Last posts on argent.2024-03-29T16:19:55+01:00All Rights Reserved blogSpirithttps://www.hautetfort.com/https://www.hautetfort.com/explore/posts/tag/argent./atom.xmlJ.-P. Chauvinhttp://jean-philippechauvin.hautetfort.com/about.htmlUne crise pour rien ?tag:jean-philippechauvin.hautetfort.com,2020-03-25:62237702020-03-25T21:45:15+01:002020-03-25T21:45:15+01:00 Depuis quelques jours, il est de bon ton d’affirmer ou d’espérer que, après...
<p style="text-align: justify;"><span style="font-family: 'Verdana', sans-serif; font-size: 12pt;">Depuis quelques jours, il est de bon ton d’affirmer ou d’espérer que, après cette crise, rien ne sera plus comme avant, et nombre d’articles évoquent cette possibilité, cette « bonne nouvelle » que je suis le premier à souhaiter. Le discours du président lui-même n’appelait-il pas à changer les choses, à en finir avec l’illimitation de la mondialisation ? En tout cas, il est bien certain que cette période étrange fournit nombre d’arguments crédibles et solides aux partisans d’un retour au local et d’une certaine distanciation du mondial lointain : <strong>retrouvons le sens du proche et des prochains, cela paraît désormais plus prudent et, surtout, nécessaire</strong>.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: 'Verdana', sans-serif; font-size: 12pt;"> </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: 'Verdana', sans-serif; font-size: 12pt;">Mais, malheureusement, il est de plus en plus certain que les élites mondialisées et libérales n’ont guère envie de renoncer à leur idéologie et à leurs pratiques, aussi néfastes soient-elles pour le planète comme pour la justice et les équilibres sociaux : le président brésilien Bolsonaro, sans vergogne, fait un bras d’honneur à l’idée de décroissance quand il valorise « l’économique d’abord » et se refuse à quelques mesures de précaution, y discernant un hypothétique complot contre les intérêts de son pays et de son intégration dans la mondialisation. Et, en France même, malgré les discours et lamentations d’usage, c’est la même petite musique qui commence à se faire entendre, en particulier si l’on a la curiosité de plonger dans la presse économique et boursière. </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: 'Verdana', sans-serif; font-size: 12pt;"> </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: 'Verdana', sans-serif; font-size: 12pt;">Dans le dernier numéro de <strong><em>Marianne</em></strong>, l’éditorialiste Jacques Julliard n’est guère optimiste à ce sujet, et il en parle sans détour, avec une pointe d’agacement et de sombre colère : à propos des déclarations la main sur le cœur de ceux qui nous gouvernent, par la presse ou la politique, « <strong>je n’en crois rien, connaissant un peu ce petit monde, mais je veux bien faire un effort et me persuader que la France va redevenir un pays sérieux… Sans blague !</strong> ». Ainsi, même les républicains de tradition chrétienne ne croit plus vraiment en cette République qui nous commande et nous confine à défaut de nous diriger et de protéger ses citoyens… La grande désillusion de M. Julliard me rappelle une rencontre impromptue avec l’historien des idées René Rémond, quelques mois avant sa mort, qui m’avouait, au cœur même de l’Assemblée nationale dans laquelle se tenait le Salon du livre politique, que, sur la question de la décentralisation, c’était Maurras, le nationaliste, le fédéraliste, le royaliste, qui avait « tout compris » et qui « avait raison » ! </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: 'Verdana', sans-serif; font-size: 12pt;"> </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: 'Verdana', sans-serif; font-size: 12pt;">Avant même que ceux de nos politiciens qui tiennent aujourd’hui des discours vertueux ne retournent à leurs habitudes et à leurs petit confort intellectuel, la Chine, en plein redémarrage, montre déjà ce qui se passera à la fin du confinement, comme le prouve la photo parue ce matin dans le quotidien <strong><em>Les échos</em></strong> : « <strong>Pékin retrouve ses bouchons. A mesure que l’Etat chinois desserre son étau sur la population, conforté par la baisse quotidienne du nombre de nouveaux cas de coronavirus, la vie reprend doucement et, avec elle, la circulation automobile (…).</strong> » La formulation même du propos est révélateur : « la vie reprend », comme si cette reprise passait forcément par la circulation automobile et les bouchons, et toute la pollution et les accidents routiers qui vont avec… Il est bien loin le temps d’un Pékin dans lequel ne circulaient que des vélos, avant les années du décollage économique chinois sur le modèle consommatoire anglo-saxon. <strong>Déjà, les affaires reprennent, la pollution va vite rattraper le temps perdu, et tout redeviendra « comme avant », ou presque</strong> : la préfiguration de ce qui va advenir chez nous dans quelques semaines ? </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: 'Verdana', sans-serif; font-size: 12pt;"> </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: 'Verdana', sans-serif; font-size: 12pt;">Pourtant, il serait bien temps d’interroger notre mode de vie et notre rapport au monde, complètement déformé par la société de consommation, et de prendre le temps de réfléchir à une autre voie que celle imposée par l’idéologie franklinienne qui valorise l’argent au détriment des hommes et de l’environnement, qui marchandise et dénature tout ce qu’elle touche ou, plutôt salit. Sylvain Tesson, à la suite de Jack London ou de Gustave Thibon, nous invite à prendre d’autres chemins que les autoroutes grises du conformisme et de la marchandisation, et sa voix mériterait un autre écho que le silence à peine poli de nos élites mondialisées et technophiles qui n’attendent que le retour des aéronefs pour repartir sillonner « leur » monde qui, décidément, n’est plus le monde réel, celui qui vit et qui respire, qui prie et qui cultive et qui est conscient, toujours, de la beauté et de la fragilité des choses de la vie…</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: 'Verdana', sans-serif; font-size: 12pt;"> </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: 'Verdana', sans-serif; font-size: 12pt;"> </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: 'Verdana', sans-serif; font-size: 12pt;"> </span></p>
J.-P. Chauvinhttp://jean-philippechauvin.hautetfort.com/about.htmlLes classes moyennes en France. Partie 1 : la fin des illusions ?tag:jean-philippechauvin.hautetfort.com,2019-02-20:61303362019-02-20T22:05:33+01:002019-02-20T22:05:33+01:00 Dans la profusion d’articles sur la révolte des Gilets jaunes, il en est...
<p style="text-align: justify;"><span style="font-family: 'Verdana',sans-serif; font-size: 12pt;">Dans la profusion d’articles sur la révolte des Gilets jaunes, il en est quelques uns qui s’attachent à évoquer et à comprendre les causes profondes, et pas seulement conjoncturelles, de la crise en cours : tel est le cas de l’entretien (publié sur le site du <strong><em>Figaro Vox</em></strong> le 15 février) avec le sociologue Louis Chauvel sur les classes moyennes qui précise utilement la situation de ce « <strong>groupe social hétérogène, trop riche pour réellement bénéficier de la redistribution mais trop fragile pour espérer une ascension sociale</strong> », ce que l’ancien président Nicolas Sarkozy avait formulé en une phrase simple : « <strong>ceux qui, trop riches pour être pauvres, sont trop pauvres pour être riches</strong> ». </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: 'Verdana',sans-serif; font-size: 12pt;"> </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: 'Verdana',sans-serif; font-size: 12pt;">« <strong>Ces personnes soupçonnent qu’ils paieront des impôts que les élites économiques évitent, et que leurs efforts seront sans récompense, parce qu’ils sont au-dessus des seuils de solidarité</strong> » : c’est cette impression qui nourrit une grande part de l’inquiétude mêlée de ressentiment des classes moyennes, et qui a formé comme une immense poche de gaz sociale dont la brutale explosion en novembre dernier a fait trembler, un court moment, les murs de la République élyséenne. Et c’est la réalité du déclassement qui constitue le carburant d’une révolte qui n’a pas complètement cessé, faute de réponse sérieuse aux angoisses des classes moyennes fragilisées par les grands mouvements de la mondialisation et de la métropolisation : « <strong>La grande transformation [depuis la fin des Trente Glorieuses] a été le déclassement du salarié qualifié moyen. Sans accès au patrimoine (…) le seul travail salarié ne permet plus aux ouvriers comme aux ingénieurs d’accéder à un confort supérieur. (…) C’est au centre de la pyramide que la tension entre les espoirs déçus et les réalités est la plus forte. Une année de travail salarié moyen permettait d’acheter neuf mètres carrés de logement parisien dans les années 80, et plus que trois aujourd’hui.</strong> ». En somme, le travail salarié a été victime d’une mondialisation dans laquelle l’actionnaire a pris le pas sur ceux qui vivent de leur force ou de leur intelligence de travail, et, pour la France, il ne paraît pas impossible de dater l’accélération de ce processus des années Mitterrand, quand s’étiolent les idéologies du partage et de la redistribution (ou, plus simplement, de la justice sociale, formule chère au cœur des royalistes), idéologies ou doctrines subsistantes mais dépassées par le désir des élites de moins en moins nationales de rejoindre le modèle de « réussite » anglosaxon, une réussite indexée avant tout sur l’argent-capital : c’est le temps des « gagneurs » qui remplacent les « meilleurs » ! Désormais, être un « gagneur » s’apparente à gagner le plus d’argent possible, « la » valeur finale, quand les « meilleurs », parfois symboles d’un monde ancien ou d’une culture traditionnelle, semblent ne pas prêter la même attention à cette « valeur-là », à leurs yeux trop corruptrice : l’abbé Pierre ou sœur Emmanuelle sont « nos meilleurs » dans ces années 1980-2000 quand Bernard Tapie ou Robert Maxwell, de l’autre côté de la Manche, se veulent les « gagneurs » qui, d’une certaine manière, termineront mal, le premier déconsidéré, le second opportunément noyé… Mais, déchus, les gagneurs n’entraînent pas le système dans leur chute, bien au contraire, et celui-ci survit et se nourrit de cette séduction faustienne permanente pour ce que Maurras nommait « <strong>le vil métal</strong> ». </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: 'Verdana',sans-serif; font-size: 12pt;"> </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: 'Verdana',sans-serif; font-size: 12pt;">Mais désormais, le travail ne paie plus directement ou « aussi bien qu’avant » celui qui l’effectue, mais bien plutôt celui qui exploite le travail d’autrui et en tire profit : les classes moyennes, attachées à un modèle de société de consommation auxquelles elles ont été habituées depuis les années Cinquante et qui les rend dépendantes d’icelle, consentent aux efforts durant un temps relativement long avant que de risquer la contestation lorsque leur ressentiment (ou leur déception), trop longtemps ignoré des gouvernements successifs, se cristallise brusquement (brutalement, même) sur ce qui semble un « détail » mais devient symbole aux yeux des « hommes communs », que cela soit le prix du carburant, la hausse annoncée d’une taxe ou la limitation à 80 kilomètres par heure. Le fait que ces décisions « d’abord technocratiques » soient prises par un « Pays légal » qui paraît trop parisien pour pouvoir respecter les provinces et se faire comprendre du « Pays réel » (dans sa pluralité), aggrave le sentiment d’injustice, qu’elle soit territoriale ou sociale (ou les deux à la fois).</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: 'Verdana',sans-serif; font-size: 12pt;"> </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: 'Verdana',sans-serif; font-size: 12pt;">Ainsi, « <strong>Les « gilets jaunes » ne sont pas des nostalgiques du monde d’hier qui auraient tout à perdre, mais au contraire un conglomérat d’individus conscients d’être la double victime désignée de notre temps : beaucoup leur est demandé pour soutenir le système, sans que grand-chose ne leur soit restitué. Par exemple, ils s’attendent à ce que, après avoir tenu le système de retraite à bout de bras, lorsqu’à leur tour ils devront y puiser, la caisse ne soit vide.</strong> » Ce ne sont pas des bénéficiaires des aides sociales ou des « prolétaires » mais des salariés qui constatent que les promesses de la société de consommation et d’abondance, promesses apparemment tenues durant ce que l’on nomme un peu facilement et sans doute injustement les « Trente Glorieuses », ne sont plus que des rêves évanouis. Reste alors la frustration, ce moment compliqué d’un réveil de lendemain de fête, bouche pâteuse et angoisse affleurante… </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: 'Verdana',sans-serif; font-size: 12pt;"> </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: 'Verdana',sans-serif; font-size: 12pt;">Le prochain débat sur la réforme des retraites pourrait bien, ainsi, rouvrir le champ des inquiétudes et des désappointements, et nourrir, peut-être, de nouvelles colères au-delà même de celle qui s’est couverte de jaune fluo sur les ronds-points : c’est ce que paraît évoquer Louis Chauvel en parlant, à propos de la révolte des Gilets jaunes, de « <strong>véritable séisme social que l’on sentait venir</strong> ». Et il ajoute dans le même mouvement une sorte d’avertissement : « <strong>Mais ce n’est pas encore le « Big One » </strong>(1)<strong> auquel il convient de se préparer.</strong> » N’est-il pas temps, alors, de réfléchir aux moyens concrets de répondre à cette « insurrection » qui s’annonce, et qui pourrait bien ouvrir la voie à une alternative, idéologique, politique et sociale, aux idéologies dominantes contemporaines ? Comme si les Gilets jaunes avaient ouvert, peut-être sans le savoir et de manière impensée, un nouveau cycle historique qui pourrait bien prendre le contrepied des principes de 1789-1793… Une révolution rédemptrice, qui mènerait à une Contre-Révolution française ?</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: 'Verdana',sans-serif; font-size: 12pt;"> </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: 'Verdana',sans-serif; font-size: 12pt;"> </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: 'Verdana',sans-serif; font-size: 12pt;"> </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: 'Verdana',sans-serif; font-size: 12pt;">Notes : (1) : Le « <strong>Big One</strong> » désigne le grand tremblement de terre dévastateur qui devrait, selon les scientifiques, frapper la côte Ouest des Etats-Unis d’ici quelques décennies (ou années), et, par extension, il prend ici le sens d’un événement fortement déstabilisateur du monde d’aujourd’hui, voire d’un cataclysme social et politique…</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: 'Verdana',sans-serif; font-size: 12pt;"> </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: 'Verdana',sans-serif; font-size: 12pt;"> </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: 'Verdana',sans-serif; font-size: 12pt;"> </span></p>
J.-P. Chauvinhttp://jean-philippechauvin.hautetfort.com/about.htmlAu-delà de la réforme du code du travail.tag:jean-philippechauvin.hautetfort.com,2017-09-11:59788562017-09-11T18:03:00+02:002017-09-11T18:03:00+02:00 Ainsi, la contestation sociale de l'ère Macron commencerait ce mardi 12...
<p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 12pt; font-family: Verdana;">Ainsi, la contestation sociale de l'ère Macron commencerait ce mardi 12 septembre, au gré des 4.000 manifestations prévues contre la nouvelle loi Travail (en fait, une réforme du code du travail) portée par Mme Pénicaud, et, selon leur importance et leur capacité de nuisance à l'égard du gouvernement, elles ouvriraient le bal d'une incertitude qui pourrait bien déstabiliser, sinon le régime, du moins le président de la République, plus cité (et hué) dans les slogans que son premier ministre, moins exposé et, surtout, moins audible. Mais est-ce la loi elle-même qui jette les manifestants dans la rue, ou une inquiétude sourde des classes ouvrières et tertiaires devant un lendemain qui semble se présenter comme le triomphe du libéralisme européen et la montée du « précariat », de cette situation qui fait des travailleurs de simples fétus de paille ballottés au fil du vent ou, plutôt, du Marché dit « libre et sans entraves » ? </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 12pt; font-family: Verdana;"> </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 12pt; font-family: Verdana;">A bien y regarder, cette nouvelle loi Travail n'est rien d'autre que la suite (certains diraient la pente...) logique de la loi Travail de 2016, appelée aussi « loi El Khomri », qui avait soulevé une vague contestataire, forte mais bien vaine et stérile, faute d'une stratégie et d'une vision sociale claire et prospective des syndicats et des opposants. Aujourd'hui, elle semble pourtant moins contestée, à défaut d'être moins contestable, ce dont il est légitime de discuter : la méthode employée par l'actuel pouvoir a évité une part des erreurs du précédent quinquennat, particulièrement maladroit et malhonnête sur ses principes comme sur ses projets, faisant souvent passer des vessies pour des lanternes, au risque de discréditer toute parole politique près des électeurs et particulièrement de ceux qui étaient censés être les siens. Durant l'été, le gouvernement a travaillé, proposé et discuté avec les partenaires sociaux sans se les mettre à dos, mais en position de force et avec la ferme intention de ne pas être amené sur un terrain qu'il ne possédait pas : cette stratégie s'est avérée plutôt efficace, et elle a désarmé certaines oppositions syndicales qui ne pouvaient plus arguer du « mépris » de leur interlocuteur. Habile, le gouvernement a aussi profité d'une certaine lassitude d'un monde ouvrier de plus en plus désabusé qui se retrouve, aux yeux des médias et des observateurs, sans autres représentants politiques que les mouvements qualifiés de « populistes », qu'ils soient « insoumis » ou « frontistes », ces derniers semblant avoir déserté le terrain social pour en laisser l'exclusivité à M. Mélenchon... </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 12pt; font-family: Verdana;"> </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 12pt; font-family: Verdana;">Dans la rue, il risque bien de n'y avoir que peu d'ouvriers et beaucoup plus de fonctionnaires : cette représentation biaisée du monde du Travail n'est pas une bonne nouvelle car l'opinion publique risque bien de se laisser abuser, ne croyant voir en cette manifestation qu'une « confiscation » de la cause ouvrière par des militants professionnels et donnant ainsi raison à un gouvernement trop content d'avoir de tels adversaires, faciles à décrédibiliser. Les autres démonstrations, celles du 21 (à nouveau sous l'égide de la CGT) et du 23 septembre (derrière La France Insoumise), risquent aussi d'accréditer l'idée que le seul choix serait entre MM. Macron et Mélenchon, ce qui constitue, en somme, une impasse politique, l'un servant de faire-valoir à l'autre (et réciproquement), sans grand bénéfice pour les travailleurs, producteurs ou fonctionnaires, et occultant ainsi les vrais débats et les vrais enjeux de la réforme, les uns comme les autres dépassant pourtant la simple question du code du travail, devenu un symbole plus qu'autre chose...</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 12pt; font-family: Verdana;"> </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 12pt; font-family: Verdana;">Et pourtant, la question sociale mérite, encore et toujours, d'être posée ! Mais sa résolution, qui n'est jamais définitive, ne peut être le fait de M. Macron ni de M. Mélenchon, et, en République française, elle paraît bien insoluble comme l'ont montré les deux siècles qui nous séparent de la date maudite de 1791, véritable acte de naissance de la condition prolétarienne en France et acte de décès, dans le même temps, de toute protection sociale d'envergure du monde des producteurs et des travailleurs, manuels comme intellectuels. Bien sûr, l'on nous rétorquera que le décret d'Allarde et la loi Le Chapelier de cette année de la Révolution française n'ont plus cours mais leur esprit, lui, demeure et semble même triompher avec les temps contemporains et les principes développés par cette « libéralisation capitaliste » qui n'est rien d'autre que la prise du pouvoir par ce que d'aucuns pourraient nommer, un peu rapidement et sans nuance (mais pas sans un vaste fond de vérité) « la Bourgeoisie », celle-là même dont Charles Maurras, ici bien inspiré, expliquait qu'elle « <strong>ne comprend pas la question ouvrière, et cela, faute de la voir </strong>». </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 12pt; font-family: Verdana;"> </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 12pt; font-family: Verdana;">Car les inquiétudes du monde du Travail sont bien réelles et, trop souvent, bien fondées : la mondialisation, si elle semble désormais en déclin (ce qui reste néanmoins à confirmer), joue plutôt contre les travailleurs français et contre les entreprises « de proximité », au risque d'aggraver le précariat et de fragiliser un peu plus le tissu social du pays, déjà bien détricoté au profit des grandes métropoles, ce processus renouant avec la logique terrible de « <strong>Paris et le désert français</strong> » évoqué jadis par Jean-François Gravier dans un livre homonyme célèbre paru en 1947. La loi du libre Marché est trop souvent celle du plus fort, et elle profite à cette oligarchie économique et financière qui raisonne selon cette effroyable logique franklinienne selon laquelle <strong>« le temps c'est de l'argent », formule terrible qui sacralise l'argent au détriment de cette humanité raisonnable</strong> qui nous conseille d'être attentif aux autres avant que de vouloir s'enrichir à leurs dépens, <strong>et à celui d'un monde désormais saturé de pollutions et d'objets jetables</strong>... </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 12pt; font-family: Verdana;"> </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 12pt; font-family: Verdana;">L'on ne protégera pas le monde des travailleurs sans protéger le Travail comme une valeur plus importante et plus humaine que l'argent : l'exemple des SCOP dans lesquelles le directeur gagne moins du double du salaire des ouvriers de celles-ci, loin des folies (dignes d'un Don Salluste !) de certains grands patrons mercenaires, n'est pas à négliger, s'il n'est pas le seul à appliquer, comme le soulignent aussi les partisans d'un corporatisme rénové et adapté à notre temps. Mais, pour remettre de la mesure dans l'économie et préserver au mieux les intérêts des travailleurs, sans démagogie ni déni des réalités économiques et budgétaires, encore faut-il un État politique digne de ce nom qui n'oublie pas que son premier rôle social est de protéger ceux qui, de naissance ou d'adoption, sont ses administrés et, plus encore, ses citoyens. Et, puisque la République se confond trop avec l'oligarchie qui la dirige ou la manipule, il faudra bien poser la question institutionnelle de la magistrature suprême de l’État susceptible de pouvoir, par statut et par devoir, incarner la justice sociale : au regard de l'histoire de notre pays, il semble bien que ce soit la Monarchie qui réponde le mieux aux exigences à la fois politiques et sociales d'un monde du Travail aujourd'hui déboussolé et divisé...</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 12pt;"> </span></p>
J.-P. Chauvinhttp://jean-philippechauvin.hautetfort.com/about.htmlQuand la monnaie disparaît peu à peu... (le cas grec)tag:jean-philippechauvin.hautetfort.com,2017-01-02:58938902017-01-02T17:57:00+01:002017-01-02T17:57:00+01:00 La Grèce connaît un long calvaire depuis sept ans, et il ne semble pas que...
<p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 12pt; font-family: Verdana;">La Grèce connaît un long calvaire depuis sept ans, et il ne semble pas que celui-ci puisse s'achever prochainement : l'Union européenne, dominée par une Allemagne puissante et revancharde, poursuit sa politique qui tient à la fois de Gribouille et du Père Fouettard, et elle paraît n'avoir tirée aucune leçon de l'histoire. Le réveil pourrait bien être terrible et finir de mettre à mal une construction européenne aujourd'hui contestée par les peuples mais aussi aveugle aux véritables enjeux géopolitiques et sociaux du siècle qui vient. Comme si le vote du Brexit n'avait pas suffi et au moment même où un institut économique allemand très influent évoque (en le souhaitant) une mise à l'écart de l'Italie par son expulsion de la zone euro, les institutions européennes ne veulent pas desserrer l'étreinte sur la Grèce et font montre d'une grande indifférence aux souffrances d'une population grecque qui se sent abandonnée par tous, y compris par son gouvernement et ses partis politiques.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 12pt; font-family: Verdana;"> </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 12pt; font-family: Verdana;">Face à une situation de plus en plus absurde et révoltante, les Grecs s'organisent économiquement de façon parfois surprenante, parfois à leur corps défendant : ainsi, sur cette terre d'Europe qui a vu à la fois la naissance du mot Europe et celle de la monnaie, sans oublier celles de la politique et de la philosophie, la disette monétaire remet en cause l'existence même de... la monnaie, ou, du moins, son monopole. <strong><em>Le Figaro économie</em></strong> du lundi 2 janvier 2017 nous explique ainsi que « <strong>le manque de liquidités amène de plus en plus d'entreprises à payer une partie des salaires en bons d'achat </strong>» : « (…) <strong>Plus de 200.000 employés du secteur privé voient, entre 20 à 25 % de leur salaire rétribué en « tickets de rationnement ». Nombre de multinationales le pratiquent déjà depuis plus d'un an, d'autres les proposent uniquement aux nouveaux salariés.</strong> » Ces coupons, qui se développent de façon exponentielle dans le secteur privé, mais aussi, de façon plus discrète, dans le secteur public, remettent en cause le principe même de la monnaie et rappellent en les renouvelant les anciennes pratiques de troc, c'est-à-dire d'échanges non-monétaires. De nombreux économistes et professionnels locaux s'en inquiètent parce que ces coupons « <strong>poussent vers (des) solutions moins légales</strong> » et qui échappent, évidemment, aux taxations de plus en plus lourdes qui touchent tous les secteurs d'activités économiques : «<strong> la politique fiscale imposée à la Grèce par ses créanciers n'apporte ni résultats ni investissements dans le pays. Les jeunes peinent à trouver un emploi, le chômage des 24-40 ans atteint les 35 % et ceux qui ont un travail préfèrent être payés au noir, pour ne pas avoir de coupons à la fin du mois ! </strong>». Ainsi, voilà les résultats de la politique de l'Union européenne, et cela ne plaide pas pour elle...</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 12pt; font-family: Verdana;"> </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 12pt; font-family: Verdana;">Néanmoins, peut-on penser « au-delà de l'argent », au regard de cette politique des coupons aujourd'hui promue par des multinationales qui, elles, ne manquent généralement pas de liquidités financières et, cyniquement, utilisent en fait ce moyen des tickets de rationnement pour rester « compétitifs » dans le cadre d'une mondialisation de plus en plus agressive et de moins en moins sociale (si cela était encore possible...) ? Et si cette pratique s'émancipait des seules préoccupations économiques et financières (et, aussi et surtout, des multinationales qui la promeuvent pour leur seul profit), et devenait une politique pensée et développée par le gouvernement grec avant que de trouver de nouveaux débouchés en d'autres pays et, pourquoi pas, en France ? L'échange de services et de biens sans l'intermédiaire de l'argent a toujours existé, et aujourd'hui encore, dans des sociétés traditionnelles comme dans notre propre société, en particulier dans le monde rural ou dans celui des quartiers. Bien sûr, cela ne plaît guère aux États qui cherchent à contrôler tous les échanges, y compris les plus petits, pour en tirer quelques ressources fiscales. Pourtant, n'est-ce pas aussi, appliqué à l'échelle locale (quartier, commune, par exemple), un moyen de limiter l'endettement public comme privé et de retrouver, concrètement, la voie d'une certaine solidarité « sans compter » ? La question mérite, au moins, d'être posée... </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 12pt; font-family: Verdana;"> </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 12pt; font-family: Verdana;"> </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 12pt; font-family: Verdana;"> </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 12pt; font-family: Verdana;"> </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 12pt;"> </span></p>
J.-P. Chauvinhttp://jean-philippechauvin.hautetfort.com/about.htmlLe procès LuxLeaks et l'hypocrisie de l'Union européenne.tag:jean-philippechauvin.hautetfort.com,2016-07-01:58217932016-07-01T21:17:31+02:002016-07-01T21:17:31+02:00 C’est un procès qui est passé (presque) inaperçu, peut-être parce qu’il se...
<p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 12pt; font-family: Verdana;">C’est un procès qui est passé (presque) inaperçu, peut-être parce qu’il se déroulait au Luxembourg. Bien qu’un journaliste français ait été poursuivi dans cette affaire, le verdict n’a guère ému le pouvoir ni les partis politiques français qui, depuis quelques jours, ne cessent de déplorer <strong>le peu d’amour des citoyens envers l’Union européenne</strong>. Pourtant, il aurait dû, si la logique (ou la morale ?) avait été respectée : l’UE ne se veut-elle pas un modèle de justice et de transparence, un Etat de Droit (sans Etat propre d’ailleurs, mais plutôt un ensemble d’Etats) et la terre d’accueil de tous ceux qui fuient les traitements et les jugements inéquitables ?</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 12pt; font-family: Verdana;"> </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 12pt; font-family: Verdana;">En fait, le procès concernait ce que l’on appelle des « <strong>lanceurs d’alerte </strong>» qui avaient signalé <strong>un système de fraude généralisée qui a coûté des dizaines de milliards d’euros aux Etats de l’UE au profit de quelques multinationales et banques peu délicates et oublieuses de leur devoir fiscal de solidarité, mais aussi au profit du Luxembourg, membre de l’Union</strong>. Trois personnes étaient ainsi traînées devant le tribunal du Luxembourg au nom du « secret professionnel et du secret des affaires », et deux d’entre elles ont été condamnées pour « vol de données, fraude informatique et divulgation du secret des affaires », tandis que le journaliste français était acquitté : comme le signale <strong><em>Le Monde</em></strong> dans son édition du vendredi 1<sup>er</sup> juillet « <strong>Edouard Perrin n’a fait que son travail de journaliste (pour l’émission « Cash investigation » d’Elise Lucet), conclut le jugement du tribunal. Une vision que le parquet du Luxembourg ne partageait pas, estimant que « <em>la liberté d’expression journalistique </em>» ne devait pas primer sur le respect « <em>du secret professionnel </em>», quand bien même il serait le témoin de « <em>pratiques douteuses </em>».</strong> » Ironie du propos du parquet, à l’heure où les administrations et les Etats, mais aussi les banques et les réseaux sociaux ne laissent plus rien de « secret » à la vie privée des familles et des personnes, malgré les protestations de nombreuses personnes qui souhaiteraient conserver un peu de discrétion, voire de pudeur, dans ce monde hyperconnecté… </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 12pt; font-family: Verdana;"> </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 12pt; font-family: Verdana;">La condamnation des deux lanceurs d’alerte, elle, nous rappelle aussi que, <strong>dans cette Union européenne, ce qui compte d’abord, c’est le profit, l’Argent, les intérêts privés de quelques grandes sociétés ou des actionnaires, plutôt que le bien-être des peuples, la solidarité fiscale et la simple justice sociale.</strong> </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 12pt; font-family: Verdana;"> </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 12pt; font-family: Verdana;">Est-ce un hasard si cette affaire, débutée il y a quelques années et que l’on a nommée « <strong>LuxLeaks </strong>», avait « <strong>provoqué un vaste scandale qui avait touché jusqu’à Jean-Claude Juncker, l’ancien premier ministre luxembourgeois et actuel président de la Commission européenne</strong> » ? C’est ce qu’évoque un livre publié il y a peu sous la signature de Mme Eva Joly et intitulé « <strong>Le loup dans la bergerie </strong>», livre qui met en cause celui qui est effectivement le président de la Commission européenne alors qu’il devrait être, peut-être en prison, au moins à l’écart des institutions européennes si l’on veut qu’elles aient quelque crédit près des contribuables qui sont aussi des citoyens… </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 12pt; font-family: Verdana;"> </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 12pt; font-family: Verdana;">« <strong>Le jugement « LuxLeaks » est d’autant plus intéressant qu’il revient sur le débat qui avait opposé, en avril, la société civile à la directive sur le secret des affaires débattue à Strasbourg. Les ONG avaient vivement dénoncé un texte qui menaçait, selon eux, les lanceurs d’alerte. Le tribunal du Luxembourg semble leur donner raison. « <em>La nouvelle proposition de directive sur le secret d’affaires adoptée par le Parlement européen entend encore resserrer le cadre de cette protection du lanceur d’alerte et augmenter la protection du secret d’affaires au niveau européen.</em> »</strong> » Ainsi, non seulement la Commission européenne est présidée par un escroc notoire qui a coûté des milliards d’euros aux budgets nationaux des pays de l’Union, mais <strong>le Parlement européen</strong>, issu du vote des citoyens de l’Union (malgré une forte abstention récurrente), <strong>s’en fait le complice</strong> en durcissant la protection du secret d’affaires, non pour éviter l’espionnage industriel ou le délit d’initié, mais pour préserver les intérêts de quelques aigrefins de la Finance… </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 12pt; font-family: Verdana;"> </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 12pt; font-family: Verdana;">De plus, comme le souligne l’article du quotidien <strong><em>Le Monde</em></strong>, « <strong>si ni le droit luxembourgeois ni le droit français ne protègent les lanceurs d’alerte, les juges (du tribunal du Luxembourg) estiment que le droit européen ne le fait, aujourd’hui, pas davantage </strong>» : n’est-ce pas incroyable ? Pourtant, c’est bien la réalité et celle-ci ne profite pas au plus grand nombre des Européens…</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 12pt; font-family: Verdana;"> </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 12pt; font-family: Verdana;">Cette affaire et ce jugement sont terriblement révélateurs <strong>des failles, voire des fautes de l’Union européenne ou, du moins, des institutions qui la régentent</strong>. Tant qu’il n’y sera pas mis bon ordre, par l’action des Etats au travers du Conseil européen, ou par celle des parlementaires de Bruxelles et de Strasbourg (mais le veulent-ils vraiment ? Rien n’est moins sûr…), l’Union européenne apparaîtra toujours comme le règne des Puissants et de l’Argent-Maître, et elle ne sera pas aimée des peuples et des travailleurs, de ces gens honnêtes qui peuvent soutenir ou à l’inverse, par leur colère électorale, assommer les institutions et leurs servants, comme vient de le démontrer le récent vote des Britanniques… </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 12pt; font-family: Verdana;"> </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 12pt; font-family: Verdana;"> </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 12pt; font-family: Verdana;"> </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 12pt; font-family: Verdana;"> </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 12pt; font-family: Verdana;"> </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 12pt; font-family: Verdana;"> </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 12pt; font-family: Verdana;"> </span></p>
J.-P. Chauvinhttp://jean-philippechauvin.hautetfort.com/about.htmlLe bilan (temporaire) d'une crise.tag:jean-philippechauvin.hautetfort.com,2015-07-13:56565122015-07-13T20:10:56+02:002015-07-13T20:10:56+02:00 Les derniers jours ont été éprouvants pour qui considère que la vie des...
<p style="margin-bottom: 0.0001pt; text-align: justify;"><span style="font-size: medium; font-family: Verdana, sans-serif;">Les derniers jours ont été éprouvants pour qui considère que la vie des sociétés et des personnes ne se limite pas à un taux de croissance ou à quelques statistiques, et pour qui suit le dramatique feuilleton grec ou, plus largement et exactement, européen. La volonté de quelques États de la zone euro, dont le plus puissant est incontestablement l'Allemagne, de briser la souveraineté grecque pour se venger de celui, M. Tsipras, qui a cherché à desserrer la mâchoire de fer de l'ordo-libéralisme, a rendu plus visible que jamais <strong>le côté « tyrannique » d'une Union européenne construite « hors-peuples » et plutôt amnésique quand cela l'arrange</strong>... Le rappel de la chance donnée à l'Allemagne en 1953 par la remise d'une grande partie de sa dette publique n'a guère ébranlé les gouvernements européens, et, même, les a agacés : pour beaucoup d'européistes, se souvenir de cette histoire-là et prôner une même solution pour l’État hellène, adaptée aux temps actuels et à ce pays précis, apparaît presque comme une sorte de revanchisme belligène ! <strong>Ce blocage mental de la part de l'Union qui se prétend européenne n'est guère rassurant</strong>, et ferait frémir un Bainville qui avait cette longue mémoire et cette compréhension intime d'une histoire qui ne doit pas se contenter d'être le récit des temps anciens.</span></p><p style="margin-bottom: 0.0001pt; text-align: justify;"> </p><p style="margin-bottom: 0.0001pt; text-align: justify;"><span style="font-size: medium; font-family: Verdana, sans-serif;">Néanmoins, <strong>l'histoire est cruelle et elle a tendance à se venger de qui la néglige</strong> : la France pourrait bien en faire les frais d'ici peu de temps, si elle n'y prend garde ! </span></p><p style="margin-bottom: 0.0001pt; text-align: justify;"> </p><p style="margin-bottom: 0.0001pt; text-align: justify;"><span style="font-size: medium; font-family: Verdana, sans-serif;">Pour l'heure, c'est <strong>la Grèce qui souffrira un peu plus encore</strong>, et si la politique allemande semble triompher, c'est plus largement le libéralisme et l'économique qui motivent les eurocrates de Bruxelles, aux dépens des États et des peuples, selon la logique dont on me sait l'ennemi acharné, ce franklinisme qui énonce gravement, cléricalement même, « <strong><em>Time is money</em></strong> » : mais <strong>quand l'Argent devient la seule valeur dominante en économie, que le travail en devient l'esclave et que les personnes en sont « les variables d'ajustement », c'est trop souvent l'injustice sociale</strong> qui s'invite au bal ! Trop souvent, mais pas forcément automatiquement : si les États restent forts, sûrs d'eux-mêmes, volontaires mais aussi soucieux de leurs devoirs sociaux, ils peuvent encore agir et préserver les intérêts de la nation et de leurs citoyens ; mais s'ils sont affaiblis, ou qu'ils doutent d'eux-mêmes et se contentent d'être des administrations ou de simples relais des féodalités économiques ou financières, ils deviennent détestables et aussi tatillons qu'ils sont politiquement impuissants...</span></p><p style="margin-bottom: 0.0001pt; text-align: justify;"> </p><p style="margin-bottom: 0.0001pt; text-align: justify;"><span style="font-size: medium;"><strong><span style="font-family: Verdana, sans-serif;">Les événements récents m'ont renforcé dans mon royalisme</span></strong><span style="font-family: Verdana, sans-serif;">, s'il en était encore possible, et ils m'incitent à souhaiter, encore plus ardemment, <strong>l'instauration, en France, d'une magistrature suprême de l’État au-delà des partis et des acteurs économiques et financiers, c'est-à-dire monarchique, héréditaire et successible</strong>. Pour ne pas laisser les Fouquet prendre le pouvoir et imposer leur règne de fer et d'acier, encore faut-il <strong>un État digne de ce nom et de sa fonction, éminemment politique</strong> et qui puisse « <strong>faire de la force </strong>», comme le demandait Maurras quand Bernanos le pensait, d'abord et tout aussi sûrement, <strong>source et garantie de justice</strong>. Pour que la France ne connaisse pas le sort tragique d'une Grèce qui s'apprête, après une résistance honorable et solitaire, à entamer un nouveau cycle d'austérité pour les prochaines années, voire décennies, dans l’indifférence malvenue d’une Europe fatiguée de sa propre histoire, encore faut-il que <strong>la volonté politique s’incarne en une dynastie enracinée et décidée à faire tenir son rang à la France, dans le monde et, parfois, face aux autres</strong>… </span></span></p><p style="margin-bottom: 0.0001pt; text-align: justify;"><span style="font-size: medium; font-family: Verdana, sans-serif;"> </span></p><p style="margin-bottom: 0.0001pt; text-align: justify;"><span style="font-size: medium; font-family: Verdana, sans-serif;">Mais le temps presse, et il n'est pas certain que notre entrée en période électorale, en ce régime qui vit en « <strong>présidentielle permanente</strong> », soit de bon aloi pour relever les défis que la Grèce nous annonce et que la mondialisation, mais aussi l’Allemagne, nous imposent...</span></p><p style="margin-bottom: 0.0001pt; text-align: justify;"> </p><p style="margin-bottom: 0.0001pt; text-align: justify;"> </p><p style="margin-bottom: 0.0001pt; text-align: justify;"> </p><p style="margin-bottom: 0.0001pt; text-align: justify;"> </p><p> </p><p class="MsoNormal" style="text-align: justify;"> </p>
J.-P. Chauvinhttp://jean-philippechauvin.hautetfort.com/about.htmlL'argent dans les actualités de la semaine...tag:jean-philippechauvin.hautetfort.com,2011-12-24:41360962011-12-24T16:30:03+01:002011-12-24T16:30:03+01:00 Les vacances scolaires ne sont pas des vacances pour l'actualité,...
<p> </p><p class="MsoNormal" style="text-align: justify;"><span style="font-size: 11pt; font-family: 'Verdana','sans-serif';">Les vacances scolaires ne sont pas des vacances pour l'actualité, semble-t-il... Entre les 489 milliards d'euros avancés aux banques européennes par la Banque centrale européenne, les suppressions de poste dans l'Education nationale annoncées la veille des départs ou la grève des agents de sécurité dans les aéroports, pas le temps de s'ennuyer... Le point commun à ces trois informations, c'est l'argent : celui que l'on prête, celui que l'on économise, celui que l'on réclame...</span></p><p> </p><p class="MsoNormal" style="text-align: justify;"><span style="font-size: 11pt; font-family: 'Verdana','sans-serif';"> </span></p><p> </p><p class="MsoNormal" style="text-align: justify;"><strong><span style="font-size: 11pt; font-family: 'Verdana','sans-serif';">L'argent que l'on prête</span></strong><span style="font-size: 11pt; font-family: 'Verdana','sans-serif';"> : 489 milliards d'euros avancés à 523 banques européennes, à un taux d'intérêt de... 1 % par an ! Le but officiel de cette démarche est d'inciter les banques à prêter elles-mêmes aux petites et moyennes entreprises et certains souhaitent qu'elles rachètent aussi de la dette souveraine des États européens en difficulté, mais les banques vont-elles vraiment le faire ? Rien n'est sûr, loin de là... Ces milliards encore avancés aux banques laissent, il faut bien le dire, un goût amer aux citoyens qui se demandent si cet argent n'aurait pu être prêté directement, soit aux États soit aux entreprises et aux ménages... L'impression générale, sensible au comptoir des cafés (véritable thermomètre des opinions du moment, parfois aux températures plus élevées que dans les médias...), est que « <strong>l'on ne prête qu'aux riches</strong> », à ceux qui n'en ont pas forcément le plus besoin... Ce n'est pas le meilleur signal que l'Union européenne puisse envoyer à des populations qui ne croient déjà plus guère en elle ! </span></p><p> </p><p class="MsoNormal" style="text-align: justify;"><span style="font-size: 11pt; font-family: 'Verdana','sans-serif';"> </span></p><p> </p><p class="MsoNormal" style="text-align: justify;"><strong><span style="font-size: 11pt; font-family: 'Verdana','sans-serif';">L'argent que l'on économise</span></strong><span style="font-size: 11pt; font-family: 'Verdana','sans-serif';"> : l'Education nationale a annoncé la suppression de plusieurs milliers de postes d'enseignants à peine quelques heures après une grève qui n'a eu aucun impact, sinon négatif sur l'impression que nos concitoyens ressentent à l'égard des professeurs... <strong>Ces milliers de postes supprimés vont-ils vraiment permettre des économies ? En fait, j'en doute</strong>, non par un simple réflexe « corporatiste », mais par une série d'observations faciles à faire : d'abord, <strong>le nombre d'élèves scolarisés continue à croître</strong> et le maintien d'un taux de fécondité plutôt élevé au regard des autres pays européens permet de prévoir des besoins persistants pour la formation, autant primaire que secondaire et supérieure ; ensuite, <strong>la rurbanisation et l'étalement urbain</strong>, s'ils sont bien maîtrisés (ce qui n'est pas forcément assuré, il faut bien le dire...), <strong>nécessitent des besoins scolaires supplémentaires ou, au moins, maintenus</strong> dans ces zones parfois de plus en plus éloignées des centres urbains, besoins principalement concentrés dans le primaire ; d'autre part, <strong>le nombre d'élèves par classe va logiquement augmenter sans que, pour autant, l'autorité et la crédibilité des enseignants soient renforcées</strong>, au risque ainsi de décourager un peu plus un corps professoral qui se plaint déjà de ne plus avoir l'écoute ni le respect de jeunes qui s'ennuient à l'école et qui, du coup, s'émancipent des règles de celle-ci et de la société... Du coup, les économies escomptées des réductions de postes d'enseignants risquent bien d'être annihilées par les conséquences mêmes de ces suppressions, mal venues aujourd'hui pour les raisons susdites... </span></p><p> </p><p class="MsoNormal" style="text-align: justify;"><span style="font-size: 11pt; font-family: 'Verdana','sans-serif';"> </span></p><p> </p><p class="MsoNormal" style="text-align: justify;"><strong><span style="font-size: 11pt; font-family: 'Verdana','sans-serif';">L'argent que l'on réclame </span></strong><span style="font-size: 11pt; font-family: 'Verdana','sans-serif';">: la grève des agents de sûreté des aéroports français, dont le préavis a été déposé plus d'une semaine avant les départs en vacances, est un moyen utilisé par ce que l'on peut qualifier sans exagération de prolétariat (au regard de la situation sociale française et dans le cadre du monde du travail, hors chômage) pour obtenir des augmentations de salaires qui, en fait, sont plutôt légitimes et qui valent mieux que d'aléatoires primes. Que le gouvernement parle de « <strong><em>prise d'otages </em></strong>» est assez indigne, ne serait-ce que pour des raisons morales : peut-on ainsi comparer des vacanciers retardés dans leur départ à nos compatriotes retenus prisonniers de par le monde par des groupes terroristes ou des bandes de rançonneurs ? Cet abus de langage est tout aussi exagéré et illégitime que les propos de certains ministres étrangers accusant la France de « <strong>génocide</strong> » durant la guerre d'Algérie... « <strong>Savoir raison garder</strong> » est une vieille formule capétienne que les uns et les autres feraient bien de méditer avant de parler sans discernement !</span></p><p> </p><p class="MsoNormal" style="text-align: justify;"><span style="font-size: 11pt; font-family: 'Verdana','sans-serif';"> </span></p><p> </p><p class="MsoNormal" style="text-align: justify;"><span style="font-size: 11pt; font-family: 'Verdana','sans-serif';">Ce qui est certain, c'est que <strong>l'argent n'a pas la même signification ni le même « prix »</strong> selon le point de vue des uns ou des autres. Ce qui est non moins certain, c'est que nos sociétés ne doivent pas oublier que <strong>le partage est encore le meilleur moyen de faire que l'argent ne devienne pas un tyran</strong>, et que <strong>l'argent ne doit être qu'un moyen</strong> et non une finalité en soi... </span></p><p> </p><p class="MsoNormal" style="text-align: justify;"><span style="font-size: 11pt; font-family: 'Verdana','sans-serif';"> </span></p><p> </p><p class="MsoNormal" style="text-align: justify;"><span style="font-size: 11pt; font-family: 'Verdana','sans-serif';">Au-delà d'une philosophie de la vie qui remet l'argent à sa place, il n'est pas inutile de rappeler qu'il importe pour le politique et les institutions de <strong>retrouver ou de garder l'indépendance à l'égard des féodalités financières ou économiques</strong>, et qu'il n'est pas certain, au regard de l'histoire et de l'actualité, que la République à présidentielle quinquennale soit capable d'une telle liberté...</span></p><p> </p><p class="MsoNormal" style="text-align: justify;"><span style="font-size: 11pt; font-family: 'Verdana','sans-serif';"> </span></p><p> </p><p class="MsoNormal" style="text-align: justify;"><span style="font-size: 11pt; font-family: 'Verdana','sans-serif';"> </span></p><p> </p>
J.-P. Chauvinhttp://jean-philippechauvin.hautetfort.com/about.htmlLe scandale du cargo échoué.tag:jean-philippechauvin.hautetfort.com,2011-12-19:40363032011-12-19T00:17:24+01:002011-12-19T00:17:24+01:00 La tempête Joachim a frappé l'Ouest de la France cette semaine, arrachant...
<p class="MsoNormal" style="text-align: justify; margin: 0cm 0cm 0pt;"><span style="font-family: Verdana; font-size: 11pt;">La tempête Joachim a frappé l'Ouest de la France cette semaine, arrachant des centaines d'arbres et privant temporairement d'électricité plus de 330.000 foyers. Mais ce qui restera dans les mémoires, c'est surtout <strong>l'image de ce cargo échoué sur la plage de Kerminihy</strong>, planté dans le sable et battu à chaque marée montante par les vagues. </span></p><p class="MsoNormal" style="text-align: justify; margin: 0cm 0cm 0pt;"><span style="font-family: Verdana; font-size: 11pt;"> </span></p><p class="MsoNormal" style="text-align: justify; margin: 0cm 0cm 0pt;"><span style="font-family: Verdana; font-size: 11pt;">Ce n'est pas l'épave qui, d'ailleurs, est inquiétante et je me souviens de toutes ces coques brisées, parfois gardant encore l'apparence de ce qu'elles avaient été jadis, qui servaient de cachette à nos jeux d'enfants sur les plages de Lancieux, en particulier non loin du pont qui mène à Saint-Briac. Les épaves, lorsqu'elles sont immergées, sont aussi des repaires protecteurs pour de multiples espèces de crustacés et de poissons, la nature s'appropriant ce que la société humaine lui a laissée sous forme de pourboire... </span></p><p class="MsoNormal" style="text-align: justify; margin: 0cm 0cm 0pt;"><span style="font-family: Verdana; font-size: 11pt;"> </span></p><p class="MsoNormal" style="text-align: justify; margin: 0cm 0cm 0pt;"><span style="font-family: Verdana; font-size: 11pt;">Mais les navires modernes ont dans leurs soutes des poisons certains, sources et revers tout à la fois de notre confort moderne, à l'image du mazout qui donne la vitesse et la puissance aux bateaux mais englue les oiseaux et asphyxie les poissons lorsqu'il s'écoule dans la mer, après une déchirure dans la coque ou un naufrage impromptu. </span></p><p class="MsoNormal" style="text-align: justify; margin: 0cm 0cm 0pt;"><span style="font-family: Verdana; font-size: 11pt;"> </span></p><p class="MsoNormal" style="text-align: justify; margin: 0cm 0cm 0pt;"><span style="font-family: Verdana; font-size: 11pt;">Certes, il n'y a pas de risque zéro, et les tempêtes existeront toujours, sans doute même de plus en plus fréquentes et violentes si l'on en croit les climatologues. Mais il est simple d'en éviter, sinon toutes, du moins certaines de leurs conséquences, et <strong>ce naufrage d'un cargo aux cuves pleines de plus de 180 tonnes de poison noir n'aurait pas dû arriver si la cupidité et la bêtise ne s'en étaient pas mêlées </strong>!</span></p><p class="MsoNormal" style="text-align: justify; margin: 0cm 0cm 0pt;"><span style="font-family: Verdana; font-size: 11pt;"> </span></p><p class="MsoNormal" style="text-align: justify; margin: 0cm 0cm 0pt;"><strong><span style="font-family: Verdana; font-size: 11pt;">Cupidité</span></strong><span style="font-family: Verdana; font-size: 11pt;"> puisque, selon la presse, le capitaine aurait pris la décision d'ancrer le navire hors du port de Lorient pour ne pas avoir à payer de frais d'amarrage dans celui-ci et se mettre « gratuitement » à l'abri non loin des côtes morbihannaises, et repartir plus vite lorsque les vents seraient retombés : « <strong><em>Le temps, c'est de l'argent </em></strong>», n'est-ce pas ? Triste formule qui explique trop des malheurs environnementaux (entre autres...) de notre planète...</span></p><p class="MsoNormal" style="text-align: justify; margin: 0cm 0cm 0pt;"><span style="font-family: Verdana; font-size: 11pt;"> </span></p><p class="MsoNormal" style="text-align: justify; margin: 0cm 0cm 0pt;"><strong><span style="font-family: Verdana; font-size: 11pt;">Bêtise</span></strong><span style="font-family: Verdana; font-size: 11pt;"> puisque le capitaine n'a pas été en mesure de rétablir à temps la situation et a tardé à faire appel aux autorités maritimes, là encore pour des raisons financières, au risque d'un pire qui a fini, fatalement, par arriver !</span></p><p class="MsoNormal" style="text-align: justify; margin: 0cm 0cm 0pt;"><span style="font-family: Verdana; font-size: 11pt;"> </span></p><p class="MsoNormal" style="text-align: justify; margin: 0cm 0cm 0pt;"><span style="font-family: Verdana; font-size: 11pt;">Conséquences : un navire échoué, des tonnes de mazout déversées dans l'eau, une pollution qui menace l'équilibre écologique du lieu et les exploitations ostréicoles toutes proches, au moment même de l'année où celles-ci ont leurs plus importantes activités. Un sacré gâchis dont il est rageant de se redire qu'il n'aurait pas dû arriver !</span></p><p class="MsoNormal" style="text-align: justify; margin: 0cm 0cm 0pt;"><span style="font-family: Verdana; font-size: 11pt;"> </span></p><p class="MsoNormal" style="text-align: justify; margin: 0cm 0cm 0pt;"><span style="font-family: Verdana; font-size: 11pt;">Bien sûr, on peut encore renforcer les mesures de précaution et de répression pour éviter cela, et il faudra sans doute y songer : mais cela ne suffira évidemment pas, car le problème est beaucoup plus large qu'une simple histoire de législation maritime, et il porte sur le sens même de la Société de consommation et de son idéologie, de ses fondements idéologiques comme le capitalisme, plus sauvage aujourd'hui qu'équilibré, et sur sa fameuse doctrine du « <strong><em>Time is money</em></strong> », si anglo-saxonne que la traduction française (que j'évoque souvent néanmoins) n'en rend pas toute la force maléfique et les échos, parfois destructeurs et déshumanisateurs.</span></p><p class="MsoNormal" style="text-align: justify; margin: 0cm 0cm 0pt;"><span style="font-family: Verdana; font-size: 11pt;"> </span></p><p class="MsoNormal" style="text-align: justify; margin: 0cm 0cm 0pt;"><span style="font-family: Verdana; font-size: 11pt;">Sur la coque de ce navire échoué, nous inscrirons symboliquement : « <strong>On ne commande à la nature qu'en lui obéissant </strong>», et, plus loin, en lettres de mazout : « <strong>Il faut laisser du temps au temps si l'on ne veut pas être broyé par son inexorable victoire : même l'argent le plus brillant ne peut vaincre ce qu'il ne pourra jamais réduire à la seule quantité.</strong> ». Bon, je sais, c'est un peu long, et certains resteront perplexes devant ces deux formules : mais, au regard des photos de ce cargo échoué, il semble bien qu'il y ait de la place sur sa coque désormais condamnée au démembrement honteux...</span></p><p class="MsoNormal" style="text-align: justify; margin: 0cm 0cm 0pt;"><span style="font-family: Verdana; font-size: 11pt;"> </span></p>
J.-P. Chauvinhttp://jean-philippechauvin.hautetfort.com/about.htmlIl n'y a pas de République propre !tag:jean-philippechauvin.hautetfort.com,2010-07-02:28136112010-07-02T17:58:53+02:002010-07-02T17:58:53+02:00 Décidément, chaque jour apporte sa « révélation » dans...
<p style="text-align: justify;"><span style="font-family: verdana,geneva;"><span style="font-size: medium;">Décidément, chaque jour apporte sa « révélation » dans l’affaire Bettencourt-Woerth, et le nœud semble se resserrer sur la gorge du ministre tandis que la Suisse, les banquiers et autres exilés fiscaux s’en donnent à cœur joie pour « informer » la presse sous toutes ses formes : de franco-française, « l’Affaire », dont on ne sait plus trop si elle concerne d’abord la milliardaire ou l’homme politique, devient internationale !</span></span></p> <p style="text-align: justify;"><span style="font-family: verdana,geneva;"><span style="font-size: medium;"> </span></span></p> <p style="text-align: justify;"><span style="font-family: verdana,geneva;"><span style="font-size: medium;">Au-delà de M. Woerth, qui apparaît de plus en plus comme un bon commis du système politico-financier capitaliste (et sans doute rien de plus ni de moins…), c’est tout un état d’esprit et tout un système même de Pouvoir, de ses relations avec l’Argent, de sa légitimité même, qu’il faut discuter et remettre en cause aujourd’hui comme ils l’étaient déjà par un Bernanos ou un Péguy, un Maurras (dans « <strong>l’avenir de l’intelligence</strong> » en particulier) ou, dans un autre style, un Brassens. Après tout, cette affaire n’est pas la première et elle est même récurrente dans notre République, y compris dans ces dernières années de régime sarkozien, et cela malgré la promesse (vaine ou hypocrite, ou les deux à la fois) du président actuel d’instituer une « <strong>République irréprochable</strong> »…</span></span></p> <p style="text-align: justify;"><span style="font-family: verdana,geneva;"><span style="font-size: medium;"> </span></span></p> <p style="text-align: justify;"><span style="font-family: verdana,geneva;"><span style="font-size: medium;"><strong>Il n’y a pas de « République propre »</strong>, quoi que l’on fasse, et l’histoire nous le montre aisément, répétitivement, de façon presque acharnée ! Ce n’est pas une malédiction de la République, c’en est juste une fatalité, inscrite dans son essence même, depuis les touts premiers temps, dès 1792, lorsque Danton mettait la main sur le Trésor de la Couronne pour le piller et s’en servir à ses fins, y compris diplomatiques. Cela ne veut pas dire qu’il n’y a pas des républicains honnêtes : il y en a, certes, et beaucoup même. Mais <strong>leur République « idéale » n’existe pas, ne peut pas exister</strong>, pour la simple raison que la République est née, en France, de l’appétit de l’Economique et de sa volonté de plier le Politique à ses fins propres, tout simplement !</span></span></p> <p style="text-align: justify;"><span style="font-family: verdana,geneva;"><span style="font-size: medium;"> </span></span></p> <p style="text-align: justify;"><span style="font-family: verdana,geneva;"><span style="font-size: medium;">Dans un monde où l’Argent est devenu, à tort mais c’est ainsi (même si l’on peut ne pas se contenter de cette situation), « la » valeur suprême, comment la République pourrait-elle se libérer de son emprise puisqu’elle dépend presque complètement des largesses de ceux qui le détiennent et, grâce à cela, font aujourd’hui les élections et défont les Etats ? Essayez donc, si vous n’avez pas d’argent, d’exister électoralement et d’approcher le Pouvoir ! Vous pouvez avoir les meilleures idées du monde, cela ne suffit pas car <strong>les dés sont pipés</strong> par le simple fait que la politique se fait de plus en plus par la conquête des médias ou, au moins, leur « indulgence », et par le déversement de folles sommes d’argent pour convaincre les électeurs de glisser un bulletin à votre nom dans l’urne : <strong>pas d’existence électorale sans moyens financiers</strong> <strong>importants</strong>… Or, dans une démocratie qui s’émancipe de plus en plus des électeurs eux-mêmes, l’Argent n’en a plus que de poids, et ceux qui le versent aux grandes machines politiques, celles qui sont considérées comme « utiles » ou, plus clairement, « rentables », se préservent ainsi des « mauvaises surprises ». Là encore, les dernières révélations sur les enveloppes de billets de madame Bettencourt destinées à des « amis » politiques (entre autres) confirment, s’il en était encore besoin, <strong>les relations étroites des partis et des politiciens, quels qu’ils soient, avec les puissances de l’Argent</strong>.</span></span></p> <p style="text-align: justify;"><span style="font-family: verdana,geneva;"><span style="font-size: medium;"> </span></span></p> <p style="text-align: justify;"><span style="font-family: verdana,geneva;"><span style="font-size: medium;">Ce n’est pas le fait du simple financement des partis, campagnes électorales ou journaux politiques, qui pose problème, c’est le fait que l’Argent s’en fait, en République, le « maître » et que <strong>plus on a d’argent, plus on est influent dans un tel système, au risque de dénaturer la politique elle-même</strong> qui, pourtant, ne devrait pas dépendre de qui la finance mais de qui la pense, la discute et la pratique.</span></span></p> <p style="text-align: justify;"><span style="font-family: verdana,geneva;"><span style="font-size: medium;"> </span></span></p> <p style="text-align: justify;"><span style="font-family: verdana,geneva;"><span style="font-size: medium;">Décidément, la République ne peut sortir de ses liaisons fatales avec les puissances de l’Argent car elle en dépend beaucoup trop ! <strong>Libérer la politique de l’emprise de l’Argent et de ses grands possesseurs, c’est rendre à l’Etat son indépendance à l’égard de « ceux qui possèdent » et qui « achètent »</strong> parce qu’ils en ont les moyens et que les politiques peuvent aussi avoir des faiblesses de ce côté-là…</span></span></p> <p style="text-align: justify;"><span style="font-family: verdana,geneva;"><span style="font-size: medium;"> </span></span></p> <p style="text-align: justify;"><span style="font-family: verdana,geneva;"><span style="font-size: medium;"><strong>La naissance, elle, ne s’achète pas</strong> : c’est pour l’avoir oublié que Nicolas Fouquet, l’homme le plus riche de France en 1661, a fini ses jours en prison, sur ordre d’un roi à qui l’Argent ne commandait pas, ne pouvait pas commander puisque le roi ne lui devait pas son pouvoir d’Etat. <strong>Quand la République aime trop l’Argent, la Monarchie, elle, le remet à sa place, sa juste place</strong>, celle d’un « moyen » et non d’une « fin » : car la véritable finalité de l’Etat, ce n’est pas de « posséder », c’est de protéger ses peuples (à l’intérieur comme envers l’extérieur) et d’assurer l’équilibre social, l’arbitrage entre les différentes forces du pays.</span></span></p> <p style="text-align: justify;"><span style="font-family: verdana,geneva;"><span style="font-size: medium;"> </span></span></p> <p style="text-align: justify;"><span style="font-family: verdana,geneva;"><span style="font-size: medium;">Alors, <strong>derrière le cas de M. Woerth, c’est la République qu’il faut viser, non par plaisir, mais par nécessité politique</strong>, tout simplement !</span></span></p>
J.-P. Chauvinhttp://jean-philippechauvin.hautetfort.com/about.htmlEconomies présidentielles...tag:jean-philippechauvin.hautetfort.com,2010-06-29:28098952010-06-29T21:51:19+02:002010-06-29T21:51:19+02:00 Le président annonce une réduction du train de vie de l’Etat et en...
<p style="text-align: justify;"><span style="font-size: medium;"><span style="font-family: verdana,geneva;">Le président annonce une réduction du train de vie de l’Etat et en particulier de ses ministères, et cela arrive enfin mais bien tardivement ! Réduction du nombre de conseillers ministériels, diminution des frais de transport, de logement et de communications, suppression des chasses présidentielles et de la garden-party de l’Elysée du 14 juillet, etc. En période d’austérité générale et de diète sociale, ces mesures soulignent que l’Etat ne doit pas s’exonérer des efforts nécessaires au rétablissement des comptes publics et qu’il prend sa part des sacrifices qu’il demande aux Français. <strong>Attention néanmoins à ne pas donner au monde l’image d’un Etat austère qui renoncerait à rayonner à l’intérieur comme à l’extérieur, et aux « Marchés » celle d’un Etat qui obéirait à des règles purement comptables et qui oublierait son rôle premier, éminemment politique, de protection du corps civique et social de la nation et des Français dans leurs communautés et individualités !</strong></span></span></p> <p style="text-align: justify;"><span style="font-size: medium;"><span style="font-family: verdana,geneva;"> </span></span></p> <p style="text-align: justify;"><span style="font-size: medium;"><span style="font-family: verdana,geneva;">Autant la réduction des salaires ministériels, mais aussi présidentiel (ce dernier ayant été fortement réévalué depuis 2007…), me semble une idée intéressante pourvu qu’elle reste dans la juste mesure, autant je suis moins certain que la suppression pure et simple des garden-parties de l’Elysée et des ministères soit vraiment une bonne chose : réduire les frais de celles-ci étaient possibles sans tout supprimer, ce qui risque d’entraîner une déconnection encore plus totale entre le Pouvoir et les citoyens dont quelques uns, reconnus pour leurs mérites ou invités pour représenter telle ou telle réalité sociale ou professionnelle, participaient à la fête. <strong>Ce que demandent les gens, la plupart du temps, ce n’est pas la suppression des fêtes ou des « mondanités » mais leur ouverture à d’autres que les « privilégiés », les habitués des réceptions et des buffets chics</strong> !</span></span></p> <p style="text-align: justify;"><span style="font-size: medium;"><span style="font-family: verdana,geneva;"> </span></span></p> <p style="text-align: justify;"><span style="font-size: medium;"><span style="font-family: verdana,geneva;">De plus, comment croire que les puissants de la République sont prêts à d’autres efforts que ceux utiles à la « com’ » gouvernementale en période d’inquiétudes sociales et de rigueur ? Lorsque le ministre de l’éducation nationale, un ancien de l’Oréal (décidément, on n’en sort pas !), et porte-parole de l’Elysée, M. Luc Chatel, explique aujourd’hui qu’il ne voit aucune raison à geler ou diminuer les salaires ministériels au moment même où les fonctionnaires vont devoir accepter ces mêmes mesures pour leur compte, le masque de cette « <strong>République exemplaire</strong> » que ne cesse à nouveau de brandir M. Sarkozy ne tombe-t-il pas ? « <strong>Selon que vous serez puissant ou misérable</strong>… », comme disait La Fontaine…</span></span></p> <p style="text-align: justify;"><span style="font-size: medium;"><span style="font-family: verdana,geneva;"> </span></span></p> <p style="text-align: justify;"><span style="font-size: medium;"><span style="font-family: verdana,geneva;">Je crains aussi que les mesures annoncées ne soient qu’un écran de fumée qui cachent des pratiques dispendieuses que l’Elysée n’a pas, visiblement, l’intention de cesser, telles que la mobilisation onéreuse et souvent inutile de forces de l’ordre pour telle ou telle visite présidentielle, alors que ces mêmes forces de l’ordre souffrent aujourd’hui d’un manque criant de moyens pour accomplir leurs missions au quotidien et dans les meilleures conditions. Sans oublier l’achat et l’aménagement d’un nouvel Airbus présidentiel, en soi pas forcément scandaleux, mais dont le coût devra être supporté par… le budget déjà fort réduit du ministère de la Défense !</span></span></p> <p style="text-align: justify;"><span style="font-size: medium;"><span style="font-family: verdana,geneva;"> </span></span></p> <p style="text-align: justify;"><span style="font-size: medium;"><span style="font-family: verdana,geneva;">En fait, <strong>l’Etat ne sera économe à bon escient que lorsqu’il ne sera plus l’objet des convoitises particulières</strong> de quelques arrivistes politiciens <strong>et qu’il sera inscrit dans le long terme</strong> et non dans ce temps bref du calendrier électoral et présidentiel. En économie(s) comme en politique, le temps peut être un allié précieux s’il n’est pas le seul maître de la « <strong>respiration politique de l’Etat</strong> » : la République n’a pas cette possibilité de voir au-delà d’une ou deux magistratures présidentielles, à moins de s’appeler De Gaulle, et encore ! La Monarchie a, elle, longue vue et bonne mémoire…</span></span></p> <p style="text-align: justify;"><span style="font-size: medium;"><span style="font-family: verdana,geneva;"> </span></span></p> <p style="text-align: justify;"><span style="font-size: medium;"><span style="font-family: verdana,geneva;"> </span></span></p>
J.-P. Chauvinhttp://jean-philippechauvin.hautetfort.com/about.htmlLoto et partage.tag:jean-philippechauvin.hautetfort.com,2009-08-20:23326752009-08-20T00:40:48+02:002009-08-20T00:40:48+02:00 Le monde n’est pas qu’injustices et égoïsmes, Dieu merci ! Ainsi,...
<p class="MsoNormal" style="text-align: justify; margin: 0cm 0cm 0pt;"><span style="font-family: Verdana; font-size: 11pt;">Le monde n’est pas qu’injustices et égoïsmes, Dieu merci ! Ainsi, « <b><i>Le Parisien</i></b> » dans son édition du jeudi 13 août dernier évoque-t-il une anecdote plutôt sympathique : « <b>Un entrepreneur de Lombardie (nord de l’Italie) a partagé avec ses employés le million d’euros qu’il avait remporté au Superenalotto, le loto italien. « Si je gagne, on partagera », avait lancé à ses employés Marco Colombo, 38 ans, dirigeant d’une petite entreprise de métallurgie. Lundi, l’entrepreneur a tenu sa promesse et versé 350 000 euros à ses employés, soit 70 000 chacun. </b>»</span></p> <p class="MsoNormal" style="text-align: justify; margin: 0cm 0cm 0pt;"><span style="font-family: Verdana; font-size: 11pt;"> </span></p> <p class="MsoNormal" style="text-align: justify; margin: 0cm 0cm 0pt;"><span style="font-family: Verdana; font-size: 11pt;">En ses temps de crise et, surtout, d’individualisme parfois effréné, l’anecdote prouve que l’argent n’est pas toujours la valeur la plus importante aux yeux de certains de nos contemporains : ainsi, <b>le respect de la parole donnée</b>, cette conception de <b>l’honneur</b> parfois bien oubliée. Mais il y a autre chose, c’est la notion de <b>partage</b>, ou de <b>solidarité</b> : certes, « <b>partager</b> » est un verbe parfois trop décrié, confondu (à tort ou à raison selon les cas…) avec une politique qui confisquait à ceux qui travaillaient pour le donner à des gens qui ne le méritaient pas toujours. Le terme « <b>partageux</b> », d’ailleurs, était une sorte d’insulte il y a un siècle, et les socialistes mais aussi parfois les catholiques sociaux (le plus souvent royalistes) en faisaient souvent les frais… Dans ce cas particulier, c’est le sens positif du mot « <b>partage</b> » qui est mis en application et en valeur !</span></p> <p class="MsoNormal" style="text-align: justify; margin: 0cm 0cm 0pt;"><span style="font-family: Verdana; font-size: 11pt;"> </span></p> <p class="MsoNormal" style="text-align: justify; margin: 0cm 0cm 0pt;"><span style="font-family: Verdana; font-size: 11pt;">Je ferai une remarque complémentaire : ce partage n’est pas exactement une marque d’égalitarisme car le gagnant garde une somme qui reste supérieure à celle qu’il donne en partage à ses salariés, ce qui n’est, en soi, ni choquant ni dévalorisant pour ceux à qui il donne. Certains y verront l’exemple du bon équilibre entre la « <b>hiérarchie</b> » et la « <b>solidarité</b> », deux notions qu’il convient d’unir plutôt que d’opposer…</span></p> <p class="MsoNormal" style="text-align: justify; margin: 0cm 0cm 0pt;"><span style="font-family: Verdana; font-size: 11pt;"> </span></p> <p class="MsoNormal" style="text-align: justify; margin: 0cm 0cm 0pt;"><span style="font-family: Verdana; font-size: 11pt;">Une leçon qui pourrait aussi servir en politique…</span></p>