Last posts on platon2024-03-28T10:45:14+01:00All Rights Reserved blogSpirithttps://www.hautetfort.com/https://www.hautetfort.com/explore/posts/tag/platon/atom.xmlCafé philosophique de Montargishttp://cafephilosophique-montargis.hautetfort.com/about.htmlPlaton : L'Anneau de Gygèstag:cafephilosophique-montargis.hautetfort.com,2024-01-14:64802562024-01-14T00:00:00+01:002024-01-14T00:00:00+01:00 Il était une fois un berger au service d'un roi ; au cours d'un violent...
<p><img src="http://cafephilosophique-montargis.hautetfort.com/media/00/02/3815893004.jpg" id="media-6504369" alt="" /></p><blockquote><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">Il était une fois un berger au service d'un roi ; au cours d'un violent orage accompagné d'un séisme, la terre se fendit et une ouverture béante apparut près de l'endroit où il faisait paître ses troupeaux. Voyant l'abîme et s'émerveillant, il descendit et vit, parmi bien d'autres merveilles, un cheval d'airain, creux, avec des ouvertures, à travers lesquelles, en se penchant, il aperçut un cadavre qui paraissait plus grand que celui d'un homme, et qui ne portait rien d'autre que, à la main, un anneau d'or, qu'il lui déroba. Et il s'en fut. </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">Lorsqu'arriva le jour de la réunion des bergers, en vue d'aller faire au roi le rapport mensuel sur l'état des troupeaux, il y vint portant cet anneau au doigt. Alors qu'il était assis au milieu des autres, il lui arriva par hasard de tourner la bague autour de son doigt, vers l'intérieur de sa main. Il devint soudain invisible à ceux qui étaient assis avec lui, et ils parlaient de lui comme s'il était parti. Et lui de s'émerveiller et, manipulant de nouveau à tâtons l'anneau, il le tourna vers l'extérieur et, en le tournant, redevint ainsi visible. Réfléchissant à l'expérience après la réunion, il refit l'essai avec l'anneau pour voir s'il avait bien ce pouvoir et en arriva à la conclusion qu'en tournant la bague vers l'intérieur, il devenait invisible, vers l'extérieur, visible. Fort de cette découverte, il fit aussitôt en sorte de devenir l'un des messagers auprès du roi et, sitôt arrivé, ayant séduit sa femme, il s'appliqua avec elle à tuer le roi et prit ainsi le pouvoir. L'invisibilité lui ouvrit bien des aisances pour réaliser son forfait.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">Ainsi donc, on peut conclure de cette histoire que si on donnait l'invisibilité à un homme juste, il ne resterait pas fidèle à la justice. Il ne pourrait s'empêcher de voler, de faire au gré de ses désirs. Invisible, le juste aurait toutes les ressemblances d'un homme injuste. La justice n'est donc pas un choix individuel mais une obligation donnée par un groupe. Tous les hommes pensent en réalité que l'injustice est beaucoup plus avantageuse que la justice. Ceux qui penseraient le contraire seraient considérés par les autres comme les plus malheureux et les plus ridicules des hommes.</span></p><p style="text-align: right;"><span style="font-size: 10pt;">Platon <em>La République</em>, III (Ve s. av JC)</span></p></blockquote>
Ratatoskhttp://euro-synergies.hautetfort.com/about.htmlL'Occident contre Platontag:euro-synergies.hautetfort.com,2023-06-14:64477082023-06-14T21:35:10+02:002023-06-14T21:35:10+02:00 L'Occident contre Platon Lady Fae Source:...
<p style="text-align: center;"><span style="color: #999999;"><strong><span style="font-size: 14pt; font-family: arial, helvetica, sans-serif;"><img id="media-6454844" style="margin: 0.7em 0px;" title="" src="http://euro-synergies.hautetfort.com/media/02/00/2367071254.jpg" alt="platon.jpg" width="636" height="420" /></span></strong></span></p><p><span style="color: #ff6600; font-size: 24pt; font-family: 'arial black', sans-serif;"><strong>L'Occident contre Platon</strong></span></p><p><span style="color: #999999; font-size: 18pt; font-family: 'arial black', sans-serif;"><strong>Lady Fae</strong></span></p><p><span style="color: #999999; font-size: 12pt; font-family: 'arial black', sans-serif;"><strong>Source: https://novaresistencia.org/2023/06/06/o-ocidente-vs-platao/</strong></span></p><p><span style="color: #999999;"><strong><span style="font-size: 14pt; font-family: arial, helvetica, sans-serif;">Qui aurait cru que le plus grand ennemi des mondialistes serait Platon ?</span></strong></span></p><p><span style="color: #999999;"><strong><span style="font-size: 14pt; font-family: arial, helvetica, sans-serif;">Dans son livre au titre plutôt enfantin <em>The Open Society and it's Enemies, </em>l'auteur Karl Popper affirme clairement que toute analyse visant à retracer des modèles de comportement à travers l'histoire est anti-scientifique et déterministe.</span></strong></span></p><p><span style="color: #999999;"><strong><span style="font-size: 14pt; font-family: arial, helvetica, sans-serif;">Il affirme que la répétition des schémas historiques mis en évidence par Platon dans son ouvrage "La République" ne repose sur aucune preuve empirique, de sorte que toute la logique platonicienne selon laquelle l'histoire se répète généralement par cycles relève de la foi, et non de la raison.</span></strong></span></p><p><span style="color: #999999;"><strong><span style="font-size: 14pt; font-family: arial, helvetica, sans-serif;">Cependant, le fait même que le modèle historique, pour se produire, doive d'abord se manifester plusieurs fois dans la réalité et qu'au moins une société donnée doive en faire l'expérience, fait du modèle historique lui-même un fait empirique et inaltérable.</span></strong></span></p><p><span style="color: #999999;"><strong><span style="font-size: 14pt; font-family: arial, helvetica, sans-serif;">Platon affirme que les démocraties, à long terme, se transforment en tyrannie parce qu'elles pèchent en privilégiant l'individualisme excessif au détriment du sens collectif. La tyrannie elle-même, en revanche, conduit à long terme la population à désirer un plus grand degré de liberté.</span></strong></span></p><p style="text-align: center;"><span style="color: #999999;"><strong><span style="font-size: 14pt; font-family: arial, helvetica, sans-serif;"><img id="media-6454845" style="margin: 0.7em 0;" title="" src="http://euro-synergies.hautetfort.com/media/02/02/3101001744.jpg" alt="61R4llNQbkL._AC_UF1000,1000_QL80_.jpg" /></span></strong></span></p><p style="text-align: center;"><span style="color: #999999;"><strong><span style="font-size: 14pt; font-family: arial, helvetica, sans-serif;"><img id="media-6454846" style="margin: 0.7em 0;" title="" src="http://euro-synergies.hautetfort.com/media/00/01/1322700044.jpg" alt="911fL5fTwdL._AC_UF1000,1000_QL80_.jpg" /></span></strong></span></p><p style="text-align: center;"><span style="color: #999999;"><strong><span style="font-size: 14pt; font-family: arial, helvetica, sans-serif;"><img id="media-6454847" style="margin: 0.7em 0;" title="" src="http://euro-synergies.hautetfort.com/media/02/01/1225906359.jpg" alt="Family+breakdown+and+Civilization+decline.jpg" /></span></strong></span></p><p><span style="color: #999999;"><strong><span style="font-size: 14pt; font-family: arial, helvetica, sans-serif;">Des auteurs comme Ray Dalio, J.D. Unwin et Neil Howe ont déjà écrit des livres qui relatent avec précision les cycles historiques. Je sais que parmi eux, Ray Dalio soutient publiquement qu'il existe un moyen de modifier ces cycles et d'empêcher la phase d'effondrement des civilisations.</span></strong></span></p><p><span style="color: #999999;"><strong><span style="font-size: 14pt; font-family: arial, helvetica, sans-serif;">Karl Popper, quant à lui, affirme que tous ceux qui étudient l'histoire sont des "déterministes" et qu'ils voient l'histoire comme les religieux voient leurs textes sacrés. Il n'y a pas de nuance chez Popper, si vous remarquez des schémas comme le fait Ray Dalio, vous êtes un déterministe, et la bonne chose à faire est donc d'ignorer ces faits.</span></strong></span></p><p><span style="color: #999999;"><strong><span style="font-size: 14pt; font-family: arial, helvetica, sans-serif;">Platon devient problématique parce qu'il a fait, il y a 2500 ans, une analyse qui, même aux yeux de l'homme moderne, semble intemporelle. Par conséquent, le philosophe grec qui a assisté de près à la chute de l'aristocratie en faveur de la formation de la République devient l'ennemi numéro un de l'élite d'aujourd'hui.</span></strong></span></p><p style="text-align: center;"><span style="color: #999999;"><strong><span style="font-size: 14pt; font-family: arial, helvetica, sans-serif;"><img id="media-6454848" style="margin: 0.7em 0;" title="" src="http://euro-synergies.hautetfort.com/media/00/01/2494455758.jpg" alt="aa688bfe1a21f3b7b7475a5f82352f12.jpg" /></span></strong></span></p><p style="text-align: center;"><img id="media-6454849" style="margin: 0.7em 0;" title="" src="http://euro-synergies.hautetfort.com/media/00/01/135596335.jpg" alt="005504480.jpg" width="364" height="601" /></p><p><span style="color: #999999;"><strong><span style="font-size: 14pt; font-family: arial, helvetica, sans-serif;">Popper affirme que même si les cycles historiques sont indémontrables, il existe un moyen de les éviter complètement : par l'ingénierie sociale. Popper utilise le mot "ingénierie sociale" 36 fois dans son volume de 274 pages.</span></strong></span></p><p><span style="color: #999999;"><strong><span style="font-size: 14pt; font-family: arial, helvetica, sans-serif;">L'agnostique rejette l'idée d'un cours naturel de l'histoire pour embrasser l'idée de comportements induits à grande échelle. Le cycle naturel des choses est vil parce qu'il relève de la métaphysique, alors que le cycle artificiel est bon parce qu'il relève de la science. L'arrogance est ici notoire.</span></strong></span></p><p><span style="color: #999999;"><strong><span style="font-size: 14pt; font-family: arial, helvetica, sans-serif;">Qu'est-ce que l'<em>Open Society </em>de George Soros si ce n'est la manifestation des idées de Popper ? Popper est un homme qui soutient que les frontières renforcent le sens collectiviste et que tout sens collectiviste est lui-même anti-scientifique puisqu'il s'appuie sur la métaphysique pour se renforcer.</span></strong></span></p><p><span style="color: #999999;"><strong><span style="font-size: 14pt; font-family: arial, helvetica, sans-serif;">La notion essentialiste de l'<em>Open Society</em> consiste à tuer tout sens "tribal" et "collectiviste" au nom de la méthode scientifique et de la raison. Paradoxalement, Popper rejette l'étude de l'histoire comme non scientifique, car s'il en admettait la scientificité, il devrait ipso facto admettre que sa thèse est mégalomaniaque et nie la réalité culturelle d'innombrables civilisations.</span></strong></span></p><p><span style="color: #999999;"><strong><span style="font-size: 14pt; font-family: arial, helvetica, sans-serif;">Pour eux, si l'on veut "universaliser" le monde au nom du "progrès scientifique", il faut en finir avec tout sens tribal, en particulier le sens national. Paradoxalement, on tue le sens de la nation et on crée de nouvelles tribus. On remplace les drapeaux nationaux par les drapeaux de sexualités alternatives. Si Popper était humble, il remarquerait que les humains ont un désir latent d'appartenance et que lorsqu'ils tentent d'assassiner un certain sens collectif, ils finissent par en créer un autre.</span></strong></span></p><p><span style="color: #999999;"><strong><span style="font-size: 14pt; font-family: arial, helvetica, sans-serif;">La différence est que certains sens collectifs aident à construire des civilisations et d'autres à les détruire. Dans leur arrogance, en essayant de mettre fin à la diversité mondiale, les élites ignorent une fois de plus l'histoire. Elles ne voient pas qu'en fin de compte, elles agissent comme de simples colonisateurs.</span></strong></span></p>
Jacques-Emile Mirielhttp://jemiriel.hautetfort.com/about.htmlSuggestions de lecturestag:jemiriel.hautetfort.com,2022-11-11:64111752022-11-11T07:23:00+01:002022-11-11T07:23:00+01:00 Dix livres à lire ou relire prochainement ...
<p> </p><p><span style="font-family: 'Book Antiqua', serif; color: #333333;"><span style="font-size: xx-large;"><strong>Dix livres à lire ou relire prochainement</strong></span></span></p><p> </p><p> </p><p><span style="font-family: 'Book Antiqua', serif; color: #333333;"><span style="font-size: x-large;"><em>L’Homme de Londres</em>, de Simenon </span></span></p><p><span style="font-family: 'Book Antiqua', serif; color: #333333;"><span style="font-size: medium;">Roman très cinématographique, adapté par le réalisateur hongrois Béla Tarr en 2007, sur un scénario de son complice, le romancier László Krasznahorkai.</span></span></p><p> </p><p><span style="font-family: 'Book Antiqua', serif; color: #333333;"><span style="font-size: x-large;"><em>Guerre & guerre</em>, de László Krasznahorkai </span></span></p><p><span style="font-family: 'Book Antiqua', serif; color: #333333;"><span style="font-size: medium;">Une œuvre romanesque qui promet une originalité très grande, et qui, en même temps, se présente comme fondamentalement européenne.</span></span></p><p> </p><p><span style="font-family: 'Book Antiqua', serif; color: #333333;"><span style="font-size: x-large;"><em>Si l’Europe s’éveille</em>, de Peter Sloterdijk </span></span></p><p><span style="font-family: 'Book Antiqua', serif; color: #333333;"><span style="font-size: medium;">Un essai sur un continent en crise d’identité, qui espère en un sursaut. Loin des apologies d’une certaine Nouvelle droite, et donc sans nostalgie de la révolution conservatrice allemande du début du XXe siècle.</span></span></p><p> </p><p><span style="font-family: 'Book Antiqua', serif; color: #333333;"><span style="font-size: x-large;"><em>Sur Maurice Blanchot</em>, d’Emmanuel Levinas </span></span></p><p><span style="font-family: 'Book Antiqua', serif; color: #333333;"><span style="font-size: medium;">En une centaine de pages, un tour d’horizon fécond de l’œuvre de Blanchot, par un très grand philosophe qui fut son ami.</span></span></p><p> </p><p><span style="font-family: 'Book Antiqua', serif; color: #333333;"><span style="font-size: x-large;"><em>Dora</em>, in <em>Cinq psychanalyses</em>, de Freud</span></span></p><p><span style="font-family: 'Book Antiqua', serif; color: #333333;"><span style="font-size: medium;">Très belle analyse de l’hystérie, toujours d’actualité.</span></span></p><p> </p><p><span style="font-family: 'Book Antiqua', serif; color: #333333;"><span style="font-size: x-large;"><em>Méditations pascaliennes</em>,<em> </em>de Pierre Bourdieu</span></span></p><p><span style="font-family: 'Book Antiqua', serif; color: #333333;"><span style="font-size: medium;">Le maître livre du sociologue français. Pour comprendre le monde dans lequel on vit.</span></span></p><p> </p><p><span style="font-family: 'Book Antiqua', serif; color: #333333;"><span style="font-size: x-large;"><em>Le Sophiste</em>, de Platon</span></span></p><p><span style="font-family: 'Book Antiqua', serif; color: #333333;"><span style="font-size: medium;">Une pensée sur l’ontologie, qui fascina Heidegger.</span></span></p><p> </p><p><span style="font-family: 'Book Antiqua', serif; color: #333333;"><span style="font-size: x-large;"><em>Histoire d’une vie</em>, d’Aharon Appelfeld</span></span></p><p><span style="font-family: 'Book Antiqua', serif; color: #333333;"><span style="font-size: medium;">Contrairement à ce qu’estimait Philip Roth, l’œuvre d’Appelfeld me semble se nourrir au creuset européen de l’avant-guerre, un monde englouti dont nous portons les stigmates.</span></span></p><p> </p><p><span style="font-family: 'Book Antiqua', serif; color: #333333;"><span style="font-size: x-large;"><em>Le Bruit et la fureur</em>, de Faulkner</span></span></p><p><span style="font-family: 'Book Antiqua', serif; color: #333333;"><span style="font-size: medium;">L’Amérique, c’est-à-dire la « déconstruction », comme le disait Jacques Derrida.</span></span></p><p> </p><p><span style="font-family: 'Book Antiqua', serif; color: #333333;"><span style="font-size: x-large;"><em>La Trêve</em>, de Primo Levi</span></span></p><p><span style="font-family: 'Book Antiqua', serif; color: #333333;"><span style="font-size: medium;">Pas seulement un rescapé, mais aussi un des plus grands écrivains européens de l’après-guerre.</span></span></p>
Café philosophique de Montargishttp://cafephilosophique-montargis.hautetfort.com/about.htmlPlaton : ”Jamais nous ne posséderons en suffisance l'objet de notre désir”tag:cafephilosophique-montargis.hautetfort.com,2022-11-10:64090832022-11-10T00:00:00+01:002022-11-10T00:00:00+01:00 Aussi longtemps que nous aurons notre corps et que notre âme sera...
<p><img src="http://cafephilosophique-montargis.hautetfort.com/media/02/01/3939128931.jpg" id="media-6397815" alt="" /></p><blockquote><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">Aussi longtemps que nous aurons notre corps et que notre âme sera pétrie avec cette chose mauvaise, jamais nous ne posséderons en suffisance l'objet de notre désir. Or cet objet, c'est disons-nous, la vérité. Et non seulement mille et mille tracas nous sont en effet suscités par le corps à l'occasion des nécessités de la vie ; mais, des maladies surviennent-elles, voilà pour nous de nouvelles entraves dans notre chasse au réel ! Amours, désirs, craintes, imaginations de toute sorte, innombrables sornettes, il nous en remplit si bien, que par lui (oui, c'est vraiment le mot connu) ne nous vient même, réellement, aucune pensée de bon sens ; non, pas une fois ! Voyez plutôt : les guerres, les dissensions, la bataille, il n'y a pour les susciter que le corps et ses convoitises ; la possession des biens, voilà en effet la cause originelle de toutes les guerres, et, si nous sommes poussés à nous procurer des biens, c'est à cause du corps, esclaves attachés à son service ! Par sa faute encore, nous mettons de la paresse à philosopher à cause de tout cela.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">Mais ce qui est le comble, c'est que, sommes-nous arrivés enfin à avoir de son côté quelque tranquillité, pour nous tourner alors vers un objet quelconque de réflexion, nos recherches sont à nouveau bousculées en tous sens par cet intrus qui nous assourdit, nous trouble et nous démonte, au point de nous rendre incapables de distinguer le vrai. Inversement, nous avons eu réellement la preuve que, si nous devons jamais savoir purement quelque chose, il nous faudra nous séparer de lui et regarder avec l'âme en elle-même les choses en elles-mêmes. C'est alors, à ce qu'il semble, que nous appartiendra ce dont nous nous déclarons amoureux : la pensée ; oui, alors que nous aurons trépassé, ainsi que le signifie l'argument, et non point durant notre vie !</span></p><p style="text-align: right;"><span style="font-size: 10pt;">Platon, <em>Phédon </em>(V s. av. JC)</span></p><p style="text-align: right;"><span style="font-size: 8pt;"><em>Photo : Pexels - Mariana Ayumi</em></span></p></blockquote>
Café philosophique de Montargishttp://cafephilosophique-montargis.hautetfort.com/about.htmlIls ou elles ont dit au sujet du voyagetag:cafephilosophique-montargis.hautetfort.com,2022-10-23:64078342022-10-23T17:44:00+02:002022-10-23T17:44:00+02:00 "Un bon voyageur n’a ni plans établis ni destination." [Lao Tseu]...
<p><img src="http://cafephilosophique-montargis.hautetfort.com/media/01/00/1549697835.jpg" id="media-6396220" alt="" /></p><blockquote><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">"Un bon voyageur n’a ni plans établis ni destination." [Lao Tseu]</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">"Un voyage de mille lieues commence toujours par un premier pas." [Lao Tseu]</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">"Plus on voyage au loin, moins on se connaît." [Lao Tseu]</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">"La foule ne sait pas que sans cette revue universelle, sans ce vagabondage, il est impossible de rencontrer la vérité […]. Moi aussi, au souvenir du passé, je me sens saisi de crainte et me demande comment il me faudra traverser à la nage un si rude et si vaste océan de discours. [Platon]</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">"L’aventure en vaut la peine." [Aristote]</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">"Toute la vie n'est qu'un voyage vers la mort." [Sénèque]</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">"Le monde est un livre et ceux qui ne voyagent pas n’en ont lu qu’une page." [s. Augustin]</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">"Le voyage est donc une double rencontre, celle d'autres que moi et celle de moi-même, comme un autre aux yeux des autres." [Montaigne]</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">"Heureux qui, comme Ulysse, a fait un beau voyage." [Joachim Du Bellay] </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">"Il faut voyager pour frotter et limer sa cervelle contre celle d'autrui." [Montaigne]</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">"Le voyage à l'étranger est une invitation à devenir soi-même un étranger pour les autres." [Montaigne]</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">"Avec le temps, la passion des grands voyages s'éteint, à moins qu'on n'ait voyagé assez longtemps pour devenir étranger à sa patrie." [Gérard de Nerval]</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">"Voyager est fatal aux préjugés, à l’intolérance et à l’étroitesse d’esprit." [Mark Twain]</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">"En vérité, je ne voyage pas, moi, pour atteindre un endroit précis, mais pour marcher : simple plaisir de voyager." [Robert Louis Stevenson]</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">"Rien ne développe l’intelligence comme les voyages." [Émile Zola]</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">"Si vous ne savez pas où vous allez, n’importe quel chemin vous y mènera." [Lewis Carroll]</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">"Le véritable voyage de découverte ne consiste pas à chercher de nouveaux paysages, mais à avoir de nouveaux yeux." [Marcel Proust]</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">"Le voyage pour moi, ce n'est pas arriver, c'est partir. C’est l'imprévu de la prochaine escale, c'est le désir jamais comblé de connaître sans cesse autre chose, c'est demain, éternellement demain." [Roland Dorgelès]</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">"Le voyage n'est nécessaire qu'aux imaginations courtes." [Colette]</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">"Il faut que la pensée voyage et contemple, si l'on veut que le corps soit bien." [Alain]</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">"Tous ceux qui errent ne sont pas perdus." [JRR Tolkien]</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">"Rien ne vaut la recherche lorsqu’on veut trouver quelque chose." [JRR Tolkien]</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">"Une destination n’est jamais un lieu, mais une nouvelle façon de voir les choses." [Henry Miller]</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">"Je ne hais pas les voyages, je hais les conditions, pour un pauvre intellectuel, de voyager. Peut-être que si je voyageais autrement, j’adorerais les voyages." [Gilles Deleuze]</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">"Un voyage s'inscrit simultanément dans l'espace, dans le temps, et dans la hiérarchie sociale." [Claude Lévi-Strauss]</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">"N’hésitez jamais à partir loin, au-delà de toutes les mers, toutes les frontières, tous les pays, toutes les croyances." [Amin Maalouf]</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">"Certains pensent qu'ils font un voyage, en fait, c'est le voyage qui vous fait ou vous défait." [Nicolas Bouvier]</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">"Le plus beau voyage, c'est celui qu'on n’a pas encore fait." [Loïck Peyron]</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">"Un voyage, c’est une folie qui nous obsède, nous emporte dans le mythe." [Sylvain Tesson]</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">"Le voyage est une fuite contre la routine, la monotonie, la familiarité, la soumission à la régulation du gouvernement collectif." [Sylvain Tesson]</span></p><p style="text-align: right;"><em><span style="font-size: 8pt;">Photo : Pexels - Andrea Piacquadio</span></em></p></blockquote>
Ratatoskhttp://euro-synergies.hautetfort.com/about.htmlLe Moloch éternel - La nouvelle normalité entre Le Bon et Platontag:euro-synergies.hautetfort.com,2022-06-11:63865242022-06-11T13:12:30+02:002022-06-11T13:12:30+02:00 Le Moloch éternel - La nouvelle normalité entre Le Bon et Platon...
<p style="text-align: center;"><img id="media-6364536" style="margin: 0.7em 0;" title="" src="http://euro-synergies.hautetfort.com/media/01/00/2110378643.jpg" alt="DNzibXvX0AACtlA.jpg" width="493" height="595" /></p><p><span style="font-size: 24pt; font-family: 'arial black', sans-serif; color: #ff6600;"><strong>Le Moloch éternel - La nouvelle normalité entre Le Bon et Platon</strong></span></p><p><span style="font-size: 18pt; font-family: 'arial black', sans-serif;"><strong><span style="color: #999999;">par Giuseppe Scalici - Chargé de cours en histoire et philosophie</span></strong></span></p><p><span style="font-size: 12pt; font-family: 'arial black', sans-serif;"><strong><span style="color: #999999;">Source: https://www.centrostudipolaris.eu/2020/12/04/il-moloch-eterno-la-nuova-normalita-tra-le-bon-e-platone/</span></strong></span></p><p style="text-align: right;"><strong><span style="font-size: 12pt; font-family: arial, helvetica, sans-serif; color: #999999;"> <em>La domination sur les corps et les âmes dépend de, et est continuellement corroborée par, l'insipidité volontaire, prise pour une connaissance véritable, et l'acquiescement non critique.</em></span></strong></p><p style="text-align: right;"><strong><span style="font-size: 12pt; font-family: arial, helvetica, sans-serif; color: #999999;"><em> C'est une représentation, construite sur un bureau par d'habiles ingénieurs sociaux, qui remplace le monde réel.</em></span></strong></p><p style="text-align: right;"><strong><span style="font-size: 12pt; font-family: arial, helvetica, sans-serif; color: #999999;"><em> Et cette représentation, toujours changeante, à l'instar des pâles images observées par les esclaves de Platon, en vient à faire l'objet d'analyses, de théories, de débats, de discussions sans fin et sans signification authentique.</em></span></strong></p><p><span style="font-size: 14pt; font-family: 'arial black', sans-serif; color: #99cc00;"><strong>Moloch est ce démon malveillant qui exige sans cesse des sacrifices extrêmes pour sa survie. Comme un souverain impitoyable.</strong></span></p><p><strong><span style="font-size: 12pt; font-family: arial, helvetica, sans-serif; color: #999999;">Il est particulièrement compliqué, voire impossible, de distinguer aujourd'hui les contours d'une réalité objective, bien délimitée, valable pour tout sujet connaissant, qui ne soit pas le résultat de représentations mystificatrices qui se substituent habilement à la réalité.</span></strong></p><p><strong><span style="font-size: 12pt; font-family: arial, helvetica, sans-serif; color: #999999;">La société post-moderne, liquide comme on a coutume de le dire avec une expression désormais galvaudée, est complètement détachée, essentiellement de son propre aveu, des Visions cohérentes et originales du Monde, des références aux Idées ou aux Idéaux d'un ordre éternel, non restreint dans les contraintes d'une basse matérialité hédoniste. Admettant, d'ailleurs frauduleusement comme nous le verrons, la licéité d'opinions, de choix moraux, de styles de vie et de modes de pensée même dissemblables les uns des autres, il offre la prosopopée d'une liberté individuelle réalisée de manière pleine et entière dans un cadre démocratique et libéral.</span></strong></p><p><strong><span style="font-size: 12pt; font-family: arial, helvetica, sans-serif; color: #999999;">Il a été dit à juste titre à plusieurs reprises que notre époque connaît la dimension d'une anthropologie totalement différente de celle qui a déterminé le tissu conjonctif des moments historiques que nous voulons dépasser à jamais. Nous le constatons à différents niveaux. Nous ne nous attarderons ici que sur l'un des nombreux aspects qui pourraient être pris en considération : le monde de l'information, de la communication et ses reflets dans l'intériorité de l'individu.</span></strong></p><p><span style="color: #ff6600;"><strong><span style="font-size: 12pt; font-family: arial, helvetica, sans-serif;">Isolé mais dispersé dans la foule</span></strong></span></p><p><strong><span style="font-size: 12pt; font-family: arial, helvetica, sans-serif; color: #999999;">Partons d'un postulat qui semble inaliénable si l'on pense à notre propre horizon géopolitique : les concepts et la <em>Weltanschauung </em>ancestraux sont perçus comme des déchets dont il faut se débarrasser au nom de la centralité déclarée d'un type humain, l'individu, compris comme un réceptacle d'instinctualités aspirant à la perpétuation de droits et de libertés de bas niveau, de substantialité bancale.</span></strong></p><p style="text-align: center;"><img id="media-6364537" style="margin: 0.7em 0;" title="" src="http://euro-synergies.hautetfort.com/media/00/02/756827467.png" alt="citation-gustave-le-bon-52947.png" width="502" height="367" /></p><p><strong><span style="font-size: 12pt; font-family: arial, helvetica, sans-serif; color: #999999;">Dans un texte désormais classique datant de 1895, <em>La psychologie des foules, </em>Gustave Le Bon argumente la différence qualitative entre les actions de l'homme individuel et celles des masses, dictées par des <em>stimuli </em>élémentaires, des passions aussi fugaces qu'instables, le goût de l'excès, la suggestibilité adolescente. L'homme dans la foule, selon le sociologue français, qui a également eu tant de lecteurs de haut niveau en Italie entre les deux guerres mondiales, a tendance à accomplir des actions et des comportements, qu'ils soient criminels ou héroïques, qu'il n'aurait absolument jamais fait s'il agissait seul. Et cela va au-delà de toute considération logique et rationnelle. Il nous semble qu'à notre époque, l'individu a tendance à agir, même s'il est isolé et mène une vie déconnectée de la société dont il fait partie, comme s'il était dans la foule : il vise l'immédiat, réagit à des <em>stimuli </em>induits de manière primitive, suit des mots d'ordre simples et déglingués savamment orchestrés par d'autres, sans jamais s'ériger en élément critique capable de distinguer ce qui est pertinent et fondamental de ce qui est imposé avec art comme essentiel par ce que l'on peut appeler des "persuadeurs cachés". On fait tout d'abord allusion à l'information, qui n'est pas libre et indépendante, si elle l'a jamais été, et qui, par le biais de ce qu'on appelle l'<em>agenda setting</em>, établit a priori quels sujets devraient être d'une importance essentielle et quelle devrait être leur hiérarchie.</span></strong></p><p><strong><span style="font-size: 12pt; font-family: arial, helvetica, sans-serif; color: #999999;">Il est fréquent de constater que tous les journaux télévisés relatent les mêmes faits, avec des analyses souvent identiques, en utilisant même les mêmes images. Cela tend à déterminer un horizon à l'intérieur duquel il faut prendre parti, comme les supporters du stade, entre ceux qui sont pour et ceux qui sont contre la même question. De cette façon, l'individu accepte la logique sous-jacente souhaitée, devenant, consciemment ou inconsciemment, peu importe, une partie organique du cercle médiatique lui-même. Mais qui contrôle et organise l'information <em>pro domo sua ?</em></span></strong></p><p><span style="color: #ff6600;"><strong><span style="font-size: 12pt; font-family: arial, helvetica, sans-serif;">État profond et rééquilibrage nécessaire ennemi</span></strong></span></p><p><strong><span style="font-size: 12pt; font-family: arial, helvetica, sans-serif; color: #999999;">Pour nous exprimer en termes simples, nous parlions du "système", puis des "pouvoirs forts". Aujourd'hui, on préfère l'expression "État profond", c'est-à-dire non visible, non à la vue du commun des mortels. Ici, le discours deviendrait trop long et dépasserait les limites de la présente intervention: il suffit de mentionner que cette dimension occulte, dans laquelle coexistent la finance spéculative apatride, le crime organisé, les forces du "progressisme mondialiste, humanitaire et solidaire", divers lobbies, les Églises, etc., est en mesure de conditionner fortement, à travers les gouvernements et, précisément, les médias (pour mieux dire les médias de la mystification scientifique et continue de la réalité), tout type de décision politique qui, pour utiliser des terminologies désormais obsolètes, devrait au contraire découler, du moins en Occident, de la souveraineté populaire. Après tout, tout cela fait partie de la post-démocratie, un endroit où l'opinion publique, si elle existe encore, n'a droit à la citoyenneté que si elle se conforme servilement à la pensée dominante imposée par l'État profond lui-même, et donc, par définition, juste, équitable et, surtout, conforme à une pensée qui se veut dominante et que l'on fait passer pour un fait de la nature.</span></strong></p><p><strong><span style="font-size: 12pt; font-family: arial, helvetica, sans-serif; color: #999999;">Ceux qui ne se conforment pas sont de toute façon nécessaires pour assurer l'équilibre souhaité: ils sont un ennemi de l'humanité, un haineux insatiable, une cible à maintenir en vie et à frapper quand c'est nécessaire. Tout cela détourne l'attention de ce qui se passe réellement dans le monde: la volonté de pouvoir et de contrôle total de la part des forces apatrides mentionnées et tout ce monde complexe d'idiots utiles volontaires qui se mettent à leur service.</span></strong></p><p style="text-align: center;"><img id="media-6364538" style="margin: 0.7em 0;" title="" src="http://euro-synergies.hautetfort.com/media/00/01/1592222663.jpg" alt="811zPlDJcOL.jpg" width="399" height="663" /></p><p style="text-align: center;"><img id="media-6364539" style="margin: 0.7em 0;" title="" src="http://euro-synergies.hautetfort.com/media/00/02/2312898698.jpg" alt="Allégoire-caverne-Platon.jpg" /></p><p><strong><span style="font-size: 12pt; font-family: arial, helvetica, sans-serif; color: #999999;">Il semble que l'homme contemporain vive volontairement le mode d'être décrit par Platon dans le livre VII de la <em>République. </em>Des esclaves enchaînés dans l'obscurité profonde d'une grotte passent leur vie devant des images illusoires qui se font passer pour la réalité. Pour eux, la vérité est simplement ce qui est présenté. Personne ne remet en question la valeur objective de la mise en scène dont ils sont les victimes et, en même temps, les complices. Mais l'un des esclaves parvient à se libérer et à réaliser que le monde réel se trouve à l'extérieur de la grotte. Il retourne donc auprès de ses compagnons esclaves et tente de leur expliquer que la vie dans les ténèbres de l'ignorance et de l'illusion n'est pas la vraie vie, mais une apparition continue d'entités fictives : il n'est pas cru, mais ostracisé comme s'il était un fou visionnaire.</span></strong></p><p><strong><span style="font-size: 12pt; font-family: arial, helvetica, sans-serif; color: #999999;">Comme les esclaves de Platon, les individus d'aujourd'hui ne doutent pas que la "réalité" dans laquelle ils se trouvent est la seule possible et acceptable, et non celle désirée et imposée par d'autres, dont la domination sur les corps et les âmes dépend précisément de, et est continuellement corroborée par, l'ignorance délibérée, prise pour la vraie connaissance, et l'acquiescement non critique des premiers.</span></strong></p><p><strong><span style="font-size: 12pt; font-family: arial, helvetica, sans-serif; color: #999999;">C'est la représentation, construite, dirions-nous pour ne pas troubler le concept kantien de "synthèse a priori", sur un bureau par des ingénieurs sociaux qualifiés, qui remplace le monde réel. Et cette représentation, toujours changeante, à l'instar des pâles images observées par les esclaves, en vient à faire l'objet d'analyses, de théories, de débats, de discussions sans fin et sans signification authentique.</span></strong></p><p><span style="color: #ff6600;"><strong><span style="font-size: 12pt; font-family: arial, helvetica, sans-serif;">Intellectuels et politiciens : un corps intermédiaire</span></strong></span></p><p><strong><span style="font-size: 12pt; font-family: arial, helvetica, sans-serif; color: #999999;">Pour en revenir à l'information, mais il vaudrait mieux dire à la désinformation ou à la manipulation des consciences, il est facile, en regardant le phénomène avec détachement, de constater les tactiques constantes employées pour assurer la primauté des conventicules dominants, qu'ils soient apparents ou réels. Ces tactiques tendent vers un effet de distraction, par la diffusion de nouvelles non pertinentes ou idiotes (événements de la famille royale britannique, ragots, etc.) ou annonciatrices de peur et de malaise (racisme généralisé, résurgences imaginaires du fascisme, homophobies diverses, persécution des migrants, etc.). Tout ceci est en phase avec la dissimulation scientifique et lâche d'autres situations qui sont au contraire réelles et qui, de toute évidence, sont mieux censurées ou considérées comme des <em>"fake news".</em></span></strong></p><p><strong><span style="font-size: 12pt; font-family: arial, helvetica, sans-serif; color: #999999;">Si l'on se réfère à nouveau à Le Bon, les masses ont besoin d'être guidées, il est donc préférable d'utiliser, comme nous l'avons déjà noté, un langage pauvre, simpliste, réducteur, qui voit la prévalence du signifiant (le mot lui-même) sur le signifié (l'objet qu'il désigne), qui se fonde non pas sur le raisonnement et la logique, mais sur l'émotionnel et le sentiment.</span></strong></p><p><strong><span style="font-size: 12pt; font-family: arial, helvetica, sans-serif; color: #999999;">L'hypothèse est que dominer le langage équivaut à dominer la pensée elle-même et, par conséquent, toute forme d'attitude critique et le comportement qui en découle. L'idéal est la création d'une opinion publique anesthésiée, prévisible et prête à être guidée par ceux qui sont capables d'influencer et de suggérer au niveau des modes et des habitudes, ainsi qu'au niveau des opinions générales. Ceci est bien compris par ceux qui contrôlent l'information hégémonique dans le monde occidental et au-delà. Nous faisons allusion, à titre d'exemple, à la Fondation Bill Gates, humanitaire et progressiste (évidemment), capable de lancer des mots à la mode, en faveur, entre autres, de la dénatalité et des vaccinations sans discernement, dont la remise en cause constituerait une hérésie aux yeux de la nouvelle Inquisition des "Justes".</span></strong></p><p style="text-align: center;"><img id="media-6364541" style="margin: 0.7em 0;" title="" src="http://euro-synergies.hautetfort.com/media/02/01/906448504.jpg" alt="dieu-medias2015-550x400_c.jpg" /></p><p><strong><span style="font-size: 12pt; font-family: arial, helvetica, sans-serif; color: #999999;">Cela confirme que, dans notre monde, les intellectuels, les politiciens éclairés, les journalistes à la page, les prêtres clairvoyants, les philanthropes divers, constituent, en utilisant les méthodologies de la guerre psychologique, une sorte de "corps intermédiaire", une courroie de transmission entre ceux qui détiennent le pouvoir réel et les masses à endoctriner, à contraindre, à hypnotiser, à droguer dans leur corps, leur âme et leur esprit.</span></strong></p><p><strong><span style="font-size: 12pt; font-family: arial, helvetica, sans-serif; color: #999999;">Certains pourraient prétendre que le "net", avec ses "médias sociaux", offre la possibilité d'échapper à la cage existentielle dans laquelle les élites autoproclamées auxquelles nous nous sommes référés nous ont enfermés. Mais elle est entièrement illusoire. Au contraire, elle s'avère être fonctionnelle pour le système dominant. Tout ce qui se trouve sur le net est contrôlable et contrôlé : être dissident par le biais de claviers revient, après tout, à accepter la "logique imposée" et à en payer les conséquences : ce sont les gestionnaires des différentes plateformes politiquement correctes qui déterminent le "bien" et le "mal". À tout le moins, la présence de soi-disant <em>haters </em>renforce le statu quo même que l'on voudrait détruire verbalement via Facebook, Instagram, etc.</span></strong></p><p><strong><span style="font-size: 12pt; font-family: arial, helvetica, sans-serif; color: #999999;">La mission première de ce que Julius Evola a appelé un jour "l'homme différencié" devrait être de s'échapper consciemment, en opérant principalement dans sa propre intériorité, de cette prison qui nous est imposée et qui nous est présentée comme la nature éternelle et immuable.</span></strong></p><p><strong><span style="font-size: 12pt; font-family: arial, helvetica, sans-serif; color: #999999;">Pour diverses raisons, notre époque de dissolution, niant catégoriquement tout ce qui nous a précédés, se pose comme un nouveau départ, mais, comme nous avons essayé de le voir, dans des coordonnées prédéfinies. Il s'ensuit que, pour le moins, s'ouvre un champ d'action illimité et potentiellement fécond qui doit concerner, en premier lieu, la redécouverte de notre nature profonde, celle-là même que Moloch voudrait offrir en sacrifice.</span></strong></p><p><strong><span style="font-size: 12pt; font-family: arial, helvetica, sans-serif; color: #999999;">Tiré de "Polaris - le magazine n.24 - NewAnormality" - achetez votre copie ici: <span style="color: #ffcc99;">https://www.centrostudipolaris.eu/shop/</span><br /></span></strong></p><p> </p>
Café philosophique de Montargishttp://cafephilosophique-montargis.hautetfort.com/about.htmlPlaton : Les lois, la cité et la guerretag:cafephilosophique-montargis.hautetfort.com,2022-05-16:63822092022-05-16T14:14:00+02:002022-05-16T14:14:00+02:00 Trois personnages, un Athénien, qui n'est autre que Pluton, un Crétois...
<p><img src="http://cafephilosophique-montargis.hautetfort.com/media/02/00/1826042002.jpg" id="media-6357883" alt="" /></p><blockquote><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">Trois personnages, un Athénien, qui n'est autre que Pluton, un Crétois nommé Clinias et un Lacédémonien nommé Mégillos, partent de Cnossos, la ville de Minos, pour aller visiter dons la montagne de Dictè l'antre où Zens fut nourri par des abeilles et le temple qui lui a été consacré. Chemin faisant, l'Athénien met la conversation sur les lois de Minos et de Lycurgue et demande à Clinias la raison des repas en commun, qui sont d'usage en Crète et à Lacédémone. C'est en vue de la guerre qu'ils ont été institués, répond Clinias, parce que, lorsque les citoyens sont en campagne, le soin de leur sûreté les oblige à prendre leur repas tous ensemble. Mais cette institution n'a-t-elle en vue que la guerre ? demande l'Athénien. A côté de la guerre avec les ennemis du dehors, n'y a-t-il pas aussi des guerres intestines au sein d'un même État, et au sein même des individus ? Et n'est-il pas nécessaire qu'un bon législateur règle tout ce qui concerne la guerre en vue de la paix, plutôt que de subordonner la paix à la guerre ? Et c'est là une œuvre qui demande plus de vertu que la guerre. Celle-ci n'exige que le courage ; l'autre exige, avec le courage, la justice, la tempérance et la prudence. Si donc la législation de Minos a été inspirée par un dieu, il faut croire que Minos n'a pas eu en vue le courage seul, mais aussi toutes les espèces de vertu. Une bonne législation doit en effet procurer aux hommes tous les biens, les biens humains, comme la santé, la beauté, la vigueur, la richesse, mais avant tout les biens divins, dont le premier est la prudence, le second la tempérance, le troisième la justice et le quatrième le courage. C'est sur ce principe que doit reposer une bonne législation.</span></p><p style="text-align: right;"><span style="font-size: 10pt;">Platon, <em>Les Lois</em> (Ve s. av. JC)</span></p></blockquote>
Jacques-Emile Mirielhttp://jemiriel.hautetfort.com/about.htmlUn nouveau livre du romancier françaistag:jemiriel.hautetfort.com,2022-03-29:63738212022-03-29T06:43:00+02:002022-03-29T06:43:00+02:00 La vérité sur Philippe Sollers Il a...
<p> </p><p><span style="font-family: 'Book Antiqua', serif; color: #333333;"><span style="font-size: large;"><strong>La vérité sur Philippe Sollers</strong></span></span></p><p> </p><p> </p><p><span style="font-family: 'Book Antiqua', serif; color: #333333;"><span style="font-size: medium;">Il a toujours été difficile d’avoir des idées claires sur Philippe Sollers. L’écrivain a abordé tous les genres de littératures, inspiré par les plus illustres auteurs classiques, de Dante à James Joyce. Surtout, il a eu la faculté, depuis quasiment ses débuts, de côtoyer les avant-gardes du moment, en en devenant souvent la tête pensante, voire l’un des chefs revendiqués. Le surréalisme l’avait beaucoup intéressé, il portait une grande admiration à André Breton. Puis, le jeune mouvement autour de la revue <em>Tel Quel</em>, dont il fut l’un des fondateurs, l’a longuement retenu, et s’adaptait fort bien, en politique, à son maoïsme sans retenue, étiquette lourde à porter par la suite. La concurrence avec le mouvement situationniste se dénoua, à partir des années 80, par une admiration sincère pour Guy Debord, qu’il invita plus tard à se faire publier aux éditions Gallimard. En 1983, le roman <em>Femmes</em> avait permis à Sollers de se recentrer sur une littérature plus « conservatrice », faite, plus que jamais, de références aux grands auteurs, mais aussi de libertinage tous azimuts. </span></span></p><p> </p><p><span style="font-family: 'Book Antiqua', serif; color: #333333;"><span style="font-size: medium;">Aujourd’hui très âgé, Sollers continue de publier chaque année des sortes de romans-essais, dans lesquels il médite à partir de ses lectures récentes ‒ il a en effet constamment été un grand lecteur et un remarquable critique. Le volume, cette année, ne comporte qu’une soixantaine de pages et s’intitule <em>Graal</em>, comme s’il s’agissait presque d’un chant du cygne. C’est cependant un texte très significatif, indubitablement, qui mélange avec une sincérité désarmante les grands thèmes du Sollers que nous connaissons, mais en donnant des clefs véridiques. La vieillesse n’a fait que conforter le légendaire « <em>libertin </em>» des lettres, semble-t-il, qui a compris que, désormais, s’apprêtant à jouer son dernier coup d’archet, il rentrait dans la phase des aveux et de la confession ultime. Il y a dans cette prose raffinée de <em>Graal</em> un émouvant <em>tremblé </em>‒ comme dans l’écriture manuelle de certains vieillards épuisés par la vie, mais désirant néanmoins toujours en jouir, du haut de leur siècle incertain. Cette écriture, d’ailleurs, ressemble à la mienne, désormais.</span></span></p><p> </p><p><span style="font-family: 'Book Antiqua', serif; color: #333333;"><span style="font-size: medium;">On savait Sollers adepte et admirateur d’un certain <em>illuminisme</em> qui traversa notamment le XVIIIe, son siècle de prédilection. Dans <em>Graal</em>, notre auteur, allant plus loin, nous donne le fin mot : « <em>Mon anomalie génétique inexpliquée est connue depuis longtemps des spécialistes. </em>[…] <em>je suis un Atlante, ce qui expliquerait la plus grande partie de mes bizarreries. </em>» Eh oui ! Vous avez bien lu. Un « <em>Atlante</em> », c’est-à-dire un de ces humains issus de l’Atlantide, ce continent mystérieux, englouti il y a plusieurs millénaires au moins. Platon l’évoque dans le <em>Timée</em> et le <em>Critias</em>. L’Atlantide a donné lieu, à travers les siècles, à toutes sortes d’interprétations ou de délires pseudo-scientifiques.</span></span></p><p> </p><p><span style="font-family: 'Book Antiqua', serif; color: #333333;"><span style="font-size: medium;">Sollers, inspiré par un ouvrage rare du XVIIIe siècle, <em>Les Mystères sexuels de l’Atlantide</em>, va insister sur le type d’initiation que lui-même aurait reçu. C’est une initiation incestueuse et très libertine : « <em>les femmes atlantes apprennent très tôt aux jeunes garçons à se caresser pour imiter les femmes en train de se donner du plaisir. </em>[…] <em>Ce sont bien les mères et les tantes qui se chargent volontiers de cet événement qui marque à vie les jeunes mâles. </em>» Et Sollers de revenir à l’envi sur sa propre initiation charnelle avec sa tante, qu’il avait déjà racontée à mots couverts dans <em>Femmes</em>, si je me souviens bien.</span></span></p><p> </p><p><span style="font-family: 'Book Antiqua', serif; color: #333333;"><span style="font-size: medium;">À partir de cette scène inaugurale, l’imagination de Sollers vagabonde, de manière érudite, grâce à toute une série de textes anciens qu’il cite généreusement. Pour lui, la plupart des grands hommes qui ont marqué l’humanité étaient des Atlantes. Le Christ par exemple, sur lequel Sollers ne tarit pas d’éloges (notre libertin est aussi un grand catholique romain). Ou encore, saint Jean, fondateur de « <em>l’</em><em>É</em><em>glise invisible </em>», auteur mythique d’un Évangile gnostique. « <em>Que fait Jean, </em>écrit Sollers,<em> à la fois mort et vivant, pendant tout ce temps ? Il n’y a qu’une seule réponse : il garde le Graal, mais où et comment ? La réponse est au début de son </em><em>É</em><em>vangile, à condition de bien le comprendre et en le traduisant </em>au présent <em>: </em>Au commencement est le Verbe... »</span></span></p><p> </p><p><span style="font-family: 'Book Antiqua', serif; color: #333333;"><span style="font-size: medium;">Sollers a souvent affirmé qu’il aimait beaucoup l’écrivain ésotérique René Guénon. Je suis moi-même un lecteur de Guénon (en particulier du <em>Roi du </em><em>M</em><em>onde</em>, disponible aux éditions Gallimard). J’aime les constructions symboliques, qui nous mettent sur le chemin de la véritable tradition. Bien sûr, Sollers nous parle de tout ceci avec un « <em>moi </em>» très amplifié, le sien, qui déforme sans doute un peu la doctrine originelle. Il se rapproche peut-être, ce faisant, d’un René Daumal et de son fascinant <em>Mont Analogue. </em>Au fond, dans <em>Graal</em>, Sollers nous donne une belle leçon de subjectivité romanesque. Car le « romanesque » est là, dans cet effort de Sollers d’aller au plus profond de soi, pour se connaître enfin. Expérience essentielle et bien connue, mais rarement réalisée de nos jours. Il y faut sans doute toute une vie.</span></span></p><p> </p><p> </p><p><span style="font-family: 'Book Antiqua', serif; color: #333333;"><span style="font-size: medium;"><strong>Philippe Sollers, <em>Graal. </em>Éd. Gallimard, 12 €.</strong></span></span></p>
Ratatoskhttp://euro-synergies.hautetfort.com/about.htmlL'Etat vrai selon Platontag:euro-synergies.hautetfort.com,2021-10-30:63467082021-10-30T11:50:28+02:002021-10-30T11:50:28+02:00 L'Etat vrai selon Platon Par Giorgio Freda Ex:...
<p style="text-align: center;"><strong><span style="font-size: 12pt; font-family: arial, helvetica, sans-serif; color: #999999;"><img id="media-6307280" style="margin: 0.7em 0;" title="" src="http://euro-synergies.hautetfort.com/media/00/02/1868564620.jpg" alt="statue_platon.jpg" /></span></strong></p><p><span style="font-size: 24pt; font-family: 'arial black', sans-serif; color: #ff6600;"><strong>L'Etat vrai selon Platon</strong></span></p><p><span style="font-size: 18pt; font-family: 'arial black', sans-serif;"><strong><span style="color: #999999;">Par Giorgio Freda</span></strong></span></p><p><span style="font-size: 14pt; font-family: 'arial black', sans-serif;"><strong><span style="color: #999999;">Ex: https://www.osentinela.org/</span></strong></span></p><p><strong><span style="font-size: 12pt; font-family: arial, helvetica, sans-serif; color: #999999;">"Nous croyons qu'il faut rendre l'État heureux non pas en convertissant en heureux au sein de l'État quelques individus, considérés sous une forme séparée et singulière, mais l'État dans son ensemble." (Politeia, 420c)</span></strong></p><p><strong><span style="font-size: 12pt; font-family: arial, helvetica, sans-serif; color: #999999;">Les modernes attribuent à la justice un fondement exclusivement moral.</span></strong></p><p><strong><span style="font-size: 12pt; font-family: arial, helvetica, sans-serif; color: #999999;">Sur la base d'un tel caractère, ils ont converti la justice en une valeur du monde moral, en un commandement de la conscience, situé <em>in interiore homine.</em></span></strong></p><p><strong><span style="font-size: 12pt; font-family: arial, helvetica, sans-serif; color: #999999;">Une fois rompue la relation analogique entre le monde divin et le monde humain, le monde divin a perdu le caractère concret de réalité naturelle que les anciens lui attribuaient et, par conséquent, l'humain a été privé de sa dimension divine. Il en est résulté une fracture entre les deux ordres, et la chute progressive de leur caractère divin - converti en éléments moraux - dans le monde de la conscience, d'une part, et l'absolutisation de l'humain, réduit à des termes profanes et "séculiers", d'autre part.</span></strong></p><p><strong><span style="font-size: 12pt; font-family: arial, helvetica, sans-serif; color: #999999;">Ce n'est pas entièrement à cause de la virulence du christianisme que cette unité originelle a été brisée ; le christianisme a plutôt été la conséquence d'un processus de dissolution - ou, mieux encore, d'effondrement qui s'est produit dans les deux entités - une dissolution qui lui préexistait néanmoins. L'apparition du christianisme a signifié, dans un certain sens, la "prise de conscience" de la crise, la représentation, insérée en termes d'<em>habeas</em> théologique, d'un état d'esprit qui assumait lentement de telles caractéristiques, au moins depuis quelques siècles avant son arrivée.</span></strong></p><p><strong><span style="font-size: 12pt; font-family: arial, helvetica, sans-serif; color: #999999;">Ce n'est pas le lieu - et nous ne sommes pas suffisamment qualifiés - pour déterminer les phases du passage d'une affirmation objective, "nue" et active de la valeur-justice, à son internalisation émotive, moralisatrice et passive dans la conscience humaine : nous croyons suffisant pour notre propos de partir de l'hypothèse que la sensibilité classique n'admettait aucun hiatus entre le monde des valeurs et le monde politique, entre la sphère de la conscience morale et le plan des principes politiques, ce hiatus étant une conséquence qui est devenue inhérente aux conceptions des modernes, et qu'il serait illicite de le rapporter aux anciens, si le caractère abstrait, que les termes d'une telle séparation trahissaient pour eux, n'était mis en évidence.</span></strong></p><p><strong><span style="font-size: 12pt; font-family: arial, helvetica, sans-serif; color: #999999;">Par conséquent, il est arbitraire par rapport à la conception classique de distinguer la justice entre justice "individuelle" et justice "sociale": pour Platon, il y a une justice-idée, une justice-valeur, qui s'applique aussi bien à l'âme individuelle qu'au corpus étatique.</span></strong><strong><span style="font-size: 12pt; font-family: arial, helvetica, sans-serif; color: #999999;"> <br /></span></strong></p><p><strong><span style="font-size: 12pt; font-family: arial, helvetica, sans-serif; color: #999999;"><img id="media-6307282" style="float: left; margin: 0.2em 1.4em 0.7em 0;" title="" src="http://euro-synergies.hautetfort.com/media/01/00/2330503569.jpg" alt="9782081386693.jpg" />La justice est une valeur qui est réalisée par les citoyens dans leur ensemble selon un parallélisme absolu avec la réalisation de la même chose de la part de l'âme individuelle: la politique est donc "le soin de l'âme" et ce qui prend soin de la santé de l'âme, prend également soin de "la polis elle-même".</span></strong></p><p><strong><span style="font-size: 12pt; font-family: arial, helvetica, sans-serif; color: #999999;">Ainsi, dans le <em>Gorgias,</em> Socrate appelle "politique" l'art qui prend pour objet l'âme: c'est la conception classique pour laquelle le lieu naturel de l'homme est l'État et non l'individu, et les structures politiques n'ont pas non plus d'existence autonome en soi, mais toutes deux sont animées par une tension qui les organise et les intègre nécessairement.</span></strong></p><p><strong><span style="font-size: 12pt; font-family: arial, helvetica, sans-serif; color: #999999;">Pourtant, au IVe siècle, on assiste à l'émergence d'un état d'esprit individualiste qui, sous l'influence de nouvelles exigences et des recherches sophistiques, tend à opposer à la sphère des intérêts et des besoins individuels l'activité de la polis, que ces intérêts tentent d'inclure dans le cadre coercitif de la loi ; même si l'antithèse nature-droit est apparue presque comme un leitmotiv dans la recherche sophistique, l'âme grecque devait rester - dans son essence et malgré ces "incertitudes" - ancrée à cette identité naturelle de l'individu et de l'État, qui fonctionnait pour elle à la manière d'un canon normatif.</span></strong></p><p><strong><span style="font-size: 12pt; font-family: arial, helvetica, sans-serif; color: #999999;">Pour Socrate aussi en effet, la science de l'humain signifie l'investigation et la connaissance de l'homme intégral, dans son aspect individuel et dans son aspect politique : c'est seulement la perspective selon laquelle l'homme - objet unitaire et identique dans ses aspects - est assumé qui change.</span></strong></p><p><strong><span style="font-size: 12pt; font-family: arial, helvetica, sans-serif; color: #999999;">A travers cet aspect de l'influence socratique, nous pouvons comprendre comment Platon, dans la mesure où il tend à rechercher le meilleur modus vivendi, la connaissance de ces principes qui induiront chez l'homme la possession de la sagesse, entreprend de la même manière de déterminer la meilleure forme d'Etat, l'Etat parfait, dont le but suprême est le "bonheur".</span></strong></p><p><strong><span style="font-size: 12pt; font-family: arial, helvetica, sans-serif; color: #999999;"><img id="media-6307283" style="float: right; margin: 0.2em 0 1.4em 0.7em;" title="" src="http://euro-synergies.hautetfort.com/media/01/02/279199210.jpg" alt="9782080712691.jpg" />Il s'agit maintenant de développer la prémisse initiale de l'inséparabilité entre la "morale" et la politique ou, si l'on préfère, entre l'éthique individuelle et l'éthique "sociale", c'est-à-dire de souligner comment les deux termes, dans la double existence que nous leur prêtons, n'ont pas de réalité authentique selon l'œuvre de Platon, puisque la justice individuelle ne prend pas un sens proprement "moral" et que le régime platonicien, en outre, ne comporte pas les éléments profanes et temporels que le citoyen moderne attribue nécessairement à l'État. Il s'agit donc de rendre raison de la correspondance analogique entre l'individu et l'État dans la détermination platonicienne de la justice.</span></strong></p><p><strong><span style="font-size: 12pt; font-family: arial, helvetica, sans-serif; color: #999999;">Selon Platon, de même que la justice chez l'homme est la relation qui intègre harmonieusement les trois degrés de la vie individuelle et s'établit comme la vertu qui renforce et unit la sagesse, le courage et la tempérance, de même, dans l'État, elle est déterminée comme l'élément qui lie et coordonne les trois castes, vues sous le profil des fonctions qu'elles exercent. Il considère que l'élément fondamental de l'être humain est constitué par l'âme et, d'autre part, ce qui revêt une plus grande importance dans l'activité humaine est la politique, c'est-à-dire tout ce qui concerne le fonctionnement organique de la cité. L'âme humaine et la société étatique ont la même structure: dans les deux cas, la même cause produit le même effet. C'est pourquoi l'injustice n'est pas seulement une forme particulière de désordre, mais le désordre lui-même dans ce qu'il apporte de plus dangereux et de plus caractéristique, affectant aussi bien l'État que l'âme humaine lorsqu'une caste ou une des facultés de l'âme, au lieu de rester à la place que la nature lui a assignée, développe une fonction qui ne lui est pas propre. De même que l'âme injuste est celle où il n'y a pas de subordination des autres facultés à la nous, dont le rôle est de conduire l'homme vers la réalisation du Bien ; de même la cité injuste est celle où l'autorité n'est pas exercée par les <em>philosophoi,</em> c'est-à-dire par ceux qui possèdent exclusivement la connaissance du Bien.</span></strong></p><p><strong><span style="font-size: 12pt; font-family: arial, helvetica, sans-serif; color: #999999;">Mais l'affirmation selon laquelle les mêmes caractéristiques différentielles sont placées dans l'individu au même endroit que dans l'État, c'est-à-dire qu'il n'y a qu'un seul problème d'injustice et que le même problème est formulé à la fois pour l'individu et pour l'État ; que de simples "applications" parallèles de la justice - en soi unitaire - s'expriment sur les deux plans: cette affirmation n'est pas démontrée par Platon. Il ne formule pas le problème de vérifier si les supports de cette injustice, représentés respectivement par l'individu et l'État, sont susceptibles d'être opposés l'un à l'autre. La question à régler est constituée par lui par la délimitation des éléments substantiels de la justice, non des termes formels auxquels elle est inhérente.</span></strong></p><p><strong><span style="font-size: 12pt; font-family: arial, helvetica, sans-serif; color: #999999;">Que la justice, en effet, étant érigée en canon normatif pour l'homme, doive se présenter dans la même mesure aussi pour l'État et vice versa, est une donnée que Platon accepte "naturellement", comme un présupposé: un présupposé qui n'est pas converti en termes de démonstration, non pas parce qu'il est indémontrable comme principe de raisonnement, mais précisément à cause de l'objectivité spontanée avec laquelle sa reconnaissance s'impose. Nous avons déjà vu au passage - de manière encore incomplète - comment l'idée de faire adhérer l'individu au " régime politique ", de construire une relation entre l'être individuel et l'État, a été reconnue de manière tout à fait naturelle par les Grecs anciens.</span></strong></p><p><strong><span style="font-size: 12pt; font-family: arial, helvetica, sans-serif; color: #999999;">En effet, les Grecs ont spontanément accepté la conception selon laquelle l'éthique individuelle est liée à l'organisme politique, ainsi que le principe selon lequel les deux entités se déterminent mutuellement dans une relation de coordination réciproque.</span></strong></p><p><strong><span style="font-size: 12pt; font-family: arial, helvetica, sans-serif; color: #999999;">Il convient donc de répéter que dans la polis antique il n'y a pas de solution dualiste entre l'individu et la cité, ni l'individu ni la cité n'ont une existence conclue dans des fonctions et des limites spécifiques et en tant que telles exclusives: il y a le citoyen qui est l'homme inséré dans la cité et il y a la cité qui est la cité du citoyen.</span></strong></p><p style="text-align: center;"><img id="media-6307285" style="margin: 0.7em 0;" title="" src="http://euro-synergies.hautetfort.com/media/00/02/1846362634.jpg" alt="99c57b59e2829903ee44d3b965b3f0c2.jpg" /></p><p><strong><span style="font-size: 12pt; font-family: arial, helvetica, sans-serif; color: #999999;">Pour revenir à Platon, sur la base de cette prémisse, il est nécessaire de souligner que l'analogie ne constitue pas l'élément d'une investigation "originale" concernant le philosophe, mais qu'elle se réfère plutôt à une tendance dominante dans le monde grec. Platon n'avait pas besoin de rechercher l'identité "formelle" homme-état, puisque pour lui le problème ne se posait pas, les termes n'ayant pas le même caractère dual que celui que leur accordent les modernes.</span></strong></p><p><strong><span style="font-size: 12pt; font-family: arial, helvetica, sans-serif; color: #999999;">En effet, lorsque Socrate, dans la <em>Polythéa,</em> propose de transférer l'enquête sur la justice du niveau spirituel au niveau étatique, personne ne formule d'objection, puisque le transfert est considéré comme légitime: puisqu'il ne s'agit pas d'un changement de substance, mais d'un changement de plan, de perspective, d'angle de vision.</span></strong></p><p><strong><span style="font-size: 12pt; font-family: arial, helvetica, sans-serif; color: #999999;">De Platon, à son tour, émerge l'intensification d'un tel présupposé unitaire, ce qui rend l'analogie encore plus évidente lorsque le présupposé devient distinct dans ses composantes. L'identité qualitative de l'homme avec la société politique induit en effet un lien étroit entre organisme individuel et organisme étatique : les deux entités ayant "la même structure, les mêmes besoins, le même principe d'organisation", puisque pour Platon la cité est un être vivant. Platon est explicite à ce sujet, en développant la comparaison selon laquelle l'État et l'individu présentent les mêmes caractéristiques : avec la différence que celles de la cité sont écrites dans des dimensions plus grandes et que la lecture en ressort plus facilement. L'État n'est donc rien d'autre que "l'image magnifiée" de la personne, et tout comme l'essence de la personne est ordonnée par la Vertu qui donne l'harmonie aux autres vertus, l'État est également fondé sur le même principe. L'État est, en somme, la personne elle-même, il constitue son âme au sens large, de sorte qu'il existe une certaine relation d'altérité entre le citoyen et l'État : en plaçant l'État comme image de l'âme individuelle à un niveau différent et par les vertus de l'âme possédant des valeurs éthiques et politiques en même temps.</span></strong></p><p><strong><span style="font-size: 12pt; font-family: arial, helvetica, sans-serif; color: #999999;">Surtout, à partir du livre IV du <em>Polythea,</em> cette continuité de nature entre l'individu et l'État émerge, de sorte que - comme on l'a souligné plus haut - le passage du niveau de l'éthique à celui de la politique, plus qu'un passage véritable et propre, est une mise sous les différents angles de vision.</span></strong></p><p><strong><span style="font-size: 12pt; font-family: arial, helvetica, sans-serif; color: #999999;">On voit ainsi que Platon ne se préoccupe pas de formuler un plan de " constitution " politique, mais de déterminer les " vertus " mises en avant comme fondement de l'État, et il est symptomatique que lorsqu'il veut donner une image générale de la Polyphée, il la définit comme: "l'État dans lequel les désirs d'une masse vicieuse sont dominés par les désirs et la sagesse d'une minorité vertueuse ".</span></strong></p><p><strong><span style="font-size: 12pt; font-family: arial, helvetica, sans-serif; color: #999999;">L'objectif suprême de l'individu et de l'État est le bonheur au sens classique d'intégration, de plénitude et de participation au divin.</span></strong></p><p><strong><span style="font-size: 12pt; font-family: arial, helvetica, sans-serif; color: #999999;">Dans ce but, l'État n'est pas placé comme une réalité extérieure à l'âme, mais comme une présence intime dans l'homme: s'il reste comme une simple structure extérieure, comme un simple facteur d'organisation sociale, il n'est pas l'État selon la justice. Elle le sera si elle est ordonnée dans son noyau métaphysique, dans l'idée de valeur que le véritable État a en commun avec le juste citoyen. C'est pourquoi - comme on l'a souligné - entre la réalité de cette dernière et la réalité de l'individu il n'y a pas de différence ontologique, mais en tout cas une distinction de possibilité et d'intensité, à partir du moment où la polis représente le centre de tension pour que le citoyen devienne <em>eudaimon </em>(heureux).</span></strong></p><p><strong><span style="font-size: 12pt; font-family: arial, helvetica, sans-serif; color: #999999;">Mais quelle valeur ou fonction l'État représente-t-il devant le citoyen ? Il est évident - selon ce que nous avons essayé de mettre en évidence auparavant - que le problème - tel qu'il est présenté - ne concerne que ceux qui, interprétant en termes duels les termes d'État et de citoyen, renvoient la même altérité à la conception platonicienne. Deux thèses suscitent à cet égard un intérêt prédominant : la première se réfère à ceux qui présentent l'État platonicien comme un État totalitaire ; la seconde est propre à ceux qui attribuent à la <em>Politeia</em> une "fonction éthique" au service de l'âme individuelle.</span></strong></p><p style="text-align: center;"><img id="media-6307286" style="margin: 0.7em 0;" title="" src="http://euro-synergies.hautetfort.com/media/02/02/2115508595.jpg" alt="9ec16526bf7568227683942158b71f98.jpg" /></p><p><strong><span style="font-size: 12pt; font-family: arial, helvetica, sans-serif; color: #999999;">En ce qui concerne la thèse qui divise dans la <em>Politeia</em> platonicienne les éléments typiques des régimes totalitaires, nous considérons que l'idée de convertir l'État en une entité "divinisée" devant laquelle la personne doit se sacrifier et à laquelle elle doit renvoyer la raison de ses propres actions, est complètement étrangère à la position platonicienne. Si l'on considère toutes les fonctions, ou plutôt les applications, du totalitarisme, la comparaison de celui-ci avec un système qui - comme le <em>Polythea </em>- est basé sur l'identité entre l'économie intérieure de l'âme individuelle et la vie de l'État, est manifestement absurde. Si dans l'État platonicien émergent des éléments capables de conformer en apparence la thèse d'un État "centralisateur", ce n'est pas d'un État totalitaire dans ses dimensions typiques qu'il s'agit ici. Dans le système totalitaire, l'unité est imposée de l'extérieur, non pas sur la base d'un principe émanant d'en haut, d'une autorité naturelle et reconnue, mais d'une partie d'un pouvoir politique matérialiste. Ceci est affirmé comme l'une des dernières implications - dans la sphère politique - de la décadence qui avait déjà commencé avec la séparation de l'élément humain, séculier, de l'élément sacré. La sclérose typique de l'État totalitaire, l'instinct de tronquer toute harmonie et toute liberté différenciée qu'il veut atteindre, l'absolutisation conférée à la sphère in
Ratatoskhttp://euro-synergies.hautetfort.com/about.htmlPierre Le Vigan : La nouveauté de Platontag:euro-synergies.hautetfort.com,2021-01-19:62919682021-01-19T18:02:00+01:002021-01-19T18:02:00+01:00 Pierre Le Vigan : La nouveauté de Platon...
<p style="text-align: center;"><img id="media-6218019" style="margin: 0.7em 0;" title="" src="http://euro-synergies.hautetfort.com/media/02/02/2289701861.jpg" alt="1280x680_platon_gettyimages-515251834.jpg" /></p><h1 class="title style-scope ytd-video-primary-info-renderer"><span style="font-size: 24pt; font-family: 'arial black', sans-serif; color: #999999;">Pierre Le Vigan : </span></h1><h1 class="title style-scope ytd-video-primary-info-renderer"><span style="font-size: 24pt; font-family: 'arial black', sans-serif; color: #ff6600;">La nouveauté de Platon</span></h1><div id="info" class="style-scope ytd-video-primary-info-renderer"><div id="info-text" class="style-scope ytd-video-primary-info-renderer"></div></div><div id="container" class="style-scope ytd-sentiment-bar-renderer"><div id="like-bar" class="style-scope ytd-sentiment-bar-renderer" style="width: 97%;"></div></div><div id="limited-state" class="style-scope ytd-watch-flexy"></div><div id="meta-contents" class="style-scope ytd-watch-flexy"><div id="container" class="style-scope ytd-video-secondary-info-renderer"><div id="list-container" class="style-scope ytd-video-secondary-info-renderer"></div><div id="top-row" class="style-scope ytd-video-secondary-info-renderer"><a class="yt-simple-endpoint style-scope ytd-video-owner-renderer" tabindex="-1" href="https://www.youtube.com/channel/UCj0NPP7Q09tBDjQXVIMGvtw"><img id="img" class="style-scope yt-img-shadow" src="https://yt3.ggpht.com/ytc/AAUvwnjoK7Bkaok763AnoM8NBimxVCKm2-2_etkNOdbAPQ=s48-c-k-c0xffffffff-no-rj-mo" alt="" width="48" /></a><div id="upload-info" class="style-scope ytd-video-owner-renderer"><div id="container" class="style-scope ytd-channel-name"><div id="text-container" class="style-scope ytd-channel-name"><a class="yt-simple-endpoint style-scope yt-formatted-string" dir="auto" spellcheck="false" href="https://www.youtube.com/channel/UCj0NPP7Q09tBDjQXVIMGvtw"><span style="font-size: 14pt; font-family: 'arial black', sans-serif; color: #99cc00;">Cercle Aristote</span></a></div></div></div></div></div></div><div id="upload-info" class="style-scope ytd-video-owner-renderer"></div><div id="sponsor-button" class="style-scope ytd-video-owner-renderer"></div><div id="analytics-button" class="style-scope ytd-video-owner-renderer"></div><div id="subscribe-button" class="style-scope ytd-video-secondary-info-renderer"></div><div id="notification-preference-toggle-button" class="style-scope ytd-subscribe-button-renderer"></div><div id="notification-preference-button" class="style-scope ytd-subscribe-button-renderer"></div><div id="content" class="style-scope ytd-expander"><div id="description" class="style-scope ytd-video-secondary-info-renderer"><span style="color: #999999;"><strong><span class="style-scope yt-formatted-string" dir="auto" style="font-size: 12pt; font-family: arial, helvetica, sans-serif;">Pierre Le Vigan, urbaniste et essayiste, répond aux questions de Marianne Corvellec sur la nouveauté apportée par Platon dans la philosophie grecque. <br /></span></strong></span></div><div class="style-scope ytd-video-secondary-info-renderer"> </div><div class="style-scope ytd-video-secondary-info-renderer"><span style="color: #999999;"><strong><span class="style-scope yt-formatted-string" dir="auto" style="font-size: 12pt; font-family: arial, helvetica, sans-serif;"><iframe width="560" height="315" src="https://www.youtube.com/embed/ar8ta4qgwns" frameborder="0" allow="accelerometer; autoplay; clipboard-write; encrypted-media; gyroscope; picture-in-picture" allowfullscreen="allowfullscreen"></iframe></span></strong></span></div><div class="style-scope ytd-video-secondary-info-renderer"> </div><div class="style-scope ytd-video-secondary-info-renderer"><span style="color: #999999;"><strong><span class="style-scope yt-formatted-string" dir="auto" style="font-size: 12pt; font-family: arial, helvetica, sans-serif;">➡️ Abonne-toi, camarade ! </span></strong></span></div><div class="style-scope ytd-video-secondary-info-renderer"> </div><div class="style-scope ytd-video-secondary-info-renderer"><span style="color: #999999;"><strong><span style="font-size: 12pt; font-family: arial, helvetica, sans-serif;"><span class="style-scope yt-formatted-string" dir="auto">
Ratatoskhttp://euro-synergies.hautetfort.com/about.htmlPlaton, Aristote et l’origine de la querelle des universauxtag:euro-synergies.hautetfort.com,2020-11-25:62798182020-11-25T00:59:00+01:002020-11-25T00:59:00+01:00 Pierre Le Vigan Platon, Aristote et l’origine de la querelle des...
<p style="text-align: center;"><img id="media-6197073" style="margin: 0.7em 0;" title="" src="http://euro-synergies.hautetfort.com/media/01/00/1040239691.jpg" alt="platon-aristote-2.jpg" /></p><p><span style="font-size: 18pt; font-family: arial black, sans-serif;"><strong><span style="color: #999999;">Pierre Le Vigan</span></strong></span></p><p><span style="font-size: 24pt; font-family: arial black, sans-serif; color: #ff6600;"><strong>Platon, Aristote et l’origine de la querelle des universaux</strong></span></p><p align="right"><span style="color: #ccffcc;"><em><strong><span style="font-size: 12pt; font-family: arial, helvetica, sans-serif;">« La poésie est rêve et réalité, </span></strong></em></span></p><p align="right"><span style="color: #ccffcc;"><strong><span style="font-size: 12pt; font-family: arial, helvetica, sans-serif;"><em>comme il y a la rose et le rosier »</em> </span></strong></span></p><p align="right"><strong><span style="font-size: 12pt; font-family: arial, helvetica, sans-serif; color: #999999;">Paul Eluard</span></strong></p><p><strong><span style="font-size: 12pt; font-family: arial, helvetica, sans-serif; color: #999999;">C’est à partir de Platon que se mettent en place les principaux clivages philosophiques. Idées matrices du réel, ou choses premières, universalité des concepts et particularité irréductible de chaque réalité, etc. On connait la querelle qui oppose les tenants des universaux aux nominalistes. Pas d’anachronisme : cette querelle remonte au Moyen-Age. Mais il est possible de lui trouver des racines plus lointaines. Quelles est l’origine de cette catégorie des universaux, et quelle est l’origine de la catégorie opposée, celle des nominaux ? Les « universaux » (nous reviendrons sur ce terme étrange) sont les catégories qui peuvent s’appliquer à plusieurs choses. « Ce qui se dit de plusieurs » (Aristote). La catégorie du cheval, ou « chevalité » s’applique ainsi à tous les êtres singuliers que sont les chevaux. Les partisans des universaux croient que ces catégories existent réellement. Ils disent que la catégorie du cheval existe, même s’il y a des chevaux différents, mâles ou femelles, d’Europe, d’Asie, grands, petits, etc. La catégorie de la beauté existe, même si elle peut s’appliquer à des choses aussi différentes qu’une belle poterie, un beau dessin, une belle femme, un beau bateau, etc. </span></strong></p><p><span style="color: #ff6600;"><strong><span style="font-size: 12pt; font-family: arial, helvetica, sans-serif;"><em>La querelle des universaux et des nominalistes</em></span></strong></span></p><p><strong><span style="font-size: 12pt; font-family: arial, helvetica, sans-serif; color: #999999;">A l’inverse, pour les nominalistes, l’usage des catégories ne relève que de conventions de langage. Cette distinction entre la doctrine des universaux et le nominalisme parcourt toute la philosophie, dés ses débuts, indépendamment de l’usage des termes. Platon est-il à l’origine de la doctrine des universaux ? Et Aristote est-il à l’origine de la doctrine nominaliste (sachant qu’il faudrait toutes deux les mettre au pluriel : les doctrines des universaux et les doctrines nominalistes) ? </span></strong></p><p><strong><span style="font-size: 12pt; font-family: arial, helvetica, sans-serif; color: #999999;">Remarquons tout d’abord que les universaux ne sont pas le pluriel d’un universel. Ce serait le pluriel d’un « universal », mais le mot n’existe pas dans notre langue. On ne se trompera pas, par contre, en disant que les universaux sont le pluriel d’une catégorie universalisable. Les universaux sont donc des catégories universalisables. Ce sont des choses (corporelles ou mentales) universalisables. Pour les partisans des universaux (il n’existe pas de nom pour les définir, contrairement aux nominalistes, et on ne peut les qualifier d’universalistes, ce qui renvoie à tout autre chose), les universaux existent réellement. Quel sens cela a–t-il ? C’est là que Platon intervient. Les universaux sont les idées. Ce qui tient lieu des universaux selon Platon, ce sont donc les Formes. Les universaux en tant que ce sont des Formes universelles sont des réalités générales qui engendrent des réalités particulières. Ces réalités générales dites au Moyen-Age « universaux » sont « au-dessus » des réalités particulières. Elles sont « au-dessus » des réalités particulières d’un point de vue ontologique, c’est-à-dire du point de vue de l’être. Voilà les racines de la version forte de la doctrine des universaux.</span></strong></p><p style="text-align: center;"><img id="media-6197076" style="margin: 0.7em 0;" title="" src="http://euro-synergies.hautetfort.com/media/00/02/4183186047.JPG" alt="Busto-Aristoteles-CS-OD1020_3.JPG" width="530" height="736" /></p><p><strong><span style="font-size: 12pt; font-family: arial, helvetica, sans-serif; color: #999999;">Une version plus faible de la doctrine des universaux consiste à dire que ce sont des concepts nécessaires à la saisie des réalités particulières. Pour Platon, les catégories (le cheval, la beauté, l’honneur, …) sont des Idées qui existent en soi, et qui sont à l’origine du sensible. Celui-ci est tel cheval que je vois, tel gâteau que je vois, telle voiture que je vois (qui appartient à la catégorie générale des véhicules automobiles), etc. Cela, c’est le sensible. On voit aussi que le sensible est forcément un « pour soi ». C’est la chose, ou le phénomène, tel qu’il m’apparait, dans sa réalité particulière, et à travers ma subjectivité (pour tel d’entre vous, le type même de la belle femme sera Greta Garbo ou Louise Brooks). Ce n’est donc pas un en soi mais un pour soi. En tout cas, le réel de l’Idée est à l’origine des manifestations sensibles que je connais, que je rencontre. L’Idée est le rosier, le sensible est la rose. Nous voyons la rose, et nous oublions le rosier. C’est la réalité du rosier que Platon nous rappelle, et c’est aussi le fait que sans rosier, il n’y aurait pas de rose que Platon nous rappelle. </span></strong></p><p><strong><span style="font-size: 12pt; font-family: arial, helvetica, sans-serif; color: #999999;">Quand on dit que Platon est idéaliste, on veut dire par là qu’il croit à la réalité des Idées (il est donc aussi réaliste : un réalisme des Idées). Il croit aussi au fait que les Idées sont au-dessus des réalités sensibles, et avant les réalités sensibles, au sens où elles les précèdent. Sans Idée de la femme, je ne rencontrerais jamais de femme, sans Idée de la beauté, je ne rencontrerais jamais de belle chose, je ne verrais jamais de belles femmes, etc. Cela touche les comportements mêmes : sans Idée de l’amour, je ne serais jamais amoureux. Par contre, même sans Idée de la mort, je finirais par mourir, car la mort est certainement une Idée, mais elle est aussi un existential, comme le dira Heidegger. Mais comment ne pas avoir une Idée de la mort, à partir du moment où la réalité sensible comporte des morts, nous met face à l’évidence de la survenue de morts ?</span></strong></p><p><strong><span style="font-size: 12pt; font-family: arial, helvetica, sans-serif; color: #999999;"><span style="color: #ff6600;"><em>Comment articuler l’Idée et le sensible</em> ?</span> </span></strong></p><p><strong><span style="font-size: 12pt; font-family: arial, helvetica, sans-serif; color: #999999;">Comment Platon articule-t-il l’Idée et le sensible ? Le générique et le particulier ? Ceci nous renvoie à l’idée des universaux. Le générique, chez Platon, c’est-à-dire ce qui relève des universaux, nous permet de rencontrer le particulier, le contingent, le spécifique. On peut dire cela autrement : les universaux sont transcendants chez Platon. </span></strong></p><p><strong><span style="font-size: 12pt; font-family: arial, helvetica, sans-serif; color: #999999;">La position d’Aristote est différente de celle de Platon. Mais elle n’en est pas l’exact inverse. Aristote ne nie pas l’existence des universaux. Mais ils sont chez lui immanents. Ils sont <em>dans </em>les choses mêmes. Ils ne sont pas génériques. Pour Aristote, la beauté existe, la bonté existe, la mortalité existe (le caractère mortel des êtres), la lourdeur, la grandeur, la blancheur, la liquidité existent. Les catégories générales existent. Mais Aristote raisonne en termes d’attributs. Est universel ce qui peut être dit de plusieurs sujets : « l’homme est mortel ». On peut le dire parce que tous les hommes sont mortels. Par contre, « Calliclès est fier » ne concerne que Calliclès. « Callias est corrompu » ne concerne que Callias. Fierté et corruption ne prennent pas ici un caractère d’universalité. Ce qui est universel désigne chez Aristote ce qui peut se dire de plusieurs sujets, et avec un sens général : « tous les hommes sont mortels », « tous les hommes ont besoin de s’alimenter », etc. En fait, Aristote n’entre pas dans le questionnement de Platon consistant à savoir si les Idées existent réellement, et de manière séparée des phénomènes sensibles. Il constate que certaines Idées existent réellement, mais à partir des choses mêmes comme phénomènes sensibles. Les Idées n’existent donc pas de manière séparée. Là est la différence essentielle avec Platon. Difficile de ne pas donner raison à Aristote sur ce point. Sauf que les Idées chez Platon ne sont pas totalement séparées du sensible, contrairement à ce que retient une interprétation sommaire de Platon. </span></strong></p><p style="text-align: center;"><img id="media-6197077" style="margin: 0.7em 0;" title="" src="http://euro-synergies.hautetfort.com/media/00/01/2217481587.jpg" alt="Plato-portrait-bust-original-Capitoline-Museums-Rome.jpg" width="414" height="645" /></p><p><strong><span style="font-size: 12pt; font-family: arial, helvetica, sans-serif; color: #999999;">L’écart entre les deux penseurs est donc relatif. [Notons-le par ailleurs : « revenir aux choses mêmes », cette démarche d’Aristote, ce sera le mot d’ordre de la phénoménologie de Husserl]. Si Aristote n’est pas un anti-Platon, il s’en éloigne à coup sûr. Car pour Platon, l’Idée, ou encore la Forme, existe réellement. « Les formes existent et sont des choses déterminées. Les autres choses reçoivent leur dénomination de leur participation à ces formes » (<em>Phédon</em>, 102 b). L’Idée du Cheval existe. Autant que les chevaux, et même plus. Mais sous quelle forme y-a-t-il existence de l’Idée ? Sous quelle forme l’existence de la Forme ? En sachant qu’Idée et Forme sont synonymes. L’Idée existe-t-elle avec une substance, avec une matérialité, ou comme création de l’esprit ? Que ce soit une création de l’esprit, et une indispensable création, Aristote ne dit pas le contraire. L’Idée existe réellement, selon Aristote, mais de manière immanente, non générique, tout comme on peut dire que le concept existe, et qu’il n’a pourtant pas besoin pour être réel d’être matériel (le concept de moteur thermique existe et produit des moteurs réels et matériels, mais n’est pas matériel lui-même). Aristote n’est ici pas très éloigné de ce que dira Hegel, pour qui le concept est un détour nécessaire pour arriver au concret, à l’universel concret, mais certainement pas une réalité surplombante. On le voit : la question centrale, celle qui sépare Platon d’Aristote, n’est pas tant l’existence des universaux que leur caractère séparé des choses.</span></strong><strong><span style="font-size: 12pt; font-family: arial, helvetica, sans-serif; color: #999999;"> *</span></strong></p><p><strong><span style="font-size: 12pt; font-family: arial, helvetica, sans-serif; color: #999999;">Séparé ? Est-ce vraiment cela que l’on rencontre chez Platon ? La théorie de Platon anticipe tellement sur toutes ses réfutations que c’est en ce sens que Platon est toujours actuel. Pourquoi ? Parce que quand Platon explique que les Idées existent réellement, il ne dit pas qu’elles sont forcément corporelles. Il n’y a pas de substance que corporelle. Que l’Idée soit un concept (donnons en acte à Aristote), Platon, avant même que l’objection lui soit faite, ne le niait aucunement, même si la notion de concept n’est pas mure à son époque, car la raison ne s’est pas encore dégagée de sa gangue mythique. Mais l’essentiel est que, pour Platon, l’Idée est le fruit du travail de l’intellect (<em>noos</em> ou <em>noûs</em>). Pour lui, c’est bel et bien l’Idée qui permet d’appréhender le sensible. L’opposition entre le réalisme des Idées (les idées sont réelles) de Platon, et le conceptualisme d’Aristote (les Idées sont réelles mais déduites après coup, sous forme de concepts, de l’observation des réalités particulières) est donc une opposition à relativiser. En somme, pour Platon, rien n’existe vraiment tant que l’outil Idée n’a pas été créé par les humains, ou par les dieux, ou, bien, plus probablement, par les humains aidés par les dieux. L’homme de Platon doit se hisser vers la compréhension, il doit se mettre en état de comprendre et de produire les outils de la compréhension. C’est cela qui fait exister les choses, les choses sensibles. Pour Aristote, au contraire, « l’être se dit en plusieurs sens ». Les choses sont déjà-là, avant d’être comprises et saisies par l’homme. L’<em>être</em> est déjà-là. C’est cette différence qui est importante. Ce ne sont pas les universaux qui séparent Aristote de Platon. Tous deux les admettent. C’est plutôt l’interprétation de l’Idée : est-elle un concept rassembleur des réalités sensibles <em>après coup </em>(Aristote), ou une Idée génératrice <em>préalable</em> (Platon) ? Concept veut dire « tenir ensemble ». Or, l’idée du cheval est bel et bien ce qui permet de « tenir ensemble », en une même catégorie, tous les chevaux. Le concept est une Idée <em>efficace</em>. C’est un outil, chez Platon et chez Aristote. Mais à quel moment agit l’outil ? C’est la question. </span></strong></p><p style="text-align: center;"><img id="media-6197078" style="margin: 0.7em 0;" title="" src="http://euro-synergies.hautetfort.com/media/00/01/2463173700.jpeg" alt="1 DgpaBCa3sH3eAEr6XUEanQ.jpeg" /></p><p><strong><span style="font-size: 12pt; font-family: arial, helvetica, sans-serif; color: #999999;">L’Idée de Platon, l’Idée que Platon met au-dessus de tout, cela veut dire que ce qui compte chez l’homme, c’est les moyens qu’il se donne (les concepts) pour découper la nature en grandes catégories, en séquences, en Idées. Quant au principal reproche que l’on fait à Platon, la séparation des Idées et du monde sensible, il doit être examiné sans oublier que, pour Platon, il y a participation, passage par un entre-deux (<em>methexis</em>), qui met en communication le monde des Idées et le monde sensible. Il y a des intermédiaires (<em>metaxu</em>), ou encore des « démons » (<em>daimones</em>), qui sont des divinités (qui seront les anges dans le christianisme), qui font le lien, le pont entre le sensible et l’Idée. En fait, la véritable question est sans doute de savoir si les universaux id l’être des choses existent avant que les choses apparaissent dans leur pluralité (la thèse de Platon), ou s’ils existent dans la pluralité même des choses, sans précéder celles-ci (la thèse d’Aristote). </span></strong></p><p><strong><span style="font-size: 12pt; font-family: arial, helvetica, sans-serif; color: #999999;">Si Aristote n’a aucun mal à déporter l’être même des choses « en aval », vers les choses mêmes, vers les phénomènes, c’est qu’il considère que les êtres des choses (les universaux, dira-t-on plus tard) ne sont que des déclinaisons d’un premier moteur immobile, moteur premier, unique, et <em>immobile</em>, c’est-à-dire qui fait tout bouger sans que lui-même ne bouge, ce que l’on peut aussi appeler l<em>’être</em>, mais qui est peut-être plus encore l’<em>Intellect</em> comme sommet de l’être, l’être pensant se pensant comme pensant et étant ainsi pleinement l’être. Ou encore la pensée de la pensée. Pour le dire autrement, c’est parce qu’Aristote est plus métaphysicien que Platon qu’il fait sans doute moins de place à la production des Idées, et plus de place à une force primordiale mettant le monde en marche, force primordiale que l’on peut appeler Dieu, ou en tout cas la déité. Tandis que chez Platon, les choses se présenteraient différemment : les Idées correspondraient aux dieux, dans une vision restée plus polythéiste. Platon inaugure donc le réalisme des Idées. Cette théorie sera défendue, et c’est là que le terme même d’universaux sera employé, au Moyen-Age, par divers théologiens. Guillaume de Champeaux sera l’un des plus importants (mais non le seul : citons Anselme de Laon, Gilbert de la Porée…). </span></strong></p><p style="text-align: center;"><img id="media-6197079" style="margin: 0.7em 0;" title="" src="http://euro-synergies.hautetfort.com/media/02/01/1377004486.png" alt="Aritstóteles.png" /></p><p><strong><span style="font-size: 12pt; font-family: arial, helvetica, sans-serif; color: #999999;">Guillaume de Champeaux défendra, au début du XIIe siècle, l’idée de l’essence matérielle incorporée réellement à l’Idée. On parle parfois de <em>réisme</em> à propos de ce réalisme des Idées, au sens où les universaux sont des choses (<em>res</em>). L’Idée est à la fois une forme et un contenu. Le réalisme des universaux, c’est dire qu’il y a quelque chose de l’homme en tout homme, quelque chose de la beauté en toute belle chose, par exemple en tout beau chaudron, en en tout beau vase, etc. Le réalisme des universaux (ou des Idées), cela veut dire qu’il y a quelque chose de la blancheur en toute chose blanche, qu’il s’agisse d’une table blanche, d’une lumière blanche, de la couleur du lait, d’un ours blanc, ou du cheval d’Henri IV, dont on sait qu’il était blanc. L’opposé de cette position est le nominalisme, où les universaux ne sont que des noms (ils nomment), ne sont que des mots, du langage (<em>vox</em> veut dire à la fois mot, voix, langue, sentence). Quand je dis : « Viens par ici, Jean-Claude », il n’y a aucun contenu à Jean-Claude, cela n’est qu’un moyen de l’appeler parce qu’il va se reconnaitre. C’est une commodité. Cela ne dit rien de ce qu’est Jean-Claude (est-il vieux, jeune, grand, petit, bon ou méchant, etc). Guillaume d’Ockham (franciscain anglais) sera, au début du XIVe siècle, le doctrinaire le plus connu de ce courant. Les nominalistes sont alors couramment appelés « nominaux ». C’est ainsi que les nomment les théologiens de Louis XI qui les condamnent. Avec le nominalisme radical (Roscelin), seul tel ou tel individu existe, l’homme n’existe pas. Le concept d’homme, « l’homme » comme notion universalisable, n’a pas droit
cléoménèshttp://carnetsdunpaien.hautetfort.com/about.htmlL’hystérie : symptômes, causes, traitementtag:carnetsdunpaien.hautetfort.com,2020-11-24:62797902020-11-24T19:05:00+01:002020-11-24T19:05:00+01:00 On connait tous des hystériques. Sur le net, ils répondent à une simple...
<p style="text-align: center;"><img id="media-6197028" style="margin: 0.7em 0;" title="" src="http://carnetsdunpaien.hautetfort.com/media/00/00/1271661204.jpg" alt="american vibrator, godemichet, sextoy,féminisme,Mortimer Granville" /></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 12.0pt; font-family: 'Times New Roman',serif;">On connait tous des hystériques. Sur le net, ils répondent à une simple boutade par des monologues interminables. Au quotidien, ils traitent de fascistes tous ceux qui ne sont pas de leur avis, sans être capables de définir ce qu’est ce fascisme tant détesté. Ils ne comprennent pas le second degré. Ils ne supportent pas la contradiction. Leur culture est au mieux basique, au pire inexistante. Ils sont, le plus souvent, de gauche. </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 12.0pt; font-family: 'Times New Roman',serif;">Pourquoi l’hystérie est-elle un problème ? Parce qu’elle stérilise tout échange. La base d’un dialogue enrichissant est le respect mutuel et la pondération. Ne pas insulter son interlocuteur, répondre de façon proportionnée (on ne poste pas un pavé pour répondre à une simple phrase), etc. Bref, être bien élevé et mesuré. L’hystérique n’a que faire de tout ça. C’est pourquoi il (ou, bien souvent, elle) doit être soigné.e, dans la mesure du possible. </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 12.0pt; font-family: 'Times New Roman',serif;">Premier constat : le concept d’hystérie est pertinent. La preuve ? Les hystériques détestent qu’on les appelle ainsi, de même que les fous détestent qu’on les dise fous. C’est le meilleur indicateur qui soit. Ça montre qu’on met le doigt sur un point sensible. Qu’on touche à une certaine vérité. En plus, c’est un concept grec, et les Grecs de l’antiquité avaient raison sur à peu près tout, c’est bien connu. </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 12.0pt; font-family: 'Times New Roman',serif;">Théorisée par Hippocrate, l’hystérie nous est expliquée en détail par Platon, célèbre penseur d’extrême droite : </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 12.0pt; font-family: 'Times New Roman',serif;">« <span style="color: #202122; background: white;">La matrice est un animal qui désire ardemment engendrer des enfants ; lorsqu'elle reste longtemps stérile après l'époque de la puberté, elle a peine à se supporter, elle s'indigne, elle parcourt tout le corps, (…) jetant le corps dans des dangers extrêmes, et occasionnant diverses maladies, jusqu'à ce que le désir et l'amour, réunissant l'homme et la femme, fassent naître un fruit. »</span></span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 12.0pt; font-family: 'Times New Roman',serif;">Ce que nous dit en termes châtiés Platon, qui se montre véritablement prophétique dans ce passage, c’est que toutes les féministes, écologistes, marxistes et autres givrées agressives qui défilent sur les plateaux télé sont purement et simplement des mal baisées. Les psychiatres du 19<sup>ème</sup> siècle, qui savaient mieux lire le grec que nos contemporains, avaient parfaitement assimilé la sagesse antique et bricolé des godemichets à manivelle pour tenter de guérir les suffragettes et autres cinglées du genre, hélas sans succès. Et maintenant que nous avons toute la technologie nécessaire, c’est l’idéologie qui s’en mêle, et empêche de soigner ces malheureuses. Regardez Greta Thunberg, et vous comprendrez que cette petite anormale n’a besoin de rien d’autre que de connaître l’amour pour arrêter de nous bassiner h24 avec ses histoires de réchauffement climatique. De même pour les quiches qui gesticulent en chantant « Un violeur sur ton chemin ». Osez me dire que ces filles habillées comme des sacs ne puent pas le mal être et l’aigreur à des années lumières. Et qu’on s’amuse au pieu avec Nathalie Artaud, tant qu’on y est.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 12.0pt; font-family: 'Times New Roman',serif;">On dira que je suis sexiste, mais pas du tout : l’hystérie a son penchant masculin (étant entendu que dans ce cas, c’est un autre organe qui cause les troubles). A gauche, ce sont ces mâles sans caractère qui répètent en cœur les inepties castratrices de leurs sœurs de lutte, dans l’espoir de pouvoir les baiser. A droite, les masculinistes qui, exactement comme les féministes, théorisent en long et en large leurs névroses. Une bonne partie de jambes en l’air, et toutes ces conneries seraient oubliées aussitôt, j’en suis à peu près sûr. </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 12.0pt; font-family: 'Times New Roman',serif;">Le meilleur reflexe consiste donc à éviter tout débat, ou plutôt tout monologue agressif avec ce genre d’énergumène. Vous perdez votre temps, et renforcez la pathologie de la personne malade en lui donnant l’impression qu’elle a des choses à dire. Tout au plus, si vous êtes absolument obligé de parler, conseillez lui l’invention du docteur Mortimer Granville, cela lui fera le plus grand bien. Car comme disait un docteur célèbre, c’est toujours la chose génitale qui est à l’œuvre dans des cas pareils.</span></p>
Jacques-Emile Mirielhttp://jemiriel.hautetfort.com/about.htmlPascal Quignard, le questionnement de l'intimetag:jemiriel.hautetfort.com,2020-09-02:62607312020-09-02T09:29:00+02:002020-09-02T09:29:00+02:00 Lire, selon Heidegger En lisant cet été un très...
<p style="text-align: justify;"> </p><p style="text-align: justify;"><em><strong><span style="font-size: 10pt;">Lire, selon Heidegger</span></strong></em></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 12pt;"> En lisant cet été un très beau commentaire de Heidegger sur le mythe de la caverne de Platon, dans <em>De l'essence de la vérité</em>, je suis tombé sur cette phrase qui m'a fait longuement réfléchir et a littéralement "rafraîchi" mon esprit, face au surmenage imminent de la prochaine rentrée avec ses piles de livres à foison. À la fin de son cours, après avoir détaillé sa lecture de Platon, Heidegger lance à ses étudiants une sorte d'invocation absolue. Il leur dit : <em>"Au cas où vous éprouveriez encore le besoin irrépressible de lire la littérature philosophique paraissant aujourd'hui, c'est le signe infaillible de ce que vous n'avez rien compris à ce qui s'est passé devant vous."</em> Selon Heidegger, lire et étudier un dialogue de Platon suffisait amplement, à condition sans doute, comme il l'ajoute, toujours à son jeune auditoire, <em>"que vous ayez </em>en <em>vous un questionnement éveillé, mis en éveil au plus profond de votre</em> <em>intimité"</em>. Il me semble que, certes, l'on peut ne pas être tout à fait d'accord avec cette injonction de Heidegger. Néanmoins, il a le mérite de pointer du doigt un phénomène essentiel de la littérature, en mettant en question les livres qui nourrissent réellement l'esprit, et les autres. Au lecteur de rester "éveillé", et de faire confiance à sa culture pour dominer une matière si complexe.</span></p><p style="text-align: justify;"> </p><p style="text-align: justify;"><strong><span style="font-size: 10pt;"><em>Qu'est-ce qu'un lettré ?</em></span></strong></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 12pt;"> Le nouveau livre de Pascal Quignard, qui paraît à cette rentrée, <em>L'Homme aux trois lettres</em>, va nous apporter des éléments de réponse assez cruciaux. On connaît déjà l'œuvre de cet auteur très érudit, qui n'hésite pas à prendre ses exemples dans la vieille littérature latine ou chinoise, entre autres. Quignard est notre dernier <em>lettré</em>, selon une tradition qui remonte à la nuit des temps. Ses livres sont parsemés de citations exquises, puisées dans les textes les plus anciens et, parfois, les plus méconnus. <em>L'Homme aux trois lettres</em>, onzième volume de la série "Dernier royaume", est d'autant plus intéressant que Quignard y fait le bilan de son activité passionnée de lecteur.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 12pt;"> Un jour, alors que sa vie professionnelle dans le milieu de l'édition était pourtant intense et riche, Pascal Quignard a soudainement tout plaqué. Nous étions en 1994, et, comme le Bouddha, qui de prince devint mendiant, après une illumination, Quignard décida de se consacrer exclusivement à la lecture des livres. Je dois dire que cette résolution radicale me fascine beaucoup, tant je la trouve exemplaire et unique. Je la partage entièrement. Qui d'autre se serait comporté ainsi, avec autant de détermination, à cette époque ?</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 12pt;"> Incontestablement, le jeu en valait la chandelle. Et Quignard de nous relater dans ses écrits tous les bienfaits d'un <em>otium</em> qui désormais remplissait sa vie, au milieu des livres. Dans <em>L'Homme aux trois lettres</em>, il s'attarde longuement, en plusieurs chapitres, sur ce <em>désœuvrement</em> du lettré, nous confiant ainsi : <em>"Ceux qui s'adonnent à cette activité si totalement désintéressée à l'activité immédiate distancent à jamais les autres classes sociales par une application de plus en plus dense, volontaire, ardue, fervente, astreignante, approfondissante, interminable. Luxe pur." </em>Très beau passage, il me semble, qui dit l'originalité d'un choix, et peut-être même davantage qu'un choix : une <em>éthique</em>. Quignard, pour illustrer ceci de manière originale, va chercher un vocable inusité, qui exprime le repos, la solitude et le silence de la lecture : "<em>requoy" (</em>ou parfois <em>"recoy").</em> Quignard nous le commente ainsi : <em>"Il est peut-être le mot clé du livre que j'écris. Il définit si précisément la lecture car il mêle le silence (la lecture coite) et le recoin, le retrait, le repos (le requiem, le requoy)."</em></span></p><p style="text-align: justify;"> </p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 12pt;"><span style="font-size: 10pt;"><em><strong>Saint Augustin et saint Ambroise</strong></em></span></span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 12pt;"> À propos de la lecture, Quignard rapporte au début de son livre l'épisode des <em>Confessions </em>de saint Augustin, qui se passe à Milan, dans lequel celui-ci, alors tout jeune, raconte son émerveillement devant Ambroise lisant un livre en silence. Cette belle anecdote m'apparaît comme particulièrement emblématique de la pensée que veut nous faire partager Quignard dans <em>L'Homme aux trois lettres</em>. Il lui suffit, je crois, de citer ce que saint Augustin lui-même écrit de son intention en rapportant ce récit : Augustin veut nous faire mesurer, selon ses propres termes, <em>"</em><em>la profondeur de l'abîme d'où nos cris doivent provenir afin de s'élever vers toi" </em>(je rappelle qu'Augustin s'adresse à Dieu). </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 12pt;"> Comment sera reçu cet ouvrage de Pascal Quignard, à une époque de consumérisme extravagant, dans laquelle la littérature est considérée par le public comme un simple divertissement ? Il faut assurément revenir ici à la déclaration prophétique de Heidegger, par laquelle j'ai commencé mon propos. La lecture de Quignard, si riche, si essentielle, si fidèle à la grande tradition littéraire, peut nous <em>mettre en éveil au plus profond de notre intimité</em>, pour reprendre les termes du philosophe. Et ceci constitue incontestablement un grand bien, et le début d'un long cheminement sur un sentier escarpé, vers les hauteurs, vers la lumière.</span></p><p style="text-align: justify;"> </p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">Pascal Quignard, <em>L'Homme aux trois lettres</em>. Éd. Grasset, 18 €.</span></p>
Bruno Chironhttp://www.bla-bla-blog.com/about.htmlEn tongs avec Platontag:www.bla-bla-blog.com,2020-08-12:62566832020-08-12T00:00:00+02:002020-08-12T00:00:00+02:00 Pour ne pas bronzer idiot, Hélène Soumet propose cet été une biographie...
<p><img src="http://www.bla-bla-blog.com/media/01/02/4119555727.jpg" id="media-6160471" alt="" /></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">Pour ne pas bronzer idiot, Hélène Soumet propose cet été une biographie passionnante autant qu’intelligente sur Platon (<em>Platon à la Plage</em>, éd. Dunod).</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">Une biographie sur Platon : le concept est à la fois pertinent et d’une sacrée audace, tant la vie du philosophe athénien est aussi obscure que ses concepts restent encore aujourd’hui lumineux.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">Hélène Soumet allait-elle nous laisser une biographie parsemée de trous et faire de cet essai une nouvelle synthèse sur ses concepts ? Il n’en est rien. Car, tout en assumant les lacunes de l’historiographie, à commencer par ses dates de naissance et de mort, l’auteure nous fait entrer dans la vie de cet Athénien exceptionnel, né entre -428 et -422 et mort en 347 avant J.C. Ses premières années servent à Hélène Soumet à faire un tableau social de la démocratie grecque, affaiblie depuis la mort de Périclés, peu de temps avant la naissance du "<em>divin Platon.</em>"</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">Le futur philosophe, prénommé Aristoclès, reçoit une éducation "<em>presque parfaite</em>" pour un jeune aristocrate, comme l’écrit Hélène Soumet. La cité athénienne est traversée de soubresauts, en conflit avec Sparte, mais c’est la rencontre avec Socrate qui scelle définitivement le destin du jeune Platon, qui s’imagine à l'époque athlète et poète. Il est bien loin en tout cas, nous rappelle l’auteure, de cette image d’intellectuel rêveur et hors du monde. La rencontre avec "<em>le marginal de génie</em>" qu’est Socrate est décisive pour Platon. Son œuvre sera toute entière consacrée à cet homme ("<em>la raie torpille</em>") : si la maïeutique, l’art d’accoucher les esprits, l’ironie socratique et sa condamnation à mort pour "<em>perversion de la jeunesse</em>" sont connus c’est grâce aux dialogues, ouvrages fondamentaux dans l’histoire de la philosophie. À ce sujet, un chapitre entier est à consacré au <em>Banquet</em> de Platon.</span></p><blockquote><p style="text-align: justify; padding-left: 80px;"><span style="font-size: 14pt; color: #00ccff;"><strong>Grand voyageur devant l’éternel</strong></span></p></blockquote><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;"><em>Platon à la Plage</em> devient tout simplement captivant lorsque précisément à la mort de son maître il choisit de voyager dans le bassin méditerranéen, afin de confronter la philosophie et sa vision de la politique (le "<em>philosophe roi</em>") avec le monde dit <em>"réel"</em> : l’Égypte, Cyrènes (dans l’actuelle Libye), Crotone, Syracuse (par trois fois) : Platon est bien un philosophe universel, grand voyageur devant l’éternel, ayant eu à corps d’éduquer les hommes d’État, y compris des tyrans.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">Les dernières années de sa vie sont consacrées à son école, l’Académie, et c’est pendant cette période qu’il rencontre un autre penseur capital : Aristote, jeune homme exubérant, zozotant <em>(sic),</em> mais surtout douée d’une exceptionnelle qualité de raisonnement.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">Hélène Soumet ponctue sa biographie vivante et illustrée de passages sur les concepts platoniciens qui ont contribuer à modeler l’histoire universelle de la pensée : les Idées, le Bien, les concepts sur la République, la démocratie ou la justice, les critiques du sophisme ou la recherche de la vérité. On est cependant moins dans un ouvrage didactique que dans une biographie pouvant se lire les doigts de pied en éventail, sur la plage, avec Platon donc.</span></p><p style="text-align: right;"><strong><span style="font-size: 10pt;">Hélène Soumet, <em>Platon à la Plage : L'Invention de la Philosophie dans un Transat</em>,<br />éd. Dunod, 2020, 240 p.</span></strong><br /><strong><span style="font-size: 10pt;"><a href="https://helene-soumet.fr" target="_blank" rel="noopener">https://helene-soumet.fr</a></span></strong></p><p style="text-align: right;"><em><span style="font-size: 10pt;">Voir aussi : <a href="http://www.bla-bla-blog.com/archive/2020/06/24/gros-big-up-pour-clemence-pouletty-6247825.html" target="_blank" rel="noopener">"Gros big up pour Clémence Pouletty"</a></span></em></p><p style="text-align: right;"><iframe width="560" height="315" src="https://www.youtube.com/embed/IcnCxIR1OxI" frameborder="0" allow="accelerometer; autoplay; encrypted-media; gyroscope; picture-in-picture" allowfullscreen="allowfullscreen"></iframe></p><p style="text-align: right;"><span style="font-size: 12pt;"><span style="color: #808080;">Tenez-vous informés de nos derniers blablas</span></span><br /><span style="font-size: 12pt; color: #808080;"><strong>en vous abonnant gratuitement à notre newsletter.</strong></span></p><p style="text-align: right;"><span style="font-size: 12pt; color: #00ffff;"><strong><span style="color: #00ccff;"><a style="color: #00ccff;" href="https://www.facebook.com/leblablablog/" target="_blank" rel="noopener">Likez</a>, <a style="color: #00ccff;" href="http://www.bla-bla-blog.com/archive/2018/10/28/bla-bla-blog-vous-plait-suivez-nous-et-faites-le-savoir-6100663.html" target="_blank" rel="noopener">partagez</a>, <a style="color: #00ccff;" href="https://twitter.com/LeBlaBlaBlog" target="_blank" rel="noopener noreferrer">twittez </a>et <a style="color: #00ccff;" href="https://www.instagram.com/leblablablog/" target="_blank" rel="noopener noreferrer">instagramez</a></span><span style="color: #00ccff;"> </span><span style="color: #00ccff;">les blablas de Bla Bla Blog !</span></strong></span></p><p style="text-align: right;"><span style="font-size: 12pt; color: #808080;"><strong>Suivez aussi <span style="color: #ff00ff;">Arsène K.</span> sur <a style="color: #808080;" href="https://twitter.com/ArsneK1" target="_blank" rel="noopener">Twitter</a> et <a style="color: #808080;" href="https://www.facebook.com/Ars%C3%A8ne-K-Auteur-105345074514407" target="_blank" rel="noopener">Facebook</a></strong></span></p>
Zedhttp://metapoinfos.hautetfort.com/about.htmlMesure et démesure de la ville...tag:metapoinfos.hautetfort.com,2020-03-26:62232752020-03-26T16:00:00+01:002020-03-26T16:00:00+01:00 Les éditions du CNRS viennent de publier un essai de Thierry Paquot...
<p style="text-align: justify;">Les éditions du CNRS viennent de publier un essai de <strong>Thierry Paquot</strong> intitulé <em><strong>Mesure et démesure des villes</strong></em>. Philosophe de l'urbain et tenant d'une écologie existentielle, Thierry Paquot a déjà publié une soixantaine d'essais.</p><p> </p><p style="text-align: center;"><img id="media-6106788" style="margin: 0.7em 0;" title="" src="http://metapoinfos.hautetfort.com/media/02/02/3126601965.jpg" alt="Paquot_Mesure et démesure des villes.jpg" /></p><blockquote><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">" Y a-t-il une " juste taille " des villes et une " bonne échelle " des territoires de notre existence ? Les métropoles actuelles, lancées dans une extension sans limites, encombrées de gratte-ciel et de centres commerciaux, sont-elles la solution ? Faudra-t-il privilégier des villes plus petites ?<br />Depuis Platon, avec sa cité idéale de 5040 foyers, jusqu'à Ivan Illich, nombre de philosophes et d'intellectuels se sont penchés sur ces questions de la taille des villes, de leur mesure. Au-delà des statistiques, c'est bien une question existentielle et politique qui se pose à chacun d'entre nous.<br />Dans cet essai foisonnant, Thierry Paquot entrelace démographie, histoire, urbanisme, écologie et nous guide dans le labyrinthe des idées et des expérimentations : naissance et croissance des cités, utopies phalanstériennes de Fourier, <em>garden-city</em> d'Ebenezer Howard, <em>shrinking cities</em> américaines... Il nous initie aussi à la pensée de théoriciens souvent méconnus en France (Kohr, Schumacher, Bookchin, Bairoch, Magnaghi, Sale...), parmi lesquels les partisans du <em>small is beautiful</em> ou des biorégions.<br />Périple intellectuel et bibliographique, cet ouvrage propose des pistes concrètes pour définir une urbanité nouvelle, libre, respectueuse des humains et du monde vivant, des temps et des territoires. "</span></p></blockquote>
Marquis des Chouanshttp://beaudricourt.hautetfort.com/about.htmlConférence samedi 15 février à 15h00, à Pont-à-Mousson.tag:beaudricourt.hautetfort.com,2020-02-08:62112222020-02-08T14:18:00+01:002020-02-08T14:18:00+01:00 Covoiturage possible depuis Metz ou Nancy Renseignements et...
<p style="text-align: center;"><img id="media-6088438" style="margin: 0.7em 0;" title="" src="http://beaudricourt.hautetfort.com/media/02/01/1056683967.jpg" alt="platon affiche.jpg" /></p><div><div class="gmail-separator" style="font-size: 13.2px; clear: both; text-align: center;">Covoiturage possible depuis Metz ou Nancy</div><div class="gmail-separator" style="font-size: 13.2px; clear: both; text-align: center;"> </div><div style="font-family: Verdana, Arial, Helvetica, sans-serif; font-size: 11.76px; text-align: center;"><em>Renseignements et réservations impérativement au :</em></div><div style="font-family: Verdana, Arial, Helvetica, sans-serif; font-size: 11.76px; text-align: center;"><em>06 46 77 66 85</em></div><div style="font-family: Verdana, Arial, Helvetica, sans-serif; font-size: 11.76px; text-align: center;">ro.beaudricourt@sfr.fr</div></div>
Café philosophique de Montargishttp://cafephilosophique-montargis.hautetfort.com/about.htmlPlaton : Le mensonge comme remèdetag:cafephilosophique-montargis.hautetfort.com,2020-02-08:62116642020-02-08T14:16:00+01:002020-02-08T14:16:00+01:00 Mais c'est un fait qu'il y a aussi la vérité, et que nous devons en faire...
<blockquote><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">Mais c'est un fait qu'il y a aussi la vérité, et que nous devons en faire le plus grand cas ! Car, si nous avons eu raison de dire tout à l'heure que, en réalité, tandis que la fausseté est inutilisable par les Dieux, elle est utilisable par les hommes sous la forme d'un remède, il est dès lors manifeste qu'une telle utilisation doit être réservée à des médecins, et que des particuliers incompétents n'y doivent pas toucher. — C'est manifeste, dit-il. — C'est donc aux gouvernants de l'État qu'il appartient, comme à personne au monde, de recourir à la fausseté, en vue de tromper, soit les ennemis, soit leurs concitoyens, dans l'intérêt de l'État ; toucher à pareille matière ne doit appartenir à personne d'autre. Au contraire, adresser à des gouvernants tels que sont les nôtres des paroles fausses est pour un particulier une faute identique, plus grave même, à celle d'un malade envers son médecin, ou de celui qui s'entraîne aux exercices physiques envers son professeur, quand, sur les dispositions de leur corps, ils disent des choses qui ne sont point vraies ; ou bien encore envers le capitaine de navire, quand, sur son navire ou sur l'équipage, un des membres de cet équipage ne lui rapporte pas ce qui est, eu égard aux circonstances, tant de sa propre activité que de celle de ses compagnons. — Rien de plus vrai, dit-il. — Concluons donc que tout membre particulier de l'équipage de l'État, pris en flagrant délit de tromperie, « quelle que soit sa profession, devin, guérisseur de maux, ou bien artisan du bois », sera châtié, pour introduire ainsi, dans ce que j'appellerais le navire de l'État, une pratique qui doit en amener le naufrage et la perte. — Châtié ? dit Adimante. Au moins le sera-t-il dans le cas où nos propos seront suivis de réalisation.</span></p><p style="text-align: right;"><span style="font-size: 10pt;"><a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Platon" target="_blank" rel="noopener">Platon</a>, <em>La République</em> (IVe s. av. JC)</span></p></blockquote>
Café philosophique de Montargishttp://cafephilosophique-montargis.hautetfort.com/about.htmlPlaton : Les poètes sérieuxtag:cafephilosophique-montargis.hautetfort.com,2019-11-23:61929922019-11-23T16:34:00+01:002019-11-23T16:34:00+01:00 Pour les poètes qu’on appelle sérieux, c’est-à-dire pour les poètes...
<blockquote><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">Pour les poètes qu’on appelle sérieux, c’est-à-dire pour les poètes tragiques, si jamais quelques-uns venaient chez nous et nous posaient cette question : « Etrangers, pouvons-nous fréquenter chez vous, dans votre ville et votre pays, pour y apporter et représenter nos pièces ? Qu’avez-vous décidé sur ce point ? » Que répondrions-nous, pour bien faire, à ces hommes divins ? Pour moi, voici la réponse que je leur ferais : « Ô les meilleurs des étrangers, nous sommes nous-mêmes auteurs de la tragédie la plus belle et la meilleure que nous puissions faire. Notre plan de gouvernement n’est qu’une imitation de ce que la vie a de plus beau et de meilleur, et nous prétendons que cette imitation est la tragédie la plus vraie. Vous êtes poètes, et nous aussi dans le même genre. Nous sommes vos rivaux et vos concurrents dans le plus beau drame, celui qu’une loi vraie est seule capable de produire, comme nous en avons l’espoir. Ne comptez donc pas que nous vous permettrons jamais si facilement de dresser votre théâtre sur notre place publique, d’y introduire des acteurs doués d’une belle voix, qui parleront plus fort que nous, qui harangueront les enfants et les femmes et tout le peuple, et, au lieu de tenir sur les mêmes institutions le même langage que nous diront le plus souvent tout le contraire, car on pourrait dire que nous sommes complètement fous, mous et toute la cité, si nous vous permettions de faire ce que vous demandez à présent, avant que les magistrats aient examiné si le contenu de vos pièces est bon et convenable à dire en public, ou s’il ne l’est pas. Commencez donc, enfants des Muses voluptueuses, par montrer vos chants aux magistrats, pour qu’ils les comparent aux nôtres, et, s’ils jugent que vous dites les mêmes choses ou de meilleures, nous vous donnerons un chœur ; sinon, mes amis, nous ne saurions le faire.</span></p><p style="text-align: right;"><span style="font-size: 10pt;"><a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Platon" target="_blank" rel="noopener">Platon</a>, <em>Lois</em> (Ve s. av. JC)</span></p></blockquote>
Café philosophique de Montargishttp://cafephilosophique-montargis.hautetfort.com/about.htmlCompte-rendu du débat ”Un bon philosophe a-t-il toujours raison?”tag:cafephilosophique-montargis.hautetfort.com,2019-11-05:61882372019-11-05T20:03:00+01:002019-11-05T20:03:00+01:00 Le vendredi 4 octobre 2019, le café philosophique de Montargis se...
<p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">Le vendredi 4 octobre 2019, le café philosophique de Montargis se réunissait au Belman pour une séance spéciale 10e anniversaire. C’est en effet en octobre 2009, le 3 octobre précisément, qu’était créé au centre commercial de La Chaussée une animation philosophique, animée par Claire et Bruno. 10 ans plus tard, contre toute attente, le café philosophique de Montargis continue sa route. Bruno communique un message de Claire pour saluer les animateurs et les participants du café philo : "<em>Je souhaite un très joyeux anniversaire au café philo de Montargis ! Il y a 10 ans c’était une idée un peu singulière, voire carrément folle et aujourd’hui il semble entré dans les mœurs. </em></span><em><span style="font-size: 10pt;">Ce café est une sublime aventure. Je garde de magnifiques souvenirs des premières séances faites en toute intimité, comme de celles plus polémiques et bondées (vous rappelez vous des lettres nous dissuadant de continuer ? Des tensions amenées par certaines interventions et par certains intervenants ?). Demeurent surtout l’impression de parole libérée, de tolérance, de soutien aussi, de déploiement d’une pensée commune, bigarrée certes, mais nous grandissant les uns et les autres. </span></em><span style="font-size: 10pt;"><em>J’en parle encore souvent aujourd’hui, comme de retrouvailles entre amis, au café, un soir par mois pour échanger, rire mais parfois aussi s’émouvoir et être ému. Je pense très souvent à vous tous (Isabelle, Pascal, Gilles, Jean Marie et Marthe, Dominique, Bruno bien sur, et tous les autres que je n’ai pas oubliés mais la liste est longue). Vous m’accompagnez toujours dans mes cours et m’avez beaucoup apporté. Régulièrement je me dis qu’il me manque vos sourires, vos regards et nos échanges. Merci à tous d’avoir été là dès le début ou un peu plus tard…</em>"</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">aPour cette séance spéciale, c’est de philosophie et de philosophes dont il sera question. Qu’est-ce qu’un philosophe et qu’est-ce qu’un bon philosophe ? Une autre question est posée : est-ce que dans un café philo on philosophe ?</span></p><p><img src="http://cafephilosophique-montargis.hautetfort.com/media/00/02/3283326826.jpg" id="media-6053210" alt="" /></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">Pour un premier patrticipant, oui un bon philosophe a toujours raison. S’il est bon philosophe il fait fonctionner sa raison, il écoute, il compare, il ne s’enfonce pas dans les préjugés ou dans l’idéologie, il pose les bonnes questions et il fait en sorte, àl’instar de Socrate, que les personnes accouchent de leur propre raisonnement. Mais est-ce que les bons philosophes existent réellement ? Voilà qui pourrait être une autre question.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">Pour un autre intervenant, le rôle d’un philosophe n’est pas d’avoir raison mais de raisonner ("<em>Le philosophe est voué par état à chercher la raison des choses</em>" disait Antoine-Augustin Cournot). Avoir raison c’est s’enfermer dans une pensée binaire : il y aurait ceux qui ont raison et ceux qui sont dans l’erreur. </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">Qu’est-ce que c’est qu’avoir raison ? Ne serait-ce pas d’être dans une certaine logique ? Et d’ailleurs, on a raison par rapport à quoi ou à qui ? Pour une autre personne du public, avoir raison c’est faire fonctionner sa raison et, sur une idée par facile, chercher les meilleures raisonnements pour répondre en partie à une question, ce qui arrive au cours de séances du café philo. Mais ces réponses sont, comme les vérités scientifiques, sont des dynamiques qui peuvent par contre changer. </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">Il peut y avoir des similitudes avec la religion, sauf que les réponses du philosophe – et a priori du "<em>bon philosophe</em>" – sont basées non sur des opinions religieuses sur des critères plus objectifs. </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">La raison, terme qui <em>"résonne"</em> au cours de ce début de débat, fait référence à l’outil raison, sauf que plus trivialement, la raison est utilisée au cours d’un débat ("<em>La puissance de bien juger, et distinguer le vrai d'avec le faux, qui est proprement ce qu'on nomme le bon sens, ou la raison, est naturellement égale en tous les hommes</em>" écrivait René Descartes.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">Philosopher ne serait-ce pas simplement chercher le pourquoi des choses, une quête d’absolue, d’une vérité ou de <em>"la"</em> vérité. Mais cette quête serait vaine, avec un raisonnement qui tournerait vainement. La philosophie, en tant que réflexion sur la vie, s’intéresse aussi au quotidien, mais pas simplement dans un but de finalité, dans un sens relativiste aussi. Philosopher c’est aussi vivre le mieux possible dans son environnement et se projeter dans le monde où j’évolue. Le terme de "philosophie de vie" est employé. Le sens du mot <em>"philosophe",</em> rebondit un participant, est "<em>l’ami de la sagesse.</em>" Philosopher ce serait apprendre à vivre mieux. </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">Les bons philosophes feraient une analyse approfondie de la réalité sociale et essayent d’expliquer les contradictions pour en tirer des conclusions et prévoir des écolutions de la société. Un bon philosophe serait quelqu’un dont les écrits résistent au temps et dont les influences perdurent, à l’exemple de Platon. Il semblerait que le langage aurait une importance importante dans la philosophie. </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">Une autre question est posée : un philosophe doit-il être diplômé ? Il y a la question du sérieux et de la disponibilité de la personne philosophant. Être philosophe poserait en soi question, car qui peut se targuer d’être philosophe, et a fortiori <em>"bon philosophe"</em> ? Un certain nombre de personnes s’auto-proclament philosophes sous prétexte qu’ils achètent quelques journaux d’opinion… </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">Le philosophe n’est pas un médecin, réagit un participant : il n’apporte pas des remèdes mais il fait le pari de la vérité, même si elle peut perturber. Le philosophe met aussi sa vie en concordance avec ses idées ("<em>Qu'est-ce qu'un philosophe? C'est quelqu'un qui pratique la philosophie, autrement dit qui se sert de la raison pour essayer de penser le monde et sa propre vie, afin de se rapprocher de la sagesse ou du bonheur. Cela s'apprend-il à l'école? Cela doit s'apprendre</em>", écrit André Comte-Sponville). Une autre question se fait jour : un professeur de philosophie est-il un philosophe ? Pour ce même participant, certains n’exercent que leur métier de professeur de philosophie pendant quelques heures, et le week-end reviennent à des activités pas forcément en accord avec leurs idées.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">Pour une intervenante, le philosophe est un sage, et la sagesse ne s’acquiert pas facilement. Un professeur de philosophie ne serait donc pas forcément philosophe. Pour un autre intervenant, le rôle d’un café philosophique serait aussi de démystifier le professeur de philosophie, au profit de l’individu qui n’a pas forcément fait des études. Pour reprendre l’idée de départ du café philosophique de Montargis, comme le rappelle un animateur, l’objectif est d’arriver avec des réponses et repartir avec des questions. Toute personne peut philosopher et cela ne doit pas être réservé aux spécialistes seules qui seraient capable de raisonner. Dans un café philo, l’occasion est laissée à chacun de philosopher pour en sortir quelque chose de plus riche ("<em>J'estime philosophe tout homme, de quelque degré de culture qu'il soit, qui essaie de temps à autre de se donner une vue d'ensemble de ce qu'il sait par expérience directe, intérieure ou extérieure</em>", Paul Valéry).</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">Le symbole du professeur de philo et du diplôme de philosophie est assez symptomatique. Le philosophe serait cette personne qui ne penserait pas comme les "gens normaux", ces gens normés qui suivent une règle. Il n’y aurait pas d’élitisme en philo, mais la question est de savoir qui est professeur de philo. La philosophie s’intéresse à l’esthétique, à l’éthique, à la logique, à la métaphysique, la morale, l’ontologie et à la téléologique. c’est donc très, très large. Après, la question est de savoir qui est un bon philosophe. Freud était-il un bon philosophe par exemple ? Et Michel Onfray ? À trop institutionnaliser la philosophie, il peut y avoir des logiques de pouvoir, alors qu’une bonne philosophie se construit aussi sur un vécu et une certaine fraîcheur. C’est aussi tout l’intérêt de la richesse du philosopher en commun au sein d’un café philo. </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">Un philosophe pense, mais c’est bien de penser à partir de quelque chose, à partir de connaissances passées sur 2500 ans de philosophie. Il y aurait donc un intérêt à aller voir du côté de l’histoire de la philosophie, du côté des philosophes passées, afin d’enrichir notre pensée ex nihilo. C’est aussi tout l’intérêt du diplôme en philosophie qui, comme beaucoup de fonctions sociales, permet de normer. D’autre part, le professeur de philosophie a besoin de connaissances afin de former de jeunes esprits et faire étudier la philosophie aux autres. "<em>Il faut apprendre à philosopher, et non pas la philosophie</em>" disait Kant.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">Or, le philosophe est parfois un terme fourre-tout, comme le dit la définition courante ("<em>1. Spécialiste de philosophie.2. Penseur qui élabore une doctrine, un système philosophique.3. [HIST. ] Partisan des idées nouvelles, des « Lumières », au XVIIIe s. adjectif et nom Se dit de quelqu’un qui supporte les épreuves avec constance et résignation, qui prend la vie du bon côté</em>"). Il y a certes besoin d’une formation et de compétences, ce qui est quelque chose de relativement neuf. Mais ces formations apparaissent nécessaires mais pas suffisantes, elles peuvent même être un frein à la bonne philosophie puisqu’une formation ne permet par de nouvelles pensées mais reste surtout sur des idées passées. Il semblerait donc que cette discipline peut être faite par tout le monde, plus ou moins bien ("<em>On a tous une part de philosophie en nous</em>"). Il semblerait qu’une petite élite dénierait au commun des mortels la possibilité de philosopher. Un nouvel intervenant pense de son côté qu’il est difficile de raisonner sans structures. Beaucoup de philosophes étaient mathématiciens et avaient un art de la logique et l’art de savoir poser les bonnes questions, ce qui n’est pas simple. Un bon philosophe, comme Edgar Morin, est capable de nous emmener au-delà de ce que l’on a l’habitude de penser et qui apporte de grandes choses. </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">Plusieurs questions émergent : quel est le rôle du philosophe dans la société ? Le philosophe peut-il être un phare au milieu du monde ? D’autre part, la question de ce soir, "Un philosophe a-t-il toujours raison ?" impliquerait, à travers le mot <em>"toujours"</em> qu’en général le philosophe a raison… Dans un monde troublé, n’avons-nous pas besoin de personnes capables de poser les bonnes questions et de nous conduire à réfléchir sur la société ou sur l’être. Et donnons-nous une place suffisante au philosophe. "<em>Philosopher revient donc, en somme, à ceci : se comporter à l'égard de l'univers comme si rien n'allait de soi</em>" disait Wladimir Jankélévitch.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">Pour un autre participant, si nous sommes philosophes, d’une manière ou d’une autre, combien de philosophes la société choisit-elle de garder ? Ce serait celui qui correspond aux desiderata de la société. Il y a là aussi une logique de marché, d’après un intervenant. </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">Nous pouvons prétendre faire de la philosophie sans avoir de diplômes, amis il y aussi l’inverse : certains diplômé.e.s en philosophie peuvent se retrouver, pour des logiques de marché du travail, à ne pas faire de philosophie. Ce serait donc le petit lanceur d’alerte qui serait le plus à même de philosopher. </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">Peut-on qualifier ce qui n’est pas quantifiable ou qualifier ce qui ne ‘est pas ? La question du diplôme n’est sans doute pas la plus pertinente, même si l’on a besoin d’être éclairé par des textes ou des personnes afin d’avancer. "<em>Celui qui n’a aucune teinture de philosophie traverse l’existence, prisonnier de préjugés dérivés du sens commun… Dès que nous commençons à penser conformément à la philosophie, au contraire, nous voyons (…) que même les choses les plus ordinaires de la vie quotidienne posent des problèmes auxquels on ne trouve que des réponses très incomplètes</em>" disait Bertrand Russell.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">Lorsque l’on s’interroge sur la question "<em>Le philosophe a-t-il toujours raison ?</em>", il y aurait l‘idée que le philosophe aurait à défendre quelque chose, à s’engager pour que la vérité éclate. Or, chez beaucoup de philosophes, cette notion d’engagement n’est pas forcément l’idée majoritaire. Avoir raison ne serait-ce pas se placer en tant que gourou, dans une intention de persuasion ? </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">Une intervenante s’interroge : "<em>Qui a dit « Je sais que je ne sais pas ? »</em>" C’est Socrate. Qu’un bon philosophe est toujours raison, cela ne peut pas être, car la pensée peut évoluer : un philosophe n’a jamais raison. Il a raison à un moment "<em>t</em>". On retient aussi des bons philosophes ceux qui ont un côté créatif, avec une pensée originale et personnelle. Kant a apporté quelque chose de nouveau, mais c’est vrai dans beaucoup de domaines. Celles et ceux qui restent dans l’histoire sont celles et ceux qui "ne sont pas des maniéristes", celles et ceux qui savent se distinguer. Sur la phrase "<em>Je ne sais rien</em>" peut aussi se lire comme l’acceptation que la personne a quelque chose de creux en elle et qu’elle est prête à accueillir de nouvelles choses, de nouveaux questionnements. Le "<em>Je sais</em>" implique que j’ai des acquis et que j’aurai du mal à accepter d’autres acquis. </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">Pour un participant, la philosophie rend justice à la pensée lorsqu’elle est attaquée. Ce qui veut dire que je peux être formé ou non, mais le plus important est de faire modifier le cours des choses dans un sens moral ou éthique, après avoir été reconnu ou non par ses pairs. Le philosophe peut avoir raison, mais il ne le sait pas forcément : comme une nouvelle technologie, une nouvelle pensée peut bousculer le monde, en bien ou en mal (Descartes, Nietzsche ou Shopenhauer), bien après la mort du philosophe qui l’a émise ("<em>Les philosophes ne sont vraiment forts que les uns contre les autres. Sans leurs erreurs mutuelles, que seraient-ils ?</em>" écrivait Jules Barbey d'Aurevilly).</span></p><p style="text-align: justify;"><a href="http://cafephilosophique-montargis.hautetfort.com/archive/2019/10/06/blind-test-speciale-10-ans-6180973.html" target="_blank" rel="noopener"><span style="font-size: 10pt;">Pour cette séance exceptionnelle, un blind-test est proposé, avec un cadeau pour la personne gagnante.</span></a></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">La soirée se termine par le choix du sujet de la séance suivante, qui aura lieu le 15 novembre. Trois sujets sont proposés : "<em>Suis-je libre de vouloir ce que je veux ?</em>", "<em>Dépend-il de nous d’être heureux ?</em>" et "<em>Faut-il craindre la nature ?</em>" C’est le sujet "<em>Dépend-il de nous d’être heureux ?</em> qui est choisi pour la séance du 15 novembre. Une séance à la médiathèque est également prévue le 6 décembre prochain à 18 heures.</span></p>
Café philosophique de Montargishttp://cafephilosophique-montargis.hautetfort.com/about.htmlPlaton : Les tonneauxtag:cafephilosophique-montargis.hautetfort.com,2019-10-10:61857632019-10-10T02:51:00+02:002019-10-10T02:51:00+02:00 Socrate : Considère si tu ne pourrais pas assimiler chacune des deux...
<p><img src="http://cafephilosophique-montargis.hautetfort.com/media/00/00/722689921.jpeg" id="media-6049162" alt="" /></p><blockquote><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">Socrate : Considère si tu ne pourrais pas assimiler chacune des deux vies, la tempérante et l’incontinente, au cas de deux hommes, dont chacun posséderait de nombreux tonneaux, l’un des tonneaux en bon état et remplis, celui-ci de vin, celui-là de miel, un troisième de lait et beaucoup d’autres remplis d’autres liqueurs, toutes rares et coûteuses et acquises au prix de mille peines et de difficultés ; mais une fois ses tonneaux remplis, notre homme n’y verserait plus rien, ne s’en inquiéterait plus et serait tranquille à cet égard. L’autre aurait, comme le premier, des liqueurs qu’il pourrait se procurer, quoique avec peine, mais n’ayant que des tonneaux percés et fêlés, il serait forcé de les remplir jour et nuit sans relâche, sous peine des plus grands ennuis. Si tu admets que les deux vies sont pareilles au cas de ces deux hommes, est-ce que tu soutiendras que la vie de l’homme déréglé est plus heureuse que celle de l’homme réglé ? Mon allégorie t’amène-t-elle à reconnaître que la vie réglée vaut mieux que la vie déréglée, ou n’es-tu pas convaincu ?</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">Calliclès : Je ne le suis pas, Socrate. L’homme aux tonneaux pleins n’a plus aucun plaisir, et c’est cela que j’appelais tout à l’heure vivre à la façon d’une pierre, puisque, quand il les a remplis, il n’a plus ni plaisir ni peine ; mais ce qui fait l’agrément de la vie, c’est d’y verser le plus qu’on peut... Mais voici ce qui est beau et juste suivant la nature, je te le dis en toute franchise : pour bien vivre, il faut entretenir en soi-même les plus fortes passions au lieu de les réprimer, et, quand elles ont atteint toute leur force, il faut être capable de leur donner satisfaction par son courage et son intelligence et de remplir tous ses désirs à mesure qu’ils éclosent... Le luxe, l’intempérance et la liberté, quand ils sont soutenus par la force, constituent la vertu et le bonheur.</span></p><p style="text-align: right;"><span style="font-size: 10pt;"><a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Platon" target="_blank" rel="noopener">Platon</a>, <em>Gorgias</em> (Ve s. av. JV)</span></p><p style="text-align: right;"><span style="font-size: 8pt;"><em>Photo : Darry Lin</em></span></p></blockquote>
Café philosophique de Montargishttp://cafephilosophique-montargis.hautetfort.com/about.htmlPlaton : Socrate et la philosophietag:cafephilosophique-montargis.hautetfort.com,2019-09-28:61790552019-09-28T18:36:10+02:002019-09-28T18:36:10+02:00 Admettons que, malgré cela, vous me teniez ce langage : "Socrate, nous ne...
<blockquote><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">Admettons que, malgré cela, vous me teniez ce langage : "Socrate, nous ne voulons pas en croire Anytos, nous voulons t’acquitter, à une condition toutefois : c’est que tu ne passeras plus tout ton temps à examiner ainsi les gens, ni à philosopher. Si on t’y reprend, tu mourras." Cette condition là, juges, si pour m'acquitter, vous vouliez me l'imposer, je vous dirais: "Athéniens, je vous sais gré et je vous aime; mais j'obéirai au dieu plutôt qu'à vous; et tant que j'aurai un souffle de vie, tant que j'en serai capable, soyez sûrs que je ne cesserai de philosopher, de vous exhorter, de faire la leçon à qui de vous que je rencontrerai.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">Et je lui dirai comme j'ai coutume de le faire: "Quoi! cher ami, tu es Athénien, citoyen d'une ville qui est plus grande, plus renommée qu'aucune autre pour sa science et sa puissance, et tu ne rougis pas de donner tes soins à ta fortune, pour l'accroître le plus possible, ainsi qu'à ta réputation et à tes honneurs ; mais quant à ta raison, quant à la vérité, quant à ton âme qu'il s'agirait d'améliorer sans cesse, tu ne t'en soucies pas, tu n'y songes pas!</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">Et si quelqu'un de vous conteste, s'il affirme qu'il en a soin, ne croyez pas que je vais le lâcher et m'en aller immédiatement: non, je l'interrogerai, je l'examinerai, je discuterai à fond. Alors, s'il me paraît certain qu'il ne possède pas la vertu, quoi qu'il en dise, je lui reprocherai d'attacher si peu de prix à ce qui en a le plus, tant de valeur à ce qui en a le moins. jeunes ou vieux, quel que soit celui que j'aurai rencontré, étranger ou concitoyen, c'est ainsi que j’agirai avec lui, et surtout avec vous, mes concitoyens, puisque vous me tenez de plus près par le sang. Car c'est là ce que m'ordonne le dieu, entendez-le bien; et, de mon côté, je pense que jamais rien de plus avantageux n'est échu à la cité que mon zèle à exécuter cet ordre.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">Ma seule affaire, c'est en effet d'aller par les rues pour vous persuader, jeunes et vieux, de ne vous préoccuper ni de votre corps, ni de votre fortune aussi passionnément que de votre âme, pour la rendre aussi bonne que possible; oui, ma tâche est de vous dire que la fortune ne fait pas la vertu; mais que de la vertu provient la fortune et tout ce qui est avantageux, soit auxparticuliers, soit à l'État. Si c'est par ce langage que je corromps les jeunes gens, il faut donc que cela soit nuisible. Quant à prétendre que ce n'est pas là ce que je dis, quiconque l'affirme ne dit rien qui vaille." Là-dessus, dirais-je, croyez Anytos ou ne le croyez pas, Athéniens, acquittez-moi ou ne m'acquittez pas - mais tenez pour certain que je ne changerai jamais de conduite, quand je devrais mille fois m'exposer à la mort.</span></p><p style="text-align: right;"><span style="font-size: 10pt;"><a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Platon" target="_blank" rel="noopener">Platon</a>, Apologie de Socrate (Ve s. av. JC)</span></p></blockquote>
Café philosophique de Montargishttp://cafephilosophique-montargis.hautetfort.com/about.html”Le banquet”tag:cafephilosophique-montargis.hautetfort.com,2019-09-28:61790282019-09-28T18:04:10+02:002019-09-28T18:04:10+02:00
<p style="text-align: center;"><iframe width="560" height="315" src="https://www.youtube.com/embed/CV2wiTMHkCE" frameborder="0" allow="accelerometer; autoplay; encrypted-media; gyroscope; picture-in-picture" allowfullscreen="allowfullscreen"></iframe></p>
Bruno Chironhttp://www.bla-bla-blog.com/about.htmlDante, voyage au bout de l'enfertag:www.bla-bla-blog.com,2019-08-07:61688812019-08-07T10:17:00+02:002019-08-07T10:17:00+02:00 Que nous reste-t-il à apprendre de Dante et de la Divine Comédie ,...
<p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;"><a href="http://www.bla-bla-blog.com/media/01/01/1521696234.jpg" target="_blank" rel="noopener"><img id="media-6034253" style="float: left; margin: 0.2em 1.4em 0.7em 0;" title="" src="http://www.bla-bla-blog.com/media/01/01/2684175351.jpg" alt="john freccero,dante,divine comédie,virgile,béatrice,boèce,platon,aristote,saint augustin,thomas d’aquin,clément d’alexandrie,philon d’alexandrie,homère,théologie" /></a>Que nous reste-t-il à apprendre de Dante et de la <em>Divine Comédie</em>, cette œuvre phare de la littérature italienne, sinon mondiale ? Depuis sa parution au XIVe siècle, tout ou presque a été dit et commenté au sujet du récit poétique de Dante Alighieri, relatant son périple dans l’au-delà, guidé d’abord par Virgile, en partant de l’enfer (<em>"Lasciate ogne speranza, voi ch'intrate", "Laissez toute espérance, vous qui entrez"</em>), jusqu’au purgatoire, puis au paradis où l’attend Béatrice, la femme qu’il a aimé depuis son enfance, qu’il a perdu et à qui il vouera le reste de son œuvre.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">John Freccero, universitaire américain spécialiste de Dante, a écrit une série d’articles sur la <em>Divine Comédie</em>, et ce sont ces articles qui ont été compilés pour former cet essai très impressionnant, <em>Dante, une poétique de la conversion</em> (éd. Desclée de Brouwer). D’abord publié en 1986 aux États-Unis, l’étude de John Freccero arrive enfin en France. Assez logiquement, les textes ont été classés non par date de leur publication, mais en suivant l’ordre du poème, en 17 chapitres, de l’enfer au paradis. Voilà qui donne à l’ensemble une belle cohérence en même temps qu’une solide rigueur scientifique.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">Voyage imaginaire, sinon terrifiant vers l’au-delà, la <em>Divine Comédie</em> est étudiée grâce à l’universitaire émérite sous l’angle d’un voyage intérieur "<em>vers la vérité</em>", en somme une quête à la fois religieuse et poétique qui permet au lecteur de 2019 de se replacer dans le contexte de l’homme de lettres du XIVe siècle que fut Dante nourri aussi bien de sources antiques que chrétiennes qui font sens ici : "<em>Le pèlerin doit luter pour parvenir dans la caverne, où Platon suppose que commence ce voyage.</em>"</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">"<em>Le voyage de la </em>Divine Comédie<em> commence par une conversion</em>" commente John Freccero au sujet des premiers chants de l’Enfer. S’appuyant sur Platon <em>(Timée),</em> Aristote, s. Augustin, Clément d’Alexandrie, Philon d’Alexandrie ou Jean l’Évangéliste, l’universitaire américain montre toute la portée allégorique de ce voyage du corps qui est aussi celui de l’âme. Avec une rare érudition, John Freccero fait se répondre "<em>cosmos aristotélicien</em>", théories du désir chez Platon et Aristote, réflexions sur les péchés chrétiens et propos sur la chute originelle pour parler de ces limbes que doit traverser le pèlerin.</span></p><blockquote><p style="text-align: justify; padding-left: 80px;"><span style="font-size: 14pt; color: #00ccff;"><strong>Roman autobiographique</strong></span></p></blockquote><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">Assez singulièrement pour un tel ouvrage, John Freccero parle de la <em>Divine Comédie</em> comme d’un <em>"roman autobiographique".</em> Dante, pèlerin de l’au-delà, entame un voyage imaginaire, une épopée homérique au sens premier du terme (chapitre 8), qui est aussi celui d’un homme nourri aux sources religieuses du Moyen Âge. Ce périple surnaturel – parlons aussi de <em>"conversion"</em> – suit un mouvement circulaire que le chercheur américain développe avec précision dans le chapitre 4 de l’essai, avec toujours une somme impressionnante de références littéraires : Boèce, Platon, s. Thomas d’Aquin, Aristote ou Virgile, le guide de Dante jusqu’aux portes du paradis. Ces références font d’autant plus sens que John Freccero parle de l’importance de l’itinéraire intellectuel, artistique et poétique – dit autrement, pour reprendre Virgile, de "<em>l’analogie entre la créativité divine et l’industrie humaine</em>".</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">Finalement quel est le but du voyage de Dante ? Certainement "<em>une sorte de Mont de Parnasse</em>" répond l’universitaire, qui développe assez longuement la célèbre citation de l’entrée aux enfers. Pour ardue que soit l’exégèse de John Freccero, elle permet au moins d’éclairer l’explication du terme de <em>"Comédie" (Commedia),</em> à mettre en corrélation, si l’on veut, avec cette ironie dont parle l’auteur : "<em>l’enfer [comme] imitation du réel.</em>"</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">L’expérience personnelle de l’auteur ("<em>roman autobiographique</em>") est bien entendu au cœur de la <em>Divine Comédie</em>, notamment dans le chant de la méduse <em>(Enfer,</em> chant IX), qui est aussi un chant d’amour pour Béatrice : "<em>le mot « Amour » est donc le lien qui unit le ciel à la terre et le poète à son auditoire, contenant en lui-même la substance du poème</em>". "La <em>regénération</em> du pèlerin", qui passera par le purgatoire avant d’atteindre le paradis, est aussi une construction poétique indissociable de la recherche mystique. John Freccero parle de "<em>maturité poétique atteinte par Dante</em>" lorsqu’il écrit son chef d’œuvre. Un chef d’œuvre à la fois mystique, poétique et littéraire dans lequel le voyage vers l’au-delà est aussi celui, allégorique, de la poésie, de la métaphysique, du conte philosophique et de la recherche artistique : "<em>L’histoire du pèlerin conduit au moment où il acquiert le statut de conteur, de sorte que l’histoire que raconte la Divine Comédie est en partie l’histoire de la façon dont cette histoire a été écrite.</em>" Avec, pour muse, son amour de toujours, Béatrice. </span></p><p style="text-align: right;"><strong><span style="font-size: 10pt;">John Freccero,<em> Dante, une poétique de la conversion<br /></em>éd. Desclée de Brouwer, CNL, 546 p., 2019</span></strong><br /><strong><span style="font-size: 10pt;"><a href="https://www.editionsddb.fr/auteur/fiche/54102-john-freccero" target="_blank" rel="noopener">https://www.editionsddb.fr/auteur/fiche/54102-john-freccero</a></span></strong></p><p style="text-align: right;"><em><span style="font-size: 10pt;">Voir aussi : <a href="http://www.bla-bla-blog.com/archive/2019/07/14/death-is-not-the-end-6164076.html" target="_blank" rel="noopener">"Death is not the end"</a></span></em></p><p style="text-align: center;"><iframe width="560" height="315" src="https://www.youtube.com/embed/sIJ3p__jwJU" frameborder="0" allow="accelerometer; autoplay; encrypted-media; gyroscope; picture-in-picture" allowfullscreen="allowfullscreen"></iframe></p><p style="text-align: right;"><span style="font-size: 12pt;"><span style="color: #808080;">Tenez-vous informés de nos derniers blablas</span></span><br /><span style="font-size: 12pt; color: #808080;"><strong>en vous abonnant gratuitement à notre newsletter.</strong></span></p><p style="text-align: right;"><span style="font-size: 12pt; color: #00ffff;"><strong><span style="color: #00ccff;"><a style="color: #00ccff;" href="https://www.facebook.com/leblablablog/" target="_blank" rel="noopener">Likez</a>, <a style="color: #00ccff;" href="http://www.bla-bla-blog.com/archive/2018/10/28/bla-bla-blog-vous-plait-suivez-nous-et-faites-le-savoir-6100663.html" target="_blank" rel="noopener">partagez</a>, <a style="color: #00ccff;" href="https://twitter.com/LeBlaBlaBlog" target="_blank" rel="noopener noreferrer">twittez </a>et <a style="color: #00ccff;" href="https://www.instagram.com/leblablablog/" target="_blank" rel="noopener noreferrer">instagramez</a></span><span style="color: #00ccff;"> </span><span style="color: #00ccff;">les blablas de Bla Bla Blog !</span></strong></span></p>
Café philosophique de Montargishttp://cafephilosophique-montargis.hautetfort.com/about.htmlCompte-rendu du débat ”Les apparences sont-elles toujours trompeuses?”tag:cafephilosophique-montargis.hautetfort.com,2019-07-27:61669302019-07-27T18:34:00+02:002019-07-27T18:34:00+02:00 Le café philosophique de Montargis se réunissait le 19 juillet 2019 pour...
<p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">Le café philosophique de Montargis se réunissait le 19 juillet 2019 pour une nouvelle séance, portant sur le sujet "<em>Les apparences sont-elles toujours trompeuses ?</em>" Ce sujet s’inspire d’un lieu commun, une formule <em>"populaire"</em> (les "<em>apparences trompeuses</em>" ; "<em>l’habit ne fait pas le moine</em>"), qu’il s’agit de remettre en question. </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">Une courte vidéo publicitaire est diffusée en début de séance : en ce qu’elle thématise des apparences trompeuses et cocasses, <a href="http://cafephilosophique-montargis.hautetfort.com/archive/2019/07/19/ne-jugez-pas-trop-vite-6164865.html" target="_blank" rel="noopener">cette publicité nous introduit dans le sujet.</a></span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">Un premier intervenant affirme que les apparences sont parfois trompeuses, parfois non. Par ailleurs, il souligne le lien entre apparences et perception : l’apparence est d’abord une question de "sens" (la vue, l’ouï, le goût, etc.) ; or nos sens sont imparfaits et variables en fonction des individus. Il faut donc se demander, d’une part, si nos sens sont fiables ; d’autre part, si l’interprétation qu’on donne de nos sensations est correcte. Sachant que cette interprétation est soumise à nos croyances, à nos préjugés, etc. on peut penser que notre façon d’appréhender la réalité est biaisée, voire très peu fiable. </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">Un deuxième intervenant rebondit : notre perception du monde est prisonnière de nos dispositifs sensoriels et cérébraux – qui sont foncièrement limités. Nous captons une toute petite partie des ondes lumineuses et sonores, et à partir de cela, nous interprétons le monde. Or cette interprétation ne peut qu’être partielle. Par ailleurs, la science démontre que la réalité est souvent contre-intuitive (c’est-à-dire que le monde "perçu" ne correspond souvent pas à la réalité des choses, comme étant décrite par la science : apparemment, la terre est plate ; apparemment, c’est le Soleil qui tourne autour de la terre, et non vice-versa).</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">Un troisième intervenant déplace alors le débat, en s’interrogeant sur les rapports entre "apparence" et "image". <em>L’"apparence"</em> est d’abord <em>l’"image".</em> Or l’image, ce n’est pas la réalité : ce n’est qu’une "partie" de la réalité. Cela ne peut que renvoyer à la théorie de la perception d’Henri Bergson (<em>Le Rire</em>, 1900), selon laquelle le sujet percevant "découpe", par ses sens, des portions de réel. Le fruit d’un tel <em>"découpage"</em> est, donc, une <em>"image".</em> L’intervenant poursuit avec un exemple : lorsqu’on se regarde dans un miroir, on s’aperçoit que notre main droite est devenue notre main gauche. Pourtant, cet être symétrique par rapport à nous (apparence), c’est bien nous-mêmes (réalité) ! Dès lors, comment aller au-delà de l’image ? L’intervenant conclut en disant que les apparences sont toujours trompeuses, puisque essentiellement partielles. </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">Une intervenante revient sur la question de l’image : avec l’exemple du selfie, elle montre que l’image (cette "<em>portion de réalité</em>" partielle et partiale) peut échapper à notre contrôle. Ainsi, un selfie chargé sur un réseau social échappe aux prises de son auteur, et finit par être partagé sans son entier consentement. Cela a une autre implication : c’est surtout par l’"image" qu’on espère pouvoir susciter une réaction chez l’autre (le fameux like). Cela semble révéler la place centrale occupée par l’image dans la société actuelle. De plus, l’image est manipulable : avec des outils comme Photoshop, on est en mesure de manipuler les images – tout en agissant, donc, sur l’apparence, sans pouvoir intervenir sur la vraie nature de la chose.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">A cette intervention s’en greffe une autre : une intervenante pointe l’importance qu’on attribue à l’image renvoyée aux autres. D’où l’achat de biens de luxe et de status symbols. Suit une mise en rapport des sociétés de communication actuelles (qui tendent à cacher la réalité) avec celles d’autres fois (qui, elles, promouvaient la vérité).</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;"><a href="http://cafephilosophique-montargis.hautetfort.com/media/02/01/4098201341.jpg" target="_blank" rel="noopener"><img id="media-6017254" style="float: left; margin: 0.2em 1.4em 0.7em 0;" title="" src="http://cafephilosophique-montargis.hautetfort.com/media/02/01/4227542733.jpg" alt="bergson,platon,nietzsche" /></a>Afin de recentrer le débat sur la question posée, on se demande ce qu’il faut entendre par "<em>apparences toujours trompeuses</em>", et <em>"trompeuses"</em> par rapport à quoi. Nous évoquons l’<a href="http://cafephilosophique-montargis.hautetfort.com/archive/2014/04/23/platon-la-caverne-5354042.html" target="_blank" rel="noopener">allégorie de la Caverne</a> de Platon (<em>La République</em>, livre VII). Si la caverne représente le monde sensible, et les prisonniers, la condition humaine, on dira que, selon Platon, les apparences sont toujours trompeuses : en effet, les sens nous livrent un monde qui ne correspond pas à la vraie nature des choses. Celle-ci ne peut être découverte que via un chemin cognitif, où l’entendement (le nous grec) joue un rôle majeur. Cette image nous permet de revenir sur les propos du deuxième intervenant : sachant que l’allégorie de la Caverne est un récit fondateur de la pensée occidentale, on peut penser que la science elle-même présuppose le caractère trompeur des apparences. Elle ne peut donc pas le démontrer – ce serait une <em>petitio principi</em>.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">Encore faut-il rappeler que le chemin cognitif dont parle Platon est semé d’embouches : sortant de la caverne, le prisonnier est ébloui par la lumière du Soleil, et il lui faut un temps d’adaptation pour appréhender la vérité.</span><br /><span style="font-size: 10pt;">Nous rappelons également la conclusion de l’allégorie platonicienne : si quelqu’un tentait de délivrer les autres prisonniers, ceux-ci seraient prêts à le tuer. Ce, pour souligner l’emprise qu’ont les apparences sur l’homme du commun. </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">Une intervenante rebondit sur l’allégorie, montrant que la "connaissance" dont disposent les prisonniers ne requiert pas d’effort personnel (les prisonniers se contentent de regarder les ombres qui défilent devant eux). De plus, elle est complètement "organisée" par d’autres individus – les personnes qui font défiler des objets derrières eux. On voit, ici, une représentation des "manipulations" (y compris médiatiques et politiques) qu’on peut opérer via les apparences. L’intervenante fait également un parallèle avec le film <em><a href="http://cafephilosophique-montargis.hautetfort.com/archive/2019/07/01/matrix-6166927.html" target="_blank" rel="noopener">Matrix</a>.</em></span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">Une troisième intervenante prend ensuite la parole, pour poser une question : on nous dit que les apparences sont trompeuses, certes. Mais nous donne-t-on les clés pour se détromper ? La rhétorique des apparences "trompeuses" ne serait-elle pas qu’un moyen pour rabaisser ceux qui n’ont pas les outils pour aller au-delà ? </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">Deux intervenants répondent à cette question : selon le premier, le <em>"système"</em> n’a pas intérêt à ce qu’on aille au-delà des apparences ; d’où le fait que, malgré les moyens de diffusion de la culture, les <em>"clés"</em> pour se détromper restent cachées. En revanche, selon le second, une démarche cognitive seulement "personnelle" aboutit souvent à des erreurs : on pense notamment à ceux qui cherchent, par eux-mêmes, la vérité sur internet, et qui finissent par adhérer à des thèses complotistes. La recherche de la vérité requiert, donc, un socle de connaissances préalables, qu’on ne peut acquérir que par la fréquentation de la science (entreprise collective) et des œuvres de l’esprit. Un autre intervenant essaie de faire la part des choses : le modèle à suivre pour aller au-delà des apparences serait, peut-être, celui du scientifique. Grâce à sa maîtrise d’une méthode rigoureuse, le scientifique peut arriver à formuler par lui-même des hypothèses et des théories. Ce, sans prétendre délivrer des vérités absolues : le vrai scientifique connaît les limites de la science, ainsi que le caractère toujours "provisoire" des vérités scientifiques. </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;"><a href="http://cafephilosophique-montargis.hautetfort.com/media/00/00/4216529962.jpg" target="_blank" rel="noopener"><img id="media-6017256" style="float: left; margin: 0.2em 1.4em 0.7em 0;" title="" src="http://cafephilosophique-montargis.hautetfort.com/media/00/00/3052673523.jpg" alt="bergson,platon,nietzsche" /></a>Un quatrième intervenant revient sur la question posée plus haut : lorsqu’on pointe le caractère trompeur des apparences, ne finit-on pas par rabaisser ceux qui n’ont pas les moyens pour aller au-delà des apparences ? De fait, la "recherche cognitive" dont parle Platon est toujours conditionnée par des facteurs sociaux (des différences de capital culturel, par exemple) ; or Platon lui-même est un penseur fort élitiste. Dès lors, insister sur la <em>"tromperie"</em> des apparences, n’est-ce pas reproposer un modèle élitiste de la connaissance – où seuls les plus <em>"instruits"</em> peuvent saisir la vérité, à la différence du petit peuple inculte ?</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">Ces considérations amènent une intervenante à montrer que, même au sein de la communauté scientifique, les "apparences" peuvent tromper : il est notamment question des "charlatans", qui exploitent leur renommée, leurs capacités persuasives et leur statut (leur <em>"apparence"</em> : le fait qu’ils apparaissent comme étant compétents), pour proposer des hypothèses farfelues. Ainsi revient-on à la question du lien entre <em>"apparence"</em> et <em>"manipulation"</em> : on peut exploiter ses apparences pour manipuler autrui. </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">On poursuit sur ce lien, en montrant que les mécanismes du capitalisme tendent à entraver la recherche de la vérité. Dans ce cadre, on fait une digression sur le caractère obscur de la facture de l’eau : selon une intervenante, tout est fait pour que l’usager ne comprenne pas cette facture. Les "clés" pour la déchiffrer restent, donc, cachées, au profit de ceux qui – dans le <em>"système"</em> – exploitent notre ignorance. Cependant, on peut se demander si ce caractère obscur dépend vraiment d’une volonté de tromper : de fait, il se peut que l’agent qui établit la facture ne comprenne pas, lui-même, tous les paramètres qu’il utilise. Ainsi, une erreur sur la facture – qui nous apparaît comme étant une manipulation intentionnelle – n’est que le fruit d’une mécompréhension à d’autres niveaux. Un intervenant souligne alors la complexité des logiciels, utilisés par les collectivités pour établir les factures. </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">Après cette digression, une intervenante recentre le questionnement sur le sujet : par rapport à quoi les apparences seraient-elles trompeuses ? Soit elles sont trompeuses par rapport à une vérité absolue – correspondant à la vraie nature des choses. Mais alors, peut-on vraiment atteindre cette vérité et cette vraie nature ? Soit elles sont trompeuses par rapport aux impressions ultérieures qu’on peut se faire sur une chose (ainsi puis-je trouver une personne gentille, alors qu’elle s’avère être par la suite malpolie et violente). Mais alors, ne risque-t-on pas de s’enfermer dans une spirale d’apparences, toutes potentiellement trompeuses ? </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">Pour répondre à ces questions, on revient sur le lien entre <em>"apparences"</em> et <em>"images"</em> : sachant que les "apparences" sont des "images" des choses, nous avons souvent le réflexe de vouloir aller au-delà de l’image, pour saisir la chose elle-même. Nous nous laissons interroger par les apparences. D’une part, cela est fort souhaitable (il s’agit du mécanisme de base de tout processus imaginatif) ; mais, d’autre part, il ne faut pas tirer des conclusions trop vite. </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;"><a href="http://cafephilosophique-montargis.hautetfort.com/media/00/02/1900702576.jpg" target="_blank" rel="noopener"><img id="media-6017257" style="float: left; margin: 0.2em 1.4em 0.7em 0;" title="" src="http://cafephilosophique-montargis.hautetfort.com/media/00/02/599094580.jpg" alt="bergson,platon,nietzsche" /></a>Par ailleurs, le fait de se laisser interroger par les apparences, voire de se faire duper par nos sens, peut être fort plaisant : on pense notamment aux illusions du magicien, ou aux trompe-l’œil dans l’art. Un intervenant affirme, donc, qu’on aime se faire tromper par les apparences : par exemple, lorsqu’on se construit un personnage (via la façon de s’habiller, de se mouvoir, etc.), on est souvent fascinés par notre propre personnage. Par ailleurs, cela stimule les autres à "aller au-delà des apparences", pour découvrir notre vraie nature. Mais ce côté plaisant des apparences peut aussi être utilisé à mauvais escient : on pense notamment à toutes les stratégies de marketing, utilisées pour nous manipuler et pour augmenter les profits des entreprises. </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">Une question est ensuite posée : qu’est-ce que cela serait si les apparences n’étaient pas trompeuses ? Ce qui fait, justement, l’intérêt des relations humaines, c’est qu’Autrui ne se donne pas immédiatement à nous ; il faut le découvrir au fur et à mesure, passer des apparences à la vraie nature. La question se pose, donc, de savoir en quoi consiste cette vraie nature. On reprend l’objection proposée tout à l’heure : l’apparence est-elle trompeuse par rapport à quoi ? A’ une vraie nature, ou bien à une impression ultérieure ? </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">Une chose est certaine, dit un autre intervenant : il faut à tout prix éviter d’être crédule, de trop croire aux apparences. Même s’il est vrai qu’il est plaisant de découvrir les choses et les personnes au fur et à mesure, il faut néanmoins rester vigilant. Pourtant, notre premier rapport au monde et à autrui se base sur les apparences : quels seraient, donc, les critères de cette vigilance ? Peut-être faudrait-il admettre une certaine "vérité" des apparences ; c’est plutôt l’interprétation qu’on en donne qui peut être trompeuse. </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">Ainsi revient-on sur le lien entre apparences et interprétation : une intervenante souligne que les apparences sont toujours interprétées en fonction de nos préjugés. Cela a des répercussions importantes dans notre vie de tous les jours – dans un entretien d’embauche, un candidat peut être choisi en fonction des pré-jugés de l’employeur. S’ensuit une courte digression sur les critères de recrutement dans les entreprises. Une intervenante évoque, ici, l’impact des préjugés sur les minorités, ainsi que les difficultés de l’intégration. Mais – fait remarquer une autre intervenante – il se peut que les personnes discriminées ne fassent pas assez d’efforts pour montrer leurs réelles compétences, et se complaisent dans la victimisation.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">Ce point soulève une question ultérieure : comment lire les apparences ? Y a-t-il un moyen de les déchiffrer correctement, et de s’en servir dans une quête de la vérité ? On considère les modalités de rédaction du CV : ces modalités étant différentes selon les pays, on peut supposer qu’il y a différentes façons de "déchiffrer" les apparences – celles-ci étant, dans ce cas précis, "<em>ce qui apparaît</em>" sur le CV. Savoir rédiger un CV, c’est prévoir la façon par laquelle il sera déchiffré par l’employeur, et s’y adapter.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">Sans transition, on déplace le débat sur la question des rapports entre <em>"apparences"</em> et "art" : les apparences que mobilise l’artiste peuvent-elles être définies <em>"trompeuses"</em> ? Si l’on prend le cas du cinéma, on se rend compte qu’ici l’on est dans la pure apparence (la réalité n’est restituée que par une séquence d’images, 24 par seconde) ; pourtant, le cinéma nous plaît, on lui attribue une valeur artistique. Selon une intervenante, l’art doit être illusion : en effet, par l’art, on vise à quitter la réalité, à s’évader, à rêver.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">Mais – rebondit une autre intervenante –, dans le cas de l’art on sait pertinemment qu’il s’agit d’une illusion. On peut même aller plus loin, en reprenant Umberto Eco pour qui la seule vérité se trouve dans le mensonge des arts : dans un monde où les vérités religieuses et politiques ont été profondément remises en question, on se tourne vers l’art – monde de l’illusion – pour y trouver une nouvelle forme de vérité (qui oserait douter aujourd’hui qu’Anna Karénine est bien morte ?). </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;"><a href="http://cafephilosophique-montargis.hautetfort.com/media/00/01/1414491200.jpg" target="_blank" rel="noopener"><img id="media-6017258" style="float: left; margin: 0.2em 1.4em 0.7em 0;" title="" src="http://cafephilosophique-montargis.hautetfort.com/media/00/01/2442245081.2.jpg" alt="bergson,platon,nietzsche" /></a>Mais l’art est-il vraiment si "illusoire" que cela ? Si l’artiste se sert d’illusions et d’apparences (c’est, là, tout l’aspect <em>"technique"</em> de son travail), le message véhiculé par son œuvre n’est pas illusoire. Or ce message, c’est l’essence même de l’art ! C’est pourquoi – dit une intervenante – lorsque l’aspect technique prend le dessus sur le message (comme dans les nouveaux <em>Star Wars</em>), la valeur artistique diminue. Toutefois, cet exemple peut être contesté : les générations qui ont grandi avec les nouveaux <em>Star Wars</em> tendent à les préférer aux vieux. Cela semble montrer, d’une part, que les rapports entre "<em>aspect technique</em>", message et appréciation esthétique est fort complexe ; d’autre part, que les modalités de déchiffrage des apparences varient avec le temps et les technologies. Dans ce cadre, on considère l’exemple de l’architecture.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">Pourtant, une même racine semble relier 1) le plaisir qu’on tire de l’ "<em>illusion artistique</em>" et 2) notre incapacité à aller au-delà des apparences – incapacité qui peut être exploitée par des esprits malveillants : dans les deux cas, on se laisse bercer par des <em>"images",</em> qu’on appréhende de façon souvent passive. Cela est vrai pour l’art aussi : pour paraphraser Nietzsche, nous nous laissons fasciner par l’œuvre d’art, sans questionner le processus créatif qui la sous-tend. De même, il est rare que nous approfondissions les connaissances qu’on nous délivre.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">Le débat tourne à sa fin. Un intervenant remarque que, jusqu’ici, on a sous-évalué la possibilité de faire confiance aux apparences : malgré tout, on reste dans une vision platonicienne du monde. On peut, donc, se demander : y a-t-il un moyen de faire confiance aux apparences ? Une intervenante affirme que, pour faire confiance aux apparences, il faut avoir une intuition aiguisée. Un autre intervenant propose un contre-exemple : en botanique, les apparences, loin de nous tromper, nous détrompent : c’est par l’observation de l’apparence d’une plante qu’on peut la distinguer d’une plante semblable, mais venimeuse. Mais, pour effectuer cette distinction, il faut que l’observation soit instruite par des connaissances. </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">Le débat se conclut avec une intervention sur le pouvoir déformant du langage : en ce que ce dernier est incapable de restituer la chose elle-même, il vient complexifier les rapports entre apparence, réalité et tromperie. </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">Une fois le débat terminé, nous avons fait le point sur la saison 2018-2019 et parlé du prochain café philo – qui se tiendra le vendredi 4 octobre 2019. Il s’agira d’une séance "spéciale", visant, entre autres, à célébrer les 10 ans du café philo de Montargis. Dans ce cadre, le sujet portera sur un sujet portant sur la pratique de la philosophie : "Le bon philosophe a-t-il toujours raison?". Nous avons également mentionné la date de la deuxième séance 2019-2020 (le 8 novembre), puis un café philo spécial en collaboration avec la Médiathèque de Montargis, le vendredi 6 décembre à 18 heures. Prochain rendez-vous donc le vendredi 4 octobre 2019 pour une séance spéciale les 10 ans du café philo. Le sujet portera sur cette question : "<em>Le bon philosophe a-t-il toujours raison ?</em>"</span></p>
Café philosophique de Montargishttp://cafephilosophique-montargis.hautetfort.com/about.htmlCompte-rendu du débat: ”Est-on possesseur de son corps ?”tag:cafephilosophique-montargis.hautetfort.com,2019-04-12:61435722019-04-12T22:48:00+02:002019-04-12T22:48:00+02:00 Le café philosophique de Montargis se réunissait le 22 mars 2019 pour une...
<p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">Le café philosophique de Montargis se réunissait le 22 mars 2019 pour une nouvelle séance qui portait sur ce sujet : "<em>Est-on possesseur de son corps ?</em>"</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">D’emblée, une première réponse est donnée par une personne du public : mon corps m’appartient bien, du moment qu’il ne gêne pas les autres. Mais si je suis contaminé, c’est la société qui s’en occupe afin que je ne contamine pas les autres. Si mon corps me lâche, intervient une personne du public, je suis presque en lutte avec, avec la notion d’âge qui fait que j’use de mon corps avec plus ou moins de zèle. Ne dit-on pas : "<em>Être en pleine possession de ses moyens ?</em>" Quoique là, on parle plus de possession physique que psychologique. Pour une personne du public, le corps nous appartient pour notre vie entière si on sait l’écouter, via des exercices de respiration par exemple ou de la méditation.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">Puis-je faire de mon corps ce que je veux ? Pour répondre à cette question, est-il dit, il y a deux visions du corps : une vision qui viserait à subir son corps et une autre qui propose un effort pour s’en occuper. "<em>Notre corps (…) est l’enveloppe de l’âme, qui, de son côté, en est la gardienne et la protectrice</em>" écrivait Lucrèce. Une personne du public fait aussi remarquer que physiologiquement, une grande partie de mon propre corps ne m’appartient pas car il est constitué de corps étrangers, de bactéries notamment.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">Une personne souhaite que l’on ne confonde pas la possession de son corps avec l’amour qu’on lui porte et l’entretien de celui-ci. Ce n’est pas parce que l’on n’aime pas son corps qu’il ne nous appartient pas, ajoute-t-il. Or, intervient un animateur, le fait que l’on se dise possesseur de son corps est peut-être le risque de se faire déposséder. Se poser cette question c’est déjà ouvrir une brèche, qui peut être le premier pas vers une forme d’esclavage.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">Il y a aussi un enjeu politique et social à dire "<em>Je suis possesseur de mon corps</em>" : l’un des éléments les plus récurrents, qui a aussi fait l’objet de discours féministes, c’est la fameuse phrase "Mon corps m’appartient !" Dans cette perspective, il y a un certain nombre de situations qui peuvent illustrer ce propos sur l’aliénation du corps : l’esclavage ou la prostitution. Lorsque je dis "<em>Mon corps m’appartient</em>", se mettent en place un certain nombre de problèmes qui viennent contredire ce propos : mon corps ne m’appartiendrait pas car soumis à certaines règles sociales. Un intervenant parle par exemple des lois de bioéthiques, avec par exemple les ventes d’organes humaines, l’euthanasie ou la GPA.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">Par ailleurs, si mon corps m’appartient, a priori je peux en faire ce que je veux, y compris vendre mes organes, louer mon ventre ou me prostituer. La possession du corps implique beaucoup de problématiques politiques ou éthiques.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">Se pose aussi la question, dit un participant, de l’esprit, intrinsèquement emprisonné dans mon corps et dont je ne peux pas être maître. Comme le disais Descartes, "<em>Je ne suis pas seulement logé dans mon corps, ainsi qu’un pilote en son navire." Pour un autre intervenant, corps et esprit sont à dissocier : le corps est la première chose que l’autre voir de moi. Le corps est, lui, capable de plasticité et susceptible de s’adapter à la société. "Nous habitons notre corps bien avant de le penser</em>" disait Albert Camus.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">Lorsque je dis "<em>Je suis possesseur de mon corps</em>", la question est de savoir qui est ce <em>"je"</em> ? Là, tout de suite, on établit une distance entre ce que je suis et ce corps. Il y a toute une tradition cartésienne : il y a mon corps qui est une machinerie d’organes et d’un autre côté il y a moi. La question est bien : qui est ce <em>"moi"</em> ? Un esprit ? Une âme ? En somme, qui est cet observateur de soi-même qui dit : "<em>Mon corps m’appartient !</em>" Pour un intervenant, le moi est global, qui ressent aussi par son corps. Le moi serait tout, sauf que toutes ces choses semblent être des caractères propre à l’esprit. On peut continuer à penser une dualité entre un esprit immatériel et un corps matériel qui occupe un certain volume dans l’espace. "<em>L’âme ne raisonne jamais mieux que quand elle s’isole le plus complètement en elle-même, en envoyant promener le corps" </em>disait Platon. Nietzsche écrivait ceci :<em> ""Notre avidité de connaître la nature est un moyen pour le corps de se perfectionner.</em>"</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">Il y aurait une nouvelle dichotomie entre le moi immatériel et le moi incarné. Finalement, nous resterions dualistes. Pour un animateur, la vraie dépossession du corps, le réceptacle de notre esprit, passe par la manipulation justement de cet esprit, faisant croire, à tort, que corps et esprit sont d’accord. Nous ne serions plus alors maître de notre corps à cause de notre esprit. Si l’on pense à ce type de dépossession, un autre sujet est abordé : celui de la psychanalyse. Parfois, "<em>le corps parle à mes dépens</em>", via les rêves ou les actes manqués : "<em>Ce que nous appelons notre Moi se comporte dans la vie d'une façon toute passive, que nous sommes, pour nous servir de son expression, vécus par des forces inconnues, échappant à notre maîtrise</em>" (Sigmund Freud). Les personnes ayant des soucis psychiatriques sont également marginalisées pour les protéger, si ces personnes, malades mentalement, peuvent faire usage de violence contre les autres et contre elles-mêmes. Les médicaments peuvent parvenir à "niveler" leurs émotions de ces personnes et aussi à les déposséder d’eux-mêmes.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">Notre corps et notre esprit forment un être intelligent, dit une intervenante, et l’être humain se doit d’être de plus en plus intelligent face aux nouvelles technologies. </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">Notre corps intéresse l’autre, dit une autre personne du public. Le manœuvre intéresse par exemple un patron qui, économiquement, demande l’utilisation du corps de cet autre. Un contrat de travail permet la location du corps, avec l’obligation pour un employeur de garantir l’intégrité physique et la sécurité de son employé – avec les progrès sociaux qui ont eu lieu en France durant le XXe siècle. Mais ce qui intéresse l’autre est aussi notre façon de penser. La dépossession du corps n’est pas forcément mauvaise. </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">La société en général fait que notre corps ne nous appartient pas vraiment dans les faits. Lorsque nous achetons de la nourriture, par exemple, c’est un besoin qui nous échappe. Il y a aussi des contraintes sociales, souvent anodines, mais qui ne nous rendent pas maîtres de nos vies. </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">Plusieurs personnes du public parlent de la chirurgie esthétique qui nous conduit à changer notre corps, mais avec l’idée que nous nous devenons autre : "<em>Mon corps et mon identité</em>" pourrait aussi bien s’écrire : "<em>Mon corps est mon identité.</em>" J’ai un corps autant que je suis mon corps. Mais on peut aussi retrouver sa vraie identité – sexuelle ou autre – grâce au "<em>subterfuge chirurgical".</em> Je peux donc autant m’aliéner en allant faire une opération de chirurgie esthétique mais ces opérations peuvent aussi me permettre de me retrouver moi-même. Or, comment faire ressentir à l’autre quelle est mon identité ? Comment communiquer à l’autre cette problématique ? Comment dire l’indicible ?</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">Finalement, n’appartient-on pas à son corps plutôt que l’inverse ? Certaines choses me sont interdites par mon corps. "<em>Je suis corps tout entier et rien d'autre ; l'âme n'est qu'un mot désignant une parcelle du corps… [Le corps] ne dit pas moi, mais il est moi</em>" écrit Friedrich Nietzsche.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">La société pourrait nous commander inconsciemment ou non d’imposer la manière dont je me comporte avec mon corps, la manière dont je me vêt, etc. Un animateur parle de Charles Darwin (<em>Les Émotions chez l’Homme et l’Animal</em>) et d’une expérience sur une grenouille qui montre qu’un corps sans vie peut aussi agir, comme si le cerveau avait sa propre vie. L’instinct de survie peut aussi empêcher mon corps de mettre fin à ses jours, tout comme la société et les religions m’interdisent en France et ailleurs de mettre fin à mes jours. </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">Mon corps varie, disait Darwin, selon que l’on est à l’état sauvage ou domestique. À l’état sauvage, le corps varie pour votre bénéfice propre. Par contre, à l’état domestique, le corps varie en fonction des caprices de votre maître. Quand on aime quelque chose, le corps se transforme pour réaliser au mieux ce que l’on aime faire. Il y a cette variabilité de la transformation du corps à prendre en considération. </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">Un autre participant parle de l’oubli de soi qui peut être une bonne chose, que ce soit dans sa vie privée ou en société : il y a dans ce cas le choix de se sentir dépossédé. Mais une autre intervenante parle de cette dépossession du corps dans le domaine médical, lorsque vous remettez votre corps entre les mains d’un spécialiste. Je ne suis pas immédiatement le possesseur de mon corps : la <em>"possession"</em> est un enjeu politique et social. Les personnes âgées se sentent elles aussi dépossédées de leur corps lorsqu’on les place dans les maisons de retraite. </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">La société peut imposer des codes aux corps. Pierre Bourdieu parle de cela : il y a une certaine mémoire du corps et la société exploite cette mémoire pour donner un certain nombre de codes, de tenues ou d’apparences. Et ces codes dépendent aussi des strates auxquelles on appartient : "<em>Si les sociétés attachent un tel prix aux détails en apparence les plus insignifiants de la tenue, du maintien, des manières corporelles et verbales, c’est que ‘traitant’ le corps comme une mémoire, elles lui confèrent […] les principes fondamentaux de l’‘arbitraire culturel."</em> Ce qui est ainsi incorporé se trouve placé hors des prises de la conscience." Que l’on soit né dans un milieu bourgeois ou populaire, le corps est contraint d’obéir à certaines contraintes. En parlant de contraintes, Michel Foucault parle lui de la manière dont l’État moderne dompte le corps, via l’emprisonnement. Au contraire, les souverains d’ancien régime faisaient de l’exécution de criminels comme Damiens ou Ravaillac des victimes expiatoires et symboles de la toute puissance royale : "<em>La vieille puissance de la mort où se symbolisait le pouvoir souverain est maintenant recouverte soigneusement par l’administration des corps et la gestion calculatrice de la vie.</em>" Foucault lit ça comme une dynamique de gouvernement par le corps, en imposant des mesures d’hygiène ou médicales.</span><br /><span style="font-size: 10pt;">Bourdieu faisait une étude sur les concours des grandes écoles, à l’ENA ou à Ulm : même le jury fait de la sélection de classes, même inconsciemment. Le candidat "incorporait" jouait un rôle lui aussi. </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">Le débat se conclut sur cette citation de Maurice Merleau-Ponty : "<em>Je n’ai pas d’autre moyen de connaître le corps humain que de le vivre, c’est-à-dire de reprendre à mon compte le drame qui le traverse et de me confondre avec lui. Je suis donc mon corps.</em>" </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">Les animateurs du café philo donnent rendez-vous pour la prochaine séance le vendredi 26 avril 2019 à 18 heures à la médiathèque de Montargis pour un débat qui portera sur cette question : "<em>Un bon artiste est-il un artiste mort ?</em>" Par ailleurs, trois sujets sont mis au vote pour la séance du 24 mai. Ces trois sujets sont : <em>"La démocratie peut-elle échapper à la démagogie ?", "Jusqu’où peut-on se mettre à la place des autres ?"</em> et<em> "Est-on sociable par nature ?" </em>C’est le sujet<em> "Jusqu’où peut-on se mettre à la place des autres ?" </em>qui est élu pour la séance de mai. Prochain rendez-vous donc à la médiathèque de Montargis le 26 avril 2019.</span></p>
Café philosophique de Montargishttp://cafephilosophique-montargis.hautetfort.com/about.htmlCompte-rendu du débat: ”Le désir n'est-il que le manque?”tag:cafephilosophique-montargis.hautetfort.com,2019-02-18:61321662019-02-18T20:09:00+01:002019-02-18T20:09:00+01:00 Le café philo de Montargis se réunissait au Belman le vendredi 18 janvier...
<p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">Le café philo de Montargis se réunissait au Belman le vendredi 18 janvier 2019 pour un débat portant sur cette question : "<em>Le désir n’est-il que le manque ?</em>"</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">Le désir, est-il dit pour commencer, est une forme d’idéalisation. Il naîtrait d’un fantasme et d’un inconscient qui pourrait nous commander. Le désir procéderait d’une tension et se porte sur un objet. Mais de quel objet parle-t-on ? D’une personne, d’un bien matériel ? En quoi donc, le désir viendrait-il d’un manque ?</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">Une personne parle d’amour, "<em>d’élégance dans son mode de vie</em>", d’affection dans son environnement et de milliers de choses définissables. Des désirs sont atteignables, d’autres non. Certains sont raisonnables, ou pas. Parfois, nous pouvons être dans un prisme déformant, et le désir, par le manque qu’il provoque, nous rend vide, tendu et frustré. "<em>Ce qu'on n'a pas, ce qu'on n'est pas, ce dont on manque, voilà l'objet du désir</em>" écrivait Platon.</span><br /><span style="font-size: 10pt;">Certains désirs pourraient-il être moins orientés sur le manque, qui seraient donc maîtrisés ? Cela peut être un désir sublimé.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">Beaucoup de désirs peuvent être une volonté orientée, par exemple dans le cadre d’un projet que l’on a souhaité mener. Cela peut être un désir intellectualisé, dans le domaine artistique par exemple.</span></p><p><img src="http://cafephilosophique-montargis.hautetfort.com/media/00/02/308546733.jpg" id="media-5958335" alt="" /></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">Le désir peut aussi être rattaché à la société de consommation : on se créé des désirs que l’on n’avait pas auparavant. Pour une personne du public, le désir est inhérent à l’être humain, qui en a fait son moteur, jusqu’à aller dans l’espace. On n’est vivants que parce que l’on a des désirs. "<em>Un individu sans désir est mort... Le désir est une batterie." </em>Un slogan publicitaire parlait de<em> "désir d’avenir.</em>" Le désir pourrait aussi bien être un moteur de la liberté, considère une personne du café philo. </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">Pour un participant, "lorsque je désire quelque chose, [c’est parce que] je manque quelque chose." Cela peut être un plus plutôt que de combler un manque. On est dans la satisfaction immédiate du désir. Ce dont il est également question, c’est la notion de <em>"quantité"</em> : à trop avoir de désir, on le tue, et à l’inverse ne pas en réaliser on serait dans la frustration perpétuelle. Il y a une notion de déraison. "<em>Tout vouloir procède d’un besoin, c’est-à-dire d’une privation, c’est-à-dire d’une souffrance. La satisfaction y met fin ; mais pour un désir qui est satisfait, dix au moins sont contrariés ; de plus le désir est long et ses exigences tendent à l’infini ; la satisfaction est courte et elle est parcimonieusement mesurée</em>" (Arthur Schopenhauer). </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">Une intervenante parle du désir d’enfant, qui peut aller au-delà de toutes les contraintes matérielles et qui comble une attente, et qui est aussi une notion d’accomplissement de soin. Mon désir d’enfant m’amène à me transcender. Cette attente est valorisée dans l’attente, dans ces neuf mois. Une personne souhaite distinguer ce qui est plaisir matériel et ce qui ne l’est pas. Un participant cite Bakounine, dont une phrase revenait souvent en mai 68 : "<em>Je prends mes désirs pour la réalité, car je crois en la réalité de mes désirs.</em>" La transformation de nos désirs collectifs depuis l’après-guerre est abordé. Une participante parle de l’ouvrage de Michel Serres, C’était mieux avant et l’exemple des femmes qui allaient au lavoir avec une brouette, avant l’arrivée de la machine à laver. </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">Si le désir n’est pas que le manque, alors peut-être que les désirs s’apprivoisent. Les désirs ne proviennent pas forcément du manque : <a href="http://cafephilosophique-montargis.hautetfort.com/archive/2019/01/09/what-else-6118588.html" target="_blank" rel="noopener noreferrer">on peut désirer passer une soirée avec George Clooney</a>, sans qu’il y ait forcément de manque, dit un participant ! </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">Lorsque l’on place l’objet du désir comme un être inaccessible, on n’utilise pas souvent la raison. Par contre, le désir n’est pas forcément le manque mais tout le plaisir du désir viendrait de notre imagination à être avec George Clooney ou bien à manger un quatrième éclair au chocolat… Le fantasme peut rester à l’état de fantasme, mais sans que ce désir ne nous fasse du mal car au final c’est la raison qui a le dernier mot.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;"><a href="http://cafephilosophique-montargis.hautetfort.com/media/00/02/11444475.jpg" target="_blank" rel="noopener noreferrer"><img id="media-5958336" style="float: left; margin: 0.2em 1.4em 0.7em 0;" title="" src="http://cafephilosophique-montargis.hautetfort.com/media/00/02/2031802729.jpg" alt="platon,socrate,schopenhauer,serres,bakounine,sartre,saint augustin,freud,nietzsche,spinoza,pascal,rousseau,épictète" /></a>Comment maîtriser son désir pour le diriger ? Les chercheurs de l’Antiquité ont cherché à sublimer ce désir : "<em>Le fait que tous les êtres, bêtes et hommes, poursuivent le plaisir est un signe que le plaisir est en quelque façon le Bien Suprême</em>" disait Aristote. Une idée et un désir de vengeance peut être sublimé à travers la notion de justice, voire dans le pardon des offenses dans le domaine des religions. Des continents et des philosophies entières dont l’objectif est même d’éliminer tout désir, tout manque, ce qui est bien éloigné du mode de pensée occidental.</span><br /><span style="font-size: 10pt;">Un être humain a toujours la volonté de devenir quelque chose, sans parler même de l’obtention de quelque chose de concret. Une personne du public parle d’ailleurs de <em>"projet".</em> Réaliser ce serait aussi se réaliser, c’est finalement vivre. Par contre, une personne qui vit sans projet particulier peut être dans une satisfaction intérieure, et même dans "<em>un désir de satisfaction.</em>"</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">Le désir peut aussi être une forme d’aliénation : "<em>Le désir est une conduite d'envoûtement</em>" disait Jean-Paul Sartre. Les désirs peuvent nous faire entrer dans la passion et nous faire entrer dans la déprime. C’est l’aliénation qui peut conduire dans la peur. Ne pas être dans le désir c’est sans doute mieux supporter la misère et être dans le moment présent.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">Une personne du public souhaite renverser la question du débat : "<em>Le manque provoque-t-il le désir ?</em>" Nous sommes dans une société de consommation dans laquelle il est dit que s’il nous manque quelque chose, nous ne sommes pas heureux. On provoque un manque chez les gens afin qu’ils désirent cette chose. </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">Pour un autre participant, la phrase de ce soir peut se discuter dans les deux sens : on bascule en permanence du désir au manque, comme le disait Schopenhauer, et on n’en finit pas. Et la société de consommation nous fait passer d’un désir à un autre désir, et ce moteur est provoqué par des illusions, des images ou des personnes publiques emblématiques, à l’image de George Clooney. Une phrase de Platon éclaire le débat de ce soir : "<em>Ce qu'on n'a pas, ce qu'on n'est pas, ce dont on manque, voilà les objets du désir et de l'amour.</em>" Il est bien question de l’objet du désir, ce vers quoi l’on tend. Le temps peut aisément se suspendre au-dessus de l’objet du désir, à l’exemple de cette publicité pour un laitage et de son punchline : "<em>C’est bon la honte</em>". Comme une relation amoureuse qui nous fait tout arrêter pour s’intéresser à l’objet du désir. Le désir amoureux serait sans doute le désir absolu capable d’annihiler tous les autres. </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">Le désir sublimé ou raisonné peut être dompté, voire <em>"rénové"</em> à travers des valeurs plus nobles qui vont nous mener vers des destinations plus raisonnables : se contenter des petits pas et des petites réussites. Le marketing de nos sociétés de consommation peut aussi utiliser un certain désir pour en satisfaire d’autres : c’est le mimétisme du désir qui nous fait désirer un objet pour une autre raison que l’objet lui-même (acheter une paire de baskets que l’on ne voulait pas parce que je veux faire comme autrui). Ça peut être aussi les publicités sexualisées. Chacun peut faire l’expérience de la possession d’objets, de ces "<em>résidus de nos désirs.</em>" </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;"><a href="http://cafephilosophique-montargis.hautetfort.com/media/02/02/1834397799.PNG" target="_blank" rel="noopener noreferrer"><img id="media-5958337" style="float: left; margin: 0.2em 1.4em 0.7em 0;" title="" src="http://cafephilosophique-montargis.hautetfort.com/media/02/02/865308972.PNG" alt="platon,socrate,schopenhauer,serres,bakounine,sartre,saint augustin,freud,nietzsche,spinoza,pascal,rousseau,épictète" /></a>Que désire-t-on lorsque l’on désire ? Une personne du public répond à cette question : on veut un état différent, que ce soit la possession ou non. Cela peut être un désir conscient ou inconscient. Mais finalement, n’est-ce pas la recherche du bonheur qui est recherchée à travers ce désir ? </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">"<em>Les désirs sont des monstres indomptables</em>" est-il dit. Il est fait référence aux conquêtes guerrières de personnages historiques, César ou Alexandre, ou bien de désirs pervers, de possessions irrationnelles. Dans les relations amoureuses, il peut y avoir aussi la satisfaction du désir à travers une possession, et une fois ce désir assouvi et mort, la re-stimulation vers un autre objet ("<em>On en vient à aimer son désir et non plus l'objet de son désir</em>" disait Friedrich Nietzsche. C’est le plaisir du questionneur : la satisfaction de la possession se suffit à elle-même, tout comme l’obsession amoureuse. </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">On parle dans la littérature de possession amoureuse. Un homme ou une femme peuvent-ils être un objet de désir ? Une personne fait le parallèle entre le désir et le fantasme, avec cette notion d’insatisfaction. Faut-il vraiment aller au bout de ses désirs ? Est-ce que le fait de vouloir assouvir tous ses désirs et d’en avoir d’autres qui vont se greffer derrière ne va pas engendrer une frustration, se demande une personne du public ? La recherche du bonheur n’est jamais linéaire : c’est une parenthèse qui s’ouvre et qui se ferme. D’ailleurs le désir n’est jamais satisfait : ce n’est que l’objet du désir qui peut changer. "<em>On passe tous d’un manque à un désir</em>" dit encore un intervenant qui cite Schopenhauer mais aussi Augustin qui disait que l’idéal était de désirer ce que l’on possède déjà. Facile à dire ? Sans doute sommes-nous torturés à vie par cette idée du désir. </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">Le désir peut aussi être rationalisé par une analyse : que veulent dire mes désirs ? Pourquoi veut-il s’imposer à moi ? "<em>L'objet de la pulsion est ce en quoi ou par quoi la pulsion peut atteindre son but</em>" théorisait Sigmund Freud lorsqu’il parlait de ce désir qui peut nous envahir sous forme de pulsions. Le conseil d’un spécialiste peut permettre de se méfier de ses désirs et d’en attendre trop : "Le désir ne tient jamais ses promesses" disait Schopenhauer. </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;"><a href="http://cafephilosophique-montargis.hautetfort.com/media/00/01/1663666733.jpg" target="_blank" rel="noopener noreferrer"><img id="media-5958338" style="float: left; margin: 0.2em 1.4em 0.7em 0;" title="" src="http://cafephilosophique-montargis.hautetfort.com/media/00/01/1188521175.jpg" alt="platon,socrate,schopenhauer,serres,bakounine,sartre,saint augustin,freud,nietzsche,spinoza,pascal,rousseau,épictète" /></a>Le désir n’est-il pas uniquement attaché à l’idée de nouveauté ? La notion de temps n’a-t-elle pas nn plus avoir avec cette notion de désir, dans la mesure où nous ne parvenons plus à en prendre suffisamment pour réaliser ces désirs ? En tant qu’hommes libres, la notion de liberté semble ne pas être assez bien utilisée pour nous permettre d’assouvir nos désirs. Ne serions-nous pas prisonniers du temps, de distractions et finalement de désirs non-accomplis ? Mais sommes-nous si vides pour qu’on ait besoin de se remplir de désirs sans arrêt ? Ne pourrait-on pas se retrouver soi-même sans être contaminés par nos désirs ? N’y aurait-il pas besoin de cesser de vouloir s’occuper sans cesse ? "Ainsi nous ne vivons jamais, mais nous espérons de vivre ; et, nous disposant toujours à être heureux, il est inévitable que nous ne le soyons jamais" écrivait Blaise Pascal. </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">Le désir peut aussi se rationaliser avec l’âge et l’expérience, avec l’évidence qui s’impose, et la sagesse aussi. </span><br /><span style="font-size: 10pt;">Le désir doit nous amener à un projet. C’est le désir dans la création, celui de la vie de famille ou le désir d’enfant. C’est un désir maîtrisé. Baruch Spinoza disait ceci : "<em>Nous jugeons qu'une chose est bonne parce que nous faisons effort vers elle, que nous la voulons et tendons vers elle par appétit ou désir.</em>" Jean-Jacques Rousseau faisait du désir un mouvement rationnel et positif : "<em>Malheur à qui n’a plus rien à désirer ! Il perd pour ainsi dire tout ce qu’il possède. On jouit moins de ce qu’on obtient que de ce qu’on espère, et l’on n’est heureux qu’avant d’être heureux.</em>"</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">Le désir s’oppose-t-il à la raison et peut-on se permettre tous les désirs ? Pour un intervenant, il y a sans doute une opposition, dans le sens où beaucoup de désirs ont des conséquences que nous ne souhaitons sans doute pas voir. L’ataraxie d’Épicure nous parle de cela : "Souviens-toi donc de ceci : si tu crois soumis à ta volonté ce qui est, par nature, esclave d’autrui, si tu crois que dépende de toi ce qui dépend d’un autre, tu te sentiras entravé." Toute la raison voudrait que ce désir doit être évalué, afin de le conscientiser. Le subconscient vient parfois au-devant de la raison : "<em>Les hommes sont conduits plutôt par le désir aveugle que par la raison</em> "disait Baruch Spinoza. </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">Étudier ses désirs ne serait-ce pas un moyen d’effacer de pseudo-désirs ? Peut-être y a-t-il aussi une logique de répétition. On peut tout aussi bien se trouver confronté face à des plaisirs que l’on n’attendait pas, et qui peuvent devenir désir. Sans doute aussi faut-il choisir de réfléchir à son bonheur, et de choisir ses désirs. Cela nous conduirait à désirer sans souffrir ni s’aliéner.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">En fin de séance, trois sujets étaient proposés par la séance du 22 mars 2019, toujours au Belman : "<em>Les crises dans une société sont-elles le signe de sa vitalité ?</em>", "<em>Est-on possesseur de son corps ?</em>" et "<em>Quelles sont les valeurs du sport ?</em>" C’est le sujet "<em>Est-on possesseur de son corps ?</em>" qui est choisi par les participants. </span><br /><span style="font-size: 10pt;">A noter qu’une séance exceptionnelle aura lieu le vendredi 26 avril à la Médiathèque de Montargis. Le débat, dont le sujet sera bientôt défini commencera à 18 heures.</span></p>
Le Bouquineurhttp://lebouquineur.hautetfort.com/about.htmlNathan Hill : Les Fantômes du vieux paystag:lebouquineur.hautetfort.com,2018-09-28:60929562018-09-28T07:50:35+02:002018-09-28T07:50:35+02:00 Nathan Hill, né en 1979 à Cedar Rapids dans l'Iowa, est un écrivain...
<p><img id="media-5892658" style="float: left; margin: 0.2em 1.4em 0.7em 0;" title="" src="http://lebouquineur.hautetfort.com/media/01/00/2217772931.jpg" alt="nathan hill" />Nathan Hill, né en 1979 à Cedar Rapids dans l'Iowa, est un écrivain américain. Après un diplôme de journalisme à l'université de l'Iowa il obtient une maîtrise en écriture créative de l'université du Massachusetts. Il travaille un temps comme journaliste, avant d'enseigner à l'université en Floride et au Minnesota avant de publier quelques nouvelles dans diverses revues. Son premier roman qui paraît en 2016, <em>Les Fantômes du vieux pays</em>, vient d’être réédité en poche.</p><p>Le gouverneur Packer, candidat à la présidentielle américaine, est agressé en public par une femme d'âge mûr, Faye Andresen-Anderson, vite surnommée par les médias Calamity Packer. C’est la mère de Samuel Anderson, un professeur d’anglais à l’Université de Chicago, qu’elle a abandonné quand il n’était qu’un enfant, fuyant son foyer sans explication. Samuel est bientôt contacté par son éditeur - lequel lui avait versé une avance rondelette pour un roman qu’il n’a jamais écrit – qui menace de le poursuivre en justice. Acculé, le jeune homme lui propose un nouveau projet, un livre révélation sur sa mère, sensé la détruire. A ce stade, Samuel ne sait presque rien d’elle, si ce n’est qu’elle est d’origine Norvégienne (le vieux pays) et se lance dans la reconstitution minutieuse de sa vie. Une entreprise qui s’avèrera pleine de surprises…</p><p>On peut avoir des préjugés à condition de reconnaître qu’on a tort quand c’est le cas. Je déteste les gros livres, toujours trop longs à mon goût et je l’ai rabâché cent fois déjà ici, or je l’admets, ce roman de presque mille pages est excellent. Une exception qui confirme ma règle ?</p><p>Le bouquin se partage entre le présent (2011) et le passé (1968). De l’agression de Packer à la mystérieuse et secrète période de la vie de Faye au cours de l’été de tous les dangers à Chicago en 1968. Une année chaude pour <em>Windy City, </em>entrée dans l’histoire pour ses émeutes. Petit rappel des faits : Les émeutes de 1968 à Chicago commencèrent après l'assassinat de Martin Luther King le 4 avril 1968, tandis qu’en août de la même année, la ville fut le théâtre de nouvelles émeutes lors de la convention démocrate qui écarta le candidat anti-guerre Eugene McCarthy au profit d'Hubert Humphrey. L’enquête menée par Samuel va lui apprendre, à sa plus grande surprise, que sa mère était au cœur de ces évènements durant cet été et qu’ils la poursuivent jusqu’à ce jour.</p><p>Il faut saluer la prouesse de Nathan Hill qui va marier faits historiques et roman dans une intrigue carrément acrobatique mais qui a le mérite d’être crédible. Avec mille pages on a la place pour en raconter et l’écrivain ne s’en prive pas pour peindre une grande fresque sur l’Amérique vue par le petit bout de la lorgnette (bal de promo, abri antiatomique…) et donc très proche de l’Américain moyen. Tout ce qui fait notre époque est dans ce livre : les centres commerciaux et le capitalisme (« Il n’y a rien que le capitalisme ne puisse engloutir. Le non-sens, c’est sa langue d’origine. »), les réseaux sociaux, les régimes pour maigrir, les jeux de rôles, les mouvements féministes et contestataires des 60’… Il y est aussi question de la sexualité de l’époque, les rapports entre filles et garçons mais aussi de la guerre du Vietnam puis de celle en Irak. Vous croiserez Allen Ginsberg, Socrate et Platon qui s’invitent au banquet ( !). Voilà un échantillon de la toile de fond.</p><p>Quant à l’intrigue proprement dite elle est menée de main de maître, avec finalement peu de personnages, cinq ou six à peu près. Je n’en dis pas plus sur eux car entre 1968 et 2011, les destins des uns et des autres évolueront, se sépareront avant de tous se retrouver et ce, sans manquer d’étonner le lecteur qui n’en revient pas devant tant de virtuosité.</p><p>Le roman file à un rythme soutenu, la lecture n’en étant que plus aisée et les passages souriants sont nombreux. J’ai adoré les longues pages avec Laura Pottsdam, une étudiante de Samuel et personnage secondaire, avec sa logique crétine, à hurler de rire (perso, j’ai cru y voir Nabilla « Allô, non mais quoi ? »).</p><p>Pour le fond, le livre traite de nos personnalités multiples, celles que l’on montre volontiers aux autres et celles que l’on cache ; ainsi que des choix que l’on doit faire dans la vie, tout l’art résidant dans le moment où les faire.</p><p>Un roman que je vous recommande fortement.</p><p> </p><p> </p><p>« Même les masses indifférentes s’en rendent compte, même ceux qui n’ont pas accès à l’information, ne savent pas pour qui voter, voient bien que tout va mal. Que tout se casse la figure sous leurs yeux. Les gens perdent leurs emplois, leurs fonds de pension partent en fumée du jour au lendemain, tous les jours ils apprennent par le courrier que leurs retraites ont encore perdu dix pour cent de leur valeur pour la sixième fois de l’année, que leurs maisons valent deux fois moins que ce qu’ils l’ont payée, leurs patrons n’obtiennent pas le prêt nécessaire au paiement de leurs salaires, et ils voient bien que Washington est un vrai cirque, et ils sont là, dans leurs maisons, avec toute cette technologie fascinante autour d’eux, à regarder leurs smartphones et à se demander comment un monde qui produit des choses aussi incroyables peut être un monde aussi merdique. Ce sont les questions qu’ils se posent. »</p><p> </p><p><img id="media-5892659" style="float: left; margin: 0.2em 1.4em 0.7em 0;" title="" src="http://lebouquineur.hautetfort.com/media/02/01/1539588508.jpg" alt="nathan hill" />Nathan Hill <em>Les Fantômes du vieux pays</em> Folio – 954 pages –</p><p>Traduits de l’américain par Mathilde Bach </p>
Café philosophique de Montargishttp://cafephilosophique-montargis.hautetfort.com/about.htmlCompte-rendu du débat: ”Faut-il vivre comme si nous ne devions jamais mourir?”tag:cafephilosophique-montargis.hautetfort.com,2018-05-12:60510282018-05-12T16:25:00+02:002018-05-12T16:25:00+02:00 Le vendredi 13 avril, le café philosophique de Montargis se délocalisait...
<p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">Le vendredi 13 avril, le café philosophique de Montargis se délocalisait exceptionnellement à la Médiathèque de Montargis pour un nouveau débat qui avait pour thème : "<em>Faut-il vivre comme si nous ne devions jamais mourir ?</em>" L’équipe de la médiathèque avait mis les petits plats dans les grands pour accueillir un public d’une soixantaine de personnes venus débattre.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">Ce sujet est capital en philosophie, comme le disait en substance Albert Camus. Pour un premier participant, la question du débat semblerait poser problème dans sa formulation. Deux autres intervenants abordent le sujet de ce soir comme un appel à avoir en finalité notre mort future, sans perdre de vue pour autant cette vie qui nous est donnée et dont nous devons tirer profit. Si "<em>philosopher c’est apprendre à mourir</em>" comme le disait Montaigne, cela ne doit pas être une obsession ni nous empêcher d’agir – dans la mesure de nos moyens – choisir nos actions à entreprendre, avec le minimum d’impacts sur notre planète.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">La question du débat de ce soir interpelle une autre personne du public. "<em>Faut-il vivre comme si nous ne devions jamais mourir ?</em>" : le "<em>comme</em> <em>si</em>" interpelle. C’est un "<em>comme</em> <em>si</em>" qui implique une forme de mensonge ou d’illusion puisque de toute manière nous mourrons tous un jour.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">Par ailleurs, pour une autre personne du public, la question ne se pose pas au conditionnel : quand on naît, on vit et il y a par la suite un instinct de vie qui nous fait avancer lorsque nous sommes enfants. La pensée de la mort viendrait après – et en tout cas pas.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">Finalement, est-il encore dit, dans la question de ce soir, "<em>Faut-il vivre comme si nous ne devions jamais mourir ?</em>", chacun de ces termes pose problème, et, mis bout à bout, nous serions hors-sujet. La proposition de ce soir, intervient un animateur du café philo, est aussi celle que nous propose la société de consommation dans laquelle nous sommes. Dans des temps plus anciens, la mort était par contre plus présente qu’aujourd’hui, ne serait-ce que parce que les guerres étaient plus présentes.</span></p><p><img src="http://cafephilosophique-montargis.hautetfort.com/media/01/02/74347532.png" id="media-5813821" alt="" /></p><p><span style="font-size: 10pt;"><a href="http://cafephilosophique-montargis.hautetfort.com/media/02/01/3200537954.jpg" target="_blank" rel="noopener noreferrer"><img id="media-5813824" style="float: left; margin: 0.2em 1.4em 0.7em 0;" title="" src="http://cafephilosophique-montargis.hautetfort.com/media/02/01/1604280613.jpg" alt="camus,montaigne,platon,descartes,leibniz,hegel,heidegger,épicure,foucault,descartes,jankélévitch,sartre,pascal,cyrulnik" /></a>Pour revenir au sujet, des termes poseraient en effet question. Derrière le "<em>faut-il</em>" il y aurait une injonction – même si un participant estime qu’il ne s’agit que d’une "<em>proposition</em>". Le mot "<em>vivre</em>" mériterait également d’être interrogé. Qu’est-ce qu’on entend par "<em>vivre</em>", puisque nous vivons à partir du moment où nous naissons, sans que nous l’ayons voulu ? Il y a bien évidemment autre chose derrière ce "<em>vivre</em>." Qui peut m’imposer de vivre dans "<em>cette grande vie</em>" qu’est le monde ? Durant le débat, plusieurs participants estiment qu’une vie éternelle ôterait tout sens à la vie, avec l’ennui comme frein et la crainte, peut-être, de perdre ce précieux cadeau. Ne parle-t-on pas "<em>d’espérance de vie</em>" ? Le "<em>comme</em> <em>si</em>" rappelle cette illusion imagée par Platon dans le <a href="http://cafephilosophique-montargis.hautetfort.com/archive/2014/04/23/platon-la-caverne-5354042.html" target="_blank" rel="noopener noreferrer">mythe de la caverne</a>. Et il y a bien entendu la notion de mort – que je pourrais d’ailleurs envie de choisir. C’est un sujet tiroir avec beaucoup de notions, un sujet complexe, central, et d’ailleurs souvent débattu lors des épreuves du bac philo. Il y a deux impératifs catégoriques dans une seule phrase ("<em>Faut-il… Nous devions</em>"), réagit un autre participant : "<em>ça fait beaucoup…</em>" Or, nous pourrions tout aussi bien émettre un seul impératif catégorique : est-ce que je devrais vraiment vivre cette vie que l’on m’a tracé ou est-ce que je devrais vivre la mienne ? Un intervenant propose une autre reformulation à cette question : "<em>Est-ce que la certitude de la mort ne nous impose pas de donner un sens à notre vie ?</em>"</span></p><p><span style="font-size: 10pt;">Une autre personne fait référence aux stoïciens : ne faut-il pas vivre chaque jour comme si c’était le dernier ? Il semblerait qu’il y ait deux camps : ceux qui sont d’avis d’écarter l’idée de la mort afin que la vie s’épanouisse pleinement ; et un autre camp qui est d’avis d’avoir cette fin en ligne de mire afin de donner pleinement son sens à la vie. Et puis il pourrait y avoir le camp de ceux qui pensent que la vie pourraient avoir un grand avenir, tels ceux qui croient au transhumanisme ou à la science capable de prolonger indéfiniment notre vie. Sans oublier la place des religions qui mettent en avant un autre critère : celui de la vie après la mort, voire des réincarnations. Les religions peuvent être une forme de soulagement en ce qu’elles nous persuadent que la mort n’est pas la fin (<a href="http://cafephilosophique-montargis.hautetfort.com/archive/2018/04/08/death-is-not-the-end-6041599.html" target="_blank" rel="noopener noreferrer"><em>Death is not the end</em></a>) et qu’elles nous ôtent un peu de cette peur de la mort. Mais les religions peuvent être consolatrices mais aussi désinhibitrices. Une participante parle de l’importance du pari de Pascal. </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;"><a href="http://cafephilosophique-montargis.hautetfort.com/media/01/02/2177167774.jpg" target="_blank" rel="noopener noreferrer"><img id="media-5813825" style="float: left; margin: 0.2em 1.4em 0.7em 0;" title="" src="http://cafephilosophique-montargis.hautetfort.com/media/01/02/926902444.jpg" alt="camus,montaigne,platon,descartes,leibniz,hegel,heidegger,épicure,foucault,descartes,jankélévitch,sartre,pascal,cyrulnik" /></a>Sauf que c’est très souvent la peur et la souffrance qui nous rendent difficiles l’appréhension de la mort. Comme le chantait Jacques Brel : "<a href="https://www.youtube.com/watch?v=waxdDV11cHw" target="_blank" rel="noopener noreferrer"><em>Mourir cela n’est rien, mourir la belle affaire, mais vieillir...</em></a>" Une intervenante insiste sur la notion de santé. Là est cette notion absurde de la mort : pourquoi partir alors que nous sommes en bonne santé et que de belles années nous attendent ? <a href="http://cafephilosophique-montargis.hautetfort.com/archive/2018/04/06/ionesco-le-roi-se-meurt-6041173.html" target="_blank" rel="noopener noreferrer">Une absurdité théâtralisée par Ionesco.</a> L’éternité, dit un autre participant, est séduisant et c’est aussi "être dieu". Sauf que c’est potentiellement mettre notre planète en péril (et elle n’a pas besoin de cela!) mais aussi, quelque- part, empêcher les jeunes générations de venir. </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">Il est question de cette mort physique et de la marque nous avons laissé (une œuvre, des enfants, une famille, des idées, etc.). La mort ne serait donc par forcément définitive. C’est en substance ce que disait Leibniz : "<em>La mort n’est pas une cessation de toutes les fonctions, mais seulement une suspension de certaines fonctions plus remarquables.</em>" Derrière la mort, il y a cette notion de biologie mais aussi quelque chose de plus métaphysique. C’est le "<em>Je pense donc je suis</em>" de Descartes. Et puis, il y a le concept de mort, un concept beaucoup plus nébuleux et eschatologique : derrière la mort des kamikazes du Bataclan se joue peut-être le néant une sorte d’apocalypse : "La mort, le maître absolu" disait Hegel. Une intervenante parle des autres morts : ces personnes qui n’ont rien dans leur vie, qui n’ont ni passion, ni envies... </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">Qu’est-ce qu’être mort ? Nous sommes tous mortels, réagit un intervenant, et être mort c’est ne plus exister. "<em>Je me reste</em>" disait Descartes. L’expression "<em>être</em>" mort n’aurait aucun sens : "<em>Mourir dormir rien de plus. Rêver peut-être</em>" disait Hamlet. On a du mal à imaginer que l’on puisse ne plus exister, et ce serait la raison pour laquelle "<em>on imagine d’autres vies.</em>" Finalement, dire qu’il y a une vie après la mort c’est dire qu’il n’y a pas de mort. À moins qu’il ne soit question de cette "<em>petite mort</em>," pour rester chez "<em>Shakespeare – une "petite mort</em>" ou un "<em>rêve</em>." A telle enseigne que la question de ce soir pourrait aussi se formuler ainsi : "<em>Faut-il vivre comme si nous rêvions ?</em>" ou bien "F<em>aut-il vivre un rêve plutôt que la réalité ?</em>"</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;"><a href="http://cafephilosophique-montargis.hautetfort.com/media/00/01/1905188872.jpg" target="_blank" rel="noopener noreferrer"><img id="media-5813826" style="float: left; margin: 0.2em 1.4em 0.7em 0;" title="" src="http://cafephilosophique-montargis.hautetfort.com/media/00/01/1783403277.2.jpg" alt="camus,montaigne,platon,descartes,leibniz,hegel,heidegger,épicure,foucault,descartes,jankélévitch,sartre,pascal,cyrulnik" /></a>Finalement, qu’entend-on par vivre dans cette idée de la mort ? <a href="http://cafephilosophique-montargis.hautetfort.com/archive/2018/04/10/compte-rendu-du-debat-tout-doit-il-etre-fait-par-passion-6042414.html" target="_blank" rel="noopener noreferrer">On a parlé de passions lors d’un café philo précédent</a>, mais certaines personnes n’en ont pas et se sentent pourtant parfaitement en vie, telles ces parents de famille heureux qui trouvent leur plaisir dans la simplicité comme dans la spécificité d’un domaine qu’ils aiment, que ce soit dans les arts, dans le sport ou dans les sciences : "<em>Tant qu’on a de l’appétit on mange et ce n’est pas du tout désagréable</em>," réagit un participant. Le fait de vivre, disait en substance Montaigne, est déjà un privilège, même si on a l’impression de n’avoir rien fait. Comment penser la mort et notre mort ? </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">Parler de la mort ne serait-elle pas vaine puisque la mort est toujours celle des autres, même s’ils sont proches ? La mort des autres, la mort spectacle, la mort fictionnée voire ludique (dans les jeux vidéos) ne sont finalement que des façades. Penser notre mort ne semble pas être notre préoccupation car elle nous terrifie : "<em>Ivan Illitch voyait qu’il mourait et il en était désespéré. Dans le fond de son âme, il savait bien qu’il mourait ; mais non seulement il ne parvenait pas à s’habituer à cette pensée, il ne la comprenait même pas, il était incapable de la comprendre</em>" écrivait Léon Tolstoï. Nous n’avons pas connaissance de notre propre mort, ni de notre propre vie. La mort est de l’ordre du savoir et de la séparation. Mais a-t-on vraiment conscience de la vie ?</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">Il peut être question d’instinct de vie, une expression faisant de l’homme un animal comme un autre ("Seul l'homme meurt, l'animal périt" disait Heidegger). Un intervenant cite Jean Moréas : "<em>Goûtez tous les plaisirs et souffrez tous les maux ; et dites : c’est beaucoup et c’est l’ombre d’un rêve.</em>"</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;"><a href="http://cafephilosophique-montargis.hautetfort.com/media/02/01/885929489.jpg" target="_blank" rel="noopener noreferrer"><img id="media-5813827" style="float: left; margin: 0.2em 1.4em 0.7em 0;" title="" src="http://cafephilosophique-montargis.hautetfort.com/media/02/01/1066666280.jpg" alt="camus,montaigne,platon,descartes,leibniz,hegel,heidegger,épicure,foucault,descartes,jankélévitch,sartre,pascal,cyrulnik" /></a>Il est question de cette conscience de la mort, l’illusion de la mort qui ne devrait pas exister et qui pourtant devient un spectacle. Cette mort qui nous frôle peut être un aiguillon, ou du moins un e impulsion, pour reprendre en main son destin et choisir sa vie, à tout âge ! La peur de la mort serait une nécessité car elle nous pousse à faire les choses plutôt que de vivre par procuration ou dans une forme de procrastination : "<em>C'est parfois la peur de la mort qui pousse les hommes à la mort</em>" écrivait Épicure. </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">Au cours du débat, une participante regrette que l’on parle plus de mourir que de vivre. Vivre seul et aussi avec autrui car c’est sans doute la mort des autres qui fait le plus peur. Boris Cyrulnik parlait à ce sujet de niche affective : ces sept ou huit proches et amis capables de vous permettre de vivre le plus pleinement possible, ces points de repère affectifs qui adoucissent l’existence et vous permettent de vous sentir moins seuls. Michel Foucault disait également que "<em>la philosophie antique nous apprenait à accepter notre mort. La philosophie moderne, la mort des autres.</em>" </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">Vladimir Jankélévitch parlait du "<em>pouvoir limité par la mort et l'infinité du devoir moral.</em>" Notre vie est limitée par la mort, indéniablement. Entre notre naissance et notre mort, il y a une impossibilité de nous accomplir. On est dans un aspect proche du stoïcisme. Nous avons notre propre liberté de vivre entre ces deux contraintes que sont la naissance et la mort. Le droit moral, quelque part, s’inscrit dans quelque chose d’infini, à l’opposé de la mort – et du fini. Cette citation nous ramène bien entendu à l’existentialisme conceptualisé par Sartre : "<em>Si, en effet, l'existence précède l'essence, on ne pourra jamais rien expliquer par référence à une nature humaine donnée et figée; autrement dit, il n'y a pas de déterminisme, l'homme est libre, l'homme est liberté.</em>" Notre nature humaine n’est pas donnée et figée, contrairement à ce que pensaient les intellectuels chrétiens, mais c’est en dépit de notre mort, et pleinement conscients de celle-ci, que nous devons être dans notre vie, et ne pas faire comme si nous ne devions jamais mourir. </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">L’équipe du café philo termine la séance en remerciant les personnes de la médiathèque pour leur accueil et l’aide qu’ils ont apportés à la réussite de ce débat. Une réussite qui en appelle d’autres à coup sûr. L’équipe du café philo rappelle son prochain rendez-vous, le <strong>vendredi 18 mai au café Le Belman</strong>, pour un sujet choisi par le public lors de la séance de mars : "<strong><em>Qu’est-ce qu’être normal ?</em></strong>"</span></p>
Café philosophique de Montargishttp://cafephilosophique-montargis.hautetfort.com/about.htmlCompte-rendu du débat : ”La vérité finit-elle toujours par triompher?”tag:cafephilosophique-montargis.hautetfort.com,2018-03-18:60352252018-03-18T10:00:00+01:002018-03-18T10:00:00+01:00 Le café philosophique de Montargis se réunissait au Belman le vendredi 19...
<p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">Le café philosophique de Montargis se réunissait au Belman le vendredi 19 janvier pour un débat portant sur cette question : "<em>La vérité finit-elle toujours par triompher ?</em>" Une soixantaine de personnes étaient présentes pour cette nouvelle séance.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">Pour commencer ce débat, les animateurs proposent une définition et une étymologie de la vérité : le terme de vérité, de <em>veritas</em> en latin ("<em>vraie</em>"), peut la définir dans trois dimensions: une vérité ontologique, la réalité dans sa quintessence, dans son intensité et sa pureté (comme l’or dans la joaillerie), il y aurait ensuite cette vérité définie par Thomas d’Aquin, qui serait l’adéquation entre l’esprit et la chose, c’est-à-dire une conformité entre mon jugement et la réalité ("<em>Ce que l'homme appelle vérité, c'est toujours sa vérité, c'est-à-dire l'aspect sous lequel les choses lui apparaissent</em>", Protagoras), et enfin la vérité logique dans le théorème scientifique ou mathématiques, qui serait dans l’ordre de la cohérence logique mais qui, pour le coup, peut ne pas correspondre à une réalité (les propriétés du triangle sont vraies quand bien même il n’existerait pas de triangles dans la nature).</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">S’agissant de ce thème du triomphe de la vérité, il y a l’un des exemples les plus fameux : <a href="http://cafephilosophique-montargis.hautetfort.com/archive/2018/01/11/zola-extrait-du-film-l-affaire-dreyfus-6016865.html" target="_blank" rel="noopener noreferrer">celui du de l’affaire Dreyfus et du J’Accuse d’Émile Zola</a>.</span><span style="font-size: 10pt;">Un premier intervenant réagit au sujet du débat de ce soir. Une telle question sous-entend que quelqu’un cache la vérité, que ce soit une personne, un groupe de personnes ou un système. C’est le cas de l’Affaire Dreyfus par exemple. S’agissant de cette cas historique, il y a dichotomie entre la vérité et la justice. Pour que cette vérité triomphe, il faut l’investissement d’une personne pugnace, a fortiori lorsqu’il s’agit d’enjeux importants. Dans ce cas le triomphe de la vérité serait compliqué.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">Pour un autre intervenant, la vérité serait d’abord vivante et fonction de telle ou telle personne, tel ou tel sujet. Chacun a sa propre vérité et cette vérité bouge constamment au cours de notre vue. La vérité sur Dieu change, y compris dans notre existence. Une vérité immuable devient quelque chose de non-libre, voire dictatoriale. La recherche de la vérité doit être active tout au long de notre vie, selon les philosophes comme Socrate ou Platon. </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">Dans ce qui est dit, réagit une autre personne du public, il y a une sorte de pluralité dans la notion de vérité. Or, comment différencier cela d’un simple avis, d’un simple avis ? Cela constituerait d’emblée un obstacle à sa recherche.</span></p><p><img src="http://cafephilosophique-montargis.hautetfort.com/media/02/00/942751689.jpg" id="media-5785105" alt="" /></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">La vérité ne serait-elle que relative ? Dans la notion de vérité, il y aurait une sorte de convention qui devrait être partagée.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">Pour une participante, si la vérité est plurielle, comment expliquer que l’on vive dans une société industrielle qui découle de lois scientifiques a priori immuables ? Pourquoi avons-nous confiance lorsque nous prenons l’avion ? Nous aurions une vision restrictive de la vérité comme une valeur mystique que tout le monde rechercherait dans sa quête du bonheur. Or, la vérité est le socle de notre société. Descartes employait une métaphore : celui d’un arbre ayant pour racine la métaphysique, avec des questionnements et des étonnements philosophiques, et le tronc représenterait la physique, c’est-à-dire ce qui découle des réponses que l’on peut apporter à ces questions. Puis vont découler des branches et des fruits, en l’occurrence la morale, la médecine ou la mécanique. La vérité ne stagnerait donc pas, contrairement à ce que l’on dit, au niveau des racines, dans des quêtes philosophiques et mystique d’un idéal subjectif qui apporterait le bonheur à chacun. Or, si cette vérité peut la trouver via des biais scientifiques, elle se fructifie de manière concrète, et en découle les sciences et toute l’évolution de l’être humain. Toute l’évolution humaine repose sur un critère de vérité sur lequel reposerait la technique elle-même.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;"><a href="http://cafephilosophique-montargis.hautetfort.com/media/01/00/1751934385.jpg" target="_blank" rel="noopener noreferrer"><img id="media-5785112" style="float: left; margin: 0.2em 1.4em 0.7em 0;" title="" src="http://cafephilosophique-montargis.hautetfort.com/media/01/00/532886231.jpg" alt="338dd6e990096d8146de9e820194eaf6.jpg" /></a><a href="http://cafephilosophique-montargis.hautetfort.com/archive/2018/01/14/bernard-la-verite-dans-les-sciences-6017020.html" target="_blank" rel="noopener noreferrer">Si l’on parle de science</a>, poursuit une nouvelle intervenante, la science a d’abord émis des théories et non des vérités. Une théorie est émise "<em>jusqu’à preuve du contraire.</em>" L’épigénétique, par exemple, a fait évoluer un domaine qui semblait ne pas aller de soi. La science est une chose, dit un autre participant, mais il y a aussi l’application de la science qui n’a rien à voir en général avec les théories qui ont été émises. <a href="http://cafephilosophique-montargis.hautetfort.com/archive/2017/12/30/descartes-pour-examiner-la-verite-6012902.html" target="_blank" rel="noopener noreferrer">Descartes a d’ailleurs mis en question cette vérité scientifique, en raison de la perception que nous avons des choses, car nous sommes souvent trompés par nos sens.</a></span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">Par ailleurs, toutes les vérités doivent-elles triompher ? La vérité est-elle toujours vertueuse. Il se pose la question d’éthique, par exemple en ce qui concerne les secrets de famille. Pour une participante, cette question de "<em>tri de la vérité</em>" est contestable, car elle ouvre la porte à des formes de censure néfastes.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">Pour en revenir à l’affaire Dreyfus, il se pose la question de vérité objective et de vérité subjective. S’agissant de cet exemple, ce dont il est question est la réalité historique qui a mis 12 ans avant de triompher. Le problème de la vérité subjective, c’est qu’elle dépend d’un système de valeurs. Pour Dreyfus, s’affrontaient avec conviction des considérations telles que la justice, la morale, le sort d’un homme contre l’autorité de la chose jugée, l’honneur de l’armée et l’esprit de revanche. Cela dépend aussi d’une époque et d’un environnement : "<em>Vérité en deçà des Pyrénées, erreur au-delà</em>" disait Pascal. Il se pose aussi la question de se savoir si l’on ment en étant persuadé que l’on dit vrai, est-ce que l’on ment vraiment ? On peut être aveuglé par sa propre <em>doxa</em>.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">Le triomphe de la vérité est le résultat d’un combat, d’une confrontation mais aussi d’une publicité. Ce qui est caché est délivré pour être offert au public. Qui est le garant de cette vérité respectée, à l’exemple du conseil constitutionnel qui est garant du respect de la vérité constitutionnelle ? La vérité aurait-elle besoin, à l’instar de <a href="http://cafephilosophique-montargis.hautetfort.com/archive/2017/12/23/zola-j-accuse-6012873.html" target="_blank" rel="noopener noreferrer">Zola, d’un pourvoyeur et d’un médiateur </a>? Pour un participant, la réponse est oui. Un autre exemple est celui d’Edward Snowden, des personnes qui sont sincères et remplis de valeurs humaines et humanistes.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">Qui doit chercher la vérité et qui doit en faire la promotion pour la rendre accessible ? Serait-ce le rôle de la justice par exemple ? En France, le pouvoir a toujours été méfiante vis-à-vis de cette institution judiciaire, jusqu’à créer le principe du syllogisme juridique. En France, on fait des juges et des personnes chargées de révéler la vérité, de simples rouages d’une mécanique syllogistique : "<em>Les voleurs doivent être punis, Dupond est un voleur donc Dupond doit être puni.</em>" Il convient de se poser cette question : la justice peut-elle créer sa propre de vérité ?</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">La vérité trouverait là une nouvelle définition : elle serait définie comme cohérence interne à un système, quand bien même ce système n’aurait pas de correspondance dans la réalité, ou bien se heurterait à d’autres systèmes de valeurs. C’est l’exemple de l’affaire Dreyfus et du jugement judiciaire. Malgré tout, même imparfaite, si la justice est bien faite, elle se base sur les faits, les lois et aussi la science. Avec certes des procédures et beaucoup d’imperfections.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;"><a href="http://cafephilosophique-montargis.hautetfort.com/media/00/01/1532203467.jpg" target="_blank" rel="noopener noreferrer"><img id="media-5785109" style="float: left; margin: 0.2em 1.4em 0.7em 0;" title="" src="http://cafephilosophique-montargis.hautetfort.com/media/00/01/1308147200.jpg" alt="3191ed8df3347c2790da96db9dd7d540.jpg" /></a>Mais il y aussi cette Vérité avec un grand V, en dehors de ce qui est affaire d’opinion et d’avis comme il a été dit plus haut. C’est cet objet non-identifiable, que l’on ne peut approcher qu’avec nos sens, que l’on essayer d’atteindre. On est dans une question d’enracinement. La vérité pourrait être unique, mais il y a une pluralité d’interprétations de cette vérité. Nietzsche disait : "<em>Il n’y a pas de faits, seulement des interprétations.</em>" La vérité serait donc difficilement atteignable. Mais toutes les interprétations ne se valent pas, comme le laisseraient sous-entendre par exemple<a href="http://cafephilosophique-montargis.hautetfort.com/archive/2018/01/13/quelques-vrais-faux-historiques-6016856.html" target="_blank" rel="noopener noreferrer"> les fake-news</a>. Le terme "<em>Chacun sa vérité</em>" (Luigi Pirandello) ne veut pas dire grand-chose même s’il peut nous engager sur le début d’un chemin vertueux. La vérité, c’est que nous n’avons pas les moyens d’atteindre justement cette vérité (nos sens peuvent nous tromper par exemple) mais nous avons tous les moyens pour l’atteindre au mieux. La vérité a beau être abstraite, ses interprétations sont réelles et multiples : "<em>« Chacun sa vérité » est une formule juste car chacun se définit par la vérité vivante qu'il dévoile</em>" disait Jean-Paul Sartre. Ce qui peut aller jusqu’à des "heurts de vérités,"<a href="http://cafephilosophique-montargis.hautetfort.com/archive/2018/01/13/schutzenberger-aie-mes-aieux-ou-les-secrets-de-famille-devoi-6016858.html" target="_blank" rel="noopener noreferrer"> à l’exemple des secrets de famille</a>.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">Il est discuté d’interprétations de bonne foi de faits a priori contradictoires ("<em>Est-ce un 6 ou un 9 ?</em>"). Celui qui impose sa vérité, serait celui qui trouvera le meilleur discours, ou du moins qui sera le mieux soutenu (<a href="http://cafephilosophique-montargis.hautetfort.com/archive/2017/12/21/galilee-limites-et-beautes-de-l-intellect-humain-6010267.html" target="_blank" rel="noopener noreferrer">exemple de Galilée</a>). Ne pas révéler la vérité ou toutes les vérités permettrait de maintenir les populations dans une certaine soumission. Comment en sortir ? Peut-être en s’interrogeant sur le mensonge, qu’il soit volontaire ou non, dans une dialectique qui permettra de faire triompher la vérité. Le manque de connaissance est sans doute un obstacle à ce triomphe de la vérité. Mais cette quête de la vérité est sans doute plus importante que son triomphe, s’il n’arrive pas trop tard comme pour l’exemple des secrets de famille. </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">Comment dévoiler la vérité ? Elle peut être crue et incomprise. <a href="http://cafephilosophique-montargis.hautetfort.com/archive/2017/12/22/florian-la-fable-et-la-verite-6012869.html" target="_blank" rel="noopener noreferrer">Le fabuliste Florian parle de parer de la vérité "nue" du "manteau" attrayant de la fable</a> : "<em>Vous êtes pourtant ma cadette, / Dit la fable, et, sans vanité / Partout je suis fort bien reçue : / Mais aussi, dame vérité, / Pourquoi vous montrer toute nue ? / Cela n'est pas adroit : tenez, arrangeons-nous ; / Qu'un même intérêt nous rassemble : / Venez sous mon manteau, nous marcherons ensemble. / Chez le sage, à cause de vous, / Je ne serai point rebutée ; / A cause de moi, chez les fous / Vous ne serez point maltraitée : / Servant, par ce moyen, chacun selon son goût, / Grâce à votre raison, et grâce à ma folie, / Vous verrez, ma sœur, que partout / Nous passerons de compagnie</em>."</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">Il y a des moments de vérités qu’il faut choisir afin qu’elles ne tardent pas trop à triompher, à l’exemple d’une autre affaire, <a href="http://cafephilosophique-montargis.hautetfort.com/archive/2018/01/05/carrere-l-affaire-jean-claude-romand-6014216.html" target="_blank" rel="noopener noreferrer">celle de Jean-Claude Romand</a>. Le temps serait, d’après un participant, ce qui permet à la vérité de triompher, ce que contestent d’autres personnes du public. </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;"><a href="http://cafephilosophique-montargis.hautetfort.com/media/01/01/264861312.jpg" target="_blank" rel="noopener noreferrer"><img id="media-5785110" style="float: left; margin: 0.2em 1.4em 0.7em 0;" title="" src="http://cafephilosophique-montargis.hautetfort.com/media/01/01/3368532477.2.jpg" alt="Sculpture en marbre 'Modesty' by Antonio Corradini.jpg" /></a>Un intervenant pose cette question : est-ce qu’une civilisation arrive à faire triompher la vérité ? Va-t-on vers plus dé vérité ? Combien de vérité n’ont-elles jamais éclaté ? Pour un participant, le monde va vers plus de vérité, à l’exemple des secrets de familles, une notion relativement nouvelle dans les sciences psychologiques. L’idée serait de régler ses propres vérités, en nous, lutter contre nos mécanismes de défense, avant de chercher la vérité chez les autres. La vérité triomphe si on a du courage, qui entraîne vers une évolution positive pour les autres. Chacun serait donc lui-même pourvoyeur de vérité. </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">Quel est notre intérêt à chercher la vérité ? Si on en a, si on se met en recherche de cette vérité, elle finira par triompher. Un participant ajoute que cela sous-entend qu’il y a un intérêt quelconque pour que ce triomphe ait lieu. </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">La question du débat sous-entend qu’il y aurait une vérité objective, une sorte d’évidence, et que cette vérité va éclater. Or, en réalité, la vérité est complexe, floue, avec des niveaux différents. Nietzsche écrivait ceci : "<em>Les vérités sont des illusions dont on a oublié ce qu'elles sont, des métaphores qui ont été usées et qui ont perdu leur force sensible, des pièces de monnaies qui ont perdu leur empreinte et qui entrent dès lors en considération non plus comme pièces de monnaie mais comme métal.</em>" Hegel disait, dans ce même état d’esprit : "<em>La vérité n’est pas une monnaie frappée prête à être utilisée.</em>"</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">Pour conclure ce débat à la fois métaphysique et éthique, comment ne pas citer <a href="http://cafephilosophique-montargis.hautetfort.com/archive/2017/12/18/beart-la-verite-6009364.html" target="_blank" rel="noopener noreferrer">Guy Béart et sa chanson sur la vérité </a>: "<em>Le premier qui dit se trouve toujours sacrifié / D'abord on le tue / Puis on s'habitue / On lui coupe la langue on le dit fou à lier / Après sans problèmes / Parle le deuxième / Le premier qui dit la vérité / Il doit être exécuté.</em>"</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">En fin de séance, trois sujets ont été proposés pour la séance suivante le <strong>vendredi 23 mars à 19 heures, toujours au café Le Belman</strong> : "<em>Séduction ou agression : Faut-il balancer son porc?</em>", "<em>Pourquoi se presser ?</em>" et "<strong><em>Tout doit-il être fait par passion ?</em>"</strong> C’est ce dernier sujet qui a été choisi par les participants. Et le 13 avril à 18 heures aura lieu un café philo exceptionnel à la médiathèque de Montargis.</span></p>
Café philosophique de Montargishttp://cafephilosophique-montargis.hautetfort.com/about.htmlCompte-rendu de la séance ”Les sciences vont-elles trop loin?”tag:cafephilosophique-montargis.hautetfort.com,2017-10-18:59904512017-10-18T15:19:00+02:002017-10-18T15:19:00+02:00 Pour cette première séance de la saison à laquelle assistaient entre 35 et...
<p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">Pour cette première séance de la saison à laquelle assistaient entre 35 et 40 personnes, l’équipe du café philo invitait <a href="http://cafephilosophique-montargis.hautetfort.com/archive/2017/07/13/thierry-berlanda-parlons-philo-5962864.html" target="_blank" rel="noopener noreferrer">Thierry Berlanda</a>, philosophe, conférencier et romancier, auteur notamment d’un thriller paru récemment, <em><a href="http://cafephilosophique-montargis.hautetfort.com/archive/2017/07/21/berlanda-naija-5964297.html" target="_blank" rel="noopener noreferrer">Nadja</a></em> (éd. du Rocher). Le sujet de ce débat portait sur cette question : "<em>Les sciences vont-elles trop loin ?</em>" Ce roman a pour sujet une enquête policière qui mène deux enquêteurs jusqu’au Nigeria où une multinationale a fait des biotechnologies un inquiétant projet scientifique autant qu’économique. Thierry Berlanda met en scène sur un plan romanesque un thème qui, philosophiquement, est important : le devenir de l’homme avec les révolutions techno-scientifiques et les périls qu’elles peuvent charrier.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">Cette question présente aujourd’hui, et depuis longtemps dans la littérature et le cinéma, n’est plus l’effet d’une mode ou d’un engouement médiatique. Ce n’est plus un épiphénomène : elle nous concerne d’une manière paradoxale. En effet, cette révolution techno-scientifique, la plupart d’entre-nous nous n’y comprenons pratiquement rien et nous n’y adhérons pas. D'autre part, nous ne nous sommes pas appropriés éthiquement cette question. De ce fait, nous sommes doublement dépassés d’un point de vue intellectuel et d’un point de vue moral.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">Thierry Berlanda insiste sur la notion de vie. Notre vie, dit-il, "dans laquelle nous ne nous sommes pas apportés nous-même" comme le dit en substance le philosophe Michel Henry, nous précède toujours et nous dépasse. Et pourtant, elle nous concerne très intimement. La techno-science, la révolution biotechnologique, la "prothètisation du vivant" nous dépassent à la fois par la compréhension que nous en avons – ou pas – et par l’appropriation de ce sujet.</span></p><p><img src="http://cafephilosophique-montargis.hautetfort.com/media/02/00/2830387182.jpg" id="media-5707874" alt="" /></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;"><a href="http://cafephilosophique-montargis.hautetfort.com/media/01/00/4293384575.jpg" target="_blank" rel="noopener noreferrer"><img id="media-5707877" style="float: left; margin: 0.2em 1.4em 0.7em 0;" title="" src="http://cafephilosophique-montargis.hautetfort.com/media/01/00/3547907596.jpg" alt="brentano,husserl, heidegger,scheler,merleau-ponty,plotin,henry,descartes,platon,botero" /></a>Thierry Berlanda insiste sur l’importance de la <a href="http://la-philosophie.com/la-phenomenologie" target="_blank" rel="noopener noreferrer">phénoménologie</a> dans sa vie comme dans la réflexion sur le sujet de de soir. Il cite quelques auteurs marquants : Brentano, Husserl, Heidegger, Scheler, Merleau-Ponty… et jusqu’à Plotin. Il met en avant un autre philosophe, <a href="http://cafephilosophique-montargis.hautetfort.com/tag/henry" target="_blank" rel="noopener noreferrer">Michel Henry</a>, contemporain et mort en 2002, qu'il citera à plusieurs reprises au cours de la soirée. La phénoménologie, dit-il, n’est pas la science des phénomènes, ni une "<em>science des étants</em>" au sens heideggerien. Ce n’est pas une science dure ni ontique. Il n’y a pas besoin de phénoménologie pour savoir ce qu’est un arbre, du point de vue d’une science des objets (de <em>obiectum</em>, en latin : ce qui est devant nous). L’étant arbre ne se discute pas. La phénoménologie est la science de la phénoménalité, c’est-à-dire l’étude du processus de l’apparaître des choses qui nous entourent, y compris cet arbre ou bien nous-même.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">Lorsque l’on est entré dans la salle où se tient le café philo, la question est de savoir quelle est la première forme qui est vue : ça peut être une table, une personne ou une branche de lunettes. Or, pour le phénoménologue, la première chose qui est vue est la lumière dans laquelle ces objets se donnent. La phénoménologie est la science de l’étude de la structure de "<em>l’apparaître des choses</em>", c’est-à-dire la lumière qui a été vue avant de voir les objets. C’est la différence entre une science positive qui voit les objets comme s’ils étaient premiers et la phénoménologie qui voit les objets comme secondairement à la lumière dans laquelle ils se donnent. Mais ça ne concerne pas que les objets sensibles et physiques mais aussi les objets intellectuels et rationnels.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">Dans la question "<em>Les sciences vont-elles trop loin?</em>", la question est de savoir ce que c’est que "<em>trop loin</em>" ? Quelle est cette limite au-delà de laquelle on est trop loin ? Quelle est la frontière que les sciences franchissent qui les expulsent de leur propre circonscription épistémologique et de leur propre fondement morale – si encore elles en ont un ? Ce "<em>trop loin</em>" est-il un territoire nébuleux ? A partir de quelle limite sommes-nous arrachés de notre humanité ? Et si nous ne sommes plus nous-même est-ce si terrible que ça ? Et est-ce un si grand malheur qui nous attend ? Savons-nous assez précisément ce que nous sommes pour avoir une conscience assez claire de ce que nous perdrions en ne l’étant plus ? Ces questions ont été mises en scène, d’un point de vue phénoménologique, dans le thriller <em>Naija</em> qui pose la question de la possible disparition de la structure de l’apparaître du "<em>phénomène</em>" humain.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;"><a href="http://cafephilosophique-montargis.hautetfort.com/media/00/02/1633025926.jpg" target="_blank" rel="noopener noreferrer"><img id="media-5707878" style="float: left; margin: 0.2em 1.4em 0.7em 0;" title="" src="http://cafephilosophique-montargis.hautetfort.com/media/00/02/4197800447.jpg" alt="brentano,husserl, heidegger,scheler,merleau-ponty,plotin,henry,descartes,platon,botero" /></a>Pour un participant, la science – comme la littérature – ne va jamais trop loin. Derrière la science, il y a la recherche. Par contre, la grande question est celle des applications, a fortiori dans un monde capitaliste. En quoi ces applications vont-t-elle trop loin ? Une autre intervenante cite l’exemple d’essais de greffes humaines sur des cellules souches de cochon afin de soigner des maladies, avec la crainte un jour de créer des <a href="http://cafephilosophique-montargis.hautetfort.com/archive/2017/09/09/shelley-le-docteur-frankenstein-et-sa-creature-5978133.html" target="_blank" rel="noopener noreferrer">chimères</a>. La question est de savoir ce que le philosophe a à dire sur les risques pour l’humanité de ces <a href="http://cafephilosophique-montargis.hautetfort.com/archive/2017/09/13/dick-les-androides-revent-ils-de-moutons-electriques-5979459.html" target="_blank" rel="noopener noreferrer">dépassements technologiques</a>. Est-ce du conservatisme que de dire que "<em>cela va trop loin</em>" ? Les religions ont-elles leur mot à dire ? s’interroge un autre participant.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">Peut-être serait-il bon également de définir ce qu’est la science, à différencier de la technologie. Par définition, la science est la connaissance. Elle ne prescrit pas : elle cherche à connaître. Les applications tombent ensuite dans le domaine du politique ou de l’économie et deviennent ces technologies plus ou moins dangereuses, plus ou moins bénéfiques. La science pourrait aller trop loin lorsqu’il y a un risque d’auto-destruction, par exemple lors de l’invention des <a href="http://cafephilosophique-montargis.hautetfort.com/archive/2017/09/09/la-java-des-bombes-atomiques-5978143.html" target="_blank" rel="noopener noreferrer">armes atomiques</a> et nucléaires.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">Or, la science, a priori neutre, se suffisant à elle-même et sans contenu éthique, va trop loin dans la mesure où elle s’écarte de ce qui est essentiel. L’essentiel est du domaine de l’humain et de la conscience (le fameux "<em>Science sans conscience n’est que ruine de l’âme</em>" de Rabelais). La question de ce soir, dit un membre du public, n’est peut-être finalement pas tant celle de la science que celle de la conscience.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">Il ne s’agit pas d’être dans une naïveté béate mais être optimiste, tout en étant dans une réflexion philosophique authentique. La question est toujours de savoir quelle est la limité de la science, par exemple lorsqu’il est question de la médecine et de la fin de vie. Dans ce domaine, ne passerait-on pas de la médecine de guérison à tout prix à la médecine de soin ? Le mot "<em>valeur</em>" est prononcé, tout comme le mot "<em>conscience</em>". Cependant, le philosophe continue à s’interroger : à partir de quand connaît-on la limite qui fera que j’userai de ma conscience comme vecteur de la science à progresser, ou bien à la restreindre. La limite à fixer est subjective et variable selon les époques, comme le prouve la science agronomique par exemple.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;"><a href="http://cafephilosophique-montargis.hautetfort.com/media/01/00/2177630620.2.jpg" target="_blank" rel="noopener noreferrer"><img id="media-5707879" style="float: left; margin: 0.2em 1.4em 0.7em 0;" title="" src="http://cafephilosophique-montargis.hautetfort.com/media/01/00/1056013637.2.jpg" alt="brentano,husserl, heidegger,scheler,merleau-ponty,plotin,henry,descartes,platon,botero" /></a>Si la science va trop loin, dit une autre personne du public, c’est qu’elle va déjà dans une direction. Or, qui donne cette direction, sinon des choix politiques ou économiques ? Or, la recherche est assujettie à des décisions : on va préférer investir dans des armes bactériologiques, au risque d’effets collatéraux (<a href="http://www.maladie-lyme-traitements.com/une-maladie-initieacutee-par-les-usa.html" target="_blank" rel="noopener noreferrer">l’exemple de la maladie de Lyme</a>). Qui décide finalement du "<em>trop loin</em>" ? Serait-ce celui qui décide où va aller l’argent ? La course au profit et aux technologies a conduit les décideurs à préférer certaines sciences plutôt que d’autres, en privilégiant par exemple les sciences biotechnologiques au détriment des sciences sociales. Par ailleurs, est-il dit, les sciences sont dirigées par les personnes de pouvoir qui peuvent s’en servir pour manipuler les consciences. Un intervenant met en avant le fait que la manipulation se joue dans les deux sens, comme le montre la<a href="http://www.psychologies.com/Therapies/Toutes-les-therapies/Therapies-breves/Articles-et-Dossiers/La-PNL-ou-programmation-neuro-linguistique" target="_blank" rel="noopener noreferrer"> programmation neuro-linguistique</a> (PNL). Si je ne veux pas tomber dans le piège de la manipulation, est-il dit, il m'appartient d'user aussi d'user de ma raison, de mon libre-arbitre et de "<em>l'autonomie de ma pensée.</em>"</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">Mais ces sciences sociales, justement, ne vont-elles pas assez loin, dans un monde dominé par les sciences "<em>en -ique</em>" (informatique, génétique, technologique, etc.) ? Pour un intervenant, le retard des sciences sociales sur les sciences dures est quelque chose de constant.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;"><a href="http://cafephilosophique-montargis.hautetfort.com/media/01/00/1070081400.jpg" target="_blank" rel="noopener noreferrer"><img id="media-5707883" style="float: left; margin: 0.2em 1.4em 0.7em 0;" title="" src="http://cafephilosophique-montargis.hautetfort.com/media/01/00/3208677792.jpg" alt="brentano,husserl,heidegger,scheler,merleau-ponty,plotin,henry,descartes,platon,botero" /></a>Il est beaucoup question de transhumanisme en ce moment avec la sortie de<a href="https://www.sciencesetavenir.fr/decouvrir/livres/homo-deus-yuval-noah-harari-presente-a-paris-son-livre-evenement_116363" target="_blank" rel="noopener noreferrer"> <em>Homo Deus</em> de Harari</a>. Pour <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Giovanni_Botero" target="_blank" rel="noopener noreferrer">Giovanni Botero</a>, spécialiste des sciences antiques, il y a depuis longtemps dans les sociétés l’idée d’une élite d’une part et d’un prolétariat d’autre part, le prolétariat étymologiquement celui qui peut faire durer sa vie un instant de plus. Une élite ploutocratique profite de la misère universelle. Or, que dit le philosophe ? Que c’est la vie qui compte : "<em>aucun vivant n’est plus vivant qu’un autre.</em>" Si l’on veut bien juger la science sous le critère de la vie, la question de ce soir mérite d’être posée sous cet angle. Thierry Berlanda a cette réflexion : "<em>Je sais ce que c’est qu’un robot, mais à ce stade je ne sais pas ce que c’est qu’un humain !</em>" Connaître la limite de l’humanité c’est au préalable comprendre ce qu’est un humain. </span><br /> <br /><span style="font-size: 10pt;">Il faut bien définir ce qu’est l’humanité, qui n’est pas à restreindre à l’apparence ou aux fonctions qui peuvent être imitées et reproduites par les technologies. Quand on est du point de vue ontique – un arbre c’est un tronc, des branches, des feuilles, des racines – on peut rester à la surface de l’objet et se dire : <em>"ça y ressemble, donc ça doit en être</em>"… Descartes parlait <em>d’inconcussum</em>, c’est-à-dire les points de certitudes absolues pour dire que ceci est vrai et ceci ne l’est pas. Qu’est-ce qui fait donc qu’un homme l’est et qu’un robot ne l’est pas ? Il est question aussi de l’intelligence artificielle, qui est un aspect des choses qui peuvent nous tromper sur l’humanité.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">La connaissance, dit un autre intervenant, nous appartient, sans argent, sans aide extérieur. Il est question de partage des sciences que nous pouvons avoir, partage qui est un enrichissement humain. La science, de ce point de vue, ne peut pas aller trop loin. La science pour elle-même, fondamentale, a, par contre, le risque d’être constamment débordée par les technologies applicatives. <a href="http://cafephilosophique-montargis.hautetfort.com/archive/2017/09/20/berlanda-aucun-zombie-la-dedans-5981550.html" target="_blank" rel="noopener noreferrer">Le débordement des techno-sciences est un danger.</a> Mais en est-ce vraiment un, réagit un participant ? On parle de surpeuplement mais moins du progrès des sciences pour aider à l’abondance de cultures naturelles. La science ne serait-elle pas une solution à des problèmes plutôt qu’un monstre potentiellement dangereux ?</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;"><a href="http://cafephilosophique-montargis.hautetfort.com/media/02/00/1223787156.jpg" target="_blank" rel="noopener noreferrer"><img id="media-5707875" style="float: left; margin: 0.2em 1.4em 0.7em 0;" title="" src="http://cafephilosophique-montargis.hautetfort.com/media/02/00/604872992.jpg" alt="brentano,husserl, heidegger,scheler,merleau-ponty,plotin,henry,descartes,platon,botero" /></a>Il y aussi un préalable politique à cette interrogation sur les sciences et sur le fait qu’elles menacent d’être accaparées par des multinationales. Il y avait une inhumanité avant la naissance des multinationales, considère Thierry Berlanda. Quel est donc le ressort intime de ces multinationales qui, avec tous leurs maux, ne sont pas tombés du ciel ? Elles ont été suscitées par une certaine propension au cœur des hommes. Platon parlait déjà en son temps, de la <em>pleonexia</em>, de la cupidité sans fin et de notre pouvoir à nuire à nous-même. C’est à chacun de s’interroger, et sur les sciences, et sur sa conscience, et sur notre autonomie de la pensée. Et cette autonomie passe notamment par l’école et l’éducation qui doivent se pencher plus encore sur les sciences.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">La question qui sous-tend tout le sujet est celle de la limite à partir de laquelle je sais que la science va trop loin. Cette question de limite est la même que celle de la définition de l’humanité comme telle. Descartes, "<em>le philosophe de la certitude</em>", dit dans sa deuxième méditation philosophique que "absolument certainement il me semble que je vois, que j’entends, que je m’échauffe." C’est à dire que ce qui me détermine comme humain, et que n’auront jamais les robots, c’est que ce sentiment que je vis (<em>videor</em>), ce qu' aucun robot, si perfectionné soit-il, ne peut avoir. Ce à quoi il faut absolument nous attacher c’est encourager et déterminer la politique dans un sens qui soit favorable à ce qui est le plus caractéristique d’un humain, c’est-à-dire sa vie en tant que sentiment d’elle-même. Plus on s’en éloigne, plus on va vers la <a href="http://cafephilosophique-montargis.hautetfort.com/archive/2017/06/07/henry-progres-et-barbarie-5951823.html" target="_blank" rel="noopener noreferrer">barbarie, théorisée par Michel Henry</a>. Plus on favorise la vie en tant que sentiment d’elle-même, plus on est vertueux. Le critère du "<em>trop loin</em>" de la science c’est cette limite-là, en fonction de laquelle vous favorisez le sentiment joyeux de vivre ou que vous l’empêchiez ou que vous le contraigniez. <em><a href="http://cafephilosophique-montargis.hautetfort.com/archive/2017/09/20/berlanda-ce-monde-est-fait-pour-toi-5981551.html" target="_blank" rel="noopener noreferrer">Naija</a></em> est l’histoire de cet enjeu sur le mode concret de l’aventure de ce questionnement dans une affaire policière, géopolitique... et phénoménologique.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">La séance se termine par la mise du sujet de la séance du <strong>20 octobre 2017</strong>. Trois sujets sont proposés : "<em>L’école : est-ce que le niveau baisse ?</em>", "<em>Le bon sens est-elle la chose la mieux partagée?</em>" et "<strong><em>La culture serait-elle une meilleure réponse à la violence ?</em></strong>" C’est ce dernier sujet qui est choisi par les participants. Ce débat aura lieu au <strong>café Le Belman</strong>, première étape qui mènera cette saison le café philo dans plusieurs lieux de l’agglomération de Montargis.</span></p>
Grandeloupohttp://www.grandeloupo.ch/about.htmllp de qc, chap. N° 6 - Atlantide, réelle pour Platontag:www.grandeloupo.ch,2017-08-26:59739162017-08-26T08:07:07+02:002017-08-26T08:07:07+02:00 Dernières phrases du chapitre précédent Je ne vais...
<p><span style="color: #000000;"><span style="font-family: Century, serif;"><span style="font-size: large;"><em><strong><img id="media-5677309" style="float: left; margin: 0.2em 1.4em 0.7em 0;" title="" src="http://www.grandeloupo.ch/media/02/00/770231805.jpg" alt="Atlantide Ile au milieu de l'Atlantique.jpg" />Dernières phrases du chapitre précédent</strong></em></span></span></span></p><p><span style="color: #000000;"> </span></p><p><span style="color: #000000;"><span style="font-family: Century, serif;"><span style="font-size: small;">Je ne vais pas en rester là ! Car il y a sur cette Terre des phénomènes étranges contés par les humains. Les humains ont l’esprit fertile et particulièrement ceux de la descendance de Sem, de Cham, de Japhet et de tous les autres de la famille noahide nommé en général sémitique. La littérature Arabo-Persique regorge de ces histoires fabuleuses avec des Géants, Cyclopes, Ogres, lampes et lanternes magiques, avec des magiciens enfermés dans une fiole, enchainés dans un livre, se déplaçant sur un Tapis-Volant à la vitesse de la lumière, etc ….</span></span></span></p><p><span style="color: #000000;"><span style="font-family: Century, serif;"><span style="font-size: small;">Si certes, il y a un peu d’imagination humaine, du fantastique, du merveilleux, il y a aussi du vrai, du véridique, du vécu comme base du conte ou de l’histoire.</span></span></span></p><p><span style="color: #000000;"><span style="font-family: Century, serif;"><span style="font-size: small;">Je vais continuer à écrire, pour vous émerveiller, des choses admirables qui se sont passés sur notre planète Terre. Nous nous croyons en ce XXI<sup>ème</sup> siècle plus intelligent que nos ancêtres antédiluviens et après, nous ferions mieux de rester humble car je vous réserve quelques petites surprises !</span></span></span></p><p><span style="color: #984806;"> </span></p><p><span style="color: #000000;"><span style="font-family: Century, serif;"><span style="font-size: xx-large;"><strong>Atlantide, réelle pour Platon !</strong></span></span></span></p><p><span style="color: #000000;"> </span></p><p><span style="color: #000000;"> </span></p><p><span style="color: #000000;"><span style="font-family: Century, serif;"><span style="font-size: large;"><em><strong>Chapitre N° 6 </strong></em></span></span></span></p><p style="text-align: center;"><img id="media-5677310" style="margin: 0.7em 0;" title="" src="http://www.grandeloupo.ch/media/02/00/157870575.jpg" alt="Atlantide - Pyramide mêmeconstruction.jpg" /></p><p><span style="color: #000000;"> </span></p><p><span style="color: #000000;"><span style="font-family: Century, serif;"><span style="font-size: small;">Tous les spécialistes du monde entier, géologues, archéologues, paléontologues, sont d’accord pour reconnaître que tout le Sahara et d’autres déserts sur la Terre était des mers il y a moins de dix mille ans.</span></span></span></p><p><span style="font-family: Century, serif;"><span style="font-size: small;">D'anciennes traditions tibétaines rapportent une inondation du haut plateau tibétain, et selon de vieilles chroniques chinoises, Schu-King, la position des points cardinaux a été déterminée de nouveau, les mouvements ainsi que l'apparition du soleil, de la lune et des signes du zodiaque ont été de nouveau calculés et représentés, et la durée des saisons fixée. Un nouveau calendrier a été établi. <strong>Velikovsky</strong> résume de façon pertinente la raison des anciennes traditions chinoises relatives à la nécessité de ces modifications dans son <strong>« Monde en Collision »</strong> : <span style="color: #e36c0a;"><em>« . . . provoque l’impression que pendant la catastrophe, la trajectoire de la Terre et ainsi l’année, l’inclinaison de faxe de la Terre, donc les saisons ainsi que la trajectoire de la lune et par suite le mois avaient changé. Nous n'apprenons pas ce qui a produit ce bouleversement du monde, mais il est écrit dans les anciennes annales que pendant l’époque où régnait Yahou, une étoile brillante a surgi de la constellation Yin »</em></span>.</span></span></p><p><span style="font-family: Century, serif;"><span style="font-size: small;">Depuis plus de 2500 ans, beaucoup de personnes sont convaincues qu'il doit y avoir eu une grande île quelque part entre l'Europe, l'Afrique et l'Amérique. Elle suscite les spéculations les plus variées. Ce que nous savons sur cette île est contenu dans les dialogues de <strong>Platon</strong>, <strong>427-34 7 av. J-C</strong>., connus sous le nom de Timée et de Critias. </span></span></p><p><span style="font-family: Century, serif;"><span style="font-size: small;">Critias, l'oncle maternel de Platon, souligne expressément qu'il doit s'agir d'une histoire étrange, mais vraie, que le sage Solon a apportée autrefois d'Égypte en Grèce. <em>---(</em><em><strong>Solon</strong></em> <span style="color: #000000;"><em>né à Athènes vers 640 av. J.-C., et mort sur l’Ile de Chypre vers 558 est un homme d’État législateur, et poète athénien.) ---</em></span><span style="color: #000000;"> </span></span></span></p><p><span style="font-family: Century, serif;"><span style="font-size: small;"><img id="media-5677311" style="float: left; margin: 0.2em 1.4em 0.7em 0;" title="" src="http://www.grandeloupo.ch/media/00/01/3327490645.jpg" alt="Atlantide - anim.jpg" />L'île est <strong>l'Atlantide</strong> enveloppée de légendes. <span style="color: #7030a0;"><strong>Platon</strong></span> mentionne expressément qu'elle ne se trouvait pas dans la Méditerranée, mais au-delà <strong>des colonnes d'Hercule, </strong><span style="color: #000000;">qui est le Détroit de </span>Gibraltar et massif de l'Atlas. Il poursuit :</span></span></p><p><span style="font-family: Century, serif;"><span style="font-size: small;"><span style="color: #0070c0;"><em>« L'île était plus grande que la Libye et l’Asie réunies, et l’on pouvait se rendre à l’époque à partir d’elle dans d’autres îles, et depuis celles-ci sur l’ensemble du continent situé en face, qui entoure le véritable océan. Car tout ce qui se trouve de ce côté-ci de la route d’Héraclès n'est qu'un golfe semblable à un port avec une entrée étroite. Mais cette autre mer est une vraie mer, et la terre qui l’entoure peut à juste titre être appelée Continent. »</em></span></span></span></p><p><span style="font-family: Century, serif;"><span style="font-size: small;">L'exactitude de la description est incroyable si l'on songe que l'histoire a certes été rédigée par Platon, mais qu'elle est censée reposer sur des sources égyptiennes encore plus anciennes. Elle décrit non seulement la Méditerranée avec le passage de Gibraltar, mais aussi un autre continent - l'Amérique - au-delà de l'océan, de l'Atlantique. Entre les deux est censée s'être trouvée autrefois une île aussi grande qu'un continent. Il faut songer que les régions de l'Asie connues à l'époque étaient beaucoup plus petites que la région gigantesque de l'Asie actuelle.</span></span></p><p><span style="color: #222222;"><span style="font-family: Century, serif;"><span style="font-size: small;">Une partie de la montagne fendue est Gibraltar et l'autre est soit Monte Hacho, soit Djebel Musa. Ces deux montagnes prises ensemble ont depuis lors été connues comme les « Colonnes d'Hercule ».</span></span></span></p><p><span style="color: #000000;"><span style="font-family: Century, serif;"><span style="font-size: small;">Cette « <strong>Ile</strong> » a-t ’elle vraiment existée ? Pas seulement dans l’esprit de Platon ? Existe-il des preuves ? Que disent les écritures anciennes ?</span></span></span></p><p><span style="color: #000000;"><span style="font-family: Century, serif;"><span style="font-size: small;">Alors voici quelques faits troublants et étranges pour un humain qui veut regarder <em>« plus loin que le bout de son nez ! … ! »</em> En effet le bananier, ceux qui le cultivent pour leur plaisir, savent qu’il se reproduit par la racine. Ces humains, enfin certains se sont demandés comment le bananier était venu dans les grandes et petites iles qui entourent le Brésil, sachant que c’est une plante tropicale.</span></span></span></p><p><span style="font-family: Century, serif;"><span style="font-size: small;"><span style="color: #000000;">Christophe Colomb quand il découvrit en premier les Antilles, puis le Brésil quel ne fut pas son étonnement quand en s’enfonçant dans les terres il remarqua les Temples de leurs Dieux en quadrilatère pyramidale, une réplique exacte des premières pyramides Égyptiennes. Aujourd’hui les géologues, archéologues et paléontologues reconnaissent que ces constructions dateraient </span><span style="color: #7030a0;"><em><strong>sans se tromper de plus de 8 000 ans avant l’Ère Commune, (EC),</strong></em></span> <span style="color: #000000;">juste quelques siècles après le </span><span style="color: #7030a0;"><strong>« Déluge. »</strong></span><span style="color: #000000;"> Questions ? Comment ces humains connaissaient-ils le système de levage des blocs cubiques, voire rectangulaires, mais plus étonnant, les formules de calcul arithmétiques et géométriques ? Quel était leur avance scientifique et technologique ? Ce n’est pas le même ingénieur qui a conçu les Temples pyramidales Égyptiens, Aztèques et Mayas ? Des siècles les séparent ! <img id="media-5677312" style="float: right; margin: 0.2em 0 1.4em 0.7em;" title="" src="http://www.grandeloupo.ch/media/01/01/3953807344.jpg" alt="Atlantide - Traces d'un Déluge gigantesque.jpg" />…</span></span></span></p><p><span style="color: #000000;"><span style="font-family: Century, serif;"><span style="font-size: small;">Un autre phénomène bizarre, nous savons qu’il existe deux genres d’éléphant, celui d’Afrique et celui de l’Inde, de Birmanie, mais jamais au Brésil, et pourtant dans les grottes de ce pays les archéologues avec les géologues trouvèrent des peintures représentant des éléphants d’Afrique, prouvant qu’il y a bien longtemps, cet animal vivait dans ce pays, le Brésil tout comme le bananier !</span></span></span></p><p><span style="color: #000000;"><span style="font-family: Century, serif;"><span style="font-size: small;">Pour eux la seul hypothèse plausible c’est qu’une « Île<strong> </strong>» grande comme un <strong>Continent</strong> aurait relié les Continents Africain et Américain, mais encore un fait beaucoup plus troublant</span></span></span></p><p><span style="color: #000000;"><span style="font-family: Century, serif;"><span style="font-size: small;">Tout ce que je vous écris en ce moment ne vient pas de moi, mais d’humains beaucoup plus érudits que moi.</span></span></span></p><p><span style="font-family: Century, serif;"><span style="font-size: small;">L'Atlantique forme un grand bassin et est divisé en deux parties par une montagne sous-marine haute de plus de deux mille cinq cents mètres, la dorsale atlantique aussi appelée dorsale delphinienne. Le bassin occidental est en moyenne profond d'approximativement six mille cinq cents mètres et ainsi peut-être plus profond de deux mille mètres que la partie orientale de la dorsale atlantique, qui représente la ligne de fracture entre les continents d'où sort aujourd'hui encore du magma. </span></span></p><p><span style="font-family: Century, serif;"><span style="font-size: small;">Les éruptions volcaniques sous-marines provoquent la formation de pierre-ponce qui par sa légèreté monte en surface et flotte et lors d’éruptions volcaniques intenses cette pierre-ponce peut se former d’un seul tenant perturbant même la navigation moderne. Les mouvements de vague de la mer érode la pierre-ponce en sable</span></span></p><p><span style="font-family: Century, serif;"><span style="font-size: small;"><img id="media-5677313" style="float: left; margin: 0.2em 1.4em 0.7em 0;" title="" src="http://www.grandeloupo.ch/media/02/00/2108636163.jpg" alt="Atlantide-le bananier ne se reproduit que par bouture et pourtant ......jpg" />Muck a démontré d’une façon particulièrement exacte de précision, <em>« que justement d’après ses calculs la vitesse d’engloutissement de la grande </em><em>île</em><em>,</em> <span style="color: #ff0000;"><em><strong>l’Atlantide</strong></em></span><em>, était d'environ quatre à cinq centimètres par secondes qui la fit </em><em>disparaître</em><em> en 24 heures »</em> Le déroulement de la catastrophe diluvienne concorde avec la description de <strong>Platon </strong>: tremblements de terre, inondations, fissurations de la terre, engloutissement du sol et enfoncement du fond de la mer. </span></span></p><p><span style="font-family: Century, serif;"><span style="font-size: small;">On a vu nettement, lors de l'éruption du volcan insulaire relativement petit <strong>du Krakatoa en Indonésie en 1883,</strong> que les pierres ponces flottantes mettaient en péril la navigation, et l'empêchaient même parfois totalement, bien que la couche ne soit alors épaisse peut-être que de vingt-cinq centimètres. En se basant sur ces informations, Muck <span style="color: #ff0000;"><em>a calculé que l'épaisseur de la couche de pierres-ponces flottant dans l'océan après la catastrophe de l'Atlantide était de cent mètres. </em></span><strong>Platon</strong> confirme <span style="color: #7030a0;"><em>« la mer là-bas était impraticable . . ., il était impossible aux navires de la traverser, parce que la boue très épaisse l’empêchait »</em></span><em>.</em> </span></span></p><p><span style="font-family: Century, serif;"><span style="font-size: small;">Même sur ce point, Platon décrit quelque chose d'inhabituel, mais c'est précisément à ces détails que l'on reconnaît le profond contenu de vérité de l'histoire. Tout simplement trop bien pour être inventée, et en harmonie avec nos connaissances les plus récentes !</span></span></p><p><span style="font-family: Century, serif;"><span style="font-size: small;">Charles Berlitz et Otto Muck rapportent que l'on fait dans le fond marin auprès des Açores des découvertes caractéristiques qui devraient en fait se trouver à la surface de la Terre. Johannes Von Buttlar décrit dans son livre <em>« La planète d’Adam » </em>des découvertes correspondantes dans la région des Açores :</span></span></p><p><span style="font-family: Century, serif;"><span style="font-size: small;"><span style="color: #002060;"><em>« Dans le cadre d’un projet de recherche accompli en 1973-1974 par l’université d’Halifax, des prélèvements par forage ont été effectués dans la dorsale média-atlantique, puis ont été analysés. Il apparut alors que la formation rocheuse actuellement située à huit cents mètres sous le niveau de la mer devait s'être formée autrefois au-dessus du niveau de la mer. </em></span></span></span></p><p><span style="font-family: Century, serif;"><span style="font-size: small;"><span style="color: #002060;"><em>Les chercheurs suédois </em></span><span style="color: #002060;"><em><strong>R. Mailaise</strong></em></span><span style="color: #002060;"><em> et </em></span><span style="color: #002060;"><em><strong>P. Kolbe</strong></em></span><span style="color: #002060;"><em> avaient déjà fait </em></span><span style="color: #002060;"><em><strong>en 1956 </strong></em></span><span style="color: #002060;"><em>une découverte particulièrement intéressante. En effet, ils avaient réussi à identifier dans la dorsale atlantique à trois mille sept cents mètres de profondeur les vestiges de diatomées qui devaient avoir vécu il y a 10 000 à 12 000 ans dans des lacs d’eau douce. </em></span><span style="color: #002060;"><em><strong>En 1998</strong></em></span><span style="color: #002060;"><em>, le câble transatlantique dut être réparé à 750 km au nord des Açores. On s'aperçut, lors de la recherche de la coupure, que le fond marin consistait à cet endroit en vallées, sommets montagneux et rocs déchiquetés. Les prélèvements rocheux qui y avaient été faits à trois mille cent mètres de profondeur se révélèrent constitués de tachylite, verre basaltique. Mais comme la tachylite se forme exclusivement à pression atmosphérique, elle ne peut avoir été produite qu'au-dessus du niveau de la mer. En outre, la lave ne se décompose qu'après 15 000 ans, par conséquent la dorsale média-atlantique doit avoir été avant cette date une masse de terre. Cette théorie fut confirmée </em></span><span style="color: #002060;"><em><strong>en 1977</strong></em></span><span style="color: #002060;"><em> par une expédition soviétique qui ramena au nord des Açores des blocs de roche - donc situés sur la surface terrestre - tirés de plus de deux mille mètres de profondeur »</em></span></span></span></p><p><span style="font-family: Century, serif;"><span style="font-size: small;">Les actuelles <span style="color: #984806;"><em><strong>îles des Açores sont les sommets montagneux de l'ancienne grande île de l'Atlantide</strong></em></span><span style="color: #002060;"><em><strong>.</strong></em></span> Platon n'a pas écrit à la première personne ce récit de l'Atlantide, et accuse de mensonge tous ceux qui veulent voir dans cette histoire un mythe. <strong>Socrate</strong>, le maître de <strong>Platon</strong>, constate dans le dialogue <strong>Timée</strong> : <span style="color: #7030a0;"><em>« . . . et en plus elle a le grand avantage de ne pas être un mythe inventé, mais une histoire vraie ».</em></span> Les connaissances scientifiques actuelles confirment dans toute leur ampleur les indications géographiques et géologiques que Platon donne dans le récit sur l'Atlantide.</span></span></p><p><span style="color: #984806;"><span style="font-family: Century, serif;"><span style="font-size: small;"><strong>Réacteur atomique dans la nature</strong></span></span></span></p><p><span style="font-family: Century, serif;"><span style="font-size: small;">Dans une mine d'uranium à Oklo, au Gabon, on a trouvé en pleine nature du plutonium hautement radioactif. Or cet élément ne peut être produit artificiellement que par un bombardement neutronique - centrale nucléaire. En cherchant un peu plus l’origine de cette radioactivité ils trouvèrent un réacteur atomique. Les scientifiques qui se penchèrent sur cette trouvaille étonnante reconnaissent que dans la nature il ne peut pas y avoir de réaction en chaîne spontanée pour son refroidissement, mais pour que se déroule une réaction correspondante, il doit y avoir eu une énorme pression, telle que l'on ne peut en atteindre qu'à plus de dix mille mètres de profondeur. Le Déluge a sûrement détruit une centrale nucléaire, mais a aussi refroidit ce réacteur atomique.</span></span></p><p><span style="font-family: Century, serif;"><span style="font-size: small;">Certains scientifiques sont convaincus que les humains antédiluviens métrisaient l’électricité, et avaient une science plus développée que la nôtre.</span></span></p><p><span style="font-family: Century, serif;"><span style="font-size: small;">Je reviendrai sur ce thème dans peu de lignes !</span></span></p><p><span style="font-family: Century, serif;"><span style="font-size: small;">L’humain est relativement jeune.</span></span></p><p><span style="font-family: Cent
Café philosophique de Montargishttp://cafephilosophique-montargis.hautetfort.com/about.htmlCycliste du tour de France et philosophetag:cafephilosophique-montargis.hautetfort.com,2017-07-02:59594222017-07-02T00:00:00+02:002017-07-02T00:00:00+02:00 À quelques jours du Tour de France, Libération publie le portrait...
<p><img src="http://cafephilosophique-montargis.hautetfort.com/media/00/00/3718464566.jpg" id="media-5653657" alt="" /></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">À quelques jours du Tour de France, <a href="http://www.liberation.fr/sports/2017/06/26/guillaume-martin-le-nietzsche-dans-le-guidon_1579667" target="_blank" rel="noopener noreferrer"><em>Libération</em> publie le portrait d’un coureur atypique de la Grande Boucle</a>. Guillaume Martin, grimpeur normand de 24 ans de l’équipe belge Wanty-Groupe Gobert, peut en effet au mieux incarner l’image du "<em>sportif intello</em>", lui qui a signé il y a trois ans un mémoire de Master 2 en philosophie au sujet détonnant : <em>Le sport moderne : une mise en application de la philosophie nietzschéenne ? </em></span><span style="font-size: 10pt;">Le journaliste Pierre Carrey consacre deux pages à ce sportif de haut niveau peu connu du grand public et qui semble incarner l’idéal du<em> mens sana in corpore sano</em>.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">L’ancien étudiant en philosophie à Nanterre, aujourd’hui coureur professionnel aux résultats encourageants (18e du dernier Dauphiné Libéré), fait bien mieux qu’endosser le rôle d’"<em>intello du peloton</em>" – un cliché utilisé il y a quelques décennies au sujet de Laurent Fignon, sous prétexte que le double vainqueur du Tour était titulaire d’un bac, aimait lire et… portait des lunettes. </span><span style="font-size: 10pt;">Guillaume Martin assume et revendique sa passion pour la philosophie : il cite Nietzsche, son auteur fétiche, pour parler du sport moderne, et en premier lieu du cyclisme professionnel. Comme le rapporte Pierre Carrey, au début du XXe siècle le sport est venu remplacer la religion après cette "<em>mort de Dieu</em>" proclamée par le "<em>philosophe au marteau</em>". Guillaume Martin considère que "<em>La pensée de Nietzsche offre une nouvelle relation au corps et au sport, différente de l’héritage judéo-chrétien.</em>"</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">Voilà donc l'auteur d'<em>Ainsi parlait Zarathoustra</em> convoqué pour permettre au sport de retrouver des "<em>fondamentaux</em>" sportifs, bien loin des travers connus des compétitions modernes (professionnalisation, dopage, financiarisation, nationalisme et comportements haineux du supporter). Le sport doit retrouver son essence profonde – et nietzschéenne : plaisir de la confrontation pacifique, désir d’affirmation de soi, dépassement de soi pour devenir un Surhomme (et non pas une "<em>mutant</em>" dopé aux produits de synthèse) : "<em>Il nous a semblé que la philosophie de Nietzsche pouvait permettre de penser le sport de manière plus authentique que ne le permet la morale qui le gouverne de nos jours</em>".</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">Féru de philosophie, de savoirs et de culture autant que passionné par son sport, Guillaume Martin n’oublie pas de prévoir pour les trois semaines de la Grande Boucle de s’alimenter en livres, que le journaliste énumère : <em>Informatique céleste</em> de Mark Alizart, <em>2000 ans d’Histoire gourmande</em> Patrice Gélinet, un récit de voyage dans les Rocheuses au début du XIXe siècle et <em>Les Affinités électives</em> de Goethe.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">Singulièrement, aucun ouvrage philosophique n’accompagnera les soirées du cycliste philosophe durant le Tour de France. Philosophe et écrivain car, pour brouiller encore plus les pistes, le sportif se fait aussi homme de lettres et dramaturge. Il vient d’écrire une pièce de théâtre, <em>Platon VS Platoche</em>, bien entendu sur son sujet de prédilection, avec en guest-star Socrate et Diogène.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">Pas de quoi cependant désarçonner ce sportif talentueux, à quelques jours du début du Tour. Guillaume Martin entend bien mettre entre parenthèses pendant quelques jours la chose philosophique contre guidons, plateaux ou dérailleurs. </span><span style="font-size: 10pt;">Cycliste perché ? Le grimpeur de la Wanty-Groupe Gobert a ce mot plein d’esprit : "<em>Moi, nietzschéen ? N’est-ce pas contre-nietzschéen que de se dire nietzschéen ?</em>"</span></p><p style="text-align: right;"><span style="font-size: 10pt;"><strong><a href="http://www.liberation.fr/sports/2017/06/26/guillaume-martin-le-nietzsche-dans-le-guidon_1579667" target="_blank" rel="noopener noreferrer">Pierre Carrey, "<em>Guillaume Martin, le Nietzsche dans le Guidon</em>", <em>Libération</em>, 27 juin 2017</a></strong></span><br /><span style="font-size: 10pt;"><a href="http://www.bla-bla-blog.com/archive/2017/06/27/le-philosophe-aux-plateaux-5958112.html" target="_blank" rel="noopener noreferrer"><strong>"<em>Le philosophe aux plateaux</em>", Bla Bla Blog</strong></a></span></p><p style="text-align: center;"> </p>
Bruno Chironhttp://www.bla-bla-blog.com/about.htmlLe philosophe aux plateauxtag:www.bla-bla-blog.com,2017-06-27:59581122017-06-27T21:57:00+02:002017-06-27T21:57:00+02:00 À quelques jours du Tour de France, Libération publie le portrait d’un...
<p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">À quelques jours du Tour de France, <a href="http://www.liberation.fr/sports/2017/06/26/guillaume-martin-le-nietzsche-dans-le-guidon_1579667" target="_blank" rel="noopener noreferrer"><em>Libération</em> publie le portrait d’un coureur atypique de la Grande Boucle</a>. Guillaume Martin, grimpeur normand de 24 ans de l’équipe belge Wanty-Groupe Gobert, peut en effet au mieux incarner l’image du "<em>sportif intello</em>", lui qui a signé il y a trois ans un mémoire de Master 2 en philosophie au sujet détonnant : <em>Le sport moderne : une mise en application de la philosophie nietzschéenne ? </em></span><span style="font-size: 10pt;">Le journaliste Pierre Carrey consacre deux pages à ce sportif de haut niveau peu connu du grand public et qui semble incarner l’idéal du<em> mens sana in corpore sano</em>.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">L’ancien étudiant en philosophie à Nanterre, aujourd’hui coureur professionnel aux résultats encourageants (18e du dernier Dauphiné Libéré), fait bien mieux qu’endosser le rôle d’"<em>intello du peloton</em>" – un cliché utilisé il y a quelques décennies au sujet de Laurent Fignon, sous prétexte que le double vainqueur du Tour était titulaire d’un bac, aimait lire et… portait des lunettes. </span><span style="font-size: 10pt;">Guillaume Martin assume et revendique sa passion pour la philosophie : il cite Nietzsche, son auteur fétiche, pour parler du sport moderne, et en premier lieu du cyclisme professionnel. Comme le rapporte Pierre Carrey, au début du XXe siècle le sport est venu remplacer la religion après cette "<em>mort de Dieu</em>" proclamée par le "<em>philosophe au marteau</em>". Guillaume Martin considère que "<em>La pensée de Nietzsche offre une nouvelle relation au corps et au sport, différente de l’héritage judéo-chrétien.</em>"</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">Voilà donc l'auteur d'<em>Ainsi parlait Zarathoustra</em> convoqué pour permettre au sport de retrouver des "<em>fondamentaux</em>" sportifs, bien loin des travers connus des compétitions modernes (professionnalisation, dopage, financiarisation, nationalisme et comportements haineux du supporter). Le sport doit retrouver son essence profonde – et nietzschéenne : plaisir de la confrontation pacifique, désir d’affirmation de soi, dépassement de soi pour devenir un Surhomme (et non pas une "<em>mutant</em>" dopé aux produits de synthèse) : "<em>Il nous a semblé que la philosophie de Nietzsche pouvait permettre de penser le sport de manière plus authentique que ne le permet la morale qui le gouverne de nos jours</em>".</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">Féru de philosophie, de savoirs et de culture autant que passionné par son sport, Guillaume Martin n’oublie pas de prévoir pour les trois semaines de la Grande Boucle de s’alimenter en livres, que le journaliste énumère : <em>Informatique céleste</em> de Mark Alizart, <em>2000 ans d’Histoire gourmande</em> Patrice Gélinet, un récit de voyage dans les Rocheuses au début du XIXe siècle et <em>Les Affinités électives</em> de Goethe.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">Singulièrement, aucun ouvrage philosophique n’accompagnera les soirées du cycliste philosophe durant le Tour de France. Philosophe et écrivain car, pour brouiller encore plus les pistes, le sportif se fait aussi homme de lettres et dramaturge. Il vient d’écrire une pièce de théâtre, <em>Platon VS Platoche</em>, bien entendu sur son sujet de prédilection, avec en guest-star Socrate et Diogène.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">Pas de quoi cependant désarçonner ce sportif talentueux, à quelques jours du début du Tour. Guillaume Martin entend bien mettre entre parenthèses pendant quelques jours la chose philosophique contre guidons, plateaux ou dérailleurs. </span><span style="font-size: 10pt;">Cycliste perché ? Le grimpeur de la Wanty-Groupe Gobert a ce mot plein d’esprit : "<em>Moi, nietzschéen ? N’est-ce pas contre-nietzschéen que de se dire nietzschéen ?</em>"</span></p><p style="text-align: right;"><span style="font-size: 10pt;"><strong><a href="http://www.liberation.fr/sports/2017/06/26/guillaume-martin-le-nietzsche-dans-le-guidon_1579667" target="_blank" rel="noopener noreferrer">Pierre Carrey, "<em>Guillaume Martin, le Nietzsche dans le Guidon</em>", <em>Libération</em>, 27 juin 2017</a></strong></span><br /><br /></p><p style="text-align: center;"><iframe width="560" height="315" allowfullscreen="allowfullscreen" frameborder="0" src="https://www.youtube.com/embed/k13jWypLaJM?ecver=1"></iframe></p>
Café philosophique de Montargishttp://cafephilosophique-montargis.hautetfort.com/about.htmlCompte-rendu du débat: ”L’État a-t-il tous les droits ?”tag:cafephilosophique-montargis.hautetfort.com,2017-05-25:59476782017-05-25T14:49:00+02:002017-05-25T14:49:00+02:00 Le café philosophique de Montargis se réunissait le 12 mai 2017 à la...
<p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">Le café philosophique de Montargis se réunissait le 12 mai 2017 à la Brasserie du Centre commercial de la Chaussée pour un débat intitulé "<em>L’État a-t-il tous les droits ?</em>"</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">En ouverture de ce débat, une définition de l’État est donnée : "<em>L’État est une autorité souveraine qui s’exerce sur l’ensemble d’un peuple et sur un territoire donné.</em>" L’État aurait tous les droits que la constitution lui donne. Cependant, les droits de l’État sont évolutifs, avec le jeu démocratique de l’exécutif, du législatif et de la justice, des jeux qui peuvent être fluctuants, orientés, avec une part parfois de corruptibilité.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">L’État a pour vocation de garantir les droits des individus, une vocation qui est au centre du contrat social de Jean-Jacques Rousseau. L’État a plusieurs définitions et a évolué au fil des siècles. Il naît d’une opposition violente entre plusieurs ordres de pouvoirs (l’Église, le pouvoir impérial et les ordres féodaux). Cette naissance naît de cette opposition, une naissance "<em>dans la douleur.</em>" Par la suite, les rapports de force vont venir s’intégrer, avec aussi des notions nouvelles comme ce "Contrat social" de Rousseau et des critiques comme le risque d’autoritarisme (Montesquieu).</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">L’État naîtrait-il à partir du moment où la société s’organise avec une législation propre, à l’instar de Solon ? Sous la royauté, les habitants se référaient à un pouvoir divin, le roi étant un représentant de Dieu sur terre. Or, l’État moderne est la manifestation du droit de l’homme comme individu naturel, raisonné et autonome. Aristote avait fondé l’ordre philosophique cosmogonique : l’État coupait le cordon ombilical avec l’ordre ancestral, avec la constitution de cités États autonomes.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">Il y aurait deux types d’État : l’État que l’on nous impose (de droit divin ou dictatorial) qui a tous les droits et l’État que l’on choisit. Cet État a les droits qu’on lui donne, des droits qui peuvent être galvaudés, avec un État qui s’arroge des droits qui ne relèvent pas du peuple et qui ne sont pas des choix du peuple.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">La question du débat de ce soir, "<em>L’État a-t-il tous les droits ?</em>" est une question à la fois inattendue et pertinente. Poser cette question c’est quelque part mettre en avant une situation de crise de l’État. D’emblée elle ne se pose pas dans les pays autocratiques ou de l’Ancien Régime (la fameuse expression "<em>L’État c’est moi</em>"). Cette crise est bien réelle, considère un participant.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">Un autre intervenant aborde une autre question : celle de savoir de quels droits on parle : d’autorité, de droit social plus ou moins hiérarchisé ou alors des morales. Les lois procèdent-elles de l’État ou non ? Dans quelle mesure ces droits ne sont pas imposées de plus haut ? Le droit est né aussi pour établir des règles en société. Par contre, la question est aussi de savoir si ces droits imposés respectent bien les individualités. L’État serait un frein à nos libre-arbitres d’après une participante. Et ce, en sachant, dit une autre intervenante, que l’État, souverain, est en réalité le représentant du peuple souverain. Chaque citoyen a une parcelle de souveraineté, notion visible lors des différentes élections.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">Dans la formulation de la question de ce soir, un participant se demande si la question la plus juste n’est pas : "Est-ce que l’État a tous les pouvoirs ?" Manifestement, la réponse est : non. Il y a des ressorts démocratiques réels, comme la séparation des pouvoirs. Mais, en même temps, émane ce dilemme constant entre les droits et les pouvoirs de l’État d’une part et l’insatisfaction grandissante de la population d’autre part. C’est cette distorsion là qui devient régulièrement parce que les exigences populaires (la transparence, la probité), semblent anéantis pas la violence du système économique.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">Une participante met en avant non pas l’État mais les hommes et les femmes d’État qui sembleraient avoir des pouvoirs à la fois démesurés et comme inamovibles dans le temps. Il y a sans doute l’attente d’une démocratie participative en lieu et place d’une démocratie représentative qui, pour certains, a montré ses limites. Les personnes qui incarnent la souveraineté sembleraient ne plus représenter la société, comme ajoute une participante. Il est dit que l’utilisation du référendum pourrait être une fausse bonne idée, ce type de suffrage participatif étant bien souvent un outil totalitaire comme le souligne Le Canard Enchaîné dans un hors-série récent. Les droits des individus, existent, ajoutent une autre intervenante. Encore faut-il les utiliser pour les faire valoir, au risque qu’un État s’arroge tous les droits : "<em>Machiavel n’a rien inventé"</em>.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">Mais de quel État parlons-nous au juste ? Il est patent que la forme bureaucratique forme la partie la plus évidente des États modernes. La bureaucratie naîtrait aussi des rapports de force à l’intérieur des États, avec ce dilemme de la représentation : chacun voudrait que l’État lui ressemble pour mieux le représenter. L’État moderne illustrerait une forme de "désenchantement" du monde : les sociétés sont parties d’un ordre traditionnel, immuable, collectif rassurant et idéal à un monde où l’individu est autonome et assure son propre avenir. Et dans ce concept, l’État devient le "<em>formateur d’esprit</em>" et "<em>l’instituteur social</em>", non sans cette complexification qui est aussi un moyen aux personnes au pouvoir d’y rester. L’État a cette vocation de créer le citoyen, via par exemple l’école publique.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">Il est question de ces quatre droits fondamentaux : la liberté, la propriété, la sûreté et la résistance à l’oppression. Il est aussi question de dialectique dans la déclaration universelle des droits de l’homme et du citoyen : d’un côté nous avons ces droits de l’homme universels qui libèrent l’homme en tant qu’individu et d’un autre côté nous avons ce citoyen qui entend lui imposer des devoirs. L’État démocratique serait dans cette "<em>synthèse hegelienne</em>" avec l’objectif de vivre ensemble dans la paix et éviter la guerre de tous contre tous, dans une démocratie, "le moins mauvais des systèmes", devenant souvent une "<em>jungle</em>".</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">Le désenchantement du monde a été théorisé, pour entrer dans un monde universel hypothétique. Dans cet ordre d’idée, l’État providence avait pour vocation dès la première révolution industrielle de s’ingérer dans la vie des citoyens afin de résoudre les problèmes liés au libéralisme en marche (mécanisation, vie dans les usines), mais sans résoudre les problèmes sociaux.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">Le totalitarisme, la tyrannie en puissance de l’État, le flou de la part de ceux pour lesquels on vote et la responsabilité des Français sont discutés au cours de la séance. Du point de vue de Platon, comme le souligne une participante, la démocratie est ce régime qui peut le plus facilement dériver vers la tyrannie. Pour le philosophe antique, le pouvoir donné au peuple a cet inconvénient que le peuple n’est ni savant ni sage. Il se laisse diriger par ses opinions et par la passion, ce à quoi Platon s’oppose. Le gouvernement qui écoute ce peuple donne la possibilité au peuple de se faire manipuler par ses rhéteurs et ses sophistes. Ils savent manipuler les citoyens grâce à leurs discours. De là vient ce flou et cette impression de manipulation.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">Comment le peuple va-t-il résister à l’oppression et l’État a-t-il tous les pouvoirs ? Max Weber disait que l’État a le monopole de la violence légitime. Pour mettre en place des garde-fous, Montesquieu a imaginé contre les absolutismes de tous ordres des contre-pouvoirs. De la même manière, la presse et le média a aussi ce rôle, si encore il joue bien ce rôle, comme cela est le cas aux États-Unis.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">Quels sont les droits et les devoirs de chacun ? Et comment les faire valoir ? Pour certains, l’État n’a pas tous les droits mais il a des attributions et des privilèges, via ses élus. L’État a les droits que le citoyen lui a, même symboliquement donné, réagit une personne du public. Mais si on parle des droits de l’État, quid de ses devoirs ? Parmi les premiers devoirs, l’État doit représenter la majorité des citoyens, les écouter mais aussi redistribuer les richesses aux citoyens les plus faibles et les plus pauvres.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">Le devoir de l’État est de réaliser les intérêts collectifs du peuple. Si l’État nous domine, c’est que les citoyens ont choisi ce <em>Léviathan</em> (Hobbes) afin qu’il puisse donner les moyens au peuple de réaliser ses intérêts collectifs, et par là nos intérêts personnels. Si je veux protéger ma personne, je fais appel à l’État qui, en un sens, remplace la Providence comme le dit Alexis de Tocqueville dans<em> L’Ancien Régime et la Révolution</em> (1856).</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">L’État moderne s’est créé en constituant un monopole sur les institutions financières, sur les ressources militaires et sur la violence légitime non-contestée. Or, de plus en plus, les quatre droits fondamentaux dont il a été question – liberté, propriété, sûreté et résistance à l’oppression – sembleraient être de plus en plus battus en brèche. Pourquoi ? Parce que l’État, longtemps enfermé dans un territoire donné, doit s’ouvrir aujourd’hui dans un monde gouverné par des "théories mondialistes sauvages." Ces rapports de force apparaissent néfastes au peuple, dans un monde sans doute trop ouvert, dans des échanges mondiaux systématiques ("<em>L’horreur absolue</em>", dit un participant) qui ne protégeraient plus le citoyen. Ce serait le libéralisme économique qui a tous les pouvoirs : 8 personnes détiennent autant que la moitié de la population la plus pauvre ! Les GAFA (Google Apple Facebook Amazon, mais aussi Microsoft) représentent ce nouveau pouvoir écrasant. La question pourrait donc se poser : "<em>Pourquoi l’État n’a-t-il pas plus de droit ?</em>" </span><br /><br /><span style="font-size: 10pt;">Pour la séance du <strong>23 juin</strong>, quatre sujets sont mis au vote "<em>Pourquoi débattons-nous ?</em>", "<em>Qu'est-ce qu'être moderne ?</em>", "<em>Pouvons-nous nous passer du progrès ?</em>" et "<em>La politique est-elle un art ou une science ?</em>" C’est le sujet "<strong><em>Pouvons-nous nous passer du progrès ?</em></strong>" qui est élu par les participants du café philo. Les animateurs annoncent également le premier débat de la saison 9 : ce sera une séance spéciale sur les sciences et l’éthique, en présence du philosophe et écrivain Thierry Belandra, à l’occasion de la sortie récente de son roman Nadja.</span></p>
Café philosophique de Montargishttp://cafephilosophique-montargis.hautetfort.com/about.htmlCompte-rendu du débat : ”Qu'est-ce qu'une oeuvre d'art ?”tag:cafephilosophique-montargis.hautetfort.com,2017-01-11:58976252017-01-11T21:51:21+01:002017-01-11T21:51:21+01:00 Le samedi 10 décembre 2016, le café philosophique de Montargis se...
<p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">Le samedi 10 décembre 2016, le café philosophique de Montargis se réunissait de manière tout à fait exceptionnelle au Centre d’art contemporain des Tanneries d’Amilly, à l’occasion de l’exposition "<em>Histoire des formes</em>" pour un débat sur cette question : "<em>Qu’est-ce qu’une œuvre d’art ?</em>" C’est la deuxième fois que le café philo se décentralise, trois ans après une séance à l’AGART d’Amilly (<a href="http://cafephilosophique-montargis.hautetfort.com/un-bon-artiste-est-il-le-surhomme/" target="_blank">"Un bon artiste est-il le Surhomme ?"</a>).</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">Ce débat dans un lieu prestigieux ("<em>une œuvre d'art à part entière</em>", commente une personne du public au sujet du bâtiment des Tanneries) <a href="https://youtu.be/axPQl-7WECQ" target="_blank">était précédé d’une visite de l’exposition temporaire par Jeanne Pelloquin, médiatrice culturelle au centre des Tanneries</a>. Cette visite commentée, visible sur ce lien, dit Bruno, est une entrée en matière passionnante pour parler d’un sujet, l’art, qui, a priori est aux antipodes de la philosophie. L’art est de l’ordre de la création et au sensible alors que la philosophie s’occupe de concepts. Voilà donc deux domaines irréconciliables. Pourtant, les philosophes ont souvent eu à dire beaucoup de choses sur l’art (Hegel, par exemple). En outre, philosophie et art se répondent et s’influencent mutuellement. Ainsi, les grands ouvrages de Friedrich Nietzsche sont des œuvres poétiques et littéraires à part entière (<a href="http://cafephilosophique-montargis.hautetfort.com/archive/2016/12/09/nietzsche-mes-pensees-ecrites-et-multicolores-5884815.html" target="_blank">comme le montre cet extrait de <em>Par delà le Bien et le Mal</em></a>). La poésie et l’art nourrissent la philosophie et sont les premières strates de la pensée. Ainsi, la visite commentée aux Tanneries entend être la première étape du débat sur cette question : <em>"Qu’est-ce qu’une œuvre d’art ?"</em></span></p><p><img src="http://cafephilosophique-montargis.hautetfort.com/media/01/02/1576246534.jpg" id="media-5543571" alt="" /></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">L’art est un sujet ancien et fondamental, comme le prouve l’inauguration récente de Lascaux IV. L’art n’a pas fini de se développer, malgré les crises, malgré les guerres, malgré la fin de telle ou telle civilisation. Karl Marx parlait de l’art grec et insistait sur la persistance de notre admiration pour celui-ci, malgré la disparition de la civilisation grecque : "<em>Des enfants normaux, voilà ce que furent les Grecs. Le charme que nous trouvons à leurs couvres d'art n'est pas contrarié par le peu d'avancement de la société où elles ont fleuri. Il en est plutôt le résultat; il est inséparable de la pensée que l'état d'immaturité sociale où cet art est né, où seul il pouvait naître, ne reviendra jamais.</em>"</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">Pour un premier participant, il convient de s’interroger sur l’association de ces deux mots <em>"œuvre"</em> et <em>"art."</em> Une œuvre serait une création plus ou moins éphémère. La création serait une trace donnée à un instant "t", et cet art serait voué à durer dans l’histoire, via une trace pérenne et une "<em>mémoire consciente ou inconsciente</em>". Le questionnement central, dit Claire, est aussi la question du beau. Est-ce que l’œuvre d’art implique le beau ? L’art, à la base, étymologiquement, c’est la technique, le savoir-faire. La cuisine pourrait-elle être assimilée à l’art quand elle est d'un très haut niveau ? De la même, un geste sportif magnifique peut-il être assimilé à une œuvre d'art ?</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;"><a href="http://cafephilosophique-montargis.hautetfort.com/media/00/01/2313976878.jpg" target="_blank"><img id="media-5543576" style="float: left; margin: 0.2em 1.4em 0.7em 0;" title="" src="http://cafephilosophique-montargis.hautetfort.com/media/00/01/2709151529.jpg" alt="marx,nietzsche,hegel" /></a>Est-ce qu’il faut être qualifié pour faire de l’art ou bien ne serions-nous pas, tous autant que nous sommes, "<em>un peu des artistes</em>" ? Est-ce que l’artiste est celui qui s’autoproclame ainsi ? Est-ce que l’artiste est celui qui expose, qui a un public ? Est-ce que l’artiste est celui qui dispose ou celui qui pense ? Vera Molnár que nous avons vu, a conçu une œuvre d’art grâce à des algorithmes mais ce n’est pas elle qui a créé physiquement son œuvre, <em>La Promenade presque aléatoire</em> (1999). Elle n’a pas matérialisé son algorithme, qui, en outre a été créé sur ordinateur. Quel est dans ce cas le rôle de l'artiste?</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">Une personne du public s’interroge : qui décrète une œuvre d’art ? Parler d’une œuvre d’art, dit un autre intervenant, c’est parler d’évidences et "<em>enfoncer des portes ouvertes</em>" mais avec un vocabulaire différent et technique – et souvent écrit. "U<em>ne délégation par l’artiste à l’ordinateur</em>" a-t-il été dit au sujet de l’œuvre de Vera Molnár. On enroberait le langage critique autour de l’art d’un vocabulaire abstrait : "<em>La couleur envisagée comme matière est avant tout recouvrement</em>", par exemple. Le texte devient confus et peut rendre le public goguenard, par exemple au sujet de la performance vidéo sur le taggage d'Ivan Argote <em>(<a href="http://cafephilosophique-montargis.hautetfort.com/archive/2016/12/10/ivan-argote-retouch-5885468.html" target="_blank">Retouch</a>).</em> Le discours sur l’art et l’œuvre d’art serait celui d’un certain milieu, l'entre-soi et une certaine élite. Un bon artiste serait peut-être celui qui sait le mieux parler de son œuvre et qui serait accepté par ce milieu. Pour une autre personne du public, l’art serait réservé à une sorte d’élite et contraindrait le public lambda à être <em>"regardeur"</em> et non pas <em>"admirateur".</em></span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">Qu’est-ce qu’une œuvre d’art et qu’est-ce qu’un artiste ? Pour un participant, la première personne qui se décrète artiste est l’artiste lui-même et, pour se faire, vers les lieux et les gens qui parlent d’art. Il se confronte à ce milieu pour avoir des réponses extrêmement différentes : de l’enthousiasme (rarement, il faut le dire), de l’acceptation polie mais aussi des refus, ces positions pouvant être exprimées de multiples manières, de l’agressivité à la courtoisie. Le renouvellement artistique nécessite des clés pour lire et comprendre des œuvres d’art, au risque de ne rien comprendre et de passer à côté de choses fondamentales. Quand on est en face d’une œuvre, on la juge selon ses critères qui peuvent être anciens ou inadaptées si cette œuvre est récente, comme celles que les Tanneries proposent. Une personne s’interrogeait sur la manière dont on décrétait ce qu’était une œuvre d’art. Il semblerait que ce soit le temps qui soit ce prescripteur. Une œuvre signifie : une création unique mais aussi une démarche de l’artiste dans le temps. Pour le <em>"regardant",</em> une série d’œuvres répondant au même critère lui permet de mieux entrer dans cette œuvre.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;"><a href="http://cafephilosophique-montargis.hautetfort.com/media/01/02/2369294722.jpg" target="_blank"><img id="media-5543577" style="float: left; margin: 0.2em 1.4em 0.7em 0;" title="" src="http://cafephilosophique-montargis.hautetfort.com/media/01/02/1709701730.jpg" alt="marx,nietzsche,hegel" /></a>Socrate, dans <em>La République</em>, expliquait qu'il y avait trois classifications dans l'art : la nature comme création divine, la création de l'artisan et enfin le peintre imitant un objet, d'un certain point de vue. Ce dont il est question c'est de <em>"dilution",</em> voire de <em>"dégradation"</em> qui laisse la place à un point de vue. Une œuvre peut aussi être immatérielle et peut aussi véhiculer l'idée d'une perfection recherchée, à la manière dont un dieu créé l'homme "parfait" – avant sa chute. Il est précisé que Platon définit l'oeuvre d'art comme l'imitation d'une imitation des Idées parfaites, au point que l'homme, pendant longtemps, sera considéré comme incapable de tout pouvoir créateur, un pouvoir que seul un dieu posséderait. En cela, Nietzsche s'est révolté qui a vu l'art comme transcendance de l'homme : pour eux, la matière découlerait de l'idée et de l'esprit, et non pas de Dieu, au point de se dépasser et de créer le Surhomme dont rêvait Nietzsche.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">Si le temps fait l’œuvre d’art, quid de l’art contemporain ? "<em>Un bon artiste serait-il un artiste mort ?</em>" est-il dit sous forme de boutade ? Il semblerait que ce soit le temps qui permette de lire l’œuvre d’art. L’art contemporain, tel qu'il est présenté aux Tanneries, a une vocation de diffusion auprès du public et d'accompagnement des artistes. Le rapport au temps est fondamental dans l'art, est-il encore dit. Le contemporain n'est pas juste une notion historique : cela engage aussi l'actualité. L'art est un travail et l'art contemporain est cette transformation en cours. L'œuvre d'art serait donc pour cette raison hypothétique et sujette à évoluer dans le temps. La valeur artistique de l'art serait aussi déterminée en fonction du public – du spectateur ou du <em>"regardeur"</em> qui serait de plus en responsabilisé durant ces dernières décennies. La reconnaissance peut exister aujourd'hui comme elle peut disparaître demain. L'art contemporain propose mais sans engager l'avenir du paysage artistique de demain.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">L’art, dit un autre intervenant, serait indissociable d’une certaine élite mais cet art peut se répercuter vers les différents classes sociales et "<em>la compréhension va changer en fonction des filtres sociologiques.</em>" Cet intervenant rapproche le thème de l’art à celui sur les textes religieux. Devant une œuvre d’art, le public pourra avoir l’impression de se trouver devant un langage codé, voire occulte dans le sens de <em>"caché"</em> et interprétable seulement pas une certaine élite. Nous serions face à un ésotérisme, qui est différent de l’interprétation littéraliste du texte/œuvre. Ce sens caché de l’œuvre d’art prétend expliquer "<em>la vérité de l’œuvre.</em>" Ce participant aborde un autre aspect : celui de l’économie. Le capitalisme imprègne chaque production d’une société. S’agissant de la création de Vera Molnár, la production est directement issue d’un ordinateur ; en ce sens, cette œuvre est précurseur du devenir de l’art et l’artiste en serait son prophète. </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;"><a href="http://cafephilosophique-montargis.hautetfort.com/media/02/01/3059913171.png" target="_blank"><img id="media-5543579" style="float: left; margin: 0.2em 1.4em 0.7em 0;" title="" src="http://cafephilosophique-montargis.hautetfort.com/media/02/01/3849366526.png" alt="marx,nietzsche,hegel" /></a>Il a été dit qu’étymologiquement l’art est indissociable de la technique. L’artiste est au départ l’artisan. Ces deux mots communiquent entre eux de manière naturelle, à la manière de Picasso qui, dans les dernières années de sa vie s’est fait artisan autant qu’artiste en créant des céramiques. Pour Platon, l’artiste était déconsidéré, au contraire de l’artisan, et n’avait pas droit de cité : <em>"L'art d'imiter est donc bien éloigné du vrai, et, s'il peut tout exécuter, c'est, semble-t-il, qu'il ne touche qu'une petite partie de chaque chose, et cette partie n'est qu'un fantôme.</em>"</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">Quel est le rôle de l’art se demande une participante ? L’art aurait plusieurs objectifs : le divertissement, l’émotion, l’évasion et enfin nous apprendre quelque chose du monde et des autres. L’œuvre d’art, dit cette participante, pourrait avoir une fonction didactique mais elle est moins importante que celle de procurer du plaisir. Certains critères peuvent en effet définir l’œuvre d’art : la création, tout d’abord. Il y a ensuite la démarche et la réalisation (on est dans l’artisanat), sans oublier l’esthétique : "<em>La forme c'est le fond qui remonte à la surface</em>", disait Victor Hugo. L’œuvre d'art a, pendant des siècles, consisté dans la représentation du réel, que ce soit des paysages, des natures mortes ou des portraits. Chacun des critères évoqués sont plus ou moins importants, ou plus ou moins pris en considération. Et, pour cela, avoir un intermédiaire ou un médiateur, permet de prendre connaissance d’un nouveau domaine artistique qui n’est plus visuel ou esthétique au premier abord mais qui touche plus l’esprit, comme les ready-mades de Marcel Duchamp, qui voulait "<em>toucher la matière grise des gens.</em>"</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;"><a href="http://cafephilosophique-montargis.hautetfort.com/media/02/00/934811330.jpg" target="_blank"><img id="media-5543573" style="float: left; margin: 0.2em 1.4em 0.7em 0;" title="" src="http://cafephilosophique-montargis.hautetfort.com/media/02/00/2021744386.2.jpg" alt="marx,nietzsche,hegel" /></a>L’art pourrait-il être simplement coloré ou joyeux ? Cela peut renvoyer aux repères classiques et personnels. Par exemple, la couleur noir peut avoir une autre interprétation que notre idée première (le noir de Soulages). Or, l’œuvre d’art qui ne répondrait pas à nos attentes serait d’office rejetée en tant que telle, comme une défense. On refuserait le qualificatif artistique d'une œuvre car on ne comprendrait pas le sens d'une performance ou on n’adhérerait pas au manque d'harmonie d'une musique. Il est aussi question au cours de ce débat de la question de rupture, de modernité, mais aussi d'incompréhension et d'un mur bâti entre public et artiste, comme l'impressionnisme pouvait l'être à ses débuts. En art contemporain, dit une personne du public, tout semblerait se valoir. Or, tout ne se vaut pas et ces <em>"propositions"</em> contemporaines, sous prétexte qu'elles sont des créations, devraient être acceptées en masse, avec le danger d'une <em>"accumulation".</em> Un participant précise que ce qui est élitiste peut se répandre en cascade vers la société. Une participante s'interroge : ne seraient-ce pas les changements de supports (vidéos, 3D, happenings, land art, l'informatique, et cetera) qui déstabiliseraient le public ?</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">La notion de spéculation est abordée en cours de débat : on achète des tableaux et on les revend, avec des marges parfois conséquentes. Le discours sur l’art semblerait être dicté par des commentaires économiques. Il est évoqué la question de la spéculation artistique et des dommages de l'économie dans l'art, que ce soient les pillages (comme en Syrie), les trafics de tableaux ou les ventes aux enchères réservées à des élites. L'économie de l'art, est-il répondu, est réelles, comme elle l’est dans des domaines comme l’œnologie, mais elle ne saurait monopoliser la question de l’art. Quant à la question de l’émotion, elle est pertinente, mais cette émotion n’est pas forcément immédiate et elle peut venir après des croisements, après avoir questionné l’œuvre d’art.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">L’économie de l’art n’est pas anodin et n’est sans doute pas à rejeter en bloc. L’art a en effet une fonction sociale autant qu’économique. On achète des disques de musiques classiques, de jazz ou d’électro-pop, on va au musée, on acquiert des tableaux ou des sculptures : tout cela participe à la vie de la société. Et l’art prend aussi une importance intime qui nous fait réagir de telle ou telle manière, selon les goûts. La marchandisation de l'art existe, certes, dans les salles de vente comme dans les salles de concert, dans le prix d'une sculpture comme dans les ventes d'un album de rap. Pour autant, cela n'a pas grand chose à voir avec la réalité de ces millions d'artistes qui vivent chichement dans leur atelier et qui galèrent pour financer leur matériel ou leurs recherches. L'économie de l'art, est-il ajouté, apporte une foule de fantasmes, jusqu'à déformer notre questionnement sur l'art. Ce questionnement de l'art semblerait être pollué par la question économique.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">Toujours, on considère l'artiste comme consubstantiel à son œuvre d'art. Mais dès que l'œuvre d'art est exposée et n'est plus dans sa phase de conception, appartient-elle encore à l'artiste ? La relation entre l'artiste et le regardeur/spectateur n'est-elle pas fondamentale à l'œuvre d'art ? Il conviendrait sans doute aussi de s'interroger sur la question de la morale de l'art. Considérons un acte moral désintéressé et le beau comme désintéressé, avec des critères communs universels. Dans ce cas, une œuvre artistique vendue au prix fort ne perd-elle pas son attribut moral ? La question est aussi de savoir si le public du café philo est venu voir l'exposition pour ce qu'elle est, pour ce beau désintéressé, ou bien pour le débat ?</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;"><a href="http://cafephilosophique-montargis.hautetfort.com/media/01/00/2002076362.jpg" target="_blank"><img id="media-5543574" style="float: left; margin: 0.2em 1.4em 0.7em 0;" title="" src="http://cafephilosophique-montargis.hautetfort.com/media/01/00/2274306812.jpg" alt="marx,nietzsche,hegel" /></a>Claire conclut avec deux citations : "<em>Une œuvre d'art est toujours réussie. C'est son public qui ne l'est pas toujours.</em>" (Oscar Wilde). Elie Faure disait, lui : "<em>L'art, qui exprime la vie, est mystérieux comme elle. Il échappe comme elle à toute formule mais le besoin de la définir nous poursuit parce qu'il se mêle à toutes les heures de notre existence habituelle pour en magnifier les aspects sous ses formes les plus élevées ou les déshonorer par les formes les plus déchues. Ce n'est qu'en écoutant son cœur qu'on peut parler sans l'amoindrir.</em>"</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">Le prochain débat aura lieu le vendredi 20 janvier 2017 à la Brasserie du Centre commercial de la Chaussée pour un débat sur l’échec : "<em>Échec : tomber, se relever</em>".</span></p>
Ratatoskhttp://euro-synergies.hautetfort.com/about.htmlLe platonisme de Jean-François Mattéitag:euro-synergies.hautetfort.com,2016-12-21:58897372016-12-21T15:37:00+01:002016-12-21T15:37:00+01:00 Le platonisme de Jean-François Mattéi par Francis Moury...
<p style="text-align: center;"><img id="media-5529474" style="margin: 0.7em 0;" title="" src="http://euro-synergies.hautetfort.com/media/00/01/3468333411.2.jpg" alt="plato.jpg" /></p><h2 class="date"> </h2><h2 class="date"><span style="font-family: 'arial black', sans-serif; font-size: 24pt; color: #ff6600;"><strong>Le platonisme de Jean-François Mattéi</strong></span></h2><h2 class="date"><span style="font-family: 'arial black', sans-serif; font-size: 18pt;"><strong><span style="color: #999999;">par Francis Moury</span></strong></span></h2><p><span style="font-family: 'arial black', sans-serif; font-size: 18pt;"><strong><span style="color: #999999;">Ex: http://www.juanasensio.com </span></strong></span></p><div class="posttext"><div class="posttext-decorator1"><div class="posttext-decorator2"><div class="introductory"> </div><span style="font-size: 14pt;"><strong><span style="font-family: arial, helvetica, sans-serif; color: #999999;">À propos de Baptiste Rappin, <span style="color: #99cc00;"><em>La Rame à l'épaule – Essai sur la pensée cosmique de Jean-François Mattéi</em></span> (<a style="color: #999999;" href="http://www.leseditionsovadia.com/" target="_blank">Éditions Ovadia</a>, 2016).<br /></span></strong></span></div><div class="posttext-decorator2"> </div><div class="posttext-decorator2"><span style="font-size: 14pt;"><strong><span style="font-family: arial, helvetica, sans-serif; color: #999999;">Acheter <a style="color: #999999;" href="https://www.amazon.fr/rame-l%C3%A9paule-pens%C3%A9e-cosmique-Jean-Fran%C3%A7ois/dp/2363921844/ref=as_li_ss_tl?ie=UTF8&qid=1482234721&sr=8-3&keywords=baptiste+rappin&linkCode=ll1&tag=stalker04-21&linkId=943a54a70e82d4defb2482336e423f41" target="_blank"><span style="color: #99cc00;"><em>La Rame à l'épaule</em></span> sur Amazon</a>.</span></strong></span><br /><br /><strong><span style="font-size: 12pt; font-family: arial, helvetica, sans-serif; color: #999999;">Cette étude de 250 pages environ sur la trajectoire philosophique et politique du philosophe Jean-François Mattéi (1941-2014) est claire, nette, pédagogique tout en étant passionnée. Elle couvre toute la bibliographie de Mattéi et regorge de citations intéressantes, relatives à certaines problématiques classiques de l'histoire de la philosophie antique, moderne et contemporaine. Son titre provient d'une remarque de Pierre Boutang, l'un des maîtres de Mattéi, à propos de l'<em>Odyssée</em> d'Homère (1).</span></strong></div><div class="posttext-decorator2"><br /><strong><span style="font-size: 12pt; font-family: arial, helvetica, sans-serif; color: #999999;">On pourrait résumer cette trajectoire d'une manière commode et intuitive en citant le titre du premier livre écrit par Mattéi, <em>L'Étranger et le simulacre – Essai sur la fondation de l'ontologie platonicienne</em> (sa thèse de doctorat publiée en 1983) puis celui de son dernier livre, <em>L'Homme dévasté – Essai sur la déconstruction de la culture</em> (paru posthume en 2015). Pour comprendre ses tenants et aboutissants, en quoi elle se voulut à la fois reconstructrice (d'une tradition) et critique (d'une tentative de déconstruction de cette tradition), il faut peut-être commencer par la fin du livre de Baptiste Rappin, donc lire la postface signée Pierre Magnard qui se souvient des circonstances intellectuelles, historiques, politiques, de sa rencontre en 1981 comme professeur au Centre Hegel de Poitiers, avec l'étudiant Jean-François Mattéi. Tous deux étaient métaphysiquement désespérés par l'entreprise déconstructrice de ceux qu'ils nommaient «Les quatre cavaliers de l'Apocalypse» (2), à savoir Gilles Deleuze, Michel Foucault, Pierre Bourdieu et Jacques Derrida qu'ils tenaient pour des sophistes fossoyeurs de la tradition philosophique, celle qui ordonnait la table des matières des manuels classiques, selon un ordre architectonique hérité du système d'Aristote et qu'on trouve encore dans les cours de philosophie d'Henri Bergson et, un peu plus près de nous, dans les excellents manuels d'Armand Cuvillier ou de Paul Foulquié qu'on peut encore aujourd'hui lire avec le plus grand profit. </span></strong></div><div class="posttext-decorator2"> </div><div class="posttext-decorator2"><strong><span style="font-size: 12pt; font-family: arial, helvetica, sans-serif; color: #999999;">Manuels et tradition que prétendait déconsidérer, enterrer prématurément cette «bande des quatre» : j'emprunte volontairement cette expression à l'histoire du maoïsme chinois rouge car la coïncidence me semble, rétrospectivement, non moins significative qu'elle est savoureuse. Le mouvement pendulaire de balancier (aussi redoutable, parfois, que celui de l'instrument décrit par Edgar Poe dans son histoire extraordinaire <em>Le Puits et le pendule</em>) dans lequel Cazamian voyait le symbole de l'histoire des lettres et Bréhier celui de l'histoire de la philosophie, se manifestait à nouveau : Chronos dévorant ses enfants, cette dernière suscite, après chaque construction, un désir de table rase bientôt suivi d'une nouvelle construction. Dans le cas de la bande des quatre, il y avait en 1970 cette volonté de déconstruire le langage, la hiérarchie, l'idée de système pour annihiler en profondeur les finalités de la philosophie classique antique, médiévale, moderne et contemporaine, celles qu'on leur avait encore apprise à la Sorbonne des années 1950. Et ils avaient déjà reçu, entre 1970 et 1980, tous les honneurs et tous les insignes du pouvoir universitaire. Le pouvoir politique socialiste en avait fait ses champions intellectuels : c'était, logiquement autant que chronologiquement, à eux qu'était consacrée la dernière partie de l'excellente étude de Vincent Descombes, <em>Le Même et l'autre – 45 ans de philosophie française</em> (éditions Minuit, 1978). </span></strong></div><div class="posttext-decorator2"><br /><strong><span style="font-size: 12pt; font-family: arial, helvetica, sans-serif; color: #999999;">Consacrer sa thèse de doctorat à Platon ne semble pas, aujourd'hui, un acte contre-révolutionnaire, surtout à la lumière de l'histoire des thèses de doctorat soutenues à la Sorbonne depuis 1900 à nos jours. Platon avait eu les faveurs de l'université française, à tel point que les éditions des Belles lettres avaient mis un point d'honneur à publier, à partir des années 1920, une édition critique complète du texte grec et de sa traduction (achevée en 1964) bien avant d'en publier une (encore attendue car incomplète) d'Aristote. De même, la bibliothèque de la Pléiade avait tenu à publier dès 1942 une traduction complète sous l'autorité de deux sommités des études platoniciennes (Léon Robin et son disciple Joseph Moreau), saluée par le grand Albert Rivaud (lui-même admirable éditeur et traducteur du <em>Timée</em> et du <em>Critias</em> aux Belles lettres en 1925), bien avant de s'intéresser, par exemple, aux <em>Stoïciens</em> (ils arrivent en 1962 seulement dans la même collection, à l'initiative d'Émile Bréhier) ou aux <em>Présocratiques</em> (1988). </span></strong></div><div class="posttext-decorator2"><br /><strong><span style="font-size: 12pt; font-family: arial, helvetica, sans-serif; color: #999999;"><img id="media-5529476" style="float: left; margin: 0.2em 1.4em 0.7em 0;" title="" src="http://euro-synergies.hautetfort.com/media/00/01/2812923718.jpg" alt="Plato-258.jpg" />Mais en 1983, c'était un acte contre-révolutionnaire, dans la mesure où le platonisme était considéré par les déconstructeurs comme le modèle à abattre. Ni Baptiste Rappin, ni son postfacier Pierre Magnard, ni même le préfacier Jean-Jacques Wunenburger ne le signalent (à moins qu'une note m'ait échappé ?) : une annexe du livre de Gilles Deleuze, <em>Logique du sens</em> (éditions de Minuit, 1969) s'intitulait <em>Platon et les simulacres</em>. Il s'agissait de la reprise d'un article au titre original nettement plus virulent, <em>Renverser le platonisme (les simulacres)</em>, paru en 1966 dans la <em>Revue de Métaphysique et de Morale</em>. C'est pourtant, de toute évidence, au titre de cette annexe que fait allusion le titre de la thèse de doctorat de Mattéi qui substituait au titre de Deleuze un «Étranger» à la place de Platon : cet Étranger fait bien sûr allusion à celui du <em>Sophiste</em> de Platon, un des dialogues métaphysiques les plus techniques et élevés de Platon. C'est peut-être aussi, et cela Rappin le signale à juste titre, une allusion au roman d'Albert Camus avec qui Mattéi éprouvait une affinité spirituelle en raison de leur communauté d'origine et de formation. </span></strong></div><div class="posttext-decorator2"><br /><strong><span style="font-size: 12pt; font-family: arial, helvetica, sans-serif; color: #999999;">Qu'on se souvienne aussi qu'en 1993, les éditions Vrin publiaient le tome 1 des actes (supervisés par Monique Dixsaut) d'un colloque intitulé <em>Contre Platon : le platonisme dévoilé</em>, qui prenait plaisir, sous ce titre provocateur, à faire l'histoire de l'anti-platonisme de l'antiquité au XVIII<sup>e</sup>siècle, avant qu'un tome 2 <em>Contre Platon : renverser le platonisme</em>, dont le sous-titre reprenait explicitement le titre de l'article de Deleuze de 1966, la poursuive de Kant à nos jours. Et puis surtout pesait sur Platon la critique de Nietzsche, peut-être la plus redoutable dans la mesure où Nietzsche avait été, à son tour, récupéré (le terme était à la mode en politique, on l'importa vite en philosophie : les deux genres communiquaient) par Deleuze dans son <em>Nietzsche et la philosophie</em> (P.U.F., 1962) que certains étudiants de ma génération (celle des années 1980, celle de Mattéi, donc) prenaient naïvement pour la meilleure introduction à la pensée de Nietzsche, alors que c'était une étude deleuzienne polémique, technique, difficile d'accès et en outre dénuée de bibliographie. Concernant l'histoire du platonisme, Mattéi fait son miel des générations de platoniciens qui l'ont précédé : en lisant les pages 86-87 de l'étude de Rappin, on se dit que Mattéi a, par exemple, probablement lu, sur le rapport du mythe à la raison chez Platon, les études classiques de Perceval Frutiger, <em>Les Mythes de Platon</em> (éditions Félix Alcan, 1930) et de Pierre-Maxime Schuhl, <em>La Fabulation platonicienne</em> (première édition P.U.F., 1947, seconde édition revue et mise à jour Vrin, 1968), sans oublier celles de Jean-Pierre Vernant, le disciple (accessoirement communiste) de Louis Gernet. Un point commun intéressant à noter entre Deleuze et Mattéi : leur amour commun du cinéma comme paradigme métaphysique.</span></strong></div><div class="posttext-decorator2"><br /><strong><span style="font-size: 12pt; font-family: arial, helvetica, sans-serif; color: #999999;">De la défense de l'ontologie platonicienne à la défense de la culture occidentale, le chemin de Mattéi passe alors par Martin Heidegger (cinq études en collaboration avec Dominique Janicaud sur le philosophe de la forêt noire aux P.U.F., en 1983), <em>Pythagore et les Pythagoriciens</em> (aux P.U.F., aussi en 1983), Jorge-Luis Borges, Albert Camus déjà cité et quelques autres. Métaphysiquement, Mattéi veut séparer le bon grain du mauvais : ceux qui pensent un ordre du monde (Platon, Nietzsche, Heidegger) doivent être privilégiés. Ils le pensent en prenant en charge l'irrationnel du mythe, de la poésie, de l'alchimie. Mattéi s'intéresse au symbolisme mythique et philosophique du pentagramme, à la poésie d'Homère et de Hölderlin, au film noir policier <em>Vertigo</em> [<em>Sueurs froides</em>] (1958) d'Alfred Hitchcock (scénario adapté librement du roman de Pierre Boileau et Thomas Narcejac, <em>D'entre les morts</em>, éditions Denoël, 1954). Plus explicitement, il affirme sa communauté spirituelle et intellectuelle avec Pierre Boutang, l'héritier de Charles Maurras sur qui Mattéi publie un article intitulé <em>Maurras et Platon</em> en 2011 : la boucle méditerranéenne antique est bouclée. Leur point commun, <em>in fine</em>, est selon Mattéi un rapport charnel à l'idéal grec originel que Rappin allie avec pertinence à l'expressionnisme philosophique allemand de Heidegger. </span></strong></div><div class="posttext-decorator2"><br /><strong><span style="font-size: 12pt; font-family: arial, helvetica, sans-serif; color: #999999;">Un mot concernant le rapport de la France à la Grèce dans l'histoire des lettres et de la pensée française. Ce rapport constitue non pas une originalité, mais un point commun avec celles des lettres et de la pensée anglaises, allemandes, espagnoles, italiennes. L'originalité est à chercher dans le style précis du rapport chez tel écrivain ou tel penseur. Du coup, pourquoi Boutang ou Maurras plutôt que Du Bellay ou Leconte de Lisle (qui donna en 1865-1870 la plus belle – sinon la plus philologiquement exacte – traduction d'Homère en préservant à peu près les noms grecs dans sa traduction) ? Après tout, Baptiste Rappin cite <em>La Vie antérieure</em> de Baudelaire en exergue car il juge son poème d'essence platonicienne : certes, il l'est. Mais on aurait pu citer tout aussi bien un fragment poétique de Leconte de Lisle ou de Théophile Gautier. C'est que Mattéi se veut le continuateur du combat contre l'oubli de la Grèce par la France, combat qu'il considère avoir été mené par Boutang et par Maurras, combat parallèle à celui contre l'oubli de l'être mené par Martin Heidegger. Combat que ni Du Bellay ni Leconte de Lisle n'avaient à mener en leurs temps respectifs où le marxisme d'une part, le déconstructivisme d'autre part, n'existaient ni l'un ni l'autre.</span></strong></div><div class="posttext-decorator2"><br /><strong><span style="font-size: 12pt; font-family: arial, helvetica, sans-serif; color: #999999;">Sur le plan purement historique, certaines remarques font parfois un peu sourire : Rémy Brague n'est évidemment pas le premier, contrairement à ce qu'écrit Baptiste Rappin page 101, à avoir mis en évidence «la secondarité de Rome par rapport à Athènes» en écho à celle d'Athènes par rapport à l'Asie : G.W. F. Hegel l'écrivait déjà dans son <em>Introduction à la philosophie de l'histoire</em> en 1828-1830 et l'idée traverse l'historiographie occidentale depuis saint Augustin jusqu'à Bossuet. On aurait pu citer tout aussi bien un fragment poétique de Leconte de Lisle ou de Théophile Gautier. Certains voisinages théoriques sont suggestifs, d'autres s'avèrent parfois surprenants : à la page 124, l'esprit juif défini par Franz Roseinzweig se retrouve proche du pentagramme que Heidegger voulut qu'on gravât sur sa tombe et Baptiste Rappin ajoute : «C'est bien l'étoile de Pythagore, que les Francs-Maçons tracent entre l'équerre et le compas, c'est-à-dire entre Terre et Ciel, qui guida le regard de Mattéi, par-delà, ou peut-être en-deçà, du Soleil platonicien». Beaucoup plus intéressantes sont les remarques sur l'emploi du chiasme par Mattéi et leur rapprochement avec le style de Heidegger dont Mattéi fut un fervent lecteur.</span></strong></div><div class="posttext-decorator2"><br /><strong><span style="font-size: 12pt; font-family: arial, helvetica, sans-serif; color: #999999;">Sur le plan de l'histoire de l'histoire de la philosophie (la philosophie a une histoire mais cette histoire a elle aussi son histoire : des esprits aussi pénétrants qu'Émile Boutroux, Émile Bréhier ou Henri Gouhier l'avaient d'ailleurs admirablement étudiée), il me semble qu'il manque à l'étude sincère et synthétique de Baptiste Rappin sur Mattéi, la mention approfondie d'un penseur déterminant pour comprendre pourquoi Mattéi privilégia non pas Parménide ni Héraclite mais bien Platon comme paradigme de la culture occidentale. Ce philosophe, c'est par l'intermédiaire de Martin Heidegger qu'il l'a peut-être réellement, effectivement, rencontré : j'ai nommé G.W.F. Hegel. Sans ce dernier, Nietzsche n'aurait pas critiqué le platonisme comme il l'a fait, Heidegger ne l'aurait pas non plus envisagé comme il l'a fait, Mattéi n'aurait pas pu allier en un même titre Platon, Nietzsche et Heidegger alors que, en apparence, ils ne sont pas conciliables. C'est qu'ils le sont d'un certain point de vue que Mattéi, je pense, trouva chez G.W.F. Hegel. Le moyen terme, le chaînon manquant qui permet de réconcilier dialectiquement, en profondeur, le mythe et la raison, l'irrationnel et le rationnel, c'est le système de G.W.F. Hegel, au premier rang duquel on doit mentionner l'histoire de la philosophie écrite par Hegel. On se souvient que Hegel considérait Parménide comme la thèse (l'être en repos, identique à lui-même), Héraclite comme l'antithèse (l'être en perpétuel devenir, en guerre avec lui-même comme avec le monde), Platon comme la synthèse (être fixe+devenir, même+autre = réalité sublunaire inférieure mais pouvant prendre conscience, par une conversion intellectuelle autant que mythique et vitale, de la réalité absolue des essences). Ce n'est, selon moi, pas un hasard si Mattéi est contemporain de la traduction de ce philosophe chez Vrin qui la révélait dans toute son ampleur à la Sorbonne. Ce qu'admire Mattéi dans la philosophie de Platon, c'est précisément l'alliage du même et de l'autre dans la pensée comme mouvement, comme devenir, comme odyssée, comme histoire d'un voyage partant d'une origine pour mieux y revenir, mais enrichi par ses péripéties qu'il faut nommer dialectiques. Cette odyssée homérique, devenue symbolique à telle point que les mythes d'Homère sont des piliers de la pensée grecque (je renvoie ici à mon article sur le livre classique de Félix Bussière), c'est bien celle décrite par le système hégélien tel qu'il pose, expose, repose enfin la philosophie et son histoire, l'esthétique et son histoire, l'histoire des religions et des mythes. Mattéi s'est intéressé à ces trois domaines. </span></strong></div><div class="posttext-decorator2"><br /><strong><span style="font-size: 12pt; font-family: arial, helvetica, sans-serif; color: #999999;"><img id="media-5529477" style="float: right; margin: 0.2em 0 1.4em 0.7em;" title="" src="http://euro-synergies.hautetfort.com/media/01/00/3959248725.jpg" alt="platoatlanti.jpg" />En politique, Mattéi pensa sur le mode platonicien pur et dur, de la fin du XX<sup>e</sup> siècle à sa mort : il combat dans <em>La Barbarie intérieure – essai sur l'immonde moderne</em> (1999), la subversion sophistique de la contre-culture, de l'art moderne qui nie le rapport au sens ou qui se veut non-sens, du rejet de l'autorité à l'école comme dans la société. Son pythagorisme le pousse même à critiquer sévèrement la musique dodécaphonique : elle est parfois très belle, pourtant, et Platon l'aurait peut-être appréciée... qui sait ? Baptiste Rappin rappelle que Mattéi fut hostile à certaines tendances contemporaines telles que le management ou le transhumanisme. Autant le premier me semble fondamentalement antipathique (3), autant le second me semble intéressant. Ces réserves sont destinées à montrer que la dernière période de la production de Mattéi, bien que cohérente avec sa période purement métaphysique antérieure, s'avère, en fin de compte, aussi peu originale qu'elle. Mais l'originalité étant un concept qui n'appartenait pas à la pensée antique, Mattéi aurait sans doute apprécié, <em>in fine</em>, d'être tenu pour un transmetteur fidèle, poursuivant un combat qu'il n'avait pas initié.</span></strong><br /><br /><span style="color: #ff6600;"><strong><span style="font-size: 12pt; font-family: arial, helvetica, sans-serif;">Notes</span></s
Boreashttp://verslarevolution.hautetfort.com/about.htmlEn paixtag:verslarevolution.hautetfort.com,2016-11-17:58753782016-11-17T19:32:00+01:002016-11-17T19:32:00+01:00 « La chose la plus intéressante pour nous est, à mon avis, de passer en...
<p style="text-align: justify;"><span style="font-family: times new roman,times,serif; font-size: 12pt;">« <em>La chose la plus intéressante pour nous est, à mon avis, de passer en paix la plus grande partie de notre vie, de la manière la plus vertueuse. </em>»</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: times new roman,times,serif; font-size: 12pt;">Platon, Les lois, VII</span></p><p style="text-align: justify;"> </p><p style="text-align: center;"><a href="http://verslarevolution.hautetfort.com/images/Iaido.jpg" target="_blank"><img style="display: block; margin-left: auto; margin-right: auto;" src="http://verslarevolution.hautetfort.com/images/Iaido.jpg" alt="" width="560" /></a></p>
Café philosophique de Montargishttp://cafephilosophique-montargis.hautetfort.com/about.htmlCompte-rendu de la séance ”Les mots sont-ils des armes?”tag:cafephilosophique-montargis.hautetfort.com,2016-07-18:58276642016-07-18T21:46:00+02:002016-07-18T21:46:00+02:00 Le café philosophique de Montargis proposait le 24 juin 2016 sa 58e séance,...
<p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">Le café philosophique de Montargis proposait le 24 juin 2016 sa 58e séance, qui était également la dernière de la saison 7. Le débat de la soirée portait sur cette question : "<em>Les mots sont-ils des armes ?</em>", un débat est co-animé par Bruno, Claire et Virginie. </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">Une quarantaine de participants étaient présents. Avant de commencer la séance proprement dite, Bruno commence par remercier les personnes qui ont permis au café philosophique de Montargis de prendre un nouveau virage durant cette année. Bruno rappelle que depuis sa création en 2009, l’animation de la Chaussée fonctionnait en binôme grâce au duo qu’il formait avec Claire Durand. Avec le départ de Claire de la région fin 2015, le café philo devait trouver un nouveau fonctionnement grâce à une équipe élargie, ayant la tâche de pérenniser ce rendez-vous montargois. En cette fin de saison, Bruno constate que cet objectif a été atteint et il remercie les personnes qui ont accepté d’animer et d’organiser les séances du café philo durant cette saison. Bruno remercie en premier lieu Claire Bailly d’avoir accepté de s’investir avec gentillesse et compétence dans l’animation ainsi que Pascal Weber pour sa fidélité et son efficacité dans l’organisation technique et pratique. Un chaleureux remerciement est adressé aux autres personnes, animateurs pour la plupart, qui ont permis au café philo de fonctionner : Gilles Poirier, Claude Sabatier, Guylaine Goulfier, Virginie Daunias, Micheline Doizon mais aussi Catherine Armessen qui était présente pour<a href="http://cafephilosophique-montargis.hautetfort.com/les-mots-sont-ils-des-armes/" target="_blank" rel="noopener"> le café philo sur la vengeance</a>. Des remerciements sont également adressés pour leur aide à Jean-Claude Humilly, Gérard Vivian et le Marc Lalande, le responsable de la Brasserie de la Chaussée. Bruno adresse enfin un remerciement spécial à trois autres personnes : René Guichardan du café philo d’Annemasse et Guy-Louis Pannetier du café philo de l’Haÿ-les-Roses, sans oublier Claire Durand.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">Pour amorcer le débat "<em>Les mots sont-ils des armes ?</em>", Bruno pose cette autre question aux participants : "<em>Quels mots vous paraissent des armes ?</em>" Une participante considère que parmi les mots à forte puissance il y a le mot "vérité" et le mot "calomnie". Un intervenant intervient au sujet du débat de ce soir sous forme de boutade : si les mots sont des armes, il importe de les désarmer et qu’on "<em>fasse un café philo dans le silence !</em>" Plus sérieusement, ajoute-t-il, les mots ne seraient des armes dans une forme de dialectique uniquement pour la personne qui les reçoit, se sentant <em>"agressée"</em> et <em>"traumatisée".</em> Une participante rebondit sur ces propos : les mots peuvent être autant des "armes de destruction massive" qu’une aide à la reconstruction individuelle (en psychanalyse). Tout dépend de la manière dont les mots sont exprimés et qui en est l’émetteur et le récepteur. </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">Pour une autre personne du public, le titre de ce débat nous place "<em>dans une hypothèse de combattants</em>" : deux adversaires s’affronteraient, s’agresseraient, se défendraient, via des mots en guise d’armes. Détruire, dénigrer, agresser par les mots apparaîtrait comme possible. </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">"<em>Je donne un mot : j’accuse</em>", ajoute un intervenant. Les mots peuvent être destructeurs (via les pamphlets, par exemple) autant que des armes au service d’une cause, voire de la non-violence. Un participant cite <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Marshall_Rosenberg" target="_blank" rel="noopener">Marshall Rosenberg</a>, théoricien de la communication non-violente, psychologue descendant de <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Carl_Rogers" target="_blank" rel="noopener">Carl Rogers</a>, qui a écrit un que "les mots sont comme des fenêtres – ou bien ils sont des murs" ! Lorsque Émile Zola lance ces mots et cette lettre, J’accuse, il s’agit d’une arme au service d’une cause.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">Les mots sont des moyens de communication des hommes entre eux, pour le meilleur et pour le pire comme le montre l’exemple de l’échange surréaliste entre Guillaume de Baskerville et Salvatore, le moine hérétique qui s’exprime dans une langue qu’il pense n’être connu que de lui seul, avant de s’avouer comme <em>"vaincu"</em> et <em>"penaud"</em> lorsqu’il se rend compte que ce n’est pas le cas et que sa langue le trahit. </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">Il y a des mots d’amour et des mots de haine : tout dépend de la fin des mots qui ne sont en soit ni bons ni mauvais. Le mot a plusieurs sens plausibles avec des sens positifs, négatifs ou neutres, dépendant de la gestuelle et du comportement, autant de non-dits qui structurent le mot. Par contre, en poésie, l’écrivain utilise le mot tel qu’il est, contrairement au discours politique par exemple. </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">Bruno réagit sur les premiers propos tenus autour de la question de ce soir. "<em>Les mots sont-ils des armes ?</em>" Les questions à se poser sont celles-ci : "<em>De quelles armes parlons-nous ?</em>" et "De quels mots parlons-nous ?" S’agit-il du mot en tant que mot isolé, le "slogan" ? S’agit-il d’un discours ? D’une citation ? S’agit-il d’un mot écrit ou d’un mot oral ? </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">Un nouvel intervenant considère que les mots sont des armes lorsqu’ils sont font partie d’un discours, d’une propagande despotique par exemple. </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">Pour un participant, les mots ne doivent pas être confondus avec le langage. Les mots permettent le langage mais aussi la pensée. Peut-on penser sans langage ? Une certaine richesse de vocabulaire irait de pair avec une certaine subtilité de la pensée, en sachant que le mot est souvent imprécis et qu’il est nécessaire mais pas suffisant pour exprimer. Le mot est moins porteur de sens que la chose qu’il est sensé désigner, comme dans l’art. Les mots peuvent être symboliques : le mot <em>"mur"</em> par exemple peut avoir des connotation différentes et ne sont pas si anodins que cela. </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">Virginie replace le débat dans la sphère philosophique et plus précisément dans la rhétorique, qui est l’art d’influencer grâce aux mots. Il est à double tranchant lorsqu’en politique la rhétorique est utilisée pour passer un message – que ce soit dans le bon sens ou le mauvais sens. La rhétorique use de ses qualités pour convaincre dans une fin électorale mais aussi commerciale. La rhétorique est l’art de bien parler, donc, et cet art peut donner un très grand pouvoir. La philosophie entend, par contre, rechercher la vérité sans les artifices des mots et sans la recherche du pouvoir grâce aux mots.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">L’appauvrissement du langage est une réalité, considère une intervenante : mots limités, SMS, tweets, phrases courtes dénaturent et appauvrissent la réflexion. Pour un autre participant, le mot se doit d’être <em>"domestiqué".</em> Le mot n’est qu’un élément de la communication, parmi d’autres : le ton, le langage du corps, les mimiques, et cetera. Le langage verbale n’est qu’une partie de la communication et ce n’est du reste pas toujours la plus importante. Domestiquer la communication c’est apprendre dès le plus jeune âge que l’on est responsable de ce que l’on va transmettre, tout autant que je suis responsable de la manière dont je réceptionne ce qui est dit.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">Une intervenante cite en exemple la pièce de Nathalie Sarraute, <em>Pour un Oui ou pour un Non</em> (<a href="http://cafephilosophique-montargis.hautetfort.com/archive/2016/06/23/sarraute-pour-un-oui-ou-pour-un-non-5818657.html" target="_blank" rel="noopener">voir lien</a>). Elle narre l’histoire d’une relation amicale qui s’effrite à cause d’un mot, ou plus précisément de l’intonation d’un mot. Comme le disait <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Jean_Racine" target="_blank" rel="noopener">Racine </a>dans <em>Britannicus</em> : "<em>J'entendrai des regards que vous croirez muets</em>".</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">Une participante évoque "<em>les phrases assassines</em>", ces propos utilisés dans la vie quotidienne, jusque dans l’enfance et sources de traumatisme. Elle ajoute que "<em>lorsque l’on parle, on induit la réponse de l’autre</em>". Si j’agresse quelqu’un, j’ai de grandes chances d’être agressées par exemple. Tout dépend également du ton que l’on prend pour parler, tout dépend aussi si le mot est utilisé dans son sens premier ou bien s’il n’est pas dévoyé.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">Le sophisme faisait partie de l’histoire de la philosophie en occident, ajoute Bruno, à telle enseigne que, pour partie, nous sommes en Occident les héritiers de ce mouvement de pensée présocratique. La place du mot, du discours, du débat, de l’argument est important en France (comme le prouvent les cafés philos!). L’art de convaincre via le sophisme a été fortement critiqué, d’abord par <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Platon" target="_blank" rel="noopener">Platon </a>(dont nous sommes aussi les héritiers). Pourquoi les sophistes ont-ils eu mauvaise presse ? D’abord parce qu’ils n’étaient pas Athéniens. En outre, ces "étrangers" se faisaient payer pour enseigner. C’était mal vu. Ils enseignaient l’art de convaincre, ce qui était capital à Athènes et pour la bonne marche de la démocratie athénienne. </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">L’art de parler pour convaincre a son pendant : la manipulation, qui est beaucoup discutée durant le débat. Dans <em>1984</em>, <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/George_Orwell" target="_blank" rel="noopener">George Orwell </a>nous parle d’une dystopie, une société imaginaire et futuriste monstrueuse dominée par Big Brother, un dictateur omniscient. Or, parmi les mesures utilisés pour la soumission de son peuple figurait le travail sur la langue. Big Brother avait décidé de déstructurer la langue originelle et la transformer en une "<em>novlangue</em>", une langue appauvrie (cf. texte). L’appauvrissement de la langue fait partie des armes utilisés dans les discours des puissants (cf. enquête), un appauvrissement analysé notamment dans les discours présidentiels durant la Ve République. </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">Les mots seraient utilisés par les puissants pour dominer les faibles. En diplomatie, les terrains d’entente et de négociations usent de mots choisis avec tact et subtilité, "<em>qui seraient presque des mots d’amour</em>". Dans les religions, le mot Dieu désigne une abstraction bienfaitrice, synonyme de bonté et d’amour ; or, derrière ce mot, se cachent des combats violents et des pouvoirs cyniques qui utilisent ce mot pour contraindre à la soumission.</span><br /><span style="font-size: 10pt;">Une intervenant cite un mot utilisé abondamment récemment : <em>"Brexit".</em> Elle estime qu’il est synonyme de désunion, de manipulation politique mais aussi de crime, <a href="https://www.letemps.ch/culture/2016/07/01/jo-cox-brexit-iphigenie" target="_blank" rel="noopener">avec la mort de la députée travailliste Jo Cox</a>. Dans l’assistance, une intervenante britannique réagit en citant l’un des grands maîtres de la rhétorique et de la répartie, <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Winston_Churchill" target="_blank" rel="noopener">Winston Churchill</a>. Il savait ne pas être touché et blessé par des paroles d’un contradicteur, même violent. Elle cite une anecdote. Lady Ascot ne supportait pas <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Winston_Churchill" target="_blank" rel="noopener">Winston Churchill</a> et lui dit un jour : "<em>Sir, si vous étiez mon mari, j’aurais mis du poison dans votre café</em>". Le premier ministre britannique lui avait répondu du tac au tac : "<em>Madame Ascot, si vous étiez ma femme, je l’aurais bu.</em>" Face à des mots "<em>armés</em>", il a usé d’une défense imparable, grâce à d’autres mots. </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">La transmission des mots, dit une autre participante, induit la transmission d’une pensée : encore faut-il qu’émetteur et récepteur soient sur la même longueur d’onde, ce qui ne va pas de soi ! Même un individu bien intentionné et n’utilisant pas de mots à double tranchant peut froisser son interlocuteur sans le vouloir. A fortiori, les professionnels de la rhétorique savent parfaitement utiliser les formules, les mots, les syntaxes calculées pour asseoir leur maîtrise du public auquel ils s’adressent. </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">Le mot n’est certes pas en lui-même une arme, réagit Claire. Par contre, c’est l’interprétation que l’on en fait, ainsi que le contexte, qui peut transformer le mot en arme. Claire cite l’exemple du "<a href="http://www.ledifice.net/6013-5.html" target="_blank" rel="noopener">Sibboleth </a>". Dans le livre des Juges, la tribu d’Éphraïm est opposée à la tribu de Galaad. Chaque tribu à une prononciation différente du mot <em>"Sibboleth"</em> – ou <em>"Shibboleth".</em> Une mauvaise prononciation est synonyme de non-appartenance à telle ou telle tribu et, au final de condamnation à mort. Le mot peut au final être trompeur lorsqu’on ne lui laisse pas une marge d’interprétation régionale ou sociale. Là, il peut être une réelle arme, comme le prouve l’exemple de Nathalie Sarraute. </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">Bruno s’interroge : aujourd’hui, est-ce que les discours ont toujours cette force et cette puissance qu’ils avaient ? Une participante réagit en parlant de <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/George_Orwell" target="_blank" rel="noopener">George Orwell</a> qui, en 1946, a écrit l’ouvrage <em>Politics and the English Langage</em> dans lequel il parle de la manière dont le langage est manipulé en politique afin de retirer aux mots leur sens. <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Noam_Chomsky" target="_blank" rel="noopener">Noam Chomsky</a>, ajoute Pascal, a fait cette histoire de la manipulation depuis l’Angleterre de la fin du XIXe siècle. Il montre comment le pouvoir a cherché à faire dévier les mots de leur sens pour instiller dans la population certaines idées. Après 1945, des think tanks ont été créés afin de transformer le langage, via des néologismes que décrit George Orwell lorsqu’il parle de la "novlangue" dans <em>1984</em>.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">À partir du moment où l’on pense en mots et non pas en images, si les mots pour penser ce que l’on veut penser n’existent plus, ou du moins sont altérés, alors la pensée est elle aussi altérée. Une pensée ne peut perdurer si elle n’est pas partagée via les mots, les discours. Le mot est une arme s’il est utilisé en masse et s’il a pour objectif de convaincre des personnes. La langue, aujourd’hui, semblerait être manipulée pour corseter notre pensée. Les discours manichéens font que nous sommes invités à échapper à la complexité d’un problème pour ne s’exprimer qu’à travers le <em>"oui"</em> ou le <em>"non".</em> </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">"<em>Tu dis des mots. Encore des mots. Toujours les mêmes. Tu dis parfois. Tu dis souvent. N'importe quoi</em>" chantait <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Alain_Barri%C3%A8re" target="_blank" rel="noopener">Alain Barrière</a>. Les mots dans leur aspect le plus anodins restent importants en ce qu’ils sont le premier pas vers autrui. <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Jean-Paul_Sartre" target="_blank" rel="noopener">Jean-Paul Sartre</a> parlait, de son côté, des mots dans son autobiographie justement intitulée Les Mots : son appréhension et son ouverture au monde est passée dès ses premières années par ce biais : "<em>Puisque l’écrivain n’a aucun moyen de s’évader, nous voulons qu’il embrasse étroitement son époque ; elle est sa chance unique : elle s’est faite pour lui et il est fait pour elle... L’écrivain est en situation dans son époque : chaque parole a des retentissements.</em>" Les mots doivent devenir des armes défensives, dans un monde où le discours et le discours philosophique est de moins en moins audible. Il y a des armes défensives du penseur et du philosophe contre les armes offensives de la manipulation. <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Platon" target="_blank" rel="noopener">Platon </a>condamnait le sophisme dans le sens où le discours rhétorique était vide de sens, qu’il se suffisait à lui-même. D<a href="http://cafephilosophique-montargis.hautetfort.com/archive/2016/06/24/platon-gorgias-un-sophiste-5818726.html" target="_blank" rel="noopener">ans <em>Gorgias</em>, Platon met en scène un des plus célèbres sophistes de son époque pour mieux condamner ce courant intellectuel plaçant la rhétorique au coeur du fonctionnement de la Cité</a>.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">Lorsque nous parvenons à utiliser un discours plein de raison et d’intelligence, nous pouvons dédouaner des discours calamiteux pour prendre à contre-pied les personnes qui souhaitent nous flouer : "<em>Sauvons les mots !</em>" dit une participante. Le tout est de "dé-monter" ce que les autres veulent nous imposer pour remettre la vérité en ordre de bataille. </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">Lorsque l’on se trouve face à des discours publics, nous serions tentés de les prendre pour argent comptant, a fortiori lorsqu’ils viennent de personnes dites "spécialistes". Seulement, il y a notre libre-arbitre et notre étonnement philosophique peut nous amener à débusquer ce qui pourra nous éclairer. Les mots des philosophes sont-ils des armes ? Clairement, aujourd’hui les philosophes semblent être, sinon moins engagés qu’il y a quelques années, du moins plus discrets, voire inaudibles. Or, le citoyen doit chercher "<em>des mots</em>", <em>des "connaissances</em>". Les mots sont "<em>des armes de la pensée</em>", dit un participant et enrichir son vocabulaire c’est affiner et affûter sa pensée. </span><br /><span style="font-size: 10pt;">Bruno conclue par cette citation de <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Voltaire" target="_blank" rel="noopener">Voltaire </a>: "<em>Je connais beaucoup de livres qui ont ennuyé, je n’en connais point q
Kralyhttp://lessongesdunenuit.hautetfort.com/about.htmlPensée du Jour...tag:lessongesdunenuit.hautetfort.com,2016-07-14:58259482016-07-14T05:00:00+02:002016-07-14T05:00:00+02:00 Si on veut connaître un peuple, il faut écouter sa musique. ...
<p><span style="font-size: 12pt; font-family: 'times new roman', times, serif; color: #ffff00;"><img id="media-5414274" style="float: left; margin: 0.2em 1.4em 0.7em 0;" title="" src="http://lessongesdunenuit.hautetfort.com/media/02/02/3342091311.18.jpeg" alt="Unknown.jpeg" />Si on veut connaître un peuple, il faut écouter sa musique.</span></p><p> </p><p><span style="color: #ff0000;"><em><span style="font-size: 12pt; font-family: 'times new roman', times, serif;">Platon</span></em></span></p>
alvathttp://lafrancereconciliee.hautetfort.com/about.htmlL’Editorial d’Alexandre Vatimbella. La démocratie du XXI° siècle au défi du populismetag:lafrancereconciliee.hautetfort.com,2016-03-21:57765532016-03-21T15:39:00+01:002016-03-21T15:39:00+01:00 De Platon et Aristote aux Pères fondateurs des Etats-Unis (Jefferson,...
<p><font>De Platon et Aristote aux Pères fondateurs des Etats-Unis (Jefferson, Adams, Hamilton) et au théoricien de la Révolution française, l’abbé Sieyès, en passant par Bodin et Hobbes, Locke et Montesquieu, les philosophes et penseurs politiques se méfient des passions populaires.</font></p><p><font>C’est la raison pour laquelle ils se méfiaient corollairement de la démocratie, l’originale dont parle l’Antiquité grecque, celle où le peuple gouverne et décide directement, celui où il légifère et exécute en même temps.</font></p><p><font>On pensait avoir trouvé la solution la plus sage avec la construction intellectuelle de la démocratie représentative, avec Sieyès, Kant et quelques autres dans une articulation où le vouloir et le pouvoir n’étaient pas interdépendants mais aussi, bien sûr, avec les débuts prometteurs de la république des Etats-Unis d’Amérique où les Pères fondateurs avaient imaginé un système où les pouvoirs se bloquaient entre eux afin d’éviter que la majorité ne devienne tyrannique afin de protéger la minorité, car la démocratie républicaine s’apprécie aussi et surtout à l’aune des droits de la minorité.</font></p><p> </p><p style="color: #000000; font-family: 'Times New Roman'; font-size: medium;"><span style="font-size: 12pt; font-family: arial, helvetica, sans-serif;"><font>Comme le résume fort bien Albert Camus, «La démocratie, ce n'est pas la loi de la majorité, mais la protection de la minorité.»</font></span></p><p style="color: #000000; font-family: 'Times New Roman'; font-size: medium;"><span style="font-size: 12pt; font-family: arial, helvetica, sans-serif;"><font>La Révolution française, dans un premier temps, avait voulu s’inscrire dans une telle démarche avant qu’elle ne dérape, en partie, par ces passions populaires dévastatrices.</font></span></p><p style="color: #000000; font-family: 'Times New Roman'; font-size: medium;"><span style="font-size: 12pt; font-family: arial, helvetica, sans-serif;"><font>Car c’était sans compter sur les populistes et les démagogues qui s’adaptèrent dès le départ fort bien à ce nouveau système pour demander au peuple de les élire en leur promettant le beurre et l’argent du beurre dans des discours enflammés et agressifs, voire plus.</font></span></p><p style="color: #000000; font-family: 'Times New Roman'; font-size: medium;"><span style="font-size: 12pt; font-family: arial, helvetica, sans-serif;"><font>Mais l’on croyait tout de même que le populisme disparaitrait au fur et à mesure que la démocratie s’installe et mûrisse avec des peuples qui, petit à petit, grâce à l’éducation, à l’information et au progrès social et technique, s’approprient le fameux couple liberté-responsabilité afin que tout cela aboutisse à un gouvernement harmonieux et raisonnable, ce fameux juste milieu de Confucius, cette fameuse médéité d’Aristote.</font></span></p><p style="color: #000000; font-family: 'Times New Roman'; font-size: medium;"><span style="font-size: 12pt; font-family: arial, helvetica, sans-serif;"><font>On avait oublié, même si Tocqueville nous l’avait expliqué avant d’être un peu oublié puis justement redécouvert, que la démocratie est moins une question de liberté pour le peuple que d’égalité et que l’équilibre fondamental liberté-égalité penche le plus souvent vers une demande populaire d’égalité au détriment de la liberté, ce que nous disaient déjà Platon.</font></span></p><p style="color: #000000; font-family: 'Times New Roman'; font-size: medium;"><span style="font-size: 12pt; font-family: arial, helvetica, sans-serif;"><font>Ainsi, en ce début de XXI° siècle, la démocratie républicaine représentative se trouve toujours à la merci du populisme comme elle l’était au temps d’Athènes.</font></span></p><p style="color: #000000; font-family: 'Times New Roman'; font-size: medium;"><span style="font-size: 12pt; font-family: arial, helvetica, sans-serif;"><font>Que ce soit en Amérique du Sud avec les Chavez (Venezuela), Morales (Bolivie), Kirchner (Argentine), ou en Europe avec les Orban (Hongrie) ou les Tsipras (Grèce), les populistes sont ou ont été au pouvoir pour le plus grand malheur de leurs peuples qui les avaient choisis démocratiquement.</font></span></p><p style="color: #000000; font-family: 'Times New Roman'; font-size: medium;"><span style="font-size: 12pt; font-family: arial, helvetica, sans-serif;"><font>Certains ont coulé l’économie de leurs pays, d’autres n’ont pas été capables de les sortir de leurs difficultés qui les avaient portés au pouvoir.</font></span></p><p style="color: #000000; font-family: 'Times New Roman'; font-size: medium;"><span style="font-size: 12pt; font-family: arial, helvetica, sans-serif;"><font>Sans parler des limitations de la liberté, les bouc émissaires et les relents de xénophobie où toutes les difficultés viennent évidemment des autres ou d’ailleurs, de ces ennemis extérieurs et de leurs relais intérieurs.</font></span></p><p style="color: #000000; font-family: 'Times New Roman'; font-size: medium;"><span style="font-size: 12pt; font-family: arial, helvetica, sans-serif;"><font>Et l’on a vu fleurir ces dernières décennies avec une accélération récente, un peu partout, sur le même principe et avec les mêmes discours, des organisations populistes plus ou moins extrémistes comme Podémos (Espagne), le Mouvement cinq étoiles (Italie), le Front national et le Front de gauche (France), Ukip (Grande Bretagne) Pegida et l’AFD (Allemagne) ainsi que des hommes qui surfent sur cette vague comme Donald Trump et Bernie Sanders aux Etats-Unis.</font></span></p><p style="color: #000000; font-family: 'Times New Roman'; font-size: medium;"><span style="font-size: 12pt; font-family: arial, helvetica, sans-serif;"><font>En cette année 2016, le populisme, la démagogie et l’extrémisme se sont à nouveau coalisés pour attaquer les fondements, les principes et les valeurs de la démocratie républicaine comme une sorte de retour en arrière mécanique qui fait parfois douter que les peuples aient jamais appris quoi que ce soit, ni même qu’ils aient ouvert un livre d’Histoire.</font></span></p><p style="color: #000000; font-family: 'Times New Roman'; font-size: medium;"><span style="font-size: 12pt; font-family: arial, helvetica, sans-serif;"><font>Il est fort possible que le populisme et la démagogie soient éternels.</font></span></p><p style="color: #000000; font-family: 'Times New Roman'; font-size: medium;"><span style="font-size: 12pt; font-family: arial, helvetica, sans-serif;"><font>Il est même, fort possible, que ce soit également mais pas seulement, une résultante de la démocratie républicaine qui permet aux passions, aux intérêts personnels et aux frustrations, légitimes ou non, de s’exprimer dans la rue et dans le bulletin de vote, de voir des aventuriers s’en emparer et nombre d’individus leur faire confiance.</font></span></p><p style="color: #000000; font-family: 'Times New Roman'; font-size: medium;"><span style="font-size: 12pt; font-family: arial, helvetica, sans-serif;"><font>Cela n’empêche pas qu’il faut une lutte résolue et sans concession de la part des vrais démocrates et des vrais républicains contre ces deux tares, ces deux dangers qui ont produit et produisent tant de catastrophes au cours des siècles et particulièrement au XX° siècle même si le XXI° est malheureusement en train de suivre son prédécesseur en la matière.</font></span></p><p style="color: #000000; font-family: 'Times New Roman'; font-size: medium;"><span style="font-size: 12pt; font-family: arial, helvetica, sans-serif;"><font>Et le Centre doit être au cœur de cette résistance au populisme au nom de ses valeurs humanistes, au nom de son principe de juste équilibre, au nom de sa défense de la liberté.</font></span></p><p style="color: #000000; font-family: 'Times New Roman'; font-size: medium;"><span style="font-size: 12pt; font-family: arial, helvetica, sans-serif;"><font>Les partis centristes se doivent d’être en première ligne pour défendre la démocratie républicaine.</font></span></p><p style="color: #000000; font-family: 'Times New Roman'; font-size: medium;"><span style="font-size: 12pt; font-family: arial, helvetica, sans-serif;"><font>Car, si Winston Churchill disait «Le meilleur argument contre la démocratie est fourni par une conversation de cinq minutes avec l'électeur moyen», il affirmait dans le même temps, «La démocratie est le pire des régimes – à l'exception de tous les autres déjà essayés dans le passé».</font></span></p><p style="color: #000000; font-family: 'Times New Roman'; font-size: medium;"><span style="font-size: 12pt; font-family: arial, helvetica, sans-serif;"><font> </font></span></p><p style="color: #000000; font-family: 'Times New Roman'; font-size: medium;"><span style="font-size: 12pt; font-family: arial, helvetica, sans-serif;"><font>Alexandre Vatimbella</font></span></p><p style="color: #000000; font-family: 'Times New Roman'; font-size: medium;"><span style="font-size: 12pt; font-family: arial, helvetica, sans-serif;"><font> </font></span></p><p style="color: #000000; font-family: 'Times New Roman'; font-size: medium;"><span style="font-size: 12pt; font-family: arial, helvetica, sans-serif;"><font>Voir le site <a href="http://www.lecentrisme.com/">Le Centrisme</a></font></span></p><p style="color: #000000; font-family: 'Times New Roman'; font-size: medium;"><span style="font-size: 12pt; font-family: arial, helvetica, sans-serif;"><font> </font></span></p><p style="color: #000000; font-family: 'Times New Roman'; font-size: medium;"><span style="font-size: 12pt; font-family: arial, helvetica, sans-serif;"><font> </font></span></p>
Café philosophique de Montargishttp://cafephilosophique-montargis.hautetfort.com/about.htmlCompte-rendu du café philo : ”L'histoire se répète-t-elle ?”tag:cafephilosophique-montargis.hautetfort.com,2016-02-22:57637452016-02-22T20:48:00+01:002016-02-22T20:48:00+01:00 Thème du débat : "L'histoire se répète-t-elle ?" ...
<p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;"><strong><span style="font-size: small;">Thème du débat : </span><span style="color: #ffff00; font-size: small;">"L'histoire se répète-t-elle ?" </span></strong></span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;"><strong>Date : <span style="color: #ffff00;">29 janvier 2016 à la Brasserie du centre commercial de la Chaussée</span></strong></span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">Le café philosophique de Montargis se réunissait le vendredi 29 janvier 2016 pour sa 54e séance qui avait pour thème : "<em>L'histoire se répète-t-elle ?</em>" Bruno se félicite en début de séance que ce sujet ait été choisi car l'histoire, "une passion française", n'a jamais été débattu lors des soirées philosophiques de la Chaussée.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">A priori, pour les deux premiers participants l'histoire humaine semblerait contenir des similitudes, des répétitions, alors même que nous devrions faire en sorte d'apprendre de ces répétitions : "<em>Un peuple qui oublie son passé se condamne à le revivre</em>" disait <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Winston_Churchill" target="_blank" rel="noopener">Winston Churchill</a>. <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/St%C3%A9phane_Hessel" target="_blank" rel="noopener">Stéphane Hessel </a>écrivait, de son côté : “<em>Hélas, l'histoire donne peu d'exemples de peuples qui tirent les leçons de leur propre histoire !</em>” Une personne cite également <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Karl_Marx" target="_blank" rel="noopener">Karl Marx</a> : "<em>L’histoire se répète toujours deux fois : la première fois comme une tragédie, la seconde fois comme une comédie.</em>" Une participante réagit : "<em>L'histoire ne se répète pas... Il ne fait pas confondre l'histoire humaine et l'histoire des hommes". Biologiquement, l'espèce homo sapiens sapiens n'a pas évolué fondamentalement, mais pour autant sa vie en société évolue continuellement, avec des différences constantes. Les solutions ne sont jamais les mêmes</em>".</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">Qu'est-ce que l'histoire ? Se demande un participant. L'histoire est indissociable de ces dates qui s'égrainent, dans un mouvement non-répétitif. Claire réagit en soulignant que l'adoption du temps tel que nous le connaissons n'est pas objectif. Il nous est imposé un temps linéaire. Or, certaines cultures voient le temps de manière cyclique, <em><a href="http://cafephilosophique-montargis.hautetfort.com/archive/2016/01/28/levi-strauss-histoire-universelle-et-histoires-locales-5751641.html" target="_blank" rel="noopener">voir ce texte de Levi-Strauss</a></em>. Certaines civilisations se développent, arrivent à leur paroxysme, puis déclinent. Or, les journées ou les saisons sont une manière de voir le temps de manière cyclique. Comment parler de l'histoire? Gilles cite <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Fernand_Braudel" target="_blank" rel="noopener">Fernand Braudel </a>qui, dans son étude La Méditerranée et le monde méditerranéen à l'époque de <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Philippe_II_d%27Espagne" target="_blank" rel="noopener">Philippe II</a>, découpait son essai en trois tableaux, sous trois angles : "<em>le premier volume est une exploration sur une longue durée du temps presque immobile de la géographie et des civilisations (...) Les genres de vie qu'impose la nature et les héritages de la civilisation aux hommes de la Méditerranée... Le deuxième volume est le temps lent des grands cycles économiques et sociaux... Le troisième volume est le temps vif des brefs événements au quotidien.</em>"</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">La problématique histoire cyclique/historie linéaire n'est pas évidente à appréhender. Ce que l'on voit déjà dans<em> La République</em> de <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Platon" target="_blank" rel="noopener">Platon</a> et la notion de décadence de la Cité. Mais ensuite pour Platon renaissent de nouveaux cycles (temporalité cyclique), avec une cohérence tant que le monde est éternel. Dans notre civilisation, cette notion de temps cyclique est encore présente, jusque dans la litanie des rois de France dont les prénoms sont presque toujours les mêmes – Louis, Charles ou Henri – avec finalement une notion rassurante – et cyclique – de l'histoire. En remettant en cause l'aspect chronologique, via des réformes des programmes scolaires, quelque part on bouscule des traditions et un courant de pensée bien ancré.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">Un participant parle de l'histoire des civilisations et de l'aspect positif de la répétition en histoire, via des traditions qui peuvent être rassurantes. Il est vrai, est-il dit, que la phrase "<em>L'histoire se répète-t-elle ?</em>" porte en elle très souvent quelque chose de stigmatisant ("<em>Plus jamais ça !</em>"). Or, la répétition pourrait aussi être positive.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">Il existe certes des similitudes historiques, dit un autre participant: la situation en l'Asie et en Chine d'aujourd'hui et la situation européenne et allemande avant la première guerre mondiale ou bien le Moyen-Orient actuel, sunnite et chiite, avec les puissances américaines et russes et la <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Guerre_de_Trente_Ans" target="_blank" rel="noopener">Guerre de Trente ans</a> (1618-1648) mettant en jeu catholiques et protestants. Un participant cite deux auteurs : "<em>Un homme sans passé est plus pauvre qu’un homme sans avenir</em>" (<a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Elie_Wiesel" target="_blank" rel="noopener">Elie Wiesel</a>) et "<em>L'histoire est la tragédie d'une humanité qui fait son histoire mais qui ne sait pas l'histoire qu'elle fait</em>" (<a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Raymond_Aron" target="_blank" rel="noopener">Raymond Aron</a>).</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">À quoi servent les historiens, se demande une personne du public ? Quel est-il ? Un "<em>chef de marketing ou de publicité, un manipulateur... au service du pouvoir</em>" ? Or, les historiens ne "<em>font</em>" pas l'histoire : ils "<em>l'écrivent</em>" et "<em>l'analysent</em>" a posteriori. Ce sont aux politiques – qui sont dans l'action, l'immédiat, le court terme ("<em>Le changement c'est maintenant !</em>") de faire l'histoire ! Plusieurs philosophies de l'histoire existeraient. Une personne affirme que l'historie serait vaine en ce qu'elle serait le fruit du hasard ou de l'imprévu. L'autre dit que l'histoire serait déterminée (<a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Hegel" target="_blank" rel="noopener">Hegel</a>), obéirait à un dessein, déterminée de l'extérieur par un principe transcendant ou idéal, ou par le produit d'une logique ou d'une force immanente.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">Si l'on prend sa propre histoire, dit une autre participante, les répétitions d'événements activent la conscience individuelle, comme l'a montré la psychogénéalogie. Or, c'est la conscience de ces répétitions qui peuvent arrêter un cycle délétère, comme la conscience de guerres à répétition entre l'Allemagne et la France au cours des siècles a conduit des hommes politiques (<a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Charles_de_Gaulle" target="_blank" rel="noopener">De Gaulle</a> et <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Konrad_Adenauer" target="_blank" rel="noopener">Adenauer </a>puis <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Mitterrand" target="_blank" rel="noopener">Mitterrand </a>et <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Helmut_Kohl" target="_blank" rel="noopener">Kohl</a>) à entamer un chemin de réconciliation et de construction commune jusqu'à l'Europe. Ce serait sans doute l'interprétation de l'Histoire qui nous conduirait à juger tel ou tel événement comme répétitif : "<em>Ce qui trouble les hommes, ce ne sont pas les événements, mais l'idée qu'ils se font des événements</em>" disait <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/%C3%89pict%C3%A8te" target="_blank" rel="noopener">Épictète</a> (<em><a href="http://cafephilosophique-montargis.hautetfort.com/archive/2016/01/12/epictete-ce-qui-trouble-les-hommes-ce-ne-sont-pas-les-evenem-5743702.html" target="_blank" rel="noopener">voir ce texte</a></em>). Sans doute chercherions-nous des ressemblances pour nous rassurer et trouver des repères. Ce serait "la Raison qui gouverne le monde" comme le disait <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Hegel" target="_blank" rel="noopener">Hegel</a>. Aujourd'hui, l'histoire est sortie de ce paradigme d'un grand Tout conduit par une Raison suprême mais la conscience est toujours là.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">À quoi sert l'Histoire, se demande à ce moment un participant ? L'histoire serait ce devoir atavique de mémoire de l'humanité, un besoin commun à l'ensemble des civilisations. Cela participe à l'enrichissement de toute culture, avec le risque que cette histoire se répète souvent pour notre malheur. L'instrumentalisation de l'histoire est ensuite évoquée, car l'histoire peut suivre des objectifs, par exemple d'union nationale, afin de bâtir un comput commun tout en laissant des ouvertures, combattre les négationnismes. Lorsqu'il y a un déni d'histoire c'est un drame. Il y a aussi un aspect artistique : l'histoire est entretenue par des artistes via l'oralité (par exemple dans les pays africains) afin d'être dans un devoir de transmission.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">Guylaine propose une définition de l'histoire : ce serait, en latin (<em>historia</em>), "<em>un récit d'événements historiques mais aussi fabuleux... des sornettes</em>", ce que l'on retrouve aussi en grec : "<em>recherche, enquête, information</em>" (voir à ce sujet les <em>Enquêtes</em> d'<a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/H%C3%A9rodote" target="_blank" rel="noopener">Hérodote</a> : "<em>Voici l'exposé de l'enquête effectuée par Hérodote de Thourioi, afin que les événements humains ne disparaissent pas avec le temps, et que les grands et merveilleux exploits accomplis par les Grecs et par les Barbares ne perdent pas leur renommée, concernant en particulier la cause pour laquelle ils se firent mutuellement la guerre</em>"). L'histoire était le récit des événements d'une personne, avant qu'au XIIe siècle on s'intéresse au peuple, puis à l'humanité au XIIIe siècle. L'histoire est à la fois indissociable de la connaissance et de la narration via le récit.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">Une participante propose de s'intéresser aux récits imaginaires, fables, contes moraux. Or, ces histoires inventées permettent de donner de la matière aux historiens. Ces sources narratives hors-sujet peuvent être à la base de connaissances objectives pour cette science non-exacte qui étudie l'espèce humaine.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">La question est aussi de savoir qui fait ce récit et dans quel but. L'histoire serait autant une science sociale qu'un roman (on parle de "<em>roman national</em>" pour l'histoire de France). Un roman mais aussi une fonction sociale et une vertu pédagogique, comme le prouverait cette notion de "devoir de mémoire", conspuée d'ailleurs par nombre d'historiens. Lorsque les enfants de la IIIe République apprenaient la litanie des rois de France, l'histoire avait là aussi une utilité publique : le patriotisme, les vertus de la République. Il semblerait que "les dominants font l'histoire : "<em>C'est l'Histoire non pas avec un grand H mais avec une grande hache</em>" (<a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Georges_Perec" target="_blank" rel="noopener">Georges Perec</a>) !</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">Après une période de récits historiques mythologiques, dit un intervenant, puis de récits de faits d'un peuple, on en serait plutôt à une analyse objective des faits ("le fait et l'objet se confondent") avec une part de subjectivité intelligente (<a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Georges_Perec">Paul Ricoeur</a>, <em><a href="http://cafephilosophique-montargis.hautetfort.com/archive/2016/01/25/ricoeur-la-subjectivite-historique-5750203.html" target="_blank" rel="noopener">voir ce texte</a></em>). Par une analyse affinée de ces faits, on constate que les grands événements historiques, les guerres et les batailles, ne se répètent pas. Les grands événements, d'ailleurs, ne se répètent pas, dit une autre personne du public. Comparer la crise des migrants en Europe aujourd'hui avec celle des juifs durant la période nazie est caduc. Le contexte est scientifiquement différent et les conséquences le seront tout autant.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">La question de savoir si l'histoire se répète ou pas, est-il encore dit, se pense aussi en fonction des motivations humaines – pouvoir, fortune, etc. – qui, elles, se répètent, de cycle en cycle. Cette question est celle du déterminisme en histoire. L'histoire nous mène-t-elle vers la notion du progrès et qui s'est développée avec cette notion de Raison qui gouverne le monde ? Un participant citait <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Karl_Marx" target="_blank" rel="noopener">Karl Marx</a>. Pour ce dernier, <a href="http://cafephilosophique-montargis.hautetfort.com/archive/2016/01/21/marx-l-histoire-de-luttes-des-classes-5748273.html" target="_blank" rel="noopener">il y une notion de lutte des classes </a>qui détermine la marche historique du monde : "<em>L'histoire de toute société jusqu'à nos jours n'a été que l'histoire de luttes de classes</em>" disaient Karl Marx et Friedrich Engels. L'histoire tendrait vers nous. La question est de savoir ce qu'il est. Plus près de nous, <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Francis_Fukuyama" target="_blank" rel="noopener">Francis Fukuyama</a> parlait de "<em>fin de l'histoire</em>" lorsqu'en 1989 le Mur de Berlin est tombé : "<em>Ce à quoi nous assistons peut-être n'est pas seulement à la fin de la Guerre froide, ni à la fin d'une période particulière de l'histoire d'après-guerre, mais à la fin de l'histoire en tant que telle... C'est-à-dire le point final de l'évolution idéologique de l'humanité et l'universalisation de la démocratie libérale occidentale en tant que forme ultime du gouvernement humain</em>" (<em><a href="http://cafephilosophique-montargis.hautetfort.com/archive/2016/01/25/fukuyama-la-fin-de-l-histoire-5748285.html" target="_blank" rel="noopener">voir aussi ce texte</a></em>).</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">En conclusion l'histoire est une étude de faits révolus et l'acteur de l'histoire est un rapport au temps présent, qui regarde derrière lui. Peut-on être à la fois acteur et analyser ce qui s'est passé. Est-ce que l'homme a une historicité ? Il n'est pas facile de répondre à cette question. Par contre, s'agissant de conscience, il convient que chacun ait du recul pour vivre. La médiation intellectuelle est plus que nécessaire : les mêmes causes entraînant peut-être les mêmes effets, l'histoire se répétera si et seulement si on ne donne pas son sens à l'histoire. Nous ne comprenons pas le passé et si nous pouvons ressortir du présent. L'historien, même avec la science et le recul, a du mal à juger l'histoire. A fortiori, pour le citoyen et le politique, tous ces acteurs de l'histoire en marche et qui se tournent vers l'avenir, la compréhension est nécessaire – et difficile. Il convient donc de se référer et faire confiance aux intellectuels, aux historiens et aux philosophes pour comprendre ce qui se passe dans le monde.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">Certes les grands hommes font l'histoire, disait <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Hegel" target="_blank" rel="noopener">Hegel</a> (<em><a href="http://cafephilosophique-montargis.hautetfort.com/archive/2016/01/12/hegel-j-ai-vu-l-empereur-5742803.html" target="_blank" rel="noopener">voir ce texte</a></em>). Cependant, dans la société chacun a des marges d'action et peut faire, à son niveau, l'histoire sans qu'elle se répète. Le penseur doit d'avoir ce recul-là.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">La soirée se termine par le vote des sujets de la prochaine séance, qui aura lieu le <strong>vendredi 26 février 2016</strong>. Trois sujets sont mis au vote : "Faut-il s'ennuyer ?", " À quoi sert la culture ?" et "<strong>La femme est-elle un homme comme les autres ?</strong>" C'est ce dernier sujet qui est élu, de très peu.</span></p><p style="text-align: justify;"> </p>
Café philosophique de Montargishttp://cafephilosophique-montargis.hautetfort.com/about.htmlCompte-rendu du café philo : ”la pauvreté est-elle le mal absolu ?”tag:cafephilosophique-montargis.hautetfort.com,2016-01-16:57456042016-01-16T15:28:00+01:002016-01-16T15:28:00+01:00 Thème du débat : "La pauvreté est-elle le mal absolu ?" ...
<p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;"><strong><span style="font-size: small;">Thème du débat : </span><span style="color: #ffff00; font-size: small;">"La pauvreté est-elle le mal absolu ?" </span></strong></span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;"><strong>Date : <span style="color: #ffff00;">4 décembre 2015 à la Brasserie du centre commercial de la Chaussée</span></strong></span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">Le vendredi 4 décembre 2015, le café philosophique de Montargis se réunissait pour un débat qui avait pour thème : "<em>La pauvreté est-elle le mal absolu ?</em>" Une soixantaine de personnes étaient présentes pour cette 53e séance.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">À cette question, "<em>La pauvreté est-elle le mal absolu ?</em>" une participante réagit par une autre question : "<em>Est-ce que c'est la pauvreté qui est le mal absolu ou est-ce que ce sont les causes qui l'engendre ?</em>" Une autre participante s'interroge : "<em>Qu'est-ce que la pauvreté ?</em>" Pour un troisième intervenant, la pauvreté serait sans doute un mal relatif. Il s'en réfère à l'Histoire et à cette vision que l'on a pu avoir de la pauvreté dans des périodes reculées, voire très reculées. Aujourd'hui le capitalisme libéral tendrait à nous montrer un miroir affreux de la pauvreté qui serait injuste : il rappelle que 67 personnes détiennent autant de richesses et de patrimoine que 3,5 milliards d'êtres humains sur terre ! Il y a une forme de différence et de comparaison et c'est cette différence qui ferait le problème. À cela s'ajoute le fait que non seulement le riche accapare la richesse universelle mais renvoie en plus ses déchets au détriment de ses contemporains. Le problème de la pauvreté tiendrait à l'écart entre deux extrêmes, un écart considéré comme inacceptable.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">Gilles souhaite s'arrêter sur des notions économiques afin de définir ce qu'est la pauvreté. Il convient d'abord, dit-il, de revenir sur la notion de revenu médian, qui était en 2012 de 1645 euros. Est pauvre la personne qui gagne moins de 60 % de ce revenu médian, soit, en 2012, de 987 euros. Il y avait huit millions de Français dans cette catégorie. La grande pauvreté est fixée à 50 % de cette valeur, soit 843 euros en 2012 et l'extrême pauvreté 760 euros, soit 1,6 millions de personnes dont beaucoup de familles monoparentales. Le seuil de la pauvreté internationale est définie par l'économiste <a href="https://en.wikipedia.org/wiki/Martin_Ravallion" target="_blank" rel="noopener">Martin Ravallion</a> qui parle du seuil de pauvreté monétaire "nécessaire à la survie de l'individu". En 1992, elle était de 1,25 dollars par jour. Elle est de 1,90 dollars en 2015. En France, le RSA est de 524,16 euros pour une personne seule (786 euros pour une personne avec un enfant). L'allocation de solidarité des personnes âgées (le minimum vieillesse) est de 800 euros par mois pour une personne seule et de 1 242 euros par mois pour un couple.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">Une participante réagit en critiquant cette notion de calcul de la pauvreté en fonction du revenu et du calcul selon le revenu médian. Il conviendrait de s'interroger sur la somme dont une personne a besoin pour vivre correctement, se loger, se nourrir. D'ailleurs, dans certaines tribus, la notion de pauvreté n'a pas de sens à partir du moment où chacun parvient à vivre correctement.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">Derrière ces chiffres, dit Bruno, il y a la réalité, y compris une réalité morale. Un économiste peut calculer de manière froide ce qu'est la pauvreté mais, derrière, il y a le vécu de tel ou tel. La question du débat de ce soit, "<em>La pauvreté est-elle le mal absolu ?</em>", peut interpeller. Il semblerait qu'aujourd'hui, le pauvre n'existe plus, ou du moins qu'il n'a plus droit de cité. On ne parle aujourd'hui plus de "<em>pauvre</em>". Non pas que la pauvreté ait disparu mais force est de constater que le vocabulaire contourne cette notion. On parle plus volontiers de gens modestes, indigents, démunis, précaires, de ménages ne pouvant joindre les deux bouts, de SDF, de fins de droit. À la limite, en terme d'économie, la notion de pauvreté est encore présente (seuil de pauvreté, travailleurs pauvres, etc.) mais la pauvreté serait considérée comme un mal tel que nous refusons jusqu'à nommer "<em>pauvre</em>" un pauvre. La pauvreté, pour une intervenante, est "<em>le mal absolu de la société</em>", "<em>son talon d’Achille</em>". Il faut la cacher aux yeux de tous car c'est une honte.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">La pauvreté peut également être vue, dit un participant, sous un angle moral, intellectuel, toutes ces pauvretés semblant être liés. Ne parle-t-on pas de misère "<em>affective</em>" ou de misère "<em>intellectuelle</em>" ? L'auteur post-moderne <a href="http://www.houellebecq.info/" target="_blank" rel="noopener">Michel Houellebecq </a>parle "<em>d'extension du domaine de la lutte</em>" en parlant de cette inégalité entre riches et pauvres étendue au domaine affectif et sexuel. La difficulté affective, intellectuelle et sociale est abordée par une autre intervenante. Cette pauvreté recouvrerait la difficulté qu'ont les gens à dire ce qu'ils sont réellement. Gilles cite<a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Karl_Marx" target="_blank" rel="noopener"> Karl Marx</a> "<em>La pauvreté est le lien passif qui fait que l’homme éprouve le besoin de la plus grande des richesses : autrui.</em>" Parler de la pauvreté ne saurait se limiter à "<em>l'avoir</em>" que l'on a que l'on n'a pas. Ce serait aussi, insiste une personne de l'assistance, une question "<em>d'être</em>". Être pauvre serait aussi être mal !</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">Pour en revenir à cette notion de pauvreté matérielle, la pauvreté serait causée, dit Claire, par "<em>la malédiction de la rareté</em>", selon laquelle il y n'y aurait pas assez de ressources sur terre pour satisfaire tous les besoins. Donc, la solution serait d'agir soit sur les ressources soit sur les besoins. Mais étant ancrés dans une civilisation essentiellement hédoniste, nous sommes à mille lieues de changer notre vision des besoins. <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/%C3%89picure" target="_blank" rel="noopener">Épicure </a>disait : comment devenir riche ? Il ne faut pas augmenter nos biens mais diminuer nos besoins ("<em>La belle chose, que le contentement dans la pauvreté !</em>"). C'est un grand défi de nos civilisations modernes qui ont longtemps voulu rendre abondant ce qui était rare. Or, cela ne fait que créer une sous-couche de pauvreté (<em>sous-prolétariat</em>), frustrée d'être mise à l'écart de cette abondance. Bruno ajoute que la notion de pauvreté qui a évolué avec le temps. <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Platon" target="_blank" rel="noopener">Platon </a>estimait ainsi que la pauvreté était un danger pour la Cité ("<em>Si un État veut éviter la désintégration civile, il ne faut pas permettre à la pauvreté et à la richesse extrême de se développer dans aucune partie du corps civil</em>", <em><a href="http://cafephilosophique-montargis.hautetfort.com/archive/2015/11/07/platon-la-pauvrete-desastre-civique-5712757.html" target="_blank" rel="noopener">voir ce lien</a></em>). Puis, à partir du Moyen Âge, est venu le concept de la pauvreté évangélique, une pauvreté acceptée voire revendiquée, avec la charité comme action vertueuse. Nous y reviendrons. Les Révolutions industrielles au XIXe siècle et la remise en cause du paradigme chrétien a été un retour de balancier : la lutte contre la pauvreté est devenue centrale et cette lutte est encore présente aujourd'hui. La question est aussi de savoir si notre objectif social est de devenir plus riche ou de consommer moins (décroissance). Une participante ajoute que pendant des millénaires la norme était que toute personne était pauvre et que seule une minorité pouvait prétendre à la richesse. Or, aujourd'hui, dans nos civilisations dites "<em>avancées</em>" être pauvre est anormal et "<em>mal</em>", justement parce que la richesse intrinsèque des nations modernes est importante "<em>et que chacun voudrait avoir sa part du gâteau</em>".</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">Qu'est-ce que la pauvreté et en quoi est-elle un mal absolu ? Se demande un intervenant. S'agit-il de la pauvreté relative définie par des notions économiques ou bien de la pauvreté absolue, cette pauvreté "<em>mère de tous les maux</em>" - délinquance, maladie, dénuement complet ? Ne pas pouvoir avoir accès à la santé, à la culture, à la sociabilisation, à la nourriture et au logement sont de véritables fléaux. Claire à ce sujet fait la distinction entre pauvreté et misère. <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Thomas_d%27Aquin" target="_blank" rel="noopener">Thomas d'Aquin</a> a conjecturé que la pauvreté était un manque de superflu et la misère un manque de nécessaire. Pour <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Adam_Smith" target="_blank" rel="noopener">Adam Smith</a>, la pauvreté est la privation des nécessités de la vie quotidienne. C'est en soi une notion large et floue. Si la pauvreté est-elle le mal absolu, de quelle pauvreté parlons-nous ? Parle-t-on des gens affamés ou bien de cette vie frugale prêchée par beaucoup de philosophes. Ces derniers font l'éloge d'une vie pauvre, simple et essentielle mais ils ne font absolument pas l'éloge de la misère. La pauvreté peut créer une atmosphère d'entraide et d'humanité : "<em>Passer de l'appauvrissement à la pauvreté, comme on va de l'humiliation à l'humilité</em>" disait <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Blaise_Pascal" target="_blank" rel="noopener">Blaise Pascal</a>. La misère, elle, est un point de non-retour. Un intervenant s'interroge : qui aujourd'hui serait prêt à choisir la pauvreté ou la sobriété – pour prendre un terme plus doux ?</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">Un participant considère en effet que la pauvreté est un mal relatif et non absolu. La lutte contre la pauvreté serait dans les cordes de l'humanité, mais c'est une question de volonté. La pauvreté, dit encore une intervenante, est dans le vécu. Vivre modestement, voire chichement, ne saurait être une entrave au bonheur. <a href="http://www.pierrerabhi.org/" target="_blank" rel="noopener">Pierre Rabhi</a> parle même de "<em>sobriété heureuse</em>" ajoute une autre personne du public. A-t-on besoin du superflu ? Il semblerait que non, malgré la pression sociale pour avoir la dernière voiture, le dernier téléphone portable. Ce combat quotidien peut au contraire conduire au malheur voire au désespoir, comme le remarquait <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/S%C5%93ur_Emmanuelle" target="_blank" rel="noopener">Sœur Emmanuelle </a>qui comparait la société française avec les chiffonniers du Caire.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">Parler de la pauvreté c'est aussi parler de la comparaison avec mon voisin que j'estime plus riche que moi, avec une plus grosse voiture, une plus belle maison, de meilleurs revenus. Il s'agit d'une sorte d'affrontement et de défiance, avec la richesse et la pauvreté comme éléments clés. Ce que je n'ai pas m'enfoncer bien plus que ce que je possède. Le rassasiement pourrait ne jamais venir, même pour les personnes les plus fortunées.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">La sobriété semblerait être le pendant bénéfique d'une pauvreté/dénuement. Ce serait une lutte assumée contre l'abondance, avec comme notion centrale la liberté et la raison. À ce sujet, ajoute une participante, <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Victor_Hugo" target="_blank" rel="noopener">Victor Hugo</a> disait : "<em>Qui n'est pas capable d'être pauvre, n'est pas capable d'être riche.</em>" <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Lao_Tseu" target="_blank" rel="noopener">Lao Tseu</a>, lui, écrivait : "<em>Celui qui a bien compris le sens du mot "assez" aura toujours suffisamment</em>". La pauvreté viendrait de notre attachement au bien matériel et plus on en a et plus en a besoin, et moins on est libre. Un intervenant n'est pas d'accord : la vraie pauvreté lui semble être une réalité rarement choisie, a fortiori dans des États riches. Pour une autre intervenante, en effet, le point de cristallisation est le choix, dans une société abondante permettant d'aller à l'opéra, de choisir de beaux vêtements et de vivre plus confortablement.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">Gilles revient sur la pauvreté monétaire théorisé dans les années 50 par <a href="https://en.wikipedia.org/wiki/Martin_Ravallion" target="_blank" rel="noopener">Martin Ravallion</a>. Un autre économiste, l'Indien <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Amartya_Sen" target="_blank" rel="noopener">Amartya Sen</a>, Prix Nobel d'économie en 1998, a travaillé sur les famines (<em>Poverty and famin</em>, 1981). Il parle de "<em>capabilité</em>" (<em>capability</em>) : les pauvres ne possèdent pas ces capacités à être ou à faire compte tenu de leurs capacités personnelles et des circonstances extérieures.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">La pauvreté peut-elle être éradiquée ? Demande une participante. Gilles répond que <a href="http://www.joseph-wresinski.org/Pere-Joseph-Wresinski.html" target="_blank" rel="noopener">Joseph Wresinski</a> a travaillé sur la grande pauvreté en fondant ATD Quart Monde. Il a posé cette question de l'éradication de la grande pauvreté et de la précarité économique, notamment dans un rapport en 1987. Il disait ceci : "<em>L'humiliation des pauvres n'est pas seulement injuste à nos yeux. Elle est la négation de l'honneur des pauvres. Elle est une atteinte fondamentale à leur dignité. Elle fait un type d'homme tel que Dieu et l'histoire des hommes l'ont créé</em>". En 1987, rappelle Gilles, se posait l'éradication de la grande pauvreté qui augmentait sans cesse, après une quasi-disparition durant les Trente Glorieuses en raison de l'industrialisation. Cette éradication pourrait être possible mais, d'après un intervenant elle n'est pas forcément souhaitée par une petite oligarchie qui pourrait profiter de cette pauvreté pour s'enrichir (<em><a href="http://cafephilosophique-montargis.hautetfort.com/les-riches-le-meritent-ils/" target="_blank" rel="noopener">Voir un précédent débat du café philosophique de Montargis, "Les riches le méritent-ils ?"</a></em>). Or, cette richesse semblerait être souhaitée par nombre de personnes qui ne refuseraient pas d'entrer dans cette oligarchie. En retour, cette classe soudée par la fortune ne serait pas fermée aux nouveaux entrants, dans la mesure où ces derniers sont riches : "<em>Ne dites pas du mal des riches, ça pourrait vous arriver</em>".</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">L'éradication de la pauvreté paraîtrait selon une participante en effet difficile à atteindre. Limiter ses besoins apparaîtrait pour beaucoup insurmontable. Par ailleurs, les aides reçues pourraient être des freins à l'imagination et à l'inventivité, au risque d'une compétitivité entre pauvres pour s'en sortir, comme le rajoute une participante.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">La pauvreté étant relative considère une autre personne, l'éradication de la pauvreté pourrait advenir lorsque tout le monde sera pauvre : alors, personne ne pourra comparer ses richesses avec celles de son voisin puisque chacun sera logé à la même enseigne ! Alors, il n'y aura plus de pauvre ! Derrière cette affirmation provocatrice, ajoute cette intervenante, la question est de savoir si chacun de nous est prêt à laisser les biens qui nous sont chers. À ce sujet, il existe un texte des Évangiles prônant la pauvreté :"<em>Il est bien plus difficile à un riche d'entrer dans le Royaume de Dieu qu'un chameau d'entrer dans le chat d'une aiguille</em>" (<em><a href="http://cafephilosophique-montargis.hautetfort.com/archive/2015/11/11/marc-de-la-difficulte-d-etre-pauvre-5714382.html" target="_blank" rel="noopener">voir le texte en ligne</a></em>). Bruno revient sur cette notion de pauvreté évangélique qui a marqué l'histoire de nos sociétés. Le Sermon sur la Montagne, qui contient la citation célèbre "<em>Heureux les pauvres...</em>", semblerait avoir été détourné de son sens. Le "Heureux les pauvres" aurait une connotation révolutionnaire que les théologiens de la Libération ont rappelé : "<em>Heureux les pauvres : grâce à moi ils ne seront plus pauvres</em>". On le voit, Jésus ne serait pas ce prêcheur consolant les pauvres mais celui qui leur promettrait la richesse ici et maintenant. On le voit la pauvreté évangélique ne semblerait pas être acquise, y compris au sein de la sphère religieuse, comme le montre <a href="http://cafephilosophique-montargis.hautetfort.com/archive/2015/12/03/eco-dispute-au-sujet-de-la-pauvrete-le-nom-de-la-rose-5726036.html" target="_blank" rel="noopener">un extrait du <em>Nom de la Rose</em> d'Umberto Eco </a>où Franciscains et proches du pape se chamaillent et s'insultent au sujet de la pauvreté évangélique.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">À ce point du débat, une intervenante s'interroge sur l'image qui se dessine du pauvre. Deviendrait-il un personnage à part entière, miséreux et caricatural. Or, qui n'est pas pauvre ? Beaucoup d'entre nous viennent de familles pauvres, sans pour autant que cela nous ait frappé. Pourquoi ? Parce que cette pauvreté n'est pas vécue ainsi, parce que l'éducation, l'échange et la culture l'emportent sur tout autre aspect économique. On peut avoir la sensation de vivre modestement, "<em>de devoir faire attention</em>", d'être "<em>dans la dèche</em>" mais pas de vivre dans une pauvreté.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">Claire rappelle qu'est miséreux celui qui n'arrive pas à subvenir à ses besoins fondamentaux, à survivre. Est pauvre celui qui l'est au regard d'autrui, "<em>qui se l'entend dire</em>", "<em>qui reçoit une frustration existentielle et corrosive parce qu'il est dépossédé de bien qu'on lui fait croire indispensables</em>".</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">Bruno conclut ce débat par une citation de <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Dominique_Lapierre" target="_blank" rel="noopener">Dominique Lapierre</a>, l'auteur de<em> La Cité de la Joie</em> : "<em>Il est facile à tout homme de reconnaître et de glorifier les richesses du monde, mais seul un pauvre peut connaître la richesse qu'est la pauvreté.</em>"</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">La soirée se conclue par le vote du sujet de la séance suivante, prévue le vendredi 29 janvier 2016. Trois sujets sont mis au vote : "L'homme est-il un loup pour l'homme ?", "Y a-t-il des guerres justes ?" et "<span style="color: #ffff00;">
Kralyhttp://lessongesdunenuit.hautetfort.com/about.htmlQu'est-ce qu'aimer...tag:lessongesdunenuit.hautetfort.com,2015-11-02:57094642015-11-02T05:00:00+01:002015-11-02T05:00:00+01:00 Depuis l’Antiquité, l’ Amour occupe les philosophes. C’est...
<p style="margin: 0px 0px 1em; padding: 0px; border: 0px; font-family: Titillium, Arial, sans-serif; font-size: 18px; line-height: inherit; vertical-align: baseline; color: #666666; text-align: justify;"><span style="font-family: 'book antiqua', palatino; font-size: medium;"><span style="color: #339966;"><img id="media-5201088" style="float: left; margin: 0.2em 1.4em 0.7em 0;" title="" src="http://lessongesdunenuit.hautetfort.com/media/00/02/1557446806.jpg" alt="aimer,philosophes,définitions,éthique,platon,tolstoï,descartes schopenhauer,,spinoza,amour,voies,passion,réflexion,comprendre,savoir,connaître" />Depuis l’Antiquité,</span> <span style="color: #ff0000;">l’<span style="margin: 0px; padding: 0px; border: 0px; font-style: inherit; font-variant: inherit; font-weight: 600; line-height: inherit; vertical-align: baseline;">Amour </span></span><span style="color: #339966;">occupe les philosophes. C’est grâce à </span><span style="color: #ff0000;"><span style="margin: 0px; padding: 0px; border: 0px; font-style: inherit; font-variant: inherit; font-weight: 600; line-height: inherit; vertical-align: baseline;">Platon</span>,</span> <span style="color: #339966;">grâce à son </span><span style="color: #ff0000;"><a style="margin: 0px; padding: 0px; border: 0px; font-family: inherit; font-size: inherit; font-style: inherit; font-variant: inherit; line-height: inherit; vertical-align: baseline; color: #3b8dbd; text-decoration: none; outline: 0px; -webkit-transition: 0.2s ease; transition: 0.2s ease;" title="Résumé du Banquet de Platon" href="http://la-philosophie.com/resume-du-banquet-de-platon"><span style="color: #ff0000;"><em style="margin: 0px; padding: 0px; border: 0px; font-family: inherit; font-size: inherit; font-variant: inherit; line-height: inherit; vertical-align: baseline;">Banquet</em></span></a>,</span> <span style="color: #339966;">que la question a acquis ses lettres de noblesse. L’amour, au sens général, est un élan du coeur qui nous porte vers un être. On peut même parler d’une philosophie de l’amour (comme on parle de la philosophie du vivant ou de la connaissance).</span><span id="more-1834" style="margin: 0px; padding: 0px; border: 0px; font-style: inherit; font-variant: inherit; line-height: inherit; vertical-align: baseline;"></span></span></p><p style="margin: 0px 0px 1em; padding: 0px; border: 0px; font-family: Titillium, Arial, sans-serif; font-size: 18px; line-height: inherit; vertical-align: baseline; color: #666666; text-align: justify;"><span style="font-family: 'book antiqua', palatino; font-size: medium;"><span style="color: #339966;">La Philosophie de l’amour est le domaine de la philosophie sociale et l’</span><a style="margin: 0px; padding: 0px; border: 0px; font-family: inherit; font-size: inherit; font-style: inherit; font-variant: inherit; line-height: inherit; vertical-align: baseline; color: #3b8dbd; text-decoration: none; outline: 0px; -webkit-transition: 0.2s ease; transition: 0.2s ease;" href="http://la-philosophie.com/philosophie-morale"><span style="color: #ff0000;">éthique</span> </a><span style="color: #339966;">qui tente d’expliquer la nature de l’amour. L’enquête philosophique de l’amour cherche à distinguer les différentes sortes d’amour ; se demande si et comment l’amour est / peut être justifié ; interroge la valeur de l’amour ainsi que les rapports entre aimés.</span></span></p><h2 style="margin: 0px 0px 14px; padding: 0px; border: 0px; font-family: Titillium, Arial, sans-serif; font-size: 34px; font-weight: 400; line-height: 1.3em; vertical-align: baseline; color: #444444; word-wrap: break-word; letter-spacing: -0.7px;"><span style="margin: 0px; padding: 0px; border: 0px; font-family: 'book antiqua', palatino; font-size: medium; font-style: inherit; font-variant: inherit; font-weight: 600; line-height: inherit; vertical-align: baseline; color: #ff0000;">Définitions particulières sur l’amour :</span></h2><p style="margin: 0px 0px 1em; padding: 0px; border: 0px; font-family: Titillium, Arial, sans-serif; font-size: 18px; line-height: inherit; vertical-align: baseline; color: #666666;"><span style="font-family: 'book antiqua', palatino; font-size: medium;"><span style="margin: 0px; padding: 0px; border: 0px; font-style: inherit; font-variant: inherit; font-weight: 600; line-height: inherit; vertical-align: baseline;"><span style="color: #ff0000;">– <span style="margin: 0px; padding: 0px; border: 0px; font-style: inherit; font-variant: inherit; line-height: inherit; vertical-align: baseline;">Platon</span> :</span> </span><span style="color: #339966;">“Toute aspiration en général vers les choses bonnes et vers le bonheur, voilà l’Amour”</span></span></p><p style="margin: 0px 0px 1em; padding: 0px; border: 0px; font-family: Titillium, Arial, sans-serif; font-size: 18px; line-height: inherit; vertical-align: baseline; color: #666666;"><span style="font-family: 'book antiqua', palatino; font-size: medium;"><span style="color: #ff0000;">– <span style="margin: 0px; padding: 0px; border: 0px; font-style: inherit; font-variant: inherit; font-weight: 600; line-height: inherit; vertical-align: baseline;">Tolstoï </span>:</span> “<span style="color: #339966;">L’amour a toujours pour base le renoncement au bien individuel”</span></span></p><p style="margin: 0px 0px 1em; padding: 0px; border: 0px; font-family: Titillium, Arial, sans-serif; font-size: 18px; line-height: inherit; vertical-align: baseline; color: #666666;"><span style="font-family: 'book antiqua', palatino; font-size: medium;"><span style="color: #ff0000;">– <span style="margin: 0px; padding: 0px; border: 0px; font-style: inherit; font-variant: inherit; font-weight: 600; line-height: inherit; vertical-align: baseline;"><span style="margin: 0px; padding: 0px; border: 0px; font-style: inherit; font-variant: inherit; line-height: inherit; vertical-align: baseline;">Descartes</span> </span>:</span> <span style="color: #339966;">“L”amour est une passion qui peut naître en nous sans que nous apercevions en aucune manière si l’objet qui en est la cause est bon ou mauvais”</span></span></p><p style="margin: 0px 0px 1em; padding: 0px; border: 0px; font-family: Titillium, Arial, sans-serif; font-size: 18px; line-height: inherit; vertical-align: baseline; color: #666666;"><span style="font-family: 'book antiqua', palatino; font-size: medium;"><span style="color: #ff0000;">– <span style="margin: 0px; padding: 0px; border: 0px; font-style: inherit; font-variant: inherit; font-weight: 600; line-height: inherit; vertical-align: baseline;"><span style="margin: 0px; padding: 0px; border: 0px; font-style: inherit; font-variant: inherit; line-height: inherit; vertical-align: baseline;">Spinoza</span> </span></span>:<span style="color: #339966;"> “L’amour n’est autre chose qu’une Joie accompagnée d’une cause extérieure”</span></span></p><p style="margin: 0px 0px 1em; padding: 0px; border: 0px; font-family: Titillium, Arial, sans-serif; font-size: 18px; line-height: inherit; vertical-align: baseline; color: #666666;"><span style="font-family: 'book antiqua', palatino; font-size: medium;"><span style="color: #ff0000;">– <span style="margin: 0px; padding: 0px; border: 0px; font-style: inherit; font-variant: inherit; font-weight: 600; line-height: inherit; vertical-align: baseline;"><span style="margin: 0px; padding: 0px; border: 0px; font-style: inherit; font-variant: inherit; line-height: inherit; vertical-align: baseline;">Schopenhauer</span> </span>:</span> <span style="color: #339966;">“L’amour est un piège tendu à l’individu pour perpétuer l’espèce”</span></span></p>
Rébellionhttp://rebellion.hautetfort.com/about.htmlLa postmodernité philosophique expliquée aux enfants et aux grandes personnestag:rebellion.hautetfort.com,2015-09-01:56805592015-09-01T07:39:00+02:002015-09-01T07:39:00+02:00 Avertissements du traducteur : ...
<p> </p><p style="text-align: justify;"><em><span style="font-size: medium;"><img id="media-5149064" style="float: left; margin: 0.2em 1.4em 0.7em 0;" title="" src="http://rebellion.hautetfort.com/media/00/01/2748013837.png" alt="testament philosophique,communautarisme,parménide,platon,descartes,kant,marx,heidegger jean-françois lyotard,nouvelle histoire alternative de la philosophie. le chemin ontol,costanzo preve" /></span></em></p><p style="text-align: justify;"> </p><p style="text-align: justify;"> </p><p style="text-align: justify;"><em><span style="font-size: medium;">Avertissements du traducteur : </span><span style="font-size: medium;">Ce texte constitue le trente neuvième et avant-dernier chapitre du testament philosophique de Costanzo Preve: « Nouvelle histoire alternative de la philosophie. Le chemin ontologico-social de la philosophie ».2013. Il correspond aux pp. 427-452 de l’édition originale. </span><span class="Apple-style-span" style="font-size: medium;">Traduit inédite de l’italien par YVES BRANCA. </span></em></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: medium;"><em> </em></span></p><p style="text-align: justify;"> </p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: medium;"> Jean-François Lyotard, le philosophe français qui a « lancé » le concept philosophique de « postmoderne », entendu comme la fin de la diffusion sociale de la croyance à de « grands récits », a écrit un alerte petit livre intitulé Le Postmoderne expliqué aux enfants (1988). Mais il s’agit d’un paradoxe et d’une contradiction dans les termes. Les enfants, par leur nature même et par définition, sont imaginatifs, sensibles aux mythes et aux fables, et par là même, eschatologiques et messianiques. Un enfant « désenchanté », au sens où l’entendait Max Weber, est une impossibilité logique, historique et psychologique. Le désenchantement commence après dix-huit ans, et qui en doute devrait bien lire le grand roman de Balzac Les illusions perdues. Il se peut qu’une génération parquée devant les jeux électroniques et induite socialement à ne plus lire de livres imprimés puisse être désenchantée avant, mais dans ce cas, l’on a affaire à une pression sociale qui tourne à la manipulation anthropologique. Quoi qu’il en soit, le Postmoderne ne peut, à mon avis, être expliqué aux enfants, parce qu’il est le produit social d’une élaboration philosophique du désenchantement, et il en est comme du service militaire, qu’on ne peut accomplir avant l’âge de dix-huit ans. </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: medium;"> Dans la théorie lyotardienne du désenchantement postmoderne à l’égard des grandes narrations, se conjuguent toutes les perceptions sociales d’un temps de gestation et de transition: celles d’un monde encore par bien des aspects capitaliste-bourgeois, avec son pôle opposé mais solidaire et complémentaire qui est le communisme historique du XX<sup>e</sup> siècle, vers un monde encore capitaliste, et même hypercapitaliste, mais d’une manière désormais post-bourgeoise et post-prolétarienne. Les idéologies complémentaires de ladite prolétarisation de la petite bourgeoisie et de ladite intégration consumériste du prolétariat sont en effet la façon dont les « ermites » - d’une part les « ermites » bourgeois libéraux, d’autre part les « ermites » prolétariens staliniens - manifestent leur incompréhension érémitique de ce qui est en train d’advenir, à savoir, précisément, cette époque de gestation et de transition que nous éprouvons comme un passage historique difficile. </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: medium;"> Peu avant sa mort, Jean-François Lyotard a énuméré au moins cinq grands récits: la narration chrétienne de la rédemption progressive du péché originel par le déchiffrement humain de la théodicée, la narration, dans la philosophie des Lumières, de l’émancipation humaine de l’ignorance, des impostures et des préjugés par la diffusion des lumières de la raison scientifique dans la société, la narration spéculative d’origine romantique de la réalisation de l’Idée universelle moyennant la dialectique historique, la narration marxiste de l’émancipation de l’aliénation et de l’exploitation, et enfin, la narration capitaliste du bien-être pour tout le monde moyennant le développement économique, technique et industriel. </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: medium;"> Comment est-il possible d’expliquer aux enfants que ces cinq grands récits sont tous illusoires, et qu’aujourd’hui, l’éducation philosophique consiste justement à les persuader rationnellement, aussi bien que les adolescents et les adultes, qu’il faut les délaisser ? Pour ce qui est des vieillards, n’importe, ils mourront bientôt. J’ai déjà dit que la croyance des enfants à la fin heureuse et à la punition de méchants est invincible (v. Blanche-Neige, Cendrillon, etc.); mais peut-être est-il possible d’en convaincre les jeunes gens voués au travail précaire, pour qui le postmoderne est vraiment l’époque de la production flexible (Jameson), et du passage de la primauté bourgeoise du temps du progrès à celle, postbourgeoise, de l’espace de la globalisation économique (Harvey), et les adultes d’âge mûr, vite dépris des illusions précocement fanées du temps du marxisme tardif (le mythique Mai Soixante-huit, qui nous apparaît désormais bien davantage comme un mythe fondateur que comme un ensemble historique de faits hétérogènes), et devenus génération de cyniques désenchantés (comme le « dernier des hommes » selon Nietzsche, mais aussi et surtout comme ceux qui régressent dans « l’implosion du moi narcissique » selon Christopher Lasch). </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: medium;"> Pour ce qui est de la postmodernité, la déduction sociale des catégories est évidemment un jeu d’enfant, et l’on aurait presque honte de ce qu’elle soit si simple et si banale, au regard de la difficulté à comprendre Parménide, Platon, Descartes, Kant, Marx et Heidegger. Et pourtant, cette facilité doit ici devenir un défi: celui de « complexifier » le tableau historique, et de le « tester » pour reconstruire entièrement la méthode que nous avons suivie jusqu’ici. En ce qui me concerne, je m’accorde en effet davantage avec Hegel qu’avec Marx. Celui-ci estimait qu’il pouvait prévoir le futur, fût-ce d’une manière tendancielle et non pas physique et mathématique. Hegel estimait au contraire que la philosophie est comme la chouette de Minerve qui prend son vol à la tombée de la nuit, et donc ne permet pas de prévisions futurologiques. Entendant substituer le jugement problématique de la catégorie modale de possibilité, comprise au reste selon Aristote comme potentialité ontologique (dynamei on), au jugement assertorique-apodictique de la catégorie modale de nécessité touchant le fameux passage du capitalisme à une société plus communautaire et solidaire, que nous pourrions appeler « communisme » dans un sens marxien, et non « stalinien », j’ai déjà proposé de fait non seulement une interprétation « hégélienne » de Marx, mais encore une légitimation nouvelle et intégrale de ce qu’on appelle la « philosophie pour la philosophie », laquelle, au lieu d’être regardée comme une antiquité digne de la dérision scientiste et positiviste, deviendra le lieu de la redécouverte de la connaissance de la vérité, moyennant une science philosophique adéquatement revue et corrigée. Mes positions vont évidemment à l’encontre de l’esprit qu’on appelle postmoderne. Raison de plus d’en discuter avec autant de sérieux que d’ouverture d’esprit. </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: medium;"> Il faut rendre grâce à François Lyotard de son honnêteté intellectuelle, parce qu’il n’a dissimulé en aucune façon, mais au contraire révélé ouvertement, que la synthèse philosophique postmoderne peut être présentée comme une véritable élaboration philosophique d’un désenchantement politique. Toutefois, son catalogue des cinq modèles de grande narration est fourvoyant et trompeur, et fait penser à la « lettre dérobée » d’Edgar Poe, qui est cachée dans une liasse d’autres lettres placées en évidence pour la mieux dissimuler, ou bien au jeu de bonneteau, où l’on cache une seule carte, entre trois autres qui doivent être bien visibles. Ce qui intéresse Lyotard est en effet de mettre en relief le désenchantement d’une seule grande narration, la quatrième, celle du « marxisme ». Il s’agit bien d’une désillusion personnelle, autobiographique, élaborée philosophiquement. Les quatre autres ne le concernent pas, et ne sont mises ici que pour troubler l’eau. Ce qu’une brève réflexion analytique suffira amplement à montrer. </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: medium;"> Le récit chrétien de la rédemption progressive du péché originel, comme on sait, n’existe plus socialement depuis au moins mille huit cents ans, et n‘est donc en aucune façon une nouveauté. On ne peut, en effet, être wébérien « à courant alternatif », comme l’est Lyotard, qui d’une part reçoit intégralement le diagnostic de Max Weber sur le désenchantement rationaliste du monde, puis en refuse l’explication historique et méthodologique, selon laquelle toutes les religions, ou du moins les religions « du livre » théistes occidentales, qui naissent messianiques et eschatologiques, s’éteindraient bien vite si elles en restaient à jamais à cette origine, et n’ont d’autre moyen de se stabiliser régulièrement que de se replier sur les retranchements socialement soutenables de la rationalisation symbolique de la vie quotidienne, en abandonnant complètement toute promesse messianique de refondation intégrale de la communauté sociale. </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: medium;"> Comme on l’a vu, Jésus de Nazareth prêchait l’Année de Miséricorde du Seigneur, dont le contenu socio-politique d’ensemble, qui impliquait une « purification du Temple », eût finalement entraîné une refondation communiste de la société, puisque le Temple n’était pas un lieu d’assemblée où l’on psalmodiait innocemment les louanges du Seigneur, mais le centre politique et économique de la distribution des charges et des biens. Jésus était certainement persuadé qu’il favorisait cet évènement messianique par son sacrifice de « serviteur souffrant », mais vu que cette qualité n’était pas un crime aux yeux des occupants romains, c’est en tant que zélote armé insurgé qu’on dut le crucifier, ce dont la preuve irréfutable est constituée par l’écriteau « roi des juifs » qui fut apposé sur sa croix, dans une situation politique caractérisée par la diarchie de fait de l’occupant et du sanhédrin juif collaborateur. Paul de Tarse universalisa certes son message, et fut en ce sens le Lénine d’un christianisme dont Jésus eût été le Marx; mais ne disposant plus du Temple à purifier, Paul annonça un prochain retour du Messie, ou Parousie. Cette annonce ne se vérifia point, non plus que l’Apocalypse de la chute de la Grande Babylone prostituée, qui désignait métaphoriquement Rome et sa terrible domination esclavagiste. </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: medium;"> A ce moment, dès le deuxième siècle, et moins encore au troisième, le christianisme n’était déjà plus une grande narration du Salut, mais une religion de masse ordinaire, populaire et non plus messianique ni eschatologique, dont les oeuvres de bienfaisance pour soulager les plus pauvres tinrent lieu d’assistance publique dans un système social qui en était entièrement dépourvu, hormis par la générosité des plus riches, comparable aux oeuvres des Bill Gates et consorts dans le monde d’aujourd’hui. C’est pourquoi Lyotard ne saurait nous tromper: la grande narration chrétienne s’est éteinte entre les années 150 et 250 environ de l’ère chrétienne, et ne s’est jamais plus réellement reproduite, si ce n’est par l’effervescence éphémère de divers groupes d’hérétiques, qui ont toujours été rejetés et exterminés, bien qu’ils fussent souvent estimables et dignes de rester dans la mémoire des hommes. Mais on ne peut décemment mettre le christianisme au nombre des grandes narrations de la modernité. Pour autant que la religion chrétienne instituée (que pour ma part je regarde favorablement dans la mesure où elle peut servir, même faiblement, de frein (katechon) au déchaînement individualiste du capitalisme absolu) n’est pas une grande narration eschatologique, si ce n’est dans un bavardage clérical auquel les prêtres sont souvent les premiers à ne pas croire, mais une espèce d’agence d’assistance psychologique de style communautaire en un temps d’effacement du divin, que je conçois avec Heidegger comme un état d’incertitude sur l’existence de Dieu couvert de vains discours théologiques et moraux sur les diverses sortes de « valeurs », il faut l’exclure de la liste lyotardienne.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: medium;"> Quant à la grande narration de l’émancipation universelle par la victoire sur l’ignorance et la superstition, qui est celle des Lumières, il faut dire que Voltaire, qui fut son « pape laïc », était lui-même un ennemi de toutes les grandes narrations de son temps, et un habile suppôt du despotisme éclairé de Frédéric II de Prusse. C’est de lui que se réclament les partisans des néo-Lumières d’aujourd’hui, qui ont vergogne des « extrémistes sociaux » comme Rousseau, et sur toute chose du radicalisme révolutionnaire des jacobins, et regardent Robespierre comme un Staline à perruque poudrée, ou Staline comme un Robespierre botté, etc. Certes, il a existé dans les Lumières françaises un courant minoritaire de philosophie de l’histoire (chez Turgot, Condorcet, etc.), qui peut en effet être caractérisé comme une sorte de grand récit de l’émancipation moyennant l’instruction. Mais ce ne peut être par hasard que des auteurs comme Fichte et Hegel, qui en étaient presque contemporains, et en mesure d’en faire un bilan presque empirique, tout comme nous-mêmes pour ce qui est du XX<sup>e</sup> siècle, et n’étaient donc pas égarés par la distance temporelle, cette mère infaillible de l’idéalisation, en aient révélé l’aspect principalement destructeur: le « temps du péché consommé » pour Fichte, celui du « déchaînement de l’intellect abstrait » pour Hegel. Quoi qu’il en soit, faisons provisoirement l’hypothèse (que je n’admets en rien), que les Lumières du XVIII<sup>e</sup> siècle aient pu être dans leur ensemble une grande narration. </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: medium;"> Car enfin, qu’est-ce donc que ce qui se présente aujourd’hui en Italie comme une néo-philosophie des Lumières (ceux de la revue Microméga (Micromegas) etc.)? Une machine infernale sceptique et relativiste opposée à toute philosophie de l’émancipation, qui brandit l’étendard de Darwin et de la théorie de l’évolution pour mieux cacher qu’elle a mis en berne l’étendard de Marx et de la critique du capitalisme, et qui s’en prend au communautarisme au nom des formes les plus extrêmes de l’individualisme, allant jusqu’à se vanter d’avoir détruit la croyance à la grande narration des utopies émancipatrices au nom d’une « virile » acceptation d’un présent socialement indépassable: fin capitaliste de l’histoire, état de droit, marché capitaliste concurrentiel contre le mercantilisme de l’Etat-nation, bombardement éthique des états-voyous au nom des Droits de l’homme, nouvelle religion laïque de l’holocauste opposé aux vieilles religions monothéistes trop « normatives » eu égard aux « styles de vie » individualistes, diffamation ou mur de silence envers toutes les voix qui peuvent s’élever pour « réhabiliter » Marx après l’effondrement du communisme historique du XX<sup>e</sup> siècle, etc.. Voilà cette néo-philosophie des Lumières, qui ose afficher Marianne, l’emblème révolutionnaire français, avec le mot d’ordre « Hommes de Lumières de tous les pays, unissez-vous ! », sur la couverture de la revue Microméga (v. la livraison de novembre 2007) ! Cette néo-philosophie des Lumières est aujourd’hui une machine infernale contre toutes les philosophies de l’émancipation, et une pensée encore plus conservatrice que ne le fut en son temps la théologie des jésuites pour légitimer le système social féodal tardif et seigneurial. </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: medium;"> Il est sans doute que les philosophies de l’idéalisme allemand se rapprochent davantage du codex théorique des grands récits émancipateurs. Mais il faut procéder en ce domaine avec beaucoup d’attention. Pour autant qu’il a établi une philosophie de l’histoire qui comporte cinq stades, celle de Fichte est certes, au moins en partie, une grande narration, au sens de Lyotard. Mais à mon avis, celle de Hegel n’entre déjà plus dans cette catégorie, et par certains aspects, sa pensée peut être interprétée comme une critique dialectique de toute grande narration. Le parcours phénoménologique de la conscience vers l’auto-conscience, qui est retracé dans la Phénoménologie de l’Esprit, n’est pas du tout, à mon avis, une grande narration au sens de Lyotard. Il ne promet aucun salut, mais décrit un possible itinéraire de libération. La description réaliste de l’origine de la domination de l’homme sur l’homme dans la peur et le courage au lieu d’un pacifique contrat social serait-elle une grande narration ? Ou peut-être la lutte de l’esclave contre le maître pour être reconnu socialement ? Ou bien la critique des philosophies hellénistiques comme exil intérieur de petits groupes à l’ombre du pouvoir ? Ou encore celle du renversement dialectique de l’ascèse morale kantienne en déchaînement des appétits les plus égoïstes dans le « règne animal de l’esprit » ? Non, toutes ces figures dialectiques ne constituent aucune grande narration. </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: medium;"> Il n’est possible de les regarder rétroactivement comme telles, pour apporter de l’eau au moulin de l’antipathie postmoderne envers Hegel, que depuis seulement que la société de l’indifférence, fondée sur le bavardage, la curiosité superficielle et distraite et la culture systématique de l’équivoque, a réussi à imposer socialement cette indifférence même en tant qu’état normal de la société et sagesse des intellectuels désenchantés. Il s’agit là d’une conjoncture historique bien particulière, qui est le fruit d’une époque de gestation et de transition vers un univers ultracapitaliste, et qu’on « hypostasie » en « démystification » des grandes narrations. </span></p><p style
Café philosophique de Montargishttp://cafephilosophique-montargis.hautetfort.com/about.htmlCompte-rendu de la 50e séance : ”la philosophie a-t-elle une quelconque utilité?”tag:cafephilosophique-montargis.hautetfort.com,2015-08-02:56655422015-08-02T07:59:00+02:002015-08-02T07:59:00+02:00 Thème du débat : "La philosophie a-t-elle une quelconque utilité...
<p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;"><strong>Thème du débat : <span style="color: #ffff00;">"La philosophie a-t-elle une quelconque utilité ?" </span></strong></span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;"><strong>Date : <span style="color: #ffff00;">19 juin 2015 à la Brasserie du centre commercial de la Chaussée</span></strong></span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;">Le vendredi 19 juin 2015, le café philosophique de Montargis se réunissait à la Brasserie du Centre commercial de la Chaussée pour sa 50e séance, et aussi la dernière de sa saison 6. À cette occasion, le débat proposé, et choisi par les participants de la séance précédente, portait sur cette question: "La philosophie a-t-elle une quelconque utilité ?"</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;">Au préalable, Bruno rappelle la genèse et les grands événements qui ont marqué les six années et les 50 séances du café philo. Il insiste sur la naissance mouvementée de l'animation de la Chaussée, ses débuts difficiles, les sujets polémiques qui ont émaillé son histoire (<a href="http://cafephilosophique-montargis.hautetfort.com/religion-opium-du-peuple/" target="_blank" rel="noopener">Dieu</a>, <a href="http://cafephilosophique-montargis.hautetfort.com/debat-a-t-on-le-droit-de-mourir/" target="_blank" rel="noopener">la mort</a> ou... <a href="http://cafephilosophique-montargis.hautetfort.com/le-pere-noel-est-il-un-imposteur/" target="_blank" rel="noopener">le Père Noël</a>), la fierté des animateurs et médiateurs de voir l'engouement autour du café philo mais aussi les émissions de radio <a href="http://cafephilosophique-montargis.hautetfort.com/la-philosophie-au-comptoir/" target="_blank" rel="noopener">"<em>La Philosophie au Comptoir</em>"</a> (en 2014) qui ont marqué le café philosophique de Montargis. </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;">Pour lancer le débat, outre le sujet du débat de ce soir, "La philosophie a-t-elle une quelconque utilité ?" Bruno pose aux participants deux autres questions : "<em>Fait-on de la philosophie lors d'un café philo ?</em>" et "<em>Que venez-vous faire ici, au café philo ?</em>"</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;">Un premier intervenant réagit en citant <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Michel_de_Montaigne" target="_blank" rel="noopener">Michel de Montaigne</a> pour justifier l'utilité de la philosophie : "<em>Philosopher c'est apprendre à mourir</em>". Pour lui, alors que le débat sur la la fin de vie fait des remous, la philosophie semble avoir une très grande utilité. Claire rebondit sur cette intervention. Il y a une distinction entre utilité et nécessité, dit-elle, car, souvent, on a tendance à commettre un abus de langage : on considère comme utile ce qui est nécessaire, or ce n'est pas le cas. L'utilité vise "<em>l'outil</em>". La question peut donc se poser ainsi : est-ce que la philosophie mène à quelque chose ? Et si la philosophie est un outil, quelle est sa finalité ? </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;">Pour un autre intervenant, la philosophie a une utilité indéniable ; encore faut-il savoir de quelle philosophie l'on parle : il peut y avoir autant des courants de pensées hermétiques peu appréciés que des pratiques philosophiques, plus terre-à-terre, pragmatiques et qui peuvent intéresser tout un chacun. Finalement, cette dernière intervention pose cette question : la philosophie est un moyen pour faire quoi ? La philosophie, qui est étymologiquement l'amour de la sagesse, trouve sa finalité dans l'apprentissage de la mort et dans l'orientation de ses actions pratiques afin de réfléchir à certains sujets pour ensuite les vivre, et vivre mieux ("<em>Nous vivre mieux</em>") . L'amour de la sagesse n'est pas l'amour du savoir. Le sage n'est pas celui qui sait tout mais plutôt "<em>celui qui ne sait rien</em>" (<a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Socrate" target="_blank" rel="noopener">Socrate</a>). Dès lors, philosopher c'est sans doute commencer à s'interroger et remettre en question ce qui fait notre existence et notre identité. Au sein du café philo, chacun réfléchit à comment agir, avec la morale, à l'orientation pratique de notre vie, de nos actions, ici et maintenant.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;">Au sein du café philo, la question est bien de savoir si dans le cadre des débats on est dans un moyen d'atteindre ces objectifs philosophiques. <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Michel_Onfray" target="_blank" rel="noopener">Michel Onfray</a> refuse par exemple d'admettre que l'on philosophe au sein d'un café philosophique. Une intervenante réagit en regrettant la durée des séances : souvent, un deuxième débat pourrait être utile, remarque-t-elle, tant les questions appellent d'autres questions et aussi des demandes d'approfondissements. Bruno ajoute toutefois que les animateurs sont là pour susciter des questions et pas d'apporter des réponses comme le feraient des gourous de sectes ! Philosopher, comme le dit une participante, "<em>c'est exploiter la capacité que l'humain a de se poser des questions auxquelles il ne peut pas répondre</em>". C'est aussi un échappatoire à l'uniformité des discussions triviales, afin d'éviter "<em>la stagnation de l'esprit</em>".</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;">La philosophie ne consiste pas à apporter des solutions abouties à des questions posées, réagit un participant. Pour Claire, les philosophes dits "<em>systématiques</em>" ont pour rôle de répondre à des questions. Le café philo, dans ce sens, est "<em>non-philosophique</em>", dans le sens où le café philo n'apporte pas des éléments pour répondre à des questions. Pour autant, nous pourrions dire qu'au sein du café philo nous pratiquons un "<em>philosopher</em>", dans le sens où le café philo sert à cheminer dans une pensée. Certaines interventions nous renvoient d'autres pensées. "<em>La pratiques collective</em>" de la réflexion est en effet un élément capital, réagit une autre personne du public car cela peut peut permettre d'approfondir des sujets. Par toutes nos expériences, réagit une autre participante, par nos différences, "<em>mettre en commun nos idées, les confronter à l'exemple de la maïeutique (<a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Platon" target="_blank" rel="noopener">Platon</a>), ce n'est pas nous permettre d'avoir tous la même mais d'avoir tous la nôtre.</em>"</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;">Une participante s'exprime ainsi : <em>"La philo n'est ni dans l'action ni dans la morale mais <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Jean-Paul_Sartre" target="_blank" rel="noopener">Jean-Paul Sartre</a> a dit qu'elle nous apprenait à être libre et responsable de nos actes</em>". La philosophie a bien une utilité, affirme un intervenant : même si elle n'est pas poussée, elle nous permet de côtoyer des gens différents, de s'exprimer, d'échanger dans le respect, de se frotter à la réalité et d'affiner ses opinions au contact des autres. La philosophie antique, dans l'agora, est, quelque part, ressuscitée au sein des cafés philos – qui pourraient aussi bien se passer dans d'autres lieux publics. </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;">La réflexion collective permettrait de passer de l'opinion, qui est de l'ordre de la représentation individuelle, à l'idée, qui est collective. L'idée est forte de justification et l'altérité, en apportant la contradiction à notre opinion, permet d'asseoir notre jugement grâce aux arguments et presque en savoir. Claire rappelle que la différence entre le croire et le savoir n'est pas tant la véracité de la représentation mais c'est dans le fait que le croire est une représentation qui est tenue pour vraie sans capacité de la justifier alors que le savoir implique qu'une représentation est tenue pour vraie car il existe des justifications, des raisons d'être. On peut se sentir un peu plus fort de ses principes si un philosophe vient à notre rescousse ("<em><a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Ren%C3%A9_Descartes" target="_blank" rel="noopener">Descartes </a>l'a dit...</em>") ou si la confrontation avec les idées collectives et les opinions d'autrui viennent appuyer ce que je peux penser. "L<em>es débats philosophiques permettent de s'enrichir au niveau de l'être.</em>" </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;">L'utilité cathartique du café philo est également avérée : prendre la parole, s'approprier un micro ("<em>un bâton de parole</em>") et confronter ses idées avec celles des autres est au cœur de nos débats. Le café philo peut être aussi une pratique de la démocratie, dans un cercle de citoyens différents, de tous âges. <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Jean-Pierre_Vernant" target="_blank" rel="noopener">Jean-Pierre Vernant</a> affirme d'ailleurs que la raison naît dans le cadre de la naissance de la première cité démocratique grecque. Or, dans cette société, deux groupes de pensées s'opposent : les "<em>instituteurs de la République</em>" – les <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Sophiste" target="_blank" rel="noopener">sophistes</a> – qui visent à apprendre aux citoyens à parler et qui visent l'utilisation d'un langage pour s'exprimer. Dès lors, l'objectif pour ces sophistes est d'apprendre à parler bien plutôt que de parler vrai. Or, contre eux, les philosophes vont s'insurger, et parmi eux, </span><a style="font-size: small;" href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Socrate" target="_blank" rel="noopener">Socrate</a><span style="font-size: small;">. Pour ces philosophes, parler bien c'est utiliser le langage en l'enlevant de sa sa valeur. Celui qui ne chercher que la communication et la beauté le rend caduc car l'homme doué de langage se doit de chercher la vérité. Le philosophe ne va pas chercher de réponse mais il va s'interroger sans cesse pour nuancer et s'approcher de la réalité et de la vérité. </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;">Un participant nuance ces propos : est-ce que pour parler vrai il ne faut pas parler bien ? Cette question fait aussi référence à un précédent débat : "Le langage trahit-il la pensée ?" Pour </span><a style="font-size: small;" href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Michel_Onfray" target="_blank" rel="noopener">Michel Onfray</a><span style="font-size: small;">, justement, dans la philosophie il y a une forme d'académisme et d'exigence. </span><a style="font-size: small;" href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Michel_Onfray" target="_blank" rel="noopener">Michel Onfray</a><span style="font-size: small;"> ne dénie pas l'utilité démocratique des cafés mais ils sont pour lui plus "<em>citoyens</em>" que "<em>philosophiques</em>". Philosopher implique des bases, des lectures, des connaissances, l'acquisition de lettres de noblesse (parler correctement). Certains philosophes inaccessibles peuvent du reste se targuer d'être inaccessibles. Certains auteurs peuvent être lisibles et claires (<a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Albert_Camus" target="_blank" rel="noopener">Albert Camus</a>) ; d'autres hermétiques (<em>Critique de la Raison Pure</em> de <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Georg_Wilhelm_Friedrich_Hegel" target="_blank" rel="noopener">Hegel</a> ou <em>L'Être et le Néant</em> de </span><span style="font-size: small;"><a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Jean-Paul_Sartre" target="_blank" rel="noopener">Sartre</a></span><span style="font-size: small;">). Ces problèmes de compréhension apparaissent comme susceptible de dénaturer la pensée philosophique affirme <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Ludwig_Wittgenstein" target="_blank" rel="noopener">Ludwig Wittgenstein</a> ("<em>Ce dont on ne peut pas parler, il faut le taire</em>"). Il y a aussi cette idée que la philosophie touche aux hautes sphères de l'intellect (la métaphysique par exemple) et peut donc faire fuir une grande partie de la population. Le café philosophique de Montargis a, par contre, eut très vite pour ambition d'amener la philosophie dans la Cité et de la rendre accessible </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;">Un participant rappelle l'étymologie de "<em>philosophie</em>", qui est "<em>l'amour de la vérité</em>". On est philosophe non pas quand on détient la vérité mais lorsqu'on la recherche. Au sein, Un café philosophique qui a pour objectif de rechercher – avec curiosité – la vérité fait donc, n'en déplaise à <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Michel_Onfray" target="_blank" rel="noopener">Michel Onfray</a>, de la philosophie. </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;">Claire conclut cet échange par deux citations. La première est de <em><a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Platon" target="_blank" rel="noopener">Platon</a> </em>: "<em>Sans raisonnement, tu mèneras l'existence non pas d'un homme mais d'une éponge ou de ces êtres marins qui habitent dans des coquillages</em>" (<em>Philète</em>). <em><a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Ren%C3%A9_Descartes" target="_blank" rel="noopener">Descartes</a></em>, lui, affirmait dans <em>Principes de la Philosophie</em> (Préface) : "<em>C'est précisément avoir les yeux fermés, sans jamais tâcher de les ouvrir, que de vivre sans philosopher.</em>" </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;">La seconde partie de ce 50e café philosophique est consacré à un blind-test, un jeu proposé à l'assistance que le café philo avait proposé par le passé :</span></p><blockquote><p style="text-align: justify; padding-left: 30px;"><span style="font-size: small;">- Qu'est-ce que la maïeutique ? Réponse : l'art d'accoucher les esprits, les âmes (<a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Socrate" target="_blank" rel="noopener">Socrate</a>)</span></p><p style="text-align: justify; padding-left: 30px;"><span style="font-size: small;">- Qui a écrit le <em>Tractatus logico-philosophicus</em> ? Réponse : </span><a style="font-size: small;" href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Ludwig_Wittgenstein" target="_blank" rel="noopener">Ludwig Wittgenstein</a></p><p style="text-align: justify; padding-left: 30px;"><span style="font-size: small;">- Pourquoi appelle-t-on les disciples d'Aristote les Péripatéticiens ? Réponse : parce que dans le <em>peripatos</em> grec, le "<em>promenoir</em>" littéralement, les philosophes du Lycée d'<a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Aristote" target="_blank" rel="noopener">Aristote</a> philosophaient en marchant. On les appelait donc les péripatéticiens.</span></p><p style="text-align: justify; padding-left: 30px;"><span style="font-size: small;">- Qui a parlé de l'homme comme d'"une invention récente" ? Réponse : <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Michel_Foucault" target="_blank" rel="noopener">Michel Foucault</a></span></p><p style="text-align: justify; padding-left: 30px;"><span style="font-size: small;">- Quand on traite de la philosophie, on dit que l'une des formules principales du philosopher est "<em>gnoti seauton</em>". Qu'est-ce que ça signifie ? Réponse : "<em>Connais-toi toi-même</em>" </span></p><p style="text-align: justify; padding-left: 30px;"><span style="font-size: small;">- Qui est le concepteur de la dialectique du maître et de l'esclave ? Réponse : </span><a style="font-size: small;" href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Georg_Wilhelm_Friedrich_Hegel" target="_blank" rel="noopener">Hegel</a><span style="font-size: small;"><br /></span></p><p style="text-align: justify; padding-left: 30px;"><span style="font-size: small;">- Qu'est-ce qu'une tautologie ? Réponse : "<em>Dire deux fois la même chose</em>", la répétition de deux expressions signifiant une chose identique</span></p><p style="text-align: justify; padding-left: 30px;"><span style="font-size: small;">- La philosophe <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Hannah_Arendt" target="_blank" rel="noopener">Hannah Arendt</a> a été la maîtresse d'un philosophe controversé. Qui est-il? Réponse : <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Martin_Heidegger" target="_blank" rel="noopener">Martin Heidegger</a> </span></p><p style="text-align: justify; padding-left: 30px;"><span style="font-size: small;">- Qu'est ce que <em>l'ataraxie.</em> Réponse : "<em>La paix de l'âme</em>"</span></p><p style="text-align: justify; padding-left: 30px;"><span style="font-size: small;">- Quel philosophe anglais est l'auteur de La Nouvelle Atlantide, roman sur l'île utopique Bensalem ? Réponse : <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Francis_Bacon_(philosophe)" target="_blank" rel="noopener">Francis Bacon</a></span></p><p style="text-align: justify; padding-left: 30px;"><span style="font-size: small;">- De quel philosophe anglais se sont inspirés les auteurs de la série <em>Lost</em> pour la création de l'un de leur personnage ? Réponse : <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/John_Locke" target="_blank" rel="noopener">John Locke</a></span></p><p style="text-align: justify; padding-left: 30px;"><span style="font-size: small;">- Qui a parlé de la religion comme d'une "névrose obsessionnelle de l'Humanité ?" Réponse : <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Sigmund_Freud" target="_blank" rel="noopener">Sigmund Freud</a></span></p><p style="text-align: justify; padding-left: 30px;"><span style="font-size: small;">- Quel philosophe est tourné en dérision dans Les Nuées ? Réponse : </span><a style="font-size: small;" href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Socrate" target="_blank" rel="noopener">Socrate</a></p><p style="text-align: justify; padding-left: 30px;"><span style="font-size: small;">- Qui a dit : "<em>Les hommes se trompent en ce qu'ils se pensent être libres ?</em>" Réponse : <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Baruch_Spinoza" target="_blank" rel="noopener">Baruch Spinoza</a></span></p><p style="text-align: justify; padding-left: 30px;"><span style="font-size: small;">- Qui est l'auteur de la <em>Lettre à Newcastle</em> ? Réponse : </span><em style="font-size: small;"><a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Ren%C3%A9_Descartes" target="_blank" rel="noopener">Descartes</a></em></p><p style="text-align: justify; padding-left: 30px;"><span style="font-size: small;">- Que signifie "<em>Sapere aude</em>" ? Réponse : "<em>Aie le courage de te servir de ton propre entendement</em>"</span></p><p style="text-align: justify; padding-left: 30px;"><span style="font-size: small;">- Avec quel compositeur et ami <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Friedrich_Nietzsche" target="_blank" rel="noopener">Friedrich Nietzsche</a> s'est-il brouillé dans les dernières années de sa vie ? Réponse : Richard Wagner</span></p><p style="text-align: justify; padding-left: 30px;"><span style="font-size: small;">- Quel philosophe français, romancier et homme politique révolutionnaire est l'auteur de l'ouvrage "<em>Français, encore un effort !si vous voulez être Républicains</em>" ? Réponse : <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Donatien_Alphonse_Fran%C3%A7ois_de_Sade" target="_blank" rel="noopener">Le Marquis de Sade</a></span></p><p style="text-align: justify; padding-left: 30px;"><span style="font-s
Jacques-Emile Mirielhttp://jemiriel.hautetfort.com/about.htmlNietzsche, Heidegger et le nihilismetag:jemiriel.hautetfort.com,2015-03-19:55862272015-03-19T11:46:00+01:002015-03-19T11:46:00+01:00 Heidegger estimait que c'était avec Nietzsche que se...
<p style="text-align: left;"><img id="media-4975660" style="margin: 0.7em 0;" title="" src="http://jemiriel.hautetfort.com/media/00/01/3642943210.jpg" alt="nietzsche nihilisme.jpg" /></p><p style="text-align: justify;"> <span style="font-family: times new roman,times; font-size: medium;">Heidegger estimait que c'était avec Nietzsche que se clôturait l'histoire de la métaphysique, dont Platon avait ouvert le cours. Nietzsche a établi en effet la remise en cause des "valeurs", sur lesquelles était fondée la civilisation occidentale. "La mort de Dieu" résume ce tournant. Heidegger le met aussitôt en relation avec un autre concept nietzschéen, "la volonté de puissance", qui lui semble adéquat pour créer des valeurs nouvelles à partir du champ de ruines. On perçoit évidemment ici le danger, en quelque sorte l'<em>arbitraire</em>, qui peut en résulter. La pensée de Nietzsche recélait des virtualités, dont lui-même aurait certainement été effrayé s'il avait pu savoir que par la suite elles seraient "récupérées" de la sorte. Heidegger a cru que l'avènement du nazisme était propice au règne de "valeurs" à réinventer, et que celles-ci allaient éclore sur les terres fumantes de nihilisme du IIIe Reich. Heidegger écrivait par exemple dans son cours sur Nietzsche du semestre 1941-1942 : "il faut que toute participation humaine à l'accomplissement du <em>nouvel ordre</em> porte en soi l'insigne de la<em> totalité</em>" [souligné par moi]. Heidegger mène très loin les idées de Nietzsche, profitant de leur nature antidémocratique. L'histoire devait cependant donner tort à Heidegger et à son exploitation philosophique du "nihilisme extrême". Il n'en reste pas moins que l'ordre démocratique qui s'installa après la guerre ne résolut pas entièrement la question ; et qu'il la laissa même en plan, dans une sorte d'ambiguïté fondamentale, qui fit que le nihilisme put encore avoir de beaux jours devant lui. Je préfère sans doute cette tranquillité imparfaite, toute nihiliste soit-elle. Elle n'interdit pas par exemple, quant à elle, le retour à quelques traditions anciennes, pour tenter d'apporter des réponses pacifiques au malaise qui continue. Le nihilisme n'a pas été qu'une crise passagère, la métaphysique elle-même en a été affectée, comme ont su le reconnaître Nietzsche, et Heidegger à sa suite. Mais le diagnostic seul était bon ; il reste toujours à l'homme la tâche si périlleuse de trouver les remèdes appropriés à ce mal profond, qui ne cesse pas. Enjeu très incertain, comme je le pense, face au monde moderne.<br /></span></p><p style="text-align: left;"><span style="font-family: times new roman,times; font-size: x-small;">Illustration : photographie de Nietzsche</span> </p>
NC Saint-Mauricehttp://changezdere.hautetfort.com/about.htmlTerrorisme : non au ”patriot act”tag:changezdere.hautetfort.com,2015-01-18:55366492015-01-18T17:01:00+01:002015-01-18T17:01:00+01:00 Depuis les derniers attentats, les "érudits" du Patriot Act sortent...
<p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;">Depuis les derniers attentats, les "érudits" du <em><strong>Patriot Act</strong></em> sortent l'artillerie lourde.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;">On croyait les trouver du côté des extrêmes, ils sont à l'UMP !!</span></p><p style="text-align: justify;"> </p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;">Le combat contre l'ignorance ne se fera que par la maîtrise des connaissances des élèves et contre les tentatives d'<em>entrisme</em> des croyances au sein de l'Education nationale.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;">De même, les parents ont un rôle prédominant de veille et d'éducation. Les catastrophes nationales sont issues des catastrophes éducatives. </span></p><p style="text-align: justify;"> </p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;">Cette citation de Platon devrait nous y faire réfléchir... Elle est tellement d'actualité, 2 400 ans après avoir été prononcée...</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;">Qu'en on fait nos professionnels de la politique et les "réformistes" de Droite comme de Gauche ?</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;">Qu'en avons-nous fait ?</span></p><p> </p><p style="text-align: center;"><img id="media-4853171" style="margin: 0.7em 0;" title="" src="http://changezdere.hautetfort.com/media/01/02/1495649796.jpg" alt="934736_10152757645523640_5501371867569316074_n.jpg" /></p><p> </p><p> </p>
Zedhttp://metapoinfos.hautetfort.com/about.htmlL'homme défiguré...tag:metapoinfos.hautetfort.com,2014-12-23:55177912014-12-23T16:00:00+01:002014-12-23T16:00:00+01:00 Les éditions Apopsix viennent de publier un essai d' Ivan Blot intitulé...
<p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;">Les éditions Apopsix viennent de publier un essai d'<strong>Ivan Blot</strong> intitulé <strong><em>L'Homme défiguré</em></strong>.</span> <span style="font-size: small;">Président de l'association "Démocratie directe", Ivan Blot a récemment publié <a href="http://metapoinfos.hautetfort.com/archive/2011/05/31/l-oligarchie-au-pouvoir.html"><em><strong>L'oligarchie au pouvoir</strong></em></a> (Economica, 2011), <em><strong>La démocratie directe</strong></em> (Economica, 2012), <a href="http://metapoinfos.hautetfort.com/archive/2013/03/31/les-faux-prophetes.html"><em><strong>Les faux prophètes</strong></em></a> (Apopsix, 2013) et <a href="http://metapoinfos.hautetfort.com/archive/2014/07/28/nous-les-descendants-d-athena-5418651.html"><strong><em>Nous les descendant d'Athéna</em></strong></a> (Apopsix, 2014).</span></p><p style="text-align: center;"><img id="media-4821282" style="margin: 0.7em 0;" title="" src="http://metapoinfos.hautetfort.com/media/01/00/3235471851.jpg" alt="Homme défiguré.jpg" width="199" height="292" /></p><blockquote><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;">" Le vingtième siècle, avec ses guerres mondiales, ses totalitarismes et ses génocides, a été l'un des plus barbares de notre histoire. Le culte d'une raison calculatrice et froide au service de mauvais instincts est la cause majeure. Notre monde moderne oublie l'existence douée de sens pour réduire la vie à sa seule dimension biologique et économique. Il détraque la personne humaine en combattant l'antique alliance du cœur et de la raison pour discipliner le chaos du dragon des instincts. Il méprise les institutions et traditions, ouvrant la porte à la violence révolutionnaire et à la montée du crime. Il méprise la spiritualité (qui se venge à travers l'islamisme extrémiste) en laissant la jeunesse dans un monde matérialiste et sans repères.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;">Ivan Blot examine quatre thèmes (l'existence humaine, la personne humaine, l'importance des traditions et des institutions pour l'homme, la spiritualité incarnée et les limites de la raison) et esquisse des voies de sortie de cette impasse à l'aide d'Aristote, Heidegger, Nietzsche, Kierkegaard, Platon, Dostoïevski, Gehlen, Hayek, Dumézil, Jean Climaque ou encore Grégoire Palamas.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;">Il constate que l'Occident s'enfonce dans un monde « im-monde » où l'Ego remplace Dieu, l'argent le sens de l'honneur, les masses la personnalité humaniste et le calcul économique et technique la famille et les racines qui donnent sens à notre vie. Par contraste, la nouvelle Russie retrouve l'humanisme de notre Civilisation, et c'est pourquoi elle est tant calomniée. "</span></p><p style="text-align: justify;"> </p></blockquote><p> </p><p> </p><p> </p>
Zedhttp://metapoinfos.hautetfort.com/about.htmlLa tyrannie démocratique ?...tag:metapoinfos.hautetfort.com,2014-09-29:54562862014-09-29T10:00:00+02:002014-09-29T10:00:00+02:00 Nous reproduisons ci-dessous une chronique de Michel Onfray datée du mois...
<p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;">Nous reproduisons ci-dessous une chronique de <strong>Michel Onfray</strong> datée du mois de septembre 2014 et cueillie sur <a href="http://mo.michelonfray.fr/">son site personnel</a>. Une prise de position, parmi d'autres de l'auteur, qui énerve les aboyeurs stipendiés du système...<br /></span></p><p style="text-align: center;"><img id="media-4704264" style="margin: 0.7em 0;" title="" src="http://metapoinfos.hautetfort.com/media/01/00/3150398436.jpg" alt="Onfray.jpg" width="480" height="359" /></p><p> </p><blockquote><p style="text-align: justify;"><strong><span style="font-size: medium;">La tyrannie démocratique</span></strong></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;">Pour les besoins d’un travail en cours, je reprends mes fiches sur Platon. Relisant mes notes concernant <strong>La République</strong>, je tombe sur une critique de la démocratie qui me stupéfie par sa vérité.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;">La démocratie, c’est sa nature, s’avère le régime le plus à même de donner ses chances à l’exercice de la liberté. Mais, anthropologie oblige, la pente naturelle des hommes consiste à vouloir toujours plus de liberté. Chacun veut pouvoir faire ce qu’il veut, quand il veut, comme il veut, sans se soucier d’autrui. L’autorité passe pour une contrainte inadmissible. Elle est vilipendée, détestée, détruite. Si un chef n’est pas assez docile aux revendications de son peuple, il passe pour un tyran, un dictateur, aujourd’hui on dirait : un fasciste, un stalinien…</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;">Platon écrit qu’une cité de ce genre « loue et honore, dans le privé comme en public, les gouvernants qui ont l’air de gouvernés et les gouvernés qui prennent l’air de gouvernants » (562,d). L’actualité lui donne raison : Giscard se faisant photographier torse nu et velu dans une piscine, jouant au football avec une culotte à manches courtes, Sarkozy filmé lui aussi dans ce genre de culotte devenue bouffante pour son format, suant, transpirant, trempé d’humeurs montrées comme les saintes huiles, Hollande se voulant un président normal et photographié en short et polo sur la plage ou arborant un sourire béat sous une pluie battante pour montrer qu’il mouille sous l’averse comme chacun de ses électeurs, nos présidents veulent montrer qu’ils sont comme tout le monde – poilus, sportifs, en sueur, mouillés par la pluie…</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;">De même les exemples de gouvernés qui prennent l’air de gouvernants ne manquent pas : les joueurs de foot décérébrés, les comédiens incultes, les acteurs narcissiques, les vedettes de télévision, les chanteurs de ritournelles à deux neurones ou les stars du rap se comportent dans la vie comme s’ils étaient des princes, des rois, des empereurs à qui tout est dû.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;">Il en va de même avec le quidam qui se comporte avec ses semblables comme un Roi dans son royaume : malpoli avec son téléphone portable quand il nous inflige ses conversations indigentes, fonçant dans le troupeau pour s’asseoir à la meilleure place en écrasant un ancien ou en piétinant une femme enceinte, passant devant tout le monde dans une file d’attente, se bâfrant d’une poignée de cerises ou d’un abricot pour goûter avant d’acheter… sans acheter, les exemples ne manquent pas.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;">Le résultat écrit Platon est « que le père s’accoutume à traiter son fils comme son égal et à redouter ses enfants, que le fils s’égale à son père et n’a ni respect ni crainte pour ses parents, parce qu’il veut être libre, que le métèque devient l’égal du citoyen, le citoyen du métèque, et l’étranger pareillement » (562, e-563, a). Parce que le fils ne craint plus le père ni l’élève son maître, c’est le père qui craint son fils et le maître son élève. La peur qui existait de l’inférieur au supérieur ne disparait pas, elle s’inverse : le supérieur se met alors à craindre l’inférieur. Mais la crainte n’a pas disparu. « Ainsi l’excès de liberté doit aboutir à un excès de servitude, et dans l’individu et dans l’Etat » (564,a). La flatterie devient la règle – la démagogie en est la forme contemporaine. Petit à petit, à force de démocratie, le démocrate fait le lit du tyran.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;">Impressionnant de vérité…</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;"><strong>Michel Onfray</strong> (Chronique mensuelle de Michel Onfray, septembre 2014)</span></p></blockquote>
Ratatoskhttp://euro-synergies.hautetfort.com/about.htmlL’allégorie de la caverne au XXIème siècletag:euro-synergies.hautetfort.com,2014-09-11:54435332014-09-11T00:05:00+02:002014-09-11T00:05:00+02:00 L’allégorie de la caverne au XXIème siècle Auteur : François...
<p style="text-align: center;"><img id="media-4684000" style="margin: 0.7em 0;" title="" src="http://euro-synergies.hautetfort.com/media/02/01/1024485576.jpg" alt="gods_plato.jpg" /></p><h1 style="text-align: left;"><span style="font-family: arial black, avant garde; color: #ff6600; font-size: xx-large;"><strong>L’allégorie de la caverne au XXIème siècle</strong></span></h1><div class="news-info" style="text-align: left;"><span style="font-family: arial black, avant garde; font-size: large;"><strong><span style="color: #c0c0c0;">Auteur : François Belliot </span></strong></span></div><div class="news-info" style="text-align: left;"><span style="font-family: arial black, avant garde; font-size: large;"><strong><span style="color: #c0c0c0;">Ex: <a href="http://zejournal.mobi/"><span style="color: #c0c0c0;">http://zejournal.mobi</span></a> </span></strong></span></div><p style="text-align: left;"> </p><div id="preview_video" style="text-align: left;"> </div><div class="news-text" style="margin-top: 10px;" align="justify"><p style="text-align: left;"><strong><span style="font-family: arial, helvetica, sans-serif; color: #c0c0c0; font-size: small;">En repensant à l’allégorie de la caverne dans la République de Platon, j’ai été frappé par la ressemblance entre la situation des hommes enchaînés dans la caverne et condamnés à ne percevoir de la réalité que les ombres agités par des « marionnettistes », et celle des citoyens consommateurs abrutis par la propagande politique et commerciale que nous sommes devenus en ce début de XXIème siècle. Voici une version actualisée possible de « l’allégorie de la caverne ». Les deux personnages, Socrate, et Glaucon, sont conservés, et je colle largement à la trame utilisée par Socrate dans sa démonstration. J’ai conservé quelques morceaux intacts (dans la traduction sur laquelle je me suis basé). Pour que le lecteur comprenne pleinement l’approche, j’indique à la fin de l’article le lien renvoyant à la traduction de l’allégorie de la caverne sur laquelle je me suis basé. </span></strong></p><p style="text-align: left;"><strong><span style="font-family: arial, helvetica, sans-serif; color: #c0c0c0; font-size: small;">Socrate : Je voudrais mon cher Glaucon, te montrer à quel point notre vision du monde est déterminée par l’éducation, et à quel point une éducation délibérément orientée dans une mauvaise direction, peut fausser le jugement dans des proportions étonnantes. Imagine un monde dans lequel les hommes vivent dans des villes ceintes de très hautes murailles et surplombées d’un dôme les isolant totalement de l’extérieur. Il y vivent depuis si longtemps qu’ils ont complètement oublié le souvenir de leur installation. Ils peuvent se déplacer, d’une ville à l’autre, mais uniquement dans des véhicules circulant dans un réseau souterrain. Ils ne peuvent donc s’aventurer en dehors des villes et des véhicules et voir de leurs propres yeux à quoi ressemble le « dehors ». A défaut de contact direct avec l’extérieur, les hommes de ce monde sont inondés d’une prodigieuse quantité d’informations sur le dehors diffusées par le biais de chaînes de radio, de télévision, de quotidiens, de magazines, et de livres. Ces médias présentent une diversité apparente : ils s’entendent pour exposer régulièrement leurs désaccords sur des points mineurs, donnant le sentiment aux hommes qu’ils peuvent choisir entre ces différents canaux d’information. Toutefois, sur la question la plus importante : « que se passe-t-il au dehors ? », ces médias sont unanimes pour peindre une réalité terrifiante, afin d’imprimer dans l’esprit des hommes que ces villes entièrement coupées du monde sont d’indispensables refuges. Sur toute la surface de la terre, dans toutes les villes, tous ces médias peignent le même tableau et adressent les mêmes mises en garde. Chaque fois qu’ils voyagent d’une ville à une autre, les hommes se rendent bien compte que l’information, malgré certaines particularités locales, est partout la même, ce qui renforce leur confiance en cette vision du dehors. Je dis « vision » car cette présentation du dehors est un mensonge organisé par une caste de marionnettistes qui sont parvenus, au fil des millénaires, à réduire le reste de l’humanité en esclavage. Au dehors, le monde est le même que celui dans lequel nous vivons, c’est à dire un monde vaste, magnifique, et peuplé d’innombrables espèces de plantes et d’animaux. Pour vivre l’existence libre et opulente à laquelle ils se croient seuls prédestinés, ces marionnettistes ont besoin du travail d’un grand nombre d’hommes, et comme en même temps ils les méprisent et ont horreur de se mélanger avec eux, ils ont mis au point ce complexe de gigantesques structures, dispersées un peu partout à la surface de la terre. Au sommet de chacune d’elles, à l’air libre, vit un petit groupe de marionnettistes qui assurent le fonctionnement de la structure. Ces marionnettistes ne se mêlent aux hommes d’en bas que pour les opérations de propagande destinées à conforter le formatage, et pour recueillir le fruit de leur travail. Dans les premiers temps, ils ont été contraints de recourir à l’extrême violence, mais par la suite ils se sont rendus compte qu’il était plus efficace de fabriquer le consentement de leurs esclaves, en leur enseignant une fausse histoire et en les abrutissant de propagande politique et commerciale. C’est ainsi qu’entrés avec des chaînes dans ces camps de concentration, ils ont fini par les considérer comme les derniers havres de liberté sur la terre. Du reste, les conditions de vie de ces hommes sont loin d’être atroces : ils vivent un peu entassés les uns sur les autres, ont peu de pièces dans leurs logements, mais ils mangent à leur faim, peuvent s’apparier avec qui ils l’entendent, et leur esprit est occupé par une multitude de divertissements en tous genres diffusés par les médias qui viennent adoucir la rudesse de leur quotidien. Pour donner encore plus d’assurance à leur emprise mentale, les marionnettistes ont créé et favorisé la diffusion d’une religion élevant le mensonge organisé en vérité éternelle, et promettant les pires châtiments envers ceux qui remettraient en cause la révélation.</span></strong></p><p style="text-align: left;"><strong><span style="font-family: arial, helvetica, sans-serif; color: #c0c0c0; font-size: small;">Glaucon : C’est un monde terrifiant que tu me décris là, Socrate.</span></strong></p><p style="text-align: left;"><strong><span style="font-family: arial, helvetica, sans-serif; color: #c0c0c0; font-size: small;">Socrate : C’est une fiction, Glaucon, rassure-toi. Des hommes réduisent en esclavage d’autres hommes depuis la nuit des temps, parfois sur une vaste échelle, mais personne n’a encore conçu un plan aussi machiavélique que celui-ci. Mon propos est simplement de te montrer combien il est difficile de se libérer d’une erreur, quand on y a cru pendant trop longtemps.</span></strong></p><p style="text-align: left;"><strong><span style="font-family: arial, helvetica, sans-serif; color: #c0c0c0; font-size: small;">Glaucon : En tous cas ce sont d’étranges prisonniers.</span></strong></p><p style="text-align: left;"><strong><span style="font-family: arial, helvetica, sans-serif; color: #c0c0c0; font-size: small;">Socrate : Et ils nous ressemblent pourtant. Dis moi… Penses-tu que ces hommes aient jamais vu autre chose que cette réalité du dehors complètement déformée par les médias qu’ils consultent quotidiennement et en lesquels ils se fient ?</span></strong></p><p style="text-align: left;"><strong><span style="font-family: arial, helvetica, sans-serif; color: #c0c0c0; font-size: small;">Glaucon : N’oublies-tu pas internet dans ta liste de médias ? Avec internet, ils pourraient développer une forme d’autonomie. </span></strong></p><p style="text-align: left;"><strong><span style="font-family: arial, helvetica, sans-serif; color: #c0c0c0; font-size: small;">Socrate : Non, les marionnettistes ont depuis longtemps interdit internet dans les villes. Les internautes vivant dans ces lieux confinés n’auraient de toute façon, comme tous les autres habitants, aucun moyen de savoir ce qui se passe « au dehors ».</span></strong></p><p style="text-align: left;"><strong><span style="font-family: arial, helvetica, sans-serif; color: #c0c0c0; font-size: small;">Glaucon : Alors c’est impossible.</span></strong></p><p style="text-align: left;"><strong><span style="font-family: arial, helvetica, sans-serif; color: #c0c0c0; font-size: small;">Socrate : Bref, pour tous ces hommes, le vrai n’est rien d’autre que l’ensemble de ces informations arrangées.</span></strong></p><p style="text-align: left;"><strong><span style="font-family: arial, helvetica, sans-serif; color: #c0c0c0; font-size: small;">Glaucon : Absolument.</span></strong></p><p style="text-align: left;"><strong><span style="font-family: arial, helvetica, sans-serif; color: #c0c0c0; font-size: small;">Socrate: imagine ce qui se passerait si l’un de ces hommes, étant parvenu grâce à un mélange de chance et d’ingéniosité à comprendre la manipulation, se mettait en peine de convaincre, dans un cadre privé, un individu absolument confiant dans ce système. La très longue imprégnation de cette « réalité », la perte d’habitude de l’esprit critique, les commandements « religieux » spécifiques instillés dès l’enfance, le caractère unanime de la vision du monde imposée dans les médias, tous ces conditionnements ne le rendraient-il pas incapable d’accepter une telle explication? Comment réagirait cet homme si cet aventurier lui disait que ce qu’il considère comme la réalité est un tissu de mensonges et d’illusions?</span></strong></p><p style="text-align: left;"><strong><span style="font-family: arial, helvetica, sans-serif; color: #c0c0c0; font-size: small;">Glaucon : La vision du monde des marionnettistes lui semblerait plus vraie.</span></strong></p><p style="text-align: left;"><strong><span style="font-family: arial, helvetica, sans-serif; color: #c0c0c0; font-size: small;">Socrate: Et si cet aventurier lui plaçait devant les yeux des preuves évidentes et lui expliquait de façon cohérente et détaillée le fonctionnement du dispositif, il se sentirait envahi d’un très profond mal-être et fuirait ou interromprait brutalement la conversation pour retourner vers ce à quoi il est habitué depuis toujours, trouvant ces illusions plus vraies.</span></strong></p><p style="text-align: left;"><strong><span style="font-family: arial, helvetica, sans-serif; color: #c0c0c0; font-size: small;">Glaucon : Certainement.</span></strong></p><p style="text-align: left;"><strong><span style="font-family: arial, helvetica, sans-serif; color: #c0c0c0; font-size: small;">Socrate : et si cet aventurier disposait de plus de temps pour lui expliquer. S’il disposait d’une période au cours de laquelle il pourrait exposer tranquillement ses preuves, dans le même temps où l’autre n’aurait plus accès aux informations diffusées dans les médias, dans un premier temps n’éprouverait-il pas les pires réticences à l’écouter et le suivre ? Ne serait-il pas dans un premier temps incapable de distinguer la moindre chose qu’il lui dit être vraie ?</span></strong></p><p style="text-align: left;"><strong><span style="font-family: arial, helvetica, sans-serif; color: #c0c0c0; font-size: small;">Glaucon : Ce serait très difficile pour lui.</span></strong></p><p style="text-align: left;"><strong><span style="font-family: arial, helvetica, sans-serif; color: #c0c0c0; font-size: small;">Socrate: En effet, il devrait s’habituer. Pour commencer il accepterait de remettre en cause quelques informations qu’il a lui-même jugées douteuses. Cette première prise de conscience ferait naître d’autres doutes sur d’autres aspects de la manipulation. Et c’est seulement après un long et éprouvant cheminement intérieur qu’il parviendrait à combiner ces différents aspects dans un cadre interprétatif permettant de comprendre la manipulation dans son ensemble. A la fin du parcours, il serait enfin en état de se mettre à penser par lui-même et passer au crible les mensonges des médias au moment où ils sont diffusés. </span></strong></p><p style="text-align: left;"><strong><span style="font-family: arial, helvetica, sans-serif; color: #c0c0c0; font-size: small;">Glaucon : Effectivement.</span></strong></p><p style="text-align: left;"><strong><span style="font-family: arial, helvetica, sans-serif; color: #c0c0c0; font-size: small;">Socrate: Et ne penses-tu pas, alors, qu’il s’estimerait heureux de ce changement ? Ne plaindrait-il pas ceux qui restent dans l’ignorance, qui continuent à croire à toutes les sottises débitées par les marionnettistes ?</span></strong></p><p style="text-align: left;"><strong><span style="font-family: arial, helvetica, sans-serif; color: #c0c0c0; font-size: small;">Glaucon : Certainement.</span></strong></p><p style="text-align: left;"><strong><span style="font-family: arial, helvetica, sans-serif; color: #c0c0c0; font-size: small;">Socrate: Tous les honneurs accordés à ceux qui croient avec le plus de ferveur aux informations sur le dehors, et qui œuvrent inconsciemment à la pérennisation de ce système, penses-tu que notre homme les désirerait ? Ne préférerait-il plutôt pas n’être qu’un laboureur dans la réalité, plutôt qu’un savant au royaume des apparences ?</span></strong></p><p style="text-align: left;"><strong><span style="font-family: arial, helvetica, sans-serif; color: #c0c0c0; font-size: small;">Glaucon : Non seulement il ne voudrait plus jamais revivre comme avant, mais il en serait incapable.</span></strong></p><p style="text-align: left;"><strong><span style="font-family: arial, helvetica, sans-serif; color: #c0c0c0; font-size: small;">Socrate : S’il retournait à la place qui était la sienne pendant la première partie de sa vie, et continuait à vivre comme avant, comme si rien ne s’était passé, ne serait-il pas profondément malheureux ?</span></strong></p><p style="text-align: left;"><strong><span style="font-family: arial, helvetica, sans-serif; color: #c0c0c0; font-size: small;">Glaucon : Oui, certainement.</span></strong></p><p style="text-align: left;"><strong><span style="font-family: arial, helvetica, sans-serif; color: #c0c0c0; font-size: small;">Socrate: S’il était amené à donner franchement son point de vue sur le mensonge organisé qu’il a mis à jour, ne ferait-il pas rire ? On penserait que ses recherches lui ont abîmé l’esprit, ont installé en lui une obsession, qu’il ne vaut même pas la peine d’y réfléchir un instant. Et s’il insistait et dévoilait tout le fond de sa pensée, ses semblables n’iraient-ils pas jusqu’à le calomnier et l’abandonner, voire le dénoncer et le mettre à mort ?</span></strong></p><p style="text-align: left;"><strong><span style="font-family: arial, helvetica, sans-serif; color: #c0c0c0; font-size: small;">Glaucon : Sans doute.</span></strong></p><p style="text-align: left;"><strong><span style="font-family: arial, helvetica, sans-serif; color: #c0c0c0; font-size: small;">Socrate: et s’il se mettait à s’exprimer trop publiquement, n’aurait-il pas à encourir les foudres des marionnettistes ?</span></strong></p><p style="text-align: left;"><strong><span style="font-family: arial, helvetica, sans-serif; color: #c0c0c0; font-size: small;">Glaucon : Les marionnettistes ne sauraient en effet tolérer que leurs marionnettes accèdent à la conscience.</span></strong></p><p style="text-align: left;"><strong><span style="font-family: arial, helvetica, sans-serif; color: #c0c0c0; font-size: small;">Socrate : Un homme sensé sait qu’il y a deux causes à l’aveuglement, lorsque les yeux passent de la lumière à l’obscurité, et lorsque les yeux passent de l’obscurité à la lumière. Le même aveuglement guette l’esprit. C’est pourquoi lorsque nous rencontrons quelqu’un qui s’exprime de manière confuse sur des sujets difficiles, il ne faut pas rire de lui, mais examiner si, venant de la lumière, c’est par manque d’accoutumance qu’il semble dans le noir, ou si montant vers la lumière, il est frappé d’éblouissement. </span></strong></p><p style="text-align: left;"><strong><span style="font-family: arial, helvetica, sans-serif; color: #c0c0c0; font-size: small;">Glaucon : En effet.</span></strong></p><p style="text-align: left;"><strong><span style="font-family: arial, helvetica, sans-serif; color: #c0c0c0; font-size: small;">Socrate : Il nous faut donc conclure que l’éducation n’est pas ce que certains affirment qu’elle est. Ils affirment que le savoir se situe quelque part, dans un domaine déconnecté de l’esprit, mais qu’ils sont capables de le faire entrer dans l’esprit ! Comme s’ils pouvaient faire entrer la vision dans des yeux aveugles !</span></strong></p><p style="text-align: left;"><strong><span style="font-family: arial, helvetica, sans-serif; color: #c0c0c0; font-size: small;">Glaucon : C’est ce qu’ils affirment.</span></strong></p><p style="text-align: left;"><strong><span style="font-family: arial, helvetica, sans-serif; color: #c0c0c0; font-size: small;">Socrate : Mon argumentation montre plutôt que la faculté d’apprendre et de se tromper est dans l’esprit de chacun.</span></strong></p><p style="text-align: left;"><strong><span style="font-family: arial, helvetica, sans-serif; color: #c0c0c0; font-size: small;">Voici l’original, dans la traduction sur laquelle je me suis basé: http://www.cvm.qc.ca/jlaberge/103/TEXTES/Lectures/TE_Allegoriedelacaverne.pdf</span></strong></p><div style="text-align: left; color: #666;"><br /><strong><span style="font-family: arial, helvetica, sans-serif; color: #c0c0c0; font-size: small;">- Source : <a href="http://observatoire-terrorisme.com/lallegorie-de-la-caverne-au-xxieme-siecle/" target="_blank"><span style="color: #c0c0c0;">François Belliot</span></a> </span></strong></div></div>