Last posts on kant2024-03-29T08:09:01+01:00All Rights Reserved blogSpirithttps://www.hautetfort.com/https://www.hautetfort.com/explore/posts/tag/kant/atom.xmlCreseveurhttp://creseveur.hautetfort.com/about.htmlCahuzac distingue la morale de son retour en politiquetag:creseveur.hautetfort.com,2023-11-28:64731972023-11-28T17:27:47+01:002023-11-28T17:27:47+01:00
<p style="text-align: center;"><img id="media-6493413" style="margin: 0.7em 0;" title="" src="http://creseveur.hautetfort.com/media/02/02/816475664.jpg" alt="Cahuzac la morale c'est les autres.jpg" /></p>
Café philosophique de Montargishttp://cafephilosophique-montargis.hautetfort.com/about.htmlKant : La peur de la morttag:cafephilosophique-montargis.hautetfort.com,2023-01-16:64206282023-01-16T00:00:00+01:002023-01-16T00:00:00+01:00 La mort, nul n'en peut faire l'expérience par elle-même (car faire une...
<p><img src="http://cafephilosophique-montargis.hautetfort.com/media/02/01/2065719904.jpg" id="media-6414478" alt="" /></p><blockquote><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">La mort, nul n'en peut faire l'expérience par elle-même (car faire une expérience relève de la vie), mais on ne peut que la percevoir chez les autres. Est-elle douloureuse? Le râle ou les convulsions des mourants ne permettent pas d'en juger; ils paraissent plutôt une simple réaction mécanique de la force vitale et peut-être la douce impression de ce passage graduel qui libère tout la mal. La peur de la mort est naturelle à tous les hommes, et fût-ce au plus sage, n'est pas un frémissement d'horreur devant le fait de périr, mais comme le dit justement Montaigne*, devant la pensée d'avoir péri (d'être mort); cette pensée, le candidat au suicide s'imagine l'avoir encore après la mort, puisque le cadavre qui n'est plus lui, il le pense comme soi-même plongé dans l'obscurité de la tombe ou n'importe où ailleurs. L'illusion ici n'est pas à supprimer, car elle réside dans la nature de la pensée, en tant que parole qu'on adresse à soi-même et sur soi-même. La pensée que «je ne sois pas» ne peut absolument pas exister; car si je ne suis pas, je ne peux pas non plus être conscient que je ne suis pas.</span></p><p style="text-align: right;"><span style="font-size: 10pt;">Emmanuel Kant,<em> Anthropologie du point de vue pragmatique </em>(1789)</span></p><p style="text-align: right;"><span style="font-size: 8pt;"><em>Photo : Pexels - Joanne Adela Low</em></span></p></blockquote>
Café philosophique de Montargishttp://cafephilosophique-montargis.hautetfort.com/about.htmlIls ou elles ont dit, au sujet de la réussitetag:cafephilosophique-montargis.hautetfort.com,2022-06-14:63871092022-06-14T00:00:00+02:002022-06-14T00:00:00+02:00 "On ne devient pas soudain un taureau ou un homme d’élite, il y faut de...
<p><img src="http://cafephilosophique-montargis.hautetfort.com/media/01/01/3054247557.jpg" id="media-6365885" alt="" /></p><blockquote><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">"On ne devient pas soudain un taureau ou un homme d’élite, il y faut de l’exercice, de la préparation. Et ne pas se lancer à l’aveugle dans des entreprises qui ne sont pas à notre portée." [Épictète]</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">" Les hommes − il ne faut pas s’en étonner − paraissent concevoir le bien et le bonheur d’après la vie qu’ils mènent." [Aristote] </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">"Puisque toute connaissance et toute décision librement prise vise quelque bien, quel est le but que nous assignons à la politique et quel est le souverain bien de notre activité ? Sur son nom du moins il y a assentiment presque général : c'est le bonheur." [Aristote]</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">"Prends le jour qui s'offre, ne fais pas crédit à demain." [Horace]</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">"Il faut retrancher ses deux choses : la crainte de l’avenir, le souvenir des maux anciens. Ceux-ci ne me concernent plus et l’avenir ne me concerne pas encore." [Sénèque]</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">"Nul n’est heureux s’il ne jouit de ce qu’il aime." [Saint Augustin]</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">"Il ne faut juger notre heur qu’après notre mort." [Montaigne]</span><br /><span style="font-size: 10pt;"> </span><br /><span style="font-size: 10pt;">"Qui commence par les certitudes finira par le doute. Mais qui s’éveille au doute trouvera les certitudes." [Francis Bacon] </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">"Tous les hommes recherchent d’être heureux. Ceci est sans exception, quelques différents moyens qu’ils y emploient." [Pascal]</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">"On n’est jamais si heureux ni si malheureux qu’on s’imagine." [La Rochefoucauld]</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">"Cultive tes facultés mentales et corporelles pour les rendre aptes à toutes les fins qui peuvent se présenter à toi, ignorant quelles seront celles qui seront les tiennes." [Emmanuel Kant]</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">"Être heureux est nécessairement le désir de tout être raisonnable mais fini (…), c’est un problème qui nous est posé par la nature finie elle-même car nous avons des besoins et ces besoins concernent la matière de notre faculté de désirer." [Emmanuel Kant]</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">"“Adieu, tâche de t'en sortir... Moi, j'ai raté ma vie.”" [Émile Zola] </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">"Tu dois devenir qui tu es." [Friedrich Nietzsche]</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">"La grandeur de l’homme, c’est qu’il est un pont et non une fin." [Friedrich Nietzsche]</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">"Fuis, mon ami, fuis dans ta solitude, là−haut où souffle un vent rude et fort. Ce n’est pas ta destinée d’être un chasse−mouches." [Friedrich Nietzsche]</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">"L’homme qui manque de maturité veut mourir noblement pour une cause. L’homme qui a atteint la maturité veut vivre humblement pour une cause." [Wilhelm Steket]</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">"Il faut suivre sa pente, mais en montant." [André Gide]</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">"Le miracle de la liberté consiste dans ce pouvoir-commencer". [Hanna Arendt]</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">"Chaque homme est en lui-même un nouveau commencement". [Hanna Arendt]</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">"Contre l'imprévisibilité, contre la chaotique incertitude de l'avenir, le remède se trouve dans la faculté de faire et de tenir des promesses." [Hanna Arendt]</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">"Le temps d’apprendre à vivre, il est déjà trop tard." [Aragon]</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">"Cet échec vers lequel tu cours, c’est un genre d’échec particulier, et horrible." [JD Salinger] </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">"Je crois que l'on devient ce que notre père nous a enseigné dans les temps morts, quand il ne se souciait pas de nous éduquer. On se forme sur des déchets de sagesse." [Umberto Eco]</span></p></blockquote><p style="text-align: right;"><em>Photo - Andrea Piacquadio - Pexels</em></p>
Café philosophique de Montargishttp://cafephilosophique-montargis.hautetfort.com/about.htmlKant : La bonne volontétag:cafephilosophique-montargis.hautetfort.com,2022-06-01:62392132022-06-01T13:34:00+02:002022-06-01T13:34:00+02:00 De tout ce qu’il est possible de concevoir dans le monde, et même en...
<blockquote><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">De tout ce qu’il est possible de concevoir dans le monde, et même en général hors du monde, il n’est rien qui puisse sans restriction être tenu pour bon, si ce n’est seulement une BONNE VOLONTÉ. L’intelligence, le don de saisir les ressemblances des choses, la faculté de discerner le particulier pour en juger, et les autres talents de l’esprit, de quelque nom qu’on les désigne, ou bien le courage, la décision, la persévérance dans les desseins, comme qualités du tempérament, sont sans doute à bien des égards choses bonnes et désirables ; mais ces dons de la nature peuvent devenir aussi extrêmement mauvais et funestes si la volonté qui doit en faire usage, et dont les dispositions propres s’appellent pour cela caractère, n’est point bonne. Il en est de même des dons de la fortune. Le pouvoir, la richesse, la considération, même la santé ainsi que le bien-être complet et le contentement de son état, ce qu’on nomme le bonheur, engendrent une confiance en soi qui souvent aussi se convertit en présomption, dès qu’il n’y a pas une bonne volonté pour redresser et tourner vers des fins universelles l’influence que ces avantages ont sur l’âme, et du même coup tout le principe de l’action ; sans compter qu’un spectateur raisonnable et impartial ne saurait jamais éprouver de satisfaction à voir que tout réussisse perpétuellement à un être que ne relève aucun trait de pure et bonne volonté, et qu’ainsi la bonne volonté paraît constituer la condition indispensable même de ce qui nous rend dignes d’être heureux.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">Il y a, bien plus, des qualités qui sont favorables à cette bonne volonté même et qui peuvent rendre son œuvre beaucoup plus aisée, mais qui malgré cela n’ont pas de valeur intrinsèque absolue, et qui au contraire supposent toujours encore une bonne volonté. C’est là une condition qui limite la haute estime qu’on leur témoigne du reste avec raison, et qui ne permet pas de les tenir pour bonnes absolument. La modération dans les affections et les passions, la maîtrise de soi, la puissance de calme réflexion ne sont pas seulement bonnes à beaucoup d’égards, mais elles paraissent constituer une partie même de la valeur intrinsèque de la personne ; cependant il s’en faut de beaucoup qu’on puisse les considérer comme bonnes sans restriction (malgré la valeur inconditionnée que leur ont conférée les anciens). Car sans les principes d’une bonne volonté elles peuvent devenir extrêmement mauvaises ; le sang-froid d’un scélérat ne le rend pas seulement beaucoup plus dangereux, il le rend aussi immédiatement à nos yeux plus détestable encore que nous ne l’eussions jugé sans cela.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">Ce qui fait que la bonne volonté est telle, ce ne sont pas ses œuvres ou ses succès, ce n’est pas son aptitude à atteindre tel ou tel but proposé, c’est seulement le vouloir ; c’est-à-dire que c’est en soi qu’elle est bonne ; et, considérée en elle-même, elle doit sans comparaison être estimée bien supérieure à tout ce qui pourrait être accompli par elle uniquement en faveur de quelque inclination et même, si l’on veut, de la somme de toutes les inclinations. Alors même que, par une particulière défaveur du sort ou par l’avare dotation d’une nature marâtre, cette volonté serait complètement dépourvue du pouvoir de faire aboutir ses desseins ; alors même que dans son plus grand effort elle ne réussirait à rien ; alors même qu’il ne resterait que la bonne volonté toute seule (je comprends par là, à vrai dire, non pas quelque chose comme un simple vœu, mais l’appel à tous les moyens dont nous pouvons disposer), elle n’en brillerait pas moins, ainsi qu’un joyau, de son éclat à elle, comme quelque chose qui a en soi sa valeur tout entière. L’utilité ou l’inutilité ne peut en rien accroître ou diminuer cette valeur. L’utilité ne serait en quelque sorte que la sertissure qui permet de mieux manier le joyau dans la circulation courante ou qui peut attirer sur lui l’attention de ceux qui ne s’y connaissent pas suffisamment, mais qui ne saurait avoir pour effet de le recommander aux connaisseurs ni d’en déterminer le prix.</span></p><p style="text-align: right;"><span style="font-size: 10pt;"><a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Emmanuel_Kant" target="_blank" rel="noopener">Emmanuel Kant</a>,<em> Fondements de la métaphysique des mœurs</em> (1785)</span></p></blockquote>
Café philosophique de Montargishttp://cafephilosophique-montargis.hautetfort.com/about.htmlKant : Le génie est le talent qui donne les règles à l’arttag:cafephilosophique-montargis.hautetfort.com,2022-05-31:62264832022-05-31T08:31:08+02:002022-05-31T08:31:08+02:00 Le génie est le talent (don naturel), qui donne les règles à l’art....
<blockquote><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">Le génie est le talent (don naturel), qui donne les règles à l’art. Puisque le talent, comme faculté innée de l’artiste, appartient lui-même à la nature, on pourrait s’exprimer ainsi : le génie est la disposition innée de l’esprit par laquelle la nature donne les règles à l’art...</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">Tout art en effet suppose des règles sur le fondement desquelles un produit est tout d’abord représenté comme possible, si on doit l’appeler un produit artistique. Le concept des beaux-arts ne permet pas que le jugement sur la beauté de son produit soit dérivé d’une règle quelconque, qui possède comme principe de détermination un concept, et par conséquent il ne permet pas que l’on pose au fondement un concept de la manière dont le produit est possible. Aussi bien les beaux-arts ne peuvent pas eux-mêmes concevoir la règle d’après laquelle ils doivent réaliser leur produit. Or, puisque sans une règle qui le précède le produit ne peut jamais être dit un produit de l’art, il faut que la nature donne la règle à l’art dans le sujet ; en d’autres termes, les beaux-arts ne sont possibles que comme produits du génie.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">On voit par là que le génie :</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">1° est un talent, qui consiste à produire, dont on ne saurait donner aucune règle déterminée ; il ne s’agit pas d’une aptitude à ce qui peut être appris d’après une règle quelconque ; il s’ensuit que l’originalité doit être sa première propriété ;</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">2° que l’absurde aussi pouvant être original, ses produits doivent en même temps être des modèles, c’est-à-dire exemplaires et par conséquent, que sans avoir été eux-mêmes engendrés par l’imitation, ils doivent toutefois servir aux autres de mesure ou de règle de jugement ;</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">3° qu’il ne peut décrire lui-même ou exposer scientifiquement comment il réalise ce produit, et qu’au contraire c’est en tant que nature qu’il donne la règle ; c’est pourquoi le créateur d’un produit qu’il doit au génie, ne sait pas lui-même comment se trouvent en lui les idées qui s’y rapportent et il n’est en son pouvoir ni de concevoir à volonté ou suivant un plan de telles idées, ni de les communiquer aux autres dans des préceptes, qui les mettraient à même de réaliser des produits semblables ;</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">4° que la nature à travers le génie ne prescrit pas de règle à la science, mais à l’art ; et que cela n’est le cas que s’il s’agit des beaux-arts”.</span></p><p style="text-align: right;"><span style="font-size: 10pt;"><a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Emmanuel_Kant" target="_blank" rel="noopener">Emmanuel Kant</a>, Critique de la faculté de juger (1790)</span></p></blockquote>
Café philosophique de Montargishttp://cafephilosophique-montargis.hautetfort.com/about.htmlKant : Le champ du génietag:cafephilosophique-montargis.hautetfort.com,2022-05-31:62247422022-05-31T08:27:23+02:002022-05-31T08:27:23+02:00 Le véritable champ du génie est celui de l'imagination, parce qu'elle est...
<blockquote><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">Le véritable champ du génie est celui de l'imagination, parce qu'elle est créatrice et qu'elle se trouve moins que d'autres facultés sous la contrainte des règles; ce qui la rend d'autant plus capable d'originalité. La démarche mécanique de l'enseignement, en forçant à toute heure l'élève à l'imitation, est assurément préjudiciable à la levée de germe du génie, en son originalité. Tout art réclame cependant certaines règles mécaniques fondamentales, celle de l'adéquation de l'œuvre à l'idée sous-jacente, c'est-à-dire la vérité dans la représentation de l'objet conçu en pensée. Cette exigence doit être apprise avec la rigueur de l'école, elle est à la vérité un effet de l'imitation. Quant à la libérer l'imagination de cette contrainte et à laisser le talent hors du banal procéder sans règles et s'exalter jusqu'à contredire la nature, cela pourrait bien donner une folie originale qui ne serait tout de même pas exemplaire, et ne pourrait donc pas non plus être rangée dans le génie.</span></p><p style="text-align: right;"><span style="font-size: 10pt;"><a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Emmanuel_Kant" target="_blank" rel="noopener">Emmanuel Kant</a>, <em>Anthropologie d'un point de vue pragmatique</em> (1798)</span></p></blockquote>
Café philosophique de Montargishttp://cafephilosophique-montargis.hautetfort.com/about.htmlIl ont dit, au sujet de la réussitetag:cafephilosophique-montargis.hautetfort.com,2022-05-31:62231732022-05-31T08:24:57+02:002022-05-31T08:24:57+02:00 "On ne devient pas soudain un taureau ou un homme d’élite, il y faut de...
<p><img src="http://cafephilosophique-montargis.hautetfort.com/media/02/00/1742123634.jpg" id="media-6106631" alt="" /></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">"On ne devient pas soudain un taureau ou un homme d’élite, il y faut de l’exercice, de la préparation. Et ne pas se lancer à l’aveugle dans des entreprises qui ne sont pas à notre portée." [Épictète]</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">" Les hommes − il ne faut pas s’en étonner − paraissent concevoir le bien et le bonheur d’après la vie qu’ils mènent." [Aristote] </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">"Puisque toute connaissance et toute décision librement prise vise quelque bien, quel est le but que nous assignons à la politique et quel est le souverain bien de notre activité ? Sur son nom du moins il y a assentiment presque général : c'est le bonheur." [Aristote]</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">"Prends le jour qui s'offre, ne fais pas crédit à demain." [Horace]</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">"Il faut retrancher ses deux choses : la crainte de l’avenir, le souvenir des maux anciens. Ceux-ci ne me concernent plus et l’avenir ne me concerne pas encore." [Sénèque]</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">"Nul n’est heureux s’il ne jouit de ce qu’il aime." [Saint Augustin]</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">"Il ne faut juger notre heur qu’après notre mort." [Montaigne]</span><br /><br /><span style="font-size: 10pt;">"Qui commence par les certitudes finira par le doute. Mais qui s’éveille au doute trouvera les certitudes." [Francis Bacon]</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">"Tous les hommes recherchent d’être heureux. Ceci est sans exception, quelques différents moyens qu’ils y emploient." [Pascal]</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">"On n’est jamais si heureux ni si malheureux qu’on s’imagine." [La Rochefoucauld]</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">"Cultive tes facultés mentales et corporelles pour les rendre aptes à toutes les fins qui peuvent se présenter à toi, ignorant quelles seront celles qui seront les tiennes." [Emmanuel Kant]</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">"Être heureux est nécessairement le désir de tout être raisonnable mais fini (…), c’est un problème qui nous est posé par la nature finie elle-même car nous avons des besoins et ces besoins concernent la matière de notre faculté de désirer." [Emmanuel Kant]</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">"“Adieu, tâche de t'en sortir... Moi, j'ai raté ma vie.”" [Émile Zola] </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">"Tu dois devenir qui tu es." [Friedrich Nietzsche]</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">"La grandeur de l’homme, c’est qu’il est un pont et non une fin." [Friedrich Nietzsche]</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">"Fuis, mon ami, fuis dans ta solitude, là−haut où souffle un vent rude et fort. Ce n’est pas ta destinée d’être un chasse−mouches." [Friedrich Nietzsche]</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">"L’homme qui manque de maturité veut mourir noblement pour une cause. L’homme qui a atteint la maturité veut vivre humblement pour une cause." [Wilhelm Steket]</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">"Il faut suivre sa pente, mais en montant." [André Gide]</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">"Le miracle de la liberté consiste dans ce pouvoir-commencer". [Hanna Arendt]</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">"Chaque homme est en lui-même un nouveau commencement". [Hanna Arendt]</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">"Contre l'imprévisibilité, contre la chaotique incertitude de l'avenir, le remède se trouve dans la faculté de faire et de tenir des promesses." [Hanna Arendt]</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">"Le temps d’apprendre à vivre, il est déjà trop tard." [Aragon]</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">"Cet échec vers lequel tu cours, c’est un genre d’échec particulier, et horrible." [JD Salinger] </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">"Je crois que l'on devient ce que notre père nous a enseigné dans les temps morts, quand il ne se souciait pas de nous éduquer. On se forme sur des déchets de sagesse." [Umberto Eco]</span></p><p style="text-align: right;"><span style="font-size: 8pt;"><em>Photo - Stikkerphoto - Pexels</em></span></p>
Ratatoskhttp://euro-synergies.hautetfort.com/about.htmlLe ”droit cosmopolite” de Kant est à l'origine du bienfait suicidaire de l'immigrationtag:euro-synergies.hautetfort.com,2021-12-01:63517222021-12-01T14:38:10+01:002021-12-01T14:38:10+01:00 Le "droit cosmopolite" de Kant est à l'origine du bienfait...
<p style="text-align: center;"><span style="color: #999999;"><strong><span style="font-size: 12pt; font-family: arial, helvetica, sans-serif;"><img id="media-6315254" style="margin: 0.7em 0px;" title="" src="http://euro-synergies.hautetfort.com/media/02/02/2546433313.jpg" alt="8231207lpw-8241898-article-emmanuel-kant-jpg_4224233_1250x625.jpg" width="590" height="295" /></span></strong></span></p><p><span style="color: #ff6600; font-size: 24pt; font-family: 'arial black', sans-serif;"><strong>Le "droit cosmopolite" de Kant est à l'origine du bienfait suicidaire de l'immigration</strong></span></p><p><span style="color: #999999; font-size: 18pt; font-family: 'arial black', sans-serif;"><strong>par Francesco Lamendola</strong></span></p><p><span style="color: #999999; font-size: 14pt; font-family: 'arial black', sans-serif;"><strong>Ex: https://www.centrostudilaruna.it/il-diritto-cosmopolitico-di-kant.html</strong></span></p><p><span style="color: #999999;"><strong><span style="font-size: 12pt; font-family: arial, helvetica, sans-serif;">Que le 'bonisme' masochiste et suicidaire de l'Union européenne et de la culture dominante face au phénomène, programmé et voulu d'en haut et pas du tout spontané comme il nous est présenté par les médias, de l'immigration/invasion africaine et asiatique au sein des pays du Vieux Continent, a ses matrices idéologiques dans le droit naturel, fondé sur la reconnaissance des "droits naturels" de l'individu, et plus encore dans le cosmopolitisme des Lumières, fondé sur l'hypothèse que la terre entière est la propriété collective de tous les hommes sans distinction, est trop connue pour être répétée. </span></strong></span></p><p><span style="color: #999999;"><strong><span style="font-size: 12pt; font-family: arial, helvetica, sans-serif;">Ce qui n'est peut-être pas clair pour tout le monde, c'est à quel point la pensée de celui qui est considéré (à tort) comme le plus grand philosophe du XVIIIe siècle et l'apogée de tout le mouvement des Lumières, Emmanuel Kant, l'auteur de la <em>Critique de la raison pure</em> et de la <em>Critique de la raison pratique, </em>le destructeur de la métaphysique et le destructeur de la théologie, en somme, y a joué un rôle : l'homme qui a résumé la croisade du Logos instrumental et calculateur contre la tradition et, en particulier, contre la <em>philosophia perennis, </em>laquelle avait accompagné et soutenu la conscience spirituelle de la civilisation européenne pendant plus de deux millénaires.</span></strong></span></p><p><span style="color: #999999;"><strong><span style="font-size: 12pt; font-family: arial, helvetica, sans-serif;"><img id="media-6315256" style="float: left; margin: 0.2em 1.4em 0.7em 0;" title="" src="http://euro-synergies.hautetfort.com/media/02/01/1384335133.jpg" alt="9782711613809-475x500-1.jpg" />C'est Kant, dans son célèbre pamphlet intitulé <em>La paix perpétuelle, </em>qui a formulé, de la manière la plus explicite, l'idée que l'hospitalité accordée à tout individu dans tout État relève de son "droit" inaliénable, et a articulé la séquence conceptuelle qui l'a conduit à exprimer une telle conviction, en lui donnant le statut, ou du moins l'apparence, d'un argument philosophiquement rigoureux et impeccable ; Il vaut donc la peine de suivre les étapes de ce raisonnement et de voir s'il est vraiment aussi logique et cohérent que son auteur et ses nombreux admirateurs, d'hier et d'aujourd'hui, l'ont montré et continuent de le croire.</span></strong></span></p><p><span style="color: #999999;"><strong><span style="font-size: 12pt; font-family: arial, helvetica, sans-serif;"><em>La paix perpétuelle</em> ("<em>Zum ewigen Frieden</em>", 1795) n'est ni un traité de philosophie politique ni un traité d'éthique, mais simplement un schéma juridique visant à établir certains points sur lesquels les États pourraient s'entendre pour écarter le danger de la guerre. Kant ne croit pas à la bonté naturelle de l'homme ; en revanche, il montre qu'il pense possible que l'homme, qui n'est pas bon par nature, puisse domestiquer ses instincts guerriers par une série de formules juridiques, ce qui est une contradiction dans les termes. Si l'homme n'est pas capable de vraie bonté, comment la paix peut-elle lui venir de sa raison? La Raison vit-elle une vie propre, ou tombe-t-elle sur terre depuis les hauteurs du ciel?</span></strong></span></p><p style="text-align: center;"><img id="media-6315259" style="margin: 0.7em 0;" title="" src="http://euro-synergies.hautetfort.com/media/01/01/2091696404.jpg" alt="François_Barthélemy_Directeur.jpg" /></p><p style="text-align: center;"><img id="media-6315260" style="margin: 0.7em 0;" title="" src="http://euro-synergies.hautetfort.com/media/00/01/584600130.jpg" alt="Fürst_Hardenberg.jpg" /></p><p><span style="color: #999999;"><strong><span style="font-size: 12pt; font-family: arial, helvetica, sans-serif;">Le schéma de base de l'œuvre de Kant s'inspire, comme on le sait, de la Paix de Bâle, signée le 5 avril 1795 entre le représentant de la Convention thermidorienne, François Barthélemy, et l'ambassadeur prussien Karl August von Hardenberg : c'est-à-dire entre la première république révolutionnaire d'Europe et une monarchie absolue, typique de l'Ancien Régime. La plupart des clauses du traité étaient en fait secrètes, tout comme l'article final du pamphlet de Kant, à la saveur purement maçonnique, qui stipulait qu'en cas de différends internationaux graves, les gouvernements des États concernés consulteraient l'avis des "philosophes".</span></strong></span></p><p><span style="color: #999999;"><strong><span style="font-size: 12pt; font-family: arial, helvetica, sans-serif;">La paix de Bâle est en fait le résultat d'un compromis cynique entre deux egos opposés et non d'un désir sincère de paix entre les puissances européennes, ce qui était impossible étant donné l'incompatibilité évidente entre un gouvernement issu de la Révolution française et fondé sur la Déclaration des droits de l'homme et du citoyen, et sur le trinôme "liberté, fraternité, égalité", et les hautes monarchies absolues, toujours fondées sur les ordres privilégiés, qui ne pouvaient assister sans réagir au triomphe de la bourgeoisie, ni pardonner le procès et la condamnation à mort de Louis XVI, déjà roi de droit divin.</span></strong></span></p><p><span style="color: #999999;"><strong><span style="font-size: 12pt; font-family: arial, helvetica, sans-serif;">Le cynisme du compromis provenait du fait que Frédéric-Guillaume II de Hohenzollern voulait avoir les coudées franches à l'Est, écraser la grande insurrection polonaise et se tailler la part du lion dans le troisième et dernier partage de cette malheureuse nation (alors qu'il devrait céder Varsovie à la Russie et se contenter d'une copropriété avec cette dernière et l'Autriche, soit, en pratique, la troisième place) ; tandis que la Convention thermidorienne avait désespérément besoin de consolider son pouvoir dans la France dévastée par les deux années 1793-94, dominée par les Jacobins et les Sans-culotte, et de renforcer les classes supérieures et moyennes en tant que classe dirigeante.</span></strong></span></p><p><span style="color: #999999;"><strong><span style="font-size: 12pt; font-family: arial, helvetica, sans-serif;">Il n'est pas clair si Kant s'est rendu compte qu'il s'agissait essentiellement d'une trêve et que l'épreuve de force entre la Révolution et les monarchies de l'Ancien Régime (soutenues pour des raisons non idéologiques, mais purement commerciales et financières, par la monarchie constitutionnelle anglaise) n'était que reportée jusqu'à ce que les deux parties retrouvent leur force, ou s'il croyait vraiment que cela "démontrait" la possibilité que des systèmes de gouvernement radicalement différents puissent établir des relations de bon voisinage et s'entendre pour éviter de futures guerres.</span></strong></span></p><p style="text-align: center;"><img id="media-6315262" style="margin: 0.7em 0;" title="" src="http://euro-synergies.hautetfort.com/media/01/02/3300059070.jpg" alt="vers-la-paix-perpetuelle-essai-philosophique.jpg" /></p><p><span style="color: #999999;"><strong><span style="font-size: 12pt; font-family: arial, helvetica, sans-serif;">Pour notre part, nous serions enclins à privilégier la seconde hypothèse: qui, si elle était vraie, ne serait pas en faveur de la clairvoyance et de la perspicacité du philosophe de Königsberg, dont la lucidité était évidemment assombrie par toute une série de préjugés issus des Lumières sur la raisonnabilité "naturelle", sinon la bonté naturelle, des êtres humains. Il n'en reste pas moins que l'ajout du fameux article secret dément toute la structure de l'ouvrage, si naïvement confiant dans l'efficacité d'un système de règles juridiques internationales qui réaliserait ce que le désir authentique de paix des gouvernements et de leurs peuples respectifs, en lui-même, ne semble pas pouvoir réaliser.</span></strong></span></p><p><span style="color: #999999;"><strong><span style="font-size: 12pt; font-family: arial, helvetica, sans-serif;">Mais il ne s'agit pas ici de discuter de la "paix perpétuelle", schéma toujours aussi fantaisiste, né de l'ivresse rationaliste des Lumières, si ce n'est pour en souligner un aspect particulier : le droit cosmopolite, c'est-à-dire le droit à la citoyenneté "universelle", en raison de ses convergences évidentes et significatives, qui ne peuvent pas être accidentelles, avec la situation qui se détermine actuellement entre les organes de direction de l'Union européenne et une grande partie (mais pas la totalité) des gouvernements des nations qui en font partie, et le phénomène massif et imparable de migration/invasion en provenance d'Afrique et d'Asie, qui provoque aujourd'hui un véritable remplacement de la population européenne par une nouvelle population mixte, de nature à mettre en danger la tradition culturelle et l'identité ethnique même du Vieux Continent.</span></strong></span></p><p><span style="color: #999999;"><strong><span style="font-size: 12pt; font-family: arial, helvetica, sans-serif;">C'est ainsi que Simonetta Corradini et Stefano Sissa <em>(Capire la realtà sociale.</em> Sociologie, méthodologie de la recherche, Bologne, Zanichelli, 2012, pp. 146-147) :</span></strong></span></p><p><span style="color: #999999;"><strong><span style="font-size: 12pt; font-family: arial, helvetica, sans-serif;"> "Le philosophe Emmanuel Kant (1724-1804), dans un pamphlet intitulé "Vers la paix perpétuelle" (1795) a illustré un projet de mise en œuvre de la paix mondiale par le droit. Le texte se présente comme un hypothétique traité international divisé en articles, et divisé en articles PRELIMINAIRES et DEFINITIFS.</span></strong></span></p><p><span style="color: #999999;"><strong><span style="font-size: 12pt; font-family: arial, helvetica, sans-serif;"> Les "préliminaires" définissent ce que les États ne doivent pas faire : ne pas conclure de traités de paix en réservant tacitement des prétextes pour une guerre future (sinon la suspension de la guerre serait un simple armistice), acquérir un État indépendant par héritage, échange, achat ou don (l'État est une société d'hommes et non une marchandise), ne pas avoir d'armées permanentes (elles constituent une menace pour les autres États, incitent à la concurrence en matière d'armement), ne contractent pas de dettes publiques pour faire la guerre, n'interfèrent pas par la force dans la constitution et le gouvernement d'un autre État, ne s'engagent pas dans des actes d'hostilité pendant une guerre qui rendraient la confiance mutuelle impossible à l'avenir.</span></strong></span></p><p><span style="color: #999999;"><strong><span style="font-size: 12pt; font-family: arial, helvetica, sans-serif;"> L'aspect le plus novateur est constitué par les trois articles finaux qui représentent la partie propositionnelle du projet d'un ordre international capable de garantir la paix. Ils concernent trois niveaux distincts, celui du droit constitutionnel qui régit les relations entre l'État et ses citoyens (art. 1), celui du droit international qui régit les relations entre les États (art. 2) et celui du droit cosmopolite (art. 3) par lequel tous les citoyens de la planète deviennent titulaires de droits et de devoirs qui dépassent leur statut de sujets d'un État donné. Le droit cosmopolite est une nouvelle branche du droit. Les articles finaux sont rédigés comme suit:</span></strong></span></p><p><span style="color: #999999;"><strong><span style="font-size: 12pt; font-family: arial, helvetica, sans-serif;"> -<span style="color: #ff6600;"> La constitution civile des États</span> doit être républicaine. Selon Kant, une constitution républicaine, dans le sens où le peuple est représenté, est propice à la paix, car si ce sont les citoyens qui décident d'une guerre, sachant que la charge sera sur eux, ils seront très prudents dans leurs décisions.</span></strong></span><br /><span style="color: #999999;"><strong><span style="font-size: 12pt; font-family: arial, helvetica, sans-serif;"> - <span style="color: #ff6600;">Le droit international</span> doit être fondé sur un fédéralisme d'États libres. La seule façon de sortir d'un état de guerre permanent est la formation d'une ligue d'États dont le but est de préserver la liberté et la sécurité d'un État pour lui-même et en même temps pour les autres États confédérés. Kant ne considère pas la formation d'un seul État mondial comme souhaitable, car elle pourrait conduire à un terrible despotisme.</span></strong></span><br /><span style="color: #999999;"><strong><span style="font-size: 12pt; font-family: arial, helvetica, sans-serif;"> - <span style="color: #ff6600;">Le droit cosmopolite</span> doit être limité aux conditions de l'hospitalité universelle.</span></strong></span></p><p><span style="color: #999999;"><strong><span style="font-size: 12pt; font-family: arial, helvetica, sans-serif;"> L'HOSPITALITÉ est le droit d'un étranger arrivant sur le territoire d'un autre de ne pas être traité de manière hostile. Ce n'est pas un droit d'hospitalité auquel on peut faire appel, mais un "DROIT DE VISITE" auquel tous les hommes ont droit, c'est-à-dire le droit de s'offrir à la sociabilité en vertu du droit à la possession commune de toute la surface de la Terre. Le philosophe rappelle comment les puissances européennes ont échangé le DROIT DE VISITE contre la conquête des terres des autres et condamne le colonialisme. Il observe également que, compte tenu des relations qui se sont établies entre les peuples de la Terre, "la violation du droit qui s'est produite EN UN point de la terre s'est produite en TOUS les points, de sorte que l'idée d'un droit cosmopolite n'est pas une représentation fantastique d'esprits exaltés, mais une intégration nécessaire d'un code non écrit, tant du droit public interne que du droit international, afin d'établir un droit public en général et d'instaurer ainsi une paix perpétuelle dont, à cette condition seulement, nous pouvons nous flatter de nous approcher continuellement."</span></strong></span></p><p><span style="color: #999999;"><strong><span style="font-size: 12pt; font-family: arial, helvetica, sans-serif;"> Selon le philosophe, trois tendances de la société favorisent cette évolution, à savoir le caractère pacifique des républiques, la force unificatrice du commerce mondial et la fonction de contrôle de la sphère publique, c'est-à-dire la communauté des citoyens qui, en tant qu'êtres rationnels, examinent et discutent les actions des gouvernements.</span></strong></span></p><p style="text-align: center;"><img id="media-6315267" style="margin: 0.7em 0;" title="" src="http://euro-synergies.hautetfort.com/media/00/02/998448106.jpeg" alt="9782253067504-001-T.jpeg" /></p><p><span style="color: #999999;"><strong><span style="font-size: 12pt; font-family: arial, helvetica, sans-serif;">Mais regardons de plus près les propositions politico-juridiques de Kant.</span></strong></span></p><p><span style="color: #999999;"><strong><span style="font-size: 12pt; font-family: arial, helvetica, sans-serif;">Les articles préliminaires sont un chapelet de bonnes intentions, qui ne valent même pas le coût de l'encre avec laquelle ils ont été écrits. Qui, ou quoi, pourrait empêcher un gouvernement de signer un traité de paix, avec la réserve tacite de reprendre la guerre, dès que les conditions deviennent plus favorables ? Qui, ou quoi, pourra empêcher un État d'en acquérir un autre par héritage, échange, etc., chose qui s'est toujours produite jusqu'à présent et à laquelle personne ne s'est jamais opposé (tout comme personne ne s'opposera au traité de Campoformio de 1797, qui a partagé la République millénaire de Venise entre l'Autriche et la France) ? Les armées permanentes : certes, elles sont une menace constante pour la paix ; mais qui peut empêcher les États les plus forts d'imposer le respect de leur volonté de désarmement (des autres), et, quant à eux, de l'ignorer allègrement ? Ne pas contracter de dette publique pour faire la guerre : d'accord; mais la dette publique peut se transformer, comme nous le voyons aujourd'hui, en une arme de guerre elle-même, manipulée par des banques et des institutions financières sans scrupules. À l'époque de Kant, la dette finançait les guerres ; à notre époque, ce sont les guerres (financières) qui génèrent la dette publique. Le philosophe allemand ne l'avait pas prévu : pourtant, il y avait exactement un siècle (en 1694) que la Banque d'Angleterre était née, et le phénomène de la mondialisation de la finance était déjà visible à son époque. Et que signifie donc que les armées, dans la guerre, doivent s'abstenir d'actes d'hostilité qui rendent impossible la confiance mutuelle dans l'avenir ? Quels sont ces actes ? Une épuration ethnique, comme celle menée par les Britanniques en Acadie, au détriment des Français ; ou une guerre bactériologique, comme celle menée, là encore, par les Britanniques, au détriment des Amérindiens (les couvertures infectées par la variole données par Lord Amherst aux Amérindiens) ? Qui peut empêcher le plus fort d'utiliser des moyens de guerre particulièrement cruels et dévastateurs, sinon la force ? On fait la guerre pour la gagner : elle est, disait Clausewitz, la continuation de la politique par d'autres moyens. Vouloir imposer des limites aux moyens de guerre de l'armée pour des raisons politiques est une idée qui part de bonnes intentions, mais qui est littéralement dénuée de sens dans la pratique. Voyez ce qui s'est passé lors de la Première Guerre mondiale avec la guerre sous-marine allemande : les politiques, c'est-à-dire le gouvernement, voyaient très bien que cela conduirait à l'intervention des États-Unis, mais cela semblait efficace, et les militaires n'étaient pas prêts à y renoncer : et c'est leur point de vue qui a prévalu, car, dans les guerres modernes, la décision finale appartient aux " spécialistes ", et la politique est nécessairement contournée.</span></strong></span></p><p style="text-align: center;"><img id="media-6315268" style="margin: 0.7em 0;" title="" src="http://euro-synergies.hautetfort.com/media/00/01/3015389548.jpg" alt="M549469_La-Maison-de-Kant-a-Koenigsberg.jpg" /></p><p><span style="color: #999999;"><strong><span style="font-size: 12pt; font-family: arial, helvetica, sans-serif;">Pour en venir aux derniers articles, dès
Jacques-Emile Mirielhttp://jemiriel.hautetfort.com/about.htmlQuelques réflexions sur le pass sanitairetag:jemiriel.hautetfort.com,2021-09-06:63358712021-09-06T07:30:00+02:002021-09-06T07:30:00+02:00 La crise sanitaire a accéléré, au sein de notre société, une évolution qui...
<p style="text-align: justify;"><span style="font-family: 'Book Antiqua', serif; font-size: 12pt; color: #333333;">La crise sanitaire a accéléré, au sein de notre société, une évolution qui conduit les citoyens à une limitation de leurs libertés essentielles. C’est du moins ce qu’ils ressentent, et au plus profond d’eux-mêmes pour quelques-uns, face à un gouvernement qui se retrouve dans l’obligation de décider de mesures, parfois fortes, pour lutter contre le Covid, et donc (quand même) sauver des vies. Dans <em>Le Figaro </em>du 19 août, Yvan Rioufol résumait la situation par ces mots provocateurs : « <em>Le pass sanitaire porte une logique tyrannique. </em>»</span></p><p style="text-align: justify;"> </p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: 'Book Antiqua', serif; font-size: 12pt; color: #333333;">Dans ces conditions, que faut-il faire ? Refuser le vaccin, et risquer de tomber malade ou de transmettre le virus à une personne à risques ? Se faire vacciner, et rentrer dans un moule conformiste humiliant, acte décisif qui vaut acceptation d’un système politique qu’une frange très limitée de la population rejette toujours ? Nous rencontrons ici une véritable <em>aporie</em>, où devoir choisir est en train de rendre fous les amoureux de la liberté. Ils ont percé à jour le processus négatif de la société, qui a pour objet le tout-contrôle, notamment des individus. Mais avec une impossibilité évidente d’en sortir sans faire de la casse, pour eux-mêmes ou pour autrui, <em>à cause du Covid</em>.</span></p><p style="text-align: justify;"> </p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: 'Book Antiqua', serif; font-size: 12pt; color: #333333;">Guy Debord avait analysé ce long mouvement vers la <em>servitude volontaire </em>dans<em> </em>ses <em>Commentaires </em>de 1988. Il parlait du « <em>sentiment vague</em> [éprouvé par les individus]<em> qu’il s’agit d’une sorte d’invasion rapide, qui oblige les gens à mener une vie très différente </em>». C’est un état de fait désormais accepté par une grande majorité de la population : « <em>beaucoup admettent</em>, continue Debord,<em> que c’est une invasion libératrice, au demeurant inévitable, et ont même envie d’y collaborer. </em>» Quelques réfractaires néanmoins ne lâchent pas le morceau, et ce sont eux les manifestants que nous retrouvons en ce moment dans les rues chaque samedi.</span></p><p style="text-align: justify;"> </p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: 'Book Antiqua', serif; font-size: 12pt; color: #333333;">J’ai remarqué, en regardant les chaînes d’info, que certains de ces manifestants, quand on les interroge, reprennent à leur compte la formule de « <em>bio-pouvoir </em>», qui avait été forgée par le philosophe Michel Foucault. Je trouve dans un texte de <em>Dits et écrits</em> la définition suivante du bio-pouvoir : « <em>rationaliser les problèmes posés à la pratique gouvernementale par les phénomènes propres à un ensemble de vivants constitués en population </em>». Peut-être que cette définition ne rend pas vraiment compte de la violence à l’œuvre dans ce que recouvre le bio-pouvoir <span style="font-family: Liberation Serif, serif;">‒</span> mais ceux qui l’emploient lors des manifestations lui donnent un sens radical. Le bio-pouvoir est une « <em>rationalisation </em>» de la société, soumise à un pouvoir diffus qui circule à tous les degrés. Or, pour Foucault, <em>on ne peut pas résister au pouvoir</em>. </span></p><p style="text-align: justify;"> </p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: 'Book Antiqua', serif; font-size: 12pt; color: #333333;">La question sur le pass sanitaire confronte donc le citoyen à une situation insoluble, l’État se justifiant en mettant en avant le bien commun, la santé publique ‒ dont il est responsable. Quels arguments faire valoir à ce propos ? Il faudrait peut-être revenir ici à un texte de Kant, qui a beaucoup influencé le dernier Foucault, <em>Réponse à la question : </em><em>Q</em><em>u’est-ce que les Lumières ? </em>Kant écrit : « <em>Les Lumières, c’est la sortie de l’homme hors de l’état de tutelle dont il est lui-même responsable. </em>» On pourrait donc imaginer que ceux qui, parmi nos concitoyens, se braquent contre les ordres venus d’en haut, font preuve d’émancipation. Cela ne serait pas étonnant, même s’il resterait à se demander ce que deviendrait dans ces conditions la sécurité de la collectivité, et ses chances de durer dans le temps. Kant a perçu le danger de ces velléités « <em>révolutionnaires </em>» (et on pourrait aussi penser aux Gilets jaunes, dépourvus de toute culture historique, malgré un ardent désir de fraternité) : « <em>Par une révolution on peut bien obtenir la chute d’un despotisme personnel ou la fin d’une oppression reposant sur la soif d’argent ou de domination, mais jamais une vraie réforme du mode de penser ; mais au contraire de nouveaux préjugés serviront, au même titre que les anciens, à tenir en lisière ce grand nombre dépourvu de pensée. </em>»</span></p><p style="text-align: justify;"> </p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: 'Book Antiqua', serif; font-size: 12pt; color: #333333;">Debord et Foucault, dans des styles très différents, nous ont fait un tableau apocalyptique de la société qui serait notre lot. Aucun des deux, malgré tout, n’a proposé de solution. À l’époque de son livre <em>La Société du spectacle</em>, en 1967, Debord avait seulement parlé d’instituer des « <em>conseils ouvriers </em>», mais après, plus rien. Rappelons qu’il s’est suicidé en 1994. Quant à Foucault, à part une certaine fascination pour la révolution iranienne, à la fin de sa vie, il n’a dessiné pour l’avenir aucune utopie. Je crois que ces silences sont très caractéristiques, non pas surtout de ces deux penseurs, mais d’un monde indéchiffrable qui apportera toujours des surprises, auxquelles on ne s’attendait pas. Et le Covid en est certainement une, et une belle, qui n’a pas fini de nous angoisser <span style="font-family: Liberation Serif, serif;">‒</span> et d’agir sur notre environnement direct. </span></p><p style="text-align: justify;"> </p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: 'Book Antiqua', serif; font-size: 12pt; color: #333333;">En conclusion, j’aimerais citer le grand Voltaire, et ses <em>Lettres philosophiques</em>, ouvrage qui fit un grand scandale lors de sa parution en 1734. La onzième <em>Lettre </em>s’intitule « <em>Sur l’insertion de la petite vérole </em>». Il faut vraiment la lire aujourd’hui, elle a été écrite pour ceux qui, à nouveau, sont paniqués devant le fait d’être vaccinés, comme si cette peur ancestrale était vouée à réapparaître à chaque épidémie. Voltaire note simplement que les Anglais « <em>donnent la petite vérole à leurs enfants, pour les empêcher de l’avoir </em>». Le texte de Voltaire est un plaidoyer universel, qui se réfère même à la Chine : « <em>J’apprends que depuis cent ans les Chinois sont dans cet usage... </em>» Dans sa lutte contre les préjugés, et pour l’avènement d’une civilisation sophistiquée, Voltaire a donc émis un jugement plus que positif sur la vaccination. Qu’aurait-il pensé du pass sanitaire ? Serait-il allé, chaque samedi, vitupérer contre cette atteinte cruciale à sa liberté ? Je vous laisse répondre à ma place...</span></p><p> </p>
Café philosophique de Montargishttp://cafephilosophique-montargis.hautetfort.com/about.htmlKant : C'est pour ton bien, mon enfant...tag:cafephilosophique-montargis.hautetfort.com,2020-01-17:62059632020-01-17T13:29:56+01:002020-01-17T13:29:56+01:00 Un des plus grands problèmes de l’éducation est de concilier sous une...
<blockquote><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">Un des plus grands problèmes de l’éducation est de concilier sous une contrainte légitime la soumission avec la faculté de se servir de sa liberté. Car la contrainte est nécessaire ! Mais comment cultiver la liberté par la contrainte ? Il faut que j’accoutume mon élève à souffrir que sa liberté soit soumise à une contrainte, et qu’en même temps je l’instruise à faire bon usage de sa liberté. Sans cela il n’y aurait en lui que pur mécanisme ; l’homme privé d’éducation ne sait pas se servir de sa liberté. Il est nécessaire qu’il sente de bonne heure la résistance inévitable de la société, afin d’apprendre à connaître combien il est difficile de se suffire à soi-même, de supporter les privations et d’acquérir de quoi se rendre indépendant. On doit observer ici les règles suivantes : 1°) Il faut laisser l’enfant libre dès sa première enfance et dans tous les moments (excepté dans les circonstances où il peut se nuire à lui-même, comme par exemple s’il vient à saisir un instrument tranchant), mais à la condition qu’il ne fasse pas lui-même obstacle à la liberté d’autrui, comme par exemple quand il crie, ou que sa gaieté se manifeste d’une manière trop bruyante et qu’il incommode les autres… 2°) Il faut lui prouver que la contrainte qu’on lui impose a pour but de lui apprendre à faire usage de sa propre liberté, qu’on le cultive afin qu’il puisse un jour être libre, c’est-à-dire se passer du secours d’autrui. </span></p><p style="text-align: right;"><span style="font-size: 10pt;"><a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Emmanuel_Kant" target="_blank" rel="noopener">Emmanuel Kant</a>, <em>Traité de Pédagogie</em> (1803)</span></p></blockquote>
Café philosophique de Montargishttp://cafephilosophique-montargis.hautetfort.com/about.htmlCompte-rendu du débat ”Dépend-il de nous d'être heureux?”tag:cafephilosophique-montargis.hautetfort.com,2019-12-31:62017652019-12-31T09:56:56+01:002019-12-31T09:56:56+01:00 Le 18 novembre 2019, le café philosophique de Montargis se réunissait pour...
<p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">Le 18 novembre 2019, le café philosophique de Montargis se réunissait pour débattre autour du sujet "<em>Dépend-il de nous d’être heureux ?</em>"</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">Après avoir annoncé la prochaine séance, se tenant à la médiathèque de Montargis le 6 décembre, le débat commence. On se demande d’abord ce qu’est le bonheur. Une première intervenante prend la parole : le bonheur est individuel, non universel ni linéaire ; chacun étant heureux individuellement, selon ses propres critères, il est impossible de donner une définition unique du bonheur.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">Bruno propose à l’auditoire de partager un souvenir heureux, permettant d’approcher une définition au moins opérationnelle du "<em>bonheur</em>". Plusieurs "<em>souvenirs</em>" sont évoqués : la naissance d’un enfant ; la première sculpture monumentale réalisée et exposée ; le plaisir du théâtre ; un voyage en Corse ; le contentement pour la réussite d’un élève difficile. Ce qui ressort de ce petit tour de table, c’est que le bonheur se donne sous forme de satisfactions éphémères.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">Une intervenante revient sur la question du bonheur "<em>individuel</em>" : s’il est vrai que chacun définit le bonheur selon ses propres critères, est-ce vraiment possible d’être heureux dans la solitude ? Autrui ne joue-t-il pas un rôle dans mon bonheur ? Peut-on être réellement heureux, alors que les autres ne le sont pas ? Ce questionnement mène la personne du public à donner une première réponse à la question : en général, le bonheur ne dépend pas de nous, mais de toute une série de conditions objectives et largement aléatoires, que nous ne maîtrisons pas. Cependant, certaines personnes semblent plus capables de tirer du profit des petites choses de l’existence. Ainsi dira-t-on que, du point de vue des conditions objectives, le bonheur ne dépend pas de nous ; d’un point de vue plus subjectif, le bonheur peut dépendre de nous – et notamment, de notre capacité à tirer du profit des petites choses de l’existence. Cette idée reviendra dans la suite au débat : on parlera alors d’"<em>aptitudes</em>", de "<em>prédispositions</em>" différentes au bonheur.</span></p><p><img src="http://cafephilosophique-montargis.hautetfort.com/media/02/01/1430404624.jpeg" id="media-6073545" alt="" /></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">Un troisième intervenant fait remarquer que le bonheur peut être le fruit d’une décision personnelle. Malgré la pauvreté, des conditions de vie difficiles et misérables, on peut être heureux par choix. Il en témoigne la vie de certains écrivains, comme Miller et Kerouac. Puisque la société où nous vivons nous opprime, peut-être veut-il mieux cultiver un bonheur plus personnel : dans tous les cas, ce ne sera pas de la société que viendra le bonheur. Cela reconduit le problème de la société de consommation : celle-ci nous encourage à mesurer notre bonheur en fonction des choses que nous possédons. Hélas, ces choses ne suffisent jamais : le consumérisme engendre sans cesse de nouveaux désirs.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">Luca prend la parole pour plaider en faveur de la vitupérée société de consommation : malgré ses défauts, cette dernière nous permet de profiter de certains produits à des prix contenus ; or ces produits peuvent favoriser notre contentement. Ainsi pourrait-on penser que le consumérisme est animé par une visée positive : celle d’assurer le bonheur du plus grand nombre, via la mise à disposition d’une large gamme de produits – censés satisfaire des désirs variés. Mais à quel prix pouvons-nous profiter de tout cela ? Le troisième intervenant rappelle que le consumérisme va de pair avec, d’une part, des inégalités sociales, d’autre part, le contrôle des individus – par exemple, à travers Internet.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">La question de la société de consommation permet de recentrer le débat, et de cerner le lien entre bonheur et plaisir. Jérémy propose de définir le bonheur comme une grande quantité de plaisir, dépassant la quantité de souffrance. Pourtant, intervient une dame, l’idée de bonheur implique un état de satisfaction absolue, globale et durable. Or, les plaisirs qu’offre le consumérisme ne sauraient nous conduire à un tel état : de fait, ils sont toujours liés à la frustration. Cette dernière est le moyen par lequel on entretient le désir – fonctionnel aux besoins de la consommation. Par ailleurs, la société actuelle est fort compétitive ; or, aucun bonheur ne peut être réalisé, si l’on n’est pas heureux ensemble.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">Une autre dame revient sur la définition du bonheur, en reprenant les exemples donnés plus tôt. Un élément se dégage de ces exemples : nous sommes heureux lorsque nous sommes en accord et en paix avec nous-mêmes. C’est cet accord qui nous rend aptes à accueillir non seulement des plaisirs ponctuels mais aussides satisfactions durables.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">Le monsieur qui critiquait le consumérisme reprend la parole. On a dit qu’"<em>aucun bonheur ne pourrait être réalisé, si l’on n’est pas heureux ensemble</em>". Mais, rebondit-il, malgré le malheur et la misère qui nous entourent, on peut choisir le bonheur. Les circonstances jouent, certes, un rôle ; mais le bonheur est le fruit d’un choix personnel.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">Ainsi revient-on sur la question du consumérisme : si la société de consommation nous laisse misérables et malheureux, c’est qu’elle ne nous offre que des plaisirs ponctuels. Le choix du bonheur devra, donc, se faire contre cette société.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">Mais qu’est-ce que le plaisir ? Un autre monsieur intervient : le plaisir est le désir réalisé. Or, comme le suggère Bakounine, les désirs ont bien une réalité. Mais alors, ne devrait-on pas se fixer des objectifs atteignables, pour pouvoir réaliser ses désirs ? Cette idée en entraîne une autre, introduite par Jérémy : ne devrait-on pas distinguer les plaisirs qui nous consomment des plaisirs qui nous revitalisent ? Ne sont-ce pas ces derniers qu’il faut cultiver, pour atteindre le bonheur ?</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">Luca prend la parole pour revenir sur la question du "choix" du bonheur : on nous dit que, malgré les conditions objectives de la société, nous pouvons être heureux par choix. Mais ne serait-ce pas là une stratégie pour "responsabiliser" les individus, afin de masquer des dysfonctionnements structuraux et sociétaux ? Ainsi faudrait-il être vigilant, vis-à-vis de ces injonctions au bonheur (<em>Happycratie</em>) : elles pourraient nous détourner des vrais problèmes.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">Une intervenante fait la part des choses : il y a certainement des aptitudes, des prédispositions différentes au bonheur ; par ailleurs, le bonheur peut être un choix. Mais, si l’on revient sur le sujet, on ne saurait soutenir la thèse affirmative : il ne dépend pas de nous de naître dans un pays où l’on peut satisfaire ses besoins primaires ; il ne dépend pas de nous de vivre dans un État qui assure, tant bien que mal, la protection sociale. Or ces conditions – largement indépendantes de notre volonté – semblent requises pour parvenir au bonheur. Dès lors, il ne dépend pas de nous d’être heureux.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">Pourtant, demande Bruno, l’expression "bonheur collectif" a-t-elle vraiment un sens ? L’État doit-il vraiment se charger du bonheur de ses citoyens ? L’intervenante répond que le bonheur reste individuel. Cependant, on peut être touché par le malheur d’autrui, par la misère des gens et par la dégradation de la planète. Ces éléments entament notre propre bonheur.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">Reprenant une intervention précédente, Bruno interroge le lien entre bonheur et hasard : bonheur et hasard sont-ils liés – comme semble en témoigner l’étymologie du mot <em>"bonheur"</em> ("<em>bon heur</em>") ? Le hasard joue-t-il un rôle dans la quête du bonheur ? Un monsieur intervient, pour dire que le hasard ne joue pas un rôle central dans cette quête. En fait, le bonheur se construit, soit à partir de rien, soit à partir de bases déjà solides. Ce n’est que cette construction qui peut rendre un état de satisfaction durable et global. Bruno reprend la parole, pour interroger le lien entre, non plus bonheur et hasard, mais bonheur et désirs : quel rôle jouent nos désirs dans la quête du bonheur ? Le monsieur répond que les désirs peuvent entretenir notre bonheur ; il faut néanmoins que notre volonté nous maintienne sur le "<em>droit chemin</em>" : dans ce cadre, même si l’on passe de désir en désir, on peut se maintenir dans un état de bonheur.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">Luca intervient pour développer cette idée : jusqu’ici, on a souvent considéré l’aspect "négatif" du rapport "<em>bonheur-désir</em>" (en tant qu’expression d’un manque et d’une privation, le désir ferait obstacle à notre bonheur). Néanmoins, le désir stimule l’imagination : lorsque nous désirons quelque chose, nous imaginons de l’atteindre. Or cela est fort plaisant : peut-être est-ce dans cette stimulation de l’imagination que réside le bonheur. Cela permet de revenir sur la société de consommation, société du désir : ne peut-on pas penser qu’elle recèle des aspects positifs aussi ?</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">Une intervenante prend la parole : ayant travaillé un an auprès de SDF, elle montre que cette expérience l’a aidée à relativiser le concept de bonheur.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">Un monsieur revient sur la question des rapports entre bonheur et "<em>attitude</em>" : certaines personnes, dit-il, cultivent une "<em>soif</em>" de désirs, ce que leur permet d’aller de l’avant ; d’autres, au contraire, tendent à se contenter de ce qu’ils ont. Les premiers se donnent davantage les moyens de découvrir le bonheur – alors que les seconds restent souvent passifs.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">Bruno reprend la parole, pour montrer que, jusqu’ici, on n’a pas affronté la question de la satisfaction des besoins primaires. Parmi les autres thèmes qui n’ont pas été affrontés, il y a celui de l’amour : souvent, si je dis "<em>je suis heureux</em>", c’est souvent que je suis amoureux. Or, en amour, le hasard joue un rôle central. Certes, la construction de la relation est importante, mais il serait naïf de croire que tout dépend de nous : le hasard, ainsi que notre ou nos partenaires sont directement impliqués. Encore faut-il rappeler que l’image du couple parfait recèle, parfois, des dynamiques égoïstes.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">Sur l’égoïsme, une dame intervient : il ne faut pas se sentir coupable d’être égoïste. Si, dans un moment de bonheur, on commence à penser à toute la misère du monde, on ne vit plus. Sans égoïsme, aucun bonheur n’est possible, et la misère du monde "<em>n’est pas à taille humaine</em>". Une intervenante rebondit, au sujet de la misère et du malheur : alors que le bonheur semble être fort subjectif, on s’accorde souvent sur ce qui nous rend malheureux – un décès, la perte d’un emploi, la maladie, etc. Le thème de la subjectivité du bonheur est repris par Jérémy : sachant que le bonheur se fragmente dans une multitude de visions différentes, il y a lieu de se demander s’il existe vraiment.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">Une intervenante développer cette idée : peut-être le bonheur n’est-il qu’une reconstruction a posteriori. Souvent, nous nous apercevons trop tard du fait qu’on était heureux. Dès lors, sommes-nous en mesure de reconnaître le bonheur ? Par ailleurs, il arrive parfois que, travaillant pour atteindre un objectif, nous sommes déçus lorsque nous l’atteignons ; le bonheur est-il dans l’objectif atteint, ou bien plutôt dans les efforts et dans la quête pour l’atteindre ? Cela nous encourage à penser que, dans tout ce que nous faisons, il vaut mieux cultiver la bonne humeur.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">Sur la question du bonheur reconnu a posteriori, un monsieur pointe les difficultés d’une telle idée : si le bonheur est reconnu a posteriori, c’est que, dans le présent, nous sommes dans un état de frustration et de regret. Cela risque de biaiser notre vision du bonheur passé. Une dame rebondit, pour rappeler que, si le bonheur se construit, alors il y aura nécessairement un avant, un pendant et un après : on peut donc penser le bonheur comme s’étendant dans le temps, selon des modulations différentes.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">Une intervenante ressaisit brièvement certains points centraux du débat : </span><br /><span style="font-size: 10pt;">• pour certains, le bonheur absolu n’existe pas, et tout l’enjeu consiste à saisir de brèves occasions de contentement ;</span><br /><span style="font-size: 10pt;">• pour d’autres, le bonheur est le fruit d’une construction : il peut donc y avoir un bonheur étendu dans le temps ; </span><br /><span style="font-size: 10pt;">• pour d’autres encore, le bonheur requiert d’être en paix et en accord avec soi-même.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">Selon une autre intervenante, ces trois façons de considérer le bonheur dépendent largement du vécu des individus. La conception du bonheur relève de "<em>où l’on vient</em>" : le bonheur est comme un "curseur" qu’on déplace, en fonction de ce que l’on a vécu. Lorsqu’on a vécu des événements dramatiques, et qu’on a dû lutter pour obtenir ce qu’on a, l’on finit souvent par chercher – et parfois trouver – le bonheur dans les petites choses ; en revanche, ceux qui ont eu d’une vie facile tendent à ne pas se contenter de ces petits contentements : ils veulent plus. Cette multiplicité de conceptions du bonheur, et de façons de vivre ce bonheur, nous permet ainsi de relativiser.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">L’on termine sur le commentaire d’un petit passage de Kant, tiré des <em>Fondements de la Métaphysique des mœurs</em>. Ici, Kant parle du caractère imaginatif, et non rationnel, du concept de bonheur, et de la multiplicité de conceptions qui s’ensuivent : puisque les effets de la réalisation de nos souhaits restent largement imprévisibles, on ne saurait déterminer avec exactitude ce qui nous rendra vraiment heureux. Dès lors, selon ses propres capacités et inclinations, chacun imagine le bonheur à sa façon. D’où l’indétermination foncière du concept de bonheur, et sa plurivocité.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">La soirée se termine par le rappel du café philo de décembre, qui aura exceptionnellement lieu à la Médiathèque de Montargis le vendredi 6 décembre à 18 heures (et non pas 19 heures). Pour cette séance, quatre sujets sur l’art sont proposés et mis au vote : "<em>Que dit le musée de nous-même ?", "L’art a-t-il vraiment un but ?", "L’art doit-il toujours se prendre au sérieux ?" </em>et<em> "Peut-on tirer des leçons de l’histoire de l’art ?" </em>C’est le sujet<em> "L’art doit-il toujours se prendre au sérieux ?"</em> qui est choisi et qui fera l’objet du café philo spécial à la Médiathèque, avec la participation du Musée Girodet.</span></p><p style="text-align: right;"><span style="font-size: 8pt;"><em>Photo : Bruce Mars - Pexels</em></span></p>
Café philosophique de Montargishttp://cafephilosophique-montargis.hautetfort.com/about.htmlIls ont dit, au sujet de l'arttag:cafephilosophique-montargis.hautetfort.com,2019-12-01:61948742019-12-01T15:11:00+01:002019-12-01T15:11:00+01:00 "Muse, chante la colère du fils de Pélée." [Homère] "C'est chose légère...
<blockquote><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">"Muse, chante la colère du fils de Pélée." [Homère]</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">"C'est chose légère que le poète, ailée, sacrée: il n'est pas en état de créer avant d'être inspiré par un dieu, hors de lui, et de n'avoir plus sa raison; tant qu'il garde cette faculté, tout être humain est incapable de faire oeuvre poétique et de chanter des oracles." [Platon]</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">"La tragédie est imitation." [Aristote]</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">"S'il ne sent point du ciel l'influence secrète / Si son astre en naissant ne l'a formé poète, / Sans son génie étroit, il est toujours captif." [Boileau]</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">"Le génie n’est autre chose qu’une grande aptitude à la patience." [Buffon]</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">"En peinture, il n’y a pas de règle plus raisonnable que l’équilibre des formes : il faut les placer avec la plus grande précision sur leur propre centre de gravité. Une forme mal équilibrée est disgracieuse ; elle provoque en effet l’idée de sa chute et celle de dommage et de douleur, ce sont des idées pénibles quand par sympathie elles acquièrent quelque degré de force et de vivacité." [David Hume]</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">"Est beau ce qui plaît universellement, sans concept." [Emmanuel Kant]</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">"Le génie est le talent de produire ce dont on ne peut donner de règle déterminée, et non pas l'habileté qu'on peut montrer en faisant ce qu'on peut apprendre suivant une règle ; par conséquent, l'originalité est sa première qualité." [Emmanuel Kant]</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">"Quand je me sens bien et que je suis de bonne humeur […], les pensées me viennent en foule et le plus aisément du monde. D’où et comment m’arrivent-elles ? Je n’en sais rien, je n’y suis pour rien." [Wolfgang Amadeus Mozart]</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">"Clos ton œil physique afin de voir d’abord ton tableau avec l’œil de ton esprit." [C.D. Friedrich]</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">" Pour acquérir en ce domaine un parfait savoir-faire, ce n'est pas l'inspiration qui peut être d'un quelconque secours, mais seulement la réflexion, l'application et une pratique assidue." [GWF Hegel]</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">"Ce n'est que par la pure contemplation… que sont appréhendées les Idées et la nature du génie consiste précisément dans la capacité par excellence à une telle contemplation … ce qui exige un oubli complet de notre propre personne." [Arthur Schopenhauer]</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">"[Le génie] atteint un but que les autres ne peuvent même pas voir." [Arthur Schopenhauer]</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">"L’art sauvera le monde." [Fiodor Dostoïevski]</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">"Un formidable esprit descend dans sa pensée/ Sa parole luit comme un feu / Et son front porte tout un Dieu." [Victor Hugo]</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">"Le goût se trouve partout où la pureté des lignes est présente." [Ledoux]</span><br /><br /><span style="font-size: 10pt;">"Pas d’idées ! Surtout, pas d’idées !" [W. Bouguereau]</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">"Nous avons l’art afin de ne pas mourir de la vérité." [Friedrich Nietzsche]</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">"Tous les grands hommes sont de grands travailleurs, infatigables non seulement à inventer, mais encore à rejeter, passer au crible, modifier, arranger. [De là] les magnifiques mélodies de Beethoven […] triées d’ébauches multiples." [Friedrich Nietzsche]</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">"Je vous enseigne le Surhumain. L'homme est quelque chose qui doit être surmonté." [Friedrich Nietzsche]</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">"Le surhumain est le sens de la terre. Que votre volonté dise : que le surhumain soit le sens de la terre !" [Friedrich Nietzsche]</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">"Vous les solitaires d'aujourd'hui, vous qui demeurez à l'écart, vous serez un peuple un jour : de vous qui vous êtes vous-mêmes élus naîtra un peuple élu – et de lui naîtra le surhumain." [Friedrich Nietzsche]</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">"Qu'est-ce que le singe pour l'homme ? Un objet de risée ou une honte douloureuse. Et c'est exactement cela que l'homme doit être pour le surhumain : un objet de risée ou une honte douloureuse." [Friedrich Nietzsche]</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">"L'artiste a le pouvoir de réveiller la force d'agir qui sommeille dans d'autres âmes." [Friedrich Nietzsche]</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">"L'art étant surhumain, il cultive l'élément surhumain en l'homme et se trouve être, par conséquent, un moyen d'évolution de l'humanité au même titre que la religion." [Piet Mondrian]</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">"L'art ne reproduit pas le visible, il rend visible." [Paul Klee]</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">"[L’art] c’est la seule chose qui résiste à la mort." [André Malraux]</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">" "Si nos écrivains et artistes venus des milieux intellectuels veulent que leurs oeuvres soient bien accueillies par les masses, il faut que leurs pensées et leurs sentiments changent, il faut qu'ils se rééduquent..." [Mao Zedong]</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">"Mais c'est expressément à Manet que nous devons attribuer d'abord la naissance de cette peinture sans autre signification que l'art de peindre qu'est la "peinture moderne" [George Bataille]</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">"La main du poète-scribe n'est qu'un appareil enregistreur, un marteau sans maître." [René Char]</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">"L’Homme habite en poète." [Martin Heidegger]</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">" L'art est la mise en œuvre de la vérité." [Martin Heidegger]</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">"L'artiste doit se faire regretter déjà de son vivant !" [René Char]</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">"Quel est le rapport de l’œuvre d’art avec la communication ? Aucun." [Gilles Deleuze]</span><br /><br /><span style="font-size: 10pt;">"L’idée d’une œuvre d’art conservatrice a quelque chose d’absurde. En se séparant en toute rigueur du monde empirique, de leur autre, les œuvres témoignent que ce monde lui-même doit devenir autre chose." [Adorno]</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">" La définition de ce qu’est l’art est toujours donnée à l’avance par ce qu’il fut autrefois, mais n’est légitimée que par ce qu’il est devenu, ouvert à ce qu’il veut être et pourra peut-être devenir." [Adorno]</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">"[L’artiste est ] une sorte de monstre inconscient, irresponsable, un simple médiateur entre le commun des mortels et une puissance obscure, un Dieu." [Alain Robbe-Grillet]</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">"Le peinte hyperréaliste ne dit pas au spectateur comment il doit ressentir le sujet, il affirme simplement qu’il existe et qu’il vaut la peine de le regarder parce qu’il existe." [Linda Chase]</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">"Les abrutis ne voient le beau que dans les belles choses." [Arthur Cravan]</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">"Créer pour vivre ou vivre pour créer : toute la différence entre l’artiste et l’artisan." [Michel Polac]</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">"Un artiste est presque toujours tendu sur le bord du délire." [Hélène Grimaud]</span></p></blockquote>
Café philosophique de Montargishttp://cafephilosophique-montargis.hautetfort.com/about.htmlKant : Le jugement de goûttag:cafephilosophique-montargis.hautetfort.com,2019-11-28:61943512019-11-28T07:32:00+01:002019-11-28T07:32:00+01:00 Toute fin, envisagée comme le motif de la satisfaction, est toujours...
<blockquote><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">Toute fin, envisagée comme le motif de la satisfaction, est toujours associée à un intérêt comme cause déterminante du jugement sur l'objet du plaisir. Le jugement de goût ne peut donc avoir pour principe une fin subjective; de même aussi aucune représentation d'une fin objective c'est-à-dire de la possibilité de l'objet lui-même d'après des principes de liaison finale; donc aucun concept du bien ne peut déterminer le jugement de goût; car, c'est un jugement esthétique et non un jugement de connaissance, et il ne concerne par suite aucun objet de la nature, ou de la possibilité interne ou externe de l'objet, mais uniquement le rapport réciproque des facultés représentatives en tant que déterminées par une représentation.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">Or ce rapport, quand on qualifie un objet de beau, est uni à un sentiment de plaisir qui est en même temps déclaré valable pour tous par le jugement de goût; par suite, un agrément qui accompagnant la représentation ne peut pas plus en renfermer le motif déterminant que ne le peut la représentation de la perfection de l'objet ou le concept du bien. Donc ce qui constitue la satisfaction que, sans concept, nous jugeons universellement communicable, et par suite le motif déterminant du jugement de goût, c'est uniquement la finalité subjective dans la représentation d'un objet, sans aucune fin (ni objective, ni subjective), en conséquence la simple forme de la finalité de la représentation par laquelle un objet nous est donné.</span></p><p style="text-align: right;"><span style="font-size: 10pt;"><a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Emmanuel_Kant" target="_blank" rel="noopener">Emmanuel Kant</a>, <em>Critique du jugement</em> (1790)</span></p></blockquote>
Café philosophique de Montargishttp://cafephilosophique-montargis.hautetfort.com/about.htmlCompte-rendu du débat ”Un bon philosophe a-t-il toujours raison?”tag:cafephilosophique-montargis.hautetfort.com,2019-11-05:61882372019-11-05T20:03:00+01:002019-11-05T20:03:00+01:00 Le vendredi 4 octobre 2019, le café philosophique de Montargis se...
<p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">Le vendredi 4 octobre 2019, le café philosophique de Montargis se réunissait au Belman pour une séance spéciale 10e anniversaire. C’est en effet en octobre 2009, le 3 octobre précisément, qu’était créé au centre commercial de La Chaussée une animation philosophique, animée par Claire et Bruno. 10 ans plus tard, contre toute attente, le café philosophique de Montargis continue sa route. Bruno communique un message de Claire pour saluer les animateurs et les participants du café philo : "<em>Je souhaite un très joyeux anniversaire au café philo de Montargis ! Il y a 10 ans c’était une idée un peu singulière, voire carrément folle et aujourd’hui il semble entré dans les mœurs. </em></span><em><span style="font-size: 10pt;">Ce café est une sublime aventure. Je garde de magnifiques souvenirs des premières séances faites en toute intimité, comme de celles plus polémiques et bondées (vous rappelez vous des lettres nous dissuadant de continuer ? Des tensions amenées par certaines interventions et par certains intervenants ?). Demeurent surtout l’impression de parole libérée, de tolérance, de soutien aussi, de déploiement d’une pensée commune, bigarrée certes, mais nous grandissant les uns et les autres. </span></em><span style="font-size: 10pt;"><em>J’en parle encore souvent aujourd’hui, comme de retrouvailles entre amis, au café, un soir par mois pour échanger, rire mais parfois aussi s’émouvoir et être ému. Je pense très souvent à vous tous (Isabelle, Pascal, Gilles, Jean Marie et Marthe, Dominique, Bruno bien sur, et tous les autres que je n’ai pas oubliés mais la liste est longue). Vous m’accompagnez toujours dans mes cours et m’avez beaucoup apporté. Régulièrement je me dis qu’il me manque vos sourires, vos regards et nos échanges. Merci à tous d’avoir été là dès le début ou un peu plus tard…</em>"</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">aPour cette séance spéciale, c’est de philosophie et de philosophes dont il sera question. Qu’est-ce qu’un philosophe et qu’est-ce qu’un bon philosophe ? Une autre question est posée : est-ce que dans un café philo on philosophe ?</span></p><p><img src="http://cafephilosophique-montargis.hautetfort.com/media/00/02/3283326826.jpg" id="media-6053210" alt="" /></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">Pour un premier patrticipant, oui un bon philosophe a toujours raison. S’il est bon philosophe il fait fonctionner sa raison, il écoute, il compare, il ne s’enfonce pas dans les préjugés ou dans l’idéologie, il pose les bonnes questions et il fait en sorte, àl’instar de Socrate, que les personnes accouchent de leur propre raisonnement. Mais est-ce que les bons philosophes existent réellement ? Voilà qui pourrait être une autre question.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">Pour un autre intervenant, le rôle d’un philosophe n’est pas d’avoir raison mais de raisonner ("<em>Le philosophe est voué par état à chercher la raison des choses</em>" disait Antoine-Augustin Cournot). Avoir raison c’est s’enfermer dans une pensée binaire : il y aurait ceux qui ont raison et ceux qui sont dans l’erreur. </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">Qu’est-ce que c’est qu’avoir raison ? Ne serait-ce pas d’être dans une certaine logique ? Et d’ailleurs, on a raison par rapport à quoi ou à qui ? Pour une autre personne du public, avoir raison c’est faire fonctionner sa raison et, sur une idée par facile, chercher les meilleures raisonnements pour répondre en partie à une question, ce qui arrive au cours de séances du café philo. Mais ces réponses sont, comme les vérités scientifiques, sont des dynamiques qui peuvent par contre changer. </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">Il peut y avoir des similitudes avec la religion, sauf que les réponses du philosophe – et a priori du "<em>bon philosophe</em>" – sont basées non sur des opinions religieuses sur des critères plus objectifs. </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">La raison, terme qui <em>"résonne"</em> au cours de ce début de débat, fait référence à l’outil raison, sauf que plus trivialement, la raison est utilisée au cours d’un débat ("<em>La puissance de bien juger, et distinguer le vrai d'avec le faux, qui est proprement ce qu'on nomme le bon sens, ou la raison, est naturellement égale en tous les hommes</em>" écrivait René Descartes.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">Philosopher ne serait-ce pas simplement chercher le pourquoi des choses, une quête d’absolue, d’une vérité ou de <em>"la"</em> vérité. Mais cette quête serait vaine, avec un raisonnement qui tournerait vainement. La philosophie, en tant que réflexion sur la vie, s’intéresse aussi au quotidien, mais pas simplement dans un but de finalité, dans un sens relativiste aussi. Philosopher c’est aussi vivre le mieux possible dans son environnement et se projeter dans le monde où j’évolue. Le terme de "philosophie de vie" est employé. Le sens du mot <em>"philosophe",</em> rebondit un participant, est "<em>l’ami de la sagesse.</em>" Philosopher ce serait apprendre à vivre mieux. </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">Les bons philosophes feraient une analyse approfondie de la réalité sociale et essayent d’expliquer les contradictions pour en tirer des conclusions et prévoir des écolutions de la société. Un bon philosophe serait quelqu’un dont les écrits résistent au temps et dont les influences perdurent, à l’exemple de Platon. Il semblerait que le langage aurait une importance importante dans la philosophie. </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">Une autre question est posée : un philosophe doit-il être diplômé ? Il y a la question du sérieux et de la disponibilité de la personne philosophant. Être philosophe poserait en soi question, car qui peut se targuer d’être philosophe, et a fortiori <em>"bon philosophe"</em> ? Un certain nombre de personnes s’auto-proclament philosophes sous prétexte qu’ils achètent quelques journaux d’opinion… </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">Le philosophe n’est pas un médecin, réagit un participant : il n’apporte pas des remèdes mais il fait le pari de la vérité, même si elle peut perturber. Le philosophe met aussi sa vie en concordance avec ses idées ("<em>Qu'est-ce qu'un philosophe? C'est quelqu'un qui pratique la philosophie, autrement dit qui se sert de la raison pour essayer de penser le monde et sa propre vie, afin de se rapprocher de la sagesse ou du bonheur. Cela s'apprend-il à l'école? Cela doit s'apprendre</em>", écrit André Comte-Sponville). Une autre question se fait jour : un professeur de philosophie est-il un philosophe ? Pour ce même participant, certains n’exercent que leur métier de professeur de philosophie pendant quelques heures, et le week-end reviennent à des activités pas forcément en accord avec leurs idées.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">Pour une intervenante, le philosophe est un sage, et la sagesse ne s’acquiert pas facilement. Un professeur de philosophie ne serait donc pas forcément philosophe. Pour un autre intervenant, le rôle d’un café philosophique serait aussi de démystifier le professeur de philosophie, au profit de l’individu qui n’a pas forcément fait des études. Pour reprendre l’idée de départ du café philosophique de Montargis, comme le rappelle un animateur, l’objectif est d’arriver avec des réponses et repartir avec des questions. Toute personne peut philosopher et cela ne doit pas être réservé aux spécialistes seules qui seraient capable de raisonner. Dans un café philo, l’occasion est laissée à chacun de philosopher pour en sortir quelque chose de plus riche ("<em>J'estime philosophe tout homme, de quelque degré de culture qu'il soit, qui essaie de temps à autre de se donner une vue d'ensemble de ce qu'il sait par expérience directe, intérieure ou extérieure</em>", Paul Valéry).</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">Le symbole du professeur de philo et du diplôme de philosophie est assez symptomatique. Le philosophe serait cette personne qui ne penserait pas comme les "gens normaux", ces gens normés qui suivent une règle. Il n’y aurait pas d’élitisme en philo, mais la question est de savoir qui est professeur de philo. La philosophie s’intéresse à l’esthétique, à l’éthique, à la logique, à la métaphysique, la morale, l’ontologie et à la téléologique. c’est donc très, très large. Après, la question est de savoir qui est un bon philosophe. Freud était-il un bon philosophe par exemple ? Et Michel Onfray ? À trop institutionnaliser la philosophie, il peut y avoir des logiques de pouvoir, alors qu’une bonne philosophie se construit aussi sur un vécu et une certaine fraîcheur. C’est aussi tout l’intérêt de la richesse du philosopher en commun au sein d’un café philo. </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">Un philosophe pense, mais c’est bien de penser à partir de quelque chose, à partir de connaissances passées sur 2500 ans de philosophie. Il y aurait donc un intérêt à aller voir du côté de l’histoire de la philosophie, du côté des philosophes passées, afin d’enrichir notre pensée ex nihilo. C’est aussi tout l’intérêt du diplôme en philosophie qui, comme beaucoup de fonctions sociales, permet de normer. D’autre part, le professeur de philosophie a besoin de connaissances afin de former de jeunes esprits et faire étudier la philosophie aux autres. "<em>Il faut apprendre à philosopher, et non pas la philosophie</em>" disait Kant.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">Or, le philosophe est parfois un terme fourre-tout, comme le dit la définition courante ("<em>1. Spécialiste de philosophie.2. Penseur qui élabore une doctrine, un système philosophique.3. [HIST. ] Partisan des idées nouvelles, des « Lumières », au XVIIIe s. adjectif et nom Se dit de quelqu’un qui supporte les épreuves avec constance et résignation, qui prend la vie du bon côté</em>"). Il y a certes besoin d’une formation et de compétences, ce qui est quelque chose de relativement neuf. Mais ces formations apparaissent nécessaires mais pas suffisantes, elles peuvent même être un frein à la bonne philosophie puisqu’une formation ne permet par de nouvelles pensées mais reste surtout sur des idées passées. Il semblerait donc que cette discipline peut être faite par tout le monde, plus ou moins bien ("<em>On a tous une part de philosophie en nous</em>"). Il semblerait qu’une petite élite dénierait au commun des mortels la possibilité de philosopher. Un nouvel intervenant pense de son côté qu’il est difficile de raisonner sans structures. Beaucoup de philosophes étaient mathématiciens et avaient un art de la logique et l’art de savoir poser les bonnes questions, ce qui n’est pas simple. Un bon philosophe, comme Edgar Morin, est capable de nous emmener au-delà de ce que l’on a l’habitude de penser et qui apporte de grandes choses. </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">Plusieurs questions émergent : quel est le rôle du philosophe dans la société ? Le philosophe peut-il être un phare au milieu du monde ? D’autre part, la question de ce soir, "Un philosophe a-t-il toujours raison ?" impliquerait, à travers le mot <em>"toujours"</em> qu’en général le philosophe a raison… Dans un monde troublé, n’avons-nous pas besoin de personnes capables de poser les bonnes questions et de nous conduire à réfléchir sur la société ou sur l’être. Et donnons-nous une place suffisante au philosophe. "<em>Philosopher revient donc, en somme, à ceci : se comporter à l'égard de l'univers comme si rien n'allait de soi</em>" disait Wladimir Jankélévitch.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">Pour un autre participant, si nous sommes philosophes, d’une manière ou d’une autre, combien de philosophes la société choisit-elle de garder ? Ce serait celui qui correspond aux desiderata de la société. Il y a là aussi une logique de marché, d’après un intervenant. </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">Nous pouvons prétendre faire de la philosophie sans avoir de diplômes, amis il y aussi l’inverse : certains diplômé.e.s en philosophie peuvent se retrouver, pour des logiques de marché du travail, à ne pas faire de philosophie. Ce serait donc le petit lanceur d’alerte qui serait le plus à même de philosopher. </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">Peut-on qualifier ce qui n’est pas quantifiable ou qualifier ce qui ne ‘est pas ? La question du diplôme n’est sans doute pas la plus pertinente, même si l’on a besoin d’être éclairé par des textes ou des personnes afin d’avancer. "<em>Celui qui n’a aucune teinture de philosophie traverse l’existence, prisonnier de préjugés dérivés du sens commun… Dès que nous commençons à penser conformément à la philosophie, au contraire, nous voyons (…) que même les choses les plus ordinaires de la vie quotidienne posent des problèmes auxquels on ne trouve que des réponses très incomplètes</em>" disait Bertrand Russell.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">Lorsque l’on s’interroge sur la question "<em>Le philosophe a-t-il toujours raison ?</em>", il y aurait l‘idée que le philosophe aurait à défendre quelque chose, à s’engager pour que la vérité éclate. Or, chez beaucoup de philosophes, cette notion d’engagement n’est pas forcément l’idée majoritaire. Avoir raison ne serait-ce pas se placer en tant que gourou, dans une intention de persuasion ? </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">Une intervenante s’interroge : "<em>Qui a dit « Je sais que je ne sais pas ? »</em>" C’est Socrate. Qu’un bon philosophe est toujours raison, cela ne peut pas être, car la pensée peut évoluer : un philosophe n’a jamais raison. Il a raison à un moment "<em>t</em>". On retient aussi des bons philosophes ceux qui ont un côté créatif, avec une pensée originale et personnelle. Kant a apporté quelque chose de nouveau, mais c’est vrai dans beaucoup de domaines. Celles et ceux qui restent dans l’histoire sont celles et ceux qui "ne sont pas des maniéristes", celles et ceux qui savent se distinguer. Sur la phrase "<em>Je ne sais rien</em>" peut aussi se lire comme l’acceptation que la personne a quelque chose de creux en elle et qu’elle est prête à accueillir de nouvelles choses, de nouveaux questionnements. Le "<em>Je sais</em>" implique que j’ai des acquis et que j’aurai du mal à accepter d’autres acquis. </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">Pour un participant, la philosophie rend justice à la pensée lorsqu’elle est attaquée. Ce qui veut dire que je peux être formé ou non, mais le plus important est de faire modifier le cours des choses dans un sens moral ou éthique, après avoir été reconnu ou non par ses pairs. Le philosophe peut avoir raison, mais il ne le sait pas forcément : comme une nouvelle technologie, une nouvelle pensée peut bousculer le monde, en bien ou en mal (Descartes, Nietzsche ou Shopenhauer), bien après la mort du philosophe qui l’a émise ("<em>Les philosophes ne sont vraiment forts que les uns contre les autres. Sans leurs erreurs mutuelles, que seraient-ils ?</em>" écrivait Jules Barbey d'Aurevilly).</span></p><p style="text-align: justify;"><a href="http://cafephilosophique-montargis.hautetfort.com/archive/2019/10/06/blind-test-speciale-10-ans-6180973.html" target="_blank" rel="noopener"><span style="font-size: 10pt;">Pour cette séance exceptionnelle, un blind-test est proposé, avec un cadeau pour la personne gagnante.</span></a></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">La soirée se termine par le choix du sujet de la séance suivante, qui aura lieu le 15 novembre. Trois sujets sont proposés : "<em>Suis-je libre de vouloir ce que je veux ?</em>", "<em>Dépend-il de nous d’être heureux ?</em>" et "<em>Faut-il craindre la nature ?</em>" C’est le sujet "<em>Dépend-il de nous d’être heureux ?</em> qui est choisi pour la séance du 15 novembre. Une séance à la médiathèque est également prévue le 6 décembre prochain à 18 heures.</span></p>
Café philosophique de Montargishttp://cafephilosophique-montargis.hautetfort.com/about.htmlKant : Qu'est-ce qui est bon pour moi ?tag:cafephilosophique-montargis.hautetfort.com,2019-10-15:61857702019-10-15T03:07:00+02:002019-10-15T03:07:00+02:00 Le concept du bonheur est un concept si indéterminé, que, malgré le désir...
<blockquote><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">Le concept du bonheur est un concept si indéterminé, que, malgré le désir qu’a tout homme d’arriver à être heureux, personne ne peut jamais dire en termes précis et cohérents ce que véritablement il désire et il veut...</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">Pour l’idée du bonheur un tout absolu, un maximum de bien-être dans mon état présent et dans toute ma condition future, est nécessaire. Or il est impossible qu’un être fini, si perspicace et en même temps si puissant qu’on le suppose, se fasse un concept déterminé de ce qu’il veut ici véritablement. Veut-il la richesse ? Que de soucis, que d’envie, que de pièces ne peut-il pas par là attirer sur sa tête ! Veut-il beaucoup de connaissance et de lumières ? Peut-être cela ne fera-t-il que lui donner un regard plus pénétrant pour lui représenter d’une manière d’autant plus terrible les maux qui jusqu’à présent se dérobent encore à sa vue...</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">Bref, il est incapable de déterminer avec une entière certitude d’après quelque principe ce qui le rendrait véritablement heureux : pour cela il lui faudrait l’omniscience... Le problème qui consiste à déterminer d’une façon sûre et générale quelle action peut favoriser le bonheur d’un être raisonnable est un problème tout à fait insoluble.</span></p><p style="text-align: right;"><span style="font-size: 10pt;"><a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Emmanuel_Kant" target="_blank" rel="noopener">Emmanuel Kant</a>, <em>Fondements de la Métaphysique des Mœurs</em> (1785)</span></p><p style="text-align: right;"><span style="font-size: 8pt;"><em>Photo : Edu Carvalho</em></span></p></blockquote>
Café philosophique de Montargishttp://cafephilosophique-montargis.hautetfort.com/about.htmlComte-Sponville : Un philosophe, c'est quelqu'un qui pratique la philosophietag:cafephilosophique-montargis.hautetfort.com,2019-10-02:61798662019-10-02T09:09:00+02:002019-10-02T09:09:00+02:00 Je ne sais plus si c'est Guitton ou Thibon qui raconte l'anecdote, comme...
<blockquote><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">Je ne sais plus si c'est Guitton ou Thibon qui raconte l'anecdote, comme lui étant personnellement arrivée. La scène se passe au début du XXe siècle, dans une campagne un peu reculée. Un jeune professeur de philosophie, se promenant avec un ami, rencontre un paysan, que son ami connaît, qu'il lui présente, et avec lequel notre philosophe échange quelques mots.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">— Qu'est-ce que vous faites dans la vie?, lui demande le paysan.</span><br /><span style="font-size: 10pt;">— Je suis professeur de philosophie.</span><br /><span style="font-size: 10pt;">— C'est un métier?</span><br /><span style="font-size: 10pt;">— Pourquoi non? Ça vous étonne?</span><br /><span style="font-size: 10pt;">— Un peu, oui!</span><br /><span style="font-size: 10pt;">— Pourquoi ça?</span><br /><span style="font-size: 10pt;">— Un philosophe, c'est quelqu'un qui s'en fout... Je ne savais pas que cela s'apprenait à l'école!</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">Ce paysan prenait « philosophe » au sens courant, où il signifie à peu près, sinon quelqu'un qui s'en fout, du moins quelqu'un qui sait faire preuve de sérénité, de tranquillité, de recul, de décontraction... Un sage? Pas forcément. Pas totalement. Mais quelqu'un qui tend à l'être, et tel est aussi, depuis les Grecs, l'étymologie du mot (philosophos : celui qui aime la sagesse) et son sens proprement philosophique. On me dit parfois que cela n'est vrai que des Anciens... Ce serait déjà beaucoup. Mais c'est oublier Montaigne. Mais c'est oublier Spinoza. Mais c'est oublier Kant (« La philosophie est la doctrine et l'exercice de la sagesse, écrivait-il dans son Opus postumum, non simple science ; la philosophie est pour l'homme effort vers la sagesse, qui est toujours inaccompli »). Mais c'est oublier Schopenhauer, Nietzsche, Alain... Le philosophe, pour tous ceux-là, ce n'est pas quelqu'un de plus savant ou de plus érudit que les autres, ni forcément l'auteur d'un système ; c'est quelqu'un qui vit mieux parce qu'il pense mieux, en tout cas qui essaye (« Bien juger pour bien faire », disait Descartes : c'est la philosophie même), et c'est en quoi le philosophe reste cet amant de la sagesse, ou cet apprenti en sagesse, que l'étymologie désigne et dont la tradition, depuis vingt-cinq siècles, n'a cessé de préserver le modèle ou l'exigence. Si vous n'aimez pas ça, n'en dégoûtez pas les autres.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">Qu'est-ce qu'un philosophe? C'est quelqu'un qui pratique la philosophie, autrement dit qui se sert de la raison pour essayer de penser le monde et sa propre vie, afin de se rapprocher de la sagesse ou du bonheur. Cela s'apprend-il à l'école? Cela doit s'apprendre, puisque nul ne naît philosophe, et puisque la philosophie est d'abord un travail. Tant mieux si cela commence à l'école. L'important est que cela commence, et ne s'arrête pas. Il n'est jamais ni trop tôt ni trop tard pour philosopher, disait à peu près Épicure, puisqu'il n'est jamais ni trop tôt ni trop tard pour être heureux. Disons qu'il n'est trop tard que lorsqu'on ne peut plus penser du tout. Cela peut venir. Raison de plus pour philosopher sans attendre.</span></p><p style="text-align: right;"><span style="font-size: 10pt;"><a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Andr%C3%A9_Comte-Sponville" target="_blank" rel="noopener">André Comte-Sponville</a>, <em>Dictionnaire philosophique</em> (2001)</span></p></blockquote>
Café philosophique de Montargishttp://cafephilosophique-montargis.hautetfort.com/about.htmlKant : Démonstration mathématique et connaissance philosophiquetag:cafephilosophique-montargis.hautetfort.com,2019-09-28:61790482019-09-28T18:24:09+02:002019-09-28T18:24:09+02:00 Seule une preuve apodictique, en tant qu'elle est intuitive, peut...
<blockquote><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">Seule une preuve apodictique, en tant qu'elle est intuitive, peut s'appeler démonstration. L'expérience nous enseigne sans doute ce qui est, mais non point que cela ne pourrait en aucun cas être autrement. C'est pourquoi des arguments empiriques ne peuvent fournir nulle preuve apodictique... Seule la mathématique contient donc des démonstrations, parce qu'elle dérive sa connaissance non de concepts, mais de la construction de ceux-ci c'est-à-dire de l'intuition qui peut être donnée a priori comme correspondant aux concepts... Par opposition, la connaissance philosophique doit se passer de cet avantage... Ce pourquoi je donnerais plus volontiers aux preuves philosophiques le nom de preuves discursives que celui de démonstrations, parce qu'elles ne peuvent s'opérer qu'à travers de simples mots (en évoquant l'objet en pensée), tandis que les démonstrations, comme l'expression déjà l'indique, se développent dans l'intuition de l'objet.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">De tout cela s'ensuit donc qu'il n'est nullement adapté à la nature de la philosophie, notamment dans le domaine de la raison pure, de parader en se donnant des airs dogmatiques et de se parer avec les titres et les emblèmes de la mathématique, puisqu'elle ne relève pas du même ordre que celle-ci, quand bien même elle a tous les motifs de placer ses espoirs dans une union fraternelle avec elle. Ce sont là de vaines prétentions qui jamais ne peuvent aboutir, mais qui bien plutôt doivent faire revenir la philosophie à son dessein de découvrir les illusions d'une raison méconnaissant ses limites et ramener, par l'intermédiaire d'une clarification suffisante de nos concepts, la présomption de la spéculation à une connaissance de soi-même modeste, mais solidement étayée. La raison ne pourra donc pas, dans ses tentatives transcendantales, regarder devant elle avec la même assurance que si la route qu'elle a parcourue conduisait directement au but, ni compter sur les prémisses qu'elle a adoptées pour fondement avec une telle audace qu'il ne lui serait pas nécessaire de regarder plus souvent vers l'arrière et de considérer attentivement si d'aventure ne se découvrent pas dans le cours de ses raisonnements des fautes qui seraient passées inaperçues dans les principes et qui rendraient nécessaire soit de les déterminer davantage, soit d'en changer tout à fait.</span></p><p style="text-align: right;"><span style="font-size: 10pt;"><a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Emmanuel_Kant" target="_blank" rel="noopener">Emmanuel Kant</a>, <em>Critique de la raison pure</em> (1781)</span></p></blockquote>
Café philosophique de Montargishttp://cafephilosophique-montargis.hautetfort.com/about.htmlCompte-rendu du débat: ”Les hommes ont-ils besoin d’être gouvernés?”tag:cafephilosophique-montargis.hautetfort.com,2019-07-15:61643882019-07-15T00:00:00+02:002019-07-15T00:00:00+02:00 Le café philosophique de Montargis se réunissait le 14 juin 2019 pour un...
<p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">Le café philosophique de Montargis se réunissait le 14 juin 2019 pour un débat portant sur le sujet : "<em>Les hommes ont-ils besoin d’être gouvernés ?</em>" La soirée commence par la diffusion d’un extrait du Seigneur des Anneaux ("Un anneau pour les gouverner tous").</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">Un premier participant s’arrête sur quelques termes de ce sujet, a priori "sans objet" pour lui. Le terme "<em>d’hommes</em>", pour lui, est une traduction sujette à caution puisque les Anglais parlent de "<em>human beings</em>". Du reste, pourquoi ne pas parler aussi de "<em>femmes</em>", relate un animateur, en écho aux réactions qu’il a pu entendre. La question de l’espèce homo sapiens, qui a une dimension dans le temps et l’espace, laisse apparaître, dit ce premier intervenant, que l’homme a produit des systèmes sans gouvernement. Ou plutôt des êtres humains avec des modèles imparfaits. Que signifie gouverner ? Ne confond-on pas gouvernance et gouvernement ? La gestion ne l’est pas tout autant. Que signifie le gouvernement ? Est-il question de gouvernance étatique, de pouvoir ou d’autorité ? L’autorité peut aussi qualifier cette autorité qu’un homme de savoir peut avoir et qui peut m’être utile.</span><br /><span style="font-size: 10pt;">Derrière ce sujet, il y a en effet, dit un animateur, la distinction entre gouverner et gérer, entre gouvernement et gouvernance. Étant donné que dans l’histoire il y a eu des communautés humaines qui ont semblé être sans gouvernement, la question interroge : ces communautés ne semblent pas vouées à disparaître ou à retourner dans un mode d’existence soumis à un certain gouvernement. N’y aurait-il besoin que ces communautés aient besoin d’une forme de gouvernement, après un passage accidentel et temporaire sans gouvernement. La question du débat de ce soir, assez classique philosophiquement, est en réalité intéressante car pleine de présupposés et de possibilités de discussions.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">Une participante parle de ce terme de besoin et de la forme passive du verbe gouverner ("<em>être gouverné</em>"), ce qui présuppose une forme de soumission (que notamment les femmes, ajoute-t-elle, ne veulent surtout plus !). Qu’en est-il du besoin ? Parle-t-on d’un besoin naturel ? </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">Une personne du public considère qu’à partir du moment où l’homme vit en communauté, un gouvernement, ou plutôt une organisation, est nécessaire ("<em>Ce qui donne naissance à une société, c’est, je crois l’impuissance où se trouve chaque individu à se suffire à lui-même</em>" disait Platon). Dès que l’on est nombreux, le vivre ensemble se heurte aux intérêts individuels. L’organisation des choses nécessiterait une forme de délégation de pouvoir afin d’imposer des mesures, comme c’est le cas pour les questions environnementales. Les animaux seuls n’ont pas besoin d’être gouvernés, certes, mais les hommes ont besoin d’être gouvernés : "On voit d'une manière évidente pourquoi l'homme est un animal sociable à un plus haut degré que les abeilles et tous les animaux qui vivent réunis" disait Aristote. Emmanuel Kant écrivait de son côté que "<em>l'homme est un animal qui, lorsqu'il vit parmi d'autres membres de son espèce, a besoin d'un maître</em>."</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">Malgré tout, pourquoi ne pas considérer que, d’une manière ou d’une autre, les sociétés gouvernées ou non peuvent être transitoires ou non. Par ailleurs, se placer du côté de l’auto-organisation d’une société par elle-même c’est se placer du côté de Saint-Simon ou de Bakounine qui prônent une autre forme d’organisation via des échanges commerciaux, à ce détail prêt que ces échanges peuvent aboutir à des situations violentes.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;"><a href="http://cafephilosophique-montargis.hautetfort.com/media/01/02/303148547.jpg" target="_blank" rel="noopener"><img id="media-6013636" style="float: left; margin: 0.2em 1.4em 0.7em 0;" title="" src="http://cafephilosophique-montargis.hautetfort.com/media/01/02/1211932597.jpg" alt="aristote,kant,saint-simon,bakounine,hobbes,nietzsche,fourrier,spinoza,machiavel,proudhon,la boétie,rousseau" /></a>La meilleure organisation possible est aussi la vraie question, avec de mauvais gouvernements. Et l’amélioration sera perpétuelle, en sachant, dit un intervenant, que la démocratie est le meilleur des systèmes : "<em>Par ce qui précède je pense avoir assez montré les fondements de l'État démocratique, duquel j'ai parlé en premier parce qu'il semblait le plus naturel et celui qui est le moins éloigné de la liberté que la nature reconnaît à chacun</em>" écrivait <a href="http://cafephilosophique-montargis.hautetfort.com/archive/2019/06/06/spinoza-la-democratie-est-le-regime-le-plus-naturel-6155738.html" target="_blank" rel="noopener">Baruch Spinoza</a>.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">Pour un autre participant le dilemme est la limite du pouvoir et les abus de ce pouvoir. Il faut qu’il y ait un accord entre le peuple et son représentant. Le pouvoir est la recherche de ce que désire une certaine majorité.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">Cette historie de délégation de pouvoir, qu’on le veuille ou non, est au cœur de la démocratie actuelle et elle renvoie au<a href="http://cafephilosophique-montargis.hautetfort.com/archive/2019/06/10/hobbes-l-6157429.html" target="_blank" rel="noopener"> Léviathan de Hobbes</a> ("<em>C’est comme si chacun disait à chacun : j’autorise cet homme ou cette assemblée et je lui abandonne mon droit de me gouverner moi-même, à cette condition que tu lui abandonnes ton droit, et que tu autorises toutes ses actions de la même manière</em>"). Les citoyens acceptent de se délester une partie de leur liberté au profit d’une puissance qui sera chargée de les libérer. C’est le fondement des démocraties participatives, avec le risque que le citoyen laisse "<em>les clés du camion"</em> à son ou ses représentants jusqu’à la prochaine élection, quelques années plus tard. De fait, dit une intervenante, "<em>on est gouvernés."</em> Mais la question est aussi celle du pouvoir et des conquêtes par des hommes qui ont ce désir plus que tout. "<em>Il y a des leaders et des suiveurs</em>" : nous sommes tous, quelque part, gouvernés par nos sens, nos émotions mais aussi des besoins, et certains nous gouvernent, qu’on les appelle influenceurs ou autrement.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">À partir du moment où je suis gouverné, dit une autre participante, je suis mis en situation de ne pas "<em>pouvoir</em>" malgré mes capacités. Le mot de "pouvoir" devient de fait l’équivalent de la "<em>capacité de dominer</em>" plutôt que de la "<em>capacité de faire</em>". L’homme délégué n’aurait plus la garantie d’être notre représentant. La monarchie de droit divin considérait que la personne à la tête d’un pays détenait une représentation incontestable et une autorité légitime. Autorité et pouvoir peuvent se conjuguer mais aussi être séparées, comme le prouve l’exemple de Gandhi.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;"><a href="http://cafephilosophique-montargis.hautetfort.com/media/01/01/4037861106.jpg" target="_blank" rel="noopener"><img id="media-6013637" style="float: left; margin: 0.2em 1.4em 0.7em 0;" title="" src="http://cafephilosophique-montargis.hautetfort.com/media/01/01/1982786491.jpg" alt="aristote,kant,saint-simon,bakounine,hobbes,nietzsche,fourrier,spinoza,machiavel,proudhon,la boétie,rousseau" /></a>Être gouverné, réagit une autre personne du public, ce n’est pas forcément être dominé. Gouverner c’est "avoir un gouvernail", avoir un cap, prendre une décision et s’y tenir. Mais on peut aussi être gouverné par soi-même, comme le montre l’exemple de l’artiste. Et puis, il y a ces hommes et ces femmes qui choisissent d’être gouvernés : ce sont ces suiveurs dont on parlait mais aussi cette <a href="http://cafephilosophique-montargis.hautetfort.com/archive/2019/06/09/la-boetie-pauvres-gens-miserables-peuples-insenses-nations-o-6157146.html" target="_blank" rel="noopener">servitude volontaire théorisée par Étienne de la Boétie</a>. Sans passion, il semblerait que l’on ne peut pas gouverner vers un but ("<em>Pauvres gens misérables, peuples insensés, nations opiniâtres à votre mal et aveugles à votre bien !</em>").</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">La différence entre dominants et dominés est vieille comme le monde, dit un autre participant.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">Pour un participant, la vie en société nécessiterait d’avoir de grandes décisions prises par une ou plusieurs personnes, et dans ce cas un gouvernement ou un représentant élu serait la solution. Il a pu exister de petites communautés sous l’égide d’intellectuels (Nietzsche, Fourrier), cependant ces communautés sembleraient ne pas être pérennes en raison notamment d’un problème de taille, ce que conteste une personne du public. "<em>L’union des forces accroît notre pouvoir ; la division des tâches accroît notre capacité ; l’aide mutuelle fait que nous sommes moins exposés au sort et aux accidents. C’est ce supplément de force de capacité et de sécurité qui fait l’avantage de la société</em>" disait David Hume.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">Il y a l’idée que, même si je ne veux sans doute pas avoir d ‘emprise sur moi-même comme le dit une personne du public, il y a certains domaines qui peuvent demander l’apport d’une personne experte. Dans l’empire romain, le <em><a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Dictateur_(Rome_antique)" target="_blank" rel="noopener">dictator</a> </em>était à l’origine un représentant du Sénat chargé de mener à bien une mission pour une période précise.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">Par rapport à notre liberté individuelle, notre gouvernement peut nous bloquer. Toutefois, il peut aussi être bienfaiteur, comme c’est le cas par exemple avec l’interdiction de fumer dans les lieux publics. Dans ce cas, le gouvernement garantit la liberté des uns et des autres.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;"><a href="http://cafephilosophique-montargis.hautetfort.com/media/00/01/2509087701.jpg" target="_blank" rel="noopener"><img id="media-6013639" style="float: left; margin: 0.2em 1.4em 0.7em 0;" title="" src="http://cafephilosophique-montargis.hautetfort.com/media/00/01/3567902504.jpg" alt="aristote,kant,saint-simon,bakounine,hobbes,nietzsche,fourrier,spinoza,machiavel,proudhon,la boétie,rousseau" /></a>Si je suis dominé par quelqu’un, il est clair que quelque chose ne marche pas, réagit une personne de l’assistance. Mais le gouvernement ce n’est pas cela : c’est aussi être emmené par quelqu’un qui a une bonne idée, avec un enrichissement commun et des racines communes. Il y a sans doute un besoin naturel d’être gouverné.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">Machiavel, dit une autre intervenante, parle de l’art de gouverner – ou plutôt de prendre le pouvoir et le garder, nuance un animateur – et comment faire en sorte que les sujets l’acceptent. Certains gouvernements ne sont pas aptes à cela, à l’instar des dictatures. Dans l’état démocratique, la personne qui gouverne ne travaille pas pour son propre intérêt. Or, c’est cette problématique qui semblerait poser problème avec cette crise des gilets jaunes. Même au sujet de ces gilets jaunes, une gouvernance existait, qui ne se l’avouait pas, même s’il n’était pas question d’une autorité stricto sensu. D’ailleurs, dit une personne du public, celui qui réclamait un représentant chez ces derniers, c’était le gouvernement.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">Les humains ont-ils besoin d’être gouvernés ? Cette question pose la question de la nécessité et du besoin. Est-ce une fatalité ? s’interroge une participante. On peut imaginer une société qui <a href="http://cafephilosophique-montargis.hautetfort.com/archive/2019/06/08/l-autogestion-a-l-ecole-6157090.html" target="_blank" rel="noopener">s’autogère</a>, et à une échelle importante ? Un intervenant cite l’exemple d’un pays sans gouvernement : la Belgique, il y a quelques années.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">Peut-être, à ce stade du débat, est-on en train de s’acharner à trouver des exemples sur des communautés qui se sont gérés ou pas avec ou sans gouvernement. Or, même si on accumule les exemples, cela ne nous permettrait d’argumenter sur la question de savoir si les hommes ont besoin ou non d’être gouvernés, "<em>car 2000 exemples ne font pas une preuve</em>" !</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">Une autre question se pose : les enfants ont-ils besoin d’être gouvernés par les adultes. La notion de famille et d’autorité est discutée, tout comme celle de l’école et de l’autorité professorale. Tout ce qui représente l’autorité a perdu de sa crédibilité. Lorsque la famille éclate, que les représentants de l’État sont bafoués, est-ce que ce n’est pas un souci dans nos sociétés. Une société humaine doit avoir des règles de fonctionnement, réagit une personne du public. Mais ces règles de fonctionnement n’impliquent pas forcément une direction coercitive.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;"><a href="http://cafephilosophique-montargis.hautetfort.com/media/02/02/167720505.jpg" target="_blank" rel="noopener"><img id="media-6013640" style="float: left; margin: 0.2em 1.4em 0.7em 0;" title="" src="http://cafephilosophique-montargis.hautetfort.com/media/02/02/103393142.jpg" alt="aristote,kant,saint-simon,bakounine,hobbes,nietzsche,fourrier,spinoza,machiavel,proudhon,la boétie,rousseau" /></a>Or, ces règles communes voulues par tous ne sont-elles pas un doux rêve, réagit un participant ? Ne sont-elles pas au contraire agressées en permanence ? Il y a un combat permanent pour la liberté, avec des êtres humains souhaitant sans cesse avoir du pouvoir. Une "<em>hyper démocratie</em>" est-elle possible ? La vraie question est de savoir comment une bonne gouvernance peut durer et de quelle manière faire en sorte que nous puissions protéger la communauté de l’extérieur. </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">Dans une famille, en tant que communauté humaine, considérons des règles de vie qui, dans l’idéal, sont consenties par tout le monde et sans rapport de domination avec un genre chef de famille s’imposant. Mais dans une telle situation, si l’enfant de huit ans veut imposer ses envies,d es rapports de domination vont tout de même s’imposer. D’une certaine manière, donc, une communauté peut être imposée par des règles – c’est l’État de droit – mais derrière ces règles (c'est ce <em>Contrat social</em> de <a href="http://cafephilosophique-montargis.hautetfort.com/archive/2019/06/02/rousseau-la-citoyennete-et-la-volonte-generale-6155616.html" target="_blank" rel="noopener">Rousseau</a>), il continue d’y avoir des rapports de domination de fait.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">Proudhon écrivait : "Être gouverné, c’est être gardé à vue, inspecté, espionné, dirigé, légiféré, réglementé, endoctriné, prêché, contrôlé." Cette citation pose la question de <a href="http://cafephilosophique-montargis.hautetfort.com/archive/2019/06/08/colombo-qu-est-ce-que-l-anarchie-6157085.html" target="_blank" rel="noopener">l’anarchie</a> : être libre est-ce commencer par savoir ce que l’on met dans le sens des mots : "Ai-je besoin d’être gouverné ?" La distinction entre autorité et pouvoir, tout comme il y a une différence entre gouverner et être dominé. <a href="http://cafephilosophique-montargis.hautetfort.com/archive/2019/06/08/bakounine-donnez-aux-hommes-cette-double-education-de-l-ecol-6157088.html" target="_blank" rel="noopener">Bakounine</a> disait : "<em>Je prends mes désirs pour la réalité car je crois à la réalité de mes désirs."</em></span><br /><span style="font-size: 10pt;"><em>Le débat se conclue par une citation de Rousseau : "La véritable liberté est l’obéissance à la loi qu’on s’est prescrite.</em>" </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">La soirée se termine par le vote du sujet de la dernière séance de la saison, le vendredi 19 juillet 2019. Trois sujets sont proposés : "Peut-on faire le bonheur des autres malgré eux ?", "Sommes-nous fascinés par la violence ?" et "Les apparences sont-elles toujours trompeuses ?" C’est ce dernier sujet qui est choisi pour la dernière séance de la saison.</span></p>
Café philosophique de Montargishttp://cafephilosophique-montargis.hautetfort.com/about.htmlCompte-rendu du débat: ”Tout doit-il être fait par passion?”tag:cafephilosophique-montargis.hautetfort.com,2018-04-10:60424142018-04-10T21:45:00+02:002018-04-10T21:45:00+02:00 Environ 40 participants étaient présents pour la séance du 23 mars au...
<p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">Environ 40 participants étaient présents pour la séance du 23 mars au Belman, "T<em>out doit-il être fait par passion ?</em>"</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">La séance commence par l<a href="https://www.youtube.com/watch?v=kCtU3lq9JpA" target="_blank" rel="noopener noreferrer">a diffusion d’un court extrait de l’émission de Raphaël Enthoven, Philo, portant sur les passions.</a> </span><span style="font-size: 10pt;">La séance commence par une question ouverte sur le thème du débat de ce soir mais aussi sur des exemples de passions. Finalement qu’est-ce qu’être passionné ? Un premier intervenant parle de ses passions pour les sciences astronomiques, physiques, électroniques, informatiques ou en intelligence artificielle. Être passionné c’est aller très loin dans ses actes et dans ses réflexions, dans tous les domaines. Il serait difficile d’avoir plusieurs passions dans sa vie, et toute sa vie. Cette personne parle de "beauté" en évoquant ses passions. </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">Il y aurait plusieurs objets de passions, mais une forme d’"unité" dans cette passion. Ce dont il est question est bien de savoir si l’enjeu n’est pas dans l’objet de la passion. D’autre part, dans la question "<em>Tout doit-il être fait par passion ?</em>", il y a ce fameux "tout" globalisant à la fois notre énergie, notre temps et aussi, quelque part, cette multiplicité des passions, passées ou en devenir et comme autant de "champs de bataille à conquérir", comme l’a montré le premier intervenant.</span></p><p><img src="http://cafephilosophique-montargis.hautetfort.com/media/01/01/386814003.jpg" id="media-5798588" alt="" /></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">Le terme de passion devrait être défini sous le prisme de l’étymologie : "<em>Passion</em>" provient du latin patior, pati, et homonyme grec pathos, signifiant la souffrance, le supplice, état de celui qui subit, passivité. La référence à la Passion du Christ vient évidemment en tête. </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">La passion, avec ses notions péjoratives, peut aussi être un moteur dans notre vie, comme le dit une autre personne du public. La passion dans la création est le premier pas vers une progression, un travail et une forme de construction de soi. Il y a une rationalité qui est au cœur de cette passion : "<em>un peu de raison dans la passion c’est très bien.</em>" Mais la passion est surtout cet état qui ne nous rend plus maître de nous-même, qui nous dépossède et nous fait oublier ce qui nous entoure. Cela peut être, comme le disent plusieurs participants, l’artiste qui passe des heures à travailler, créer, progresser, quitte à émerveiller comme c’est le cas de telle ou telle danseuse. Prendre autant d’heures pour une passion tient, quelque part, de la folie. </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;"><a href="http://cafephilosophique-montargis.hautetfort.com/media/01/01/3784309689.jpg" target="_blank" rel="noopener noreferrer"><img id="media-5798592" style="float: left; margin: 0.2em 1.4em 0.7em 0;" title="" src="http://cafephilosophique-montargis.hautetfort.com/media/01/01/658218247.jpg" alt="enthoven,freud,rousseau,spinoza,saint thomas d’aquin,spinoza,kant,descartes,voltaire,hegel,aron" /></a>Le point de départ de la passion serait une capacité en germe, un talent qui ne chercherait qu’à être développé. Un autre débat a lieu au sujet du dilemme nature ou culture : la passion pourrait être un talent que l’on développerait à tort ou à raison ou bien une recherche. Pour un intervenant, il y aurait en jeu derrière la passion la soif et la capacité de curiosité pour se développer dans une démarche de recherche – dans un environnement toutefois favorable ajoute une autre personne. La passion qui cherche un chemin peut aussi être une souffrance, par exemple lorsque le peintre créé dans une forme de douleur physique – mais aussi avec une notion de plaisir.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">Peut-on séparer raison et passion comme le faisait Descartes, se demande un participant ? La raison donne des réponses à des questions, alors que la passion va vers un but, sans réponse particulière. Qu’est-ce qui peut guider l’être dans la passion si, comme le disait Stephen Hawking, l’homme est dépourvu de libre-arbitre ? Ce qui le guide est son environnement mais aussi ses rencontres et le hasard. </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">La passion ne serait ni bonne ni mauvaise ("<em>Les passions ne sont en elles-mêmes ni bonnes ni mauvaises</em>" disait Saint Thomas d’Aquin) mais l’objet de la passion peut être nocif (la passion du jeu, la jalousie ou l’envie par exemple) ou utilisé à mauvaise escient. La passion serait un frein à notre raison, avec la fameuse expression "dépassionner le débat." La question est donc de savoir à qui on destine la passion : "<em>Une affection qui est une passion est une idée confuse</em>" comme l’écrivait Spinoza. </span><br /><span style="font-size: 10pt;">Pour une participante certaines passions n’amènent rien, <a href="https://youtu.be/wysNR6md3Og" target="_blank" rel="noopener noreferrer">à l’exemple de ces foules de fans</a>. Or, la passion peut être plus forte que tout et ne passe plus par la raison, sans être définie comme un hobby. Un autre participant répond par la notion de temps passé à telle ou telle activité et qui peut aliéner notre vie. </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">La passion, positive lorsque l’on travaille sur une création ou dans le sport, peut aussi déposséder, nous enfermer, nous mettre à l’état "<em>d’auto-hypnose</em>", oublier l’autre et enlever toute raison. En parlant d’objets de la passion, ne pourrions-nous pas faire un parallèle avec la passion amoureuse ? Dans la passion amoureuse, l’autre n’est plus qu’un objet. Ce qui nous intéresse n’est pas l’amour mais la possession, dans une souffrance qui peut avoir un "<em>effet miroir</em>" entre soi et l’autre. Il y aurait une forme de possession "<em>diabolique</em>" dans ces passions. La passion amoureuse, souvent idéalisée ("la personne aimée est mise sur un piédestal), créé une dépendance qui peut conduire à des actes inhabituels. Une personne du public parle de dépendance à des hormones volatiles qui peuvent faire perdre toute notion de raison ("<em>La cœur a ses raisons que la raison ne connaît pas</em>"). Sur la passion amoureuse, deux ouvrages sont cités : le roman du Montargois Yvan Caldérac, <em>Venise n’est pas en Italie</em> et la BD de Jim et Cabane, <em>Héléna</em>. </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;"><a href="http://cafephilosophique-montargis.hautetfort.com/media/02/01/701424103.jpg" target="_blank" rel="noopener noreferrer"><img id="media-5798593" style="float: left; margin: 0.2em 1.4em 0.7em 0;" title="" src="http://cafephilosophique-montargis.hautetfort.com/media/02/01/2362285823.jpg" alt="enthoven,freud,rousseau,spinoza,saint thomas d’aquin,spinoza,kant,descartes,voltaire,hegel,aron" /></a>Une question est posée : peut-on aimer sans passion? Pour y répondre, une participante donne trois définitions de l’amour définies par la philosophie et la psychanalyse, avec une seule qui est mot en jeu la passion : l’eros qui est l’amour passionné, la philia qui est l’amour fraternel et l’agapé qui est l’amour absolu pour un objet extérieur comme l’art ou la beauté. L’amour peut donc se passer de passion (qui n’est, du reste, jamais pérenne : "<em>l’amour dure trois ans</em>") au profit de l’amour-tendresse (philia).</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">Cette participante revient sur la définition de la passion : la passion pourrait être définie comme une relation entre un sujet et un objet. Pour Freud, le sujet opère un dessaisissement sur l’objet dont il est passionné. La passion est en soi mais elle nous dépasse aussi : elle nous aliène autant qu’elle nous transcende. Il peut y avoir des bonnes ou des mauvaises passions, selon l’objet de ces passions. Pour Rousseau, l’amour de soi et la pitié sont de bonnes passions ; quant à la propriété et l’argent, ce sont des passions vénales donc négatives. D’autre part la passion peut conduire à des comportements jugés comme bons ou mauvais. La passion peut transcender un sujet comme elle peut l’amener à des comportements qu’il n’aurait pas dans d’autres circonstances, à l’exemple Andromaque dans Racine ou des personnages de Balzac dans la Comédie humaine. Ces personnes sont dessaisis : la passion serait une maladie de l’âme comme l’écrivait Kant. On peut s’oublier de la passion et en être esclave comme le disait Phèdre ("<em>C’est Venus toute entière à sa proie attachée</em>"). </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">Devons-nous rejeter, ou sinon nous méfier de la passion ? Hegel disait que "<em>Rien de grand ne s'est accompli dans le monde sans passion.</em>" Un participant reprend la citation en la renversant : "<em>Le plus grave dans le monde s’est toujours fait par passion.</em>" Nos passions individuelles ne concernent finalement que nous, ou du moins notre environnement proche. Mais dans un contexte global, nous devons nous méfier de la passion (née dans le cerveau reptilien) qui peut être cataclysmique, à l’exemple de la religion. La raison (dans le néocortex) serait à placer au-dessus, car c’est elle qui régule et modère des passions désordonnées et nocives en plus de donner des explications au monde.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">La raison aurait des vertus politiques ou citoyennes ("<em>la raison d’état</em>"), alors que la passion serait plus de l’ordre de l’individuel. Dans cette raison d’état dont nous parlions, on donne des réponses dans un monde en mutation avec ses dangers ("la bombe technologique" par exemple). La raison serait le régulateur dans des mouvements passionnés, bons ou mauvais. Plusieurs spécialistes en géopolitique s’intéressent d’ailleurs à la géographie des émotions collectives et aux passions. Des cartes montrent des zones plutôt dominées par la peur, d’autres par la frustration et d’autres encore par l’espoir. Raymond Aron avait le premier déclaré qu’au XXe siècle c’était la passion – ou les passions – qui avait bouleversé le monde, charriant des guerres meurtrières et des totalitarismes. Le conflit israélo-palestinien, par exemple, très localisé, prend des dimensions planétaires à cause d’émotions collectives. </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;"><a href="http://cafephilosophique-montargis.hautetfort.com/media/00/00/3725001176.jpg" target="_blank" rel="noopener noreferrer"><img id="media-5798595" style="float: left; margin: 0.2em 1.4em 0.7em 0;" title="" src="http://cafephilosophique-montargis.hautetfort.com/media/00/00/1879091963.jpg" alt="enthoven,freud,rousseau,spinoza,saint thomas d’aquin,spinoza,kant,descartes,voltaire,hegel,aron" /></a>Le débat s’intéresse aussi à la création. Pour un intervenant, la passion fait surgir quelque chose – des notes de musique, une phrase, une pensée, une intuition ou une forme sculptée – mais c’est ensuite à la raison de s’en saisir pour l’enrichir. Mais à quel moment, comme en amour, peser la passion et la raison ? Une personne du public parle de modération. Les passions ne seraient pas forcément productives d’après elle. Il s’avère aussi que dans le public, plusieurs membres de l’assistance se déclarent peu passionnées : qui dit passion dit obsession, pour reprendre une phrase prononcée. Ce qui ne signifie pas ne pas avoir de centres d’intérêt...</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">Qu’est-ce qui fait, se demande une participante, que l’on passe de l’intérêt à la passion ? N’y aurait-il pas dans la passion une forme d’anormalité ? La passion amoureuse serait, par contre, une forme de partage, contrairement par exemple à la passion de l’artiste qui accoucherait une œuvre d’art pour transmettre simplement.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">Voltaire disait que "<em>Les passions sont les vents qui enflent les voiles du navire ; elles le submergent quelquefois, mais sans elles il ne pourrait voguer.</em>" Pour lui, sans passion n’aurait aucun sens. Pour une intervenante, qui réagit à cette phrase de Voltaire, la passion peut être difficile à vivre mais, justement, elle nous fait vivre : Freud disait que la passion est la libido, et le plus haut degré de libido est la pulsion de vie. Sans la libido et sans la passion nous serions des êtres morts. La passion peut donc nous faire tenir debout.la passion peut aussi être un "outil formidable" plus qu’une véritable aliénation pour un retour vers soi afin de connaître ses véritables désirs (Est-ce que j’ai vraiment envie de faire cela ? Et pourquoi?), avant de "greffer un peu de raison dessus et prendre une direction. De là, le passionné se retourne vers soi et s’interroge sur sa propre existence.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">Raison sans passion ou passion sans raison ? est-il demandé. Pour un participant, le monde ne peut plus s’offrir de grands passionnés, alors que le monde a plus besoin de raison. Mais un passionné fait-il forcément n’importe quoi ? Passions et raisons ne s’opposent pas forcément. Hume disait dans le Traité des Passions que la passion peut être égoïste mais elle pouvait aussi être une norme sur laquelle se greffe la raison. Je vois ce dont j’ai envie, ce qui est au fond de moi, et après je m’en sers pour me donner une direction et me détacher de mes désirs égoïstes. On peut tempérer ses passions par des intérêts extérieurs (l’école, l’éducation, l’environnement, etc.). Encore faut-il que cette régulation pour se raisonner existe…</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;"><a href="http://cafephilosophique-montargis.hautetfort.com/media/01/02/1534939418.jpg" target="_blank" rel="noopener noreferrer"><img id="media-5798598" style="float: left; margin: 0.2em 1.4em 0.7em 0;" title="" src="http://cafephilosophique-montargis.hautetfort.com/media/01/02/2011578352.jpg" alt="enthoven,freud,rousseau,spinoza,saint thomas d’aquin,spinoza,kant,descartes,voltaire,hegel,aron" /></a>Tout doit-il être fait avec raison ? La raison manquerait de fantaisie, une fantaisie qu’apporte la passion. La passion aurait tendance à nous enchanter le monde, alors que la raison nous ferait retomber sur terre et nous désenchanter le monde. Pour un participant, on peut très bien avec la raison déboucher sur de la création : la qualité d’une force, ce n’est pas tant son intensité que sa direction. Finalement, pour faire vivre la passion, nous aurions besoin de ce frein qu’est la raison. Et la raison, dans les sciences comme dans certaines techniques, peut amener à l’émerveillement si proche de la passion. "La raison sans les passions serait presque un roi sans sujets" disait Denis Diderot.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">Pour conclure la soirée, trois sujets sont mis au vote pour la séance du <strong>18 mai 2018</strong> : "<em>Qu’est-ce qu’être normal ?</em>", "<em>Avons-nous besoin d’être reconnus par les autres ?</em>" et "<em>La mort, est-ce celle des autres ?</em>" Le sujet choisi pour cette séance de mai est "<strong>Qu’est-ce qu’être normal ?</strong></span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;"><strong>La prochaine séance du café philo aura par contre lieu le 13 avril, exceptionnellement à la Médiathèque,</strong> avec trois sujets mis au vote et choisis par les utilisateurs de la Médiathèque ; "<em>Y a-t-il des guerres justes ?"</em>, "<em>Les paroles engagent-elles autant que les actes ?</em>" et <strong>"<em>Faut-il vivre comme si nous ne devions jamais mourir ?</em>"</strong> C’est finalement ce dernier sujet qui fera l’objet d’un débat à la Médiathèque de Montargis, <strong>le 13 avril, à 18 heures (et non pas 19 heures comme de coutume).</strong></span></p>
Pournyhttp://michelpourny.hautetfort.com/about.htmlVivre avec son tempstag:michelpourny.hautetfort.com,2018-01-08:60152062018-01-08T11:56:27+01:002018-01-08T11:56:27+01:00 J ’ai reçu la visite d’un témoin de Jéhovah qui...
<p> </p><p> </p><p style="text-align: justify;"><br /> <span style="font-size: 12pt;"> <span style="font-size: 18pt;"><strong>J</strong></span>’ai reçu la visite d’un témoin de Jéhovah qui semblait étonné de l’aménité de mon accueil mais aussi d’apprendre que je lisais la Bible. Il faut croire que peu de gens la lisent. La lecture n’est plus le passe-temps favori dans nos sociétés, quand aux Ecritures, elles sont un recueil de textes anciens écrits par des personnes prisonnières de leur temps, parfois trop inspirées pour voir et relater les choses telles qu’elles sont. Un monde créé il y a quelques milliers d’années, un homme et une femme à l’origine de l’humanité, des patriarches vivant plusieurs siècles, des buissons qui s'embrasent sans se consumer, des lois gravées dans le marbre et inapplicables, des peuples massacrés, une cruauté sans bornes et pourtant voulue par le Créateur, des miracles à tire-larigot, un homme mort et qui ressuscite. Historiens et scientifiques accordent avec le sourire que ce sont là de beaux contes. L’Eglise bien obligée de se mettre au diapason de la science retient ce qui ne peut pas être contredit : le mystère, l’inconnaissable, elle se bat avec des armes redoutables, ses martyrs et ses saints, la foi inébranlable de millions d’hommes et de femmes en un dieu qui sauvera le monde. Mais la Bible ? Ses livres qui montrent tout ce dont l’homme et la femme sont capables dans le pire et le meilleur ? Leçons d’amour et de fraternité, manigances et trahisons, hypocrisie des prêtres, exaltation des religieux installés, extraordinaires paraboles de Jésus, que l’on croie ou que l’on ne croie pas il est dommage que cette richesse reste inaccessible aujourd’hui, en particulier à nos enfants.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 12pt;"> Si ce n’était que la Bible ! Mais le sourire des historiens et scientifiques cités plus haut éclaire aussi le visage des personnes à qui on évoque les préceptes des Anciens ou la morale de Kant. Que nos actions soient guidées par un impératif catégorique, quelle horreur aujourd’hui ! Allez donc enseigner qu’il faut agir de telle façon que l’action de chacun puisse être érigée en règle universelle, vous allez provoquer les quolibets, même un président ne pourrait pas le dire. Des millions de tablettes et d’ipades colporteraient aussitôt la nouvelle, des milliers d’individus rompus au déclenchement et à l’entretien des rumeurs iraient fouiller dans le passé et montrer que les actes ne sont pas en rapport avec les bons principes philosophiques.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 12pt;"> Un philosophe s’aventurerait à estimer que la maladie de notre société vient de l’oubli ou du mépris de principes et d’obligations qui réglaient hier les rapports entre les gens, on lui rétorquerait que c’était loin d’être mieux hier en lui rappelant les crimes et les guerres et qu’aujourd’hui le pire des attentats ne fait que quelques centaines de morts. Ne versez surtout pas dans la nostalgie, c’est démodé, désuet, ringard. Ne dites jamais que c’était mieux hier, non pas parce que c’est faux, mais parce qu’il faut vivre avec son temps, sans réfléchir, sans se mettre en cause, sans prendre le moindre recul par rapport à « ce qui se fait », sans lever -ne serait-ce que le temps de monter dans le train- le nez de son téléphone portable qui diffuse toutes les « infos » disponibles. Informations tronquées non seulement par le pouvoir politique, mais par tous les pouvoirs à commencer par moi-même qui ne veut pas voir les choses en face.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 12pt;"> Ne pas voir c’était plus difficile AVANT. Quand il n’y avait pas d’écran et qu’on regardait le paysage. On était moins distrait. On lisait ce qu’on décidait de lire. Les racistes et les antisémites pullulaient, on savait qui ils étaient, dans quels brûlots ils écrivaient. Aujourd’hui vous demandez à des élèves de faire une recherche sur l’univers concentrationnaire, ils vous impriment des textes négationnistes sans le savoir car on peut diffuser toutes les sornettes possibles sans être contraint d’apposer sa signature au bas d’une déclaration. L’anonymat convient parfaitement à ces nouveaux modes d’expression qui circulent dans tous les tuyaux comme une eau qu’on empoisonnerait en secret. Impunément.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 12pt;"> On a renversé le « c’était mieux hier » en affirmant que « c’est mieux maintenant ». Cela s’accompagne d’un mépris non seulement pour le passé, mais pour tout ce qui le rappelle. On respecte le patrimoine pour en faire une pièce de musée. La langue, l’orthographe, la grammaire, la calligraphie, les majuscules, allez, à la poubelle ! Le latin et le grec sont-ils encore utiles quand on communique par SMS, comme si notre histoire tournait en boucle pour revenir peut-être un jour aux signaux de fumée.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 12pt;"> Les chefs d’œuvre des inventeurs du cinéma doivent faire sourire quand les effets spéciaux d’aujourd’hui renvoient Méliès dans les cinémathèques. On ne dit plus « trucage » mais « image virtuelle ». La technologie rend la virtualité tellement vraisemblable qu’on la confond avec la réalité. Par hologramme un orateur peut s’adresser aux foules à deux endroits différents. On se demande même si bientôt la même foule pourra défiler dans les rues de deux villes différentes. Et pourquoi seulement deux ? Un million de personnes manifestant simultanément à Paris, Marseille, Lyon, Bordeaux et Lille cela ne ferait jamais qu’un million en tout, mais hormis la poudre aux yeux, par rapport à l’époque où les manifestants étaient de chair et d’os, le compte n’y serait pas. On pourra même faire défiler dans mon village un million de personnes derrière un calicot exigeant le rétablissement du bureau de poste.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 12pt;"> Quand les belles choses ne sont plus enseignées, plus vues, plus écoutées, la musique n’émeut plus personne. L’appassionata, une messe de Bach, la Symphonie pathétique, le gospel et le blues ne parviennent pas aux oreilles des enfants. Ils sont pourtant élèves de collège et de lycée.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 12pt;"> Comme je voudrais qu’un jour on se retrouve quelque part avec les petits, sans téléphone, sans tablette. Que nous. Et que, sur un disque qui grésille, on écoute une chanson.</span></p><p style="text-align: center;"> </p><p style="text-align: center;"><span style="font-size: 12pt;"><em>Il nous faut regarder</em></span><br /><span style="font-size: 12pt;"><em>Ce qu’il y a de beau</em></span><br /><span style="font-size: 12pt;"><em>Le ciel gris ou bleuté</em></span><br /><span style="font-size: 12pt;"><em>Les filles au bord de l'eau</em></span></p><p style="text-align: center;"> </p><p style="text-align: center;"><span style="font-size: 12pt;">§</span></p><p style="text-align: center;"><br /><br /></p>
centrifugehttp://eklektik.hautetfort.com/about.htmlIntelligencetag:eklektik.hautetfort.com,2017-07-04:59579482017-07-04T11:28:19+02:002017-07-04T11:28:19+02:00 "On mesure l'intelligence d'un individu à la quantité d'incertitudes qu'il...
<p style="text-align: justify;"><img id="media-5651243" style="float: left; margin: 0.2em 1.4em 0.7em 0;" title="" src="http://eklektik.hautetfort.com/media/01/01/3487675509.jpg" alt="Immanuel_Kant_(painted_portrait).jpg" />"On mesure l'intelligence d'un individu à la quantité d'incertitudes qu'il est capable de supporter".</p><p> Emmanuel Kant (1724-1804)</p>
Café philosophique de Montargishttp://cafephilosophique-montargis.hautetfort.com/about.htmlCompte-rendu du café philosophique de Montargis : ”De quoi sommes-nous responsables ?”tag:cafephilosophique-montargis.hautetfort.com,2015-10-30:57081382015-10-30T21:46:00+01:002015-10-30T21:46:00+01:00 Thème du débat : "De quoi sommes-nous responsables?" ...
<p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;"><strong>Thème du débat : <span style="color: #ffff00;">"De quoi sommes-nous responsables?" </span></strong></span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;"><strong>Date : <span style="color: #ffff00;">2 octobre 2015 à la Brasserie du centre commercial de la Chaussée</span></strong></span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;">Bruno </span><span style="font-size: small;">commence cette soirée et cette 51e séance par présenter aux 80 personnes présentes la nouvelle équipe qui s'est constituée après le départ de Claire Durand pour raisons personnelles. Bruno présente les deux animateurs qui vont l'accompagner pour cette première séance : d'abord, Gilles Poirier, un des plus fidèles du café philo, qui a suivi les séances depuis sa création. L'autre personne qui animera le premier débat de cette septième saison est Claire Bailly, qui a découvert récemment l'animation de la Chaussée et s'est lancée dans cette aventure. Pascal Weber, toujours fidèle au café philo, complète l'équipe de ce soir.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;">Pour lancer le débat, un premier participant parle du titre de la séance "De quoi sommes-nous responsables ?" Cette question en appelle d'autres : "<em>Comment philosopher et comment relativiser ? Comment définir la philosophie que l'on emprunte ? Comment définir le champ d'idée ?</em>" Pour aller plus loin, un autre intervenant souhaite poser la question de la responsabilité d'un individu vis-à-vis d'une société avec ses lois ou vis-à-vis de son éthique propre.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;">A ce sujet, Claire souhaite faire une distinction entre responsabilité civile et responsabilité morale. La responsabilité civile a ses limites, vis-à-vis de la loi : ce qui est légal et ce qui ne l'est pas. Il s'agit d'une responsabilité unique. La responsabilité morale est une notion abstraite car elle est propre à chaque individu. Elle déborde sur le champ de la conscience : quelqu'un va se sentir responsable d'un acte alors qu'une autre personne face à un même acte, ne se sentira pas responsable car elle n'a ni la même conscience, ni les mêmes valeurs.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;">Gilles souhaite s'arrêter sur les définitions de la responsabilité (<em>Le Robert</em>) : "<em>Qui doit réparer les dommages qu'il a causés par sa faute... Qui doit subir le châtiment par la loi</em>". Responsable est à la fois un substantif et un adjectif. La deuxième acception est : "<em>Qui doit rendre des comptes de ses actes ou de ceux d'autrui en vertu de la morale admise</em>" La troisième signification est :"<em>Qui est auteur, qui est la cause volontaire de quelque chose et en porte la responsabilité morale</em>." La quatrième variante : celui qui est "<em>chargé de</em>", celui qui prend les décisions dans une organisation. La cinquième acception : "<em>Qui est la cause et la raison suffisante de quelque chose</em>". Et la sixième, qui est plus récente, est issue du terme anglais <em>"responsible",</em> à savoir <em>"raisonnable", "réfléchi,</em> "<em>qui mesure les conséquences de ses actes, qui a une attitude raisonnable.</em>"</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;">Dans la notion de responsabilité il pourrait également être question d'instinct. Mes comportements pourraient être conditionnés par ces instincts qui mettent d'emblée la question de la responsabilité en questionnement. </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;">Nous pourrions être responsables de tout ce que nous entreprenons, est-il encore dit. Nous sommes à 100 % responsables de ce que nous entreprenons si nous entreprenons à 100 % cette chose. Je peux être responsable d'un examen que je passe mais je ne suis pas à 100 % responsable de son résultat. Certains critères m'échappent qui sont de la responsabilité d'une tierce personne. Un autre exemple est pris : celui des accidents de la route qui peuvent être autant dû à des négligences et une forme d'irresponsabilité qu'à des facteurs autres qui me dédouaneraient, ou bien me donneraient quelques circonstances atténuantes. Pour cet intervenant, "<em>tout le malheur du monde est le manque d'auto-responsabilité</em>", à force de toujours chercher "<em>les limites vis-à-vis d'autrui</em>". Le contournement de la loi et le judiciaire utilisé à mauvais escient aurait tendance à permettre à tel ou tel de se déresponsabiliser vis-à-vis de la loi commune à tous.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;">À travers ces interventions, dit Bruno, il apparaît que la notion de responsabilité est une notion vaste et sinueuse qui nous amène dans beaucoup de directions différentes : responsabilités vis-à-vis des autres, vis-à-vis de soi-même. Bruno revient au cœur de la question posée ce soir. La phrase "<em>De quoi sommes-nous responsables ?</em>" nous met en accusation. C'est une notion injonctive : la responsabilité a beaucoup à voir avec le pénal, alors que la responsabilité est beaucoup plus vaste. Bruno cite l'exemple d'une œuvre marquante de la littérature : <em>Le Procès</em> de <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Franz_Kafka" target="_blank" rel="noopener">Franz Kafka</a>, dans lequel le personnage principal, Joseph K. (que l'on peut du reste identifier à l'auteur) est accusé de quelque chose dont le lecteur ne saura rien (<a href="http://cafephilosophique-montargis.hautetfort.com/archive/2015/09/01/kafka-de-quoi-suis-je-coupable-5678503.html" target="_blank" rel="noopener"><em>voir cet extrait</em></a>). Désigné responsable (puis coupable), un procès se déroule dans une ambiance mystérieuse, procès qui aboutira à une fin tragique. La responsabilité est là : c'est une notion forte et écrasante. Or, il apparaît qu'aujourd'hui nous sommes responsables de tout et de rien. La responsabilité est très vaste, illimitée, mais en même temps, nous pouvons nous sentir à maints égards irresponsables de ce qui peut nous arriver. Un participant cite l'exemple de la famille qui induit une responsabilité à l'égard de ses enfants, de ses proches, de ses parents. La responsabilité est engagée dès lors qu'il y a un conflit. Les enjeux sociaux nous engagent, jusqu'au conflit : "<em>Nous avons la responsabilité d'être un être humain</em>". Mais être responsable, dans l'acception courate, c'est assumer sa liberté même si cela peut être difficile voire <em>"chiant"</em> ! Être responsable, ce serait <em>"répondre"</em> en conscience – plutôt que <em>"réagir"</em> – à une situation, fruit certainement d'un héritage plus ou moins imposant. </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;">La responsabilité a souvent avoir, dit une intervenante, avec la notion de responsabilité civile et la notion de culpabilité. Or, être responsable ce n'est pas forcément être coupable (<a href="http://www.ina.fr/video/I09167742" target="_blank" rel="noopener"><em>voir ce lien</em></a>). Cela pervertit même le sens de responsabilité, qui doit contenir une acception "civilisatrice", tel le Petit Prince qui doit être responsable de sa rose car il l'a apprivoisée (<a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Antoine_de_Saint-Exup%C3%A9ry" target="_blank" rel="noopener">Saint-Exupéry</a>). Dans l'étymologie, le mot responsabilité vient de l'expression "<em>répondre à</em>" : on répond de nos choix plutôt qu'on les assume. C'est une philosophie personnelle qui nous engage face aux autres. </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;">Encore faut-il que nous soyons de fait en état d'être responsables. Bruno évoque à ce sujet la psychanalyse. L'inconscient peut nous dicter via des lapsus, des actes manqués, des vérités qui nous dépassent. La psychanalyse tend depuis <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Sigmund_Freud" target="_blank" rel="noopener">Freud</a> à baliser le champ de cet inconscient qui nous contraint ("<em>Le Moi n'est plus maître dans sa propre maison</em>"). </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;">L'homme a une conscience réfléchie, dit une autre intervenante, et la notion de choix est capitale pour comprendre celle de responsabilité. Il n'y a pas de responsabilité s'il n'y a pas de liberté et de choix. Claire fait un point étymologique sur le mot <em>"responsabilité"</em> qui vient du latin <em>"respondere"</em> qui veut dire "<em>se porter garant de</em>" et du mot <em>"sponsio"</em> qui veut dire <em>"promesse".</em> Donc, au final, la responsabilité est littéralement "<em>assumer ses choix</em>". Pour qu'il y ait responsabilité, il faut qu'il y ait deux fondements : la liberté et la conscience. Je dois donc me poser cette double question : est-ce que je suis libre de mon choix et est-ce que je suis conscient de mon choix ? Claire prend l'exemple de l'ivrogne et du somnambule. L'un et l'autre sont dans la rue, l'un est endormi et l'autre est ivre. Or, chacun fait tomber par inadvertance une personne dans l'eau qui se noie. La question à se poser est : sont-ils responsables ? Les deux personnes sont toutes les deux inconscientes, l'un à cause du sommeil, l'autre à cause de l'alcool. Or, c'est là que la notion de liberté prend son sens : l'ivrogne avait le choix de cette inconscience alors que le somnambule ne l'était pas. Parler de liberté nous renvoie à <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Jean-Paul_Sartre" target="_blank" rel="noopener">Sartre</a> : L'homme est "<em>condamné à être libre</em>". Cette phrase apparaît de manière négative. La liberté n'est pas si douce. Elle est une angoisse d'avoir des choix constants à faire et de ne pas être acteurs des événements qui nous contraignent. N'être pas passifs nous impose. Nous sommes libres de faire nos choix. On ne naît pas libre, réagit une personne du public, mais nous avons la possibilité de le devenir. </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;">Un intervenant intervient sur cette notion de responsabilité qui peut être à la fois enivrante (être responsable d'une entreprise, par exemple) et parfois vaine ("<em>on n'est responsables de rien</em>"), tant le déterminisme nous contraint. Nous agissons face à, la nécessité (<a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Baruch_Spinoza" target="_blank" rel="noopener">Spinoza</a>), en accord avec la mouvance sociale autour de nous, de notre passé et de notre héritage, d'autrui également. La responsabilité est une question dialectique.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;">Bruno cite <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/%C3%89pict%C3%A8te" target="_blank" rel="noopener">Épictète</a> : "<em>Il y a ce qui dépend de nous, il y a ce qui ne dépend pas de nous. Dépendent de nous l’opinion, la tendance, le désir, l’aversion, en un mot toutes nos œuvres propres ; ne dépendent pas de nous le corps, la richesse, les témoignages de considération, les hautes charges, en un mot toutes les choses qui ne sont pas nos œuvres propres.</em>" Bruno revient sur la notion de responsabilité juridique, déjà débattue : un tribunal civil ou pénal punit un acte commis, plutôt que putatif, comme le disait <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Hans_Jonas" target="_blank" rel="noopener">Hans Jonas</a> : un acte doit être exécuté pour être puni.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;">Pour un autre intervenant, l'histoire impose que la notion de responsabilité ait évolué avec te temps, en plus d'être tributaire de cultures différentes : on a pu parler de responsabilité imposée par le cosmos, puis sous l'angle des religions, avant d'apporter la conscience et la connaissance humaine avec la démocratie et le droit positif. Un intervenant parle de la notion d'héritage. Il se pourrait aussi que nous devions répondre de nos actions devant deux sortes de tribunaux : le civil (mais quelle est la légitimité d'un village mettant en accusant tel ou tel, comme dans le film <em><a href="https://www.youtube.com/watch?v=hzkdqtSiOUw" target="_blank" rel="noopener">Coup de Chaud</a> </em>?) et notre conscience morale, si tant est que celle-ci n'a pas été "<em>dégénérée</em>", à l'exemple de ces marchands d'arme continuant leurs affaires sans état d'âme.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;">Aux propos d'une dame parlant de la notion de responsabilité historique de la seconde guerre mondiale pesant sur les épaules des jeunes générations allemandes, Bruno pose la question de savoir si on peut différencier responsabilité individuelle et responsabilité collective. Pour un intervenant, les deux termes sont en interaction entre le je et le tu ou entre le nous et le vous. Cette notion de culpabilité collective, voire de péché originel, semblerait peser lourdement dans les consciences, comme si la culpabilité de nos aïeux devait être portée par les générations suivantes. Bruno cite le film <a href="https://www.youtube.com/watch?v=8ku_n5T6oXs" target="_blank" rel="noopener"><em>Amnesia</em></a>, qui raconte l'histoire d'une femme allemande qui refuse son passé, sa langue et sa culture, en raison de cette responsabilité collective insupportable. Or, cette notion semblerait inadéquate. <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Hannah_Arendt" target="_blank" rel="noopener">Hannah Arendt</a>, qui a suivi le procès d'Adolf Eichmann, établit que la responsabilité collective n'a aucun sens, et en tout cas elle n'est pas moralement établie si je n'ai pas accompli d'actes : "<em>Deux conditions doivent être présentes pour qu'il y ait responsabilité collective : je dois être tenu pour responsable de quelque chose que je n'ai pas fait et la raison expliquant ma responsabilité doit être ma participation à un groupe (un collectif) qu'aucun acte volontaire de ma part ne peut dissoudre, c'est-à-dire une participation qui n'a rien à voir avec un partenariat commercial, que je peux dissoudre à volonté. La question de la "faute en groupe par complicité" doit être laissée en suspens parce que toute participation est déjà non déléguée. Cette forme de responsabilité est selon moi toujours politique, qu'elle prenne la forme ancienne où toute une communauté se juge responsable de ce que l'un de ses membres a fait ou bien si une communauté est tenue pour responsable de ce qui a été fait en son nom.</em>" </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;">Claire revient sur la responsabilité civile qui a pour principe de mettre une limite à nos actes afin de maintenir une certaine cohésion sociale, avec le risque de se déresponsabiliser en pointant du doigt autrui ou un groupe. </span><a style="font-size: small;" href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Jean-Paul_Sartre" target="_blank" rel="noopener">Sartre</a><span style="font-size: small;"> </span><span style="font-size: small;">disait ceci : "<em>L'homme qui se croit déterminé se masque sa responsabilité</em>". Comment alors, se demande Bruno, être responsable dans un monde complexe, multi-connecté avec beaucoup de choses qui nous échappent ? Pour une participante, le degré de responsabilisation n'est pas uniforme d'un individu à un autre, surtout dans un monde de plus en plus vaste, et avec des élites de plus en plus puissantes et souvent impunies. La contrainte sociale semblerait nous déresponsabiliser : "<em>Soyez le changement que vous voudriez voir dans le monde</em>" invitait <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Gandhi" target="_blank" rel="noopener">Gandhi</a> pour une prise de conscience générale. Seulement, "<em>comment aimer un monde qui n'est pas aimable</em>" et comment imposer sa responsabilité dans des sociétés où l'individu a du mal à se faire entendre ?</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;">De là, Gilles évoque le danger d'une déresponsabilisation sociale due à un amoncellement de lois. Le philosophe, sociologue et historien <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Cornelius_Castoriadis" target="_blank" rel="noopener">Cornelius Castoriadis</a> (<a href="http://www.monde-diplomatique.fr/1998/08/CASTORIADIS/3964" target="_blank" rel="noopener"><em>voir aussi ce lien</em></a>) ne dit pas autre chose lorsqu'il stigmatise ce déficit en responsabilisation : "<em>Il y a donc une contre-éducation politique. Alors que les gens devraient s’habituer à exercer toutes sortes de responsabilités et à prendre des initiatives, ils s’habituent à suivre ou à voter pour des options que d’autres leur présentent. Et comme les gens sont loin d’être idiots, le résultat, c’est qu’ils y croient de moins en moins et qu’ils deviennent cyniques.</em>" Le cynisme semblerait être un aboutissement à cette déresponsabilisation. Bruno rappelle que le cynisme vient du grec <em>kunikos,</em> chien : "<em>ceux qui déchiquettent les opinions</em>", qui se mettent à l'écart de la société - tel <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Diog%C3%A8ne" target="_blank" rel="noopener">Diogène</a> - par déception, indignation et apathie. </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;">En tout état de cause, avance un autre intervenant, il semblerait que ce soit la responsabilité qui structure l'être humain, avec une obligation morale d'assumer ses actes. À ce sujet, un proverbe portugais dit ceci : "<em>Nos malheurs entrent toujours par des portes que nous ouvrons</em>". La notion de liberté et de choix est toujours présente. Cependant, penser que tous nos actes nous engagent et engagent la vie peut vite "<em>rendre la vie impossible</em>", et cela pourrait nous tétaniser. La philosophie pratique ne devrait-elle pas nous imposer une ataraxie, à la manière d’<a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/%C3%89picure" target="_blank" rel="noopener">Épicure</a> ? Sans doute, faudrait-il plutôt tenter de ne pas créer de malheur. "<em>Un homme ça s'empêche</em>" disait <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Albert_Camus" target="_blank" rel="noopener">Albert Camus</a> : pourquoi ne chercherions-nous pas, modestement, "<em>à éviter de faire plutôt qu'à chercher à faire</em>" ? </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;">Une personne du public revient sur l'acception religieuse de la responsabilité, en rappelant qu'il a été un moment question de péché originel. Elle fait référence à l'encyclique <em>Laudato Si </em>du pape <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Fran%C3%A7ois_(pape)" target="_blank" rel="noopener">François</a> sur l'environnement et sur les conséquences de nos actions, et de celles des entreprises prévaricatrices du milieu naturel - non sans notre complicité. L'homme n'a pas à être un pion irresponsable, dit-elle encore, mais un "<em>maillon intégré dans le système</em>" pour évaluer le bout de la chaîne, qui sont les milliards d'êtres humains qui n'ont ni eau, ni nourriture, ni électricité. Ces propos, dit Bruno, font écho au philosophe </span><a style="font-size: small;" href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Hans_Jonas" target="_blank" rel="noopener">Hans Jonas</a><span style="font-size: small;"> qui a écrit un ouvrage de référence, <em>Le Principe Responsabilité (<a href="http://cafephilosophique-montargis.hautetfort.com/archive/2015/09/27/jonas-le-principe-responsabilite-2-5691223.html"
Rébellionhttp://rebellion.hautetfort.com/about.htmlLa postmodernité philosophique expliquée aux enfants et aux grandes personnestag:rebellion.hautetfort.com,2015-09-01:56805592015-09-01T07:39:00+02:002015-09-01T07:39:00+02:00 Avertissements du traducteur : ...
<p> </p><p style="text-align: justify;"><em><span style="font-size: medium;"><img id="media-5149064" style="float: left; margin: 0.2em 1.4em 0.7em 0;" title="" src="http://rebellion.hautetfort.com/media/00/01/2748013837.png" alt="testament philosophique,communautarisme,parménide,platon,descartes,kant,marx,heidegger jean-françois lyotard,nouvelle histoire alternative de la philosophie. le chemin ontol,costanzo preve" /></span></em></p><p style="text-align: justify;"> </p><p style="text-align: justify;"> </p><p style="text-align: justify;"><em><span style="font-size: medium;">Avertissements du traducteur : </span><span style="font-size: medium;">Ce texte constitue le trente neuvième et avant-dernier chapitre du testament philosophique de Costanzo Preve: « Nouvelle histoire alternative de la philosophie. Le chemin ontologico-social de la philosophie ».2013. Il correspond aux pp. 427-452 de l’édition originale. </span><span class="Apple-style-span" style="font-size: medium;">Traduit inédite de l’italien par YVES BRANCA. </span></em></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: medium;"><em> </em></span></p><p style="text-align: justify;"> </p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: medium;"> Jean-François Lyotard, le philosophe français qui a « lancé » le concept philosophique de « postmoderne », entendu comme la fin de la diffusion sociale de la croyance à de « grands récits », a écrit un alerte petit livre intitulé Le Postmoderne expliqué aux enfants (1988). Mais il s’agit d’un paradoxe et d’une contradiction dans les termes. Les enfants, par leur nature même et par définition, sont imaginatifs, sensibles aux mythes et aux fables, et par là même, eschatologiques et messianiques. Un enfant « désenchanté », au sens où l’entendait Max Weber, est une impossibilité logique, historique et psychologique. Le désenchantement commence après dix-huit ans, et qui en doute devrait bien lire le grand roman de Balzac Les illusions perdues. Il se peut qu’une génération parquée devant les jeux électroniques et induite socialement à ne plus lire de livres imprimés puisse être désenchantée avant, mais dans ce cas, l’on a affaire à une pression sociale qui tourne à la manipulation anthropologique. Quoi qu’il en soit, le Postmoderne ne peut, à mon avis, être expliqué aux enfants, parce qu’il est le produit social d’une élaboration philosophique du désenchantement, et il en est comme du service militaire, qu’on ne peut accomplir avant l’âge de dix-huit ans. </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: medium;"> Dans la théorie lyotardienne du désenchantement postmoderne à l’égard des grandes narrations, se conjuguent toutes les perceptions sociales d’un temps de gestation et de transition: celles d’un monde encore par bien des aspects capitaliste-bourgeois, avec son pôle opposé mais solidaire et complémentaire qui est le communisme historique du XX<sup>e</sup> siècle, vers un monde encore capitaliste, et même hypercapitaliste, mais d’une manière désormais post-bourgeoise et post-prolétarienne. Les idéologies complémentaires de ladite prolétarisation de la petite bourgeoisie et de ladite intégration consumériste du prolétariat sont en effet la façon dont les « ermites » - d’une part les « ermites » bourgeois libéraux, d’autre part les « ermites » prolétariens staliniens - manifestent leur incompréhension érémitique de ce qui est en train d’advenir, à savoir, précisément, cette époque de gestation et de transition que nous éprouvons comme un passage historique difficile. </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: medium;"> Peu avant sa mort, Jean-François Lyotard a énuméré au moins cinq grands récits: la narration chrétienne de la rédemption progressive du péché originel par le déchiffrement humain de la théodicée, la narration, dans la philosophie des Lumières, de l’émancipation humaine de l’ignorance, des impostures et des préjugés par la diffusion des lumières de la raison scientifique dans la société, la narration spéculative d’origine romantique de la réalisation de l’Idée universelle moyennant la dialectique historique, la narration marxiste de l’émancipation de l’aliénation et de l’exploitation, et enfin, la narration capitaliste du bien-être pour tout le monde moyennant le développement économique, technique et industriel. </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: medium;"> Comment est-il possible d’expliquer aux enfants que ces cinq grands récits sont tous illusoires, et qu’aujourd’hui, l’éducation philosophique consiste justement à les persuader rationnellement, aussi bien que les adolescents et les adultes, qu’il faut les délaisser ? Pour ce qui est des vieillards, n’importe, ils mourront bientôt. J’ai déjà dit que la croyance des enfants à la fin heureuse et à la punition de méchants est invincible (v. Blanche-Neige, Cendrillon, etc.); mais peut-être est-il possible d’en convaincre les jeunes gens voués au travail précaire, pour qui le postmoderne est vraiment l’époque de la production flexible (Jameson), et du passage de la primauté bourgeoise du temps du progrès à celle, postbourgeoise, de l’espace de la globalisation économique (Harvey), et les adultes d’âge mûr, vite dépris des illusions précocement fanées du temps du marxisme tardif (le mythique Mai Soixante-huit, qui nous apparaît désormais bien davantage comme un mythe fondateur que comme un ensemble historique de faits hétérogènes), et devenus génération de cyniques désenchantés (comme le « dernier des hommes » selon Nietzsche, mais aussi et surtout comme ceux qui régressent dans « l’implosion du moi narcissique » selon Christopher Lasch). </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: medium;"> Pour ce qui est de la postmodernité, la déduction sociale des catégories est évidemment un jeu d’enfant, et l’on aurait presque honte de ce qu’elle soit si simple et si banale, au regard de la difficulté à comprendre Parménide, Platon, Descartes, Kant, Marx et Heidegger. Et pourtant, cette facilité doit ici devenir un défi: celui de « complexifier » le tableau historique, et de le « tester » pour reconstruire entièrement la méthode que nous avons suivie jusqu’ici. En ce qui me concerne, je m’accorde en effet davantage avec Hegel qu’avec Marx. Celui-ci estimait qu’il pouvait prévoir le futur, fût-ce d’une manière tendancielle et non pas physique et mathématique. Hegel estimait au contraire que la philosophie est comme la chouette de Minerve qui prend son vol à la tombée de la nuit, et donc ne permet pas de prévisions futurologiques. Entendant substituer le jugement problématique de la catégorie modale de possibilité, comprise au reste selon Aristote comme potentialité ontologique (dynamei on), au jugement assertorique-apodictique de la catégorie modale de nécessité touchant le fameux passage du capitalisme à une société plus communautaire et solidaire, que nous pourrions appeler « communisme » dans un sens marxien, et non « stalinien », j’ai déjà proposé de fait non seulement une interprétation « hégélienne » de Marx, mais encore une légitimation nouvelle et intégrale de ce qu’on appelle la « philosophie pour la philosophie », laquelle, au lieu d’être regardée comme une antiquité digne de la dérision scientiste et positiviste, deviendra le lieu de la redécouverte de la connaissance de la vérité, moyennant une science philosophique adéquatement revue et corrigée. Mes positions vont évidemment à l’encontre de l’esprit qu’on appelle postmoderne. Raison de plus d’en discuter avec autant de sérieux que d’ouverture d’esprit. </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: medium;"> Il faut rendre grâce à François Lyotard de son honnêteté intellectuelle, parce qu’il n’a dissimulé en aucune façon, mais au contraire révélé ouvertement, que la synthèse philosophique postmoderne peut être présentée comme une véritable élaboration philosophique d’un désenchantement politique. Toutefois, son catalogue des cinq modèles de grande narration est fourvoyant et trompeur, et fait penser à la « lettre dérobée » d’Edgar Poe, qui est cachée dans une liasse d’autres lettres placées en évidence pour la mieux dissimuler, ou bien au jeu de bonneteau, où l’on cache une seule carte, entre trois autres qui doivent être bien visibles. Ce qui intéresse Lyotard est en effet de mettre en relief le désenchantement d’une seule grande narration, la quatrième, celle du « marxisme ». Il s’agit bien d’une désillusion personnelle, autobiographique, élaborée philosophiquement. Les quatre autres ne le concernent pas, et ne sont mises ici que pour troubler l’eau. Ce qu’une brève réflexion analytique suffira amplement à montrer. </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: medium;"> Le récit chrétien de la rédemption progressive du péché originel, comme on sait, n’existe plus socialement depuis au moins mille huit cents ans, et n‘est donc en aucune façon une nouveauté. On ne peut, en effet, être wébérien « à courant alternatif », comme l’est Lyotard, qui d’une part reçoit intégralement le diagnostic de Max Weber sur le désenchantement rationaliste du monde, puis en refuse l’explication historique et méthodologique, selon laquelle toutes les religions, ou du moins les religions « du livre » théistes occidentales, qui naissent messianiques et eschatologiques, s’éteindraient bien vite si elles en restaient à jamais à cette origine, et n’ont d’autre moyen de se stabiliser régulièrement que de se replier sur les retranchements socialement soutenables de la rationalisation symbolique de la vie quotidienne, en abandonnant complètement toute promesse messianique de refondation intégrale de la communauté sociale. </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: medium;"> Comme on l’a vu, Jésus de Nazareth prêchait l’Année de Miséricorde du Seigneur, dont le contenu socio-politique d’ensemble, qui impliquait une « purification du Temple », eût finalement entraîné une refondation communiste de la société, puisque le Temple n’était pas un lieu d’assemblée où l’on psalmodiait innocemment les louanges du Seigneur, mais le centre politique et économique de la distribution des charges et des biens. Jésus était certainement persuadé qu’il favorisait cet évènement messianique par son sacrifice de « serviteur souffrant », mais vu que cette qualité n’était pas un crime aux yeux des occupants romains, c’est en tant que zélote armé insurgé qu’on dut le crucifier, ce dont la preuve irréfutable est constituée par l’écriteau « roi des juifs » qui fut apposé sur sa croix, dans une situation politique caractérisée par la diarchie de fait de l’occupant et du sanhédrin juif collaborateur. Paul de Tarse universalisa certes son message, et fut en ce sens le Lénine d’un christianisme dont Jésus eût été le Marx; mais ne disposant plus du Temple à purifier, Paul annonça un prochain retour du Messie, ou Parousie. Cette annonce ne se vérifia point, non plus que l’Apocalypse de la chute de la Grande Babylone prostituée, qui désignait métaphoriquement Rome et sa terrible domination esclavagiste. </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: medium;"> A ce moment, dès le deuxième siècle, et moins encore au troisième, le christianisme n’était déjà plus une grande narration du Salut, mais une religion de masse ordinaire, populaire et non plus messianique ni eschatologique, dont les oeuvres de bienfaisance pour soulager les plus pauvres tinrent lieu d’assistance publique dans un système social qui en était entièrement dépourvu, hormis par la générosité des plus riches, comparable aux oeuvres des Bill Gates et consorts dans le monde d’aujourd’hui. C’est pourquoi Lyotard ne saurait nous tromper: la grande narration chrétienne s’est éteinte entre les années 150 et 250 environ de l’ère chrétienne, et ne s’est jamais plus réellement reproduite, si ce n’est par l’effervescence éphémère de divers groupes d’hérétiques, qui ont toujours été rejetés et exterminés, bien qu’ils fussent souvent estimables et dignes de rester dans la mémoire des hommes. Mais on ne peut décemment mettre le christianisme au nombre des grandes narrations de la modernité. Pour autant que la religion chrétienne instituée (que pour ma part je regarde favorablement dans la mesure où elle peut servir, même faiblement, de frein (katechon) au déchaînement individualiste du capitalisme absolu) n’est pas une grande narration eschatologique, si ce n’est dans un bavardage clérical auquel les prêtres sont souvent les premiers à ne pas croire, mais une espèce d’agence d’assistance psychologique de style communautaire en un temps d’effacement du divin, que je conçois avec Heidegger comme un état d’incertitude sur l’existence de Dieu couvert de vains discours théologiques et moraux sur les diverses sortes de « valeurs », il faut l’exclure de la liste lyotardienne.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: medium;"> Quant à la grande narration de l’émancipation universelle par la victoire sur l’ignorance et la superstition, qui est celle des Lumières, il faut dire que Voltaire, qui fut son « pape laïc », était lui-même un ennemi de toutes les grandes narrations de son temps, et un habile suppôt du despotisme éclairé de Frédéric II de Prusse. C’est de lui que se réclament les partisans des néo-Lumières d’aujourd’hui, qui ont vergogne des « extrémistes sociaux » comme Rousseau, et sur toute chose du radicalisme révolutionnaire des jacobins, et regardent Robespierre comme un Staline à perruque poudrée, ou Staline comme un Robespierre botté, etc. Certes, il a existé dans les Lumières françaises un courant minoritaire de philosophie de l’histoire (chez Turgot, Condorcet, etc.), qui peut en effet être caractérisé comme une sorte de grand récit de l’émancipation moyennant l’instruction. Mais ce ne peut être par hasard que des auteurs comme Fichte et Hegel, qui en étaient presque contemporains, et en mesure d’en faire un bilan presque empirique, tout comme nous-mêmes pour ce qui est du XX<sup>e</sup> siècle, et n’étaient donc pas égarés par la distance temporelle, cette mère infaillible de l’idéalisation, en aient révélé l’aspect principalement destructeur: le « temps du péché consommé » pour Fichte, celui du « déchaînement de l’intellect abstrait » pour Hegel. Quoi qu’il en soit, faisons provisoirement l’hypothèse (que je n’admets en rien), que les Lumières du XVIII<sup>e</sup> siècle aient pu être dans leur ensemble une grande narration. </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: medium;"> Car enfin, qu’est-ce donc que ce qui se présente aujourd’hui en Italie comme une néo-philosophie des Lumières (ceux de la revue Microméga (Micromegas) etc.)? Une machine infernale sceptique et relativiste opposée à toute philosophie de l’émancipation, qui brandit l’étendard de Darwin et de la théorie de l’évolution pour mieux cacher qu’elle a mis en berne l’étendard de Marx et de la critique du capitalisme, et qui s’en prend au communautarisme au nom des formes les plus extrêmes de l’individualisme, allant jusqu’à se vanter d’avoir détruit la croyance à la grande narration des utopies émancipatrices au nom d’une « virile » acceptation d’un présent socialement indépassable: fin capitaliste de l’histoire, état de droit, marché capitaliste concurrentiel contre le mercantilisme de l’Etat-nation, bombardement éthique des états-voyous au nom des Droits de l’homme, nouvelle religion laïque de l’holocauste opposé aux vieilles religions monothéistes trop « normatives » eu égard aux « styles de vie » individualistes, diffamation ou mur de silence envers toutes les voix qui peuvent s’élever pour « réhabiliter » Marx après l’effondrement du communisme historique du XX<sup>e</sup> siècle, etc.. Voilà cette néo-philosophie des Lumières, qui ose afficher Marianne, l’emblème révolutionnaire français, avec le mot d’ordre « Hommes de Lumières de tous les pays, unissez-vous ! », sur la couverture de la revue Microméga (v. la livraison de novembre 2007) ! Cette néo-philosophie des Lumières est aujourd’hui une machine infernale contre toutes les philosophies de l’émancipation, et une pensée encore plus conservatrice que ne le fut en son temps la théologie des jésuites pour légitimer le système social féodal tardif et seigneurial. </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: medium;"> Il est sans doute que les philosophies de l’idéalisme allemand se rapprochent davantage du codex théorique des grands récits émancipateurs. Mais il faut procéder en ce domaine avec beaucoup d’attention. Pour autant qu’il a établi une philosophie de l’histoire qui comporte cinq stades, celle de Fichte est certes, au moins en partie, une grande narration, au sens de Lyotard. Mais à mon avis, celle de Hegel n’entre déjà plus dans cette catégorie, et par certains aspects, sa pensée peut être interprétée comme une critique dialectique de toute grande narration. Le parcours phénoménologique de la conscience vers l’auto-conscience, qui est retracé dans la Phénoménologie de l’Esprit, n’est pas du tout, à mon avis, une grande narration au sens de Lyotard. Il ne promet aucun salut, mais décrit un possible itinéraire de libération. La description réaliste de l’origine de la domination de l’homme sur l’homme dans la peur et le courage au lieu d’un pacifique contrat social serait-elle une grande narration ? Ou peut-être la lutte de l’esclave contre le maître pour être reconnu socialement ? Ou bien la critique des philosophies hellénistiques comme exil intérieur de petits groupes à l’ombre du pouvoir ? Ou encore celle du renversement dialectique de l’ascèse morale kantienne en déchaînement des appétits les plus égoïstes dans le « règne animal de l’esprit » ? Non, toutes ces figures dialectiques ne constituent aucune grande narration. </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: medium;"> Il n’est possible de les regarder rétroactivement comme telles, pour apporter de l’eau au moulin de l’antipathie postmoderne envers Hegel, que depuis seulement que la société de l’indifférence, fondée sur le bavardage, la curiosité superficielle et distraite et la culture systématique de l’équivoque, a réussi à imposer socialement cette indifférence même en tant qu’état normal de la société et sagesse des intellectuels désenchantés. Il s’agit là d’une conjoncture historique bien particulière, qui est le fruit d’une époque de gestation et de transition vers un univers ultracapitaliste, et qu’on « hypostasie » en « démystification » des grandes narrations. </span></p><p style
Café philosophique de Montargishttp://cafephilosophique-montargis.hautetfort.com/about.html”KANT EST UNE ANDOUILLE”tag:cafephilosophique-montargis.hautetfort.com,2015-05-25:56282182015-05-25T12:16:26+02:002015-05-25T12:16:26+02:00 L’auteur du graffiti “Kant est une andouille” sur les murs de la maison du...
<blockquote><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;">L’auteur du graffiti “Kant est une andouille” sur les murs de la maison du philosophe, en Russie, a été identifié. L’affaire a défrayé la chronique la semaine, mettant le projecteur sur le délabrement de ce monument historique.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;"><a href="http://www.philomag.com/lepoque/breves/lauteur-du-graffiti-kant-est-une-andouille-demasque-11357" target="_blank"><span style="color: #ffff00;"><strong>La suite ici...</strong></span></a></span></p><p style="text-align: justify;"> </p></blockquote>
Café philosophique de Montargishttp://cafephilosophique-montargis.hautetfort.com/about.htmlCOMPTE-RENDU DE LA SÉANCE ”SUIS-JE CE QUE MON PASSÉ FAIT DE MOI?”tag:cafephilosophique-montargis.hautetfort.com,2015-05-20:56256732015-05-20T22:10:00+02:002015-05-20T22:10:00+02:00 Thème du débat : "Suis-je ce que mon passé fait de moi?" ...
<p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;"><strong>Thème du débat : <span style="color: #ffff00;">"Suis-je ce que mon passé fait de moi?" </span></strong></span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;"><strong>Date : <span style="color: #ffff00;">17 avril 2015 à la Brasserie du centre commercial de la Chaussée</span></strong></span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;">Le vendredi 17 avril 2015, environ 120 personnes étaient présentes pour la séance du café philosophique de Montargis dont le débat portait sur cette question : "Suis-je ce que mon passé fait de moi ?"</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;">Une première participante réagit ainsi : "<em>Oui et non. Non car c'est dans l'instant présent que je peux exister et faire des choix. [Oui car] je suis conditionné culturellement par mon passé.</em>" Pour une autre intervenante, le passé nous construit indubitablement, grâce à nos expériences, notre vécu. D'ailleurs, ajoute aussi Claire, "<em>quelle tragédie si je deviens amnésique !</em>" </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;">Pour un autre intervenant, on dépend culturellement de son passé et on a du mal à échapper à sa spatio-temporalité. Par contre, chacun peut se projeter par ses envies, ses rêves. On peut en sortir si l'on veut. "<em>L'avenir est la seule chose qui m'intéresse, car je compte bien y passer les prochaines années</em>" disait <a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Woody_Allen" target="_blank" rel="noopener">Woody Allen</a>. </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;">Pour Claire, il est déjà question de deux passés : un passé culturel, au sens de situation culturelle et sociale ("<em>On est d'abord un être en situation</em>"), c'est un passé historique, regroupant une histoire filiale, familiale, générationnelle ; et d'autre part le passé en tant que vécu personnel ("<em>Ce que j'ai fait avant</em>"). Dans ce dernier cas, puis-je me choisir vraiment ? Ma vie est-elle mon œuvre ? Finalement, la question de savoir si je résulte de mon passé ne se pose pour ainsi dire pas si ce passé est honorifique ; par contre, la question devient aporitique lorsque mon passé me colle à la peau et que je souhaiterais m'en défaire.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;">Pour un autre intervenant, notre vie est un "<em>immense apprentissage</em>" (gestes, mouvements, etc.). D'ailleurs le sujet de ce débat porte sur une expression importante : "<em>Suis-je...</em>". Le "<em>Je suis</em>" regroupe mon corps, mes comportements, mes paroles, l'apprentissage, la mémoire, l'inconscient, etc. Le passé est ce qui peut nous revenir violemment : des faits, des colères, des émotions, comme le disait <a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Marcel_Proust" target="_blank" rel="noopener">Marcel Proust</a> : "<em>Mais, quand d’un passé ancien rien ne subsiste, après la mort des êtres, après la destruction des choses, seules, plus frêles mais plus vivaces, plus immatérielles, plus persistantes, plus fidèles, l’odeur et la saveur restent encore longtemps, comme des âmes, à se rappeler, à attendre, à espérer, sur la ruine de tout le reste, à porter sans fléchir, sur leur gouttelette presque impalpable, l’édifice immense du souvenir.</em>" </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;">Pour une autre participante l'aspect psychologique est importante dans un tel sujet. Pour elle, à l'âge de trois ans, la majorité des dés sont jetés. Chacun part avec ce capital plus ou moins riche et chaque individu ne peut échapper à l'une des cinq blessures que l'on traîne toute notre vie : la trahison, le rejet, l'humiliation, l'abandon et l'injustice. On est issu de ce passé là et la majorité de nos réactions vient de ces cinq blessures originelles. </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;">Pour un autre intervenant, la question "<em>Suis-je ce que mon passé fait de moi ?</em>" induit une question bien plus fondamentale : est-ce que je suis capable de savoir que je suis le résultat de mon passé ? Cela voudrait dire que je me souviens exactement de mon propre passé et que je suis capable de repérer dans celui-ci ce qui me détermine. Répondre à cette question est d'une infinie complexité ! Et si je cherche à lire dans ce passé qui me détermine, sans doute vais-je forcément trouver quelque chose ; par contre, est-ce réellement cette chose qui me détermine ? Ou bien n'y a-t-il pas le risque que j'interprète ou surinterprète une notion, un acte ou une parole ? Cela renvoie en tout cas autant à la notion de mémoire qu'à celle de liberté. </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;">En parlant de mémoire, un nouvel intervenant parle de la mémoire familiale et des secrets de famille (la psychogénéalogie) qui sembleraient avoir des influences considérables sur la vie de chacun. Les non-dits reproduisent de manière similaires ou quasi-similaires les traumatismes. <a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Sigmund_Freud" target="_blank" rel="noopener">Freud</a>, dit Claire, met en avant l'aspect scientifique de la psychanalyse tout en précisant que c'est l'une des seules sciences qui ne peut recevoir de lois car un traumatisme ne sera pas reçu de la même manière par telle ou telle catégorie de gens (<a href="http://cafephilosophique-montargis.hautetfort.com/archive/2015/04/17/freud-l-hypothese-de-l-inconscient-5605334.html" target="_blank" rel="noopener"><em>voir aussi ce texte</em></a>). Freud fait le lien avec la littérature. <a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/%C3%89mile_Zola" target="_blank" rel="noopener">Zola</a> théorisait le conditionnement du milieu ; d'autres philosophes, au contraire, considèrent que les individus réagissent différemment parce qu'ils ne reçoivent pas la situation de la même manière. <a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Boris_Cyrulnik" target="_blank" rel="noopener">Boris Cyrulnik</a> parle, lui, de <a href="http://cafephilosophique-montargis.hautetfort.com/archive/2015/04/13/cyrulnik-la-resilience-1-5602411.html" target="_blank" rel="noopener">résilients </a>pouvant échapper aux conséquences de situations catastrophiques, situations qui ont pourtant provoqué l'effondrement d'autres personnes avant eux. <a href="http://cafephilosophique-montargis.hautetfort.com/archive/2015/04/13/cyrulnik-la-resilience-2-5602413.html" target="_blank" rel="noopener">Il y a une histoire de volonté derrière cet échappatoire salutaire</a>. La question est de savoir qui est à même de s'autoriser à en rêver et à s'en sortir ? Face à un choc traumatique – et quelque soit sa puissance – certains résilients ont la volonté de se construire envers et contre tout. Au contraire, d'autres personnes, qui ont acquis une éducation "<em>sécure</em>", se refuseront de croire en eux. Il semblerait qu'il n'existe pas de lois figées ni de théories.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;">Un autre exemple est cité : celui de la gémellité. Les jumeaux, êtres génétiquement identiques, restent des êtres uniques, justement parce que, malgré les caractéristiques et les passés communs, chacun porte un regard singulier sur l'un comme sur l'autre, même si l'amour donné et l'éducation sont a priori identiques. </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;">Le passé doit être tenu comme ce qu'il est : un ensemble d'événements révolus, dus au hasard ou non. La solution serait d'essayer de s'y confronter, de l'affronter (dans le cadre de la psychanalyse, par exemple) mais aussi pratiquer une forme d'amnésie volontaire. Certains peuvent aussi choisir de partir sans laisser d'adresse. La question est de savoir comment je peux me défaire de mon passé. Est-ce que je fais toujours les mêmes erreurs, à l'image du personnage principale de <a href="http://cafephilosophique-montargis.hautetfort.com/archive/2012/09/28/camille-redouble-si-on-pouvait-tout-recommencer.html" target="_blank" rel="noopener"><em>Camille Redouble</em></a> ? Comme le dit Claire, j'ai été "<em>informé</em>" depuis l'enfance – au sens de "<em>donner forme</em>" – et il semblerait que cette forme soit reproduite. Dit autrement, est-ce que l'existence précède l'essence (<a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Jean-Paul_Sartre" target="_blank" rel="noopener">Sartre</a>) ?<a href="http://cafephilosophique-montargis.hautetfort.com/archive/2015/04/15/sartre-je-suis-mon-projet-5604207.html" target="_blank" rel="noopener"><em> Voir aussi ce texte.</em></a></span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;">Pour un intervenant, ce débat prend une tournure très négative dans le sens où la question qui pourrait nous être posée serait celle-ci : comment ne pas subir ce passé ? Or, il pourrait tout aussi bien prendre un tour plus positif. L'histoire humaine semblerait bien ne pas se répéter. Mieux, si l'on peut considérer être le résultat de notre passé, force est de constater qu'à titre collectif la richesse humaine s'est considérablement accumulée à travers l'Histoire. Je peux considérer que je peux bénéficier de cette richesse culturelle. Le passé est un héritage et la leçon de toutes les civilisations qui m'ont précédé est de savoir comment profiter de ces apports.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;">Claire s'interroge sur la notion de progrès – positif ou négatif – qui semble être apposé à celui de l'Histoire. Certains historiens prônent le mythe de l'éternel retour. L'histoire serait cyclique, avec un certain déterminisme catégorique (<a href="http://cafephilosophique-montargis.hautetfort.com/archive/2015/04/17/mircea-eliade-le-temps-est-reversible-5605196.html" target="_blank" rel="noopener">Cf. texte de Mircéa Eliade</a>). Cependant, réagit un participant, intuitivement, cette notion de progrès – matérielle ou non – semblerait être réelle : nous lisons <a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Emmanuel_Kant" target="_blank" rel="noopener">Kant </a>au contraire de nombre de nos aïeux, la peine de mort tend à devenir moins pratiquée dans le monde qu'il y a seulement un siècle et les supplices tendent à disparaître au fur et à mesure des siècle. Cela n'empêche pas l'homme de ne pas tirer les leçons passées et de faire le choix de violences à travers le monde (un intervenant rappelle que le cerveau de l'artiste qui a peint la Grotte Chauvet est le même que celui de l'homme moderne). Se rappeler de son passé pour se tourner vers l'avenir (le "devoir de mémoire") implique que l'on doive en tirer les leçons. Claire cite Emmanuel Kant : " L’homme veut la concorde, mais la nature sait mieux que lui ce qui est bon pour son espèce : elle veut la discorde. Il veut vivre commodément et à son aise ; mais la nature veut qu’il soit obligé de sortir de son inertie et de sa satisfaction passive, de se jeter dans le travail et dans la peine pour trouver en retour les moyens de s’en libérer sagement" (<em><a style="font-size: small;" href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Emmanuel_Kant" target="_blank" rel="noopener">Kant</a></em><em>, Idée d'une Histoire universelle du Point de vue cosmopolitique</em>, §8). </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;">Le vrai sujet est qu'aujourd'hui notre civilisation a tendance à oublier la notion de passé pour privilégier la notion de performance immédiate et la maîtrise d'un futur qui lui échappe de toute manière. Il semblerait, dit encore cet intervenant, que chacun doive s'interroger sur cette question : qu'est-ce que j'hérite de mon passé commun et comment je m'enrichis grâce à lui ? Et, ajoute ce participant, interpréter ce passé à l'échelle individuelle et psychanalytique est une "<em>perversion</em>" et le "<em>dévoie</em>" totalement !</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;"><a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Georg_Wilhelm_Friedrich_Hegel" target="_blank" rel="noopener">Hegel</a> affirme dans <em>La Raison dans l'Histoire</em>, dit que l'homme individuellement est emprunt de passion. Mais, à l'échelle de l'Humanité, on est dans un progrès de la Raison qui donne sens à tout cela. On va vers une évolution pour davantage de rationalité. C'est directement mis en avant par <a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Jean-Jacques_Rousseau" target="_blank" rel="noopener">Jean-Jacques Rousseau</a> qui dit que l'homme est perfectible. L'homme, dit-il, peut être dans un rapport mimétique au monde ou bien il peut le dépasser par la création. Contre cette théorie, <a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Friedrich_Nietzsche" target="_blank" rel="noopener">Nietzsche</a> puis les philosophes existentialistes croient <a href="http://cafephilosophique-montargis.hautetfort.com/archive/2015/04/03/nietzsche-l-oubli-comme-gardien-de-la-vie-5596686.html" target="_blank" rel="noopener">en la faculté positive de l'oubli : laissons derrière nous, dit le "Philosophe au Marteau", ces héritages de sens – car le sens ne s'hérite pas : il se créé</a>. Et Sartre dit qu'à situation similaire, réception différente parce que l'homme est libre – et condamné à être libre. Cette façon singulière de recevoir un stimulus afin d'écrire "son histoire", qui sera jugée à l'aune de l'Humanité. Le lâche n'est pas lâche du fait de son passé : il est lâche car il a décidé, un moment donné, de se comporter comme un lâche et "<em>son sens lui colle à la peau</em>". </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;">Une participante évoque le concept de socialisation, élaboré par <a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/%C3%89mile_Durkheim" target="_blank" rel="noopener">Émile Durkheim</a>. Ce principe d'éducation admet que ce que l'on reçoit de nos parents de la société qui, de manière consciente ou non, forme nos manières d'agir, de réagir, nos contenus mentaux. Les successeurs de Durkheim, dont <a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Maurice_Halbwachs" target="_blank" rel="noopener">Maurice Halbwachs</a>, insisteront sur le fait que la socialisation influe sur la manière dont on donne sens au monde qui nous entoure. Selon les milieux sociaux, les personnes n'ont pas les mêmes réactions face à telle ou telle situation. Cette intervenante parle des inégalités perpétuées au sein de l'école. <a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Raymond_Boudon" target="_blank" rel="noopener">Raymond Boudon</a> parle en 1973, dans <em>L'Inégalité des Chances</em>, "<em>d'individualisme éthologique</em>". Les individus n'ont pas les mêmes réactions et font des choix hérités du passé et des aïeux, alors que la démocratisation scolaire est avancée : études courtes, diplômes moins prestigieux, écoles modestes. Claire rebondit en constatant que cette "<em>inégalité des chances</em>" est plus vraie en 2015 qu'en 1973. François Lenglet, dans un cours sur les inégalités, met en évidence que les grandes écoles françaises se renouvellent au sein d'une même classe sociale. Il y a aussi une forme d'alimentation de cette inégalité, par une sorte de fatalisme. Cette répétition du passé, jusque dans les élites ("<em>je suis polytechnicien parce que mon père l'était</em>") est sans doute aussi, réagit un participant, une forme de ratage de carrière, de sa vie ("<em>l'inculture... de ces polytechniciens formatés</em>" est sévèrement stigmatisée !) et de ses aspirations vers le bonheur. </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;">Bruno considère qu'il existe un autre frein : la nostalgie, qui peut être un facteur limitant. </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;">La question ambitieuse est de savoir, si l'on n'a pas à reproduire les mêmes mécanismes sociaux, comment se défaire d'un passé qui ne nous convient pas, qui nous empêche de nous exprimer et de nous épanouir ? Dans ce cas, la tâche à accomplir pas s'avérer ardue comme le montrent quelques destins atypiques (le cuisinier Thierry Marx, par exemple). Finalement, réagit un autre participant, "les gens diffèrent plus par leur volonté que par leur intelligence". Le déterminisme est une chose ("<em>à trois ans tout est fini</em>" ?), dit un autre intervenant, mais le libre-arbitre en est une autre. La raison nous interroge : puis-je me contenter de mon passé ou bien est-ce que j'aspire à autre chose afin de ne pas subir ? Dans ce cas, la connaissance et la volonté sont des armes, sauf si la volonté "<em>est barrée par des croyances limitantes</em>" (évoquées autrement plus haut), facteurs d'une forme de déterminisme social. Ces dernières sont inscrites profondément et inconsciemment en nous et il est très difficile d'en sortir. Pour lutter contre ce déterminisme, la clé serait le rêve, dû souvent à des personnes qui s'autorisent à créer et agir pour faire changer leur monde et le monde. Pour preuve, l'artiste, capable de dépasser l'académisme – et souvent après avoir assimilé le passé – pour créer leur propre univers.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;">Un participant évoque la question du passé, non pas de soi, mais de l'autre. Ce qui peut nous faire sortir de notre passé c'est la séduction d'un passé qui nous est étranger mais qui nous touche par l'universalité et la beauté. Le rôle de l'artiste, par exemple, nous permet de nous échapper de notre propre passé qui pourrait nous débloquer. </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;">Un participant évoque en fin de débat cette allégorie : le passé serait cette petite barque naviguant au fil de l'eau mais construite au fur et à mesure. Au fur et à mesure de notre voyage, nous intégrons à cette barque des débris – plus ou moins lourds – que nous rencontrons. Nous tentons de donner un cap à notre bateau grâce à notre raisonnement, en sachant que nous devons faire avec les vents dominants comme avec les tempêtes. Au final, nous essayons sans doute de trouver l'équilibre en pleine mer. Certains, que nous pouvons croiser sur notre route, peuvent essayer de nous pousser dans une direction initiale mais c'est à nous d'influer le cap et de suivre notre propre boussole. </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;">Finalement, nous devons nous autoriser à dépasser notre passé et à rêver, pour aller vers un avenir – mais sans "<em>se divertir</em>" (<a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Blaise_Pascal" target="_blank" rel="noopener">Pascal</a>), sans courir vers quelque chose qui n'existe pas. </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;">Pour clôture la séance, quatre sujets (et non pas trois, comme de coutume) sont mis au vote pour la séance suivante, le <strong>22 mai 2015</strong> : "Y a-t-il des civilisations supérieures à d'autres ?", "Doit-on prendre ses rêves pour la réalité ?", "Doit-on mourir pour une cause ?" et "<strong>Est-il raisonnable de croire en Dieu ?</strong>" C'est ce dernier sujet qui est élu par la majorité des participants. </span></p>
Kralyhttp://lessongesdunenuit.hautetfort.com/about.htmlLe Beau en question...tag:lessongesdunenuit.hautetfort.com,2015-04-11:56008182015-04-11T05:00:00+02:002015-04-11T05:00:00+02:00 Le jugement esthétique, Kant Publié le...
<p> </p><div id="post-1501" class="post-1501 post type-post status-publish format-standard hentry category-art-2" style="background-color: transparent; border: 0px; margin: 0px 0px 48px; padding: 0px; vertical-align: baseline; color: #333333; font-family: Georgia, 'Bitstream Charter', serif; font-size: 16px; font-style: normal; font-variant: normal; font-weight: normal; letter-spacing: normal; line-height: 24px; orphans: auto; text-align: start; text-indent: 0px; text-transform: none; white-space: normal; widows: auto; word-spacing: 0px; -webkit-text-stroke-width: 0px; background-position: initial initial; background-repeat: initial initial;"><h2 class="entry-title" style="background-color: transparent; border: 0px; margin: 0px; padding: 0px; vertical-align: baseline; clear: both; font-weight: bold; font-family: 'Helvetica Neue', Arial, Helvetica, 'Nimbus Sans L', sans-serif; color: #000000; line-height: 1.3em; font-size: 21px; background-position: initial initial; background-repeat: initial initial;"><span style="color: #ff0000; font-family: 'book antiqua', palatino; font-size: medium;"><a style="background-color: transparent; border: 0px; margin: 0px; padding: 0px; vertical-align: baseline; color: #000000; text-decoration: none; background-position: initial initial; background-repeat: initial initial;" href="https://philotique.wordpress.com/2014/12/16/le-jugement-esthetique-kant/" rel="bookmark"><span style="color: #ff0000;">Le jugement esthétique, Kant</span></a></span></h2><span style="color: #ff0000; font-family: 'book antiqua', palatino; font-size: medium;"> </span><div class="entry-meta" style="background-color: transparent; border: 0px; margin: 0px; padding: 0px; vertical-align: baseline; font-family: 'Helvetica Neue', Arial, Helvetica, 'Nimbus Sans L', sans-serif; color: #777777; font-size: 12px; background-position: initial initial; background-repeat: initial initial;"><span style="font-family: 'book antiqua', palatino; font-size: medium;"><span style="color: #ff0000;"><span class="meta-prep meta-prep-author" style="background-color: transparent; border: 0px; margin: 0px; padding: 0px; vertical-align: baseline; background-position: initial initial; background-repeat: initial initial;">Publié le</span> <a style="background-color: transparent; border: 0px; margin: 0px; padding: 0px; vertical-align: baseline; color: #777777; background-position: initial initial; background-repeat: initial initial;" title="19 h 28 min" href="https://philotique.wordpress.com/2014/12/16/le-jugement-esthetique-kant/" rel="bookmark"><span class="entry-date" style="background-color: transparent; border: 0px; margin: 0px; padding: 0px; vertical-align: baseline; color: #ff0000;">16 décembre 2014</span></a></span><span class="by-author" style="background-color: transparent; border: 0px; margin: 0px; padding: 0px; vertical-align: baseline; clip: rect(1px, 1px, 1px, 1px); position: absolute !important; background-position: initial initial; background-repeat: initial initial;"><span class="sep" style="background-color: transparent; border: 0px; margin: 0px; padding: 0px; vertical-align: baseline; background-position: initial initial; background-repeat: initial initial;">par</span> <span class="author vcard" style="background-color: transparent; border: 0px; margin: 0px; padding: 0px; vertical-align: baseline; background-position: initial initial; background-repeat: initial initial;"><a class="url fn n" style="background-color: transparent; border: 0px; margin: 0px; padding: 0px; vertical-align: baseline; color: #777777; background-position: initial initial; background-repeat: initial initial;" title="Afficher tous les articles par philotique" href="https://philotique.wordpress.com/author/philotique/" rel="author">philotique</a></span></span></span></div><div class="entry-content" style="background-color: transparent; border: 0px; margin: 0px; padding: 12px 0px 0px; vertical-align: baseline; clear: both; background-position: initial initial; background-repeat: initial initial;"><p style="background-color: transparent; border: 0px; margin: 0px 0px 24px; padding: 0px; vertical-align: baseline; background-position: initial initial; background-repeat: initial initial;"><span style="font-family: 'book antiqua', palatino; font-size: medium;"><a style="background-color: transparent; border: 0px; margin: 0px; padding: 0px; vertical-align: baseline; color: #743399; background-position: initial initial; background-repeat: initial initial;" href="https://philotique.files.wordpress.com/2014/12/bild.jpeg"><img class=" size-medium wp-image-1502 aligncenter" style="background-color: transparent; border: none; margin: 0px auto 12px; padding: 0px; vertical-align: baseline; clear: both; display: block; max-width: 100%; height: auto; background-position: initial initial; background-repeat: initial initial;" src="https://philotique.files.wordpress.com/2014/12/bild.jpeg?w=300&h=174" alt="bild" width="300" height="174" /></a></span></p><p style="background-color: transparent; border: 0px; margin: 0px 0px 24px; padding: 0px; vertical-align: baseline; background-position: initial initial; background-repeat: initial initial;"><span style="color: #ffff00; font-family: 'book antiqua', palatino; font-size: medium;">« Le goût est la faculté de juger d’un objet ou d’un mode de représentation, sans aucun intérêt, par une satisfaction ou une insatisfaction. On appelle beau l’objet d’une telle satisfaction » ( Livre I. Analytique du Beau. Premier moment<sup style="background-color: transparent; border: 0px; margin: 0px; padding: 0px; vertical-align: baseline; height: 0px; line-height: 1; position: relative; bottom: 1ex; font-size: 10px; background-position: initial initial; background-repeat: initial initial;">9</sup> ).</span></p><p style="background-color: transparent; border: 0px; margin: 0px 0px 24px; padding: 0px; vertical-align: baseline; background-position: initial initial; background-repeat: initial initial;"><span style="color: #ffff00; font-family: 'book antiqua', palatino; font-size: medium;">« Est beau ce qui plaît universellement sans concept » (Livre I. Analytique du Beau. Second moment<sup style="background-color: transparent; border: 0px; margin: 0px; padding: 0px; vertical-align: baseline; height: 0px; line-height: 1; position: relative; bottom: 1ex; font-size: 10px; background-position: initial initial; background-repeat: initial initial;">10</sup> ).</span></p><p style="background-color: transparent; border: 0px; margin: 0px 0px 24px; padding: 0px; vertical-align: baseline; background-position: initial initial; background-repeat: initial initial;"><span style="color: #ffff00; font-family: 'book antiqua', palatino; font-size: medium;">« La beauté est la forme de la finalité d’un objet, en tant qu’elle est perçue en celui – ci sans représentation d’une fin » ( Livre I. Analytique du Beau. Troisième moment)</span></p><p style="background-color: transparent; border: 0px; margin: 0px 0px 24px; padding: 0px; vertical-align: baseline; background-position: initial initial; background-repeat: initial initial;"><span style="color: #ffff00; font-family: 'book antiqua', palatino; font-size: medium;">« Est beau ce qui est reconnu sans concept comme objet d’un satisfaction nécessaire » ( Livre I. Analytique du Beau. Quatrième moment<sup style="background-color: transparent; border: 0px; margin: 0px; padding: 0px; vertical-align: baseline; height: 0px; line-height: 1; position: relative; bottom: 1ex; font-size: 10px; background-position: initial initial; background-repeat: initial initial;">12</sup> ).</span></p></div><div class="entry-utility" style="background-color: transparent; border: 0px; margin: 0px; padding: 0px; vertical-align: baseline; font-family: 'Helvetica Neue', Arial, Helvetica, 'Nimbus Sans L', sans-serif; clear: both; color: #777777; font-size: 12px; line-height: 18px; background-position: initial initial; background-repeat: initial initial;"><span style="color: #ff0000; font-family: 'book antiqua', palatino; font-size: medium;"><em><span class="cat-links" style="background-color: transparent; border: 0px; margin: 0px; padding: 0px; vertical-align: baseline;"><span class="entry-utility-prep entry-utility-prep-cat-links" style="background-color: transparent; border: 0px; margin: 0px; padding: 0px; vertical-align: baseline; background-position: initial initial; background-repeat: initial initial;">Publié dans</span> <a style="background-color: transparent; border: 0px; margin: 0px; padding: 0px; vertical-align: baseline; color: #777777; background-position: initial initial; background-repeat: initial initial;" href="https://philotique.wordpress.com/category/art-2/" rel="category tag"><span style="color: #ff0000;">ART</span></a></span></em></span></div></div>
Café philosophique de Montargishttp://cafephilosophique-montargis.hautetfort.com/about.htmlCOMPTE-RENDU DE LA SÉANCE ”AVONS-NOUS CE QUE NOUS MÉRITONS ?”tag:cafephilosophique-montargis.hautetfort.com,2014-07-22:54147442014-07-22T21:38:00+02:002014-07-22T21:38:00+02:00 Thème du débat : "Avons-nous ce que nous méritons ?" ...
<p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;"><strong>Thème du débat : <span style="color: #ffff00;">"Avons-nous ce que nous méritons ?" </span></strong></span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;"><strong>Date : <span style="color: #ffff00;">13 juin 2014 à la Brasserie du centre commercial de la Chaussée</span></strong></span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;">Environ 70 personnes étaient présentes à cette séance du café philosophique de Montargis, la dernière de cette saison 5. La question posée aux participants était celle-ci: "Avons-nous ce que nous méritons ?" </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;">Cette question peut paraître vaine, commence un intervenant, dans la mesure où notre existence est sans doute dominée par le hasard : nous serions nés du néant et nous serions appelés au néant après notre mort. Le mérite semblerait donc ne pas avoir sa place. Le monde serait un "<em>vaste chantier</em>", non-programmé, non déterminé, dominé par ailleurs par l'injustice sociale.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;">Cette question, "Avons-nous ce que nous méritons ?", dit Claire, pose le problème "<em>d'une liberté absolue</em>". Ne sommes-nous que liberté, comme le dit <a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Jean-Paul_Sartre" target="_blank" rel="noopener">Jean-Paul Sartre</a> car nous ne serions que ce que nous ferions ? (<a href="http://cafephilosophique-montargis.hautetfort.com/archive/2014/06/07/sartre-l-existence-precede-l-essence-5386652.html" target="_blank" rel="noopener">cf. ce texte</a>) Nous serions, selon lui, le résultat de nos comportements, dans la mesure où il n'y aurait aucune prédétermination dans nos vies. Différentes questions dominent ce sujet : Sommes-nous libres ? Nous choisissons-nous ? Dans quelle mesure les situations où nous évoluons nous déterminent-elles ? Pouvons-nous nous libérer de notre passé ? Au sujet de ce dernier point, lorsque tel(le) ou tel(le) s'entend dire : "<em>Tu n'as que ce que tu mérites</em>", une phrase tombant comme une sentence, ce n'est que dit a posteriori, comme la conséquence d'actes lourds de conséquence, avec une responsabilité à porter et à assumer.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;">Un des enjeux du débat de ce café philo est celui du bonheur : est-on heureux dans l'avoir ou bien dans l'être, c'est-à-dire dans une véracité face à soi-même ? Est-on d'abord responsables de ce que nous sommes plutôt que de ce que nous avons ? Finalement, ce sujet devrait sans doute poser cette question : "<em>Méritons-nous ce que nous sommes ?</em>" En terme sartrien, face à la propriété c'est moi qui donne le sens à ma situation. Le mérite et la responsabilité sont une seule et même chose car tout serait question de sens et d'interprétation. </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;">Une telle assertion est critiquée par un participant. L'injustice sociale n'est pas qu'une question sémantique : un enfant défavorisé en France ou ailleurs ou bien une personne handicapée ne méritent pas de si grands malheurs. Au contraire, certaines personnes – hommes et femmes de pouvoir, riches par la naissance – ne méritent pas sans doute pas ce qu'elles ont (<a href="http://cafephilosophique-montargis.hautetfort.com/les-riches-le-meritent-ils/" target="_blank" rel="noopener">cf. séance "Les riches le méritent-ils?"</a>).</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;">Cependant, évoquer de telles considérations (pauvreté, maladies, deuils, etc.) c'est déjà jauger toutes les potentialités possibles pour un être humain et les comparer avec une réalité donnée. <a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Jean-Paul_Sartre" target="_blank" rel="noopener">Sartre</a>, lui, se place dans un autre schéma, que <a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Bergson" target="_blank" rel="noopener">Henri Bergson</a> définit ainsi : il n'y a pas une série de possibles et moi qui me situe dans cette réalité. Ce n'est pas cela être libre ; ce n'est pas choisir entre différentes potentialités, auquel cas la situation serait déterminante (entrent en jeu dans ce cas des tas de critères et des contraintes : la classe sociale de mes parents, mon physique, ma santé, etc.). Mais, pour <a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Bergson" target="_blank" rel="noopener">Bergson</a> et <a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Jean-Paul_Sartre" target="_blank" rel="noopener">Sartre</a>, c'est le réel qui devient possible. La personne handicapée ou celle soumise à une contrainte matérielle ont une réalité donnée, sans conditionnelle. Tout autre hypothèse ou possibilité deviennent caduques et intenables. </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;">Selon une intervenante du café philo, s'interroger sur le mérite c'est aussi poser la question de l'échelle de valeurs permettant de le jauger. Nous sommes en doit de nous demander :qui établit ce que je peux mériter ? Moi ou autrui ? Il est vrai, réagit Claire, qu'être juste c'est donner à chacun ce qu'il mérite. Par ailleurs, la notion de mérite est très relative par rapport à telle ou telle situation, tel ou tel pays, telle ou telle culture. Que l'on pense aux sourires des chiffonniers du Caire qui ont tant frappé <a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/S%C5%93ur_Emmanuelle" target="_blank" rel="noopener">Sœur Emmanuelle</a> ou bien au sentiment de réussite d'un jeune homme décrochant son premier et modeste CDD. </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;">Il n'en est pas moins vrai que nous ne devons pas oublier les envies ou les frustrations de personnes soumises à des contraintes terribles. La personne handicapée ne pouvant accéder à certaines choses peut se sentir dans un état de profonde injustice. <a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Rousseau" target="_blank" rel="noopener">Jean-Jacques Rousseau</a> va dans ce sens. Dans son second discours du <em>Fondement de l'inégalité parmi les Hommes</em> (1755), le philosophe des Lumières parle des inégalités naturelles qui se retrouvent dans la culture. Puis, il écrit le<em> Contrat social</em> (1762) : la société, dit-il, doit gommer ces inégalités naturelles. En théorie, on doit trouver un légal qui fonde le légitime, au sein d'État de Droit – il n'existe pas de Droit dans l'état de nature. À partir du moment où l'on créé le concept de justice fondée sur l'équité et l'égalité, on a ce que l'on mérite (livre I). Or, à la toute fin du livre I du <em>Contrat social</em>, </span><a style="font-size: small;" href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Rousseau" target="_blank" rel="noopener">Rousseau</a><span style="font-size: small;"> ajoute un commentaire. Il constate que cette théorie peine à se concrétiser dans la réalité : les inégalités, les oppressions et les injustices sont omniprésentes dans un État qui devrait au contraire les préserver, sinon les annihiler (<a href="http://cafephilosophique-montargis.hautetfort.com/archive/2014/05/25/rousseau-justice-et-injustice-5377082.html" target="_blank" rel="noopener">cf. ce lien</a>). Force est de constater que ce postulat continue d'exister de nos jours. Notre République essaie de gommer les inégalités naturelles (le mérite républicain), alors même que les clivages entre les classes sociales s'accentuent, que ce soit à l'école ou dans la vie professionnelle. On ne choisit pas vraiment mais chacun est déterminé socialement, comme le concevait <a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/%C3%89mile_Zola" target="_blank" rel="noopener">Émile Zola</a> dans son cycle des <em>Rougon-Macquart</em> (<a href="http://cafephilosophique-montargis.hautetfort.com/archive/2014/07/12/zola-les-lois-de-l-heredite-5409274.html" target="_blank" rel="noopener">Voir ce lien</a>).</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;">La question de la définition du mérite est un des enjeux du débat de ce soir. À une prédestination venue de plus haut, celle d'un dieu quel qu'il soit, s'ajoute l'idée d'une élévation sociale, parfois difficile, le mérite républicain s'avérant peu capable de gommer les privilèges liés à la naissance. Force est de constater par exemple que "<em>l'école de la République échoue</em>" ! Un participant constate que la société contemporaine est bloquée par les personnes qui ont le pouvoir économique. La notion de mérite, ajoute-t-il, ne peut pas sortir d'une conception marxiste, d'un antagonisme entre les personnes possédant et celles qui sont désœuvrées, comme abandonnées à leur sort (<a href="http://cafephilosophique-montargis.hautetfort.com/archive/2014/07/07/marx-ce-n-est-pas-la-conscience-des-hommes-qui-determine-leu-5406389.html" target="_blank" rel="noopener">voir aussi ce lien</a>).</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;">Un autre intervenant décortique ce que peut recouvrir historiquement et philosophiquement ce mérite. Ce terme vient du latin <em>meritum</em> qui veut dire "<em>mérite</em>" mais aussi "l<em>a chose méritée, le salaire, la récompense</em>", "<em>un bienfait ou un service rendu</em>", "<em>la faute, l'action coupable ou le méfait</em>" (une définition qui renvoie à l'expression : <em>meritum delictorum tert</em>, c'est-à-dire "<em>l</em><em>a punition des péchés</em>") et enfin "<em>la qualité, l'importance et la valeur</em>".</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;">C'est sans doute cette dernière notion de valeur qui mérite (sic) que l'on s'y arrête. Cette valeur est le produit d'une époque, ouverte après la Révolution française, avec la contestation de l'<em>aristocratie</em> – qui veut dire "<em>pouvoir du mérite</em>" ! Or, l'aristocratie, cette classe "<em>méritante</em>", s'est cristallisée, avec le soutien des castes religieuses, et c'est au nom du mérite, dont elle se targuait, qu'elle a été critiquée. Cet intervenant lit deux citations : "<em>Si les Empires, les grades, les places, ne s'obtenaient pas par la corruption, si les hommes purs n'étaient achetés qu'au prix du mérite, que des gens qui sont nus seraient couverts et que de gens qui commandent seraient commandés !</em>" (<a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/William_Shakespeare" target="_blank" rel="noopener">William Shakespeare</a>, 1597) et "<em>La religion catholique est une instruction pour mendier le ciel qu'il serait trop incommode de mériter. Les prêtres sont les intermédiaires de cette mendicité</em>" (<a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Arthur_Schopenhauer" target="_blank" rel="noopener">Arthur Schopenhauer</a>, 1818). Le mérite est donc devenu un "<em>concept à haute valeur ajoutée</em>" que la bourgeoisie du XVIIIe siècle a imposé. Dit autrement, "<em>la bourgeoisie a déchiré le voile de sentimentalité qui recouvrait les relations de la famille et les a réduite à n'être que de simples rapports d'argent. Elle a fait de la dignité personnelle une simple valeur d'échanges. Elle a substitué aux nombreuses libertés si chèrement conquises l'unique et impitoyable liberté du commerce. En un mot, à la place de l'exploitation qui masquaient les illusions religieuses et politiques, elle a mis une exploitation ouverte, éhontée, directe et brutale. Elle a noyé les frissons sacrées de l'extase religieuse, de l'enthousiasme chevaleresque, de la sentimentalité petite-bourgeoise, dans les eaux glacées du calcul égoïste</em>" (<a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Karl_Marx" target="_blank" rel="noopener">Karl Marx</a>).</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;">Une participante rebondit sur cette intervention : parler du mérite c'est aussi parler de la liberté. Le mérite pourrait être cette histoire du bon point donné pendant notre enfance, à l'école, et aussi la comparaison avec tel(le) ou tel(le). Or, elle estime qu'il y a plus de valeur à être dans son existence, libre et engagé(e), que recevoir une approbation, quelle qu'elle soit, d'autrui. Revenant sur la définition du mérite largement abordée, Bruno cite <a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Emmanuel_Kant" target="_blank" rel="noopener">Emmanuel Kant</a> : "<em>Le mérite est cette qualité d'une personne qui repose sur le vouloir-propre du sujet, conformément à laquelle une raison législatrice universelle s'accordera à toutes les fins de cette personne. Le mérite est donc à tout à fait distinct de l'habileté à se procurer un bonheur.</em>" Dans cette citation, c'est la Volonté, chère à <a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Arthur_Schopenhauer" target="_blank" rel="noopener">Schopenhauer</a> mais aussi à <a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Nietzsche" target="_blank" rel="noopener">Nietzsche</a>, qui est l'instrument du mérite.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;">La notion de mérite gêne dans la mesure où elle s'impose dans l'idée commune comme châtiment ("<em>Tu n'as que ce que tu mérites !</em>"). "<em>Mériter, n'est-ce pas renoncer ?</em>" s'interroge également une personne du public. Par ailleurs, affirmer que l'on ne mérite pas ce qui nous arrive c'est aussi, quelque part, se déresponsabiliser. Ne sommes-nous pas pourtant acteurs de nos vies, en dépit des malheurs, de la misère et de nos échecs ? Le mérite n'est plus cette valeur qui a été évoquée mais le fruit d'un travail et d'initiatives. Si nous ne sommes pas heureux, si nous n'avons rien, nous pouvons ne nous en prendre qu'à nous-même. Dès lors, nous pouvons nous interroger sur la manière dont nous pourrions nous libérer de ce passé. </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;">Le mérite est aussi à considérer dans notre rapport au monde. Dois-je agir pour gagner ma vie, être dans la possession y compris dans ma possession ("<em>Puis-je me conquérir moi-même ?</em>" s'interroge Claire), et dans ce cas, dans mon rapport avec autrui, quelle est la place de l'acte moral comme acte désintéressé ? </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;">Le mérite pourrait en effet se situer sur deux niveaux : celui qui nous est proche et puis il y a le mérite social, vu sous l'aspect des classes sociales, deux niveaux qui peuvent être poreux et en interaction. Or, lorsque </span><a style="font-size: small;" href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Jean-Paul_Sartre" target="_blank" rel="noopener">Sartre</a><span style="font-size: small;"> dit que l'on est que ce que l'on fait, il se place sous l'égide de la responsabilité de chacun et de l'engagement – nous sommes en 1945 (<em>L'existentialisme est un Humanisme</em>) et la question des responsabilités pendant la guerre vient heurter les consciences de chacun. Dépasser le mérite serait sans doute d'arrêter d'en parler afin de devenir ce que nous sommes (<a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Nietzsche" target="_blank" rel="noopener">Nietzsche</a>). Ce faisant, il faut arrêter de penser la situation comme quelque chose qui nous détermine et lui donner le sens que l'on veut qu'elle ait. Cette philosophie existentialiste viendrait se substituer à une philosophie pratique de "<em>l'auto-excuse</em>" (le <a href="http://cafephilosophique-montargis.hautetfort.com/archive/2014/06/13/la-routourne-va-tourner-5390503.html" target="_blank" rel="noopener">"<em>c'est vraiment trop injuste</em>"</a>). </span><a style="font-size: small;" href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Jean-Paul_Sartre" target="_blank" rel="noopener">Sartre</a> <span style="font-size: small;">parle à ce sujet des personnes "posthumes à eux-mêmes", qui ne sont plus acteurs de leur propre vie, qui subissent... Certes, je ne possède pas tous les biens que je voudrais acquérir ; mais par contre, je peux devenir celui que je veux, vivre debout (<a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Alain_(philosophe)" target="_blank" rel="noopener">Alain</a>), accéder au bonheur, même si cela peut me contraindre à rester dans une classe sociale moyenne. Sur ce bonheur, Claire souligne qu'étymologiquement le bonheur est le "<em>bon heur</em>", cette "chance" et une forme d'élection par les dieux – parce que je l'aurais mérité. Sartre dit au contraire que le bonheur se choisit, dans un dynamisme de vie. </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;">Un participant pose une question éthique sur le mérite à partir de son expérience au sein d'une ONG travaillant auprès des SDF. Il parle du travail du philosophe <a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Jean_Ladri%C3%A8re" target="_blank" rel="noopener">Jean Ladrière</a> : les SDF sont souvent dans l'impossibilité de se mettre "<em>en position d'éthique</em>" vis à vis d'elles-mêmes. Il est là aussi question de responsabilité puisque ce chercheur constate que les personnes vivant dans la rue ne sont pas dans la position de personnes méritantes vis-à-vis d'elles-mêmes. Elles ont par là de grandes difficultés à poser des actes et à agir pour se réinsérer dans la société : le dynamisme nécessaire à cela n'existe plus. Pire, contre toute attente, beaucoup de SDF refusent toute action pouvant les remettre sur le chemin du mérite. Finalement, la question que nous nous posons ce soir ("Avons-nous ce que nous méritons ?") n'est même plus appréhendable par ces personnes de la rue.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;">On constate, dit un participant, que le mérite implique énormément de facteurs : volonté, culpabilité religieuse (les scolastiques), liberté, libre-arbitre (<a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Thomas_d%27Aquin" target="_blank" rel="noopener">s. Thomas d'Aquin</a>), responsabilités. L'existentialisme de Sartre est à replacer dans un contexte historique et dans sa philosophie pratique de l'engagement. La notion de responsabilité que </span><a style="font-size: small;" href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Jean-Paul_Sartre" target="_blank" rel="noopener">Sartre</a> <span style="font-size: small;">développe est aussi, ajoute cet intervenant, à compléter avec la notion de responsabilité collective mise en lumière par <a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Hannah_Arendt" target="_blank" rel="noopener">Hannah Arendt</a>. </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;">La notion de pouvoir et d'inégalités économiques, nous l'avons dit, est au cœur de cette notion de mérite. <a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Michel_Foucault" target="_blank" rel="noopener">Michel Foucault</a>, cite un participant, disait : "<em>On ne se bat pas pour une cause parce qu'on dit qu'elle est juste. On dit d'une cause qu'elle est juste parce qu'on se bat pour elle</em>". On pourrait dire une chose analogue au sujet du mérite : les gens heureux dans leur vie vont considérer qu'ils sont méritants. Le problème, dit un nouvel intervenant, réside dans le fait que le mérite est décrété par les valeurs des autres. Encore faudrait-il que ces valeurs soient partagées. </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;">L'apport de la <a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Scolastique" target="_blank" rel="noopener">scolastique</a>, dit un participant, et plus généralement de la philosophie chrétienne dans cette idée du
galaventhttp://regardssurunevissansfin.hautetfort.com/about.htmlLe visage de Dieu, d’Igor et Grichka Bogdanovtag:regardssurunevissansfin.hautetfort.com,2014-05-21:53742402014-05-21T07:02:00+02:002014-05-21T07:02:00+02:00 Le livre d’Igor et Grichka Bogdanov, Le visage de Dieu , Grasset,...
<p style="margin: 0cm 0cm 3pt; text-align: justify; tab-stops: 96.3pt;"><span style="font-family: Times New Roman; font-size: medium;"><img src="http://regardssurunevissansfin.hautetfort.com/media/02/02/2005336644.png" alt="" width="165" height="266" align="right" hspace="12" /></span><span style="font-family: 'Century Schoolbook','serif'; mso-bidi-font-size: 13.0pt; mso-ansi-language: FR;"><span style="font-size: medium;">Le livre d’Igor et Grichka Bogdanov, </span><em style="mso-bidi-font-style: normal;"><span style="font-size: medium;">Le visage de Dieu</span></em><span style="font-size: medium;">, Grasset, 2010, a soulevé de nombreuses polémiques. Hors de cela, il a un avantage. Il met à la portée de tous les réflexions des plus grands savants actuels sur la naissance de l’univers : le Big Bang</span><span style="mso-spacerun: yes;"><span style="font-size: medium;"> </span></span><span style="font-size: medium;">et ce qui pouvait être avant celui-ci. Commentant les images de l’univers naissant transmises par le satellite COBE, George Smoot, prix Nobel de physique, s’exclame : « </span><em style="mso-bidi-font-style: normal;"><span style="font-size: medium;">Pour les esprits religieux, c’est comme voir le visage de Dieu !</span></em><span style="font-size: medium;"> ». Cependant, aujourd’hui le mystère reste entier. Ce dont nous sommes certains, c’est que l’univers possède un code, les lois physiques, dont l’origine est au-delà de l’univers créé, au-delà du temps et de l’espace qui sont, avec la matière, nés avec l’univers. Paul Davies (</span><em style="mso-bidi-font-style: normal;"><span style="font-size: medium;">The Mind of God</span></em><span style="font-size: medium;">, Simon et Schuster, 1992) dit que ces lois ont un caractère abstrait, intemporel, éternel. Il écrit : « </span><em style="mso-bidi-font-style: normal;"><span style="font-size: medium;">J’appartiens au nombre de ces chercheurs qui ne souscrivent pas à une religion conventionnelle, mais refusent de croire que l’Univers est un accident fortuit. L’univers physique est agencé avec une ingéniosité telle que je ne puis accepter cette création comme un fait brut. Il doit y avoir, à mon sens, un niveau d’explication plus profond. Qu’on veuille le nommer « Dieu » est affaire de goût et de définition. » </span></em></span></p><p style="margin: 0cm 0cm 3pt; text-align: justify; tab-stops: 96.3pt;"><span style="font-family: 'Century Schoolbook','serif'; mso-bidi-font-size: 13.0pt; mso-ansi-language: FR;"><span style="font-size: medium;">Au-delà de l’histoire de ces recherches et des récentes découvertes de la cosmologie, Igor et Grichka Bogdanov tente, sans doute maladroitement, mais toute idée nouvelle est perçue comme maladroite, une explication de ce qui a donné naissance au Big Bang. Faisant suite à l’interrogation de George Smoot (Pourquoi y a-t-il quelque chose plutôt que rien ? Pourquoi y a-t-il de l’Etre ?), ils posent la question de l’ADN cosmique, ce code de l’Univers au-delà du temps, de l’espace et de la matière.</span></span></p><p style="margin: 0cm 0cm 3pt; text-align: justify; tab-stops: 96.3pt;"><span style="font-family: 'Century Schoolbook','serif'; mso-bidi-font-size: 13.0pt; mso-ansi-language: FR;"><span style="font-size: medium;">« </span><em style="mso-bidi-font-style: normal;"><span style="font-size: medium;">L’un des objectifs de la science consiste, pour l’essentiel, à réduire la complexité apparente des phénomènes, à leur donner une explication simple. Si vous ramassez une poignée de neige au creux de votre main, vous verrez très vite que chaque flocon est différent des autres. Certaine sont cristallisés en étoiles, d’autres en hexagones, d’autres encore en cercles parfaits couronnés de six petites pointes : tous uniques, les flocons peuvent être ramifiés d’une infinité de formes, ces myriades de combinaisons</span><span style="mso-spacerun: yes;"><span style="font-size: medium;"> </span></span><span style="font-size: medium;">vont se résoudre en une réalité très simple, commune à tous les flocons ; il suffit de les faire fondre dans votre mains pour réduite l’infini des figures géométriques à quelques gouttes d’eau ; un soupçon d’hydrogène et un souffle d’oxygène. »</span></em></span></p><p style="margin: 0cm 0cm 3pt; text-align: justify; tab-stops: 96.3pt;"><span style="font-family: 'Century Schoolbook','serif'; mso-bidi-font-size: 13.0pt; mso-ansi-language: FR;"><span style="font-size: medium;">Les auteurs répondent-ils à leur question du chapitre 21, le dernier : d’où vient le Big Bang ? Leur réponse : l’information. Malheureusement cette hypothèse, qui n’est certes pas idiote, est insuffisante pour être prise au sérieux et surtout insuffisamment réfléchie et expliquée, d’autant plus qu’ils ajoutent : « </span><em style="mso-bidi-font-style: normal;"><span style="font-size: medium;">Y a-t-il encore quelque chose au-delà ? Si nous acceptons l’idée que l’Univers est un message secret, qui a composé ce message ? Sans doute l’absence de réponse est-elle écrite dans le message</span></em><span style="font-size: medium;">. » </span></span></p><p style="margin: 0cm 0cm 3pt; text-align: justify; tab-stops: 96.3pt;"><span style="font-family: 'Century Schoolbook','serif'; font-size: medium; mso-bidi-font-size: 13.0pt;">Ont-ils ajouté leur toute petite pierre à la compréhension de notre origine ? Cette réponse semble bien insuffisante et même s'ils apportaient les preuves de leur affirmation, que signifie le terme information ? S’agit-il d’un contenant ou d’un contenu. L’information n’est qu’un terme vide qui ne dit rien du contenu. Ils ont transposé le fait que toute réalité est information pour dire qu’à l’origine de l’univers il y a l’information. Cela rappelle cette affirmation de Proudhon : « <em style="mso-bidi-font-style: normal;">Dieu est la force universelle, pénétrée d'intelligence, qui produit par une information d'elle-même, les êtres de tous les règnes, depuis le fluide impondérable jusqu'à l'homme</em> » (Pierre-Joseph Proudhon, <em style="mso-bidi-font-style: normal;">Confessions d’un révolutionnaire</em>, Garnier Frères, 1849). Oui, l’information certes, mais laquelle, que contient-t-elle et d’où vient-elle ? Comment aurait-elle pu se fabriquer toute seule ?</span></p>
Ratatoskhttp://euro-synergies.hautetfort.com/about.htmlThe Enlightenment from a New Right Perspectivetag:euro-synergies.hautetfort.com,2013-05-20:50719702013-05-20T00:05:00+02:002013-05-20T00:05:00+02:00 The Enlightenment from a New Right Perspective By Domitius...
<p style="text-align: center;"><img id="media-4103879" style="margin: 0.7em 0;" title="" src="http://euro-synergies.hautetfort.com/media/00/02/3598552774.jpg" alt="immanuel_kant_f.20101213-11.jpg" /></p><p id="BlogTitle"><span style="font-family: arial black,avant garde; font-size: xx-large; color: #ff6600;">The Enlightenment from a New Right Perspective</span></p><p> </p><p id="BlogDate"><span style="font-family: arial black,avant garde; font-size: large; color: #c0c0c0;">By <span style="text-decoration: underline;">Domitius Corbulo</span> </span></p><p><span style="font-family: arial black,avant garde; font-size: large; color: #c0c0c0;">Ex: http://www.counter-currents.com/</span> </p><div id="BlogContent"><p style="padding-left: 30px; text-align: left;"><strong><span style="font-size: small; font-family: arial,helvetica,sans-serif; color: #c0c0c0;"><span style="color: #99cc00;">“When Kant philosophizes, say on ethical ideas, he maintains the validity of his theses for men of all times and places. He does not say this in so many words, for, for himself and his readers, it is something that goes without saying. In his aesthetics he formulates the principles, not of Phidias’s art, of Rembrandt’s art, but of Art generally. But what he poses as necessary forms of thought are in reality only necessary forms of Western thought.”</span> — Oswald Spengler </span></strong></p><p style="padding-left: 30px; text-align: left;"><strong><span style="font-size: small; font-family: arial,helvetica,sans-serif; color: #c0c0c0;"><span style="color: #99cc00;">“Humanity exists in its greatest perfection in the white race.”</span> — Immanuel Kant</span></strong></p><p style="text-align: left;"><strong><span style="font-size: small; font-family: arial,helvetica,sans-serif; color: #c0c0c0;">Every one either praises or blames the Enlightenment for the enshrinement of equality and cosmopolitanism as the moral pillars of our times. This is wrong. Enlightenment thinkers were racists who believe that only white Europeans could be fully rational, good citizens, and true cosmopolitans.</span></strong></p><p style="text-align: left;"><strong><span style="font-size: small; font-family: arial,helvetica,sans-serif; color: #c0c0c0;">Leftists have brought attention to some racist beliefs among Enlightenment thinkers, but they have not successfully shown that racism was an integral part of Enlightenment philosophy, and their intention has been to denigrate the Enlightenment for representing the parochial values of European males. I argue here that they were the first to introduce a scientific conception of human nature structured by racial classifications. This conception culminated in Immanuel Kant’s anthropological justification of the superior/inferior classification of “races of men” and his “critical” argument that only European peoples were capable of becoming rational and free legislators of their own actions. The Enlightenment is a celebration of white reason and morality; therefore, it belongs to the New Right.</span></strong></p><p style="text-align: left;"><strong><span style="font-size: small; font-family: arial,helvetica,sans-serif; color: #c0c0c0;">In an <a href="http://opinionator.blogs.nytimes.com/2013/02/10/why-has-race-survived/" rel="external"><span style="color: #c0c0c0;">essay</span></a> <sup>[2]</sup> in the<em> New York Times</em> (February 10, 2013), Justin Smith, another leftist with a grand title, Professeur des Universités, Département d’Histoire et Philosophie des Sciences, Université Paris Diderot – Paris VII, contrasted the intellectual “legacy” of Anton Wilhelm Amo, a West African student and former slave who defended a philosophy dissertation at the University of Halle in Saxony in 1734, with the “fundamentally racist” legacy of Enlightenment thinkers. Smith observed that a dedicatory letter was attached to Amo’s dissertation from the rector of the University of Wittenberg, Johannes Kraus, praising the “natural genius” of Africa and its “inestimable contribution to the knowledge of human affairs.” Smith juxtaposed Kraus’s broad-mindedness to the prevailing Enlightenment view “lazily echoed by Hume, Kant, and so many contemporaries” according to which Africans were naturally inferior to whites and beyond the pale of modernity.</span></strong></p><p style="text-align: left;"><strong><span style="font-size: small; font-family: arial,helvetica,sans-serif; color: #c0c0c0;">Smith questioned “the supposedly universal aspiration to liberty, equality and fraternity” of Enlightenment thought. These values were “only ever conceived” for a European people deemed to be superior and therefore more equal than non-whites. He cited Hume: “I am apt to suspect the Negroes, and in general all other species of men to be naturally inferior to the whites.” He also cited Kant’s dismissal of a report of something intelligent that had once been uttered by an African: “this fellow was quite black from head to toe, a clear proof that what he said was stupid.” Smith asserted that it was counter-Enlightenment thinkers, such as Johann Herder, who would formulate anti-racist views in favor of human diversity. In the rest of his essay, Smith pondered why Westerners today “have chosen to stick with categories inherited from the century of the so-called Enlightenment” even though “since the mid-20th century no mainstream scientist has considered race a biologically significant category; no scientist believes any longer that ‘negroid,’ ‘caucasoid,’ and so on represent real natural kinds.” We should stop using labels that merely capture “something as trivial as skin color” and instead appreciate the legacy of Amo as much as that of any other European in a colorblind manner.</span></strong></p><p style="text-align: left;"><strong><span style="font-size: small; font-family: arial,helvetica,sans-serif; color: #c0c0c0;">Smith’s article, which brought some 370 comments, a number from Steve Sailer, was challenged a few days later by Kenan Malik, ardent defender of the Enlightenment, in his blog <em><a href="http://kenanmalik.wordpress.com/2013/02/13/on-the-enlightenments-race-problem/" rel="external"><span style="color: #c0c0c0;">Pandaemonium</span></a> <sup>[3]</sup></em>. Malik’s argument that Enlightenment thinkers “were largely hostile to the idea of racial categorization” represents the general consensus on this question. Malik is an Indian-born English citizen, regular broadcaster at BBC, and noted writer for <em>The Guardian</em>, <em>Financial Times</em>, <em>The Independent, Sunday Times, New Statesman</em>, <em>Prospect</em>, <em>TLS</em>, <em>The Times Higher Education Supplement</em>, and other venues. Once a Marxist, Malik is today a firm defender of the “universalist ideas of the Enlightenment,” freedom of speech, secularism, and scientific rationalism. He is best known for his strong opposition to multiculturalism.</span></strong></p><p style="text-align: left;"><strong><span style="font-size: small; font-family: arial,helvetica,sans-serif; color: #c0c0c0;">Yet this staunch opponent of multiculturalism is a stauncher advocate of <a href="http://en.wikipedia.org/wiki/Kenan_Malik" rel="external"><span style="color: #c0c0c0;">open door policies on immigration</span></a> <sup>[4]</sup>. In one of his TV documentaries, tellingly titled <em>Let ‘Em All In</em> (2005), he demanded that Britain’s borders be opened to the world without restrictions. In response to a report published during the post-Olympic euphoria in Britain, “<a href="http://www.britishfuture.org/wp-content/uploads/2012/12/The-melting-pot-generation.pdf" rel="external"><span style="color: #c0c0c0;">The Melting Pot Generation: How Britain became more relaxed about race</span></a> <sup>[5]</sup>,” he wrote: “news that those of mixed ethnicity are among the fastest-growing groups in the population is clearly to be <a href="http://www.britishfuture.org/blog/mixed-britain-will-the-census-results-change-the-way-we-think-and-talk-about-race/" rel="external"><span style="color: #c0c0c0;">welcomed</span></a> <sup>[6]</sup>.” He added that much work remains to be done “to change social perceptions of race.”</span></strong></p><p style="text-align: left;"><strong><span style="font-size: small; font-family: arial,helvetica,sans-serif; color: #c0c0c0;">This work includes fighting against any immigration objection even from someone like David Goodhart, director of the left think tank <em>Demos</em>, whose just released book, <a href="http://www.amazon.co.uk/gp/product/1843548054/ref=as_li_qf_sp_asin_il_tl?ie=UTF8&camp=1634&creative=6738&creativeASIN=1843548054&linkCode=as2&tag=kenanmalikcom-21" rel="external"><span style="color: #c0c0c0;">The British Dream</span></a> <sup>[7]</sup>, modestly made the observation that immigration is eroding traditional identities and creating an England “increasingly full of mysterious and unfamiliar worlds.” In his review (<a href="http://www.independent.co.uk/arts-entertainment/books/reviews/the-british-dream-by-david-goodhart-8578883.html" rel="external"><span style="color: #c0c0c0;"><em>The Independent</em></span></a> <sup>[8]</sup>, April 19, 2013) Malik insisted that not enough was being done to wear down the traditional identities of everyone including the native British. The solution is more immigration coupled with acculturation to the universal values of the Enlightenment. “I am hostile to multiculturalism not because I worry about immigration but because I welcome it.” The citizens of Britain must be asked to give up their ethnic and cultural individuality and make themselves into universal beings with rights equal to every newcomer.</span></strong></p><p style="text-align: left;"><strong><span style="font-size: small; font-family: arial,helvetica,sans-serif; color: #c0c0c0;">It is essential, then, for Malik to disassociate the Enlightenment with any racist undertones. This may not seem difficult since the Enlightenment has consistently come to be seen — by all political ideologies from Left to Right — as the source of freedom, equality, and rationality against the “unreasonable and unnatural” prejudices of particular cultural groups. Malik acknowledges that in recent years some (he mentions George Mosse, Emmanuel Chuckwude Eze, and David Theo Goldberg) have blamed Enlightenment thinkers for articulating the modern idea of race and projecting a view of Europe as both culturally and racially superior. By and large, however, Malik manages (superficially speaking) to win the day arguing that the racist statements one encounters in some Enlightenment thinkers were marginally related to their overall philosophies.</span></strong></p><p style="padding-left: 30px; text-align: left;"><strong><span style="font-size: small; font-family: arial,helvetica,sans-serif; color: #c0c0c0;">A number of thinkers within the mainstream of the Enlightenment . . . dabbled with ideas of innate differences between human groups . . . Yet, with one or two exceptions, they did so only diffidently or in passing.</span></strong></p><p style="text-align: left;"><strong><span style="font-size: small; font-family: arial,helvetica,sans-serif; color: #c0c0c0;">The botanist Carolus Linnaeus exhibited the cultural prejudices of his time when he described Europeans as “serious, very smart, inventive” and Africans as “impassive, lazy, ruled by caprice.” But let’s us not forget, Malik reasons, that Linnaeus’ <em>Systema Naturae</em> “is one of the landmarks of scientific thought,” the first “distinctly modern” classification of plants and animals, and of humans in rational and empirical terms as part of the natural order. The implication is that Linnaeus could not have offered a scientific classification of nature while seriously believing in racial differences. Science and race are incompatible.</span></strong></p><p style="text-align: left;"><strong><span style="font-size: small; font-family: arial,helvetica,sans-serif; color: #c0c0c0;">Soon the more progressive ideas of Johann Blumenbach came; he complained about the prejudices of Linnaeus’ categories and called for a more objective differentiation between human groups based on skull shape and size. It is true that out of Blumenbach’s five-fold taxonomy (Caucasians, Mongolians, Ethiopians, Americans and Malays) the categories of race later emerged. But Malik insists that “it was in the 19th, not 18th, century that a racial view of the world took hold in Europe.”</span></strong></p><p style="text-align: left;"><strong><span style="font-size: small; font-family: arial,helvetica,sans-serif; color: #c0c0c0;">Malik mentions Jonathan Israel’s argument that there were two Enlightenments, a mainstream one coming from Kant, Locke, Voltaire and Hume, and a radical one coming from “lesser known figures such as d’Holbach, Diderot, Condorcet and Spinoza.” This latter group pushed the ideas of reason, universality, and democracy “to their logical conclusion,” nurturing a radical egalitarianism extending across class, gender, and race. But, in a rather confusing way and possibly because he could not find any discussions of race in the radical group to back up his argument, Malik relies on the mainstream group. He cites David Hume: “It is universally acknowledged that there is a great uniformity among the acts of men, in all nations and ages, and that human nature remains the same in its principles and operations.” And George-Louis Buffon, the French naturalist: “Every circumstance concurs in proving that mankind is not composed of species essentially different from each other.” While Enlightenment thinkers asked why there was so much cultural variety across the globe, Malik explains, “the answer was rarely that human groups were racially distinct . . . environmental differences and accidents of history had shaped societies in different ways.” Remedying these differences and contingencies was what the Enlightenment was about; as Diderot wrote, “everywhere a people should be educated, free, and virtuous.”</span></strong></p><p style="text-align: left;"><strong><span style="font-size: small; font-family: arial,helvetica,sans-serif; color: #c0c0c0;">Malik’s essay is pedestrian, somewhat disorganized, but in tune with the established literature, and therefore seen by the public as a compilation of truisms against marginal complaints about racism in the Enlightenment. Almost all the books on the Enlightenment have either ignored this issue or addressed it as a peripheral theme. The emphasis has been, rather, on the Enlightenment’s promotion of universal values for the peoples of the world. Let me offer some examples. Leonard Krieger’s <em>King and Philosopher, 1689–1789</em> (1970) highlights the way the Enlightenment produced “works in which the universal principles of reason were invoked to order vast reaches of the human experience,” Rousseau’s “anthropological history of the human species,” Hume’s “quest for uniform principles of human nature,” “the various tendencies of the philosophes’ thinking — skepticism, rationalism, humanism, and materialism” (152-207). Peter Gay’s <em>The Enlightenment: An Interpretation</em> (1966) is altogether about how “the men of the Enlightenment united on . . . a program of secularism, humanity, cosmopolitanism, and freedom . . . In 1784, when the Enlightenment had done most of its work, Kant defined it as man’s emergence from his self-imposed tutelage, and offered as its motto: Dare to know” (3). Norman Hampson’s <em>The Enlightenment</em> (1968) spends more time on the proponents of modern classifications of nature, particularly Buffon’s <em>Natural History</em>, but makes no mention of racial classifications or arguments opposing any notion of a common humanity.</span></strong></p><p style="text-align: left;"><strong><span style="font-size: small; font-family: arial,helvetica,sans-serif; color: #c0c0c0;"><img id="media-4103886" style="float: right; margin: 0.2em 0 1.4em 0.7em;" title="" src="http://euro-synergies.hautetfort.com/media/00/02/42604294.jpg" alt="kant.jpg" />Recent books are hardly different. Louis Dupre’s <em>The Enlightenment and the Intellectual Foundations of Modern Culture</em> (2004), traces our current critically progressive attitudes back to the Enlightenment “ideal of human emancipation.” Dupré argues (from a perspective influenced by Jurgen Habermas) that the original project of the Enlightenment is linked to “emancipatory action” today (335). Gertrude Himmelfarb’s <em>The Roads to Modernity: The British, French, and American Enlightenments</em> (2004), offers a neoconservative perspective of the British and the American “Enlightenments” contrasted to the more radical ideas of human perfectibility and the equality of mankind found in the French <em>philosophes</em>. She brings up Jefferson’s hope that in the future whites would “blend together, intermix” and become one people with the Indians (221). She quotes Madison on the “unnatural traffic” of slavery and its possible termination, and also Jefferson’s proposal that the slaves should be freed and sent abroad to colonize other lands as “free and independent people.” She implies that Jefferson thought that sending blacks abroad was the most humane solution given the “deep-rooted prejudices of whites and the memories of blacks of the injuries they had sustained” (224).</span></strong></p><p style="text-align: left;"><strong><span style="font-size: small; font-family: arial,helvetica,sans-serif; color: #c0c0c0;">Dorinda Outram’s, <em>The Enlightenment</em> (1995) brings up directly the way Enlightenment thinkers responded to their encounters with very different cultures in an age characterized by extraordinary expeditions throughout the globe. She notes there “was no consensus in the Enlightenment on the definition of the races of man,” but, in a rather conjectural manner, maintains that “the idea of a universal human subject . . . could not be reconciled with seeing Negroes as inferior.” Buffon, we are safely informed, “argued that the human race was a unity.” Linnaeus divided humanity into different classificatory groups, but did so as members of the same human race, although he “was unsure whether pigmies qualified for membership of the human race.” Turgot and Condorcet believed that “human beings, by virtue of their common humanity, would all possess reason, and would gradually discard irrational superstitions” (55-8). Outram’s conclusion on this topic is typical: “The Enlightenment was trying to conceive a universal human subject, one possessed of rationality,” accordingly, it <em>cannot</em> be seen as a movement that stood against racial divisions (74). Roy Porter, in his exhaustively documented and opulent narrative, <em>Enlightenment: Britain and the Creation of the Modern World</em> (2000), dedicates less than one page of his 600+ page book to discourses on “racial differentiation.” He mentions Lord Kames as “one of many who wrestled with the evidence of human variety . . . hinting that blacks might be related to orang-utans and similar great apes.” Apart from this quaint passage, there is only this: “debate was heated and unresolved, and there was no single Enlightenment party line” (357).</span></strong></p><p style="text-align: left;"><strong><span style="font-size: small; font-family: arial,helvetica,sans-serif; color: #c0c0c0;">In my essay, “<a href="http://www.counter-currents.com/2013/04/enlightenment-and-global-history/" rel="external"><span style="color: #c0c0c0;">Enlightenment and
Café philosophique de Montargishttp://cafephilosophique-montargis.hautetfort.com/about.htmlCOMPTE-RENDU DE LA SÉANCE ”OSER LA GENTILLESSE”tag:cafephilosophique-montargis.hautetfort.com,2013-02-21:49959332013-02-21T21:48:00+01:002013-02-21T21:48:00+01:00 Thème du débat : " Oser la gentillesse : est-ce encore possible...
<p style="text-align: justify;"><strong style="font-size: small;">Thème du débat : "<span style="color: #ffff00;">Oser la gentillesse : est-ce encore possible ?" </span></strong></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;"><strong>Date : <span style="color: #ffff00;">1er février 2013 à la Brasserie du Centre commercial de la Chaussée.</span></strong></span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;">Le 1er février 2013, de 75 à 80 personnes étaient invitées à débattre, au cours de cette 29ème séance du café philosophique de Montargis, d’un sujet relativement peu étudié en philosophie : la gentillesse. Ce thème avait été proposé en novembre 2012 par une participante. Pour expliquer cette suggestion, elle estime que la gentillesse, comportement rare et positif, a tendance à se raréfier de nos jours. Il s’agit même, d’après elle, d’une qualité peu mise en valeur voire moquée. Claire interroge l’assistance au sujet de cette attitude à l’altruisme peu en vogue, semble-t-il, de nos jours. "<span style="color: #ffff00;"><strong>Oser la gentillesse : est-ce encore possible ?</strong></span>" Dit autrement, le gentil est-il ringard?</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;">Un intervenant réagit en s’interrogeant d’emblée sur le qualificatif de "positif" s’agissant de la gentillesse. En est-on si sûrs ? Qu’une telle attitude – être gentil – soit parée de certaines qualités, personne ne le niera ; il n’en reste pas moins que dans la vie sociétale, être gentil n’est pas le nec plus ultra. Dans la vie en entreprise – pour ne prendre que cet exemple – la gentillesse a difficilement sa place. La gentillesse est dans ce milieu une aberration pour ne pas dire une tare. "Être trop gentil" c’est se mettre en état d’infériorité. La vie économique ne fait pas cas des sentiments ni de la morale. Un autre intervenant va dans ce sens : être gentil est une qualité indéniable ; cependant, être gentil partout, tout le temps, n’est pas souhaitable sauf à vouloir être une "victime" perpétuelle. Ce même intervenant considère d’ailleurs que le gentil porte de lourdes responsabilités dans les périodes difficiles de notre Histoire. Les grandes dictatures, dit-il, s’appuient le plus souvent sur l’indolence des gentils pour asseoir leur pouvoir. Le café philosophique avait débattu précédemment sur la question <a href="http://cafephilosophique-montargis.hautetfort.com/la-verite-est-elle-toujours-bonne-a-dire-bientot/" target="_blank" rel="noopener">"La vérité est-elle toujours bonne à dire ?"</a> A cette occasion, le débat avait porté sur le "mensonge par humanité" théorisé par <a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Kant" target="_blank" rel="noopener">Emmanuel Kant</a>. On peut poser une question similaire au sujet de la gentillesse : <em>"La gentillesse est-elle toujours bonne à montrer ?</em>" La réponse semble être a priori : non.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;">Avant d’aller plus loin, Claire et Bruno proposent de s’intéresser à cette définition de la gentillesse. Comment la définir ? Bonté ? Bienveillance ? Claire reprend une définition du <a href="http://www.larousse.fr/dictionnaires/francais/gentil_gentille/36613" target="_blank" rel="noopener">Larousse</a> : "<em>Gentil, ille (adjectif) : Qui manifeste de la bienveillance ; aimable, complaisant</em>". Dans notre imaginaire, le gentil est cet être incongru, brave mais sans intelligence dont on se moque aisément. Il y a par exemple ce terme péjoratif de "gentillet", facilement usité. Paradoxalement, le gentleman, son pendant anglais, serait paré de toutes les qualités : humain, élégant, vertueux, "classieux". Force est de constater, dit encore Claire, que la gentillesse est considérée avec dédain par les philosophes en général. Ce n’est ni une vertu (ou, au mieux, ajoute Bruno, "une petite vertu"), ni une sagesse ni un concept intéressant a priori: le mot "gentillesse" n’apparaît même pas dans le célèbre Dictionnaire vocabulaire technique et philosophique d'André Lalande. En France, un philosophe, <a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Emmanuel_Jaffelin" target="_blank" rel="noopener">Emmanuel Jaffelin</a>, a cependant consacré plusieurs essais sur cette "petite vertu" souvent considérée avec mépris (<em>Éloge de la Gentillesse</em> et <em>Petit Éloge de la Gentillesse</em>, cf. son site Internet : <a href="http://gentillesse.blogspot.fr/" target="_blank" rel="noopener">http://gentillesse.blogspot.fr</a>). Pour tout dire, il est difficile de définir exactement la gentillesse, tant le terme nous échappe : bonté ? Bienveillance ? Générosité ? Altruisme ?</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;">Bien que nous ne soyons pas dans un "café historique" mais dans un café philosophique, Bruno souhaite s’arrêter rapidement sur cette histoire du gentil à travers les âges ainsi que sur son étymologie. Le gentil vient à l’origine du mot latin <em>gens</em> qui désignait ces lignées familiales nobles qui possédaient un ancêtre commun. Par la suite, les juifs ont employé le terme de "<em>gentil</em>" ceux qui ne croyaient pas en Yahvé – à ne pas confondre avec les "<em>païens</em>" qui étaient ceux qui croyaient en des dieux qualifiés d’impies. On passe les siècles. Au XVIème siècle, le philosophe humaniste <a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Guillaume_Bud%C3%A9" target="_blank" rel="noopener">Guillaume Budé</a> invente le terme de "<em>gentilhomme</em>". Il créé ainsi le modèle de l’homme idéal qui est remarquable par ses attitudes et son style de vie. Ce gentilhomme est sensé être le pendant du noble. Ce terme va faire florès. On le retrouve traduit en anglais sous l’appellation de "<em>gentleman</em>". Or, alors que le gentleman continuera longtemps d’être utilisé, notamment dans les pays anglo-saxons, le "<em>gentilhomme</em>" disparaît à partir de la Révolution française de notre société et de notre vocabulaire. Le mot est même dénaturé sous le terme de "<em>gentil</em>". Or, qu’est devenu aujourd’hui ce gentil – ex "<em>gentilhomme</em>" – sinon le gentillet ? Au contraire du gentleman considéré comme respectable et exemplaire, le gentil est "ce (ou cette) brave qui ne peut rien refuser et qui passe tout", au risque de devenir victime de quolibets ou, pire, d’abus : "trop bon, trop con" dit l’expression populaire ! L’un des personnages les plus emblématiques du gentil semble être celui de François Pinon, anti-héros involontaire du <em>Dîner de Cons</em>, interprété magistralement par <a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Jacques_Villeret" target="_blank" rel="noopener">Jacques Villeret</a> (<a href="http://cafephilosophique-montargis.hautetfort.com/archive/2012/12/23/trop-bon-trop-con.html" target="_blank" rel="noopener">cf. c lien</a>). On le voit, le terme de "gentil" a subi toutes les avanies au point d’avoir été dévalorisé. </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;">Dévalorisé mais pas rejeté cependant. En effet, depuis 2009, la France adopte la journée de la gentillesse, fixée chaque 13 novembre (<a href="http://journee-de-la-gentillesse.psychologies.com" target="_blank" rel="noopener">http://journee-de-la-gentillesse.psychologies.com</a>). Cette journée est née au Japon sous le terme de "<em>Small Kindness Movement</em>", officialisée en 1998 : voilà donc venue l’heure de la revanche du gentil ! Cette journée s’est symptomatiquement développée en France en 2007, au début du quinquennat d’un Président de la République réputé pour son sens de la pugnacité et de l’égotisme – <a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Nicolas_Sarkozy" target="_blank" rel="noopener">Nicolas Sarkozy</a>. Il est cocasse d’apprendre, dit Claire, que, comme chaque année, le prix remis au Gentil de l’Année a été décerné en 2012 à… un autre Président de la République : <a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Fran%C3%A7ois_Hollande" target="_blank" rel="noopener">François Hollande</a>. Mais, ça, dit Bruno sous forme de boutade, c’était avant l’intervention militaire de la France au Mali!</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;">Le gentil serait donc, en dépit des qualités qu’on veut bien lui attribuer, cet être en décalage avec notre société obnubilée par la réussite, l’argent et la compétition sous toutes ses formes. Un être considéré, du moins dans notre pays, comme sous-évalué. </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;">En est-on certain ? demande un participant. Des expériences scientifiques menées sur des animaux tendent à prouver que plus la cohésion d’un groupe ethnologique ou éthologique est forte, plus la solidarité y est importante et plus ce groupe voit ses chances de survie s’accroître. L’idée selon laquelle la gentillesse serait un frein à la réussite d’une société ou d’une entreprise économique paraît largement infondée. Une étude, rappelle un nouveau participant, affirme que "Les sociétés qui comptent le plus fort pourcentage de salariés engagés ont collectivement accru leur bénéfice d'exploitation de 19 % et leur bénéfice par action de 28 % d'un exercice à l'autre" (étude du Cabinet Towers Perrin, citation d’</span><a style="font-size: small;" href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Emmanuel_Jaffelin" target="_blank" rel="noopener">Emmanuel Jaffelin</a><span style="font-size: small;">, </span><a style="font-size: small;" href="http://www.huffingtonpost.fr/2012/11/12/peut-on-etre-gentil-et-francais_n_2117930.html" target="_blank" rel="noopener">cf. cet article</a><span style="font-size: small;">). Être gentil semblerait donc n’être pas une incongruité dans la jungle du monde économique. Tout le monde aurait même à y gagner : dirigeants, actionnaires, salariés, familles de salariés et toute la société ! Bruno cite </span><a style="font-size: small;" href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Woody_Allen" target="_blank" rel="noopener">Woody Allen</a><span style="font-size: small;"> à ce sujet : "</span><em style="font-size: small;">Dans votre ascension professionnelle, soyez toujours très gentil pour ceux que vous dépassez en montant. Vous les retrouverez au même endroit en redescendant.</em><span style="font-size: small;">"</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;">Un participant intervient pour témoigner sur la difficulté des gentils à assumer parfois leurs comportements : on agit avec altruisme dans telle ou telle situation, sans état d’âme ; savoir qu’on a été ensuite floué, pour ne pas dire trahi, devient douloureux. Dans ce cas, être qualifié de "gentil" prend une notion aussi péjorative que si la personne en face nous avait traité avec condescendance de "<em>gentillet</em>" !</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;">Un intervenant appuie sur la nécessité de faire de la gentillesse une qualité à user avec précaution. <a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Exp%C3%A9rience_de_Milgram" target="_blank" rel="noopener">L’expérience de Milgram</a> dans les années 60 (une expérience de conditionnement de citoyens ordinaires à infliger de pseudos tortures à l’électricité à des cobayes inconnus) prouve s’il en était que faire de la docilité un style de vie peut être dangereux. De même, la vie en entreprise prouve que savoir dire non est une absolue nécessité pour ne pas devenir victime. </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;">Si l’on parle d’ambition et de compétition – dans le milieu sportif, à l’école, lors de concours, etc. – la gentillesse n’est pas le comportement adéquat non plus. Pour tout dire, non seulement elle n’est pas la bienvenue mais elle est en plus en terre inconnue. Si je participe à une course importante, je n’ai pas à considérer mon adversaire autrement que comme un adversaire à battre. La gentillesse n’a pas son mot à dire. Pour autant, comme le constate un nouveau participant, la compétition sportive n’exclut pas le respect de l’autre et c’est sans doute par le fair-play que la gentillesse se manifeste. Pour aller dans ce sens, Bruno fait référence au Tournoi des VI Nations et à cette fameuse définition du rugby : "<em>Un sport de voyous joué par des gentlemen</em>" ! </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;">Claire oriente le débat sur l’intitulé de cette séance : "<em>Oser la gentillesse</em>". "<em>Oser</em>" : ce verbe entendrait montrer qu’être gentil ne va pas de soi, que cela nécessite une forme d’effort. La question est de savoir si cette qualité est naturelle ou bien culturelle. Dit autrement, "<em>l’homme est-il naturellement bon ?</em>" comme l’affirmait <a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Jean-Jacques_Rousseau" target="_blank" rel="noopener">Jean-Jacques Rousseau</a> ou bien "<em>l’homme est-il un loup pour l’homme ?</em>" comme l’écrivait au contraire <a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Thomas_Hobbes" target="_blank" rel="noopener">Thomas Hobbes</a>. Il semblerait au vu du débat qui a cours autour de cette question que la culture a un rôle déterminant dans le développement de la gentillesse. </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;">L’un des plus beaux terrains d’observation de cette gentillesse en construction se trouve sur les cours de récréation, durant les premiers âges de la vie. Claire évoque à ce sujet une anecdote : une enfant de deux ans bousculée par un petit camarade de jeux et au sujet duquel la maman se félicitait de ses capacités à se battre. La jeune victime, en revanche, avait le tort de ne pas être suffisamment pugnace ou, dit autrement, d’être "trop gentille". Nous avons tous été témoins de ces scènes familières autour de bacs à sable, de toboggans et autres balançoires : les tout petits auraient très vite des comportements sociaux qui les distinguent les uns des autres. Ces comportements, plusieurs participants – enseignants dans le cycle élémentaire – sont d’accord pour dire qu’ils sont façonnés par le culturel. L’enfant est amoral dès son jeune âge. C’est par l’expérience et en côtoyant ses semblables qu’il se construit. En somme, pour reprendre une célèbre expression de <a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Simone_de_Beauvoir" target="_blank" rel="noopener">Simone de Beauvoir</a>, on ne naît pas gentil : on le devient ! Encore que beaucoup d’entre nous ont constaté que deux éducations identiques – le mot "identique" est cependant fortement à nuancer – voient plusieurs frères et sœurs adopter des comportements différents : l’un(e) pourra être gentil(le), l’autre pas. Nature et culture restent, encore une fois, des sujets de débat, voire de controverse. </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;">La gentillesse semblerait s’acquérir par l’expérience. L’un des aspects de ce comportement se manifeste par la non-violence, cette faculté à réagir à une agression par le pacifisme. Bruno rappelle qu’il y a un moins de trois ans, <a href="http://cafephilosophique-montargis.hautetfort.com/debat-l-education-a-la-non-violence" target="_blank" rel="noopener">le café philosophique de Montargis traitait de cette non-violence</a>. À l’époque, l’intervenant, Vincent Roussel, de la <a href="http://education-nvp.org/" target="_blank" rel="noopener">Coordination française pour la Décennie</a>, avait insisté sur l’éducation des enfants à la non-violence afin de dégoupiller les conflits en classe et sur les cours de récréation. Cette recommandation n’est, hélas, toujours qu’un vœu pieu !</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;">L’assistance du café philosophique poursuit sa discussion sur la place du culturel dans notre appréhension de la gentillesse. Une participante, de nationalité anglaise, porte un éclairage intéressant sur le gentil tel qu’il est vu en France. Nous avons dit que le "<em>gentilhomme</em>" avait disparu de notre paysage sociétal et que le gentil, son lointain avatar français, avait mauvaise presse. Cette participante confirme qu’elle a constaté chez beaucoup de nos concitoyens cette propension à déconsidérer la gentillesse. La mauvaise humeur et l’esprit râleur sont des caractéristiques françaises que nombre d’étrangers stigmatisent chez nous. Au contraire, en Grande-Bretagne, être gentil n’est pas une tare, loin de là. Être "<em>kind</em>" (de "<em>kindness</em>" : gentillesse) est une qualité appréciée, sans être dévalorisée. Ce n’est pas un hasard si le mot "<em>gentleman</em>" soit encore utilisé là-bas, alors que le "<em>gentilhomme</em>" est mort depuis longtemps en France. Bruno avance une explication à cette désaffection : après la Révolution française, en même temps que la société d’Ancien Régime disparaît (dont le gentilhomme), le besoin légitime d’égalité dans la société devient soif d’égalitarisme et méfiance vis-à-vis de notre voisin. Suis-je vraiment à égalité avec lui ? Si je montre altruiste, n’y a-t-il pas le risque que je sois "volé" par celui que je viendrais aider ? </span><a style="font-size: small;" href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Emmanuel_Jaffelin" target="_blank" rel="noopener">Emmanuel Jaffelin</a><span style="font-size: small;"> affirme ceci : "<em>En France c'est plus difficile qu'ailleurs, la faute à la Révolution française qui a inscrit dans notre ADN un égalitarisme forcené, on pense qu'on s'abaisse en donnant, alors qu'en donnant, on se grandit</em>" (</span><a style="font-size: small;" href="http://www.huffingtonpost.fr/2012/11/12/peut-on-etre-gentil-et-francais_n_2117930.html" target="_blank" rel="noopener">cf. cet article</a><span style="font-size: small;">). Loin d’être portée au pinacle, la gentillesse peut facilement être considérée avec méfiance ("<em>Une certaine qualité de gentillesse est toujours signe de trahison</em>" disait <a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Fran%C3%A7ois_Mauriac" target="_blank" rel="noopener">François Mauriac</a>). </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;">Il appartient sans doute à chacun de nous, dit un nouvel intervenant, de travailler à cette gentillesse. Comme il le rappelle à travers une fable indienne : deux loups luttent en nous, un bon et un mauvais ; le gagnant sera celui que nous nourriront. </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;">Résultat d’un apprentissage, la gentillesse ou son absence peuvent également être dans certains cas le fruit d’un caractère inné, comme le rappelle une participante. C’est l’exemple – certes, extrême – des psychopathes, des cas pathologiques incapables de ressentir autre chose que l’envie, la colère, la haine mais jamais des sentiments empathiques, sauf à vouloir dissimuler ou mentir. </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;">Un participant apporte un nouvel éclairage sur la gentillesse, un éclairage religieux et culturel ! Évoquer le pacifisme du gentil vient en résonance de l’invite de <a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/J%C3%A9sus" target="_blank" rel="noopener">Jésus</a> dans les Évangiles à "<em>tendre la joue droite lorsque quelqu’un frappe la joue gauche</em>" ("<em>Vous
Café philosophique de Montargishttp://cafephilosophique-montargis.hautetfort.com/about.htmlCOMPTE-RENDU DE LA SÉANCE ”MÉMOIRE, MÉMOIRES...”tag:cafephilosophique-montargis.hautetfort.com,2012-12-16:49303472012-12-16T22:38:00+01:002012-12-16T22:38:00+01:00 Thème du débat : " Mémoire, mémoires... Cette mémoire qui nous...
<p style="text-align: justify;"><strong style="font-size: small;">Thème du débat : "<span style="color: #ffff00;">Mémoire, mémoires... Cette mémoire qui nous construit, cette mémoire qui nous détruit" </span></strong></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;"><strong>Date : <span style="color: #ffff00;">30 novembre 2012 à la Brasserie du centre commercial de la Chaussée.</span></strong></span></p><p style="text-align: justify;"><a href="http://cafephilosophique-montargis.hautetfort.com/media/01/02/3350619941.jpg" target="_blank"><img id="media-3885162" style="float: left; margin: 0.2em 1.4em 0.7em 0;" title="" src="http://cafephilosophique-montargis.hautetfort.com/media/01/02/2598474647.jpg" alt="brainphysiology.jpg" /></a><span style="font-size: small;">Pour ce café philosophique spécial intitulé "Mémoire, mémoires… Cette mémoire qui nous construit, cette mémoire qui nous détruit" entre 80 et 90 personnes étaient présentes. Pour l’occasion, Claire et Bruno étaient accompagnés de Jean-Dominique Paoli. </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;">Bruno le présente : Jean-Dominique Paoli, ancien professeur agrégé en économie et gestion, consacre depuis plusieurs années son temps libre dans l’étude de la mémoire et dans son entraînement quotidien. Il précise qu’il n’est certes pas spécialiste mais qu’il souhaite partager ses connaissances et son expérience sur les formidables capacités cognitives du cerveau. Notre invité entend faire de cette séance du café philosophique de Montargis un moyen de montrer que n’importe qui peut "muscler" son cerveau (quoique le terme de "muscle" n’est pas approprié pour cette partie du corps humain) et que, surtout, les petits accidents de la vie quotidienne (la perte d’un trousseau de clés ou celle d’un nom) ne sont pas dramatiques. Il s’agit également, ajoute Bruno, d’un café philo qui entendra rendre hommage au cerveau, mal connu, de taille modeste (1 % environ de la masse corporelle) mais puissamment irrigué : 20 à 25 % de notre sang passe par le cerveau !</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;">Puisque nous sommes dans le cadre d’une animation philosophique, en ce début de séance, Claire propose au public de faire fonctionner ses méninges en citant de mémoire une liste de vingt philosophes qu’ils ont pu retenir. Cette liste est inscrite sur un tableau: </span></p><blockquote><p style="text-align: justify;"><em><span style="font-size: small;">Nietzsche (n°1), Platon (n°2), Spinoza (n°3), Bergson (n°4), Kierkegaard (n°5), Schopenhauer (n°6), Descartes (n°7), Lavarède </span></em><span style="font-size: small;">(sic)</span><em><span style="font-size: small;"> (n°8), Pascal (n°9), Kant (n°10), Teilhard de Chardin (n°11), Épicure (n°12), Sartre (n°13), Husserl (n°14), Socrate (n°15), Confucius (n°16), Alain (n°17), Marx (n°18), Montaigne (n°19), Lao Tseu (n°20).</span></em></p></blockquote><p style="text-align: justify;"><em></em><span style="font-size: small;">Jean-Dominique Paoli mémorise pendant quelques minutes cette liste tout en continuant de converser avec les participants - ce qui rend l'exercice particulièrement difficile. Puis le tableau est retourné et caché. </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;"><a href="http://cafephilosophique-montargis.hautetfort.com/media/01/00/1675611259.JPG" target="_blank"><img id="media-3885227" style="float: left; margin: 0.2em 1.4em 0.7em 0;" title="" src="http://cafephilosophique-montargis.hautetfort.com/media/01/00/3122736830.JPG" alt="IMG_2337.JPG" /></a>Jean-Dominique ne cache pas que l’utilisation de nos jours de la mémoire pose problème : alors que les maladies invalidantes – type Alzheimer – ont tendance à nous inquiéter, tout se passe comme si nous nous désintéressions de nos capacités mnémoniques. Il y a une explication à cela : notre vie quotidienne est de plus en plus riche d’instruments qui facilitent notre vie quotidienne – téléphones portables, Internet, moteurs de recherche, répertoires électroniques, etc. – au risque de rendre notre cerveau dépendant de ces machines. Combien sommes-nous à ignorer jusqu’à notre propre numéro de téléphone ? L’objet de cette séance sera donc nous ouvrir les yeux sur l’importance de cette mémoire. </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;">Il est d’ailleurs remarquable de constater que même chez étudiants et les adolescents, les plus à même d’utiliser la mémoire – voire de bien l’utiliser étant donné les qualités optimales de leur cerveau à leur âge –, cette faculté est inhibée. Qui n’a pas connu, les veilles d’examens, l’expérience de l’angoisse à l’idée que toutes les connaissances que l’on a mémorisées vont disparaître devant une copie blanche ? Il existe pourtant des moyens de gérer sa mémoire, réagit Jean-Dominique Paoli, tout en concédant que le stress (bien compréhensible dans le cas d’un examen) est délétère pour le cerveau. Ce dernier n’est jamais aussi efficace que lorsqu’il travaille dans le plaisir et le "politiquement incorrect". À ce sujet, il est frappant, remarque notre intervenant non sans humour, que parmi les premiers mots appris par les jeunes enfants figurent en bonne place le "vocabulaire du "pipi-caca" !</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;">Rebondissant sur l’intervention d’une participante, il est entendu, dit Claire, que le sujet de ce soir entend parler de la mémoire personnelle, même si les concepts de mémoire historique ou de mémoire familiale ne sont pas déconnectés du sujet qui nous occupe, sujet qui mériterait à lui seul bien d’autres débats...</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;"><a href="http://cafephilosophique-montargis.hautetfort.com/media/02/00/310927417.JPG" target="_blank"><img id="media-3885229" style="float: left; margin: 0.2em 1.4em 0.7em 0;" title="" src="http://cafephilosophique-montargis.hautetfort.com/media/02/00/1925292494.JPG" alt="IMG_2332.JPG" /></a>Jean-Dominique Paoli définit la mémoire en la montrant comme multiple et plurielle. Une différence est faite entre mémoire rétrograde et de mémoire antérograde (la mémoire antérograde est la mémoire qui acquiert les informations nouvelles alors que la mémoire rétrograde celle qui a conservé les informations passées).<br /></span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;">Maintenir ces souvenirs acquis n’est cependant pas garantir leur perpétuation intacte et exacte. Nous nous construisons grâce à notre passé autant que nous reconstruisons ce passé ! Nos souvenirs sont perpétuellement revus, réexaminés, voire "reliftés". Bruno prend pour exemple une anecdote tragique narrée par <a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Cyrulnik" target="_blank">Boris Cyrulnik</a> dans son autobiographie récente <em>Sauve-toi, la vie t’appelle</em> (éd. Odile Jacob, 2012). Ce spécialiste de la résilience garde le souvenir de son arrestation avec ses parents le 18 juillet 1942. Alors qu’il n’a que cinq ans, il est enfermé dans la synagogue de Bordeaux. Une infirmière le dissimule sous un matelas où gît déjà une femme mourante, ce qui le sauvera de la mort. Or, la mémoire de l’enfant conserve le souvenir d’un soldat allemand entrant dans la synagogue. Pendant des années, Boris Cyrulnik a été persuadé que ce militaire avait vu le petit garçon mais qu’il n’avait rien dit pour ne pas le dénoncer – par humanité. Ce n’est que plus tard qu’il apprendra la vérité crue : le "soldat bienveillant" n’a en réalité pas vu l’enfant mais, tombant sur la femme mourante, il lui a lancé : "Qu’elle crève ici ou ailleurs, ce qui compte c’est qu’elle crève". Tout se passe comme si la mémoire du jeune enfant avait reconstruit un souvenir afin de rendre son passé plus supportable. Sa santé psychique était sans doute à ce prix. </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;">Même s’il est peu abordé au cours de cette séance, l’oubli fait partie de nos capacités cognitives : "<em>Il est possible de vivre presque sans souvenir et de vivre heureux, comme le démontre l'animal, mais il est impossible de vivre sans oublier</em>" affirme <a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Nietzsche" target="_blank">Nietzsche</a>. Plus tard, <a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Sigmund_Freud" target="_blank">Sigmund Freud</a> a démontré que l’oubli est indispensable pour rendre notre vie psychique saine et stable. Parmi ces oublis, étudiés par le plus célèbre des psychanalystes, figurent en bonne place les actes manqués et les lapsus.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;">Parler de mémoire, dit Jean-Dominique Paoli, c’est avoir en tête que sa compréhension est relativement récente. Pendant très longtemps, son étude s’est cantonnée aux réflexions de philosophes (<a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Cic%C3%A9ron" target="_blank">Cicéron</a>, <a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Saint_Augustin_(homonymie)" target="_blank">s. Augustin</a> ou <a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Nicolas_Malebranche" target="_blank">Malebranche</a> pour ne citer qu’eux). Est-ce à dire que cette faculté a été déconsidérée ? Non : pendant des centaines d’années, l’<em>ars memoriae</em> faisait partie des matières enseignées sous l’Antiquité (chez <a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Platon" target="_blank">Platon</a> ou <a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Cic%C3%A9ron" target="_blank">Cicéron</a> par exemple, <a href="http://cafephilosophique-montargis.hautetfort.com/archive/2012/10/24/platon-l-ecriture-au-risque-de-la-memoire.html" target="_blank">cf. cet extrait de texte de Platon</a>) comme sous l’époque médiévale (pour aller plus loin, </span><a style="font-size: small;" href="http://documents.irevues.inist.fr/bitstream/handle/2042/1241/87_XXXIII_1_03.pdf?sequence=1" target="_blank">lire ce document en ligne</a><span style="font-size: small;">).</span></p><p><img id="media-3885239" style="float: left; margin: 0.2em 1.4em 0.7em 0;" title="" src="http://cafephilosophique-montargis.hautetfort.com/media/00/01/85037279.JPG" alt="IMG_2339.JPG" /></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;">Depuis trente ans environ, l’arrivée et le développement de l’imagerie médicale (nombre de personnes se souviennent de l’événement que constituait il y a quelques années l’investissement dans tel ou tel hôpital d’un appareil IRM) a bouleversé notre connaissance du cerveau. Aujourd’hui, il est possible de suivre en temps réel l’activité du cerveau, ce qui laisse augurer pour les années à venir des progrès fulgurants dans la connaissance de cet organe hors du commun.<strong style="text-align: center;"></strong></span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;"><strong style="text-align: center;"></strong>Qu’est-ce que la mémoire ? <a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Blaise_Pascal" target="_blank">Blaise Pascal</a> résume en disant qu’"</span><em style="font-size: small;">elle est nécessaire à toutes les opérations de l’esprit</em><span style="font-size: small;">". Et pas seulement de l’esprit : elle régit notre motricité ("</span><em style="font-size: small;">Les jambes, les bras sont pleins de souvenirs engourdis</em><span style="font-size: small;">" dit </span><a style="font-size: small;" href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Marcel_Proust" target="_blank">Marcel Proust</a><span style="font-size: small;">) autant que nos capacités cognitives, y compris celles les plus enfouies. D’emblée, pour un tel sujet, on se situe dans un vocabulaire en miroir : </span></p><p style="text-align: center;"><strong><span style="font-size: small;">Mémoire / cerveau</span></strong></p><p style="text-align: center;"><strong><span style="font-size: small;">|</span></strong></p><p style="text-align: center;"><strong><span style="font-size: small;">Psychisme / physiologique</span></strong></p><p style="text-align: center;"><strong><span style="font-size: small;">|</span></strong></p><p style="text-align: center;"><strong><span style="font-size: small;">Conscient / inconscient</span></strong></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;">La mémoire à court terme est chargée de trier des informations provenant des cinq sens : visuelles, auditives, olfactives, gustatives et tactiles. Ce tri est constant et quasi instantané. Sans cesse renouvelé, il est nécessaire au bon fonctionnement de notre psychisme. J’ai un numéro de téléphone à composer. Mon cerveau enregistre ce numéro momentanément. À peine tapé au clavier, j’ai déjà oublié ce numéro, du moins si sa mémorisation ne m’est pas utile. C’est l’hippocampe qui gère ce tri et qui procède soit à l’élimination, soit à la conservation de cette information. Dans ce cas, celle-ci est en quelque sorte étiquetée et rangée à l’intérieur de mon cerveau pour une éventuelle réutilisation.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;">Qui décide du tri ? En principe, dit encore Jean-Dominique Paoli, l’inconscient décide de ce qui doit être éliminé ; le conscient décide de son côté ce que l’on doit conserver dans la mémoire à long terme.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;">Il y a cependant une nuance de taille : l’inconscient peut décider seul de conserver l’information lorsqu’elle s’accompagne d’une émotion. L’amygdale, structure par laquelle toutes les émotions passent, donne alors une injonction à l’<a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Hippocampe_(cerveau)" target="_blank">hippocampe</a>. L’inconscient joue son rôle à plein, au point que la personne ignore cette conservation d’information.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;">Ce n’est que fortuitement que ce souvenir pourra se réveiller et se révéler à la personne. Claire cite <a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Henri_Bergson" target="_blank">Henri Bergson</a>, théoricien de la mémoire involontaire : "<em>La mémoire (...) n’est pas une faculté de classer des souvenirs dans un tiroir ou de les inscrire sur un registre... En réalité le passé se conserve de lui-même, automatiquement.</em>"</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;">Mais, ajoute notre invité, qui mieux que </span><a style="font-size: small;" href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Marcel_Proust" target="_blank">Marcel Proust</a><span style="font-size: small;"> a parlé de notre mémoire dans son œuvre fleuve <em>À la Recherche du Temps perdu</em> ? La "madeleine de Proust" est l’exemple parfait pour parler de cette procédure mentale de mémoire involontaire :</span></p><blockquote><p style="text-align: justify;"><em><span style="font-size: small;">"Et tout d'un coup le souvenir m'est apparu. Ce goût c'était celui du petit morceau de madeleine que le dimanche matin à Combray (parce que ce jour-là je ne sortais pas avant l'heure de la messe), quand j'allais lui dire bonjour dans sa chambre, ma tante Léonie m'offrait après l'avoir trempé dans son infusion de thé ou de tilleul. La vue de la petite madeleine ne m'avait rien rappelé avant que je n'y eusse goûté ; peut-être parce que, en ayant souvent aperçu depuis, sans en manger, sur les tablettes des pâtissiers, leur image avait quitté ces jours de Combray pour se lier à d'autres plus récents ; peut-être parce que de ces souvenirs abandonnés si longtemps hors de la mémoire, rien ne survivait, tout s'était désagrégé ; les formes - et celle aussi du petit coquillage de pâtisserie, si grassement sensuel, sous son plissage sévère et dévot - s'étaient abolies, ou ensommeillées, avaient perdu la force d'expansion qui leur eût permis de rejoindre la conscience. Mais, quand d'un passé ancien rien ne subsiste, après la mort des êtres, après la destruction des choses, seules, plus frêles mais plus vivaces, plus immatérielles, plus persistantes, plus fidèles, l'odeur et la saveur restent encore longtemps, comme des âmes, à se rappeler, à attendre, à espérer, sur la ruine de tout le reste, à porter sans fléchir, sur leur gouttelette presque impalpable, l'édifice immense du souvenir." (Proust, </span></em><span style="font-size: small;">Du côté de chez Swann</span><em><span style="font-size: small;">, 1913)</span></em></p></blockquote><p style="text-align: justify;"><em></em><span style="font-size: small;">Ce célèbre texte lu par Bruno rend compte de manière admirable comment un souvenir peut rester à jamais enfoui dans la mémoire si rien ne vient le réveiller. </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;"><a href="http://cafephilosophique-montargis.hautetfort.com/media/01/00/2685811157.JPG" target="_blank"><img id="media-3885248" style="float: left; margin: 0.2em 1.4em 0.7em 0;" title="" src="http://cafephilosophique-montargis.hautetfort.com/media/01/00/196980347.JPG" alt="IMG_2325.JPG" /></a>Un aspect important à souligner est encore le rôle de la mémoire dans la compréhension du langage. La mémoire à court terme permet de mémoriser le début d’une phrase de manière à ce que l’on en comprenne la fin.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;">En fin de compte, que deviennent ces informations une fois stockées ? Nous avons dit qu’elles pouvaient passer dans la mémoire à long terme soit grâce à un acte conscient de la mémorisation, soit suite à une procédure inconsciente en présence d’une émotion. Elles peuvent aussi disparaître purement et simplement. Toutefois, on pourra les retrouver en reconstituant le contexte. Là encore, la notion de tri est centrale car il faut laisser la place aux millions d’informations qui assaillent la mémoire à court terme.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;">S’agissant des petits troubles de la mémoire, faut-il s’en inquiéter ? Où sont mes clés ? Mes lunettes ? Que suis-je venu faire dans cette pièce ? Si je refais le chemin géographique, trouverai-je la réponse ? Rien n’est moins sûr… Suis-je en train de perdre la mémoire ? C’est grave, docteur ? Ce sont autant de situations – les plaintes mnésiques – qui inquiètent. Il convient de se rassurer : les professionnels consultés au sujet de la mémoire considèrent que tant qu’il y a plainte mnésique il n’y a pas de réel problème puisque la personne est consciente de ses défaillances. </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;">Ces oublis, certes gênants dans la vie quotidienne, ne sont que des problèmes mineurs liés au fonctionnement de la mémoire à court terme d’une part et à un manque de concentration et à des gestes machinaux d’autre part : lorsque l’on pose ses clés, un geste machinal, la mémoire à court terme élimine l’information dans les secondes qui suivent. Cela n’a a priori pas de rapport avec une maladie neurodégénérative.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;">À ce stade du débat et après près d’une heure d’explication, Bruno propose de mettre Jean-Dominique Paoli à l’épreuve. Les participants avaient en début de séance listé 20 noms de philosophes. Ces noms, Jean-Dominique parvient devan
Café philosophique de Montargishttp://cafephilosophique-montargis.hautetfort.com/about.htmlCOMPTE-RENDU DE LA SÉANCE ”LA VÉRITÉ EST-ELLE TOUJOURS BONNE À DIRE?”tag:cafephilosophique-montargis.hautetfort.com,2012-11-13:48966712012-11-13T22:24:00+01:002012-11-13T22:24:00+01:00 Thème du débat : " La vérité est-elle toujours bonne à dire ?" ...
<p style="text-align: justify;"><strong style="font-size: small;">Thème du débat : "<span style="color: #ffff00;">La vérité est-elle toujours bonne à dire ?" </span></strong></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;"><strong>Date : <span style="color: #ffff00;">19 octobre 2012 à la Brasserie du centre commercial de la Chaussée.</span></strong></span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;">Pour cette séance du 19 octobre 2012, intitulée "<span style="color: #ffff00;">La vérité est-elle toujours bonne à dire ?</span>", le café philosophique de Montargis a connu une affluence particulière : plus de 100 personnes étaient présentes à la Brasserie du centre commercial de la Chaussée. Un record pour cette 26ème séance : bravo et merci à tous les participants !</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;">Comme de coutume, ce nouveau rendez-vous commence par la présentation de la séance suivante, prévue le vendredi 30 novembre 2012. Bruno la décrit comme une séance atypique – un "<em>café philo autant qu’un café psycho</em>" – puisqu’elle aura pour thème la mémoire ("<a title="Prochain débat" href="http://cafephilosophique-montargis.hautetfort.com/memoire-memoire/" target="_blank" rel="noopener">Mémoire, mémoires : cette mémoire qui nous construit, cette mémoire qui nous détruit</a>"). Pour l’occasion, Claire et Bruno seront assistés exceptionnellement d’un troisième co-animateur, Jean-Dominique Paoli. Ce dernier vient parler en quelques mots de cette séance en insistant sur l’utilisation de moins en moins fréquente de notre mémoire en raison d’outils de plus en plus sophistiqués (Internet, moteurs de recherche, encyclopédies en ligne, répertoires électroniques de téléphones, etc.). Or, ce désintérêt pour la mémoire se heurte au contraire à une peur commune de maladies invalidantes et dégénératives, a fortiori dans nos populations modernes de plus en plus vieillissantes. Jean-Dominique Paoli présente ce futur débat autant comme une démonstration des capacités de notre mémoire qu’un moment de discution philosophique sur ce qu’est la mémoire.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;">Après cette introduction, le débat de ce mois d’octobre sur la vérité est lancé. </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;">Le début de la séance est largement consacré à la notion de vérité. "Il faut savoir ce que l’on entend par "vérité" dit un premier participant. "<em>Ne pourrait-on pas parler de "vérités" au pluriel ?</em>" Il apparaît rapidement que ce vocable de "vérité" est à géométrie variable : vérité d’une situation passée, vérité scientifique, vérité édictée par la justice, vérité historique (que l’on pense à cette reconnaissance récente par le Président de la République des violences commises par la police lors de la manifestation du 17 octobre 1961, <a href="http://www.rfi.fr/france/20121017-hommage-francois-hollande-victimes-17-octobre-1961-provoque-critiques-opposition-christian-jacob" target="_blank" rel="noopener">cf. ce lien ici</a>), etc. Finalement, n’y aurait-il pas autant de vérités que de points de vue ? Comme le rappelle une participante, citant <a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Blaise_Pascal" target="_blank" rel="noopener">Blaise Pascal</a>, "<em>Vérité en deçà des Pyrénées, erreur au-delà</em>."</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;">Dans ce cas, dit un autre participant, "dire la vérité" c’est d’abord "dire <em>sa</em> vérité" : je peux être convaincu du bien-fondé de ce qui m’apparaît vrai (par exemple que les émissions de téléréalité particulièrement populaires sont néfastes à plus d’un titre) et en même temps comprendre autrui lorsqu’il se montre en désaccord avec ce que je crois bien fondé. Accepter qu’il n’y a pas une vérité mais des vérités c’est ouvrir vers l’autre un dialogue et le champ des possibles mais c’est aussi, dit Bruno, dénaturer l’idée même de vérité : "Voilà ma vérité" proclament, en guise de défense ou de justification, des témoignages singulièrement polémiques après tel ou tel événement. Prenons pour exemple le témoignage de Leïla Ben Ali, la femme du dictateur tunisien dans son récent essai opportunément intitulé <em>Ma Vérité</em>. (pour en savoir plus, <a href="http://www.leparisien.fr/international/tunisie-leila-ben-ali-je-n-ai-jamais-voulu-faire-de-mal-a-qui-que-ce-soit-01-07-2012-2072938.php" target="_blank" rel="noopener">cliquez ici</a>). Dire "sa vérité" c’est déjà accepter qu’elle soit susceptible d’être battue en brèche. C’est encore accepter de composer avec "une autre vérité". "</span><em><span style="font-size: x-small;">À</span></em><span style="font-size: small;"><em> chacun sa vérité</em>" comme le disait l’homme de théâtre italien <a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Luigi_Pirandello" target="_blank" rel="noopener">Luigi Pirandello</a>.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;">Parler de vérités c’est aussi prendre en compte le facteur "temps", perpétuel acteur et façonneur de nouveaux paradigmes : la terre fut plate et au centre de l’univers pendant des siècles avant que cette "vérité" ne devienne grâce aux avancées scientifiques un fourvoiement de la pensée. Au contraire, ce qui était considéré comme une aberration (<a href="http://www.molwick.com/fr/relativite/212-heliocrentrisme.html" target="_blank" rel="noopener">le globe terrestre et l’héliocentrisme</a>) est devenue cette vérité universelle enseignée. </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;">Dans notre vie quotidienne, l’énonciation – ou pas – de la vérité participe de l’époque dans laquelle nous vivons. Faut-il dire, par exemple, la vérité aux enfants adoptés, s’interroge un autre intervenant ? Sans nul doute, dit Bruno, pendant des années il fallait taire à ces enfants victimes d’un traumatisme sans égal cette réalité douloureuse. La vérité cachée devait leur permettre de se construire une vie dite "normale", comme si rien ne s’était passé. Aujourd’hui, cette ancienne évidence (l’<em>evidence</em> anglaise, la "preuve") est largement remise en cause. Un nouveau paradigme est apparu au sujet de ces enfants adoptés : la vérité ne peut être que bonne à dire, nombre de spécialistes considérant que plus cette vérité est dite tôt, meilleure sera la situation de l’enfant par la suite… (pour en savoir plus, <a href="http://www.familles-ge.ch/faq.php?no=01&sit=02&faqId=246" target="_blank" rel="noopener">lire cet article</a>) Cet exemple n’est pas sans susciter l’étonnement de personnes de ce café philo, preuve s’il en est que là comme souvent la vérité n’est jamais figée comme une idole taboue !</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;">Un nouvel intervenant évoque cette vérité scientifique évoquée plus haut : non, la vérité scientifique n’existe pas ! La science n’avance pas à coups de certitudes <em>ex nihilo</em> mais pas à pas, à l’aide d’hypothèses et d’intuitions savamment étudiées. C’est sur ces <em>a priori</em> que se construit ensuite un cheminement intellectuel, des expérimentations précises et une méthodologie rationnelle jusqu’à aboutir à l’énoncé non d’une vérité mais d’une affirmation admise par la majorité du corps scientifique ("<em>Cette vieille erreur, qu'il n'y a de parfaitement vrai que ce qui est prouvé, et que toute vérité repose sur une preuve, quand, au contraire, toute preuve s'appuie sur une vérité indémontrée</em>" affirme <a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Arthur_Schopenhauer" target="_blank" rel="noopener">Arthur Schopenhauer</a>). Finalement, dire la vérité scientifique, vertu capitale dans nos sociétés, n’est-ce pas avant tout chercher à enseigner et divulguer un savoir à l’ensemble de la population ? <a href="http://cafephilosophique-montargis.hautetfort.com/archive/2012/09/21/qui-a-peur-des-verites-scientifiques.html" target="_blank" rel="noopener">Pour aller plus loin, rendez-vous sur ce lien au sur le dernier essai de Bruno Latour</a>. </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;">La notion évanescente de la vérité, parfois érigée en totem, la rend difficile à définir. Comment connaître ce qui est vrai, demande une participante? La réponse est d’autant plus insoluble dans une société gavée d’informations contradictoires, convient l’ensemble de l’assistance. Il est d’ailleurs paradoxal de constater qu’alors que les tribunaux utilisent avec solennité l’expression "Je jure de dire la vérité, toute la vérité, rien que la vérité", c’est dans ces lieux que la vérité, discutée, débattu, analysée, reste insaisissable… Et pourtant, dans cette situation, l’expression "à chacun sa vérité" est insoutenable ! Trouver et énoncer LA vérité c’est faire lumière sur. </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;">Pourquoi ne pas considérer que la vérité, telle que nous pourrions la concevoir, est cet accord, cette adéquation entre l’idée que nous nous faisons d’une chose et cette chose? C’est ce jugement qui colle à la réalité, comme le disait <a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Heidegger" target="_blank" rel="noopener">Heidegger</a>. <a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Spinoza" target="_blank" rel="noopener">Spinoza</a> dit également ceci: "<em>On appelle idée vraie celle qui montre une chose comme elle est en elle-même ; fausse, celle qui montre une chose autrement qu’elle n’est en réalité</em>". De là vient l’impression que ces vérités ne sont ni plus ni moins que des opinions, partagées ou non.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;">Énoncer ou pas "sa" vérité à autrui ne se conçoit qu’à l’aune d’une vérité fluctuante. Ceci étant dit, ne pas dire le vrai – ou ce qui nous paraît tel quel – peut-il être moralement tenable? Un participant répond par l’affirmatif : entre le mensonge et la vérité brutale, il y a l’entre-deux, le compromis : le silence. Je connais une réalité douloureuse mais je choisis de la taire, ce que la pensée chrétienne a traduit comme "mensonge par omission". "Se taire, ne rien dire qui pourrait blesser, ce n’est pas vraiment mentir" ajoute ce participant. La morale est-elle sauve pour autant, demande Claire ? Ce paravent du silence n’est-il pas une mesure facile pour ne pas m’engager ? N’est-ce pas cacher un voile pudique et me mentir à moi-même? Ce mensonge par omission fait assurément débat et entre de plain-pied dans un problème d’éthique. </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;">Lorsque tel(le) ou tel(le) choisit au contraire de ne pas garder le silence, qu’est-ce qui peut me pousser à cacher la vérité ? Cela peut être pour des raisons égoïstes (cacher un méfait) mais cela aussi peut être pour ne pas blesser autrui. Le mensonge se pare alors de vertu. Moralement, je choisis de protéger autrui qui, je le sais, sera blessé par l’annonce d’une nouvelle. L’exemple médical est cité: tel(le) ou tel(le) pourra ne pas être tenu au courant de son propre état de santé par son médecin. Ce dernier prendra en main le soin de son patient ou de sa patiente en lui cachant tout ou partie de la vérité : à quoi bon faire souffrir moralement un patient lorsque cacher la réalité paraît si commode ? Concevoir ainsi les relations malade/médecin n’est pas sans susciter un vif débat. Une participante rétorque que cette attitude est condamnable. Pour prendre cet exemple, conclut-elle, un patient doit connaître la vérité, fusse-t-elle difficile à accepter ! Cet exemple permet ainsi de s’interroger sur le pouvoir de la vérité. Peut-on s’octroyer le droit de garder une telle emprise sur autrui ?</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;">Une intervention vient appuyer cet impératif de dire le vrai : de quel droit devrais-je m’arroger le droit de décider si telle ou telle vérité doit être dévoilé, sous le prétexte que je me dois de protéger autrui ? Le connais-je suffisamment pour augurer de sa réaction ? Pour les meilleures raisons du monde, je peux estimer qu’il ne sert à rien de faire souffrir autrui en lui dévoilant une situation ; cependant, qui peut me certifier que ce dévoilement ne va pas être finalement bénéfique (que l’on se réfère à la métaphore de la Caverne de Platon, <a href="http://cafephilosophique-montargis.hautetfort.com/archive/2012/10/07/la-caverne-de-platon-ou-la-verite-crue-devoilee.html" target="_blank" rel="noopener">cf. lien</a>) ? </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;">Une participante ajoute, non sans malice, que la posture des plus petits peut être exemplaire : ne dit-on pas que la "vérité sort de la bouche des enfants" ?</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;">Ne pas dire la vérité à tout prix, dit encore Claire, c’est se placer dans une posture plus ambiguë qu’il n’y paraît. C’est affirmer une emprise, un pouvoir sur autrui, tant il est vrai que le savoir (celui du scientifique ou du professeur par exemple) est sensé apporter une autorité certaine. Lorsque autrui est un proche, un ami, suis-je prêt à prendre le risque de dénaturer mes relations avec lui en me plaçant en situation de supériorité morale ? De la même manière, autrui à qui je "dis ses quatre vérités" est-il prêt à accepter mon emprise sur lui, jusqu’à m’être redevable de lui avoir ouvert les yeux ? Le Président de la République qui vient énoncé "la vérité du 17 octobre 1961" (<em>cf. plus haut</em>) ne se place-t-il pas d’emblée dans une situation d’autorité, contestée ou non ?</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;">C’est sous l’angle du problème de du pouvoir que se place ensuite le débat. Plus précisément, c’est l’autorité tyrannique qui nous met en face des contradictions s’agissant de l’impératif de la vérité. Oui, affirment plusieurs participants, on peut mentir pour des raisons morales ! Je suis même en droit, comme le dit <a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/John_Locke" target="_blank" rel="noopener">John Locke</a>, de tuer le tyran qui me gouverne ! L’histoire de l’Humanité est riche de ces moments où le mensonge s’invite à la table de l’humanité et de la fraternité. Un participant évoque à ce sujet l’exemple des <a href="http://www.yadvashem-france.org/les-justes-parmi-les-nations/qui-sont-les-justes/" target="_blank" rel="noopener">Justes</a> qui, pendant la seconde guerre mondiale, ont accueilli et protégé des personnes pourchassées jusqu’au péril de leur vie. Par ces actes, ils ont non seulement contesté l’autorité considérée à l’époque comme légale mais encore utilisé le mensonge comme moyen de résistance. Par un retournement de l’Histoire, le mensonge est devenu une arme au service d’une action morale ; au contraire, les citoyens qui ont suivi l’autorité tyrannique sans rien lui cacher ont reçu l’opprobre pour ne pas dire la condamnation de l’Histoire.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="color: #ff00ff;"><strong><span style="font-size: small;">Le bouquin du mois :</span></strong></span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;">C’est l’opportunité pour Claire de présenter le livre d’<a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Emmanuel_Kant" target="_blank" rel="noopener">Emmanuel Kant</a>, <em>D’un prétendu Droit de mentir par Humanité</em> (1785). </span><span style="font-size: small;">(<a href="http://fr.wikisource.org/wiki/D%E2%80%99un_pr%C3%A9tendu_droit_de_mentir_par_humanit%C3%A9" target="_blank" rel="noopener">cf. lien</a>).</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;">La position de </span><span style="font-size: small;"><a style="font-size: small;" href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Emmanuel_Kant" target="_blank" rel="noopener">Kant</a> a suscité une controverse avec <a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Benjamin_Constant" target="_blank" rel="noopener">Benjamin Constant</a>, dans son ouvrage <em>La France</em>, publié en 1797. Pour en savoir plus sur la polémique entre Emmanuel Kant et Benjamin Constant, <a href="http://philosophia.over-blog.com/pages/Kant_repond_a_Benjamin_Constant-3727725.html" target="_blank" rel="noopener">rendez-vous sur ce lien</a>.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;">Claire résume ainsi la position de </span><a style="font-size: small;" href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Emmanuel_Kant" target="_blank" rel="noopener">Kant</a><span style="font-size: small;"> : s’intéressant au "<em>mensonge généreux</em>", </span><span style="font-size: small;"><a style="font-size: small;" href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Emmanuel_Kant" target="_blank" rel="noopener">Kant</a> prend pour exemple un pouvoir tyrannique accusant mon ami d’un crime, crime qui condamne assurément cet ami. Celui-ci se réfugie chez moi et s’y cache. La police vient frapper à ma porte et me demande de la renseigner sur le fugitif. Quelle doit être ma position ? Dois-je ou non dire la vérité ? Le mensonge n’a-t-il pas toute sa justification morale, comme en conviennent nombre de participants du café philo ? C’est la position de </span><a style="font-size: small;" href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Benjamin_Constant" target="_blank" rel="noopener">Benjamin Constant</a><span style="font-size: small;"> qui affirme que "<em>nul d’a droit à la vérité qui nuit à autrui</em>." Or, dit Claire, </span><a style="font-size: small;" href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Emmanuel_Kant" target="_blank" rel="noopener">Kant</a><span style="font-size: small;"> place la vérité au dessus de toute considération : même dans ce cas de figure, le mensonge ne m’est pas permis moralement, aussi choquante que soit cette assertion dans un cas aussi exceptionnel ! En mentant, je me rends responsables de cet acte et j’en porte l’entière responsabilité quelles qu’en soient les conséquences. Au contraire, la justice publique ne peut s’en prendre à moi si je dis la vérité. </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;">Pour protéger cet ami pourchassé par un pouvoir criminel que je honnis, le mensonge n’est-il pas la solution idéale pour qu’une morale soit sauve ? Non, répond </span><a style="font-size: small;" href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Emmanuel_Kant" target="_blank" rel="noopener">Kant</a><span style="font-size: small;"> ainsi : "<em>Il est possible qu’après que vous avez loyalement répondu oui au meurtrier [les policiers aux ordres du pouvoir tyrannique] qui vous demandait si son ennemi [cet ami en fuite] était dans la maison, celui-ci en sorte inaperçu et échappe ainsi aux mains de l’assassin, de telle sorte que le crime n’ait pas lieu ; mais, si vous avez menti en disant qu’il n’était pas à la maison et qu’étant réellement sorti (à votre insu) il soit rencontré par le meurtrier, qui commette son crime sur lui, alors vous pouvez être justement accusé d’avoir causé sa mort. En effet, si vous aviez dit la vérité, comme vous la saviez, peut-être l
Café philosophique de Montargishttp://cafephilosophique-montargis.hautetfort.com/about.htmlKANT : LE TEMPS, UNE RÉALITÉ TRANSCENDANTALEtag:cafephilosophique-montargis.hautetfort.com,2012-09-18:48368912012-09-18T11:09:00+02:002012-09-18T11:09:00+02:00 "Le temps n’est pas quelque chose qui existe en soi, ou qui soit...
<blockquote><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;"><a href="http://cafephilosophique-montargis.hautetfort.com/media/00/00/1254960603.jpg" target="_blank"><img id="media-3756353" style="float: left; margin: 0.2em 1.4em 0.7em 0;" title="" src="http://cafephilosophique-montargis.hautetfort.com/media/00/00/42604294.jpg" alt="kant.jpg" /></a>"Le temps n’est pas quelque chose qui existe en soi, ou qui soit inhérent aux choses comme une détermination objective, et qui, par conséquent, subsiste, si l’on fait abstraction de toutes les conditions subjectives de leur intuition ; dans le premier cas, en effet, il faudrait qu’il fût quelque chose qui existât réellement sans objet réel. Mais dans le second cas, en qualité de détermination ou d’ordre inhérent aux choses elles-mêmes, il ne pourrait être donné avant les objets comme leur condition, ni être connu et intuitionné a priori (…) ; ce qui devient facile, au contraire, si le temps n’est que la condition subjective sous laquelle peuvent trouver place en nous toutes les intuitions. Alors en effet cette forme de l’intuition interne peut être représentée avant les objets, et par suite, a priori."</span></p><p style="text-align: right;"><span style="font-size: small;">Emmanuel Kant, <em>Critique de la Raison pure</em>, "Esthétique transcendantale", §6</span></p><p style="text-align: justify;"> </p></blockquote>
Café philosophique de Montargishttp://cafephilosophique-montargis.hautetfort.com/about.htmlCOMPTE RENDU DE LA DERNIÈRE SÉANCEtag:cafephilosophique-montargis.hautetfort.com,2012-06-06:47425242012-06-06T22:39:00+02:002012-06-06T22:39:00+02:00 Thème du débat : " Qu'est-ce qu'un bon Président ?" Date...
<p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;"><strong>Thème du débat : "<span style="color: #ffff00;">Qu'est-ce qu'un bon Président ?" </span></strong></span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;"><strong>Date : <span style="color: #ffff00;">20 avril 2012 à la Brasserie du centre commercial de la Chaussée.</span></strong></span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;">Entre 40 et 45 personnes étaient présentes, en cette avant-veille de premier tour des élections présidentielles, pour répondre à cette question : "Qu’est-ce qu’un bon Président ?" Il s’agit du 23ème débat du café philosophique de Montargis et l’avant-dernier de cette saison 3. </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;"><span style="text-align: justify;">Claire et Bruno précisent qu’il ne s’agira nullement lors de cette séance d’évoquer tel ou tel candidat, et encore moins de faire du prosélytisme pour l’un des postulants à l’Élysée mais bien de discuter de ce que représente aujourd’hui le Président de la Vème République, de parler du sens de la démocratie ou de morale en politique. Aussi, les animateurs proposent qu’en guise d’exemples soient privilégiés des anciens résidents de l’Élysée (</span><a style="text-align: justify;" title="Présidents" href="http://cafephilosophique-montargis.hautetfort.com/archive/2012/04/17/les-presidents-de-la-republique-francaise.html" target="_blank" rel="noopener">en savoir plus ici</a><span style="text-align: justify;">). Durant ce débat, cette consigne de mettre de côté ses propres convictions sera très largement respectée !</span></span></p><p style="text-align: justify;"><span style="text-align: justify; font-size: small;">Le débat proprement dit commence par un tour de table sur les qualités attendues d’un Président de la République : sens de l’intérêt général, garant des institutions, un Président "guide" ("paternaliste" pour une participante, voire "éducateur"), ayant le sens de l’autorité, équilibré, garant de "valeurs", rassembleur, représentant de la population et capable d’assurer une politique pérenne. Ce dernier argument est développé par un participant : un chef d’État doit être capable d’avoir une vision à long terme d’un pays et penser la politique de son pays sur une durée longue, de quinze ou vingt ans. Un Président ne doit pas se contenter de gérer un court terme un pays dont il a la charge mais bien plus d’avoir une vision prospective afin d’anticiper de grandes évolutions économiques, sociales ou techniques – avec, cependant, le risque d’une dérive vers une forme d’autocratie. </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="text-align: justify; font-size: small;">Une intervenante émet l’opinion que se demander ce qu’est un bon Président revient, aujourd’hui, à s’interroger sur les qualités d’un Président dans un monde traversé par des crises profondes, sources de conflits y compris armés – conflits qu’une démocratie protège malgré tout (Bruno rappelle que jamais dans nos époques modernes une démocratie n’a déclarée la guerre à une autre démocratie). On voit donc que la question débattue ce soir prend toute son acuité et toute son actualité ! </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="text-align: justify; font-size: small;">À la question de Claire de savoir si les programmes présidentiels sont réellement lus par les citoyens qui vont désigner leur représentant, il apparaît que la personnalité des candidats compte autant voire plus que les déclarations de foi et les projets de tel(le) ou tel(le). </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;"><span style="text-align: justify;">Claire apporte ensuite un élément d’analyse sur le sujet de cette séance : elle cite un sondage effectué par TNS Sofres pour le magazine </span><em style="text-align: justify;">Philosophie Magazine</em><span style="text-align: justify;"> (sondage effectué du 20 au 21 juillet 2011 auprès de 975 personnes) dans un dossier qui avait précisément pour titre "Qu’est-ce qu’un bon Président ?" (octobre 2011). Or, il apparaît que les réponses apportées à ce sondage ont laissé apparaître des réponses pour le moins claires et tranchées sur ce qu’attendent les citoyens : 92 % des personnes souhaitent que celui ou celle qui les représente soit un homme ou une femme de terrain, pragmatique, pour 89 % quelqu’un capable de prendre des mesures de droite ou de gauche selon les circonstances, 67 % être une personne avec le même style de vie que la majorité des Français et 51 % avoir une personnalité hors du commun.</span></span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;"><span style="text-align: justify;">Il convient, pour répondre à la question de ce soir, dit un autre participant, de revenir aux principes de cette institution actuellement sous les feux de l’actualité. À cet égard, la </span><a style="text-align: justify;" title="Constitution de la Ve République" href="http://www.conseil-constitutionnel.fr/conseil-constitutionnel/root/bank_mm/constitution/constitution.pdf" target="_blank" rel="noopener">Constitution de la Vème République</a><span style="text-align: justify;"> est éclairante : </span>"<em>Le Président de la République veille au respect de la Constitution. Il assure, par son arbitrage, le fonctionnement régulier des pouvoirs publics ainsi que la continuité de l'État. Il est le garant de l'indépendance nationale, de l'intégrité du territoire et du respect des traités. (article 5)</em>" Il est le garant des institutions et de la séparation des pouvoirs. Un bon Président de la République n’est-il pas d’ailleurs un chef de l’État qui veille à ces principes ?</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;">Cette fonction et ces tâches impliquent une détermination et un certain courage politique. Le recours à la violence fait par exemple partie de ses prérogatives : "<em style="font-size: small;">Lorsque les institutions de la République, l'indépendance de la nation, l'intégrité de son territoire ou l'exécution de ses engagements internationaux sont menacées d'une manière grave et immédiate et que le fonctionnement régulier des pouvoirs publics constitutionnels est interrompu, le Président de la République prend les mesures exigées par ces circonstances (article 16)</em>". </span></span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;">Cette possibilité fait écho aux propos de </span><a style="font-size: small;" href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Nicolas_Machiavel" target="_blank" rel="noopener">Machiavel</a><span style="font-size: small;"> qui, dans Le Prince, considère l’usage de la violence comme un instrument incontournable dans l’exercice de l’autorité : "</span><em style="font-size: small;">Il faut donc qu'un prince qui veut se maintenir apprenne à ne pas être toujours bon, et en user bien ou mal, selon la nécessité</em><span style="font-size: small;">", dit-il dans </span><em style="font-size: small;">Le Prince </em><span style="font-size: small;">(</span><a style="font-size: small;" title="Machiavel" href="http://cafephilosophique-montargis.hautetfort.com/archive/2012/04/18/machiavel-le-prince-extraits.html" target="_blank" rel="noopener">cliquez ici pour aller plus loin</a><span style="font-size: small;">).</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;">Évoquer l’auteur italien de la Renaissance si souvent décrié (par <a title="Kant" href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Emmanuel_Kant" target="_blank" rel="noopener">Kant</a> par exemple) mais toujours d’actualité, lance une discussion passionnée sur un des défauts que l’on peut imputer à la fonction présidentielle dans une démocratie : un usage régalien de la violence, même si cet usage doit être pris, en théorie, avec discernement. Un participant objecte que dans l’exercice de la fonction présidentielle, le "feu nucléaire" – pour ne prendre que cet exemple – ne peut être déclenché par le seul chef de l’État. Avant de déclencher une guerre, il le chef de l’État est assisté d’un aréopage de conseillers militaires et politiques.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;"><span style="text-align: justify;">Il n’empêche que, muni de pouvoirs aussi étendus, un Président de la République doit-il être un homme "normal" comme l’a affirmé un candidat récemment ? L’est-il ? Ne possède-t-il pas une immunité de fait qui en fait un personnage "au-dessus des lois" ? Cette question est âprement débattue. Un intervenant précise qu’en réalité le Président de la République peut être poursuivi en cas de crimes ou d’intelligence avec l’ennemi mais qu’en dehors de ces faits son mandat le protège de toute action judiciaire. Il peut, certes, être poursuivi, comme n’importe quel citoyen, mais seulement après son mandat. Finalement, le statut pénal du Président de la République n’a d’autre fonction que protéger une institution républicaine (<a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Statut_p%C3%A9nal_du_pr%C3%A9sident_de_la_R%C3%A9publique_fran%C3%A7aise" target="_blank" rel="noopener">pour aller plus loin</a>). Il n’en est pas moins vrai, dit Bruno, que cette protection judiciaire fait du Président de la République un citoyen avec des droits </span><em style="text-align: justify;">extra-ordinaires</em><span style="text-align: justify;">, bénéficiant, parmi ses prérogatives, d’un droit régalien d’amnistie et de droit de grâce, héritage de l’Ancien Régime. Le système moderne de désignation d’un citoyen par l’ensemble des Citoyens pour les représenter est, en France, bel et bien imprégné de symboles monarchiques. </span></span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;"><span style="text-align: justify;">Cette délégation de pouvoir pose assurément un problème, que soulève un nouvel intervenant. En désignant une personne chargée de gérer le pays, la tentation est grande pour chacun de ses citoyens de se sentir débiteur et d’attendre du responsable désigné que le pouvoir délégué réponde à ses souhaits, ici et maintenant. Là, la démocratie se heurte sans doute à un mur : voilà un régime, représenté par un Président de la République aux pouvoirs étendus (largement hérités de la monarchie), chargé de respecter la volonté du peuple tout en prenant sans cesse en considération l’intérêt de l’État, au détriment des intérêts particuliers voire d’une partie de la population. La tâche est considérable et, pour tout dire, impossible ! </span></span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;"><span style="text-align: justify;">En vérité, un contrat social lie les citoyens à ce souverain élu : contre le chaos susceptible de mettre à mal la société des hommes, ceux-ci concluent entre eux un pacte social destiné à assurer la paix et la sécurité de tous. C’est le </span><em style="text-align: justify;">Léviathan</em><span style="text-align: justify;"> de </span><a style="text-align: justify;" title="Hobbes" href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Thomas_Hobbes" target="_blank" rel="noopener">Thomas Hobbes</a><span style="text-align: justify;"> (1651) : "</span><em style="text-align: justify;">Aussi longtemps que les hommes vivent sans un pouvoir commun qui les tienne tous en respect, ils sont dans cette condition qui se nomme guerre, et cette guerre est guerre de chacun contre chacun.</em><span style="text-align: justify;">"</span></span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: xx-small;"><span style="font-size: small;"><span style="text-align: justify;">De toute manière, continue un participant, est-ce vraiment à cet homme ou cette femme qui nous représente d’être en charge de régler les innombrables problèmes inhérents à la vie d’un pays ? D’ailleurs, répondre aux attentes de l’ensemble de la population est une tâche impossible, tant par son ampleur que par la versatilité de l’opinion (dixit </span><a style="text-align: justify;" title="Aristote" href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Aristote" target="_blank" rel="noopener">Aristote</a><span style="text-align: justify;">). </span></span></span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: xx-small;"><span style="font-size: small;"><span style="text-align: justify;">Justement, dans ces mouvements d’humeur, le Président se situe dans un milieu, comme arbitre. Cet homme politique providentiel n’est jamais que, par définition, celui qui "préside", celui qui "est assis devant" (</span><em style="text-align: justify;">prae sidium</em><span style="text-align: justify;">). Dans le sondage présenté par Claire, 57 % des personnes interrogées ne dénient d’ailleurs pas à celui ou celle qui les représente la possibilité d’aller contre l’opinion des Français – et plus précisément des sondages – lorsque l’intérêt commun l’exige ! Il est dit que la tentation peut être grande de "renverser la table" à chaque élection, tant est vivace la passion de la Révolution en France. Pour autant, dit Bruno, il apparaît flagrant que c’est au bien au centre que se gouverne notre pays depuis 1945 ; certes, un centre plus ou moins à droite ou plus ou moins à gauche. <br /></span></span></span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: xx-small;"><span style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;">Bruno s’étonne que parmi les qualités d’un bon Président aucun participant n’ait considéré que le chef de l’État doive être un intellectuel ou une personne cultivée - une qualité pourtant citée par 88 % de sondés dans l’enquête de </span></span><span style="font-size: small;"><em style="text-align: justify;">Philosophie Magazine</em><span style="text-align: justify;">. Plusieurs personnes conviennent que des qualités intellectuelles sont indispensables pour une telle charge. Mais il y a bien plus, appuie Claire : tel le sage philosophe platonicien, le chef de l’État de notre pays doit aussi être, dans l’inconscient collectif, un penseur, un intellectuel, un sage. Le premier Président de la Vème République, </span><a style="text-align: justify;" title="De Gaulle" href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Charles_de_Gaulle" target="_blank" rel="noopener">Charles de Gaulle</a><span style="text-align: justify;">, n’est-il pas enseigné à l’école en cours… de français (ses </span><a style="text-align: justify;" title="Mémoires de Guerre" href="http://fr.wikipedia.org/wiki/M%C3%A9moires_de_guerre" target="_blank" rel="noopener"><em>Mémoires de Guerre</em></a><span style="text-align: justify;"> sont, en 2012, au programme du baccalauréat – ce qui n’a pas été sans susciter des polémiques). L’un de ses successeurs, </span><a style="text-align: justify;" title="Mitterrand" href="http://www.hautetfort.com/admin/posts/%20http:/fr.wikipedia.org/wiki/Fran%C3%A7ois_Mitterrand" target="_blank" rel="noopener">François Mitterrand</a><span style="text-align: justify;">, se considérait lui aussi comme homme de lettres (et écrivain contrarié !) autant qu’homme d’État. Appréhende-t-on différemment la fonction élyséenne ? On peu en douter : qu’à l’inverse un Président de la République manifeste un certain dédain pour la culture (que l’on songe à ce débat sur la </span><em style="text-align: justify;">Princesse de Clèves</em><span style="text-align: justify;">) et le voilà cloué au piloris ! </span></span></span></p><p style="text-align: justify;"><span style="text-align: justify; font-size: small;">À ce moment du débat, une participante intervient avec passion pour s’étonner que la représentation du Président de la République apparaisse sous l’aspect d’un monarque tout puissant, presque monarchique alors que, précisément, l’institution élyséenne n’est qu’un des pouvoirs qui fondent notre démocratie. Elle rappelle que les lois sont votées par les députés et les sénateurs et que les collectivités locales sont gérées par des conseillers régionaux, généraux et municipaux. L’ensemble des participants se montre en accord avec cette intervention. Bruno précise que le débat de ce soir, centré sur la Présidence, n’entendait pas évoquer les autres institutions républicaines. Il apparaît toutefois que cette personnification du pouvoir présidentielle peut apparaître comme posant effectivement problème au sens de la représentativité. La France est dans un régime démocratique "semi-présidentiel" où le chef de l’État est élu au suffrage universel direct (à la différence, par exemple, des États-Unis). Voilà tout le paradoxe du Président de la République tel qu’il est présenté dans le sondage de <em>Philosophie Magazine</em> : un chef de l’État à la fois "de terrain" (92 %), "ordinaire" (67 %) et "hors du commun" (51 %) ! Le grand danger de cette personnification est d’enlever à ce Président ce statut de simple représentant des citoyens et d’oublier les autres corps qui régissent le gouvernement de l’État. Or, n’est-ce pas justement cela le problème, semble-nous dire Platon ? Celui qui a théorisé sur une République idéale n’appelle-t-il pas de ses vœux un souverain aux qualités exceptionnelles, ce sage philosophe capable de conduire – seul ! – la Cité ? Voilà ce qu'il dit : "<em>Les maux ne cesseront pas pour les humains avant que la race des purs et authentiques philosophes n'arrive au pouvoir ou que les chefs des cités, par une grâce divine, ne se mettent à philosopher réellement</em>" (<a title="Platon" href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Platon" target="_blank" rel="noopener">Platon</a>, lettre VII). <a title="Platon" href="http://cafephilosophique-montargis.hautetfort.com/archive/2012/04/19/platon-les-philosophes-au-pouvoir.html" target="_blank" rel="noopener">Voir également ce lien.</a></span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;">Allons justement en Grèce, propose Bruno. Et plus précisément dans la Grèce des Vème siècle avant notre ère. On y trouvera une jeune démocratie capable de nous éclairer sur ce que peut être un chef de l’État "idéal". Au-delà des qualités requises, le plus important n’est-il pas que le Prince placé au sommet des citoyens soit débiteur devant eux de ses actes ? Un homme politique a laissé une trace profonde dans l’histoire de l’Humanité : <a title="Périclès" href="http://fr.wikipedia.org/wiki/P%C3%A9ricl%C3%A8s" target="_blank" rel="noopener">Périclès</a> (495 av. JC – 429 av. JC). À Athènes, il présida la Cité pendant trente ans d’affilés, pratiquement sans interruption, réélu à une exception près tous les ans par ses concitoyens ! Finalement, c’est à eux que revient en ultime ressort le choix de leur représentant au nom de ce contrat social théorisé par </span><span style="font-size: small;"><a style="text-align: justify;" title="Hobbes" href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Thomas_Hobbes" target="_blank" rel="noopener">Thomas Hobbes</a></span><span style="font-size: small;"> (<em>Léviathan</em>). Bien plus, il leur reviendra de destituer le cas échéant, y compris par la force, celui qui s’avèrera être un tyran. <a title="Locke" href="http://fr.wikipedia.org/wiki/John_Locke" target="_blank" rel="noopener">John Locke</a> dit que "<em>l’on peut s’opposer [au tyran] tout de mêm
Café philosophique de Montargishttp://cafephilosophique-montargis.hautetfort.com/about.htmlCOMPTE RENDU DE LA DERNIÈRE SÉANCEtag:cafephilosophique-montargis.hautetfort.com,2011-12-04:38931852011-12-04T10:19:00+01:002011-12-04T10:19:00+01:00 Thème du débat : " Mes passions sont-elles des entraves à ma liberté? "...
<p class="MsoNormal" style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;"><strong>Thème du débat : </strong>"<span style="color: #ffff00;"><strong>Mes passions sont-elles des entraves à ma liberté?</strong></span>"</span></p><p class="MsoNormal" style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;"><strong>Date :</strong><span style="color: #ffff00;"><strong> 4 novembre 2011 à la Brasserie du centre commercial de la Chaussée.</strong></span></span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;">De 45 à 50 personnes étaient présentes pour ce café philosophique consacré aux passions.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;">Claire et Bruno commencent cette séance par un tour de table et poser cette double question : qui a une passion et cette passion peut-elle être un obstacle à la liberté individuelle ? Deux participants interviennent et évoquent leur passion respective. L’un des deux considère que sa passion peut devenir chronophage si l’on n’y prend pas garde. La liberté de s’adonner à une activité "passionnante" peut du même coup nous enferrer et condamner tout autre aspect de la vie. En ce sens, la passion devient aliénante et devient un obstacle à notre liberté. Une participante insiste sur le fait que la passion est ce qui nous construit. S’y consacrer librement c’est choisir de donner un sens à notre vie. Elle peut aussi être un moyen de dépassement : "<em>Rien de grand dans le monde ne s’est accompli sans passion.</em>" (<a title="biographie de Hegel" href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Georg_Wilhelm_Friedrich_Hegel" target="_blank" rel="noopener">Hegel</a>). Un participant considère à son tour sa passion comme un aspect constructif de son existence mais aussi comme un extrême danger pour sa vie personnelle et pour sa liberté individuelle. La passion peut assurément détruire et mettre en danger des couples et des familles. Par ailleurs, il convient de prendre à contre-pied la posture traditionnelle qui considère la passion comme une force d’inertie. Au contraire, il apparaît que la passion n’a rien de passive : elle agit et motive l’action (<a title="Biographie de Kant" href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Emmanuel_Kant" target="_blank" rel="noopener">Kant</a>, <em>Anthropologie</em>, §80). Elle est le fruit de l’intellect. Rappelons que les animaux n’ont pas de passion.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;">Dans la droite lignée de cette réflexion une question apparaît : peut-on n’avoir aucune passion ? Est-ce possible et souhaitable ? Une participante répond par l’affirmatif : son absence de passion ne l’empêche pas de se sentir pleinement en accord avec elle-même. Si elle n’a pas à proprement parlé de passions, ses centres d’intérêts sont par contre nombreux. Une autre personne abonde dans ce sens, ajoutant que faute de passion, tel(le) ou tel(le) s’ouvrira <em>librement</em> – et plus librement sans doute que certains passionnés – vers des centres d’intérêt variés. Plus tard dans la séance, l’accent sera mis sur cette notion de centre d’intérêt parfois confondu avec la notion de passion, la passion se caractérisant, selon Bruno, par la notion d’intensité. L’absence de passion est d’emblée une affirmation et une posture surprenante, pour ne pas dire provocatrice. La passion semble être devenu un fait majeur de nos sociétés occidentales. Une opinion courante semble imposer que tout un chacun règle sa vie à ce diapason : on doit être passionné dans sa vie amoureuse, dans sa vie professionnelle (n’est-ce pas un non-sens ?) et cultiver ses passions : qui vit sans passion "<em>n’est pas digne de vivre</em>" pour paraphraser <a title="Biographie de Molière" href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Moli%C3%A8re" target="_blank" rel="noopener">Molière</a> (<em>Don Juan</em>) </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;">Un participant objecte que si la passion est importante dans notre société c’est qu’elle est un puissant indicateur de la valeur potentielle d’un individu, dans une entreprise par exemple. Pour preuve, les CV contiennent une rubrique "centre d’intérêt" (où, d’ailleurs, singulièrement, les "passions" trouveront leur place) destinée à décrire les potentielles passions du candidat. Cette rubrique est si peu anecdotique que les jeunes diplômés sont très souvent jugés d’après celle-ci. Sans nul doute, la passion façonne un individu autant qu’elle est un marqueur social.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;">Une autre question est de savoir si une passion peut se choisir ou si elle nous choisit. Claire propose de revenir à la définition<em> stricto sensu</em> de ce terme. La passion (du latin <em>passio</em> ; <em>pathos</em> - </span><span class="st"><span style="font-size: small;"><em>πάθος</em></span> -</span><span style="font-size: small;"> en grec) évoque la souffrance (la "Passion du Christ"). Il y a derrière cette acception quelque chose de mystique dans la passion. La liberté, au contraire, est de l’ordre du rationnel et de l’intentionnel. N’est-ce pas antinomique </span><span style="font-size: small;">? Or, ce serait aller vite en besogne que de restreindre la passion à un concept indépendant de notre volonté, de notre liberté. En effet, le désir (de <em>sidus</em>, "l’astre perdu") de la passion, contingent par nature, est de l’ordre de l’élection, s’oppose au besoin à satisfaire, nécessaire et dont font partie le boire ou le manger. Ce qui ne veut pas dire que la passion ne soit pas ressentie comme un "besoin" presque vital, comme une pulsion psychique qui nous déborde. Les théories de <a title="Biographie de Freud" href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Sigmund_Freud" target="_blank" rel="noopener">Freud</a> peuvent nous aider à comprendre la puissance de ces forces. </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;">Oui, la passion semble, aux dires des participants, nous tomber dessus ! D’ailleurs, le propre du <em>pathos</em> est d’être subi. Peut-on comprendre autrement que le crime passionnel soit en général moins sévèrement puni ? La notion de responsabilité – et, par là, de liberté – se pose. La passion nous submergerait comme elle accapare le tueur en série (<em><a title="Série TV Dexter" href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Dexter_%28s%C3%A9rie_t%C3%A9l%C3%A9vis%C3%A9e%29" target="_blank" rel="noopener">Dexter</a></em> !), incapable de lutter. Cet exemple extrême cache mal le bonheur que tel ou tel ressent lorsqu’il découvre sa passion (ou ses passions) et s’y adonne corps et âmes. La déception peut bien entendu être au rendez-vous, tels ces "artistes du dimanche" enthousiastes mais peu doués à qui l’on souhaiterait conseiller d’abandonner cette voie, mus par une pulsion parfois indicible. </span></p><p style="text-align: justify;"><strong><span style="font-size: small;">"Le passionné est-il fatalement chiant ?"</span></strong></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;">Car le passionné, qui peut susciter admiration et fascination, est parfois ce personnage hors de la société, obnubilé par cette activité qui guide sa vie. "Le passionné est-il fatalement chiant ?" Ou bien n’est-ce pas d’abord qu’une question de personnalité ? La personne timide ou réservée va avoir tendance à taire ce qui meut sa vie ; cela n’augure pas la force de sa passion. </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;">Un participant souhaite catégoriser la passion en deux grands types : la passion assumée telle quelle, comme un choix. Ce sera l’artisan ne comptant pas ses heures ou bien la passionnée d’animaux choisissant de consacrer sa vie professionnelle à une activité en rapport avec eux. D’autre part, il y a la passion aliénante : ce coup de foudre qui vous frappe, source de bonheur autant que de souffrance. De telles passions regorgent dans la littérature et le cinéma (<a title="Lulu" href="http://cafephilosophique-montargis.hautetfort.com/archive/2011/10/11/passions-alienantes-lulu-de-gw-pabst-avec-louise-brooks.html" target="_blank" rel="noopener">un exemple ici</a>). Une question est posée : il semblerait que la passion ait suscité la méfiance, pour ne pas dire la défiance ; en a-t-il été autrement ? Bruno répond que malgré les propos sévères de certains penseurs – tel <a title="Biographie d'Alain" href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Alain_%28philosophe%29" target="_blank" rel="noopener">Alain</a> qui a une mauvaise opinion de l’amour et de la passion qui n’engendrerait que mesquinerie et médiocrité – certains philosophes se sont fait les défenseurs de la passion : <a title="biographie de Hegel" href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Georg_Wilhelm_Friedrich_Hegel" target="_blank" rel="noopener">Hegel</a> par exemple. <a title="Citations au sujet des passions" href="http://cafephilosophique-montargis.hautetfort.com/archive/2011/10/18/ils-ont-dit-au-sujet-de-la-passion.html" target="_blank" rel="noopener">Pour en savoir plus, cliquez ici</a>.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;">Si la passion peut être une contrainte à notre liberté, la solution ne pourrait-elle pas être de la maîtriser, la contraindre dans des bornes ? <a title="Véronique Ovaldé" href="http://fr.wikipedia.org/wiki/V%C3%A9ronique_Ovald%C3%A9" target="_blank" rel="noopener">Véronique Ovaldé</a>, écrivain, a dit, par exemple, qu’elle avait aménagé chez elle un minuscule bureau sous un escalier et travaillait à sa passion la nuit, en dehors de son travail pour un important éditeur. Pour la plupart des gens présents, la passion doit s’appréhender de cette manière, en la contenant dans des bornes spatiales et/ou temporelles, afin qu’elle ne vampirise pas le passionné et/ou ses proches. Une participante objecte que si la passion est maîtrisée, elle perd du même coup sa faculté de passion. L’est-elle toujours ? Voire. La passion, rappelle-t-elle, est souffrance. Une passion réfrénée aurait tendance à s’édulcorer et à ne devenir qu’un centre d’intérêt plus ou moins vif. Faute d’intensité, sans doute la passion perd-elle de sa nature ; peut-être même en perd-elle même la nature.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;">Pour conclure, Bruno insiste sur le fait que les passions, non content d’être intimement liées à la liberté individuelle, nous construisent personnellement. Existe-t-il de bonnes ou de mauvaises passions ? La question n’a pas de sens car les passions sont avant tout un mouvement. D’ailleurs, si l’on va sur ce chemin, la classification des passions n’est qu’historique (cf. <a title="Bioggraphie de Barthes" href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Roland_Barthes" target="_blank" rel="noopener">Barthes</a> : "<em>Ce n’est plus le sexuel qui est indécent, mais le sentimental</em>", <a title="Bioggraphie de Barthes" href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Roland_Barthes" target="_self">Roland Barthes</a>, <em>Fragments d’un Discours amoureux</em>). Les passions sont donc toutes bonnes par nature comme le dit <a title="Biographie de Descartes" href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Ren%C3%A9_Descartes" target="_blank" rel="noopener">Descartes</a>. Finalement, rejeter la passion n’a pas de sens car cela équivaudrait à adopter à son tour une attitude passionnée à leur encontre ! Il convient de dédramatiser les passions et de les comprendre. Les penser. Les rationaliser afin qu'elles ne soient pas un obstacle à notre liberté. Ce faisant, cela implique de rattacher nos passions à la nécessité comme le dit <a title="Spinoza" href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Baruch_Spinoza" target="_blank" rel="noopener">Spinoza</a>. C’est comprendre leur origine, être capable de les prévoir et de les maîtriser. Nos passions deviennent alors des actions que nous cessons de subir. Pour <a title="biographie de Hegel" href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Georg_Wilhelm_Friedrich_Hegel" target="_blank" rel="noopener">Hegel</a>, la passion en soi n’a pas d’intérêt : elle n’est qu’un instrument, certes parfois magnifié. La passion doit être l’instrument de la raison !<br /></span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;">Le débat se termine par le choix du sujet suivant. La majorité de l’assistance vote pour le sujet "<span style="color: #ffff00;"><strong>Les riches le méritent-ils ?</strong></span>" Rendez-vous est pris le <span style="color: #ffff00;"><strong>vendredi 9 décembre</strong></span>, même lieu, même heure.</span></p>
Zedhttp://metapoinfos.hautetfort.com/about.htmlLe nihilisme européen...tag:metapoinfos.hautetfort.com,2011-12-03:38891502011-12-03T16:44:00+01:002011-12-03T16:44:00+01:00 " J'enseigne de dire non en face de tout ce qui rend faible - de tout ce...
<blockquote><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;">"<em>J'enseigne de dire non en face de tout ce qui rend faible - de tout ce qui épuise.</em></span></p><p style="text-align: justify;"><em><span style="font-size: small;"> J'enseigne de dire oui en face de tout ce qui fortifie, de ce qui accumule les forces, de ce qui justifie le sentiment de la vigueur.</span></em></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;"><em>Jusqu'à présent on n'a enseigné ni l'un ni l'autre : on a enseigné la vertu, le désintéressement, la pitié ou même la négation de la vie. tout cela sont les valeurs des épuisés.</em>"</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;"><br /></span></p></blockquote><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;">Les éditions Mille et une nuits viennent de rééditer en format de poche <strong><em>Le nihilisme européen</em></strong>, le premier livre de <em>La volonté de puissance</em>, l'ouvrage posthume de<strong> Friedrich Nietzsche</strong><strong><em></em></strong>.</span></p><p> </p><p style="text-align: center;"><img id="media-3318993" style="margin: 0.7em 0;" title="" src="http://metapoinfos.hautetfort.com/media/01/02/2967761612.jpg" alt="Nihilisme européen.jpg" /></p><blockquote><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;">"Dès les années 1880 Nietzsche projette un ouvrage qui exposerait toute sa philosophie, mais il ne peut le mener à bien. Juste après sa mort, sa soeur Elisabeth établit le texte à partir de fragments, selon le plan laissé par l’auteur en mars 1887. Le Nihilisme européen est le premier des quatre livres de La Volonté de puissance : 86 fragments qui dressent le bilan de la situation philosophique de l’Occident moderne, caractérisé par le nihilisme d’une société malade, épuisée, décadente, « où le faible se nuit à lui-même ». Nietzsche analyse l’essence du nihilisme comme une dévalorisation de la vie et de l’existence. Il y voit trois responsables : le christianisme, l’esprit rationnel et l’esprit critique, et leur donne un nom : Kant, Rousseau, Schopenhauer, Wagner."</span></p></blockquote>
Café philosophique de Montargishttp://cafephilosophique-montargis.hautetfort.com/about.htmlLES PHILOSOPHES ET LA PASSIONtag:cafephilosophique-montargis.hautetfort.com,2011-10-12:38207362011-10-12T19:11:00+02:002011-10-12T19:11:00+02:00 Les philosophes grecs ont traité la passion, avec les passions, les...
<p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;">Les philosophes grecs ont traité la passion, avec les passions, les englobant dans les émotions. <a title="Platon" href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Platon" target="_blank">Platon </a>met en garde contre la passion et particulièrement contre la passion envers la Femme. C’est lui qui préconise "<em>une Femme pour l’esthétique, un melon pour le délice, un jeune garçon pour le plaisir</em>", Platon nous laissera "l’amour platonique" ! <a title="Epicure" href="http://fr.wikipedia.org/wiki/%C3%89picure" target="_blank">Épicure</a> lui, recommande les passions non destructrices, surtout celle envers la Femme qu’il appelle "le plaisir d’Aphrodite".</span></p><p style="text-align: justify;"><a href="http://cafephilosophique-montargis.hautetfort.com/media/02/02/2312791753.jpg" target="_blank"><img id="media-3240713" style="float: left; margin: 0.2em 1.4em 0.7em 0pt;" title="" src="http://cafephilosophique-montargis.hautetfort.com/media/02/02/3095707063.jpg" alt="café philosophique de montargis, philo, philosophie, montargis" /></a><span style="font-size: small;">Précurseurs en matière de développement personnel les Stoïciens nous disent: "<em>C’est parce vous ne maîtrisez ni vos émotions, ni vos passions, que vous ne pouvez dominer votre vie</em>". Le sage, dit le stoïcien <a title="Diogène Laërce" href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Diog%C3%A8ne_La%C3%ABrce" target="_blank">Diogè</a></span><span style="font-size: small;"><a title="Diogène Laërce" href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Diog%C3%A8ne_La%C3%ABrce" target="_blank">ne Laërce</a>, <em>"est sans passion, il ne se laisse pas entraîner…, tous les sages sont sévères</em>" ; pour lui la passion est, "<em>maladie de l’âme</em>". </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;">Néanmoins nous voyons la passion dans la mythologie, de la passion dans les tragédies d’Euripide, de la passion dans la poésie épique d’<a title="Homère" href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Hom%C3%A8re" target="_blank">Homère</a> avec l’<em>Iliade</em> et l’<em>Odyssée</em>. Puis au moyen âge la philosophie scholastique des Pères de l’Eglise maintient les passions dans le domaine des maladies de l’âme. </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;">Le bouleversement culturel de la Renaissance, l’influence des philosophes Libertins, vont commencer à faire évoluer le concept. Les dernières grandes critiques de la passion, et des passions, viendront de <a title="Kant" href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Emmanuel_Kant" target="_blank">Kant</a>, pour qui : "<em>les passions sont les gangrènes de la raison pure</em>", que : "<em>L’homme qui cède à la passion est un prisonnier qui soupire sous ses chaînes", pour lui, une fois que le plaisir a été satisfait par la possession, la jouissance, la passion pour la personne désirée cesse… La passion ne dure que tant qu’il y a résistance. Pour Pascal la passion est "dépossession de soi</em>". <a title="Descartes" href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Ren%C3%A9_Descartes" target="_blank">Descartes</a> sera moins catégorique, et nous dit "<em>que des passions dépend tout le mal, et d’elles dépend tout le bien</em>". </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;">Avec la Révolution, c’est un toute autre approche qui se dessine ; Pour <a title="Voltaire" href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Voltaire" target="_blank">Voltaire</a>, "<em>La passion est le moteur principal de la marche du progrès</em>", c’est ce qui produit le social, c’est le passionnel de l’altruisme. Pour <a title="Rousseau" href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Jean-Jacques_Rousseau" target="_blank">Rousseau</a>, "<em>La passion est la condition du devenir de l’homme, la condition pour naître à son humanité</em>", et enfin <a title="Diderot" href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Denis_Diderot" target="_blank">Diderot</a> nous dira : "<em>On déclame sans cesse contre les passions, on leur impute toutes les peines de l’homme, et l’on oublie qu’elles sont aussi la source de tous les plaisirs. Il n’y a que les passions, les grandes passions qui puissent élever aux grandes choses, sans elles plus de sublime, soit dans les mœurs, soit dans les ouvrages</em>" ; "<em>les passions sobres</em>" dira t-il, "<em>font les hommes communs</em>".</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;">Aujourd’hui l’approche que nous avons de la passion est grandement due à l’héritage du Romantisme, omniprésent dans notre culture. La conception que nous avons de la passion est peut être essentiellement liée à notre tempérament latin...</span></p><p style="text-align: right;"><a href="mailto:guy.l.pannetier@hotmail.fr"><em><span style="font-size: small;">Guy-Louis Pannetier</span></em></a></p><p style="text-align: justify;"> </p>
Café philosophique de Montargishttp://cafephilosophique-montargis.hautetfort.com/about.htmlCOMPTE RENDU DE LA DERNIÈRE SÉANCEtag:cafephilosophique-montargis.hautetfort.com,2011-07-24:37220942011-07-24T15:19:00+02:002011-07-24T15:19:00+02:00 Thème du débat : " Qui dit "jeune" dit-il forcément "con" ? " Date...
<p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;"><strong>Thème du débat : </strong>"<span style="color: #ffff00;"><strong>Qui dit "jeune" dit-il forcément "con" ?</strong></span>" </span></p><p class="MsoNormal" style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;"><strong>Date :</strong><span style="color: #ffff00;"><strong> 22 juillet 2011 à la Brasserie du centre commercial de la Chaussée.</strong></span></span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;">Une quarantaine de personnes s’étaient réunies à la Brasserie du centre commercial de la Chaussée pour la dernière séance de la deuxième saison du café philosophique de Montargis. Ce débat avait pour thème "<strong>Qui dit "jeune" dit-il forcément "con" ?</strong>" Les organisateurs, Claire et Bruno, ont tenu en début de séance à remercier les personnes qui ont aidé à la réussite de cette saison, en pa</span><span style="font-size: small;">rticulier le responsable de la brasserie de la Chaussée. Un petit mot a également été dit pour le soutien des <a title="Bons Plans de Montargis" href="http://www.bonsplansmontargis.com/" target="_blank" rel="noopener">Bons Plans de Montargis</a>. Claire a souligné les moments forts de cette saison : le débat sur l’<a title="Débat" href="http://cafephilosophique-montargis.hautetfort.com/l-art-a-quoi-ca-sert/" target="_blank" rel="noopener">art</a>, celui sur <a title="Débat" href="http://cafephilosophique-montargis.hautetfort.com/indignez-vous/" target="_blank" rel="noopener">le livre <em>Indignez-vous !</em> </a>et le remarquable débat avec Catherine Armessen sur <a title="Débat" href="http://cafephilosophique-montargis.hautetfort.com/setes-et-manipulations-mentales/" target="_blank" rel="noopener">la manipulation sectaire</a> en juin dernier.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;">Les organisateurs mais aussi les participants du café philosophique ont, en préambule de ce débat, déploré que quelques jours avant le débat les affiches annonçant le rendez-vous de vendredi dernier ont été consciencieusement arrachées. Peut-être s’agissait d’une illustration du débat de ce jour ?</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;">Le débat du 22 juillet entendait s’intéresser à un poncif stigmatisant la jeunesse comme l’âge par définition stupide. Bruno a placé cette croyance dans son contexte sociologique, qui permet de définir ce qu’est un adulte. "<em>Pendant des siècles, dans nos socié</em></span><span style="font-size: small;"><em>tés, l’existence humaine se partageait en deux périodes : l’enfance et l’âge adulte. Le seul objectif d’un être humain était d’arriver à l’âge adulte par l’éducation et l’apprentissage. L’enfance et l’adolescence étaient finalement considérées comme des âges sans grand intérêt."</em> L’enfant, ajoute Bruno, est étymologiquement <em>l’infans</em> c’est-à-dire "<em>l’être dénué de paroles</em>". L’adulte a pour mission de le sortir de sa "<em>stupidité naturelle</em>" ("<em>sa connerie</em>") pour lui faire acquérir autonomie et sagesse, ce que tout adulte est censé posséder ! Ce n’est qu’à partir du XVIIIème siècle avec <a title="Biographie de JJ Rousseau" href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Jean-Jacques_Rousseau" target="_blank" rel="noopener">Jean-Jacques Rousseau</a> puis la <a title="Déclaration des Droits de l'Homme" href="http://www.assemblee-nationale.fr/histoire/dudh/1789.asp" target="_blank" rel="noopener">Déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen</a> que l’enfance est sortie de cette antichambre. Le terme d'adolescent apparaît quelques décennies plus tard. Au XXème siècle, <a title="Biographie de Françoise Dolto" href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Fran%C3%A7oise_Dolto" target="_blank" rel="noopener">Françoise Dolto</a> est l’une des premières à considérer l’enfant comme un être doué de raison.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;">Les participants du café philosophique ont longuement discuté sur ce que représentent aujourd’hui les adultes et les jeunes. "<em>Qu’est-ce qu’être adulte ?</em>" s’interroge Bruno. "<em>Est-ce avoir un travail, une famille, des enfants ?</em>" Un débattant considère qu’être adulte c’est avoir le sens de sa propre destinée et avoir les moyens d’atteindre ses objectifs. Cette notion d’adulte a aujourd’hui des contours plus flous : on est adulte plus tard ("<a title="Adulescence" href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Adulescence" target="_blank" rel="noopener">adulescence</a>"), au terme d’une longue période scolaire et on se trouve éjecté du monde du travail très tôt. Force est de constater que le jeune d’aujourd’hui n’est pas celui de 1968, qui n’était pas celui de 1940 pas plus que celui de 1914. Quant à parler de "<em>stupidité</em>" de la jeunesse, un participant ajoute justement que "<em>statistiquement</em>" il est impossible d’avoir 100% d’une tranche d’âge décérébrée…</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;">Ce qui est vrai, par contre, ajoute une autre personne, c’est que le jeune d’aujourd’hui n’est pas aimé : il est méprisé, caricaturé et considéré comme un vulgaire consommateur. Cette </span><span style="font-size: small;">participante considère en outre que l'âge de la maturité civique arrive bien trop tôt : scientifiquement et physiologiquement, 21 ans devrait être choisi, ce qui, certes, va à l'encontre du discours officiel. </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;">En réponse à ceux qui voudraient voir la jeunesse comme une génération sans but (<a title="Printemps arabe" href="http://www.franceculture.com/2011-06-16-democratie-du-virtuel-au-reel.html" target="_blank" rel="noopener">au contraire de ce qui s’est passé dans les pays arabes</a>), nombre de voix soulignent que les jeunes sont parfaitement lucides sur notre société mais en revanche très critiques sur la classe d’âge de leurs aînés qui les gouvernent, déconsidérés pour la plupart. Finalement, voir le jeune comme un être incapable de penser n’arrange-t-il pas les puissants (les "gérontocrates") ?</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;">La notion d’apprentissage a été longuement discutée au cours de cette soirée. On devient adulte au terme d’une période d’instruction, d’éducation et d’initiation. Claire ajoute que les rites d’initiation ont pratiquement disparu de nos sociétés occidentales, le baccalauréat pouvant être considéré comme un de nos derniers rites d’initiation. Ce n’est d’ailleurs pas un hasard si la philosophie est enseignée uniquement durant cette année de Terminale : l’Éducation Nationale, via ses <a title="BO" href="http://www.hautetfort.com/admin/posts/Photo%20titre%201.JPG" target="_blank" rel="noopener">bulletins officiels</a>, considère que le jeune n’est pas apte à être pleinement autonome par la pensée avant cette dernière année de lycée. </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;">Les participants du café philosophique en viennent à s’interroger sur cette période d’instruction strictement définie dans le temps : la société considère que l’on ne peut apprendre qu’à un certain âge, ni avant, ni après : l’enfant en école maternelle ou primaire ne pourrait pas utiliser pleinement son entendement (ce contre quoi se battent les organismes <a title="Association américaine" href="http://www.teachingchildrenphilosophy.org/wiki/Main_Page" target="_blank" rel="noopener">Philosophy for Children</a> ou le <a title="Groupe de Recherche en Épistémologie Politique et Historique" href="http://greph.univ-lyon2.fr/" target="_blank" rel="noopener">GREPH</a>) et l’adulte, comme le disait <a title="Biographie de Platon" href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Platon" target="_blank" rel="noopener">Platon</a> dans <a title="Platon, Gorgias" href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Gorgias_%28Platon%29" target="_blank" rel="noopener"><em>Gorgias</em></a>, se rendrait ridicule s’il continue à philosopher.<br /></span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;">Deux poètes et chanteurs viennent illustrer la fin d</span><span style="font-size: small;">u débat de ce soir. <a title="Vingt ans" href="http://cafephilosophique-montargis.hautetfort.com/archive/2011/07/22/leo-ferre-vingt-ans.html" target="_blank" rel="noopener">Léo Ferré</a> d'abord :</span></p><blockquote><p style="text-align: justify;"><em><span style="font-size: small;">Pour tout bagage on a vingt ans</span></em><br /><em><span style="font-size: small;">On a des réserv's de printemps</span></em><br /><em><span style="font-size: small;">Qu'on jett'rait comm' des miett's de pain</span></em><br /><em><span style="font-size: small;">A des oiseaux sur le chemin</span></em><br /><em><span style="font-size: small;">Quand on aim' c'est jusqu'à la mort</span></em><br /><em><span style="font-size: small;">On meurt souvent et puis l'on sort</span></em><br /><em><span style="font-size: small;">On va griller un' cigarette</span></em><br /><em><span style="font-size: small;">L'amour ça s'prend et puis ça s'jette.</span></em></p></blockquote><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;"><a title="Brassens" href="http://cafephilosophique-montargis.hautetfort.com/archive/2011/07/23/georges-brassens-le-temps-ne-fait-rien-a-l-affaire.html" target="_blank" rel="noopener">Georges Brassens</a> ensuite :</span></p><blockquote><p style="text-align: justify;"><em><span style="font-size: small;">Quand ils sont tout neufs</span></em><br /><em><span style="font-size: small;"> Qu'ils sortent de l'œuf</span></em><br /><em><span style="font-size: small;"> Du cocon</span></em><br /><em><span style="font-size: small;"> Tous les jeunes blancs-becs</span></em><br /><em><span style="font-size: small;"> Prennent les vieux mecs</span></em><br /><em><span style="font-size: small;"> Pour des cons</span></em><br /><em><span style="font-size: small;"> Quand ils sont d'venus</span></em><br /><em><span style="font-size: small;"> Des têtes chenues</span></em><br /><em><span style="font-size: small;"> Des grisons</span></em><br /><em><span style="font-size: small;"> Tous les vieux fourneaux</span></em><br /><em><span style="font-size: small;"> Prennent les jeunots</span></em><br /><em><span style="font-size: small;"> Pour des cons...</span></em><br /><em><span style="font-size: small;"> Moi, qui balance entre deux âges</span></em><br /><em><span style="font-size: small;"> J'leur adresse à tous un message</span></em><br /><br /><em><span style="font-size: small;"> Le temps ne fait rien à l'affaire</span></em><br /><em><span style="font-size: small;"> Quand on est con, on est con</span></em><br /><em><span style="font-size: small;"> Qu'on ait vingt ans, qu'on soit grand-père</span></em><br /><em><span style="font-size: small;"> Quand on est con, on est con</span></em><br /><em><span style="font-size: small;"> Entre vous, plus de controverses</span></em><br /><em><span style="font-size: small;"> Cons caducs ou cons débutants</span></em><br /><em><span style="font-size: small;"> Petits cons d'la dernière averse</span></em><br /><em><span style="font-size: small;"> Vieux cons des neiges d'antan.</span></em></p></blockquote><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;">Claire conclut ce débat par une invite à ce que les adultes continuent à garder leur âme d’enfant et que les jeunes les aident à ne pas devenir de "vieux cons" ! </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="color: #ff00ff;"><strong><span style="font-size: small;">La séance se poursuit par un blind test :</span></strong></span></p><blockquote><p style="text-align: justify;">- <span style="font-size: small;">Qui a écrit : "L'adolescent est l'être qui blâme, qui s'indigne, qui méprise." <span style="color: #ff00ff;">Réponse</span> : <a title="Alain" href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Alain_%28philosophe%29" target="_blank" rel="noopener"><span style="color: #ffff00;"><strong>Alain</strong></span></a></span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;">- Quel écrivain et philosophe français fait débuter son roman <em>Justine</em> à Montargis ? <span style="color: #ff00ff;">Réponse</span> : <a title="Sade" href="http://www.sade-ecrivain.com/" target="_blank" rel="noopener"><strong><span style="color: #ffff00;">le Marquis de Sade</span></strong></a></span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;">- Quel philosophe français auteur de l’<em>Anti-Oedipe</em>, a enseigné au lycée Pothier d'Orléans ? <span style="color: #ff00ff;">Réponse</span> : <a title="Deleuze" href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Gilles_Deleuze" target="_blank" rel="noopener"><strong><span style="color: #ffff00;">Gilles Deleuze </span></strong></a></span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;">- Qui a dit : "La psychanalyse est un remède contre l'ignorance. Elle est sans effet sur la connerie." <span style="color: #ff00ff;">Réponse</span> : <a title="Lacan" href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Jacques_Lacan" target="_blank" rel="noopener"><strong><span style="color: #ffff00;">Jacques Lacan</span></strong></a></span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;">- Qui a dit : "Quand j'étais jeune, on me disait : Vous verrez quand vous aurez cinquante ans. J'ai cinquante ans, et je n'ai rien vu." <span style="color: #ff00ff;">Réponse</span> : <a title="Satie" href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Erik_Satie" target="_blank" rel="noopener"><span style="color: #ffff00;"><strong>Erik Satie</strong></span></a></span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;">- Qui a publié "Le chemin de l’espérance, aux actes citoyens !" ? <span style="color: #ff00ff;">Réponse</span> : <a title="Livre" href="http://cafephilosophique-montargis.hautetfort.com/archive/2011/05/25/hessel-et-morin-a-quatre-mains.html" target="_blank" rel="noopener"><span style="color: #ffff00;"><strong>Morin-Hessel</strong></span></a></span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;">- Qui a dit : "La première maxime [penser par soi-même] est la maxime de la pensée sans préjugés (...) celle d'une raison qui n'est jamais passive" ? </span><span style="font-size: small;"><span style="color: #ff00ff;">Réponse</span> : <a title="Kant" href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Emmanuel_Kant" target="_self"><span style="color: #ffff00;"><strong>Kant</strong></span></a><br /></span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;">- Pour qui ne pas philosopher "c’est avoir les yeux fermés sans jamais chercher à les ouvrir" ? <span style="color: #ff00ff;">Réponse</span> : <a title="Descartes" href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Ren%C3%A9_Descartes" target="_blank" rel="noopener"><span style="color: #ffff00;"><strong>Descartes</strong></span></a></span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;">- Qui a chanté "Jeune et con" <span style="color: #ff00ff;">Réponse</span> : <a title="Saez" href="http://cafephilosophique-montargis.hautetfort.com/archive/2011/07/23/saez-jeune-et-con.html" target="_blank" rel="noopener"><strong><span style="color: #ffff00;">Damien Saez</span></strong></a></span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;">- Qui a été à l’honneur au café philo de décembre dernier. <span style="color: #ff00ff;">Réponse</span> : <a title="Débat" href="http://cafephilosophique-montargis.hautetfort.com/le-pere-noel-est-il-un-imposteur/" target="_blank" rel="noopener"><span style="color: #ffff00;"><strong>Le Père Noël</strong></span></a></span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;">- Question supplémentaire : combien y a-t-il eu de cafés philosophiques depuis le début ? <span style="color: #ff00ff;">Réponse</span> : <span style="color: #ffff00;"><strong>16</strong></span></span></p></blockquote><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;">La gagnante repart avec le <em>Dico de la Philo</em> de Christophe Verselle. Félicitations à Isabelle.<br /></span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;">Un vote a enfin lieu pour définir le thème du prochain débat le vendredi 30 septembre à 18H30. Le choix se porte sur ce sujet : "<strong><span style="color: #ffff00;">La vie n’est-elle qu’une suite de hasards ?</span></strong>".</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;">Claire et Bruno concluent cette soirée riche et animée par leurs chaleureux remerciements.</span></p>
Café philosophique de Montargishttp://cafephilosophique-montargis.hautetfort.com/about.htmlCOMPTE-RENDU DE LA DERNIÈRE SÉANCEtag:cafephilosophique-montargis.hautetfort.com,2011-02-26:31208182011-02-26T09:11:00+01:002011-02-26T09:11:00+01:00 Sujet : "L’art : à quoi ça sert ?" Date :...
<p class="MsoNormal" style="text-align: justify;"><strong><span style="font-size: small;"><span style="color: #ff00ff;">Sujet :</span> <span style="color: #ffff00;">"L’art : à quoi ça sert ?"</span></span></strong></p><p class="MsoNormal" style="text-align: justify;"><span style="color: #ff00ff;"><strong><span style="font-size: small;">Date : vendredi 18 février 2011</span></strong></span></p><p class="MsoNormal" style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;">Environ vingt personnes étaient présentes pour ce 12<sup>ème</sup> café philosophique de Montargis consacré à l'art, thème choisi par les participants de la séance précédente.</span></p><p class="MsoNormal" style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;">Une fois n’est pas coutume, Bruno propose d’entamer ce café philosophique, non par une problématisation, mais par une question directe aux personnes présentes : s’adressant aux participants et en particulier aux éventuels artistes présents, il demande quelle est selon eux leur vision de l’art et de son utilité. Une personne (un artiste plasticien) réagit en premier en posant d’emblée l’art comme quelque chose de finalement inutile mais également comme la manifestation de techniques à visée esthétique, obéissant à certaines normes. Il apparaît, dit un autre artiste, que la création artistique, même dans sa fonction la plus minimaliste (les monochromes d’<a title="Biographie d'Yves Klein" href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Yves_Klein" target="_blank" rel="noopener">Yves Klein</a> par exemple, <em>cf. illustration ci-contre</em>), résulte de gestes précis et pensés qui, s’ils n’ont pas d’objectif concret, entendent aboutir à des créations esthétiques originales et uniques. Ce qui revient à dire que si chacun peut fondamentalement devenir artiste (et s’autoproclamer artiste à la face du monde !), encore faut-il maîtriser pleinement ces gestes : certes, </span><span style="font-size: small;"><a title="Biographie d'Yves Klein" href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Yves_Klein" target="_blank" rel="noopener">Yves Klein</a></span><span style="font-size: small;"> a créé de simples toiles bleues mais pour y arriver, il a dû patiemment œuvrer à mettre au point le pigment de son célèbre bleu (IKB pour International <em><span style="font-style: normal;">Klein</span></em> Blue<em> </em>)…</span></p><p class="MsoNormal" style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;">L’art est une activité humaine, alliant la plus grande vanité (car l’inutilité d’un tableau de <a title="Biographie de Picasso" href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Pablo_Picasso" target="_blank" rel="noopener">Picasso </a>est patente !) à l’utilisation de "normes" très précises. L’art, ajoute Claire, est à distinguer de l’artisanat. Au XVIIIe siècle, on commence à, distinguer ces deux termes, dans le sens où l’art se distingue de l’artisanat par sa recherche de l’innovation et de la singularité (alors que l’artisanat vise la fabrication d’objets manufacturés).</span></p><p class="MsoNormal" style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;">Il est remarquable, ajoute Bruno, que ces normes, considérées comme l’alpha et l’oméga de la civilisation occidentale depuis des siècles, aient explosé au cours du XXème siècle. Mieux, aujourd’hui un objet d’art ne se conçoit pas autrement que comme une course à la nouveauté et à la transgression (<a title="Biographie de Marcel Duchamp" href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Marcel_Duchamp" target="_blank" rel="noopener">Marcel Duchamp</a> par exemple). De plus, un assistant ajoute que l’art s’est largement ouvert à des domaines longtemps tenues comme étrangères (grottes préhistoriques, arts premiers et populaires, art brut ou naïf, folklores médiévaux, etc.).</span></p><p style="margin-bottom: 0.0001pt; text-align: justify;"><span style="font-size: small;">La création d'œuvre à valeur esthétique, résume Claire, semble ne répondre à aucun besoin, elle n'est aucunement vitale. D'ailleurs, l'une des participants affirme que certains hommes n'ont jamais accès à l'art faute de temps, et surtout de moyens. Dès lors, l'art est superflu. D’ailleurs, <a title="Biographie de Platon" href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Platon" target="_blank" rel="noopener">Platon</a> le premier s’est montré critique envers les objets d’arts, ne visant pour lui qu’à la séduction des sens (au contraire de la philosophie). </span></p><p style="margin-bottom: 0.0001pt; text-align: justify;"><span style="font-size: small;">Pourtant, on trouve de l'art à partir du moment où il y a de l'humain sur terre, et plus particulièrement une société. Si tous les individus d'une société ne sont pas forcément artistes ou amateurs d'art, il demeure que ce dernier semble omniprésent dans le social. Il apparaît donc que l'art est vecteur de culture, signe d'une civilisation. C'est ainsi que <a title="Biographie de Hegel" href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Georg_Wilhelm_Friedrich_Hegel" target="_blank" rel="noopener">Hegel</a>, dans son <em>Esthétique, </em>affirme que là où il y a de l'art, il y a expression d'une vision de l'homme, engagement dans une définition consensuelle. L'œuvre d'art est alors expression de soi mais aussi de sa culture. </span></p><p style="margin-bottom: 0.0001pt; text-align: justify;"><span style="font-size: small;">L</span><span style="font-size: small;">’art peut être un marqueur social, voire un signe extérieur de richesse : on peut devenir mécène, fréquenter salons, vernissages d’exposition ou concerts pour se montrer et pour montrer son appartenance social. Dans cette mesure, l'artiste cherche à s'exprimer dans son art et l'œuvre possède une fonction sociale de rassemblement. Ne fait-elle pas partie intégrante des devoirs de nombre d’États de promouvoir l’art et la culture (moins de 1 %, il est vrai, dans le budget national mais beaucoup plus au niveau des régions) ? </span></p><p style="margin-bottom: 0.0001pt; text-align: justify;"><span style="font-size: small;">Une participante met en avant un aspect négligé de le l’art : sa fonction thérapeutique. Il </span><span style="font-size: small;">apparaît qu’alors que les hôpitaux psychiatriques étaient qualifiés de "maisons de fous", l’art servait d’exutoire sinon de moyen d’expressions pour des malades démunis : "certaines œuvres de ces malades de l’Hôpital Sainte-Anne peuvent être considérées comme de véritables œuvres" (sur l'art naïf, <a title="Art naïf" href="http://www.midan.org/home.php?page=Museum" target="_blank" rel="noopener">cliquez ici</a>).</span></p><p style="margin-bottom: 0.0001pt; text-align: justify;"><span style="font-size: small;">Autre aspect "utile" de l’art, beaucoup plus "trivial" : son rapport avec l’argent et la marchandisation des créations, qu’elles soient contemporaines ou classiques (le meilleur exemple pourrait être <a title="Biographie de Jeff Koons" href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Jeff_Koons" target="_blank" rel="noopener">Jeff Koons</a> par exemple, <em>cf. illustration ci-dessous</em>). L’art devient objet de pure spéculation et placé sur un même plan d’égalité que des actions boursières ou des placements immobiliers. Cette marchandisation peut du reste s’avérer incontournable pour certains modes d’expression comme le cinéma. D’ailleurs, ajoute un participant introduit dans ce milieu, aucun réalisateur ne se satisfait du budget qui lui est alloué, aussi conséquent soit-il ! Par contre, le cinéma, art immédiat et grand public, peut apparaître plus éphémère qu’un musée. </span></p><p style="margin-bottom: 0.0001pt; text-align: justify;"><span style="font-size: small;">Mais l'art est aussi, voire surtout, rappelle un participant, la quête d'un idéal esthétique, du "Beau" au sens très large du terme. Alors, l'œuvre est dépassement de cette immédiateté primitive à la nature qui caractérise l'homme à sa naissance. Elle est, davantage que le besoin, expression d'un désir. Un des participants affirme que l'art est donc bien plus qu'un objet superflu dans nos vies. Il est marque, trace de ma culture, c'est-à-dire de ce qui me distingue de la nature. Il est ainsi œuvre humaine qui, par sa quête du beau, est sublimation de la matière. L'œuvre d'art est transcendance de la nature, elle est création d'une humanité.</span></p><p style="margin-bottom: 0.0001pt; text-align: justify;"><span style="font-size: small;"><a title="Biographie de Pollock" href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Jackson_Pollock" target="_blank" rel="noopener">Jackson Pollock</a> dit que l'œuvre est une trace. C'est dans ce sens que l'un des participants affirme que l'art est une façon de ne pas mourir. Non pas tant pour se faire immortel dans notre singularité mais bien plus, pour créer un pont entre l'homme et la nature.</span></p><p style="margin-bottom: 0.0001pt; text-align: justify;"><span style="font-size: small;">L'œuvre est un monde, un monde humain. Elle est création de beauté, création de valeur voire de moralité.</span></p><p style="margin-bottom: 0.0001pt; text-align: justify;"><span style="font-size: small;">Claire rappelle que <a title="Biographie de Victor Hugo" href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Victor_Hugo" target="_blank" rel="noopener">Victor Hugo</a> avoue que <em>Les Châtiments</em> ont été son arme la plus efficace contre Napoléon III. Dans ce sens, l'existence même de l'organe de censure dans une société, laisse entendre que l'art possède une efficacité pratique. Un participant abonde dans ce sens en prenant l’exemple du réalisateur argentin Pablo Trapero dont les films engagés ont entraîné des avancées dans la législation de son pays (<a href="http://www.lemonde.fr/cinema/article/2011/02/01/les-films-de-pablo-trapero-ont-un-impact-sur-la-societe-en-argentine_1473549_3476.html">Pour en savoir plus, cliquez sur ce lien</a>). </span></p><p style="margin-bottom: 0.0001pt; text-align: justify;"><span style="font-size: small;">Cela signifie sans doute que l'art est aussi un "maître à penser". Un guide. <a title="Biographie de Bergson" href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Henri_Bergson" target="_blank" rel="noopener">Henri Bergson</a> affirme ainsi que les artistes sont doués, qu'ils possèdent une forme d'inspiration qui les placent au-dessus du commun des mortels. Les « inspirés » disait <a title="Biographie de Socrate" href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Socrate" target="_blank" rel="noopener">Socrate</a> sont en lien avec les dieux.</span></p><p style="margin-bottom: 0.0001pt; text-align: justify;"><span style="font-size: small;">C'est sur ces propos et vers 20H que nous concluons cette séance en refusant l'absence de finalité et de fonction à l'art.</span></p><p style="margin-bottom: 0.0001pt; text-align: justify;"><span style="font-size: small;">Bien au contraire, il semblerait que l'art nous pousse à lever la tête, à nous dépasser. C'est dans le dépassement de soi, affirmait <a title="Biographie de Kant" href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Emmanuel_Kant" target="_blank" rel="noopener">Emmanuel Kant</a>, que l'homme trouve sa qualité d'homme, à savoir de toujours s'élever.</span></p><p style="margin-bottom: 0.0001pt; text-align: justify;"><span style="font-size: small;">L'art est donc éducation !</span></p><p style="margin-bottom: 0.0001pt; text-align: justify;"><span style="font-size: small;"><span style="color: #ffff00;">Prochaine séance le vendredi 1<sup>er</sup> avril pour un café philo spécial</span>.</span></p>
Café philosophique de Montargishttp://cafephilosophique-montargis.hautetfort.com/about.htmlCOMPTE-RENDU DE LA DERNIÈRE SÉANCE SUR LE PÈRE NOËLtag:cafephilosophique-montargis.hautetfort.com,2010-12-30:30459362010-12-30T12:36:00+01:002010-12-30T12:36:00+01:00 Thème du débat : "Le Père Noël est-il un imposteur ?"...
<p style="text-align: justify;"><strong style="font-size: small;">Thème du débat : </strong><span style="font-size: small;"><strong><strong><strong><strong><strong><span style="color: #ffff00;">"Le Père Noël est-il un imposteur ?"</span></strong></strong></strong></strong></strong></span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;"><strong>Date : <span style="color: #ffff00;">17 décembre 2010 à la Brasserie du centre commercial de la Chaussée.</span></strong></span></p><p>E<span style="font-size: small;">nviron 25 personnes étaient présentes pour cette séance intitulée "<strong><span style="color: #ffff00;">Le Père Noël est-il un imposteur ?</span></strong>", un café philosophique "spécial fêtes de fin d'année". </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;">Le thème choisi est un clin d’œil à cette période de fin d’année unanimement célébrée comme un moment de fête, de rencontres et, pour nombre de croyants chrétiens, de commémoration d’un événement religieux. Mais est-ce si évident ? demande Claire. Et d’abord, qu’est-ce qui se cache derrière Noël et le Père Noël ?</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;">Bruno commence par faire une brève histoire du 25 décembre, dont la fixation comme date marquant la naissance du Christ, est loin d’être simple ni non plus évidente : pendant les premiers siècles, non seulement on ne célébrait pas la date de naissance de Jésus mais en plus cette date, même approximative, est inconnue. Théologiquement, il n’y avait d’ailleurs aucun intérêt particulier à la connaître. Il est même probable que ce Jésus ne soit même pas né en hiver car, nous disent les <em>Évangiles</em>, il est né dans une étable vide (donc sans animaux, partis sans doute en transhumance, soit approximativement du mois de mars à la fin octobre)… </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;">Cette fixation de Noël date de 326. On la doit à l’initiative de l’empereur <a title="Biographie de Constantin" href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Constantin_Ier_%28empereur_romain%29" target="_blank" rel="noopener">Constantin</a> qui n’était pas, contrairement à ce que l’on croit, le premier empereur chrétien puisqu’il ne s’est fait baptiser que sur son lit de mort. En réalité, il a été pendant tout son magistère un souverain dans la droite ligne de la religion traditionnelle romaine (païenne). Par contre, il a été soucieux d’instaurer une réconciliation entre chrétiens et non chrétiens après des siècles de persécutions. La fixation de Noël comme date anniversaire est un symbole fort : le 25 décembre a été choisi car elle correspondait à une fête païenne populaire, celle du <a title="Sol Invictus" href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Sol_Invictus_%28religion%29" target="_blank" rel="noopener">Sol Invictus</a>. Cette fête vient de Perse (actuelle Iran) et a été ramenée par les soldats romains au cours du Ier siècle ap. JC. Le 25 décembre, on célébrait la naissance de <a title="Mithra" href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Mithra" target="_blank" rel="noopener">Mithra</a>, dieu solaire né après le solstice d’hiver dans une grotte et dont la mère… était une vierge (tout comme la mère de Jésus, selon les croyances chrétiennes). On a par la suite confondu cette célébration de </span><span style="font-size: small;"><a title="Mithra" href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Mithra" target="_blank" rel="noopener">Mithra</a></span><span style="font-size: small;"> avec une autre divinité, syrienne celle-là, le Soleil Invaincu (ou </span><span style="font-size: small;"><a title="Sol Invictus" href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Sol_Invictus_%28religion%29" target="_blank" rel="noopener">Sol Invictus</a></span><span style="font-size: small;">). Comme le remarque une participante, Noël a donc été une fête qui s’est substituée (plus précisément "juxtaposée" précise Bruno) à une fête païenne.</span> <a href="http://cafephilosophique-montargis.hautetfort.com/archive/2010/12/15/une-histoire-du-25-decembre-l-invention-de-noel.html" target="_blank" rel="noopener"><span style="font-size: small;">Pour avoir plus d’informations sur cette histoire du 25 décembre sur ce lien.</span></a></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;">S’agissant du Père Noël, Claire avoue qu’en préparant ce café philosophique elle est allée de surprise en surprise en découvrant la complexité de ce personnage archiconnu, et sans doute le dernier "dieu magique" de notre civilisation. <a href="http://cafephilosophique-montargis.hautetfort.com/archive/2010/12/17/histoires-de-pere-noel1.html" target="_blank" rel="noopener">Plus d’informations sur l’histoire mouvementée du Père Noël cliquez sur ce lien</a>. </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;">Pour comprendre ce bon vieux Père Noël, il convient de faire un peu d’ethnologie, grâce à <a title="Biographie de Claude Lévi-Strauss" href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Claude_L%C3%A9vi-Strauss" target="_blank" rel="noopener">Claude Lévi-Strauss</a>, qui l’a étudié suite à un fait divers insolite survenu à Dijon le 24 décembre 1951. À l’époque, pour protester contre un personnage jugé "païen", l’archevêque de l’époque décide de brûler publiquement un mannequin du Père Noël en place publique. Bruno précise que début novembre, les actualités internationales ont été témoins d’un fait divers analogue, un archevêque argentin ayant proclamé devant ses ouailles (y compris devant des enfants !) "la non-existence du Père Noël"… <a href="http://www.zigonet.com/p%e8re-no%ebl/en-pleine-messe-des-enfants-apprennent-que-le-pere-noel-n-039-existe-pas_art18237.html" target="_blank" rel="noopener">cf. cette brève d’actualité</a>.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;">L’archevêque avait-il en tête une idée plus politique ? Il ne fait pas oublier qu'au lendemain de la seconde guerre mondiale, l'Europe voir sur son territoire la domination pacifique mais néanmoins outrageante des États-Unis. Le Père Noël apparaît comme une "créature américaine", héritée du Santa Clauss ou s. Nicolas. Elle est née au milieu du XIXème siècle et est devenue populaire au cours des années 30 grâce à l’essor de la publicité : la dominante rouge du costume du Père Noël ne vient-il pas de publicités imprimées de la firme Coca-Cola, soucieuse de donner envie aux petits Américains (et plus tard les Européens) de boire leur célébrissime boisson pendant l’hiver et non pas seulement en été ? Certes, ajoute Claire, cette explication relativement connue est séduisante ; pour autant, n’oublions pas que rien n’est simple s’agissant du Père Noël : son costume vient autant du fameux Coke que d’une lointaine tradition d’un s. Nicolas portant le costume pourpre, couleur symbolique du pouvoir royal ou impérial. Voilà qui fait du Père Noël un souverain beaucoup moins bienveillant que l'imagerie traditionnelle ! De la même manière, ajoute Bruno, les traditions et coutumes entourant Noël ont une histoire riche et compliquée (on l’a vu avec l’histoire du 25 décembre) : la bûche, symbole de vie éternelle, devait brûler toute la nuit et était un symbole de vie éternelle ; les guirlandes sont une tradition romaine (on se déguisait le 25 décembre lors des Saturnales, en l’honneur du Sol Invictus)... </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;">Mieux, Claude Lévi-Strauss, ajoute Bruno en citant des passages de l’article du célèbre ethnologue, voit dans la figure du "très occidental" Père Noël, popularisé pendant la période du Plan Marshall, une figure non seulement beaucoup plus ancienne mais aussi beaucoup plus lointaine : la tribu des Pueblos en Amérique du sud célèbre les kachinas, personnages mythiques chargés de récompenser les enfants et qui sont finalement, ajoute l’auteur de <em>Tristes Tropiques</em>, en charge de l’initiation des jeunes pour le passage à l’âge adulte : "O<em>n voit tout de suite que la croyance au Père Noël n’est pas seulement une mystification infligée plaisamment par les adultes aux enfants ; c'est, dans une très large mesure, le résultat d'une transaction fort onéreuse entre les deux générations."</em> <a href="http://agoras.typepad.fr/regard_eloigne/2009/12/en-1952-cl-levi-strauss-publiait-un-texte-dans-les-temps-modernesle-p%C3%A8re-no%C3%ABl-supplici%C3%A9ce-texte-est-moins-connu-puisqu.html" target="_blank" rel="noopener">Plus d'informations sur l'étude de Lévi-Strauss ici</a>.<br /></span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;">Le Père Noël est au diapason, pour ne pas dire au croisement de ces traditions multiséculaires dont l’origine reste souvent pour la plupart obscure. </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;">Alors, pourquoi croire au Père Noël, personnage imaginaire et magique venant chaque année à date fixe récompenser les bons enfants ? Et d’abord, s'interroge Claire, n’est-ce pas terrible de cultiver le mensonge de cette croyance irrationnelle, "raconter des histoires" à seule fin d’encourager nos progénitures à se tenir sage ? Pour cela, on utiliserait un artifice astucieux et imparable : un bonhomme imaginaire à qui on ne peut rien cacher et qui viendrait récompenser ceux qui le méritent (les kachinas ne sont plus très loin). Y a-t-il une morale dans cette croyance ?</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;">La réponse de nombre de participants est que cette croyance, pour amorale qu’elle soit, participe à une sorte de "magie de Noël", des souvenirs que beaucoup ont eu - voire construisent de toute pièce ! - lorsqu’ils étaient enfant. Cet imaginaire construit en quelque sorte les adultes en devenir. Le Père Noël serait-il, comme pour les indiens Pueblo un personnage initiatique ? Sont échangés au cours de ce café philo des souvenirs de Noël qui montrent toute l’importance du Père Noël, même si – et chacun le regrette – Noël apparaît comme une fête commerciale jusqu’à l’excès !</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;">Cet aspect très moderne et aussi le fait que Noël reste un événement toujours très marqué du sceau du christianisme pourrait entraîner une certaine désaffection, même minoritaire, de cette fête. Or, il n’en est rien : non seulement, tel un tabou, cette célébration reste plébiscitée mais en plus, ajoute une personne de l’assistance, celui ou celle qui, volontairement, refuserait de changer ses habitudes le 25 décembre peut difficilement s’empêcher de marquer le coup à cette période de l’année, même si c’est un 22 ou un 23 décembre : le symbole est donc toujours là !</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;">Une personne suggère que l’importance que l’on accorde à cette date vient du solstice d’hiver, de cette fête ancestrale célébrée à l’occasion du Sol Invictus : à partir du 24 décembre, les hommes célèbreraient le rallongement des jours et "le passage des ténèbres à la Lumière" (un symbole puissant récupéré par les Pères de l’Église pour parler de la naissance de Jésus). Ne serait-on pas sensible à cette importance de l’année ?</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;">Finalement, l’homme du XXIe siècle n’est-il pas toujours modelé inconsciemment par des croyances anciennes ? </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;">Bruno revient sur ce fait-divers de 1951 au cours duquel un ecclésiastique avait brûlé un mannequin de cet "imposteur de Père Noël" : en le brûlant, paradoxalement, il a fait renaître une autre divinité… païenne : Saturne. Celui-ci, un autre ancêtre de notre bon vieux Père Noël voyait en effet son effigie solennellement sacrifiée. Lévi Strauss commente ainsi : "<em>grâce à l'autodafé de Dijon, voici donc le héros reconstitué avec tous ses caractères, et ce n'est pas le moindre paradoxe de cette singulière affaire qu'en voulant mettre fin au Père Noël, les ecclésiastiques dijonnais n'aient fait que restaurer dans sa plénitude, après une éclipse de quelques millénaires, une figure rituelle dont ils se sont ainsi chargés, sous prétexte de la détruire, de prouver eux-mêmes la pérennité."</em></span></p><p style="text-align: justify;"><span style="color: #ffff00;"><strong><span style="font-size: small;">Le Blind-test du café philo</span></strong></span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;">La dernière partie du café philosophique consistait en un blind-test, spécial philosophie (bien sûr !). Voici les questions et les réponses de ce jeu-concours : </span></p><blockquote><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;">1. Quel philosophe est l’auteur de cette phrase "Je pense donc je suis" ? <strong><span style="color: #ff00ff;">Réponse </span></strong>: <a title="Cogito ergo sum" href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Cogito_ergo_sum" target="_blank" rel="noopener"><span style="color: #ffff00;">René Descartes</span></a></span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;">2. Quel penseur français a écrit <em>Les Provinciales</em> ? <strong><span style="color: #ff00ff;">Réponse </span></strong>: <a title="Les Provinciales" href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Les_Provinciales" target="_blank" rel="noopener"><span style="color: #ffff00;">Blaise Pascal</span></a></span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;">3. Qui a ordonné à l’être humain de penser par lui-même et a, par là, prôné la philosophie des Lumières ? <span style="color: #ff00ff;"><strong>Réponse </strong></span>: <a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Emmanuel_Kant" target="_blank" rel="noopener"><span style="color: #ffff00;">Emmanuel Kant</span></a></span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;">4. Un compositeur français a transcrit en musique de larges extraits de Platon dans l’œuvre lyrique Socrate. Quel est ce compositeur ? <strong><span style="color: #ff00ff;">Réponse </span></strong>: <a title="Socrate de Satie" href="http://www.music-story.com/erik-satie/erik-satie-oeuvres-pour-piano" target="_blank" rel="noopener"><span style="color: #ffff00;">Erik Satie</span></a></span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;">5. Quel philosophe français présente l’émission "Philosophie" sur Arte ? <span style="color: #ff00ff;"><strong>Réponse </strong></span>: <a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Rapha%C3%ABl_Enthoven" target="_blank" rel="noopener"><span style="color: #ffff00;">Raphaël Enthoven</span></a></span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;">6. Quelle est la seule sagesse de Socrate ? <strong><span style="color: #ff00ff;">Réponse </span></strong>: <a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Socrate" target="_blank" rel="noopener"><span style="color: #ffff00;">qu’il ne sait rien </span></a></span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;">7. D’après le philosophe anglais Hobbes, qu’est-ce que l’homme pour l’homme ? <strong><span style="color: #ff00ff;">Réponse </span></strong>: <a title="L'homme est un loup pour l'homme" href="http://www.oodoc.com/2669-hobbes-le-citoyen-ou-les-fondements-de-la-vie-politique.php" target="_blank" rel="noopener"><span style="color: #ffff00;">un loup</span></a></span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;">8. Selon Hegel, quel mouvement doit prendre la pensée pour se faire philosophie ? <strong><span style="color: #ff00ff;">Réponse </span></strong>: <a title="La dialectique" href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Dialectique" target="_blank" rel="noopener"><span style="color: #ffff00;">le mouvement dialectique</span></a></span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;">9. Qui a dit : "Rira bien qui rira le dernier" ? <span style="color: #ff00ff;"><strong>Réponse </strong></span>: <a title="Téléchargez le Crépuscule des Idoles" href="http://www.laphilosophie.fr/telechargement.php?id=361" target="_blank" rel="noopener"><span style="color: #ffff00;">Friedrich Wilhelm Nietzsche</span></a></span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;">10. Dans le roman<em> Le Nom de la Rose</em> d'Umberto Eco quel philosophe est au centre des crimes qui ensanglantent une abbaye médiévale ? <strong><span style="color: #ff00ff;">Réponse </span></strong>: <a title="Le Nom de la Rose" href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Le_Nom_de_la_rose" target="_blank" rel="noopener"><span style="color: #ffff00;">Aristote </span></a></span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;">11. Question subsidiaire : combien de cafés philosophiques ont eu lieu à Montargis ? (avec celui-ci) <span style="color: #ff00ff;"><strong>Réponse </strong></span>: <span style="color: #ffff00;">10</span></span></p></blockquote><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;">Un grand bravo au gagnant qui repart avec l’excellent essai de François Châtelet, <em>Une Histoire de la Raison</em>.<br /></span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;">Claire et Bruno concluent ce café philosophique par fixer <span style="color: #ffff00;"><strong>rendez-vous le vendredi 28 janvier 2011</strong></span>. Cette nouvelle séance portera sur un sujet que les participants proposent de laisser libre aux animateurs. </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;"> </span></p>
Café philosophique de Montargishttp://cafephilosophique-montargis.hautetfort.com/about.htmlCOMPTE-RENDU DE LA DERNIÈRE SÉANCEtag:cafephilosophique-montargis.hautetfort.com,2010-11-06:29756782010-11-06T22:12:00+01:002010-11-06T22:12:00+01:00 Sujet : Cela a-t-il encore un sens de philosopher de nos jours ?...
<p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;"><span style="color: #ff00ff;"><strong>Sujet :</strong></span> <span style="color: #ffff00;"><strong>Cela a-t-il encore un sens de philosopher de nos jours ? </strong></span></span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;">Environ 20 personnes étaient présentes pour ce premier café philosophique de cette deuxième saison (et huitième en tout). Cette séance inaugure de nouveaux horaires : les cafés philos, toujours accueillis à la <span style="color: #ffff00;">brasserie du centre commercial de la Chaussée</span>, auront dorénavant lieu pour des raisons pratiques <span style="color: #ffff00;">le vendredi soir à 18H30</span> (au lieu du samedi). Claire précise que ces rencontres gardent le même objectif que ceux de la première saison : faire de ces animations des lieux et des moments ouverts aux discussions sur des sujets que les participants choisissent. En aucun cas il ne s’agit de cours de philosophie ! </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;">Il paraissait intéressant pour cette première séance de réfléchir à la place de la philosophie de nos jours et, par là, de l’utilité des cafés philosophiques... </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;">Pour cette première séance, une fois n’est pas coutume (et gageons que cela se reproduira avec d’autres personnes par la suite), ce n’est pas Claire qui lance et problématise le sujet mais Bruno. </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;">Quand on parle du sens de l’acte de philosopher, dit-il, il faut bien se demander quelle est la direction et l’objectif que l’on veut demander à cette activité. Et d’abord, qu’est-ce que philosopher ? Le mot « philosophie », activité véritablement née en Grèce, vient de la langue grecque, justement. Son étymologie vient de <em>philo</em> (« l’amour ») et <em>sophia</em> (« sagesse »). Or, <a title="Biographie de Pythagore" href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Pythagore" target="_blank" rel="noopener">Pythagore</a>, l’un des premiers véritables « philosophes », considère que parvenir à la sagesse est impossible pour l’homme : pour lui, seuls les dieux ont cette sagesse et les hommes ne peuvent que tenter de s’en approcher. Finalement, cette vanité de l’acte de philosopher est inscrite dans les gènes de la philosophie. D’ailleurs, la question de l’utilité de la philosophie est aussi vieille que la philosophie elle-même. Ainsi, dans <em>Les Nuées</em> de l’écrivain et homme de théâtre <a title="Biographie d'Aristophane" href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Aristophane" target="_blank" rel="noopener">Aristophane</a>, ce dernier se montre corrosif à l’égard de <a title="Biographie de Socrate" href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Socrate" target="_blank" rel="noopener">Socrate</a> et des philosophes en particulier : ces derniers sont considérés comme inutiles à la Cité grecque, obnubilés (trop obnubilés ?) par des considérations loin des préoccupations quotidiennes : le philosophe serait dans les nuages, dans la lune, dans "les nuées"… <a title="Biographie de Platon" href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Platon" target="_blank" rel="noopener">Platon</a> reprend cette critique du philosophe, tout en la combattant. Dans <em>Gorgias</em>, Calliclès considère qu’il est bon qu’un jeune citoyen apprenne la philosophie et celui qui ne le ferait pas serait dans l’erreur. Par contre, un vieil homme qui s’y adonnerait serait ridicule. Plus près de nous, <a title="Biographie de Hegel" href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Georg_Wilhelm_Friedrich_Hegel" target="_blank" rel="noopener">Hegel</a>, dans <em>Leçons sur l’Histoire de la Philosophie</em>, ne cache pas sa vision « crépusculaire » de l’acte de philosopher : on ne philosophe, dit-il, que lorsque tous les besoins matériels sont assouvis, à la fin de la journée. La philosophie reste pour lui un acte de loisir (ce que dit également </span><span style="font-size: small;"><a title="Biographie de Platon" href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Platon" target="_blank" rel="noopener">Platon</a>). C’est également un acte crépusculaire dans le sens où les grands moments historiques sont des périodes de fin d’une époque : « <em>La science et la philosophie moderne parurent dans la vie européenne au XVe et au XVIe siècle quand fut ruinée la vie médiévale…</em> » </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;">Claire ajoute que justement cette étymologie en dit long sur la philosophie. En effet le grec <em>philein </em>se traduit par « aimer » certes, mais cet amour se distingue du </span><span style="font-size: small;">« </span><span style="font-size: small;">désir</span><span style="font-size: small;"> »</span><span style="font-size: small;"> (<em>eros</em>). La quête qui anime le philosophe n’a donc pas pour moteur un manque qu’il chercherait à combler (manque de recul, de connaissance, etc.) mais est d’abord guidée par un souci contemplatif. La philosophie est contemplative. Comme dit </span><span style="font-size: small;"><a title="Biographie de Hegel" href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Georg_Wilhelm_Friedrich_Hegel" target="_blank" rel="noopener">Hegel</a></span><span style="font-size: small;">« </span><span style="font-size: small;"><em>La chouette de Minerve ne prend son envol qu’à la tombée de la nuit </em>» et « <em>la philosophie ne peint que du gris sur du gris</em> ». La philosophie n’a donc jamais eu pour but de changer le monde, elle vient après la bataille. Le philosophe, dès lors, ne peut jamais anticiper mais simplement tirer des leçons et apprendre pour s’approcher, petit à petit, de la vérité ou de la morale. C’est ainsi un mouvement dialectique qui caractérise la pensée philosophique, mouvement qui remet en question (« <em>je ne sais qu’une chose que je ne sais rien</em> » dit </span><span style="font-size: small;"><a title="Biographie de Socrate" href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Socrate" target="_blank" rel="noopener">Socrate</a>) puis qui construit dans un souci positif. Dès lors, philosopher ce n’est pas simplement contempler mais c’est bien plutôt critiquer, au sens kantien du terme. La critique kantienne est en effet une remise en cause dans un souci de créer un moment positif à sa suite. Il faut donc distinguer la philosophie (l’ensemble des systèmes de pensées créées par les philosophes) et le philosopher (l’acte de réfléchir au sens littéral : de se réfléchir, tel un miroir, de se penser).</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;">Philosopher est donc avant tout une quête de sens. Et Gilles convient que cette quête fait de la philosophie un moment où l’on prend du recul sur soi, ses choix, sa vie. Dès lors, philosopher doit se pratiquer car l’homme n’est définit que par son rapport à soi. Etre homme c’est en effet être « pensée se pensant », c’est-à-dire être conscience. Tout le monde doit philosopher et tout le monde semble le faire. </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;">Toutefois, il semblerait qu’il y ait un clivage entre philosophie (considérée comme la « vraie ») et philosophie (« philosophie de vie » pratiquée par tout un chacun). En effet, comme le rappellent plusieurs participants, il apparaît que la philosophie soit rendue hermétique parce que destinée à une élite alors que les penseurs que l’on comprend, et donc qui sont aussi destinés au « petit peuple » que nous sommes, sont taxés de non-philosophes. Nous convenons que ce clivage est affaire d’orgueil. Sans doute que le philosophe doit mériter ses lettres de noblesse, mais beaucoup d’entre nous regrettent que ceux que l’on entend soient par là même - et même en conséquence - exilés du cercle des penseurs contemporains.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;">Bruno fait un aparté en parlant d'<a title="CSA - Marianne 2" href="http://www.csa-fr.com/dataset/data2010/opi20100616-l-influence-des-intellectuels-sur-l-opinion-publique.pdf" target="_blank" rel="noopener">un sondage publié par le magazine Marianne</a> au sujet de la notoriété et de l'infleunce des intellectuels sur l'opinion française. Il apparaît que ce sont les personnalités les plus médiatiques qui sont citées (Bernard-Henri Lévy, Elisabeth Badinter ou Jacques Attali). "Sondage un peu vain", commente un participant. En tout cas, ce sondage (certes peu représentatif), est l'occasion de se demander ce qui fait la "légitimité" d'un philosophe. Claire prend l'exemple de l'écrivain <a title="EES" href="http://www.eric-emmanuel-schmitt.com/Accueil-site-officiel.html" target="_blank" rel="noopener">Eric-Emmanuel Schmitt</a>, auteur de nombreux ouvrages de vulgarisation en rapport avec la philosophie (L<em>'Evangile selon Pilate</em> par exemple). N'est-ce pas emblématique de voir un tel auteur, agrégé de philosophie, être considéré par certains intellectuels comme un auteur populaire (donc) négligeable ? La philosophie devrait-elle se cantonner à une science réservée aux élites ? <br /></span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;">Dans cette lignée, reprend Claire, nous concluons sur la "presque mort" de la "philosophie" au sens classique du terme. Si nous autres petites gens, nous ne sommes pas bons à philosopher parce que nous ne lisons ni ne comprenons tout <a title="Biographie de Kant" href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Emmanuel_Kant" target="_blank" rel="noopener">Kant</a>, alors c’est que la philosophie va vite mourir. Finalement ce souci d’être destinée à une élite, car correspondant à la pensée pure, n’est-ce pas aller contre </span><span style="font-size: small;"><a title="Biographie de Socrate" href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Socrate" target="_blank" rel="noopener">Socrate</a></span><span style="font-size: small;"> et </span><span style="font-size: small;"><a title="Biographie de Platon" href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Platon" target="_blank" rel="noopener">Platon</a></span><span style="font-size: small;"> (premiers philosophes) ? </span><span style="font-size: small;"><a title="Biographie de Socrate" href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Socrate" target="_blank" rel="noopener">Socrate</a></span><span style="font-size: small;"> commence le philosopher dans la sagesse de son ignorance et Platon condamne le sophisme parce que pure rhétorique. Condamner un homme à être simple essayiste parce qu’il s’adresse à toute la population et ne crée pas un système de pensée avec des nouveaux concepts, des néologismes et des mots compliqués n’est-ce pas ne s’intéresser qu’à la rhétorique ?</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;">Contre cette mort, plusieurs d’entre nous affirment la construction d’une nouvelle philosophie, qui revient peut-être aux valeurs de </span><span style="font-size: small;"><a title="Biographie de Socrate" href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Socrate" target="_blank" rel="noopener">Socrate</a></span><span style="font-size: small;"> : celle qui consiste à essayer de réfléchir sur soi et le monde, de cultiver son propre jardin comme <a title="Biographie de Voltaire" href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Voltaire" target="_blank" rel="noopener">Voltaire</a> nous le demandait. Pour cela, l’homme semble devoir s’inscrire dans un dialogue, avec lui-même certes, mais aussi avec autrui. Sans tomber dans un pathos qui n’aurait aucun sens ici, quelques participants concluent au sens du philosopher aujourd’hui : il se veut échange et partage d’une pensée qui se construit au fur et à mesure du dialogue et qui refuse le soliloque des publicitaires ou même des politiques. Philosopher c’est se confronter à l’altérité avant tout, ne pas en rester là ! Doit-on rappeler que le premier café philosophique est né en 1992 à Paris (<a title="Café philo des Phares" href="http://cafe-philo-des-phares.info/" target="_blank" rel="noopener">Café philo des Phares</a> à Paris, 12e) et qu’aujourd’hui on en compte une centaine dans toute la France ? Finalement, ajoute Daniel, l’objectif de tout philosophe ne serait-il pas de s’exprimer, de communiquer ? Bruno va dans ce sens et conclue les débats par une citation de Jean Toussaint Dessanti (dans un texte de présentation d’un livre de conversation de François Chatelet (1925-1985), <a title="Amazon" href="http://www.amazon.fr/Une-histoire-raison-Fran%C3%A7ois-Ch%C3%A2telet/dp/2020177455" target="_blank" rel="noopener"><em>Une Histoire de la Raison</em></a>) : « <em>Qu’est-ce que la philosophie en effet, sinon cet entêtement dans la dépense du penser qui rassemble, exprime et forme en partage, donnant ainsi toujours et sans répit "de quoi penser" à qui veut entendre ?</em> » </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;"> A 19h45, ce huitième café philosophique se termine sur le choix des sujets des futures séances. Il est décidé que le prochain thème mis sur le tapis sera celui de <span style="color: #ffff00;"><strong>l’engagement</strong></span>. Rendez-vous <strong><span style="color: #ffff00;">le vendredi 26 novembre à 18h30</span></strong>, à la brasserie du centre commercial de La Chaussée.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;"> </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;"><span style="color: #ffcc00;"><em>A noter que ce billet est le 100e de ce blog !</em></span><br /></span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;"> </span></p>
lafautearousseau royalistehttp://lafautearousseau.hautetfort.com/about.htmlSur le Blog d'Hilaire de Crémiers...tag:lafautearousseau.hautetfort.com,2010-08-10:28539232010-08-10T00:20:00+02:002010-08-10T00:20:00+02:00 Sous le titre Une bonne nouvelle (retour sur l’encyclique Spe salvi, de...
<p class="MsoNormal" style="line-height: 150%; text-indent: 35.45pt; margin: 0cm 0cm 0pt;">Sous le titre <em>Une bonne nouvelle (retour sur l’encyclique Spe salvi, de Benoît XVI),</em> le Blog d’Hilaire de Crémiers a publié hier le texte écrit au lendemain de la parution de l’encyclique. C’est peu de dire que ce texte est remarquable.</p><p class="MsoNormal" style="line-height: 150%; text-indent: 35.45pt; margin: 0cm 0cm 0pt;"> Nous en passons l’extrait suivant, en encourageant vivement à lire l’original, bien sûr, mais aussi à fréquenter régulièrement ce Blog, dont nous avons salué l’avènement sitôt qu’il a vu le jour : <strong>"Une chance, un gage de sérieux pour le royalisme... par la hauteur de ses vues et la pertinence de ses analyses..."</strong> écrivions-nous ici-même, en vous signalant la sortie de ce Blog. Ce nouvel article le confirme :</p><p class="MsoNormal" style="line-height: 150%; text-indent: 35.45pt; margin: 0cm 0cm 0pt;"> </p><p class="MsoNormal" style="line-height: 150%; text-indent: 35.45pt; margin: 0cm 0cm 0pt;"><a href="http://leblogdhilairedecremiers.hautetfort.com/" target="_blank">http://leblogdhilairedecremiers.hautetfort.com/</a></p><p class="MsoNormal" style="line-height: 150%; text-indent: 35.45pt; margin: 0cm 0cm 0pt;"> </p><div style="text-align: center;"><img id="media-2593849" style="margin: 0.7em 0px;" src="http://lafautearousseau.hautetfort.com/media/00/02/1770680751.jpg" alt="HILAIRE DE CREMIERS 2.jpg" width="336" height="346" name="media-2593849" /></div><p class="MsoNormal" style="line-height: 150%; text-indent: 35.45pt; margin: 0cm 0cm 0pt;"><strong><em>« …Les causes les plus certaines, d’après le pape, se trouvent dans une sorte de trilogie qui pourrait se ramener en son essentiel chronologique sous les dénominations suivantes : Luther, la Révolution française (« avant tout », dit le pape), la philosophie allemande. Et c’est tellement vrai. Luther a réduit l’objet de la foi à une conviction subjective : l’espérance devenait ainsi une opinion, une idée sans objet. La Révolution française a érigé l’idéologie en divinité, en matrice nouvelle et universelle d’une foi, d’une espérance, d’un amour pour ici-bas à réaliser dans la société heureuse des lendemains révolutionnaires qui sortira nécessairement de toutes les convulsions de tant de gésines douloureuses. Le pape, certes, ne s’appesantit pas sur ce point, mais ce n’est pas la première fois qu’il pointe du doigt ce tournant du mal.</em></strong></p><p class="MsoNormal" style="line-height: 150%; text-indent: 35.45pt; margin: 0cm 0cm 6pt;"><strong><em>La philosophie allemande, enfin, va s’emparer de ce thème, dans l’étonnement que lui procure cet événement de la Révolution qui change le cours de l’histoire. Kant sera le premier à en saisir l’importance, dans un premier temps pour admirer, mais, dans un deuxième temps, – et Benoît XVI le cite –, pour en inférer – ce qui était bien vu – qu’il y avait là un tel retournement de perspectives qu’il pourrait bien s’agir pour le futur d’une annonce du règne de l’Antéchrist. Joseph de Maistre et plus tard Soloviev ne penseront pas autrement…. »</em></strong></p>
Café philosophique de Montargishttp://cafephilosophique-montargis.hautetfort.com/about.htmlCOMPTE RENDU DE LA DERNIÈRE SÉANCEtag:cafephilosophique-montargis.hautetfort.com,2010-06-12:27877272010-06-12T21:35:00+02:002010-06-12T21:35:00+02:00 16 personnes ont été présentes pour ce 6ème café philosophique. Pour des...
<p style="text-align: justify;"><span style="color: #ffff00;"><span style="font-size: small;">16 personnes ont été présentes pour ce 6ème café philosophique. Pour des raisons de logistique, les participants se sont installés sur la terrasse du centre commercial, telle une agora grecque...<br /></span></span></p><p style="text-align: justify;"><span style="color: #ffff00;"><span style="font-size: small;">Ce café philosophique est placé sous le thème du bac (qui commencera dans quelques jours). Le sujet proposé par notre groupe de travail reprend le thème d’un débat qui n’a pu avoir lieu en avril. Comme une dissertation de bac, nous avons commencé ce café philo par une problématisation du sujet pour mettre en exergue les interrogations suscitées par ce sujet.</span></span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;">Il s’agit de s’interroger sur la cause mais aussi la fin (« pourquoi » et « pour quoi ») du travail (qui consiste à transformer la nature en vue de produire un bien).</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;">À première vue, on travaille pour entrer dans la société et acquérir indépendance et autonomie : le travail serait alors libérateur. Toutefois, cette libération semble n’être qu’apparente puisqu’en travaillant je me lie par un contrat qui suppose plusieurs contraintes… par défaut contraires à ma liberté. Alors le travail est-il libérateur ou au contraire destructeur ?</span></p><p><span style="color: #ffff00;"> </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="color: #ffff00;"><span style="font-size: small;"><strong>I. Ce que permet le travail</strong></span></span></p><p class="MsoNormal" style="margin-left: 36pt; text-indent: -18pt; text-align: justify;"><!-- [if !supportLists]--><span style="font-size: small;"><strong>-</strong> L’obtention d’un salaire me permet d’entrer dans une sphère de la société que je ne connaissais pas au départ : j’accède à un logement, voire à la possible propriété par exemple.</span><!--[endif]--></p><p class="MsoNormal" style="margin-left: 36pt; text-indent: -18pt; text-align: justify;"><!-- [if !supportLists]--><span style="font-size: small;">- Dès lors le travail permet l’intégration dans la société. Rappel de définition : une société est un groupe de personnes interdépendantes. Cette interdépendance est fondée, selon Platon, sur l’échange des produits du travail (<em>La République</em>).</span><!--[endif]--></p><p style="margin-left: 18pt; text-align: justify;"><span style="font-size: small;">Toutefois, cette interdépendance suppose que je devienne non pas fin mais moyen de la société. Mon travail devenant par là ma valeur. Ne suis-je pas alors comme « aspiré » par cette chaîne que le social représente ? Mon épanouissement y est-il encore possible ?</span></p><p style="margin-left: 18pt; text-align: left;"><strong><span style="font-size: small;"><span style="color: #ffff00;">II. Le travail, une activité viciée</span></span></strong></p><p class="MsoNormal" style="margin-left: 36pt; text-indent: -18pt; text-align: justify;"><span style="font-size: small;"><strong>-</strong> Le travail vient du mot <em>tripalium</em> <span style="color: #ff00ff;">(cf. image)</span>, un instrument de torture. <em>La Bible</em> elle-même souligne qu’il est châtiment (« Tu travailleras à la sueur de ton front »).</span><!--[endif]--></p><p class="MsoNormal" style="margin-left: 36pt; text-indent: -18pt; text-align: justify;"><!-- [if !supportLists]--><span style="font-size: small;">- Le travail ne semble pas être épanouissant (notion de « travail alimentaire » contre « le travail passion » évoquée par un participant).</span> <!--[endif]--></p><p class="MsoNormal" style="margin-left: 36pt; text-indent: -18pt; text-align: justify;"><!-- [if !supportLists]--><span style="font-size: small;">- La division du travail et l’hyperspécialisation qu’elle suppose (Smith) ne semblent pas aller de pair avec une élévation de l’homme. Au contraire, la distinction entre celui qui pense le travail et celui qui l’effectue semble faire de cette activité une aliénation par excellence (Marx, <em>Manuscrits de 1844</em> : « L’ouvrier se trouve face à son travail comme face à un produit étranger »). La technologie (robotisation, informatisation) libère-t-elle ou non l’ouvrier ? Exemple de Chaplin avec les Temps modernes et les TMS (troubles musculosquelettiques).</span><!--[endif]--></p><p style="margin-left: 18pt; text-align: justify;"><span style="font-size: small;">Le travail peut être une activité destructrice. Néanmoins, ne pas avoir de travail engage des conséquences également aliénantes. En effet l’individu au chômage entre dans un processus de repli sur soi (comme l’a dit une participante) : il n’arrive plus à faire des projets, ni à savoir ce pour quoi il est là, ni même qui il est. (Est-ce un malaise créé par celui/celle qui le vit ou subi par la société qui l’impose ?). Dès lors, n’est-ce pas plutôt la forte valeur du travail qui fait qu’il peut être destructeur ?</span></p><p style="margin-left: 18pt; text-align: justify;"> </p><p style="margin-left: 18pt; text-align: justify;"><span style="color: #ffff00;"><strong><span style="font-size: small;">III. Une activité élévatrice… et culturelle ?</span></strong></span></p><p class="MsoNormal" style="margin-left: 36pt; text-indent: -18pt; text-align: justify;"><span style="font-size: small;">- Les conséquences d’une absence d’épanouissement dans son travail, ou d’une absence de travail tout court, laissent entendre qu’il est beaucoup plus important qu’une simple source de revenu. C’est ce que Marx affirme dans <em>Le Capital</em> (I,3). En alliant l’activité manuelle et intellectuelle, il est la source d’élévation de l’homme.</span><!--[endif]--></p><p class="MsoNormal" style="margin-left: 36pt; text-indent: -18pt; text-align: justify;"><!-- [if !supportLists]--><span style="font-size: small;">- Ainsi, en tant que transformation de la nature, il peut être qualifié d’activité culturelle par excellence puisqu’il fait se dépasser l’individu de lui-même par lui-même. Kant, dans l’<em>Idée d’une Histoire universelle au point de vue cosmopolitique</em>, souligne que par le travail l’homme s’inscrit dans une compétition qui va lui permettre de se dépasser. Hegel, à sa suite, affirmera dans « La Dialectique du maître et de l’esclave » que le travail est un moyen pour l’homme de se transcender.</span><!--[endif]--></p><p class="MsoNormal" style="margin-left: 36pt; text-indent: -18pt; text-align: justify;"><!-- [if !supportLists]--><span style="font-size: small;">- C’est pour cela que le travail possède une valeur beaucoup plus conséquente que celle qu’on a bien voulu lui donner au départ : c’est la valeur de soi qui est engagée dans son travail. D’ailleurs, aujourd’hui, lorsque dans la vie quotidienne on se présente, c’est d’abord à la question de savoir ce que l’on fait que l’on répond (le travail remplace l’identité).</span> <!--[endif]--></p><p class="MsoNormal" style="margin-left: 36pt; text-indent: -18pt; text-align: justify;"><!-- [if !supportLists]--><span style="font-size: small;">- Pourquoi travailler ? A-t-on le choix ? Même les citoyens grecs qui ne travaillaient pas… avaient besoin de travailleurs pour faire fonctionner la Cité. Eux-mêmes, s’ils ne percevaient pas de salaires oeuvraient toutefois pour l’autarcie de leur société.</span><!--[endif]--></p><p style="margin-left: 18pt; text-align: justify;"> </p><p style="margin-left: 18pt; text-align: justify;"><span style="font-size: small;"><strong>Pour conclure :</strong><br /></span></p><p style="margin-left: 18pt; text-align: justify;"><span style="font-size: small;">Le travail est omniprésent : qu’il soit nécessaire à ma survie, cela va de soi. Mais il semblerait aussi qu’il soit nécessaire à la société et qu’il me place dans celle-ci.</span></p><p style="margin-left: 18pt; text-align: justify;"><span style="font-size: small;">Le travail fait de la société une chaîne dont la finalité semble être la retraite. Je travaille pour la retraite des autres mais aussi pour avoir moi-même ma retraite.</span></p><p style="margin-left: 18pt; text-align: justify;"><span style="font-size: small;">Reste à savoir si on pourra continuer de travailler dans les prochaines années/décennies (mondialisation : un participant affirme que les sociétés du tiers-monde retrouvent le travail que les sociétés occidentales avaient auparavant).</span></p><p style="margin-left: 18pt; text-align: justify;"> </p><p style="text-align: justify;"><span style="color: #ffff00;"><span style="font-size: small;">Durée du débat : 1h30</span></span></p><p style="text-align: justify;"><span style="color: #ffff00;"><span style="font-size: small;">Merci à tous les participants !<br /></span></span></p><p style="text-align: justify;"><span style="color: #ffff00;"><em><span style="font-size: small;">Alors, quelle note méritons-nous ?</span></em></span></p><p style="text-align: justify;"><span style="color: #ff00ff;"><strong><span style="font-size: small;">Prochaine séance : le samedi 3 juillet. Sujet : L'inconscient existe-t-il ?<br /></span></strong></span></p><p style="text-align: justify;"><em><span style="font-size: small;"> </span></em></p>
Solkohttp://solko.hautetfort.com/about.htmlLoin de Kanttag:solko.hautetfort.com,2010-03-06:26385942010-03-06T00:02:43+01:002010-03-06T00:02:43+01:00 La sauvagerie est l'indépendance à l'égard de toutes les lois. La...
<p class="MsoNoSpacing" style="text-align: justify; margin: 0cm 0cm 0pt;"><span style="color: #000000;"><span style="font-family: "Cambria","serif"; font-size: 12pt; mso-ascii-theme-font: major-latin; mso-hansi-theme-font: major-latin;"><span style="font-family: "Cambria","serif"; font-size: 12pt; mso-ascii-theme-font: major-latin; mso-hansi-theme-font: major-latin;">La <i>sauvagerie</i> est l'indépendance à l'égard de toutes les lois. La discipline soumet l'homme aux lois de l'humanité, et commence à lui faire sentir la contrainte des lois. Mais cela doit avoir lieu de bonne heure. (...)</span></span> <span style="font-family: "Cambria","serif"; font-size: 12pt; mso-ascii-theme-font: major-latin; mso-hansi-theme-font: major-latin;">Nous devons donc nous accoutumer de bonne heure à nous soumettre aux préceptes de la raison. Quand on a laissé l'homme faire toutes ses volontés pendant sa jeunesse et qu'on ne lui a jamais résisté en rien, il conserve une certaine <i style="mso-bidi-font-style: normal;">sauvagerie</i> pendant toute la durée de sa vie. Il ne lui sert de rien d'être ménagé pendant sa jeunesse par une tendresse maternelle exagérée, car plus tard il n'en rencontrera que plus d'obstacles de toutes parts, et il recevra partout des échecs lorsqu'il s'engagera dans les affaires du monde.</span></span></p> <p class="MsoNoSpacing" style="text-align: justify; margin: 0cm 0cm 0pt;"><span style="font-family: "Cambria","serif"; font-size: 12pt; mso-ascii-theme-font: major-latin; mso-hansi-theme-font: major-latin;"><span style="color: #000000;">Kant - <i>Traité de Pédagogie</i></span></span></p> <div style="text-align: center"><span style="font-family: "Cambria","serif"; font-size: 12pt; mso-ascii-theme-font: major-latin; mso-hansi-theme-font: major-latin;"><img src="http://solko.hautetfort.com/media/00/00/430629413.gif" alt="kant.gif" name="media-2317676" id="media-2317676" style="border-width: 0; margin: 0.7em 0;" /></span></div> <div style="text-align: center">Kant - vers 1790 - Le peintre est anonyme.</div>
Café philosophique de Montargishttp://cafephilosophique-montargis.hautetfort.com/about.htmlCOMPTE RENDU DE LA DERNIÈRE SÉANCEtag:cafephilosophique-montargis.hautetfort.com,2010-02-25:26259842010-02-25T17:52:00+01:002010-02-25T17:52:00+01:00 Thème du débat : "Y a-t-il encore un humanisme aujourd'hui ?"...
<p style="text-align: justify;"><strong><span style="font-size: small;">Thème du débat :</span></strong> <span style="color: #ffff00;"><strong><span style="font-size: small;">"Y a-t-il encore un humanisme aujourd'hui ?"</span></strong></span></p><p style="text-align: justify;"><strong><span style="font-size: small;">Date : 16 janvier 2010 à la Brasserie de la Chaussée.</span></strong></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;"><strong>Il s'agit de la 4ème séance du Café Philosophique de Montargis.</strong><br /></span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;">Une quinzaine de personnes sont présentes pour ce nouveau débat du café philosophique de Montargis.</span> <span style="font-size: small;">Le nombre de participants est en baisse par rapport à la séance précédente. Par contre, l'assistance plus clairsemée a permis un débat intéressant, sans doute le meilleur débat depuis la création du café philo.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;">Ce café philosophique est un <a title="AME" href="http://www.agglo-montargoise.fr/spectacles/les-supplement-ame.php" target="_blank" rel="noopener">supplément d'AME</a> (spectacles de l'Agglomération Montargoise Et rives du Loing) et vient en écho aux représentations du <em>Neveu de Rameau</em> de <a title="Biographie de Diderot" href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Denis_Diderot" target="_blank" rel="noopener">Diderot</a> qui ont eu lieu à Pannes les 21 et 22 janvier. Stéphane Aucante, directeur de programmation des spectacles de l'AME, vient présenter cette pièce.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;">La présentation de cette 4ème séance et des objectifs du café philo par Bruno (« ce n'est pas un cours de philo mais un lieu de débat citoyen ») a été l'occasion pour Claire de préciser que le café philosophique est encore un jeune projet, que nous sommes en période de rodage et que toute proposition d'amélioration est la bienvenue, les critiques étant acceptées sans problème dans la mesure où elles sont constructives... D'autre part, la présence d'animateurs venant épauler Claire et Bruno est non seulement possible mais aussi bienvenue.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;">Bruno a énuméré ensuite la liste des sujets proposés au vote en fin de séance :</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;">- Pourquoi travaille-t-on ?</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;">- L'inconscient existe-t-il ?</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;">- L'éducation à la non-violence est-elle garante de la paix ?</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;">Ce dernier sujet étant proposé par M. Roussel, très investi dans ce domaine, il est entendu que si ce débat est accepté, M. Roussel participe au débat.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;">Claire entame cette séance pa</span><span style="font-size: small;">r une nouveauté : l</span><span style="font-size: small;">'utilisation d'un tableau permettant de travailler à la problématisation du sujet du débat. Le public lui-même définit les différents aspects de l'humanisme et, ensemble, les participants essaient de problématiser le sujet.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;">L'humanisme, dit Claire, impose au XVIème siècle de revenir aux sources littéraires, de relire et de comprendre, c'est-à-dire de saisir, la pensée antique. Celle qui précède immédiatement ne semble pas définir l'homme ou plutôt la nature humaine. Qui a-t-il de commun entre un <a title="Biographie de Socrate" href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Socrate" target="_blank" rel="noopener">Socrate</a>, inventeur de la dialectique dialogique, un <a title="Biographie de Platon" href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Platon" target="_blank" rel="noopener">Platon</a> dont la dialectique ascendante souligne l'importance seule des Idées nous gouvernant, un <a title="Biographie d'Aristote" href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Aristote" target="_blank" rel="noopener">Aristote</a> inventeur de la logique qui affirme que l'homme est mortel et politique, ou encore un <a title="Biographie d'Epicure" href="http://fr.wikipedia.org/wiki/%C3%89picure" target="_blank" rel="noopener">Epicure</a> pour qui seul l'<em>ataraxie</em> est fin de l'homme ? Peut-être l'idée que sage et sagesse vont de pair, ou que l'homme, parce qu'il possède une âme, se place à part dans ce qui sera nommé bien plus tard « l'échelle des êtres ». En effet ce qu'on appelle âme aujourd'hui rejoint la psyché grecque. Néanmoins, ce qu'<a title="Biographie d'Aristote" href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Aristote" target="_blank" rel="noopener">Aristote</a> ou <a title="Biographie d'Epicure" href="http://fr.wikipedia.org/wiki/%C3%89picure" target="_blank" rel="noopener">Epicure</a> nomment ainsi semble davantage se rapprocher du terme d'<em>anima</em>. Le <em>De Anima</em> du <a title="Aristote" href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Aristote" target="_blank" rel="noopener">Stagirite</a> qui ouvre ses traités de biologie ne parle presque qu'exclusivement de cette âme qui est forme du corps, c'est-à-dire « structure structurante », « informatrice informante ». L'âme c'est le souffle de vie, c'est ce qui anime l'être vivant, et selon ses facultés, ce qui le définit. L'homme, par exemple, possède la plus « haute » âme dans le sens où il se meut, se reproduit, tels les autres animaux, mais aussi peut penser, et agir en conséquence ou en accord avec cette pensée. C'est parce que l'homme peut penser et dire le juste et l'injuste, distinctement des animaux qui ne peuvent qu'exprimer l'agréable et son contraire, qu'il est un animal politique, parce que seul il peut définir, à la lueur de son rapport avec son semblable, ce qui est légitime ou non. De la même façon, l'âme est analysée à plusieurs reprises chez <a title="Biographie d'Epicure" href="http://fr.wikipedia.org/wiki/%C3%89picure" target="_blank" rel="noopener">Epicure</a> ou <a title="Biographie de Platon" href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Platon" target="_blank" rel="noopener">Platon</a> . Centre d'attention atomiste pour son équilibre nécessaire chez le premier, elle est, chez le second, fondement et finalité (ce qui est très bien décrit dans le <em>Phèdre</em> notamment).</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;">On peut penser que l'humanisme rénove les lettres et la pensée antiques (qu'elles soient d'ailleurs grecques ou latines) notamment en vertu de la place qu'elles donnent à l'homme. Parce que l'humanisme situe ce dernier de façon très imposante. Imposante quant à la place qu'il lui accorde dans sa spécificité de culture et de douceur que l'<em>humanitas</em> décrit. Mais aussi dans la responsabilité qu'il lui suppose : la confiance dans l'homme va de pair avec la civilisation qu'il construit.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;">Ainsi, l'humanisme affirme l'effet civilisateur, et donc moralisateur, de l'homme, qui par nature peut savoir ce qui est bon ou non. <a title="Biographie de Diderot" href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Denis_Diderot" target="_blank" rel="noopener">Diderot</a>, et l'ensemble des philosophes des Lumières, même s'ils diffèrent en certains points de ce mouvement de pensée, vont pour beaucoup d'autres le renforcer. Les Lumières affirment en effet leur confiance dans l'homme, et soulignent que, parce qu'il possède la raison (théorique et pratique pour <a title="Biographie de Kant" href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Emmanuel_Kant" target="_blank" rel="noopener">Kant</a>), il est signe de progrès et ne peut que progresser. (<strong><a title="Texte de Kant" href="http://classiques.uqac.ca/classiques/kant_emmanuel/idee_histoire_univ/Idee_histoire_univ.pdf" target="_blank" rel="noopener">Texte de Kant sur le progrès de la raison dans l'histoire, <em>Idée d'une histoire universelle du point de vue cosmopolitique</em>, propositions 4 et 8</a></strong>). La Raison est donc avec les Lumières ce qui fonde la nature humaine (question ouverte et devenue le centre de la pensée humaniste). En ce sens elle est déclarée rempart à la sauvagerie (absence de normes sociales) mais aussi à la barbarie (transgression de ces normes). Le XVIII ° est en effet siècle de la révolution française, des Critique de <a title="Biographie de Kant" href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Emmanuel_Kant" target="_blank" rel="noopener">Kant</a>... siècle d'affirmation que l'homme ne peut être mouton, siècle du célèbre <em>sapere aude</em>. Peu de temps après, en France, naîtra le code civil...</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;">Et pourtant, après avoir traversé un XXe siècle catastrophique, et pour vivre dans le XXIe de la crise et des suicides dont nous avons déjà parlé, peut-on avoir foi en l'homme, en nous ? Les législateurs sont-ils humanistes ? La censure et les dévots sont-ils au pouvoir ? Y a-t-il encore des actes désintéressés ?</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;">Les premières interventions laissent apercevoir un grand pessimisme au sujet de l'humanisme qui apparaît en perte de vitesse : l'égoïsme et la cupidité dirigent notre monde. Claire nuance cette sévérité en prenant pour exemple l'élan de solidarité suite au séisme en Haïti. Ne serait-ce pas la marque d'une grande compassion que l'on pensait avoir disparue ? Monique répond que cette vague de solidarité reste éphémère : une fois la générosité médiatique plus discrète, la solidarité aura elle aussi disparue et tout redeviendra comme avant.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;">Claire s'interroge ensuite sur la place de l'humanisme dans l'éducation des enfants. Son expérience lui fait dire que l'école est un lieu où l'humanisme devrait être présent. Au sens fort, les humanistes affirmaient la nécessité d'une éducation de l'homme pour un progrès vers plus de morale et d'élévation. Un membre de l'assistance, présent avec un enfant, est interrogé par Bruno : en tant que père, considère-t-il que l'école joue pleinement son rôle dans l'apprentissage des notions d'humanisme. Ce participant répond que l'école ne joue certainement pas son rôle de divulgateur d'humanisme. Pour lui, l'humanisme à l'école doit aussi être le lieu des « humanités ». Cet intervenant souligne le rôle fondamental des parents dans cette éducation au respect de l'homme et d'autrui.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;">Bruno prend la parole pour poser une question provocatrice : l'individualisme est-il un humanisme ? A cette question, pas si anodine que cela et à laquelle on serait tenté de répondre par la négative, le sociologue <a title="Au sujet de cette notion..." href="http://www.ac-limoges.fr/ses/spip.php?article863" target="_blank" rel="noopener">François de Singly</a> a répondu, dans un de ses ouvrages, au contraire par l'affirmative. Il est l'un des rares intellectuels à mettre en avant les aspects positifs des changements sociaux que nous vivons. Les réactions des débatteurs du Café Philo sont nuancées..</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;">Il est remarquable de voir que la notion d'humanisme est à entendre également sous l'angle de l'écologie (ou « écologisme ? »). Protéger la nature serait faire preuve d'altruisme à l'égard de nos semblables et donc d'humanisme. Or, Bruno, une nouvelle fois, se fait l'avocat du diable : il s'interroge sur cette vision humaniste de l'écologie en rapportant les réactions d'un homme public à un documentaire animalier vantant la coexistence pacifique entre des animaux sauvages et des hommes : « Il ne s'agit pas d'humanisme ». L'humanisme, selon cet homme public, serait ce qui met l'homme et la civilisation humaine au centre de nos préoccupations. Les débatteurs du Café Philo sont en désaccord avec les propos de Bruno : la défense des ressources naturelles participe d'une forme d'humanisme.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;">Le serveur de la brasserie émet cette réflexion : finalement, le modernisme à outrance pourrait être un frein à une philosophie tournée vers l'homme.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;">Claire conclue le débat en évoquant la philosophie existentialiste (athée) de Sartre, selon laquelle l'homme n'a qu'une seule nature, celle d'être libre. Pour le reste, il le construit et en est responsable. Ainsi, nous nous accordons à affirmer que l'humanisme n'est pas mais devient. Qu'il est notre projet et notre résultat. La seule humanité que l'homme possède est celle dont il fait part. Dès lors, il faut faire de l'humanisme non pas une possibilité mais un devoir, dans le sens où la seule morale qui existe est celle que nous transpirons dans nos actes. Gilles affirme enfin que même si seuls de petits actes désintéressés sont accomplis, ceux-ci comptent autant que les autres et que l'avenir doit être espoir plutôt qu'angoisse existentielle.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;">Le café philo se termine une nouvelle fois par les sujets de la prochaine séance. Sur proposition d'un débattant, il est décidé que les trois sujets seront débattus pour les fois prochaines, à savoir :</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="color: #ffff00;"><span style="font-size: small;">- 6 mars : L'éducation à la non-violence est-elle garante de la paix ?<br /></span></span></p><p style="text-align: justify;"><span style="color: #ffff00;"><span style="font-size: small;">- Avril : Pourquoi travaille-t-on ?</span></span></p><p style="text-align: justify;"><span style="color: #ffff00;"><span style="font-size: small;">- Mai : l'inconscient existe-t-il ?</span></span></p><p style="text-align: justify;"><strong><span style="font-size: small;">Cette séance a également été commentée <a href="http://www.weblettres.net/blogs/article.php?w=Elevation&e_id=25813" target="_blank" rel="noopener">sur le site Internet d'Elèv/ation</a>.<br /></span></strong></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;"> </span></p>
cogitumhttp://cjeandelcogito.hautetfort.com/about.html«L'INTELLIGENCE EST SUBLIME, L'ESPRIT EST BEAU »tag:cjeandelcogito.hautetfort.com,2010-01-01:25377342010-01-01T15:56:00+01:002010-01-01T15:56:00+01:00 Pour vous souhaitez mes voeux de bonheur 2010, je me suis inspiré...
<p style="text-align: justify;"><span style="font-family: Trebuchet MS, sans-serif;"><span style="font-size: x-small;"><span style="font-family: arial,helvetica,sans-serif;"><span style="font-size: small;"><span style="color: #008000;"><span style="color: #000080;"><strong><span style="color: #993300;">Pour vous souhaitez mes voeux de bonheur 2010,</span></strong> je me suis inspiré de quelques réflexions du philosophe Emmanuel Kant.</span></span></span></span></span></span></p> <div style="text-align: center"></div> <p style="text-align: justify; font-style: normal; margin-bottom: 0cm;"><span style="font-size: small;"><span style="color: #000080;"><img height="302" width="392" src="http://cjeandelcogito.hautetfort.com/media/00/01/1909150685.jpg" alt="med-lac-du-bourget-V2.jpg" name="media-2191697" id="media-2191697" style="margin: 0.2em 1.4em 0.7em 0px; float: left; border-width: 0px;" />Certes, cela n'est pas l'absolu, mais l'absolu existe t-il chez l'homme</span>?</span></p> <p style="text-align: justify; font-style: normal; margin-bottom: 0cm;"> <span style="font-family: Trebuchet MS, sans-serif;"><span style="font-size: x-small;"><span style="font-family: arial,helvetica,sans-serif;"><span style="font-size: small;"><span style="color: #000080;">Dans la monde où nous vivons où le matérialisme, l'égoïsme, l'individualisme l'emportent souvent sur le sens de l'intérêt général, sur l'esprit de solidarité, il est bon que nous nous posions les questions</span></span></span></span></span></p> <ul> <li> <div style="text-align: justify; font-style: normal; margin-bottom: 0cm;"><span style="font-family: Trebuchet MS, sans-serif;"><span style="font-size: x-small;"><span style="font-family: arial,helvetica,sans-serif;"><span style="font-size: small;"><span style="color: #000080;">d'où venons-nous?</span></span></span></span></span></div> </li> <li> <div style="text-align: justify; font-style: normal; margin-bottom: 0cm;"><span style="font-family: Trebuchet MS, sans-serif;"><span style="font-size: x-small;"><span style="font-family: arial,helvetica,sans-serif;"><span style="font-size: small;"><span style="color: #000080;">aujourd'hui, qui sommes-nous?</span></span></span></span></span></div> </li> <li> <div style="text-align: justify; font-style: normal; margin-bottom: 0cm;"><span style="font-family: Trebuchet MS, sans-serif;"><span style="font-size: x-small;"><span style="font-family: arial,helvetica,sans-serif;"><span style="font-size: small;"><span style="color: #000080;">et demain, que voulons-nous?</span></span></span></span></span></div> </li> </ul> <p style="text-align: justify; font-style: normal; margin-bottom: 0cm;"> <span style="font-family: Trebuchet MS, sans-serif;"><span style="font-size: x-small;"><span style="font-family: arial,helvetica,sans-serif;"><span style="font-size: small;"><span style="color: #000080;">Vaste débat qui pourrait nous amener loin.</span></span></span></span></span></p> <p style="text-align: justify; font-style: normal; margin-bottom: 0cm;"><span style="font-family: Trebuchet MS, sans-serif;"><span style="font-size: x-small;"><span style="font-family: arial,helvetica,sans-serif;"><span style="font-size: small;"><span style="color: #000080;">Toutefois, malgré quelques imperfections « <strong>la vie est belle</strong> ».</span></span></span></span></span></p> <p style="text-align: justify; font-style: normal; margin-bottom: 0cm;"><span style="font-family: Trebuchet MS, sans-serif;"><span style="font-size: x-small;"><span style="font-family: arial,helvetica,sans-serif;"><span style="font-size: small;"><span style="color: #000080;">En ce début de nouvelle année, rappelons certains éléments qui peuvent tracer une ligne d'horizon, et nous donner une vision en 2010.</span></span></span></span></span></p> <p style="text-align: justify; font-style: normal; margin-bottom: 0cm;"><span style="font-family: Trebuchet MS, sans-serif;"><span style="font-size: x-small;"><span style="font-family: arial,helvetica,sans-serif;"><span style="font-size: small;"><span style="color: #000080;">Ainsi, « le sentiment de la beauté et de la dignité de la nature humaine sont des principes universels, celui de sa dignité »</span></span></span></span></span></p> <p style="text-align: justify; font-style: normal; margin-bottom: 0cm;"><span style="font-family: Trebuchet MS, sans-serif;"><span style="font-size: x-small;"><span style="font-family: arial,helvetica,sans-serif;"><span style="font-size: small;"><span style="color: #000080;">Cela suppose que, dans la société où nous vivons, comme la France qui se veut démocratique, la dignité humaine, par le respect des droits fondamentaux inscrits dans notre Constitution, au travers du bloc de constitutionnalité, soit partie intégrante dans les décisions politiques concernant la nature humaine.</span></span></span></span></span></p> <p style="text-align: justify; font-style: normal; margin-bottom: 0cm;"><span style="font-family: Trebuchet MS, sans-serif;"><span style="font-size: x-small;"><span style="font-family: arial,helvetica,sans-serif;"><span style="font-size: small;"><span style="color: #000080;">Le respect de la liberté de circuler sans entraves, cela veut dire qu'il faut arrêter de faire des lois et règlements tous les jours dès qu'un fait divers se pose.</span></span></span></span></span></p> <p style="text-align: justify; font-style: normal; margin-bottom: 0cm;"><span style="font-family: Trebuchet MS, sans-serif;"><span style="font-size: x-small;"><span style="font-family: arial,helvetica,sans-serif;"><span style="font-size: small;"><span style="color: #000080;">La liberté de critiquer, de participer à différents projets qui peuvent changer notre cadre de vie, comme celui du Grand stade à Décines, véritable hérésie financière et environnementale, ne peut se faire sans l'accord et la participation des citoyens.</span></span></span></span></span></p> <p style="text-align: justify; font-style: normal; margin-bottom: 0cm;"><span style="font-family: Trebuchet MS, sans-serif;"><span style="font-size: x-small;"><span style="font-family: arial,helvetica,sans-serif;"><span style="font-size: small;"><span style="color: #000080;">Ainsi, par étape, au fur et à mesure des décisions qui sont prises, l'on grignote nos libertés individuelles et collectives, enlevant aux citoyens l'envie de participer à la vie collective, pouvant amener un régime autoritaire, voire arbitraire.</span></span></span></span></span></p> <p style="text-align: justify; font-style: normal; margin-bottom: 0cm;"><span style="font-family: Trebuchet MS, sans-serif;"><span style="font-size: x-small;"><span style="font-family: arial,helvetica,sans-serif;"><span style="font-size: small;"><span style="color: #000080;">Selon Max Weber, pour qu'une décision d'intérêt général soit efficace et exécutée, il faut selon lui, qu'il y ait acception-soumission qui peut être un des éléments de l'idéal-type du fonctionnement de la société, dans l'acceptation du corps social.</span></span></span></span></span></p> <p style="text-align: justify; font-style: normal; margin-bottom: 0cm;"><span style="font-family: Trebuchet MS, sans-serif;"><span style="font-size: x-small;"><span style="font-family: arial,helvetica,sans-serif;"><span style="font-size: small;"><span style="color: #000080;">Pour l'année 2010, peux t-on espérer d'avoir un peu de morale en politique car 2009 ne fut pas une référence en la matière</span></span></span></span></span></p> <p style="text-align: justify; font-style: normal; margin-bottom: 0cm;"><span style="font-family: Trebuchet MS, sans-serif;"><span style="font-size: x-small;"><span style="font-family: arial,helvetica,sans-serif;"><span style="font-size: small;"><span style="color: #000080;"><strong>« Il n'est d'action morale que fondée sur des principes, il n'est de sentiment moral qu'universel dans sa formule et son application »</strong> selon Kant.</span></span></span></span></span></p> <p style="text-align: justify; font-style: normal; margin-bottom: 0cm;"><span style="font-family: Trebuchet MS, sans-serif;"><span style="font-size: x-small;"><span style="font-family: arial,helvetica,sans-serif;"><span style="font-size: small;"><span style="color: #000080;">Au travers de ces réflexions que je soumets à votre sagacité, je vous souhaite, à vous tous, mes voeux les plus sincères pour cette nouvelle année.</span></span></span></span></span></p> <p style="text-align: justify; font-style: normal; margin-bottom: 0cm;"><span style="font-family: arial,helvetica,sans-serif;"><span style="font-size: small;"><span style="color: #000080;"> </span></span></span></p> <p style="text-align: justify; font-style: normal; margin-bottom: 0cm;"><span style="font-family: Trebuchet MS, sans-serif;"><span style="font-size: x-small;"><span style="font-family: arial,helvetica,sans-serif;"><span style="font-size: small;"><span style="color: #000080;">Gaullistement</span></span></span></span></span></p> <p style="text-align: justify; font-style: normal; margin-bottom: 0cm;"><span style="font-family: Trebuchet MS, sans-serif;"><span style="font-size: x-small;"><span style="font-family: arial,helvetica,sans-serif;"><span style="font-size: small;"><span style="color: #000080;">Claude JEANDEL</span></span></span></span></span></p> <p align="justify" style="font-style: normal; margin-bottom: 0cm;"> </p>
Xavier JASSUhttp://lapinos.hautetfort.com/about.htmlReader digesttag:lapinos.hautetfort.com,2009-07-23:22631842009-07-23T09:35:00+02:002009-07-23T09:35:00+02:00 Petit bouquin publié en commun par le primat des Gaules Mgr Barbarin et le...
<p style="text-align: justify;">Petit bouquin publié en commun par le primat des Gaules Mgr Barbarin et le philosophe kantien Luc Ferry. Comme la théologie proposée dans ce bouquin n'est pas à proprement parler satanique comme celle de Jean Guitton ou de Fabrice Hadjadj (journaliste au "Figaro" et qui pousse le judéo-christianisme, non sans un certain brio qui rappelle Guitton, à son point d'absurdité ultime), j'en propose un résumé (amélioré) :</p> <p style="text-align: justify;">- La Charité domine sur les autres vertus théologales que sont l'Espérance et la Foi, qui tendent à s'abolir ou à se concentrer dans la Charité jusqu'à l'unité de l'amour. Dieu est amour, "ontologiquement", et cet amour n'est pas une relation humaine. L'Espérance et la Foi en revanche sont inscrites dans le temps, autrement dit "virtuelles". La trinité chrétienne se comprend en termes de potentiel et concerne le Salut. Probablement Thomas d'Aquin est-il gêné par le dualisme de la doctrine platonicienne pour dégager clairement le sens virtuel de la trinité. Poussé à la gnose par Platon. Mais Kant bien plus encore que Thomas d'Aquin !</p> <p style="text-align: justify;">Fort bien, l'explication (historique) du paradoxe Dieu unique/Dieu trinitaire. Le seul "hic", c'est qu'elle remonte au XIIe siècle. Elle est déjà contenue dans la théologie paulinienne de Joachim de Flore ! Quelle spirale !</p> <p style="text-align: justify;">J'ouvre à cet égard une parenthèse pour dire que le polythéisme grec n'est pas lui-même étranger à l'idée de potentiel historique contenue dans la trinité chrétienne, dans la mesure où on voit bien que chacun des douze dieux olympiens a une fonction, et de plus en plus précise.</p> <p style="text-align: justify;">Comment donc expliquer par ailleurs que Mgr Barbarin comme Luc Ferry soient parmi les défenseurs les plus ardents de la religion laïque et de ses principes judéo-chrétiens fondamentalement antitrinitaires ? Religion si peu historique qu'on discernerait assez aisément son caractère spirituel luciférien si même elle n'avait servi encore de prétexte à des hécatombes.</p> <p style="text-align: justify;">Il faut pour tenir ce double langage d'une théologie orthodoxe et classique, et en même temps s'acoquiner avec l'esprit du monde, beaucoup de lâcheté et d'hypocrisie de la part de Ferry et de Barbarin. Ils feignent d'ignorer que le combat spirituel est inséparable de la vision historique de la trinité dont ils dissertent.</p> <p style="text-align: justify;"> </p>
Xavier JASSUhttp://lapinos.hautetfort.com/about.htmlJésuitisme dominicaintag:lapinos.hautetfort.com,2008-09-21:18007222008-09-21T08:00:00+02:002008-09-21T08:00:00+02:00 Réédition d'un bouquin du grand médiéviste Etienne Gilson...
<p style="text-align: justify;"><strong>Réédition d'un bouquin du grand médiéviste Etienne Gilson (Vrin). Gilson c'est de la balle à côté de ce que des raseurs comme Gauchet et la clique des branleurs démocrates-chrétiens de l'école de Francfort (je pèse mes mots) sont capables de débiter comme tautologies.</strong></p> <p style="text-align: justify;"><strong>Lire Gilson, c'est l'assurance d'être entraîné très loin des prêchis-prêchas de son curé progressiste, charismatique ou lefèbvriste, pour ne vexer personne.</strong></p> <p style="text-align: justify;"><strong>Préface hypocrite d'un dominicain, le père Humbrecht, qui feint de trouver étrange que Gilson n'ait pas plus tôt été réédité. Etant donné l'hostilité des libéraux qui tiennent l'Eglise depuis le dernier concile environ, l'exclusion de la scolastique n'a rien d'étonnant. Comme le démontre Gilson, E. Kant, fréquemment cité par Benoît XVI, est un adversaire de la scolastique (qu'il croyait améliorer, cet impuissant).</strong></p> <p style="text-align: justify;"><strong>D'autre part ce dominicain, Humbrecht, a lui-même collaboré à l'une de ces gazettes démocrates-chrétiennes, en cheville avec <em>Le Figaro,</em> qui sous couvert de christianisme diffuse la plus basse philosophie, des naiseries du bourgeois Frédéric Ozanam à celles de la petite dinde Jeanne Arendt, avec si possible une dose des imbitables sermons du pasteur Ellul, pendant que les enfants regardent <em>"La petite maison dans la prairie"</em> pour parfaire leur catéchisme.</strong></p> <p style="text-align: justify;"> </p>
Xavier JASSUhttp://lapinos.hautetfort.com/about.htmlSaint Hegeltag:lapinos.hautetfort.com,2008-09-11:17904142008-09-11T08:07:00+02:002008-09-11T08:07:00+02:00 Le "sein" et le "dasein" : qui n'a eu affaire un jour à ce fétiche...
<p style="text-align: justify;"><strong>Le "sein" et le "dasein" : qui n'a eu affaire un jour à ce fétiche brenneux inventé par Hegel pour distraire les cons ? C'est un truc de pasteur protestant emprunté à Kant. Kant et Hegel sont deux de ces types qu'on peut voir dans une croûte de Rembrandt, autour d'un cadavre, affairés à le découper en petits morceaux pour tuer le temps.</strong></p> <p style="text-align: justify;"><strong>Un pasteur protestant qui essaie de comprendre cette phrase : <em>"Je suis Celui qui est."</em> Saint Hegel : tout sauf la Charité.</strong></p>
Xavier JASSUhttp://lapinos.hautetfort.com/about.htmlMON JOURNAL DE GUERREtag:lapinos.hautetfort.com,2008-08-14:17407772008-08-14T08:00:00+02:002008-08-14T08:00:00+02:00 Il n'est pas paradoxal de dire que la femme est un homme sans intuition...
<p style="text-align: justify;"><strong>Il n'est pas paradoxal de dire que la femme est un homme sans intuition étant donné que l'intuition est inséparable de la logique. En quelque sorte, l'intuition, c'est la chair de la logique. Toute la philosophie médiocre d'E. KANT vient de là, du désir passionné d'un penseur femelle d'être fécondé par l'intuition.</strong></p>