <em>Capter lâindicible</em> de <span style="text-decoration: underline;">Silvaine Arabo</span>, livre où lâair et le vent font lâépure du réel. Mais dans ce livre de Michel Diaz, ouvert par cette image, dans les dernières pages surtout, celles de lâespoir, épure par lâair et le vent, aussi. Parenté dâunivers dans lâexigence du regard et de lâécriture. Pas étonnant que ce livre de lâun soit dédié à lâautre. Par la dédicace, par le titre, par un exergue, par la citation finale et bien sûr avec cette encre.</span></p><p dir="ltr"><span style="font-family: verdana, geneva, sans-serif; font-size: 10pt;">Alors je regarde encore et reviennent deux vers de <span style="text-decoration: underline;">Silvaine Arabo</span>⦠(<em>Capter l'indicible</em>).</span></p><p dir="ltr"><em><span style="font-family: verdana, geneva, sans-serif; font-size: 10pt;">Ultime salut au vent </span></em></p><p dir="ltr"><em><span style="font-family: verdana, geneva, sans-serif; font-size: 10pt;">Et à lâoiseau.</span></em></p><p dir="ltr"><span style="font-family: verdana, geneva, sans-serif; font-size: 10pt;">Et des mots de son livre, encore. <em>Jubilation</em>, <em>vertige</em>.</span></p><p dir="ltr"><span style="font-family: verdana, geneva, sans-serif; font-size: 10pt;">Puis deux autres vers d'elle, même recueilâ¦</span></p><p dir="ltr"><em><span style="font-family: verdana, geneva, sans-serif; font-size: 10pt;">Ce grand océan cosmique </span></em></p><p dir="ltr"><em><span style="font-family: verdana, geneva, sans-serif; font-size: 10pt;">Qui nous interpelle sans cesseâ¦</span></em></p><p dir="ltr"><span style="font-family: verdana, geneva, sans-serif; font-size: 10pt;">Toujours dans la présence de lâencre qui offre des clés pour lire ensuite au plus juste les pages qui viennent.</span></p><p dir="ltr"><span style="font-family: verdana, geneva, sans-serif; font-size: 10pt;">Câest cela que je vois dans lâencre, pas étonnée quâelle soit là . Car lâ<span style="text-decoration: underline;">Ulysse</span> de <span style="text-decoration: underline;">Michel Diaz</span> était déjà ce voyageur cosmique, dans lâabîme dâune profondeur, interrogeant le destin, les choix, et la bascule toujours possible vers un renoncement, un néant, ou au contraire lâancrage dâêtre, démarche métaphysique au-delà des temps (<em>Le verger abandonné,</em> recension à lire ici, lien en fin de note). </span></p><p dir="ltr"><span style="font-family: verdana, geneva, sans-serif; font-size: 10pt;">Dans lâencre, serait-ce Ulysse, ce personnage dont lâombre contemple un gouffre bleu, près dâune sorte de fleur verte géante ? Gouffre de lâinfini, car le bleu est sa couleur. Ombres séparées, deux silhouettes sombres, sur une rive ou un bateau, sous un fragment de ciel mauve et un envol dâoiseaux. La solitude des êtres dans les lieux vidés de vie. Mais ayant lu le livre qui suit, je vois aussi la barque de Charon dressé devant lââme dâun mort et traversant le Styx avec lui. Alors Ulysse est aussi lâauteur écrivant pendant lâhiver du confinement, entendant la litanie quotidienne des morts, et qui évoque les fantômes des êtres perdus, ces inconnus, mais aussi les deuils personnels, ces présences-absences dans une maison. Comment penser nos vies sans penser la mort ? </span><span style="font-family: verdana, geneva, sans-serif; font-size: 10pt;">Et comment penser le monde tel quâil est sans penser ce quâil fait de la mort ? Cela est dans lâencre comme je la perçois, assez riche pour porter tout lâunivers des pages de Michel Diaz en même temps que toutes les méditations de Silvaine Arabo.</span></p><p dir="ltr"><span style="font-family: verdana, geneva, sans-serif; font-size: 10pt;">Je ne peux quâassocier cette encre au logo de la couverture, belle conception de Silvaine Arabo, qui est la marque visuelle de lâédition <span style="text-decoration: underline;">Alcyone</span>. J'y vois un infini, de la douceur.</span></p><p dir="ltr"><span style="font-family: verdana, geneva, sans-serif; font-size: 10pt;"><em>Quelque part la lumière pleut</em>. Magnifique titre, cet emprunt à la poésie de Silvaine Arabo. Thématique commune aux deux auteurs, la lumière. Croire quâun sens peut émerger, que lâécriture peut faire advenir et transmettre. Ou que, quelque part, cela sâoffre si on le déchiffre. La lumière câest aussi celle qui sourd du mystère de la camera obscura de nos yeux, au profond du regard, et dans la tension entre écrire et être. </span></p><p dir="ltr"><span style="font-family: verdana, geneva, sans-serif; font-size: 10pt;">Mais un texte précède lâencre.</span></p><p dir="ltr"><span style="font-family: verdana, geneva, sans-serif; font-size: 10pt;">La première phrase offre les trois titres des parties du livre.</span></p><p dir="ltr"><em><span style="font-family: verdana, geneva, sans-serif; font-size: 10pt;">Dans lâincertain du monde</span></em></p><p dir="ltr"><em><span style="font-family: verdana, geneva, sans-serif; font-size: 10pt;">Sâessayer à vivre plus loin</span></em></p><p dir="ltr"><em><span style="font-family: verdana, geneva, sans-serif; font-size: 10pt;">Travailler à lâoffrande</span></em></p><p dir="ltr"><span style="font-family: verdana, geneva, sans-serif; font-size: 10pt;">Partir du constat, dire lâintention, agir pour un possible horizon.</span></p><p dir="ltr"><span style="font-family: verdana, geneva, sans-serif; font-size: 10pt;">Superbe texte, entre prose poétique et philosophie. Constat lucide concernant lâétat du monde, et élan pour ne pas renoncer, éthique dâune présence agissante, par la conscience dans la création. Dans ce texte je trouve un souffle qui a la force de celui d'<span style="text-decoration: underline;">Albert Camus</span> dans <em>Noces</em> ou<em> LâÃté</em>. Et justement des refus similaires, la même ardeur vitale pour choisir de FAIRE, et un mot commun, qui vient de la même perception dâune nécessité, résister. <em>Recoudre</em>.</span></p><p dir="ltr"><span style="font-family: verdana, geneva, sans-serif; font-size: 10pt;"><span style="text-decoration: underline;">Michel Diaz</span> veut (lui et nous, humains) quâon travaille <em>à recoudre les fêlures de lââme</em>, et, avec ce qui nous reste de raison⦠<em>affronter le crépuscule des désastres à venir.</em> Plutôt que dâaccepter le désespoir (frôlé dans certains textesâ¦) il choisit dâécrire que <em>rien ne sera perdu dans l'éternité du silence, tant que</em> (â¦). Câest donc notre choixâ¦.</span></p><p dir="ltr"><span style="font-family: verdana, geneva, sans-serif; font-size: 10pt;"><span style="text-decoration: underline;">Albert Camus</span>, qui parle du malheur du siècle en refusant lui aussi le désespoir, veut quâon sache <em>sauver lâesprit</em>, apaiser <em>lâangoisse infinie des âmes libres</em>. Et il écrit que <em>Nous avons à recoudre ce qui est déchiré, à rendre la justice imaginable dans un monde si évidemment injuste</em> (â¦). (<em>Les Amandiers</em>, dans <em>LâÃté</em>). </span></p><p dir="ltr"><span style="font-family: verdana, geneva, sans-serif; font-size: 10pt;"><em><span style="text-decoration: underline;">Recoudre</span></em>. Cela signifie quâon part de ce qui est, et quâon fait lien. Câest tisser avec le réel, pas avec des projections mentales. Du concret. Chez les deux auteurs la nature, pour rappeler notre ancrage dans le présent matériel et le voisinage du vivant. Du réel. Camus insiste, au sujet des amandiers de son texte. <em>Ce nâest pas là un symbole</em>. Non, pas un symbole, des arbres vraiment. De même la mer présente dans les deux textes. Pour Albert Camus, câest le vent qui vient dâelle. Pour Michel Diaz câest, dans cette page, celle que va rejoindre une rivière. Lui aussi pourrait insister et rappeler que la nature dont il parle, si présente, nâest pas un symbole. Elle est le vrai chemin pour ses pas de marcheur, lâombre vraie du soir avec ses odeurs et ses sons, lâherbe réelle, des arbres quâon peut toucher, des pierres quâon ramasse (il en posait, raconte-t-il, comptant des jours dans notre hiver confiné). </span></p><p dir="ltr"><span style="font-family: verdana, geneva, sans-serif; font-size: 10pt;">Ce texte dâavant-signe, qui préfigure la structure et la dynamique du livre entier, sera à lire et relire, pour qui veut saisir la densité de lâensemble. Afin de sâen imprégner et dâen saisir la beauté. Il contient beaucoup, tant la perte que la joie, le temps, le silence, le visage et lâarbre. Et il inscrit une écriture qui nâappartient quâà lâunivers de Michel Diaz, une densité particulière, un rythme qui contient du silence, posé dans les virgules, dans les espaces entre les brefs paragraphes (pour le temps dâune respiration), et dans les mots qui donnent à voir, par touches légères (<em>rose</em>, <em>mésanges</em>, <em>arbre</em>â¦). Car le regard ne se trouve que dans lâimmobilité du regard, même en marchant.</span></p><p dir="ltr"><span style="font-family: verdana, geneva, sans-serif; font-size: 10pt;">Chaque partie a ses <span style="text-decoration: underline;">exergues</span>. </span></p><p dir="ltr"><span style="font-family: verdana, geneva, sans-serif; font-size: 10pt;"><span style="text-decoration: underline;">Silvaine Arabo</span> pour la première. Cinq vers de <em>Triptyque</em>. Pour inscrire le même regard que celui de lâavant-signe, un constat, et le souffle portant au-delà des douleurs.</span></p><p dir="ltr"><span style="font-family: verdana, geneva, sans-serif; font-size: 10pt;">Ensuite câest <span style="text-decoration: underline;">Léon Bralda</span>, <em>La voix levée</em> (pour un rêve vers un ailleurs autre), et <span style="text-decoration: underline;">Paul Verlaine</span>, <em>Sagesse</em> (Lâespoir â¦).</span></p><p dir="ltr"><span style="font-family: verdana, geneva, sans-serif; font-size: 10pt;">Enfin, dernière partie, <span style="text-decoration: underline;">André Gide</span>, <em>Nouvelles nourritures</em> (le don⦠lâoffrande).</span></p><p dir="ltr"><span style="font-family: verdana, geneva, sans-serif; font-size: 10pt;">â¦â¦â¦â¦â¦â¦â¦â¦â¦â¦â¦â¦â¦â¦â¦..</span></p><p dir="ltr"><span style="text-decoration: underline;"><em><span style="font-family: verdana, geneva, sans-serif; font-size: 10pt;">Dans lâincertain du monde</span></em></span></p><p dir="ltr"><span style="font-family: verdana, geneva, sans-serif; font-size: 10pt;">On ouvre les pages et sâoffrent encore des paragraphes brefs, sans majuscules ni points, seulement des virgules pour marquer les espaces intérieurs. Ãcriture du marcheur qui dessine un chemin, un long couloir de mots où je vois lâimage du rouleau de <span style="text-decoration: underline;">Jack Kerouac</span> (<em>Sur la route</em>), comme si lâhorizon dâun voyageur et celui dâun marcheur pouvaient se figurer de la même manière. Mais jâai en mémoire, aussi, de longs parchemins enroulés, portant des textes sacrés conservés dans des monastères lointains. Lâécriture et sa part sacrée, avec ou sans dieux. Lâabsence des majuscules fait couler doucement un fleuve de phrases, sans angles.</span></p><p dir="ltr"><span style="font-family: verdana, geneva, sans-serif; font-size: 10pt;">La route de Kerouac câest une errance, sacrée à sa façon. Celle de Michel Diaz câest une déambulation, autant intérieure que de pas, un parcours libre avec, comme bagage, le regard, des questions, et, peut-être, carnet et crayon. Les <em>questions</em>, câest justement ce dont lâauteur dit vouloir créer un <em>nÅud coulant</em> qui fera du lecteur inconnu le passager dâun espace de <em>silence de</em> <em>funambule</em>, le réceptacle, en son corps, dâune <em>cicatrice inversée</em>, mémoire dâune <em>brûlure</em>. Ambition, pour lâécriture, dâun pouvoir qui est très loin de la fadeur mièvre. Une conception de ce que doit être la poésie, le contraire dâune jolie distraction. Conception active de la lecture, faite pour des <em>mains tisonnières </em>capables de chercher la lumière dans les traces du feu qui a brûlé les questions (et les réponses ?) par lâécriture. Lâinconnu est <em>aveugle, mais muet aussi</em>. Car pour lire il faut se défaire de son propre regard et de ses propres mots, accepter lâeffraction de pensée par les yeux et les mots dâun autre. </span></p><p dir="ltr"><span style="font-family: verdana, geneva, sans-serif; font-size: 10pt;">Et effectivement on voit, avec les yeux du poète, traçant un poème-prose, un paysage de feuilles, terre, ciel, et forêt, <em>yeux grands ouverts qui sont les yeux de lââme</em>. On est dans un crépuscule dâombres et étoiles, on entend les <em>voix obscures</em> devinées.</span></p><p dir="ltr"><span style="font-family: verdana, geneva, sans-serif; font-size: 10pt;">Ãcriture du temps du confinement, où la réalité extérieure reste cependant violemment présente, <em>un monde toujours en guerre contre les vivants et contre la vie elle-même</em> (â¦) <em>peu dâhorizon à cette absurde conjoncture quâest le fait dâêtre né</em>. </span></p><p dir="ltr"><span style="font-family: verdana, geneva, sans-serif; font-size: 10pt;">Il cite <span style="text-decoration: underline;">Samuel Beckett </span>(⦠<em>juste avancer</em>) et <span style="text-decoration: underline;">Michèle Vaucelle</span> (<em>déglutir le monde</em>). Alors il faut écrire, et ce monde <em>le restituer dans le cri</em>. Injonction intérieure, éthique affirmée. Exigence qui croise celle de <span style="text-decoration: underline;">Jean-Pierre Siméon</span> (<em>La poésie sauvera le monde</em>), quand il définit la poésie comme <em>un acte de conscience aigu</em> en sâappuyant sur <span style="text-decoration: underline;">Roberto Juarroz</span>, quâil cite (la poésie⦠<em>accélérateur de conscience)</em>. Ces deux mentions conviennent à la démarche de Michel Diaz, à la brûlure du poème vrai. Et de même ce que dit encore Jean-Pierre Siméon sur la poésie <em>force dâobjection</em> empêchant de <em>se détourner du</em> <em>réel tel quâil est et tel que le livre la poésie</em>. Câest cette vérité du langage qui ne ment pas que propose ce livre, tout en cheminant vers ce lieu où <em>la lumière pleut</em>.</span></p><p dir="ltr"><span style="font-family: verdana, geneva, sans-serif; font-size: 10pt;">Au bout du réel il y a la mort, celle que pense le <em>guetteur crépusculaire</em> qui écrit, et qui parle de nos peurs, et des <em>impulsions de survie</em> quâon dresse comme des écrans. </span></p><p dir="ltr"><span style="font-family: verdana, geneva, sans-serif; font-size: 10pt;">Ce livre ouvre ses pages, et il renvoie à dâautres chants, tristes ou pas. Au-delà de toute mélancolie il ouvre dâautres livres et entre dans un concerto de poèmes. Pas nâimporte lesquels, ceux qui contiennent le feu du <em>duende</em> (<span style="text-decoration: underline;">Lorca</span>â¦). Ainsi, le lisant, jâentends, comme en surimpression, le <em>Chant des âmes retrouvées</em>, poème unique qui clôt le livre de <span style="text-decoration: underline;">François Cheng</span>, ses récits de <em>Quand reviennent les âmes errantes</em>. </span></p><p dir="ltr"><span style="font-family: verdana, geneva, sans-serif; font-size: 10pt;"><em>La mort a eu lieu ; la mort nâest plus</em>, écrit <span style="text-decoration: underline;">François Cheng</span>.</span></p><p dir="ltr"><span style="font-family: verdana, geneva, sans-serif; font-size: 10pt;">Et Michel Diaz poursuit sa méditation.</span></p><p dir="ltr"><span style="font-family: verdana, geneva, sans-serif; font-size: 10pt;">Il est <em>celui qui penche son visage sur la mer</em> (et nous aussi, lisant). Il regarde, écoute, accepte dâentendre les <em>cris de peur, de douleur et de guerre</em>, malgré le bruit des tumultes du monde, bruit qui les recouvre, masque. Sachant le silence il se lave et nous lave des bruits. Tension dâécriture, dire et les cris et le silence (celui qui permet dâatteindre le centre de la parole essentielle).</span></p><p dir="ltr"><span style="font-family: verdana, geneva, sans-serif; font-size: 10pt;">Jâai remarqué des reprises de mots sur une même page, toujours en tête des paragraphes. </span></p><p dir="ltr"><span style="font-family: verdana, geneva, sans-serif; font-size: 10pt;">Par exemple, <em>tu</em> et <em>peut-être</em> (p.11), deux fois chaque. </span></p><p dir="ltr"><span style="font-family: verdana, geneva, sans-serif; font-size: 10pt;">Et, page 17, répétition de <em>celui qui penche son visage sur la mer</em>, deux fois.</span></p><p dir="ltr"><span style="font-family: verdana, geneva, sans-serif; font-size: 10pt;">Prolongé, page 18, par trois paragraphes commençant par <em>je lâeusse aimé</em> (<em>celui qui</em>â¦).</span></p><p dir="ltr"><span style="font-family: verdana, geneva, sans-serif; font-size: 10pt;">Ou <em>ce vent</em>, page 28, deux fois. <em>devant</em>, p.31, trois fois. </span></p><p dir="ltr"><span style="font-family: verdana, geneva, sans-serif; font-size: 10pt;"><em>la nuit, tu marches dans toi-même</em>, p.39, deux fois.</span></p><p dir="ltr"><span style="font-family: verdana, geneva, sans-serif; font-size: 10pt;"><em>tu vis</em>, tout le long de deux pages plus un paragaphe,p.42-43. Anaphore⦠</span></p><p dir="ltr"><span style="font-family: verdana, geneva, sans-serif; font-size: 10pt;">Je pourrais donner deux ou trois autres exemples. Et le dernier, <em>offrande</em>, p.86.</span></p><p dir="ltr"><span style="font-family: verdana, geneva, sans-serif; font-size: 10pt;">Lâeffet est rythmique. Ces mots ou bribes de phrases sont comme le battement dâune basse dans une composition musicale, permettant ensuite comme un envol du souffle.</span></p><p dir="ltr"><span style="font-family: verdana, geneva, sans-serif; font-size: 10pt;">Je relis la page 18 et câest tout son <span style="text-decoration: underline;">Ulysse</span> que je retrouve, présence du personnage mythique tel que le voit Michel Diaz dans <em>Le verger abandonné</em>. Solitude libre qui assume tout de ses choix. Ulysse nâest pas nommé ici, pas évoqué. Mais son esprit hante cette page, à cause des étoiles, du <em>corps ployé dans le vide</em>, à cause des vagues, et de cet être, <em>seul parmi les hommes</em> (â¦) <em>intraduisible et seul</em> (â¦) <em>unique survivant dâun impossible dire et dâune impensable pensée</em></span></p><p dir="ltr"><span style="font-family: verdana, geneva, sans-serif; font-size: 10pt;">Seul comme beaucoup dans ce temps de confinement. </span></p><p dir="ltr"><span style="font-family: verdana, geneva, sans-serif; font-size: 10pt;">Et sâil y a le matin, les collines, lâherbe, la terre, lâhorizon est vide dâêtresâ¦</span></p><p dir="ltr"><span style="font-family: verdana, geneva, sans-serif; font-size: 10pt;">Fracture bouleversante, le texte dédié à sa mère. En pleine période dâépidémie et dâenfermement, elle glisse dans <em>lâoubli sans limite</em>. Et il la voit <em>se noyer au fond dâ
MCSJuan
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Recension. Lignes de crête, de Michel Diaz
tag:tramesnomades.hautetfort.com,2021-04-17:6310365
2021-04-17T21:57:00+02:00
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Cette recension était prévue, j’apprécie de la relier à mon parcours de la...
<div><span style="font-family: verdana, geneva, sans-serif; font-size: 10pt;"><img id="media-6249530" style="float: left; margin: 0.2em 1.4em 0.7em 0;" title="" src="http://tramesnomades.hautetfort.com/media/02/02/478759450.jpg" alt="Diaz, Alcyone.jpg" />Cette recension était prévue, j’apprécie de la relier à mon parcours de la revue Saraswati, où Michel Diaz est présent (note précédente).</span></div><div> </div><div><span style="font-family: verdana, geneva, sans-serif; font-size: 10pt;">En exergue au préambule, l'auteur a choisi de citer Thérèse d’Avila et Kant, pensées qui traduisent notre faim intérieure, et dans le corps du texte des lignes d’Alain Freixe (extraites de <em>Comme des pas qui s’éloignent</em>). </span></div><div><span style="font-family: verdana, geneva, sans-serif; font-size: 10pt;">Que dit ce préambule, qu’annonce-t-il ? Un questionnement, une recherche comme en apnée, où l’attention à "la solitude saturée de présence", que révèle la marche, est celle de "l’écoute du monde invisible où s’enracinent nos pensées les plus archaïques et dont nous recherchons toujours la clé". </span></div><div><span style="font-family: verdana, geneva, sans-serif; font-size: 10pt;">On retrouve, relisant ces pages, ce même désir de déchiffrement de l’entre-deux que révèlent les poèmes en prose des saisons : "ce cheminement sur la ligne de partage des eaux" (…) "vers des pierriers d’incertitude au pied desquels peuvent s’ouvrir des trouées de clarté comme des chaos de ténèbres". La démarche est éclairée aussi par la brève postface où l’auteur dit le rôle de la marche dans l’émergence des textes, et celui des "alchimies imprévisibles de la songerie".</span></div><div><span style="font-family: verdana, geneva, sans-serif; font-size: 10pt;">Le livre est divisé en quatre méditations, offertes à Walter Benjamin, Friedrich Hölderlin, Claude Cahun, et Alejandra Pizarnik. On comprend pourquoi le préambule parle du risque de bascule dans "des chaos de ténèbres", et pourquoi la postface mentionne la "douleur inexprimée".</span></div><p><span style="font-family: verdana, geneva, sans-serif; font-size: 10pt;">Terrible marche que celle de <span style="text-decoration: underline;">Walter Benjamin</span>, ce <em>chemin sans retour</em> (titre du texte), poursuivi par la police allemande, menacé, sans espoir, qui finit par se suicider le 26 septembre 1940, ne voyant aucune issue. </span></p><p><span style="font-family: verdana, geneva, sans-serif; font-size: 10pt;">"s’enfoncer dans sa propre blessure</span></p><p><span style="font-family: verdana, geneva, sans-serif; font-size: 10pt;"> inverser le regard le tourner</span></p><p><span style="font-family: verdana, geneva, sans-serif; font-size: 10pt;"> plus profond que soi"</span></p><p style="font-family: -apple-system-font;"><span style="font-family: verdana, geneva, sans-serif; font-size: 10pt;">De même, c'est toucher la douleur qu'aborder les années d’<span style="text-decoration: underline;">Hölderlin</span> proches de la folie, lui qui traça l’injonction superbe qui donne le titre de cette partie, <em>Il faut habiter poétiquement le monde</em>. S’il frôle la nuit de la conscience c’est peut-être pour avoir le courage, en poète, d’interroger le mystère des ténèbres humaines et de tenter les mots qui diront, "seul en sa solitude d’homme et en ses déchirures". </span></p><p style="font-family: -apple-system-font;"><span style="font-family: verdana, geneva, sans-serif; font-size: 10pt;">Pour aborder... </span></p><p style="font-family: -apple-system-font;"><span style="font-family: verdana, geneva, sans-serif; font-size: 10pt;">"un silence qui vient chercher</span></p><p style="font-family: -apple-system-font;"><span style="font-family: verdana, geneva, sans-serif; font-size: 10pt;"> dans le remuement de la langue</span></p><p style="font-family: -apple-system-font;"><span style="font-family: verdana, geneva, sans-serif; font-size: 10pt;"> ce qui livre et délivre</span></p><p style="font-family: -apple-system-font;"><span style="font-family: verdana, geneva, sans-serif; font-size: 10pt;"> et que la parole ne savait pas </span></p><p style="font-family: -apple-system-font;"><span style="font-family: verdana, geneva, sans-serif; font-size: 10pt;"> mais qui se disant la dépasse"</span></p><p style="font-family: -apple-system-font;"><span style="font-family: verdana, geneva, sans-serif; font-size: 10pt;">Compréhension intime qui fait que Michel Diaz tutoie Hölderlin en ami, en poète sachant ce que l’écriture qui exige rejoint aussi d’ombres douloureuses en soi.</span></p><p style="font-family: -apple-system-font;"><span style="font-family: verdana, geneva, sans-serif; font-size: 10pt;">‘tu questionnes ce nœud d’angoisse </span></p><p style="font-family: -apple-system-font;"><span style="font-family: verdana, geneva, sans-serif; font-size: 10pt;"> où le sort t’a jeté’</span></p><p style="font-family: -apple-system-font;"><span style="font-family: verdana, geneva, sans-serif; font-size: 10pt;">Et pourtant, que ce soit pour Walter Benjamin ou Friedrich Hölderlin, derrière le désespoir la présence de ce qui permet quand même d’entrevoir un autre espace. </span></p><p style="font-family: -apple-system-font;"><span style="font-family: verdana, geneva, sans-serif; font-size: 10pt;">Malgré la mort qui attend Benjamin, on le sait, le dernier texte est titré "comme on ouvre un chemin", et il évoque "une lumière pacifiée", peut-être pas seulement l’illusion d’un espoir avant la mort qui sera le dernier choix, mais la présence de ce qui "libère l’homme de son ombre". </span></p><p style="font-family: -apple-system-font;"><span style="font-family: verdana, geneva, sans-serif; font-size: 10pt;">Et, pour Hölderlin... </span></p><p style="font-family: -apple-system-font;"><span style="font-family: verdana, geneva, sans-serif; font-size: 10pt;">"derrière les yeux </span></p><p style="font-family: -apple-system-font;"><span style="font-family: verdana, geneva, sans-serif; font-size: 10pt;"> ce qui importe est sans visage</span></p><p style="font-family: -apple-system-font;"><span style="font-family: verdana, geneva, sans-serif; font-size: 10pt;"> et sans regard"</span></p><p style="font-family: -apple-system-font;"><span style="font-family: verdana, geneva, sans-serif; font-size: 10pt;">(…)</span></p><p style="font-family: -apple-system-font;"><span style="font-family: verdana, geneva, sans-serif; font-size: 10pt;">" - à la fin</span></p><p style="font-family: -apple-system-font;"><span style="font-family: verdana, geneva, sans-serif; font-size: 10pt;"> une fleur inouïe et pure</span></p><p style="font-family: -apple-system-font;"><span style="font-family: verdana, geneva, sans-serif; font-size: 10pt;"> s’échappe à la pointe de l’être"</span></p><p style="font-family: -apple-system-font;"><span style="font-family: verdana, geneva, sans-serif; font-size: 10pt;">Dans le dernier texte dédié à Hölderlin, <em>mélancholia</em>, c’est Hölderlin qui parle : "je suis né dans le corps d’un ange". Mais ange incarné, et privé, amputé, de ses ailes : "Moi, je boite des omoplates". Comme l’albatros de Baudelaire, dont les ailes traînent sur le pont, et qu’un marin "mime, en boitant". Ailes qui symbolisent l’accès au "monde invisible" évoqué par le préambule. "Je" du poète, si fort qu’il est aussi celui de l’auteur du recueil, mais aussi "Je" de tout poète qui serait digne de l’exigence d’’Hölderlin.</span></p><p style="font-family: -apple-system-font;"><span style="font-family: verdana, geneva, sans-serif; font-size: 10pt;">Douleur aussi chez <span style="text-decoration: underline;">Claude Cahun</span>, dans sa soif de liberté. La folie, elle l’a croisée pendant l’enfance, dans celle de sa mère. Mais c’est la guerre qui l’a affaiblie et qui la fera mourir relativement jeune. L’injustice nommée dans le premier texte c’est l’oubli de l’artiste et poète, retrouvée récemment. L’auteur répare l’oubli…</span></p><p style="font-family: -apple-system-font;"><span style="font-family: verdana, geneva, sans-serif; font-size: 10pt;">"Il faudra bien un jour, dis-tu" (…)</span></p><p style="font-family: -apple-system-font;"><span style="font-family: verdana, geneva, sans-serif; font-size: 10pt;">"que se lèvent ces mots qu’a semés ta parole."</span></p><p style="font-family: -apple-system-font;"><span style="font-family: verdana, geneva, sans-serif; font-size: 10pt;">Et, bien sûr, douleur, pour <span style="text-decoration: underline;">Alejandra Pizarnik</span>, on le sait, suicidée à 36 ans, à sa troisième tentative. Qui peut savoir la source de son désespoir ? Elle est née en Argentine, mais sa famille était venue d’Europe et parlait encore le yiddish (pour elle il y eut surtout l’amour de l’espagnol de l’écriture, cependant). N’est-ce pas pourtant une clé pour comprendre la souffrance de celle qui parle, dans sa correspondance, de ses "vieilles peurs et terreurs", et écrit, dans un poème "Je m’habille de cendres". Une mémoire trans-générationnelle, la trace de l’exil familial, il y a de quoi nourrir un refus du monde réel. Et de quoi renvoyer en soi à "une zone épouvantable, où il n’y a que peur, peur, peur encore" (Journal). Cercle des peurs nées de l’Histoire, le premier texte dédié à Benjamin rejoint peut-être celui qu’habite Pizarnik. </span></p><p style="font-family: -apple-system-font;"><span style="font-family: verdana, geneva, sans-serif; font-size: 10pt;"><em>La dernière innocence</em>, titre du texte dédié, et titre d’un de ses recueils, fragment emprunté à Rimbaud, <em>Mauvais sang,</em> d’<em>Une saison en enfer.</em> </span></p><p style="font-family: -apple-system-font;"><span style="font-family: verdana, geneva, sans-serif; font-size: 10pt;">Mais Rimbaud poursuit... "La dernière innocence et la dernière timidité. C’est dit. Ne pas porter au monde mes dégoûts et mes trahisons." C’est donc tout cela qu’Alejandra Pizarnik dit, avec ce titre, et que reprend Michel Diaz pour elle. Lui parlant il dit "tu", mais il dit aussi "nous". </span></p><p style="font-family: -apple-system-font;"><span style="font-family: verdana, geneva, sans-serif; font-size: 10pt;">"c’est l’haleine de l’aube</span></p><p style="font-family: -apple-system-font;"><span style="font-family: verdana, geneva, sans-serif; font-size: 10pt;"> délivrée de son dernier poids</span></p><p style="font-family: -apple-system-font;"><span style="font-family: verdana, geneva, sans-serif; font-size: 10pt;"> venue d’une douleur ancienne</span></p><p style="font-family: -apple-system-font;"><span style="font-family: verdana, geneva, sans-serif; font-size: 10pt;"> et des mots qui nous rêvent"</span></p><p style="font-family: -apple-system-font;"><span style="font-family: verdana, geneva, sans-serif; font-size: 10pt;">Son écriture, ou une force mystérieuse en elle, malgré tout.</span></p><p style="font-family: -apple-system-font;"><span style="font-family: verdana, geneva, sans-serif; font-size: 10pt;">"ce n’est rien qu’une force dressée </span></p><p style="font-family: -apple-system-font;"><span style="font-family: verdana, geneva, sans-serif; font-size: 10pt;"> contre toutes les nuits à venir"</span></p><p style="font-family: -apple-system-font;"><span style="font-family: verdana, geneva, sans-serif; font-size: 10pt;">Mais si, en soi, elle, "nous"…</span></p><p style="font-family: -apple-system-font;"><span style="font-family: verdana, geneva, sans-serif; font-size: 10pt;">"il est temps de nous souvenir</span></p><p style="font-family: -apple-system-font;"><span style="font-family: verdana, geneva, sans-serif; font-size: 10pt;"> qu’en nous veille une inexorable lumière"… </span></p><p style="font-family: -apple-system-font;"><span style="font-family: verdana, geneva, sans-serif; font-size: 10pt;">alors il y a toujours la menace de la mort, parce que le ciel est "trace d’une plaie muette"</span></p><p style="font-family: -apple-system-font;"><span style="font-family: verdana, geneva, sans-serif; font-size: 10pt;">et les "nuits glaciales" sont</span></p><p style="font-family: -apple-system-font;"><span style="font-family: verdana, geneva, sans-serif; font-size: 10pt;">"des nuits chargées de solitude".</span></p><p style="font-family: -apple-system-font;"><span style="font-family: verdana, geneva, sans-serif; font-size: 10pt;">Le dernier texte du recueil, <em>présence au monde</em>, est toujours pour Alejandra Pizarnik, elle dont il lui dit que "La mort est une grande malle en sommeil dans la chambre de ton poème". Mais, de ces mots "sidérés" et "sidérant le regard de celui qui les lit", Michel Diaz demande s’ils peuvent "nous consoler". "Et de quoi ?"</span></p><p style="font-family: -apple-system-font;"><span style="font-family: verdana, geneva, sans-serif; font-size: 10pt;">Paradoxe, que les mots des chagrins et peurs, des solitudes, puissent être consolateurs ? Ou justement est-ce parce que nous retrouvons en nous les mêmes interrogations et qu’on reçoit un baume en lisant qui a affronté ses ombres (comme le fit Rimbaud dans Une saison en enfer, que lut Alejandra Pizarnik). </span></p><p style="font-family: -apple-system-font;"><span style="font-family: verdana, geneva, sans-serif; font-size: 10pt;">Consolés ? De quoi ? Il répond.</span></p><p style="font-family: -apple-system-font;"><span style="font-family: verdana, geneva, sans-serif; font-size: 10pt;">"Peut-être de devoir, face au miroir énigmatique, interroger toujours, sans détourner les yeux, la face sombre du destin."</span></p><p style="font-family: -apple-system-font;"><span style="font-family: verdana, geneva, sans-serif; font-size: 10pt;">et, ajoute-t-il, "de n’avoir pas su assez retenir’ cet intangible espace où s’inscrit ‘la présence du monde et la mémoire de tout ce qui fut".</span></p><p style="font-family: -apple-system-font;"><span style="font-family: verdana, geneva, sans-serif; font-size: 10pt;">Ce dernier texte répond aussi aux autres parties du recueil, il peut être lu comme une conclusion du tout. Consolateurs, aussi, les mots de (et sur) Walter Benjamin, Friedrich Hölderlin et Claude Cahun, comme ceux d'Alejandra Pizarnik. Des ombres, des mots pour les dire. Car ce sont aussi "les mots du jeu du vivre et du mourir". Ce que la poésie peut, et ce qu’elle doit (aider à "habiter poétiquement le monde") ce n’est pas mettre du rêve mensonger et de la joliesse sur la réalité, c’est "sans détourner les yeux" écrire la vie, la mort, le destin, le monde tel qu’il est, les douleurs telles qu’elle sont. Même si c’est "en lettres de sable et de vent", comme le fait le monde lui-même, laideur et beauté, ombre et lumière.</span></p><p style="font-family: -apple-system-font;"><span style="font-family: verdana, geneva, sans-serif; font-size: 10pt;">Car, je relis encore ceci…</span></p><p><span style="font-family: verdana, geneva, sans-serif; font-size: 10pt;">"il est temps de nous souvenir</span></p><p><span style="font-family: verdana, geneva, sans-serif; font-size: 10pt;"> qu’en nous veille une inexorable lumière"</span></p><p style="font-family: -apple-system-font;"><span style="font-family: verdana, geneva, sans-serif; font-size: 10pt;">Au début de la <span style="text-decoration: underline;">note précédente</span>, voir aussi ma lecture des poèmes en prose de Michel Diaz (les saisons, Saraswati 16), premières pages de la revue.</span></p><p style="font-family: -apple-system-font;"><span style="font-family: verdana, geneva, sans-serif; font-size: 10pt;">J’ai remarqué, dans les coups de cœur de <span style="text-decoration: underline;">Silvaine Arabo</span> (cette revue Saraswati 16), une recension qui m’intrigue, car elle rejoint un sujet sur lequel j’ai travaillé, pour rendre compte d’un livre de Gabriel Audisio, sur le personnage d’Ulysse (note qui suit). Et que Michel Diaz ait lui aussi consacré un livre à ce mythique méditerranéen m’intéresse particulièrement (je perçois là une porte supplémentaire, essentielle, pour entrer dans sa poésie). Donc, dans <em>Le verger abandonné</em> (éds. Musimot), Michel Diaz fait écrire <span style="text-decoration: underline;">Ulysse</span>, des lettres pour dire son désir de continuer son errance. Je me demande si l'auteur connaît l’ouvrage de Gabriel Audisio et ce que changera cette lecture (à faire) de ma perception de l’Ulysse d’Audisio. Il me faudra définir le mien… Intéressante confrontation à venir. Mais j’ai trouvé un extrait de la préface de <span style="text-decoration: underline;">David Le Breton</span>, sur le site de L’Autre livre (association d’éditeurs indépendants, et librairie à deux pas de chez moi…). Dans cette préface je vois des traces qui confortent certaines de mes intuitions (ou hypothèses) au sujet de ce que je pourrai découvrir dans ce livre… Des mots, une citation… </span></p><p style="font-family: -apple-system-font;"><span style="font-family: verdana, geneva, sans-serif; font-size: 10pt;">Mais je reprends d’abord un passage de la recension de Silvaine Arabo.</span></p><p style="font-family: -apple-system-font;"><span style="font-family: verdana, geneva, sans-serif; font-size: 10pt;">"La probabilité, l’espoir d’être, au fond, sur un chemin qui mène quelque part… Il s’agit bien d’une fête spirituelle dont Ulysse prend peu à peu conscience du fond de ses abîmes… même s’il n’aime pas trop à se l’avouer et s’il lui plaît de voiler son hypothétique 'accomplissement' à venir de 'ténèbres'. </span><span style="font-family: verdana, geneva, sans-serif; font-size: 10pt;">Une magnifique écriture, comme toujours chez Michel Diaz."</span></p><p style="font-family: -apple-system-font;"><span style="font-family: verdana, geneva, sans-serif; font-size: 10pt;">.........</span></p><p style="font-family: -apple-system-font;"><span style="text-decoration: underline; font-size: 12pt;"><span style="font-family: verdana, geneva, sans-serif;">LIENS</span></span></p><p><span style="font-family: verdana, geneva, sans-serif; font-size: 10pt;"><em>Lignes de crête</em>, <span style="text-decoration: underline;">Alcyone</span>, page de l’édition. Présentation, préambule, et quelques poèmes… <a href="http://www.editionsalcyone.fr/441615234">http://www.editionsalcyone.fr/441615234</a></span></p><p style="font-family: -apple-system-font;"><span style="font-family: verdana, geneva, sans-serif; font-size: 10pt;"><span style="text-decoration: underline;">Site</span> de Michel Diaz… <a href="https://michel-diaz.com/lignes-de-crete-extraits/">https://michel-diaz.com</a></span></p><p style="font-family: -apple-system-font;"><span style="font-family: verdana, geneva, sans-serif; font-size: 10pt;"><span style="text-decoration: underline;">Poèmes</span> de Michel Diaz, <span style="text-decoration: underline;">revue Saraswati 16</span> sur les saisons. Voir le début de la recension. Note précédente… </span><a href="http://tramesnomades.hautetfort.com/archive/2021/04/16/saraswati-16-les-saisons-en-poesie-6310048.html">http://tramesnomades.hautetfort.com/archive/2021/04/16/saraswati-16-les-saisons-en-poesie-6310048.html</a></p><p style="font-family: -apple-system-font;"><span style="font-family: verdana, geneva, sans-serif; font-size: 10pt;"><em>Le verger abandonné</em>. Livre de Michel Diaz sur Ulysse (qui choisit l’errance). Extrait de la préface de <span style="text-decoration: underline;">David Le Breton</span>, site de <span style="text-decoration: underline;">L’Autre livre</span>, pages de l’édition Musimot… Je relève ce qui rejoint mes questionnements et fait, indirectement, le lien avec les thèmes d’Audisio (note du 27-02-21. Gabriel Audisio, l’ancêtre principal, et Gabriel Audisio, ou Ulysse poète, note suivante, datée du 22-03-21).</span></p><p style="font-family: -apple-system-font;"><span style="font-family: verdana, geneva, sans-serif; font-size: 10pt;">‘Mais peu à peu, au fil du cheminement, les contours de son monde intérieur s’effacent, et bientôt il ne reste rien de son identité première ni même de ses raisons d’être, sinon un renoncement progressif, une volonté de faire de son exil une errance perpétuelle au bord du monde dans la tentation de n’être plus personne. ‘Le lieu véritable est-il dans l’absence de tout lieu ? Le lieu, justement, de cette inacceptable absence’, nous dit Edmond Jabès. Telle est l’incise du texte de Michel Diaz de laisser dans l’esprit du lecteur un étonnement, un déséquilibre qui en fait tout le prix.’... <a href="https://www.lautrelivre.fr/michel-diaz/le-verger-abandonne">https://www.lautrelivre.fr/michel-diaz/le-verger-abandonne</a></span></p><p style="font-family: -apple-system-font;"><span style="font-family: verdana, geneva, sans-serif; font-size: 10pt;">Recension © MC San Juan</span></p><p style="font-family: -apple-system-font;"><span style="color: #cc99ff;"><em><span style="font-family: verdana, geneva, sans-serif; font-size: 10pt;">Merci à Silvaine Arabo, tant pour la lecture de la recension - j'y suis très sensible - que pour la communication provoquée, tous ces signes...</span></em></span></p>
MCSJuan
http://tramesnomades.hautetfort.com/about.html
Saraswati 16. Les saisons en poésie...
tag:tramesnomades.hautetfort.com,2021-04-16:6310048
2021-04-16T11:01:00+02:00
2021-04-16T11:01:00+02:00
en ce crépuscule très bleu d’avril, entre toi et le temps, ces questions :...
<div><span style="font-family: verdana, geneva, sans-serif; font-size: 12pt;"><img id="media-6249517" style="float: left; margin: 0.2em 1.4em 0.7em 0;" title="" src="http://tramesnomades.hautetfort.com/media/01/00/789043443.jpg" alt="Saraswati.jpg" />en ce crépuscule très bleu d’avril, entre toi et le temps, ces questions : est-ce l’instant qui passe et te traverse ou est-ce toi, poussé toujours au dos, le passant d’un instant immobile ? </span></div><div><span style="font-family: verdana, geneva, sans-serif; font-size: 8pt;">Michel Diaz, <em>Printemps 1</em></span></div><div> </div><div><span style="font-family: verdana, geneva, sans-serif; font-size: 12pt;">Estaciones : eterno horizonte, espejo inmenso que rechaza objetivos</span></div><div><span style="font-family: verdana, geneva, sans-serif; font-size: 12pt;">de futuro o los desdobla, los fosiliza, los aumenta</span></div><div><span style="font-family: verdana, geneva, sans-serif; font-size: 12pt;">Saisons : éternel horizon, miroir immense qui rejette les buts </span></div><div><span style="font-family: verdana, geneva, sans-serif; font-size: 12pt;">d’avenir ou les dédouble, les fossilise, les augmente</span></div><div><span style="font-family: verdana, geneva, sans-serif; font-size: 8pt;">Miguel Àngel Real, <em>Saisons </em>(traduction du poème en français par l’auteur)</span></div><div> </div><div><span style="font-family: verdana, geneva, sans-serif; font-size: 12pt;">Dire les incendies</span></div><div><span style="font-family: verdana, geneva, sans-serif; font-size: 12pt;">les frimas à venir</span></div><div><span style="font-family: verdana, geneva, sans-serif; font-size: 10pt;"><span style="font-size: 12pt;">les saisons déracinées</span> </span></div><div><span style="font-family: verdana, geneva, sans-serif; font-size: 8pt;">Jean-Louis Bernard</span></div><div> </div><div><span style="font-family: verdana, geneva, sans-serif; font-size: 8pt;">(Trois fragments de poèmes publiés dans la revue <span style="text-decoration: underline;">Saraswati 16</span>, <em>Les saisons</em>)</span></div><div><div> </div><div> </div><div><span style="font-family: verdana, geneva, sans-serif; font-size: 10pt;">Les saisons, rythme de nos vies, respiration visuelle de nos paysages, et thème séculaire de la littérature… Le mot déclenche images et émotions, mémoire de moments et de lieux.</span></div></div><div><span style="font-family: verdana, geneva, sans-serif; font-size: 10pt;">En couverture, sous une création d’Ève Eden (collage de troncs et de branches), une citation d’<span style="text-decoration: underline;">Albert Camus</span> (de <em>Retour à Tipasa</em>, <em>L’Été</em>). Le hasard fait que c’est justement aussi un exergue d’un de mes poèmes, rencontre de lecture, phrase si forte qu’elle s’impose…</span></div><div> </div><div> </div><div><span style="font-family: verdana, geneva, sans-serif; font-size: 12pt;">Au milieu de l’hiver, j’apprenais enfin qu’il y avait en moi un été invincible.</span></div><p style="font-family: -apple-system-font;"><span style="font-family: verdana, geneva, sans-serif; font-size: 10pt;">Dans son éditorial <span style="text-decoration: underline;">Silvaine Arabo</span>, l’éditrice, met l’accent sur le retour cyclique des saisons et renvoie aux notions du Yin et du Yang pour dire ce balancement entre deux polarités qui alternent, l’ombre et la lumière, et développer d’autres correspondances. </span></p><p style="font-family: -apple-system-font;"><span style="font-family: verdana, geneva, sans-serif; font-size: 10pt;">Dans la revue, les poèmes des saisons constituent un ensemble en trois temps. Mais d’autres rubriques enrichissent le tout, pour près de deux cents pages.</span></p><p style="font-family: -apple-system-font;"><span style="font-family: verdana, geneva, sans-serif; font-size: 10pt;">L’art est très présent. Autres créations d’<span style="text-decoration: underline;">Ève Eden</span>, mais aussi pages sur <span style="text-decoration: underline;">Lionel Balard </span>(peintures, et entretien), <span style="text-decoration: underline;">Alain Tigoulet</span> (photographies), et une rubrique sur des techniques japonaises, par <span style="text-decoration: underline;">Claire Berthouin</span>. Ses créations, qui allient textile et végétal, sont très fines, subtiles, et l’on reconnaît l’esprit du Japon passé dans la main et les yeux d’une créatrice occidentale. </span></p><p style="font-family: -apple-system-font;"><span style="font-family: verdana, geneva, sans-serif; font-size: 10pt;">La poésie n’est pas uniquement dans les textes sur les saisons. Présent, notamment, Federico Garcia Lorca, traduit par Annick Le Scoëzec. Suivent des notes de lecture (de Jean-Louis Bernard et Georges Cathalo) et les coups de coeur de Silvaine Arabo (qui m’a offert la joie de recenser <em>Ombres géométriques frôlées par le vent</em>). J’ai repéré des titres dans ces pages, dont deux que je vais mentionner ici.</span></p><p style="font-family: -apple-system-font;"><span style="font-family: verdana, geneva, sans-serif; font-size: 10pt;">………………………………………………………………………......................................................................</span></p><p style="font-family: -apple-system-font;"><span style="text-decoration: underline;"><span style="font-family: verdana, geneva, sans-serif; font-size: 10pt;">Sommaire, suite… </span></span></p><p style="font-family: -apple-system-font;"><span style="font-family: verdana, geneva, sans-serif; font-size: 10pt;">Je vais d’abord parcourir - et citer - <span style="text-decoration: underline;">les poèmes des saisons</span>, dans l’ordre. Pour certains auteurs j’évoquerai d’autres œuvres, lues ou à lire, dont un ouvrage découvert dans la revue. Puis je reviendrai en arrière, pour les autres rubriques (art, traductions, aphorismes).</span></p><p style="font-family: -apple-system-font;"><span style="font-family: verdana, geneva, sans-serif; font-size: 10pt;"><span style="text-decoration: underline;">Quelques mentions associées aux citations</span> : deux livres de Michel Diaz, un recueil, Lignes de crête, et un ouvrage sur Ulysse - la note de lecture de Georges Cathalo recensant un ouvrage de Jean-Claude Tardif accompagnant des créations de Jean-Michel Marchetti - la revue de poésie créée par Colette Klein, Concerto pour marées et silence - deux recueils de Francis Gonnet - note sur l’entretien de Lionel Balard avec Silvaine Arabo, ce qu’il dit de sa peinture et du lien avec d’autres arts, dont la poésie, qu’il signe Léon Bralda - regard sur les photographies d’Alain Tigoulet et sur ce qu’écrit Laurent Bayart en marge d’elles - commentaires en marge des citations de Miguel Ángel Real et des traductions d’Annick Le Scoëzec - brève introduction des citations de Silvaine Arabo, aphorismes).</span></p><p style="font-family: -apple-system-font;"><span style="font-family: verdana, geneva, sans-serif; font-size: 10pt;"><span style="text-decoration: underline;">Liens</span> : note qui suit, Lignes de crête, recueil de Michel Diaz et page de l’édition Alcyone sur ce livre - Miguel Ángel Real, page de Recours au poème et page d’un site en espagnol - Annick Le Scoëzec, page sur une création théâtrale et entretien avec Silvaine Arabo - art, trois liens (Ève Eden, Alain Tigoulet, Lionel Balard). Et <span style="text-decoration: underline;">TAG</span> (vers notes précédentes) : Saraswati</span></p><p style="font-family: -apple-system-font;"><span style="font-family: verdana, geneva, sans-serif; font-size: 10pt;">………………………………………………………………………..</span></p><p style="font-family: -apple-system-font;"><span style="font-family: verdana, geneva, sans-serif; font-size: 10pt;"><span style="text-decoration: underline;">Michel Diaz</span> a écrit quatre amples suites en prose, deux sur la fin de l’hiver, deux sur le printemps. Suites est le terme qui m’est venu, car il y a quelque chose de musical dans ces pages fortement terriennes de marcheur. Regard d’aube, horizon traversé par le passage fugace d’oiseaux, silence à peine habité par un de leurs chants. Après l’aube, le gris du crépuscule. Goût pour l’entre-deux, frontière entre le jour et la nuit, où le regard est plus intense, et, pour qui sait contempler, capable de créer un instant pour "un lambeau d’extase provisoire".</span></p><p style="font-family: -apple-system-font;"><span style="font-family: verdana, geneva, sans-serif; font-size: 10pt;">Citations...</span></p><p style="font-family: -apple-system-font;"><span style="font-family: verdana, geneva, sans-serif; font-size: 10pt;">"ce que l’on écoute, c’est ce que nous révèle une urgence de l’âme dans l’instant mis à nu, et ce que l’on entend, c’est la nuit qui pose le pied sur son ombre invisible, une forme, couleur, présence, un fantôme échappé du fond de la pensée, comme on sait que de l’autre côté d’une porte le temps s’est arrêté, une porte qui bat sans fin dans les années, et derrière laquelle on sait qu’on nous écoute</span></p><p style="font-family: -apple-system-font;"><span style="font-family: verdana, geneva, sans-serif; font-size: 10pt;">et si nous restons là, un goût de sel au cœur, guettant son ineffable tremblement, c’est que nous requiert une flamme, une mince flamme opiniâtre et son espérance, pour vivre, de ce peu de lumière qui peut, jour après jour encore, augmenter la lueur intérieure de nos silences, en nourrir cette absurde tendresse et immense pitié pour ce qui se lève toujours d’eau bleue, cette promesse enguenillée accoudée aux fenêtres de l’aube"</span></p><p style="font-family: -apple-system-font;"><span style="font-family: verdana, geneva, sans-serif; font-size: 10pt;"><em>Fin d’hiver II</em></span></p><p style="font-family: -apple-system-font;"><span style="font-family: verdana, geneva, sans-serif; font-size: 10pt;">. et...</span></p><p style="font-family: -apple-system-font;"><span style="font-family: verdana, geneva, sans-serif; font-size: 10pt;">"il t’arrive, souvent, de t’asseoir au bord du chemin et de crayonner sur ton calepin ce que tu crois avoir compris de l’enfance du vent, d’épeler la vieillesse des pierres, de pousser ce soupir qui hausse le plafond du rêve, d’épouser pli à pli la vie jusqu’à sentir les jours pendre à tes cils et sonner leurs grelots, y entendre des voix plaintives monter lentement, lentement"</span></p><p style="font-family: -apple-system-font;"><em><span style="font-family: verdana, geneva, sans-serif; font-size: 10pt;">Printemps 1</span></em></p><p style="font-family: -apple-system-font;"><span style="font-family: verdana, geneva, sans-serif; font-size: 10pt;">De Michel Diaz j’avais justement lu, et aimé, son recueil, <em>Lignes de crête</em> (Alcyone, 2019). Magnifique ouvrage, que j’avais déjà l’intention de recenser, je le fais donc, note suivante car l’espace manque ici…</span></p><p style="font-family: -apple-system-font;"><span style="font-family: verdana, geneva, sans-serif; font-size: 10pt;">Dans les coups de cœur de Silvaine Arabo, j’ai remarqué la recension d’un autre livre de Michel Diaz, sur le personnage d’Ulysse, <em>Le verger abandonné</em>. Très intéressée et intriguée. Un fil rejoint ma lecture d’Audisio (notes précédentes)… (J’en parle un peu plus dans la note suivante).</span></p><p style="font-family: -apple-system-font;"><span style="font-family: verdana, geneva, sans-serif; font-size: 10pt;">…...</span></p><p style="font-family: -apple-system-font;"><span style="font-family: verdana, geneva, sans-serif; font-size: 10pt;">Mes deux poèmes, amples aussi, suivent ceux de Michel Diaz et précèdent une citation de Khalil Gibran puis une création d’Ève Eden, tous voisinages dont je suis heureuse. Deux textes sur l’été, ma saison préférée. <em>Ce qui illumine brûle</em>, et<em> La pluie est un lieu immuable</em>. L’été, mais aussi la mémoire et l’oubli. Et la traversée vers l’autre côté de la conscience.</span></p><p style="font-family: -apple-system-font;"><span style="font-family: verdana, geneva, sans-serif; font-size: 10pt;">"L’été est circulaire,</span></p><p style="font-family: -apple-system-font;"><span style="font-family: verdana, geneva, sans-serif; font-size: 10pt;"> nostalgique de l’ascension spiralée</span></p><p style="font-family: -apple-system-font;"><span style="font-family: verdana, geneva, sans-serif; font-size: 10pt;"> il la prépare en nous,</span></p><p style="font-family: -apple-system-font;"><span style="font-family: verdana, geneva, sans-serif; font-size: 10pt;"> la métamorphose en cercles incandescents.</span></p><p style="font-family: -apple-system-font;"><span style="font-family: verdana, geneva, sans-serif; font-size: 10pt;"> C’est loin d’être évanescence inventée."</span></p><p style="font-family: -apple-system-font;"><span style="font-family: verdana, geneva, sans-serif; font-size: 10pt;">(…)</span></p><p style="font-family: -apple-system-font;"><span style="font-family: verdana, geneva, sans-serif; font-size: 10pt;">"Les mains incendient l’énergétique alchimie,</span></p><p style="font-family: -apple-system-font;"><span style="font-family: verdana, geneva, sans-serif; font-size: 10pt;"> symbiose du corps kabbaliste.</span></p><p style="font-family: -apple-system-font;"><span style="font-family: verdana, geneva, sans-serif; font-size: 10pt;"> Et c’est ce volcan qui le peut, </span></p><p style="font-family: -apple-system-font;"><span style="font-family: verdana, geneva, sans-serif; font-size: 10pt;"> métaphorique été, </span></p><p style="font-family: -apple-system-font;"><span style="font-family: verdana, geneva, sans-serif; font-size: 10pt;"> fuego."</span></p><p style="font-family: -apple-system-font;"><em><span style="font-family: verdana, geneva, sans-serif; font-size: 10pt;">Ce qui illumine brûle</span></em></p><p style="font-family: -apple-system-font;"><span style="font-family: verdana, geneva, sans-serif; font-size: 10pt;">. et… </span></p><p style="font-family: -apple-system-font;"><span style="font-family: verdana, geneva, sans-serif; font-size: 10pt;">"Il pleut, et c’est dehors qu’il faut être.</span></p><p style="font-family: -apple-system-font;"><span style="font-family: verdana, geneva, sans-serif; font-size: 10pt;"> Déchirer le voile,</span></p><p style="font-family: -apple-system-font;"><span style="font-family: verdana, geneva, sans-serif; font-size: 10pt;"> tirer vers soi ce mur de nuages."</span></p><p style="font-family: -apple-system-font;"><em><span style="font-family: verdana, geneva, sans-serif; font-size: 10pt;"> La pluie est un lieu immuable</span></em></p><p style="font-family: -apple-system-font;"><span style="font-family: verdana, geneva, sans-serif; font-size: 10pt;"> <span style="text-decoration: underline;">MC San Juan</span></span></p><p style="font-family: -apple-system-font;"><span style="font-family: verdana, geneva, sans-serif; font-size: 10pt;">……</span></p><p style="font-family: -apple-system-font;"><span style="font-family: verdana, geneva, sans-serif; font-size: 10pt;">Je poursuis mon parcours par quelques <span style="text-decoration: underline;">citations</span>…</span></p><p style="font-family: -apple-system-font;"> </p><p style="font-family: -apple-system-font;"><span style="font-family: verdana, geneva, sans-serif; font-size: 10pt;">"on tresse chaque jour des liens</span></p><p style="font-family: -apple-system-font;"><span style="font-family: verdana, geneva, sans-serif; font-size: 10pt;"> avec des hôtes inattendus</span></p><p style="font-family: -apple-system-font;"><span style="font-family: verdana, geneva, sans-serif; font-size: 10pt;"> un soleil oublié rutilant de couleurs</span></p><p style="font-family: -apple-system-font;"><span style="font-family: verdana, geneva, sans-serif; font-size: 10pt;"> un violent orage d’été"</span></p><p style="font-family: -apple-system-font;"><span style="font-family: verdana, geneva, sans-serif; font-size: 10pt;"> <span style="text-decoration: underline;">Georges Cathalo</span>, <em>Quotidiennes des quatre saisons</em></span></p><p style="font-family: -apple-system-font;"><span style="font-family: verdana, geneva, sans-serif; font-size: 10pt;">De lui j’ai noté avec intérêt la recension d’un livre de <span style="text-decoration: underline;">Jean-Claude Tardif</span>, poète et éditeur (À L’Index, revue et plaquettes). Je connais bien son œuvre pour en avoir lu et recensé déjà plusieurs ouvrages, mais pas encore celui-ci, repéré, en attente. Plaquette publiée par Éditinter, <em>Noir</em>, suivi de <em>Métamorphose du corps noir</em>. Les textes de Jean-Claude Tardif accompagnent les peintures de <span style="text-decoration: underline;">Jean-Michel Marchetti</span>, où le noir domine. Je connais les créations du plasticien, pour sa présence dans les publications d'À L'Index et en avoir vu aussi chez AEncrages. Promesse d’une méditation sur l’absolu de la couleur, ou sa négation, qu’est le noir. Occasion de relire Michel Pastoureau, sur le Noir, nous dit Georges Cathalo.</span></p><p style="font-family: -apple-system-font;"><span style="font-family: verdana, geneva, sans-serif; font-size: 10pt;">…...</span></p><p style="font-family: -apple-system-font;"><span style="font-family: verdana, geneva, sans-serif; font-size: 10pt;">"Les feuilles dorent et les générations meurent.</span></p><p style="font-family: -apple-system-font;"><span style="font-family: verdana, geneva, sans-serif; font-size: 10pt;"> L’azur ne s’émeut pas. Tout lui indiffère.</span></p><p style="font-family: -apple-system-font;"><span style="font-family: verdana, geneva, sans-serif; font-size: 10pt;"> Il a vu défiler la houle des humains."</span></p><p style="font-family: -apple-system-font;"><span style="font-family: verdana, geneva, sans-serif; font-size: 10pt;"><span style="text-decoration: underline;">Parme Ceriset</span>, <em>Saisons d’hommes</em></span></p><p style="font-family: -apple-system-font;"><span style="font-family: verdana, geneva, sans-serif; font-size: 10pt;">……</span></p><p style="font-family: -apple-system-font;"><span style="font-family: verdana, geneva, sans-serif; font-size: 10pt;">"Les saisons sont comme les étoiles : elles dévoilent rarement leurs secrets. La nuit venue, dans ce village du sud de la France, de vieux sorciers chenus viennent frotter leurs barbes hirsutes sur les feuilles de vigne que la fraîcheur du matin froisse de son cristal."</span></p><p style="font-family: -apple-system-font;"><span style="font-family: verdana, geneva, sans-serif; font-size: 10pt;"><span style="text-decoration: underline;">Jean-Pierre Védrines</span>, <em>Les Saisons</em></span></p><p style="font-family: -apple-system-font;"><span style="font-family: verdana, geneva, sans-serif; font-size: 10pt;">……</span></p><p style="font-family: -apple-system-font;"><span style="font-family: verdana, geneva, sans-serif; font-size: 10pt;">"Je te prendrai ma terre</span></p><p style="font-family: -apple-system-font;"><span style="font-family: verdana, geneva, sans-serif; font-size: 10pt;"> mon éveillée tranquille</span></p><p style="font-family: -apple-system-font;"><span style="font-family: verdana, geneva, sans-serif; font-size: 10pt;"> mon échouée sereine</span></p><p style="font-family: -apple-system-font;"><span style="font-family: verdana, geneva, sans-serif; font-size: 10pt;"> ma renouée d’argile</span></p><p style="font-family: -apple-system-font;"><span style="font-family: verdana, geneva, sans-serif; font-size: 10pt;"> au cœur de pâquerette"</span></p><p style="font-family: -apple-system-font;"><span style="font-family: verdana, geneva, sans-serif; font-size: 10pt;"><span style="text-decoration: underline;">Arlette Chaumorcel</span>, <em>Chant de la terre rouge</em></span></p><p style="font-family: -apple-system-font;"><span style="font-family: verdana, geneva, sans-serif; font-size: 10pt;">……</span></p><p style="font-family: -apple-system-font;"><span style="font-family: verdana, geneva, sans-serif; font-size: 10pt;">"Lilas citadelle</span></p><p style="font-family: -apple-system-font;"><span style="font-family: verdana, geneva, sans-serif; font-size: 10pt;"> de bucolique candeur</span></p><p style="font-family: -apple-system-font;"><span style="font-family: verdana, geneva, sans-serif; font-size: 10pt;"> te voilà drapé"</span></p><p style="font-family: -apple-system-font;"><span style="font-family: verdana, geneva, sans-serif; font-size: 10pt;"><span style="text-decoration: underline;">Georges Friedenkraft</span>, <em>Printemps</em> (haïku)</span></p><p style="font-family: -apple-system-font;"><span style="font-family: verdana, geneva, sans-serif; font-size: 10pt;">……</span></p><p style="font-family: -apple-system-font;"><span style="font-family: verdana, geneva, sans-serif; font-size: 10pt;">"pétales de dahlias en flamme</span></p><p style="font-family: -apple-system-font;"><span style="font-family: verdana, geneva, sans-serif; font-size: 10pt;"> rouge et jaune d’été</span></p><p style="font-family: -apple-system-font;"><span style="font-family: verdana, geneva, sans-serif; font-size: 10pt;"> feu </span></p><p style="font-family: -apple-system-font;"><span style="font-family: verdana, geneva, sans-serif; font-size: 10pt;"> leur feu"</span></p><p style="font-family: -apple-system-font;"><span style="text-decoration: underline;"><span style="font-family: verdana, geneva, sans-serif; font-size: 10pt;">Maria Quintreau</span></span></p><p style="font-family: -apple-system-font;"><span style="font-family: verdana, geneva, sans-serif; font-size: 10pt;">……</span></p><p style="font-family: -apple-system-font;"><span style="font-family: verdana, geneva, sans-serif; font-size: 10pt;">"L’hiver éreintait les chemins et cernait la ferme dans un brouillard presque solide. Dans les aléas d’une levée de brume surgissaient les fantômes."</span></p><p style="font-family: -apple-system-font;"><span style="font-family: verdana, geneva, sans-serif; font-size: 10pt;"><span style="text-decoration: underline;">Daniel Rivel</span>, <em>Hiver au Violet
MCSJuan
http://tramesnomades.hautetfort.com/about.html
POÉSIE. La Beauté Eurydice, Sept Chants de Georges de Rivas
tag:tramesnomades.hautetfort.com,2020-05-23:6240619
2020-05-23T01:59:00+02:00
2020-05-23T01:59:00+02:00
En exergue, Tolstoï, sur la beauté et l’amour. Le livre, La Beauté...
<div><img id="media-6137018" style="float: left; margin: 0.2em 1.4em 0.7em 0;" title="" src="http://tramesnomades.hautetfort.com/media/01/02/2780708223.jpg" alt="1 RIVAS.jpg" />En exergue, Tolstoï, sur la beauté et l’amour. </div><div>Le livre, <span style="text-decoration: underline;"><em>La Beauté Eurydice</em></span>, commence par deux "Chants" d’Orphée, grands poèmes en vers, quatre pages l’un, trois l’autre. Et ce n’est qu’à la fin de l’ouvrage qu’on retrouve de nouveau quatre poèmes en vers. À part un texte demandé par Eurydice dans le dialogue, et intégré au centre du livre, "La Rose circumpolaire", pp 47-48. Tout le reste du livre est un dialogue entre Orphée et Eurydice. Pas en répliques comme au théâtre, non, sortes de stances en prose. Mais la structure du livre est organisée en sept parties, dites Chants, qui regroupent dialogues et poèmes. </div><div>Large souffle. Pas étonnant que <span style="text-decoration: underline;">Georges de Rivas</span> aime Saint-John Perse et Victor Hugo (deux des neuf auteurs étudiés dans un essai publié en 2014, <em>La Poésie au péril de l’Oubli</em>).</div><div>J’ai pensé "ample souffle" en lisant les premières pages, et retrouvé cette expression dans un titre et un texte. Car le poète qui écrit est aussi celui qui a conscience de ce qu’est son art, de ce qu’il conçoit comme essence formelle et signifiante de "sa" poésie, de "la" poésie, cet élan du chant.</div><div> </div><div>Dès le premier poème on est dans l’univers de l’alchimie dont on retrouve des éléments symboliques. Étrangement c’est l’absence qui est l’athanor. Comme si dans la nuit intérieure un processus de transformation créait la possibilité de la parole poétique et de la rencontre de la "voix". On est aussi dans le monde de la lecture des signes, celui du mystère qui est à dévoiler et concerne le coeur et l’âme ("l’âme infinie", "l’Âme du monde"), sur une "route pavée d’oracles". Genre assumé de l’oaristys (poème antique du dialogue amoureux).</div><div>Naissance du poète à lui-même. </div><div> </div><div>"Lumière qui veillait sur mon âme au séjour stellaire</div><div> et déposa sur mon coeur les sept sceaux sacrés du Voyant ?"</div><div> </div><div>Sept. Comme les sept parties du livre, les sept Chants de la structure (et les sept poèmes en vers). Ainsi on peut considérer que les sept Chants sont les "sceaux sacrés". Les mots dessinent les formes qui aident à déchiffrer le langage du monde et de l’esprit. Pourquoi sept ? Nombre sacré, le sept a une valeur universelle, mais il correspond plus précisément à sept phases du processus alchimique, un cycle complet dans la symbolique des mystères. Sept parties pour atteindre le "royaume du Brasier ardent", et que les amants soient "Vêtus d’étincelante et seule tunique d’or".</div><div> </div><div>Aboutissement lumineux (forme et sens). </div><div> </div><div>Dans le premier chant Orphée a perdu son Eurydice, celle dont il rêve, les noces sont un passé dont il ne reste qu’une trace amnésique.</div><div>Eurydice est toutes les femmes contées et toutes celles qui content. De l’antique Grèce, elle est passée, pour l’auteur, par les villes andalouses et s’est revêtue d’imaginaires "mantilles". </div><div>Orphée ne voit plus.</div><div>"Orphée aveugle dans la nuit obscure où palpite un chœur d’augures"</div><div> </div><div>Mais, deuxième partie, Orphée est "aveugle devenu voyant", à la recherche d’une Eurydice "Femme essentielle". Il la cherche dans son "pays d’outre-lumière", vêtue de "songe sidéral".</div><div>"Or je t’appelle encore au-delà de la nuit du corps et de l’âme"</div><div> </div><div>Le dialogue commence, et Eurydice définit le poète dont Orphée est le prince mythique. Définition qui donne le premier rôle au sensible, à la capacité de capter et rendre les traces mouvantes du vivant, des émotions, des troubles, et des jaillissements d’être, aussi infimes soient-ils. </div><div>Le poète est "sismographe des tremblements de l’être et de toutes choses vibrantes sur la terre".</div><div>Celui qui répond est l’Orphée devin, médium, dont Eurydice pourrait être la messagère d’au-delà du réel matériel concret. Il l’interroge ("qu’as-tu vu que nous n’ayons jamais vu parmi les hautes sphères ?"). Que peut-elle dire de ces lieux d’après la mort ? Justement, elle peut parler du domaine de la mort. </div><div>Autre définition de la poésie, là.</div><div>Car c’est, à travers la femme médiatrice, l’accès au non-su des hommes, l’art des mots qui peut percer le mur des ignorances, traverser la frontière des mondes terrestre et des "hautes sphères" aux dimensions "d’éternité". L’esprit du poète est aussi l’Eurydice voyageuse.</div><div>Dans sa réponse elle parle donc de mort. Cendres, et entités sombres qui errent dans leur espace ténébreux. Mais elle a vu aussi les êtres de la divination, le "peuple des elfes". Tous attendant le "retour visionnaire d’Orphée". Et elle a vu <span style="text-decoration: underline;">Hölderlin</span> et <span style="text-decoration: underline;">Rimbaud</span> "veillant sur l’alphabet divin", "ayant trouvé la langue sacrée où se révèlent toutes choses au monde".</div><div>Cette langue que la poésie tente de créer… et dont Rimbaud, au "coeur de Voyant", a eu l’intuition divinatoire avec "la merveille des Voyelles". Cela c’est Orphée-de Rivas qui le dit. </div><div> </div><div>Eurydice oppose la mort personnifiée, "aux orbites vides" au "corps de lumière" d’enfants de la terre. Ce n’est plus l’au-delà qui serait le lieu d’un espoir, mais au contraire celui bien terrestre des êtres vivants, incarnés. Le corps de lumière peut être compris comme celui de l’âme, de l’aura des corps vibrants, de l’énergie, source sacrée.</div><div> </div><div>Ce livre, si poétique, publié en 2019, a dû naître, peut-être, dans l’élan du poète, quand il écrivait son essai, où Rimbaud est bien sûr présent, comme Char. Car c’est à la fois une méditation sur l’amour et une méditation sur la poésie comme connaissance et accès à la dimension la plus haute de l’être et de l’absolu. </div><div> </div><div>Orphée est aussi Eurydice ("part divine de mon âme", dit-il). Mais elle figure cependant l’autre féminin, l’aimée, incarnée avec lui, "âmes jumelles" dans un "âge de fer" où la terre est "nouvel enfer", "vallée de larmes". Même si Orphée a "mission d’œuvrer au sort de la terre". Le poète est donc incarné, présent au monde réel. Ce dont il parle n’est pas un engagement de lutteur mais d’accoucheur de lumière. Refus d’un monde de "l’anathème contre l’Esprit".</div><div>Orphée rêve d’un "lieu sacré" où unir leurs âmes à "la grande Âme du monde" (qu’Eurydice lui dira être). C’est un rêve d’unité spirituelle avec le Tout, ce Un des mystiques. </div><div> </div><div>L’Eurydice lumineuse du poème n’est pas prisonnière d’un enfer effrayant, elle craint plutôt la terre, et espère le retour d’Orphée dans son monde haut. La terre qui est vue est un univers inquiétant, pensé avec pessimisme.</div><div>Orphée regarde avec tristesse le monde et la nature, les animaux mis en danger par les erreurs humaines. </div><div>"Et qui entend ce cri du tigre royal à l’agonie ?"</div><div> </div><div>Pour Eurydice l’homme ne sait plus la langue de l’âme. </div><div>Orphée-de Rivas rêve d’un chant mêlé d’Espagne métisse et de Grèce mythique. Il recrée le "souffle inépuisable", cet "Infini... de lumière" où la poésie transcende quand même "la nuit du monde fini". Peine d’Eurydice pour l’humain dont "l’âme est enclose dans ses enveloppes". Corps lourd et psychisme encombré d’émotions négatives ? </div><div> </div><div>Je mentionnais l’alchimie au sujet des premières pages. On retrouve ceci, quand Eurydice parle de "l'eau des ténèbres" bue par Orphée, "l’eau lugubre du Styx". Ce peut être le plomb de l’alchimiste, l’ombre des douleurs dont se nourrit aussi le regard du poète. Orphée voit un avenir apocalyptique, "une terrible nuit de ténèbres", "nuit fermée par un anneau de cendres et de plomb et rivière de sang mêlé des hommes et des bêtes"… Le plomb… </div><div>Mais "Le Phénix renaît toujours de ses cendres", dit Eurydice, qui croit au pouvoir du Verbe originel. Orphée, malgré son pessimisme, sait qu’en Eurydice il y a la trace de la sagesse des Dévas, de la source de la parole associant l’Inde et la Grèce. Il espère une "neige des roses de feu". Donc une transmutation en lui et dans le monde car "le dernier mot restera à l’Azur". Et Eurydice est la messagère de l’espoir, elle qui parle de "feu sacré" et les voit tous deux comme "étoiles du silence primordial". Les "deux oiseaux morts" qu’elle a vu ressusciter "dans la lumière d’or" (alchimie encore, et symbolique énergétique et spirituelle de la lumière), ces oiseaux les représentent eux-mêmes, sortant de l’ombre pour se retrouver "dans l’aurore allumée par leurs ailes de feu" par l’effet du "nectar de poésie".</div><div> </div><div>Qu’est Eurydice, mythe orphique ? Elle s’affirme être "plus que la muse du poète", "le silence qui habite l’âme du prophète". Mais elle est aussi la femme symbole de toutes, figure de l’amour et messagère de sens et d’éternité. Elle annonce l’accès possible au sens pour l’être humain qui accepte d’être le Voyant à la manière de Rimbaud… </div><div> </div><div>recension © MC San Juan</div><div> </div><div><span style="text-decoration: underline;"><strong>LIENS</strong></span>...</div><div> </div><div><span style="text-decoration: underline;"><img id="media-6137019" style="float: left; margin: 0.2em 1.4em 0.7em 0;" title="" src="http://tramesnomades.hautetfort.com/media/01/00/3438946950.jpg" alt="2 Rivas.jpg" />La Beauté Eurydice</span>, <span style="text-decoration: underline;">poésie</span>, 2019, <span style="text-decoration: underline;">éds. Alcyon</span>e...</div><div><a class="" href="http://www.editionsalcyone.fr/441754064" target="_blank" rel="nofollow noopener"><span style="font-size: small;">http://www.editionsalcyone.fr/441754064</span></a></div><div> </div><div><span style="text-decoration: underline;">La Poésie au péril de l’Oubli</span>, <span style="text-decoration: underline;">essai</span>, 2014, <span style="text-decoration: underline;">L’Harmattan</span>...</div><div><span style="font-size: small;"><a class="" href="https://www.editions-harmattan.fr/index.asp?navig=catalogue&obj=livre&no=44044&razSqlClone=1" target="_blank" rel="nofollow noopener">https://www.editions-harmattan.fr/index.asp?navig=catalogue&obj=livre&no=44044&razSqlClone=1</a></span></div>