Last posts on descartes2024-03-28T11:48:36+01:00All Rights Reserved blogSpirithttps://www.hautetfort.com/https://www.hautetfort.com/explore/posts/tag/descartes/atom.xmllafautearousseau royalistehttp://lafautearousseau.hautetfort.com/about.htmlÉphéméride du 11 févriertag:lafautearousseau.hautetfort.com,2024-02-11:19657942024-02-11T03:30:00+01:002024-02-11T03:30:00+01:00 1250 : Louis IX, premier roi de France à être fait...
<p style="text-align: center;"><a href="http://lafautearousseau.hautetfort.com/media/02/00/2179849300.gif" target="_blank" rel="noopener"><img id="media-6126463" style="margin: 0.7em 0;" title="" src="http://lafautearousseau.hautetfort.com/media/02/00/3120657157.gif" alt="11 fevrier,descartes,franz hals,bernadette soubirous,massabielle,lourdes,daumier,foucault,pendule de foucault,prusse,marseille,fort saint nicolas,louis xiv" width="371" height="302" /></a></p><h3> </h3><h3><span style="font-family: verdana, geneva, sans-serif; font-size: 12pt;"><span style="color: #000080;"><strong><em>1250 : Louis IX, premier roi de France à être fait prisonnier</em></strong></span> </span></h3><p> </p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: verdana, geneva, sans-serif; font-size: 12pt;"><img id="media-5951370" style="float: left; margin: 0.2em 1.4em 0.7em 0;" title="" src="http://lafautearousseau.hautetfort.com/media/01/01/569860617.jpg" alt="11 fevrier,descartes,franz hals,bernadette soubirous,massabielle,lourdes,daumier,foucault,pendule de foucault,prusse,marseille,fort saint nicolas,louis xiv" />La <em>Septième Croisade</em> avait pourtant bien commencé...</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: verdana, geneva, sans-serif; font-size: 12pt;"> Le roi de France, non sans raison, jugeait que l'Égypte était, de fait, le centre de la puissance musulmane, et qu'en s'assurant d'elle, on s'assurerait définitivement de la Terre sainte.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: verdana, geneva, sans-serif; font-size: 12pt;">Partis d'Aigues-Mortes, le futur Saint Louis et son armée étaient parvenus à prendre la ville de Damiette; encouragés par cette victoire, ils avaient alors imprudemment poursuivi leur route, s'enfonçant à l'intérieur des terres, dans le but de s'emparer du Caire. Ils se heurtèrent alors aux mamelouks - parfaitement à l'aise sur leur terrain - devant Mansourah, seule protection de la ville du Caire. </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: verdana, geneva, sans-serif; font-size: 12pt;">Touchée par la peste (déjà ! : on sait que le roi mourra de la peste, devant Tunis, lors de la Croisade suivante...) l'armée royale dût finalement rendre les armes. </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: verdana, geneva, sans-serif; font-size: 12pt;">Il fallut payer au sultan Turanshâh une rançon de 400.000 livres (ou un million de dinars), rendre Damiette et s'engager à quitter complètement le pays (ce qui fut fait dès la fin mai). Le roi sera délivré le 6 mai, après avoir donc passé près de trois mois en captivité (image ci-dessus). </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: verdana, geneva, sans-serif; font-size: 12pt;">Après Louis IX, deux autres rois seront faits prisonniers sur le champ de bataille : Jean II le Bon, et François premier; un autre, Louis XI, sera <em>prisonnier de fait</em> du duc de Bourgogne pendant près de trois semaines; enfin, si l'on parle de souverains ayant régné effectivement sur la France, il faut ajouter Napoléon III à cette liste des <em>"souverains capturés".</em></span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: verdana,geneva; font-size: small;"><strong><a href="http://lafautearousseau.hautetfort.com/media/01/00/4234357676.jpg" target="_blank" rel="noopener noreferrer"><img id="media-4453500" style="float: left; margin: 0.2em 1.4em 0.7em 0px;" title="" src="http://lafautearousseau.hautetfort.com/media/01/00/4022643047.jpg" alt="11 fevrier,descartes,franz hals,bernadette soubirous,massabielle,lourdes,daumier,foucault,pendule de foucault,prusse,marseille,fort saint nicolas,louis xiv" /></a><span style="font-family: verdana,geneva,sans-serif; font-size: 12pt;">• Jean II le Bon</span></strong><span style="font-family: verdana,geneva,sans-serif; font-size: 12pt;"> fut battu et fait prisonnier à la bataille de Poitiers, le 19 septembre 1356. Il resta presque quatre ans en Angleterre, et dut s'engager à payer une énorme rançon (4 millions d'écus d'or, mais il n'en paiera finalement que 500.000...); il dut céder aux Anglais la Guyenne, la Gascogne, le Périgord, le Limousin, l'Angoumois et la Saintonge en toute souveraineté, ainsi que Calais, le Ponthieu et le comté de Guînes; enfin, le roi d'Angleterre devenait souverain de toutes les terres du comté d'Armagnac : l'Agenais, le Quercy, le Rouergue, la Bigorre et le comté de Gaure !</span></span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: verdana,geneva,sans-serif; font-size: 12pt;">Rentré en France après ses quatre années de captivité en Angleterre, il repartit cependant pour Londres le 3 janvier 1364 car les otages qu'il y avait laissés (son propre fils Louis d’Anjou, Enguerrand de Coucy, Bonabes IV de Rougé, ainsi que de Derval, son ambassadeur et conseiller) s'étaient enfuis : il y mourut trois mois plus tard, le 8 avril 1364... </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: verdana,geneva,sans-serif; font-size: 12pt;"><strong><a href="http://lafautearousseau.hautetfort.com/media/02/02/4070428773.jpg" target="_blank" rel="noopener noreferrer"><img id="media-4453502" style="float: left; margin: 0.2em 1.4em 0.7em 0px;" title="" src="http://lafautearousseau.hautetfort.com/media/02/02/3510986861.jpg" alt="11 fevrier,descartes,franz hals,bernadette soubirous,massabielle,lourdes,daumier,foucault,pendule de foucault,prusse,marseille,fort saint nicolas,louis xiv" /></a>• François 1er,</strong> fut fait prisonnier le 24 février 1525, après le désastre de Pavie, dont le vainqueur est lui-même un Français, le connétable Charles de Bourbon, qui a servi François 1er à Marignan, dix ans plus tôt, avant de trahir le roi et la France, et de "passer" à son ennemi juré, l'empereur Charles Quint (voir l'<strong><em><a href="http://lafautearousseau.hautetfort.com/archive/2009/06/16/epheueride-du-18-juillet.html">Éphéméride du 18 juillet</a></em></strong>).</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: verdana,geneva,sans-serif; font-size: 12pt;">Sitôt après la défaite, François 1er fut conduit à la <em>Chartreuse de Pavie.</em> Peu après, il fut transféré à la forteresse de Pizzighetonne, sur les rives de l'Adda, à vingt kilomètres de Crémone, où il passa près de trois mois. Puis le 19 juin 1525, il débarqua à Barcelone, et arriva à Madrid, le 11 août. Resté donc onze mois prisonnier de Charles Quint, il devra se résoudre, pour recouvrer sa liberté, à signer le désastreux <a href="http://lafautearousseau.hautetfort.com/media/00/00/2127141293.pdf" target="_self"><em><strong>Traité de Madrid</strong> </em></a>.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: verdana,geneva,sans-serif; font-size: 12pt;">Ayant fait établir devant <em>notaire</em>, dans le plus grand secret, que le Traité qu'il allait signer, obtenu par la contrainte, était nul de plein droit, il signa, partit pour la France, et... ne tint aucun de ses "engagements" ! Mais son fils, le futur Henri II, passa suffisamment de temps comme otage à Madrid pour nourrir une haine aussi féroce que tenace envers Charles Quint et son fils, Philippe II...</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: verdana,geneva,sans-serif; font-size: 12pt;"><strong><a href="http://lafautearousseau.hautetfort.com/media/00/01/535772757.90.jpg" target="_blank" rel="noopener"><img id="media-6226264" style="float: left; margin: 0.2em 1.4em 0.7em 0;" title="" src="http://lafautearousseau.hautetfort.com/media/00/01/3834054413.157.jpg" alt="11 fevrier,descartes,franz hals,bernadette soubirous,massabielle,lourdes,daumier,foucault,pendule de foucault,prusse,marseille,fort saint nicolas,louis xiv" /></a>• Le cas de Louis XI</strong> est différent, dans la forme, puisque le roi ne fut pas fait prisonnier <em>à la guerre</em> : mais il fut certainement plus dangereux pour son <em>avenir politique</em>, pour sa vie même, et pour la monarchie. Louis XI commit en effet l'imprudence de se rendre à Péronne, le 9 octobre 1468, pour une entrevue avec <em>Charles le Téméraire</em>. Au moment même où il excitait secrètement la révolte de la ville de Liège contre la Bourgogne !</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: verdana,geneva,sans-serif; font-size: 12pt;"> Le Duc, ayant appris qu'on avait reconnu des émissaires royaux parmi les révoltés, fit fermer le château dans lequel il négociait avec le roi et songea même à le tuer. Louis XI lui proposa alors son aide pour rétablir l'ordre à Liège, ainsi qu'un traité en faveur de la Bourgogne. Le Duc accepta : ce fut le <em>Traité de Péronne</em>. Prétextant devoir rentrer à Paris pour présenter le Traité au Parlement, Louis XI prit le chemin de Paris, et arriva sur les terres du domaine royal le 5 ou 6 novembre, après presque trois semaines de séjour forcé chez son ennemi.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: verdana,geneva,sans-serif; font-size: 12pt;">On s'est toujours demandé - et on se le demande encore - comment un homme aussi rusé que Louis XI a pu commettre une telle imprudence, qui équivalait à se jeter dans la gueule du loup; et, d'autre part, pourquoi le duc de Bourgogne n'a pas saisi l'occasion inespérée de mettre définitivement son ennemi juré hors d'état de nuire, par la mort ou l'emprisonnement perpétuel. Jacques Bainville propose comme explication que le duc de Bourgogne, tout simplement, <strong><em>n'avait pas osé</em></strong>, tant était devenu grand, au fil du temps, le prestige du roi de France, sacré à Reims... </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: verdana,geneva,sans-serif; font-size: 12pt;"><strong><a href="http://lafautearousseau.hautetfort.com/media/02/02/4106048953.JPG" target="_blank" rel="noopener noreferrer"><img id="media-4453505" style="float: left; margin: 0.2em 1.4em 0.7em 0px;" title="" src="http://lafautearousseau.hautetfort.com/media/02/02/4254385642.JPG" alt="11 fevrier,descartes,franz hals,bernadette soubirous,massabielle,lourdes,daumier,foucault,pendule de foucault,prusse,marseille,fort saint nicolas,louis xiv" /></a>• Napoléon III</strong> fut le dernier des<em> "souverains capturés"</em> : dès le 2 Septembre, et sa reddition à Sedan, l'ex-Empereur fut transféré au château de Wilhelmshöhe, dans la Hesse (où l'ex-impératrice Eugénie vint le visiter, le 30 octobre). Il restera donc prisonnier un peu plus de 6 mois, jusqu'en 1871 : le 19 mars de cette année, celui qui était redevenu Louis-Napoléon Bonaparte quitta le château de Wilhelmshöhe pour l'Angleterre. Le lendemain, il débarqua à Douvres puis se rendit à Camden Place, à Chislehurst, dans le Kent, où il devait mourir peu après, et où il est enterré.<br /><br />Par le calamiteux <em>Traité de Francfort </em>de mai 1871 (voir l'<strong><em><a href="http://lafautearousseau.hautetfort.com/archive/2009/06/16/epheueride-du-18-juillet.html">É</a><a href="http://lafautearousseau.hautetfort.com/archive/2009/04/18/xephemeride-du-10-mai.html">phéméride du 10 mai</a></em></strong>), la France perdait l'Alsace et une bonne partie de la Lorraine, devait payer une indemnités exorbitante de 5 milliards de francs-or, et voyait son armée réduite et cantonnée au sud de la Loire; et <strong><em><a href="http://lafautearousseau.hautetfort.com/album/des-celtes-a-nos-jours-l-aventure-france-par-les-cartes/4030095145.html">Strasbourg devenait un glacis anti-français</a></em></strong>... </span></p><p style="text-align: justify;"> </p><p style="text-align: center;"><span style="font-family: verdana,geneva,sans-serif; font-size: 12pt;"><em>Morts à l'étranger, faits prisonnier sur le champ de bataille, préférant quitter Paris révolté afin d'y revenir après avoir dompté les rebelles, assassinés : plusieurs rois de France ont eu un destin hors du commun, que recensent quatre de nos Éphémérides : </em></span></p><p style="text-align: center;"><span style="font-family: verdana,geneva,sans-serif; font-size: 12pt;"><em><strong>• </strong>pour les rois morts à l'étranger, voir l'<strong><a href="http://lafautearousseau.hautetfort.com/archive/2009/06/16/epheueride-du-18-juillet.html"><span style="text-decoration: underline; color: #0000ff;">É</span></a><span style="text-decoration: underline; color: #0000ff;">phéméride du 8 avril</span></strong>; </em></span></p><p style="text-align: center;"><span style="font-family: verdana,geneva,sans-serif; font-size: 12pt;"><em><strong>•</strong> pour les rois faits prisonniers sur le champ de bataille, voir l'<span style="text-decoration: underline; color: #0000ff;"><strong><a style="color: #0000ff; text-decoration: underline;" href="http://lafautearousseau.hautetfort.com/archive/2009/06/16/epheueride-du-18-juillet.html">É</a>phéméride du 11 février</strong></span>; </em></span></p><p style="text-align: center;"><span style="font-family: verdana,geneva,sans-serif; font-size: 12pt;"><em><strong>•</strong> pour les rois ayant préféré quitter Paris révolté afin d'y revenir après avoir dompté les rebelles, voir l'<strong><a href="http://lafautearousseau.hautetfort.com/archive/2009/06/16/epheueride-du-18-juillet.html">É</a><a href="http://lafautearousseau.hautetfort.com/archive/2009/02/24/xephemeridu-du-17-mars.html">phéméride du 21 mars</a></strong>; </em></span></p><p style="text-align: center;"><span style="font-family: verdana,geneva,sans-serif; font-size: 12pt;"><em><strong>•</strong> pour les rois assassinés, voir l'<strong><a href="http://lafautearousseau.hautetfort.com/archive/2009/06/16/epheueride-du-18-juillet.html"><span style="text-decoration: underline; color: #0000ff;">É</span></a><span style="text-decoration: underline; color: #0000ff;"><a style="color: #0000ff; text-decoration: underline;" href="http://lafautearousseau.hautetfort.com/archive/2011/11/19/30-juillet-1867.html">phéméride du 30 juillet</a></span></strong>... </em></span></p><p style="text-align: center;"> </p><p> </p><p style="text-align: center;"><span style="font-family: verdana,geneva,sans-serif; font-size: 12pt;"><a href="http://lafautearousseau.hautetfort.com/media/00/01/88059071.6.jpg" target="_blank" rel="noopener noreferrer"><img id="media-4899510" style="margin: 0.7em 0px;" title="" src="http://lafautearousseau.hautetfort.com/media/00/01/2482906768.7.jpg" alt="11 fevrier,descartes,franz hals,bernadette soubirous,massabielle,lourdes,daumier,foucault,pendule de foucault,prusse,marseille,fort saint nicolas,louis xiv" /></a></span></p><p style="text-align: center;"> </p><p style="text-align: center;"><span style="font-family: verdana,geneva,sans-serif; font-size: 12pt;"> </span></p><p><span style="font-family: verdana,geneva,sans-serif; font-size: 12pt;"><span style="color: #000080;"><strong>1650</strong><em><strong> : Mort de René Descartes</strong></em></span><br /></span></p><p style="text-align: center;"><span style="font-family: verdana,geneva,sans-serif; font-size: 12pt;"> </span></p><div style="text-align: center;"><span style="font-family: verdana,geneva,sans-serif; font-size: 12pt;"><a href="http://lafautearousseau.hautetfort.com/media/02/01/632092411.jpg" target="_blank" rel="noopener noreferrer"><img id="media-1572948" style="border-width: 0px; margin: 0.7em 0px;" src="http://lafautearousseau.hautetfort.com/media/02/01/1902473503.jpg" alt="descartes.jpg" width="305" height="375" /></a></span><span style="font-family: verdana,geneva,sans-serif; font-size: 12pt;"> <br /></span></div><div style="text-align: center;"><span style="font-family: verdana,geneva,sans-serif; font-size: 12pt;"><em>Portrait, par Franz Hals...</em></span></div><div style="text-align: center;"> </div><div style="text-align: center;"><span style="font-family: verdana,geneva,sans-serif; font-size: 12pt;"> </span></div><div style="text-align: center;"><span style="font-family: verdana,geneva,sans-serif; font-size: 12pt;">La Fontaine lui a consacré ces vers :</span></div><p style="text-align: center;"><span style="font-family: verdana,geneva,sans-serif; font-size: 12pt;"><strong><em>"Descartes, ce mortel dont on eût fait un dieu<br />Dans les siècles passés, et qui tient le milieu<br />Entre l'homme et l'esprit."</em></strong> </span></p><p style="text-align: center;"><span style="font-family: verdana,geneva,sans-serif; font-size: 12pt;"><strong><em><a href="http://mper.perso.infonie.fr/auteurs/Descart.html" target="_blank" rel="noopener noreferrer">http://mper.perso.infonie.fr/auteurs/Descart.html</a> </em></strong> </span></p><p style="text-align: center;"> </p><p style="text-align: center;"> </p><p style="text-align: center;"><span style="font-family: verdana,geneva,sans-serif; font-size: 12pt;"><a href="http://lafautearousseau.hautetfort.com/media/00/01/88059071.6.jpg" target="_blank" rel="noopener noreferrer"><img id="media-4899510" style="margin: 0.7em 0px;" title="" src="http://lafautearousseau.hautetfort.com/media/00/01/2482906768.7.jpg" alt="11 fevrier,descartes,franz hals,bernadette soubirous,massabielle,lourdes,daumier,foucault,pendule de foucault,prusse,marseille,fort saint nicolas,louis xiv" /></a></span></p><p><span style="font-family: verdana,geneva,sans-serif; font-size: 12pt;"> </span></p><p> </p><p><span style="color: #000080; font-family: verdana,geneva,sans-serif; font-size: 12pt;"><em><strong>1660 : Pose de la première pierre du Fort Saint Nicolas, à Marseille</strong></em></span></p><p><span style="font-family: verdana,geneva,sans-serif; font-size: 12pt;"> </span></p><p style="text-align: center;"><span style="font-family: verdana,geneva,sans-serif; font-size: 12pt;"><a href="http://lafautearousseau.hautetfort.com/media/02/01/2092356557.jpg" target="_blank" rel="noopener noreferrer"><img id="media-5260902" style="float: left; margin: 0.2em 1.4em 0.7em 0px;" title="" src="http://lafautearousseau.hautetfort.com/media/02/01/2568893716.jpg" alt="11 fevrier,descartes,franz hals,bernadette soubirous,massabielle,lourdes,daumier,foucault,pendule de foucault,prusse,marseille,fort saint nicolas,louis xiv" width="319" height="212" /></a></span><span style="font-family: verdana,geneva,sans-serif; font-size: 12pt;">Louis XIV y fit graver l'inscription suivante : </span></p><p style="text-align: center;"><span style="font-family: verdana,geneva,sans-serif; font-size: 12pt;"><strong><em>"De peur que la fidèle Marseille, trop souvent en proie aux criminelles agitations de quelques-uns, perdît enfin la ville et le royaume, ou par la fougue des plus hardis, ou par une trop grande passion de la liberté, Louis XIV, roi des Français, a pourvu, en construisant cette citadelle, à la sûreté des grands et du peuple".</em></strong></span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: verdana,geneva,sans-serif; font-size: 12pt;">Après les désordres de la Fronde, c'est le troisième et dernier <em>grand avertissement </em>envoyé par le Roi à la France entière : </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: verdana,geneva,sans-serif; font-size: 12pt;"><strong><em>• aux Grands</em></strong>, avec la chute de Fouquet, voir l'<strong><em><a href="http://lafautearousseau.hautetfort.com/archive/2009/06/16/epheueride-du-18-juillet.html">É</a><a href="http://lafautearousseau.hautetfort.com/archive/2008/08/19/ephemeride-du-5-septembre.html">phéméride du 5 septembre</a></em></strong>; </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: verdana,geneva,sans-serif; font-size: 12pt;"><strong><em>• aux brigands</em></strong>, avec les <em><strong><a href="http://www.egaliteetreconciliation.fr/VI-La-justice-du-roi-les-Grands-jours-d-Auvergne-9000.html">Grands jours d'Auvergne</a></strong>;</em> </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: verdana,geneva,sans-serif; font-size: 12pt;"><strong><em>• aux Communes</em></strong>, avec la <em>mise au pas</em> de Marseille; </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: verdana,geneva,sans-serif; font-size: 12pt;">L'ordre est remis partout, les désordres <strong>"ne sont plus de saison"</strong> (l'expression est de Colbert, aux membres du Parlement); le <em>Grand siècle </em>peut commencer...</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: verdana,geneva,sans-serif; font-size: 12pt;">Sur un ton plus badin, sachant que les riches marseillais donnaient à leur demeure à la campagne le nom de <em>Bastides</em>, Louis XIV déclara ! <strong>"Moi aussi, je veux avoir ma bastide à Marseille" </strong>: l'humour était sauf !...</span></p><p style="text-align: center;"><a href="http://lafautearousseau.hautetfort.com/media/00/00/237700799.jpg" target="_blank" rel="noopener noreferrer"><img id="media-5260901" style="margin: 0.7em 0px;" title="" src="http://lafautearousseau.hautetfort.com/media/00/00/1872519327.jpg" alt="11 fevrier,descartes,franz hals,bernadette soubirous,massabielle,lourdes,daumier,foucault,pendule de foucault,prusse,marseille,fort saint nicolas,louis xiv" /></a></p><p style="text-align: center;"><span style="font-family: verdana,geneva,sans-serif; font-size: 12pt;"><em>Louis XIV viendra en personne châtier la ville qui avait oser braver son autorité (le Conseil municipal était allé jusqu'à faire brûler un édit du roi !... : voir l'<span style="font-family: verdana,geneva; color: #000000;"><span style="font-family: verdana,geneva; color: #000080;"><span style="color: #000000;"><strong><a href="http://lafautearousseau.hautetfort.com/archive/2009/06/16/epheueride-du-18-juillet.html">É</a><a href="http://lafautearousseau.hautetfort.com/archive/2008/12/26/eephemeride-du-11-fevrier.html">phéméride du 11 février</a></strong>)</span></span></span>) :</em> <em>il décida d'abord de l'o<span style="color: #000000;">ccupation militaire de la ville, avec plus de 7.000 hommes aux ordres de </span></em><em><span style="color: #000000;"><em><span style="color: #000000;">M. de Mercoeur</span></em>; puis il ordonna que la cité fût </span></em><em><span style="color: #000000;">désarmée, les canons sciés, les serrures de portes des murailles arrachées; l</span><span style="color: #000000;">a porte de la Réale fut également démolie.</span></em></span></p><p style="text-align: center;"><span style="font-family: verdana,geneva,sans-serif; font-size: 12pt;"><em><span style="color: #000000;">Louis XIV arriva à Marseille le 2 mars 1660. Il refusa les clefs de la ville, et pour montrer qu'il venait en vainqueur, il rentra dans la cité par une brèche que ses soldats avaient faite - au canon !... - dans les murailles.</span></em></span></p><
lafautearousseau royalistehttp://lafautearousseau.hautetfort.com/about.htmlÉphéméride du 8 juintag:lafautearousseau.hautetfort.com,2023-06-08:21481352023-06-08T03:25:00+02:002023-06-08T03:25:00+02:00 Au coeur de la Révolution, et du Système actuel qui en est l'héritier, il...
<p style="text-align: right;"><span style="color: #000080; font-family: verdana, geneva, sans-serif; font-size: 12pt;"><em><strong>Au coeur de la Révolution, et du Système actuel qui en est l'héritier, il y a un infanticide : celui du petit roi martyr, Louis XVII...</strong></em></span></p><p> </p><p> </p><p> </p><p> </p><p><span style="color: #000080; font-family: verdana, geneva, sans-serif; font-size: 12pt;"><em><strong>1637 : Parution du Discours de la Méthode</strong></em></span></p><p><span style="font-size: 12pt; font-family: verdana, geneva, sans-serif;"> </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: verdana, geneva, sans-serif; font-size: 12pt;"><img id="media-5066802" style="float: left; margin: 0.2em 1.4em 0.7em 0;" title="" src="http://lafautearousseau.hautetfort.com/media/02/00/4045955023.jpg" alt="8 juin,descartes,discours de la méthode,louis xvi,louis xvii,marie-antoinette,robespierre,pol pot,hitler,convention,la varende,rois martyrs,maurras" /></span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: verdana, geneva, sans-serif; font-size: 12pt;"><span style="color: #333333;">Le </span><strong><em><span style="color: #333333;">Discours de la Méthode pour bien conduire sa raison et chercher la vérité dans les sciences</span> </em></strong>est la première grande œuvre philosophique et scientifique écrite en français, et non en latin, Descartes souhaitant être accessible à tous.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: verdana, geneva, sans-serif; font-size: 12pt;">Il y prône le <em>doute méthodique</em> et le <em>recours à la raison</em>, décidant de volontairement mettre en doute toutes ses connaissances et opinions. </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: verdana, geneva, sans-serif; font-size: 12pt;">Que reste-t-il de cette <em>remise en question</em> : que c’est lui, sujet, qui doute. Or, pour douter, il faut penser. Donc, <em>si je doute, je pense, </em>et<em> si je pense, je suis</em>...</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: verdana, geneva, sans-serif; font-size: 12pt;">Le doute, qui au départ mettait tout en question, se renverse ainsi, et devient au contraire source de certitude, celle de l'existence du sujet pensant...</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: verdana, geneva, sans-serif; font-size: 12pt;"> </span></p><p><span style="font-family: verdana, geneva, sans-serif; font-size: 12pt;"><a href="http://lafautearousseau.hautetfort.com/media/01/02/88059071.11.jpg" target="_blank" rel="noopener noreferrer"><img id="media-5065808" style="margin: 0.7em auto; display: block;" title="" src="http://lafautearousseau.hautetfort.com/media/01/02/2482906768.14.jpg" alt="8 juin,descartes,discours de la méthode,louis xvi,louis xvii,marie-antoinette,robespierre,pol pot,hitler,convention,la varende,rois martyrs,maurras" /></a></span></p><p> </p><p><img src="http://lafautearousseau.hautetfort.com/media/00/01/667092701.35.png" id="media-6266208" alt="" /></p><p style="text-align: justify; line-height: normal; margin: 0cm 0cm 0pt; mso-pagination: none; mso-layout-grid-align: none;"><span style="color: #000080; font-family: verdana,geneva; font-size: medium;"><em><strong>1638 : Naissance de Pierre Magnol</strong></em></span></p><p style="text-align: justify; line-height: normal; margin: 0cm 0cm 0pt; mso-pagination: none; mso-layout-grid-align: none;"> </p><p style="line-height: normal; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: center;"> </p><p style="text-align: center;"><a href="http://lafautearousseau.hautetfort.com/media/00/02/2830180847.JPG" target="_blank" rel="noopener noreferrer"><img id="media-5082894" style="margin: 0.7em 0;" title="" src="http://lafautearousseau.hautetfort.com/media/00/02/1202688756.JPG" alt="8 juin,descartes,discours de la méthode,louis xvi,louis xvii,marie-antoinette,robespierre,pol pot,hitler,convention,la varende,rois martyrs,maurras" /></a></p><p style="text-align: center;"><span style="font-family: verdana,geneva; font-size: medium;"><em>Dans <strong><a href="http://www.montpellier.fr/429-le-jardin-des-plantes.htm">le Jardin des plantes de Montpellier</a></strong>, le plus ancien Jardin botanique de France, créé sous Henri IV, en 1593....</em></span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: medium;"> </span></p><p style="line-height: normal; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;"><span style="font-family: verdana,geneva; font-size: medium;">C'est un autre botaniste célèbre, Charles Plumier (voir l'<em><strong><a href="http://lafautearousseau.hautetfort.com/archive/2008/10/23/ephemeride-du-20-novembre.html#more" target="_self"><span style="font-family: verdana, geneva, sans-serif; font-size: 12pt;">É</span>phéméride du 20 novembre</a></strong></em>) qui a eu l'idée de donner à certaines espèces le nom de botanistes méritants : Pierre Magnol, médecin montpelliérain et fils d'apothicaire, s'est donc vu attribuer... le <em>magnolia</em> ! </span></p><p style="line-height: normal; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;"><span style="font-size: medium;"> </span></p><p style="line-height: normal; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;"><span style="font-family: verdana,geneva; font-size: medium;">Vrai scientifique, faisant preuve d'une remarquable finesse d'analyse, Pierre Magnol eut l'idée du classement des plantes par "familles", au-dessus du groupe des "genres" (comme on, le faisait déjà en zoologie) : <strong>"...J'ai reconnu que les animaux se divisaient en familles, distinguées par des caractères spéciaux... J'ai retrouvé tous ces degrés d'affinités dans les plantes..." </strong></span></p><p style="line-height: normal; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;"> </p><p style="line-height: normal; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;"><span style="font-family: verdana,geneva; font-size: medium;">Alors que les classifications de l'époque se basaient sur des données<em> artificielles</em> (feuilles, graines, fruits...), Magnol introduisait, tout simplement, un classement véritablement <em>scientifique </em>des espèces :<strong> "...Il y a entre certaines plantes ressemblance et une affinité qui n'apparaît pas dans les parties séparées, mais qui résulte de l'ensemble...". <br /></strong></span></p><p style="line-height: normal; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;"><span style="font-size: medium;"> </span></p><p style="line-height: normal; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;"><span style="font-family: verdana,geneva; font-size: medium;"><a href="http://lafautearousseau.hautetfort.com/media/01/02/4040158781.JPG" target="_blank" rel="noopener noreferrer"><img id="media-5364378" style="float: left; margin: 0.2em 1.4em 0.7em 0;" title="" src="http://lafautearousseau.hautetfort.com/media/01/02/429034898.JPG" alt="8 juin,descartes,discours de la méthode,louis xvi,louis xvii,marie-antoinette,robespierre,pol pot,hitler,convention,la varende,rois martyrs,maurras" /></a>Gêné et retardé dans sa carrière par ses convictions <em>réformées</em>, Pierre Magnol - qui abjura le protestantisme - dut attendre la mort de son élève Joseph Pitton de Tournefort - qui fut son élève à Montpellier - pour accéder à l'Académie des Sciences. Et ce ne fut qu'après son abjuration que Louis XIV lui permit d'obtenir une chaire à la <em>Faculté de médecine de Montpellier</em>, dont il était diplômé, avant de lui confier, trois ans plus tard, la direction du <em>Jardin botanique de Montpellier</em> (ci contre)...</span></p><p style="line-height: normal; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;"><span style="font-size: medium;"> </span></p><p style="line-height: normal; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;"><span style="font-family: verdana,geneva; font-size: medium;">Pierre Magnol décrivit 2.000 espèces nouvelles, dans 75 familles : malheureusement, on ne sait pas où se trouve son herbier : il n'est pas à Montpellier, qui possède pourtant 3,5 millions d'échantillons de plantes, mousses et champignons (la deuxième collection de France, après celle du <em>Muséum national d'Histoire naturelle</em>)...</span></p><p style="line-height: normal; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;"> </p><p style="text-align: justify; line-height: normal; margin: 0cm 0cm 0pt; mso-pagination: none; mso-layout-grid-align: none;"><span style="font-size: medium;"> </span></p><p style="text-align: justify; line-height: normal; margin: 0cm 0cm 0pt; mso-pagination: none; mso-layout-grid-align: none;"> </p><p style="text-align: justify; line-height: normal; margin: 0cm 0cm 0pt; mso-pagination: none; mso-layout-grid-align: none;"> </p><p style="line-height: normal; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: center;"><span style="font-size: medium;"><a href="http://lafautearousseau.hautetfort.com/media/01/02/88059071.11.jpg" target="_blank" rel="noopener noreferrer"><img id="media-5065808" style="margin: 0.7em 0;" title="" src="http://lafautearousseau.hautetfort.com/media/01/02/2482906768.14.jpg" alt="8 juin,descartes,discours de la méthode,louis xvi,louis xvii,marie-antoinette,robespierre,pol pot,hitler,convention,la varende,rois martyrs,maurras" /></a></span></p><p style="text-align: justify; line-height: normal; margin: 0cm 0cm 0pt; mso-pagination: none; mso-layout-grid-align: none;"> </p><p style="text-align: justify; line-height: normal; margin: 0cm 0cm 0pt; mso-pagination: none; mso-layout-grid-align: none;"> </p><p style="text-align: justify; line-height: normal; margin: 0cm 0cm 0pt; mso-pagination: none; mso-layout-grid-align: none;"> </p><p style="text-align: justify; line-height: normal; margin: 0cm 0cm 0pt; mso-pagination: none; mso-layout-grid-align: none;"> </p><p style="text-align: justify; line-height: normal; margin: 0cm 0cm 0pt; mso-pagination: none; mso-layout-grid-align: none;"> </p><p style="text-align: justify; line-height: normal; margin: 0cm 0cm 0pt; mso-pagination: none; mso-layout-grid-align: none;"><span style="color: #000080; font-family: verdana,geneva; font-size: medium;"><em><strong>1795 : Mort de Louis XVII</strong></em></span><span style="font-size: medium;"> </span></p><p style="text-align: justify; line-height: normal; margin: 0cm 0cm 0pt; mso-pagination: none; mso-layout-grid-align: none;"> </p><p style="text-align: center; line-height: normal; margin: 0cm 0cm 0pt; mso-pagination: none; mso-layout-grid-align: none;"> </p><p style="text-align: center; line-height: normal; margin: 0cm 0cm 0pt; mso-pagination: none; mso-layout-grid-align: none;"><span style="color: #000080; font-family: verdana,geneva; font-size: medium;"> </span></p><p style="text-align: justify; line-height: normal; margin: 0cm 0cm 0pt; mso-pagination: none; mso-layout-grid-align: none;"><span style="font-family: verdana,geneva; font-size: medium;">Depuis deux ans, un petit enfant est cruellement, épouvantablement soumis à un infanticide aussi lent qu'inhumain : le 3 juillet 1793, le petit roi Louis XVII, âgé alors de cinq ans, est arraché des bras de sa mère, et va rester seul, avec ses monstrueux bourreaux, les Sanson (voir l'<strong><em><a href="http://lafautearousseau.hautetfort.com/archive/2009/06/13/ephemeride-du-3-juillet.html"><span style="font-family: verdana, geneva, sans-serif; font-size: 12pt;">É</span>phéméride du 3 juillet</a></em></strong>, et les lignes de Balzac consacrées à cet horrible infanticide...).</span></p><p style="text-align: justify; line-height: normal; margin: 0cm 0cm 0pt; mso-pagination: none; mso-layout-grid-align: none;"> </p><p style="text-align: justify; line-height: normal; margin: 0cm 0cm 0pt; mso-pagination: none; mso-layout-grid-align: none;"><span style="font-family: verdana,geneva; font-size: medium;">Aujourd'hui - <strong><em>enfin</em></strong>, serait-on tenté de dire, tant il s'agit, en un certain sens, d'une libération, de la fin de l'horreur... - ce petit enfant meurt seul, dans la prison du <em>Temple</em>, après presque deux ans d'une <em>destruction</em> méthodique, monstrueusement réglée jusque dans ses moindres détails. </span></p><p style="text-align: justify; line-height: normal; margin: 0cm 0cm 0pt; mso-pagination: none; mso-layout-grid-align: none;"> </p><p style="text-align: justify; line-height: normal; margin: 0cm 0cm 0pt; mso-pagination: none; mso-layout-grid-align: none;"><span style="font-family: verdana,geneva; font-size: medium;">Il est le troisième personnage de la <em>trilogie martyre : Louis XVI, Marie-Antoinette, Louis-Charles, duc de Normandie.</em></span></p><p style="text-align: justify; line-height: normal; margin: 0cm 0cm 0pt; mso-pagination: none; mso-layout-grid-align: none;"><span style="font-family: verdana,geneva; font-size: medium;"> </span></p><p style="text-align: justify; line-height: normal; margin: 0cm 0cm 0pt; mso-pagination: none; mso-layout-grid-align: none;"><span style="font-family: verdana,geneva; font-size: medium;">Sans gouvernement et sans puissance, cet enfant était <em>Roi légitime : </em>il était Louis XVII, successeur de son père Louis XVI. Avec son père, ce sont <em><strong>les</strong> Rois martyrs...</em></span></p><p style="text-align: justify; line-height: normal; margin: 0cm 0cm 0pt; mso-pagination: none; mso-layout-grid-align: none;"> </p><p style="text-align: center;"><a href="http://lafautearousseau.hautetfort.com/media/00/01/3096211947.jpg" target="_blank" rel="noopener noreferrer"><img id="media-5364380" style="margin: 0.7em 0;" title="" src="http://lafautearousseau.hautetfort.com/media/00/01/1562950265.jpg" alt="8 juin,descartes,discours de la méthode,louis xvi,louis xvii,marie-antoinette,robespierre,pol pot,hitler,convention,la varende,rois martyrs,maurras" /></a></p><p style="line-height: normal; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: center;"><em><span style="font-family: verdana,geneva; font-size: medium;"> </span><span style="font-family: verdana,geneva; font-size: medium;">Ce 8 juin 1795, ce petit enfant martyrisé depuis plus de deux ans cesse enfin de souffrir : isolé, en proie aux terreurs nocturnes sans que jamais personne ne vienne répondre à ses détresses, rongé par la maladie due à ses conditions inhumaines de détention, la mort libère enfin le petit Louis-Charles, duc de Normandie, devenu Louis XVII - et deuxième roi martyr - à la mort de son père, Louis XVI, premier roi martyr - le 21 janvier 1793...</span></em></p><p style="text-align: justify; line-height: normal; margin: 0cm 0cm 0pt; mso-pagination: none; mso-layout-grid-align: none;"> </p><div class="posttext"><div class="posttext-decorator1"><div class="posttext-decorator2"><div><p style="text-align: center;"><span style="font-family: verdana,geneva; font-size: medium;"><em><strong><span style="color: #333333;">"L'enfant emmuré tel un cadavre au sépulcre, tenu dans un total isolement affectif et social, rongé par la vermine, ses articulations déformées et semées de tumeurs, passa seul sa dernière nuit en ce monde, sans avoir jamais cessé de croire que sa mère était encore présente à l'étage au-dessus de lui...."</span> </strong>(Edmonde Charles-Roux, de l'Académie Goncourt).</em></span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: medium;"> </span></p><p style="text-align: center;"><span style="font-size: medium;"><span style="font-family: verdana,geneva;"><em><strong><span style="color: #333333;">Écouter : In Paradisum du Requiem de Fauré :</span></strong></em></span></span></p><p style="text-align: center;"><span style="font-size: medium;"><span style="font-family: verdana,geneva;"><em><strong> <span style="color: #000080;"><a id="media-3350138" href="http://lafautearousseau.hautetfort.com/media/02/01/186850388.mp3"><span style="color: #000080;">Michel Legrand - Gabriel Faure. Requiem op.48 In Paradisum.mp3</span></a></span></strong></em></span> :</span></p><p style="text-align: center;"><span style="font-family: verdana,geneva; font-size: medium;"><em><span style="color: #333333;"><strong>"In paradisum deducant te angeli, in tuo adventu suscipiant te martyres, et perducant te in civitatem sanctam Jerusalem. Chorus angelorum te suscipiat, et cum Lazaro quondam paupere aeternam habeas requiem</strong></span></em><span style="color: #333333;"><strong>." </strong></span><em>(</em><em>Que les Anges te conduisent au paradis, </em><em>que les martyrs t'accueillent à ton arrivée, </em><em>et t'introduisent dans la Jérusalem du ciel. </em><em>Que les Anges, en choeur, te reçoivent, </em><em>et que tu jouisses du repos éternel </em><em>avec celui qui fut jadis le pauvre Lazare)</em></span></p></div></div></div></div><p style="margin: 0cm 0cm 0pt; line-height: normal; mso-pagination: none; mso-layout-grid-align: none;"><span style="font-family: verdana,geneva; font-size: medium;"> </span></p><div style="text-align: center;"><span style="font-family: verdana,geneva; font-size: small;"><strong><a href="http://lafautearousseau.hautetfort.com/media/01/02/1262751367.jpg" target="_blank" rel="noopener noreferrer"><img style="border-width: 0; margin: 0.7em 0;" src="http://lafautearousseau.hautetfort.com/media/01/02/1069963769.jpg" alt="Louis+XVII+Imprisoned.jpg" /></a></strong></span></div><div style="text-align: center;"><span style="font-family: verdana,geneva; font-size: small;"><span style="font-family: verdana,geneva; font-size: small;"><span style="font-family: verdana,geneva; font-size: small;"> </span></span></span><p><strong><span style="color: #000080; font-family: verdana,geneva; font-size: medium;"><em><span style="color: #000000;">De Victor Hugo :</span> </em></span><em><span style="color: #000080; font-family: verdana,geneva; font-size: medium;"><a href="http://lafautearousseau.hautetfort.com/media/01/02/3091581141.pdf"><span style="color: #000080;">ODE A LOUIS XVII.pdf</span></a> </span></em></strong></p><p><span style="color: #000000;"><em><span style="font-family: verdana,geneva; font-size: medium;">(Royaliste fervent, et membre du cercle des très proches de Chateaubriand, à l'époque où il composa cette Ôde superbe, Hugo "dévia" malheureusement par la suite : voir l'<strong><a href="http://lafautearousseau.hautetfort.com/archive/2009/04/20/ephemeride-du-22-mai.html"><span style="font-family: verdana, geneva, sans-serif; font-size: 12pt;">É</span>phéméride du 22 mai</a></strong>...)</span></em></span></p></div><p style="margin: 0cm 0cm 0pt; line-height: normal; mso-pagination: none; mso-layout-grid-align: none;"><span style="font-family: verdana,geneva; font-size: small;"> </span></p><p style="margin: 0cm 0cm 0pt; line-height: normal; mso-pagination: none; mso-layout-grid-align: none;"><span style="font-family: verdana,geneva; font-size: small;"><em> </em> </span></p><p style="text-align: justify; line-height: normal; margin: 0cm 0cm 0pt; mso-pagination: none; mso-layout-grid-align: none;"><span style="font-family: verdana,geneva; font-size: medium;">Encore pire que celui de ses parents, l'assassinat programmé d'un petit enfant - par définition innocent de tout crime - est l'horreur encore repoussée, l'abomination totale. L'enfance martyrisée et massacrée, les bornes sont franchies: il n'y a plus de limites à l'horreur...</span></p><p style="text-align: justify; line-height: normal; margin: 0cm 0cm 0pt; mso-pagination: none; mso-layout-grid-align: none;"><span style="font-family: verdana,geneva; font-size: medium;"> </span></p><p style="text-align: justify; line-height: normal; margin: 0cm 0cm 0pt; mso-pagination: none; mso-layout-grid-align: none;"><span style="font-family: verdana,geneva; font-size: medium;">Ceux qui ont rejeté Dieu, en se prenant eux-mêmes pour les ré-organisateurs du monde, démultiplient au centuple les erreurs et les horreurs - par ailleurs bien réelles - de la religion et de la société qu'ils prétendaient combattre, abolir et remplacer. Les abominations se feront - à partir d'eux, et à cause de leurs pré-supposés idéologiques - sur une échelle mille fois fois supérieure à tout ce qui avait été connu <em>avant.</em> </span></p><p style="text-align: justify; line-height: normal; margin: 0cm 0cm 0pt; mso-pagination: none; mso-layout-grid-align: none;"><span style="font-family: verdana,geneva; font-size: medium;"> </span></p><p style="text-align: justify; line-height: normal; margin: 0cm 0cm 0pt; mso-pagination: none; mso-layout-grid-align: none;"><span style="font-family: verdana,geneva; font-size: medium;">Staline, Hitler, Mao, Pol Pot sont déjà nés dans le sillage de Robespierre; le mépris absolu de la personne humaine, les camps de la terreur et de l'extermination de masse sont en germe dans les décrets de la Convention...</span></p><p style="text-align: justify; line-height: normal; margin: 0cm 0cm 0pt; mso-pagination: none; mso-layout-grid-align: none;"><span style="font-family: verdana,geneva; font-size: medium;"> </span></p><p style="text-align: justify; line-height: normal; margin: 0cm 0cm 0pt;"><span style="font-family: verdana,geneva; font-size: medium;">On lira dans le lien ci-dessous les travaux définitifs de Philippe Delorme sur <em>l'enfant du Temple</em> (repris dans notre </span><span style="font-family: verdana,geneva; font-size: medium;"><span style="font-family: verdana,geneva; font-size: small;"><span style="font-family: verdana,geneva,sans-serif; font-size: 12pt;"><a href="http://lafautearousseau.hautetfort.com/archive/2010/02/06/ephemeride-du-19-avril.html"><strong><em><span style="font-family: verdana, geneva, sans-serif; font-size: 12pt;">É</span>phéméride du 19 avril</em></strong></a></span></span> <span style="color: #000000;">: <span style="font-size: medium;"><span style="font-family: verdana,geneva;"><em><strong>2.000 : L'expertise ADN révèle que l'enfant mort le 8 juin 1795 dans la prison du Temple est bien Louis XVII, fils de Louis XVI et de Marie-Antoinette</strong>)</em></span></span></span></span><span style="color: #000000;"><span style="font-size: medium;"><br /></span></span></p><p style="text-align: justify; line-height: normal; margin: 0cm 0cm 0pt;"> </p><p style="margin: 0cm 0cm 0pt; line-height: normal; mso-pagination: none; mso-layout-grid-align: none;"><span style="font-family: verdana,geneva; font-size: medium;"><strong> </strong></span></p><p style="text-align: center; line-height: normal; margin: 0cm 0cm 0pt; mso-pagination: none; mso-layout-grid-align: none;"><span style="color: #000080; font-family: verdana,geneva; font-si
Café philosophique de Montargishttp://cafephilosophique-montargis.hautetfort.com/about.htmlDescartes : De l'usage de la peurtag:cafephilosophique-montargis.hautetfort.com,2023-01-12:64203182023-01-12T00:00:00+01:002023-01-12T00:00:00+01:00 Pour ce qui est de la peur ou de l’épouvante, je ne vois point qu’elle...
<blockquote><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;"><a href="http://cafephilosophique-montargis.hautetfort.com/media/00/02/2289705923.jpg" target="_blank" rel="noopener"><img id="media-6414143" style="float: left; margin: 0.2em 1.4em 0.7em 0;" title="" src="http://cafephilosophique-montargis.hautetfort.com/media/00/02/183733699.jpg" alt="41gEbCdjfQL.jpg" /></a>Pour ce qui est de la peur ou de l’épouvante, je ne vois point qu’elle puisse jamais être louable ni utile ; aussi n’est-ce pas une passion particulière, c’est seulement un excès de lâcheté, d’étonnement et de crainte, lequel est toujours vicieux, ainsi que la hardiesse est un excès de courage qui est toujours bon, pourvu que la fin qu’on se propose soit bonne. Et parce que la principale cause de la peur est la surprise, il n’y a rien de meilleur pour s’en exempter que d’user de préméditation et de se préparer à tous les événements, la crainte desquels la peut causer.</span></p><p style="text-align: right;"><span style="font-size: 10pt;">René Descartes, <em>Les Passions de l'Âme</em> (1649)</span></p></blockquote>
Jacques-Emile Mirielhttp://jemiriel.hautetfort.com/about.htmlActualité du philosophe Jacques Derridatag:jemiriel.hautetfort.com,2023-01-02:64199452023-01-02T08:51:00+01:002023-01-02T08:51:00+01:00 Derrida, l’animal comme prochain La question de l’animal hante...
<p><span style="font-family: 'Book Antiqua', serif; font-size: 24pt; color: #333333;"><strong>Derrida, l’animal comme prochain</strong></span></p><p> </p><p><span style="font-family: 'Book Antiqua', serif; font-size: 12pt; color: #333333;">La question de l’animal hante la philosophie moderne, en passant par Descartes jusqu’à Heidegger (<em>« l’animal est pauvre en monde »</em>, a-t-il écrit). En France, beaucoup de philosophes se sont interrogés récemment sur le statut de l’animal dans la Création. Jacques Derrida est certainement l’un d’eux, attentif comme on sait à l’œuvre de Heidegger, et prônant une <em>déconstruction</em> qui s’attache aussi à montrer que l’animal serait ouvert à l’éthique.</span></p><p> </p><p><span style="font-family: 'Book Antiqua', serif; font-size: 12pt; color: #333333;">C’est ainsi que la philosophe Orietta Ombrosi reprend toute cette thématique dans son nouveau livre, <em>Le Bestiaire philosophique de Jacques Derrida</em>. Cette spécialiste de la pensée d’Emmanuel Levinas a suivi les séminaires de Derrida à l’EHESS, notamment celui intitulé « La bête et le souverain ». Elle a donc eu l’occasion de constater l’intérêt de Derrida pour cette question, riche d’implications essentielles. Elle note de manière significative que, déjà, pour l’être humain, <em>« l’altérité de l’autre […] va de pair avec la question de </em>l’animal <em>». </em>Orietta Ombrosi se propose de relire certains textes de Derrida, comme le célèbre <em>L’Animal que donc je suis </em>(2006), de les commenter et de les discuter, en particulier en les confrontant à la pensée d’Emmanuel Levinas. Son livre, qui ne recule pas devant les digressions, se veut une méditation patiente plus qu’une synthèse définitive, sur une éventuelle métaphysique de l’animal.</span></p><p> </p><p><span style="font-family: 'Book Antiqua', serif; font-size: 12pt; color: #333333;">Le détour par les concepts de Derrida, comme sa critique du <em>logocentrisme </em>remettant en question la primauté de l’homme occidental, permet d’examiner une valeur spécifique du règne animal. Orietta Ombrosi a alors recours au Levinas de <em>Difficile liberté </em>pour se demander si l’animal peut acquérir la dimension morale qui ferait de lui un<em> « autre »</em>, comme si la bête, écrit-elle, <em>« conservait une trace de la transcendance »</em>. Pour Levinas et Derrida, la réponse est positive, même si, pour le premier, l’animal ne devient cependant jamais un <em>« sujet éthique ». </em>On voit que la pensée de Derrida n’hésite pas à aller très loin. Orietta Ombrosi cite un passage tiré de <em>L’Animal que donc je suis</em>, dans lequel Derrida précise : <em>« </em><em>I</em><em>l s’agit </em>aussi <em>de se demander si ce qui s’appelle l’homme </em>a le droit <em>d’attribuer en toute rigueur à l’homme, de s’attribuer, donc, ce qu’il refuse à l’animal, et s’il n’en a jamais le concept </em>pur<em>, </em>rigoureux<em>, </em>indivisible<em>, </em><em>en tant que tel. »</em> <em> </em></span></p><p> </p><p><span style="font-family: 'Book Antiqua', serif; font-size: 12pt; color: #333333;">L’idée centrale de cet essai d’Orietta Ombrosi est bien là, au-delà du refus catégorique de toute souffrance, dans <em>« la promesse elle-même, </em>écrit la philosophe,<em> celle faite à Abraham, celle d’un universalisme des singularités et des différences certes, mais aussi celle de la fin de l’effusion de sang, y compris le sang de toutes les créatures »</em>. Orietta Ombrosi, forte de son <em>« propos animaliste-judaïsant »,</em> s’autorise parfois quelques réserves avec ce que Derrida écrit, mais pas ici. Elle le note de manière très claire : Derrida, écrit-elle, <em>« sacrifie, dans son écriture même, le sacrifice »</em>. </span></p><p> </p><p><span style="font-family: 'Book Antiqua', serif; font-size: 12pt; color: #333333;">Au fil de sa réflexion, Orietta Ombrosi passe en revue les différentes espèces animales dont Derrida a parlé dans ses livres ‒ mais aussi celles dont il n’a pas parlé, comme l’ânesse de Balaam, par exemple. Elle reprend, à partir des textes de Derrida, la méthode herméneutique qui, nous le savons, lui était chère. On sait que Derrida aimait souvent s’appuyer sur des œuvres littéraires, pour les commenter et développer ses théories. C’est l’un des traits du judaïsme, qui aime lire et relire à l’infini les versets des Saintes Écritures, tradition dont Derrida était évidemment proche. Cela nous vaut, à travers le double regard de Derrida et d’Orietta Ombrosi, de très beaux chapitres autour de pages littéraires immortelles, comme le commentaire consacré par Derrida au poème de Paul Valéry, « Ébauche d’un serpent ».</span></p><p> </p><p><span style="font-family: 'Book Antiqua', serif; font-size: 12pt; color: #333333;">Orietta Ombrosi, dans ce copieux et passionnant <em>Bestiaire philosophique de Jacques Derrida</em>, montre que la pensée du philosophe a aujourd’hui conservé sa pertinence, et qu’elle n’était pas un simple effet de mode. L’auteur de <em>L’</em><em>É</em><em>criture et la Différence </em>est parfois critiqué par certains, pour ses livres jugés trop difficiles ou obscurs... Mais s’arrêter là serait oublier que toute bonne philosophie, comme le disait Rousseau, mérite des efforts. Et le livre d’Orietta Ombrosi, dans ses passages les plus convaincants, nous prouve que de tels efforts sont souvent récompensés, avec un Jacques Derrida.</span></p><p> </p><p> </p><p> </p><p><span style="font-family: 'Book Antiqua', serif; font-size: 12pt; color: #333333;"><strong>Orietta Ombrosi, <em>Le Bestiaire philosophique de Jacques Derrida. </em>Préface de Corinne Pelluchon. Éd. Puf, 24 €.</strong></span></p><p><span style="font-family: 'Book Antiqua', serif; font-size: 12pt; color: #333333;"><strong>À signaler la réédition du livre de Benoît Peeters, <em>Jacques Derrida. </em>Éd. Flammarion, collection « Grandes biographies », 28 €.</strong></span></p><p><span style="font-family: 'Book Antiqua', serif; font-size: 12pt; color: #333333;"><strong>À noter également la parution aux éditions du Seuil, dans la collection « Bibliothèque Derrida », d’un nouvel inédit du philosophe, <em>Hospitalité</em>, volume II, Séminaire 1996-1997, 24 €. </strong></span></p><p> </p>
Café philosophique de Montargishttp://cafephilosophique-montargis.hautetfort.com/about.htmlDescartes : ”Changer mes désirs plutôt que l’ordre du monde”tag:cafephilosophique-montargis.hautetfort.com,2022-11-25:64127012022-11-25T00:00:00+01:002022-11-25T00:00:00+01:00 Et enfin, comme ce n'est pas assez, avant de commencer à rebâtir le...
<p><img src="http://cafephilosophique-montargis.hautetfort.com/media/00/01/2748838831.jpg" id="media-6403112" alt="" /></p><blockquote><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">Et enfin, comme ce n'est pas assez, avant de commencer à rebâtir le logis où l’on demeure, que de l'abattre, et de faire provision de matériaux et d'architectes, ou s'exercer soi-même à l'architecture, et outre cela d'en avoir soigneusement tracé de dessin, mais qu'il faut aussi s'être pourvu de quelque autre où l’on puisse être logé commodément pendant le temps qu’on y travaillera ; ainsi, afin que je ne demeurasse point irrésolu en mes actions, pendant que la raison m’obligerait de l’être en mes jugements, et que je ne laissasse pas de vivre dès lors le plus heureusement que je pourrais, je me formai une morale par provision, qui ne consistait qu’en trois ou quatre maximes dont je veux bien vous faire part.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">La première était d’obéir aux lois et aux coutumes de mon pays, retenant constamment la religion en laquelle Dieu m’a fait la grâce d’être instruit dès mon enfance, et me gouvernant en toute autre chose suivant les opinions les plus modérées et les plus éloignées de l’excès qui fussent communément reçues en pratique par les mieux sensés de ceux avec lesquels j’aurais à vivre. Car, commençant dès lors à ne compter pour rien les miennes propres, à cause que je les voulais remettre toutes à l’examen, j’étais assuré de ne pouvoir mieux que de suivre celles des mieux sensés...</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">Ma seconde maxime était d’être le plus ferme et le plus résolu en mes actions que je pourrais, et de ne suivre pas moins constamment les opinions les plus douteuses lorsque je m’y serais une fois déterminé, que si elles eussent été très assurées : imitant en ceci les voyageurs, qui, se trouvant égarés en quelque forêt, ne doivent pas errer en tournoyant tantôt d’un côté tantôt d’un autre, ni encore moins s’arrêter en une place, mais marcher toujours le plus droit qu’ils peuvent vers un même côté, et ne le changer point pour de faibles raisons, encore que ce n’ait peut-être été au commencement que le hasard seul qui les ait déterminés à le choisir ; car, par ce moyen, s’ils ne vont justement où ils désirent, ils arriveront au moins à la fin quelque part où vraisemblablement ils seront mieux que dans le milieu d’une forêt... </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">Ma troisième maxime était de tâcher toujours plutôt à me vaincre que la fortune, et à changer mes désirs que l’ordre du monde, et généralement de m’accoutumer à croire qu’il n’y a rien qui soit entièrement en notre pouvoir que nos pensées, en sorte qu’après que nous avons fait notre mieux touchant les choses qui nous sont extérieures, tout ce qui manque de nous réussir est au regard de nous absolument impossible...</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">Enfin, pour conclusion de cette morale, je m’avisai de faire une revue sur les diverses occupations qu’ont les hommes en cette vie, pour tâcher à faire choix de la meilleure ; et, sans que je veuille rien dire de celles des autres, je pensai que je ne pouvais mieux que de continuer en celle-là même où je me trouvais, c'est-à-dire que d’employer toute ma vie à cultiver ma raison, et m’avancer autant que je pourrais en la connaissance de la vérité, suivant la méthode que je m’étais prescrite."</span></p><p style="text-align: right;"><span style="font-size: 10pt;">René Descartes, <em>Discours de la méthode</em> (1637)</span></p><p style="text-align: right;"><em><span style="font-size: 8pt;">Photo : Pexels - Marlon Schmeiski</span></em></p></blockquote>
Café philosophique de Montargishttp://cafephilosophique-montargis.hautetfort.com/about.htmlDescartes : Réussir sa vie sans philosopher?tag:cafephilosophique-montargis.hautetfort.com,2022-05-31:62392122022-05-31T08:49:11+02:002022-05-31T08:49:11+02:00 C'est proprement avoir les yeux fermés, sans tâcher jamais de les ouvrir,...
<blockquote><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">C'est proprement avoir les yeux fermés, sans tâcher jamais de les ouvrir, que de vivre sans philosopher ; et le plaisir de voir toutes les choses que notre vue découvre n'est point comparable à la satisfaction que donne la connaissance de celles qu'on trouve par la philosophie ; et, enfin, cette étude est plus nécessaire pour régler nos mœurs et nous conduire en cette vie, que n'est l'usage de nos yeux pour guider nos pas. Les bêtes brutes, qui n'ont que leur corps à conserver, s'occupent continuellement à chercher de quoi le nourrir ; mais les hommes, dont la principale partie est l'esprit, devraient employer leurs principaux soins à la recherche de la sagesse, qui en est la vraie nourriture ; et je m'assure aussi qu'il y en a plusieurs qui n'y manqueraient pas, s'ils avaient espérance d'y réussir, et qu'ils sussent combien ils en sont capables. Il n'y a point d'âme tant soit peu noble qui demeure si fort attachée aux objets des sens qu'elle ne s'en détourne quelquefois pour souhaiter quelque autre plus grand bien, nonobstant qu'elle ignore souvent en quoi il consiste. Ceux que la fortune favorise le plus, qui ont abondance de santé, d'honneurs, de richesses, ne sont pas plus exempts de ce désir que les autres ; au contraire, je me persuade que ce sont eux qui soupirent avec le plus d'ardeur après un autre bien, plus souverain que tous ceux qu'ils possèdent.</span></p><p style="text-align: right;"><span style="font-size: 10pt;"><a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Ren%C3%A9_Descartes" target="_blank" rel="noopener">René Descartes</a>, <em>Lettre-Préface à l'édition française des Principes de la philosophi</em>e (1644)</span></p></blockquote>
Café philosophique de Montargishttp://cafephilosophique-montargis.hautetfort.com/about.htmlDescartes : Pourquoi nous trompons-nous ?tag:cafephilosophique-montargis.hautetfort.com,2019-09-28:61790612019-09-28T18:41:46+02:002019-09-28T18:41:46+02:00 Parce que nous savons que l'erreur dépend de notre volonté, et que...
<blockquote><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">Parce que nous savons que l'erreur dépend de notre volonté, et que personne n'a la volonté de se tromper, on s'étonnera peut-être qu'il y ait de l'erreur en nos jugements. Mais il faut remarquer qu'il y a bien de la différence entre vouloir être trompé et vouloir donner son consentement à des opinions qui sont cause que nous nous trompons quelquefois. Car encore qu'il n'y ait personne qui veuille expressément se méprendre, il ne s'en trouve presque pas un qui ne veuille donner son consentement à des choses qu'il ne connaît pas distinctement: et même il arrive souvent que c'est le désir de connaître la vérité qui fait que ceux qui ne savent pas l'ordre qu'il faut tenir pour la rechercher manquent de la trouver et se trompent, à cause qu'il les incite à précipiter leurs jugements, et à prendre des choses pour vraies, desquelles ils n'ont pas assez de connaissance.</span></p><p style="text-align: right;"><span style="font-size: 10pt;"><a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Ren%C3%A9_Descartes" target="_blank" rel="noopener">René Descartes</a>,<em> Principes de la philosophie</em> (1644)</span></p></blockquote>
Café philosophique de Montargishttp://cafephilosophique-montargis.hautetfort.com/about.htmlDescartes : La vraie philosophietag:cafephilosophique-montargis.hautetfort.com,2019-09-28:61790302019-09-28T18:05:14+02:002019-09-28T18:05:14+02:00 Il doit commencer tout de bon à s’appliquer à la vraie philosophie, dont...
<blockquote><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">Il doit commencer tout de bon à s’appliquer à la vraie philosophie, dont la première partie est la métaphysique qui contient les principes de la connaissance entre lesquels est l’explication des principaux attributs de Dieu, de l’immatérialité de nos âmes et de toutes les notions claires et simples qui sont en nous. La seconde est la physique, en laquelle, après avoir trouvé les vrais principes des choses matérielles, on examine en général comment l’univers est composé... En suite de quoi il est besoin aussi d’examiner en particulier la nature des plantes, celle des animaux, et surtout celle de l’homme... Ainsi toute la philosophie est comme un arbre dont les racines sont la métaphysique, le tronc est la physique et les branches qui sortent de ce tronc sont toutes les autres sciences.</span></p><p style="text-align: right;"><span style="font-size: 10pt;"><a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Ren%C3%A9_Descartes" target="_blank" rel="noopener">René Descartes</a>, <em>Principes de la philosophie</em> (1647)</span></p></blockquote>
Café philosophique de Montargishttp://cafephilosophique-montargis.hautetfort.com/about.htmlLes sujets du bac philotag:cafephilosophique-montargis.hautetfort.com,2019-06-17:61587292019-06-17T11:40:05+02:002019-06-17T11:40:05+02:00 Les sujets de l'épreuve de philosophie du bac 2019 sont tombées, et à...
<p><img src="http://cafephilosophique-montargis.hautetfort.com/media/01/01/2358957033.jpg" id="media-6003624" alt="" /></p><p><span style="font-size: 10pt;">Les sujets de l'épreuve de philosophie du bac 2019 sont tombées, et à l'heure qu'il est les lycéennes et lycéens planchent toujours. </span><span style="font-size: 10pt;">Voici ces sujets, série par série :</span></p><p><span style="font-size: 10pt;"><strong>Série littéraire</strong></span></p><p><span style="font-size: 10pt;">- 1er sujet: Est-il possible d'échapper au temps ?</span></p><p><span style="font-size: 10pt;">- 2e sujet: A quoi bon expliquer une oeuvre d'art ?</span></p><p><span style="font-size: 10pt;">- Explication d'un texte extrait de <em>Principes de la philosophie du droit</em> de Hegel (1820)</span></p><p><span style="font-size: 10pt;"><strong>Série économique et sociale</strong></span></p><p><span style="font-size: 10pt;">- 1er sujet: La morale est-elle la meilleure des politiques ?</span></p><p><span style="font-size: 10pt;">- 2e sujet: Le travail divise-t-il les hommes ?</span></p><p><span style="font-size: 10pt;">- Explication d'un texte extrait de <em>Remarques sur la partie générale des principes de Descartes</em> de Leibniz (1692)</span></p><p><span style="font-size: 10pt;"><strong>Série scientifique</strong></span></p><p><span style="font-size: 10pt;">- 1er sujet: La pluralité des cultures fait-elle obstacle à l'unité du genre humain ?</span></p><p><span style="font-size: 10pt;">- 2e sujet: Reconnaître ses devoirs, est-ce renoncer à sa liberté ?</span></p><p><span style="font-size: 10pt;">- Explication d'un texte extrait de <em>L'avenir d'une illusion</em> de Freud (1927)</span></p><p><span style="font-size: 10pt;"><strong>Séries technologiques (sauf Techniques de la Musique et de la Danse et Sciences et Technologies de l'Hôtellerie et de la Restauration)</strong></span></p><p><span style="font-size: 10pt;">- 1er sujet: Seul ce qui peut s'échanger a-t-il de la valeur ?</span></p><p><span style="font-size: 10pt;">- 2e sujet: Les lois peuvent-elles faire notre bonheur ?</span></p><p><span style="font-size: 10pt;">- Explication d'un texte extrait des <em>Essais</em> de Montaigne (1580)</span></p>
Café philosophique de Montargishttp://cafephilosophique-montargis.hautetfort.com/about.htmlCompte-rendu du débat: ”Est-on possesseur de son corps ?”tag:cafephilosophique-montargis.hautetfort.com,2019-04-12:61435722019-04-12T22:48:00+02:002019-04-12T22:48:00+02:00 Le café philosophique de Montargis se réunissait le 22 mars 2019 pour une...
<p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">Le café philosophique de Montargis se réunissait le 22 mars 2019 pour une nouvelle séance qui portait sur ce sujet : "<em>Est-on possesseur de son corps ?</em>"</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">D’emblée, une première réponse est donnée par une personne du public : mon corps m’appartient bien, du moment qu’il ne gêne pas les autres. Mais si je suis contaminé, c’est la société qui s’en occupe afin que je ne contamine pas les autres. Si mon corps me lâche, intervient une personne du public, je suis presque en lutte avec, avec la notion d’âge qui fait que j’use de mon corps avec plus ou moins de zèle. Ne dit-on pas : "<em>Être en pleine possession de ses moyens ?</em>" Quoique là, on parle plus de possession physique que psychologique. Pour une personne du public, le corps nous appartient pour notre vie entière si on sait l’écouter, via des exercices de respiration par exemple ou de la méditation.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">Puis-je faire de mon corps ce que je veux ? Pour répondre à cette question, est-il dit, il y a deux visions du corps : une vision qui viserait à subir son corps et une autre qui propose un effort pour s’en occuper. "<em>Notre corps (…) est l’enveloppe de l’âme, qui, de son côté, en est la gardienne et la protectrice</em>" écrivait Lucrèce. Une personne du public fait aussi remarquer que physiologiquement, une grande partie de mon propre corps ne m’appartient pas car il est constitué de corps étrangers, de bactéries notamment.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">Une personne souhaite que l’on ne confonde pas la possession de son corps avec l’amour qu’on lui porte et l’entretien de celui-ci. Ce n’est pas parce que l’on n’aime pas son corps qu’il ne nous appartient pas, ajoute-t-il. Or, intervient un animateur, le fait que l’on se dise possesseur de son corps est peut-être le risque de se faire déposséder. Se poser cette question c’est déjà ouvrir une brèche, qui peut être le premier pas vers une forme d’esclavage.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">Il y a aussi un enjeu politique et social à dire "<em>Je suis possesseur de mon corps</em>" : l’un des éléments les plus récurrents, qui a aussi fait l’objet de discours féministes, c’est la fameuse phrase "Mon corps m’appartient !" Dans cette perspective, il y a un certain nombre de situations qui peuvent illustrer ce propos sur l’aliénation du corps : l’esclavage ou la prostitution. Lorsque je dis "<em>Mon corps m’appartient</em>", se mettent en place un certain nombre de problèmes qui viennent contredire ce propos : mon corps ne m’appartiendrait pas car soumis à certaines règles sociales. Un intervenant parle par exemple des lois de bioéthiques, avec par exemple les ventes d’organes humaines, l’euthanasie ou la GPA.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">Par ailleurs, si mon corps m’appartient, a priori je peux en faire ce que je veux, y compris vendre mes organes, louer mon ventre ou me prostituer. La possession du corps implique beaucoup de problématiques politiques ou éthiques.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">Se pose aussi la question, dit un participant, de l’esprit, intrinsèquement emprisonné dans mon corps et dont je ne peux pas être maître. Comme le disais Descartes, "<em>Je ne suis pas seulement logé dans mon corps, ainsi qu’un pilote en son navire." Pour un autre intervenant, corps et esprit sont à dissocier : le corps est la première chose que l’autre voir de moi. Le corps est, lui, capable de plasticité et susceptible de s’adapter à la société. "Nous habitons notre corps bien avant de le penser</em>" disait Albert Camus.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">Lorsque je dis "<em>Je suis possesseur de mon corps</em>", la question est de savoir qui est ce <em>"je"</em> ? Là, tout de suite, on établit une distance entre ce que je suis et ce corps. Il y a toute une tradition cartésienne : il y a mon corps qui est une machinerie d’organes et d’un autre côté il y a moi. La question est bien : qui est ce <em>"moi"</em> ? Un esprit ? Une âme ? En somme, qui est cet observateur de soi-même qui dit : "<em>Mon corps m’appartient !</em>" Pour un intervenant, le moi est global, qui ressent aussi par son corps. Le moi serait tout, sauf que toutes ces choses semblent être des caractères propre à l’esprit. On peut continuer à penser une dualité entre un esprit immatériel et un corps matériel qui occupe un certain volume dans l’espace. "<em>L’âme ne raisonne jamais mieux que quand elle s’isole le plus complètement en elle-même, en envoyant promener le corps" </em>disait Platon. Nietzsche écrivait ceci :<em> ""Notre avidité de connaître la nature est un moyen pour le corps de se perfectionner.</em>"</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">Il y aurait une nouvelle dichotomie entre le moi immatériel et le moi incarné. Finalement, nous resterions dualistes. Pour un animateur, la vraie dépossession du corps, le réceptacle de notre esprit, passe par la manipulation justement de cet esprit, faisant croire, à tort, que corps et esprit sont d’accord. Nous ne serions plus alors maître de notre corps à cause de notre esprit. Si l’on pense à ce type de dépossession, un autre sujet est abordé : celui de la psychanalyse. Parfois, "<em>le corps parle à mes dépens</em>", via les rêves ou les actes manqués : "<em>Ce que nous appelons notre Moi se comporte dans la vie d'une façon toute passive, que nous sommes, pour nous servir de son expression, vécus par des forces inconnues, échappant à notre maîtrise</em>" (Sigmund Freud). Les personnes ayant des soucis psychiatriques sont également marginalisées pour les protéger, si ces personnes, malades mentalement, peuvent faire usage de violence contre les autres et contre elles-mêmes. Les médicaments peuvent parvenir à "niveler" leurs émotions de ces personnes et aussi à les déposséder d’eux-mêmes.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">Notre corps et notre esprit forment un être intelligent, dit une intervenante, et l’être humain se doit d’être de plus en plus intelligent face aux nouvelles technologies. </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">Notre corps intéresse l’autre, dit une autre personne du public. Le manœuvre intéresse par exemple un patron qui, économiquement, demande l’utilisation du corps de cet autre. Un contrat de travail permet la location du corps, avec l’obligation pour un employeur de garantir l’intégrité physique et la sécurité de son employé – avec les progrès sociaux qui ont eu lieu en France durant le XXe siècle. Mais ce qui intéresse l’autre est aussi notre façon de penser. La dépossession du corps n’est pas forcément mauvaise. </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">La société en général fait que notre corps ne nous appartient pas vraiment dans les faits. Lorsque nous achetons de la nourriture, par exemple, c’est un besoin qui nous échappe. Il y a aussi des contraintes sociales, souvent anodines, mais qui ne nous rendent pas maîtres de nos vies. </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">Plusieurs personnes du public parlent de la chirurgie esthétique qui nous conduit à changer notre corps, mais avec l’idée que nous nous devenons autre : "<em>Mon corps et mon identité</em>" pourrait aussi bien s’écrire : "<em>Mon corps est mon identité.</em>" J’ai un corps autant que je suis mon corps. Mais on peut aussi retrouver sa vraie identité – sexuelle ou autre – grâce au "<em>subterfuge chirurgical".</em> Je peux donc autant m’aliéner en allant faire une opération de chirurgie esthétique mais ces opérations peuvent aussi me permettre de me retrouver moi-même. Or, comment faire ressentir à l’autre quelle est mon identité ? Comment communiquer à l’autre cette problématique ? Comment dire l’indicible ?</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">Finalement, n’appartient-on pas à son corps plutôt que l’inverse ? Certaines choses me sont interdites par mon corps. "<em>Je suis corps tout entier et rien d'autre ; l'âme n'est qu'un mot désignant une parcelle du corps… [Le corps] ne dit pas moi, mais il est moi</em>" écrit Friedrich Nietzsche.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">La société pourrait nous commander inconsciemment ou non d’imposer la manière dont je me comporte avec mon corps, la manière dont je me vêt, etc. Un animateur parle de Charles Darwin (<em>Les Émotions chez l’Homme et l’Animal</em>) et d’une expérience sur une grenouille qui montre qu’un corps sans vie peut aussi agir, comme si le cerveau avait sa propre vie. L’instinct de survie peut aussi empêcher mon corps de mettre fin à ses jours, tout comme la société et les religions m’interdisent en France et ailleurs de mettre fin à mes jours. </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">Mon corps varie, disait Darwin, selon que l’on est à l’état sauvage ou domestique. À l’état sauvage, le corps varie pour votre bénéfice propre. Par contre, à l’état domestique, le corps varie en fonction des caprices de votre maître. Quand on aime quelque chose, le corps se transforme pour réaliser au mieux ce que l’on aime faire. Il y a cette variabilité de la transformation du corps à prendre en considération. </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">Un autre participant parle de l’oubli de soi qui peut être une bonne chose, que ce soit dans sa vie privée ou en société : il y a dans ce cas le choix de se sentir dépossédé. Mais une autre intervenante parle de cette dépossession du corps dans le domaine médical, lorsque vous remettez votre corps entre les mains d’un spécialiste. Je ne suis pas immédiatement le possesseur de mon corps : la <em>"possession"</em> est un enjeu politique et social. Les personnes âgées se sentent elles aussi dépossédées de leur corps lorsqu’on les place dans les maisons de retraite. </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">La société peut imposer des codes aux corps. Pierre Bourdieu parle de cela : il y a une certaine mémoire du corps et la société exploite cette mémoire pour donner un certain nombre de codes, de tenues ou d’apparences. Et ces codes dépendent aussi des strates auxquelles on appartient : "<em>Si les sociétés attachent un tel prix aux détails en apparence les plus insignifiants de la tenue, du maintien, des manières corporelles et verbales, c’est que ‘traitant’ le corps comme une mémoire, elles lui confèrent […] les principes fondamentaux de l’‘arbitraire culturel."</em> Ce qui est ainsi incorporé se trouve placé hors des prises de la conscience." Que l’on soit né dans un milieu bourgeois ou populaire, le corps est contraint d’obéir à certaines contraintes. En parlant de contraintes, Michel Foucault parle lui de la manière dont l’État moderne dompte le corps, via l’emprisonnement. Au contraire, les souverains d’ancien régime faisaient de l’exécution de criminels comme Damiens ou Ravaillac des victimes expiatoires et symboles de la toute puissance royale : "<em>La vieille puissance de la mort où se symbolisait le pouvoir souverain est maintenant recouverte soigneusement par l’administration des corps et la gestion calculatrice de la vie.</em>" Foucault lit ça comme une dynamique de gouvernement par le corps, en imposant des mesures d’hygiène ou médicales.</span><br /><span style="font-size: 10pt;">Bourdieu faisait une étude sur les concours des grandes écoles, à l’ENA ou à Ulm : même le jury fait de la sélection de classes, même inconsciemment. Le candidat "incorporait" jouait un rôle lui aussi. </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">Le débat se conclut sur cette citation de Maurice Merleau-Ponty : "<em>Je n’ai pas d’autre moyen de connaître le corps humain que de le vivre, c’est-à-dire de reprendre à mon compte le drame qui le traverse et de me confondre avec lui. Je suis donc mon corps.</em>" </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">Les animateurs du café philo donnent rendez-vous pour la prochaine séance le vendredi 26 avril 2019 à 18 heures à la médiathèque de Montargis pour un débat qui portera sur cette question : "<em>Un bon artiste est-il un artiste mort ?</em>" Par ailleurs, trois sujets sont mis au vote pour la séance du 24 mai. Ces trois sujets sont : <em>"La démocratie peut-elle échapper à la démagogie ?", "Jusqu’où peut-on se mettre à la place des autres ?"</em> et<em> "Est-on sociable par nature ?" </em>C’est le sujet<em> "Jusqu’où peut-on se mettre à la place des autres ?" </em>qui est élu pour la séance de mai. Prochain rendez-vous donc à la médiathèque de Montargis le 26 avril 2019.</span></p>
Café philosophique de Montargishttp://cafephilosophique-montargis.hautetfort.com/about.htmlCompte-rendu du débat: ”Faut-il vivre comme si nous ne devions jamais mourir?”tag:cafephilosophique-montargis.hautetfort.com,2018-05-12:60510282018-05-12T16:25:00+02:002018-05-12T16:25:00+02:00 Le vendredi 13 avril, le café philosophique de Montargis se délocalisait...
<p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">Le vendredi 13 avril, le café philosophique de Montargis se délocalisait exceptionnellement à la Médiathèque de Montargis pour un nouveau débat qui avait pour thème : "<em>Faut-il vivre comme si nous ne devions jamais mourir ?</em>" L’équipe de la médiathèque avait mis les petits plats dans les grands pour accueillir un public d’une soixantaine de personnes venus débattre.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">Ce sujet est capital en philosophie, comme le disait en substance Albert Camus. Pour un premier participant, la question du débat semblerait poser problème dans sa formulation. Deux autres intervenants abordent le sujet de ce soir comme un appel à avoir en finalité notre mort future, sans perdre de vue pour autant cette vie qui nous est donnée et dont nous devons tirer profit. Si "<em>philosopher c’est apprendre à mourir</em>" comme le disait Montaigne, cela ne doit pas être une obsession ni nous empêcher d’agir – dans la mesure de nos moyens – choisir nos actions à entreprendre, avec le minimum d’impacts sur notre planète.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">La question du débat de ce soir interpelle une autre personne du public. "<em>Faut-il vivre comme si nous ne devions jamais mourir ?</em>" : le "<em>comme</em> <em>si</em>" interpelle. C’est un "<em>comme</em> <em>si</em>" qui implique une forme de mensonge ou d’illusion puisque de toute manière nous mourrons tous un jour.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">Par ailleurs, pour une autre personne du public, la question ne se pose pas au conditionnel : quand on naît, on vit et il y a par la suite un instinct de vie qui nous fait avancer lorsque nous sommes enfants. La pensée de la mort viendrait après – et en tout cas pas.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">Finalement, est-il encore dit, dans la question de ce soir, "<em>Faut-il vivre comme si nous ne devions jamais mourir ?</em>", chacun de ces termes pose problème, et, mis bout à bout, nous serions hors-sujet. La proposition de ce soir, intervient un animateur du café philo, est aussi celle que nous propose la société de consommation dans laquelle nous sommes. Dans des temps plus anciens, la mort était par contre plus présente qu’aujourd’hui, ne serait-ce que parce que les guerres étaient plus présentes.</span></p><p><img src="http://cafephilosophique-montargis.hautetfort.com/media/01/02/74347532.png" id="media-5813821" alt="" /></p><p><span style="font-size: 10pt;"><a href="http://cafephilosophique-montargis.hautetfort.com/media/02/01/3200537954.jpg" target="_blank" rel="noopener noreferrer"><img id="media-5813824" style="float: left; margin: 0.2em 1.4em 0.7em 0;" title="" src="http://cafephilosophique-montargis.hautetfort.com/media/02/01/1604280613.jpg" alt="camus,montaigne,platon,descartes,leibniz,hegel,heidegger,épicure,foucault,descartes,jankélévitch,sartre,pascal,cyrulnik" /></a>Pour revenir au sujet, des termes poseraient en effet question. Derrière le "<em>faut-il</em>" il y aurait une injonction – même si un participant estime qu’il ne s’agit que d’une "<em>proposition</em>". Le mot "<em>vivre</em>" mériterait également d’être interrogé. Qu’est-ce qu’on entend par "<em>vivre</em>", puisque nous vivons à partir du moment où nous naissons, sans que nous l’ayons voulu ? Il y a bien évidemment autre chose derrière ce "<em>vivre</em>." Qui peut m’imposer de vivre dans "<em>cette grande vie</em>" qu’est le monde ? Durant le débat, plusieurs participants estiment qu’une vie éternelle ôterait tout sens à la vie, avec l’ennui comme frein et la crainte, peut-être, de perdre ce précieux cadeau. Ne parle-t-on pas "<em>d’espérance de vie</em>" ? Le "<em>comme</em> <em>si</em>" rappelle cette illusion imagée par Platon dans le <a href="http://cafephilosophique-montargis.hautetfort.com/archive/2014/04/23/platon-la-caverne-5354042.html" target="_blank" rel="noopener noreferrer">mythe de la caverne</a>. Et il y a bien entendu la notion de mort – que je pourrais d’ailleurs envie de choisir. C’est un sujet tiroir avec beaucoup de notions, un sujet complexe, central, et d’ailleurs souvent débattu lors des épreuves du bac philo. Il y a deux impératifs catégoriques dans une seule phrase ("<em>Faut-il… Nous devions</em>"), réagit un autre participant : "<em>ça fait beaucoup…</em>" Or, nous pourrions tout aussi bien émettre un seul impératif catégorique : est-ce que je devrais vraiment vivre cette vie que l’on m’a tracé ou est-ce que je devrais vivre la mienne ? Un intervenant propose une autre reformulation à cette question : "<em>Est-ce que la certitude de la mort ne nous impose pas de donner un sens à notre vie ?</em>"</span></p><p><span style="font-size: 10pt;">Une autre personne fait référence aux stoïciens : ne faut-il pas vivre chaque jour comme si c’était le dernier ? Il semblerait qu’il y ait deux camps : ceux qui sont d’avis d’écarter l’idée de la mort afin que la vie s’épanouisse pleinement ; et un autre camp qui est d’avis d’avoir cette fin en ligne de mire afin de donner pleinement son sens à la vie. Et puis il pourrait y avoir le camp de ceux qui pensent que la vie pourraient avoir un grand avenir, tels ceux qui croient au transhumanisme ou à la science capable de prolonger indéfiniment notre vie. Sans oublier la place des religions qui mettent en avant un autre critère : celui de la vie après la mort, voire des réincarnations. Les religions peuvent être une forme de soulagement en ce qu’elles nous persuadent que la mort n’est pas la fin (<a href="http://cafephilosophique-montargis.hautetfort.com/archive/2018/04/08/death-is-not-the-end-6041599.html" target="_blank" rel="noopener noreferrer"><em>Death is not the end</em></a>) et qu’elles nous ôtent un peu de cette peur de la mort. Mais les religions peuvent être consolatrices mais aussi désinhibitrices. Une participante parle de l’importance du pari de Pascal. </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;"><a href="http://cafephilosophique-montargis.hautetfort.com/media/01/02/2177167774.jpg" target="_blank" rel="noopener noreferrer"><img id="media-5813825" style="float: left; margin: 0.2em 1.4em 0.7em 0;" title="" src="http://cafephilosophique-montargis.hautetfort.com/media/01/02/926902444.jpg" alt="camus,montaigne,platon,descartes,leibniz,hegel,heidegger,épicure,foucault,descartes,jankélévitch,sartre,pascal,cyrulnik" /></a>Sauf que c’est très souvent la peur et la souffrance qui nous rendent difficiles l’appréhension de la mort. Comme le chantait Jacques Brel : "<a href="https://www.youtube.com/watch?v=waxdDV11cHw" target="_blank" rel="noopener noreferrer"><em>Mourir cela n’est rien, mourir la belle affaire, mais vieillir...</em></a>" Une intervenante insiste sur la notion de santé. Là est cette notion absurde de la mort : pourquoi partir alors que nous sommes en bonne santé et que de belles années nous attendent ? <a href="http://cafephilosophique-montargis.hautetfort.com/archive/2018/04/06/ionesco-le-roi-se-meurt-6041173.html" target="_blank" rel="noopener noreferrer">Une absurdité théâtralisée par Ionesco.</a> L’éternité, dit un autre participant, est séduisant et c’est aussi "être dieu". Sauf que c’est potentiellement mettre notre planète en péril (et elle n’a pas besoin de cela!) mais aussi, quelque- part, empêcher les jeunes générations de venir. </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">Il est question de cette mort physique et de la marque nous avons laissé (une œuvre, des enfants, une famille, des idées, etc.). La mort ne serait donc par forcément définitive. C’est en substance ce que disait Leibniz : "<em>La mort n’est pas une cessation de toutes les fonctions, mais seulement une suspension de certaines fonctions plus remarquables.</em>" Derrière la mort, il y a cette notion de biologie mais aussi quelque chose de plus métaphysique. C’est le "<em>Je pense donc je suis</em>" de Descartes. Et puis, il y a le concept de mort, un concept beaucoup plus nébuleux et eschatologique : derrière la mort des kamikazes du Bataclan se joue peut-être le néant une sorte d’apocalypse : "La mort, le maître absolu" disait Hegel. Une intervenante parle des autres morts : ces personnes qui n’ont rien dans leur vie, qui n’ont ni passion, ni envies... </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">Qu’est-ce qu’être mort ? Nous sommes tous mortels, réagit un intervenant, et être mort c’est ne plus exister. "<em>Je me reste</em>" disait Descartes. L’expression "<em>être</em>" mort n’aurait aucun sens : "<em>Mourir dormir rien de plus. Rêver peut-être</em>" disait Hamlet. On a du mal à imaginer que l’on puisse ne plus exister, et ce serait la raison pour laquelle "<em>on imagine d’autres vies.</em>" Finalement, dire qu’il y a une vie après la mort c’est dire qu’il n’y a pas de mort. À moins qu’il ne soit question de cette "<em>petite mort</em>," pour rester chez "<em>Shakespeare – une "petite mort</em>" ou un "<em>rêve</em>." A telle enseigne que la question de ce soir pourrait aussi se formuler ainsi : "<em>Faut-il vivre comme si nous rêvions ?</em>" ou bien "F<em>aut-il vivre un rêve plutôt que la réalité ?</em>"</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;"><a href="http://cafephilosophique-montargis.hautetfort.com/media/00/01/1905188872.jpg" target="_blank" rel="noopener noreferrer"><img id="media-5813826" style="float: left; margin: 0.2em 1.4em 0.7em 0;" title="" src="http://cafephilosophique-montargis.hautetfort.com/media/00/01/1783403277.2.jpg" alt="camus,montaigne,platon,descartes,leibniz,hegel,heidegger,épicure,foucault,descartes,jankélévitch,sartre,pascal,cyrulnik" /></a>Finalement, qu’entend-on par vivre dans cette idée de la mort ? <a href="http://cafephilosophique-montargis.hautetfort.com/archive/2018/04/10/compte-rendu-du-debat-tout-doit-il-etre-fait-par-passion-6042414.html" target="_blank" rel="noopener noreferrer">On a parlé de passions lors d’un café philo précédent</a>, mais certaines personnes n’en ont pas et se sentent pourtant parfaitement en vie, telles ces parents de famille heureux qui trouvent leur plaisir dans la simplicité comme dans la spécificité d’un domaine qu’ils aiment, que ce soit dans les arts, dans le sport ou dans les sciences : "<em>Tant qu’on a de l’appétit on mange et ce n’est pas du tout désagréable</em>," réagit un participant. Le fait de vivre, disait en substance Montaigne, est déjà un privilège, même si on a l’impression de n’avoir rien fait. Comment penser la mort et notre mort ? </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">Parler de la mort ne serait-elle pas vaine puisque la mort est toujours celle des autres, même s’ils sont proches ? La mort des autres, la mort spectacle, la mort fictionnée voire ludique (dans les jeux vidéos) ne sont finalement que des façades. Penser notre mort ne semble pas être notre préoccupation car elle nous terrifie : "<em>Ivan Illitch voyait qu’il mourait et il en était désespéré. Dans le fond de son âme, il savait bien qu’il mourait ; mais non seulement il ne parvenait pas à s’habituer à cette pensée, il ne la comprenait même pas, il était incapable de la comprendre</em>" écrivait Léon Tolstoï. Nous n’avons pas connaissance de notre propre mort, ni de notre propre vie. La mort est de l’ordre du savoir et de la séparation. Mais a-t-on vraiment conscience de la vie ?</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">Il peut être question d’instinct de vie, une expression faisant de l’homme un animal comme un autre ("Seul l'homme meurt, l'animal périt" disait Heidegger). Un intervenant cite Jean Moréas : "<em>Goûtez tous les plaisirs et souffrez tous les maux ; et dites : c’est beaucoup et c’est l’ombre d’un rêve.</em>"</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;"><a href="http://cafephilosophique-montargis.hautetfort.com/media/02/01/885929489.jpg" target="_blank" rel="noopener noreferrer"><img id="media-5813827" style="float: left; margin: 0.2em 1.4em 0.7em 0;" title="" src="http://cafephilosophique-montargis.hautetfort.com/media/02/01/1066666280.jpg" alt="camus,montaigne,platon,descartes,leibniz,hegel,heidegger,épicure,foucault,descartes,jankélévitch,sartre,pascal,cyrulnik" /></a>Il est question de cette conscience de la mort, l’illusion de la mort qui ne devrait pas exister et qui pourtant devient un spectacle. Cette mort qui nous frôle peut être un aiguillon, ou du moins un e impulsion, pour reprendre en main son destin et choisir sa vie, à tout âge ! La peur de la mort serait une nécessité car elle nous pousse à faire les choses plutôt que de vivre par procuration ou dans une forme de procrastination : "<em>C'est parfois la peur de la mort qui pousse les hommes à la mort</em>" écrivait Épicure. </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">Au cours du débat, une participante regrette que l’on parle plus de mourir que de vivre. Vivre seul et aussi avec autrui car c’est sans doute la mort des autres qui fait le plus peur. Boris Cyrulnik parlait à ce sujet de niche affective : ces sept ou huit proches et amis capables de vous permettre de vivre le plus pleinement possible, ces points de repère affectifs qui adoucissent l’existence et vous permettent de vous sentir moins seuls. Michel Foucault disait également que "<em>la philosophie antique nous apprenait à accepter notre mort. La philosophie moderne, la mort des autres.</em>" </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">Vladimir Jankélévitch parlait du "<em>pouvoir limité par la mort et l'infinité du devoir moral.</em>" Notre vie est limitée par la mort, indéniablement. Entre notre naissance et notre mort, il y a une impossibilité de nous accomplir. On est dans un aspect proche du stoïcisme. Nous avons notre propre liberté de vivre entre ces deux contraintes que sont la naissance et la mort. Le droit moral, quelque part, s’inscrit dans quelque chose d’infini, à l’opposé de la mort – et du fini. Cette citation nous ramène bien entendu à l’existentialisme conceptualisé par Sartre : "<em>Si, en effet, l'existence précède l'essence, on ne pourra jamais rien expliquer par référence à une nature humaine donnée et figée; autrement dit, il n'y a pas de déterminisme, l'homme est libre, l'homme est liberté.</em>" Notre nature humaine n’est pas donnée et figée, contrairement à ce que pensaient les intellectuels chrétiens, mais c’est en dépit de notre mort, et pleinement conscients de celle-ci, que nous devons être dans notre vie, et ne pas faire comme si nous ne devions jamais mourir. </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">L’équipe du café philo termine la séance en remerciant les personnes de la médiathèque pour leur accueil et l’aide qu’ils ont apportés à la réussite de ce débat. Une réussite qui en appelle d’autres à coup sûr. L’équipe du café philo rappelle son prochain rendez-vous, le <strong>vendredi 18 mai au café Le Belman</strong>, pour un sujet choisi par le public lors de la séance de mars : "<strong><em>Qu’est-ce qu’être normal ?</em></strong>"</span></p>
Café philosophique de Montargishttp://cafephilosophique-montargis.hautetfort.com/about.htmlCompte-rendu du débat: ”Tout doit-il être fait par passion?”tag:cafephilosophique-montargis.hautetfort.com,2018-04-10:60424142018-04-10T21:45:00+02:002018-04-10T21:45:00+02:00 Environ 40 participants étaient présents pour la séance du 23 mars au...
<p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">Environ 40 participants étaient présents pour la séance du 23 mars au Belman, "T<em>out doit-il être fait par passion ?</em>"</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">La séance commence par l<a href="https://www.youtube.com/watch?v=kCtU3lq9JpA" target="_blank" rel="noopener noreferrer">a diffusion d’un court extrait de l’émission de Raphaël Enthoven, Philo, portant sur les passions.</a> </span><span style="font-size: 10pt;">La séance commence par une question ouverte sur le thème du débat de ce soir mais aussi sur des exemples de passions. Finalement qu’est-ce qu’être passionné ? Un premier intervenant parle de ses passions pour les sciences astronomiques, physiques, électroniques, informatiques ou en intelligence artificielle. Être passionné c’est aller très loin dans ses actes et dans ses réflexions, dans tous les domaines. Il serait difficile d’avoir plusieurs passions dans sa vie, et toute sa vie. Cette personne parle de "beauté" en évoquant ses passions. </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">Il y aurait plusieurs objets de passions, mais une forme d’"unité" dans cette passion. Ce dont il est question est bien de savoir si l’enjeu n’est pas dans l’objet de la passion. D’autre part, dans la question "<em>Tout doit-il être fait par passion ?</em>", il y a ce fameux "tout" globalisant à la fois notre énergie, notre temps et aussi, quelque part, cette multiplicité des passions, passées ou en devenir et comme autant de "champs de bataille à conquérir", comme l’a montré le premier intervenant.</span></p><p><img src="http://cafephilosophique-montargis.hautetfort.com/media/01/01/386814003.jpg" id="media-5798588" alt="" /></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">Le terme de passion devrait être défini sous le prisme de l’étymologie : "<em>Passion</em>" provient du latin patior, pati, et homonyme grec pathos, signifiant la souffrance, le supplice, état de celui qui subit, passivité. La référence à la Passion du Christ vient évidemment en tête. </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">La passion, avec ses notions péjoratives, peut aussi être un moteur dans notre vie, comme le dit une autre personne du public. La passion dans la création est le premier pas vers une progression, un travail et une forme de construction de soi. Il y a une rationalité qui est au cœur de cette passion : "<em>un peu de raison dans la passion c’est très bien.</em>" Mais la passion est surtout cet état qui ne nous rend plus maître de nous-même, qui nous dépossède et nous fait oublier ce qui nous entoure. Cela peut être, comme le disent plusieurs participants, l’artiste qui passe des heures à travailler, créer, progresser, quitte à émerveiller comme c’est le cas de telle ou telle danseuse. Prendre autant d’heures pour une passion tient, quelque part, de la folie. </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;"><a href="http://cafephilosophique-montargis.hautetfort.com/media/01/01/3784309689.jpg" target="_blank" rel="noopener noreferrer"><img id="media-5798592" style="float: left; margin: 0.2em 1.4em 0.7em 0;" title="" src="http://cafephilosophique-montargis.hautetfort.com/media/01/01/658218247.jpg" alt="enthoven,freud,rousseau,spinoza,saint thomas d’aquin,spinoza,kant,descartes,voltaire,hegel,aron" /></a>Le point de départ de la passion serait une capacité en germe, un talent qui ne chercherait qu’à être développé. Un autre débat a lieu au sujet du dilemme nature ou culture : la passion pourrait être un talent que l’on développerait à tort ou à raison ou bien une recherche. Pour un intervenant, il y aurait en jeu derrière la passion la soif et la capacité de curiosité pour se développer dans une démarche de recherche – dans un environnement toutefois favorable ajoute une autre personne. La passion qui cherche un chemin peut aussi être une souffrance, par exemple lorsque le peintre créé dans une forme de douleur physique – mais aussi avec une notion de plaisir.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">Peut-on séparer raison et passion comme le faisait Descartes, se demande un participant ? La raison donne des réponses à des questions, alors que la passion va vers un but, sans réponse particulière. Qu’est-ce qui peut guider l’être dans la passion si, comme le disait Stephen Hawking, l’homme est dépourvu de libre-arbitre ? Ce qui le guide est son environnement mais aussi ses rencontres et le hasard. </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">La passion ne serait ni bonne ni mauvaise ("<em>Les passions ne sont en elles-mêmes ni bonnes ni mauvaises</em>" disait Saint Thomas d’Aquin) mais l’objet de la passion peut être nocif (la passion du jeu, la jalousie ou l’envie par exemple) ou utilisé à mauvaise escient. La passion serait un frein à notre raison, avec la fameuse expression "dépassionner le débat." La question est donc de savoir à qui on destine la passion : "<em>Une affection qui est une passion est une idée confuse</em>" comme l’écrivait Spinoza. </span><br /><span style="font-size: 10pt;">Pour une participante certaines passions n’amènent rien, <a href="https://youtu.be/wysNR6md3Og" target="_blank" rel="noopener noreferrer">à l’exemple de ces foules de fans</a>. Or, la passion peut être plus forte que tout et ne passe plus par la raison, sans être définie comme un hobby. Un autre participant répond par la notion de temps passé à telle ou telle activité et qui peut aliéner notre vie. </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">La passion, positive lorsque l’on travaille sur une création ou dans le sport, peut aussi déposséder, nous enfermer, nous mettre à l’état "<em>d’auto-hypnose</em>", oublier l’autre et enlever toute raison. En parlant d’objets de la passion, ne pourrions-nous pas faire un parallèle avec la passion amoureuse ? Dans la passion amoureuse, l’autre n’est plus qu’un objet. Ce qui nous intéresse n’est pas l’amour mais la possession, dans une souffrance qui peut avoir un "<em>effet miroir</em>" entre soi et l’autre. Il y aurait une forme de possession "<em>diabolique</em>" dans ces passions. La passion amoureuse, souvent idéalisée ("la personne aimée est mise sur un piédestal), créé une dépendance qui peut conduire à des actes inhabituels. Une personne du public parle de dépendance à des hormones volatiles qui peuvent faire perdre toute notion de raison ("<em>La cœur a ses raisons que la raison ne connaît pas</em>"). Sur la passion amoureuse, deux ouvrages sont cités : le roman du Montargois Yvan Caldérac, <em>Venise n’est pas en Italie</em> et la BD de Jim et Cabane, <em>Héléna</em>. </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;"><a href="http://cafephilosophique-montargis.hautetfort.com/media/02/01/701424103.jpg" target="_blank" rel="noopener noreferrer"><img id="media-5798593" style="float: left; margin: 0.2em 1.4em 0.7em 0;" title="" src="http://cafephilosophique-montargis.hautetfort.com/media/02/01/2362285823.jpg" alt="enthoven,freud,rousseau,spinoza,saint thomas d’aquin,spinoza,kant,descartes,voltaire,hegel,aron" /></a>Une question est posée : peut-on aimer sans passion? Pour y répondre, une participante donne trois définitions de l’amour définies par la philosophie et la psychanalyse, avec une seule qui est mot en jeu la passion : l’eros qui est l’amour passionné, la philia qui est l’amour fraternel et l’agapé qui est l’amour absolu pour un objet extérieur comme l’art ou la beauté. L’amour peut donc se passer de passion (qui n’est, du reste, jamais pérenne : "<em>l’amour dure trois ans</em>") au profit de l’amour-tendresse (philia).</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">Cette participante revient sur la définition de la passion : la passion pourrait être définie comme une relation entre un sujet et un objet. Pour Freud, le sujet opère un dessaisissement sur l’objet dont il est passionné. La passion est en soi mais elle nous dépasse aussi : elle nous aliène autant qu’elle nous transcende. Il peut y avoir des bonnes ou des mauvaises passions, selon l’objet de ces passions. Pour Rousseau, l’amour de soi et la pitié sont de bonnes passions ; quant à la propriété et l’argent, ce sont des passions vénales donc négatives. D’autre part la passion peut conduire à des comportements jugés comme bons ou mauvais. La passion peut transcender un sujet comme elle peut l’amener à des comportements qu’il n’aurait pas dans d’autres circonstances, à l’exemple Andromaque dans Racine ou des personnages de Balzac dans la Comédie humaine. Ces personnes sont dessaisis : la passion serait une maladie de l’âme comme l’écrivait Kant. On peut s’oublier de la passion et en être esclave comme le disait Phèdre ("<em>C’est Venus toute entière à sa proie attachée</em>"). </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">Devons-nous rejeter, ou sinon nous méfier de la passion ? Hegel disait que "<em>Rien de grand ne s'est accompli dans le monde sans passion.</em>" Un participant reprend la citation en la renversant : "<em>Le plus grave dans le monde s’est toujours fait par passion.</em>" Nos passions individuelles ne concernent finalement que nous, ou du moins notre environnement proche. Mais dans un contexte global, nous devons nous méfier de la passion (née dans le cerveau reptilien) qui peut être cataclysmique, à l’exemple de la religion. La raison (dans le néocortex) serait à placer au-dessus, car c’est elle qui régule et modère des passions désordonnées et nocives en plus de donner des explications au monde.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">La raison aurait des vertus politiques ou citoyennes ("<em>la raison d’état</em>"), alors que la passion serait plus de l’ordre de l’individuel. Dans cette raison d’état dont nous parlions, on donne des réponses dans un monde en mutation avec ses dangers ("la bombe technologique" par exemple). La raison serait le régulateur dans des mouvements passionnés, bons ou mauvais. Plusieurs spécialistes en géopolitique s’intéressent d’ailleurs à la géographie des émotions collectives et aux passions. Des cartes montrent des zones plutôt dominées par la peur, d’autres par la frustration et d’autres encore par l’espoir. Raymond Aron avait le premier déclaré qu’au XXe siècle c’était la passion – ou les passions – qui avait bouleversé le monde, charriant des guerres meurtrières et des totalitarismes. Le conflit israélo-palestinien, par exemple, très localisé, prend des dimensions planétaires à cause d’émotions collectives. </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;"><a href="http://cafephilosophique-montargis.hautetfort.com/media/00/00/3725001176.jpg" target="_blank" rel="noopener noreferrer"><img id="media-5798595" style="float: left; margin: 0.2em 1.4em 0.7em 0;" title="" src="http://cafephilosophique-montargis.hautetfort.com/media/00/00/1879091963.jpg" alt="enthoven,freud,rousseau,spinoza,saint thomas d’aquin,spinoza,kant,descartes,voltaire,hegel,aron" /></a>Le débat s’intéresse aussi à la création. Pour un intervenant, la passion fait surgir quelque chose – des notes de musique, une phrase, une pensée, une intuition ou une forme sculptée – mais c’est ensuite à la raison de s’en saisir pour l’enrichir. Mais à quel moment, comme en amour, peser la passion et la raison ? Une personne du public parle de modération. Les passions ne seraient pas forcément productives d’après elle. Il s’avère aussi que dans le public, plusieurs membres de l’assistance se déclarent peu passionnées : qui dit passion dit obsession, pour reprendre une phrase prononcée. Ce qui ne signifie pas ne pas avoir de centres d’intérêt...</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">Qu’est-ce qui fait, se demande une participante, que l’on passe de l’intérêt à la passion ? N’y aurait-il pas dans la passion une forme d’anormalité ? La passion amoureuse serait, par contre, une forme de partage, contrairement par exemple à la passion de l’artiste qui accoucherait une œuvre d’art pour transmettre simplement.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">Voltaire disait que "<em>Les passions sont les vents qui enflent les voiles du navire ; elles le submergent quelquefois, mais sans elles il ne pourrait voguer.</em>" Pour lui, sans passion n’aurait aucun sens. Pour une intervenante, qui réagit à cette phrase de Voltaire, la passion peut être difficile à vivre mais, justement, elle nous fait vivre : Freud disait que la passion est la libido, et le plus haut degré de libido est la pulsion de vie. Sans la libido et sans la passion nous serions des êtres morts. La passion peut donc nous faire tenir debout.la passion peut aussi être un "outil formidable" plus qu’une véritable aliénation pour un retour vers soi afin de connaître ses véritables désirs (Est-ce que j’ai vraiment envie de faire cela ? Et pourquoi?), avant de "greffer un peu de raison dessus et prendre une direction. De là, le passionné se retourne vers soi et s’interroge sur sa propre existence.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">Raison sans passion ou passion sans raison ? est-il demandé. Pour un participant, le monde ne peut plus s’offrir de grands passionnés, alors que le monde a plus besoin de raison. Mais un passionné fait-il forcément n’importe quoi ? Passions et raisons ne s’opposent pas forcément. Hume disait dans le Traité des Passions que la passion peut être égoïste mais elle pouvait aussi être une norme sur laquelle se greffe la raison. Je vois ce dont j’ai envie, ce qui est au fond de moi, et après je m’en sers pour me donner une direction et me détacher de mes désirs égoïstes. On peut tempérer ses passions par des intérêts extérieurs (l’école, l’éducation, l’environnement, etc.). Encore faut-il que cette régulation pour se raisonner existe…</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;"><a href="http://cafephilosophique-montargis.hautetfort.com/media/01/02/1534939418.jpg" target="_blank" rel="noopener noreferrer"><img id="media-5798598" style="float: left; margin: 0.2em 1.4em 0.7em 0;" title="" src="http://cafephilosophique-montargis.hautetfort.com/media/01/02/2011578352.jpg" alt="enthoven,freud,rousseau,spinoza,saint thomas d’aquin,spinoza,kant,descartes,voltaire,hegel,aron" /></a>Tout doit-il être fait avec raison ? La raison manquerait de fantaisie, une fantaisie qu’apporte la passion. La passion aurait tendance à nous enchanter le monde, alors que la raison nous ferait retomber sur terre et nous désenchanter le monde. Pour un participant, on peut très bien avec la raison déboucher sur de la création : la qualité d’une force, ce n’est pas tant son intensité que sa direction. Finalement, pour faire vivre la passion, nous aurions besoin de ce frein qu’est la raison. Et la raison, dans les sciences comme dans certaines techniques, peut amener à l’émerveillement si proche de la passion. "La raison sans les passions serait presque un roi sans sujets" disait Denis Diderot.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">Pour conclure la soirée, trois sujets sont mis au vote pour la séance du <strong>18 mai 2018</strong> : "<em>Qu’est-ce qu’être normal ?</em>", "<em>Avons-nous besoin d’être reconnus par les autres ?</em>" et "<em>La mort, est-ce celle des autres ?</em>" Le sujet choisi pour cette séance de mai est "<strong>Qu’est-ce qu’être normal ?</strong></span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;"><strong>La prochaine séance du café philo aura par contre lieu le 13 avril, exceptionnellement à la Médiathèque,</strong> avec trois sujets mis au vote et choisis par les utilisateurs de la Médiathèque ; "<em>Y a-t-il des guerres justes ?"</em>, "<em>Les paroles engagent-elles autant que les actes ?</em>" et <strong>"<em>Faut-il vivre comme si nous ne devions jamais mourir ?</em>"</strong> C’est finalement ce dernier sujet qui fera l’objet d’un débat à la Médiathèque de Montargis, <strong>le 13 avril, à 18 heures (et non pas 19 heures comme de coutume).</strong></span></p>
Café philosophique de Montargishttp://cafephilosophique-montargis.hautetfort.com/about.htmlCompte-rendu du débat : ”La vérité finit-elle toujours par triompher?”tag:cafephilosophique-montargis.hautetfort.com,2018-03-18:60352252018-03-18T10:00:00+01:002018-03-18T10:00:00+01:00 Le café philosophique de Montargis se réunissait au Belman le vendredi 19...
<p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">Le café philosophique de Montargis se réunissait au Belman le vendredi 19 janvier pour un débat portant sur cette question : "<em>La vérité finit-elle toujours par triompher ?</em>" Une soixantaine de personnes étaient présentes pour cette nouvelle séance.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">Pour commencer ce débat, les animateurs proposent une définition et une étymologie de la vérité : le terme de vérité, de <em>veritas</em> en latin ("<em>vraie</em>"), peut la définir dans trois dimensions: une vérité ontologique, la réalité dans sa quintessence, dans son intensité et sa pureté (comme l’or dans la joaillerie), il y aurait ensuite cette vérité définie par Thomas d’Aquin, qui serait l’adéquation entre l’esprit et la chose, c’est-à-dire une conformité entre mon jugement et la réalité ("<em>Ce que l'homme appelle vérité, c'est toujours sa vérité, c'est-à-dire l'aspect sous lequel les choses lui apparaissent</em>", Protagoras), et enfin la vérité logique dans le théorème scientifique ou mathématiques, qui serait dans l’ordre de la cohérence logique mais qui, pour le coup, peut ne pas correspondre à une réalité (les propriétés du triangle sont vraies quand bien même il n’existerait pas de triangles dans la nature).</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">S’agissant de ce thème du triomphe de la vérité, il y a l’un des exemples les plus fameux : <a href="http://cafephilosophique-montargis.hautetfort.com/archive/2018/01/11/zola-extrait-du-film-l-affaire-dreyfus-6016865.html" target="_blank" rel="noopener noreferrer">celui du de l’affaire Dreyfus et du J’Accuse d’Émile Zola</a>.</span><span style="font-size: 10pt;">Un premier intervenant réagit au sujet du débat de ce soir. Une telle question sous-entend que quelqu’un cache la vérité, que ce soit une personne, un groupe de personnes ou un système. C’est le cas de l’Affaire Dreyfus par exemple. S’agissant de cette cas historique, il y a dichotomie entre la vérité et la justice. Pour que cette vérité triomphe, il faut l’investissement d’une personne pugnace, a fortiori lorsqu’il s’agit d’enjeux importants. Dans ce cas le triomphe de la vérité serait compliqué.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">Pour un autre intervenant, la vérité serait d’abord vivante et fonction de telle ou telle personne, tel ou tel sujet. Chacun a sa propre vérité et cette vérité bouge constamment au cours de notre vue. La vérité sur Dieu change, y compris dans notre existence. Une vérité immuable devient quelque chose de non-libre, voire dictatoriale. La recherche de la vérité doit être active tout au long de notre vie, selon les philosophes comme Socrate ou Platon. </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">Dans ce qui est dit, réagit une autre personne du public, il y a une sorte de pluralité dans la notion de vérité. Or, comment différencier cela d’un simple avis, d’un simple avis ? Cela constituerait d’emblée un obstacle à sa recherche.</span></p><p><img src="http://cafephilosophique-montargis.hautetfort.com/media/02/00/942751689.jpg" id="media-5785105" alt="" /></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">La vérité ne serait-elle que relative ? Dans la notion de vérité, il y aurait une sorte de convention qui devrait être partagée.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">Pour une participante, si la vérité est plurielle, comment expliquer que l’on vive dans une société industrielle qui découle de lois scientifiques a priori immuables ? Pourquoi avons-nous confiance lorsque nous prenons l’avion ? Nous aurions une vision restrictive de la vérité comme une valeur mystique que tout le monde rechercherait dans sa quête du bonheur. Or, la vérité est le socle de notre société. Descartes employait une métaphore : celui d’un arbre ayant pour racine la métaphysique, avec des questionnements et des étonnements philosophiques, et le tronc représenterait la physique, c’est-à-dire ce qui découle des réponses que l’on peut apporter à ces questions. Puis vont découler des branches et des fruits, en l’occurrence la morale, la médecine ou la mécanique. La vérité ne stagnerait donc pas, contrairement à ce que l’on dit, au niveau des racines, dans des quêtes philosophiques et mystique d’un idéal subjectif qui apporterait le bonheur à chacun. Or, si cette vérité peut la trouver via des biais scientifiques, elle se fructifie de manière concrète, et en découle les sciences et toute l’évolution de l’être humain. Toute l’évolution humaine repose sur un critère de vérité sur lequel reposerait la technique elle-même.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;"><a href="http://cafephilosophique-montargis.hautetfort.com/media/01/00/1751934385.jpg" target="_blank" rel="noopener noreferrer"><img id="media-5785112" style="float: left; margin: 0.2em 1.4em 0.7em 0;" title="" src="http://cafephilosophique-montargis.hautetfort.com/media/01/00/532886231.jpg" alt="338dd6e990096d8146de9e820194eaf6.jpg" /></a><a href="http://cafephilosophique-montargis.hautetfort.com/archive/2018/01/14/bernard-la-verite-dans-les-sciences-6017020.html" target="_blank" rel="noopener noreferrer">Si l’on parle de science</a>, poursuit une nouvelle intervenante, la science a d’abord émis des théories et non des vérités. Une théorie est émise "<em>jusqu’à preuve du contraire.</em>" L’épigénétique, par exemple, a fait évoluer un domaine qui semblait ne pas aller de soi. La science est une chose, dit un autre participant, mais il y a aussi l’application de la science qui n’a rien à voir en général avec les théories qui ont été émises. <a href="http://cafephilosophique-montargis.hautetfort.com/archive/2017/12/30/descartes-pour-examiner-la-verite-6012902.html" target="_blank" rel="noopener noreferrer">Descartes a d’ailleurs mis en question cette vérité scientifique, en raison de la perception que nous avons des choses, car nous sommes souvent trompés par nos sens.</a></span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">Par ailleurs, toutes les vérités doivent-elles triompher ? La vérité est-elle toujours vertueuse. Il se pose la question d’éthique, par exemple en ce qui concerne les secrets de famille. Pour une participante, cette question de "<em>tri de la vérité</em>" est contestable, car elle ouvre la porte à des formes de censure néfastes.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">Pour en revenir à l’affaire Dreyfus, il se pose la question de vérité objective et de vérité subjective. S’agissant de cet exemple, ce dont il est question est la réalité historique qui a mis 12 ans avant de triompher. Le problème de la vérité subjective, c’est qu’elle dépend d’un système de valeurs. Pour Dreyfus, s’affrontaient avec conviction des considérations telles que la justice, la morale, le sort d’un homme contre l’autorité de la chose jugée, l’honneur de l’armée et l’esprit de revanche. Cela dépend aussi d’une époque et d’un environnement : "<em>Vérité en deçà des Pyrénées, erreur au-delà</em>" disait Pascal. Il se pose aussi la question de se savoir si l’on ment en étant persuadé que l’on dit vrai, est-ce que l’on ment vraiment ? On peut être aveuglé par sa propre <em>doxa</em>.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">Le triomphe de la vérité est le résultat d’un combat, d’une confrontation mais aussi d’une publicité. Ce qui est caché est délivré pour être offert au public. Qui est le garant de cette vérité respectée, à l’exemple du conseil constitutionnel qui est garant du respect de la vérité constitutionnelle ? La vérité aurait-elle besoin, à l’instar de <a href="http://cafephilosophique-montargis.hautetfort.com/archive/2017/12/23/zola-j-accuse-6012873.html" target="_blank" rel="noopener noreferrer">Zola, d’un pourvoyeur et d’un médiateur </a>? Pour un participant, la réponse est oui. Un autre exemple est celui d’Edward Snowden, des personnes qui sont sincères et remplis de valeurs humaines et humanistes.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">Qui doit chercher la vérité et qui doit en faire la promotion pour la rendre accessible ? Serait-ce le rôle de la justice par exemple ? En France, le pouvoir a toujours été méfiante vis-à-vis de cette institution judiciaire, jusqu’à créer le principe du syllogisme juridique. En France, on fait des juges et des personnes chargées de révéler la vérité, de simples rouages d’une mécanique syllogistique : "<em>Les voleurs doivent être punis, Dupond est un voleur donc Dupond doit être puni.</em>" Il convient de se poser cette question : la justice peut-elle créer sa propre de vérité ?</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">La vérité trouverait là une nouvelle définition : elle serait définie comme cohérence interne à un système, quand bien même ce système n’aurait pas de correspondance dans la réalité, ou bien se heurterait à d’autres systèmes de valeurs. C’est l’exemple de l’affaire Dreyfus et du jugement judiciaire. Malgré tout, même imparfaite, si la justice est bien faite, elle se base sur les faits, les lois et aussi la science. Avec certes des procédures et beaucoup d’imperfections.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;"><a href="http://cafephilosophique-montargis.hautetfort.com/media/00/01/1532203467.jpg" target="_blank" rel="noopener noreferrer"><img id="media-5785109" style="float: left; margin: 0.2em 1.4em 0.7em 0;" title="" src="http://cafephilosophique-montargis.hautetfort.com/media/00/01/1308147200.jpg" alt="3191ed8df3347c2790da96db9dd7d540.jpg" /></a>Mais il y aussi cette Vérité avec un grand V, en dehors de ce qui est affaire d’opinion et d’avis comme il a été dit plus haut. C’est cet objet non-identifiable, que l’on ne peut approcher qu’avec nos sens, que l’on essayer d’atteindre. On est dans une question d’enracinement. La vérité pourrait être unique, mais il y a une pluralité d’interprétations de cette vérité. Nietzsche disait : "<em>Il n’y a pas de faits, seulement des interprétations.</em>" La vérité serait donc difficilement atteignable. Mais toutes les interprétations ne se valent pas, comme le laisseraient sous-entendre par exemple<a href="http://cafephilosophique-montargis.hautetfort.com/archive/2018/01/13/quelques-vrais-faux-historiques-6016856.html" target="_blank" rel="noopener noreferrer"> les fake-news</a>. Le terme "<em>Chacun sa vérité</em>" (Luigi Pirandello) ne veut pas dire grand-chose même s’il peut nous engager sur le début d’un chemin vertueux. La vérité, c’est que nous n’avons pas les moyens d’atteindre justement cette vérité (nos sens peuvent nous tromper par exemple) mais nous avons tous les moyens pour l’atteindre au mieux. La vérité a beau être abstraite, ses interprétations sont réelles et multiples : "<em>« Chacun sa vérité » est une formule juste car chacun se définit par la vérité vivante qu'il dévoile</em>" disait Jean-Paul Sartre. Ce qui peut aller jusqu’à des "heurts de vérités,"<a href="http://cafephilosophique-montargis.hautetfort.com/archive/2018/01/13/schutzenberger-aie-mes-aieux-ou-les-secrets-de-famille-devoi-6016858.html" target="_blank" rel="noopener noreferrer"> à l’exemple des secrets de famille</a>.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">Il est discuté d’interprétations de bonne foi de faits a priori contradictoires ("<em>Est-ce un 6 ou un 9 ?</em>"). Celui qui impose sa vérité, serait celui qui trouvera le meilleur discours, ou du moins qui sera le mieux soutenu (<a href="http://cafephilosophique-montargis.hautetfort.com/archive/2017/12/21/galilee-limites-et-beautes-de-l-intellect-humain-6010267.html" target="_blank" rel="noopener noreferrer">exemple de Galilée</a>). Ne pas révéler la vérité ou toutes les vérités permettrait de maintenir les populations dans une certaine soumission. Comment en sortir ? Peut-être en s’interrogeant sur le mensonge, qu’il soit volontaire ou non, dans une dialectique qui permettra de faire triompher la vérité. Le manque de connaissance est sans doute un obstacle à ce triomphe de la vérité. Mais cette quête de la vérité est sans doute plus importante que son triomphe, s’il n’arrive pas trop tard comme pour l’exemple des secrets de famille. </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">Comment dévoiler la vérité ? Elle peut être crue et incomprise. <a href="http://cafephilosophique-montargis.hautetfort.com/archive/2017/12/22/florian-la-fable-et-la-verite-6012869.html" target="_blank" rel="noopener noreferrer">Le fabuliste Florian parle de parer de la vérité "nue" du "manteau" attrayant de la fable</a> : "<em>Vous êtes pourtant ma cadette, / Dit la fable, et, sans vanité / Partout je suis fort bien reçue : / Mais aussi, dame vérité, / Pourquoi vous montrer toute nue ? / Cela n'est pas adroit : tenez, arrangeons-nous ; / Qu'un même intérêt nous rassemble : / Venez sous mon manteau, nous marcherons ensemble. / Chez le sage, à cause de vous, / Je ne serai point rebutée ; / A cause de moi, chez les fous / Vous ne serez point maltraitée : / Servant, par ce moyen, chacun selon son goût, / Grâce à votre raison, et grâce à ma folie, / Vous verrez, ma sœur, que partout / Nous passerons de compagnie</em>."</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">Il y a des moments de vérités qu’il faut choisir afin qu’elles ne tardent pas trop à triompher, à l’exemple d’une autre affaire, <a href="http://cafephilosophique-montargis.hautetfort.com/archive/2018/01/05/carrere-l-affaire-jean-claude-romand-6014216.html" target="_blank" rel="noopener noreferrer">celle de Jean-Claude Romand</a>. Le temps serait, d’après un participant, ce qui permet à la vérité de triompher, ce que contestent d’autres personnes du public. </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;"><a href="http://cafephilosophique-montargis.hautetfort.com/media/01/01/264861312.jpg" target="_blank" rel="noopener noreferrer"><img id="media-5785110" style="float: left; margin: 0.2em 1.4em 0.7em 0;" title="" src="http://cafephilosophique-montargis.hautetfort.com/media/01/01/3368532477.2.jpg" alt="Sculpture en marbre 'Modesty' by Antonio Corradini.jpg" /></a>Un intervenant pose cette question : est-ce qu’une civilisation arrive à faire triompher la vérité ? Va-t-on vers plus dé vérité ? Combien de vérité n’ont-elles jamais éclaté ? Pour un participant, le monde va vers plus de vérité, à l’exemple des secrets de familles, une notion relativement nouvelle dans les sciences psychologiques. L’idée serait de régler ses propres vérités, en nous, lutter contre nos mécanismes de défense, avant de chercher la vérité chez les autres. La vérité triomphe si on a du courage, qui entraîne vers une évolution positive pour les autres. Chacun serait donc lui-même pourvoyeur de vérité. </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">Quel est notre intérêt à chercher la vérité ? Si on en a, si on se met en recherche de cette vérité, elle finira par triompher. Un participant ajoute que cela sous-entend qu’il y a un intérêt quelconque pour que ce triomphe ait lieu. </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">La question du débat sous-entend qu’il y aurait une vérité objective, une sorte d’évidence, et que cette vérité va éclater. Or, en réalité, la vérité est complexe, floue, avec des niveaux différents. Nietzsche écrivait ceci : "<em>Les vérités sont des illusions dont on a oublié ce qu'elles sont, des métaphores qui ont été usées et qui ont perdu leur force sensible, des pièces de monnaies qui ont perdu leur empreinte et qui entrent dès lors en considération non plus comme pièces de monnaie mais comme métal.</em>" Hegel disait, dans ce même état d’esprit : "<em>La vérité n’est pas une monnaie frappée prête à être utilisée.</em>"</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">Pour conclure ce débat à la fois métaphysique et éthique, comment ne pas citer <a href="http://cafephilosophique-montargis.hautetfort.com/archive/2017/12/18/beart-la-verite-6009364.html" target="_blank" rel="noopener noreferrer">Guy Béart et sa chanson sur la vérité </a>: "<em>Le premier qui dit se trouve toujours sacrifié / D'abord on le tue / Puis on s'habitue / On lui coupe la langue on le dit fou à lier / Après sans problèmes / Parle le deuxième / Le premier qui dit la vérité / Il doit être exécuté.</em>"</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">En fin de séance, trois sujets ont été proposés pour la séance suivante le <strong>vendredi 23 mars à 19 heures, toujours au café Le Belman</strong> : "<em>Séduction ou agression : Faut-il balancer son porc?</em>", "<em>Pourquoi se presser ?</em>" et "<strong><em>Tout doit-il être fait par passion ?</em>"</strong> C’est ce dernier sujet qui a été choisi par les participants. Et le 13 avril à 18 heures aura lieu un café philo exceptionnel à la médiathèque de Montargis.</span></p>
Café philosophique de Montargishttp://cafephilosophique-montargis.hautetfort.com/about.htmlCompte-rendu de la séance ”Les sciences vont-elles trop loin?”tag:cafephilosophique-montargis.hautetfort.com,2017-10-18:59904512017-10-18T15:19:00+02:002017-10-18T15:19:00+02:00 Pour cette première séance de la saison à laquelle assistaient entre 35 et...
<p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">Pour cette première séance de la saison à laquelle assistaient entre 35 et 40 personnes, l’équipe du café philo invitait <a href="http://cafephilosophique-montargis.hautetfort.com/archive/2017/07/13/thierry-berlanda-parlons-philo-5962864.html" target="_blank" rel="noopener noreferrer">Thierry Berlanda</a>, philosophe, conférencier et romancier, auteur notamment d’un thriller paru récemment, <em><a href="http://cafephilosophique-montargis.hautetfort.com/archive/2017/07/21/berlanda-naija-5964297.html" target="_blank" rel="noopener noreferrer">Nadja</a></em> (éd. du Rocher). Le sujet de ce débat portait sur cette question : "<em>Les sciences vont-elles trop loin ?</em>" Ce roman a pour sujet une enquête policière qui mène deux enquêteurs jusqu’au Nigeria où une multinationale a fait des biotechnologies un inquiétant projet scientifique autant qu’économique. Thierry Berlanda met en scène sur un plan romanesque un thème qui, philosophiquement, est important : le devenir de l’homme avec les révolutions techno-scientifiques et les périls qu’elles peuvent charrier.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">Cette question présente aujourd’hui, et depuis longtemps dans la littérature et le cinéma, n’est plus l’effet d’une mode ou d’un engouement médiatique. Ce n’est plus un épiphénomène : elle nous concerne d’une manière paradoxale. En effet, cette révolution techno-scientifique, la plupart d’entre-nous nous n’y comprenons pratiquement rien et nous n’y adhérons pas. D'autre part, nous ne nous sommes pas appropriés éthiquement cette question. De ce fait, nous sommes doublement dépassés d’un point de vue intellectuel et d’un point de vue moral.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">Thierry Berlanda insiste sur la notion de vie. Notre vie, dit-il, "dans laquelle nous ne nous sommes pas apportés nous-même" comme le dit en substance le philosophe Michel Henry, nous précède toujours et nous dépasse. Et pourtant, elle nous concerne très intimement. La techno-science, la révolution biotechnologique, la "prothètisation du vivant" nous dépassent à la fois par la compréhension que nous en avons – ou pas – et par l’appropriation de ce sujet.</span></p><p><img src="http://cafephilosophique-montargis.hautetfort.com/media/02/00/2830387182.jpg" id="media-5707874" alt="" /></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;"><a href="http://cafephilosophique-montargis.hautetfort.com/media/01/00/4293384575.jpg" target="_blank" rel="noopener noreferrer"><img id="media-5707877" style="float: left; margin: 0.2em 1.4em 0.7em 0;" title="" src="http://cafephilosophique-montargis.hautetfort.com/media/01/00/3547907596.jpg" alt="brentano,husserl, heidegger,scheler,merleau-ponty,plotin,henry,descartes,platon,botero" /></a>Thierry Berlanda insiste sur l’importance de la <a href="http://la-philosophie.com/la-phenomenologie" target="_blank" rel="noopener noreferrer">phénoménologie</a> dans sa vie comme dans la réflexion sur le sujet de de soir. Il cite quelques auteurs marquants : Brentano, Husserl, Heidegger, Scheler, Merleau-Ponty… et jusqu’à Plotin. Il met en avant un autre philosophe, <a href="http://cafephilosophique-montargis.hautetfort.com/tag/henry" target="_blank" rel="noopener noreferrer">Michel Henry</a>, contemporain et mort en 2002, qu'il citera à plusieurs reprises au cours de la soirée. La phénoménologie, dit-il, n’est pas la science des phénomènes, ni une "<em>science des étants</em>" au sens heideggerien. Ce n’est pas une science dure ni ontique. Il n’y a pas besoin de phénoménologie pour savoir ce qu’est un arbre, du point de vue d’une science des objets (de <em>obiectum</em>, en latin : ce qui est devant nous). L’étant arbre ne se discute pas. La phénoménologie est la science de la phénoménalité, c’est-à-dire l’étude du processus de l’apparaître des choses qui nous entourent, y compris cet arbre ou bien nous-même.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">Lorsque l’on est entré dans la salle où se tient le café philo, la question est de savoir quelle est la première forme qui est vue : ça peut être une table, une personne ou une branche de lunettes. Or, pour le phénoménologue, la première chose qui est vue est la lumière dans laquelle ces objets se donnent. La phénoménologie est la science de l’étude de la structure de "<em>l’apparaître des choses</em>", c’est-à-dire la lumière qui a été vue avant de voir les objets. C’est la différence entre une science positive qui voit les objets comme s’ils étaient premiers et la phénoménologie qui voit les objets comme secondairement à la lumière dans laquelle ils se donnent. Mais ça ne concerne pas que les objets sensibles et physiques mais aussi les objets intellectuels et rationnels.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">Dans la question "<em>Les sciences vont-elles trop loin?</em>", la question est de savoir ce que c’est que "<em>trop loin</em>" ? Quelle est cette limite au-delà de laquelle on est trop loin ? Quelle est la frontière que les sciences franchissent qui les expulsent de leur propre circonscription épistémologique et de leur propre fondement morale – si encore elles en ont un ? Ce "<em>trop loin</em>" est-il un territoire nébuleux ? A partir de quelle limite sommes-nous arrachés de notre humanité ? Et si nous ne sommes plus nous-même est-ce si terrible que ça ? Et est-ce un si grand malheur qui nous attend ? Savons-nous assez précisément ce que nous sommes pour avoir une conscience assez claire de ce que nous perdrions en ne l’étant plus ? Ces questions ont été mises en scène, d’un point de vue phénoménologique, dans le thriller <em>Naija</em> qui pose la question de la possible disparition de la structure de l’apparaître du "<em>phénomène</em>" humain.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;"><a href="http://cafephilosophique-montargis.hautetfort.com/media/00/02/1633025926.jpg" target="_blank" rel="noopener noreferrer"><img id="media-5707878" style="float: left; margin: 0.2em 1.4em 0.7em 0;" title="" src="http://cafephilosophique-montargis.hautetfort.com/media/00/02/4197800447.jpg" alt="brentano,husserl, heidegger,scheler,merleau-ponty,plotin,henry,descartes,platon,botero" /></a>Pour un participant, la science – comme la littérature – ne va jamais trop loin. Derrière la science, il y a la recherche. Par contre, la grande question est celle des applications, a fortiori dans un monde capitaliste. En quoi ces applications vont-t-elle trop loin ? Une autre intervenante cite l’exemple d’essais de greffes humaines sur des cellules souches de cochon afin de soigner des maladies, avec la crainte un jour de créer des <a href="http://cafephilosophique-montargis.hautetfort.com/archive/2017/09/09/shelley-le-docteur-frankenstein-et-sa-creature-5978133.html" target="_blank" rel="noopener noreferrer">chimères</a>. La question est de savoir ce que le philosophe a à dire sur les risques pour l’humanité de ces <a href="http://cafephilosophique-montargis.hautetfort.com/archive/2017/09/13/dick-les-androides-revent-ils-de-moutons-electriques-5979459.html" target="_blank" rel="noopener noreferrer">dépassements technologiques</a>. Est-ce du conservatisme que de dire que "<em>cela va trop loin</em>" ? Les religions ont-elles leur mot à dire ? s’interroge un autre participant.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">Peut-être serait-il bon également de définir ce qu’est la science, à différencier de la technologie. Par définition, la science est la connaissance. Elle ne prescrit pas : elle cherche à connaître. Les applications tombent ensuite dans le domaine du politique ou de l’économie et deviennent ces technologies plus ou moins dangereuses, plus ou moins bénéfiques. La science pourrait aller trop loin lorsqu’il y a un risque d’auto-destruction, par exemple lors de l’invention des <a href="http://cafephilosophique-montargis.hautetfort.com/archive/2017/09/09/la-java-des-bombes-atomiques-5978143.html" target="_blank" rel="noopener noreferrer">armes atomiques</a> et nucléaires.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">Or, la science, a priori neutre, se suffisant à elle-même et sans contenu éthique, va trop loin dans la mesure où elle s’écarte de ce qui est essentiel. L’essentiel est du domaine de l’humain et de la conscience (le fameux "<em>Science sans conscience n’est que ruine de l’âme</em>" de Rabelais). La question de ce soir, dit un membre du public, n’est peut-être finalement pas tant celle de la science que celle de la conscience.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">Il ne s’agit pas d’être dans une naïveté béate mais être optimiste, tout en étant dans une réflexion philosophique authentique. La question est toujours de savoir quelle est la limité de la science, par exemple lorsqu’il est question de la médecine et de la fin de vie. Dans ce domaine, ne passerait-on pas de la médecine de guérison à tout prix à la médecine de soin ? Le mot "<em>valeur</em>" est prononcé, tout comme le mot "<em>conscience</em>". Cependant, le philosophe continue à s’interroger : à partir de quand connaît-on la limite qui fera que j’userai de ma conscience comme vecteur de la science à progresser, ou bien à la restreindre. La limite à fixer est subjective et variable selon les époques, comme le prouve la science agronomique par exemple.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;"><a href="http://cafephilosophique-montargis.hautetfort.com/media/01/00/2177630620.2.jpg" target="_blank" rel="noopener noreferrer"><img id="media-5707879" style="float: left; margin: 0.2em 1.4em 0.7em 0;" title="" src="http://cafephilosophique-montargis.hautetfort.com/media/01/00/1056013637.2.jpg" alt="brentano,husserl, heidegger,scheler,merleau-ponty,plotin,henry,descartes,platon,botero" /></a>Si la science va trop loin, dit une autre personne du public, c’est qu’elle va déjà dans une direction. Or, qui donne cette direction, sinon des choix politiques ou économiques ? Or, la recherche est assujettie à des décisions : on va préférer investir dans des armes bactériologiques, au risque d’effets collatéraux (<a href="http://www.maladie-lyme-traitements.com/une-maladie-initieacutee-par-les-usa.html" target="_blank" rel="noopener noreferrer">l’exemple de la maladie de Lyme</a>). Qui décide finalement du "<em>trop loin</em>" ? Serait-ce celui qui décide où va aller l’argent ? La course au profit et aux technologies a conduit les décideurs à préférer certaines sciences plutôt que d’autres, en privilégiant par exemple les sciences biotechnologiques au détriment des sciences sociales. Par ailleurs, est-il dit, les sciences sont dirigées par les personnes de pouvoir qui peuvent s’en servir pour manipuler les consciences. Un intervenant met en avant le fait que la manipulation se joue dans les deux sens, comme le montre la<a href="http://www.psychologies.com/Therapies/Toutes-les-therapies/Therapies-breves/Articles-et-Dossiers/La-PNL-ou-programmation-neuro-linguistique" target="_blank" rel="noopener noreferrer"> programmation neuro-linguistique</a> (PNL). Si je ne veux pas tomber dans le piège de la manipulation, est-il dit, il m'appartient d'user aussi d'user de ma raison, de mon libre-arbitre et de "<em>l'autonomie de ma pensée.</em>"</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">Mais ces sciences sociales, justement, ne vont-elles pas assez loin, dans un monde dominé par les sciences "<em>en -ique</em>" (informatique, génétique, technologique, etc.) ? Pour un intervenant, le retard des sciences sociales sur les sciences dures est quelque chose de constant.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;"><a href="http://cafephilosophique-montargis.hautetfort.com/media/01/00/1070081400.jpg" target="_blank" rel="noopener noreferrer"><img id="media-5707883" style="float: left; margin: 0.2em 1.4em 0.7em 0;" title="" src="http://cafephilosophique-montargis.hautetfort.com/media/01/00/3208677792.jpg" alt="brentano,husserl,heidegger,scheler,merleau-ponty,plotin,henry,descartes,platon,botero" /></a>Il est beaucoup question de transhumanisme en ce moment avec la sortie de<a href="https://www.sciencesetavenir.fr/decouvrir/livres/homo-deus-yuval-noah-harari-presente-a-paris-son-livre-evenement_116363" target="_blank" rel="noopener noreferrer"> <em>Homo Deus</em> de Harari</a>. Pour <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Giovanni_Botero" target="_blank" rel="noopener noreferrer">Giovanni Botero</a>, spécialiste des sciences antiques, il y a depuis longtemps dans les sociétés l’idée d’une élite d’une part et d’un prolétariat d’autre part, le prolétariat étymologiquement celui qui peut faire durer sa vie un instant de plus. Une élite ploutocratique profite de la misère universelle. Or, que dit le philosophe ? Que c’est la vie qui compte : "<em>aucun vivant n’est plus vivant qu’un autre.</em>" Si l’on veut bien juger la science sous le critère de la vie, la question de ce soir mérite d’être posée sous cet angle. Thierry Berlanda a cette réflexion : "<em>Je sais ce que c’est qu’un robot, mais à ce stade je ne sais pas ce que c’est qu’un humain !</em>" Connaître la limite de l’humanité c’est au préalable comprendre ce qu’est un humain. </span><br /> <br /><span style="font-size: 10pt;">Il faut bien définir ce qu’est l’humanité, qui n’est pas à restreindre à l’apparence ou aux fonctions qui peuvent être imitées et reproduites par les technologies. Quand on est du point de vue ontique – un arbre c’est un tronc, des branches, des feuilles, des racines – on peut rester à la surface de l’objet et se dire : <em>"ça y ressemble, donc ça doit en être</em>"… Descartes parlait <em>d’inconcussum</em>, c’est-à-dire les points de certitudes absolues pour dire que ceci est vrai et ceci ne l’est pas. Qu’est-ce qui fait donc qu’un homme l’est et qu’un robot ne l’est pas ? Il est question aussi de l’intelligence artificielle, qui est un aspect des choses qui peuvent nous tromper sur l’humanité.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">La connaissance, dit un autre intervenant, nous appartient, sans argent, sans aide extérieur. Il est question de partage des sciences que nous pouvons avoir, partage qui est un enrichissement humain. La science, de ce point de vue, ne peut pas aller trop loin. La science pour elle-même, fondamentale, a, par contre, le risque d’être constamment débordée par les technologies applicatives. <a href="http://cafephilosophique-montargis.hautetfort.com/archive/2017/09/20/berlanda-aucun-zombie-la-dedans-5981550.html" target="_blank" rel="noopener noreferrer">Le débordement des techno-sciences est un danger.</a> Mais en est-ce vraiment un, réagit un participant ? On parle de surpeuplement mais moins du progrès des sciences pour aider à l’abondance de cultures naturelles. La science ne serait-elle pas une solution à des problèmes plutôt qu’un monstre potentiellement dangereux ?</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;"><a href="http://cafephilosophique-montargis.hautetfort.com/media/02/00/1223787156.jpg" target="_blank" rel="noopener noreferrer"><img id="media-5707875" style="float: left; margin: 0.2em 1.4em 0.7em 0;" title="" src="http://cafephilosophique-montargis.hautetfort.com/media/02/00/604872992.jpg" alt="brentano,husserl, heidegger,scheler,merleau-ponty,plotin,henry,descartes,platon,botero" /></a>Il y aussi un préalable politique à cette interrogation sur les sciences et sur le fait qu’elles menacent d’être accaparées par des multinationales. Il y avait une inhumanité avant la naissance des multinationales, considère Thierry Berlanda. Quel est donc le ressort intime de ces multinationales qui, avec tous leurs maux, ne sont pas tombés du ciel ? Elles ont été suscitées par une certaine propension au cœur des hommes. Platon parlait déjà en son temps, de la <em>pleonexia</em>, de la cupidité sans fin et de notre pouvoir à nuire à nous-même. C’est à chacun de s’interroger, et sur les sciences, et sur sa conscience, et sur notre autonomie de la pensée. Et cette autonomie passe notamment par l’école et l’éducation qui doivent se pencher plus encore sur les sciences.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">La question qui sous-tend tout le sujet est celle de la limite à partir de laquelle je sais que la science va trop loin. Cette question de limite est la même que celle de la définition de l’humanité comme telle. Descartes, "<em>le philosophe de la certitude</em>", dit dans sa deuxième méditation philosophique que "absolument certainement il me semble que je vois, que j’entends, que je m’échauffe." C’est à dire que ce qui me détermine comme humain, et que n’auront jamais les robots, c’est que ce sentiment que je vis (<em>videor</em>), ce qu' aucun robot, si perfectionné soit-il, ne peut avoir. Ce à quoi il faut absolument nous attacher c’est encourager et déterminer la politique dans un sens qui soit favorable à ce qui est le plus caractéristique d’un humain, c’est-à-dire sa vie en tant que sentiment d’elle-même. Plus on s’en éloigne, plus on va vers la <a href="http://cafephilosophique-montargis.hautetfort.com/archive/2017/06/07/henry-progres-et-barbarie-5951823.html" target="_blank" rel="noopener noreferrer">barbarie, théorisée par Michel Henry</a>. Plus on favorise la vie en tant que sentiment d’elle-même, plus on est vertueux. Le critère du "<em>trop loin</em>" de la science c’est cette limite-là, en fonction de laquelle vous favorisez le sentiment joyeux de vivre ou que vous l’empêchiez ou que vous le contraigniez. <em><a href="http://cafephilosophique-montargis.hautetfort.com/archive/2017/09/20/berlanda-ce-monde-est-fait-pour-toi-5981551.html" target="_blank" rel="noopener noreferrer">Naija</a></em> est l’histoire de cet enjeu sur le mode concret de l’aventure de ce questionnement dans une affaire policière, géopolitique... et phénoménologique.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">La séance se termine par la mise du sujet de la séance du <strong>20 octobre 2017</strong>. Trois sujets sont proposés : "<em>L’école : est-ce que le niveau baisse ?</em>", "<em>Le bon sens est-elle la chose la mieux partagée?</em>" et "<strong><em>La culture serait-elle une meilleure réponse à la violence ?</em></strong>" C’est ce dernier sujet qui est choisi par les participants. Ce débat aura lieu au <strong>café Le Belman</strong>, première étape qui mènera cette saison le café philo dans plusieurs lieux de l’agglomération de Montargis.</span></p>
Café philosophique de Montargishttp://cafephilosophique-montargis.hautetfort.com/about.htmlPouvons-nous nous passer du progrès?tag:cafephilosophique-montargis.hautetfort.com,2017-06-16:59549172017-06-16T22:04:37+02:002017-06-16T22:04:37+02:00 Le café philosophique de Montargis fixe son nouveau rendez-vous le...
<p><img src="http://cafephilosophique-montargis.hautetfort.com/media/01/02/2373221436.jpg" id="media-5645718" alt="" /></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">Le café philosophique de Montargis fixe son nouveau rendez-vous le vendredi 23 juin 2017 à la Brasserie du Centre commercial de la Chaussée. Pour cette nouvelle séance, les participants débattront sur cette question : "Pouvons-nous nous passer du progrès ?"</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">Le progrès est, depuis le Siècles des Lumières et jusqu’au XXe siècle, une notion capitale en Europe comme dans de nombreux pays du monde. Le progrès aurait valeur d’amélioration et serait un processus historique irrésistible. Au regard de nombreux philosophes, le progrès serait ce qui permet de rendre l’homme meilleur. Cependant, cette affirmation est-elle tenable ? Et qu’entend-on nous par progrès : progrès technique, progrès politiques et de civilisation ou encore progrès des connaissances et de notre rapport au monde ? Tout progrès est-il une amélioration ? Si le progrès est, comme le dit Descartes, la maîtrise de la nature, l’homme n’a-t-il pas échoué si l’on considère les dérèglements climatiques ? La notion de progrès peut-elle être encore d’actualité ? </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">Ce sont quelques-uns des points qui seront traités au cours de cette séance du 23 juin, à partir de 19 heures à la brasserie du Centre Commercial de La Chaussée de Montargis. La participation sera libre et gratuite.</span></p>
Xavier JASSUhttp://lapinos.hautetfort.com/about.htmlDieu et la Sciencetag:lapinos.hautetfort.com,2017-01-21:58915662017-01-21T07:30:00+01:002017-01-21T07:30:00+01:00 La fin de toute science est Dieu, c'est-à-dire une connaissance plus pure et...
<p style="text-align: justify;">La fin de toute science est Dieu, c'est-à-dire une connaissance plus pure et limpide de Dieu avec le sentiment de sa grandeur.</p><p style="text-align: justify;">Le fait de diviser la science en plusieurs domaines plus ou moins bien articulés entre eux résulte de la difficulté pour l'homme d'appréhender ce qui le dépasse.</p><p style="text-align: justify;">Le stade technocratique où nous sommes rendus résulte d'une volonté, qui là encore dépasse l'homme (qui n'est pas maître du Temps), de faire obstacle à la science véritable.</p><p style="text-align: justify;">La culture technocratique/totalitaire repose sur des mensonges grossiers dans le domaine de l'histoire des sciences - des mensonges qu'un individu peut aisément reconnaître comme tels. La force de tels mensonges est de nature politique et sociale, dans la mesure où la science n'est d'aucune utilité sur le plan politique ou social. Ainsi le roi Hérode tente-t-il symboliquement d'empêcher par tous les moyens les mages de cheminer vers l'étoile, épiphanie du Fils de Dieu.</p><p style="text-align: justify;">L'un de ces mensonges, prêché comme une vérité par bon nombre d'universitaires contemporains, consiste à prétendre que les pères de la science modernes étaient "laïcs" et, par glissement de sens, "athées". Ce n'était nullement le cas ; au contraire la plupart étaient animés par la foi chrétienne, et non seulement Blaise Pascal comme on entend dire parfois, mais aussi le savant anglais Francis Bacon Verulam plus tôt, ou, plus connu en France, René Descartes. Cela ne fait pas d'eux d'infaillibles savants sur tous les sujets ; de cela ils furent conscients, comme de la médiocrité de leurs découvertes au regard de la "science métaphysique", terme utilisé pour désigner la science du vrai Dieu.</p><p style="text-align: justify;">L'opposition entre la science et la théologie est donc une invention récente, dépourvue d'histoire cohérente et reposant sur des sophismes.</p><p style="text-align: justify;">La clef des rapports entre Dieu et la science se trouve dans la cosmologie, aujourd'hui entérinée au profit de l'astronomie, dont la cause et la finalité sont technocratiques.</p><p style="text-align: justify;">Je recopie ci-après un extrait du livre d'Henri Gouhier dédié à la pensée religieuse de Descartes ; il explique de façon assez claire et utile ce qu'il est convenu d'appeler "l'affaire Galilée" ; cette "affaire", où se mêlent des questions religieuses et scientifiques, mais aussi politiques, joue un rôle important dans la propagande technocratique, qui substitue habilement la science à dieu, en même temps qu'elle tient la science à distance du commun grâce à un discours et un langage que seuls quelques initiés ou spécialistes peuvent comprendre.</p><p style="text-align: justify;">En effet l'idolâtrie scientifique repose largement sur la division des sciences en différentes spécialités. Le passage de la cosmologie à l'astronomie, expliqué dans l'extrait qui suit, a joué aussi un rôle dans la confusion entre la science fondamentale et de la mécanique. La culture technocratique/totalitaire est une culture dont les lois fondamentales sont des lois mécaniques.</p><p style="text-align: center;">*</p><p style="text-align: justify;">C'est le Galileo Galilei de Bertold Brecht qui déclare : "Pendant deux mille ans, l'humanité a cru que le soleil et tous les astres du ciel tournaient autour d'elle." Pour celui de l'histoire comme pour ses contemporains, l'héliocentrisme est "la doctrine de Pythagore" : c'est encore sous ce nom qu'elle est condamnée dans le décret de l'Index du 5 mars 1616.</p><p style="text-align: justify;">Le pythagoricien Philolaus fut, semble-t-il, au Ve siècle avant J.-C., le premier à mettre le soleil au centre du monde et à faire de la terre un "astre errant" ou planète. Vers 270 avant Jésus-Christ, Aristarque attribuait à la terre la révolution annuelle qui est celle apparente du soleil et la plaçait entre Mars et Vénus. Mais il s'agissait là de cosmologie, cosmologie qui, à l'époque présocratique du moins, mêle la réflexion philosophique à une vision poético-religieuse de la nature. L'"astronomie technique", comme dit M. Giorgio de Santillana, se constitue avec les mathématiques et alors apparaît une idée très importante : on se propose de décrire les mouvements célestes et de s'en donner une représentation qui rende la prévision possible ; on va donc construire des modèles mathématiques abstraits ne prétendant pas représenter la réalité des cieux mais permettant de calculer d'avance les positions des planètes. C'est dans cette perspective qu'au IIe siècle de notre ère, Ptolémée construit son système avec la terre au centre d'un monde clos et circulaire.</p><p style="text-align: justify;">Une distinction fondamentale est donc posée entre l'astronomie proprement dite et la physique ; la première est l'oeuvre des mathématiciens, la seconde, celle des philosophes, relevant de la philosophie de la nature ; la première a pour devise : "sauver les phénomènes" ; elle ne cherche nullement à représenter la réalité cosmique.</p><p style="text-align: justify;">Mais, au cours de l'histoire, cette claire distinction se trouve compromise par un double voisinage. D'une part, la philosophie aristotélicienne de la nature met la terre au centre d'un monde clos ; d'autre part, le langage de la Bible est géocentrique. De là, une tradition à la fois universitaire et théologique qui interprète le système de Ptolémée comme une image du monde réel, qui prend l'astronomie mathématique pour une cosmologie.</p><p style="text-align: justify;">L'oeuvre de Copernic va ramener l'attention sur la distinction entre le modèle mathématique et la philosophie de la nature.</p><p style="text-align: justify;">Le chanoine médecin fut sans doute très tôt séduit par la vision pythagoricienne du monde. Vers 1513, il fait circuler un opuscule : <em>De hypothesibus motuum coelestium a se constitutis Commentariolus</em> ; il publie en 1543 à Nuremberg "De Revolutionibus orbium coelestium libri VI" avec une lettre dédiant l'ouvrage au pape Paul III ; mais en 1540 un jeune disciple protestant à qui Copernic avait confié le manuscrit, avait fait paraître : "De libris Revolutionum Eruditissimi Viri et Mathematici excellentissimi reverendi D. Doctoris Nicolai Copernic... Narratio prima...</p><p style="text-align: justify;">"Ni le Pape, ni personne d'autre à Rome, écrit Alexandre Koyré, ne semble avoir été choqué par le nouveau système du monde cosmologique". Alors commence l'histoire d'une équivoque.</p><p style="text-align: justify;">Copernic entend refaire ce qu'avait fait Ptolémée ; un modèle mathématique qui sauve les phénomènes et permette la prévision, mais en reprenant l'idée pythagoricienne ; autrement dit, l'héliocentrisme n'avait jamais reçu une traduction mathématique ; Copernic le fait entrer dans l'astronomie scientifique. Ceci dit, Copernic ne croit pas que l'astronomie du géomètre puisse être différente de celle qui représenterait la réalité dans la physique... Mais le jeune éditeur protestant de "De Revolutionibus" prend la précaution de faire précéder le livre d'une préface du théologien Andréas Osiander qui affirme le caractère strictement hypothétique de l'héliocentrisme : comme cette préface n'est pas signée, les lecteurs croient qu'elle est de Copernic.</p><p style="text-align: justify;">Désormais la distinction entre hypothèse mathématique et réalité physique devient un moyen d'éviter les objections faites au nom de l'aristotélisme et de la Bible.</p><p style="text-align: justify;">Derrière Galilée (1564-1642), il y a donc Copernic (1473-1533) et aussi Tycho Brahé (1546-1601) ; à côté de lui, il y a Kepler (1571-1630).</p><p style="text-align: justify;">Galilée est en rapports personnels avec Kepler, mais comme Descartes, il semble avoir ignoré la portée de son oeuvre, constate Koyré. Tous les astronomes contemporains de Galilée et de Descartes connaissent l'importance des travaux de Tycho Brahé : d'abord "il avait réuni une masse énorme d'observations inconnues jusqu'à lui" ; ensuite, il a, comme Copernic, abandonné le système de Ptolémée, mais en imaginant un système moins directement opposé que celui de Copernic à l'aristotélisme et à la Bible : les planètes tournent autour du soleil et l'ensemble ainsi constitué par le soleil avec ses satellites tourne autour de la terre."</p><p style="text-align: justify;"><em>In : "La Pensée religieuse de Descartes", Henri Gouhier (1972)</em> </p>
Café philosophique de Montargishttp://cafephilosophique-montargis.hautetfort.com/about.htmlCompte-rendu du débat : ”Qu'est-ce qu'être français ?”tag:cafephilosophique-montargis.hautetfort.com,2016-12-07:58841842016-12-07T21:10:00+01:002016-12-07T21:10:00+01:00 Le vendredi 4 novembre 2016, le café philosophique de Montargis se...
<p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">Le vendredi 4 novembre 2016, le café philosophique de Montargis se réunissait à la Brasserie du Centre commercial de la Chaussée pour un nouveau débat qui portait sur cette question :"Qu’est-ce qu’être français ?"</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">Au préalable, Bruno remercie Marc Lalande pour son soutien au café philo. Le responsable de la brasserie est sur le point de laisser la main et confier les clés de l’établissement à de nouveaux propriétaires courant décembre. </span><br /><span style="font-size: 10pt;">Ce débat sur l’identité française est animé par Bruno, Claire et Micheline. Mettre sur la table une telle question sur l’identité française, objet de polémiques et de vives controverses, peut paraître une gageure, mais Bruno fait confiance au public du café philo, rassemblant entre 40 et 50 personnes, afin que la discussion ne se transforme pas en pugilat, au risque de faire sonner quelques cloches !</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">A priori, la question du sujet proposé ne devrait pas poser problème : être français est inscrit dans le code de la nationalité, avec des règles précises. Être français appartiendrait d’abord à la sphère administrative avec des textes de loi. Or, il semble bien que ce sujet sur l’identité se pose en tant que vécu et ne va pas de soi.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;"> </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">La France a une spécificité géographique, climatique et historique. D’emblée, une question se pose : "<em>Qu’est-ce qui singularise tel ou tel pays ?</em>" Or la question de l’appartenance à la France est particulière dans notre pays, si on la compare avec d’autres pays comme le dit par exemple Herbé Lebrun qui considère que l’identité française est particulièrement prégnante. Ce qui l’illustre est l’importance que notre culture accorde à l’histoire, plus sans doute que dans beaucoup de pays. Un participant considère que cette notion d’identité française pourrait bien être un système idéologique "religieux sans dieu" imaginé dans un pays multiculturel. Cet attrait pour la démocratie et la laïcité ne serait cependant pas une condition nécessaire et suffisante. </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">Pour un autre intervenant quelques dates jalonnent l’histoire de France, tels des relais pour notre identité commune : 1789, 1793, 1830, 1848, 1871, 1905, 1936 ou 1945. Ces événements ont fédéré "<em>sur des points singuliers</em>" qui font notre spécificité. Les gens se reconnaissent consciemment ou non dans ces dates. C’est ce qui ferait aussi notre singularité. </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">Si l’on parle de la laïcité, une intervenante se demande si tout le monde met la même chose sur ce mot : est-ce une laïcité souple et ouverte ou une laïcité ferme – les <em>"laïcards"</em> – critiquée à l’étranger. Par ailleurs, si l’on parle de la passion française pour l’histoire, cela a un corollaire : une difficulté à changer. Cette stabilité, réagit une autre personne dans l’assistance, est un bénéfique pour les régimes politiques et les pouvoirs économiques.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">Si l’on reste dans le vocabulaire religieux (puisqu’il était question de laïcité comme de "<em>religion sans dieu</em>"), la "<em>conversion à la République</em>" perdure pour des raisons très prosaïques. Être français part d’un symbole : le baptême de Clovis. Lors de cet événement, le roi mérovingien reconnaît le catholicisme au détriment de l’arianisme comme religion d’État. 1789 marque une date phare : c’est l’intrusion de l’humanisme au sein de l’identité française, et cela a suivi l’arrivée d’autres concepts immatériels – le rationalisme avec Descartes et les Lumières avec Diderot. Or, les Lumières ont aussi une réalité plus prosaïque qui est l’émergence d’une bourgeoisie aisée qui a cherché à dominer une noblesse au pouvoir et à bout de course. Être français c’est vivre avec ces idéaux insufflées par la Révolution – liberté, égalité, fraternité – puis la laïcité. La laïcité est cet espace mis au dessus des religions pour qu’elles puissent s’exprimer librement dans l’espace privé, en dehors du public.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">Un participant renvoie à une analyse qui considère que la laïcité s’est imposée là où le protestantisme n’était pas parvenu à s’imposer dans les pays où l’église catholique était conservatrice et réactionnaire – à l’exemple de la France. La laïcité, selon Vincent Peillon par exemple, serait "<em>une spiritualité</em>" et un travail de fond, né sans doute dans les loges maçonniques, et qui remplacerait le protestantisme qui aurait échoué. </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">Être français ce sont tous ces signaux, ces assimilations de concepts philosophiques et religieux parfois antinomiques. C’est aussi l’intégration de peuples et de cultures différents réunis autour de dénominateurs communs, comme la langue française (dont la date de naissance est fixée par les historiens en 843, lors du Traité de Verdun). La question est de savoir si ces assimilations/intégrations sont encore possibles et comment pourrait évoluer la laïcité, avec l’influence de zones comme les États-Unis ou l’Europe. </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">Être français, ce serait épouser des dates historiques et un roman national, selon un participant. Or, ce roman n’est pas complet et oublie des périodes peu glorieuses – la traite des noirs, par exemple. Par ailleurs, il est probable que si le café philo se déroulait dans d’autres régions française comme la Guadeloupe, les réponses à la question "<em>Qu’est-ce qu’être français ?</em>" seraient bien différentes que celles tenues à Montargis ! Un autre intervenant va dans ce sens, ajoutant que la question "Qu’est-ce qu’être français ?" est justement une interrogation "<em>très française</em>". Les anglo-saxons ne raisonnent pas par pays mais par lieu : "<em>Where do you come from?</em>" Et ils y répondent le plus souvent par ville ou région. Peut-être s’agit-il de savoir ce que justement les habitants d’autres pays pensent de cette question : "<em>Qu’est-ce qu’être français ?</em>" Pour une participante d’origine étrangère, l’identité française les notions de <em>"liberté", "égalité"</em> et <em>"fraternité",</em> étroitement liées à l’hexagone, restent des idéaux bien difficilement atteignables. La France est spécifique pour cette intervenante car elle parvient à assimiler dans la douceur les étrangers grâce à l’école et au travail. La France a des caractéristiques bien identifiables par beaucoup d’étrangers : le caractère discret des Français, la mode, les parfums, la cuisine, le vin, la littérature ou le cinéma.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">La référence à la nationalité serait chez nous une réponse à la question de l’origine, ce qui est frappant. Et cette nationalité charrie des constructions mentales : l’invention de la démocratie (une invention imaginée pourtant bien avant l’émergence de la France comme nation) ou l’humanisme (parfois vite oublié). Cette posture dans notre appréhension de l’identité française est d’autant plus singulière qu’en France l’affichage des couleurs du drapeau est par contre suspect. Cette ambivalence – une fierté revendiquée mais une frilosité à la montrer – est finalement très française. </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">Un participant revient sur la laïcité mise en place par la loi de 1905, qui serait destinée dans les esprits à ne pas afficher ses croyances dans l’espace public. Or, à la base, cette laïcité légiférée et qui a toujours cours avait pour but premier la séparation de l’Église et de l’État. Aristide Briand dit que la laïcité n’est pas l’interdiction de s’afficher comme croyant dans l’espace public mais c’est <em>"l’indifférence"</em> de l’État et de la chose publique par rapport à ce qu’est la religion et la liberté de croire ou de ne pas croire à tel ou tel dieu ("<em>Ce n’est pas une négation de quoi que ce soit</em>"). Cette notion de ne pas montrer de "signes religieux ostentatoires" est un ajout relativement récent. Concernant l’identité nationale, cet intervenant évoque la création en 2007 d’un ministère de l’immigration et de l’identité nationale. À cette époque, huit historiens ont démissionné de la Cité Nationale de l’Histoire de l’Immigration, protestant contre une forme de stigmatisation des immigrés. Ils ont lancé une pétition, notamment lancé par l’historien Gérard Moriel (son ouvrage, À Quoi sert l’Identité nationale?).</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">La laïcité serait une spécificité française, par rapport à d’autres pays comme les États-Unis. Ce qui caractérise la France serait aussi cette grande diversité, due notamment à notre position géographique : "<em>La France est un oxymore. Elle aime à rassembler les contraires</em>", disait Jean d’Ormesson. "C’est aussi un pays où l’on a résolu beaucoup de problèmes" ajoute un intervenant comme le prouve la loi de séparation de l’Église et de l’État. Un autre idéal serait entré dans les gènes de l’identité française : celui de la révolution française, une réalisation dans un climat violent mais pourvoyeur d’idéaux encore vivants (la liberté devant la loi, par exemple), au point que ces ces acquis sont revendiqués par l’ensemble de la population, presque unanimement. </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">L’interrogation sur l’immigration participe d’un débat – une <em>"distraction"</em> – faussé autour du mythe national. Les polémiques vont d’autant plus bon train en période de crise afin de faire oublier d’autres sujets importants, commente un participant. Ainsi, faire commencer l’histoire de l’identité française à Vercingétorix ou à Clovis n’est pas plus pertinent que de la faire commencer à Jeanne d’Arc ou à 1789. </span><br /><span style="font-size: 10pt;">Le "<em>Qu’est-ce qu’être français</em>" se pose aujourd’hui, comme elle se posera dans quelques années, tant l’identité française n’est pas figée.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">La question de l’identité se pose dans d’autres contextes, intervient une autre personne du public. En Alsace-Lorraine, les habitants se sont posés la question : "<em>Qu’est-ce qu’être allemand ?</em>" ou en Savoie on a pu s’interroger ainsi : "<em>Qu’est-ce qu’être italien ?</em>"… Ces interrogations évoluent dans le temps et dans l’histoire, en fonction de l’évolution des frontières et des crises. La réponse viendrait en appelant au secours des ancêtres ou bien un roman national afin de créer un pacte social. Ce roman national bâtit l’appartenance, avec le risque qui ne nous contraigne et nous enferme. A contrario, la question "<em>Qu’est-ce qu’être européen ?</em>" n’aurait pas lieu d’être en raison de l’absence de ce "<em>roman mythique commun</em>", cette culture, cette histoire commune et ces dates clés, en dépit des visions idéalistes qu’ont eu des penseurs comme Victor Hugo ou Edmund Husserl. En France, l’école publique a permis de diffuser voire créer des valeurs communes.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">Il est question à plusieurs reprises au cours de cette soirée de "<em>roman national.</em>" Or, qui dit <em>"roman"</em> dit construction imaginaire, fictions, avec une vision identitaire. La métaphore de "roman national" renvoie à ces manuels scolaires de la IIIe République parfois caricaturés, sinon caricaturaux. Un ouvrage est cité : <em>Le Tour de la France par deux Enfants</em> de G. Bruno. Il est évoqué un passage du livre autour du fameux "<em>Nos ancêtres les Gaulois</em>", passage troublant dans la mesure où ces Gaulois revendiqués comme la racine de notre identité ont été défaits par les Romains avant d’être assimilés et de se fondre dans une autre culture…</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">La polémique sur les origines françaises a été importante et a duré des siècles. Les spécialistes se sont entre-déchirés pour savoir si nous <em>"descendions"</em> des Gaulois ou des Francs. Cette question idéologique, que l’on peut raisonnablement concevoir comme simpliste, a été tranchée par cette réponse : les Français ont pour ancêtre les Gaulois et pas les Francs, et ce même si ces Gaulois ont disparu, vaincu par l’envahisseur romain.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">On parle bien de mythologique, commente un participant, avec une part d’allégorie mais aussi une part de vérité et de réalité, et non sans instrumentalisation politique. </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">Qu’est-ce qu’être français ? Ne serait-ce pas une programmation mentale, venue de la transmission familiale ? La cellule familiale nous permet d’acquérir "<em>tout ce qui est bon mais aussi le pathos</em>", ce qui va être vécu par la suite – faussement – comme une réalité. Sans doute les Français ont-ils en grande majorité un logiciel commun, avec une constitution commune qui inscrit dans le marbre l’imaginaire mais aussi la croyance, ce qui nous relie, le <em>"religere"</em> renvoyant à la religion. Pour le coup, la laïcité, comme "religion sans dieu", refléterait un passé chrétien ancien. Ce qui nous relie passerait par des sujets communs de conversation, que ce soit la culture (le cinéma, la littérature, etc.) ou le sport. Or, ce qui relie les populations se passerait aussi dans la zone plus restreinte de la région ou du pays. Les cultures régionales (wallonnes, basques, bretonnes, corses, etc.) en viennent à prendre le pas sur les identités nationales. Pour un intervenant, cet affaiblissement des cultures nationales européennes avait été pensé par les États-Unis après 1945. Bernard Henri-Lévy parle de cette envie de rabattre le coq gaulois, trop bruyant selon certains, avec le danger que les populations se perdent au milieu d’identités multiples – locales, régionales et nationales.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">S’agissant du vécu de tel ou tel, une participante commente ainsi : on naît Français ou Française mais cette question semble a priori aller de soi en temps normal jusqu’à ce que nous soyons confrontés à autrui venant d’ailleurs. Il est bien là question d’échanges, de partages et de compréhensions : </span><span style="font-size: 10pt;">"<em>N’ayons pas peur de l’autre, métissé ou non.</em>"</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">Pourquoi se pose-t-on la question de l’identité française ? Pour Pierre Nora, le délitement de l’identité française est un changement sociétal s’effectue et qui a pour cause l’instauration stable et durable de la paix. Le roman national, qui montrait aux petits écoliers de la IIIe République une France toujours vainqueur, avait pour but de former des petits patriotes et des futurs soldats prêts à mourir pour leur pays car il y avait un ou plusieurs ennemis extérieurs. Aujourd’hui, il y a la décentralisation du pouvoir qui fait que l’on se sent moins rattachés d’un point de vue politique, d’autant plus qu’il y a un ensemble plus vaste qui s’appelle l’Europe. Par ailleurs, certaines autorités se sont morcelées et affaiblies, que ce soit l’église ou la famille. Et puis, il y a la matrice de l’éducation qui continue de former des citoyens mais qui essaie de le faire de manière de plus en plus objective. Pour le coup, les sentiments subjectifs – comme être revanchard contre tel ou tel ennemi extérieur – parfois regrettés (le patriotisme, le chauvinisme) pourraient être des faiblesses d’un point de vue intellectuel. Le délitement de l’identité française pourrait être la conséquence de quelque chose ardemment recherché par les peuples : à savoir, la paix.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">Être français, dit un intervenant est sans doute une posture très abstraite. Être français ne nous définit pas en tant qu’êtres, pas plus que cela n’augure ce que nous faisons. Le débat sur la déchéance de la nationale a été vif car il pointait du doigt la question de savoir si nous pouvions créer des apatrides, ce qui renverse profondément les valeurs de la France qui est par essence "<em>une machine à fabriquer des Français.</em>" Il est aussi dit que "<em>L’imaginaire national vire parfois jusqu’à l’absurde.</em>" Une personne choisissant de rendre sa carte d’identité pour une autre nationalité, comme Gérard Depardieu, restera symboliquement Française. À l’opposé, certains jugeront des Français depuis plusieurs générations comme "<em>pas assez Français</em>" à cause de leurs vêtements, de leur mode de vie ou de leur religion. Un participant cite l’historien Benedict Anderson et son ouvrage <em>L’Imaginaire national</em>. Il explique que la nation n’est rien d’autre qu’une "<em>communauté imaginaire</em>" qui repose sur des symboles ou sur des valeurs partagées par des gens qui pour la plupart ne se connaîtront jamais. À l’opposé, il y a la "<em>communauté vécue</em>", celle du café philo par exemple...</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">Finalement, la question "<em>Qu’est-ce qu’être français ?</em>" repose sur deux registres : le registre collectif (l’identité commune ou le roman nationale) et le registre individuel, le vécu de chacun et ces deux registres se font écho et impliquent beaucoup de chose : notre rapport au monde, aux autres mais aussi à nous-même.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">On peut voir à quel moment on est Français, dit un participant, au moment des élections. D’après les résultats, il y a des blocs hétéroclites, et le résultat qui ressort, très contrasté, peut faire surgir un autre roman national. L’État au pouvoir, ce Leviathan hobbessien, peut voir surgir un ennemi intérieur qui se retourne contre lui, mettant en danger la stabilité nationale mais aussi la rhétorique jusque là incontestée de la France comme machine à fabriquer des Français via l’intégration. </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">Le peuple peut être considéré comme un ensemble et comme un individu et en tant qu’individu il possède une mémoire qui est emblématisée par le roman national et qui évolue. Or, cette mémoire a ses avantages et elle a ses failles. La mémoire, ce n’est pas l’histoire. Ce sont des éléments que l’on choisit de retenir ou d’occulter comme "<em>le mythe du résistentialisme</em>" que le Général de Gaulle a choisit d’impulser après 1945 (les "<em>40 millions de Résistants</em>"). Il s’agit d’un roman national qui peut être manipulé pour exercer le pouvoir.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">L’identité nationale ne serait-elle finalement qu’une notion de l’ordre de l’imaginaire ? La vraie question de ce soir pourrait-elle être ceci : "<em>Est-ce que nous revendiquons l’appartenance à la France ?</em>" Si la réponse est oui, alors c’est que nous considérons concrètement que c’est un lieu où il fait plutôt bon vivre et qui nous apporte beaucoup, en dépit des problèmes qui nous entourent. </span><span style="font-size: 10pt;">L’autre question sous-jacente est de savoir jusqu’à quel point la culture française peut intégrer d’autres cultures, de manière illimitée, au risque de perdre sa spécificité. De ce point de vue, la question est ouverte.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">Le débat se conclue par une citation d’Albert Jacquard : "<em>Un Français c’est un homme qui s’intéresse à l’homme en français.</em>"</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;">Il est annoncé la date de la prochaine séance qui se tiendra exceptionnellement aux Tanneries d’Amilly, le samedi 10 décembre à partir de 17 heures. La séance, précédée d’une visite commentée des collections, au
frenchbookloverhttp://thefrenchbooklover.hautetfort.com/about.htmlLes mots entre mes mains de Guinevere Glasfurdtag:thefrenchbooklover.hautetfort.com,2016-08-29:58413892016-08-29T21:21:00+02:002016-08-29T21:21:00+02:00 Les Mots entre mes mains de Guinevere Glasfurd "Amsterdam,...
<p style="text-align: center;"><span style="font-size: 24pt; font-family: times new roman,times,serif;">Les Mots entre mes mains</span></p><p style="text-align: center;"><span style="font-size: 24pt; font-family: times new roman,times,serif;">de</span></p><p style="text-align: center;"><span style="font-size: 24pt; font-family: times new roman,times,serif;">Guinevere Glasfurd</span></p><p style="text-align: center;"><img id="media-5443908" style="margin: 0.7em 0;" title="" src="http://thefrenchbooklover.hautetfort.com/media/02/02/343746014.jpeg" alt="mots entre mes mains.jpeg" /></p><p style="text-align: justify;"><em><span style="font-family: times new roman,times,serif; font-size: 12pt;">"Amsterdam, 1635</span></em></p><p style="text-align: justify;"><em><span style="font-family: times new roman,times,serif; font-size: 12pt;">Je fais le tour de sa chambre à tout petits pas. Ce que je cherche n'est pas là. Son horloge, ses documents, le verre où il range ses plumes sont envolés, disparus. Si j'ai déjà vu cette pièce vide sans m'en alarmer, aujourd'hui, cela ne fait que raviver ma douleur. Ce n'est ni de l'argent ni un souvenir que j'espère trouver; ce sont des mots, un billet écrit de sa main. Il n'y a rien. Il est parti sans prendre congé et a emporté toutes ses affaires avec lui."</span></em></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: times new roman,times,serif; font-size: 12pt;">Helena Jans van der Strom officie comme servante d'un libraire anglais. Très vite, elle se démarque de ses comparses par ses capacités intellectuelles et apprend seule à lire et écrire. C'est ainsi qu'elle se fait remarquer par le philosophe René Descartes, venu séjourner chez son maître. Bientôt, une idylle entre ces deux êtres qu tout sépare, débute...Mais les obstacles sont nombreux...Et leur relation pourrait leur coûter très cher...</span></p><p style="text-align: center;"><img id="media-5443920" style="margin: 0.7em 0;" title="" src="http://thefrenchbooklover.hautetfort.com/media/02/01/213178480.jpg" alt="guinevereglasfurd.jpg" /></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: times new roman,times,serif; font-size: 12pt;">Je n'avais pas du tout entendu parler de ce roman avant que Préludes ne le propose sur Netgalley. Et j'ai été immédiatement attirée par la couverture et le sujet.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: times new roman,times,serif; font-size: 12pt;">Pour écrire son premier ouvrage, Guinevere Glasfuld s'est inspirée de faits réels: Descartes et Helena ont bien entretenu une relation. Mais, comme il ne reste que peu de documents sur cet amour, elle a pu s'accorder un certain nombre de libertés et remplir les blancs elle-même.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: times new roman,times,serif; font-size: 12pt;">On suit ainsi les deux amants des balbutiements de leur attachement en 1634 à la mort du philosophe en 1650 à Stockholm. L'occasion pour le lecteur de se plonger dans les Provinces-Unies de cette époque et d'en apprendre plus tant sur le quotidien que sur l'effervescence intellectuelle de certains milieux.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: times new roman,times,serif; font-size: 12pt;">Tout nous est raconté par les yeux de cette domestique pas comme les autres. A la fois, elle remplit ses fonctions et nous livre une description très intéressante de la vie de "ceux d'en bas". Et, en même temps, grâce à ses facultés hors normes, elle nous dépeint (sans que cela ne sonne jamais faux) la genèse du <em>Discours de la Méthode</em> et les nombreux débats en cours chez les lettrés du 17ème siècle.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: times new roman,times,serif; font-size: 12pt;">Cette partie m'a vraiment plu. Tout comme je me suis intéressée au destin de cette femme et à sa lutte pour se débarrasser du joug qui pesait sur elle. Que ce soit par un attachement condamné. Ou que ce soit par sa volonté de publier elle-même des œuvres. </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: times new roman,times,serif; font-size: 12pt;">Les pages se tournent toutes seules, on ne s'ennuie jamais une seconde et on ressort de ce livre en ayant l'impression d'avoir appris beaucoup de choses sur l'existence de Descartes et sur cette période de l'histoire.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: times new roman,times,serif; font-size: 12pt;">Néanmoins, j'ai été gênée par la trop grande ressemblance avec <em>la Jeune fille à la perle</em> de Tracy Chevalier. En effet, j'ai trouvé que Griet et Helena avaient beaucoup de points communs, ne serait-ce que par leur caractère, la relation qu'elles tissent avec deux génies, leur curiosité intellectuelle...</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: times new roman,times,serif; font-size: 12pt;">Bref, vous l'aurez compris: si vous cherchez un roman historique à la fois bien documenté et plaisant à lire, <em>Les Mots entre les mains</em> est pour vous.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: times new roman,times,serif; font-size: 12pt;">Merci à<a href="http://preludes-editions.com/" target="_blank"> Préludes</a> et à <a href="https://s2.netgalley.fr/">Netgalley </a>pour cette incursion dans les Provinces-Unies du 17ème siècle!</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: times new roman,times,serif; font-size: 12pt;">Billet dans le cadre du <a href="https://plaisirsacultiver.wordpress.com/2015/07/14/a-year-in-england-recapitulatif/">challenge A year in England de Titine.</a></span></p><p style="text-align: center;"><span style="font-family: times new roman,times,serif; font-size: 12pt;"><img id="media-5443898" style="margin: 0.7em 0;" title="" src="http://thefrenchbooklover.hautetfort.com/media/01/00/3625681909.3.jpg" alt="challenge a year in england.jpg" /></span></p><p style="text-align: justify;"> </p><p style="text-align: center;"> </p>
Raymond ALCOVEREhttp://raymondalcovere.hautetfort.com/about.htmlLarvatus prodeotag:raymondalcovere.hautetfort.com,2016-06-10:58132192016-06-10T00:50:42+02:002016-06-10T00:50:42+02:00 "Il faut briser ses chaînes sans qu'ils le voient. Il n'y a que ça de vrai...
<p><span style="font-size: 14pt; color: #999999;"><img id="media-5392329" style="float: left; margin: 0.2em 1.4em 0.7em 0;" title="" src="http://raymondalcovere.hautetfort.com/media/00/02/218266026.jpg" alt="Yannick Haenel, Descartes" />"Il faut briser ses chaînes sans qu'ils le voient. Il n'y a que ça de vrai : l'imperceptible. Essaie de te révolter, ils te tomberont dessus tout de suite. Ils n'attendent que ça : comment est-ce que tu crois que Descartes a pu tenir dans un trou pareil ? Larvatus prodeo, c'était sa devise : je m'avance masqué."</span><br /><span style="font-size: 14pt; color: #999999;">Yannick Haenel, le sens du calme</span></p>
Kralyhttp://lessongesdunenuit.hautetfort.com/about.htmlPensée du Jour...tag:lessongesdunenuit.hautetfort.com,2016-04-01:57823742016-04-01T05:00:00+02:002016-04-01T05:00:00+02:00 "Je me fie quasi jamais aux premières pensées qui me viennent." ...
<p><span style="font-size: 12pt; font-family: 'times new roman', times, serif; color: #00ffff;"><img id="media-5335473" style="float: left; margin: 0.2em 1.4em 0.7em 0;" title="" src="http://lessongesdunenuit.hautetfort.com/media/00/02/349057970.18.jpeg" alt="descartes,pensée,premières,philosophe,réflexion,comprendre,savoir,connaître" />"Je me fie quasi jamais aux premières pensées qui me viennent."</span></p><p> </p><p><span style="color: #ff0000;"><em><span style="font-size: 12pt; font-family: 'times new roman', times, serif;">Descartes</span></em></span></p>
nauherhttp://off-shore.hautetfort.com/about.htmlLa Mort de l'esprittag:off-shore.hautetfort.com,2016-01-05:57403112016-01-05T13:20:00+01:002016-01-05T13:20:00+01:00 La une de Charlie-Hebdo qui paraît demain, pour commémorer le massacre...
<p style="text-align: justify;"><span style="color: #000000;"><span style="font-family: arial, helvetica, sans-serif; font-size: 14pt;">La une de <em>Charlie-Hebdo</em> qui paraît demain, pour commémorer le massacre de l'année passée, fait polémique. Plus : elle déclenche l'hostilité et ceux qui ont payé un tribut démesuré pour la liberté d'expression contre l'islamisme se retrouvent sur le banc des accusés. Et pour le coup, tout le monde s'y met : les musulmans, mais aussi les catholiques. Les politiques ne sont pas en reste. Il paraît que le dessin de Riss ne fait pas rire Juppé. C'est déjà un indice. Qui peut imaginer que Juppé ait de l'humour... Passons. À gauche, Le Guen est gêné. Bref, tous ces jean-foutre ne sont plus guère <em>Charlie. </em>L'ont-ils d'ailleurs jamais été ou bien n'était-ce qu'une pause, une posture (une de plus) ? Est-ce d'ailleurs la bonne question ? </span><span style="font-family: arial, helvetica, sans-serif; font-size: 14pt;">On ne peut pourtant pas l'éluder puisque on a fustigé ceux qui ne l'étaient pas. Et je ne l'étais pas. Pour une raison simple : je ne collabore pas et parmi les émus de janvier 2015 bien des responsables politiques avaient la lâcheté comme marque de fabrique.</span></span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: arial, helvetica, sans-serif; font-size: 14pt; color: #000000;">Retour sur cette une. Fait-elle rire ? Pas vraiment. Est-elle faite pour qu'on se marre ? Je ne crois pas. Elle évoque un état du monde. Riss voit son environnement et les effets de la terreur avec un œil sombre et un esprit très noir. Peut-on lui en vouloir ? Moi, pas. Ce dessin ne me fait pas rire. Mais il ne m'offusque pas non plus. Ma foi n'est pas atteinte. Elle n'est pas atteinte parce qu'elle ne peut pas être ébranlée par trois coups de crayon. Je peux trouver ce dessin mal fait, imprécis, vulgaire, provocateur... Soit. Et après ? Il en faut bien plus pour que je renonce à Lui ou pour que je me sente l'envie (sans parler du droit) de faire justice. Mon catholicisme a plus d'envergure. Je plains ceux dont la croyance ne résiste pas à un dessin et les autres, qui n'invoquent pas leur croyance mais réprouvent la provocation, m'écœurent. Il leur en faut peu. À bien des égards, leur faiblesse est pitoyable. C'est un travail d'introspection qu'ils devraient faire plutôt que de désigner le coupable et de s'afficher en victime.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: arial, helvetica, sans-serif; font-size: 14pt; color: #000000;">L'athéisme est de ce monde, qu'on le veuille ou non. Cela signifie que Dieu (ou quelque nom qu'on lui donne quand on croit) tolère cette absence de l'homme à Lui-même. Voilà qui n'est pas rien et qui devrait pousser à la réflexion et à la (re)lecture. De Saint Augustin, par exemple, qui rappelle qu'il "croit pour comprendre". Ou de Descartes qui concilie la foi et la raison. Certes <em>Les Méditations métaphysiques</em> ne sont pas très <em>fun...</em> N'empêche. Il y aurait, de cette façon, matière à ne plus balancer de manière délirante sur une opposition absurde : Riss ou Dieu. Opposition qui gonfle à l'excès le premier et dévalorise singulièrement le second.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: arial, helvetica, sans-serif; font-size: 14pt; color: #000000;">Plutôt que d'invoquer le droit à la provocation de l'esprit républicain (lequel est un esprit de bas étage, avec les sanguinaires de la Révolution, Ferry et Jaurès comme hérauts/héros...), remontons dans le temps et retrouvons l'audace d'un Véronese ou d'un Caravage, lesquels croyaient puisqu'il ne pouvait en être autrement <span style="font-size: 10pt;">(1)</span>. On verra alors que l'ardeur du trait et les détournements du texte n'ont pas empêché Dieu d'exister. La lourdeur stupéfiante et provocante du corps christique dans la superbe <em>Déposition de croix</em> peint par le second n'a pas interdit que l'œuvre soit aujourd'hui un des joyaux du musée du Vatican. Il ne s'agit pas de rapprocher Riss de ces artistes mais de réduire justement le scandale à ce qu'il est dans le temps présent : une fabrication ordonnée, une manipulation de plus de la part des fanatiques, avec le blanc-seing des résignés et des couards et la complicité des médias.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: arial, helvetica, sans-serif; font-size: 12pt; color: #000000;">(1)Constat qui n'est pas une affirmation gratuite et triomphante mais une reprise assez banale de ce qu'il y a de meilleur chez Foucault. On ne peut pas penser totalement hors du monde qui nous entoure.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="color: #000000;"> </span></p>
Xavier JASSUhttp://lapinos.hautetfort.com/about.htmlBacon contre Darwintag:lapinos.hautetfort.com,2015-09-05:56804412015-09-05T16:30:53+02:002015-09-05T16:30:53+02:00 La science naturelle de Francis Bacon, théoricien notamment de la dérive...
<p style="text-align: justify;"><strong>La science naturelle de Francis Bacon, théoricien notamment de la dérive des continents, s'oppose à l'hypothèse transformiste de Charles Darwin. Cette opposition est intéressante car Darwin a lu Bacon et probablement été influencé par lui. Les mésinterprétations ou "lectures tronquées" de Bacon sont nombreuses - citons par ex. R. Descartes, aristotélicien et baconien incohérent, ou encore G. Bachelard plus près de nous.</strong></p><p style="text-align: justify;"><strong>L'intérêt est aussi que Bacon, savant chrétien, situe la Genèse dans le registre de la mythologie, c'est-à-dire non pas de la fantaisie, mais d'un récit qui ne doit pas être compris "littéralement" ; les travaux scientifiques de Bacon prouve par conséquent que les discours d'historiens des sciences soi-disant "laïcs" contre le "créationnisme" ou toute forme de contestation du transformisme ne sont que palinodies. C'est un mensonge d'affirmer que le "créationnisme" est tributaire d'une interprétation littérale de la Bible. Le mariage monogame à la mode en Occident, lui, est bien le produit d'une interprétation littérale de la Genèse, mais non la critique du transformisme darwinien.</strong></p><p style="text-align: justify;"><strong>De même, tous les darwiniens ne sont pas nazis ou capitalistes (certains théoriciens libéraux appuient leurs thèses économiques sur l'évolutionnisme), mais il est incontestable que l'idéologie nazie et l'idéologie capitaliste sont allées chercher une justification dans le darwinisme. Réduire le créationnisme à un fondamentalisme religieux a exactement la même portée critique que d'assimiler le darwinisme au nazisme ou au parti-pris capitaliste en faveur de la concurrence économique.</strong></p><p style="text-align: justify;"><strong>La science naturelle de Bacon est plus "globale" que celle de Darwin ou Lamarck, qui se focalisent sur les monstres (espèces apparemment bizarres ou dérivées). De l'observation de la faune et de la flore, Bacon déduit qu'à chaque continent correspond une faune et une flore typiques. Son explication de la variété des espèces n'est par conséquent pas "fonctionnelle", mais d'ordre cosmologique. L'influence conjuguée des différentes planètes n'est pas la même sur les différentes régions de la terre ; c'est ce qui explique la disparité des espèces. Le système de Darwin est, <em>a contrario</em>, un système plus fermé, d'interactions au sein d'une même espèce, entre les différentes espèces, entre les espèces et leur milieu, mais qui ne tient pas compte dans la naissance et l'évolution du vivant de l'influence des planètes, ce qui semble une hypothèse étonnamment "abstraite".</strong></p><p style="text-align: justify;"><strong>De plus Bacon fait observer la place très particulière de l'homme au sein de la nature, faisant observer qu'il est à la fois l'espèce la plus naturellement démunie (de défenses contre la nature), tout en étant l'espèce qui domine les autres espèces. Ce statut va à l'encontre de l'intuition transformiste, qui fait de l'homme un singe supérieur ou le terme de l'évolution. L'hypothèse transformiste de Darwin est centrée sur l'homme et moins globale.</strong></p><p style="text-align: justify;"><strong>Si dans certaines religions, dieu est conçu comme une sorte de démiurge ou d'artiste, de "grand architecte" (croyance de Voltaire) un peu abstrait, dans les régimes technocratiques où l'hypothèse de Darwin est souvent tenue pour une science bien établie, on n'est guère éloigné d'une religion de "l'homme démiurge". Or, non seulement ce type de culture n'a pas un fondement plus scientifique que l'idée du "grand architecte", mais la culture de l'homme-démiurge, artisan de son destin, est probablement un produit dérivé de l'hypothèse du "grand architecte" ou du "dessein intelligent". L'exemple du mathématicien Blaise Pascal est significatif ; en posant l'équivalence de dieu et d'un "point", signe mathématique pour marquer l'origine, B. Pascal donne la définition la plus anthropologique qui soit de dieu. Cette définition de dieu a l'avantage pour les élites religieuses d'enfermer dieu dans une définition fournie par les élites. Ce type de religion est typique du XVIIe siècle, et Voltaire a eu beau jeu de montrer que la religion de Pascal ne trouve aucun appui dans le nouveau testament chrétien.</strong></p><p style="text-align: justify;"><strong>Ces considérations religieuses ou culturelles passeront pour secondaires aux yeux des mauvais historiens de la science, ou de ceux qui en ignorent le processus et ses liens étroits avec la morale et la politique. En réalité, on peut parler d'obsession religieuse, non seulement scientifique, en ce qui concerne de nombreux savants qui passent aujourd'hui pour des pères fondateurs de la science moderne : Galilée, Descartes, Leibnitz, Newton, et bien d'autres encore, ne conçoivent pas la science distincte de la religion ; mais surtout, leur attitude ne diffère guère de celle des savants qui, aujourd'hui, ne conçoivent pas la science distincte de l'idéal démocratique ou de l'écologie, propos largement mystiques.</strong></p>
Rébellionhttp://rebellion.hautetfort.com/about.htmlLa postmodernité philosophique expliquée aux enfants et aux grandes personnestag:rebellion.hautetfort.com,2015-09-01:56805592015-09-01T07:39:00+02:002015-09-01T07:39:00+02:00 Avertissements du traducteur : ...
<p> </p><p style="text-align: justify;"><em><span style="font-size: medium;"><img id="media-5149064" style="float: left; margin: 0.2em 1.4em 0.7em 0;" title="" src="http://rebellion.hautetfort.com/media/00/01/2748013837.png" alt="testament philosophique,communautarisme,parménide,platon,descartes,kant,marx,heidegger jean-françois lyotard,nouvelle histoire alternative de la philosophie. le chemin ontol,costanzo preve" /></span></em></p><p style="text-align: justify;"> </p><p style="text-align: justify;"> </p><p style="text-align: justify;"><em><span style="font-size: medium;">Avertissements du traducteur : </span><span style="font-size: medium;">Ce texte constitue le trente neuvième et avant-dernier chapitre du testament philosophique de Costanzo Preve: « Nouvelle histoire alternative de la philosophie. Le chemin ontologico-social de la philosophie ».2013. Il correspond aux pp. 427-452 de l’édition originale. </span><span class="Apple-style-span" style="font-size: medium;">Traduit inédite de l’italien par YVES BRANCA. </span></em></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: medium;"><em> </em></span></p><p style="text-align: justify;"> </p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: medium;"> Jean-François Lyotard, le philosophe français qui a « lancé » le concept philosophique de « postmoderne », entendu comme la fin de la diffusion sociale de la croyance à de « grands récits », a écrit un alerte petit livre intitulé Le Postmoderne expliqué aux enfants (1988). Mais il s’agit d’un paradoxe et d’une contradiction dans les termes. Les enfants, par leur nature même et par définition, sont imaginatifs, sensibles aux mythes et aux fables, et par là même, eschatologiques et messianiques. Un enfant « désenchanté », au sens où l’entendait Max Weber, est une impossibilité logique, historique et psychologique. Le désenchantement commence après dix-huit ans, et qui en doute devrait bien lire le grand roman de Balzac Les illusions perdues. Il se peut qu’une génération parquée devant les jeux électroniques et induite socialement à ne plus lire de livres imprimés puisse être désenchantée avant, mais dans ce cas, l’on a affaire à une pression sociale qui tourne à la manipulation anthropologique. Quoi qu’il en soit, le Postmoderne ne peut, à mon avis, être expliqué aux enfants, parce qu’il est le produit social d’une élaboration philosophique du désenchantement, et il en est comme du service militaire, qu’on ne peut accomplir avant l’âge de dix-huit ans. </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: medium;"> Dans la théorie lyotardienne du désenchantement postmoderne à l’égard des grandes narrations, se conjuguent toutes les perceptions sociales d’un temps de gestation et de transition: celles d’un monde encore par bien des aspects capitaliste-bourgeois, avec son pôle opposé mais solidaire et complémentaire qui est le communisme historique du XX<sup>e</sup> siècle, vers un monde encore capitaliste, et même hypercapitaliste, mais d’une manière désormais post-bourgeoise et post-prolétarienne. Les idéologies complémentaires de ladite prolétarisation de la petite bourgeoisie et de ladite intégration consumériste du prolétariat sont en effet la façon dont les « ermites » - d’une part les « ermites » bourgeois libéraux, d’autre part les « ermites » prolétariens staliniens - manifestent leur incompréhension érémitique de ce qui est en train d’advenir, à savoir, précisément, cette époque de gestation et de transition que nous éprouvons comme un passage historique difficile. </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: medium;"> Peu avant sa mort, Jean-François Lyotard a énuméré au moins cinq grands récits: la narration chrétienne de la rédemption progressive du péché originel par le déchiffrement humain de la théodicée, la narration, dans la philosophie des Lumières, de l’émancipation humaine de l’ignorance, des impostures et des préjugés par la diffusion des lumières de la raison scientifique dans la société, la narration spéculative d’origine romantique de la réalisation de l’Idée universelle moyennant la dialectique historique, la narration marxiste de l’émancipation de l’aliénation et de l’exploitation, et enfin, la narration capitaliste du bien-être pour tout le monde moyennant le développement économique, technique et industriel. </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: medium;"> Comment est-il possible d’expliquer aux enfants que ces cinq grands récits sont tous illusoires, et qu’aujourd’hui, l’éducation philosophique consiste justement à les persuader rationnellement, aussi bien que les adolescents et les adultes, qu’il faut les délaisser ? Pour ce qui est des vieillards, n’importe, ils mourront bientôt. J’ai déjà dit que la croyance des enfants à la fin heureuse et à la punition de méchants est invincible (v. Blanche-Neige, Cendrillon, etc.); mais peut-être est-il possible d’en convaincre les jeunes gens voués au travail précaire, pour qui le postmoderne est vraiment l’époque de la production flexible (Jameson), et du passage de la primauté bourgeoise du temps du progrès à celle, postbourgeoise, de l’espace de la globalisation économique (Harvey), et les adultes d’âge mûr, vite dépris des illusions précocement fanées du temps du marxisme tardif (le mythique Mai Soixante-huit, qui nous apparaît désormais bien davantage comme un mythe fondateur que comme un ensemble historique de faits hétérogènes), et devenus génération de cyniques désenchantés (comme le « dernier des hommes » selon Nietzsche, mais aussi et surtout comme ceux qui régressent dans « l’implosion du moi narcissique » selon Christopher Lasch). </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: medium;"> Pour ce qui est de la postmodernité, la déduction sociale des catégories est évidemment un jeu d’enfant, et l’on aurait presque honte de ce qu’elle soit si simple et si banale, au regard de la difficulté à comprendre Parménide, Platon, Descartes, Kant, Marx et Heidegger. Et pourtant, cette facilité doit ici devenir un défi: celui de « complexifier » le tableau historique, et de le « tester » pour reconstruire entièrement la méthode que nous avons suivie jusqu’ici. En ce qui me concerne, je m’accorde en effet davantage avec Hegel qu’avec Marx. Celui-ci estimait qu’il pouvait prévoir le futur, fût-ce d’une manière tendancielle et non pas physique et mathématique. Hegel estimait au contraire que la philosophie est comme la chouette de Minerve qui prend son vol à la tombée de la nuit, et donc ne permet pas de prévisions futurologiques. Entendant substituer le jugement problématique de la catégorie modale de possibilité, comprise au reste selon Aristote comme potentialité ontologique (dynamei on), au jugement assertorique-apodictique de la catégorie modale de nécessité touchant le fameux passage du capitalisme à une société plus communautaire et solidaire, que nous pourrions appeler « communisme » dans un sens marxien, et non « stalinien », j’ai déjà proposé de fait non seulement une interprétation « hégélienne » de Marx, mais encore une légitimation nouvelle et intégrale de ce qu’on appelle la « philosophie pour la philosophie », laquelle, au lieu d’être regardée comme une antiquité digne de la dérision scientiste et positiviste, deviendra le lieu de la redécouverte de la connaissance de la vérité, moyennant une science philosophique adéquatement revue et corrigée. Mes positions vont évidemment à l’encontre de l’esprit qu’on appelle postmoderne. Raison de plus d’en discuter avec autant de sérieux que d’ouverture d’esprit. </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: medium;"> Il faut rendre grâce à François Lyotard de son honnêteté intellectuelle, parce qu’il n’a dissimulé en aucune façon, mais au contraire révélé ouvertement, que la synthèse philosophique postmoderne peut être présentée comme une véritable élaboration philosophique d’un désenchantement politique. Toutefois, son catalogue des cinq modèles de grande narration est fourvoyant et trompeur, et fait penser à la « lettre dérobée » d’Edgar Poe, qui est cachée dans une liasse d’autres lettres placées en évidence pour la mieux dissimuler, ou bien au jeu de bonneteau, où l’on cache une seule carte, entre trois autres qui doivent être bien visibles. Ce qui intéresse Lyotard est en effet de mettre en relief le désenchantement d’une seule grande narration, la quatrième, celle du « marxisme ». Il s’agit bien d’une désillusion personnelle, autobiographique, élaborée philosophiquement. Les quatre autres ne le concernent pas, et ne sont mises ici que pour troubler l’eau. Ce qu’une brève réflexion analytique suffira amplement à montrer. </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: medium;"> Le récit chrétien de la rédemption progressive du péché originel, comme on sait, n’existe plus socialement depuis au moins mille huit cents ans, et n‘est donc en aucune façon une nouveauté. On ne peut, en effet, être wébérien « à courant alternatif », comme l’est Lyotard, qui d’une part reçoit intégralement le diagnostic de Max Weber sur le désenchantement rationaliste du monde, puis en refuse l’explication historique et méthodologique, selon laquelle toutes les religions, ou du moins les religions « du livre » théistes occidentales, qui naissent messianiques et eschatologiques, s’éteindraient bien vite si elles en restaient à jamais à cette origine, et n’ont d’autre moyen de se stabiliser régulièrement que de se replier sur les retranchements socialement soutenables de la rationalisation symbolique de la vie quotidienne, en abandonnant complètement toute promesse messianique de refondation intégrale de la communauté sociale. </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: medium;"> Comme on l’a vu, Jésus de Nazareth prêchait l’Année de Miséricorde du Seigneur, dont le contenu socio-politique d’ensemble, qui impliquait une « purification du Temple », eût finalement entraîné une refondation communiste de la société, puisque le Temple n’était pas un lieu d’assemblée où l’on psalmodiait innocemment les louanges du Seigneur, mais le centre politique et économique de la distribution des charges et des biens. Jésus était certainement persuadé qu’il favorisait cet évènement messianique par son sacrifice de « serviteur souffrant », mais vu que cette qualité n’était pas un crime aux yeux des occupants romains, c’est en tant que zélote armé insurgé qu’on dut le crucifier, ce dont la preuve irréfutable est constituée par l’écriteau « roi des juifs » qui fut apposé sur sa croix, dans une situation politique caractérisée par la diarchie de fait de l’occupant et du sanhédrin juif collaborateur. Paul de Tarse universalisa certes son message, et fut en ce sens le Lénine d’un christianisme dont Jésus eût été le Marx; mais ne disposant plus du Temple à purifier, Paul annonça un prochain retour du Messie, ou Parousie. Cette annonce ne se vérifia point, non plus que l’Apocalypse de la chute de la Grande Babylone prostituée, qui désignait métaphoriquement Rome et sa terrible domination esclavagiste. </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: medium;"> A ce moment, dès le deuxième siècle, et moins encore au troisième, le christianisme n’était déjà plus une grande narration du Salut, mais une religion de masse ordinaire, populaire et non plus messianique ni eschatologique, dont les oeuvres de bienfaisance pour soulager les plus pauvres tinrent lieu d’assistance publique dans un système social qui en était entièrement dépourvu, hormis par la générosité des plus riches, comparable aux oeuvres des Bill Gates et consorts dans le monde d’aujourd’hui. C’est pourquoi Lyotard ne saurait nous tromper: la grande narration chrétienne s’est éteinte entre les années 150 et 250 environ de l’ère chrétienne, et ne s’est jamais plus réellement reproduite, si ce n’est par l’effervescence éphémère de divers groupes d’hérétiques, qui ont toujours été rejetés et exterminés, bien qu’ils fussent souvent estimables et dignes de rester dans la mémoire des hommes. Mais on ne peut décemment mettre le christianisme au nombre des grandes narrations de la modernité. Pour autant que la religion chrétienne instituée (que pour ma part je regarde favorablement dans la mesure où elle peut servir, même faiblement, de frein (katechon) au déchaînement individualiste du capitalisme absolu) n’est pas une grande narration eschatologique, si ce n’est dans un bavardage clérical auquel les prêtres sont souvent les premiers à ne pas croire, mais une espèce d’agence d’assistance psychologique de style communautaire en un temps d’effacement du divin, que je conçois avec Heidegger comme un état d’incertitude sur l’existence de Dieu couvert de vains discours théologiques et moraux sur les diverses sortes de « valeurs », il faut l’exclure de la liste lyotardienne.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: medium;"> Quant à la grande narration de l’émancipation universelle par la victoire sur l’ignorance et la superstition, qui est celle des Lumières, il faut dire que Voltaire, qui fut son « pape laïc », était lui-même un ennemi de toutes les grandes narrations de son temps, et un habile suppôt du despotisme éclairé de Frédéric II de Prusse. C’est de lui que se réclament les partisans des néo-Lumières d’aujourd’hui, qui ont vergogne des « extrémistes sociaux » comme Rousseau, et sur toute chose du radicalisme révolutionnaire des jacobins, et regardent Robespierre comme un Staline à perruque poudrée, ou Staline comme un Robespierre botté, etc. Certes, il a existé dans les Lumières françaises un courant minoritaire de philosophie de l’histoire (chez Turgot, Condorcet, etc.), qui peut en effet être caractérisé comme une sorte de grand récit de l’émancipation moyennant l’instruction. Mais ce ne peut être par hasard que des auteurs comme Fichte et Hegel, qui en étaient presque contemporains, et en mesure d’en faire un bilan presque empirique, tout comme nous-mêmes pour ce qui est du XX<sup>e</sup> siècle, et n’étaient donc pas égarés par la distance temporelle, cette mère infaillible de l’idéalisation, en aient révélé l’aspect principalement destructeur: le « temps du péché consommé » pour Fichte, celui du « déchaînement de l’intellect abstrait » pour Hegel. Quoi qu’il en soit, faisons provisoirement l’hypothèse (que je n’admets en rien), que les Lumières du XVIII<sup>e</sup> siècle aient pu être dans leur ensemble une grande narration. </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: medium;"> Car enfin, qu’est-ce donc que ce qui se présente aujourd’hui en Italie comme une néo-philosophie des Lumières (ceux de la revue Microméga (Micromegas) etc.)? Une machine infernale sceptique et relativiste opposée à toute philosophie de l’émancipation, qui brandit l’étendard de Darwin et de la théorie de l’évolution pour mieux cacher qu’elle a mis en berne l’étendard de Marx et de la critique du capitalisme, et qui s’en prend au communautarisme au nom des formes les plus extrêmes de l’individualisme, allant jusqu’à se vanter d’avoir détruit la croyance à la grande narration des utopies émancipatrices au nom d’une « virile » acceptation d’un présent socialement indépassable: fin capitaliste de l’histoire, état de droit, marché capitaliste concurrentiel contre le mercantilisme de l’Etat-nation, bombardement éthique des états-voyous au nom des Droits de l’homme, nouvelle religion laïque de l’holocauste opposé aux vieilles religions monothéistes trop « normatives » eu égard aux « styles de vie » individualistes, diffamation ou mur de silence envers toutes les voix qui peuvent s’élever pour « réhabiliter » Marx après l’effondrement du communisme historique du XX<sup>e</sup> siècle, etc.. Voilà cette néo-philosophie des Lumières, qui ose afficher Marianne, l’emblème révolutionnaire français, avec le mot d’ordre « Hommes de Lumières de tous les pays, unissez-vous ! », sur la couverture de la revue Microméga (v. la livraison de novembre 2007) ! Cette néo-philosophie des Lumières est aujourd’hui une machine infernale contre toutes les philosophies de l’émancipation, et une pensée encore plus conservatrice que ne le fut en son temps la théologie des jésuites pour légitimer le système social féodal tardif et seigneurial. </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: medium;"> Il est sans doute que les philosophies de l’idéalisme allemand se rapprochent davantage du codex théorique des grands récits émancipateurs. Mais il faut procéder en ce domaine avec beaucoup d’attention. Pour autant qu’il a établi une philosophie de l’histoire qui comporte cinq stades, celle de Fichte est certes, au moins en partie, une grande narration, au sens de Lyotard. Mais à mon avis, celle de Hegel n’entre déjà plus dans cette catégorie, et par certains aspects, sa pensée peut être interprétée comme une critique dialectique de toute grande narration. Le parcours phénoménologique de la conscience vers l’auto-conscience, qui est retracé dans la Phénoménologie de l’Esprit, n’est pas du tout, à mon avis, une grande narration au sens de Lyotard. Il ne promet aucun salut, mais décrit un possible itinéraire de libération. La description réaliste de l’origine de la domination de l’homme sur l’homme dans la peur et le courage au lieu d’un pacifique contrat social serait-elle une grande narration ? Ou peut-être la lutte de l’esclave contre le maître pour être reconnu socialement ? Ou bien la critique des philosophies hellénistiques comme exil intérieur de petits groupes à l’ombre du pouvoir ? Ou encore celle du renversement dialectique de l’ascèse morale kantienne en déchaînement des appétits les plus égoïstes dans le « règne animal de l’esprit » ? Non, toutes ces figures dialectiques ne constituent aucune grande narration. </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: medium;"> Il n’est possible de les regarder rétroactivement comme telles, pour apporter de l’eau au moulin de l’antipathie postmoderne envers Hegel, que depuis seulement que la société de l’indifférence, fondée sur le bavardage, la curiosité superficielle et distraite et la culture systématique de l’équivoque, a réussi à imposer socialement cette indifférence même en tant qu’état normal de la société et sagesse des intellectuels désenchantés. Il s’agit là d’une conjoncture historique bien particulière, qui est le fruit d’une époque de gestation et de transition vers un univers ultracapitaliste, et qu’on « hypostasie » en « démystification » des grandes narrations. </span></p><p style
Café philosophique de Montargishttp://cafephilosophique-montargis.hautetfort.com/about.htmlCompte-rendu de la 50e séance : ”la philosophie a-t-elle une quelconque utilité?”tag:cafephilosophique-montargis.hautetfort.com,2015-08-02:56655422015-08-02T07:59:00+02:002015-08-02T07:59:00+02:00 Thème du débat : "La philosophie a-t-elle une quelconque utilité...
<p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;"><strong>Thème du débat : <span style="color: #ffff00;">"La philosophie a-t-elle une quelconque utilité ?" </span></strong></span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;"><strong>Date : <span style="color: #ffff00;">19 juin 2015 à la Brasserie du centre commercial de la Chaussée</span></strong></span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;">Le vendredi 19 juin 2015, le café philosophique de Montargis se réunissait à la Brasserie du Centre commercial de la Chaussée pour sa 50e séance, et aussi la dernière de sa saison 6. À cette occasion, le débat proposé, et choisi par les participants de la séance précédente, portait sur cette question: "La philosophie a-t-elle une quelconque utilité ?"</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;">Au préalable, Bruno rappelle la genèse et les grands événements qui ont marqué les six années et les 50 séances du café philo. Il insiste sur la naissance mouvementée de l'animation de la Chaussée, ses débuts difficiles, les sujets polémiques qui ont émaillé son histoire (<a href="http://cafephilosophique-montargis.hautetfort.com/religion-opium-du-peuple/" target="_blank" rel="noopener">Dieu</a>, <a href="http://cafephilosophique-montargis.hautetfort.com/debat-a-t-on-le-droit-de-mourir/" target="_blank" rel="noopener">la mort</a> ou... <a href="http://cafephilosophique-montargis.hautetfort.com/le-pere-noel-est-il-un-imposteur/" target="_blank" rel="noopener">le Père Noël</a>), la fierté des animateurs et médiateurs de voir l'engouement autour du café philo mais aussi les émissions de radio <a href="http://cafephilosophique-montargis.hautetfort.com/la-philosophie-au-comptoir/" target="_blank" rel="noopener">"<em>La Philosophie au Comptoir</em>"</a> (en 2014) qui ont marqué le café philosophique de Montargis. </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;">Pour lancer le débat, outre le sujet du débat de ce soir, "La philosophie a-t-elle une quelconque utilité ?" Bruno pose aux participants deux autres questions : "<em>Fait-on de la philosophie lors d'un café philo ?</em>" et "<em>Que venez-vous faire ici, au café philo ?</em>"</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;">Un premier intervenant réagit en citant <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Michel_de_Montaigne" target="_blank" rel="noopener">Michel de Montaigne</a> pour justifier l'utilité de la philosophie : "<em>Philosopher c'est apprendre à mourir</em>". Pour lui, alors que le débat sur la la fin de vie fait des remous, la philosophie semble avoir une très grande utilité. Claire rebondit sur cette intervention. Il y a une distinction entre utilité et nécessité, dit-elle, car, souvent, on a tendance à commettre un abus de langage : on considère comme utile ce qui est nécessaire, or ce n'est pas le cas. L'utilité vise "<em>l'outil</em>". La question peut donc se poser ainsi : est-ce que la philosophie mène à quelque chose ? Et si la philosophie est un outil, quelle est sa finalité ? </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;">Pour un autre intervenant, la philosophie a une utilité indéniable ; encore faut-il savoir de quelle philosophie l'on parle : il peut y avoir autant des courants de pensées hermétiques peu appréciés que des pratiques philosophiques, plus terre-à-terre, pragmatiques et qui peuvent intéresser tout un chacun. Finalement, cette dernière intervention pose cette question : la philosophie est un moyen pour faire quoi ? La philosophie, qui est étymologiquement l'amour de la sagesse, trouve sa finalité dans l'apprentissage de la mort et dans l'orientation de ses actions pratiques afin de réfléchir à certains sujets pour ensuite les vivre, et vivre mieux ("<em>Nous vivre mieux</em>") . L'amour de la sagesse n'est pas l'amour du savoir. Le sage n'est pas celui qui sait tout mais plutôt "<em>celui qui ne sait rien</em>" (<a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Socrate" target="_blank" rel="noopener">Socrate</a>). Dès lors, philosopher c'est sans doute commencer à s'interroger et remettre en question ce qui fait notre existence et notre identité. Au sein du café philo, chacun réfléchit à comment agir, avec la morale, à l'orientation pratique de notre vie, de nos actions, ici et maintenant.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;">Au sein du café philo, la question est bien de savoir si dans le cadre des débats on est dans un moyen d'atteindre ces objectifs philosophiques. <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Michel_Onfray" target="_blank" rel="noopener">Michel Onfray</a> refuse par exemple d'admettre que l'on philosophe au sein d'un café philosophique. Une intervenante réagit en regrettant la durée des séances : souvent, un deuxième débat pourrait être utile, remarque-t-elle, tant les questions appellent d'autres questions et aussi des demandes d'approfondissements. Bruno ajoute toutefois que les animateurs sont là pour susciter des questions et pas d'apporter des réponses comme le feraient des gourous de sectes ! Philosopher, comme le dit une participante, "<em>c'est exploiter la capacité que l'humain a de se poser des questions auxquelles il ne peut pas répondre</em>". C'est aussi un échappatoire à l'uniformité des discussions triviales, afin d'éviter "<em>la stagnation de l'esprit</em>".</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;">La philosophie ne consiste pas à apporter des solutions abouties à des questions posées, réagit un participant. Pour Claire, les philosophes dits "<em>systématiques</em>" ont pour rôle de répondre à des questions. Le café philo, dans ce sens, est "<em>non-philosophique</em>", dans le sens où le café philo n'apporte pas des éléments pour répondre à des questions. Pour autant, nous pourrions dire qu'au sein du café philo nous pratiquons un "<em>philosopher</em>", dans le sens où le café philo sert à cheminer dans une pensée. Certaines interventions nous renvoient d'autres pensées. "<em>La pratiques collective</em>" de la réflexion est en effet un élément capital, réagit une autre personne du public car cela peut peut permettre d'approfondir des sujets. Par toutes nos expériences, réagit une autre participante, par nos différences, "<em>mettre en commun nos idées, les confronter à l'exemple de la maïeutique (<a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Platon" target="_blank" rel="noopener">Platon</a>), ce n'est pas nous permettre d'avoir tous la même mais d'avoir tous la nôtre.</em>"</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;">Une participante s'exprime ainsi : <em>"La philo n'est ni dans l'action ni dans la morale mais <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Jean-Paul_Sartre" target="_blank" rel="noopener">Jean-Paul Sartre</a> a dit qu'elle nous apprenait à être libre et responsable de nos actes</em>". La philosophie a bien une utilité, affirme un intervenant : même si elle n'est pas poussée, elle nous permet de côtoyer des gens différents, de s'exprimer, d'échanger dans le respect, de se frotter à la réalité et d'affiner ses opinions au contact des autres. La philosophie antique, dans l'agora, est, quelque part, ressuscitée au sein des cafés philos – qui pourraient aussi bien se passer dans d'autres lieux publics. </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;">La réflexion collective permettrait de passer de l'opinion, qui est de l'ordre de la représentation individuelle, à l'idée, qui est collective. L'idée est forte de justification et l'altérité, en apportant la contradiction à notre opinion, permet d'asseoir notre jugement grâce aux arguments et presque en savoir. Claire rappelle que la différence entre le croire et le savoir n'est pas tant la véracité de la représentation mais c'est dans le fait que le croire est une représentation qui est tenue pour vraie sans capacité de la justifier alors que le savoir implique qu'une représentation est tenue pour vraie car il existe des justifications, des raisons d'être. On peut se sentir un peu plus fort de ses principes si un philosophe vient à notre rescousse ("<em><a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Ren%C3%A9_Descartes" target="_blank" rel="noopener">Descartes </a>l'a dit...</em>") ou si la confrontation avec les idées collectives et les opinions d'autrui viennent appuyer ce que je peux penser. "L<em>es débats philosophiques permettent de s'enrichir au niveau de l'être.</em>" </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;">L'utilité cathartique du café philo est également avérée : prendre la parole, s'approprier un micro ("<em>un bâton de parole</em>") et confronter ses idées avec celles des autres est au cœur de nos débats. Le café philo peut être aussi une pratique de la démocratie, dans un cercle de citoyens différents, de tous âges. <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Jean-Pierre_Vernant" target="_blank" rel="noopener">Jean-Pierre Vernant</a> affirme d'ailleurs que la raison naît dans le cadre de la naissance de la première cité démocratique grecque. Or, dans cette société, deux groupes de pensées s'opposent : les "<em>instituteurs de la République</em>" – les <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Sophiste" target="_blank" rel="noopener">sophistes</a> – qui visent à apprendre aux citoyens à parler et qui visent l'utilisation d'un langage pour s'exprimer. Dès lors, l'objectif pour ces sophistes est d'apprendre à parler bien plutôt que de parler vrai. Or, contre eux, les philosophes vont s'insurger, et parmi eux, </span><a style="font-size: small;" href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Socrate" target="_blank" rel="noopener">Socrate</a><span style="font-size: small;">. Pour ces philosophes, parler bien c'est utiliser le langage en l'enlevant de sa sa valeur. Celui qui ne chercher que la communication et la beauté le rend caduc car l'homme doué de langage se doit de chercher la vérité. Le philosophe ne va pas chercher de réponse mais il va s'interroger sans cesse pour nuancer et s'approcher de la réalité et de la vérité. </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;">Un participant nuance ces propos : est-ce que pour parler vrai il ne faut pas parler bien ? Cette question fait aussi référence à un précédent débat : "Le langage trahit-il la pensée ?" Pour </span><a style="font-size: small;" href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Michel_Onfray" target="_blank" rel="noopener">Michel Onfray</a><span style="font-size: small;">, justement, dans la philosophie il y a une forme d'académisme et d'exigence. </span><a style="font-size: small;" href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Michel_Onfray" target="_blank" rel="noopener">Michel Onfray</a><span style="font-size: small;"> ne dénie pas l'utilité démocratique des cafés mais ils sont pour lui plus "<em>citoyens</em>" que "<em>philosophiques</em>". Philosopher implique des bases, des lectures, des connaissances, l'acquisition de lettres de noblesse (parler correctement). Certains philosophes inaccessibles peuvent du reste se targuer d'être inaccessibles. Certains auteurs peuvent être lisibles et claires (<a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Albert_Camus" target="_blank" rel="noopener">Albert Camus</a>) ; d'autres hermétiques (<em>Critique de la Raison Pure</em> de <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Georg_Wilhelm_Friedrich_Hegel" target="_blank" rel="noopener">Hegel</a> ou <em>L'Être et le Néant</em> de </span><span style="font-size: small;"><a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Jean-Paul_Sartre" target="_blank" rel="noopener">Sartre</a></span><span style="font-size: small;">). Ces problèmes de compréhension apparaissent comme susceptible de dénaturer la pensée philosophique affirme <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Ludwig_Wittgenstein" target="_blank" rel="noopener">Ludwig Wittgenstein</a> ("<em>Ce dont on ne peut pas parler, il faut le taire</em>"). Il y a aussi cette idée que la philosophie touche aux hautes sphères de l'intellect (la métaphysique par exemple) et peut donc faire fuir une grande partie de la population. Le café philosophique de Montargis a, par contre, eut très vite pour ambition d'amener la philosophie dans la Cité et de la rendre accessible </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;">Un participant rappelle l'étymologie de "<em>philosophie</em>", qui est "<em>l'amour de la vérité</em>". On est philosophe non pas quand on détient la vérité mais lorsqu'on la recherche. Au sein, Un café philosophique qui a pour objectif de rechercher – avec curiosité – la vérité fait donc, n'en déplaise à <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Michel_Onfray" target="_blank" rel="noopener">Michel Onfray</a>, de la philosophie. </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;">Claire conclut cet échange par deux citations. La première est de <em><a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Platon" target="_blank" rel="noopener">Platon</a> </em>: "<em>Sans raisonnement, tu mèneras l'existence non pas d'un homme mais d'une éponge ou de ces êtres marins qui habitent dans des coquillages</em>" (<em>Philète</em>). <em><a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Ren%C3%A9_Descartes" target="_blank" rel="noopener">Descartes</a></em>, lui, affirmait dans <em>Principes de la Philosophie</em> (Préface) : "<em>C'est précisément avoir les yeux fermés, sans jamais tâcher de les ouvrir, que de vivre sans philosopher.</em>" </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;">La seconde partie de ce 50e café philosophique est consacré à un blind-test, un jeu proposé à l'assistance que le café philo avait proposé par le passé :</span></p><blockquote><p style="text-align: justify; padding-left: 30px;"><span style="font-size: small;">- Qu'est-ce que la maïeutique ? Réponse : l'art d'accoucher les esprits, les âmes (<a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Socrate" target="_blank" rel="noopener">Socrate</a>)</span></p><p style="text-align: justify; padding-left: 30px;"><span style="font-size: small;">- Qui a écrit le <em>Tractatus logico-philosophicus</em> ? Réponse : </span><a style="font-size: small;" href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Ludwig_Wittgenstein" target="_blank" rel="noopener">Ludwig Wittgenstein</a></p><p style="text-align: justify; padding-left: 30px;"><span style="font-size: small;">- Pourquoi appelle-t-on les disciples d'Aristote les Péripatéticiens ? Réponse : parce que dans le <em>peripatos</em> grec, le "<em>promenoir</em>" littéralement, les philosophes du Lycée d'<a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Aristote" target="_blank" rel="noopener">Aristote</a> philosophaient en marchant. On les appelait donc les péripatéticiens.</span></p><p style="text-align: justify; padding-left: 30px;"><span style="font-size: small;">- Qui a parlé de l'homme comme d'"une invention récente" ? Réponse : <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Michel_Foucault" target="_blank" rel="noopener">Michel Foucault</a></span></p><p style="text-align: justify; padding-left: 30px;"><span style="font-size: small;">- Quand on traite de la philosophie, on dit que l'une des formules principales du philosopher est "<em>gnoti seauton</em>". Qu'est-ce que ça signifie ? Réponse : "<em>Connais-toi toi-même</em>" </span></p><p style="text-align: justify; padding-left: 30px;"><span style="font-size: small;">- Qui est le concepteur de la dialectique du maître et de l'esclave ? Réponse : </span><a style="font-size: small;" href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Georg_Wilhelm_Friedrich_Hegel" target="_blank" rel="noopener">Hegel</a><span style="font-size: small;"><br /></span></p><p style="text-align: justify; padding-left: 30px;"><span style="font-size: small;">- Qu'est-ce qu'une tautologie ? Réponse : "<em>Dire deux fois la même chose</em>", la répétition de deux expressions signifiant une chose identique</span></p><p style="text-align: justify; padding-left: 30px;"><span style="font-size: small;">- La philosophe <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Hannah_Arendt" target="_blank" rel="noopener">Hannah Arendt</a> a été la maîtresse d'un philosophe controversé. Qui est-il? Réponse : <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Martin_Heidegger" target="_blank" rel="noopener">Martin Heidegger</a> </span></p><p style="text-align: justify; padding-left: 30px;"><span style="font-size: small;">- Qu'est ce que <em>l'ataraxie.</em> Réponse : "<em>La paix de l'âme</em>"</span></p><p style="text-align: justify; padding-left: 30px;"><span style="font-size: small;">- Quel philosophe anglais est l'auteur de La Nouvelle Atlantide, roman sur l'île utopique Bensalem ? Réponse : <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Francis_Bacon_(philosophe)" target="_blank" rel="noopener">Francis Bacon</a></span></p><p style="text-align: justify; padding-left: 30px;"><span style="font-size: small;">- De quel philosophe anglais se sont inspirés les auteurs de la série <em>Lost</em> pour la création de l'un de leur personnage ? Réponse : <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/John_Locke" target="_blank" rel="noopener">John Locke</a></span></p><p style="text-align: justify; padding-left: 30px;"><span style="font-size: small;">- Qui a parlé de la religion comme d'une "névrose obsessionnelle de l'Humanité ?" Réponse : <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Sigmund_Freud" target="_blank" rel="noopener">Sigmund Freud</a></span></p><p style="text-align: justify; padding-left: 30px;"><span style="font-size: small;">- Quel philosophe est tourné en dérision dans Les Nuées ? Réponse : </span><a style="font-size: small;" href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Socrate" target="_blank" rel="noopener">Socrate</a></p><p style="text-align: justify; padding-left: 30px;"><span style="font-size: small;">- Qui a dit : "<em>Les hommes se trompent en ce qu'ils se pensent être libres ?</em>" Réponse : <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Baruch_Spinoza" target="_blank" rel="noopener">Baruch Spinoza</a></span></p><p style="text-align: justify; padding-left: 30px;"><span style="font-size: small;">- Qui est l'auteur de la <em>Lettre à Newcastle</em> ? Réponse : </span><em style="font-size: small;"><a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Ren%C3%A9_Descartes" target="_blank" rel="noopener">Descartes</a></em></p><p style="text-align: justify; padding-left: 30px;"><span style="font-size: small;">- Que signifie "<em>Sapere aude</em>" ? Réponse : "<em>Aie le courage de te servir de ton propre entendement</em>"</span></p><p style="text-align: justify; padding-left: 30px;"><span style="font-size: small;">- Avec quel compositeur et ami <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Friedrich_Nietzsche" target="_blank" rel="noopener">Friedrich Nietzsche</a> s'est-il brouillé dans les dernières années de sa vie ? Réponse : Richard Wagner</span></p><p style="text-align: justify; padding-left: 30px;"><span style="font-size: small;">- Quel philosophe français, romancier et homme politique révolutionnaire est l'auteur de l'ouvrage "<em>Français, encore un effort !si vous voulez être Républicains</em>" ? Réponse : <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Donatien_Alphonse_Fran%C3%A7ois_de_Sade" target="_blank" rel="noopener">Le Marquis de Sade</a></span></p><p style="text-align: justify; padding-left: 30px;"><span style="font-s
Pedroshttp://xyzabcd.hautetfort.com/about.htmlLe cartésianisme (Le prolongement rationnel du christianisme) nous a conduit(e)s dans une impasse « toujours plus » délétag:xyzabcd.hautetfort.com,2015-07-15:56574992015-07-15T19:14:52+02:002015-07-15T19:14:52+02:00 Normal 0 21 false false...
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Quelle erreur « toujours plus » funeste ! ! ! </strong></p><p class="MsoNormal"><strong style="mso-bidi-font-weight: normal;"> </strong></p><p class="MsoNormal"><strong style="mso-bidi-font-weight: normal;">Humour. La proposition d’une nouvelle expression « Tu es trop quantique pour moi » !</strong></p><p class="MsoNormal"><em style="mso-bidi-font-style: normal;">(Le masculin neutre sera employé par facilité)</em></p><p class="MsoNormal" style="margin-left: 36.0pt; text-indent: -18.0pt; mso-list: l1 level1 lfo2;"><strong style="mso-bidi-font-weight: normal;"><span style="mso-fareast-font-family: 'Times New Roman';"><span style="mso-list: Ignore;">1)<span style="font: 7.0pt 'Times New Roman';"> </span></span></span></strong><strong style="mso-bidi-font-weight: normal;"><span style="text-decoration: underline;">Quand on dit d’un état d’esprit qu’il est « cartésien »</span></strong>, <span style="text-decoration: underline;">cela suggère qu’il aime catégoriser, qu’il est binaire, qu’il persiste à schématiser et décomposer, couper, séparer, abusivement ou trop sommairement,</span> <em style="mso-bidi-font-style: normal;">tel Descartes qui distinguait, voire opposait le corps et l’esprit mais au 17<sup>ième</sup> siècle !</em></p><p class="MsoNormal"><strong style="mso-bidi-f
Café philosophique de Montargishttp://cafephilosophique-montargis.hautetfort.com/about.htmlCOMPTE-RENDU DE LA SÉANCE : ”AUTRUI, ANTIDOTE À LA SOLITUDE ?”tag:cafephilosophique-montargis.hautetfort.com,2015-04-12:56011832015-04-12T11:18:00+02:002015-04-12T11:18:00+02:00 Thème du débat : "Autrui, antidote à la solitude ?" Date...
<p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;"><strong>Thème du débat : <span style="color: #ffff00;">"Autrui, antidote à la solitude ?" </span></strong></span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;"><strong>Date : <span style="color: #ffff00;">20 mars 2015 à la Brasserie du centre commercial de la Chaussée</span></strong></span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;">Le café philosophique de Montargis se réunissait le 20 mars 2015 à la Brasserie du centre commercial de la Chaussée pour un débat intitulé : "Autrui, antidote à la solitude?" </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;">Un premier participant réagit au mot "<em>antidote</em>", lourd de sens. L'antidote est étymologiquement "<em>un médicament agissant contre une substance toxique</em>" ou encore "<em>un remède contre un mal psychologique</em>". Cela voudrait donc dire que la solitude est connotée de manière négative, comme un mal. Le mot "antidote" serait-il donc le plus adapté ? </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;">Pour un autre participant, souhaitant s'arrêter sur le terme d'autrui, ce mot conduit à nous interroger sur ce qu'est justement autrui : un compagnon ou une compagne, un conjoint ou bien un individu dans un groupe, ou bien un ami, y compris "<em>un ami Facebook</em>" (<em><a href="http://cafephilosophique-montargis.hautetfort.com/archive/2015/03/12/les-amis-facebook-face-de-bouc-pour-les-nuls-5599409.html" target="_blank" rel="noopener">en référence aussi à un sketch des Bodin</a>'s</em>). Comment dois-je définir autrui ? S'interroge Claire. Doit-il celui ou celle grâce à qui je me nourris ? Est-il un moyen ou une fin ? Est-ce que mon alter ego doit être l'antidote de quelque chose ? Puis-je m'en défaire complètement ? Est-ce que je dois entendre son jugement lorsqu'il porte un regard différent du mien ? Ou bien dois-je rompre avec lui à partir du moment où je défends ma singularité ?</span><span style="font-size: small;"> </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;">Autrui condamne à la solitude selon un autre participant car, dès qu'il me quitte, il me contraint à l'isolement social. "<em>Il me condamne aussi car il a sa complétude que je n'ai pas et, de ce point de vue, la solitude est un poison pour moi. Et en tant que poison, autrui en fait partie. Il n'est pas un antidote et il ne peut pas l'être. Voire, il ne veut pas l'être : "Ce qui ennuie autrui est de nous apporter quelque chose...</em>" </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;">Claire s'interroge : y a-t-il une solitude irréductible, voire une espèce de solipsisme, au sens cartésien du terme ? Il y a l'idée, selon <a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Ren%C3%A9_Descartes" target="_blank" rel="noopener">Descartes</a>, que nous sommes enfermés perpétuellement dans une forme de solitude. Autrui n'aurait donc pas d'existence proprement dite qui me permettrait d'échanger, de partager. Il semblerait qu'une communion avec mon "<em>alter ego</em>" soit de l'ordre de l'impossible. La communication, de la même manière, reste difficile, y compris avec la personne qui m'accompagne et qui ne peut pas, de fait, souffrir avec moi ce que j'endure. De ce point de vue aussi, la solitude serait irréductible. Mais dans ce cas, quel rôle doit jouer, dans mon existence, l'autre qui est mon ami ou mon compagnon ? Devrait-il me porter à bout de bras ou bien me renverrait-il fatalement à cette solitude et donc face à moi-même. </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;">Une participante témoigne que la solitude n'est, selon elle, ni une maladie ni un poison ; elle est au contraire un bienfait – et aussi "un <em>besoin</em>", rajoute une autre personne. En dehors de la compagnie des hommes, il y a la possibilité de s'accomplir, dans les endroits déserts – comme, paradoxalement, dans des foules aliénantes (le terme de "<em>méditation</em>" est employé au cours de la soirée). La solitude est aussi la manifestation de la singularité, ce qui ne veut pas dire que l'on dénigre la différence.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;">Face à l'altérité, ne sommes nous pas ramenés à notre solitude ? Ou au contraire nous renvoie-t-elle moins péjorativement à la singularité ? Le regard de l'autre joue un regard fondamental. Claire cite l'exemple de l'exclusion honteuse, de l'isolement imposé (l'étranger ou bien les quartiers de haute-sécurité en prison) ou bien du monstre, qui avait été discuté lors d'un café philosophique précédent. J'apparais tel qu'autrui me regarde, comme le dit Sartre. Autrui peut certes jouer un effet miroir, commente un participant ; encore faut-il que ce ne soit pas un "<em>miroir déformant</em>" ! Claire cite une anecdote racontée par <a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Jean-Paul_Sartre" target="_blank" rel="noopener">Jean-Paul Sartre</a> : un jour, le philosophe s'incruste discrètement dans un groupe en train de discuter – un groupe où, du reste, se trouve <a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Simone_de_Beauvoir" target="_blank" rel="noopener">Simone de Beauvoir</a>. Et il se trouve que ce groupe parle de </span><a style="font-size: small;" href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Jean-Paul_Sartre" target="_blank" rel="noopener">Sartre</a><span style="font-size: small;"> lui-même, sans avoir remarqué sa présence. Le philosophe existentialiste avoue par la suite s'être trouvé "<em>en flagrant délit d'existence</em>". Dépasser le miroir déformant ("<em>L'enfer c'est les autres</em>" dit la fameuse citation sartrienne) est un obstacle terrible. De la même manière, l'indifférence de l'autre peut nous détruire. </span></p><p> </p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;">Autrui n'est pas un poison pour un autre intervenant ; il se pourrait même qu'il soit une solution. Ainsi, pour prendre un exemple concret, toute œuvre d'art se fait dans le cadre d'un groupe social, plus ou moins important, que ce soit dans ses sources, sa culture, ses acquis, sa reconnaissance, etc. "<em>La solitude créé un vide qui appelle un comblement</em>" et ce comblement peut se faire en partie avec les autres et en partie seul : "<em>on se nourrit dans la solitude</em>". Chez l'enfant, la gestion de l'ennui et de la solitude aide à la construction de la personnalité. C'est aussi une manière de se ressourcer chez l'adulte, ajoute un autre participant (cette fameuse "<em>méditation</em>", évoquée précédemment).</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;">Un autre intervenant souligne par contre que certaines personnes – par exemple de grands malades – sont contraintes à l'isolement et à la solitude. Si elle est contrainte, celle-ci est néfaste pour l'homme (capacités cognitives, mémoire, etc.) : "<em>Nous sommes faits pour vivre avec autrui... qui peut nous apporter énormément"</em>. "<em>Il n'est pas bon que l'homme reste seul</em>" dit encore la <em>Genèse.</em> Or, précise Bruno, socialement la solitude a le vent en poupe : 39 % de la population est célibataire en France et ce chiffre atteint les 50 % aux États-Unis, qui donnent souvent le la des évolutions futures en Europe. La solitude est-elle le mal absolu ? Le sociologue américain <a href="http://www.ericklinenberg.com/about" target="_blank" rel="noopener">Eric Klinenberg</a> considère que le solitaire urbain est celui qui, statistiquement et de fait, va plus s'investir dans des associations ou des ONG et... avoir une vie sociale ("<em>Dans le sociétés les plus riches, les gens emploient une part considérable de l'argent qu'ils gagnent à s'offrir la solitude</em>"). </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;">Si l'on s'intéresse à la philosophie proprement dite, il faut ajouter que les philosophes ont souvent vécu et travaillé seuls : <a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Friedrich_Nietzsche" target="_blank" rel="noopener">Nietzsche</a>, <a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Georg_Wilhelm_Friedrich_Hegel" target="_blank" rel="noopener">Hegel</a> ou <a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Arthur_Schopenhauer" target="_blank" rel="noopener">Schopenhauer</a>. Ce même </span><a style="font-size: small;" href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Arthur_Schopenhauer" target="_blank" rel="noopener">Schopenhauer</a> <span style="font-size: small;">considérait d'ailleurs que la solitude était une disposition de l'esprit, demandant un certain courage pour bénéficier d'un "<em>remplissage de soi-même</em>", bénéfique pour l'esprit : <em>"La solitude offre à l'homme intellectuellement haut placé un double avantage : le premier, d'être avec soi-même, et le second de n'être pas avec les autres</em>", disait-il. Il écrivait également ceci : "<em>On ne peut être vraiment soi qu'aussi longtemps qu'on est seul ; qui n'aime donc pas la solitude n'aime pas la liberté, car on n'est libre qu'étant seul</em>". Selon un participant, </span><a style="font-size: small;" href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Arthur_Schopenhauer" target="_blank" rel="noopener">Schopenhauer</a><span style="font-size: small;"> est un pragmatique qui parle de la solitude comme inévitable lorsque la vieillesse est là : on doit finir seul, dit-il en substance. Il considère que de ce point de vue la caractéristique du vieillissement est la fatigue croissante, rendant la communication devenue de plus en plus difficile : on a de moins en moins à dire et, partant, on est de plus en plus seul. Bruno considère que chez </span><a style="font-size: small;" href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Arthur_Schopenhauer" target="_blank" rel="noopener">Schopenhauer</a><span style="font-size: small;"> il y a une contrainte de la solitude en même temps qu'une recherche de cette solitude, en tant qu'accomplissement de soi. </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;">"<em>Est-ce que l'autre ? L'alter ego nous altère-t-il ?</em>" s'interroge un autre intervenant. Autrui pourrait prendre de notre essence. Il nous aliénerait. <a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Sigmund_Freud" target="_blank" rel="noopener">Freud</a> explique que le cerveau de l'enfant est achevé par la relation à la mère : autrui répondrait donc à un besoin physiologique. Dans le même ordre d'idée, ajoute ce participant, la solitude peut rendre fou, comme peuvent le montrer des expériences dans l'espace. L'absence d'autrui altère nos fonctions cognitives et peut nous atteindre durablement. Claire prend pour exemple la série <a href="http://cafephilosophique-montargis.hautetfort.com/archive/2015/03/13/rectify-5601186.html" target="_blank" rel="noopener"><em>Rectify</em></a> relatant la sortie d'un homme des couloirs de la mort. Cet ancien condamné à mort retrouve la société et la liberté mais est devenu en raison de son isolement carcéral "<em>posthume à lui-même</em>" (expression sartrienne). <a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Michel_Tournier" target="_blank" rel="noopener">Michel Tournier </a>relate dans <em>Vendredi ou les Limbes du Pacifique</em> l'aventure d'un homme seul sur une île, pouvant survivre mais incapable d'affronter l'idée que le monde entier le croit mort. </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;">Pour une personne de l'assistance, cet autre pouvant nous aider à vivre debout (</span><a style="font-size: small;" href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Alain_(philosophe)" target="_blank" rel="noopener">Alain</a><span style="font-size: small;">) pourrait aussi bien être cette personne qui nous dissout. "</span><em style="font-size: small;">À cause de l'autre, j'existe moins</em><span style="font-size: small;">". En partageant, j'enlève une partie de moi-même qui me rendait heureux car c'est cet ego qui permet mon accomplissement. Comment répondre à cette "mutilation ? Par une forme d'altruisme : "</span><em style="font-size: small;">Ce que je demande à la "non-solitude" c'est "l'autre-présent" : et me voilà heureux !</em><span style="font-size: small;">" Sommes-nous prêts à accepter cette dissolution ? Rien n'est moins sûr. Le partage n'est pas évident, le sacrifice de soi non plus ! S'exposer dans sa faiblesse c'est accepter un abandon dévastateur autant que le jugement : "</span><em style="font-size: small;">- Ça va ? - Oui, ça va. Car si ça ne va pas, cela peut gêner l'autre !</em><span style="font-size: small;">", commente Claire. Je peux tout à fait choisir de protéger ma singularité plutôt que de m'exposer : "</span><em style="font-size: small;">Mon jardin secret est une prison</em><span style="font-size: small;">" disait</span> <a style="font-size: small;" href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Gaston_Berger" target="_blank" rel="noopener">Gaston Berger</a><span style="font-size: small;">. On porte sans doute des masques (<a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Pedro_Calder%C3%B3n_de_la_Barca" target="_blank" rel="noopener">Calderón</a>) afin de se mouvoir dans la société, tout en se protégeant. Sauf à "<em>prendre le risque</em>" de faire confiance à l'autre. Réagissant à ce pari de s'affronter à l'autre, Claire s'interroge : "<em>Est-ce qu'en disant le mal je me dis vraiment ?</em>" Est-ce que je peux avec des mots dire ma singularité ? <em><a href="http://cafephilosophique-montargis.hautetfort.com/le-langage-trahit-il-la-pensee/" target="_blank" rel="noopener">cf. débat du café philo "Le langage trahit-il la pensée ?" </a></em>Est-ce que je doit m'interdire de laisser l'occasion à l'autre de pouvoir m'abandonner et prendre une partie de moi ? Ou bien n'est-ce qu'un "<em>associé</em>" qui n'a pas vocation à être un antidote à ma solitude ? </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;">Partager son for-intérieur, répond un intervenant, peut se traduire par un "<em>besoin d'être ensemble</em>", comme nous l'ont montré les manifestations du 11 janvier dernier suite aux attentats de <em>Charlie Hebdo</em> et de l'épicerie Casher. Claire rebondit par ce constat que l'interdépendance est omniprésente. Certes, un groupe ne suffit pas à faire une société mais "<em>je ne peux pas vivre sans l'autre</em>". L'échange peut se faire économiquement mais il y a également des causes communes et des valeurs : faire le bien, dit un nouvel intervenant, prenant l'exemple de <a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Alexandre_Jollien" target="_blank" rel="noopener">Alexandre Jollien</a>. Dans mon existence même, autrui peut apparaître comme le médiateur entre moi et moi-même, comme le disait <a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Jean-Paul_Sartre" target="_blank" rel="noopener">Sartre</a>. Autrui est le témoin de mon existence, comme le constatait douloureusement Robinson ou bien le personnage en rupture de ban du film <em><a href="http://cafephilosophique-montargis.hautetfort.com/archive/2013/06/16/into-the-wild.html" target="_blank" rel="noopener">Into The Wil</a>d</em>.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;">Un participant constate que le débat porte sur des idées élevées qui se nomment confiance, dissolution, réflexion sur la l'isolement sociétal, aliénation, construction ou préservation de soi et "<em>grande solitude</em>". Pourquoi ne pas s'arrêter sur quelque chose de plus terre à terre, à savoir cette première strate de la solitude, une strate presque prosaïque ? Les conversations simples de la vie quotidienne, "<em>sur des bouts de chiffons</em>" ou des sottises, suffisent à chasser cette <em>"stupide solitude</em>". Ces hommes et ces femmes qui discutent de choses simples, de réflexions insensées ou de bêtises permettent de faire changer quelque chose. Ce n'est pas rien ! Grâce à ces petits événements de la vie quotidienne, "<em>on est déjà à la porte de la solitude</em>". Les conversations qui n'ont pas de sens en ont justement un : la fin de la solitude. </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;">Ces conversations peuvent aussi être, dit un autre intervenant, le temps de la confiance trouvée ou retrouvée. C'est un temps permettant de trouver le ton juste, de s'ajuster, même s'il peut être long. La notion de temporalité apporte la connaissance de l'autre et cette justesse, au sens "<em>d'ajuster"</em> (<a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Louis_Althusser" target="_blank" rel="noopener">Louis Althusser</a>). Cela conduit à s'interroger sur la régulation, la bienveillance, l'accueil de l'autre et l'acceptation. </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;">Claire conclut en rappelant que cette lutte contre la solitude est également au coeur des discussions au sein de nos café philosophiques, lieux d'échanges autant que lieux de rencontre. Elle termine par par une citation du philosophe </span><a style="font-size: small;" href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Alain_(philosophe)" target="_blank" rel="noopener">Alain</a><span style="font-size: small;"> : "<em>Je puis vouloir une éclipse, ou simplement un beau soleil qui sèche ce grain, au lieu de cette tempête grondeuse et pleureuse ; je puis, à force de vouloir, espérer et croire enfin que les choses iront comme je veux ; mais elles vont leur train. D'où je vois bien que ma prière est d'un nigaud. Mais quand il s'agit de mes frères les hommes, ou de mes sœurs les femmes, tout change. Ce que je crois finit souvent par être vrai. Si je me crois haï, je serai haï ; pour l'amour, de même. Si je crois que l'enfant que j'instruis est incapable d'apprendre, cette croyance écrite dans mes regards et dans mes discours le rendra stupide ; au contraire, ma confiance et mon attente est comme un soleil qui mûrira les fleurs et les fruits du petit bonhomme. Je prête, dites-vous, à la femme que j'aime, des vertus qu'elle n'a point ; mais si elle sait que je crois en elle, elles les aura. Plus ou moins ; mais il faut essayer ; il faut croire. Le peuple, méprisé, est bientôt méprisable ; estimez-le, il s'élèvera. La défiance a fait plus d'un voleur ; une demi-confiance est comme une injure ; mais si je savais la donner toute, qui donc me tromperait ? Il faut donner d'abord.</em>"</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;">Trois sujets sont proposés au vote pour la séance du 17 avril 2015 : "Y a-t-il une morale politique ?", "Y a-t-il des civilisations supérieures à d'autres ?" et "<span style="color: #ffff00;"><strong>Suis-je ce que mon passé fait de moi ?</strong></span>" C'est ce dernier sujet qui est choisi par la majorité des personnes présentes. </span></p>
Café philosophique de Montargishttp://cafephilosophique-montargis.hautetfort.com/about.htmlCOMPTE-RENDU DE LA SÉANCE : ”LE LANGAGE TRAHIT-IL LA PENSÉE ?”tag:cafephilosophique-montargis.hautetfort.com,2015-03-17:55846652015-03-17T19:12:00+01:002015-03-17T19:12:00+01:00 Thème du débat : "Le langage trahit-il la pensée ?" Date...
<p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;"><strong>Thème du débat : <span style="color: #ffff00;">"Le langage trahit-il la pensée ?" </span></strong></span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;"><strong>Date : <span style="color: #ffff00;">30 janvier 2015 à la Brasserie du centre commercial de la Chaussée</span></strong></span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;">Le vendredi 30 janvier 2015, le café philosophique de Montargis se réunissait pour un débat intitulé "Le langage trahit-il la pensée ?"</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;">Un premier participant s'interroge au préalable sur l'intitulé de ce sujet : parle-t-on du langage des mots ou bien cela inclut-il d'autres langages (des matériaux, des signes, des arts, etc.) ? Claire répond que par définition le langage désigne un ensemble de signes ou de symboles, "<em>socialement institués et stables</em>". Le langage artistique, par exemple, peut entrer dans ce cadre si l'on peut entrer en relation au travers de ces signes ou symboles. Encore faut-il,ajoute Claire, qu'ils puissent traduire et non pas trahir notre pensée. <a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Ren%C3%A9_Descartes" target="_blank" rel="noopener">Descartes</a> dit que ce qui distingue l'automate ou l'animal de l'être humain c'est le langage car, <em>a contrario</em> d'un perroquet, l'homme est capable d'utiliser des mots, des signes, des symboles ou autres pour dire quelque chose de lui-même qui pourra être traduit par l'autre et échangé. On ne se contente pas de répéter des choses : on leur donne du sens. Or, la question est de savoir si ce sens, comme il est conformé autour d'un certains nombre de symboles, est fidèle à la réalité qu'il désigne. Quant on parle, par exemple, est-on fidèle à ce que l'on veut dire ? N'y a-t-il pas trahison dans la compréhension de ce que je peux dire ? Ne dit-on, pas dans le langage courant, "<em>je te donne ma parole</em>" pour désigner un serment solide ?</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;">Pour un autre participant, la question autour de ce sujet porte sur la notion de "pensée". Quand je pense, je serais sans doute dans une "<em>sorte de nuage, d'un rêve indéterminé, avec des formes, des couleurs...</em>" Il y a une sorte d'abstraction du langage, à l'image de l'abstraction de la pensée. Claire rebondit sur cette intervention : dès la naissance de la philosophie, il y a cette question de la définition de la pensée. Peut-on appeler une pensée un mot, un sens, etc. Une pensée pourrait être caractérisée par un ensemble de flux intérieurs qui peut aussi désigner des sentiments, confus, dispersés. On peut réellement parler d'affrontement : beaucoup de philosophes, dont <a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Georg_Wilhelm_Friedrich_Hegel" target="_blank" rel="noopener">Hegel</a> ou <a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Ludwig_Wittgenstein" target="_blank" rel="noopener">Wittgenstein</a>, disent que ce qui se conçoit bien s'énonce clairement : toute pensée qui n'arrive pas à se dire est une pensée obscure. Au contraire, le langage viendrait officialiser et encadrer quelque chose qu'on n'arriverait pas correctement à signifier.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;">Encore faudrait-il, ajoute quelqu'un de l'assistance, que je puisse disposer d'un vocabulaire et d'une syntaxe suffisamment riche pour refléter mes pensées, si encore je peux trouver des mots adéquats. Une question pourrait se poser : peut-il y avoir une pensée sans langage ? D'emblée, Claire distingue le langage de la langue. C'est Montaigne qui dit que l'on habite une nation et que l'on appartient à un peuple lorsque l'on sait s'exprimer dans la langue de ce pays. La langue, avec toutes ses imperfections, nous informe comme nous forme de ce sens. D'ailleurs, au sujet de cette formation, Bruno souligne que l'enfant, cet être encore en devenir est, par définition l'<em>infans</em>, en latin, c'est à dire "<em>celui qui ne parle pas.</em>" Pour l'auteur des Essais, le langage n'est rien ; pourtant, il n'y a rien d'autre qui compte davantage, y compris dans nos relations à autrui, pour le meilleur et pour le pire – donner sa parole à autrui ou lui mentir ! </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;">Est-ce que la réalité est sensée au départ ? Le langage est-il capable de vérité ? L'épistémologie s'interroge sur ces questions. Claire la repose lors de cette séance. Un participant répond que le langage, "<em>assurément</em>", trahit la pensée. En effet, une personne, un "<em>émetteur</em>", qui encode sa pensée grâce au langage, transmis à un récepteur, qui doit, ensuite décoder le langage, le comprendre, et manifester un feed-back, via un ré encodage qui sera ensuite codé à nouveau. Il y a donc "<em>de la perte en, ligne</em>", en sachant qu'il n'y pas un encodage identique à 100 %, chaque mot pouvant être différent d'une personne à une autre (en raison de la culture, du passé de chacun, etc.). L'actualité, même récente, nous apprend les malentendus quotidiennement. À ce sujet, Claire évoque <a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Ludwig_Wittgenstein" target="_blank" rel="noopener">Ludwig Wittgenstein</a>, qui s'interrogeait sur la restitution fidèle d'une langue. Le philosophe essayait, dans son <em>Tractatus logico-philosophicus</em> de parvenir à une vérité universelle mais il avouait, à la fin de son ouvrage, n'y être pas parvenu. Il énonçait, en conclusion, cette pensée : "<em>Ce dont on ne peut parler, il faut le taire</em>." </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;">Le langage, selon une participante, serait une interprétation du monde, à l'exemple du langage scientifique. Ce dernier tente d'approcher la vérité universelle. Au contraire, le langage poétique aurait d'autres fins. N'y aurait-il pas plusieurs strates dans le langage, selon les besoins ? Claire évoque à ce sujet <a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Henri_Bergson" target="_blank" rel="noopener">Henri Bergson</a> qui dit qu'à côté de la science et de la philosophie, il y a la vie. On utilise nos différents médias selon ce que nous faisons : nous nous bornons à lire les étiquettes collés sur les choses ; par contre, un philosophe ou un scientifique tente d"<em>intuitionner</em>" la réalité, c'est-à dire enlever le filtre du langage, qui vient déformer cette réalité. <a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/H%C3%A9raclite" target="_blank" rel="noopener">Héraclite </a>disait que l'on ne se baigne jamais dans le même fleuve ; pour autant, il faut bien l'appeler ainsi, ce fleuve-là ! Dans la vie, dit Bergson, on conforme la réalité dans des cadres de pensées, des normes, des concepts, au risque d'être à la surface de ceux-ci. </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;">Pour un participant, il y a deux sens dans le concept de "<em>trahison de la pensée</em>" : la trahison comme comme impossibilité et impuissance à exprimer la pensée (le fameux "<em>traduire c'est trahir</em>") et la trahison, souvent non-verbale (gestuelle, mimiques, onomatopées, lapsus, actes manqués, etc.), qui survient sans que je l'aie désirée. Claire précise d'ailleurs à ce sujet que toute la cure psychanalytique est fondée sur cela. <a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Sigmund_Freud" target="_blank" rel="noopener">Freud </a>montre bien toute la richesse et la densité des rêves : une scène d'un rêve désigne littéralement un roman. </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;">Le langage, même imparfaitement, même avec ses limites, est au centre de mes tentatives d'énoncer mes pensées, au risque de laisser se dresser une barrière entre moi et l'humanité et les autres : "<em>Mon jardin secret est une prison</em>" disait <a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Peter_L._Berger" target="_blank" rel="noopener">Peter L. Berger</a>. Un participant s'interroge au sujet de cette trahison non désirée, en rapport avec un inconscient qui nous dépasserait : peut-on dans ce cas parler de trahison puisque cet inconscient, justement, ne m'est pas accessible ? Un acte manqué ne serait pas à proprement parlé une trahison. D'autant plus que penser, ajoute une autre personne, est un acte réfléchi : "<em>Penser est un verbe d'action</em>", au contraire de la réflexion. Tel un homme face à un miroir, la réflexion me rend plus passif, alors que dans la pensée, je dois mâcher et digérer des choses pour en faire quelque chose d'unique : on pense contre, on se frotte au monde. </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;">Une autre intervenante se demande si le langage des signes ne trahit pas la pensée, ce langage étant une identité propre. Une personne de l'assistante, pratiquant cette langue, répond que le langage des signes est un de ces langages qui "trahit le moins la pensée" : il s'agit d'un langage très concis et très précis, tout en étant capable d'abstraction. </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;">Qui dit langage, dit une autre personne, dit aussi disposition à accueillir le langage de tel ou tel autre ou bien une œuvre d'art – qui peut nous parler tel ou tel jour, alors que ce n'était pas le cas quelques temps plus tôt. Le problème du langage, ajoute un autre intervenant, a remué les courants artistiques au XXe siècle : le surgissement du conceptuel a pu avoir lieu pour appréhender de manière plus objective la réalité. Cette idée se retrouve en philosophie, ajoute Claire : pourquoi nombre de philosophes sont grecs ou allemands ? Cette question n'est ni anodine ni provocatrice : la langue allemande permet d'exprimer facilement des concepts, alors que les néologismes français ont très vite leurs limites. Et en grec, le mot <em>logos</em> a vingt sens différents (le langage, la raison, le fait de coucher, de rassembler, etc.). Chaque mot est polysémique. On considère le mot comme une richesse et les différents tons que l'on peut lui donner permet d'aller vers la nuance, ce que font les poètes et les écrivains. Cite l'exemple de la pièce <em>Un Mot pour un Autre</em> de <a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Jean_Tardieu" target="_blank" rel="noopener">Jean Tardieu</a>, avec des dialogues et des polylogues dans lesquels les mots sont utilisés à la place d'autres, sans que le texte soit incompréhensible, <a href="http://cafephilosophique-montargis.hautetfort.com/archive/2015/02/01/tardieu-un-mot-pour-un-autre-5549431.html" target="_blank" rel="noopener"><em>cf. cet extrait</em></a>. </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;">De quoi parle-t-on ? Et pourquoi parle-t-on ? Peut-être pour se différencier des animaux qui ne vivent que pour se nourrir et pour chasser. Notre humanité est en jeu dans ce langage comme reflet de notre pensée. La pensée et le langage sont intimement liés, dit une autre participante. Ils se nourrissent l'un l'autre, est-il également dit. Au point que l'on peut se poser cette question : est-ce que l'on pense mal si l'on parle mal ? Si qui ne se dirait pas n'aurait pas de consistance. Ce dont il est question est la pauvreté du vocabulaire qui est un frein à l'expression de la pensée ("<em>Si vous saviez comme ça tourne là-haut ! Si vous saviez comme j'ai envie de dire ce que j'ai dans la tête... mais je n'y arrive pas !</em>"). La communication est d'ailleurs au centre de notre société, notamment chez les adolescents d'aujourd'hui, via les réseaux sociaux et le besoin de s'exprimer n'est pas amoindri. Et sans doute, dit un participant, que la jeunesse d'aujourd'hui est en train de nous faire grandir : "<em>les enfants parlent mieux en l'absence de leurs parents", même s'il peut y avoir "perte d'informations</em>" ! Il est dit que le langage n'est pas une question d'âge, mais plutôt de culture ; par ailleurs, le langage ne peut être considéré comme un outil pouvant mesurer l'intelligence d'une personne (par exemple, certains autistes). </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;">La rhétorique permet d'enrichir le langage, dit un autre participant, au risque de trahir la pensée. Claire évoque cette question de la rhétorique, à l'origine du premier grand conflit entre philosophes grecs. Il y a d'un côté <a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Platon" target="_blank" rel="noopener">Platon </a>qui dit qu'il faut utiliser le langage pour faire comprendre aux Athéniens la richesse de la pensée ; et de l'autre côté, il y a les sophistes, des "<em>instituteurs de la République</em>", mandatés pour faire apprendre aux citoyens grecs un langage unique afin qu'ils se comprennent et communiquent entre eux. Pour Platon, les sophistes inculquent aux citoyens athéniens la manière de parler "<em>bellement</em>" de choses "<em>laides</em>". Les sophistes d'aujourd'hui sont sans nul doute les avocats et les hommes politiques – hommes politiques qui sont d'ailleurs souvent des avocats ! La langue peut être maniée afin d'amener l'assentiment général. <em>A contrario</em>, celui qui n'arriverait pas à s'exprimer correctement – que ce soit avec des mots ou avec des signes – ne pourrait pas amener une pensée remplie de sens. </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;"><a href="http://www.hautetfort.com/admin/posts/Jean%20Berko%20Gleason" target="_blank" rel="noopener">Jean Berko Gleason</a> et <a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Noam_Chomsky" target="_blank" rel="noopener">Noam Chomsky</a> disent à ce sujet que dans les langues, par exemple dans les langages africains, le découpage de la langue découpe aussi la réalité. Le botaniste s'arrache les cheveux dans ces pays lorsqu'il est question de définir telle ou telle couleur.. Pour le coup, derrière le mot, il y a la réalité, même si F<a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Ferdinand_de_Saussure" target="_blank" rel="noopener">erdinand de Saussure</a> assure que ce n'est pas le mot qui compte mais la structure du langage. Mais derrière la langage et sa structure, on compartimente et on informe de la réalité. Des textes d'épistémologies parlent de ces étudiants en médecine qui découvrent pour la première fois la radiographie. Au départ, ces jeunes gens jugent leur professeur comme un "<em>fou dingue</em>" bâtissant "<em>tout un roman</em>" à partir de quelque chose qui n'existe pas – du noir. Sauf qu'en interprétant ce noir, et en "nommant" les choses, un nouveau monde surgit, fascinant. La réalité semblerait donc exister à partir du moment où elle est arrêtée par un signe.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;">D'après un participant, il y a une réelle difficulté dans le passage de la pensée à l'écriture. Cette dernière est non seulement plus lente mais aussi moins fidèle que la pensée. Par ailleurs, si je sais que l'autre va être témoin, il peut y avoir blocage parce qu'appréhension du jugement d'autrui. La facilité de l'écriture est une réelle richesse mais elle n'est pas généralisée : coucher sur le papier ou parler lorsque tout le monde nous regarde n'est pas évident. La richesse du langage est décrite par cet intervenant comme la manifestation d'une synergie entre la pensée et le langage : "<em>quand on veut être précis dans son langage, quand on veut chercher le mot adéquat, forcément on est en contact de sa pensée. On est en train de la vivre. Et quand on est en train de la vivre, on n'est plus réel et du coup on arrive à mieux transcrire sa pensée. Et on s'oblige à le faire... Il y a une synergie, il y a quelque chose qui se créée qui fait que je pense encore plus parce que je je dois m'exprimer mieux.</em>" Ce participant ajoute que l'expression est un exutoire par la parole (tel un citron que l'on presse) et s'il n'y a pas cet exutoire oral, comment la pensée va-t-elle pouvoir sortir et se densifier ? La parole, même si elle n'est pas fidèle à la pensée, améliore en tout cas la pensée : pour preuve, ces formateurs en entreprise qui, de retour à leur poste de travail après avoir transmis leurs connaissances, s'en trouvent changés : ils ont la rhétorique pour eux et en eux.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;">Dans communiquer, il y a deux sens : faire passer un message et être en relation, telles deux pièces qui communiquent l'une à l'autre. Faire passer un message est capital et donc, la forme du langage est importante pour rester à l'écoute. Ainsi, la provocation peut être utile pour des gens qui se connaissent mais elle peut aussi être dangereuse. Cela n'exclut pas, dit Claire, que le langage puisse évoluer, s'enrichir, se différencier, via par exemple de nouvelles expressions, des néologismes, etc. S'exprimer, s'affirmer, c'est aussi afficher sa singularité et aussi s'engager. Dès lors, lorsque l'on est exposé, on peut davantage recevoir des coups, que ce soit verbaux ou autres. N'oublions pas, précise un intervenant, que dans l'Histoire, le barbare est, par définition, celui qui s'exprime en faisant "<em>ba ba</em>", c'est-à-dire celui que l'on ne comprend pas. </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;">Bruno conclut ce débat par deux citations : Alain qui disait : "</span><em style="font-size: small;">La langue est un instrument à penser</em><span style="font-size: small;">" et Roland Barthes qui affirmait ceci : "</span><em style="font-size: small;">Le langage est une peau : je frotte mon langage contre l’autre.</em><span style="font-size: small;">"</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;">En fin de séance, trois sujets sont proposés pour la séance suivante, fixée </span><span style="color: #ffff00;"><strong style="font-size: small;">le vendredi 20 mars 2015</strong></span><span style="font-size: small;"> (et non pas le 13 comme annoncé à l'origine) : "Vox populi, vox dei ?", "Y a-t-il une morale politique ?" et "</span><strong style="font-size: small;">Autrui, antidote à la solitude ?</strong><span style="font-size: small;">" C'est ce dernier sujet qui est élu par les participants.</span></p>
Littérature de partouthttp://litteraturedepartout.hautetfort.com/about.htmlMarcel Proust, Écrits et articlestag:litteraturedepartout.hautetfort.com,2015-01-29:55451942015-01-29T05:00:00+01:002015-01-29T05:00:00+01:00...
<p style="text-align: center;"> </p><p></p><p style="text-align: center;"> <img id="media-4881131" style="margin: 0.7em 0;" title="" src="http://litteraturedepartout.hautetfort.com/media/01/01/4277260461.jpg" alt="Marcel-Proust-010.jpg" /></p><p class="MsoNormal" style="margin-left: 7cm; text-align: justify;"><span style="font-size: 14.0pt; mso-bidi-font-size: 12.0pt; font-family: Baskerville; color: blue;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>Une grand-mère</span></p><p class="MsoNormal" style="margin-left: 7cm; text-align: justify;"><span style="font-size: 14.0pt; mso-bidi-font-size: 12.0pt; font-family: Baskerville;"> </span></p><p class="MsoNormal" style="margin-left: 184.3pt; text-align: justify;"><span style="font-size: 14.0pt; mso-bidi-font-size: 12.0pt; font-family: Baskerville;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>Il y a des personnes qui vivent sans avoir pour ainsi dire de force, comme il y a des personnes qui chantent sans avoir de voix. Ce sont les plus intéressantes ; elles ont remplacé la matière qui leur manque par l'intelligence et le sentiment. La grand-mère de notre cher collaborateur et ami Robert de Flers, Mme de Rozière, qu'on enterre aujourd'hui (...), n'était qu'intelligence et que <span style="mso-spacerun: yes;"> </span>sentiment. Consumée de la perpétuelle inquiétude qu'est un grand amour qui dure toute la vie (son amour pour son petit-fils), comment eût-elle pu être bien portante ! Mais elle avait cette santé particulière des êtres supérieurs qui n'en ont pas et qu'on appelle la vitalité. Si frêle, si légère, elle surnageait toujours aux plus effroyables sautes de la maladie, et au moment où on la croyait terrassée, on l'apercevait, rapide, toujours au sommet, et suivant de tout près la barque qui menait son petit fils à la célébrité et au bonheur, non pour qu'il en rejaillît rien sur elle, mais pour voir s'il n'y manquerait de rien, s'il n'y aurait pas encore un peu besoin de ses soins de grand-mère, ce qu'au fond elle espérait bien. Il faut que la mort soit vraiment bien forte pour avoir pu les séparer !</span></p><p class="MsoNormal" style="margin-left: 184.3pt; text-align: justify;"><span style="font-size: 14.0pt; mso-bidi-font-size: 12.0pt; font-family: Baskerville;">(...) Elle ne quittait pas plus son lit ou sa chambre que Joubert, que Descartes, que d'autres personnes encore qui croient nécessaires à leur santé de rester beaucoup couchées sans avoir pour cela la délicatesse d'esprit de l'un ni la puissance d'esprit de l'autre. (...) Chateaubriand disait de Joubert qu'il restait constamment étendu et les yeux fermés, mais que jamais il n'était si agité et ne se fatiguait tant que dans ces moments-là. Pour la même raison, Pascal ne put jamais, sur ce point, suivre les conseils que lui prodigua Descartes. Il en est ainsi de beaucoup de malades à qui l'on recommande le silence, mais (...) leur pensée « leur fait du bruit. »</span></p><p class="MsoNormal" style="margin-left: 184.3pt; text-align: justify;"><span style="font-size: 14.0pt; mso-bidi-font-size: 12.0pt; font-family: Baskerville;"> </span></p><p class="MsoNormal" style="margin-left: 184.3pt; text-align: justify;"><span style="font-size: 14.0pt; mso-bidi-font-size: 12.0pt; font-family: Baskerville; color: blue;">Marcel Proust, <em style="mso-bidi-font-style: normal;">Écrits et articles</em> (dans <em style="mso-bidi-font-style: normal;">Contre Sainte-Beuve</em>, suivi de —), édition établie par Pierre Clarac, Pléiade / Gallimard, 1971, p. 545 et 547.</span></p>
Xavier JASSUhttp://lapinos.hautetfort.com/about.htmlHumain, trop humaintag:lapinos.hautetfort.com,2014-09-14:54472352014-09-14T13:42:00+02:002014-09-14T13:42:00+02:00 Rien de plus humain que le néant, l'infini, les nombres irrationnels, la...
<p style="text-align: justify;"><strong>Rien de plus humain que le néant, l'infini, les nombres irrationnels, la perspective, et donc l'architecture et la géométrie algébrique moderne. Descartes a ainsi contribué à faire accepter l'anthropologie comme une science, alors qu'elle est un discours religieux avant tout. Au nom du cartésianisme, on devrait prendre pour rationnelles les hypothèses de mathématiciens modernes à deux doigts de la folie, quand ils ne sombrent pas carrément dedans. Au nom du cartésianisme, on devrait prendre les ingénieurs modernes pour de savants rationalistes, quand bien même ils ne sont pas responsables de leurs actes ni de leurs recherches.</strong></p><p style="text-align: justify;"><strong>Cet anthropocentrisme n'est pas sans lien avec le diagnostic de folie posé par certains moralistes à propos de la société américaine. En faisant de la notion d'égalité la pierre angulaire de l'idéal démocratique, Tocqueville isole d'ailleurs l'influence du raisonnement algébrique dans la foi dans la démocratie. Le droit et les mathématiques modernes ont en commun une détermination irrationnelle. Cette tendance confirme la remarque du savant matérialiste chrétien F. Bacon de la convergence entre le raisonnement mathématique et le raisonnement juridique, qui conduit de dernier, <span style="text-decoration: underline;">au nom du progrès scientifique</span>, à n'accorder à la géométrie algébrique que le rang de science secondaire. L'histoire moderne des sciences s'applique d'ailleurs à occulter la véritable signification du réveil scientifique prôné par Bacon contre la science scolastique médiévale, notamment la foi chrétienne de Bacon. Celle-ci est pourtant essentielle pour comprendre la relégation par Bacon de la science juridique et des mathématiques. Le christianisme ne peut fonder en effet aucune alternative à la philosophie naturelle païenne - et par conséquent aucune règle sociale. La monarchie chrétienne de droit divin, de même que la démocratie, sont parfaitement antichrétiennes. En revanche le judaïsme et le christianisme fondent une science métaphysique par-delà la philosophie naturelle des païens. Autrement dit : les lois de la biologie ne s'appliquent pas à l'ensemble de l'univers. La philosophie naturelle n'est pas une science fondamentale du point de vue chrétien, donc les mathématiques et la science juridique ne sont pas des sciences fondamentales non plus. Lorsque l'évêque de Rome Ratzinger proclame que les mathématiques sont une sorte de langage divin, il ne parle pas comme un prêtre chrétien mais comme un prêtre égyptien.</strong></p><p style="text-align: justify;"><strong>- Tocqueville à propos de la démocratie et de son sens égalitaire ne semble pas s'apercevoir du paradoxe suivant : la volonté et le principe d'égalité qui gouvernent la conscience du citoyen moderne n'ont rien de populaires : l'égalité est un principe religieux forgé par une élite de prêtres ou de philosophes, comme son abstraction et son irrationalité attestent. </strong></p><p style="text-align: justify;"><strong>Quand le crétin Karl Popper prétend que la science n'est pas faite pour dévoiler la vérité mais que la quête de vérité prime, c'est-à-dire les questions et les hypothèses sur les réponses, il inféode le but au moyen de la science. Il avoue ainsi indirectement le tour anthropologique de la recherche scientifique moderne, et donc religieux.</strong></p>
Xavier JASSUhttp://lapinos.hautetfort.com/about.htmlSaint Francis Bacontag:lapinos.hautetfort.com,2014-08-26:54348942014-08-26T23:26:07+02:002014-08-26T23:26:07+02:00 Je lis quelque part que Francis Bacon détestait le droit, qu'il fut...
<p style="text-align: justify;"><strong>Je lis quelque part que Francis Bacon détestait le droit, qu'il fut cependant contraint d'étudier, ainsi que les mathématiques (géométrie algébrique). N'est-ce pas suffisant pour soupçonner un saint homme chrétien ?</strong></p><p style="text-align: justify;"><strong>Je note par ailleurs que les Américains vouent une sorte de culte à F. Bacon, comparable au culte rendu en France par l'institution à Montesquieu ou Descartes, quand bien même l'horizon des Américains ne dépasse pas les limites du droit et de l'algèbre, ce qui les rend aussi prévisibles que les personnes sentimentales.</strong></p><p style="text-align: justify;"> </p><p style="text-align: justify;"> </p>
Café philosophique de Montargishttp://cafephilosophique-montargis.hautetfort.com/about.htmlCOMPTE-RENDU DE LA SÉANCE ”FAUT-IL TROUVER UN SENS À CHAQUE CHOSE?”tag:cafephilosophique-montargis.hautetfort.com,2014-06-08:53868952014-06-08T11:19:00+02:002014-06-08T11:19:00+02:00 Thème du débat : "Faut-il trouver un sens à chaque chose ?" ...
<p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;"><strong>Thème du débat : <span style="color: #ffff00;">"Faut-il trouver un sens à chaque chose ?" </span></strong></span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;"><strong style="font-size: small; text-align: justify;">Date : <span style="color: #ffff00;">9 mai 2014 à la Brasserie du centre commercial de la Chaussée</span></strong></span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;">Un peu plus de 70 personnes s'étaient réunis le 9 mai 2014 à la Brasserie du centre commercial de la Chaussée de Montargis pour un nouveau café philosophique intitulé "Faut-il trouver un sens à chaque chose ?" Il s'agissait d'une séance exceptionnelle en ce que Claire et Bruno étaient accompagnés pour l'occasion de six lycéennes, venues en tant que co-animatrices : Marine, Marion, Camille, Coraline, Alice et Caroline, représentaient la quasi-totalité de la classe de Terminale littéraire du <a href="http://www.saint-francois-gien.com/" target="_blank" rel="noopener">Lycée Saint-François de Sales de Gien</a>.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;">"Faut-il trouver un sens à chaque chose ?" Au préalable, avance un premier participant, se poser une telle question c'est déjà apporter une partie de la réponse ; c'est admettre que ce questionnement a un sens. Comment interroger un tel sujet ? se demande Claire. Finalement, en vertu de quoi devrions-nous trouver un sens à chaque chose ? Et quelles sont ces "<em>choses</em>" ? <em>A contrario</em>, que signifierait ne pas en trouver ? Puis-je être dans ma vie comme détachée de toute explication qui me dépasserait ? Par ailleurs, une philosophie de vie et une philosophie pratique seraient-elles viables si l'on choisissait de n'assigner aucun sens aux choses ?</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;">Un intervenant souhaite apporter un éclairage sur le sujet de ce débat : parle-t-on de "<em>trouver</em>" ou de "<em>chercher</em>" ? Il est certainement question ici, souligne une des co-animatrice, d'une notion de devoir et de morale. À moins qu'une démarche de philosophie pratique nous pousse à un <em>carpe diem</em> salvateur (<a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Horace" target="_blank" rel="noopener">Horace</a>), c'est-à-dire à accepter ce qui nous est imposé. Il se pourrait aussi, dit un participant, que ces deux démarches – trouver et chercher – soient complémentaires dans nos vies.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;">Dans la question de savoir s'il faut trouver un sens, il y a la notion d'assignation, ou non, d'une valeur aux choses, de repères, à l'instar de <a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Friedrich_Nietzsche" target="_blank" rel="noopener">Friedrich Nietzsche </a>qui affirmait que n'importe quelle valeur valait mieux qu'aucune. L'autre point soulevé par Claire est la notion de sens : la signification est-elle nécessaire ? Si l'on prend l'exemple d'une œuvre d'art, celle-ci doit-elle être simplement vécue et reçue tel quel ou bien doit-elle être décryptée pour être comprise et accueillie ?</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;">Quand on s'interroge sur le sens qu'on donne aux choses – une "<em>auberge espagnole</em>", est-il dit : événements, objets, relations à l'autre, etc. – le sens intègre aussi une finalité, y compris une finalité spirituelle. La signification c'est aussi l'orientation : dire "je t'aime", par exemple, cela peut vouloir autant dire "<em>je ne te déteste pas</em>" que "<em>je m'engage dans une relation avec toi</em>". Je nomme les choses, j'y mets une sorte d'étiquette – une volonté aussi. Autrement dit, je nomme les éléments et les objets, pour reprendre ce qu'affirmait <a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Henri_Bergson" target="_blank" rel="noopener">Henri Bergson</a> : je les classe, voire je les oriente. Il y a donc derrière cela une notion d'utilité. Cela peut être une utilité pragmatique lorsqu'il est question d'un objet (d'un ouvre-boîte, d'une voiture, etc.) mais cela peut aussi être une utilité plus noble lorsqu'il s'agit de sentiments (l'amour, l'amitié, le pardon, etc.). Donner un sens, complète un participant, c'est aussi donner une définition : de quoi parle-t-on ? Trouver du sens, réagit un intervenant, est sans doute insuffler du concret dans une démarche a priori incompréhensible. Il prend pour exemple la construction du Château de Versailles au XVIIe siècle. Cette création "<em>insensée</em>" obéissait à des raisons politiques – voire économique, ajoute-t-il sous forme de boutade : "<em>un investissement à long terme pour le développement du tourisme trois siècles plus tard</em>" ! </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;">Une question se pose dès lors : y a-t-il un devoir moral, voire une contrainte physique, à assigner des significations à ce qui pourrait nous arriver ? Ou bien faudrait-il, comme il a été dit précédemment, se contenter de vivre une vie détachée de ces questions angoissantes. L'être humain se trouve dans une situation aporétique et être terrifié. Il se trouve coi devant le choix qui lui est proposé, affirme un intervenant : comprendre et être au monde ou bien être passif. </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;">Cette passivité, dit une des co-animatrices de ce soir, se trouve illustrée de manière frappante dans le roman d'<a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Albert_Camus" target="_blank" rel="noopener">Albert Camus</a>, <em>L'Étranger</em>. Meursaut, personnage étranger à son monde, ne veut pas trouver de sens à sa vie. Son existence est absurde. Il est indifférent et passif à chaque chose : à sa vie sentimentale, à ses proches, au décès d'autrui et même à sa propre mort. Cette posture simplifie sans nul doute le rapport au monde et aux autres : c'est en effet une chose de donner une signification à un objet, à une chaise par exemple ; c'en est une autre de donner du sens à une relation (à un "<em>je t'aime, par exemple</em>"), infiniment plus complexe. C'est d'ailleurs ce qui différencie l'animal de l'homme : en dehors du stimulus extérieur qui nous protège d'un danger, la conscience nous permet de revenir en arrière sur une action passée et de se projeter vers l'avenir. L'impératif catégorique du "<em>Connais-toi toi-même</em>" (<a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Platon" target="_blank" rel="noopener">Platon</a>) est piétiné par Meursaut,qui choisit de subir les événements sans vivre sa vie d'homme. Ce qui nous met mal à l'aise dans le roman de <a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Albert_Camus" target="_blank" rel="noopener">Camus</a> est également l'absence d'émotion du personnage, ces émotions qui sont aussi des catalyseurs de la recherche de sens, pour ne pas dire un besoin (culturel, spirituel, etc.) inhérent à l'homme.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;">Nous retrouvons là cette problématique abordée plus tôt : trouver ou rechercher ? Qu'est-ce qui pourrait nous empêcher de voir dans la vie quelque chose d'absurde et/car subie ? Dans ce cas, nous pourrions être dans le monde déconnectés de toute signification et vivre une "vie insensée" ! Une telle vie incohérente – et pas forcément absurde et qui nous permettrait peut-être de vivre malgré tout notre vie d'homme debout (<a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Alain_(philosophe)" target="_blank" rel="noopener">Alain</a>). Le fou – celui qui aurait compris avant tout le monde que le monde n'a pas de sens ! – ne serait-il pas le parfait exemple de ce type d'existence, incohérente ? Vivre de manière insensée semble ne pas être possible, réagit un participant, dans la mesure où la société a son mot à dire. Le vivre ensemble l'impose, ce qui fait dire à plusieurs personnes dans l'assistance que c'est fondamentalement ce qui différencie l'homme de l'animal. </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;">Chercher un sens c'est trouver des repères, dit un nouvel intervenant, à la manière par exemple des personnes sans emploi que l'on tente de remettre sur une voie. L'action peut, par contre, être un moyen d'avancer, sans y mettre ce trop-plein de signes et vivre dans le mouvement. Cette assertion est discutée. Agir et se donner un ou des buts – professionnels, personnels, sportifs ou autre – c'est en soi donner une orientation et, par là, un sens à sa vie. D'ailleurs, pour dépasser des obstacles qui se dresseraient devant nous, le rappel du sens permet aussi de les dépasser et d'être dans le monde.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;">Comment appréhender ce monde justement et faut-il y trouver un sens ? Cette question posée par Claire nous interroge sur la recherche de la vérité, qui est par exemple l'objectif de la justice. La véracité importe finalement peu : l'essentiel est d'avoir des repères, tels ces aveugles capables de s'orienter dans notre monde grâce à d'autres vecteurs. D'où, ce problème de <a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/William_Molyneux" target="_blank" rel="noopener">William Molyneux</a> : que se passe-t-il lorsqu'un aveugle recouvre la vue ? Pourra-t-il reconnaître des objets sans les toucher ? Certains films de science-fiction appréhendent le sens et le réel de manière inédite et troublante, capables "de nous mettre la tête à l'envers" (<a href="http://cafephilosophique-montargis.hautetfort.com/archive/2013/12/14/inception-5246565.html" target="_blank" rel="noopener"><em>Inception</em> </a>pour ne prendre que cet exemple). </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;">Si, en tant que sujet, je donne le sens à l'objet – dans son sens le plus large : choses matérielles, relations, événements, etc. – que j'ai en face de moi, est-ce que je ne trahis pas cette réalité en lui donnant une signification ? Dit autrement, assigne-t-on du sens à une chose parce que l'on est incapable de vivre sans repère ? L'école philosophique des gestaltistes a théorisé la <a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Psychologie_de_la_forme" target="_blank" rel="noopener">Psychologie de la Forme</a> (<em>Gestaltpsychologie</em>) : ils affirment que l'être humain est ainsi fait qu'il ne peut pas pouvoir faire sans sens, et plus précisément sans forme. Le monde lui été donné brut et ne peut pas être analysé par notre cerveau s'il ne lui assigne pas des formes, qu'elles soient véritables ou non (<em><a href="http://cafephilosophique-montargis.hautetfort.com/archive/2014/04/30/la-gesalt-theorie-ou-psychologie-de-la-forme-5359232.html" target="_blank" rel="noopener">cf. aussi ce lien</a></em>). À leur suite, Henri Bergson affirme que nous ne sommes pas "véritables" au monde. Nous collerions des étiquettes sur tel ou tel objet et ces étiquettes permettent de donner des repères et s'orienter. Faut-il donc tout signifier ou devrions-nous vivre le monde en spectateur, contemplatifs ? <a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Henri_Bergson" target="_blank" rel="noopener">Henri Bergson</a>, encore lui, parle de l'art et affirme que lorsqu'un peintre représente des objets sur une toile – les pommes de <a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/C%C3%A9zanne" target="_blank" rel="noopener">Cézanne</a>, par exemple – il en retire l'aspect pragmatique : ces pommes ne sont plus des pommes – tout comme la pipe de <a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Magritte" target="_blank" rel="noopener">Magritte </a>n'en est pas une, <a href="http://cafephilosophique-montargis.hautetfort.com/archive/2014/04/06/magritte-la-trahison-des-images-1928-5341148.html" target="_blank" rel="noopener"><em>cf. ce lien</em></a> ! Or, le spectateur va tout de même considérer que ces "fausses pommes" en sont. Tout se passe comme si en enlevant le côté utile et utilitaire de tel ou tel objet, ceux-ci sont vus tels qu'ils sont et retrouvent pleinement leur sens. </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;">Sommes nous capables d'apposer des sens à des choses moins rationnelles. Ne faudrait-il pas mieux laisser les choses avoir leur propre sens, sans chercher à les interpréter ? Cette question se heurte à notre appréhension de l'Histoire. Les événements historiques acquièrent un sens, mais seulement a posteriori. À l'heure où plusieurs commémorations rythment notre actualité (70 ans du Débarquement de Normandie, centenaire du début de la première guerre mondiale), il est admis que nombre de vérités, jugées incontestables à une certaine période, sont réexaminés avec le temps : ainsi, les fusillés pour l'exemple pendant la guerre 14-18 ne sont plus du tout considérés comme des "traîtres à la Nation" de nos jours. </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;">L'expression courante "<em>cela n'a pas de sens</em>" paraît intenable. Les faits ne peuvent pas s'appréhender bruts, sans une signification ou une orientation intelligible. La logique du bonheur pourrait résulter a contrario du refus d'une compréhension du monde, à l'image de <em>Candide</em>. "<em>Tout est pour le mieux dans le meilleur des mondes</em>", affirme le personnage de <a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Voltaire" target="_blank" rel="noopener">Voltaire</a> : je n'ai pas à trouver du sens car il est là, devant moi. Disons aussi que les religions proposent aussi ce genre de pensées : les événements passées sont passées et un ordre invisible régit notre monde. Les <a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Sto%C3%AFciens" target="_blank" rel="noopener">stoïciens</a> affirment de leur côté qu'il y a ce qui dépend de moi et ce qui n'en dépend pas. Ce qui ne dépend pas de moi, je dois m'en détacher, sans trouver du sens. Quant à ce qui dépend de moi, il est admis que cela représente une part relativement tenue. </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;">Donner du sens participe aussi à une forme d'engagement mais aussi à une forme de cohésion des sociétés humaines. L'absence de sens pourrait signifier quelque part que tout est permis. Dire "<em>Chacun sa vérité</em>" ou "<em>Les goûts et les couleurs se valent</em>" ne serait-ce pas "un relativisme de mauvais aloi" ? Le sens que l'on donne aux choses est à tout le moins relatif. Les religions vivent sur des vérités et des repères différents. Si <a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Blaise_Pascal" target="_blank" rel="noopener">Blaise Pascal</a> proclame justement : "<em>Vérité en deçà des Pyrénées, erreur au-delà</em>", pour <a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Ren%C3%A9_Descartes" target="_blank" rel="noopener">René Descartes</a> "<em>le bon sens est la chose la mieux partagée au monde</em>" (<em>Discours de la Méthode</em>). Mais est-ce que ce bon sens, s'interroge un intervenant, est suffisant pour donner du sens à sa vie ? Claire répond que selon le même <a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Ren%C3%A9_Descartes" target="_blank" rel="noopener">Descartes</a>, c'est une chose de l'avoir, ce bon sens, c'est une autre chose que de "<em>l'appliquer bien</em>", et a fortiori de le partager pour en faire un "sens commun" (<a href="http://cafephilosophique-montargis.hautetfort.com/archive/2014/03/29/descartes-le-bon-sens-est-la-chose-du-monde-la-mieux-partage-5335098.html" target="_blank" rel="noopener"><em>cf. aussi ce lien</em></a>). Un intervenant réagit à ce sujet : "Il n'y a pas de sens unique même s'il y a souvent du sens commun." </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;">Un participant se demande si la recherche du sens ne peut pas être comparée aux théories scientifiques : elles ne servent qu'un temps, aussi longtemps qu'elles fonctionnent, jusqu'au jour où on leur donne un autre sens qui convient davantage. "On n'est pas sensible à tout ; mais on n'est pas insensible non plus", dit un autre intervenant : le sens fait intrinsèquement partie de l'homme. Une des co-animatrice en revient à la <a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Psychologie_de_la_forme" target="_blank" rel="noopener">Psychologie de la Forme</a> : chaque chose a un sens mais pour soi uniquement, ce qui vient en contradiction avec la religion, véhicule de vérités et de sens pris dans un... sens collectif. Du coup, lorsque <a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Friedrich_Nietzsche" target="_blank" rel="noopener">Nietzsche </a>proclame que "<em>Dieu est mort</em>", cela implique que tout est permis et que c'est l'individu qui se réapproprie la recherche de sens. </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;">Dans le monde, <a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Sartre" target="_blank" rel="noopener">Jean-Paul Sartre</a> dit que nous sommes condamnés à être libres, obligés de faire des choix, en permanence. Après la mort de Dieu (<a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Friedrich_Nietzsche" target="_blank" rel="noopener">Nietzsche </a>), ce dont on a accusé <a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Sartre" target="_blank" rel="noopener">Sartre</a> c'est de pratiquer une philosophie du désespoir car aucun être immanent ne me sauverait et je n'ai pas la possibilité d'être guidé ni pardonné en dernier ressort. La recherche de sens est d'abord un acte libre. Est-ce à dire que cette recherche est simple ? Non. Certaines personnes ont trouvé leur sens, définitivement. Ces gens-là, Sartre ne les envie pas et considère qu'elles sont posthumes à elles-mêmes. </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;">Une intervenante aborde la question des religions en tant que pourvoyeuses de vérité, pour ne pas dire de "<em>valeurs communes</em>". Des valeurs qui peuvent aussi aider à adopter et adapter une philosophie pratique. Créer son propre sens, admet Claire, peut être jouissif et appartenir à un idéal de liberté. Pour autant, admettre que tout vaut tout, remiser au placard toutes les valeurs morales, est considéré par nombre de psychologues comme nocif, à commencer par l'éducation des enfants. Le sens fait sens justement en ce qu'il créé des repères pour la vie. Dans cette optique, les valeurs communes – y compris religieuses – peuvent nous rassurer. Un autre exemple, celui de la justice, nous interroge en ce qu'il apparaîtrait que cette institution est interrogée sur ce qu'il faut faire ou non. La justice deviendrait référent. Tout se passe comme s'il y avait une injonction sociale pour que les juges et les avocats décident des valeurs communes pour vivre en société. D'où ce danger que la société en deviendrait dépendante ! Il est, là, aussi question de pouvoir, cette mainmise qui a pu – et qui est encore – le reproche fait aux religions. </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;">"<em>Sous prétexte de sens, il peut y avoir beaucoup de complaisance</em>", affirme un intervenant : l'esprit de système peut se baser sur cette soif de sens pour trouver un sens commun qui peut à la longue devenir sclérosant, voire aliénant. Il y a un côté rassurant dans le système, sans même parler d'esprit grégaire. Cette satisfaction mentale rassurante est illustrée par ces vers de <a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Louis_Aragon" target="_blank" rel="noopener">Louis Aragon</a> : "<em>Vous voudriez au ciel bleu croire /
Xavier JASSUhttp://lapinos.hautetfort.com/about.htmlL'imposture laïquetag:lapinos.hautetfort.com,2014-04-20:53515472014-04-20T21:51:50+02:002014-04-20T21:51:50+02:00 J'entends un laïc athée se plaindre que les religions, musulmane,...
<p style="text-align: justify;"><strong>J'entends un laïc athée se plaindre que les religions, musulmane, chrétienne, juive, etc. le dérangent parce qu'elles sont une insulte à la raison.</strong></p><p style="text-align: justify;"><strong>D'une certaine manière c'est une bonne chose dans ces temps de spéculation intensive, de politiques hasardeuses et de nombres irrationnels, que cette défense typiquement française de la raison. Bon, le type ne dit pas si sa raison est celle du plus fort, la raison d'Etat, ou bien encore une autre ? Personnellement je préfère le terme de bon sens à celui de raison ; le bon sens qui permet aux Français de se méfier unanimement de leurs hommes et de leurs femmes politiques, pas franchement des exemples d'athéisme puisqu'ils se disent tous de bonne foi.</strong></p><p style="text-align: justify;"><strong>Et ne parlons pas de R. Descartes, père fondateur allemand de la raison raisonnante française, qui a largement ouvert la porte à l'hypothèse scientifique, au lieu de la certitude expérimentale, et qui était persuadé que l'âme est une glande cervicale. D'ailleurs Descartes n'a pas voulu exclure la religion, mais seulement que les questions de science et les questions de religion soient traitées séparément, tout en sachant qu'elles peuvent difficilement l'être (tout ça est un peu confus, mais je rappelle que Descartes n'était pas français).</strong></p><p style="text-align: justify;"><strong>Mais surtout mon plaignant, pour qui la religion insulte la raison, affirme tout haut ce que les tenants de la laïcité dissimulent habituellement, à savoir qu'elle n'est pas un principe de neutralité. On peut blasphémer contre la raison, et donc contre la laïcité. La laïcité situe la raison au-dessus de la religion. La raison vise à réduire la superstition, à moins qu'on ne veuille garder sa raison pour soi, et dans ce cas le principe de laïcité est parfaitement inutile ; pourquoi ne pas laisser plutôt cours à la libre-pensée ? D'ailleurs c'est bien mal connaître les doctrines athées les plus avancées que de croire qu'elles sont neutres et peuvent elles-mêmes se plier au principe de laïcité. La laïcité n'est donc pas un principe raisonnable, c'est un principe ubuesque, dépourvu de fondement juridique, scientifique ou religieux, qui débouche directement sur le principe totalitaire de la garantie des libertés publiques par l'Etat.</strong></p><p style="text-align: justify;"><strong>La réalité du principe de laïcité, c'est que c'est un décret d'inviolabilité de la morale publique édictée par les élites françaises. La chasse aux sectes ? Elle n'empêche pas les jeunes Français de s'enrôler dans l'armée française, où sont appliquées des méthodes d'embrigadement typiquement sectaires. On ne peut pas accorder foi aux philosophes démocrates-chrétiens qui fournissent leur caution au principe de laïcité : pour un strapontin dans la République, un fauteuil à l'Académie, une chaire à la Sorbonne ou le commandement d'une place-forte militaire, ils seraient prêts à tous les parjures, même les plus astucieux. Ces démocrates-chrétiens font une concurrence déloyale à tout le monde - aux serviteurs de la raison d'Etat républicaine, en même temps qu'aux véritables chrétiens qui expriment la moins intime des convictions possibles qu'on ne peut servir deux maîtres à la fois.</strong></p><p style="text-align: justify;"><strong>Avocats de la laïcité, soyez sérieux deux minutes. Le devoir religieux actuel n'est plus tant d'aller à la messe que de se rendre à la boulangerie acheter des oeufs de Pâques, ou d'être vêtu de façon sexy, c'est-à-dire de consommer ou d'être consommé (si vous êtes en bas de l'échelle). C'est à peine s'il reste assez de prêtres pour assurer la mission touristique de mise en valeur du patrimoine ! Les Français regardent la télé, ils vont au cinéma, ils sont largement affranchis des vieilles litanies et des vieux dogmes. A la limite, s'il n'y avait plus un seul chrétien, plus un seul musulman, plus un seul juif pour incarner la superstition, vous ne seriez plus aussi rassurés sur le fait que vous êtes dotés de la raison et des Lumières.</strong></p><p style="text-align: justify;"><strong>Donc c'est faire bonne mesure de prévention contre la superstition en prohibant la publicité commerciale dans l'enceinte des écoles et des lieux publics. Cela indique que la raison se situe au-dessus de la superstition. Mais peu de religions s'opposent à une telle sobriété. Et puis cette précaution est aussitôt défaite par la presse, la télévision, qui n'hésitent pas à s'affirmer aussi laïques que l'institution scolaire.</strong></p><p style="text-align: justify;"><strong>Enfin pour se placer du côté de la raison, c'est-à-dire plus ou moins de la science, même si le terme reste assez vague et semble parfois dangereusement recouper l'éthique, contre la religion, il faut avoir lu les textes saints de telle ou telle religion ; or beaucoup de tenants de la laïcité ne l'ont pas fait, ou bien s'en remettent à d'autres pour le faire, voire pensent que le christianisme a un quelconque rapport avec cet autre article de foi qu'est la démocratie, dont tout le monde parle, mais que personne n'a jamais vu.</strong></p><p style="text-align: justify;"> </p>
Café philosophique de Montargishttp://cafephilosophique-montargis.hautetfort.com/about.htmlCOMPTE-RENDU DE LA SÉANCE ”LA RAISON A-T-ELLE A S'OCCUPER DE L'IRRATIONNEL ?”tag:cafephilosophique-montargis.hautetfort.com,2014-03-21:53285722014-03-21T22:04:00+01:002014-03-21T22:04:00+01:00 Thème du débat : "La raison a-t-elle à s'occuper de l'irrationnel...
<p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;"><strong>Thème du débat : <span style="color: #ffff00;">"La raison a-t-elle à s'occuper de l'irrationnel ?" </span></strong></span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;"><strong>Date : <span style="color: #ffff00;">14 février 2014 à la Brasserie du centre commercial de la Chaussée</span></strong></span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;">Entre 40 et 50 personnes étaient présentes le 14 février 2014 pour cette séance du café philosophique de Montargis pour une séance intitulée "La raison a-t-elle à s'occuper de l'irrationnel ?"</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;">Un premier intervenant considère que la raison a certes des raison de s'attaquer à l'irrationnel, souvent synonyme d'excès, de tromperies et d'abus. La raison permettrait de déjouer et de contrer l'irrationnel, reposant sur des spéculations, des notions subjectives et à l'origine de peurs infondées ou de croyances fausses ou infondées. </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;">Cette première intervention, dit Claire, éclaire une démarche scientifique en ce que l'homme, "<em>animal doué de raison</em>" (<a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Aristote" target="_blank" rel="noopener">Aristote</a>) doit "<em>s'occuper</em>" et supprimer toute dimension irrationnelle. L'irrationnel est considéré comme limite de la raison et doit être repoussé en tant que forme d'ignorance. Cette démarche s'apparente au rationalisme dogmatique : "<em>Tout rationnel est réel et tout réel est rationnel</em>", pour reprendre l'expression de <a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Hegel" target="_blank" rel="noopener">Hegel</a>. L'homme doit avoir pour objectif de supprimer toute forme d'irrationalité en tant que carence dans l'entreprise humaine et qui s'apparenterait à une forme d'obscurantisme. Nous devons, en tant qu'êtres doués de raison, avoir pour objectif d'expliquer le monde. Comme le disait <a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Ren%C3%A9_Descartes" target="_blank" rel="noopener">René Descartes</a>, "<em>La raison est la chose au monde la mieux partagée</em>" (<em>Discours de la Méthode</em>). </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;">Finalement, rationnel et irrationnel, dit Bruno, semblent appartenir à deux sphères différentes totalement irréductibles et irréconciliables. </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;">Or, l'irrationnel est-il réellement péjoratif ? Car, derrière cet obscurantisme, l'irrationnel porte différents apparats : le rêve, l'art, le hasard, le chaos, les rumeurs, le conspirationnisme ou l'imaginaire. Une participante cite <a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Gaston_Bachelard" target="_blank" rel="noopener">Gaston Bachelard</a> qui voyait l'importance de l'irrationnel dans les sciences – dans l'art et le rêve par exemple. L'existence humaine elle-même paraît toute entière être modelée par cet irrationnel : qui suis-je ? D'où viens-je ? Où vais-je ? L'Histoire elle-même peut être vue comme raisonnable, avoir un sens (</span><a style="font-size: small;" href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Hegel" target="_blank" rel="noopener">Hegel</a><span style="font-size: small;">) mais aussi être considérée comme quelque chose d'irrationnel. </span><a style="font-size: small;" href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Hegel" target="_blank" rel="noopener">Hegel</a><span style="font-size: small;">, dans cette notion de dogmatisme rationnel, englobe dans la raison la distinction du vrai et du faux mais également ce qui est la forme de mon action – le raisonnable. Or, peut-on tout expliquer et tout contrôler, y compris les rêves, les sentiments, voire l'amour (cette présente séance a lieu un 14 février !) ? Ce qui est inexpliqué est-il inexplicable ? Prenons l'exemple du rêve. Ce dernier a longtemps été considéré comme une notion quasi divine (le songe). Cependant, il a été étudié par <a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Sigmund_Freud" target="_blank" rel="noopener">Sigmund Freud</a> au cours du XXème siècle. Ce dernier va postuler la notion d'inconscient et justifier ce postulat comme scientifique : il considère que l'entreprise humaine doit tout rationaliser, y compris les rêves, jusqu'à créer une science, la psychanalyse. Autre exemple : la folie. Cette forme d'irrationalité n'est pas de l'illogisme. Ainsi, un psychotique est tout à fait rationnel dans sa démarche, tout comme le rêve est très rationnel même s'il est non-réel, fictif. </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;">Il est dit que la raison a intérêt à repousser les limites de l'incompréhension. Des faits jugés longtemps comme irrationnels (l'univers, l'inconscient, etc.) sont ainsi tombés au cours des siècles dans la sphère de la raison. Claire cite <a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Les_Lumi%C3%A8res" target="_blank" rel="noopener">Les Lumières</a>, successeurs de </span><a style="font-size: small;" href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Ren%C3%A9_Descartes" target="_blank" rel="noopener">Descartes</a><span style="font-size: small;">, pour qui la raison humaine doit être impulsée afin que, le progrès aidant, l'Humanité se porte mieux (<a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Kant" target="_blank" rel="noopener">Kant</a>). La raison est érigée comme rempart contre toute forme de barbarie. La peur sociologique de l'étranger entre de plein pied dans cette incompréhension de l'autre, de cet autre que je ne comprends pas. Les Grecs, à ce sujet, ont inventé un terme pour qualifier cet étranger : c'est le <em>barbare</em>, celui que l'on ne comprend pas, qui ne sait pas parler grec, qui parle par onomatopée, par des "<em>ba ba</em>" ! </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;">S'agissant de l'antiquité grecque, la raison vient du terme <em>ratio</em>, qui est le "calcul". Pour les grecs, la raison c'est le <em>logos</em>, qui est le même mot pour dire "<em>raison</em>" que pour dire "<em>discours</em>". </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;">Quelque part, ajoute Claire, on en vient à confondre rationalité et "<em>raisonnabilité</em>". L'homme, en en sachant davantage va pouvoir devenir plus vertueux. Seulement, ce dogmatisme rationnel atteint ses limites lorsque, à l'instar de ce qui s'est passé au XXème siècle, la raison et les sciences dures sont utilisées à des fins destructrices : guerres mondiales, génocides planifiés voire industrialisés, armes nucléaires, etc.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;"><a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Blaise_Pascal" target="_blank" rel="noopener">Blaise Pascal</a> se met dans une distance critique par rapport à la raison : "<em>Le cœur a ses raisons que la raison ignore</em>." Il parle là de foi et non d'amour et, ajoute-t-il, "<em>la raison est bien trop faible si elle ne reconnaît pas ses limites.</em>" Dit autrement, quelqu'un qui pense qu'il doit tout expliquer n'est pas un homme ! Il y a des choses qui sont de l'ordre de l'indicible et du mystère, de l'ordre du "cœur". C'est bien de foi qu'il s'agit, au sens de la <em>fides</em> latine, une croyance qui se suffit à elle-même et qui n'a pas besoin d'explications, de réglementations et de limites. En assumant au contraire ces choses qui nous dépassent, l'on se placerait dans une posture humble et, quelque part, vertueuse. </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;">Une question est posée au sujet de l'instinct : appartient-il à la sphère de l'irrationnel ? Ce qui est de l'ordre de l'innée semble être cassé par tout entreprise scientifique. Pour </span><a style="font-size: small;" href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Sigmund_Freud" target="_blank" rel="noopener">Freud</a><span style="font-size: small;">, il n'y a pas d'instinct. Pour lui, le seul instinct humain est celui de l'acquisition de la culture, du savoir, de l'apprentissage et de la rationalité. Il considère que si on ne met pas du sens là dedans, on ne se comprend pas, on ne se connait pas et on ne répond pas à l'impératif socratique : "<em>Connais-toi toi-même.</em>" Nous sommes là au cœur même du principe philosophique : celui de la suppression de toute notion instinctive, en l'expliquant. L'on peut également parler de la peur, une réaction reptilienne a priori irrationnelle : celle-ci peut être battu en brèche par la raison. Les mécanismes physiologiques de la peur sont bien connus de la science. Pour </span><a style="font-size: small;" href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Sigmund_Freud" target="_blank" rel="noopener">Freud</a><span style="font-size: small;">, le corps "<em>pense</em>". On fait preuve de rationalité même lorsque c'est le corps qui réagit a priori spontanément – la peur, l'instinct, le rêve, etc. – car c'est le cerveau qui nous gouverne. </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;">Pour un participant, le rationnel est évolutif. La raison évolue à travers les siècles. L'irrationnel, au contraire, serait une notion pérenne que rien ne peut combattre. Claire cite l'exemple de la <a href="http://tempsreel.nouvelobs.com/education/20130909.OBS6115/21h-theorie-du-genre-ce-qui-froisse-les-reacs.html" target="_blank" rel="noopener">Théorie du Genre</a> : une expression créée de toute pièce par un homme politique à partir de l'expression "égalité des genres", une expression qui a écorchée, interprétée puis récupérée et amplifiée via les réseaux sociaux. Cette notion d'irrationnel est soumise à la foi et à des croyances solides et a sa vie propre en dehors de la raison. </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;">Pour un autre intervenant, "on ne manquera jamais d'irrationalité" car l'irrationnel est une construction personnelle. Cette notion baigne dans notre vie et est omniprésente, qu'on le veuille ou non. D'où viendrait l'irrationnel ? Le corps a sa place : il impose sa propre logique et veut des signes pour combler un vide (un vide suite à un décès par exemple : longtemps après sa mort, <a href="http://www.janebirkin.net/fr/" target="_blank" rel="noopener">Jane Birkin</a> voulait voir son ancien compagnon <a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Serge_Gainsbourg" target="_blank" rel="noopener">Serge Gainsbourg</a> partout, par une sorte de nécessité). On croit voir car on veut voir, mus par un besoin. Par contre, ajoute le même intervenant, étendre sa connaissance et sa raison apparaît bien plus nécessaire dans notre société. D'autant plus, est-il dit, que l'irrationnel est clairement utilisé par tous les pouvoirs en place pour faire adhérer tel ou tel peuple à telle ou telle politique ("<em>Réenchanter le rêve</em>", disait un homme politique). Pour autant, plusieurs participants regrettent le déficit d'irrationnel dans nos sociétés, et notamment parmi les jeunes générations : l'irrationalité serait une arme contre le formatage. Lorsque l'on parle de raison, tout se passe comme si il y avait une tendance une injonction morale pour des cadres rigides et des réalisations "raisonnables" – avec son lot de jugement moral ("<em>Non, ma fille, sois raisonnable : tu ne pourras pas devenir actrice !</em>").</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;">Le besoin de réaliser ses rêves est à ce point ancré en chacun de nous qu'un personnage comme <a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Candide" target="_blank" rel="noopener">Candide</a> (<a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Voltaire" target="_blank" rel="noopener">Voltaire</a>) refuse de rester dans le pays utopique d'Eldorado car, là, tous les rêves ont été réalisés (cf. <a href="http://cafephilosophique-montargis.hautetfort.com/l-utopie-est-elle-denuee-de-toute-valeur/" target="_blank" rel="noopener">débat du 10 janvier 2014 sur l'utopie</a>, ainsi que <a href="http://cafephilosophique-montargis.hautetfort.com/archive/2013/12/26/voltaire-dans-le-pays-d-eldorado-5256104.html" target="_blank" rel="noopener">ce texte</a>). Dans le <em>Projet pour une Paix perpétuelle</em> de <a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Kant" target="_blank" rel="noopener">Kant</a>, ce dernier explique que l'homme a besoin des autres pour survivre et atteindre le bonheur. Et ce bonheur passe aussi par cet élan vers le rêve et la folie. </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;">La raison peut certes combattre l'irrationnel – "<em>s'en occuper</em>" dans un sens combatif – mais elle peut aussi y répondre voire se nourrir de l'irrationnel, pour ne pas dire l'exploiter. Un participant cite le surréalisme qui est "<em>la rencontre fortuite d'une table de dissection d'un parapluie et d'une machine à coudre</em>" selon <a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Andr%C3%A9_Breton" target="_blank" rel="noopener">André Breton</a>. Ce faisant, l'irrationnel n'est plus à combattre mais devient un domaine riche de sens. </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;">L'art (<em>technè</em>) reste une technique, faisant donc appel à un raisonnement, l'œuvre d'art est considérée comme autonome dont le but premier est d'interpeller le public. Pour un intervenant, l'oeuvre d'art est de l'ordre d'un langage propre, langage que les mots peuvent avoir du mal à expliquer, ce qui rend l'art <em>stricto sensu</em>, indicible. Claire prend pour exemple <a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/S%C3%A9raphine_de_Senlis" target="_blank" rel="noopener">Séraphine de Senlis</a>, peintre analphabète mais à la technique maîtrisée. Or, une réalisation artistique a beau être contrôlée, les idées procédant à ces réalisations restent de l'ordre de l'irrationnel, faisant d'une œuvre d'art non pas une simple création technique mais une œuvre ouverte (<a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Umberto_Eco" target="_blank" rel="noopener">Umberto Eco</a>) pouvant échapper à son créateur. Une intervenante cite également la <a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Biodynamie" target="_blank" rel="noopener">biodynamie</a>, une théorie incompréhensible utilisée dans l'agriculture.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;">L'expression "<em>s'occuper de l'irrationnel</em>" peut aussi être vue dans un sens plus noble : "<em>s'occuper</em>" c'est "<em>prendre soin de</em>". La raison aurait tout à gagner à entretenir une forme d'irrationnel comme condition de dépassement et de prise de risque. Le lâcher prise serait dans ce cas salvateur : à trop vouloir chercher une finalité à tout et tout expliquer, l'on perd une forme de spontanéité qui serait propice au dépassement et au bonheur. </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;">Pour <a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Ludwig_Feuerbach" target="_blank" rel="noopener">Ludwig Feuerbach</a>, ajoute Claire, le devoir de la raison de s'occuper de l'irrationalité peut nous faire entrer dans une idéologie qui peut être nocive car l'on s'empêche de vivre spontanément des choses non-inscrites dans un cadre, sans qu'il y ait un sens donné. Vivre un rêve incompréhensible, sans contrôle et pleinement, n'est-ce pas le rendre encore plus beau ? </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;">La raison est cette faculté de discerner le vrai du faux et le bien du mal (</span><a style="font-size: small;" href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Ren%C3%A9_Descartes" target="_blank" rel="noopener">Descartes</a><span style="font-size: small;">). Je juge la valeur de mon action si je discerne ce qui est réel de ce qui ne l'est pas. Dans l'irrationalité il y a l'idée de l'irréalisable et de l'irraisonnable. Pour <a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Henri_Bergson" target="_blank" rel="noopener">Henri Bergson</a>, penseur de l'individu, il y aurait l'idée courante qu'il existe un ensemble de possibles qui précéderaient le réel ; la raison permettrait de faire ses choix parmi un ensemble de possibilités. Or, pour Bergson justement, cela ne se passe pas ainsi. On se nourrit sans cesse d'irrationnel car on rend possible des choix qui étaient impossibles au départ. Pour nous construire, il y a d'abord un ensemble de vides ("<em>Entre le Tout et le Rien, c'est le rien qui l'emporte car il contient intrinsèquement le Tout</em>", dit une participante).qui nous permet d'avancer. Il n'est certes pas absurde de désirer l'impossible car ce que nous réalisons était au départ impossible. Je me nourrit de l'irréalisé. L'acte véritablement libre ne serait-ce pas celui que j'accomplis contre toute raison, l'acte fou et déraisonnable ? Dans ce sens, la raison s'occupe de l'irrationnel en le comblant et en y mettant sa patte.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;">La théorie scientifique, exemple le plus marqué de la raison, est discuté en cours de débat. La théorie scientifique établit des règles à partir de ce qui marche et qui peuvent être discutées et remises en question quelques années plus tard. Or, les théories scientifiques ne sont sans doute qu'une partie de cette raison sur laquelle nous discutons. Il y a en réalité plusieurs strates de raisons, de l'acratie (<em>acrasia</em>) aristotélicienne (je désire fortement une pâtisserie, alors même que ma raison m'ordonne que cela est mauvais) jusqu'aux sciences dures, construites patiemment grâce à la raison. S'agissant justement des théories scientifiques, celles-ci s'approchent <em>dangereusement</em> de l'irrationnel : théories du chaos, physiques quantiques, ce qui fait dire à Bruno que la frontière rationnel/irrationnel est ténu et que le curseur rationnel et irrationnel est mouvant. Non seulement le rationnel est à géométrie variable mais il peut intégrer des notions aussi abstraites que le rêve, l'imagination ou le hasard (</span><a style="font-size: small;" href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Gaston_Bachelard" target="_blank" rel="noopener">Gaston Bachelard</a><span style="font-size: small;">). </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;">Le rationnel dérange l'irrationnel et l'inverse n'est pas forcément vrai. Le but de la raison n'est pas de convaincre mais de comprendre, dit encore un participant. Le dernier mot resterait finalement à la critique qui servirait à naviguer entre rationnel et irrationnel, une critique qui nous permet de ne pas nous perdre et de vivre notre vie d'homme debout (<a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Alain_(philosophe)" target="_blank" rel="noopener">Alain</a>). </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;">En fin de séance, quatre sujets sont proposés pour la saison du </span><span style="color: #ffff00;"><strong>28 mars 2014</strong></span><span style="font-size: small;"> : "Famille(s) je vous aime, famille(s) je vous hais", "L'État est-il une violence institutionnalisée ?", "Doit-on désacraliser le sacré ?" (un sujet proposé sur Facebook par un participant du café philosophique) et "Pourquoi fait-on des enfants ?" C'est le sujet "</span><span style="color: #ffff00;"><strong>Famille(s) je vous aime, famille(s) je vous hais</strong></span><span style="font-size: small;">" qui est élu par les participants de cette séance.</span><span style="font-size: small;"> </
Café philosophique de Montargishttp://cafephilosophique-montargis.hautetfort.com/about.htmlBAC PHILO : LES SUJETStag:cafephilosophique-montargis.hautetfort.com,2013-06-17:50996432013-06-17T21:29:00+02:002013-06-17T21:29:00+02:00 Série L (littéraire) - Le langage n'est-il qu'un outil ? - La...
<p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;"><strong>Série L (littéraire)</strong></span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;">- Le langage n'est-il qu'un outil ?</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;">- La science se limite-t-elle à constater les faits ?</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;">- Expliquer un texte de René Descartes extrait de "Lettre à Élisabeth" :</span></p><blockquote><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;">"Bien que chacun de nous soit une personne séparée des autres, et dont, par conséquent, les intérêts sont en quelque façon distincts de ceux du reste du monde, on doit toutefois penser qu'on ne saurait subsister seul, et qu'on est, en effet, l'une des parties de l'univers, et plus particulièrement encore l'une des parties de cette terre, l'une des parties de cet État, de cette société, de cette famille, à laquelle on est joint par sa demeure, par son serment, par sa naissance. Et il faut toujours préférer les intérêts du tout, dont on est partie, à ceux de sa personne en particulier ; toutefois avec mesure et discrétion, car on aurait tort de s'exposer à un grand mal, pour procurer seulement un petit bien à ses parents ou à son pays ; et si un homme vaut plus, lui seul, que tout le reste de sa ville, il n'aurait pas raison de se vouloir perdre pour la sauver. Mais si on rapportait tout à soi-même, on ne craindrait pas de nuire beaucoup aux autres hommes, lorsqu'on croirait en retirer quelque petite commodité, et on n'aurait aucune vraie amitié, ni aucune fidélité, ni généralement aucune vertu ; au lieu qu'en se considérant comme une partie du public, on prend plaisir à faire du bien à tout le monde, et même on ne craint pas d'exposer sa vie pour le service d'autrui, lorsque l'occasion s'en présente".</span></p><p><span style="font-size: small;"><strong>Série S (scientifique)</strong></span></p></blockquote><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;">- Peut-on agir moralement sans s'intéresser à la politique ?</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;">- Le travail permet-il de prendre conscience de soi ?</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;">- Expliquer un texte de Henri Bergson extrait de<em> La pensée et le Mouvant</em> :</span></p><blockquote><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;">"Qu'est-ce qu'un jugement vrai ? Nous appelons vraie l'affirmation qui concorde avec la réalité. Mais en quoi peut consister cette concordance ? Nous aimons à y voir quelque chose comme la ressemblance du portrait au modèle : l'affirmation vraie serait celle qui copierait la réalité. Réfléchissons-y cependant : nous verrons que c'est seulement dans des cas rares, exceptionnels, que cette définition du vrai trouve son application. Ce qui est réel, c'est tel ou tel fait déterminé s'accomplissant en tel ou tel point de l'espace et du temps, c'est du singulier, c'est du changeant. Au contraire, la plupart de nos affirmations sont générales et impliquent une certaine stabilité de leur objet. Prenons une vérité aussi voisine que possible de l'expérience, celle-ci par exemple : "la chaleur dilate les corps". De quoi pourrait-elle bien être la copie ? Il est possible, en un certain sens, de copier la dilatation d'un corps déterminé à des moments déterminés, en la photographiant dans ses diverses phases. Même, par métaphore, je puis encore dire que l'affirmation "cette barre de fer se dilate" est la copie de ce qui se passe quand j'assiste à la dilatation de la barre de fer. Mais une vérité qui s'applique à tous les corps, sans concerner spécialement aucun de ceux que j'ai vus, ne copie rien, ne reproduit rien."</span></p><p><span style="font-size: small;"><strong>Série ES (économique et social)</strong></span></p></blockquote><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;">- Que devons-nous à l'État ?</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;">- Interprète-t-on à défaut de connaître ?</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;">- Expliquer un texte de Saint Anselme extrait <em>De la Concorde</em> :</span></p><blockquote><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;">"Prenons maintenant un exemple où apparaissent une volonté droite, c'est-à-dire juste, la liberté du choix et le choix lui-même ; et aussi la façon dont la volonté droite, tentée d'abandonner la rectitude, la conserve par un libre choix. Quelqu'un veut du fond du coeur servir la vérité parce qu'il comprend qu'il est droit d'aimer la vérité. Cette personne a, certes, la volonté droite et la rectitude de la volonté ; mais la volonté est une chose, la rectitude qui la rend droite en est une autre. Arrive une autre personne la menaçant de mort si elle ne ment. Voyons maintenant le choix qui se présente de sacrifier la vie pour la rectitude de la volonté ou la rectitude pour la vie. Ce choix, qu'on peut aussi appeler jugement, est libre, puisque la raison qui perçoit la rectitude enseigne que cette rectitude doit être observée par amour de la rectitude elle-même, que tout ce qui est allégué pour son abandon doit être méprisé et que c'est à la volonté de repousser et de choisir selon les données de l'intelligence rationnelle ; c'est dans ce but principalement, en effet, qu'ont été données à la créature raisonnable la volonté et la raison. C'est pourquoi ce choix de la volonté pour abandonner cette rectitude n'est soumis à aucune nécessité bien qu'il soit combattu par la difficulté née de la pensée de la mort. Quoiqu'il soit nécessaire, en effet, d'abandonner soit la vie, soit la rectitude, aucune nécessité ne détermine cependant ce qui est conservé ou abandonné. La seule volonté détermine ici ce qui est gardé et la force de la nécessité ne fait rien là où le seul choix de la volonté opère."</span></p></blockquote><p><span style="font-size: small;"><br /></span></p>
PPhttp://plunkett.hautetfort.com/about.htmlDe Descartes au productivismetag:plunkett.hautetfort.com,2013-05-13:50692072013-05-13T10:37:00+02:002013-05-13T10:37:00+02:00 Aux sources de nos mirages ? Un débat sur...
<p style="text-align: center;"> <img id="media-4099251" style="margin: 0.7em 0;" title="" src="http://plunkett.hautetfort.com/media/00/01/4126753812.jpg" alt="4193432-je-pense-donc-je-fuis.jpg" /></p><p style="margin-bottom: 0cm; text-align: center;" align="JUSTIFY"><span style="color: #ff0000; font-family: arial,helvetica,sans-serif; font-size: medium;"><strong>Aux sources de nos mirages ?</strong></span></p><p style="margin-bottom: 0cm;" align="JUSTIFY"> </p><p> </p><p style="margin-right: 0.95cm; margin-bottom: 0cm;" align="JUSTIFY"><span style="font-family: Verdana,sans-serif; color: #000000;"><span style="font-size: medium;">Un débat sur les premières ivresses de l'Europe moderne est ouvert ici, sous la note du 08/05 <em>Une théologie de l'écologie plénière</em>. Je me permets de rappeler ce qu'en dit mon livre <em>L'écologie de la Bible à nos jours*</em>, chapitre <span style="font-style: normal;">'</span><em>Ceux qui ont décidé que le monde était un chantier'</em>. (Les capitales sont de moi) :</span></span></p><p style="margin-right: 0.95cm; margin-bottom: 0cm;" align="JUSTIFY"><span style="font-family: Verdana,sans-serif; color: #333399;"><span style="font-size: medium;"><span style="font-size: small;"><<</span> Relisons Descartes. Au chapitre VI du <em>Discours de la méthode,</em> 1637, on entrevoit quelque chose comme le monde du XXI<span style="font-size: small;">e</span> siècle : <em>« Au lieu de cette philosophie spéculative qu'on enseigne dans les écoles, on peut en trouver une PRATIQUE, par laquelle, connaissant la force et les actions du feu, de l'eau, de l'air, des astres, des cieux et de tous les autres corps qui nous environnent, aussi distinctement que nous connaissons les divers métiers de nos artisans, nous les pourrions EMPLOYER en même façon à tous les usages auxquels ils sont propres et ainsi nous rendre comme MAÎTRES ET POSSESSEURS de la nature. Ce qui n'est pas seulement à désirer pour l'invention d'une INFINITE d'ARTIFICES, qui feraient qu'on JOUIRAIT, sans aucune peine, des fruits de la terre et de toutes les COMMODITES qui s'y trouvent... »</em></span></span></p><p style="margin-right: 0.95cm; margin-bottom: 0cm;" align="JUSTIFY"><span style="font-family: Verdana,sans-serif; color: #333399;"><span style="font-size: medium;">L'homme se rendant <em>'maître et possesseur'</em> de la nature, par une philosophie <em>'pratique'</em> développant une infinité d'<em>'artifices'</em> ? C'est le fantasme moderne. L'urbanisme que Descartes apprécie, ce sont « <em>les places régulières qu'un ingénieur trace à sa fantaisie dans la plaine »</em> : il les préfère aux anciens bourgs devenus grandes cités, avec leurs édifices inégaux et leurs rues « <em>courbées »</em>. Il étend cette vision à la démarche intellectuelle : comme on abat les vieux logis pour en bâtir d'autres, on doit <em>« ôter »</em> les données métaphysiques et tout reconstruire à partir du doute. Qu'est-ce qui est douteux chez l'homme ? Le mystère de son existence. Ses capacités techniques, en revanche, ne font aucun doute. On s'acheminera donc vers une société technicienne sourde au mystère... Galilée, génie scientifique, l'avait laissé entendre dix ans avant Descartes : si la nature ne répond pas de bon gré à nos demandes et ne nous dévoile pas ses secrets, on la mettra sur un chevalet et, lui infligeant la question, on lui arrachera les réponses qu'elle ne veut pas nous donner librement... Galilée aussi se voulait chrétien et l'était sincèrement. Tout autant que l'Anglais Francis Bacon, qui appelait pourtant en 1627 à <em>« reculer les bornes de l'Empire Humain »</em> en vue de réaliser <em>« toutes les choses possibles »</em>. La maxime de Bacon était <em>Ipsa scientia potestas est</em> : « <em>savoir, c'est pouvoir »... </em>La connaissance comme pouvoir ? 'Réaliser' tout le possible ? Avec trois siècles d'avance, c'est déjà l'esprit de la technoscience. Parmi les objectifs de la société idéale (une oligarchie scientifique), Bacon fixait d'ailleurs celui de <em>« créer de nouvelles espèces ».</em> Les sources de nos vertiges actuels sont à chercher loin en amont.</span></span></p><p style="margin-right: 0.95cm; margin-bottom: 0cm;" align="JUSTIFY"><span style="font-family: Verdana,sans-serif; color: #333399;"><span style="font-size: medium;">Bien entendu, le <em>Discours de la Méthode</em> n'a pas la paternité directe d'un capitalisme industriel qu'il précède de deux cents ans ! Mais les idées enjambent les générations. Et les phénomènes mentaux et sociaux ne naissent pas sans les hommes. Quand Marx parlera en 1848 du <em>« bouleversement continuel »</em> imposé par le capitalisme <em>(« tous les rapports sociaux se dissolvent, tout ce qui avait solidité et permanence s'en va en fumée, tout ce qui était sacré est profané »),</em> il l'attribuera à un système – mais incarné dans une catégorie d'êtres humains : <em>« La bourgeoisie ne peut exister sans révolutionner constamment les instruments de production, ce qui veut dire les rapports de production, c'est-à-dire l'ensemble des rapports sociaux. Ce bouleversement continuel de la production, ce constant ébranlement de tout le système social, cette agitation et cette insécurité perpétuelle, distinguent l'époque bourgeoise de toutes les précédentes... »</em></span></span></p><p style="margin-right: 0.95cm; margin-bottom: 0cm;" align="JUSTIFY"><span style="font-family: Verdana,sans-serif; color: #333399;"><span style="font-size: medium;">Du mécanicisme cartésien vers la pensée bourgeoise du XIX<span style="font-size: small;">e</span> siècle, le chaînon se trouve au XVIII<span style="font-size: small;">e</span>. En 1748, Julien La Mettrie pousse plus loin que Descartes : il supprime le Créateur inutile et il ôte l'âme. <em>« Croyant s'apercevoir que la faculté de pensée n'était qu'une suite de l'organisation de la machine »</em> (dira Frédéric II faisant son éloge), il écrit <em>L'homme machine</em> où il prône un matérialisme total. Ce qu'il accompagne – sur le plan éthique – d'un concept voué à un grand avenir : celui de l'égoïsme individuel et collectif promu au rang de loi naturelle...</span></span></p><p style="margin-right: 0.95cm; margin-bottom: 0cm;" align="JUSTIFY"><span style="font-family: Verdana,sans-serif; color: #333399;"><span style="font-size: medium;">Au XVIII<span style="font-size: small;">e</span> siècle, ces nouveautés ont plu aussi à d'autres idéologues : les fondateurs du libéralisme économique et du capitalisme industriel. Faire de l'égoïsme utilitaire une loi naturelle, substituer celle-ci aux lois des Etats, supprimer les <em>pourquoi</em> et les remplacer par des <em>comment,</em> c'était transformer le monde naturel – et humain – en un chantier d'exploitation. <span style="font-size: small;">>></span></span></span></p><p style="margin-right: 0.95cm; margin-bottom: 0cm;" align="JUSTIFY"><span style="font-family: Verdana,sans-serif;"><span style="font-size: medium;"><span style="font-size: small;"><br /></span></span></span></p><p> <span style="font-size: small; color: #000000;">* L'Oeuvre, 2008.</span></p><p><span style="font-size: small; color: #000000;"><br /></span></p>
Café philosophique de Montargishttp://cafephilosophique-montargis.hautetfort.com/about.htmlCOMPTE-RENDU DE LA SÉANCE ”PUIS-JE SAVOIR QUI JE SUIS ?”tag:cafephilosophique-montargis.hautetfort.com,2013-03-15:50172012013-03-15T23:38:00+01:002013-03-15T23:38:00+01:00 Thème du débat : " Puis-je savoir qui je suis ?" Date...
<p><strong style="font-size: small;">Thème du débat : "<span style="color: #ffff00;">Puis-je savoir qui je suis ?" </span></strong></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;"><strong>Date : <span style="color: #ffff00;">1er mars 2013 à la Brasserie du Centre commercial de la Chaussée.</span></strong></span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;">De 110 à 120 personnes étaient présentes ce 1er mars 2013 pour la 30ème séance du café philosophique de Montargis intitulée "Puis-je savoir qui je suis ?" A noter que cette séance est enregistrée par <a href="http://www.radio-chalette.com/" target="_blank" rel="noopener">Radio Châlette</a>, dans le cadre d'une future émission.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;">Il faut préciser, dit Claire en préambule, qu’un tel sujet est fondamental en philosophie. Le thème de la conscience ouvre d’ailleurs le programme de philosophie en classe de Terminale. La question de ce café philo est de s’interroger sur la connaissance de soi-même : peut-on réellement savoir qui on est ? Le premier des philosophes, Socrate, n’a de cesse d’affirmer que se connaître soi-même doit être un slogan de vie, même si c’est difficile. Est-ce impossible ? </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;">Il est vrai, dit une intervenante, que cette question est celle "de toute une vie". Y répondre c’est passer par l’introspection comme par le regard des autres dans la société. Cette interrogation sur la conscience de soi, ajoute Claie, c’est aussi celle que s’est posée <a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Ren%C3%A9_Descartes" target="_blank" rel="noopener">René Descartes</a> dans les <em>Méditations métaphysiques</em>. Alors qu’il sort diplômé de la Flèche et que l’auteur du<em> Discours de la Méthode</em> est promis à un brillant avenir, il en vient à réfléchir sur lui-même. Qui est-il, finalement ? Son Moi est-il essentiellement constitué de son savoir ? Ou bien est-ce l’expérience vécue dans le monde ? L’identité dépend-elle de son environnement ou n’y a-t-il pas un Moi autonome ? Descartes se met alors à douter de tout : le doute hyperbolique vient de là. La question de savoir qui on est constitue une question abyssale qui renvoie, plusieurs siècles plus tard, à l’existentialisme <a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Sartrien" target="_blank" rel="noopener">sartrien</a>. </span><span style="font-size: small;">Comme <a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Ren%C3%A9_Descartes" target="_blank" rel="noopener">Descartes</a> il convient donc de s’interroger. Y a-t-il un moi ou y en a-t-il plusieurs ? Le Moi reste-t-il le même lorsque l’on est seul ou en société, avec son conjoint, ses amis, ses collègues de travail ? Ou bien sommes-nous la somme de tout cela ? Quel est le rôle d’autrui dans notre Moi ? </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;">Un participant ajoute une autre question : est-ce que je renvoie aux autres mon propre Moi, un reflet fidèle ? Cette question de savoir qui on est se pose après une confrontation avec autrui : "Ce n’est pas moi" s’entend-on dire après telle ou telle situation. Je peux me dire que la personne que les autres voient en moi est en dissymétrie avec ce que je crois être. Qui est le véritable moi-même ? Est-ce celui que je suis persuadé être ou est-ce celui que tous les autres décrivent ?</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;">Lorsque l’on se pose la question de savoir qui l’on est, il convient de se demander l’utilité d’une telle question. L’introspection se trouve très souvent cantonnée à la recherche de jalons afin de se "projeter" dans le monde et avec les autres. Le repli sur soi par cette introspection sert des objectifs la plupart du temps concrets voire triviaux : quelle direction vais-je prendre dans ma vie pour que je sois en accord avec mon Moi? Quel choix dois-je faire pour arriver à une satisfaction personnelle ? Au contraire, se raconter des histoires – sur soi – peut être un pis-aller acceptable voire nécessaire, comme le montre admirablement le livre et le film <em>Shutter Island</em>. </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;">Un participant propose de s’intéresser à l’identité, le cœur de ce savoir qui intéresse le café philo de ce soir. L’identité est multiple et le Moi n’est pas une entité fixe que l’on définirait une bonne fois pour toute telle une carte d’identité ou un passeport. Le Moi est à géométrie variable, dépendant de ce que l’on voit de nous et de ce que les autres voient de nous. De plus, nos vécus successifs transforment le Moi, le rendant de fait multiple, faisant apparaître et disparaître anciens et nouveaux Mois. Rechercher qui on est peut ainsi apparaître vain, si ce n’est que cette quête perpétuelle contribue à étancher la soif insatiable de notre curiosité. </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;">Rebondissant sur cette intervention, une participante suggère de comparer ce Moi multidimensionnel à un oignon – ou à la planète terre: au centre, se trouve un noyau </span><span style="font-size: small;">constitué par notre vécu infantile. Le Moi de l’enfance ce sont les premiers temps de notre vie, avec toute cette cohorte d’émotions primaires, d’environnements familiaux et de souvenirs basiques. Au-dessus de ce noyau se superposent, telles des peaux d’oignon, de nouvelles couches : celle(s) de l’adolescence, celle(s) de notre vie professionnelle, etc. Cette participante considère qu’il y a des permanences (l’environnement parental, les émotions primaires, les premières blessures de l’enfance ou notre éducation) mais aussi des faits contingents (des amours, des rencontres marquantes ou des choix professionnels). Ce sont ces faits contingents qui nous rendent responsables de notre identité, en dépit de ce "noyau dur" construit durant notre enfance. Un "noyau dur" parfois lourd à porter : </span><a style="font-size: small;" href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Guy_Georges" target="_blank" rel="noopener">Guy Georges</a><span style="font-size: small;">, le tueur en série condamné durant les années 90, se faisait lui-même procureur de la société ou de l’éducation pour justifier la cruauté de ses actes !</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;">Il est dit que les caractères singuliers de ce Moi sont définis en grande partie par l’éducation. Celle-ci a bon dos car elle définirait notre identité dès les premières années – ce noyau dur dont il a été question précédemment, qui est également l’époque où le Je se construit. Un tel raccourci pose problème dans le sens où notre expérience montre qu’un environnement et une éducation identiques, y compris au sein d’une même sphère familiale, n’empêchent pas – loin de là – de donner vie à des identités différentes. "Nous sommes tous différents", rappelle un participant et "les quelque 80 milliards d’humains qui peuplent la terre le sont tout autant". Ces différences peuvent s’expliquer, argumente une nouvelle intervenante, par l’histoire de notre famille et celle de nos aïeux comme par les desideratas que les parents projettent pour leur enfant, avant même sa naissance. La conception sartrienne d’une existence fondatrice de l’identité est en lutte contre des facteurs innés et hérités d’un passé prénatal. <a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Edmond_Marc_Lipiansky" target="_blank" rel="noopener">Edmond Marc</a> dit que dans un premier stade, je ne suis que le résultat du façonnement de mes parents dans l’éducation. C’est dans un deuxième temps, avec l’entrée sur scène du Je, que je choisis de partir à la recherche de mon Moi et de sortir du schéma initial. Connaître son identité, savoir qui on est, c’est lutter contre une identité récalcitrante qui ne vient pas de nulle part (secrets de familles, environnements familiaux, modèles culturels, projections de nos parents, etc.). Au bout du compte, comme le dit une participante, cette démarche nous entraîne vers une acceptation de soi, un "amour de soi", nous permettant de trouver une voie pour évoluer, changer et vivre sa vie ("On n’a qu’une vie !").</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;">Un nouvel intervenant s’étonne de constater que la recherche de Soi prend souvent une tournure anxiogène : "Pourquoi s’inquiéter de qui on est ?" s’interroge-t-il. Cela peut permettre d’éviter de faire du mal autour de soi et à soi, répond une autre personne. Une telle question sur l’utilité de la connaissance du Je renvoie à la pratique psychanalytique. <a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Sigmund_Freud" target="_blank" rel="noopener">Sigmund Freud</a> a tracé un chemin afin de nous aider à révéler notre Moi profond, rappelle une participante. Se connaître permet de comprendre pourquoi on agit de telle ou telle façon. Lorsque Freud dit que le Moi n’est pas maître dans sa propre maison, il ajoute aussi qu’il en est même réduit à des renseignements rares et fragmentaires. La conscience me permet, certes, de m’interroger sur moi-même mais elle ne sait que très peu de choses sur l’identité.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;">Une intervenante considère que se connaître soi-même, cette introspection dont nous débattons, sert avant tout à se projeter dans l’avenir et à se jauger avant de faire un grand saut vers l’inconnu. Mais dans ce cas, la connaissance de soi n’est-elle pas – une nouvelle fois – vaine, dans le sens où nos choix sont en grande partie prédéfinis par des faits passés et par notre identité ? Une sorte de déterminisme conduirait nos actes et ces choix n’en seraient pas vraiment. Autrement dit, notre identité ne serait non pas en construction mais subie. Claire se demande si se connaître soi-même ce ne serait pas partir à la recherche d’un passé oublié. </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;">Oui, se connaître soi-même peu sembler une démarche d’autant plus intimidante et vaine que notre situation dans le monde a été, quelque part, subie. Nous sommes issus du néant, dit un nouvel intervenant, et nous sommes appelés à rejoindre un nouveau néant après notre mort. Entre ces deux néants, je me construis et je prends conscience de Moi dans un environnement subi. Le fameux "connais-toi toi-même", ajoute cette personne, est important et doit nous suivre toute notre vie, sans pour autant nous inhiber. Cette invite doit nous servir à nous projeter dans notre action, dans nos projets et dans nos envies. L’interrogation perpétuelle peut être dangereuse dans le sens où elle peut nous paralyser. Cette démarche de surgir et se projeter dans la vie est proprement <a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Sartrien" target="_blank" rel="noopener">sartrienne</a> : "L’existence précède l’essence", disait <a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Sartrien" target="_blank" rel="noopener">Jean-Paul Sartre</a>, ajoutant aussitôt que cette existence a un train de retard sur l’essence. L’identité nous pose réellement un problème, dans le sens où il nous est difficile, voire impossible, de définir des caractères singuliers, nécessaires et suffisants de notre identité. Le retour sur le Moi-même, nous dit encore Sartre, ne sera finalement possible qu’après notre mort et c’est à autrui qu’il reviendra de définir notre propre Moi – lorsque nous ne serons plus ! </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;">Une intervenante s’interroge sur la question de la connaissance de soi chez les autres civilisations. Il a été dit que le "Connais-toi toi-même" platonicien est une pierre fondatrice de la philosophie occidentale. En réponse à cette interrogation, une participante parle de la place du Moi dans la philosophie bouddhiste. Dans cette sphère culturelle et cultuelle, le Moi n’existe pas car l’existence est basée sur l’impermanence ; il n’y a pas de continuum du Moi ni de dualité entre soi et les autres. Une autre participante considère que les questions sur le Moi, le Je et l’identité sont des concepts très occidentaux qui ne sont pas aussi présents par exemple dans les cultures africaines. Dans ces civilisations, c’est le groupe et la communauté qui priment. L’individu ne vaut que par rapport au groupe et à la fonction qu’il occupe au sein de ce groupe, au point qu’il peut être sacrifié en tant que Moi. Ce qui n’est pas sans poser problème dans un monde globalisé : l’individualisme inhérent à nos sociétés modernes tend à l’emporter sur l’ensemble du globe terrestre, au détriment de traditions multiséculaires où la communauté prime.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;">Lorsque l’on parle des pays où le Je n’existerait pas ou, du moins, serait étouffé par un groupe, il faut, dit un nouvel intervenant, considérer que derrière cette toute-puissance du groupe se terre un Moi qui ne cherche qu’à s’affirmer. Dans ces communautés, aux yeux de l’autre, je ne peux exister que par rapport aux fonctions que j’occupe. Cette idée n’est finalement pas si éloignée de ce que nous vivons en Occident. Lorsque </span><a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Sartrien" target="_blank" rel="noopener"><span style="font-size: small;">Sartre</span></a><span style="font-size: small;"> fait dire à Garcin dans <em>Huis Clos</em> : "L’enfer c’est les autres" il révèle que ce personnage est incapable d’agir en opposition aux autres, avec ce que l’on dit de lui. Dans cette incapacité de changer son essence, il ne peut que constater cet enfer existentiel. </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;">Au sujet de l’identité vécue dans d’autres civilisations, un participant évoque l’exemple des cultures finno-ougriennes (Finlande, Pays Baltes, Hongrie, etc.). En Finlande la construction du Moi se passe durant l’enfance, suivant un processus durant lequel la pression sociale joue pleinement son rôle. À l’origine, le Je n’existe pas dans la langue finnoise ; il n’y a pas de genre dans les prénoms. Le "il" permet de parler d’un homme ou d’une femme. Devenus plus grands, les petits enfants disent "moi" mais ne disent pas "tu" : ils disent "ça", parlant indistinctement de leurs parents, d’un camarade d’école, d’un chien ou d’une voiture. À l’origine de leur éducation, la distinction sujet/objet est abolie. Vers l’âge de sept ans, apparaissent les distinctions filles/garçons, sous la pression sociale. On le voit bien : l’identité révélée – qui n’est pas sans poser des problèmes d’identification sexuelle en Finlande – est très variable selon les groupes culturels et linguistiques. </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;">L’énonciation du Je est capital dans cette construction de l’identité, nous dit Kant. À partir du moment où le sujet parle de lui en disant, non pas "Claire veut…", mais "Je veux…", le sujet s’élève au dessus du rang d’objet. Il devient maître de lui-même. À l’opposé, dans le <em>Baudelaire</em> de </span><a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Sartrien" target="_blank" rel="noopener"><span style="font-size: small;">Sartre</span></a><span style="font-size: small;"> ce dernier nous dit qu’à partir du moment où cesse l’identification à la mère et où le Je apparaît, le sujet se retrouve seul car responsable de ce qu’il fait : il n’a plus aucun guide et devient responsable de ses actes. Lorsque je deviens sujet, je prends une dignité, je deviens un être humain, donc libre, autonome et responsable. Se connaître soi-même participe de cette identification : c’est se mettre une barrière autant que se distinguer d’autrui.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;">Il a été dit que la connaissance de soi participe de notre projection dans le monde en tant qu’être existant. Savoir qui je suis par l’introspection me servirait à construire ma vie : le cheminement intérieur guiderait notre marche dans le monde. Mais n’est-ce pas qu’une vue de l’esprit ? s’interroge Claire. Dans le film <em>Camille redouble</em>, <a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Camille_redouble" target="_blank" rel="noopener">Noémie Lovski</a> va à rebours de cette idée. C’est le désir qui guide nos actes et l’introspection approfondie, notre confrontation à l’abyme existentiel de cette interrogation, n’a lieu que pour peu de personnes et durant peu de temps. </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;">Cette quête de soi, ce retour en arrière pour refaire ce que l’on estime avoir raté, participe aussi de la thérapie, estime un intervenant. L’inconscience se manifeste dans cette connaissance de soi : on peut avoir l’impression de ne pas se connaître consciemment ; dans ce cas, la clé se joue dans l’inconscient : la psychanalyse remonte par le biais de la parole vers l’inconscient permettant de se découvrir soi-même. </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;">Cependant, l’angoisse peut être telle que la connaissance de soi est refusée, que ce soit par la syncope dans <em>Camille Redouble</em> – que l’on pourrait assimiler à une forme de folie – ou par la schizophrénie dans <em>Shutter Island</em> de <a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Martin_Scorsese" target="_blank" rel="noopener">Martin Scorcese</a> dans lequel le personnage principal choisit de vivre en héros plutôt que de mourir en monstre, au risque de devoir se raconter une histoire (le film se clot par une question posée par le personnage joué par Leonardo di Caprio : </span><span style="font-size: x-small;">"Qu’est ce qu’il y a de pire pour vous : vivre en monstre ou mourir en homme de bien ?")</span><span style="font-size: small;">. Dans cet exemple, la connaissance de soi se heurte à un mur et à un refus. Est-ce réellement condamnable ? se demande un intervenant pour qui les zones d’ombre – et donc la méconnaissance de soi – font partie de notre identité.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;">Parler de la découverte de soi nous conduit à parler de la construction scientifique de l’homme. L’identité physique – clonage, sélection de la couleur des yeux, des cheveux, de peau, etc. – peut être techniquement choisie. Toutefois, ce contrôle est chimérique en ce que l’identité humaine dépasse des caractères physiques que l’on manipulerait. La part de l’éducation dans la construction du Moi joue mais, plus que tout, le maître mot est tout de même ma responsabilité dans le monde et mes choix.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;">Au terme de ce débat, conclut Bruno, il apparaît que lorsque nous nous interrogeons sur la connaissance du Moi, c’est finalement des autres dont il est surtout question : l’enfant construisant son Je avec ses parents, la place de la culture ou de la nature dans la construction de mon identité ou mes choix de me projeter ou non dans le monde.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;">La fin
Xavier JASSUhttp://lapinos.hautetfort.com/about.htmlExit Darwintag:lapinos.hautetfort.com,2013-02-17:49916502013-02-17T18:41:53+01:002013-02-17T18:41:53+01:00 "Pourquoi la conception néo-darwinienne de la nature est presque...
<p style="text-align: justify;"><strong><em>"Pourquoi la conception néo-darwinienne de la nature est presque certainement fausse."</em> Thomas Nagel</strong></p><p style="text-align: justify;"><strong>Le sous-titre de ce bouquin récemment paru aux Etats-Unis donne lieu dans la presse française à des commentaires consternants de... bêtise. Ainsi le webzine <a title="Actualitté sur Thomas Nagel" href="http://www.actualitte.com/societe/un-philosophe-americain-recupere-par-les-creationnistes-40346.htm" target="_blank">Actualitté</a> ; l'antagonisme n'est pas entre "athées", comme T. Nagel, et "croyants". L'antagonisme est entre les tenants d'un déterminisme biologique absolu, et ceux qui estiment que celui-ci n'est que relatif. J'ai beau partager le point de vue anti-évolutionniste de Nagel, je suis le dernier à nier que le coït (nature) obéit à une impulsion biologique, ainsi que les sentiments superficiels (culture), dont l'espèce humaine recouvre la mécanique sexuelle, afin d'en atténuer la cruauté. Non seulement le christianisme ne nie pas le déterminisme social, mais il affirme qu'il ne peut y avoir de progrès sur ce terrain. Un reste de christianisme fait sans doute dire à Nitche (qui n'est pas athée mais païen), que le mouvement culturel accompagne la décadence ou la régression. La culture libérale ou démocratique lui donne raison, tant le constat de l'infantilisme des sociétés libérales est facile à faire (quoi que Nitche soit sans solution pour enrayer le phénomène culturel qui fait de lui un déclassé, ou un spécimen en voie de disparition).</strong></p><p style="text-align: justify;"><strong>Pour autant la société n'est pas tout. Elle ne l'est que dans les esprits totalitaires ou, selon Rabelais, grégaires, pour qui il n'est pas de salut en dehors de la famille, de l'Etat, de la nation, de la race, du couple, ou du langage, qui est en quelque sorte le "racialisme épuré" des élites intellectuelles.</strong></p><p style="text-align: justify;"><strong>Des tas de croyants sont d'ailleurs "évolutionnistes", par conviction ou parce qu'ils se tiennent dans l'ignorance des questions scientifiques. Au plus haut niveau de l'Eglise romaine, c'est-à-dire de la curie ou de l'évêque de Rome, la mode fait loi, puisque l'incroyable préjugé y est répandu que la science et la foi sont deux choses distinctes. Peu importe que la plupart des savants modernes du XVIIe siècle soient des hommes d'Eglise, ou des philosophes préoccupés de questions théologiques. Prenons Descartes, par exemple, dont se gobergent la plupart des élites républicaines aujourd'hui. Descartes est sans doute moins préoccupé par la théologie que Galilée, Mersenne, Newton, Leibnitz, etc., mais cependant parfaitement conscient des implications de la religion sur la science, et de la science sur la religion. "Je ne veux pas examiner la question du temps dans le phénomène mécanique de gravitation, écrit <em>Descartes</em>, parce qu'elle est trop liée à celle de dieu." Descartes ouvre droit à la partition technocratique de la science, d'une manière beaucoup plus hasardeuse que F. Bacon, mais pas sur le mode totalitaire de la censure des questions métaphysiques.</strong></p><p style="text-align: justify;"><strong>Les bouddhistes sont aussi généralement "évolutionnistes". Mais le bouddhisme est, pratiquement, comme la philosophie morale allemande, une religion de la résignation au déterminisme biologique. Autrement dit, à l'opposé du christianisme, le bouddhisme est une religion anthropologique, de l'homme, par l'homme, pour l'homme.</strong></p><p style="text-align: justify;"><strong>La "culture de vie" bouddhiste ou évolutionniste ne nie pas positivement la liberté, l'amour ou la vérité, ce à quoi le raisonnement biologique déterministe devrait l'entraîner, mais elle les pose comme de simples hypothèses, d'ordre juridique ou génétique. Techniquement, ou bien la liberté est repoussée dans un au-delà fictif, ou bien elle n'a d'existence que relative, entre les hommes, en fonction de leur situation les uns par rapport aux autres. Les personnes les mieux adaptées à la société -"les escrocs", dit un philosophe français athée anti-évolutionniste- sont donc les plus libres. Raisonnement bestial, puisqu'il se mord la queue. Il place certains hommes dans la condition abominable de concevoir l'animal comme un être plus libre de ses mouvements qu'il ne le sont.</strong></p><p style="text-align: justify;"><strong>Que l'on soit croyant ou pas, il y a de très bonnes raisons de soupçonner le raisonnement évolutionniste d'être adapté au totalitarisme. A cause de son usage par les élites capitalistes et nazies, il n'est pas rare que des athées soient hostiles au "darwinisme social", c'est-à-dire à des solutions morales inspirées de l'évolutionnisme. Il est vrai que leur hostilité va rarement jusqu'à soupçonner la mécanique transformiste d'être défaillante à expliquer comment l'individu peut parfois aller à contre-courant de la culture de vie, des statistiques ou de la vie domestique - ou l'art de l'érotisme. Si l'homme descend du singe ou de l'amibe, il ne devrait pas pouvoir produire autre chose que des objets d'art érotiques. Il ne devrait pas pouvoir prononcer, comme Léopardi, que "le suicide prouve dieu", c'est-à-dire la capacité de se soustraire volontairement au déterminisme naturel, ou au fol espoir que la vie sociale a un autre sens que d'échapper le plus longtemps possible à la mort, en se couvrant les yeux des écailles de la culture ou de la religion. En dehors de servir à se rassurer, on ne voit pas bien l'usage de la culture ou de l'éthique pour un athée ?</strong></p><p style="text-align: justify;"><strong>Quelle est la place de l'oeuvre de Shakespeare, celle de Karl Marx, entièrement soutenues par l'énergie du désespoir, c'est-à-dire le contraire de la fureur de vivre des imbéciles et des lâches, qui ne se connaissent pas et ne veulent pas se connaître en dehors des images sociales flatteuses ?</strong></p><p style="text-align: justify;"><strong><br /></strong></p><p style="text-align: justify;"><strong><br /></strong></p>
Xavier JASSUhttp://lapinos.hautetfort.com/about.htmlArt et Peupletag:lapinos.hautetfort.com,2013-01-24:49668692013-01-24T12:29:00+01:002013-01-24T12:29:00+01:00 Aucune élite n'a jamais eu besoin de la science ou de l'histoire. Ce que...
<p style="text-align: justify;">Aucune élite n'a jamais eu besoin de la science ou de l'histoire. Ce que l'élite requiert, c'est la religion, pour faire obstacle l'histoire, qui présente le grave défaut aux yeux de l'élite de faire perdre aux institutions leur caractère sacré. Tout ce qui relève du mysticisme ou de l'abstraction pure, ce que les autorités éthiques baptisent aujourd'hui "culture", sent nécessairement la merde pour l'historien. </p><p style="text-align: justify;">Le républicanisme peut se résumer à un élitisme: par conséquent, le républicanisme comporte un volet religieux. L'usage de la vieille ruine catholique romaine est pour détourner l'attention du fanatisme religieux républicain actif, camouflé derrière l'argument culturel. Pas plus qu'il n'y a d'historien catholique romain, il n'y a d'historien républicain.</p><p style="text-align: justify;">L'historien authentique se doit donc de révéler la double face de la science moderne. Les mathématiques et la mécanique jouent dans la civilisation occidentale en phase terminale, depuis le XVIIe siècle, un rôle décisif. Or on retrouve dans les mathématiques une dimension religieuse. Pratiquement, si l'humanisme ne s'était pas opposé à la polytechnique, on pourrait dire que l'inconscient collectif occidental n'a pas évolué depuis le moyen âge. Il s'est seulement métamorphosé. Shakespeare nous montre des monarques médiévaux sans prise sur les événements, au sommet de la pyramide mais écrasés par le destin lorsque celui-ci s'inverse ; aujourd'hui ce sont des systèmes politiques entiers qui sont dans la même situation de s'agiter ou de tenter de se réformer en vain. Quand on ne progresse pas sur le chemin de la liberté, on régresse.</p><p style="text-align: justify;">La culture élitiste comporte donc un aspect de dénigrement de la science, ou de subversion encore plus dangereuse à laquelle Rabelais fait allusion. Cette subversion consiste à faire passer l'outil scientifique pour l'objet de la science elle-même. De cette confusion, qui est la marque du totalitarisme, plus encore que des régimes tyranniques antiques, découle le propos marqué par le fanatisme religieux d'un Karl Popper, selon lequel la science doit se préoccuper de chercher, et non de trouver (on comprend qu'une formule aussi débile ait du succès dans l'université).</p><p style="text-align: justify;">On observe le même phénomène dans l'art, dont la barbarie technocratique a provoqué la scission de la science. Pour épouser la culture républicaine, il faut abhorrer la science. Pour fabriquer l'utopie démocratique totalitaire, il faut en effet purger la culture de l'histoire. L'attachement de la pensée française à l'histoire, fait d'ailleurs qu'il n'y a pratiquement aucun penseur français à gober l'utopie démocratique, c'est-à-dire à ne pas faire le constat qu'elle est une démagogie extrêmement dangereuse. Les chefs religieux actuels qui tentent d'astreindre les jeunes générations à ce culte, ont bien de la peine à citer des références sérieuses et à occulter que la mystique de la souveraineté populaire est un emprunt à l'élitisme d'Ancien régime.</p><p style="text-align: justify;">L'art dit "abstrait", c'est-à-dire musical ou mathématique est indissociable de la technique. Il ne traduit pas autre chose que la substitution de l'artiste à l'objet de l'étude scientifique. Et cette substitution traduit l'envahissement de l'art par des considérations religieuses. Un artiste qui ne voit pas que Cervantès est un artiste beaucoup plus important que Picasso ou Dali, ne connaît rien à l'art : c'est probablement un conservateur de musée, investi d'une mission religieuse. </p><p style="text-align: justify;">A l'opposé, la science véritable comporte une incitation à se méfier de l'élite et de son aspiration religieuse. Une religion truquée, reposant sur un "deus ex machina", c'est-à-dire l'homme lui-même, et, selon l'organisation pyramidale, l'élite.</p><p style="text-align: justify;">Le principal et dernier appui de la culture aujourd'hui, malgré l'imposture assez évidente de ses ministres ou acteurs, est dans le confort intellectuel procuré par l'ingéniérie et la technologie. La culture française est désormais sous tutelle de la Chine. C'est-à-dire qu'un bouleversement politique en Chine pourrait contribuer à la débâcle culturelle occidentale, c'est-à-dire à la crise religieuse à laquelle on assiste. C'est un cas typique de dépendance du maître vis-à-vis de son esclave.</p><p style="text-align: justify;">Il ne faut pas chercher ailleurs que dans l'université la responsabilité de l'abaissement de l'art au niveau de la foire aux fétiches ou du cinéma. Non pas l'imputer aux commerçants, aux collectionneurs, ou encore à des vandales imaginaires. Grosso modo, l'université a inventé un "cartésianisme français", qui ne correspond même pas à Descartes, et qui consiste à démontrer, sans jamais le prouver, que tout ce qui n'est pas fonctionnel n'existe pas, et donc à assigner à l'art ou à la science humaine, les limites de l'intelligence artificielle.</p>
lafautearousseau royalistehttp://lafautearousseau.hautetfort.com/about.html”François normal 1er” pris au mot (III/III)... : Je taxe, donc je suis !tag:lafautearousseau.hautetfort.com,2013-01-11:49473912013-01-11T00:30:00+01:002013-01-11T00:30:00+01:00 Rien à faire ! Le Conseil constitutionnel a retoqué sa taxe à 75%...
<p><span style="font-size: small;"><span style="font-size: small;"><a href="http://lafautearousseau.hautetfort.com/media/00/00/149925142.jpg" target="_blank"><img id="media-3918013" style="float: left; margin: 0.2em 1.4em 0.7em 0;" title="" src="http://lafautearousseau.hautetfort.com/media/00/00/894510388.jpg" alt="hollande,descartes" /></a>Rien à faire ! Le Conseil constitutionnel a retoqué sa taxe à 75% mais, comme un enfant buté et capricieux, qui fait une grosse colère, il dit qu'il la veut et qu'il l'aura, "sa" taxe ! </span></span></p><p><span style="font-size: small;"><span style="font-size: small;">Na !</span></span></p><p><span style="font-size: small;"><span style="font-size: small;">On ne sait plus trop si c'est comique ou tragique. </span></span></p><p><span style="font-size: small;"><span style="font-size: small;">En tout cas, c'est Descartes revu et corrigé : non plus <strong>"cogito ergo sum"</strong> mais <strong>"taxo ergo sum",</strong> <em>je taxe donc je suis...</em></span></span></p><p><span style="font-size: small;"><span style="font-size: small;">Cela doit "le rassurer quelque part", comme on dit dans le jargon...</span></span></p><p> </p>
nauherhttp://off-shore.hautetfort.com/about.htmlRandy Newman, ironiquetag:off-shore.hautetfort.com,2013-01-02:49377312013-01-02T10:15:27+01:002013-01-02T10:15:27+01:00 Randy Newman est un compositeur peu prolixe. Cinq albums depuis 1979. Seul...
<p style="text-align: justify;"><span style="font-size: large; font-family: arial, helvetica, sans-serif;">Randy Newman est un compositeur peu prolixe. Cinq albums depuis 1979. Seul Donald Fagen (c'est pour un prochain billet) a fait mieux en la matière. Il appartient, ce cher Newman, a une époque qui sent encore la musique faussement <em>easy listening</em>, quand les arrangements et le choix des musiciens signifient encore quelque chose de proprement américain <span style="font-size: small;">(1)</span>. Newman, en fait, ce n'est pas de la pop (concept très anglais) mais une construction qui va de pair avec les espaces urbains informels, les motels, les grosses voitures roulant lentement, des films où on parlerait peu (mais évidemment pas dans le genre intello de Tarkovsky ou Sokourov...) parce que le décor, les constructions sont en soi le mobile du déroulement de la pellicule.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: large; font-family: arial, helvetica, sans-serif;"><span style="font-family: arial, helvetica, sans-serif;">Ironique, dis-je, le petit père Newman, et pas rien qu'un peu. Prenez ce que vous allez écouter. Le titre est déjà tout un programme : </span><em style="font-family: arial, helvetica, sans-serif;">Short people</em><span style="font-family: arial, helvetica, sans-serif;">. S'agit-il des nains ? Admettons. Et d'enchaîner avec délectation. </span><em><span style="font-family: arial, helvetica, sans-serif;">Short people have no reason to live.</span></em> Bordel ! Que fait la ligue de combat <em>des différences et même qu'il faut plus déconner et se moquer parce que sinon on va vous envoyer les juges et les flics (que par ailleurs on déteste, parce qu'on n'aime pas la répression, c'est bien connu)</em>. Il se moque des nains ! Salaud ! Par les armes et vite. </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: large; font-family: arial, helvetica, sans-serif;"><span style="font-family: arial, helvetica, sans-serif;">Le problème de l'ironie, c'est qu'il faut un minimum d'intelligence et que l'intelligence, depuis que les bonnes sœurs gauchistes (masculin et féminin, pour le coup) ont décrété qu'elle (ils) étaient l'incarnation de la bonne parole, cette intelligence a singulièrement régressé </span><span style="font-size: small;"><span style="font-family: arial, helvetica, sans-serif;">(2). </span><span style="font-size: large;"><span style="font-family: arial, helvetica, sans-serif;">Revenons à Randy Newman qui se moque apparemment des nains. Il est méprisable : il mesure 1m83 ! Voilà qui classe son homme ! Que sa chanson puisse être entendue au second degré, cela échappa à certains. Encore étions-nous en 1977, à un époque où le bucher du </span><em><span style="font-family: arial, helvetica, sans-serif;">politiquement correct </span></em>n'avait pas été érigé. Que ces <em>short people</em> fussent des gens à courte vue, des crétins à la vision étriquée, ne frappa pas certains esprits. Soyons raisonnables en diable et cartésiens de surcroît pour se rappeler que <em>"</em></span></span></span><span style="font-size: large;"><em><span style="font-family: arial, helvetica, sans-serif; text-align: start;">le bon sens est la chose du monde la mieux partagée ; car chacun pense en être si bien pourvu,</span><span style="font-family: arial, helvetica, sans-serif; text-align: start;"> </span><span style="font-family: arial, helvetica, sans-serif; text-align: start;">que ceux même qui sont les plus difficiles à contenter en toute autre chose n’ont point coutume d’en désirer plus qu’ils en ont. </span></em><span style="font-family: arial, helvetica, sans-serif; text-align: start;"><em>En quoi il n’est pas vraisemblable que tous se trompent : mais plutôt cela témoigne que la puissance de bien juger et distinguer le vrai d’avec le faux, qui est proprement ce qu’on nomme le bon sens ou la raison, est naturellement égale en tous les hommes ; et ainsi que la diversité de nos opinions ne vient pas de ce que les uns sont plus raisonnables que les autres, mais seulement de ce que nous conduisons nos pensées par diverses voies, et ne considérons pas les mêmes choses. Car ce n'est pas assez d'avoir l'esprit bon, mais le principal est de l'appliquer bien.</em>" (<em>Discours de la méthode</em>, 1637).</span></span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: arial, helvetica, sans-serif; font-size: 14pt; text-align: start;">Il y a évidemment un certain snobisme à vouloir glisser dans le même billet Randy Newman et René Descartes, une sorte d'exercice, facile, dans le mariage de la carpe et du lapin. Aucun doute là dessus et donc, inutile de s'agacer (je connais certains lecteurs...), c'est fait pour...</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: arial, helvetica, sans-serif; font-size: 14pt; text-align: start;">En attendant, bonne écoute.</span></p><p style="text-align: justify;"> </p><p style="text-align: center;"><br /><iframe width="360" height="270" src="http://www.youtube.com/embed/IbhBNEUNyRc?feature=oembed" frameborder="0" allowfullscreen=""></iframe></p><p style="text-align: justify;"> </p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: large; font-family: arial, helvetica, sans-serif;"><br /></span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: medium;">(1)Sur l'album où paraît <em>Short people</em>, <em>Little Criminals</em>, on trouve les noms de Ry Cooder, Don Henley ou Jim Keltner. Les amateurs apprécieront.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: medium;">(1)Car il n'échappera à personne que le moralisme gauchiste prend des allures de catéchèse, la rhétorique et l'allégorie en moins. De toute manière, les niaiseries ne peuvent guère prétendre aux quatre niveaux de lecture dégagés par Aristote : le littéral, l'allégorique, le tropologique et l'anagogique. Il y a tromperie sur la marchandise mais il ne faut rien en dire. Ils s'en tiennent au littéral, le seul qu'ils veulent exploiter tant ils méprisent les gens qu'ils disent représenter. Ils appellent populisme ce qui n'est pas eux.</span></p>
Café philosophique de Montargishttp://cafephilosophique-montargis.hautetfort.com/about.htmlCOMPTE-RENDU DE LA SÉANCE ”MÉMOIRE, MÉMOIRES...”tag:cafephilosophique-montargis.hautetfort.com,2012-12-16:49303472012-12-16T22:38:00+01:002012-12-16T22:38:00+01:00 Thème du débat : " Mémoire, mémoires... Cette mémoire qui nous...
<p style="text-align: justify;"><strong style="font-size: small;">Thème du débat : "<span style="color: #ffff00;">Mémoire, mémoires... Cette mémoire qui nous construit, cette mémoire qui nous détruit" </span></strong></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;"><strong>Date : <span style="color: #ffff00;">30 novembre 2012 à la Brasserie du centre commercial de la Chaussée.</span></strong></span></p><p style="text-align: justify;"><a href="http://cafephilosophique-montargis.hautetfort.com/media/01/02/3350619941.jpg" target="_blank"><img id="media-3885162" style="float: left; margin: 0.2em 1.4em 0.7em 0;" title="" src="http://cafephilosophique-montargis.hautetfort.com/media/01/02/2598474647.jpg" alt="brainphysiology.jpg" /></a><span style="font-size: small;">Pour ce café philosophique spécial intitulé "Mémoire, mémoires… Cette mémoire qui nous construit, cette mémoire qui nous détruit" entre 80 et 90 personnes étaient présentes. Pour l’occasion, Claire et Bruno étaient accompagnés de Jean-Dominique Paoli. </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;">Bruno le présente : Jean-Dominique Paoli, ancien professeur agrégé en économie et gestion, consacre depuis plusieurs années son temps libre dans l’étude de la mémoire et dans son entraînement quotidien. Il précise qu’il n’est certes pas spécialiste mais qu’il souhaite partager ses connaissances et son expérience sur les formidables capacités cognitives du cerveau. Notre invité entend faire de cette séance du café philosophique de Montargis un moyen de montrer que n’importe qui peut "muscler" son cerveau (quoique le terme de "muscle" n’est pas approprié pour cette partie du corps humain) et que, surtout, les petits accidents de la vie quotidienne (la perte d’un trousseau de clés ou celle d’un nom) ne sont pas dramatiques. Il s’agit également, ajoute Bruno, d’un café philo qui entendra rendre hommage au cerveau, mal connu, de taille modeste (1 % environ de la masse corporelle) mais puissamment irrigué : 20 à 25 % de notre sang passe par le cerveau !</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;">Puisque nous sommes dans le cadre d’une animation philosophique, en ce début de séance, Claire propose au public de faire fonctionner ses méninges en citant de mémoire une liste de vingt philosophes qu’ils ont pu retenir. Cette liste est inscrite sur un tableau: </span></p><blockquote><p style="text-align: justify;"><em><span style="font-size: small;">Nietzsche (n°1), Platon (n°2), Spinoza (n°3), Bergson (n°4), Kierkegaard (n°5), Schopenhauer (n°6), Descartes (n°7), Lavarède </span></em><span style="font-size: small;">(sic)</span><em><span style="font-size: small;"> (n°8), Pascal (n°9), Kant (n°10), Teilhard de Chardin (n°11), Épicure (n°12), Sartre (n°13), Husserl (n°14), Socrate (n°15), Confucius (n°16), Alain (n°17), Marx (n°18), Montaigne (n°19), Lao Tseu (n°20).</span></em></p></blockquote><p style="text-align: justify;"><em></em><span style="font-size: small;">Jean-Dominique Paoli mémorise pendant quelques minutes cette liste tout en continuant de converser avec les participants - ce qui rend l'exercice particulièrement difficile. Puis le tableau est retourné et caché. </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;"><a href="http://cafephilosophique-montargis.hautetfort.com/media/01/00/1675611259.JPG" target="_blank"><img id="media-3885227" style="float: left; margin: 0.2em 1.4em 0.7em 0;" title="" src="http://cafephilosophique-montargis.hautetfort.com/media/01/00/3122736830.JPG" alt="IMG_2337.JPG" /></a>Jean-Dominique ne cache pas que l’utilisation de nos jours de la mémoire pose problème : alors que les maladies invalidantes – type Alzheimer – ont tendance à nous inquiéter, tout se passe comme si nous nous désintéressions de nos capacités mnémoniques. Il y a une explication à cela : notre vie quotidienne est de plus en plus riche d’instruments qui facilitent notre vie quotidienne – téléphones portables, Internet, moteurs de recherche, répertoires électroniques, etc. – au risque de rendre notre cerveau dépendant de ces machines. Combien sommes-nous à ignorer jusqu’à notre propre numéro de téléphone ? L’objet de cette séance sera donc nous ouvrir les yeux sur l’importance de cette mémoire. </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;">Il est d’ailleurs remarquable de constater que même chez étudiants et les adolescents, les plus à même d’utiliser la mémoire – voire de bien l’utiliser étant donné les qualités optimales de leur cerveau à leur âge –, cette faculté est inhibée. Qui n’a pas connu, les veilles d’examens, l’expérience de l’angoisse à l’idée que toutes les connaissances que l’on a mémorisées vont disparaître devant une copie blanche ? Il existe pourtant des moyens de gérer sa mémoire, réagit Jean-Dominique Paoli, tout en concédant que le stress (bien compréhensible dans le cas d’un examen) est délétère pour le cerveau. Ce dernier n’est jamais aussi efficace que lorsqu’il travaille dans le plaisir et le "politiquement incorrect". À ce sujet, il est frappant, remarque notre intervenant non sans humour, que parmi les premiers mots appris par les jeunes enfants figurent en bonne place le "vocabulaire du "pipi-caca" !</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;">Rebondissant sur l’intervention d’une participante, il est entendu, dit Claire, que le sujet de ce soir entend parler de la mémoire personnelle, même si les concepts de mémoire historique ou de mémoire familiale ne sont pas déconnectés du sujet qui nous occupe, sujet qui mériterait à lui seul bien d’autres débats...</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;"><a href="http://cafephilosophique-montargis.hautetfort.com/media/02/00/310927417.JPG" target="_blank"><img id="media-3885229" style="float: left; margin: 0.2em 1.4em 0.7em 0;" title="" src="http://cafephilosophique-montargis.hautetfort.com/media/02/00/1925292494.JPG" alt="IMG_2332.JPG" /></a>Jean-Dominique Paoli définit la mémoire en la montrant comme multiple et plurielle. Une différence est faite entre mémoire rétrograde et de mémoire antérograde (la mémoire antérograde est la mémoire qui acquiert les informations nouvelles alors que la mémoire rétrograde celle qui a conservé les informations passées).<br /></span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;">Maintenir ces souvenirs acquis n’est cependant pas garantir leur perpétuation intacte et exacte. Nous nous construisons grâce à notre passé autant que nous reconstruisons ce passé ! Nos souvenirs sont perpétuellement revus, réexaminés, voire "reliftés". Bruno prend pour exemple une anecdote tragique narrée par <a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Cyrulnik" target="_blank">Boris Cyrulnik</a> dans son autobiographie récente <em>Sauve-toi, la vie t’appelle</em> (éd. Odile Jacob, 2012). Ce spécialiste de la résilience garde le souvenir de son arrestation avec ses parents le 18 juillet 1942. Alors qu’il n’a que cinq ans, il est enfermé dans la synagogue de Bordeaux. Une infirmière le dissimule sous un matelas où gît déjà une femme mourante, ce qui le sauvera de la mort. Or, la mémoire de l’enfant conserve le souvenir d’un soldat allemand entrant dans la synagogue. Pendant des années, Boris Cyrulnik a été persuadé que ce militaire avait vu le petit garçon mais qu’il n’avait rien dit pour ne pas le dénoncer – par humanité. Ce n’est que plus tard qu’il apprendra la vérité crue : le "soldat bienveillant" n’a en réalité pas vu l’enfant mais, tombant sur la femme mourante, il lui a lancé : "Qu’elle crève ici ou ailleurs, ce qui compte c’est qu’elle crève". Tout se passe comme si la mémoire du jeune enfant avait reconstruit un souvenir afin de rendre son passé plus supportable. Sa santé psychique était sans doute à ce prix. </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;">Même s’il est peu abordé au cours de cette séance, l’oubli fait partie de nos capacités cognitives : "<em>Il est possible de vivre presque sans souvenir et de vivre heureux, comme le démontre l'animal, mais il est impossible de vivre sans oublier</em>" affirme <a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Nietzsche" target="_blank">Nietzsche</a>. Plus tard, <a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Sigmund_Freud" target="_blank">Sigmund Freud</a> a démontré que l’oubli est indispensable pour rendre notre vie psychique saine et stable. Parmi ces oublis, étudiés par le plus célèbre des psychanalystes, figurent en bonne place les actes manqués et les lapsus.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;">Parler de mémoire, dit Jean-Dominique Paoli, c’est avoir en tête que sa compréhension est relativement récente. Pendant très longtemps, son étude s’est cantonnée aux réflexions de philosophes (<a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Cic%C3%A9ron" target="_blank">Cicéron</a>, <a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Saint_Augustin_(homonymie)" target="_blank">s. Augustin</a> ou <a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Nicolas_Malebranche" target="_blank">Malebranche</a> pour ne citer qu’eux). Est-ce à dire que cette faculté a été déconsidérée ? Non : pendant des centaines d’années, l’<em>ars memoriae</em> faisait partie des matières enseignées sous l’Antiquité (chez <a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Platon" target="_blank">Platon</a> ou <a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Cic%C3%A9ron" target="_blank">Cicéron</a> par exemple, <a href="http://cafephilosophique-montargis.hautetfort.com/archive/2012/10/24/platon-l-ecriture-au-risque-de-la-memoire.html" target="_blank">cf. cet extrait de texte de Platon</a>) comme sous l’époque médiévale (pour aller plus loin, </span><a style="font-size: small;" href="http://documents.irevues.inist.fr/bitstream/handle/2042/1241/87_XXXIII_1_03.pdf?sequence=1" target="_blank">lire ce document en ligne</a><span style="font-size: small;">).</span></p><p><img id="media-3885239" style="float: left; margin: 0.2em 1.4em 0.7em 0;" title="" src="http://cafephilosophique-montargis.hautetfort.com/media/00/01/85037279.JPG" alt="IMG_2339.JPG" /></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;">Depuis trente ans environ, l’arrivée et le développement de l’imagerie médicale (nombre de personnes se souviennent de l’événement que constituait il y a quelques années l’investissement dans tel ou tel hôpital d’un appareil IRM) a bouleversé notre connaissance du cerveau. Aujourd’hui, il est possible de suivre en temps réel l’activité du cerveau, ce qui laisse augurer pour les années à venir des progrès fulgurants dans la connaissance de cet organe hors du commun.<strong style="text-align: center;"></strong></span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;"><strong style="text-align: center;"></strong>Qu’est-ce que la mémoire ? <a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Blaise_Pascal" target="_blank">Blaise Pascal</a> résume en disant qu’"</span><em style="font-size: small;">elle est nécessaire à toutes les opérations de l’esprit</em><span style="font-size: small;">". Et pas seulement de l’esprit : elle régit notre motricité ("</span><em style="font-size: small;">Les jambes, les bras sont pleins de souvenirs engourdis</em><span style="font-size: small;">" dit </span><a style="font-size: small;" href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Marcel_Proust" target="_blank">Marcel Proust</a><span style="font-size: small;">) autant que nos capacités cognitives, y compris celles les plus enfouies. D’emblée, pour un tel sujet, on se situe dans un vocabulaire en miroir : </span></p><p style="text-align: center;"><strong><span style="font-size: small;">Mémoire / cerveau</span></strong></p><p style="text-align: center;"><strong><span style="font-size: small;">|</span></strong></p><p style="text-align: center;"><strong><span style="font-size: small;">Psychisme / physiologique</span></strong></p><p style="text-align: center;"><strong><span style="font-size: small;">|</span></strong></p><p style="text-align: center;"><strong><span style="font-size: small;">Conscient / inconscient</span></strong></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;">La mémoire à court terme est chargée de trier des informations provenant des cinq sens : visuelles, auditives, olfactives, gustatives et tactiles. Ce tri est constant et quasi instantané. Sans cesse renouvelé, il est nécessaire au bon fonctionnement de notre psychisme. J’ai un numéro de téléphone à composer. Mon cerveau enregistre ce numéro momentanément. À peine tapé au clavier, j’ai déjà oublié ce numéro, du moins si sa mémorisation ne m’est pas utile. C’est l’hippocampe qui gère ce tri et qui procède soit à l’élimination, soit à la conservation de cette information. Dans ce cas, celle-ci est en quelque sorte étiquetée et rangée à l’intérieur de mon cerveau pour une éventuelle réutilisation.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;">Qui décide du tri ? En principe, dit encore Jean-Dominique Paoli, l’inconscient décide de ce qui doit être éliminé ; le conscient décide de son côté ce que l’on doit conserver dans la mémoire à long terme.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;">Il y a cependant une nuance de taille : l’inconscient peut décider seul de conserver l’information lorsqu’elle s’accompagne d’une émotion. L’amygdale, structure par laquelle toutes les émotions passent, donne alors une injonction à l’<a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Hippocampe_(cerveau)" target="_blank">hippocampe</a>. L’inconscient joue son rôle à plein, au point que la personne ignore cette conservation d’information.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;">Ce n’est que fortuitement que ce souvenir pourra se réveiller et se révéler à la personne. Claire cite <a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Henri_Bergson" target="_blank">Henri Bergson</a>, théoricien de la mémoire involontaire : "<em>La mémoire (...) n’est pas une faculté de classer des souvenirs dans un tiroir ou de les inscrire sur un registre... En réalité le passé se conserve de lui-même, automatiquement.</em>"</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;">Mais, ajoute notre invité, qui mieux que </span><a style="font-size: small;" href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Marcel_Proust" target="_blank">Marcel Proust</a><span style="font-size: small;"> a parlé de notre mémoire dans son œuvre fleuve <em>À la Recherche du Temps perdu</em> ? La "madeleine de Proust" est l’exemple parfait pour parler de cette procédure mentale de mémoire involontaire :</span></p><blockquote><p style="text-align: justify;"><em><span style="font-size: small;">"Et tout d'un coup le souvenir m'est apparu. Ce goût c'était celui du petit morceau de madeleine que le dimanche matin à Combray (parce que ce jour-là je ne sortais pas avant l'heure de la messe), quand j'allais lui dire bonjour dans sa chambre, ma tante Léonie m'offrait après l'avoir trempé dans son infusion de thé ou de tilleul. La vue de la petite madeleine ne m'avait rien rappelé avant que je n'y eusse goûté ; peut-être parce que, en ayant souvent aperçu depuis, sans en manger, sur les tablettes des pâtissiers, leur image avait quitté ces jours de Combray pour se lier à d'autres plus récents ; peut-être parce que de ces souvenirs abandonnés si longtemps hors de la mémoire, rien ne survivait, tout s'était désagrégé ; les formes - et celle aussi du petit coquillage de pâtisserie, si grassement sensuel, sous son plissage sévère et dévot - s'étaient abolies, ou ensommeillées, avaient perdu la force d'expansion qui leur eût permis de rejoindre la conscience. Mais, quand d'un passé ancien rien ne subsiste, après la mort des êtres, après la destruction des choses, seules, plus frêles mais plus vivaces, plus immatérielles, plus persistantes, plus fidèles, l'odeur et la saveur restent encore longtemps, comme des âmes, à se rappeler, à attendre, à espérer, sur la ruine de tout le reste, à porter sans fléchir, sur leur gouttelette presque impalpable, l'édifice immense du souvenir." (Proust, </span></em><span style="font-size: small;">Du côté de chez Swann</span><em><span style="font-size: small;">, 1913)</span></em></p></blockquote><p style="text-align: justify;"><em></em><span style="font-size: small;">Ce célèbre texte lu par Bruno rend compte de manière admirable comment un souvenir peut rester à jamais enfoui dans la mémoire si rien ne vient le réveiller. </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;"><a href="http://cafephilosophique-montargis.hautetfort.com/media/01/00/2685811157.JPG" target="_blank"><img id="media-3885248" style="float: left; margin: 0.2em 1.4em 0.7em 0;" title="" src="http://cafephilosophique-montargis.hautetfort.com/media/01/00/196980347.JPG" alt="IMG_2325.JPG" /></a>Un aspect important à souligner est encore le rôle de la mémoire dans la compréhension du langage. La mémoire à court terme permet de mémoriser le début d’une phrase de manière à ce que l’on en comprenne la fin.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;">En fin de compte, que deviennent ces informations une fois stockées ? Nous avons dit qu’elles pouvaient passer dans la mémoire à long terme soit grâce à un acte conscient de la mémorisation, soit suite à une procédure inconsciente en présence d’une émotion. Elles peuvent aussi disparaître purement et simplement. Toutefois, on pourra les retrouver en reconstituant le contexte. Là encore, la notion de tri est centrale car il faut laisser la place aux millions d’informations qui assaillent la mémoire à court terme.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;">S’agissant des petits troubles de la mémoire, faut-il s’en inquiéter ? Où sont mes clés ? Mes lunettes ? Que suis-je venu faire dans cette pièce ? Si je refais le chemin géographique, trouverai-je la réponse ? Rien n’est moins sûr… Suis-je en train de perdre la mémoire ? C’est grave, docteur ? Ce sont autant de situations – les plaintes mnésiques – qui inquiètent. Il convient de se rassurer : les professionnels consultés au sujet de la mémoire considèrent que tant qu’il y a plainte mnésique il n’y a pas de réel problème puisque la personne est consciente de ses défaillances. </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;">Ces oublis, certes gênants dans la vie quotidienne, ne sont que des problèmes mineurs liés au fonctionnement de la mémoire à court terme d’une part et à un manque de concentration et à des gestes machinaux d’autre part : lorsque l’on pose ses clés, un geste machinal, la mémoire à court terme élimine l’information dans les secondes qui suivent. Cela n’a a priori pas de rapport avec une maladie neurodégénérative.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;">À ce stade du débat et après près d’une heure d’explication, Bruno propose de mettre Jean-Dominique Paoli à l’épreuve. Les participants avaient en début de séance listé 20 noms de philosophes. Ces noms, Jean-Dominique parvient devan
Fichtrehttp://fichtre.hautetfort.com/about.htmlConsidérations sur les autres philosophes - Discours de la méthode, VI, Descartestag:fichtre.hautetfort.com,2012-08-26:48087562012-08-26T07:51:00+02:002012-08-26T07:51:00+02:00 René Descartes (1596-1650) Extrait de la...
<p style="text-align: center;"><span style="text-decoration: underline;"><strong><img id="media-3688509" style="margin: 0.7em auto; display: block;" title="" src="http://fichtre.hautetfort.com/media/01/00/535256591.jpg" alt="descartes,discours,méthode" width="286" height="334" /></strong></span><span style="font-size: x-small;"><span style="font-size: x-small;"><span style="font-size: x-small;"><span style="font-size: x-small;"><span style="font-size: x-small;"><span style="font-size: x-small;">René Descartes (1596-1650)</span></span></span></span></span></span></p><p> </p><p><span style="text-decoration: underline;"><strong><br /></strong></span></p><p><span style="text-decoration: underline;"><strong>Extrait de la Sixième Partie du <em>Discours de la Méthode</em>, 1637, Descartes :</strong></span></p><p> </p><p style="text-align: justify;">[...] je ne m'étonne aucunement des extravagances qu'on attribue à tous ces anciens philosophes dont nous n'avons point les écrits, ni ne juge pour cela que leurs pensées aient été fort déraisonnable,s vu qu'ils étaient des meilleurs esprits de leurs temps, mais seulement qu'on nous les a mal rapportées. Comme on voit aussi que presque jamais il n'est arrivé qu'aucun de leurs sectateurs les ait surpassés ; et je m'assure que les plus passionnés de ceux qui suivent maintenant Aristote se croiraient heureux s'ils avaient autant de connaissance de la nature qu'il en a eu, encore même que ce fût à condition qu'ils n'en auraient jamais davantage. Ils sont comme le lierre, qui ne tend point à monter plus haut que les arbres qui le soutiennent, et même souvent qui redescend après qu'il est parvenu jusques à leur faîte ; car il me semble aussi que ceux-là redescendent, c'est-à-dire se rendent en quelque façon moins savants que s'ils s'abstenaient d'étudier, lesquels, non contents de savoir ce qui est intelligiblement expliqué dans leur auteur, veulent outre cela y trouver la solution de plusieurs difficultés dont il ne dit rien, et auxquelles il n'a peut-être jamais pensé. Toutefois leur façon de philosopher est fort commode pour ceux qui n'ont que des esprits fort médiocres, car l'obscurité des distinctions et des principes dont ils se servent est cause qu'ils peuvent parler de toutes choses aussi hardiment que s'ils les savaient, et soutenir tout ce qu'ils en disent contre les plus subtils et les plus habiles, sans qu'on ait moyen de les convaincre : en quoi ils me semblent pareils à un aveugle qui, pour se battre sans désavantage contre un qui voit, l'aurait fait venir dans le fond de quelque cave fort obscure ; et je puis dire que ceux-ci ont intérêt que je m'abstienne de publier les principes de la philosophie dont je me sers ; car, étant très simples et très évidents, comme ils sont, je ferais quasi le même ne les publiant que si j'ouvrais quelques fenêtres et faisais entrer du jour dans cette cave où ils sont descendus pour se battre. Mais même les meilleurs esprits n'ont pas occasion de souhaiter de les connaître : car, s'ils veulent savoir parler de toutes choses et acquérir la réputation d'être doctes, ils y parviendront plus aisément en se contentant de la vraisemblance, qui peut être trouvée sans grande peine en toutes sortes de matières, qu'en cherchant la vérité qui ne se découvre que peu à peu en quelques-unes,e t qui, lorsqu'il est question de parler des autres, oblige à confesser franchement qu'on les ignore. Que s'ils préfèrent la connaissance de quelque peu de vérité à la vanité de paraître n'ignorer rien, comme sans doute elle est bien préférable, et qu'ils veuillent suivre un dessein semblable au mien, ils n'ont pas besoin pour cela que je leur die rien davantage que ce que j'ai déjà dit en ce discours ; car s'ils sont capables de passer plus outre que je n'ai fait, ils le seront aussi, à plus forte raison, de trouver d'eux-mêmes tout ce que je pense avoir trouvé ; d'autant que, n'ayant jamais rien examiné que par ordre, il est certain que ce qui me reste encore à découvrir est de soi plus difficile et plus caché que ce que j'ai pu ci-devant rencontrer ; et ils auraient bien moins de plaisir à l'apprendre de moi que d'eux-mêmes [...]. </p><p style="text-align: justify;">Et si j'écris en français, qui est la langue de mon pays, plutôt qu'en latin, qui est celle de mes précepteurs, c'est à cause que j'espère que ceux qui ne se servent que de leur raison naturelle toute pure jugeront mieux de mes opinions que ceux qui ne croient qu'aux livres anciens ; et pour ceux qui joignent le bon sens avec l'étude, lesquels seuls je souhaite pour mes juges, ils ne seront point, je m'assure, si partiaux pour le latin, qu'ils refusent d'entendre mes raisons pour ce que je les explique en langue vulgaire.</p><p style="text-align: justify;">Au reste, je ne veux point parler ici en particulier des progrèes que j'ai espérance de faire à l'avenir dans les sciences, ni m'engager envers le public d'aucune promesse que je ne sois pas assuré d'accomplir ; mais je dirai seulement que j'ai résolu de n'employer le temps qui me reste à vivre à autre chose qu'à tâcher d'acquérir quelque connaissance de la nature, qui soit telle qu'on en puisse tirer des règles pour la médecine, plus assurées que celles qu'on a eues jusques à présent ; et que mon inclination m'éloigne si fort de toute sorte d'autres dessines, principalement de ceux qui ne sauraient être utiles aux uns qu'en nuisant aux autres, que si quelques occasions me contraignaient de m'y employer, je ne crois point que je fusse capable d'y réussir. De quoi je fais ici une déclaration que je sais bien ne pouvoir servir à me rendre considérable dans le monde, mais aussi n'ai-je aucunement envie de l'être ; et je me tiendrai toujours plus obligé à ceux par la faveur desquels je jouirai sans empêchement de mon loisir, que je ne serais à ceux qui m'offriraient les plus honorables emplois de la terre.</p><p style="text-align: justify;"> </p><p style="text-align: justify;"> </p>
Fichtrehttp://fichtre.hautetfort.com/about.htmlConsidérations sur l'écriture et les autres - Discours de la méthode, VI, Descartestag:fichtre.hautetfort.com,2012-08-25:48087542012-08-25T07:02:00+02:002012-08-25T07:02:00+02:00 René Descartes (1596-1650) Extrait de la...
<p style="text-align: center;"><img id="media-3688509" style="margin: 0.7em auto; display: block;" title="" src="http://fichtre.hautetfort.com/media/01/00/535256591.jpg" alt="descartes,discours,méthode" width="286" height="334" /><span style="font-size: x-small;"><span style="font-size: x-small;"><span style="font-size: x-small;"><span style="font-size: x-small;"><span style="font-size: x-small;"><span style="font-size: x-small;">René Descartes (1596-1650)</span></span></span></span></span></span></p><p> </p><p> </p><p><span style="text-decoration: underline;"><strong>Extrait de la Sixième Partie du <em>Discours de la Méthode</em>, 1637, Descartes :</strong></span></p><p> </p><p style="text-align: justify;">[...]</p><p style="text-align: justify;">Mais j'ai eu depuis ce temps-là d'autres raisons qui m'ont fait changer d'opinion, et penser que je devais véritablement continuer d'écrire toutes les choses que je jugerais de quelque importance à mesure que j'en découvrirais la vérité, et y apporter le même soin que si je les voulais faire imprimer, tant afin d'avoir d'autant plus d'occasion de les bien examiner, comme sans doute on regarde toujours de plus près à ce qu'on croit devoir être vu par plusieurs qu'à ce qu'on ne fait que pour soi-même (et souvent les choses qui m'ont semblé vraies lorsque j'ai commencé à les concevoir, m'ont paru fausses lorsque je les ai voulu mettre sur le papier), qu'afin de ne perdre aucune occasion de profiter au public, si j'en suis capable, et que si mes écrits valent quelque chos, ceux qui les auront après ma mort en puissent user ainsi qu'il sera le plus à propos ; mais que je ne devais aucunement consentir qu'ils fussent publiés pendant ma vie, afin que ni les oppositions et controverses auxuqelles ils seraient peut-être sujets, ni même la réputation telle quelle qu'ils me pourraient acquérir, ne me donnassent aucune occasion de perdre le temps que j'ai dessein d'employer à m'instruire.</p><p style="text-align: justify;">Car, bien qu'il soit vrai que chaque homme est obligé de procurer autant qu'il est en lui le bien des autres, et que c'est proprement ne valoir rien que de n'être utile à personne, toutefois il est vrai aussi que nos soins se doivent étendre plus loin que le temps présent, et qu'il est bon d'omettre les choses qui apporteraient peut-être quelque profit à ceux qui vivent, lorsque c'est à dessein d'en faire d'autres qui en apportent davantage à nos neveux. Comme en effet je veux bien qu'on sache que le peu que j'ai appris jusqu'ici n'est presque rien à comparaison de ce que j'ignore et que je ne désespère pas de pouvoir apprendre : car c'est quasi le même de ceux qui découvrent peu à peu la vérité dans les sciences, que de ceux qui, commençant à devenir riches, ont moins de peine à faire de grandes acquisitions, qu'ils n'ont eu auparavant, étant plus pauvres, à en faire de beaucoup moindres. Ou bien on peut les comparer aux chefs d'armée, dont les forces ont coutume de croître à proportion de leurs victoires, et qui ont besoin de plus de conduite pour se maintenir après la perte d'une bataille qu'ils n'ont, après l'avoir gagnée, à prendre des villes et de sprovinces. Car c'est véritablement donner des batailles que de tâcher à vaincre toutes les difficultés et les erreurs qui nous empêchent de parvenir à la connaissance de la vérité, et c'est en perdre une que de recevoir quelque fausse opinion touchant une matière un peu générale et importante ; il faut après beaucoup plus d'adresse pour se remettre au même état qu'on était auparavant, qu'il ne faut à faire de grands progrès lorsqu'on a déjà des principes qui sont assurés. [...] Mais je crois être d'autant plus obligé à ménager le temps qui me reste que j'ai plus d'espérance de le pouvoir bien employer ; et j'aurais sans doute plusieurs occasions de le perdre, si je publiais les fondements de ma physique : car, encore qu'ils soient presque tous si évidents qu'il ne faut que les entendre pour les croire, et qu'il n'y en ait aucun dont je ne pense pouvoir donner des démonstrations, toutefois, à cause qu'il est impossible qu'ils soient accordant avec toutes les diverses opinions des autres hommes, je prévois que je serais souvent diverti par les oppositions qu'ils feraient naître. </p><p style="text-align: justify;">On peut dire que ces oppositions seraient utiles, tant afin de me faire connaître mes fautes qu'afin que, si j'avais quelque chose d bon, les autres en eussent par ce moyen plus d'intelligence, et, comme plusieurs peuvent plus voir qu'un homme seul, que commençant dès maintenant à s'en servir, ils m'aidassent aussi de leurs inventions. Mais encore que je me reconnaisse extrêmement sujet à faillir, et que je ne me fie quasi jamais aux premières pensées qui me viennent, toutefois l'expérience que j'ai des objections qu'on me peut faire m'empêche d'en espérer aucun profit : car j'ai déjà souvent éprouvé les jugements tant de ceux que j'ai tenus pour mes amis que de quelques autres à qui je pensais être indifférent, et même aussi de quelques-uns dont je savais que la malignité et l'envie tâcheraient assez à découvrir ce que l'affection cacherait à mes amis ; mais il est rarement arrivé qu'on m'ait objecté quelque chose que je n'eusse point du tout prévue, si ce n'est qu'elle fût fort éloignée de mon sujet ; en sorte que je n'ai quasi jamais rencontré aucun censeur de mes opinions qui ne me semblât ou moins rigoureux ou moins équitable que moi-même. Et je n'ai jamais remarqué non plus que par le moyen des disputes qui se pratiquent dans les écoles on ait découvert aucune vérité qu'on ignorât auparavant ; car pendant que chacun tâche de vaincre, on s'exerce bien plus à faire valoir la vraisemblance qu'à peser les raisons de part et d'autre ; et ceux qui ont été longtemps bons avocats ne sont pas pour cela par après meilleurs juges.</p><p style="text-align: justify;">[...]</p><p style="text-align: justify;"> </p><p> </p>
Fichtrehttp://fichtre.hautetfort.com/about.htmlConsidérations sur le savoir - Discours de la méthode, VI, Descartestag:fichtre.hautetfort.com,2012-08-24:48005112012-08-24T08:44:00+02:002012-08-24T08:44:00+02:00 René Descartes (1596-1650) Extrait...
<p style="text-align: center;"><span style="text-decoration: underline;"><strong><img id="media-3688509" style="margin: 0.7em auto; display: block;" title="" src="http://fichtre.hautetfort.com/media/01/00/535256591.jpg" alt="descartes,discours,méthode" width="286" height="334" /></strong></span><span style="font-size: x-small;"><span style="font-size: x-small;"><span style="font-size: x-small;"><span style="font-size: x-small;"><span style="font-size: x-small;"><span style="font-size: x-small;">René Descartes (1596-1650)</span></span></span></span></span></span></p><p> </p><p><span style="text-decoration: underline;"><strong><br /></strong></span></p><p><span style="text-decoration: underline;"><strong><br /></strong></span></p><p><span style="text-decoration: underline;"><strong>Extrait de la Sixième Partie du <em>Discours de la Méthode</em>, 1637, Descartes :</strong></span></p><p> </p><p style="text-align: justify;">[...] pour ce qui touche les moeurs, chacun abonde si fort en son sens, qu'il se pourrait trouver autant de réformateurs que de têtes, s'il était permis à d'autres qu'à ceux que Dieu a établis pour souverains sur ses peuples, ou bien auxquels il a donné assez de grâce et de zèle pour être prophètes, d'entreprendre d'y rien changer ; et bien que mes spéculations me plussent fort, j'ai cru que les autres en avaient aussi qui leur plaisaient peut-être davantage. [...] Au lieu de cette philosophie spéculative qu'on enseigne dans les écoles, on en peut trouver une pratique, par laquelle, connaissant la force et les actions du feu, de l'eau, de l'air, des astres, des cieux et de tous les autres corps qui nous environnent, aussi distinctement que nous connaissons les divers métiers de nos artisans, nous les pourrions employer en même façon à tous les usages auxquels ils sont propres, et ainsi nous rendre comme maîtres et possesseurs de la nature. Ce qui n'est pas seulement à désirer pour l'invention d'une infinité d'artifices qui feraient qu'on jouirait sans aucune peine des fruits de la terre et de toutes les commodités qui s'y trouvent, mais principalement aussi pour la conservation de la santé, laquelle est sans doute le premier bien et le fondement de tous les autres biens de cette vie ; car même l'esprit dépend si fort du tempérament et de la disposition des organes du corps, que, s'il est possible de trouver quelque moyen qui rende communément les hommes plus sages et plus habiles qu'ils n'ont été jusqu'ici, je crois que c'est dans la médecine qu'on doit le chercher. [...] Or, ayant dessein d'employer toute ma vie à la recherche d'une science si nécessaire, et ayant rencontré un chemin qui me semble tel qu'on doit infailliblement la trouver en le suivant, si ce n'est qu'on en soit empêché ou par la brièveté de la vie ou par le défaut des expériences, je jugeais qu'il n'y avait point de meilleur remède contre ces deux empêchements que de communiquer fidèlement au public tout le peu que j'aurais trouvé, et de convier les bons esprits à tâcher de passer plus outre, en contribuant, chacun selon son inclination et son pouvoir, aux expériences qu'il faudrait faire, et communiquant aussi au public toutes les choses qu'ils apprendraient, afin que les derniers commençant où les précédents auraient achevé, et ainsi joingant les vies et les travaux de plusieurs, nous allassions tous ensemble beaucoup plus loin que chacun en particulier ne saurait faire.</p><p style="text-align: justify;">[...]</p><p> </p>
Fichtrehttp://fichtre.hautetfort.com/about.htmlDe l'immortalité de l'âme - Discours de la méthode, V, Descartes, Turnertag:fichtre.hautetfort.com,2012-08-23:48040032012-08-23T09:21:00+02:002012-08-23T09:21:00+02:00 L'apparition d'un ange, Turner Extrait de...
<p> </p><p style="text-align: center;"><img id="media-3703405" style="margin: 0.7em 0;" title="" src="http://fichtre.hautetfort.com/media/00/01/4266021864.jpg" alt="descartes,discours,méthode,turner" /><br /><span style="font-size: x-small;"><em>L'apparition d'un ange, </em>Turner</span></p><p> </p><p> </p><p><span style="text-decoration: underline;"><strong>Extrait de la Cinquième Partie du <em>Discours de la Méthode</em>, 1637, Descartes :</strong></span></p><p> </p><p style="text-align: justify;"> [...] J'avais décrit après cela l'âme raisonnable, et fait voir qu'elle ne peut aucunement être tirée de la puissance de la matière, ainsi que les autres choses dont j'avais parlé, mais qu'elle doit expressément être créée, et comment il ne suffit pas qu'elle soit logée dans le corps humain, ainsi qu'un pilote en son navire, sinon peut-être pour mouvoir ses membres ; mais qu'il est besoin qu'elle soit jointe et unie plus étroitement avec lui, pour avoir outre cela des sentiments et des appétits semblables aux nôtre, et ainsi composer un vrai homme. Au reste, je me suis ici un peu détendu sur le sujet de l'âme à cause qu'il est des plus importants : car, après l'erreur de ceux qui nient Dieu, laquelle je pense avoir ci-dessus assez réfutée, il n'y en a point qui éloigne plutôt les esprits faibles du chemin de la vertu que d'imaginer que l'âme des bêtes soit de même nature que la nôtre, et que par conséquent nous n'avons rien à craindre ni à espérer après cette vie, non plus que les mouches et les fourmis ; au lieu que lorsqu'on sait combien elles diffèrent, on comprend beaucoup mieux les raisons qui prouvent que la nôtre est d'une nature entièrement indépendante du corps, et par conséquent qu'elle n'est point sujette à mourir avec lui ; puis, d'autant qu'on ne voit point d'autres causes qui la détruisent, on est porté naturellement à juger de là qu'elle est immortelle.</p><p> </p><p> </p><p style="text-align: center;"><img id="media-3688509" style="margin: 0.7em auto; display: block;" title="" src="http://fichtre.hautetfort.com/media/01/00/535256591.jpg" alt="descartes,discours,méthode" width="286" height="334" /><span style="font-size: x-small;"><span style="font-size: x-small;"><span style="font-size: x-small;"><span style="font-size: x-small;"><span style="font-size: x-small;"><span style="font-size: x-small;">René Descartes (1596-1650)</span></span></span></span></span></span></p><p style="text-align: center;"> </p><p style="text-align: center;"> </p><p><span style="font-size: x-small;"><em><span style="font-size: x-small;">Pour d'autres peintures : </span><span style="font-size: x-small;"><a href="http://www.eternels-eclairs.fr/tableaux-turner.php" target="_blank">http://www.eternels-eclairs.fr/tableaux-turner.php</a></span></em></span></p><p style="text-align: center;"> </p>
Fichtrehttp://fichtre.hautetfort.com/about.htmlPar le sang du cœur - Discours de la méthode, V, Descartes, Rembrandttag:fichtre.hautetfort.com,2012-08-22:48040042012-08-22T09:19:00+02:002012-08-22T09:19:00+02:00 La leçon d'anatomie, Rembrandt Extrait de la...
<p style="text-align: center;"><img id="media-3702372" style="margin: 0.7em 0;" title="" src="http://fichtre.hautetfort.com/media/02/00/1077572153.jpg" alt="descartes,discours,méthode" /><br /><span style="font-size: x-small;"><em>La leçon d'anatomie, </em>Rembrandt</span></p><p> </p><p><span style="text-decoration: underline;"><strong>Extrait de la Cinquième Partie du <em>Discours de la Méthode</em>, 1637, Descartes :</strong></span></p><p> </p><p style="text-align: justify;">[...] je veux mettre ici l'explication du mouvement du c<span style="line-height: 115%; font-family: 'Verdana','sans-serif'; color: black; font-size: 8.5pt; mso-fareast-font-family: Calibri; mso-fareast-theme-font: minor-latin; mso-bidi-font-family: 'Times New Roman'; mso-bidi-theme-font: minor-bidi; mso-ansi-language: FR; mso-fareast-language: EN-US; mso-bidi-language: AR-SA;">œ</span>ur et des artères, qui étant le premier et le plus général qu'on observe dans les animaux, on jugera facilement de lui ce qu'on doit penser de toutes les autres ; et afin qu'on ait moins de difficulté à entendre ce que j'en dirai, je voudrais que ceux qui ne sont point versés en l'anatomie prissent la peine, avant que de lire ceci, de faire couper devant eux le c<span style="line-height: 115%; font-family: 'Verdana','sans-serif'; color: black; font-size: 8.5pt; mso-fareast-font-family: Calibri; mso-fareast-theme-font: minor-latin; mso-bidi-font-family: 'Times New Roman'; mso-bidi-theme-font: minor-bidi; mso-ansi-language: FR; mso-fareast-language: EN-US; mso-bidi-language: AR-SA;">œ</span>ur de quelque grand animal qui ait des poumons, car il est en tout assez semblable à celui de l'homme, et qu'ils se fissent montrer les deux chambres ou concavités qui y sont : premièrement celle qui est dans son côté droit, à laquelle répondent deux tuyaux fort larges, à savoir : la veine cave, qui est le principal réceptacle du sang, et comme le tronc de l'arbre dont toutes les autres veines du corps sont les branches ; et la veine artérieuse, qui a été ainsi mal nommée, pour ce que c'est en effet une artère, laquelle, prenant son origine du c<span style="line-height: 115%; font-family: 'Verdana','sans-serif'; color: black; font-size: 8.5pt; mso-fareast-font-family: Calibri; mso-fareast-theme-font: minor-latin; mso-bidi-font-family: 'Times New Roman'; mso-bidi-theme-font: minor-bidi; mso-ansi-language: FR; mso-fareast-language: EN-US; mso-bidi-language: AR-SA;">œ</span>ur, se divise, après en être sortie, en plusieurs branches qui vont se répandre partout dans les poumons ; puis celle qui est dans son côté gauche, à laquelle répondent en même façon deux tuyaux qui sont autant ou plus larges que les précédents, à savoir : l'artère veineuse, qui a été aussi mal nommée, à cause qu'elle n'est autre chose qu'une veine, laquelle vient des poumons, où elle est divisée en plusieurs branches entrelacées avec celles de la veine artérieuse, et celles de ce conduit qu'on nomme le sifflet, par où entre l'air de la respiration ; et la grande artère qui, sortant du c<span style="line-height: 115%; font-family: 'Verdana','sans-serif'; color: black; font-size: 8.5pt; mso-fareast-font-family: Calibri; mso-fareast-theme-font: minor-latin; mso-bidi-font-family: 'Times New Roman'; mso-bidi-theme-font: minor-bidi; mso-ansi-language: FR; mso-fareast-language: EN-US; mso-bidi-language: AR-SA;">œ</span>ur, envoie ses branches par tout le corps. Je voudrais aussi qu'on leur montrât soigneusement les onze petites peaux qui, comme autant de petites portes, ouvrent et ferment les quatre ouvertures qui sont en ces deux concavités, à savoir : trois à l'entrée de la veine cave, où elles sont tellement disposées qu'elles ne peuvent aucunement empêcher que le sang qu'elles contiennent ne coule dans la concavité droite du c<span style="line-height: 115%; font-family: 'Verdana','sans-serif'; color: black; font-size: 8.5pt; mso-fareast-font-family: Calibri; mso-fareast-theme-font: minor-latin; mso-bidi-font-family: 'Times New Roman'; mso-bidi-theme-font: minor-bidi; mso-ansi-language: FR; mso-fareast-language: EN-US; mso-bidi-language: AR-SA;">œ</span>ur, et toutefois empêchent exactement qu'il n'en puisse sortir ; trois à l'entrée de la veine artérieuse, qui, étant disposées tout au contraire, permettent bien au sang qui est dans cette concavité de passer dans les poumons, mais non pas à celui qui est dans les poumons d'y retourner ; et ainsi deux autres à l'entrée de l'artère veineuse, qui laissent couler le sang des poumons vers la concavité gauche du c<span style="line-height: 115%; font-family: 'Verdana','sans-serif'; color: black; font-size: 8.5pt; mso-fareast-font-family: Calibri; mso-fareast-theme-font: minor-latin; mso-bidi-font-family: 'Times New Roman'; mso-bidi-theme-font: minor-bidi; mso-ansi-language: FR; mso-fareast-language: EN-US; mso-bidi-language: AR-SA;">œ</span>ur, mais s'opposent à son retour ; et trois à l'entrée de la grande artère, qui lui permettent de sortir du c<span style="line-height: 115%; font-family: 'Verdana','sans-serif'; color: black; font-size: 8.5pt; mso-fareast-font-family: Calibri; mso-fareast-theme-font: minor-latin; mso-bidi-font-family: 'Times New Roman'; mso-bidi-theme-font: minor-bidi; mso-ansi-language: FR; mso-fareast-language: EN-US; mso-bidi-language: AR-SA;">œ</span>ur, mais l'empêchent d'y retourner : et il n'est pas besoin de chercher d'autre raison du nombre de ces peaux, sinon que l'ouverture de l'artère veineuse étant en ovale, à cause du lieu où elle se rencontre, peut être commodément fermée avec deux, au lieu que les autres étant rondes le peuvent mieux être avec trois. De plus, je voudrais qu'on leur fît considérer que la grande artère et la veine artérieuse sont d'une composition beaucoup plus dure et plus ferme que ne sont l'artère veineuse et la veine cave, et que ces deux dernières s'élargissent avant que d'entrer dans le c<span style="line-height: 115%; font-family: 'Verdana','sans-serif'; color: black; font-size: 8.5pt; mso-fareast-font-family: Calibri; mso-fareast-theme-font: minor-latin; mso-bidi-font-family: 'Times New Roman'; mso-bidi-theme-font: minor-bidi; mso-ansi-language: FR; mso-fareast-language: EN-US; mso-bidi-language: AR-SA;">œ</span>ur, et y font comme deux bourses, nommées les oreilles du c<span style="line-height: 115%; font-family: 'Verdana','sans-serif'; color: black; font-size: 8.5pt; mso-fareast-font-family: Calibri; mso-fareast-theme-font: minor-latin; mso-bidi-font-family: 'Times New Roman'; mso-bidi-theme-font: minor-bidi; mso-ansi-language: FR; mso-fareast-language: EN-US; mso-bidi-language: AR-SA;">œ</span>ur, qui sont composées d'une chair semblable à la sienne ; et qu'il y a toujours plus de chaleur dans le c<span style="line-height: 115%; font-family: 'Verdana','sans-serif'; color: black; font-size: 8.5pt; mso-fareast-font-family: Calibri; mso-fareast-theme-font: minor-latin; mso-bidi-font-family: 'Times New Roman'; mso-bidi-theme-font: minor-bidi; mso-ansi-language: FR; mso-fareast-language: EN-US; mso-bidi-language: AR-SA;">œ</span>ur qu'en un autre endroit du corps ; et enfin que cette chaleur est capable de faire que s'il entre quelque goutte de sang en ses concavités, il s'enfle promptement et se dilate, ainsi que font généralement toutes les liqueurs lorsqu'on les laisse tomber goutte à goutte en quelque vaisseau qui est fort chaud.</p><p style="text-align: justify;">Car, après cela, je n'ai besoin de dire autre chose pour expliquer le mouvement du c<span style="line-height: 115%; font-family: 'Verdana','sans-serif'; color: black; font-size: 8.5pt; mso-fareast-font-family: Calibri; mso-fareast-theme-font: minor-latin; mso-bidi-font-family: 'Times New Roman'; mso-bidi-theme-font: minor-bidi; mso-ansi-language: FR; mso-fareast-language: EN-US; mso-bidi-language: AR-SA;">œ</span>ur, sinon que lorsque ses concavités ne sont pas pleines de sang, il y en coule nécessairement de la veine cave dans la droite et de l'artère veineuse dans la gauche, d'autant que ces deux vaisseaux en sont toujours pleins, et que leurs ouvertures, qui regardent vers le c<span style="line-height: 115%; font-family: 'Verdana','sans-serif'; color: black; font-size: 8.5pt; mso-fareast-font-family: Calibri; mso-fareast-theme-font: minor-latin; mso-bidi-font-family: 'Times New Roman'; mso-bidi-theme-font: minor-bidi; mso-ansi-language: FR; mso-fareast-language: EN-US; mso-bidi-language: AR-SA;">œ</span>ur, ne peuvent alors être bouchées ; mais que sitôt qu'il est entré ainsi deux gouttes de sang, une en chacune de ses concavités, ces gouttes, qui ne peuvent être que fort grosses, à cause que les ouvertures par où elles entrent sont fort larges et les vaisseaux d'où elles viennent fort pleins de sang, se raréfient et se dilatent à cause de la chaleur qu'elles y trouvent ; au moyen de quoi, faisant enfler tout le c<span style="line-height: 115%; font-family: 'Verdana','sans-serif'; color: black; font-size: 8.5pt; mso-fareast-font-family: Calibri; mso-fareast-theme-font: minor-latin; mso-bidi-font-family: 'Times New Roman'; mso-bidi-theme-font: minor-bidi; mso-ansi-language: FR; mso-fareast-language: EN-US; mso-bidi-language: AR-SA;">œ</span>ur, elles poussent et ferment les cinq petites portes qui sont aux entrées des deux vaisseaux d'où elles viennent, empêchant ainsi qu'il ne descende davantage de sang dans le c<span style="line-height: 115%; font-family: 'Verdana','sans-serif'; color: black; font-size: 8.5pt; mso-fareast-font-family: Calibri; mso-fareast-theme-font: minor-latin; mso-bidi-font-family: 'Times New Roman'; mso-bidi-theme-font: minor-bidi; mso-ansi-language: FR; mso-fareast-language: EN-US; mso-bidi-language: AR-SA;">œ</span>ur ; et, continuant à se raréfier de plus en plus, elles poussent et ouvrent les six autres petites portes qui sont aux entrées des deux autres vaisseaux par où elles sortent, faisant enfler par ce moyen toutes les branches de la veine artérieuse et de la grande artère, quasi au même instant que le c<span style="line-height: 115%; font-family: 'Verdana','sans-serif'; color: black; font-size: 8.5pt; mso-fareast-font-family: Calibri; mso-fareast-theme-font: minor-latin; mso-bidi-font-family: 'Times New Roman'; mso-bidi-theme-font: minor-bidi; mso-ansi-language: FR; mso-fareast-language: EN-US; mso-bidi-language: AR-SA;">œ</span>ur, lequel incontinent après se désenfle, comme font aussi ces artères, à cause que le sang qui y est entré s'y refroidit ; et leurs six petites portes se referment, et les cinq de la veine cave et de l'artère veineuse se rouvrent, et donnent passage à deux autres gouttes de sang qui font derechef enfler le c<span style="line-height: 115%; font-family: 'Verdana','sans-serif'; color: black; font-size: 8.5pt; mso-fareast-font-family: Calibri; mso-fareast-theme-font: minor-latin; mso-bidi-font-family: 'Times New Roman'; mso-bidi-theme-font: minor-bidi; mso-ansi-language: FR; mso-fareast-language: EN-US; mso-bidi-language: AR-SA;">œ</span>ur et les artères tout de même que les précédentes ; et pour ce que le sang qui entre ainsi dans le c<span style="line-height: 115%; font-family: 'Verdana','sans-serif'; color: black; font-size: 8.5pt; mso-fareast-font-family: Calibri; mso-fareast-theme-font: minor-latin; mso-bidi-font-family: 'Times New Roman'; mso-bidi-theme-font: minor-bidi; mso-ansi-language: FR; mso-fareast-language: EN-US; mso-bidi-language: AR-SA;">œ</span>ur passe par ces deux bourses qu'on nomme ses oreilles, de là vient que leur mouvement est contraire au sien, et qu'elles se désenflent lorsqu'il s'enfle. Au reste, afin que ceux qui ne connaissent pas la force des démonstrations mathématiques, et ne sont pas accoutumés à distinguer les vraies raisons des vraisemblables, ne se hasardent pas de nier ceci sans l'examiner, je les veux avertir que ce mouvement que je viens d'expliquer suit aussi nécessairement de la seule disposition des organes qu'on peut voir à l'oeil dans le c<span style="line-height: 115%; font-family: 'Verdana','sans-serif'; color: black; font-size: 8.5pt; mso-fareast-font-family: Calibri; mso-fareast-theme-font: minor-latin; mso-bidi-font-family: 'Times New Roman'; mso-bidi-theme-font: minor-bidi; mso-ansi-language: FR; mso-fareast-language: EN-US; mso-bidi-language: AR-SA;">œ</span>ur, et de la chaleur qu'on y peut sentir avec les doigts, et de la nature du sang qu'on peut connaître par expérience, que fait celui d'un horologe, de la force, de la situation et de la figure de ses contrepoids et de ses roues.</p><p style="text-align: justify;"> </p><p style="text-align: justify;"> </p><p style="text-align: center;"><img id="media-3688509" style="margin: 0.7em auto; display: block;" title="" src="http://fichtre.hautetfort.com/media/01/00/535256591.jpg" alt="descartes,discours,méthode" width="286" height="334" /><span style="font-size: x-small;"><span style="font-size: x-small;"><span style="font-size: x-small;"><span style="font-size: x-small;"><span style="font-size: x-small;"><span style="font-size: x-small;">René Descartes (1596-1650)</span></span></span></span></span></span></p><p style="text-align: justify;"> </p><p style="text-align: justify;"> </p><p style="text-align: justify;">Mais si on demande comment le sang des veines ne s'épuise point en coulant ainsi continuellement dans le c<span style="line-height: 115%; font-family: 'Verdana','sans-serif'; color: black; font-size: 8.5pt; mso-fareast-font-family: Calibri; mso-fareast-theme-font: minor-latin; mso-bidi-font-family: 'Times New Roman'; mso-bidi-theme-font: minor-bidi; mso-ansi-language: FR; mso-fareast-language: EN-US; mso-bidi-language: AR-SA;">œ</span>ur, et comment les artères n'en sont point trop remplies, puisque tout celui qui passe par le c<span style="line-height: 115%; font-family: 'Verdana','sans-serif'; color: black; font-size: 8.5pt; mso-fareast-font-family: Calibri; mso-fareast-theme-font: minor-latin; mso-bidi-font-family: 'Times New Roman'; mso-bidi-theme-font: minor-bidi; mso-ansi-language: FR; mso-fareast-language: EN-US; mso-bidi-language: AR-SA;">œ</span>ur s'y va rendre, je n'ai pas besoin d'y répondre autre chose que ce qui a déjà été écrit par un médecin d'Angleterre, auquel il faut donner la louange d'avoir rompu la glace en cet endroit, et d'être le premier qui a enseigné qu'il y a plusieurs petits passages aux extrémités des artères, par où le sang qu'elles reçoivent du c<span style="line-height: 115%; font-family: 'Verdana','sans-serif'; color: black; font-size: 8.5pt; mso-fareast-font-family: Calibri; mso-fareast-theme-font: minor-latin; mso-bidi-font-family: 'Times New Roman'; mso-bidi-theme-font: minor-bidi; mso-ansi-language: FR; mso-fareast-language: EN-US; mso-bidi-language: AR-SA;">œ</span>ur entre dans les petites branches des veines, d'où il va se rendre derechef vers le c<span style="line-height: 115%; font-family: 'Verdana','sans-serif'; color: black; font-size: 8.5pt; mso-fareast-font-family: Calibri; mso-fareast-theme-font: minor-latin; mso-bidi-font-family: 'Times New Roman'; mso-bidi-theme-font: minor-bidi; mso-ansi-language: FR; mso-fareast-language: EN-US; mso-bidi-language: AR-SA;">œ</span>ur ; en sorte que son cours n'est autre chose qu'une circulation perpétuelle. [...] Il prouve aussi fort bien ce qu'il dit du cours du sang, par certaines petites peaux qui sont tellement disposées en divers lieux le long des veines, qu'elles ne lui permettent point d'y passer du milieu du corps vers les extrémités, mais seulement de retourner des extrémités vers le c<span style="line-height: 115%; font-family: 'Verdana','sans-serif'; color: black; font-size: 8.5pt; mso-fareast-font-family: Calibri; mso-fareast-theme-font: minor-latin; mso-bidi-font-family: 'Times New Roman'; mso-bidi-theme-font: minor-bidi; mso-ansi-language: FR; mso-fareast-language: EN-US; mso-bidi-language: AR-SA;">œ</span>ur ; et de plus par l'expérience qui montre que tout celui qui est dans le corps en peut sortir en fort peu de temps par une seule artère lorsqu'elle est coupée, encore même qu'elle fût étroitement liée, fort proche du c<span style="line-height: 115%; font-family: 'Verdana','sans-serif'; color: black; font-size: 8.5pt; mso-fareast-font-family: Calibri; mso-fareast-theme-font: minor-latin; mso-bidi-font-family: 'Times New Roman'; mso-bidi-theme-font: minor-bidi; mso-ansi-language: FR; mso-fareast-language: EN-US; mso-bidi-language: AR-SA;">œ</span>ur, et coupée entre lui et le lien, en sorte qu'on n'eût aucun sujet d'imaginer que le sang qui en sortirait vînt d'ailleurs.</p><p style="text-align: justify;">Mais il y a plusieurs autres choses qui témoignent que la vraie cause de ce mouvement du sang est celle que j'ai dite : comme, premièrement, la différence qu'on remarque entre celui qui sort des veines et celui qui sort des artères ne peut procéder que de ce qu'étant raréfié et comme distillé en passant par le c<span style="line-height: 115%; font-family: 'Verdana','sans-serif'; color: black; font-size: 8.5pt; mso-fareast-font-family: Calibri; mso-fareast-theme-font: minor-latin; mso-bidi-font-family: 'Times New Roman'; mso-bidi-theme-font: minor-bidi; mso-ansi-language: FR; mso-fareast-language: EN-US; mso-bidi-language: AR-SA;">œ</span>ur, il est plus subtil et vif, et plus chaud incontinent, après qu'il en est sorti, c'est-à-dire étant dans les artères, qu'il n'est un peu devant que d'y entrer, c'est-à-dire étant dans les veines ; et si on y prend garde, on trouvera que cette différence ne paraît bien que vers le c<span style="line-height: 115%; font-family: 'Verdana','sans-serif'; color: black; font-size: 8.5pt; mso-fareast-font-family: Calibri; mso-fareast-theme-font: minor-latin; mso-bidi-font-family: 'Times New Roman'; mso-bidi-theme-font: minor-bidi; mso-ansi-language: FR; mso-fareast-language: EN-US; mso-bidi-language: AR-SA;">œ</span>ur et non point tant aux lieux qui en sont les plus éloignés. Puis la dureté des peaux dont la veine artérieuse et la grande artère sont composées montre assez que le sang bat contre elles avec plus de force que contre les veines ; et pourquoi la concavité gauche du c<span style="line-height: 115%; font-family: 'Verdana','sans-serif'; color: black; font-size: 8.5pt; mso-fareast-font-family: Calibri; mso-fareast-theme-font: minor-latin; mso-bidi-font-family: 'Times New Roman'; mso-bidi-theme-font: minor-bidi; mso-ansi-language: FR; mso-fareast-language: EN-US; mso-bidi-language: AR-SA;">œ</span>ur et la grande artère seraient-elles plus amples et plus larges que la concavité droite et la veine artérieuse, si ce n'était que le sang de l'artère veineuse n'ayant été que dans les poumons depuis qu'il a passé par le c<span style="line-height: 115%; font-family: 'Verdana','sans-serif'; color: black; font-size: 8.5pt; mso-fareast-font-family: Calibri; mso-fareast-theme-font: minor-latin; mso-bidi-font-family: 'Times New Roman'; mso-bidi-theme-font: minor-bidi; mso-ansi-language: FR; mso-fareast-language: EN-US; mso-bidi-language: AR-SA;">œ</span>ur, est plus subtil et se raréfie plus fort et plus aisément que celui qui vient immédiatement de la veine cave ? et qu'est-ce que les médecins peuvent deviner en tâtant le pouls, s'ils ne savent que, selon que le sang change de nature, il peut être raréfié par la chaleur du c<span style="line-height: 115%; font-family: 'Verdana','sans-serif'; color: black; font-size: 8.5pt; mso-fareast-font-family: Calibri; mso-fareast-theme-font: minor-latin; mso-bidi-font-family: 'Times New Roman'; mso-bidi-theme-font: minor-bidi; mso-ansi-language: FR; mso-fareast-language: EN-US; mso-bidi-language: AR-SA;">œ</span>ur plus ou moins fort, et plus ou moins vite qu'auparavant ? et si on examine comment cette chaleur se com
Fichtrehttp://fichtre.hautetfort.com/about.htmlDe terre et de feu - Discours de la méthode, V, Descartes, Rubenstag:fichtre.hautetfort.com,2012-08-21:48006472012-08-21T09:55:00+02:002012-08-21T09:55:00+02:00 L'union de la terre et de l'eau, Rubens Extrait...
<p style="text-align: center;"><img id="media-3703397" style="margin: 0.7em 0;" title="" src="http://fichtre.hautetfort.com/media/00/01/4133226201.jpg" alt="descartes,discours,méthode,rembrandt, Rubens" /><br /><span style="font-size: x-small;"><em><span style="font-size: x-small;">L'union de la terre et de l'eau, </span></em><span style="font-size: x-small;">Rubens</span></span></p><p> </p><p> </p><p><span style="text-decoration: underline;"><strong>Extrait de la Cinquième Partie du <em>Discours de la Méthode</em>, 1637, Descartes :</strong></span></p><p> </p><p style="text-align: justify;">[...] tout de même que les peintres, ne pouvant également bien représenter dans un tableau plat toutes les diverses faces d'un corps solide, en choisissant une des principales, qu'ils mettent seule vers le jour, et, ombrageant les autres, ne les font paraître qu'autant qu'on les peut voir en la regardant ; ainsi, craignant de ne pouvoir mettre en mon discours tout ce que j'avais en la pensée, j'entrepris seulement d'y exposer bien amplement ce que je concevais de la lumière, puis, à son occasion, d'y ajouter quelque chose du soleil et des étoiles fixes, à cause qu'elle en procède presque toute ; des cieux, à cause qu'ils la transmettent ; des planètes, des comètes et de la terre, à cause qu'elles la font réfléchir ; et en particulier de tous les corps qui sont sur la terre, à cause qu'ils sont ou colorés ou transparents ou lumineux ; et enfin de l'homme, à cause qu'il en est le spectateur. [...] </p><p style="text-align: justify;"> </p><p style="text-align: center;"><img id="media-3688509" style="margin: 0.7em auto; display: block;" title="" src="http://fichtre.hautetfort.com/media/01/00/535256591.jpg" alt="descartes,discours,méthode" width="286" height="334" /><span style="font-size: x-small;"><span style="font-size: x-small;"><span style="font-size: x-small;"><span style="font-size: x-small;"><span style="font-size: x-small;"><span style="font-size: x-small;">René Descartes (1596-1650)</span></span></span></span></span></span></p><p style="text-align: justify;"> </p><p style="text-align: justify;">De là je vins à parler particulièrement de la terre : comment, encore que j'eusse expressément supposé que Dieu n'avait mis aucune pesanteur en la matière dont elle était composée, toutes ses parties ne laissaient pas de tendre exactement vers son centre ; comment y ayant de l'eau et de l'air sur sa superficie, la disposition des cieux et des astres, principalement de la lune, y devait causer un flux et reflux qui dût semblable en toutes ces circonstances à celui qui se remarque dans nos mers, et outre cela un certain cours tant de l'eau que de l'air, du levant vers le couchant, tel qu'on le remarque aussi entre les tropiques, comment les montagnes, les mers, les fontaines et les rivières pouvaient naturellement s'y former, et les métaux y venir dans les mines, et les plantes y croître dans les campagnes, et généralement tous les corps qu'on nomme mêlés ou composés s'y engendrer : et entre autres choses, à cause qu'après les astres je ne connais rien au monde que le feu qui produise de la lumière, je m'étudiai à faire entendre bien clairement tout ce qui appartient à sa nature, comment il se fait, comment il se nourrit, comme il n'a quelquefois que de la chaleur sans lumière, et quelquefois que de la lumière sans chaleur ; comment il peut introduire diverses couleurs en divers corps, et diverses autres qualités ; comment il en fond quelques-uns et en durcit d'autres ; comment il les peut consumer presque tous ou convertir en cendres ou en fumée ; et enfin comment de ces cendres, par la seule violence de son action, il forme du verre : car cette transmutation de cendres en verre me semblant être aussi admirable qu'aucune autre qui se fasse en la nature, je pris particulièrement plaisir à la décrire.</p><p style="text-align: justify;"> </p><p style="text-align: justify;"> </p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: x-small;"><em>Pour d'autres peintures : </em><em><a href="http://www.eternels-eclairs.fr/tableaux-rubens.php">http://www.eternels-eclairs.fr/tableaux-rubens.php</a></em></span></p><p style="text-align: justify;"> </p>
Fichtrehttp://fichtre.hautetfort.com/about.htmlConsidérations sur l'existence de Dieu et de l'âme - Discours de la méthode, IV, Descartes, Raphaëltag:fichtre.hautetfort.com,2012-08-20:48040002012-08-20T08:42:00+02:002012-08-20T08:42:00+02:00 Transfiguration, Raphaël Extrait de la Quatrième...
<p style="text-align: center;"><img id="media-3702391" style="margin: 0.7em 0;" title="" src="http://fichtre.hautetfort.com/media/02/02/1071600097.jpg" alt="descartes,discours,méthode,raphael,transfiguration" /><br /><span style="font-size: x-small;"><em>Transfiguration, </em>Raphaël</span></p><p> </p><p> </p><p><span style="text-decoration: underline;"><strong>Extrait de la Quatrième Partie du <em>Discours de la Méthode</em>, 1637, Descartes :</strong></span></p><p> </p><p style="text-align: justify;">[...] En suite de quoi, faisant réflexion sur ce que je doutais, et que, par conséquent, mon être n'était pas tout parfait, car je voyais clairement que c'était une plus grande perfection de connaître que de douter, je m'avisai de chercher d'où j'avis appris à penser à quelque chose de plus parfait que je n'étais, et je connus évidemment que ce devait être de quelque nature qui fût en effet plus parfaite. Pour ce qui est des pensées que j'avais de plusieurs autres choses hors de moi, comme du ciel, de la terre, de la lumière, de la chaleur, et de mille autres, je n'étais point tant en peine de savoir d'où elles venaient, à cause que, ne remarquant rien en elles qui me semblât les rendre supérieures à moi, je pouvais croire que, si elles étaient vraies, c'étaient des dépendances de ma nature, en tant qu'elle avait quelque perfection ; si elles ne l'étaient pas, que je les tenais du néant, c'est-à-dire qu'elles étaient en moi pour ce que j'avais du défaut. Mais ce ne pouvait être le même de l'idée d'un être plus parfait que le mien ; car de la tenir du néant, c'était chose manifestement impossible. Et pour ce qu'il n'y a pas moins de répugnance que le plus parfait soit une suite et une dépendance du moins parfait qu'il y en a que de rien procède quelque chose, je ne la pouvais tenir non plus de moi-même : de façon qu'il restait qu'elle eût été mise en moi par une autres nature qui fût véritablement plus parfaite que je n'étais, et même qui eût en soi toutes les perfections dont je pouvais avoir quelque idée, c'est-à-dire pour m'expliquer en un mot, qui fût Dieu. A quoi j'ajoutai que, puisque je connaissais quelques perfections que je n'avais point, je n'étais pas le seul être qui existât [...] ; mais qu'il fallait de nécessité qu'il y en eût quelque autre plus parfait, duquel je dépendisse, et duquel j'eusse acquis tout ce que j'avais : car si j'eusse été seul et indépendant de tout autre, en sorte que j'eusse eu de moi-même tout ce peu que je participais de l'Être parfait, j'eusse pu avoir de moi, par même raison, tout le surplus que je connaissais me manquer, et ainsi être moi-même infini, éternel, immuable, tout connaissant, tout puissant, et enfin avoir toutes les perfections que je pouvais remarquer être en Dieu. Car, suivant les raisonnements que je viens de faire, pour connaître la nature de Dieu autant que la mienne en était capable, je n'avais qu'à considérer, de toutes les choses dont je trouvais en moi quelque idée, si c'était perfection ou non de les posséder, et j'étais assuré qu'aucune de celles qui marquaient quelque imperfection n'était en lui, mais que toutes les autres y étaient : comme je voyais que le doute, l'inconstance, la tristesse et choses semblables n'y pouvaient être, vu que j'eusse été moi-même bien aise d'en être exempt. Puis, outre cela, j'avais des idées de plusieurs choses sensibles et corporelles ; car, quoique je supposasse que je rêvais et que tout ce que je voyais ou imaginais était faux, je ne pouvais nier toutefois que les idées n'en fussent véritablement en ma pensée. Mais, pour ce que j'avais déjà connu en moi très clairement que la nature intelligente est distincte de la corporelle, considérant que toute composition témoigne de la dépendance, et que la dépendance est manifestement un défaut, je jugeais de là que ce ne pouvait être une perfection en Dieu d'être composé de ces deux natures, et que par conséquent il ne l'était pas ; mais que s'il y avait quelques corps dans le monde, ou bien quelques intelligences ou autres natures qui ne fussent point toutes parfaites, leur être devrait dépendre de sa puissance, en telle sorte qu'elles ne pouvaient subsister sans lui un seul moment.</p><p style="text-align: justify;">[...]</p><p style="text-align: justify;">Mais ce qui fait qu'il y en a plusieurs qui se persuadent qu'il y a de la difficulté à le connaître, et même aussi à connaître ce que c'est que leur âme, c'est qu'ils n'élèvent jamais leur esprit au-delà des choses sensibles, et qu'ils sont tellement accoutumés à ne rien considérer qu'en l'imaginant, qui est une façon de penser particulière pour les choses matérielles, que tout ce qui n'est pas imaginable leur semble n'être pas intelligible. Ce qui est assez manifeste de ce que même les philosophes tiennent pour maxime dans les écoles, qu'il n'y a rien dans l'entendement qui n'ait premièrement été dans le sens où toutefois il est certain que les idées de Dieu et de l'âme n'ont jamais été ; et il me semble que ceux qui veulent user de leur imagination pour comprendre font tout de même que si, pour ouïr les sons ou sentir les odeurs, ils se voulaient servir de leurs yeux : sinon qu'il y a encore cette différence, que le sens de la vue ne nous assure pas moins de la vérité de ces objets que font ceux de l'odorat ou de l'ouïe ; au lieu que ni notre imagination ni nos sens ne nous sauraient jamais assurer d'aucune chose si notre entendement n'y intervient.</p><p style="text-align: justify;"> </p><p style="text-align: center;"><img id="media-3688509" style="margin: 0.7em auto; display: block;" title="" src="http://fichtre.hautetfort.com/media/01/00/535256591.jpg" alt="descartes,discours,méthode" width="286" height="334" /><span style="font-size: x-small;"><span style="font-size: x-small;"><span style="font-size: x-small;"><span style="font-size: x-small;"><span style="font-size: x-small;"><span style="font-size: x-small;">René Descartes (1596-1650)</span></span></span></span></span></span></p><p style="text-align: justify;"> </p><p style="text-align: justify;">Enfin, s'il y a encore des hommes qui ne soient pas assez persuadés de l'existence de Dieu et de leur âme par les raisons que j'ai apportées, je veux bien qu'ils sachent que toutes les autres choses dont ils se pensent peut-être plus assurés, comme d'avoir un corps, et qu'il y a des astres et une terre, et choses semblables, sont moins certaines ; car, encore qu'on ait une assurance morale de ces choses, qui est telle qu'il semble qu'à moins d'être extravagant on n'en peut douter, toutefois aussi, à moins que d'être déraisonnable, lorsqu'il est question d'une certitude métaphysique, on ne peut nier que ce ne soit assez de sujet pour n'en être pas entièrement assuré que d'avoir pris garde qu'on peut en même façon s'imaginer, étant endormi, qu'on a un autre corps et qu'on voit d'autres astres et une autre terre sans qu'il en soit rien. Car d'où sait-on que les pensées qui viennent en songe sont plutôt fausses que les autres, vu que souvent elles ne sont pas moins vives et expresses ? Et que les meilleurs esprits y étudient tant qu'il leur plaira, ne je crois pas qu'ils puissent donner aucune raison qui soit suffisante pour ôter ce doute, s'ile ne présupposent l'existence de Dieu. Car, premièrement, cela même que j'ai tantôt pris pour une règle, à savoir, que les choses que nous concevons très clairement et très distinctement sont toutes vraies, n'est assuré qu'à cause que Dieu est ou existe, et qu'il est un être parfait, et que tout ce qui est en nous vient de lui : d'où il suit que nos idées ou notions étant des choses réelles et qui viennent de Dieu en tout ce en quoi elles sont claires et distinctes, ne peuvent en cela être que vraies. En sorte que si nous en avons assez souvent qui contiennent de la fausseté, ce ne peut être que celles qui ont quelque chose de confus et obscur, à cause qu'en cela elles participent du néant, c'est-à-dire qu'elles ne sont en nous ainsi confuses qu'à cause que nous ne sommes pas tout parfaits. Et il est évident qu'il n'y a pas moins de répugnance que la fausseté ou l'imperfection procède de Dieu en tant que telle, qu'il y en a que la vérité ou la perfection procède du néant. Mais si nous ne savions point que tout ce qui est en nous de réel et de vrai vient d'un être parfait et infini, pour claires et distinctes que fussent nos idées, nous n'aurions aucune raison qui nous assurât qu'elles eussent la perfection d'être vraies.</p><p style="text-align: justify;">Or, après que la connaissance de Dieu et de l'âme nous a ainsi rendus certains de cette règle, il est bien aisé à connaître que les rêveries que nous imaginons étant endormis ne doivent aucunement nous faire douter de la vérité des pensées que nous avons étant éveillés. Car s'il arrivait même en dormant qu'on eût quelque idée fort distincte, comme, par exemple, qu'un géomètre inventât quelque nouvelle démonstration, son sommeil ne l'empêcherait pas d'être vraie ; et pour l'erreur la plus ordinaire de nos songes, qui consiste en ce qu'ils nous représentent divers objets en même façon que font nos sens extérieurs, n'importe pas qu'elle nous donne occasion de nous défier de la vérité de telles idées, à cause qu'elles peuvent aussi nous tromper assez souvent sans que nous dormions : comme lorsque ceux qui ont la jaunisse voient tout de couleur jaune, ou que les astres ou autres corps fort éloignés nous paraissent beaucoup plus petites qu'ils ne sont. Car enfin, soit que nous veillions, soit que nous dormions, nous ne nous devons jamais laisser persuader qu'à l'évidence de notre raison. [...] Et, pour ce que nos raisonnements ne sont jamais si évidents ni si entiers pendant le sommeil que pendant la veille, bien que quelquefois nos imaginations soient alors autant ou plus vives et expresses, elle nous dicte aussi que nos pensées ne pouvant être toutes vraies, à cause que nous ne sommes pas tout parfaits, ce qu'elles ont de vérité doit infailliblement se rencontrer en celles que nous avons étant éveillés plutôt qu'en nos songes.</p><p style="text-align: justify;"> </p><p style="text-align: justify;"> </p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: x-small;"><em>Pour d'autres peintures : <a href="http://www.eternels-eclairs.fr/tableaux-raphael.php">http://www.eternels-eclairs.fr/tableaux-raphael.php</a></em></span></p>
Fichtrehttp://fichtre.hautetfort.com/about.htmlConsidérations sur l'existence de l'homme - Discours de la méthode, IV, Descartes, Titientag:fichtre.hautetfort.com,2012-08-18:48006462012-08-18T15:15:00+02:002012-08-18T15:15:00+02:00 Vénus au miroir, Titien Extrait de la Quatrième...
<p style="text-align: center;"><img id="media-3702389" style="margin: 0.7em 0;" title="" src="http://fichtre.hautetfort.com/media/01/02/2368665151.jpg" alt="descartes,discours,méthode, Titien, vénus" /><br /><span style="font-size: x-small;"><em>Vénus au miroir, </em>Titien</span></p><p> </p><p> </p><p><span style="text-decoration: underline;"><strong>Extrait de la Quatrième Partie du <em>Discours de la Méthode</em>, 1637, Descartes :</strong></span></p><p> </p><p style="text-align: justify;">[...] à cause que nos sens nous trompent quelquefois, je voulus supposer qu'il n'y avait aucune chose qui fût telle qu'ils nous la font imaginer ; et, [...] jugeant que j'étais sujet à faillir autant qu'aucun autre, je rejetai comme fausses toutes les raisons que j'avais prises auparavant pour démonstrations ; et enfin, considérant que toutes les mêmes pensées que nous avons étant éveillés nous peuvent aussi venir quand nous dormons sans qu'il y en ait aucune pour lors qui soit vraie, je me résolus de feindre que toutes les choses qui m'étaient jamais entrées en l'esprit n'étaient non plus vraies que les illusions de mes songes. Mais aussitôt après je pris garde que, pendant que je voulais ainsi penser que tout était faux, il fallait nécessairement que moi qui le pensais fusse quelque chose ; et remarquant que cette vérité ; <em>Je pense, donc je suis</em>, était si ferme et si assurée que toutes les plus extravagantes suppositions des sceptiques n'étaient pas capables de l'ébranler, je jugeai que je pouvais la recevoir sans scrupule pour le premier principe de la philosophie que je cherchais.</p><p style="text-align: justify;">Puis, examinant avec attention ce que j'étais, et voyant que je pouvais feindre que je n'avais aucun corps et qu'il n'y avait aucun monde ni aucun lieu où je fusse, mais que je ne pouvais pas feindre pour cela que je n'étais point, et qu'au contraire, de cela même que je pensais à douter de la vérité des autres choses, il suivait très évidemment et très certainement que j'étais ; au lieu que, si j'eusse seulement cessé de penser, encore que tout le reste de ce que j'avais imaginé eût été vrai, je n'avais aucune raison de croire que j'eusse été, je connus de là que j'étais une substance dont toute l'essence ou la nature n'est que de penser, et qui, pour être, n'a besoin d'aucun lieu ni ne dépend d'aucune chose matérielle ; en sorte que ce moi, c'est-à-dire l'âme, par laquelle je suis ce que je suis, est entièrement distincte du corps, et même qu'elle est plus aisée à connaître que lui, et qu'encore qu'il ne fût point, elle ne lairrait point d'être tout ce qu'elle est.</p><p style="text-align: justify;"> </p><p style="text-align: center;"><img id="media-3688509" style="margin: 0.7em auto; display: block;" title="" src="http://fichtre.hautetfort.com/media/01/00/535256591.jpg" alt="descartes,discours,méthode" width="286" height="334" /><span style="font-size: x-small;"><span style="font-size: x-small;"><span style="font-size: x-small;"><span style="font-size: x-small;"><span style="font-size: x-small;"><span style="font-size: x-small;">René Descartes (1596-1650)</span></span></span></span></span></span></p><p style="text-align: justify;"> </p><p style="text-align: justify;">Après cela je considérai en général ce qui est requis à une proposition pour être vraie et certaine ; car puisque je venais d'en trouver une que je savais être telle, je pensai que je devais aussi savoir en quoi consiste cette certitude. Et ayant remarqué qu'il n'y a rien du tout en ceci, <em>je pense, donc je suis</em>, qui m'assure que je dis la vérité, sinon que je vois très clairement que, pour penser, il faut être, je jugeai que je pouvais prendre pour règle générale que les choses que nous concevons fort clairement et fort distinctement sont toutes vraies, mais qu'il y a seulement quelque difficulté à bien remarquer quelles sont celles que nous concevons distinctement. </p><p style="text-align: justify;">[...]</p><p style="text-align: justify;"> </p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: x-small;"><em>Pour d'autres peintures : </em><em><a href="http://www.eternels-eclairs.fr/tableaux-titien.php">http://www.eternels-eclairs.fr/tableaux-titien.php</a></em></span></p><p style="text-align: justify;"><em></em> </p>
Xavier JASSUhttp://lapinos.hautetfort.com/about.htmlLa Preuve de Satantag:lapinos.hautetfort.com,2012-08-17:48040932012-08-17T16:49:00+02:002012-08-17T16:49:00+02:00 Plus possédé que Baudelaire croit généralement que Satan n'est, de la part...
<p style="text-align: justify;">Plus possédé que Baudelaire croit généralement que Satan n'est, de la part du "prince des poètes", qu'une figure de style. C'est situer Baudelaire au niveau du petit Rimbaud, ou du petit Proust, plagiaires talentueux sans doute, mais simples plagiaires, ressemblant au vin comme l'alcoolique lui ressemble, mais non pas comme le vigneron. Beaucoup de poètes modernes se contentent de faire l'éloge de leur mère, comme si elle était pour eux toute la nature. Baudelaire n'est pas aussi limité dans ses vues.</p><p style="text-align: justify;">Incontestablement, Satan est de tous les stylistes, le plus grand, et si Baudelaire se contentait exclusivement de tirer de ses cordes les plus rassurantes ou les plus effrayantes sonorités, il ne distinguerait pas Satan de Dieu. Il dirait "dieu", tout simplement, comme les poètes dévots.</p><p style="text-align: justify;">On retrouve, de la même façon, dans les questions que Baudelaire se pose à propos de ce qu'il fabrique en tant qu'artiste, tournure d'esprit assez stupéfiante pour notre temps, habitué à agir de façon inconsciente et sur ordonnance, on retrouve l'intelligence de Baudelaire de la double orientation de l'art. Non pas, bien sûr, la culture de vie d'une part, et la culture de mort d'autre part : un médecin ne sera pas assez bête pour les opposer, et la culture de vie thérapeutique de Proust est une sorte de tremblement face à la mort.</p><p style="text-align: center;">+</p><p style="text-align: justify;"><strong>Pour le chrétien, c'est l'impossibilité de concilier éthique et vérité qui prouve Satan.</strong> La morale conforte, mais non la vérité.</p><p style="text-align: justify;">Curieusement, parmi les musulmans que je trouve aujourd'hui cette notion la mieux conservée, quand ceux avec qui j'ai l'occasion de causer me disent : <em>"Tu ne peux pas vouloir la vérité, Lapinos, car ce serait la fin du monde !" </em>Exactement !, depuis le début les chrétiens veulent la fin du monde.</p><p style="text-align: justify;">L'effort des avocats de Satan -pratiquement toujours des hommes d'Eglise- pour faire paraître cette perspective effrayante, passe par la rhétorique de la foi et de la raison. J'ajoute à l'attention de mon pote musulman que, lorsqu'il s'éteindra, ce sera la fin du monde : s'il n'a jamais eu sur le monde qu'un point de vue personnel, le point de vue de l'imbécile ou du géomètre-expert, à travers un prisme, bien sûr le monde prendra fin pour lui, la mort ayant le pouvoir de rappeler à elle toutes les illusions morales et politiques qu'elle engendre.</p><p style="text-align: justify;">Et d'ailleurs, je me dois d'ajouter à mon pote musulman qu'il n'est pas moins mourant que vivant, au moment où nous parlons. Comme il n'est pas riche, ni propriétaire, je ne peux m'empêcher, en outre, de lui demander quel intérêt il peut avoir dans le prolongement théorique du monde ? Les musulmans n'y sont-ils pas le plus généralement opprimés ? Ou, pire encore, léchant le cul de régimes démocrates-chrétiens qui semblent avoir découvert le moyen de pousser l'abjection au-delà des limites atteintes précédemment par le nazisme ? Je crois que mon pote musulman possède un avantage, au plan de la conscience, sur le socialiste lambda : il ne croit pas que la métamorphose de l'animal en homme soit possible ; cette idée heurte sa conscience, et même l'expérience qu'il a des choses de la nature : il est par conséquent beaucoup mieux imperméabilisé contre le truc de la métempsycose ou celui du darwinisme social, dont la propagande démocratique fait un large usage pour méduser le plus grand nombre, pour introduire la culpabilité, la dette de l'homme à l'égard du monde.</p><p style="text-align: justify;">"Si Satan se montre aussi généreux avec l'homme, ajoute un autre pote, c'est parce que Satan a besoin de lui." On trouve la confirmation du rapport amoureux entre l'homme et Satan chez Baudelaire.</p><p style="text-align: center;">+</p><p style="text-align: justify;">- Beaucoup plus difficile est la preuve de dieu pour un chrétien, tandis que celle de Satan est d'une simplicité biblique, Satan étant présent pratiquement dans chaque hypothèse. Sauf la paix dans le monde, je ne vois rien de plus improbable que le dieu des chrétiens, et on ne peut en vouloir trop aux théologiens chrétiens d'avoir convaincu aussi peu de monde, empêché la ruée vers des Eglises prêchant un écologisme plus ou moins simplistes.</p><p style="text-align: justify;">Cette difficulté explique, déjà, dans le vieux testament des juifs, l'interdiction de représenter dieu. C'est une précaution scientifique, et non comme on le croit souvent une marque de respect. Ce que vous respectez, vous le craignez, mais ne pouvez l'aimer vraiment. L'effet de cette interdiction, dont je ne crois pas que l'art chrétien occidental s'est beaucoup écarté, empêche de se sacrifier à une vaine idole, de nature éthique ou politique. Même les cathédrales, architectures authentiquement païennes, au symbolisme démoniaque de a à z, que je regrette à titre personnel que l'aviation yankee, dans la foulée de son incompétence militaire, n'a pas entièrement démolies, ces cathédrales ne représentent pas dieu, mais l'espérance païenne, comme les pyramides d'Egypte (concernant Hitler, je serais étonné qu'il n'ait pas eu un faible pour ces cathédrales, étant donné le goût féminin atavique des Allemands pour tout ce qui touche de près ou de loin à l'architecture)</p><p style="text-align: justify;">Le dieu des chrétiens ne se démontre pas, contrairement à toutes les oeuvres d'art pieuses qui prouvent Satan, il s'expérimente. Or l'expérience est une chose pratiquement impossible à communiquer à autrui. Quel artiste chrétien a réussi à communiquer son expérience de dieu dans l'Occident moderne ? Je n'en vois pas deux comme Shakespeare. Bien sûr Shakespeare paraîtra étrange et énigmatique à celui qui part du principe que les cathédrales gothiques sont des édifices chrétiens, mais cela est une autre histoire, celle des imbéciles républicains, dont la sympathie ne manque jamais d'aller aux savants chrétiens les plus superstitieux : Galilée, Descartes, etc.</p><p style="text-align: justify;">Tout au plus l'expérience de dieu, si quelque chrétien parvient à vous la communiquer, peut vous donner envie de la partager. Mais ce n'est ni une preuve, ni une démonstration. De même si l'on vous dit que la science de Newton est vraie, tant que vous n'aurez pas expérimenté vous-même cette vérité, vous resterez au niveau de la religion, et non de la science. Je veux dire par là que la preuve de dieu ou la foi en dieu est une chose démodée pour les chrétiens depuis des millénaires, aussi stupide que l'idée de "culture scientifique" ou de "culture artistique", techniquement au niveau du catéchisme. N'importe qui a un peu d'esprit scientifique reconnaîtra qu'on ne peut pas, ou guère, faire de la science en groupe, mais que la démarche scientifique, contrairement aux soldats qui avancent avec méthode, est une démarche des plus individuelles. D'où l'importance de l'histoire dans le domaine scientifique, que les technocraties ou les théocraties tentent toujours d'empêcher, ou malmènent, imposent (cf. les grossières légendes à propos de Galilée).</p><p style="text-align: justify;">Voici pourquoi Jésus-Christ a retenu la Révélation, et qu'il a dit devant ses apôtres : "Heureux ceux qui croiront sans avoir vu." Parce que chaque homme doit faire lui-même l'expérience du salut, faute de quoi il restera statufié dans ses illusions.</p>