Last posts on aimos2024-03-28T09:36:19+01:00All Rights Reserved blogSpirithttps://www.hautetfort.com/https://www.hautetfort.com/explore/posts/tag/aimos/atom.xmlBruno Lagrangehttp://leblogdebrunolagrange.hautetfort.com/about.htmlLa Belle Equipe, de Duviviertag:leblogdebrunolagrange.hautetfort.com,2017-11-13:59066012017-11-13T08:36:00+01:002017-11-13T08:36:00+01:00 Film pessimiste sur la classe ouvrière La Belle Equipe Trois...
<p align="center"><em><u><span style="font-size: 12.0pt; font-family: 'Arial','sans-serif';">Film pessimiste sur la classe ouvrière</span></u></em></p><p align="center"><strong><span style="font-size: 18.0pt; font-family: 'Arial','sans-serif';">La Belle Equipe</span></strong></p><p style="text-align: justify;"><strong><em><span style="font-family: 'Arial','sans-serif';"><span style="font-size: 12pt;">Trois chômeurs, Gabin en tête, ouvrent une guinguette qu’ils</span></span></em></strong><span style="font-size: 12pt;"><strong><span style="font-family: 'Arial','sans-serif';"> <em>gèrent sous forme de coopérative. Ils réalisent le vieux rêve de nombre d’ouvriers d’être leurs propres patrons. Sans être une œuvre engagée, </em>La Belle Equipe<em> permet de saisir l’esprit du Front populaire. On y retrouve le pessimisme de son réalisateur, Julien Duvivier.</em></span></strong></span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: 'Arial','sans-serif'; font-size: 12pt;"> A l’automne 1935, <em>La Bandera</em>, de Julien Duvivier, sortit dans les salles parisiennes. Pour la première fois, le nom de Jean Gabin, et son nom seul, figurait en haut de l’affiche. Le film eut un succès tel, qu’en quelques semaines Gabin devint l’acteur le plus populaire du cinéma français. Désormais, sa seule présence en tête d’un générique allait suffire à rassurer les producteurs hésitants.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 12pt;"><span style="font-family: 'Arial','sans-serif';"> <a href="http://leblogdebrunolagrange.hautetfort.com/media/01/01/2212632893.jpg" target="_blank" rel="noopener noreferrer"><img id="media-5718948" style="float: left; margin: 0.2em 1.4em 0.7em 0;" title="" src="http://leblogdebrunolagrange.hautetfort.com/media/01/01/1274665806.jpg" alt="la belle equipe,duvivier,gabin,vanel,viviane romance,aimos,charpin" /></a> </span><span style="font-family: 'Arial','sans-serif';">C’est dans ce contexte que Duvivier et son scénariste Charles Spaak eurent l’idée de <em>La Belle Equipe</em>, dont ils écrivirent le scénario : trois camarades, ouvriers en chômage, achètent un billet de la Loterie nationale (qui a été instituée récemment) et gagnent le gros lot ; plutôt que de répartir le gain en trois parts, ils décident de s’unir et de mettre la totalité de l’argent dans une entreprise commune. Ils achètent une maison délabrée au bord de la Marne, la restaurent et la transforment en guinguette. En bons camarades, ils gèrent l’établissement sous forme de coopérative, sans qu’il y ait de hiérarchie entre eux. Ils réalisent ainsi le vieux rêve de nombre d’ouvriers d’être leurs propres patrons. Au début, ils débordent d’enthousiasme, tant la fortune semble leur sourire. Mais, au fur et à mesure que les difficultés apparaissent, la solidarité est mise à l’épreuve ; d’autant plus que l’ancienne femme de l’un d’eux s’invite à la guinguette, bien décidée à s’incruster dans le groupe. Elle use de son charme pour briser la fragile harmonie qui règne au sein de la « belle équipe ».</span></span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: 'Arial','sans-serif'; font-size: 12pt;"> Ainsi que le raconte André Brunelin dans sa biographie de Gabin, Duvivier soumit son scénario à l’acteur qui aussitôt s’emballa pour le projet. Gabin était lui-même d’origine prolétaire et avait été ouvrier en chômage, si bien qu’il se sentait fait pour le rôle principal (si l’on peut parler de rôle principal, sachant que les trois camarades sont censés être sur un pied d’égalité).</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: 'Arial','sans-serif'; font-size: 12pt;"> Une fois Gabin ayant donné son accord, on pouvait supposer que le producteur suivrait sans hésiter, mais il n’en fut rien. Celui-ci traînait les pieds ; car, en tant que producteur, il était aussi patron, et, à ce titre, il ne voyait pas d’un bon œil cette histoire socialisante d’ouvriers s’unissant en coopérative pour échapper à la mainmise de la bourgeoisie. Gabin accepta alors un sacrifice financier qui contribua à lever les réticences du producteur.</span></p><p style="text-align: center;" align="center"><span style="font-size: 12pt;"><strong><span style="font-family: 'Arial','sans-serif';">Mécontent du résultat,</span></strong></span></p><p style="text-align: center;" align="center"><span style="font-size: 12pt;"><strong><span style="font-family: 'Arial','sans-serif';">le producteur exigea que la fin du film fût modifiée</span></strong></span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: 'Arial','sans-serif'; font-size: 12pt;"> Le tournage eut lieu au printemps de 1936, au moment même où le Front populaire emportait la victoire aux élections générales. Mais, contrairement à ce que l’on pourrait croire, <em>La Belle Equipe </em>n’est en rien un film engagé. On n’y trouve aucun message à caractère politique ; il ne contient aucun appel aux masses, ni la moindre allusion à l’actualité (tout au moins à l’actualité politique française). Cependant ce film reflète le climat social de l’époque et les espérances de la classe ouvrière, qui croit aux lendemains qui chantent, tout au moins au début ; car ensuite les choses se gâtent. Au fur et à mesure que l’intrigue progresse, la solidarité s’avère carrément impossible, chacun retombant dans son égoïsme naturel. Ce film est foncièrement pessimiste, à l’image de son réalisateur qui l’était de caractère. </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: 'Arial','sans-serif'; font-size: 12pt;"> Duvivier avait donné à son histoire un dénouement dramatique qui déplut fortement au producteur. Celui-ci, après avoir visionné le film, fit part de son mécontentement et exigea de Duvivier qu’il substituât une fin heureuse à la fin dramatique qu’il avait tournée. Assez bizarrement, ledit producteur, qui initialement voyait d’un mauvais œil cette histoire de coopérative ouvrière, voulait maintenant la voir couronnée de succès, du moins dans la fiction. Duvivier modifia donc les dernières minutes du film, et c’est la version « optimiste » qui sortit dans la plupart des salles.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: 'Arial','sans-serif'; font-size: 12pt;"> Malgré la présence de Gabin en haut de l’affiche, le film fut un échec. Seule la chanson <em>Au bord de l’eau</em>, composée par Maurice Yvain et chantée par l’acteur, eut du succès.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: 'Arial','sans-serif'; font-size: 12pt;"> Au début des années 1990, Patrick Brion, grand admirateur de l’œuvre de Duvivier, diffusa les deux versions de <em>La Belle Equipe</em> dans son émission <em>Le Cinéma de minuit</em>, sur FR3. Patrick Brion avait réussi à mettre la main sur une copie du film, sortie en Allemagne, contenant la fin dramatique prévue à l’origine. Depuis le film a été restauré par Pathé dans la version voulue par le réalisateur.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: 'Arial','sans-serif'; font-size: 12pt;"> Par sa personnalité, Jean Gabin domine nettement l’interprétation masculine ; dans le film, on le voit piquer l’une de ses premières colères (ces fameuses colères allaient devenir, avec les années, sa marque de fabrique et finirent par indisposer certains critiques, qui y voyaient du cabotinage). Charles Vanel, alors âgé de quarante-trois ans (soit douze de plus que Gabin), fait figure de vieux au sein du groupe. Quant à Viviane Romance, elle est pleine de sensualité dans son rôle de garce qui fait chuter Gabin.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: 'Arial','sans-serif'; font-size: 12pt;"> Aujourd’hui <em>La Belle Equipe </em>apparaît comme le film permettant le mieux de saisir l’esprit du Front populaire. Sa valeur, tant historique que cinématographique, est considérable.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: 'Arial','sans-serif'; font-size: 12pt;"> </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 12pt;"><em><span style="font-family: 'Arial','sans-serif';">La Belle Equipe,</span></em><span style="font-family: 'Arial','sans-serif';"> de Julien Duvivier, 1936, avec Jean Gabin, Charles Vanel, Viviane Romance, Aimos et Charpin, DVD Pathé.</span></span></p>