Last posts on politiste2024-03-29T10:14:12+01:00All Rights Reserved blogSpirithttps://www.hautetfort.com/https://www.hautetfort.com/explore/posts/tag/politiste/atom.xmlfredlautrehttp://lantidote.hautetfort.com/about.htmlC’EST QUOI, UN « GRAND RÉCIT » ?tag:lantidote.hautetfort.com,2017-02-16:59110712017-02-16T09:00:00+01:002017-02-16T09:00:00+01:00 2/2 Bon, maintenant on dira que l’impossibilité de voir émerger un...
<p style="text-align: justify;" align="center"><span style="font-size: 14.0pt; font-family: 'Arial','sans-serif';">2/2</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 14.0pt; font-family: 'Arial','sans-serif';">Bon, maintenant on dira que l’impossibilité de voir émerger un quelconque « </span><em><span style="font-size: 14.0pt; font-family: 'Book Antiqua','serif';">Grand Récit</span></em><span style="font-size: 14.0pt; font-family: 'Arial','sans-serif';"> », capable de redonner aux Français le désir de se projeter collectivement dans l’avenir n’est pas due seulement à la façon soi-disant neutre de raconter l’histoire aux enfants et aux jeunes. J’abonde évidemment. Parmi les autres causes, on citera par exemple la fragmentation du corps social opérée, entre autres, par le surgissement des revendications particulières de toutes sortes de « </span><em><span style="font-size: 14.0pt; font-family: 'Book Antiqua','serif';">minorités </span></em><span style="font-size: 14.0pt; font-family: 'Arial','sans-serif';">», religieuses, ethniques, générationnelles, sexuelles, sans commune mesure avec l’importance numérique de ces groupes. </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 14.0pt; font-family: 'Arial','sans-serif';">Comment garderait-on intacts les facteurs d’unification, quand l’époque est dominée par les facteurs de division ? Or la moindre des choses, pour qu’un « </span><em><span style="font-size: 14.0pt; font-family: 'Book Antiqua','serif';">Grand Récit</span></em><span style="font-size: 14.0pt; font-family: 'Arial','sans-serif';"> » soit clair et convaincant, c’est de présenter une histoire simple et homogène de forme et de contenu. On comprend donc qu’il soit au-dessus des forces des plus puissants « </span><em><span style="font-size: 14.0pt; font-family: 'Book Antiqua','serif';">storytellers </span></em><span style="font-size: 14.0pt; font-family: 'Arial','sans-serif';">» actuels de proposer quelque chose de simple, à la fois assez vague pour que chacun puisse s’identifier, et assez captivant pour entraîner l’adhésion. </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 14.0pt; font-family: 'Arial','sans-serif';">On pourra parler aussi du processus de « </span><em><span style="font-size: 14.0pt; font-family: 'Book Antiqua','serif';">globalisation </span></em><span style="font-size: 14.0pt; font-family: 'Arial','sans-serif';">», qui a vu les facteurs économiques prendre le pouvoir à l’intérieur des nations et dans les échanges entre elles. Il en découle un monde où le mot d’ordre unique et péremptoire s’appelle « </span><em><span style="font-size: 14.0pt; font-family: 'Book Antiqua','serif';">compétition </span></em><span style="font-size: 14.0pt; font-family: 'Arial','sans-serif';">», et où toute substance, matérielle ou symbolique, est vouée à devenir une marchandise. </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 14.0pt; font-family: 'Arial','sans-serif';">Or, entrer en compétition, en même temps que cela réduit les buts de l'existence à l'acquisition de produits, a pour effet de raccourcir drastiquement le temps dont on dispose, de rapprocher l’horizon et d'instaurer l’état d’urgence à perpète. On a une illustration politique criante de cet état de faits avec l’enfer électoral permanent où sont plongés des responsables, avant même toute préoccupation noble, obsédés de leur réélection, puisqu’ils y sont condamnés au « </span><em><span style="font-size: 14.0pt; font-family: 'Book Antiqua','serif';">court-termisme</span></em><span style="font-size: 14.0pt; font-family: 'Arial','sans-serif';"> », qui leur interdit d’élaborer des projets capables de nourrir un « </span><em><span style="font-size: 14.0pt; font-family: 'Book Antiqua','serif';">Grand Récit</span></em><span style="font-size: 14.0pt; font-family: 'Arial','sans-serif';"> ». </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 14.0pt; font-family: 'Arial','sans-serif';">Eh oui, pour cela, il faut du temps. Dans l’urgence, on colmate : pas le temps de raconter des histoires. L'urgence empêche de réfléchir, et peut-être de penser. Et cela d'autant plus que l'urgence est devenue un rythme de croisière pour la marche du monde. Plus l'urgence presse l'humanité, moins l'humanité est en mesure de maîtriser son destin.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 14.0pt; font-family: 'Arial','sans-serif';">Car l’état d’urgence dans lequel la primauté des rapports de forces a plongé le monde se traduit par la multiplication des foyers d’incendie et l'explosion des casernes de pompiers des innombrables ONG et associations humanitaires. Ah, l'humanitaire !... En fait, l'humanitaire ne devrait pas être considéré comme une preuve attendrissante de la persistance de la bonté intrinsèque du cœur humain, mais comme un pressentiment de la course à l'abîme. Comme le thermomètre qui mesure la température de la fièvre qui a saisi le monde : plus il y a d'humanitaire, plus ça veut dire que ça va mal. </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 14.0pt; font-family: 'Arial','sans-serif';">Voir par exemple les crises migratoires qui placent les Etats plutôt favorisés (et d'autres) dans l’obligation de réagir immédiatement (navires dédiés, camps de réfugiés, etc.). Voir les nombreux conflits africains, les régimes intolérables (Erythrée, …) et les conditions de vie, qui chassent de chez elles des populations nombreuses. Et ne parlons pas de Calais. Les ONG ne cessent de mettre en avant (elles n'ont pas tort) l'urgence des situations : dans le dilemme "faut-il intervenir ou laisser mourir", on n'a pas beaucoup le choix. Les gouvernements courent derrière. Quant au « <span style="font-family: 'book antiqua', palatino, serif;"><em>Grand Récit</em> </span>», il est resté en rade.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 14.0pt; font-family: 'Arial','sans-serif';">Où que l’on regarde, on voit mal dans quel interstice de cette réalité un « </span><em><span style="font-size: 14.0pt; font-family: 'Book Antiqua','serif';">Grand Récit</span></em><span style="font-size: 14.0pt; font-family: 'Arial','sans-serif';"> » pourrait s’insinuer. Les dirigeants russes veulent restaurer l’ancienne grandeur de l’empire, qu’il soit des tsars ou des soviets. Les Chinois veulent rendre à l’ « </span><em><span style="font-size: 14.0pt; font-family: 'Book Antiqua','serif';">Empire du Milieu</span></em><span style="font-size: 14.0pt; font-family: 'Arial','sans-serif';"> » la splendeur un temps confisquée par l’Occident. Les Américains ont un seul projet : « </span><em><span style="font-size: 14.0pt; font-family: 'Book Antiqua','serif';">make America great again </span></em><span style="font-size: 14.0pt; font-family: 'Arial','sans-serif';">». Voilà les seuls « <span style="font-family: 'book antiqua', palatino, serif;"><em>Grands Récits </em></span>» qui mènent le monde aujourd’hui. La Chine se renforce, la Russie avance ses pions, l'Amérique de Trump, assise sur son passé, confond mirage et réalité. Voilà, c'est tout. Pas grand-chose. Tous les autres n’ont qu’un seul souci : préserver ce qu’on pourra des positions acquises dans la grande compétition internationale.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 14.0pt; font-family: 'Arial','sans-serif';">Ah non, pardon, j’en oublie un, et de taille. Car il y a au moins un « </span><em><span style="font-size: 14.0pt; font-family: 'Book Antiqua','serif';">Grand Récit</span></em><span style="font-size: 14.0pt; font-family: 'Arial','sans-serif';"> » qui a le vent en poupe aujourd’hui : l’islam. La communauté des musulmans (« </span><em><span style="font-size: 14.0pt; font-family: 'Book Antiqua','serif';">oumma </span></em><span style="font-size: 14.0pt; font-family: 'Arial','sans-serif';">») est en effet la seule à raconter une histoire qui soit à même de rameuter les énergies en vue de mener à bien un Grand Projet : la conquête du monde, rien de moins. </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 14.0pt; font-family: 'Arial','sans-serif';">Le djihadisme n’est en effet que la forme exacerbée de cette volonté de conquête : toute la communauté musulmane mondiale (Lellouche et Chevènement se posaient la question l'autre jour chez Finkielkraut : 1,2 ou 1,6 milliards ?), y compris et surtout la plus pacifique, est en train de s’implanter tranquillement dans les terres autrefois chrétiennes, dès lors que les « </span><em><span style="font-size: 14.0pt; font-family: 'Book Antiqua','serif';">Grands Récits</span></em><span style="font-size: 14.0pt; font-family: 'Arial','sans-serif';"> » (le chrétien, puis le républicain) ont cessé d’opérer et d’animer des consciences ferventes. Ainsi seront bientôt lavées les hontes de Poitiers 732 (Charles Martel, "maire du palais") et de Vienne 1683 (Jean III Sobieski, roi de Pologne).</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 14.0pt; font-family: 'Arial','sans-serif';">Il est frappant en effet de constater, en l’état actuel des choses, qu’une seule force agissante et efficace s’est élevée pour empêcher la civilisation de la primauté de la technique et de la marchandise d’envahir l’âme des individus : c’est l’islam. Oh oui, ils se tapent sur la gueule entre sunnites et chiites, mais posons-nous la question : comment se fait-il qu’une question qui concerne exclusivement les musulmans ait pu acquérir droit de cité avec tant de clarté et de confusion au sein de sociétés qui n’en avaient rigoureusement rien à foutre ? Et que les musulmans fassent semblant de n'être pas intéressés par le commerce des marchandises (un comble !) ne change rien aux données du problème.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 14.0pt; font-family: 'Arial','sans-serif';">Quel « <span style="font-family: 'book antiqua', palatino, serif;"><em>Grand Récit </em></span>» ont les sociétés européennes à opposer au déferlement qui vient ? Le christianisme ? Le catholicisme ? La République ? N’en déplaise à mon ami R., il faut arrêter de rêver et cesser de se complaire dans les illusions : l’Occident globalement marchand et matérialiste est, hormis quelques îlots de résistance, spirituellement démuni. Si l’existence consiste pour chacun en « </span><em><span style="font-size: 14.0pt; font-family: 'Book Antiqua','serif';">épanouissement personnel</span></em><span style="font-size: 14.0pt; font-family: 'Arial','sans-serif';"> », en « <span style="font-family: 'book antiqua', palatino, serif;"><em>acquisition des signes de la jouissance</em> </span>» et en « </span><em><span style="font-size: 14.0pt; font-family: 'Book Antiqua','serif';">réalisation de soi</span></em><span style="font-size: 14.0pt; font-family: 'Arial','sans-serif';"> », l’Occident est, purement et simplement, foutu. Et sans doute le monde avec lui.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 14.0pt; font-family: 'Arial','sans-serif';">Allons, messieurs les politistes, politologues, éditorialistes, journalistes et autres commentateurs de la chose publique, cessez de jouer les Vestales, de faire croire que la flamme brûle et brille, et de tenter de ressusciter les cadavres. Dites enfin la vérité. Avouez que le « <span style="font-family: 'book antiqua', palatino, serif;"><em>Grand Récit</em> </span>» est définitivement mort, sous les coups de la technique et de la marchandisation de tout. Arrêtez de faire semblant et de nous bourrer le mou. </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 14.0pt; font-family: 'Arial','sans-serif';">Ne faites plus semblant : ouvrez les yeux, et puis ouvrez la bouche, non plus pour tenir le crachoir, mais pour dire cette fois ce qu'il en est. </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 14.0pt; font-family: 'Arial','sans-serif';">Voilà ce que je dis, moi.</span></p>
fredlautrehttp://lantidote.hautetfort.com/about.htmlC’EST QUOI, UN « GRAND RÉCIT » ?tag:lantidote.hautetfort.com,2017-02-15:59110702017-02-15T09:00:00+01:002017-02-15T09:00:00+01:00 1/2 Il est devenu de bon ton, chez les politistes, politologues,...
<p style="text-align: justify;" align="center"><span style="font-size: 14.0pt; font-family: 'Arial','sans-serif';">1/2</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 14.0pt; font-family: 'Arial','sans-serif';">Il est devenu de bon ton, chez les politistes, politologues, éditorialistes, journalistes et autres commentateurs, de sommer les hommes politiques de proposer aux Français un « </span><em><span style="font-size: 14.0pt; font-family: 'Book Antiqua','serif';">Grand Récit</span></em><span style="font-size: 14.0pt; font-family: 'Arial','sans-serif';"> », expression qui ne signifie rien d'autre que leur capacité à leur laisser entrevoir un projet collectif et un objectif à atteindre qui permette de mobiliser et de souder les énergies. De toutes ces bouches savantes, sur le même sujet, tombent d'autres formules stylistiquement aussi choisies et délectables que « </span><em><span style="font-size: 14.0pt; font-family: 'Book Antiqua','serif';">vision permettant une reprise en main de l’avenir</span></em><span style="font-size: 14.0pt; font-family: 'Arial','sans-serif';"> », ou « </span><em><span style="font-size: 14.0pt; font-family: 'Book Antiqua','serif';">horizon d’attente</span></em><span style="font-size: 14.0pt; font-family: 'Arial','sans-serif';"> ». </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 14.0pt; font-family: 'Arial','sans-serif';">J’aime à la folie les politistes et toute la cohorte des doctes qui s’érigent en « </span><em><span style="font-size: 14.0pt; font-family: 'Book Antiqua','serif';">conseillers </span></em><span style="font-size: 14.0pt; font-family: 'Arial','sans-serif';">» (peut-être dans l’espoir de le devenir officiellement contre due rétribution auprès d’un responsable). Comme dit le proverbe : « </span><em><span style="font-size: 14.0pt; font-family: 'Book Antiqua','serif';">Les conseilleurs ne sont pas les payeurs </span></em><span style="font-size: 14.0pt; font-family: 'Arial','sans-serif';">». Tous ces gens qui forment le chœur des pleureuses, en même temps que le distillat ultime de l’inutilité et de l'insignifiance, ne me font même pas rire, parce qu’<u>ils font semblant</u>.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 14.0pt; font-family: 'Arial','sans-serif';">Tous ces gens improductifs (mais parasites médiatiquement omniprésents) font en effet, pour ne pas tuer la poule qui les nourrit (les engraisse), comme s’ils ne savaient pas que le monde tel qu’il est a fini par rendre vain toute espèce de « </span><em><span style="font-size: 14.0pt; font-family: 'Book Antiqua','serif';">Grand Récit</span></em><span style="font-size: 14.0pt; font-family: 'Arial','sans-serif';"> » possible. Tout juste quelques funambules de la politique proposent-ils de temps en temps un « </span><em><span style="font-size: 14.0pt; font-family: 'Book Antiqua','serif';">petit récit </span></em><span style="font-size: 14.0pt; font-family: 'Arial','sans-serif';">» : Montebourg et sa « </span><em><span style="font-size: 14.0pt; font-family: 'Book Antiqua','serif';">démondialisation </span></em><span style="font-size: 14.0pt; font-family: 'Arial','sans-serif';">» (ça ne fait pas de mal), Le Pen et sa promesse de « </span><em><span style="font-size: 14.0pt; font-family: 'Book Antiqua','serif';">sortir de l’euro</span></em><span style="font-size: 14.0pt; font-family: 'Arial','sans-serif';"> » (ça fait mal, car ça frappe l'imagination) et, dernièrement, Hamon et sa désopilante boutade du « </span><em><span style="font-size: 14.0pt; font-family: 'Book Antiqua','serif';">revenu universel </span></em><span style="font-size: 14.0pt; font-family: 'Arial','sans-serif';">» (ça en fait rêver quelques-uns). Sûrement quelques autres encore, et sûrement d’une très belle eau.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 14.0pt; font-family: 'Arial','sans-serif';">Le « </span><em><span style="font-size: 14.0pt; font-family: 'Book Antiqua','serif';">Grand Récit</span></em><span style="font-size: 14.0pt; font-family: 'Arial','sans-serif';"> » à la française est mort et enterré. J’en veux pour preuve, entre autres, le pavé pondu récemment par une équipe de 122 historiens sous la direction de l’historien Patrick Boucheron et sous le titre d’<u>Histoire mondiale de la France</u> (rien de moins !). Après la dilution de l’identité française dans la pâte informe de l’Europe, la dissolution de l’Histoire de France dans l’Histoire du monde. </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 14.0pt; font-family: 'Arial','sans-serif';">Même pas besoin de lire le commentaire assassin publié par Alain Finkielkraut dans Le Figaro à l’occasion de la publication pour savoir ce que les historiens en général, et ceux-ci en particulier, font du « </span><em><span style="font-size: 14.0pt; font-family: 'Book Antiqua','serif';">Grand Récit </span></em><span style="font-size: 14.0pt; font-family: 'Arial','sans-serif';">» : ils le dépècent, ils l’éviscèrent, ils le mettent en charpie jusqu’à ce qu’il ait rendu l’âme, après avoir commencé par dénoncer ce qu’il peut contenir de « </span><em><span style="font-size: 14.0pt; font-family: 'Book Antiqua','serif';">mythique </span></em><span style="font-size: 14.0pt; font-family: 'Arial','sans-serif';">» (« </span><em><span style="font-size: 14.0pt; font-family: 'Book Antiqua','serif';">nos ancêtres les Gaulois</span></em><span style="font-size: 14.0pt; font-family: 'Arial','sans-serif';"> » étant la cible la plus facile : il fallait les entendre se gausser de Sarkozy quand il a cru pouvoir oser la chose). </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 14.0pt; font-family: 'Arial','sans-serif';">Un exemple de mise à mort est offert par le traitement qui a été fait des « </span><em><span style="font-size: 14.0pt; font-family: 'Book Antiqua','serif';">récits </span></em><span style="font-size: 14.0pt; font-family: 'Arial','sans-serif';">» qui constituaient la culture des tribus primitives, pardon : des « </span><em><span style="font-size: 14.0pt; font-family: 'Book Antiqua','serif';">peuples premiers</span></em><span style="font-size: 14.0pt; font-family: 'Arial','sans-serif';"> ». D’innombrables sociétés humaines se désignaient en effet elles-mêmes d’un mot qui voulait dire « </span><em><span style="font-size: 14.0pt; font-family: 'Book Antiqua','serif';">les êtres humains</span></em><span style="font-size: 14.0pt; font-family: 'Arial','sans-serif';"> », et qualifiaient tout ce qui n’était pas eux de « </span><em><span style="font-size: 14.0pt; font-family: 'Book Antiqua','serif';">chiures de mouches</span></em><span style="font-size: 14.0pt; font-family: 'Arial','sans-serif';"> », « </span><em><span style="font-size: 14.0pt; font-family: 'Book Antiqua','serif';">cloportes </span></em><span style="font-size: 14.0pt; font-family: 'Arial','sans-serif';">» et autres appellations avantageuses, quoique « </span><em><span style="font-size: 14.0pt; font-family: 'Book Antiqua','serif';">politiquement incorrectes</span></em><span style="font-size: 14.0pt; font-family: 'Arial','sans-serif';"> ». </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 14.0pt; font-family: 'Arial','sans-serif';">Tous les peuples du monde furent « </span><em><span style="font-size: 14.0pt; font-family: 'Book Antiqua','serif';">racistes </span></em><span style="font-size: 14.0pt; font-family: 'Arial','sans-serif';">» (au sens vulgaire et galvaudé). Et ceux qui ne le sont pas restés aujourd’hui sont non seulement une rareté, mais encore une pure hypothèse. Et chaque peuple a scellé sa cohésion en se racontant sa propre histoire, en laquelle chacun des membres <u>croyait</u>. Car un « </span><em><span style="font-size: 14.0pt; font-family: 'Book Antiqua','serif';">Grand Récit</span></em><span style="font-size: 14.0pt; font-family: 'Arial','sans-serif';"> » n’a que faire de savoir ou de vérité à son propos, encore moins de science : la croyance suffit largement. La croyance seule fait <u>adhérer</u>. Il ne semble pas possible de faire reposer l'adhésion à un projet collectif sur quelque chose qui soit de l'ordre du seul <span style="text-decoration: underline;">savoir</span>.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 14.0pt; font-family: 'Arial','sans-serif';">Le même traitement fut appliqué par les historiens, ethnologues et anthropologues au discours que tenaient, « </span><em><span style="font-size: 14.0pt; font-family: 'Book Antiqua','serif';">au temps des colonies</span></em><span style="font-size: 14.0pt; font-family: 'Arial','sans-serif';"> », les prétentieux occidentaux qui, disaient-ils, « </span><em><span style="font-size: 14.0pt; font-family: 'Book Antiqua','serif';">apportaient la civilisation</span></em><span style="font-size: 14.0pt; font-family: 'Arial','sans-serif';"> » aux primitifs qui en étaient à leurs yeux démunis. De quel droit la puissance technique conférait-elle à notre civilisation une supériorité sur toutes les autres ? Il fallait en finir avec l’arrogance impudente de l’occidental. La tâche fut menée à bien par les sciences humaines. L’<span style="text-decoration: underline;">Histoire mondiale de la France</span> de Patrick Boucheron et consort parachève la besogne.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 14.0pt; font-family: 'Arial','sans-serif';">Je me rappelle avoir entendu, lors d’un débat radiophonique autour de « </span><em><span style="font-size: 14.0pt; font-family: 'Book Antiqua','serif';">l’histoire qu’il faut enseigner aux petits Français </span></em><span style="font-size: 14.0pt; font-family: 'Arial','sans-serif';">», l’un des participants bondir sur le micro lorsqu’un autre lança qu’il était impératif d’enseigner l’ « </span><em><span style="font-size: 14.0pt; font-family: 'Book Antiqua','serif';">histoire chronologique de la France</span></em><span style="font-size: 14.0pt; font-family: 'Arial','sans-serif';"> ». Il s’étranglait : « </span><em><span style="font-size: 14.0pt; font-family: 'Book Antiqua','serif';">Quoi, vous voudriez revenir à "nos ancêtres les Gaulois" ?! </span></em><span style="font-size: 14.0pt; font-family: 'Arial','sans-serif';">». Inutile en effet de demander à un historien d’aujourd’hui, un historien « </span><em><span style="font-size: 14.0pt; font-family: 'Book Antiqua','serif';">moderne </span></em><span style="font-size: 14.0pt; font-family: 'Arial','sans-serif';">», de cautionner quelque « </span><em><span style="font-size: 14.0pt; font-family: 'Book Antiqua','serif';">roman national</span></em><span style="font-size: 14.0pt; font-family: 'Arial','sans-serif';"> » que ce soit. Soyons sérieux : soyons scientifiques. C’est pourtant bien ce mythe des Gaulois, tété par tous les Français avec le lait de leur mère qui, en leur donnant un "bien national commun", a fait le succès de la série Astérix. Passons.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 14.0pt; font-family: 'Arial','sans-serif';">Quand l’ « </span><em><span style="font-size: 14.0pt; font-family: 'Book Antiqua','serif';">Histoire de France</span></em><span style="font-size: 14.0pt; font-family: 'Arial','sans-serif';"> » a été ainsi déconsidérée et ravalée au rang de « </span><em><span style="font-size: 14.0pt; font-family: 'Book Antiqua','serif';">roman national</span></em><span style="font-size: 14.0pt; font-family: 'Arial','sans-serif';"> », l’enseignement de l’histoire a cessé d’être républicain pour devenir scientifique. L'histoire a cessé d'être un projet de formation du citoyen. L’histoire, au nom de la science, a renoncé à enseigner ce qui risquait de nourrir une « </span><em><span style="font-size: 14.0pt; font-family: 'Book Antiqua','serif';">conscience nationale</span></em><span style="font-size: 14.0pt; font-family: 'Arial','sans-serif';"> ». En abolissant l’idéologie véhiculée par le « </span><em><span style="font-size: 14.0pt; font-family: 'Book Antiqua','serif';">roman national</span></em><span style="font-size: 14.0pt; font-family: 'Arial','sans-serif';"> », l’Education nationale a évacué le bien commun qui jusque-là tissait dans toute la durée scolaire un lien entre les Français. On a mis au rebut ce résidu de mission sous le nom d’ « </span><em><span style="font-size: 14.0pt; font-family: 'Book Antiqua','serif';">instruction civique</span></em><span style="font-size: 14.0pt; font-family: 'Arial','sans-serif';"> » (objective, n’est-ce pas !). On a juste remplacé l’idéologie nationale par l’idéologie "scientifique".</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 14.0pt; font-family: 'Arial','sans-serif';">Dans ces conditions, comment pourrait-on attirer les Français au moyen d’un quelconque « </span><em><span style="font-size: 14.0pt; font-family: 'Book Antiqua','serif';">Grand Récit</span></em><span style="font-size: 14.0pt; font-family: 'Arial','sans-serif';"> » ? L’histoire de France, avilie en « </span><em><span style="font-size: 14.0pt; font-family: 'Book Antiqua','serif';">roman national </span></em><span style="font-size: 14.0pt; font-family: 'Arial','sans-serif';">», qu’était-ce d’autre en effet que cette grande fiction qui cimentait la quasi-intégralité de la population française ? Et qu’est-ce qu’un « </span><em><span style="font-size: 14.0pt; font-family: 'Book Antiqua','serif';">Grand Récit</span></em><span style="font-size: 14.0pt; font-family: 'Arial','sans-serif';"> », sinon une grande fiction à visée unificatrice ?</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 14.0pt; font-family: 'Arial','sans-serif';">Il y a des jours et des occasions où l’on devrait maudire la « </span><em><span style="font-size: 14.0pt; font-family: 'Book Antiqua','serif';">science </span></em><span style="font-size: 14.0pt; font-family: 'Arial','sans-serif';">» (ou plutôt ce qui se prétend tel). Au fait, c'est Guy Debord qui, dans <span style="text-decoration: underline;">Commentaires sur la société du spectacle</span>, évoque « <span style="font-family: 'book antiqua', palatino, serif;"><em>... la prolifération cancéreuse des pseudo-sciences dites "de l'homme"</em> </span>», Quarto-Gallimard, p.1616).</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 14.0pt; font-family: 'Arial','sans-serif';">C'était donc ça !</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 14.0pt; font-family: 'Arial','sans-serif';">Voilà ce que je dis, moi.</span></p>